EXTRAITS DES MANUAUX DU CONSEIL DE LAUSANNE
(1383 à 1511)
PUBLIÉS ET ANNOTÉS PAR
Ernest CHAVANNES
membre de la Société d’histoire de la Suisse romande.
/123/AVANT-PROPOS
Les Manuaux, ou procès-verbaux des délibérations du conseil de Lausanne, forment une nombreuse collection de volumes, commençant en l’an 1383 et s’étendant jusqu’à nos jours. Cette longue série de registres, comprenant cinq siècles, pourrait se diviser en plusieurs périodes distinctes, suivant les diverses formes successives du gouvernement municipal de Lausanne.
La première période s’étendrait de l’origine des manuaux, en 1383, jusqu’à l’union de la ville inférieure avec la cité en une seule commune, en 1481.
La deuxième période, fort courte, commencerait à l’union des deux villes, en 1481, et finirait en 1529, époque où l’on établit les bourgmestres.
La troisième période comprendrait tout le régime des bourgmestres qui dura jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
Enfin, dans la quatrième période rentreraient les temps de la révolution et ceux du régime municipal proprement dit, jusqu’à nos jours.
On pourrait aussi, et tout aussi naturellement, diviser ces cinq siècles en trois périodes seulement : la première, antérieure à la conquête bernoise et à la réformation, irait jusqu’en 1536. La fin de cette période coïncide à peu près /124/ avec l’établissement des bourgmestres; la deuxième comprendrait tout le régime bernois jusqu’en 1798; la troisième s’étendrait de 1798 à nos jours.
Dans l’avant-propos des Comptes de la ville inférieure de Lausanne pour 1475 et 1476 (M. D. R, tome XXVIII), j’ai déjà donné, d’après les manuaux et les comptes de la ville, plusieurs détails sur l’organisation municipale de Lausanne au XVe siècle, que je ne répéterai point ici. Qu’il me suffise de rappeler que, jusqu’en 1481, nous ne possédons plus que les manuaux de la ville inférieure, qui comprenait les quatre bannières de Bourg, du Pont, de la Palud et de Saint-Laurent. Les manuaux de la bannière de la Cité (qui ont cependant existé puisqu’ils sont mentionnés dans des inventaires du XVe siècle), ne nous sont pas parvenus. Comme le clergé de Notre-Dame avait une influence prépondérante dans le conseil de la Cité et que les ecclésiastiques, quoique peu lettrés, l’étaient cependant un peu plus que les laïques, il est probable que les manuaux étaient rédigés par quelque ecclésiastique et se conservaient dans les archives du chapitre. Quoi qu’il en soit, à en juger par les registres de la ville inférieure, cette perte n’est pas très grande, d’autant plus qu’il nous reste plusieurs comptes de la bannière de la Cité, de 1388 à 1461.
Pendant environ 150 ans, jusqu’au commencement du XVIe siècle, les manuaux ne contiennent guère que des condamnations à l’amende pour délits de forêts ou de pâturages, quelques amodiations de propriétés communales, des nominations d’employés communaux tels que guêts, fonteniers, forestiers, gardes des vignes, etc., des formules d’assermentation et quelques prix faits pour entreprises /125/ de bâtisses. Ce n’est que peu à peu, depuis les guerres de Bourgogne, qu’on commence à inscrire, plus ou moins régulièrement, les diverses nominations de conseillers et les noms de ceux qui étaient présents au conseil; rarement il est fait allusion aux matières traitées en conseil. A l’aide des comptes de la ville, on parvient cependant à reconstruire tant soit peu la physionomie de ces temps si différents du nôtre.
Depuis le XVIe siècle, les manuaux prennent de plus en plus la forme d’un procès-verbal des séances du conseil et l’on peut y puiser bien des renseignements intéressants.
Cette pénurie des manuaux pendant un si grand nombre d’années explique la nature des extraits qu’on en a faits et le nombre de notes qu’on y a jointes, afin de donner un peu plus d’intérêt à une matière très aride en elle-même.
Ces extraits sont en latin, langue dans laquelle les manuaux sont rédigés jusqu’à la Réformation. Depuis cette époque, sauf pendant un intervalle de quelques années, ils sont rédigés en français.
Pour la valeur des mesures et des monnaies mentionnées ci-après, consultez soit Cibrario, Economia politica del medio evo, soit mon Appendice au dictionnaire historique du canton de Vaud, par MM. Martignier et de Crousaz.
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EXTRAITS DES MANUAUX DU CONSEIL DE LAUSANNE
Droits de la ville sur les forêts et les pâturages des Râpes.
(Voy. 20 mars 1399; – 27 mai 1400; – 27 juin 1401; – 19 décembre 1401; – 11 janvier 1414; – 15 décembre 1418; – 11 janvier 1431; – 1er mai 1437.)
1383. 5 mai. – Anthonius Gayo et Perrodus Bevroz de Monte se posuerunt misericordie priorum et consilii ville Lausanne, pro quibusdam bannis perpetratis per ipsos in monte deis Tolles 1 infra metas risparum; qui promiserunt solvere dictis prioribus quicquid fuerit ordinatum per consilium de dictis bannis. Datum die martis ante festam penthecostes anno quo supra. (1383.) M. Warens.
1383. 17 mai. – Girardus Prevoz, Johannes Prevopst, Anthonius Filiouz et I. Girardus Bauchon se posuerunt misericordie consilii, quilibet ipsorum de uno banno LX solidorum, pro eo quod cum animalibus suis pasturaverint infra nemora deis Raspes. Promittentes juramentis et /128/ obligationibus bonorum [solvere] prioribus ville quicquid fuerit ordinatum per consilium, fidejubentes unus pro alio. Datum die dominica post penthecosten, anno quo supra. M. Warens. Misericorditer taxata sunt banna predicta unum florenum.
1388. 19 juillet. – Anthonius Parisat de Martere se posuit misericordie consilii de et super uno banno LX solidorum per ipsum commisso eys Raspes pro eo quod cidit nemus in eisdem. Promittens juramento et obligatione omnium bonorum, etc., solvere quicquid per consilium fuerit ordinatum. Datum die XIX mensis Jullii, anno Domini millesimo CCCmo LXXXmo octavo.
1398. 24 octobre. — Nicholetus, filius quondam Johanneti dicti Melleir de Bioleis prope Orjula se submisit misericordie et posuit marciationi Jaqueti Cagny et Petri Chavornay, civium Lausan. tanquam priorum et rectorum tocius communitatis ville Lausanne et eciam consillii dicte ville, videlicet de et super uno bampno sexaginta solidorum per ipsum commisso eys rapes, propterhoc quia una vaca dicti Nicholeti fuit reperta in nemore deys Rapes, quos sexaginta solidos promisit solvere juramento suo et obligacione bonorum suorum, etc., quicquid per dictos priores et consillium fuerit ordinatum et marciatum. Datum die jovis post festum beati Luce evangeliste anno Domini millesimo CCCmo nonagesimo octavo. P. Escarriant 1 . Quittavit ipsum consillium. /129/
Vente de vin étranger.
(Voy. 20 mai 1400.)
1399. 22 mars. - Pro statuto vini adducendi ab extra. Ego Johannes Magnyn de Bettens nunc morans apud Crissier, notum facio universis, etc. Quod cum statutum et ordinatum fuerit in villa Lausanne per nobiles, cives et burgenses ejusdem communitatis Lausanne, de consensu et expressa voluntate reverendi in Christo patris et domini, domini Guillelmi de Menthonay Dei gracia Lausannensis episcopi, necnon de communi consensu tocius venerabilis capituli Lausanne, quod quicunque adducens vinum ab extra dominium prefati domini nostri Lausannensis episcopi teneatur solvere pro quolibet dolio, tenoris trium sextariorum vini mensure Lausanne, sexaginta solidos Lausannenses, de quibus sexaginta solidis triginta sint et esse debeant prefato domino nostro Lausannensi episcopo, et alii triginta solidi communitati ville Lausanne, solvendi per contrafacientem ultra statuta predicta. Hinc est quod ego prenominatus Johannes, ad plenum de jure meo certifficatus, eo quia adduxi de vino Burgondie unum parvum dolium, me submitto misericordie et pono marciacioni venerabilis consillii Lausanne, nec non Petri Chavornay prioris ejusdem communitatis, videlicet de et super uno bampno per me commisso triginta solidorum, ideo quia adduxi unum repletum dolium vini extra dominium domini nostri Lausannensis [episcopi] ultra voluntatem et mandatum burgensium predictorum, videlicet de Burgondia apud Crisie; quosquidem triginta solidos Laus. predictos solvere /130/ promitto juramento meo ad sancta Dei Evangelia corporaliter prestito, etc., etc. Die XXII mensis martii. Anno Domini MCCCmo nonagesimo nono. Villarsel.
Le 5 juin 1398, la grande cour séculière de Lausanne fit un édit, défendant à tous habitants de Lausanne de faire entrer ou de vendre dans le bailliage de Lausanne d’autres vins que ceux qui avaient crû dans le domaine et la juridiction de l’évêque, à moins que ces vins ne fussent du cru de leurs propres vignes, censes ou rentes, tant qu’il s’en trouverait à vendre dans le domaine de l’évêque. Ce, sous peine d’un bamp de 60 sols, moitié pour la ville, moitié pour l’évêque. (Arch. de Lausanne, A. 51, M. D. R., tome VII, pag. 280.)
Cet édit fut observé pendant des siècles; on n’y dérogeait que dans les cas extraordinaires. Par exemple, en 1521, vu la rareté et la cherté du vin à Lausanne, où il se vendait à 12 den. le pot et au delà, le conseil décida le 26 mai, de demander à l’évêque de consentir à ce qu’on pût amener en ville du vin étranger au bailliage jusqu’à la Saint-Michel suivante, de manière à ce que le vin blanc pût se vendre à 10 deniers, et le vin rouge à 8 deniers le pot. Cette rareté du vin s’accrut en août et en septembre. Elle paraît avoir été considérablement aggravée par le passage des troupes suisses allant au service de François Ier, roi de France, et qui en avaient beaucoup bu (quia dicti armigeri ipsum vinum biberunt in magna habundancia). On fut obligé de faire des achats de vin en Savoie pour ces troupes (pro habendo vinum pro armigeris, Lausanne tunc existentibus et transeuntibus, qui armigeri ibant ad servicium regis Francie contra imperatorem.) Manual du 25 août et du 26 septembre.
Droits de la ville sur les pâturages et les forêts des Râpes et du Jorat.
1400. 18 mars. — Nicodus dictus Neyro de Eschagnens, famulus curati de Barraul, morans Lausanne, tanquam citatus in consillio civium et burgensium Lausanne in aula /131/ fratum predicatorum Lausanne, super uno bampno per ipsum commisso in rispis Lausanne, in presencia Aymoneti de Bionens domicelli, locumtenentis nobilis viri domini Rodulphi de Langino, militis, ballivi Lausanne, se submisit misericordie et posuit marciacioni venerabilis consillii communitatis Lausanne, necnon Petri Chavornay civis et prioris communitatis Lausanne, videlicet de et super uno bampno sexaginta solidorum Laus. per ipsum commisso in nemore risparum, quia cepit nemus in dicto nemore ultra voluntatem dictorum priorum, etc. Datum die jovis ante festum annunciacionis dominice anno Domini MoCCCmo nonagesimo nono. P. Escarriant. Marciatus ad XX solidos. 1
1400. 27 mai. – Pro pasturagio grangie dou Rion siez in Raspis. Nicoletus dictus Borgeis et Petrus Chavornay, cives Lausannenses, priores et rectores communitatis Lausanne, accensant nomine ipsius communitatis Laus. spacio decem annorum tantum et non ultra, Johanni dicto Bastar de Ascens, nunc grangerio grangie douz Rionsier prope Lausannam, presenti, etc., pasturagium per totum nemus Risparum, et hoc, precio quolibet anno, durante accensacione predicta, viginti solidorum bonorum Laus. solvendorum, etc. sub condicionibus inferius designatis : Primo, quod ipse censerius non possit nec debeat pasturare cum animalibus suis prata risparum nisi a festo beati Georgii usque ad festum omnium sanctorum, nisi tamen fuerint secati et recollecti. Item, quod non teneatur /132/ ducere in dictis rispis aliqua animalia extranea, nisi tamen fuerint de animalibus burgensium ville. Item, quod non teneatur pasturare les tondues duorum annorum. Item, quod non teneatur ducere in dictis rispis capras neque porcos. Et si de predictis condicionibus contrarium faciat, tenetur ipsi communitati in bampno sexaginta solid. Laus. bon. Datum die XXVII mensis maii anno Domini MoCCCCmo. P. Escarriant.
1400. 27 mai. - Pro Joreto. Huguetus dictus douz For de Romanel prope Vernan se posuit totaliter misericordie et submisit marciacioni venerabilis consillii Laus. necnon Nicoleti Borgeis et Petri Chavornay civium et priorum dicte communitatis Laus. de et super uno bampno sexaginta solidorum bon. Laus. per ipsum commisso in nemore de Joreto pertinente ipsi communitati Laus. eo quia cisit nemus ultra voluntatem et mandatum priorum predictorum et burgensium, etc. Datum die XXVII mensis maii, anno supra. P. Escurriant.
1401. 5 mai. - Pro Joreto. Girardus Dolliat de Chesauz confitetur quod ad sui postulacionem et humilimam supplicacionem, dicti priores et burgenses ville Lausanne consilium in domo fratrum minorum facientes, sibi Girardo dederunt et de gracia speciali concesserunt quod ipse Girardus possit, pro reparacione domus sue de Chesaul noviter combuste, ire scissum et quesitum in Joreto absque in raspis Lausanne injuriando, de marrino pro dicta reparacione necessario. Datum die quinta mensis maii anno domini MoCCCCmo primo. /133/
1401. 19 décembre. – Pro pasqueragio grangie de Epinouz 1 . Anthonius de Escublens et Anthonius Joutens, cives Laus. priores communitatis ville Laus, in reffectorio conventus fratrum predicatorum Laus. personaliter constituti … admodiant per sex annos proxime et continue futuros a data presencium computandos, domino Johanni Reymondi curato Sacigniaci, Gebennensis diocesis, rectori hospitalis B. Marie Laus. nomine ejusdem hospitalis … pasturagium Rasparum dicte communitatis pro animalibus grangie dicti hospitalis dicte de Espinouz in dictis raspis, per dictos sex annos, prout inferius declaratur pascendis et hoc pro et sub pensione quadraginta solidorum Laus. monete seu cursibilis, etc … sub modis et condicionibus infrascriptis : videlicet, quod ad dictas raspas sub umbra hujusmodi admodiacionis non mittantur nec vadant ad dictas raspas aliqua animalia preter illa dicte grangie, quin hoc fiat sub banno sexaginta solidorum Laus … pro quolibet animali extraneo a dicta grangia ibi pasturante. Item, quod ibidem non mittantur nec vadant aliqui porci nec alique capre. Item, quod non pasturentur aliqua prata dictarum rasparum quousque a fructibus dictorum pratorum levatis usque ad festum sancti Georgii subsequens. Item, quod non pasturentur tondite seu tonsure dictarum rasparum quousque fuerint triennes; et si secus fiat quod hoc sit sub banno sexaginta /134/ solidorum Laus. consueto, etc. Que omnia predicta dictus dominus Johannes rector dicti hospitalis, de autoritate ven. viri domini Johannis de Viriaco canonici Laus. et primicerii dicti hospitalis confitetur esse vera, etc. Johannes Pitet.
1409. 27 juin. – Contra Montheron. Religiosus vir frater Petrus de Canali, prior ordinis et conventus de Monterono, se submisit et supposuit omnino misericordie priorum communitatis ville Lausanne et tocius consilii … pro eo quod animalia dicti conventus inventa fuerunt in raspis dicte communitatis ville Lausanne prope et circa les Tres Chagnet ibidem pasturando, scilicet octo boves, qui priores petebant pro quolibet bove LX solidos pro banno, etc. M. Warens.
Pour la délimitation géographique du Jorat de la ville, des Râpes et des côtes des Râpes, voy. Mém. et doc. rom., tom. XXVIII, pag. 269, 270 note.
A l’endroit cité, j’ai déjà dit quelques mots des droits que la ville avait sur les Râpes et sur le Jorat de la ville. J’y insisterai encore.
Les articles du manual du conseil qu’on vient de lire, ainsi que ceux qu’on lira plus loin, ne forment qu’une faible partie d’une quantité innombrable d’actes ou d’inscriptions du même genre enregistrées pendant tout le cours du XVe siècle. Mais ils suffisent pour prouver d’une manière péremptoire que la ville inférieure de Lausanne possédait en toute propriété et patrimoine les Râpes, où seule elle percevait les bamps ou amendes de 60 sols pour toute espèce de délit forestier ou de pâturage. L’évêque, tout seigneur suzerain qu’il était, n’y avait aucun droit, même d’usage, et devait demander à la ville la permission de faire couper du bois pour ses besoins. (Voy. 1414 11 janvier et notes). De même, ni le chapitre de Lausanne, ni la bannière de la Cité, ni aucune maison religieuse, ni aucun particulier ne pouvait, soit faire pâturer du bétail, soit exploiter /135/ du bois dans les Râpes et dans le Jorat de la ville sans la permission du conseil, qui prononçait pour chaque contravention une amende de 60 sols. La ville inférieure y avait seule aussi le droit de chasse (voy. année 1431), et l’on devait apporter aux syndics ou prieurs les quartiers des bêtes tuées. Nulle part il n’est question d’appel des sentences ou amendes prononcées par le conseil.
Ce caractère de propriété et de seigneurie absolue constituait en faveur de la ville inférieure une différence essentielle entre ses dites Râpes et les autres communs. En effet d’après l’article 18 du Plaict général (M. D, R. VII, pag. 213), l’évêque, comme seigneur, percevait un bamp de 7 sols pour les délits commis dans les pâturages et sur les voies publiques; il avait en outre la juridiction, les lauds et un cens de 6 sols pour la seigneurie. (Arch. de Lausanne, A. 158. M. D. R. VII, pag. 607.) Par contre, la ville inférieure de Lausanne se réserve expressément la juridiction dans ses Râpes. Dans l’amodiation d’une pièce de terre sise aux Râpes, il est dit :
« Primo, quod dicti priores (ville) retinent ad se banna et jurisdictionem consuetam in Raspis, pro quibus exercendis fuerunt dicti censerii constituti foresterii ad pignorandum et citandum, etc. (Manual. Jeudi après l’assomption 1459.)
La ville de Lausanne était donc propriétaire absolue de ses Râpes par une espèce de droit d’hérédité. Un cas analogue se présente pour la commune de Pully. Le jour de Saint-Barthélemy 1337, il intervint une transaction entre Jean de Rossillon, évêque de Lausanne, et les gens de Pully au sujet de la délimitation du territoire. Il est dit à l’art. 6 de cet acte que la pièce de terre dite Praz ou Gonthoz n’est ni pâturage ni commun, mais de l’hérédité de ceux de Pully et qu’ils en peuvent disposer par vente ou autrement à leur volonté. (Arch. de Laus. P. 1.)
De plus, le droit de propriété de la ville de Lausanne sur les Râpes est expressément confirmé par le même Jean de Rossillon, dans un acte du 19 mars 1331, dont voici la teneur :
« Nos Johannes Dei gratia episcopus Lausannensis notum facimus universis quod cum questio et discordia verteretur inter cives nostros Lausannenses ex una parte, et subditos nostros de /136/ Lustriaco et vallis Lustriaci ex altera, super eo videlicet, quod cum dicti cives Lausannenses scinderent et scindi facerent nemora dicta Raspes de Jorat, dicentes quod dicta nemora erant sua propria et quod ipsa scindere poterant quantunque volebant et scindere consueverant tanquam sua propria, auctoritate seu consensu dictorum subditorum nostrorum de Lustriaco et vallis Lustriaci minime requisito, et quod in dictis nemoribus foresterios suos dicti cives ponebant et ponere consueverant et dicta nemora ponere en… quantunque et quocienscunque eisdem visum fuerit expedire, et de predictis usi fuerant dicti cives pacifice et quiete per tantum tempus cujus contrarii memoria non existit. Prefatis subditis nostris de Lustriaco et vallis Lustriaci predicta negantibus et dicentibus se habere usum suum in nemoribus supradictis, propter quod dicebant quod dicti cives Lausannenses dictas Raspas scindere non poterant nec debebant sine voluntate et consensu ipsorum. Et quia timebamus ne propter questionem et discordiam predictas inter dictas gentes nostras scandalum et dissensio orirentur et ne deterius inde contingeret evenire, pro bono pacis dedimus dictis subditis nostris de Lustriaco et vallis Lustriaci de nostris propriis denariis viginti libras Lausannenses, dictis civibus nostris ignorantibus; quare non volumus quod per hoc dictis civibus nostris Lausannensibus vel suis aliquod prejudicium generetur in possessione seu proprietate nemoris supradicti, seu in jure spectante ad eosdem cives in nemoribus supradictis, sed eorum jus tam in possessione quam in proprietate dictorum nemorum eisdem civibus nostris Lausannensibus, non obstantibus aliquibus per nos in contrarium factis vel concessis, remaneat semper salvum. In cujus rei testimonium sigillum nostrum presentibus litteris duximus apponendum.
Datum et actum Lausanne die martis ante dominicam in ramis palmarum mense marcii ante adnuntiationem dominicam, anno Domini millesimo CCCo tricesimo (1331 nouv. style). Duplicatum est instrumentum. »
Feuille de parchemin. Avec fragment de sceau pendant en cire verte, attaché par un cordon de soie rouge et verte. (Arch. de Lausanne, A 8.) /137/
Aucun document à nous connu ne nous renseigne sur l’origine de cette propriété des Râpes. M. de Thurey qui, au siècle dernier, fit un travail considérable sur les archives de Lausanne et en fit un inventaire très détaillé, suppose que cette propriété était antérieure à l’établissement de l’évêché à Lausanne et explique ainsi le fait que ni la bannière de la cité, ni l’évêque, ni le chapitre n’avaient aucun droit quelconque sur les Râpes.
Outre cette propriété incontestable des Râpes, la ville de Lausanne possédait anciennement des droits considérables sur les forêts du Jorat. En effet, on voit, par un acte du 20 juin 1337 (Arch. de Laus., E 3. M. D. R. XII. Montheron, pag. 125) que, en considération de ce que l’abbaie de Montheron a donné 50 livres pour les fortifications de la ville, l’évêque et la communauté de Lausanne abandonnent à ce couvent le territoire du Raffort jusqu’aux Allouz sous certaines réserves. De plus, dans un autre acte du mois d’août 1340 (Arch. de Laus., A 12, H 2), concernant des difficultés entre le couvent de Hautcrêt et ses hommes de Châtillens et d’Essertes, d’une part, et les habitants de La Vaux de Lutry, d’autre part, au sujet des bois et pâturages du Jorat, il est dit que le domaine et l’omnimode juridiction des dits bois ont été acquis par l’évêque seul, et la propriété d’iceux par l’évêque et la ville conjointement, de Louis de Savoie qui avait cause des seigneurs de Palézieux.
Impôt sur le sel.
1410. 24 janvier – Pro tributo salis 1 . Anno domini millesimo CCCCmo IXo die XXIIII mensis januarii, Johannes Farbaz et Girardus Nicolaz de Noxen fidejusserunt per Thomam Willio de Pentherea solvere Perroneto Escarriant priori ville Laus. pro contributione salis, pro qualibet chargia salis duos denarios, quod in somma ascendit in tribus solidis Laus. pro die predicta. Presentibus Georgio de Ballexon, M. Warens, R. Souteir. /138/
Item, Willelmus Buchiniauz de Jonit tradidit prima die februarii anno quo supra, causa legis salis, unum parvum potum metalli.
Item, Johannes Rabez et dictus Nicat tradiderunt causa qua supra, die qua supra, unam parvam exguirit et unam requisat pro uno alio.
Item, Johannes Farbat et Girardus Nicolar de Noxen tradiderunt die qua supra, causa qua supra, unum parvum mantellum grison.
Concession de bois faite à l’évêque.
1414. 11 janvier. - Largitio facta episcopo pro scindendo in raspis. Ego Johannes Philippi clericus, receptor in Lausanna pro Revdo in Christi patre et domino, domino Guillelmo de Challant divina miseracione Lausan. episcopo, notum facio universis, quod cum ad mei humilem supplicacionem nomine prefati domini episcopi requisierim in stupa fratrum predicatorum Laus. ubi tunc consilium communitatis ville Laus. per certos nobiles, cives Laus. et burgenses, die et anno infrascriptis tenebatur, Petro Licion et Jacobo Ambrisodi clericis predictis nomine dicte communitatis, necnon omnibus in dicto consilio existentibus, quatenus michi largirent (sic), donarent et concederent de benignitate ac gracia speciali, quattuor posas nemoris de nemore rasparum dicte communitatis, ad scindendum passellos pro presenti anno pro vineis prefati domini episcopi, que quattuor pose ut supra michi fuerunt graciose largite et concesse. Hinc est quod ego dictus Johannes receptor, nomine quo supra confiteor et in veritate publice recognosco, quod premissa michi nomine quo supra /139/ fuerunt data et concessa de benignitate et speciali gracia predictis, et quod premissa donata non prejudicent ipsis prioribus, nobilibus, civibus et burgensibus in futurum. Promittens, etc. Datum die jovis ante festum sancti Yllarii anno Domini MoCCCCmo tertio decimo. M. Loys.
C’est ici le premier d’une longue série d’articles semblables du manual. Pendant tout le régime épiscopal et les premiers temps de la domination bernoise, jusqu’à ce que de nouveaux arrangements fussent intervenus, on voit constamment le conseil de Lausanne accorder à l’évêque, au chapitre, à l’hôpital de la Vierge Marie, à diverses maisons religieuses, au bailli bernois, des permissions de prendre du bois dans les forêts des Râpes. Ce bois était destiné soit à l’affouage, soit à faire des échalas, soit à la construction ou à la réparation de différents édifices. Dans chaque cas le conseil a soin de faire inscrire dans ses registres que ces permissions sont données de grâce spéciale et non comme chose due (non ex debito, sed de gratia speciali). Souvent même il exige une lettre testimoniale à cet effet. De 1413 à 1536, j’ai relevé dans les manuaux plus de quarante cas de ce genre, qui tous tendent à prouver que les Râpes étaient la propriété exclusive de la ville de Lausanne.
Il est probable que, les forêts des Râpes étant plus voisines de la ville et plus abordables que celles du Jorat, l’évêque et le chapitre trouvaient plus commode d’en tirer les bois de sapin dont ils avaient besoin. Dans un grand nombre de cas le bois demandé était du chêne, qu’on ne trouvait pas dans les forêts du Jorat.
Guets de nuit.
(Voy. 14 janvier 1436.)
1416. 26 Novembre. – Contra vigiles noctis. Gautherius Bucti et Johannes Dijonz de Quercu Laus. nunc vigiles in /140/ banderia de burgo Laus. supponunt se et submictunt marciationi, misericordie et summarie ordinacioni ven. consilii communitatis ville inferioris Lausanne de et super eo quod die jovis nuper lapsa in crastino octabarum festi beati Martini yemalis, hora inter X et XI post meridiem, ipsi vigiles erant quilibet domi sue, et tunc Anthonius Frient, filius Jaqueti Frient civis Laus. fuit per quosdam malefactores et malivolos ante domum Aymoneti Souteir quondam civis Laus., ignorantibus dictis vigilibus propter eorum absenciam culpabilem, atrociter in capite de uno lapide rotundo prodictorie vulneratus, promictentes dicti vigiles juramentis suis, etc., solvere et complere quicquid super premissis fuerit per dictum consilium ordinatum, etc. Datum in refectorio conventus fratrum predicatorum Laus., dum ibidem dictum consilium tenebatur, instantibus ad hec Petro Gellini et Jordano Muvilliodi civibus Laus. prioribus dicte communitatis, die jovis sequenti in crastino festino festi beate Katharine virginis, anno Domini millesimo CCCCXVIo. Laudatum est. Johannes Pitet.
Serment du bailli de l’évêque.
1418. 29 août. – Juramentum libertatum factum per ballivum. Die lune festi decollationis beati Johannis Baptiste anno Domini millesimo CCCCmo XVIIIo, Hugoninus de Malbertofonte domicellus, post obitum Anthonii Championis domicelli septimana precedenti ab hac vita migrati, Lausannensis ultimi ballivi, presentatus in curia ballivatus Laus. dicta die, hora ibidem solita placitare, nomine et pro parte reverendi in Christo patris et domini, dom. G. de Challant Laus. episcopi, per vener. viros dominos Rodulphum /141/ Gavardi et Petrum Fabri de Essertines sigilliferorum curie officialatus Laus. canonicos ecclesie Laus., assumpturus officiium dicti ballivatus, juravit ad instantiam Johannis Pitet de Orba comprioris communitatis ville inferioris Laus. vice, nomine et ad opus ven. capituli ecclesie predicte totiusque communitatis civitatis et ville Laus. et totius populi dicte Lausannensis ecclesie mediate et immediate, omniumque universorum et singulorum quorum interest et intererit interesseque poterit quomodolibet infuturum, ad et super sanctas reliquias beate Marie Laus. ibidem in una chassa per dom. Franciscum Bulti presbiterum Laus. cum reverentia qua decet propter hoc specialiter apportatas, tenens idem Hugo ambas manus suas supra dictas reliquias, quod ipso existente in dicto officio, ipse toto posse suo ministrabit, faciet atque reddet justiciam et racionem secundum consuetudinem Laus. unicuique hoc sibi requirenti, et ita pauperi sicut diviti, minorique sicut majori, dictamque consuetudinem, tam scriptam quam non scriptam, libertates, franchesias et immunitates ecclesie predicte, capituli predicti tociusque communitatis ville et civitatis Laus. et tocius populi et omnium subditorum ecclesie predicte mediate et immediate totis viribus suis observabit, sine lesione quacunque, et finaliter et in summa unicuique coram ipso quomodolibet litiganti infuturum reddet, ministrabit et faciet secundum dictam consuetudinem justicie cumplementum, ut prefertur, posse suo, absque in aliquo infringendo. De quibus premissis omnibus et singulis dictus Johannes Pitet comprior qui supra petiit vice, nomine et [ad] opus communitatis predicte, omniumque universorum et singulorum quorum supra, per dictum Hugoninum concedi et laudari litteram judicialem et testimonialem in/142/ manibus Henrici de Ruppe notarii Laus., curie officialatus Laus. predicte jurati, et per eumdem faciendam. Quamquidem litteram ipse Hugoninus prout supra juratus concessit et laudavit in manibus dicti jurati et per eumdem sub hac forma faciendam. Presentibus in premissis, dum sic facta fuerunt ut prefertur, Nicodo de Gillarens domicello, Johenneto Peyrol de Lonay et Jaqueto dicto Chambaz dicti loci de Lonay, testibus ad premissa vocatis specialiter et rogatis, qui testes superius nominati omnia universa et singula prescripta attestantur esse vera, rogantes unacum Hugonino supradicto per dictum juratum fieri litteram supradictam, sigillo curie officialatus Laus. supradicte roborandam in testimonium veritatis omnium premissorum. Datum et actum ut supra. Henricus de Ruppe 1 . /143/
Droits de la ville sur les Râpes.
1418. 15 Décembre. - Johannes dictus Gissine morans in domo hospitalis Beate Katharine Joreti se submittit misericordie et marciationi consilii communitatis ville inferioris Laus. super uno banno LX solidorum Laus. commisso cum animalibus suis in raspis. Consilium ipsum misericorditer et graciose marciando, quod dictus Johannes Gissine, contemplatione hospitalitatis quam ipse tenet in domo predicta, solvat duntaxat decem solidos.
Construction de ponts et de tours.
1429. 9 Mars. — Pro ponte prope S. Johannem contra vicinos pro reparatione illius. Anno Domini Mmo CCCCmo XXVIIIo et die mercurii post festum carnispervii Johannes douz Liuz ? barbitonsor Laus. se astrinsit in manibus Hugonini de Malbertofonte, locumtenentis dom. ballivi Laus. de reparatione pontis S. Johannis in quantum sua interest, etc., hinc ad proximum festum Penthecostes, alias, etc. Fiat litera si sit necesse cum clausulis opportunis. Datum ut supra.
1429. 16 Mars. Pro ponte de Chouderon. Anno quo supra et die mercurii post dominicam de Judica me, in stupa fratrum predicatorum, Petrus Guilliet et Nicoleta de Giez, cum ipsi Petrus et Nicoleta essent tracti in causam coram D. ballivo Laus. per Perronetum Gellini compriorem Laus. super reparacione pontis de Chouderon, dicentem quod ad causam ipsorum et Suspisodi Mastini dictus pons /144/ minabatur ruinam. Predicti Petrus et Nicoleta se posuerunt marciacioni et misericordie consillii. Hoc facto ordinatum fuit per Anthonium Joutens, Will. Banderet, Joh. Cagniez et Jac. de Castello, quod predicti Suspisodus, Petrus et Nicoleta debent reficere dictum pontem suis missionibus, etc. Et dictum consillium dedit lapidem fontis existentis subtus ipsum pontem. Et dictus Suspisodus debet facere medietatem missionum dicti pontis, et dicti Petrus et Nicoleta debent solvere et facere aliam medietatem, etc.
1429. 1er Juin. — Turris retro Sanctum Petrum. Petrus Huguet carpentator promittit juramento, etc., obligacione bonorum, etc., facere et perficere ad opus communitatis predicte, turrim dicte communitatis existentem retro sanctum Petrum, ejus missionibus, de bono marrino et tegulis copay, et quatuor gietaz (gretaz ?) fiant de nemore quercus et unum pomel eciam quercus, missionibus dicti Petri, in nemore dicte communitatis scindendi et aducendi, pretio triginta librarum bon. Laus. eidem Petro solvendarum. Datum die prima mensis junii anno Domini MoCCCCmo XXIX o. M. Loys.
Droits de chasse appartenant à la ville.
1431. 11 Janvier. - Pro venatione in raspis. Anno quo supra (1431) et die mercurii ante Anthonium ? fuit datum passamentum prioribus antedictis contra homines villarum Cugiaci et Frigide ville ad hoc citatos per Antonium Vionyer pro uno banno LX solidorum per ipsorum quemlibet in raspis dicte communitatis commisso, pro eo quod in eisdem raspis venarunt et quarterios bestiarum venatarum /145/ ibi et captarum per ipsos eisdem prioribus non apportaverunt. Fiat bonum passamentum cum clausulis opportunis. Datum ut supra. M. Loys.
Après plusieurs citations contre les délinquants, le manual continue :
Anno Domini millesimo CCCC XXXIIdo et die mercurii predicta, (post festum purificationis B. M. V.) prenominati homines de Cugie juraverunt ad sancta Dei evangelia quod a decem annis citra non venarunt in nemore communitatis antedicte, quare absolvuntur. Quibus sic actis Petrus de Albona, prior communitatis predicte, inhibuit eisdem ne ulterius habeant in dictis nemoribus venare. Acta fuerunt hec in stupha fratrum predicatorum Lausan. dum consilium ibi teneretur die et anno quibus supra, presentibus dom. P. de Everdes et Joh. Pitet. M. Loys.
Comme on l’a fait remarquer plus haut, on voit par cet article que la ville possédait le droit exclusif de chasse dans les Râpes et qu’à cet égard elle s’attribuait, sans opposition, les droits de seigneurie. Les quartiers des bêtes tuées appartenaient à la ville et non à l’évêque. Ceux qui chassaient sans permission étaient cités et assignés par-devant le conseil et non par-devant aucun officier de l’évêque. Les bamps ou amendes de chasse appartetenaient à la ville, qui pouvait interdire la chasse sans le concours ou l’intervention de l’évêque ou de ses officiers.
Il en était de même pour la partie de la forêt de Vernand qui appartenait à la bannière de la Cité et qui est maintenant la propriété de la commune de Lausanne. A Noël 1416, on apporta aux syndics de la Cité un quartier de cerf tué dans la forêt de Vernand, en signe de seigneurie (pro signo dominii). Comptes de la Cité.
Le 1er février 1484, les gens de Romanel apportèrent à Pierre Ravier, conseiller, deux quartiers de sangliers qu’ils avaient pris /146/ sur la propriété de Ravier à Vernand et que celui-ci prétendait garder comme compensation des dégâts faits par ces bêtes dans ses prés. Mais la commune de Lausanne, se fondant sur ses privilèges antiques, exigea que ces quartiers de sangliers lui fussent remis et que Ravier déclarât par acte authentique qu’il n’y avait aucun droit.
Le 29 octobre 1517 les gens de Romanel apportèrent au conseil de Lausanne un quartier d’une biche (unum quadrantem sive quartier unius bichiz) qui avait été prise dans la forêt de Vernand appartenant à la commune de Lausanne. On leur donna, de grâce spéciale, six sols pour leur vin.
Murailles de la ville.
1432. 13 Février. – Pro mœniis ville. Johannes Bouczar, Stephanus Gimel et Roletus Beneton astringunt se in manu Johannis Cagni locumtenentis dom. ballivi Lausan. de emendando et reficiendo muros communitatis Laus. retro eorum domos existentes, ad dictum venlis consilii communitatis dicte ville seu commissariorum ad hoc deputandorum, cum clausulis opportunis. Datum die mercurii post octava festi purificationis M. Virg. anno quo supra. M. Loys.
Certains impôts spéciaux et des giètes ou contributions de tant par feu, dans la ville et le ressort, étaient de temps en temps ordonnés par la grande cour séculière pour la construction et l’entretien des murs et fortifications de la ville. Un cinquième du produit de ces contributions était spécialement affecté aux murs de la Cité; les quatre autres cinquièmes étaient affectés aux fortifications de la ville inférieure. (M. D. R. VII, pag. 203-207. Arch. de Laus. A 25, acte du 12 août 1365.) Les villages du ressort, pour lesquels la ville servait de refuge en cas de danger, étaient soumis aux mêmes prestations pécuniaires que les habitants de la ville (Arch. de Laus. A 37, 22 septembre 1384. A 44, 1389. Sur le Ressort de la ville, voyez le Plaict général et le commentaire /147/ M. D. R., tome VII.) Dans la suite des temps, plusieurs particuliers avaient bati des maisons appuyées contre les murs de la ville, y avaient pratiqué des ouvertures, soit pour des jours, soit pour des coulisses, et le Conseil exigeait d’eux de contribuer aux réparations des fortifications au droit de leurs propriétés. Cette exigence fort naturelle du Conseil faisait naître des difficultés au sujet de la quote-part afférente à la ville et aux particuliers en cause. Ce point fut réglé par une ordonnance de la grande cour séculière en date du 24 juin 1454 (Arch. de Laus. A 134) de la manière suivante : 1o Dans les endroits où nul ne retire des murs une utilité particulière, mais seulement une générale, commune à tous les citoyens, les réparations seront aux frais de la ville et du ressort. 2o Ceux qui appuient des bâtiments contre les dits murs et qui y ont des fenêtres, des canaux ou des lavoirs devront supporter la moitié des frais de réparation des dits murs, depuis le fondement jusqu’au sommet, dans toute la largeur de leur propriété. 3o Ceux qui appuient des bâtiments contre les murs, sans aucun jour, canal ou aisance, payeront un tiers de la réparation. 4o Ceux qui n’ont qu’un verger ou jardin attenant payeront le 1/4 de la réparation depuis le dessus des fondements jusqu’à l’entablement. A moins que les dits propriétaires, pour échapper à ces frais, ne préfèrent faire abandon complet de leur possession à la ville. Aussi lit-on dans le manual à la date du 13 août 1455, que Mermet Gumuens fait abandon perpétuel à la ville d’une place sise en la chinaleta prope muros ville, et hoc pro eo quod ipse Mermetus sit liber a rata que sibi contingeret ratione dicte platee, in restauratione muri dicte ville in directo dicte platee.
Péages.
1432. 20 Février. – Contra pedagiatores portus Pulliaci. Die mercurii ante festum cathedra S. Petri anno Domini Mo CCCCmo XXXIo cum Johannes de Vineis, inculpatus per Perronetum Gellin et Girardum de Alamania, priores, super eo quod idem Johannes de Vineis exegit pedagium in /148/ portu Pulliaci, tam pro se quam aliis suis comportionariis, a burgensibus et habitantibus Lausanne et ab illis de Viviaco, injuste et sine cause. Idem vero J. de Vineis se posuit misericordie consilij ville inferioris Laus. et promisit solvere juramento suo etc., quod fuerit marciatum etc. Laudatum est. Johannes Canie 1
Police des boucheries.
1432. 17 Septembre. – Contra carnifices. Aymonetus Boczaz et Johannes Cuttini, cives et macellarii Lausan. submittunt se misericordie et ordinacioni priorum predictorum et successorum suorum ac ven. consilii predicti, de et super eo quod ipsi vendiderunt libram bovis II denariis cum obolo, ultra ordinacionem dicti consilii qui ordinaverat dictam libram bovis vendi non debere nisi II denariis, et promittunt, etc. solvere etc. M. Loys.
On voit par le Plaict général de 1368 que les bouchers de Lausanne étaient soumis à des règlements de police assez sévères. Le 20 octobre 1389, l’évêque Gui de Prangins, siégeant en la grande cour séculière de Lausanne et de l’avis de celle-ci, fit une ordonnance complétant les prescriptions du Plaict général, et d’après laquelle (Arch. de Laus. A 45, et Evêques Bulles, No 28.). /149/ 1o Il est établi des poids d’une livre, de demi-livre et de quart de livre, dont il y aura trois originaux ou étalons, l’un pour l’évêque, le second pour le chapitre, le troisième pour la ville de Lausanne. Des exemplaires de ces poids seront délivrés à chaque boucher à ses frais. Celui qui se servira de poids faux sera passible d’une amende de 60 sols. 2o Les bouchers devront vendre la viande aux prix ci-après : Depuis la Saint-Martin à la fête Dieu : le beuf à 2 den. 1 obol.; le mouton 3 deniers la livre. De la fête Dieu à la Saint-Martin : le boeuf à 2 den.; le mouton à 2 den. 1 obol. Pendant toute l’année le porc écorché (libra porci scorizati) à 2 den. 1 obol.; le porc pelé (libra porci plumati) à 3 den.; le porc salé à 3 den. 1 obol.; la viande de brebis à 2 den. celle de bouc et de chèvre à 3 oboles. (Pour la concordance des prix et des poids avec les monnaies et les mesures modernes, voyez mon Appendice au dictionnaire du canton de Vaud par Martignier et de Crousaz.) Les autres dispositions du Plaict général demeurent en vigueur. Ce règlement fut accepté par les maîtres bouchers de Lausanne au nombre de onze.
Le prix des viandes était fixé secundum temporis diversitates per ven. capitulum, nobiles et burgenses Lausanne concorditer. C’est pour avoir vendu au-dessus du prix fixé que les bouchers mentionnés dans le texte sont cités. Du reste les prix variaient beaucoup, surtout à cause de la variation dans la valeur des monnaies. En 1450, le bœuf était à 3 den., le mouton à 4 den. En 1445, les bouchers furent cités par le conseil devant le bailli de l’évêque.
Comme on l’a dit M. D. R. XXVIII, pag. 271, chaque boucher payait pour son étal un droit annuel de 50 sols, outre 8 den. pour chaque grosse bête et 4 den. pour chaque petite bête abattue.
Dans l’origine, tous les bouchers étaient établis dans la ville inférieure, mais en 1437 l’évêque autorisa l’établissement d’une boucherie à la Cité, à la condition que le boucher payât à la communauté de la Cité le même tribut que les autres bouchers à la ville basse. Pour prix de cette concession, le chapitre et la Cité durent payer à la ville inférieure 400 flor. d’or. Du reste ces 400 fl. n’étaient pas encore payés à la Saint-Michel 1439. (Arch. de Laus. A. 108. E.E. 370.) /150/
Mode de nomination du Conseil.
1432. 27 octobre. – Jaquetus Daux et G. de Pont, clerici Laus. receperunt quamdam litteram facientem ad opus communitatis ville inferioris Laus., in quaquidem littera continetur quod ipsa communitas potest eligere de qualibet banderia quatuor ydoneas personas, que persone habent potestatem eligendi duos priores pro regendo negocia ipsius communitatis; et si ipsi duo priores electi contradixerint et refutaverint seu alter ipsorum refutaverit, teneantur seu alter ipsorum teneatur in decem libris bon. Laus., et exeant seu alter ipsorum exeat villam per annum et diem. Datum die XXVIIma mensis octobris A. D. millesimo CCCCXXX secundo 1 .
Serment des prieurs ou syndics de la commune.
1432. 12 novembre. – Petrus de Albona, civis Lausannensis, et Johannes de La lex, clericus, burgensis Lustriaci, morans Lausanne, priores et sindice communitatis ville inferioris Lausan. promittunt pro se etc., juramentis etc., obligationibus bonorum etc., proficium et honorem /151/ communitatis predicte procurare et inutillia evitare suo posse, secretumque tenere et servare ea que in consilio predicto tractabuntur, bonumque et legitimum computum de emolumentis et obventibus dicte communitati debitis eidem communitati reddere, et illud quod restabit ad solvendum eidem communitati solvere, et hoc per unum annum integrum die date presencium incohandum et eadem die, anno prius revoluto, finiendum; et ad premissa facienda quilibet ipsorum priorum se et ipsorum quilibet insolidum se obligant juramentis et obligacionibus quibus supra, cum dampnis etc. Renunciantes etc., et maxime constitutioni de duobus vel pluribus reis debentibus, actioni dividende et aliis renunciacionibus etc. Datum in stupa fratrum predicatorum Lausan. dum consilium dicte communitatis ibi teneretur die mercurii post festum beati Martini yemalis, anno Domini MoCCCCmo XXXIIdo. M. Loys 1 .
Police du marché.
1433. 8.avril. – Hugoninus dictus Baczimet, carpentator, submittit se misericordie ven.lis consilii de et super uno banno decem solidorum Lausan. per ipsum commisso emendo quamdam quantitatem latarum ante horam quincleti pulsacionis fratrum minorum. Datum die mercurii sancta A. D. MoCCCCmo XXXIIIo. M. Loys. /152/
Diplôme de l’empereur Sigismond.
1434. 26 mai. – Omnes de consilio et de consilio restricto 1 elegerunt D. Petrum de Everdes, M. Loys, J. de Castello et Joh. de Lazlex cum Guillermo Souteir, compriore ville inferioris Laus. ad inveniendum quantitatem pecuniarum ad solvendum debitum pro confirmatione franchesiarum, quibus dederunt omnimodam potestatem querendi, vendendi, obligandi de emolumentis ville predicte, ratumque et gratum habere omne et quicquid per ipsos prenominatos factum fuerit et gestum pro predicto negocio complendo. Laudatum est. G. de Pont.
Il s’agit ici de la confirmation des franchises de Lausanne par l’empereur. C’est la seule mention que le manual fasse de ce document important.
Par un diplôme daté de Radolfzell, le 24 mai 1434 (Arch. de Laus. EE. 33, 35), l’empereur Sigismond confirma les franchises accordées par ses prédécesseurs à la ville de Lausanne et aux autres terres de l’Eglise, c’est-à-dire aux terres qui formaient le domaine temporel de l’évêque. Le Conseil de Lausanne avait sans doute fait des démarches pour obtenir cette bulle, car déjà le 26 mai il se met en mesure de trouver la somme nécessaire pour payer les frais, toujours très élevés, d’un acte pareil. Je ne me souviens cependant pas d’avoir vu ces frais mentionnés dans les comptes de la ville. Il est vrai qu’en 1435 le conseil fit de grandes dépenses pour une ambassade auprès des représentants de l’empereur à Bâle, où siégeait alors le concile; mais cette ambassade paraît plutôt se rapporter aux difficultés concernant le siège épiscopal de Lausanne, auquel prétendaient Louis de la Palud et Jean de Prangins. /153/
Après la mort de Sigismond, décédé le 9 décembre 1437, la ville voulut témoigner de sa reconnaissance envers l’empereur défunt par une cérémonie funèbre célébrée en son honneur, dans l’église du couvent des frères prêcheurs de la Madeleine, le 7 février 1438. On lit dans le compte de cette année les articles suivants que je traduis :
Jeudi après la purification, livré à Jean, peintre, pour écussons placés sur les cierges de la sépulture de seigneur Sigismond, empereur.XII den.
Livré pour six cierges offerts à dite sépulture, le vendredi suivant, dans le couvent des frères prêcheurs de Lausanne, pesant XVIII et demi livres de cire, achetés de Antoine Cugin.LX sol. VI den.
Le dit jour, livré pour une pitance donnée aux frères mineurs qui à la demande du conseil furent présents à dite sépulture.XII sol.
Le dit jour, livré à maître Pierre Robigeti pour six plats de poisson à la gelée, donnés aux dits frères prêcheurs par ordre du Conseil.XII sol.
Le dit jour, livré pour 10 pots de vin donnés par ordre du Conseil aux dits frères prêcheurs pour les vigiles du jour précédent, donnés avec les dits poissons et achetés de Perronet Gellin.VI sol. III den.
Le dit jour, livré pour la collation faite par les dits frères en dite sépulture, y compris la peine des sonneurs de la cloche des dits frères et celle de six garçons qui portaient les cierges en dite sépulture.VIII sol. VI den.
Le 6 février 1469, par diplôme daté de Venise, l’empereur Frédéric III confirma de nouveau et étendit les franchises de Lausanne et des autres terres de l’Eglise. (Arch. de Laus. A. 149.)
Pour subvenir aux frais de ce nouveau diplôme, on convoqua le 17 mai dans la maison de ville de Lausanne les députés des divers lieux des terres de l’Eglise et on leur demanda de payer leur quote-part de ces frais, ce qu’ils promirent de faire. Ces députés furent: pour la ville de Lutry, Humbert Marsens recteur (syndic) de la commune accompagné de Nobles Pierre /154/ de Saint-Amour et Jaques Gruz; pour la Vaux de Lutry, Nicod Sauter, recteur de la grande communauté de la paroisse de Vilette, accompagné de Pierre de Crest et Humbert Otthonyn; pour Saint-Saphorin, Pierre Philippon et François Combaz, recteurs de la commune, accompagnés de Pierre Mensongier; pour Lucens, Aymonet de Sercens, recteur de la commune; pour Villarzel, Guillaume Rossier, gouverneur de la commune; pour Avenches, Pierre Visin, gouverneur de la commune, accompagné de Noble Pierre d’Avenches et de Jean Bergier; pour Bulle, Rolet Juglar, recteur, accompagné de Guillaume Bruciod, Jaquet Portier et Rolet Molaz.
Ces deux dipômes étaient scellés de grands sceaux pendants en cire blanche, attachés par des cordons de soie; mais pendant les guerres de Bourgogne, les bandes suisses qui saccagèrent Lausanne coupérent et enlevèrent les cordons qui attachaient les sceaux. (M. D. R, tome VII, pag. 654.) L’original du diplôme de la bulle de Sigismond qui est aux archives de Lausanne porte encore la marque du coup de couteau qui enleva les cordons de soie. Je n’ai pas vu l’autre bulle et ne sais point en quel état elle est. On voit par un ancien inventaire qu’en 1470 les sceaux de cire blanche y étaient encore et que les diplômes étaient soigneusement renfermés dans des étuis de bois.
En 1482 le Conseil de Lausanne chargea Jean Bagnyon (voyez sur lui l’article du 18 janvier 1481) de traduire le diplôme accordé aux Lausannois par l’empereur Frédéric. Cette traduction existe encore aux archives de la ville (E. E. 341), et en comparant l’écriture de cette traduction avec celle de Jean Bagnyon dans le manual, on reconnaît facilement qu’elle est tout entière de sa main. Voici cette traduction :
La copie de lempereur fredericq en francoys.
Jehsus.
Cest la Translacion faite de latin en francois de la Bulle de lempereur sus les franchises aut peuple lausanneys donnees. Fredericq moien la clemence divine empereur des Romains Tousiour august dhungrie Darmacie Croecie etc. roy, de Austrie Stirie Karinthie et de Carniole duc, seigneur de marche /155/ desclavonie et de portenacion 1 , conte en haspurg thiroles ferretes et de keburg, marquix de burges et lanngraves alsacie, Pour memoire perpetuelle par la teneur de ces presentes atous universellement faisons savoir combien que la Imperiale sublimité par son office de droit appertiegne aun chescun de lempire romain subiest la puissance estendre de sa deffense et yceux en leurs anciens drois conserver Et plus dehument en graces et privileges donnez ladite Imperiale sublimité a acoustumer destre habundant, et ceux qui sont aux confins de lempire constitues pour lonnour de lempire procurer et deffendre par constance de fidelite et par euvres experimentales demonstrees selon jugement de leurs vertus, la dite sublimité les a plus chierement recommandes, et ainsy que par continuacion des guerdons de fidelite repceu de tant plus soient de meilleurs courage tant comme de la maieste imperialle ilz seront decores et de plus grans graces anoblys.
Pourquoy la peticion et demande en supplicacion pour la part des honnorables citiens bourgois habitans et residans en la cite de lausanne semblablement des villes et bourgs de la juridicion et terre de lesglise de lausanne nostres feaulx et bien ames presentee et donnee contenoit que ausdictz citiens et cite et aux villes et lieux de la juridicion et terre de lesglise de lausanne comme par avant toutes et singulieres graces libertez possessions immunitez donacions indult lectres et privileges lesqueux et lesquelles des empereurs Romains et Roys nostres predecesseurs et aultres feaulx cristiens desia obtenus et heu en quelque forme qui soit de la clemence de nostre benignite acoustumee nous les vulsissions et dignaissions approuver ratiffier innouver et de nouvel oultroier et plus gracieusement confermer. Pourquoy nous considerans la constance de la pure et approuvee foy et devocion par lesquelles chouses les ditz citiens bourgois et habitans devant nommes lempire sacrer Romain du cy en arrier ont honnores et aut jourduy honnorent et reveremment tiegnent Et pour cecy par courage deliberer non pas par erreur et sans prudence mais par bon sain et meur conseil devant heu de nostre certayne science tous leurs et singuliers privileges lectres /156/ drois libertez graces et immunitez indult ausditz citiens bourgois a la cite villes opides habitateurs et residens par les empereurs Romains et Roys noz predecesseurs concedez et donnez comme se leurs teneurs de motz a motz estoient cy contenus et inscrit nous les ratiffions inuovons et de nouvel largissons et de lautorite imperiale par ces presentes confermons, decernissant gracieusement et expressement voulons ceux et celles tenir firmite de perpetuelle force Et que eux et un chescun de eux devis et en common des chouses dessusdites puissent user et gaudy liberalement et quietement tous empeschemens cessans et demis En suppleant et supportant de toute faulte de paroles et de motz et solerpnitez obmises aux devandits privileges et laissez ou en obscurite de sentence ou aultre occasion la quelle se porroit veoir de la pleyne puissance imperiale estre confermez Semblablement de nouvel nous concedissons et approuvons de lautorite imperiale devandite toutes leurs libertes franchises costumes et usemens contenus et escript tant en leur plaitgeneral autquel aucuns drois publiques de long temps approuves et observes sont escript comme aultres escriptes et non escriptes loyablement introduys et introduytes de ladite cite ville et lieux habitans de toute la terre devandite tous empeschemens et aultres chouses aut contraire faisans quel qui soient non obstant.
Et comme ainsy soit que de noble memoire Sigismond fuz empereur nostre predecesseur aux devant nommez citiens bourgois et habitateurs de ladite cite de lausanne des villes et opides de la terre de ladite esglise benignement a conceder que pour un chescun delinquent en cas mixtes criminel ce assavoir aux queux ne se requiert peyne de sang les officiers seculiers des lieux dessus nommez soient entenus de prendre fiancement non pour un chescun discord jusques a la valeur des biens de celluy qui demande et que nul ne puisse ne ne doige aux lieux devandits et aux cas et causes mixtes criminelles et civiles mectre discord en la cognoissance si nest bourgois de la cite de la ville opides et lieux et non aultre estrangier etc. ainsy plus a plein y se contient aux privileges dudit empereur Sigismond.
Touteffoys par pluseurs foys les officiers dessus nommes a la /157/ concession devandite sont tropt rigoreux car non obstant caucion presentee pluseurs il mectent en prison pour quoy nous mectans et proferissans equite à la rigueur : Nous statuons et ordonnons que les devanditz officiers seront entenus et doigent prendre souffisant fiancement et moien ledit fiancement ceux que pour les cas que dessus sont convenus layssent aler et non pas les incarcerer. Et se le reoz convenus estre assis les ditz officiers et les aultres cognoissans baille le fiancement devandit que lors ledit officiers soit entenus et doige ledit fiancement prendre en la presence de la court et desditz cognoissans.
Plusoultre par veridique relacion a noz est venus que pluseurs foys pluseurs aux devanditz citiens bourgois et habitans de la cite et ville de lausanne et des lieux dessusditz ausditz cite et villes comme se il estoient ennemis et contraires voluntairement et de fait et sans cognoissance prohibissent et deffendent les victuailles faisans crier publiquement par leurs villes que nul na porte ne face porter ausdites cite villes et habitacions victuailles a vendre dessoubz certains bans tellement que nul vivres semblablement des aultres villes et lieux de la juridicion de lausanne audit lieu ne laissent pas apporter et les personnes de ladite cite et ville de lausanne et de la terre de ladite esglise de lausanne en leurs villes et demorances detegnent. Et comme ainsy soit que telles chouses ne se doivent pas faire se non aux rebelles et ennemis de lempire de Rome pour quoy ces chouses de lautorite imperiale noz prohibissons et deffendons que dy cy en avant telle prohibicion mandemens et empeschemens des vivres et detencions des personnes des dessus nommes comme qui soit se facent par aucune raison par quelque soit soubz les peynes cy dessoubz escriptes.
En apres les devandits lausanneys veullians de plus grans dons leur souvenir et desirans les conserver en leurs anciennes coustumes les lectres oultroieez et paches lesquelles autrefois ja dit Ayme conte de savoie etc. dessoubz escriptes baillia et oultroia, des quelles le commencement est Nous ayme conte de savoie duc de chablex et de oste et en ytalie marquis et prince Noz faisons savoir a tous que comme nostre seigneur treschier Karlles par la divine clemence de dieu empereur de /158/ Rome et tousiour august et roy de boeme, la fin estoit donnez a evyan le second jour du moy de septembre lan de nostre seigneur mil IIIc LVI. Tant comme a nostre fraternite 1 et aux drois de nostre sacrer empire et de tous aultres ne porte preiudice comme noz pouvons et devons en tous ses chapitres et articles nous les confirmons et ratiffions par la teneur de ces presentes.
Et semblablement dycelle imperiale autorite les foires par George de saluces evesque jadis de lausanne aux devanditz citiens bourgois de lausanne et a la cite et ville et aux aultres lieux villes et habitacions de la terre de ladite esglise de lausanne en common et devis donnees et concedees nous les confirmons et de nouvel oultroyons par la teneur de ces presentes.
Et comme ainsy soit que chouse inutile seroit de donner graces libertes et indult si ne sont mantenus et conserves en leurs articles et affin que les devanditz lausanneys en leurs graces donnee soient mieux deffendus selon le temps le venerable arcevesque de besenczon et le noble duc de savoie pour conservateur de l’auctorite imperiale nous les ordonnons donnons et deputons à eux et un chescun de eux faisans commandement leur mandons que lesditz lausanneys en leurs dessusditz privileges les deffendent mantiegnent et conservent reserver le droit de lempire et de lesglise de lausanne.
Pour quoy nous mandons a tous universels princes desglise et seculiers contes barons nobles chevaliers seigneurs advocast officiauls consultez et conseilliers de toutes communaultez et de tous aultres lieux contree et recteurs dyceux et a tous aultres de nostre sacrer empire subiest et feaux bien amez de quelque dignite et auctorite ou de preeminence gaudissant et apparessant que les dessus citiens habitans et residans de la cite ville et aultre lieux dessusditz et leurs successeurs aux devandites graces libertes concessions drois privileges possessions et en nostre presente confirmacion a tout son effait nullement nempeschent per turbent molestent ou inquietent et nullement ne les permectent estre empesches perturbes molestes ou inquietes par quelquisoit /159/ ne comme qui soit directement ou indirectement mais eux et leurs biens lesqueux en nostre grace dilection protection amour deffense et garde noz pregnons et avons pris aux chouses dessusdites les mantiegnent et foyablement deffendent et le facent faire et observer soubz la peyne gravissime de nostre indignacion et du sacrer empire.
Et en tant que les peynes en yceux privileges contenus sem blablement la peyne de cent march dor pur plus aprement vouldront eviter lesquelles peynes ceux qui fairont du contraire tanteffoys quanteffoys du contraire sera fait soient seur et sachent qui les ont encorues et commises sans remission desquel les peynes la moitiez a nostre fisque imperial soit appliquee et laultre partie ausditz citiens bourgois et habitans de ladite cite desdites villes opides et lieux dessusditz de la terre de ladite esglise et a leurs successeurs sans remission noz decernissons estre appliquee par ces presentes soubz la appension du scel de nostre maieste imperiale en tesmoings de ces presentes lectres. Donne et escript a venise le VI jour du moy de fevrier lan de nostre seigneur mil IIIIc LX neuf de nostre royalmes romain XXIX de lempire XVII et de hungrie X.
Guets du clocher.
(Voy. 26 novembre 1416.)
1436. – 4 janvier Contra vigilles campanilis et ville. Anno Domini MoCCCCmoXXXV et die mercurii ante epiphaniam, dum consilium communitatis in stupha fratrum predicatorum Lausan. ibi teneretur, juraverunt ad sancta Dei evangelia Vautherius vigil campanilis bene et decenter vigillare, horologiumque bene et decenter percutere, terque in qualibet nocte alios dicte communitatis vigiles proclamare, scilicet a dominica bordarum usque ad festum omnium sanctorum hora Xa XIIma et secunda post meridiem (sic); et a dicto festo omnium sanctorum usque ad dictam /160/ dominicam, hora IX, XII et IIIa post meridiem; necnon Mermetus Lando, Anthonius Terceti ? vigiles banderiarum burgi et pontis, necnon Johannes Bugnion, bene et decenter vigillare et dicto vigili campanilis respondere etc. Datum die et anno quibus supra. M. Loys 1 .
Montbenon.
1436. 9 mai. — Contra capitulum. Venerabilis vir Dom. Guillermus Cochardi, canonicus ecclesie kathedralis Lausan. magisterque modernus fabrice dicte ecclesie, notum etc. Quod cum ipse, de auctoritate sua, pro necessitate dicte fabrice extraxerit in costis communitatis ville inferioris Lausanne de Monbegnon quosdam lapides de gre pro reparacione et fondamento cujusdam pilaris claustri dicte ecclesie siti ante altare Dei et duci fecerit, sine tamen licencia gubernatorum communitatis ante dicte, ob quod clamam fecit Urbanus Gimelli dicte communitatis congubernator de aurigis ejusdem domini Guillermi et operatoribus coram maiore Lausanne; ecce quod idem dom. Guillermus, quo supra nomine, de et pro offensa antedicta se submisit ordinacioni venlis. consilii communitatis antedicte et promisit etc. solvere dicto Urbano quo supra nomine quicquid per dictum consilium concorditer super dictam offensam fuerit ordinatum. Qua submissione sic facta, prenominatus Urbanus, quo supra nomine, necnon Dom. Petrus de Everdes, Johannes de Albona, Guil. Souterii, Mermetus Loys, Anthonius Cugini, Johannes Pitet, Petrus Chouz, Ansermodus de Domengenges, Vuillelmus Gauterii, /161/ Roletus Fabri et Petrus de Villa ac Johannes de Yverduno, dicte ville consiliarii, amore Dei et intuitu pietatis, offensam antedictam per dictum dominum Guillermum perpetratam eidem domino Guillermo remiserunt de gracia speciali, sibique largiti fuerunt ut ipse pro fondamento et reparacione fondamenti antedicti, in dictis costis levare possit triginta sex lapides jam despensatos inclusis jam carrugatis ab eisdem costis ante domum dom. Girardi de Verello pro eodem fondamento. In hoc quod loco pecunie offense memorate, idem dom. G. cellebrari facere teneatur bene et laudabiliter in ecclesia antedicta unam missam de requiem cum nota pro remedio animarum predecessorum dicte communitatis qui plateam et costas antedictas de Monbegnon emerunt. Quam quidem ordinacionem dom. Guillermus quo supra nomine laudavit etc., et promisit bona fide sua missam antedictam modo premisso cellebrari facere, dictum consilium de gracia et largiacione antedictis regraciando. Datum et actum in refectorio fratrum predicatorum Lausan. dum consilium dicte communitatis ibi teneretur, die mercurii post festum inventionis sancte crucis, anno Domini MoCCCCmo sexto. Joannes Enceller.
Il est dit dans le texte que la commune de Lausanne avait acheté la place de Montbenon. En effet, au mois de mai 1345, la commune fit un échange avec Guillaume de Compeys, chevalier et sénéchal de Lausanne, Celui-ci livre à la commune ses vignes à Montbenon pour y faire une place (vineas nostras inter viunculam que tendit de Monbegnon versus Mornay a parte orientali et viam publicam dictam de Villar ab occidentali ad faciendam ibidem plateam ac omnimodam suam voluntatem in eisdem et de eisdem). En échange, la commune livre à G. de Compeys trois pièces de terre en dessous de la ville, près du chemin qui descend à la tour d’Ouchy. (Archives de Laus. M. 6.) /162/ D’après l’acte cité, la place de Montbenon s’étendait depuis le petit chemin qui descend à Mornex à l’est jusqu’au chemin de Villars à l’ouest. Dans le cours des siècles, la place fut successivement agrandie. Sous les évêques et jusqu’à nos jours elle a servi entre autres pour les monstres d’armes ou revues de troupes et pour les fêtes publiques. Aussi voyons-nous qu’en 1533, les Lausannois se plaignent que l’évêque ait fait transporter le gibet près de Montbenon, « lequel est pour convenable soulas de Lausanne » et demandent qu’il soit établi en Sevelyn, où il était auparavant.
Il paraît qu’il y avait une carrière de molasse ou de grès aux côtes de Montbenon, mais qu’on ne pouvait l’exploiter sans la permission du Conseil. L’article cité en fait foi. Néanmoins le chapitre et l’évêque continuèrent à en tirer des pierres, malgré la prohibition du Conseil. Aussi en 1532 les citoyens de Lausanne demandent-ils que l’évêque « ne dheust plus faire tirer de pierre dessoub la place de montbenon quest ung lieu commun, la ou feu monseigneur de Lausanne, son oncle et prédecesseur lavoit faict tirer pour commencer le portail de lesglise de nostre dame, lequel monseigneur de Lausanne moderne continuoit d’achever … » (Arch. de Laus. Evêques, No 27). Mais les villes de Berne et Soleure jugèrent que l’évêque pouvait faire tirer les dites pierres jusqu’à ce que ceux de Lausanne eussent produit de meilleurs titres. (M. D. R. VII, 749.) Peut-être que si ceux de Lausanne avaient produit le présent article du manual, le jugement aurait été différent. En tout cas il eût été bien désirable que les deux derniers évêques de Lausanne eussent tiré leurs pierres d’une autre carrière, car nous voyons qu’elles étaient de bien mauvaise qualité.
Cette carrière aux côtes de Montbenon était un danger permanent pour la place et la route qui risquaient de s’ébouler. Aussi voyons-nous dans le compte de la ville en 1435 : « Libravit Wulielmo Blecheret pro uno die pro curru suo, inclusis expensis charrotton et equorum, qui vacavit eadem die adducendo de Vizi apud Monbenun populos et salices ad ibidem plantandum pro conservatione itineris et platee que ibidem tendebant ad ruynam. » /163/
Néanmoins la permission d’extraire des pierres aux côtes de Montbenon continua d’être accordée par le conseil (in costis de Monbegnon in directo ludi colovrineriorum (1523); versus locum ubi comburuntur heretici (1526), malgré les éboulements de terres qui s’y produisaient. En mars 1517, Nob. Louis de Seygnoux planta dans ces côtes des saules et des peupliers pour retenir les terres qui mettaient en danger le moulin qu’il possédait sur le ruisseau du Flon.
Héraut de ville.
(Voy. 30 janvier 1483.).
1436. 26 décembre. – Constitutio nuncii generalis ville. Guillielmus Balar diocesis Bisuntine promittit juramento etc., obligacione bonorum etc., esse bonus, probus et legalis erga Urbanum Gimelli et Peronetum Gellini priores communitatis predicte, necnon consiliarios dicte communitatis et successores suos et villam inferiorem Lausanne, ipsisque bene et fideliter servire ut nuncius dicte communitatis generalis, dampnumque ipsorum evitare et proficium procurare suo posse; sub modis et condicionibus infrascriptis; videlicet pro eo quod tociens quociens priores predicti et sui successores, burgensesque dicte communitatis voluerint ipsum Guillelmum mittere, quod teneantur ipsi Guillelmo dare pro qualibet jornata non feriata duos solidos cum dimidio bonor. Laus. et pro quolibet festo duos grossos. Item, quod quando ipsi priores aut aliquis ex burgensibus dicte communitatis eumdem Guillelmum ducere secum voluerint, quod pro qualibet jornata non feriata teneantur ipsi Guillelmo dare duodecim denarios dicte monete ultra sumptum ejusdem Guillelmi; diebus vero feriatis non recipiat nisi /164/ sumptus. Nec debet exire terminum ville Lausanne pro aliquo nisi de jussu priorum dicte communitatis; facta quoque dicte communitatis tenere secreta etc. In hoc quod dicti priores et sui successores teneantur eidem Guillemo dare pro pensione sua, ultra predicta, anno quolibet unam vestem boni panni rubei et albi usque ad valorem quadraginta solidorum bon. Laus., quam vestem ipsi priores moderni, pro se et suis quibus supra, dare et tradere promittunt sub obligacione bonorum communitatis antedicte, cum dampnis etc. Renunciantes etc. Que premissa laudant priores predicti, necnon Johannes de Albona, Guillelmus Souteir, Anthonius Cugyn, Guillelmus de Ponte, Petrus de Villa, Girardus de Alamagnia, Johannnes Laurentii, Johannes Pitet, Petrus de Lalex, Petrus Chouz, Roletus Fabri, Roletus Gauterii et Ansermodus de Domengenges consiliarii communitatis predicte laudant et promittunt non contra venire etc. Datum in parva stupha fratrum predicatorum Laus. dum consilium dicte communitatis ibi teneretur, die mercurii post festum nativitatis Domini anno ejusdem Domini MoCCCCmoXXXVIto. M. Loys 1 .
Droits de la ville sur les Râpes.
1437, 1er mai. - Williermus Pirisset dorerius civis Laus. fuit citatus per Aymonetum Culieron foresterium rasparum communitatis civitatis inferioris Laus. ad diem /165/ mercurii port octavas festi S. Georgi in consilio super tribus bannis sexaginta solidorum commissis in raspis dicte communitatis in loco vocato in Planchiis S. Marii, eo quod ipse Willermus cinderat certos quercus et alia nemora, scilicet, ad clamam et instantiam Urbani Gimelli domicelli et Perroneti Gellini tanquam priorum communitatis predicte. Fuit positum per dictos priores in cognicione civium et dominorum consilii et certorum civium tunc in dicto consilio existentium, qui concorditer cognoverunt quod postquam dictus Willermus citatus fuit super dicto casu et non comparebat quod debebatur adjudicare dictis prioribus tria banna LX solidorum in contumacia dicti Willermi, que banna fuerunt ipsis prioribus adjudicata per traditionem unius baculi ut moris est etc. Domengenges.
Reconnaissance des franchises de la ville par le bailli de l’évêque.
1437. 4 mai. – Pro libertatibus. Anno Domini MoCCCCmoXXXVIImo inditione [XVa], pontificatus domini Eugenii Pape IIIIti anno VIIo, die vero sabbati ante festum ascensionis Domini, horaque quinta post meridiem, fuerunt in mei notarii publici et testium subscriptorum presencia constituti in platea Paludis Lausanne discreti viri Urbanus Gimelli et Peronetus Gellini, sindici, priores et procuratores tocius communitatis ville inferioris Lausanne, ex una parte, et Guido Croserens, clericus Lustriaci, locum tenens nobilis viri Johannis Championis ballivi Lausanne, ex altera. Dicti vero Urbanus et Peronetus, quibus supra nominibus, eidem locumtenenti, per organum Urbani ante dicti, dixerunt hec verba vel consimilia in effectu : Domine locumtenens, verum est quod vos ad importunam instanciam /166/ Willermi Pirisseti civis Laus. assignari fecistis coram vobis per Petrum Philiberti nuncium vestrum Aymonetum Cullieron foresterium communitatis antedicte ab hora IIIta hujus diei post meridiem ad diem hanc eamdem hora quinta sequenti usque ad tria millia librarum Laus.; et eciam ad instanciam Petri Laurencii procuratoris revdi in Christo. patris domini nostri domini Johannis de Prangino Lausan. episcopi super uno bagno LXta solidorum. Quod facere non debuistis, cum sit contra franchesias et libertates communitatis antedicte quas jurastis observare et non infringere. Unde requiro vos ut ab eadem assignacione omnino vos desistatis. Quo locumtenente a loco predicto elongato ad habendum avisum super premissis et subsequenter paulo post ad eumdem locum reverso, eisdem gubernatoribus idem locumtenens respondit in hec verba vel consimilia in effectu : Mei domini, ego nollem contra juramentum meum venire, ideo ab assignatione antedicta me desisto. De quibus premissis prenominati gubernatores quibus supra nominibus a me notario subscripto sibi fieri unum publicum instrumentum petierunt, presentibus Johanne Dalens de Bettusie et Guillelmo de Gebennensis diocesis una cum pluribus aliis personis fide dignis vocatis etc. Datum ut supra. M. Loys 1 . /167/
1438. 26 fevrier 1 . – Die mercurii post carnispervium data est per consillium et retro consillium et communitatem laycorum civitatis Lausanne 2 plena potestas Ysnardo ex comitibus Valispergie, G. Souteir, Urbano Gimelli, Anthonio Cugin, Johanni de Albona, Petro Laurentii et Jacobo de Castello de civitate priori, Jacobo de Montemarco, Petro Crostel, Johanni Joutens, quibus dederunt potestatem faciendi ordinandi omnia et singula tangentia factum de segulariexacione (sic) prioratus S. Marii 3 et /168/ exentionis capituli etc. Datum die supra anno Domini MoCCCCoXXXVIImo.
Item, elegerunt pro transiendo ultra Lacum G. Souteir et P. de Albona et Jacobum de Montemarco ut supra.
1439. 20 mai. – Fuit ordinatum concorditer in consilio quod pro qualibet trossa de floches debite apta et impegnata 1 dentur magistro Andree archerio decem solidi bon. Lausan. et pro domo in qua inhabitat idem magister Andreas solvantur pro salario ejusdem domus pro uno anno quatuor floreni auri p. p. M. Loys.
L’article suivant du manual constate qu’en février 1441, le conseil accorda de grâce spéciale, à l’évêque Georges de Saluces du bois mort à prendre aux râpes pour la réparation de sa tuilerie.
En effet Georges de Saluces, précédemment évêque d’Aoste, fut nommé à l’évéché de Lausanne en 1440, et fit son entrée solennelle dans sa ville épiscopale le 10 avril de la même année. Au mois de mai, Amédée VIII duc de Savoie, qui venait d’être élu pape sous le nom de Félix V, avait quitté sa solitude de Ripaille et se rendait en grande pompe à Bâle où siégeait le concile. Il était à Lausanne le 23 mai et y passa quelques jours avec sa famille, entre autres sa fille Marguerite de Savoie, reine de Sicile, son fils Louis duc de Savoie et sa femme Anne de Lusignan, et ses petits enfants, Amédée prince du Piémont et Philippe comte de Genève. Il y avait aussi la jeune Yolande de France, fille de Charles VII, fiancée en bas âge au prince de Piémont. Tous ces princes de la maison de Savoie avaient amené avec eux une nombreuse cour. La peste régnait aux environs de Lausanne, aussi l’évêque fit-il une proclamation interdisant à toute personne venant d’un lieu infecté d’entrer dans la ville. Cela n’empêcha point le conseil de Lausanne de faire /169/ quelques fêtes en l’honneur de ses illustres hôtes. On joua une moralité à personnages et l’on fit venir d’Yverdon des joueurs de paume. De plus la ville fit à Félix V un don de joyeuse entrée de 200 fl. p. p. (Arch. de Laus. E. E. 48. Comptes de la ville, année 1440.)
Les Armagnacs ou Ecorcheurs.
1445. 25 février. – Marciatio certarum injuriarum. Fiat littera ad opus consilii ville Lausanne nec non Petri de Albona, quod cum ad aures eorum pervenerit Anthonium Magistri sutorem habitatorem Laus. vulgaliter dixisse quod Petrus de Albona dixit, quod si socii electi per dictam communitatem pro eundo eys passajoz contra excoriatores in dictis passagiis remanerent non esset magnum dampnum, in presentia Humberti Richar, Johannis de Bellomonte, Johannis Viole et Stephani France, incontinenti auditis dictis verbis prenominatus Anthonius fuit in consilio evocatus, qui sponte confessus fuit se dicta verba dixisse mendaciter, cum numquam audiverit ab eodem Petro dixisse. De quibus premissis idem Anthonius se posuit marciationi et misericordie Petri et consilii predictorum etc. M. Loys.
Sur les Ecorcheurs ou Armagnacs, contre lesquels les villes du Pays de Vaud envoyaient des hommes d’armes pour garder les passages du Jura, voyez : Grenus, Documens relatifs à l’histoire du Pays de Vaud, pag. 67, 71 et 72.
Déjà en 1439, Amédée VIII, duc de Savoie avait fait fortifier les dits passages, avait fait visiter les murs et les forts des villes de ses états, pour s’assurer qu’ils étaient en bonne condition et avait fait une imposition générale pour subvenir aux frais extraordinaires qu’occasionnait la garde des frontières. Le bailli de Vaud taxa la quote-part de Lausanne et des terres de l’Eglise /170/ à 40 livres. De plus, le maréchal de Savoie, Jean de Seissel, sire de Barjat, se présenta à Lausanne demandant à visiter les fortifications de la ville; mais le Conseil s’y opposa péremptoirement, se fondant sur ce que l’évêque était seigneur de Lausanne et non le duc, et que l’évêque seul et son bailli avaient le droit de visiter les fortifications (M. D. R. VII, pag. 526-536.)
Ce refus couta cher aux Lausannois. Jean de Seissel se retira à Genève, disant que le conseil de Lausanne avait insulté son maître. Amédée VIII répondit immédiatement à ce prétendu affront en interdisant à tous ses sujets d’apporter leurs denrées sur le marché de Lausanne et en faisant saisir tous les bourgeois de la ville qui se trouvaient sur ses terres. Là-dessus, le Conseil, venu à résipiscence, dépêcha une ambassade à Genève auprès du maréchal de Savoie et, pour le concilier, lui fit présent de 25 ducats. Mais ce ne fut pas suffisant. Le maréchal exigea, de la part du duc, 500 livres. Les Lausannois envoyèrent ambassade sur ambassade à Jean de Seissel, qui était rentré à Thonon, avec l’espoir d’obtenir de meilleures conditions. Rien n’y fit; il fallut payer les 500 livres qu’on emprunta à grands frais de Roger, changeur à Genève. (Comptes de la ville.)
1447. 4 octobre. - Nota quod Anthonius Terrallion fuit marciatus pro offensa per eum facta capiendo duos vallos ville quos idem Anthonius promisit solvere hinc ad diem sabbati proximam. Potenter potati sunt 1 . /171/
Mestral.
1448. 31 janvier. – Officium mistralis. Colinus Surriau burgensis Laus. officium mistralis Laus. exercens confitetur se habuisse et recepisse a Girardo Tierrens olim compriore communitatis Laus. unum potum tenoris unius quarteronis, unum potum et dimidium potum stangni et de granaly in quibus continetur quod sunt dicte communitatis. Quas mensuras idem Colinus promittit juramento etc, restituere et reddere prioribus dicte communitatis etc. Datum in stuffa domus fratrum predicatorum Laus. dum consilium dicte communitatis tenebatur, die mercurii ante festum purificationis M. Virginis, anno Domini M oCCCCmoXLVIImo. M. Loys.
D’après le Plaict général le mestral était un officier de police, à la nomination de l’évêque et qui, entre autres attributions, devait poinçonner et sceller les mesures pour le blé et le vin. Avant que Lausanne eût une maison de ville, les étalons étaient gardés dans la maison de Jean Martin, à la rue de Bourg, où se tenait le plaict général. (M. D. R. VII, pag. 325, 418.) L’office de la métralie avait toujours dépendu de l’évêque, comme on le voit par le Plaict général et par des actes antérieurs conservés aux archives. On y voit que Conon Cochon avait jadis, du consentement de l’évêque, acquis la métralie de Jaques Choffa, fils de feu Nicolas mestral, pour le prix de 34 liv. Laus. En 1336, Conon Cochon étant mort, sa famille rendit à l’évêque la métralie de Lausanne, qu’elle tenait en fief lige du dit évêque, lequel la remit à Johannod Clerc, fils de Jean dit de la Magdeleine, qui reconnaît la tenir en fief lige de l’évêque, avec une maison aussi en fief lige, sise en la rue de la Vaux (rue Saint-François), au prix pour le tout de 31 livres Laus. et du cens de 12 den. pour la dite maison. En 1356 le même Jean de la /172/ Magdeleine et son fils reconnaissent tenir la métralie en fief lige de l’évêque. Le droit de l’évêque était donc indiscutable. Néanmoins, en 1514, lorsque Aimon de Montfaucon institua comme mestral Pierre de la Cour et lui fit prêter serment, le conseil de Lausanne fit des protestations de nullité, prétendant que le mestral devait être choisi par la ville et présenté à l’évêque. Celui-ci passa outre; et en 1533, dans leur jugement arbitral entre Lausanne et son évêque, les villes de Berne et de Soleure donnèrent raison à l’évêque, mais jugèrent que les étalons des mesures seraient dorénavant conservés à la maison de ville (Arch. de Laus. E. E. 564, 565, 853. A 2. M. D. R. VII, pag. 750.)
Concile de Bâle transféré à Lausanne.
1448. 8 juillet. – Sciendum est quod die octava mensis julii anno Domini millesimo CCCC quadragesimo octavo sacro sanctum concilium Basiliense se transtulit et mutavit ac accessit huc Lausannam.
Le Conseil se fait représenter dans les cas de torture.
(Voy. 13 février 1483.)
1449. 23 septembre. - Religiosus vir frater Henricus Chounet ordinis fratrum predicatorum, inquisitor heretice pravitatis, accessit in consilio et requisiit priores et consules predictos ut sibi ministrent quatuor dicti consilii ad assistendum cum ipso in castro Ochiaci, quando ipse faciet aliquod examen. Cui fuit concessum in hoc quod, quando ipse voluerit in premissis aliquod actum facere, alteri priorum dicte communitatis notificet. M. Loys.
Au moyen âge les franchises communales stipulaient assez ordinairement que nul ne pourrait être soumis à la torture sans la permission des nobles et bourgeois du lieu. Il en était ainsi /173/ par exemple à Moudon et dans tous les endroits qui avaient les mêmes franchises.
A Lausanne ce point était réglé par la coutume et par l’article 66 du Plaict général et l’on trouve aux archives de la ville un grand nombre de lettres testimoniales des évêques et de leurs baillis, qui témoignent de l’importance que le conseil de Lausanne attachait très naturellement à cet article de ses franchises. Il fut confirmé par la sentence arbitrale rendue le 8 novembre 1525 par Berne, Fribourg et Soleure sur les différends existant entre l’évêque et la ville de Lausanne. (M. D. R. VII, 719.) Cette sentence fut invoquée en 1719 par le conseil de Lausanne contre une ordonnance de LL. EE. de Berne qui contestait à la ville le droit de se faire représenter dans les cas de torture des criminels. Le 21 janvier 1721, LL. EE. reconnurent le droit de la ville.
Inventaire de l’artillerie de la ville.
(Voy. 1455.)
1450. 21 mai. – Mermetus Loys clericus fecit inventarium de artilliaria communitatis ville inferioris Lausanne que erat in diversis locis Lausanne posita et eam ponere procuravit in quadam camerula sita supra macellum ejusdem communitatis, que firmatur cum duabus clavibus, de quibus Humbertus de Mediavilla cumprior modernus ejusdem communitatis habet unam et Johannes de Lalex mercator Lausan. habet aliam. In quaquidem camerula sunt ea que secuntur : Et primo, unus vouglayro; item, una arcibusta; item, tres tarrabustez:; item viginti quatuor colovrine; item, duo canon. Que artiliaria est debite ad trahendum preparata et munita. Item sunt in ipsa camerula sexdecim lapides de canon et bombardarum; item VIIIxx lapides alias plumbi pro tarrabustis, arcibustis, et vouglero antedictis. Item, IXxx lapides alias plumbi /174/ pro colovrinis que sunt in uno cabas. Item, Vc ferri de viroton 1 qui sunt in uno cabas. Item, mille fuste de viroton. Item tres liexie de floches in quibus sunt LXIIII floches ferrate et empegnate. Et est sciendum quod mille fuste de viroton predicte sunt in una archa serata cum clave. Item, sunt in dicta camerula sex magne sparre portarum dicte ville. Item duo poleti lotoni pro bornellis. Item, magnus cornu olim existens in magno campanili, de metallo 2 . Item, duo bosseti in quibus est pulvis artilierie predicte. Item, plura alia ferramenta. Item duo magni cros ferri. Item, tres mensure vini mortue materie, videlicet, quarteronus, potus et dimidius potus.
Item reperientur in domo Johannis Trolliet sita in quercu, novem lavoni pro faciendo magnam portam quercus 3 .
Item reperientur in domo communitatis ville inferioris Laus. tres canon ferri, videlicet duo parvi et unus magnus cum sedibus eorum ferratis 4 .
Sur l’artillerie et les armes offensives en général du XVe siècle, voyez Cibrario, Economia politica del medio evo. Le présent inventaire de l’arsenal de la ville, contenu dans une chambre au-dessus de la boucherie et, quelques années plus tard, dans la tour de porte de Saint-François, présente /175/ quelque intérêt comme étant le plus ancien de plusieurs inventaires du même genre; mais il y avait des canons à Lausanne un demi-siècle auparavant. On sera peut-être curieux de trouver ici quelques détails sur ce sujet, glanés çà et là dans les comptes de la ville.
En 1405, la bannière de la Cité acheta d’un marchand de Constance, deux canons qu’elle paya 9 liv. 10 sols. Ces canons furent essayés en présence de la communauté assemblée et du vendeur; on y employa pour 18 sols de poudre.
En 1406, la ville inférieure avait aussi des canons; car on y fit des réparations et on fit des achats de salpêtre et de soufre pour faire de la poudre. On acheta 70 liv. de salpêtre (soupetroz, sarpetroz) pour 11 liv. 18 sol. 8 den, et 10 liv. 1⁄4, de soufre pour 14 sols 2 den. On mit la poudre dans un sac de peau qui coûta 7 sols.En 1407, la bannière de la Cité augmenta notablement son artillerie. Elle acheta d’Antoine le potier deux canons, l’un gros, l’autre petit (quorum unus est grossior alio), pour 5 liv. 10 sols et envoya Estienne de Chastel à Genève acheter 24 liv. de salpêtre pour 4 liv. 10 sol. et 8 liv. de soufre pour 7 sol. 6 den. On essaya ces canons avec plusieurs autres; deux canons éclatèrent.
En 1453, on essaya sur Montbenon les canons de la ville inférieure, ainsi que les tarabustes et les coulevrines.
En 1454, 150 balles de plomb pour coulevrines (lapides de plombo colouvrine) coûtèrent 5 sols, et une livre de poudre à canon 7 liv. 4 sols.
En 1468, on paya 65 liv. de salpêtre 8 liv. 18 sols 9 den. et 20 liv. de soufre 2 liv. On mettait de l’eau-de-vie et du vinaigre dans la poudre pour la rendre plus forte, car on acheta cette année pour cet usage 4 pots d’eau-de-vie et 3 pots de vinaigre pour 13 sols (pro ponendo in pulvere colovrinarum.)
En 1510 on paya 6 flor. pour 10 liv. de poudre donnée aux coulevriniers qu’on envoya le 4 octobre, avant le jour, à Lutry, parce que ceux de Gruyère avaient fait des menaces à ceux de Lutry.
En 1515, à la fête des Rois, on dépensa 18 liv. de poudre, coûtant 5 liv. 8 sols. /176/
En 1518, pour la joyeuse entrée de Charles III, duc de Savoie, on donna aux coulevriniers 2 liv. de poudre, coûtant 14 sols.
En 1526 on paye 12 liv. de poudret de canun, 5 flor.
Construction des ponts de la Chamberone et de Vidy.
1452. 12 avril. — Dederunt in tachium magistro Girardino Gallandaz de faciendo duos pontes de laz Chamberinoz et fluvii de Vidi de bonis lapidibus, calce et arena, super quolibet fluvio unam arcam sufficientem ad transeundum currus desuper pro pretio XL librarum 1 .
Election des prieurs et règlements divers.
1454. 6 octobre. – Electio Gubernatorum. Convocatis per cridam voce preconis factam per villam inferiorem Laus. civibus, nobilibus, burgensibus et habitatoribus Laus. in consilio dicte ville, videlicet in refectorio domus ecclesie Marie Magdalenes, pro negociis ville tractandis et consulendis, in quo consilio fuerunt electi priores dicte ville communi consilio et unanimi concordia pro anno futuro, videlicet Dominus Johannes Blancheti et Anth. Cugini apothecarius Laus. qui juraverunt tactis Dei evangeliis sacrosanctis de gubernando, regendo communitatem et villam Laus. per unum annum, in proximo futuro festo Sancti Galli incipiendum, et in eodem festo anno revoluto finiendum et reddere bonum computum etc.
Deinde fuit avisatum et consultum in consilio utile esse quod falie que portantur per villam cassentur, et eciam les chaseto modo quo fiunt, quodque fiant tantum duo, /177/ unum in monte Bellimontis et aliud in platea de Chouderon, et hoc ante cenam.
Item, quod comparalie et extrene que fiunt erga mulieres in puerperio jacentes cadant et cassentur, et eciam les suppes forrayes que fiunt mulieribus quando nuptie fiunt Lausanne. Et fuerunt omnes ibi convocati ipsius opinionis, dempto Petro Rivit contradicente. Datum ut supra, presentibus D. Joh. Blancheti, Joh. Souteir, Joh. de Lalex, Anthonio Cugini, Henrico Raverat, Henrico Jotens, Joh. Pullye, G. de Albona, M. Octet, Ja. Rolier, P. Franchiquin, P. Muvillio, Ste. Muvillio, Ste. de Fluvio, et pluribus aliis ex civibus burgensibus et habitatoribus Laus.
Item, Quod fiat gietum et impositio per villam Laus. et resort si fieri possit pro satisfaciendo super expensis factis per Bernenses et Friburgenses in Lausanna 1 , eundo et redeundo de mandato domini ducis 2 . /178/
Etablissement d’un inspecteur des travaux.
1456. 8 sept. – Glaudius Guerraz carpentator est constitutus per consilium carpentator operum ville et debet visitare opera et necessaria referre in consilio quando opus fuerit et reparanda reparare ac rastros 1 temporibus opportunis levare, et quando operabit pro una die accipiat pro suis jornatis a festo pasche usque ad festum S. Michaelis archangeli pro singulis jornatis tres solidos et in reliquo tempore duos solidos, et detur sibi una vestis pro primo anno usque ad sexaginta solidos anno et reliquis annis viginti sol. Laus. de pensione. Mediavilla.
Construction de l’hôtel de ville.
1458. 21 juin 2 . - Domus ville Paludis. Arthaudus Loys, comprior, de consensu ven. consilii dat in tachium magistro Jacobo de Brissonnaz tegulario Laus. de construendo et faciendo murum retro alam Paludis sicut est ante jam factum cum arcubus, et ipsos muros ante et retro altiando ad devisum ipsius consilii sub modis et conditionibus infra scriptis : Primo quod idem magister Jacobus /179/ debeat ipsum murum retro bene et decenter fondare de profundo ad dictum consilii et de spissitudine glaciando contra dictam alam quinque pedibus in fondo et quatuor ad rasum terre de bonis lapidibus vivis. Item, super dicto fondamento debet facere arcus necessarios de carronibus bene coctis et durabilibus ut ante, de spissitudine trium pedum, et subsequenter continuare ante et retro cum fenestragiis necessariis ad devisum dicti consilii. Item debet idem magister Jacobus facere et scindere les estrablement fenestrarum et ipsas fenestras cum sedibus earum de bonis lapidibus franches; in hoc et pro eo quod idem Arthaudus comprior promittit mag. Jacobo dare et solvere pro qualibet thesa dictorum murorum fienda sumptibus et missionibus dicti magistri Jacobi de toto, videlicet quatuor libras et quatuor solidos bon. Laus. etc., etc.
Dans le milieu du XVe siècle, le conseil de Lausanne fut pris d’un beau zèle de réparations et de bâtisses.
En 1459, on reconstruisit de fond en comble la tour de la porte Saint-Laurent (située entre la rue et l’Ale de Saint-Laurent). Les murs devaient avoir 8 pieds d’épaisseur depuis le sol à la première poutraison, 7 pieds de la 1re à la deuxième poutraison, et 6 pieds depuis là jusqu’au faîte. On fit un pont-levis, des meurtrières, des archières, des embrasures et des créneaux. La ville fournit la chaux et le sable à pied d’œuvre, mais l’entrepreneur devait extraire à ses frais les pierres des carrières de la ville qui étaient mises à sa disposition. Une partie des pierres fut tirée d’un jardin, sis derrière les murs de Choucroux, sur l’emplacement où l’on a construit la rue Haldimand. Le prix fait fut 5 liv. 6 sols par toise de maçonnerie. La tour de Saint Pierre et les murs avoisinants furent aussi reconstruits la même année.
Quant à la maison de ville qui fut commencée en 1458, d’après le texte, ce n’est pas l’hôtel de ville actuel. Celui-ci fut /180/ entièrement reconstruit au XVIIe siècle, sur l’emplacement de l’ancien.
La construction de l’ancienne maison de ville dura dix ans. En 1465 on fit marché pour les poutrages et le merrain. Ces pièces de bois, tant poutres que planches, étaient fort longues (de 24 à 54 pieds de long). Il paraît que les forêts des Râpes ne pouvaient fournir des bois de cette dimension, car les comptes nous apprennent qu’on les fit venir d’ailleurs, par le lac, à Ouchy. On plaça sur les angles du toit deux banderolles (banderete) de métal, qu’on paya 40 sols, et l’on donna 22 sols à maître Robin pour les peindre. Dans l’été de 1468 le bâtiment était presque achevé; on fit faire un grand poêle de diverses couleurs qui coûta 11 liv. 4 sols, et on fit sculpter les piliers. Le conseil y tint ses séances, qui jusque-là avaient eu lieu au couvent de la Madeleine.
Le 2 novembre de la même année, le conseil loua la maison de ville, avec une de ses caves, à Claude Dupont et Bérard Curnilliat, pour une année, pour le prix de 6 flor. p. p. et un écu de Savoie pour les vins, à condition : 1o que les dits amodiateurs n’y tolérassent pas une vie déshonnête, ni des jeux déshonnêtes; 2o qu’ils chauffassent la salle du conseil aussi souvent qu’on l’exigerait, pour le prix d’un florin d’Allemagne; 3o qu’ils ne fissent point de lit et ne couchassent point dans la dite salle.
Cet arrangement ne dura pas longtemps, car le 3 avril 1483 on céda la maison de ville à Antoine Rivet, inspecteur des travaux de la commune, comme partie de son salaire. Le dit Rivet devait chauffer la salle du conseil tous les jours pendant l’hiver et ne pas divulguer ce qu’il verrait ou entendrait des secrets de la commune; il devait diligemment visiter et faire les travaux et réparations nécessaires de dite commune. Outre la maison de ville, comme il a été dit, son salaire consistait en une livrée aux couleurs de la ville, trente sols de pension annuelle; de plus, 3 1⁄2 sols par journée entière de Pâques à la Saint-Michel; 3 sols de la Saint-Michel à Pâques. Son serviteur recevait 3 sols et 2 1⁄3 sols par journée entière.
En 1479 on mit du papier huilé aux fenêtres de la salle du conseil; on paya 3 sols 6 den. pour y poser 2 1⁄2 cahiers de papier; /181/ 4 sols pour peindre ce papier et 7 oboles pour 1⁄4 de pot d’huile pour l’illuminer (rendre translucide). Il fallait naturellement changer le papier assez souvent.
En 1513, on mit au milieu de la salle du conseil un candélabre qui coûta 58 sols, sauf les cornes (reservatis cornibus) qui furent données par Dom Benoit Ravier, docteur en médecine.
Office de mesureur du vin.
1458. 25 octobre. – Jaquetus Botzel, juravit fideliter exercere officium corde et personaliter mensurare bossetos aut facere mensurari in sua presencia et revelare qui vendunt vinum 1 .
Etablissement d’un fabricant de balistes.
1460. 28 mai. – Magister Gaspar Alemagnus balistarius, sive balistarum magister, se affirmat dictis prioribus, nomine ipsius communitatis et suorum successorum, per spacium sex annorum proxime futurorum tantum et non ultra, ad serviendum et operandum bene et fideliter in arte sua predicta in Lausanna, sub modis et conditionibus atque pactis sequentibus : Primo videlicet, quod dicti priores dicto magistro Gaspardo dare teneantur anno quolibet, prout nuper fecerunt, unam vestem de libratura ville, et e converso dictus Gaspardus eidem communitati sive rectoribus eiusdem dare teneatur annuatim unam bonam et decentem balistam pro custodia meniorum dicte ville. In hoc /182/ eciam quod sibi Gaspardo eciam dari debetur anno quolibet pro pensione sua sexaginta sol. bon. Laus. per rectores dicte communitatis ville inferioris Laus. XLVIII sol. et per rectores communitatis civitatis XII sol. de quibus se fortem fecit dom. ballivus, etc. Arthaudus Loys.
Rançon d’un prisonnier de guerre.
1460. 20 août. — Injunctum est Nycolete relicte quondam Vuillermi Sengermand presenti ut ipsa solvat gubernatoribus ville duodecim florenos et sex solid. bon. Laus. in quibus sibi tenetur nomine et ex causa justi et honesti mutui habitos pro redimendo Jaquemodum filium suum captum per gentes armorum domini de Borbon 1 . Johannes de La Lex.
Bannière du Pont.
1461. 1 juillet. — Fuit per venerabile consilium constitutus Vuillermus Cagnie civis Laus. banderetus banderie Pontis et sibi fuit tradita banderia cum honore et onere 2 . Qui juravit etc. Arthaudus Loys. /183/
Immédiatement après cette date, l’évêque Georges de Saluces revint à Lausanne, après un séjour de huit années à Rome. Les comptes de la ville nous apprennent que, le 3 juillet, 36 nobles et bourgeois de Lausanne se portèrent à cheval à sa rencontre, qu’on fit un feu de joie sur Montbenon et que la ville lui donna six coupes d’argent pesant chacune deux marcs. En outre, les gens de Lausanne, d’Estavayer, de Moudon et d’autres lieux du diocèse jouèrent devant l’évêque, sur la place de la Palud, un mystère intitulé l’Etat du monde (ystoriam status mundi). La ville profita du retour de l’évêque pour lui demander d’accorder de nouvelles foires et surtout des foires franches, ce qui fut octroyé par acte du jour de la Saint-Gall, 16 octobre 1461. (Arch. Laus. A, 139.) Par cette concession, l’évêque accorde à la ville trois foires nouvelles, qui devront se tenir dans les lieux accoutumés, l’une les jeudi, vendredi et samedi après l’Epiphanie, la 2e les jeudi, vendredi et samedi après Quasimodo, la 3e les jeudi, vendredi et samedi après l’Assomption. Les deux premières foires seront franches de toutes vendes et de tous droits régaliens. (Sur les anciennes foires, voyez le Plaict général et le commentaire anonyme M. D. R., VII.) Trois semaines après, G. de Saluces était mort.
Les comptes de la ville témoignent que les Lausannois faisaient assez souvent des dons gracieux à leurs évêques, aux membres de leur famille et aux dignitaires ecclésiastiques en /184/ passage à Lausanne. Si les évêques avaient résidé plus habituellement dans leur diocèse, ces dons eussent été sans doute plus fréquents. En voici quelques exemples :
1383. A l’évêque, 50 flor.
1384. A Gui de Prangins, pour sa joyeuse entrée après une absence en Savoie : un bœuf, coûtant 9 liv. 16 sols, et six cierges, coûtant 4 liv.
1401. A G. de Menthonay, 2 tonneaux de vin; 12 poulets, 4 cabris, 2 veaux, 24 moutons, 6 jambons, etc., le tout coûtant 22 liv. 1 sol 2 den.
1403. Pour 30 cierges offerts pour la sépulture de la mère de G. de Menthonay, chaque cierge pesant 4 liv., coutant 27 liv. Ces cierges furent portés à Annecy par une députation de la ville.
1407, 2 janvier. Douze coupes de vermeil offertes à G. de Challant pour don de joyeuse entrée, coûtant 264 flor.
1409. Au cardinal de Challant, 12 cierges pesant ensemble 39 1⁄2 liv. et coûtant 7 liv. Laus., et 12 moutons.
A l’archevêque de Besançon, 2 cierges, 1 tonneau de vin et 1 3⁄4 liv. de confitures, coûtant ensemble 2 liv. 13 sols 3 den.
A l’évêque de Genève, 6 cierges pesant 7 1⁄2 liv. et 6 1⁄2 onces de confitures, 4 liv. 1 sol 9 den.
1412. Le conseil avait décidé de donner 5 bœufs à G. de Challant et il les fit acheter par les prieurs à la foire de Moudon. Ces boufs coûtèrent 29 liv. 8 sols, outre les frais de course et de séjour à Moudon. Après avoir gardé ces beufs pendant 12 jours, le conseil changea d’idée, revendit ces boufs à un boucher pour 32 liv. 4 sols, et donna à l’évêque 12 coupes de vermeil, qui coûtèrent cent écus d’or.
1418. Au cardinal de Challant, à son passage à Lausanne avec le pape (Martin V), 30 moutons : 30 flor. En même temps, la duchesse de Bavière était à Lausanne, on lui fit présent de cierges, de vin et de confitures, coûtant ensemble 10 flor.
1426. A Guill. de Challant, à l’occasion du mariage de sa nièce, 30 moutons, coûtant 14 écus d’or.
Au même, pour payer les frais de son voyage en Allemagne auprès de l’empereur, 300 écus d’or. Ceci n’est point un don gracieux; c’était une obligation de la ville réglée par le Plaict /185/ général. Déjà en 1422, le même évêque était allé à la cour de l’empereur. Il fut accompagné par trois citoyens de Lausanne, qui défrayèrent complètement l’évêque et sa suite. Ce voyage commença le 18 mai et dura plusieurs semaines.
1427. Au même, douze perdrix, coûtant 13 sols.
1440. A Georges de Saluces, pour don de joyeuse entrée, 200 flor. p. p.
1462. A Guillaume de Varax, don de joyeuse entrée, 40 flor. d’Allemagne.
1477, 5 avril. A Benoit de Montferrand, pour don de joyeuse entrée, une coupe de vermeil aux armes de l’évêque, pesant 3 marcs d’argent fin, coûtant 43 liv. 4 sols laus.
1491, 9 juillet. A Aymon de Montfaucon, don de joyeuse entrée, une belle coupe de vermeil, coûtant 46 liv. 2 sols 6 den. En outre, on lui fit présent de six cierges, 6 boîtes de dragées et 9 pots d’hypocras, coûtant ensemble 7 liv. 4 sols.
Le conseil de Lausanne faisait aussi des présents plus ou moins intéressés aux seigneurs avoisinants, et surtout aux princes de la maison de Savoie. En voici quelques exemples, extraits des comptes de la ville :
1426. Pour achat d’un poisson nommé pala envoyé au lieutenant du bailli de Vaud pour son dîner, 14 deniers.
Pour achat de deux cierges et deux boîtes de confitures donnés à la dame de Neuchâtel, 36 sols.
Pour un tonneau de vin rouge, à 4 den. le pot, donné à la même, 12 sols 8 den.
1432. Pour don fait au seigneur duc de Savoie, 120 flor. d’Allemagne. Pour changer cette somme de monnaie en or on paya 20 sols.
1434, 5 avril. A la princesse de Piémont et au seigneur comte de Genève, pour leur joyeuse arrivée, 100 florins d’Allemagne.
1435, mai. Pour un poisson appelé Saumont donné à Bâle à l’ambassadeur de l’empereur, 1 florin d’Allemagne.
1436. Pour 8 pots de nectar et 8 pots de vin envoyés au seigneur Comte de Gruyère et à son frère, 13 sols.
1454, juillet. Pour 6 cierges et 4 liv. de confitures donnés au duc de Savoie, 4 liv. 12 sols. /186/
1462. Au duc de Savoie, 6 muids et 1 setier de vin, 27 liv. 19 sols 8 den., et à la reine de Chypre, 3 muids de vin doux, 15 liv.
1465. A Henri de Colombier, seigneur de Vuillerens, parce qu’il avait été arbitre pour la commune contre l’évêque, une horloge coutant 8 liv. 8 sols.
1466. A Philippe de Savoie, à l’occasion de sa sortie des prisons de France. Lorsque son secrétaire Robert apporta la nouvelle de sa délivrance, on fit un feu de joie sur Montbenon. Quand Philippe arriva, le Conseil banqueta dans diverses auberges, on fit encore des feux de joie et on donna à Philippe 30 florins du Rhin dans une bourse de soie.
1497, dimanche 1er octobre. Au duc de Savoie, pour sa joyeuse entrée, 2 chars de vin, 18 flor.; 6 muids d’avoine, 18 flor.; 12 moutons, 22 flor.; 12 cierges, 12 flor.; 12 boîtes de grosses dragées, 9 flor.; 20 pots tant d’hypocras que de malvoisie, 10 flor.
Au XVIe siècle, nous aurons à relever d’autres présents du même genre et plus importants.
Nous avons dit plus haut qu’à l’occasion de l’arrivée de l’évêque Georges de Saluces, le 3 juillet 1461, on joua un mystère intitulé l’Etat du monde. Ce n’est pas la seule mention qu’on trouve d’histoires ou mystères représentés à Lausanne. On en jouait volontiers dans les occasions de réjouissances publiques, ainsi qu’on peut le voir çà et là dans les comptes.
En 1406, Marie de Bourgogne, comtesse de Savoie, vint à Lausanne. Le conseil la fit chercher en pompe à Thonon, et lui fit une belle réception. On dépensa 5 ducats pour orner la maison (pro dorando domum) qu’elle devait habiter, on fit venir à grands frais des mimes de Fribourg, on lui fit un présent de bijoux, qui coûtèrent 40 liv., et l’on joua un drame ou mystère, car on paya 3 liv. à maître Léon, recteur des écoles, pour des personnages (pro personagiis factis).
En 1427, le 30 mars, dimanche de Lætare, divers clercs et compagnons jouèrent la dispute de l’âme et du corps (luderunt ludum disputacionis corporis et anime), et on leur paya leur dîner, qui coûta 6 sols.
En 1438, la veille de la Fête Dieu, on fit une grande procession dans la ville, et le jour auparavant on avait joué une /187/ histoire sur la place de la Palud. On paya 36 sols à Jean Piaget, directeur de la troupe (gubernator ystorie facte in platea Paludis).
Nous avons déjà dit (page 169) qu’en 1440, à l’entrée d’Amédée VIII, on joua une moralité.
En 1453, à la Fête Dieu, on joua la Passion de notre Seigneur, sous la direction du méme Jean Piaget. Cette représentation couta au conseil 4 liv. 8 sols. Ce Jean Piaget fut recteur ou syndic d’octobre 1459 à octobre 1460.
Pendant son syndicat, le dimanche 10 août, le jour de Saint Laurent, les gens de la bannière de ce nom jouèrent l’histoire de Sainte-Suzanne, ce qui coûta 36 sols au conseil.
En 1461, le dimanche 3 mai, on representa la création d’Adam (Creationem Ade); le conseil donna aux acteurs 2 flor. d’Allemagne.
La moralité de l’Etat du monde, jouée deux mois plus tard, comme nous l’avons dit, coûta au conseil 6 liv. 9 sols.
En 1488, l’élection du conseil fut renvoyée d’une semaine, parce que le jour ordinaire de l’élection on joua un mystère dans le cimetière de la cathédrale (propter historiam factam supra cimisterium cathedralis ecclesie Lausanne).
Le 5 sept. 1490, on joua historias quasdam in vico Paludis.
Le 13 août 1507, les ecclésiastiques desservants de Notre-Dame demandèrent au chapitre la permission de faire des loges (lobias) sur le cimetière de la cathédrale, en vue d’une moralité qu’on devait y jouer la semaine suivante (pro quodam ludo moralizato inibi ludendo). Manual du chapitre, fol. XLIII verso.
Capitaine du guêt.
1461.5 décembre. – Priores constituerunt capitaneum du gait, illustrissimo domino nostro duce Sabaudie moram trahente Lausanne, videlicet Jordanum Pignar civem Laus. cum plena potestate etc., pro salario alias dari solito Petro Franchiquin pro consimilli officio qui juravit etc. Arthaudus Loys. /188/
Serment du Sautier.
1464. 31 juillet. - Juramentum Psalterii 1 . Die ultima mensis Jullii A. D. millesimo CCCC LXIIIIto, Petrus Majoris de Voufflens Villa, domicellus, constitutus et deputatus per Rev. in Christo patrem et dominum, dominum G. de Varax, divina miseracione Laus. episcopum et comitem, psalterius in Lausanna et locis consuetis, juravit et juramentum prestitit solempniter in magna curia seculari Laus. supra sanctas reliquias beate Marie Virginis ibi solempniter ablatas cum duabus facibus accensis, quod ipse, tamdiu quamdiu ipse erit psalterius et officiarius in psalteria Laus., manutenebit bonam et veram justiciam quibuscunque coram ipso litigare contingentibus, et quod ipse servabit et observabit franchesias, libertates, mores et consuetudines scriptas et non scriptas Laus. observatas atque nova statuta Laus. edicta et tenorem placiti generalis, et quod neminem opprimet sive gravabit pretextu sui officii et omnia officio dicte psalterie incombentia fideliter exercebit etc. Johannes Pullie.
Police des marchés.
1464. 9 novembre. - Aymonetus Durier de Orba se submisit misericordie et marciationi ven. Consilii Laus., eo quod ipse ad instantiam nobilis viri Girardi Curnilliat fuit assignatus coram domino salterio Laus. super dampnis usque ad summam centum librarum, eo quod ipse Aymonetus iverat ad certos aurigas ducentes sal, interrogando /189/ eosdem quantum ipsi vendebant la chargy, qui sibi responderunt XLVI sol. et ipse Aymonetus retinuit et in foro posuit la chargy XLVIII cum dimidio; quare in curia fut cognitum quod dominus esset securus eodem et tunc ipse se submisit prefati ven. consilii misericordie et marciationi. Glaudius de Pont.
Ecoles de la ville.
1467. 1 juin. – Facta est pactio inter discretos viros Johannem Griseti et Johannem Perrin clericos et burgenses Laus., tanquam priores et gubernatores communitatis ville inferioris Lausanne, de mandato tocius consilii dicte ville ex una parte, et magistros Johannem et Johannem olim rectores scolarum Melduni, ex parte altera, videlicet super regimine scolarum dicte ville Lausanne per modum et formam sequentes : In primis, prefati magistri promiserunt et promittunt juramentis suis etc., et suorum obligacione bonorum, tenere scolas in Lausanna spacio trium annorum proxime venturorum in festo nativitatis S. Johannis Baptiste proxime venturo incipiendorum et ultra, si processerit de consensu ambarum partium, exerciciumque et regimen dictarum scolarum fideliter et probiter exercere. Item, quod dicti magistri recipient pro eorum stipendiis a quolibet scolare a partibus inferius inclusive de burgensibus Lausanne octo solidos per annum, et ab aliis scolaribus a partibus exclusive superius, videlicet a quolibet per annum duodecim solidos Laus. bon. pro salario. Et habebunt dicti magistri gratis domum in qua scole tenentur, una cum alia domo adecostis dicte domus que actabitur et restaurabitur ad manendum scolares et cameristas ydonee. Quiquidem priores dictis magistris de laude /190/ consilii promiserunt predictas scolas per dictum tempus manutenere et alia facere in domo predicta que fuerint agenda, sine dolo et fraude. Que premissa consilium laudavit et approbavit die mercurii tercia mensis predicti. Et est actum quod scolares dicte ville Lausanne debent participare in regula in dicta scola tenenda sicut est consuetum. Datum ut supra, cum clausulis opportunis, in absencia tamen Vuillelmi Canie. Humbertus de Mediavilla.
Ceci est la première mention des écoles qu’on trouve dans le manual. Mais cette utile institution existait à Lausanne longtemps auparavant. Les comptes de la ville inférieure, qui remontent à l’an 1377 seulement, fournissent quelques indications à ce sujet, que nous relèverons par ordre chronologique, en traduisant exactement les divers articles des comptes.
1381. Livré à maître Nicholas Vinierii, recteur des écoles de Lausanne,IV lib. IV sol.
1384. Livré à maître Nicholas, recteur des écoles pour trois années,XII lib. XII sol.
1398. Livré à maître Pierre, recteur des écoles pour sa pension,IV lib. IV sol.
1399. Livré au recteur des écoles de Lausanne, pour la pension à lui accordée par le conseil, VI florins, valant.IV lib. IV sol.
1401. Livré à maître Jean Sottens et à Pierre Thomaseti, recteurs des écoles de Lausanne, pour la pension à eux accordée,IV lib. IV sol.
1402. Item, ad maistre Souttens rectour deis escoles de Lausanne pour laz pension ad luy donnée,VI lib.
(L’original de ce compte est en français.)
1406. D’ordre du conseil, livré au maître des écoles pour sa pension,IV lib. IV sol.
1407. Livré à maître Léon, recteur des écoles, pour sa pension,IV lib. IV sol.
1409. Livré à maître Léon, de Roche (de Ruppe), recteur des écoles, pour deux ans, VIII lib. VIII sol.
Livré à maître Léon, recteur des écoles de Lausanne, pour don à lui fait, /191/XLII sol.
1411. Livré à Nicholas Dortavaux, recteur des écoles, pour sa pension,IV lib. IV sol.
1426. Livré à maître Jean de Barbasia, jadis recteur des écoles de la commune, XXIV sol.
1428. Livré à maître Duncard, maître des écoles, pour son salaire, pour la part de la ville inférieure,VIII flor.
Mercredi après l’octave de Saint Pierre-és-liens, à la sortie du conseil, quand on mena le maître des écoles à la maison de ville pour tenir les écoles, ou à la maison de Claude d’Escublens, lequel jour il fut décidé qu’on donnerait au dit maître pour sa pension d’un an X flor. et une maison pour un an, livré pour le diner des prédits dans la maison du maître pâàtissier,VII sol.
1430. Livré à maître Jean Mongeti, alias d’Estonagio, recteur des écoles de Lausanne, pour le reste de sa pension de l’an dernier,IV lib.
1431. Livré à maître Jean Mongeti, recteur des écoles de Lausanne, pour sa pension,X lib.
Item à Etienne Roncignyoz, pour la location de la maison où se tiennent les écoles,VI lib. VI sol.
1432. Livré à maître Jean Mongeti pour sa pension,VIII lib.
1433. Mercredi avant Saint-Vincent. D’ordre du conseil, faisant accord avec deux maîtres d’école, Jean et Guillaume. Et les prédits maîtres promettent de gouverner (regere) les études de la ville pendant une année seulement, commençant à la Purification de la Vierge, pour vin bu en faisant le dit marché,IV sol.
1433. Livré, le vendredi avant la Saint-Valentin, d’ordre du conseil, à Etienne Roncignyoz pour la location de sa maison pour le maître des écoles, pour un trimestre,XXX sol.
Livré à maître Jean et à maître Guillaume Baudrandi, recteurs des écoles de la commune de Lausanne, pour leur pension pour la présente année,VI lib.
1436. Livré, vendredi après la Toussaint, à deux écoliers qui allèrent en Maurienne (apud Morianam) pour amener à Lausanne un certain maître d’école, nommé maître Jean d’Arnulphi, /192/ et lui portèrent une lettre de la part de la ville inférieure de Lausanne,XVI sol.
1437. Livré, vendredi après l’Epiphanie, à maître Jean Arnulphi, recteur des écoles de Lausanne, un muid de froment valantLX sol.
Livré, au prédit maître, d’ordre du conseil, un muid de vin, valantLXIV sol.
Livré au maître Guillaume Badrandi, recteur des écoles de Lausanne, pour sa pension d’une demi-année, finissant le 2 février et pour la moitié du prix de location de la maison,CX sol.
Livré à maître Jean Arnulphi, recteur des susdites écoles, pour sa pension de 8 mois commençant le 1er février et finissant le 30 septembre,CVI sol. VI den.
1438. Livré à maître Jean de Reguy, recteur des écoles de Lausanne, pour sa pension de cette année,XI lib. XII sol.
Livré au dit maître pour la moitié de la location de la maison où se tiennent les écoles,VI lib.
1440. Livré au maître d’école pour la pension à lui accordée,VI lib.
Livré à Nobles Nicod de Prez et François Russin, partie de la location de leur maison sise près de la Madeleine, dans la quelle le maître tient les écoles,LX sol.
1452. Livré à maître Jean Lucantoris ? (Lucrateri ?), recteur des écoles de Lausanne, pour sa pension donnée par le conseil,IX lib.
1454. Livré à maître Jean Lucrateri, recteur des écoles, pour sa pension,IX lib.
Livré au même pour part de loyer de sa maison, parce que la maison d’école n’était pas achevée,XLVIII sol.
1465. Livré, le mercredi avant la Chaire de Saint-Pierre, pour le souper de maître de Burgeto et de son neveu qui doit tenir les écoles,XXI den.
Ces divers articles des comptes nous apprennent que dès 1381, il y avait des écoles à Lausanne, que le régent était nommé par le conseil, en général pour un an, mais que ses fonctions pouvaient être prolongées par accord mutuel. Ces écoles étaient /193/ entièrement à la charge et uniquement à l’usage de la ville inférieure, car les comptes de la bannière de la Cité, qui ont été conservés, ne mentionnent aucune dépense de ce chef. En 1428, il est vrai, les deux parties de la ville paraissent avoir essayé de s’entendre pour la nomination et le salaire du maître d’école, mais rien n’indique que cet arrangement ait duré; au contraire, les termes mêmes des comptes feraient supposer que, sauf cette année-là, la ville inférieure réglait seule ses propres affaires d’école. En effet, la Cité étant une ville essentiellement ecclésiastique, c’était le chapitre de la cathédrale qui s’y occupait des écoles. (Mém. sur le Dioc. de Laus., II, 190.)
La pension du maître d’école était assez variable, comme on le voit, et jusque vers la fin du XVe siècle l’enseignement se donnait dans une maison que la ville louait à cet effet. Il est vrai, que dès 1450 on avait commencé de bâtir une maison d’école derrière l’église de Saint-Jean, mais en 1470 elle n’était pas encore achevée, car le manual nous apprend que, le 22 février de cette année, le conseil fit prix avec deux charpentiers pour la toiture de la dite maison d’école.
Le texte de l’article du manual qu’on a donné montre qu’en 1467 le conseil changea de système et, qu’au lieu de payer une pension fixé aux maîtres d’école, il décida que les nouveaux maîtres qu’il avait fait venir de Moudon seraient payées par un écolage de 8 sols par an pour les plus jeunes écoliers et de 12 sols pour les plus âgés. En effet, depuis cette époque le salaire du maître d’école disparaît presque entièrement des comptes, mais on retrouve çà et là des traces de l’existence d’écoles jusqu’à la réformation.
En juin 1472, le conseil engage pour trois ans, aux mêmes conditions, Jean Lucrator, chapelain, curé de Crissier, et François Factati. Au bout de ce terme, les mêmes recteurs sont engagés de nouveau pour trois ans.
En juin 1477, on engage comme régent maître Antoine de Sergy de Jussayo ? Saint-Antoine, diocèse de Genève, maître ès arts.
Le 30 avril 1481, on nomme régent pour trois ans maître Girard Aimoti, maître ès arts et bachelier ès lois. /194/
En juillet 1488, le conseil engage deux maîtres d’école, Jean Riephi, recteur des écoles de Genève, et Claude de Salsa-Rubatus, pour commencer leurs fonctions à la Saint-Michel. Il paraîtrait que ces deux personnages ne vinrent pas, car, sur la recommandation du curé de la paroisse de Saint-Pierre, on engagea en décembre un maître d’école qui avait été jadis à Roche ou La Roche (apud Ruppem) et on lui donna 5 pots de vin pour son entrée. A cette occasion, on fit de grosses réparations à la maison d’école, qui était fort dégradée, et on la nettoya des immondices qui y étaient accumulés.
En 1491 et 1492, le régent était Enguerrand de Poteria. Il paraît être venu d’Evian.
En 1496, il y a un nouveau régent, Nicolas Busi; le conseil lui donne 60 sols « de bonne arrivée. »
En 1497, Etienne Boneti, maître ès arts, est nommé le 2 mars 1497.
En octobre 1498, on nomme régent maître Pierre de Croix, maître d’école à Orbe; ses fonctions doivent commencer à Noël. Il paraît avoir été précédé immédiatement par Etienne Vinet.
En octobre 1500, on nomme Jean de Chardonet, maître ès arts, du diocèse d’Autun.
En 1503, maître Santillion tient les écoles temporairement pour peu de temps, on lui donne un écu de Savoie, 24 sols.
En 1504, Hugonin Bruneti et Guillaume Grossard sont régents ensemble.
En 1510, le régent est maître de Cabanis, qui vivait encore en 1547.
En 1526, maître Nicolas Gleresus, recteur des écoles de Payerne, est nommé recteur à Lausanne, pour commencer à Pâques 1527.
Il eût été intéressant d’avoir quelques données sur les objets et sur les méthodes d’enseignement en usage dans ces écoles; mais les archives de la ville ne fournissent aucune indication à ce sujet.
On a dit plus haut que, dans la bannière de la Cité, c’était le chapitre qui entretenait les écoles. Il y avait en outre, à la Cité, une institution en partie scolaire, fondée par l’évêque Guillaume de Challant. Cette fondation avait sans doute un but essentiellement ecclésiastique, et semble avoir eu pour objet principal de former des jeunes gens à la célébration des offices dans la cathédrale /195/ et à l’état sacerdotal; néanmoins on y enseignait autre chose que le chant sacré, comme on peut le conclure de diverses indications éparses; à ce titre, cette fondation peut présenter quelque intérêt ici.
Le 28 août 1419, Guill. de Challant fonda dans la cathédrale une chapelle des SS. Innocents, au service de laquelle il affecta six Innocents (enfants), deux maîtres et un serviteur. Pour les loger, il acheta une maison appartenant au chapitre, pour le prix de 160 liv., et il dota sa fondation d’une somme de trois mille écus d’or au coin du roi de France. Par son testament, en date du 12 mars 1431, il légua à la même institution 1000 flor., tous ses livres et tous ses vases et ornements ecclésiastiques. Pour être admis au nombre des Innocents, il fallait être enfant legitime, âgé d’au moins huit ans, être bien conformé de tous ses membres, d’une figure agréable et avoir des dispositions pour le chant. On ne pouvait y rester au delà de l’âge de seize ans. Les Innocents portaient une très grande tonsure et des vêtements de couleur uniforme, tombant jusqu’à terre. Leurs maîtres devaient être des prêtres dévots, connaissant l’office divin et ferrés sur la grammaire (fundati in grammaticalibus). Les Innocents devaient assister journellement à certains offices dans la cathédrale, où ils se rendaient deux à deux en chantant le psaume Miserere jusqu’à l’autel du fondateur. Ils ne pouvaient se promener dans la ville sans leurs maîtres, ni sortir de la maison sans permission.
En même temps, l’évêque, voyant que l’Eglise de Lausanne manque de livres, donne au chapitre les livres suivants : Nicholas de Lyra super tota Biblia, en trois volumes en parchemin, reliés en cuir rouge avec fermoirs; Guilelmi Durandi Racionale, aussi en parchemin, et un livre nommé Catholicon, également en parchemin, qui, pour l’utilité et l’agrément de ceux qui veulent les lire, demeureront à perpétuité attachés avec des chaînes dans le cheur de la cathédrale. (Arch. Cant. Bailliage de Lausanne, No 2562.) C’est par erreur que les Mém. sur le diocèse de Lausanne, II, 159, disent que ces dons furent faits par l’évêque au couvent des Clarisses de Vevey.
L’institution des Innocents a duré jusqu’à la réformation. On voit par le Manual du Chapitre qu’en 1506 on y nomme un /196/ maître de grammaire; de plus le procès-verbal, en date du 2 novembre 1529, d’une visite de cette fondation faite par ordre du chapitre, donne le détail du mobilier de la maison des SS. Innocents, des lits, des tables, du linge, des ustensiles de cuisine, des vases de cave, etc. Il y a aussi un inventaire des livres, au nombre desquels sont sans doute ceux qui avaient été légués par le fondateur. Ce sont :
Tercia pars Alexandri de Hallis.
Prologus in theologiam.
Biblia domus coperta pelle alba in qua juvenes legunt inter prandendum.
Prologus prosaicus de summa trinitate libri duo.
Didastolicum magistri Phillippi de ultimo fine hominis.
Grammatica grecissimi.
Unum breviarium in duobus voluminibus.
Tria pontificalia.
Ystoria ecclesiastica.
Ystoria scolastica.
Super ethicis Aristotelis libri octo, quorum quattuor sunt in papiro.
Canones apostolorum.
Concilia.
Secunda secunde sancti Thome.
Glosa psalterii.
Expositio Cassidori.
Moralitates novi et veteris testamenti.
Prima pars summe Sancti Thome.
Prima secunde S. Thome.
Veritas fidei catholice S. Thome.
Thome de Aquino super libro sentenciarum.
Summa Thome de veritate.
Thome sentenciarum.
Tercia pars S. Thome.
Sentencie S. Thome de Aquino super librum ethicorum.
Bernardus super canonica canonicorum.
Ystoria super libro biblie.
Super libros phisicorum. class="pagination">/197/
Concordancie evangelliorum.
Liber Ambrosii super epistolis Pauli.
Liber de Trinitate.
Tercia pars Bonaventure.
Liber confessionum de spiritu et retractionum.
Humberti de Bobio pro testamentis condendis.
Prima pars Bonaventure.
Secunda pars Bonaventure.
Epistolla Augustini de civitate. (Arch. Cant. 32852.)
Cet inventaire constitue un des plus anciens catalogues connus d’une bibliothèque à Lausanne.
Juge des appellations.
1469. 4 octobre. – Dominus Ballivus presentavit ex mandato Rev. Dom. Nycen. episcopi, administratoris mense episcopalis Lausanne ven. virum D. Johannem Blancheti in legibus licenciatum tanquam judicem et commissarium causarum appellationum etc. Qui D. Johannes fecit juramentum in forma debita et hoc in magna curia seculari Lausanne in qua fuerunt monstrate reliquie etc.
Coulevriniers.
1471. 1 mai. – Consilium ordinavit colovrineriis Lausanne pro presenti anno, pratum dicte ville situm apud Vizy, quod tenebant dicti Bally de Cor, et hoc pro eorum pensione presentis anni.
De tout temps l’adresse aux armes de tir a été en honneur dans notre pays, et dans la plupart des villes il s’était formé des sociétés qui avaient pour but de s’exercer au tir. Il ne peut être question ici que de ce qui concerne Lausanne.
La plus ancienne mention, à moi connue, d’une société de tir à Lausanne, est de l’an 1378, année où le conseil accorda au prieur de la confrérie des arbalétriers (priori balistorum) deux setiers de vin qui coutèrent 10 sols. Cette confrérie ou société /198/ paraît s’être fondée alors, car au mois d’août 1379, Johannod Parchemineir et Pierre Roioz étaient prieurs et recteurs de la confrérie des arbalétriers (confratrie ballisteriorum), nouvellement formée. Les statuts de cette confrérie ont été publiés, M. D. R., VII, pag. 759. (Sur les arbalètes et balistes de différents genres en usage aux XIVe et XVe siècles, (voyez : Cibrario, Economia politica del medio evo.) Il y avait aussi des sociétés d’archers et plus tard, quand les armes à feu furent plus répandues, des sociétés de coulevriniers.
En 1384, le conseil de Lausanne accorde à la même confrérie 2 francs, valant 32 sols laus.
En 1406, les arbalétriers de Lausanne se rendent à un tir à Fribourg; le conseil leur donne 40 sols.
En 1431, lors de leur tir annuel pour le prix (quando luserunt precium), on donne aux archers deux tonneaux de vin coûtant 11 sols. Ce tir avait lieu un dimanche, dans le courant de l’été.
En 1436, le Conseil et le Rière-Conseil accordent à chacune des deux sociétés d’archers et d’arbalétriers chaque dimanche un gros (unum grossum.)
On a vu plus haut qu’en 1460 la ville prit à ses gages un fabricant de balistes, qui en devait fournir une chaque année pour la défense des murs.
C’est en 1466 qu’on trouve la première mention d’une société de coulevriniers. Le conseil dépensa 12 flor., valant 7 liv. 4 sol., pour leur faire des chausses aux couleurs de la ville (tam in panno rubeo quam albo pro caligis.)
En 1471, comme on le voit dans le texte, le conseil accorda aux coulevriniers un pré à Vidy, pour leur pension. Sur le produit de ce pré, ils devaient se fournir de chausses rouges et blanches. C’est du moins ce qu’on peut inférer d’un autre article du manual (an 1482) où il est dit que le conseil accorda, pour neuf ans, le Pra Colovrina, au-dessus des antiques murs de Vidy, et le Pra de la Planna, près d’Ouchy, aux arbalétriers, coulevriniers et archers, par portions égales, pour leurs chausses.
A la fin de ces neuf années, on revint aux allocations en argent. Le nombre des archers et arbalétriers avait diminué, tandis que les coulevriniers ont acquis une plus grande importance. /199/ On leur accorde 6 flor. p. p. pour leurs chausses, tandis que les arbalétriers ne reçoivent que 5 flor. et les archers 2 florins.
En 1538, le conseil décide d’augmenter le prix « des compagnyons collevrinier, eys quieulx leur fu octroyer et augmenter de sing florins que montent XX florins à leur poyer pour une chescune dimenche durant douze dimenches, viz : XX gros. »
Léproserie.
1477. 21 décembre. – Fuit electus in consilio, procurator et gubernator leprosorum Petrus de Cresto qui juravit dictos leprosos bene et fideliter regere, commodum eorundem procurare, jura ipsorum prosequi, ac ipsos et eorum jura defendere.
Sur les léproseries de Lausanne, voyez : Indicateur d’histoire suisse, 1866, pag. 61, où M. le prof. Alphonse Rivier donne en quelques lignes à peu près tout ce qu’on sait sur ces maladières. Je n’aurai que quelques détails à ajouter.
Comme ces maladières ne sont pas mentionnées dans le cartulaire de Lausanne, il est en effet probable, comme le dit M. Rivier, que la fondation de la première remonte à la fin du XIIIe siècle. Elle était située au quartier rural d’Epesses, dans l’enceinte de la campagne actuelle du Désert, non loin de la maison d’habitation. Par une suite de legs pies faits dès sa fondation, cette léproserie possédait au XVe siècle environ 45 poses de terres et de vignes, outre des revenus en argent. Elle existait encore dans ce même lieu en 1439; mais au commencement du XVe siècle elle doit avoir été en très mauvais état, car en 1415 le conseil de Lausanne paya 20 livres à Jean Ravier dit Chandeleir pour la reconstruction de la maladière et pour le toit; et en 1418 les lépreux qui y habitaient reçurent un legs pour la construction de leur maison. – En 1300, cette léproserie hébergeait 14 lépreux qui étaient : Marguerite, veuve de Jean, dit Agno; Jeannette Wirpilly; Jaquette, fille de Jean, de Domengenges; Josephte, de Chavannes; Laurence, de Belmont; /200/ Jaquette, fille du bâtard de Chavannes; Jeanne, de Denges; Nicolas, de Wufflens la ville; Otton, de Bononens; Jean Porcherii; Nicolas, de Saint-Sulpice; Willelme Fornat, de Bottens; Girard, de Chavannes; Pierre des Vignes, de Crissier. Aucun renseignement ne nous est parvenu sur l’administration de cette première léproserie, qui dépendait sans doute de la commune de Lausanne, puisque celle-ci y faisait des réparations à ses frais.
Il y avait en même temps des recluses à la Vuachère et à Vidy. Chacun de ces deux reclusages contenait une ou deux recluses, qui étaient peut-être atteintes de maladies contagieuses. A la Vuachère, il y avait une chapelle sous le vocable de Saint-Nicolas; à Vidy, une chapelle dédiée à Saint-Lazare. Le reclusage de Vidy paraît avoir été moins ancien que celui de la Vuachère, puisqu’il n’est pas mentionné dans le cartulaire de Lausanne; mais il remonte au moins à l’an 1331. (Arch. de Laus., Testaments, No 9.) Les recluses de ces deux endroits sont encore mentionnées dans des testaments de l’an 1432.
En 1451, la maladière d’Epesses n’existait-elle plus ? Etait-elle définitivement tombée en ruines ? C’est ce que je ne sais pas. Toujours est-il que le 27 décembre de cette année, le conseil de Lausanne députa quelques-uns de ses membres pour faire l’inspection du lieu où l’on voulait construire la nouvelle léproserie. Elle était achevée en 1461, car par son testament en date de la même année, l’évêque Georges de Saluces légua 100 flor. p. p., à la léproserie nouvellement érigée près de Vidy; et en 1466, la maladière d’Epesses est qualifiée d’ancienne maladière.
Les biens de l’ancienne léproserie d’Epesses furent transférés à celle de Vidy; le conseil de Lausanne prit celle-ci sous sa direction et y plaça un administrateur qui était souvent aussi amodiateur des biens sous certaines conditions. En 1504 la ville amodia ces biens sous un cens annuel de 10 coupes de froment et 25 sols, avec les réserves suivantes en faveur des lépreux : 1o Les lépreux auront chaque année la moitié du fruit des arbres et une botte de paille pour chaque lépreux. 2o Au cas où les lépreux ne pourraient pas marcher, pour aller à Lausanne demander l’aumône au lieu accoutumé, les jours de dimanches et fêtes, les censiers seront tenus de les y conduire et de les ramener /201/ à la léproserie, à cheval ou sur chariots. 3o Les censiers donneront aux lépreux, chaque année, trois chars de bois. 4o Les censiers seront tenus d’amener à la léproserie ce qu’aura produit la quête de vin qui se fait annuellement pour les dits lépreux, à Lausanne et à Lavaux. On voit que les lépreux indigents ne recevaient guère à la maladière que le logement et qu’ils étaient entretenus par la charité publique. Ceux qui étaient plus aisés étaient entretenus par leurs familles. Par exemple, en 1526, on reçoit à la maladière la femme d’Etienne le fromager, demeurant à Lausanne, à condition que le dit Etienne entretienne sa femme sa vie durant et qu’il paye 12 livres laus. comptant pour sa chambre. Nous verrons que, plus tard, les conditions furent différentes pour l’admission et l’entretien des lépreux.
On ne recevait, en général, à la maladière de Vidy, que les lépreux de Lausanne; cependant en 1481, 1489 et 1509 on y admit chaque fois un lépreux de Lutry, sur la demande du conseil de cette ville; chaque fois aussi, le conseil de Lausanne spécifia que cette admission était de grâce spéciale, parce qu’il y avait place, mais que la maladière avait été faite pour ceux de Lausanne uniquement.
En 1630, il y avait encore deux lépreux à la maladière de Vidy. (Sur les léproseries de Genève et leur organisation, voyez : M. D. G., tome I.)
Présents aux prédicateurs de carême.
1478. 25 mars. – Dom. consiliarii ordinaverunt quod gubernatores dent et expediant predicatori qui predicavit in quadragesima tres florenos auri boni parvi ponderis.
C’était l’usage de faire un cadeau au prédicateur qui prêchait dans une ville dans les occasions solennelles, surtout pendant l’avent et le carême. Ces prédicateurs étaient souvent des étrangers qu’on faisait venir à cause de leur réputation d’éloquence. Les manuaux du conseil et les comptes de la ville fournissent plusieurs exemples de cet usage. /202/
En 1453, la bannière de la Cité fit un présent de deux écus d’or, valant 45 sols, à un frère augustin de Lyon qui prêcha à Lausanne depuis la veille de l’Ascension jusqu’au mardi après Pentecôte.
Le 29 nov. de la même année le conseil de la ville inférieure donna à un cordelier de l’observance, qui prêcha dans l’église des frères mineurs (Saint-François), 8 pots de vin, tant blanc que rouge qui coûtèrent 2 sols 3 den. et six aunes de drap gris de Fribourg, à 7 sols l’aune, pour un habit.
En 1458, un frère du quart ordre de Saint-Augustin, maître en théologie, prêcha le carême dans la cathédrale; le conseil de la ville inférieure lui donna 3 florins d’Allemagne valant 63 sols.
En 1485, le même conseil donna 2 florins dou Treth (d’Utrecht) à frère Claude qui prêcha le carême, et 1 florin à un dominicain qui prêcha l’Avent.
En 1487, un prédicateur éloquent, nommé Jean Borgeys, prêcha le carême dans l’église des dominicains à la Madeleine. Les auditeurs étaient si nombreux que, le jeudi saint, le conseil fut obligé de faire mettre des barrières sur la place de l’église et de prendre d’autres précautions, pour que la foule pût circuler sans danger d’être écrasée. Au commencement du carême le conseil donna au dit prédicateur 3 liv. d’huile d’olive dans un pot de terre; un plat de poissons dans de la gelée; une livre de raisins secs et de figues; 6 oranges, 3 pots de vin, 3 pains et un dîner, le tout coûtant 13 sol. 6 den. Lorsque Jean Borgeys quitta Lausanne le 23 avril, le conseil lui fit présent de 3 écus d’or au soleil et d’un florin d’or, valant ensemble 6 liv. 6 sols, et loua un homme et un cheval pour 8 sols, pour transporter ses livres et ses bagages à Yverdon. Ce Jean Borgeys était probablement le même que Jean Bourgeois qui prêcha le carême à Genève en 1484. (Grenus, Fragments historiques, pag. 58.)
En 1489, 1498, 1514, le prédicateur qui prêcha le carême reçut du conseil 2 florins de Trech.
En 1526, on paye « aux beaux père révérens lequel ad precher la charemaz 6 testons, reduiz à libres, 3 liv. 4 sol. 6 den. »
En 1529, ce fut un docteur en théologie qui prêcha le carème. On lui donna 3 écus d’or au soleil, tant pour ce carême que pour /203/ celui de 1527, quand même il n’avait rien demandé. Ce docteur offrit, quand il serait rentré à Paris pour ses études, d’enseigner ceux des fils de bourgeois de Lausanne qui voudraient y étudier.
Règlement du Conseil.
1478. 18 novembre. – Fuerunt passata et conclusa statuta sequentia.
Primo, quod quilibet de consilio teneatur comparere qualibet die mercurii in exitu misse douz cleinquet 1 sub pena unius quarti.
Item, quod votando in consilio, nullus interrompat sub pœna unius quarti pro qualibet vice, et etiam priores deficientes solvant duplum, et ponantur omnia in una pixide, et quod prior solvat defectus et deducat deficientibus super salario.
Item, quod nihil bibatur de proprio communitatis, sed dentur salaria consueta laborantibus pro communitate.
Item, quod parlamenta fienda extra consilium fiant succincte, videlicet per quamlibet in turno suo, unus hodie et cras alius.
Item, quod faciendo pallamenta ubi erunt fiende replicationes, quod non fiant sine deliberatione, sed retrahant se presentes et primo deliberent quam replicent.
Difficultés entre la ville et l’évêque.
1479. 22 février. — Convocato populo communitatis civitatis et ville Lausanne in unum, in stupha domus ville inferioris Lausanne, fuit conclusum concorditer quod debeat instari ad reparationem libertatem enervatarum in /204/ personam D. Wuillermi de Arnex capti per clientes R. in Christo patris et domini nostri Laus. episcopi et comitis, in domo que fuit Anthonii Rochy quam inhabitat Petrus Taverne, videlicet et in effectu quod ipse remictatur ubi captus extitit, nemine discrepante.
Eadem die in exitu vesperarum, videlicet, circa quintam horam de vespere, prefatus dominus Wuillermus de Arneto fuit restitutus in sua libertate in stupha domus supra dicte, quam inhabitat Petrus Taverne cum suis negociis, per Petrum Chavanel et Jacobum Besson. De quaquidem remissione et reintegratione libertatum Humbertus Denisati, gubernator et sindicus communitatis civitatis et Johannes Carementrant, gubernator et sindicus communitatis et ville inferioris Lausanne, pecierunt instrumentum et instrumenta, et ulterius sunt protestati de injuria et interesse dicte communitatis adversus Petrum Chavanel et Jacobum Besson nuncios prenominatos, racione rupture et enervacionis libertatum facte per eos in capcione prefati D. Wuillermi de Arneto, de qua protestacione eciam pecierunt instrumentum et instrumenta; presentibus ibidem discretis viris Hugone Vigie, Petro Sy de Cossonay et Glaudio Burnaz. Perrodeti.
Il s’agit ici de l’évêque Benoit de Montferrand, qui occupa le siège épiscopal de Lausanne de 1476 à 1491. C’est la première mention qu’on trouve dans le manual des dissensions entre cet évêque et ses sujets, dissensions qui se prolongèrent pendant tout son épiscopat et sous ses deux successesseurs jusqu’à la fin du régime épiscopal. Ces disputes sans cesse renaissantes, et qui exigeaient continuellement des arbitres pour les apaiser, doivent être attribuées, soit au caractère hautain et impérieux de ces trois évêques, soit à un certain vent de liberté et de révolte qui avait soufflé sur leurs sujets. Les discordes entre /205/ Benoit et la ville de Lausanne ont été racontées avec détail dans les Mémoires historiques sur le diocèse de Lausanne, Fribourg, 1858-59, 2 vol. in-8, et divers documents importants sur le même sujet ont été publiés dans le tome VII des présents mémoires, en sorte qu’il n’y a pas lieu d’y revenir ici. On relèvera seulement, d’après les comptes de la ville, quelques traits se rapportant à ces affaires et qui peuvent présenter de l’intérêt.
En 1479, l’Avoyer de Fribourg, appelé à Lausanne comme médiateur, logea à l’hôtellerie de la Tour Perse, dans la rue de Bourg.
Le mardi 1er juin de la même année, l’évêque, déjà fortement engagé dans ses disputes avec les Lausannois, assembla les députés de toute la terre de l’Eglise, c’est-à-dire, de Bulle, La Roche, Avenches, Villarsel, Lucens, Glérole, Cully et Lutry. Au sortir de la séance à midi, le Conseil de Lausanne entraîna ces députés à la maison de ville, pour leur exposer toutes les infractions que l’évêque se permettait contre les franchises de la ville, et leur offrit à l’hôtel de ville même une abondante collation de viande, de pain et de fromage, arrosée de 35 pots de vin; de plus il fit porter 3 semesses de vin aux députés de Bulle et de La Roche qui étaient descendus au logis du Mouton. On profita de l’échauffement des esprits pour remettre à ces députés un mémoire contre l’évêque, qui fut rédigé par Arthaud Loys. Celui-ci reçut un quarteron (2 pots) de vin pour sa peine.
Dans leurs disputes avec l’évêque, les Lausannois s’appuyaient non seulement sur leurs alliés naturels, les autres sujets du domaine temporel de l’évêque, mais aussi sur les Etats du Pays de Vaud qui relevaient du duc de Savoie, adversaire séculaire de l’autorité temporelle de l’évêque. Celui-ci invoquait à son aide les villes de Fribourg et de Berne, et les Lausannois de leur côté cherchaient à gagner ces deux villes à leur cause. Aussi trouve-t-on dans les comptes de la ville des notes assez piquantes à ce sujet.
Le même mardi 1er juin 1479, le Conseil fit porter six semesses de vin au seigneur de Combremont (Humbert Cerjat, seigneur de Combremont-le-petit et de la Moliére, bailli de Vaud) et à plusieurs autres seigneurs de la patrie de Vaud qui étaient /206/ venus à Lausanne pour tenir les Etats du duc de Savoie (pro tenendo tres status domini ducis Sabaudie).
Le 6 mai 1482 s’ouvrirent à Lausanne des conférences avec les députés de Fribourg (ceux de Berne ne vinrent pas) pour tenter une médiation entre l’évêque et ses sujets. Les députés de Fribourg étaient Petremand Faucigniez chevalier et Jean Mestrau alias Gaudin, assistés de Jean Mussilie, Huet de Alliex et D. douz Ronse. Comme les députés de Berne avaient manqué au rendez-vous, on ne put rien conclure, mais le Conseil de Lausanne défraya les ambassadeurs de Fribourg à l’auberge de Chassot pendant leur séjour qui fut du 6 au 12 mai. Ces dépenses s’élevèrent à 41 liv. En outre la ville de Lausanne avait convoqué à cette conférence tous ceux du Pays de Vaud qui déclarèrent vouloir tenir le parti de la commune (omnes de patria Vuaudi qui se declaraverunt facere partem pro dicta communitate Laus.) et les défraya pareillement. Nobles D. de Blonay et Louis Cerjat députés de Moudon, Romont et Estavayer, ainsi que Pierre de Bionnens et Gonelli, mari de la fille de Jean Monachi, députés de Rue, furent logés à l’auberge de Jean Perrodon. On paya pour leurs frais 18 liv. Jean Jacotet et Jean Pontet, députés d’Yverdon, ainsi que Jacques Gru et Noble Humbert Marchian, députés de Cossonay, logèrent in domo taverne; leurs frais s’élevèrent à 9 liv. 12 sols.— Jacques Pichot et N. Guillaume de Gallera, députés de Morges, logèrent chez Jean de la Monnaie; on paya pour eux 3 liv. 12 sol. On but en outre 24 pots d’hypocras avec les dits ambassadeurs, le protonotaire de Compeys et Dom. G. Hoddeti; cela coûta 9 liv. 12 sol. De plus le conseil tint table ouverte pendant 9 jours chez le syndic Pierre Ravier; les frais s’élevèrent à 30 livres. Enfin, pour mieux capter les Fribourgeois on fit présent de 20 florins d’Allemagne aux députés et de 25 sols à leurs serviteurs; et on glissa secrètement 10 flor. d’Allemagne dans la main de Jean Métrau dit Gaudin et 6 flor. d’Allemagne dans celle de Jean Mussilie ou Missiliez.
Au mois d’octobre de la même année les députés de Lausanne se rendirent à Fribourg, toujours pour la même affaire, et firent de fortes dépenses aux auberges de l’Ours, de la Croix d’or, de la /207/ Croix blanche, de Jean Volant, de Berthoz, de Gaudin. On trouverait dans les comptes de la ville une multitude d’articles semblables pour dépenses faites au temps de ces disputes, mais ceux que nous avons relevés paraissent suffisants.
Bans de vendanges.
1480. 29 septembre 1 . – Congregatis tribus statibus voce preconis ut moris est, presente N. Petro de Montefalcone ballivo Lausanne, fuit statutum et conclusum in loco magne curie D. ballivi Lausanne, hora meridiana, unanimiter, quod nullus debeat vindemiare ante decem dies proxime futuros sub pena banni trium solidorum. Item quod vindimie incipiant et fiant per particulas et territoria secundum quod fuerit visum et ordinatum per eligendos, eciam sub pena consimili durat huiusmodi statutum pro presenti anno tantum. Que premissa fuerunt relicta ad prudenciam providorum virorum Janini Loys et Petri Wavraz pro territoriis sive parchetis ordinandis statuendis et determinandis; et fuerunt electi pro parte venerabilis capituli et cleri Laus. ven. vir D. Humbertus de Octens et D. Jacobus Baleson. /208/
Union des deux villes.
1480. 5 novembre. — Convocato populo et congregata communitate civitatis et ville Laus. voce preconis in unum, in stupha domus Paludis dicte communitatis, fuit conclusum per communitatem et populum predictos, quod unio facta inter illos de civitate et de villa manuteneatur et sustineatur, quod levetur littera unionis et consulatur, et participato consilio in Gebenna et alibi cum peritis et prudentibus, si comperiatur sustinenda, quod sustineatur, ut supra.
1481. 10 janvier. - Domini de capitulo declarando voluntatem suam super facto unionis in capitulo, responderunt quod unio esset bene scripta et quod in ea nil erat nisi bonum, sed ipsi non erant in proposito observandi etiam si adhuc melior foret, dicentes illam per eos per quos facta extitit fieri non potuisse, sed quod ante omnia debent deleri et ipsi restitui, seque restitutis, erant parati; quod videretur quid fiendum. Et erant presentes in capitulo ven. viri D. Anthonius Gappeti, Stephanus Garnieri, Humbertus de Octens, Girardus Oddeti, Guil. Majoris, Joh. Assenti, Otho de Ra … , Johannes de Fussiaco ?
1481. 18 janvier. – Domini consules deputaverunt et elegerunt magistrum Johannem Bagnion et Petrum Soctens ad prosequendum et consulendum materiam unionis et dederunt in mandatis Janino Loys et Petro Wavraz sindicis, quod sibi subveniant in pecuniis tociens quociens fuerit necesse. Quos electos promiserunt dicti consules nomine dicte communitatis in omnibus et per omnia, si a casu /209/ per quempiam fuerint impetiti, vexati seu molestati, non relinquere, sed manutenere defendere etc. Fiat in forma. Perrodeti.
1481. 6 juillet. – Fuerunt electi et constituti per totam communitatem procuratores ad faciendam et ineundam unionem cum illis de civitate Nob. Franciscus de Gojonay et Janinus Loys; cum promissione de rato. etc.
Eadem die Franciscus de Gojonay et Janinus Loys procuratores preconstituti et electi inierunt et fecerunt unionem cum Amedeo de Ruppe et Bisuncio Fontannaz sindicis et procuratoribus ad hoc electis per communitatem de civitate, ut de eorum procuratio constat, mandato, recepto per magistrum Michaelem de Sancto Cyriaco.
Ces quatre articles traitent de l’union des deux villes de Lausanne en une seule communauté, union dont l’acte fut définitivement signé le 6 juillet 1481. (M. D. R., VII, pag. 610.)
Il est naturel de supposer que ce furent leurs dissensions avec l’évêque et le besoin de se sentir plus forts pour résister à ses empiétements qui poussèrent les Lausannois à réunir leurs deux communes en une seule. Le chapitre de la cathédrale, qui avait aussi à se plaindre de l’évêque, était du parti des citoyens et favorisait leurs projets, d’autant plus que l’acte d’union lui laissait une légitime influence dans le Conseil. (Voy. l’acte d’Union l. c. et Mém. hist. sur le diocèse de Lausanne, tom. II, pag. 219.)
Cet acte exigea beaucoup de pourparlers et de consultations diverses avant de recevoir sa rédaction définitive le 6 juillet 1481 ; mais l’union des deux villes était décidée déjà une année auparavant, le 9 juillet 1480; car à cette occasion les conseils des deux villes firent une collation et l’on alluma un feu de joie sur la place de la Palud (causa gaudii racione unionis dictarum communitatum).
Après la signature on célébra une messe solennelle dans l’église de Notre-Dame, devant l’autel de la Vierge; et le conseil /210/ de la ville inférieure y fit une offrande de 3 cierges, pesant ensemble 8 liv. 3⁄4 et coûtant 30 sols 6 den.
Le dimanche 2 septembre, deux chanoines délégués par le chapitre et deux membres du clergé de la cathédrale se rencontrèrent dans la chapelle de Saint-Barthélemy, au cloître de Notre-Dame, avec une centaine de citoyens qui s’y étaient rendus sur la convocation du crieur public. On nomma syndics maître Jean Bagnyon licencié ès décrets et Pierre Ravier; puis les citoyens s’étant groupés par bannières, suivant la coutume, nommérent 20 conseillers. Ceux de la bannière de la Cité nommèrent 4 conseillers pour la Palud; ceux de la Palud, 4 conseillers pour la bannière de Saint-Laurent; ceux de Saint-Laurent, 4 conseillers pour la bannière du Pont; ceux du Pont, 4 conseillers pour la bannière de Bourg; et ceux de Bourg, 4 conseillers pour la bannière de la Cité.
Le dimanche 16 septembre, les syndics furent assermentés dans le cloître de la cathédrale, entre les mains du Chantre, et en présence des chanoines, du clergé et des bourgeois.
Le 21 septembre, on célébra une messe solennelle pour la prospérité de la république, à l’autel de la Vierge dans la cathédrale, et le Conseil y assista en corps.
Enfin, le dimanche 30 septembre, le peuple fut assemblé à l’hôtel de ville pour élire le Rière Conseil qui fut composé de 97 membres, 4 pour la Cité, 14 pour Bourg, 25 pour la Palud, 33 pour le Pont et 21 pour Saint-Laurent.
Ainsi furent définitivement constituées les autorités de la nouvelle communauté. Pour d’autres détails, voyez M. D. R., XXVIII, pag. 241.
Le Conseil tint ses séances ordinaire le jeudi, après une messe dite à l’autel de Notre-Dame, pour laquelle on payait chaque fois 6 sols.
Les ecclésiastiques, qui d’après l’acte d’union avaient le droit de siéger au Conseil, n’y venaient que rarement. Au Conseil de la veille de l’Ascension 1482 siégèrent G. Mayor et François de Colombier, chanoines, pour le chapitre; Barthelemi Bussillietti, curé de Saint-Paul et le curé de Grandvillars en Gruyère, clercs habitués de la cathédrale. En juin siégèrent François de /211/ Colombier et Rodolphe de La Molière, chanoines, pour le chapitre et Jean Richard, chapelain.
Jean Bagnion ou Bagnyon, (il signe Bagnyon), syndic de Lausanne pendant deux années de suite, de la Saint-Michel 1481 à la Saint-Michel 1483, et mentionné aux articles du 26 mai 1434, du 18 janvier et du 6 juillet 1481, paraît avoir été un homme fort distingué. Ses connaissances juridiques furent souvent mises à contribution par les Lausannois pendant leurs disputes avec Benoit de Montferrand, et il eut une grande part à la préparation et à la rédaction de l’acte d’union des deux villes. — Déjà en 1473, le Conseil de Lausanne avait eu recours à ses lumières dans un cas de torture. Au mois de novembre 1479, l’inquisiteur (inquisitor fidei) avait incarcéré certains personnages au château d’Ouchy. Or comme il était interdit par le Plaict général de mettre quiconque à la torture sans la permission du Conseil, celui-ci, toujours en éveil vis-à-vis des officiers de l’évêque, s’émut et envoya une députation de ses membres à Ouchy pour s’informer comment les prisonniers étaient traités et pour s’assurer que les franchises de la ville étaient observées. Il paraît que l’un des détenus, François Magnyn, put, par le moyen de son fils et de son frère, amener le Conseil à prendre énergiquement sa défense dans le procès d’hérésie qu’on lui intentait. La ville chargea Jean Bagnyon de cette cause, qu’il poursuivit en appel devant l’archevêque de Besançon, dont l’évêque de Lausanne était suffragant. (Manual et Comptes passim.)
En juin 1483, Jean Bagnyon fut nommé secrétaire du Conseil. En octobre de la même année, il fut chargé de tous les procés de la ville au dehors, avec un salaire de 24 flor. par an, outre un cheval, ses dépenses de voyage et les frais de procédures.
Le 1er avril 1484 il fut nommé commissaire des extentes et reconnaissances de la commune de Lausanne, mais il ne remplit ses fonctions que peu de temps, car au commencement de 1487 il était fixé à Genève. Il avait dans cette ville plusieurs relations parmi les jurisconsultes, dont il avait pris conseil, soit pour le procès de François Magnyn, soit pour l’acte d’union des deux villes de Lausanne. La dernière mention que je trouve de Jean Bagnyon dans les manuaux du Conseil est du 20 mai 1484. /212/
Sur la carrière de Jean Bagnyon à Genève, voyez l’article de M. Henri Bordier, M. D. G., tom. XVII.
Pendant que Jean Bagnyon était encore à Lausanne, il composa ou compila le roman de Fier à bras le Géant, à la demande de Henri Bolomier, chanoine de Lausanne. Ce livre fut imprimé pour la première fois à Genève en 1478, et réimprimé plusieurs fois au XVe siècle, soit à Genève, soit à Lyon. L’édition de Lyon 1489 donne le nom de l’auteur de cette compilation romanesque qui avait d’abord paru sous le voile de l’anonyme. (Voyez le Manuel du libraire, par J.-C. Brunet. Paris, 1861, tom. II, col. 1249, et le Supplément au manuel du libraire, par P. Deschamps et G. Brunet, Paris, 1880, tom. II, col. 1025.)
Règlements de police.
1482. 14 avril. - Convocatis in unum in aula domus Paludis Lausanne, consilio, retro-consilio et toto populo totius civitatis Lausanne, hora meridiei, fuit conclusum quod recipiantur mutuo pecunie, ubi melius reperire poterunt, ad racionem XII denariorum pro libra, pro prosecucione jurium et defensione libertatum tocius communitatis civitatis predicte per magistrum Johannem Bagnion et Petrum Raverii, sindicos et gubernatores communitatis.
Item, quod quilibet de dicta communitate debeat esse munitus et garnitus uno bono baculo defensionali pro tuicione et defensione tocius communitatis et dominii.Item, quod de cetero non fiat panis albus venalis.
Item, quod observetur statutum factum respectu vendicionis bladorum 1 . /213/
Règlement pour la présence au conseil.
1482. 30 juin. – Convocato universo populo civitatis et tocius communitatis Lausanne, de mane hora septima, voce preconis et alias hostiatim die dominica precedenti, fuit conclusum quod quociens populus fuerit congregatus voce preconis et hostiatim per banderetos 1 , capitaneos et decennarios, quod quilibet teneatur comparere in consilio; et se submiserunt pro quolibet defectu, videlicet quilibet de consilio, banderetus et capitanei pene sex solidorum, et /214/ quilibet inferior trium solidorum. Et sunt deputati executores hujusmodi defectuum et exactionum, videlicet banderetus super consilio, capitanei super decennariis et quilibet decennarius super suis inferioribus. Et debent habere exactores medietatem, burserius sive bursa communitatis aliam medietatem, et ita voluerunt et se obligaverunt omnis quilibet de populo. Datum ut supra. Perrodeti.
Nomination du héraut de ville.
1483. 30 janvier. – Antonius Marsellin fuit admissus ad servicium ville tanquam nuncius seu calvacator, et fuerunt sibi data insignia ville aquilla de super eminente in una butica 1 quam promisit deferre et fideliter servire ville quandiu ipsam portabit et ipsam remittere quociens fuerit requisitus, et esse secretus etc. Et fuit assallariatus pro presenti anno ad unam vestem duarum ulnarum panni albi et rubei estimatum LX solidos. Item, quod qualibet die jovis quando erit in consilio habeat duos quartos sive sex denarios quos sibi solvat gubernator; ipse quando mittetur extra villam, quare expense sunt care et cariores solito, habeat quatuor solidos pro die qualibet pro presenti anno. L. Daux 2 .
Le Conseil se fait représenter dans un cas de torture.
Voyez 23 septembre 1449.
1483. 13 février. - Ad instanciam et requisicionem Nob. Johannis Banquete vice ballivi Lausanne, magister /215/ Johannes Bagnion et Johannes Valancheti sindici, cum consilio dominorum consulum fuerunt largiti eidem Nob. vice ballivo, quod possit inquirere in personam Johannis Hostale in carceribus detenti et ipsum torquere in secreto, presentibus tamen aliquibus de civibus cum sindicis, de gracia speciali, cum protestacione quod non cedat in futurum in prejudicium libertatum et Placiti generalis, etc. Perrodeti 1 .
Statut contre les blasphémateurs.
1483. 2 mars. – Convocato populo voce preconis in Stupha domus Paludis Lausanne, fuit conclusum et passatum quod detur ordo et imponatur pena contra blasfematores nominis Domini Nostri Jhesu Christi et gloriose Virginis Marie genitricis ejusdem, arbitrio Consilii 2 . /216/
Boursier.
1483. 5 décembre, — Juravit Petrus Raverii velut borserius reddere bonum computum, etc 1 .
Règlement de police.
1484. 15 février 2 . - Fuit expositum populo statutum super gladiis non portandis per civitatem sub banno decem solidorum applicandorum pro medietate domino, et pro medietate civitati. Et hospes qui non advisat hospitalum incurrit bannum trium solidorum, prout plenius in instrumento per secretarium Joh. Bagnyon recepto continetur. Et sunt exclusi burgenses et incole Lausanne. Et durat per annum tantum.
Garde de la ville pendant les indulgences.
1485. 28 mars. - Fuit deputatus capitaneus ad conducendum loz gueyt tribus diebus, tam de die quam de nocte, durantibus indulgentiis, Jordanus Pignar; videlicet sub salario unius scuti. Et est ordinatum quod debeant esse in qualibet porta tres socii, qui debeant custodire die et nocte sub stipendio; Et XX custodes nocturni eciam sub stipendio, pro qualibet nocte; in hoc quod quilibet qui non vigilabit solvat pro semel sex denarios recuperandos per capitaneum, qui juravit, etc. /217/
Règlement sur les femmes suspectes.
1485. 29 mai. – Populus advisatus super expulsione lubricarum mulierum, fuit conclusum quod expellantur et cogantur ire ad locum determinatum secundum tenorem Placiti generalis 1 , prout melius videbitur consilio.
Exemption de subside au duc de Savoie.
1487. 25 janvier. – Fuit conclusum quod fiat unum graciosum gietum pro prosecucione exempcionis subsidii petiti per illustrissimum dominum ducem Sabaudie, que debeat solvi qualibet ebdomada. Et est ordinatum quod fiant sex extimaciones pro exigendo gietum.
Charles Ier, duc de Savoie, était en guerre avec le marquis de Saluces, qu’il s’agissait de châtier pour son refus de rendre hommage au duc, son suzerain. Charles rassembla des troupes de divers côtés auprès de ses vassaux du pays romand et demanda l’assistance de ses alliés de Berne et de Fribourg. Cinq cents Bernois et Fribourgeois, passant pour aller à la guerre au delà des monts (qui ibant ad guerram ultra montes), logèrent à Lausanne, le jeudi 11 janvier 1487. Le capitaine bernois et son porte-enseigne étaient logés à la Fleur de lys; le Conseil leur envoya 10 pots de vin et 2 pots d’hypocras; il envoya un présent de vin pareil au capitaine fribourgeois et à son porte-enseigne logés à l’auberge de Nicolet Jayo, ainsi qu’au seigneur avoyer de Fribourg, Petremand Pavillard, et au chevalier Petremand Foucignye, ambassadeurs de la ville de Fribourg auprès du duc de Savoie et se rendant aussi au delà des monts. Ceux-ci étaient logés à l’auberge de la Tour perse. D’autres soudards avaient /218/ été cantonnés à l’auberge du Lion et dans d’autres hôtelleries de la ville.
Lausanne n’étant pas terre de Savoie, mais terre d’Eglise, n’avait point fourni de troupes, mais le duc avait demandé un subside en argent, dont les Lausannois désiraient fort être dispensés. On voit par le texte et par les comptes de la ville qu’ils firent beaucoup de démarches et de frais pour y parvenir. Ils y réussirent, grâce aux bons offices de Louis, comte de Gruyère, et de son frère François, seigneur d’Oron, qui étaient en grande faveur à la cour de Savoie et se trouvaient avec 1200 à 1500 hommes de leurs terres devant la ville de Saluces. (M. D. R., XI, 112-116, VII, 673.)
Le comte de Gruyère et son frère étaient de retour chez eux au commencement de mai. Le 4 de ce mois, le Conseil de Lausanne envoya une députation àà Gruyère auprès de ces seigneurs pour leur souhaiter joyeuse arrivée, les remercier de leurs bons offices dans l’affaire du subside et présenter au comte 15 flor. d’or d’Allemagne dans une bourse de velours et à son frère, 10 florins également dans une bourse de velours. Les paroisses de Lutry, Villette et Saint-Saphorin contribuerent pour 99 florins à ce présent. « (Libravit apud Grueriam tam magniffico domino comiti Gruerie, quam nobili et potenti viro domino de Orons ejus fratri, pro dono gratuito et pro eorum jocondo adventu de guerra ultra montes, pro laboribus, penis et serviciis per ipsos habitis ultra montes pro impetrari faciendo et procurando erga illustriss. principem dominum ducem Sabaudie unum mandatum ducale ad causam nonnullarum cridarum factarum contra illos de Lausanna et de terra et de valle, ultra IX florenos du tret auri alemanie datos per illos de Lustriaco, Valle et Sancto Simphoriano pro eorum rata, viz : XVI florenos du tret consimiles, quolibet floreno valente XXVI sol. Laus. bon.; de quibus omnibus florenis, tam de Lustriaco, de Valle et Sancto Simphoriano, quam de Lausanna, ascendentibus ad summam XXV florenorum du tret, dederunt in simul in duabus bursis veluti, viz : in una bursa XV flor. du tret prefato domino Gruerie, et alios X florenos consimiles in una alia bursa prefato domino de /219/ Orons, quiquidem XVI floreni du tret per villam Lausanne dati valent in moneta, XX lib. XVI sol.)
Le duc de Savoie demanda aussi des subsides à la ville de Genève, qui les refusa. (Voy. Grenus, Fragments, pag. 64.)
Nous verrons que l’année suivante les Lausannois fournirent des troupes au duc de Savoie pour sa guerre avec le marquis de Saluces.
Difficultés avec l’évêque.
1487. 20 juillet 1 . – Convocato consilio et retroconsilio Lausanne, gubernatoribus et populo perrochiarum Lustriaci, Villette et S. Simphoriani, fuit conclusum concorditer quod prosequeretur casus captionis Glaudii Vuiber, taliter quod remittatur in libertate sua, et quod totus populus accederet ad D. officialem Lausanne et quod taliter pulsaretur, sic dicendo : Nos volumus eum habere, taliter quod remittatur. Et fuit electus ad faciendum verba populi Johannes Chastellan, de Ruex.
Subside de 25 hommes au duc de Savoie.
1488. 29 avril. - Convocato universo populo Lausanne in aula domus Paludis, unacum resorto, fuit expositum /220/ populo quod illustrissimus princeps dominus dux Sabaudie requisivit de gracia speciali totam civitatem et terram, quatenus eidem domino subveniant de gentibus suis quibus necessario indiget ad preservacionem patriarum et prosecucionem querimoniarum et jurium suorum contra suos inimicos. Fuit conclusum per populum Lausanne in presencia illorum de resorto, quod fiat contribucio gencium prefato domino duci. Et fuit conclusum quod fiant in Lausanna XXV servientes quibus fiant vestes et fulciantur pecuniis, quilibet pro uno mense; et quod mandetur terra. Et fuerunt electi XI de resorto; videlicet : in Sancto Surpicio, Mermetus Bron; in perrochia de Excublens, item in perrochia de Vizy, Glaudius douz Chabloz; in perrochia de Crissie, Villarii sancte crucis, sancti Germani et de Bussignies, Saturninus Vivian et Anthonius Viveys; in perrochia de Prillie, Mexiere, Joutens et Romanel, Petrus Curninjoz; in Frigida villa, Cugie, Brectignie et les dos Mont, Johannes Rossie, Nico Borjaul; item apud Bemont, Challie et Expalinjoz, Petrus douz Bugnion; in perrochia de Pulie, Jacobus Mathe, Glaudius Lex; in rippa Ochiaci, Ochie et Cors, Franciscus d’Ochie qui noluerunt assentire, sed remiserunt se ordinacioni dominorum de capitulo, dicentes non teneri ad contribucionem. Perrodeti.
Comme on l’a dit dans la note sur l’article du 25 janvier 1487, Lausanne, étant terre d’Eglise et non terre de Savoie, n’était point tenue à des subides en argent et en hommes de guerre en faveur du duc de Savoie. Mais l’influence de ce prince si voisin était prépondérante, surtout en vertu du vicariat impérial, souvent révoqué, mais récemment confirmé par l’empereur Frédéric III. Néanmoins, comme on le voit par le texte, les Lausannois accordent les subsides en hommes, non comme service dûu, mais de grâce spéciale. /221/
La guerre pour laquelle le duc de Savoie demande ici un subside en hommes est toujours celle contre le marquis de Saluces. Le jour même où le Conseil de Lausanne nomma le capitaine des 25 hommes qu’il voulait équiper, il fit faire les achats nécessaires.
On paya pour du drap rouge pour les 25 hommes, 35 lib. 12 sol.
Pour un cheval de somme pour le bagage, 15 flor. 4 sol.
Pour un tonneau ou baril neuf (outre la réparation d’un vieux baril), 10 sol.
Pour un bât, une bride et des cordes pour leche val, 25 sol.
Pour peindre les dits barils aux armes de la ville, 12 den.
On paya à chacun des 25 hommes 6 florins pour un mois, soit 150 flor. et à leur capitaine Guillaume Morel 36 florins.
Le 20 novembre 1488, le Conseil de Lausanne reçut du duc de Savoie une lettre testimoniale, datée de Turin, constatant que ce service était de grâce spéciale.
Déjà en différentes occasions les Lausannois avaient fourni des hommes aux princes de Savoie.
Ainsi en 1384, pour la guerre du Comte Rouge contre l’évêque de Sion, la ville inférieure avait envoyé en Vallais 16 hommes (clientes) qu’elle paya pendant trois semaines, à raison de 3 sol. 6 den. par homme et par jour.
En 1425, lors de la querelle d’Amédée VIII avec Jean de Poitiers, évêque de Valence et de Die, les Lausannois payèrent la solde de dix lances pendant trois mois. Il leur en coûta 144 liv. 11 sols, qu’ils remirent à Jean Veteris, commissaire du duc. En retour, ils demandèrent une lettre testimoniale établissant que ce subside avait été donné de grâce spéciale. Cette lettre fut accordée le 19 juillet 1426. (M. D. R., VII, 512.)
En 1454, pendant les hostilités du duc Louis contre le Dauphin, les terres de l’Eglise de Lausanne fournirent quelques troupes, dont Lausanne équipa 8 hommes d’armes (armigeri) sous les ordres de Pierre de Domengenges dit Sapientis, syndic. /222/
On acheta des armes, de la poudre, des balles de coulevrine, des chevaux de somme, etc. La paye de chaque homme était de 72 sols par mois.
On a déjà dit qu’en 1460, la ville fournit 8 hommes pour la guerre contre le duc de Bourbon.
En 1467, pour la guerre d’Amédée IX contre le marquis de Montferrat et le duc de Milan, la ville inférieure fournit 12 hommes (socii seu suivent), qu’elle habilla aux couleurs de la ville pour 18 liv. 5 sols 10 den. Ces douze hommes furent festoyés aux frais de la commune et, à leur départ par la porte de Saint Pierre, on dressa des tables dans la rue, on but du vin et on mangea des châtaignes. La paye de chaque homme était de 4 flor. d’Allemagne par mois, soit ensemble 50 liv. 8 sols.
Emprunt pour ce subside.
1488. 4 mai 1 . – Die Dominica sequenti, congregato iterum et de novo populo ut supra, pro habendo pecunias, fuit conclusum per totum populum, quod recipiantur pecunie gieti existentes in piscidibus et numerentur pecunie, et si pecunie gieti non sufficiant quod recipiantur pecunie mutuo ubi melius et utilius reperiri poterunt, et ita est datum in mandatis gubernatoribus et receptoribus gieti cum plenitudine potestatis. De quibus gubernatores postularunt /223/ a me notario subsignato instrumentum et instrumenta, anno Domini MCCCC LXXXmo octavo. Perrodeti.
1488. 7 mai. - Fuerunt electi servientes ad serviendum domino duci Sabaudie, nomine communitatis : primo, capitaneus Guilelmus Morel cum famulo suo; Glaudius Croserens, Johannes Soctens, Bonifacius Vincent, Amedeus Vulliermoz.
Etablissement d’un médecin de la ville.
1491. 21 avril. - Fuit stabilita pensio de publico Magistro Gothofrido de Monte 1 , doctori in medicinis, sex librarum, in hoc quod teneatur residere Lausanne et residenciam facere et obsequi in arte sua civibus et inhabitantibus Lausanne, salario moderato mediante.
Serment de l’évêque Aymon de Montfaucon.
1491. 9 juillet - Die sabbati nona mensis Jullii, Reverendus in Christo pater et dominus, dominus Aymo de Montefalcone Lausannensis episcopus et comes, constitutus Lausanne ante portam civitatis, prope ecclesiam sancti Stephani, in carreria publica, coram sacrosancto /224/ Eucharistie sacramento cum facibus incensis ibidem processionaliter apportato, ambabus manibus desuper positis, juravit ad instanciam gubernatorum ibidem presentium cum universo Lausanne populo, suo possu manutenere et defendere jura Lausannensis ecclesie et mense episcopalis et subditorum ejusdem, tam de civitate quam de terra; unicuique ministrare bonam justiciam secundum laudabiles usus et consuetudines Lausanne scriptas et non scriptas, et ministrare ydoneos officiarios qui eciam ministrabunt unicuique petenti bonam justiciam, preservareque et observare libertates et franchesias civitatis, trium castrorum et tocius terre ecclesie, cum novis statutis, atque totum Placitum generale, ac alias prout sui predecessores juraverunt et jurare soliti sunt. Presentibus ibidem reverendis in Christo patribus Yodoco Sedunensi et Arthaudo ? Niciensi episcopis; venerabilibus viris dominis Soffredo de Arciis, Guilelmo Majoris, Philippo de Compesio, Johanne Assenty, Otthone de Rat … , Francisco de Columberio, Ludovico de Petra, Guillelmo de Prez, Umberto Nicodi et Laurentio Curnilionis, canonicis; fratre Jobanne Majoris, infirmario Lustriaci, Rodulpho de Sancto Germano domicello, domino Girardo Busserel.
Au commencement du mois de mai 1491, l’évêque Benoit de Montferrand avait quitté Lausanne pour se rendre à Lanieu, selon Besson, à Saint-Antoine de Vianeys ? selon les Lausannois. Le Conseil de la ville apprit bientôt que l’évêque était tombé gravement malade à Nyon; il dépêcha immédiatement dans cette ville Nobles Nicod de Gojonay et Amédée de Chissie avec un serviteur et trois chevaux. Ces envoyés revinrent le lendemain samedi 7 mai, rapportant avec eux le corps de l’évêque qui était mort sur les entrefaites. L’évêque fut enseveli le dimanche 8 mai. /225/
Les Lausannois s’attendaient à ce que le décès de Benoit de Montferrand et les compétitions pour le siége épiscopal produiraient des troubles, et l’on craignait de voir arriver dans la ville beaucoup de monde, soit de la Savoie, soit de la partie allemande du diocèse. Le Conseil ordonna des rondes de nuit sous les ordres de Henri Gubet, capitaine ou banneret du Pont. Le Conseil profita des circonstances pour réclamer aux chanoines chargés du gouvernement du diocèse pendant la vacance du siège épiscopal la restitution d’une bombardelle et de deux canons appartenant à la commune. Ces armes étaient restées au château depuis l’époque de la guerre de Bourgogne et Benoit de Montferrand, étant toujours en difficultés avec ses sujets, n’avait pas voulu les rendre. On les ramena en triomphe à l’hôtel de ville, le 13 mai.
Par l’influence de la cour de Savoie et malgré l’élection que le chapitre avait faite de Guillaume de Montdragon, l’un des chanoines, pour succéder à Benoit, Aimon de Montfaucon fut nommé évêque par bulles papales, datées de Rome le 16 mai.
Le 15 juin, les Lausannois apprirent que leur nouvel évêque était arrivé à son prieuré de Ripaille, et le Conseil y députa immédiatement plusieurs de ses membres pour complimenter Aimon de Montfaucon.
Celui-ci fit son entrée solennelle à Lausanne, le 9 juillet et prêta le serment qu’on lit dans le texte. Il était entouré d’un nombreux cortège d’archevêques, d’évêques et d’abbés et une foule innombrable encombrait les rues. Le peuple se porta à la rencontre de l’évêque avec des fifres et des tambourins; il y eut des réjouissances et des jeux publics dans les rues. On a déjà dit que la ville lui fit présent, pour sa joyeuse entrée, d’une belle coupe de vermeil, de dragées et d’hypocras. Ces présents lui furent portés le 11 juillet par huit compagnons archers.
Proclamation de l’évêque.
1491. 3 août. – Rev. Dom. noster Aymo de Montefalcone, episcopus Lausannensis, fecit proclamari per civitatem /226/ Lausanne, quod nullus vadat ad guerram nec faciat impresiam in armis sine consensu Domini, etc. Sub pena indignationis et banni consueti. Cui non consenserunt Ludovicus Daux et Petrus Blecheret gubernatores, quibus dominus concessit litteram quod non vult nec intelligit hujusmodi cridas et proclamaciones currere nec fieri in enervacionem libertatum.
Peste.
1493. 20 juin. — Fuit conclusum quod infirmi de peste conducantur et reponantur in domo curati de Daliens prope villagium de Ochie, et quod provideatur de uno qui querat eleemosinam pro pauperibus, item provideatur de confessorio et de uno qui conducat mortuos ad sepulturam, videlicet ad cimisterium Ochiaci.
1493. 4 juillet. – Magistro scolarum consulente consilium quid agendum de scolis respectu pestis, fuit deliberatum quod debeat ipse magister supersedere infra proximum futurum festum S. Michaelis archangeli a scola tenenda.
1494. 20 février. – Fuit deliberatum quod supersedeatur scola adhuc infra Pascham.
1494. 6 mars. – Fuit conclusum quod fiat hospitale et domus pro reponendo infirmos pestiferos et visitetur locus et recipiatur magister aptus.
1494. 27 mars. — Fuit conclusum quod hospitale infirmorum fiat et construatur prope ruppem que est loco dicto versus villam novam in territorio S. Laurentii. /227/
Les archives de Lausanne ne fournissent presque aucun renseignement sur les pestes qui régnèrent dans la ville à différentes époques jusqu’à la fin du XVe siècle. Cependant ci et là, dans les comptes et le manual, on rencontre des allusions à ces épidémies.
La terrible peste qui ravagea toute l’Europe de 1348 à 1350 sévissait sans doute encore dix ans plus tard, car le 30 septembre 1360 l’épidémie était si forte que l’évêque de Lausanne permit, à cause du défaut ou de l’absence de notaires, à tout curé ou vicaire de paroisse de recevoir des testaments. (Arch. cant.)
On a déjà vu, à propos de l’entrée de Georges de Saluces, qu’en 1440 la peste régnait aux environs de Lausanne.
En 1450 et 1451, il y eut grande peste à Lausanne et à Vevey, l’évêque Georges de Saluces fut très longtemps absent pour cette cause; il rentra dans sa capitale à la fin de décembre 1451, et à cette occasion la bannière de la Cité lui fit présent d’un bœuf, coûtant 108 sols.
En 1472, le Conseil de Lausanne acheta des dominicains de la Madeleine une maison et un jardin sis au-dessous du couvent, pour y mettre les pauvres pestiférés. Cette acquisition coûta 21 livres. La ville avait déjà loué cette propriété l’année précédente pour 14 sols.
En 1485, il mourut dans cette maison plusieurs pauvres, malades de la peste, qui furent enterrés aux frais de la ville. Il paraît du reste que ce local n’était point meublé, car on dépensa 3 sols pour un bois de lit, parce que les malades étaient couchés sur la terre, sans lit (quia pauperes infirmi jacebant super terra sine lecto).
Par le texte on voit qu’en 1493 et 1494 la peste sévissait de nouveau avec violence, et que, la maison sous la Madeleine étant insuffisante, on loua à Ouchy une maison dépendante de la cure de Daillens, en attendant qu’on construisît un hôpital. Dans cette maison, les pestiférés trouvaient un confesseur et des porteurs pour les transporter au cimetière voisin.
La peste fut si forte qu’on fut obligé de fermer les écoles, d’abord jusqu’à la Saint-Michel 1493, puis jusqu’à Pâques 1494, et que le Conseil, dérogeant à ses lenteurs traditionnelles, /228/ s’occupa fièvreusement de la construction d’un hôpital. La désolation générale n’empêcha point cependant le Conseil d’ordonner, le 29 novembre, que la prochaine fête des Rois serait célébrée avec plus d’apparat que de coutume, et de décider le 10 janvier suivant qu’on irait à cheval au devant de l’évêque qui rentrait à Lausanne et qu’on lui ferait présent de six cierges, six livres de dragées et deux semesses d’hypocras. - Cependant il faut croire qu’au commencement de l’hiver il y avait eu un certain répit, et que la peste, après avoir disparu pendant quelques mois, avait repris avec une nouvelle violence en février. C’est ce qu’on peut conclure de diverses inscriptions des registres.
Le 27 mars 1494, on décida de construire l’hôpital pour les pestiférés, au lieu dit Vers Ville neuve ou en Muero au Praz du Marchier dans le territoire de Saint-Laurent.
Pour subvenir aux frais de cette construction, on fit des quêtes, et l’on vendit quelques maisons, entre autres celle qu’on avait achetée une vingtaine d’années auparavant sous la Madelaine. (On la vendit à Jean du Flon pour 17 liv. 10 sols.)
Le bâtiment fut commencé au printemps de 1494 et achevé dans les premiers mois de 1495. Il fut dédié aux saints Roch, Sébastien et Antoine. Le cimetière de l’hôpital fut bénit le samedi 16 février 1495 par l’évêque, à qui la ville donna un pot de malvoisie et un pot d’hypocras pour sa peine.
Le 21 janvier 1501, le Conseil reçut de Rome des indulgences en faveur du nouvel hôpital, savoir 500 ans d’indulgences pour chaque fête de Noël, de Pâques, de Trinité, de saint Jean Baptiste et pour le jour de la dédicace de l’hôpital. Le 24 décembre 1504, il fallut, je ne sais pourquoi, obtenir de l’évêque une lettre de placet pour ces bulles d’indulgence (pro obtinendo unum placet super certis bullis indulgentiarum pro hospitali communitatis.) Pour l’avoir, on donna à l’évêque 12 perdrix, qui coutèrent 60 sols.
L’hôpital était plus que modeste. Il avait 4 chambres. En 1502 le mobilier consistait en 5 bois de lit, 66 couettes, 2 coussins et une couverture. Cet établissement était entretenu par des dons et des legs pies et par des quêtes. Le Conseil de Lausanne donnait procuration à un quêteur pour aller en son nom dans /229/ le pays de Vaud prêcher et quêter en faveur de l’hôpital. Le quêteur portait avec lui une châsse contenant des reliques de saint Roch et de saint Sébastien. Quelquefois la quête était amodiée au quêteur. En 1522, elle le fut pour 10 écus d’or au soleil par an.
La chapelle de l’hôpital ne fut construite qu’en 1522.
La peste sévit encore en 1502, car le dimanche 24 juillet de cette année les trois états de la ville, le Chapitre, le Conseil et le Rière Conseil tombèrent d’accord pour publier un règlement, où l’on trouve cet article : « que nul de la dicte cité et ville de Lausanne ny de resors d’icelle ne alle en ville, vilages ne aultres lyeulx infect et suspec de pestilence, et que nul d’yceulx ne pratiques, converse, ny parle à ceulx infect ou suspec de celle maladie, ne le retire en sa maison. Et se aucung desdist lieux pestilencieux est veu en ceste cité de Lausanne ceulx aut celluy qui le verront le doigent notiffier et faire sçavoir à monsieur le ballif et ès gouverneux de la cité de Lausanne. Item, que nul des dist lieux ne doige aller ne venir en ceste cité de Lausanne ni eys resors d’icelle, soubz la poinne de demoré quinze jours en prison ou de pair le banc de sexante gros. »
La peste régnait encore le 27 avril 1503, car à cette date la ville fait marché à 4 sols par cadavre avec quatre compagnons pour ensevelir ceux qui meurent de la peste. Le 14 décembre la peste est finie et l’on permet aux teneurs de bains publics de les chauffer, ce qui avait été interdit pendant la peste (quidam socius morans in bastubis requisivit ut sibi daretur licencia calefaciendi stuphas attento quod tempus pestilencie est elapsum.)
Dans le manual du chapitre on lit qu’à la demande du Conseil de Lausanne on fit des processions les 30 et 31 juillet et le 30 août 1505 à cause la grande mortalité (causa mortalitatis et pro disposicione temporis).
Le 8 janvier 1507, nouvelle peste; on décide d’imposer une petite giete ou contribution publique pour subvenir aux frais de l’hôpital Saint-Roch.
1519, 25 août. Nouvelle peste; on lit dans le Manual: « Causante peste vigente in civitate et villa. » Le 4 septembre il ne /230/ se présenta qu’un très petit nombre de citoyens pour l’élection des syndics : propter pestem vigentem in villa et civitate.
En 1520, l’hôpital de Saint-Roch fut ouvert du commencement de mai à la fin de septembre.
1521, 29 mai. Le Conseil décide de prier le bailli de l’évêque de faire une proclamation au sujet des étrangers malades de la peste qui venaient à Lausanne.
Règlements de police.
1496. 21 juillet. – Fuit conclusum quod fiant cride quod extranei non portent gladium per civitatem ultra longitudinem pedis; quod nullus ludat die non feriato; quod nullus de nocte post IX horam incedat sine candela, et quod marescalli non visitent animalia morbosa in civitate et villa Lausanne.
Règlement sur la fabrication du pain.
1496. 18 août. — Facta justificacione pro pane, exibito que pane albo in duplicibus unius quarteroni, fuerunt XXI panes, quorum quilibet panis ponderat decem uncias, et fuit venditus et emptus quarteronus frumenti ad racionem trium solidorum cum dimidio pro quarterono 1 . /231/
Sainte Catherine du Jorat.
1497. 17 août. - Prior cartusie nove que erigitur in hospitali beate Katharine presentavit litteras sue fondacionis et requisivit ven. consilium quod dignaretur laudare et approbare dictam fondacionem. Qua visa, predictum ven. consilium, quia locus et circonstancie dicte fondacionis pertinent pleno jure communitati Lausanne, ven. consilium ipsam fondacionem non admisit.
1500. 4 juin. – Fuit ordinatum quod concedatur mutuo fratribus hospitalis beate Katharine de Jorat petentibus ly ressyz et ly sinioulaz 1 perrerie et communitatis Lausanne, proviso quod quando fuerint requisiti teneantur restituere. /232/
Le secrétaire du Conseil, rédacteur du Manual, se trompe quand il appelle Sainte-Catherine de Jorat une chartreuse; c’était alors un couvent de Carmes.
Le pouillé du diocèse de Lausanne, de l’an 1228, mentionne déjà l’hôpital du Jorat, Ospitale de Jorat (M. D. R., VI, 12), mais je n’ai encore rencontré aucun document qui donne des renseignements sur l’époque de sa fondation. Cet hôpital ou lieu de refuge pour les voyageurs, situé sur la route de Lausanne à Moudon (per stratam publicam de hospitali per quam itur versus Meldunum) est mentionné plusieurs fois dans les documents du moyen âge; ainsi dans un acte de l’an 1300 par lequel Louis de Savoie vend à l’évêque de Lausanne le village de Forel, la forêt du Jorat, etc. (M. D, R., VII, 79), et dans un hommage de Perrod de Gumoëns du 14 juin 1314. (Archives de Laus. H, I. M. D. R., VII, 86; XII, 73.) Le nom de Sainte-Catherine de Jorat (Beata Katharina de Jorat) ne paraît que plus tard. On le trouve dans un acte du 1er février 1387 (Arch. Laus. A, 41), par lequel Guillaume de Grandson, chevalier, seigneur de Sainte Croix et d’Aubonne, donne à cet hôpital une rente de 32 sols lausannois, payable chaque année le jour de la Saint-Cléments à condition que les recteurs successifs du dit hopital disent à perpétuité, dans la chapelle, une messe anniversaire, le jour de la sainte Catherine, pour le repos de l’âme du donateur et de ses ancêtres. Cette rente fut assignée sur les revenus de la châtellenie de Grandcour, appartenant alors à la maison de Grandson. Ce titre de rente fut confirmé le 9 décembre 1525, par Charles, duc de Savoie, de qui cette châtellenie relevait à cette époque.
On a cité ci-dessus l’article du 15 décembre 1418, parce que l’hôpital de Sainte-Catherine de Jorat y est mentionné avec louange.
En 1461, l’évêque de Lausanne, Georges de Saluces, donna par son testament, à l’hôpital situé près de la chapelle de Sainte Catherine de Jorat, cent livres lausannoises; de plus, douze lits garnis de couettes de plumes, de draps et de couvertures, afin qu’on y pût héberger les pauvres passants. (Arch. canton., Bailliage de Lausanne, No 2812.)
Quelques années plus tard, l’état des choses était bien changé, /233/ très probablement à cause des ruines de tout genre que les bandes suisses avaient semées sur leurs pas pendant la guerre de Bourgogne. Il est dit dans des actes de 1495 et 1497 que la forêt était longue, épaisse et effrayante, soit à cause des bêtes sauvages qui la parcouraient, soit à cause des intempéries, des foudres, des grèles, des neiges, et des glaces, soit à cause des brigands qui l’infestaient et assassinaient les voyageurs; que l’église, bâtie en pierre menaçait ruine, que l’hôpital était entièrerement désert depuis longtemps, en sorte que les passants n’y trouvaient plus aucun refuge. (Arch. Laus. A, 183, 186.)
Aussi l’évêque Aimon de Montfaucon résolut-il de rétablir ce refuge si nécessaire et d’y fonder un couvent de carmes. Dès le commencement, il établit dans ce lieu désert un carme profès nommé Henry Ryondi, originaire du pays de Vaud, avec trois ou quatre frères du même ordre et plusieurs autres ecclésiastiques prêts à prendre l’habit, dès que l’acte de fondation serait régularisé et qu’on aurait obtenu l’autorisation du général de l’ordre.
Le 5 février 1495 (1494 anc. style), frère Henri Ryondi se présenta devant les Etats de Vaud, assemblés à Moudon dans la grande salle, ou cour (aula) du château de Noble et puissant Jean d’Estavayer, seigneur de Bussy, co-seigneur de Mézières, gouverneur et bailli de Vaud. Etaient présents à la séance : Nobles et puissants Jean d’Estavayer, bailli; Jean de Colombier, seigneur du dit lieu; Louis de Gleyresse, seigneur de Bavois; Humbert de la Molière, seigneur de Font; François de Gumoëns, seigneur de Bioley; François de Treytorrens, seigneur du dit lieu; Antoine d’Estavayer, seigneur de Villargirod; Louis Cerjat, seigneur de Combremont-le-Petit; Jacques de Glane, seigneur de Vallardens; Pierre d’Avenches, seigneur de Combremont-le-Grand; Jean de Cossonay, seigneur de Rure ? Pierre de Saint-Saphorin; André de Bruel, seigneur de Mont André; Jean de Falleram; Jean de Villersel; Pierre de Saint Germain; ainsi que prudents et discrets Jacques Vallacrest, gouverneur (syndic) de Moudon; Rodolphe Décimatoris et Jacques de Bulo, bourgeois et conseillers de Moudon; Pierre de Croix, syndic de Morges; Jean et Pierre Bachie, syndics d’Yverdon; /234/ Pierre de Fer, syndic de Romont; Antoine Chaney et Louis Chatellain, syndics d’Estavayer; Hugues Vigoureux, syndic de Cossonay; Boniface Macri, syndic de Nyon; Pierre Crostel et Aymon Torcularis, syndics de Payerne; Jean de Valleres et Jean de Mantouz, syndics des Clées; Barthélemy Levet, syndic de Rue; Claude Recordon et Pierre Josept, syndics de Sainte-Croix; Pierre Burdet, syndic de Belmont et Uldriset de Veney ou Vevey, syndic de Cudrefin. – Le frère carme pria les Etats de vouloir bien favoriser la pieuse entreprise de l’évêque et protéger en leurs biens les religieux qui viendraient à s’établir à Sainte-Catherine. Les Etats y consentirent cordialement et à l’unanimité et en délivrèrent à frère Ryondi une lettre testimoniale, signée par Jean Nycati, secrétaire du bailliage de Vaud, et scellée du sceau pendant du dit bailliage (croix de Romont). (Archives de Lausanne, A, 183).
Le 13 avril 1497, Aimon de Montfaucon met son projet à exécution. En l’honneur de Dieu, de la Bienheureuse Vierge Marie, de sainte Catherine, épouse de Christ, et de toute la cour céleste, et pour le repos des âmes de ses prédécesseurs dans l’évêché de Lausanne, de ses parents Guillaume de Montfaucon et Marguerite de Chivron, de Hugonin son oncle et de son neveu François, baron de Flacieu, il ordonne qu’il soit bâti, non loin de la chapelle de Sainte-Catherine presque ruinée, un couvent et une église, sous l’observance régulière de N. D. du Mont-Carmel et sous le vocable de sainte Catherine. Pour cette fondation, il donne au dit ordre, en la personne de Pierre Chenevard, délégué du provincial : 1o une étendue de terrain de 400 toises de rayon, à partir du centre de l’église à construire; 2o l’affouage, l’usage du bois de construction et le pâturage dans le reste de la forêt du Jorat, au même titre que les citoyens de Lausanne. L’évêque se réserve la jurisdiction temporelle et spirituelle et le droit de glaive, et il retient à soi, à ses successeurs dans l’évêché, à son neveu François de Montfaucon, chef de la famille et à ses successeurs dans la baronie de Flacieu, comme étant véritables fondateurs, la défense et la protection du couvent (soit ce qu’on appelait jadis l’avouerie). Enfin, de crainte que la mense épiscopale ne soit trop grevée par cette donation, il réunit à cette /235/ mense, en compensation, la saulterie et la mayorie de son mandement d’Avenches. (Arch. de Laus., A, 186, E. E., 197.)
C’est contre cette fondation qu’est dirigé l’article du 17 août 1497, qu’on lit dans le texte. Le Conseil de Lausanne s’y oppose à bon droit, parce que les terres données en toute propriété au couvent de Sainte-Catherine appartenaient à la commune de Lausanne, ou que du moins elle y avait de temps immémorial un droit d’usage inaliénable, et qu’en faisant cette donation l’évêque disposait de ce qui ne lui appartenait pas.
Il s’ensuivit des négociations fort longues entre l’évêque et la ville. Enfin, le 25 août 1510, l’évêque consentit à modifier sa donation, de sorte qu’au lieu d’avoir un terrain de 400 toises de rayon, les religieux auraient un enclos fermé (délimité dans l’acte), que dans le reste du terrain de 400 toises le couvent aurait la première herbe seulement et qu’ensuite les bourgeois de Lausanne pourraient y faire pâturer. — Le 1er septembre 1511 la ville accepta ces modifications, avec la réserve expresse que si, par une cause quelconque, le couvent venait à manquer de religieux ou le service venait à n’être plus célébré dans l’église du couvent, toutes ces terres reviendraient de plein droit à la commune. L’acte authentique en fut transmis le 4 août 1512 à frères Jean Riondet ou Ryondi et Jean de Aveneriis, religieux du Jorat. (Arch. de Laus. K. 3, K. 4.) Ainsi, en cédant le couvent de Sainte-Catherine à la ville de Lausanne par la largition de 1536, M. M. de Berne ne firent que lui restituer ce qui lui appartenait déjà de temps immémorial et dont elle avait été dépouillée par Aimon de Montfaucon quelques années auparavant.
Le 12 mars 1517, peu avant sa mort, le même évêque donna encore au couvent de Sainte-Catherine trois fossoriers de vigne en Echellettes, une pose et demie de vigne en Montriond et une pose de vigne en Chouderon, à condition d’une messe par semaine pour le repos de son âme et de celles de ses ancêtres, et qu’au cas où le couvent cesserait d’exister, ces vignes revinssent à la chapelle de la Sainte-Légion thébéenne, fondée par lui dans la cathédrale. (Arch. de Laus, K, 6.)
Le 28 février 1657, la vigne de Montrion fut vendue à François Bergier. (Arch. de Laus., E. E., 938.) /236/
A la réformation, le couvent fut supprimé. Cette suppression fut précédée d’un inventaire des biens mobiliers et immobiliers du couvent, pris par ordre du Conseil de Lausanne à la fin de mai 1536. (Voyez Mémorial de Fribourg, II, 141.)
Fête de l’Epiphanie ou des rois.
1502. 29 décembre. – Ad requestam consilii et populi Guilelmus Fraret consindicus fuit contentus acceptare officium et esse rex ad honorem sanctorum trium regum facere bonum debitum juxta posse.
Fuit datum in mandatis Bonifacio Vincent consindico quod emat de tafetaz de rubeo et albo, de bono, pro faciendo unum estandar.
Die supra fuit electus rex pro anno presenti Honorabilis vir Guillelmus Fraret consindicus, qui ad honorem Domini nostri Jhesu Christi et trium regum et ad requestam et postulacionem consilii et populi acceptavit dictum regnum.
Die supra, prefati consules dederunt prefato Guilelmo regi unum currum vini boni pro festo dicti regis et fuit datum in mandatis Bonifacio Vincent consindico, quod tradat et expediat dictum dolium vini regi.
Die supra fuit datum in mandatis dicto Bonifacio quod emat sericam de taffetaz rubeam et arbam pro faciendo et construendo unum vexillum seu estandar pro dicto rege et suis successoribus in dicto regimine, et pro festo regum remaneat dictum estendar in archa ville pro majori securitate.
La fête de l’Epiphanie ou des Rois, qui se célébrait généralement avec beaucoup de réjouissances pendant le moyen âge, était aussi fort en vogue à Lausanne. Les comptes de la ville fournissent çà et là quelques indications sur la manière dont /237/ elle se célébrait et l’on voit qu’elle prenait de plus en plus place parmi les grandes fêtes publiques et que le petit blanc y jouait un grand rôle.
En 1390, le Conseil de la bannière de la Cité donna aux clercs du chœur de la cathédrale un tonneau de vin, coutant 21 sol. 8 den., pour fêter l’Epiphanie.
En 1453, 1465 et d’autres fois encore, le Conseil de la ville donna au Roi et à ses compagnons un char de vin.
En 1484, le Conseil donna au Roi un sanglier qui avait été apporté par les gens de Crissier; on accompagna ce cadeau de 4 grandes amphores de vin et, sans aucun doute, on banqueta royalement.
On voit par le texte que l’Epiphanie de 1503 fut célébrée avec plus de luxe. La longueur et les détails de l’inscription faite par le secrétaire du Conseil à ce sujet, tandis qu’il passe sous silence beaucoup d’autres délibérations plus importantes, montre quel prix on y attachait.
Pour faire l’étendard du Roi, mentionné dans le texte, on acheta 5 1⁄3 aunes de taffetas de soie blanche et rouge, coûtant 10 liv. 8 sol.; 3 1⁄4 onces de soie pour les franges, coûtant 34 sol. 6 den.; et l’on paya pour la confection de l’étendard 10 sol. 3 den.
Le char de vin, donné par la ville au Roi, était de Lutry. Il coûta 6 liv, et l’on paya 8 sols 6 den. pour le transporter de Lutry à Lausanne. Il y eut aussi un grand festin aux frais de la ville, auquel assistèrent le Conseil, le Roi et ses compagnons.
En 1515, ce fut un char de vin de Pully que le Conseil donna. Il coûta, rendu à Laussnne, 14 liv. 8 sol. Le même jour on délivra aux coulevriniers 18 liv. de poudre, coûtant 5 liv. 8 sol., pour tirer en signe de réjouissance.
Le Roi de l’année était le chef de la jeunesse pour toutes les fêtes qui avaient lieu pendant la durée de son règne. C’était lui, par exemple qui présidait aux fêtes où on levait le mai.
En 1511, le Conseil paya 4 tambourins et fifres qui parcoururent toute la ville à la tête de la jeunesse, et régala les jeunes gens de Pully, de Rivaz et de Saint-Sulpice, qui étaient venus /238/ lever le mai avec leurs amis de Lausanne. On leur distribua 700 pots de vin, qui coutèrent 6 liv. 8 sol. La comparaison des prix montre que ce vin n’était pas aussi cher, ni par conséquent aussi bon que celui de Pully.
En 1514, le 14 mai, les jeunes gens de Pully et de Rivaz levèrent de nouveau le mai avec le Roi et la jeunesse de Lausanne. Le Conseil les régala encore et il lui en coûta 4 liv. 4 sol.
Présent de noces à la fille du bailli.
1510. 1 août. — Fuit deliberatum per totum consilium quod fiat unum donum gratuitum nobili et potenti viro Nycodo de Cojonay ballivo Lausanne, videlicet quod dentur sibi duo mutones boni, pro solemnizatione nuptiarum filie sue dicti domini ballivi, quam dedit nobili Petro de Constantinaz domino de Orsens 1 .
Règlements sur les femmes de mauvaise vie.
1511. 10 août. - Fuit deliberatum et conclusum per subscriptos in presencia spectabilis domini ballivi Lausanne et ejus locumtenentis, in domo fratrum minorum Lausanne, debere ire per villam associatos cum dicto domino locumtenente Lausanne ad expellendum omnes mulieres meretrices et suspectas mulieres et intrare domos ubi dicte mulieres erunt. Et ita fuit datum in mandatis dominis sindicis si sit de necessitate, et fuerunt presentes et deliberantes Nobiles Franciscus Gimel, Glaudius de Praroman et Johannes de Chabie; Janinus Loys, Petrus Chouz, Benedictus Curnillion, Stephanus de Fluvio, Anthonius de Yverduno, Johannes Laurent, Petrus Rusti, Ysbrandus Daux, Petrus Wavre, Guilelmus de Lalex, Glaudius Mejoz. /239/
1511. 21 août. — Fuit datum in mandatis dom. Sindicis quod tociens quociens fuerint evocati et impetiti pro parte dom. Ballivi pro faciendo exequucionem justa [juxta] formam et tenorem statuti et visitacionis contra mulieres lubricas et suspectas in civitate, quod compareant in predicta visitacione aliqui de consilio; et si sit de necessitate habere socios scilicet arbalistarios et colovrinarios, quod possint et valeant dicti sindici petere et evocare pro associando dictos sindicos et consiliarios in dicta visitacione in civitate fienda; et ita fuit passatum per consilium.
Malgré les ordonnances de l’Eglise et les constitutions synodales des évêques, plusieurs ecclésiastiques, soit réguliers soit séculiers, de Lausanne se signalaient par leurs mœurs déréglées et par leur indiscipline. Comme on le voit par les citations ci-après des manuaux du chapitre et de la ville, l’évêque et le chapitre, d’une part, et le Conseil, de l’autre, firent de nombreux et vains efforts pour rémédier au mal. Le texte nous apprend même que le bailli de l’évêque dut recourir à l’assistance du Conseil et de la force armée pour contraindre les habitants de la Cité à obéir aux ordonnances civiles et ecclésiastiques. (Voyez l’art. du 29 mai 1485.)
1505. 27 février. R. D. episcopus peciit corrigi et justiciam fieri per eosdem dominos (capituli) de habituatis hujus ecclesie quam plurimis et poni policiam inter eos, ex eo quia ut ipse proposuit ut sequitur, videlicet, quod quam plures et quasi omnes tenent ancillas suspectas non eis licitas, eciam attento quod tempus penitencie quadragesime instat, etc. (Manual du chapitre, fol. XI verso.)
1507. 19 juillet. Pro parte dominorum de clero fuit presentata et lecta quedam supplicacio contra concubinarios habituatos mulieres in domibus eorum publice tenentes, quibus fuit provisum ut infra sex dies sub pena privationis stagii et distribucionum suarum per mensem pro qualibet vice. (Ibidem, fol. XLI verso.) /240/
1507. 6 octobre. Dom. Cantor proposuit et dixit quod licet fuerit facta auctoritate capituli monicio contra concubinarios et publicata, nulla fuit facta execucio de focariis juxta dictam provisionem, et nisi ipsi domini faciant eamdem execucionem. R. D. Episcopus Laus. faciet defectu prosecucionis, etc. Fuit conclusum quod D. Cantor associatus uno ex dominis capituli teneatur accedere hostiatim ad domos habitacionis illorum, etc. alias punientur et incarcerabuntur eciam focaria sua. Consequenter idem D. Cantor conquestus est de tabulatis habituatis in tabula ebdomali qui non faciunt, ut asseruit, debitum suum juxta statuta, peciit de remedio provideri, alias protestatus est quod ipse non faciet ulterius dictam tabulam fieri solitam, defectu observacionis prout supra. (Ibidem, fol. XLV.)
1507. 29 octobre. Fuit michi secretario factum preceptum per dominos capitulantes, quatenus hodie in vigiliis et in choro huius ecclesie statuta duo, primum videlicet, de habitu, hoc est de non intrando chorum nisi habitu completo et indumentis honestis munito juxta illud statutum, secundum vero super silencio in choro et concubinariis, etc. (Ibidem, fol. XLVI recto.)
1507. 4 novembre. Preceperunt mihi secretario fieri literas aggravatorias contra concubinarios super provisione et monicione superius contra eosdem concubinarios per capitulum facta, sub pena excommunicacionis et privacionis habitus, etc. (Ibid.)
1508. 15 mars. Prefati domini statuerunt et voluerunt quod quilibet canonicus mulierem suspectam in domo sua forsan publice vel occulte tenens, illam habeat ejicere infra octo dies proximas, alias non admictatur ad stagium sed privetur seu suspendatur suis distribucionibus ex nunc prout ex tunc. (Ibid. fol. L verso.)
1527. 19 novembre. Conclusum super facto dominorum de capitulo, quod electi vadant die crastina ad capitulum et ibidem eisdem dicere quod debeant claudere et obturare firmiter postellas existentes in muris et mœniis communitatis; nec non quod debeant expellere eorum concubinas ab eorum domibus; alias ponetur remedium et hoc infra tres dies. (Manual de la ville.) /241/
1528. 5 mai. - Comparuerunt in consilio ven. dom. Petrus Fabri vice gerens et Michael Francisci castellanus Rippe Ochiaci, nomine R. D. N. Laus. Episcopi, quod cum dom. Glaudius Domengi, vicarius Pulliaci esset detentus super casu homicidii, tam per se quam per eius complices perpetrati in personam dom. Ludovici Perret capellani, qui a dictis carceribus effugit et eosdem fregit et se salvavit ad conventum S. Francisci, etc. (Ibid.)
1528. 12 et 13 décembre. – Item magis fuerunt opinionis debere ire die crastina ad dominos de capitulo, religiosos sancti Marii, beate Marie Magdalenes et conventus sancti Francisci … et fuit eisdem demonstratum et sommatum prout deliberatum fuit, quod debeant expellere eorum concubinas ab eorum religionibus et debere vivere honeste et secundum Deum. (Ibidem.)
Voyez, sur ce sujet, Amtliche Sammlung der ältern eidgenössischen Abschiede., Band IV., Abtheilung I., C., pag. 84 à 88, où l’on trouve une analyse très étendue d’une pièce conservée aux archives cantonales de Fribourg. (Payerne, No 124.)