Accueil

Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Jean GREMAUD

Documents relatifs à l'histoire du Vallais : Tome VII
(1402-1431)  :
Avant-propos

Dans MDR, 1894, tome XXXVIII, pp. V-VII

© 2024 Société d’histoire de la Suisse romande

DOCUMENTS RELATIFS A L’HISTOIRE DU VALLAIS

TOME VII

 

/V/

AVANT-PROPOS

La période de trente années comprise dans ce volume se partage entre deux épiscopats, celui de Guillaume V de Rarogne, dit le jeune, et celui d'André de Gualdo, qui gouverna le diocèse d'abord comme administrateur, ensuite comme évêque. Guillaume ne reçut jamais la consécration épiscopale; les désordres et les guerres qui désolèrent le Vallais pendant qu'il fut à la tête du diocèse, le forcèrent enfin à quitter le pays. L'administration spirituelle avait été négligée et le pouvoir temporel était tombé entre les mains de l'oncle de l'évêque, le célèbre Guichard de Rarogne. Celui-ci par son gouvernement arbitraire et despotique provoqua la guerre civile, qui fut encore aggravée par l'invasion de l'étranger. Citoyen de Berne, Guichard demanda et obtint le secours de cette ville; la Savoie profita de ces circonstances pour intervenir également. Les patriotes vallaisans opposés aux Rarogne, malgré des efforts héroïques et quelques succès éclatants, ne purent soutenir, sans pertes, cette lutte inégale. /VI/

Malheureusement pour l'histoire, la série des documents relatifs à ces troubles n'est pas complète; beaucoup ont été détruits dans l'incendie des châteaux épiscopaux, en 1788. Parmi ceux qui restent, plusieurs n'ont été conservés que par des copies plus ou moins exactes.

Les secours donnés par Berne à Guichard de Rarogne, leur combourgeois, d'un côté, et de l'autre les alliances d'une partie des communautés du Haut-Vallais avec quelques cantons suisses eurent pour résultat l'intervention des Confédérés dans les affaires du Vallais et les diètes suisses s'en occupèrent souvent. Nous n'avons pas cru devoir reproduire ce qui concerne ces négociations. On en trouve les détails dans la collection des récès des diètes suisses : Ämtliche Sammlung der älter eidgenössischen Abschiede. Cette collection étant très répandue, il eût été inutile de réimprimer des pièces que chacun peut y trouver facilement. Nous nous sommes bornés à en indiquer quelques-unes des plus importantes.

A l'avènement d'André de Gualdo comme administrateur les troubles duraient encore; tous ses efforts tendirent à rétablir la paix. La plupart des dizains reconnurent son autorité; mais Guillaume V de Rarogne conserva encore des partisans, surtout dans le dizain de Conches. Les négociations pour la paix furent engagées entre André et ses adhérents, d'un côté, et les Rarogne, Berne et la Savoie, de l'autre. Elles furent longues et aboutirent enfin au traité d'Evian, qui fut très désavantageux pour le Vallais. Ici encore il y a de nombreuses lacunes dans la série des documents.

Si la paix fut conclue, cependant elle ne fit pas disparaître /VII/ les suites matérielles et religieuses de la guerre. André dut chercher à rétablir son autorité temporelle, dont les patriotes, à la faveur des troubles, s'étaient emparés en grande partie; il dut travailler également à faire revivre la discipline ecclésiastique, négligée par son prédécesseur et gravement atteinte par les désordres de la guerre. De là une double lutte qui rendit l'administration temporelle et ecclésiastique pleine de difficultés; on en trouve la preuve dans un grand nombre de documents.

Au premier abord plusieurs de ces documents semblent défavorables à l'évêque André, mais en les examinant de près et en les contrôlant les uns par les autres, il ne sera pas difficile de constater que l'ensemble des mesures prises tendait au rétablissement de l'ordre temporel et spirituel et que beaucoup des plaintes formulées contre André sont empreintes d'une exagération manifeste. Trop de gens étaient intéressés au maintien des abus pour qu'ils n'opposassent pas une vive résistance à la réforme à laquelle l'évêque travaillait.

Nous aurions désiré publier dans ce volume tous les documents relatifs à André de Gualdo; la place nous a manqué et nous nous sommes arrêtés à l'époque où André, après avoir été administrateur du diocèse pendant treize ans, en devint évêque titulaire en 1431.