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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Société d’histoire de la Suisse romande :

Procès-verbaux de 1867 à 1876

Dans MDR, 1879, tome XXXIV, pp. 229-266

© 2024 Société d’histoire de la Suisse romande

/229/

Société d’histoire de la Suisse romande :

PROCÈS-VERBAUX FAISANT SUITE A CEUX PUBLIÉS DANS LES TOMES VIII, XII, XVIII ET XXI

 


 

Séance du 23 mai 1867, au Musée industriel, à Lausanne.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

Sont admis comme membres de la Société :

MM. Auguste Bernus, à Lausanne; Max Bonnet, professeur, à Lausanne; Charles Bugnion, fils, à Lausanne; Gustave Collin, juge de paix, à Pontarlier; d’Albis, député, à Jouxtems; Eugène de Budé, à Genève; Edouard Rochat, docteur-médecin, à Rolle; Louis Tronchin, député, à Lavigny.

La Société a perdu par décès : MM. Kopp, de Lucerne; Frédéric Troyon, Louis Bridel et Delafontaine, à Lausanne; d’Angreville, à Martigny; Besse, à Bagnes; par démission : M. Martin-Barnaud, à Lausanne.

M. le président exprime les regrets de la Société au sujet de la perte de tant de membres, dont quelques-uns avaient acquis, dans notre pays et à l’étranger, une illustration méritée. Il rappelle que M. Troyon a légué sa collection d’antiquités au musée cantonal vaudois, en en laissant toutefois la jouissance à sa veuve. /230/ Mme Troyon s’est dessaisie de son droit et a remis immédiatement au musée la collection de son mari. L’Etat de Vaud fait le nécessaire pour recevoir le don de notre regretté concitoyen. La collection sera conservée dans l’ordre même où l’avait placée M. Troyon.

Sur la proposition de M. Louis Vulliemin, la Société décide d’exprimer à M. Troyon sa reconnaissance.

M. le président annonce que le tome XXII de nos Mémoires, contenant la première partie du Cartulaire de la Gruyère, sort de presse.

Sur la proposition de M. Armand de Mestral, l’assemblée discute la question de savoir si elle ne devrait pas entreprendre ou du moins encourager la publication d’un Almanach historique, renfermant des récits historiques, des biographies, et, en général, des morceaux patriotiques et populaires, du genre de ceux que publiait jadis le Conservateur suisse. Une publication de ce genre existe à Berne, sous le nom de Taschenbuch, et elle a parfaitement réussi.

L’assemblée, tout en accueillant favorablement l’idée d’une publication semblable, paraît plus disposée à l’encourager qu’à l’entreprendre elle-même, vu qu’elle a assez à faire à publier les travaux dont elle seule peut se charger. La question, du reste, ne pouvant pas facilement être résolue séance tenante, a été renvoyée au bureau.

L’assemblée entend diverses communications historiques :

M. Edouard Secretan expose ses idées sur l’avouerie de Lausanne au XIIe siècle. Il explique les diverses sortes d’avouerie à cette époque, et les rapports des évêques de Lausanne avec les Zahringen. Il croit que l’évêque de Lausanne était comte de Vaud, et que le comte de Genève était son avoué épiscopal.

M. Armand de Mestral lit une notice sur la famille des de Pesme, dont le dernier représentant fut le général de Saint-Saphorin. Il raconte le procès de haute trahison intenté à Perceval de Pesme, en 1535, à cause de sa participation à une entreprise destinée à rétablir à Genève l’autorité du prince-évêque.

M. Martignier lit un article de son Dictionnaire historique actuellement sous presse. /231/

M. l’abbé Gremaud lit une notice sur le Fribourgeois J.-P. Tercier, un des agents de la correspondance secrète de Louis XV.

M. François Forel donne quelques renseignements sur les origines des franchises du Pays de Vaud. La découverte du texte des franchises de Villeneuve prouve que celles du Pays de Vaud sont d’origine savoisienne.

 

Séance du 3 septembre 1867, au château de Nyon.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

M. le président rappelle que la Société s’est réunie à Nyon déjà en 1844. Depuis lors, d’importants travaux ont été faits sur le Comté des Equestres. La circonscription du Comté a été mieux délimitée. La tradition relative à un prétendu évêché de Nyon a été réduite à sa juste valeur. Quelques découvertes d’antiquités ont eu lieu; on a trouvé entre autres des pierres milliaires qui n’étaient pas en place, mais destinées à être transportées ailleurs. Malheureusement on n’a pas encore retrouvé une magnifique mosaïque qu’on sait devoir exister sous le sol de Nyon.

Ont été admis comme membres effectifs :

MM. Henri Brocher, professeur, à Lausanne; Antony Durand, à Lancy; Georges Favey, à Lausanne; Jules Jurgensen, président de la Société d’utilité publique et des Amis de l’industrie, au Locle; Rodolphe Mestral, pasteur, à Nyon; Charles Ritler, instituteur, à Morges; Rodolphe Rey, à Genève; Meinrad de Werro, chanoine de l’abbaye de Saint-Maurice.

La Société a perdu par démission : MM. Burnat, architecte, à Vevey; Léger, pasteur, à Genève; et Alexis Payoz, à Bex; — par décès : M. Gielly, curé, à Port-Vallais.

M. le président annonce que l’impression du tome XXIIIe de nos publications, qui est un volume de mélanges, en est à la dix-neuvième feuille. /232/

M. Vuy demande s’il ne serait pas possible d’ajouter à ce volume le mémoire de M. de Gingins sur les Burgondes, qu’il est difficile de se procurer.

M. le président fait remarquer que M. de Gingins avait changé d’opinion sur des points importants, et avait dit lui-même que, s’il fallait réimprimer son travail, il y ferait de grands changements. Le vœu de M. Vuy est renvoyé au comité de publication.

M. Roux lit une notice biographique sur quelques hommes remarquables qui ont vécu à Nyon : Reverdille, qui fut longtemps professeur à Copenhague; de l’Espinasse, physicien de mérite, qui possédait un cabinet de physique réputé le plus beau alors de toute la Suisse; le pasteur Gonthier, qui a fait d’importantes publications historiques, entre autres celle des Pères de l’église; Alexandre Roget, qui fit une belle carrière militaire; Samuel Engel, homme de lettres, géographe, historien, mais surtout philanthrope, et qui introduisit la pomme de terre dans le bailliage de Nyon.

M. Gaberel fait une communication au sujet de deux pièces relatives à Nyon: l’une, de l’an 1793, sur le rachat des gîtes de guerre; l’autre, une supplique de l’an 1699, au sujet des réfugiés pour cause de religion.

M. Thioly fait une communication sur des antiquités trouvées dans des tombes à Loetschen. Ce sont surtout des bracelets, acquis par les musées de Genève et de Lausanne et par M. Thioly lui-même qui expose les siens devant l’assemblée. La plupart de ces bracelets sont petits et donnent lieu à une conversation entre quelques membres de la Société, sur la force et la taille des hommes de cette époque.

M. Galiffe lit un mémoire sur les Origines de Saint-Gervais et sur les rapports avec la ville de Genève. Il donne des détails sur l’étendue primitive de l’ancienne Genève, qui s’arrêtait au haut de la Cité. Saint-Gervais n’était pas un faubourg de la ville, mais un bourg distinct. Les deux rives du Rhône obéissaient à deux autorités ecclésiastiques distinctes. Plus tard, Saint-Gervais passa en la possession de l’évêque de Genève; mais la fusion des habitants de ce quartier avec ceux de la ville ne s’opéra que lentement. Cette différence et cet antagonisme se retrouvent dans plusieurs /233/ villes, à Rome, à Francfort. On a remarqué que, dans ces cas, la population la plus faible était la plus entreprenante, et celle qui avait le plus d’esprit de corps.

M. le président fait, au nom de M. de Foras, une communication sur les archives du dernier des évêques de Lausanne, qui ont été transportées en Savoie. Il cite, en particulier, une lettre de l’empereur Maximilien, datée du 1er juillet 1499 et adressée à l’évêque de Lausanne, pour l’inviter à le soutenir contre les ligues suisses. C’était quelque temps avant la bataille de Dornach qui termina la guerre de Souabe.

M. Martignier lit une notice sur Sainte-Croix et sur Othon de Grandson, extraite de son Dictionnaire historique du canton de Vaud.

M. Le Fort fait une exposition sur un certain engagement ou cautionnement du moyen âge, connu sous le nom d’otage. Il fait l’historique de cette institution juridique.

M. Vuy présente quelques observations sur le rapport de la contrainte par corps avec l’otage, et sur un mode spécial de l’otage, en vertu duquel le créancier envoyait des hommes séjourner sur les terres du débiteur ou dans une hôtellerie, jusqu’à ce que le débiteur eût rempli ses obligations.

Une communication de M. Roget sur le régime féodal des prisons de Genève au XVIe siècle, et une autre de M. Wiener, sur l’étymologie de quelques noms de lieux dans notre pays, sont renvoyées à la séance suivante.

 

Séance du 28 mai 1868, dans la salle du Musée industriel, à Lausanne.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

Sont admis comme membres effectifs :

MM. le Dr Jean de Laharpe, père, à Lausanne; Emile Jaques, à /234/ Lausanne; Jean-Jacques Mercier, fils, à Lausanne; Meylan, notaire, à Lausanne.

La Société confère le titre de membre honoraire à M. J. Chevalier.

Le président annonce le décès de MM. Krütli, membre honoraire, Jean-Jacques Mercier, père, Etienne Delessert et Charbonnier, membres effectifs, ainsi que la démission de M. Calpini.

Le bureau est réélu en entier, de même que le comité de publication.

MM. Ernest Chavannes et Wyttenbach sont nommés commissaires-vérificateurs pour les comptes du prochain exercice de 1868 à 1870.

La Société est informée que le tome XXIIIe de nos publications (II partie du Cartulaire de Gruyère) en est à la feuille vingtième, et que le tome XXVe (Cours d’antiquités par M. Troyon) en est à la feuille vingt-deuxième.

Les comptes de l’exercice 1866 à 1868 sont approuvés. La commission de vérification demande qu’à l’avenir les comptes lui soient soumis au moins deux semaines à l’avance. La Société s’en réfère à sa précédente décision de clore si possible les comptes au 31 décembre.

La fixation du lieu de réunion d’été est laissée au comité. On propose Chillon.

La proposition de M. Vulliemin, de rétablir la commission archéologique qui existait autrefois, est renvoyée à l’examen du bureau.

M. Thioly lit un mémoire sur l’époque du renne dans la vallée du Léman. Il expose les résultats d’une découverte d’objets en silex et d’ossements divers trouvés à Veyrier près Genève. Sur quelques-uns de ces objets, on distingue des figures nettement dessinées, ainsi une fougère, un bouquetin. Dans les ossements, M. Rutimeyer a reconnu une faune alpine bien caractérisée. M. Thioly expose en outre des haches de pierre trouvées aux Eaux-Vives près Genève, dans une station lacustre de l’âge de la pierre.

M. Gosse expose de son côté des objets trouvés également à Veyrier. Ces objets présentent aussi des dessins. M. Gosse montre /235/ une carte des emplacements lacustres près de Genève. C’est la plus grande station des palafittes en Suisse.

M. Amédée Roget lit un mémoire sur l’attitude de la république de Genève lors du passage du duc d’Albe, en 1567. M. Roget ne croit pas qu’il entrât dans les plans de Philippe II d’attaquer Genève. Il n’était pas non plus dans l’intérêt du duc de Savoie de voir le roi d’Espagne mettre la main sur cette ville.

M. le Dr F.-A. Forel, fils, expose plusieurs objets, tels que bracelets, bagues, etc., sur lesquels il donne quelques explications. Ces objets sont tirés de sépultures de l’âge de bronze, à Saint-Prex.

M. Adolphe Blanchet lit une notice sur la cathédrale de Lausanne.

Enfin M. le président expose deux belles photographies d’objets d’antiquités offertes à la Société par M. Griollet.

 

Séance du 3 septembre 1868, au château de Chillon.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et approuvé.

Plus de cent membres sont présents.

M. le président ouvre la séance par un discours dans lequel il expose brièvement les principaux souvenirs historiques qui se rattachent au lieu de la réunion.

Le bureau fait rapport sur la proposition, faite dans la dernière séance par M. Vulliemin, de nommer une commission d’archéologie; il conclut à en nommer une. Cet avis est adopté par l’assemblée qui remet le choix de cette commission au comité.

Celui-ci la compose de MM. Forel, père, président; Desor, professeur, à Neuchâtel; Morel-Fatio; Gosse, directeur du Musée archéologique de Genève; Henri Carrard, président du tribunal de Lausanne.

Sont reçus comme nouveaux membres de la Société :

MM. Morax, docteur, à Morges; Paul Van Muyden-Sautter, à /236/ Lausanne; Alfred Renevier, avocat, à Lausanne; Théodore Duplessis, docteur, à Roche; Bauer, curé de Vevey; Albert de Blonay, à Vevey; Julien Dubochet, banquier, à Montreux; Léon Rémy, à Bulle.

M. Louis de Charrière lit une communication sur les dynastes de Mont.

M. Le Fort, professeur, expose quelques vues au sujet des traditions symboliques usitées dans ce pays au moyen âge; comme aussi sur les mesures de la terre et les diverses manières de marquer l’orientation des immeubles.

M. Gaberel lit une notice sur la translation des cendres de J.-J. Rousseau au Panthéon. Elle n’a eu lieu qu’après la chute de Robespierre qui s’y opposait.

M. Morel-Fatio parle : 1o d’une trouvaille monétaire assez considérable faite à Meillerie, et dans laquelle se trouvent des monnaies rares d’évêques de Lausanne; 2o d’une série de tombes burgondes, trouvées tout récemment dans la tranchée du chemin de fer de Jougne, entre Arnex et Croix, au lieu dit Romanel.

M. le Dr Forel, fils, donne de nouveaux renseignements touchant l’anneau de serment trouvé à Morges. On a des figures d’anneaux pareils du temps des Sassanides; des anneaux de ce genre ont aussi été trouvés au Mecklembourg. M. Forel apprend aussi à la Société la découverte de menhirs, tout pareils à ceux de l’Europe, qu’une tribu sauvage à l’usage d’élever de nos jours encore dans le Bengale.

M. Amédée Roget lit un mémoire touchant les grèves d’ouvriers qui eurent lieu à Genève au XVIe siècle, et l’attitude de l’autorité à leur égard.

 

Séance du 2 juin 1869, à l’hôtel de ville de Lausanne.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et approuvé.

Sont admis comme membres effectifs : /237/

MM. S. Bury, juge cantonal, à Lausanne; Ferdinand Challant, à Lausanne, Alfred Cérésole, pasteur, à Ormont-dessus; Gustave de Blonay, à Bâle; Fernand De Lessert, à Lausanne; Delessert, chef d’institution, à Lutry; Auguste Noblet, à Lausanne; Adolphe Perey, à Lausanne; Rod allié Ducloux, à Montreux.

M. le président annonce les décès de plusieurs membres :

MM. Frédéric de Blonay, Xavier Gottofrey, Louis Quibliet, Dr Flaxion, Dr Huc Mazelet et d’un membre honoraire, M. Namur, de Luxembourg. Il communique aussi la démission de MM. Lecomte, Jules Muret, d’Albenas, Crinsoz de Cottens et Charles de Félice.

Le président lit une lettre de M. le colonel Maurice Doxat qui invite la Société à se réunir cet été au château de Champvent. L’assemblée accepte avec reconnaissance. Elle prend note de l’invitation faite par quelques membres de Genève de se réunir l’année prochaine dans cette ville.

M. le président informe la Société que la commission d’archéologie, nommée l’année dernière, s’est réunie et a décidé de préparer les matériaux pour un travail sur l’archéologie suisse.

M. le président expose sur le bureau des vues photographiques de blocs druidiques qu’a fait prendre M. le pasteur Vionnet, à Etoy. La Société décide d’encourager cette publication.

M. Jules Chavannes lit un Mémoire sur le patois, dont il indique les principaux caractères. Il donne des renseignements sur les manuscrits laissés par M. Moratel. Il engage les amis de notre vieille langue romane à imiter ce dernier et à poursuivre les recherches dans ce domaine.

M. Edouard Sécretan fait une communication sur les étymologies des noms de lieux. Il donne des renseignements sur les anciennes populations des Alpes occidentales et il exprime l’opinion que quelques noms des Alpes viennent du Ligure et s’expliquent par la langue basque.

Quelques membres prennent à cette occasion la parole. M. L. Vulliemin, entre autres, dit que M. Morgan, du Pays de Galles, qui a habité longtemps la Tour, a trouvé des ressemblances entre les noms de nos montagnes et les noms celtiques. Il a ensuite habité /238/ Menton et n’a trouvé dans les noms de montagnes de la contrée aucun rapport avec le celtique.

M. Daguet lit un chapitre de la Biographie du Père Girard. Il parle des rapports du Père Girard avec Stapfer, et donne des détails sur l’activité de cet homme d’état.

M. Adolphe Blanchet lit des fragments d’un travail sur l’antique Lausonium.

M. Vuy lit un travail sur la date de l’avénement de Guillaume III, comte de Genève, et sur l’étymologie du mot Corraterie.

L’heure avancée ne permet pas la lecture des mémoires annoncés par MM. Pictet-de Sergy, Gaberel et Amédée Roget.

 

Séance du 19 août 1869, au château de Champvent.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

M. le président exprime les remerciments de l’assemblée à M. Doxat pour l’accueil cordial qu’il fait à la Société.

Sont admis comme membres effectifs :

MM. Auguste Rieu, à Lausanne; François Demelay, à Baulmes; Charles Rimond, pasteur, à Grandson; Maurice Doxat, à Champvent; Henri de Blonay, à Reichshoffen (Bas-Rhin); Charles Pache, à Morges; Ferdinand Reverdin, à Genève; Théodore de Meuron, à Mont-sur-Rolle; Mallet-de Blonay, à Jean-des-Bois, près Crassier; Paul Dilly, pasteur, à Rances; Jules Dupertuis, pasteur, à Montagny; Eugène Girardet, chef d’institution, à Lausanne; L. Duvoisin, voyer de district, à Yverdon; Auguste Huc Mazelet, fils, à Morges.

M. le président propose de conférer le titre de membre honoraire à M. Edgar Quinet qui habite actuellement Montreux, et le titre de membre correspondant à MM. le baron Anatole de Gallier, à Tain, président de la Société archéologique de la Drôme; de Jussieu, archiviste, à Chambéry, et l’abbé Ducis, archiviste, à Annecy. /239/

M. Daguet émet le vœu qu’à l’avenir le décès d’un membre soit mentionné au procès-verbal par une notice biographique. La proposition est renvoyée au comité.

M. Armand de Mestral lit une notice sur la famille Doxat.

M. Gaberel lit une narration de l’apothéose de Voltaire avec des citations tirées du Moniteur.

M. Morel-Fatio fait observer que des travaux de ce genre ne touchent la Suisse qu’indirectement. Notre Société, conformément à son but, doit consacrer son temps aux mémoires relatifs à notre histoire nationale et spécialement aux points obscurs de cette histoire.

M. Gaberel lit encore un compte rendu sur l’Histoire de Savoie, publiée par M. de Saint-Genis, et cherche à prouver l’impartialité de cet auteur.

M. Amédée Roget lit un mémoire sur l’alliance conclue en 1584 entre Genève, Berne et Zurich, et donne des détails sur l’accueil splendide fait par le peuple de Genève aux députés de Zurich et de Berne.

M. l’abbé Jeunet lit un Essai biographique sur Hugues de Châlons, dernier seigneur d’Orbe, et sur la part prise par ce dernier aux guerres de Bourgogne.

M. Mabille lit une notice sur les fouilles pratiquées en 1861 et 1862 près de Champvent et de Vuittebœuf. M. Mabille fournit quelques indices sur les ruines d’un château dont il présente les plans.

M. Martignier pense que c’était le château de Peney qui existait du temps des Châlons et qui doit avoir été brûlé dans les guerres de Bourgogne.

M. Sautter invite la Société à se réunir une fois à Bonmont, si ce n’est l’année prochaine, du moins bientôt. Il prie le bureau de prendre note de l’invitation. L’offre de M. Sautter est accueillie par les applaudissements de l’assemblée.

M. le pasteur Alfred Cérésole propose que la Société d’histoire de la Suisse romande pourvoie par les moyens qu’elle jugera les plus convenables, soit par l’intermédiaire de l’état, soit par une adresse directe à MM. les pasteurs, à l’établissement dans chaque /240/ paroisse d’un registre historique, où serait recueilli tout ce qui peut concerner l’histoire des temps passés (aux points de vue divers de la politique, de la religion, de la statistique, des sciences naturelles), et où seraient aussi annuellement consignés les principaux faits du temps présent.

M. Morel-Fatio approuve les intentions de M. Cérésole, mais trouve son cadre trop vaste. Pour agir utilement, il faut restreindre ce cadre, ne s’occuper que du passé, veiller surtout à la conservation des archives. M. Morel-Fatio voudrait attirer l’attention du gouvernement sur la nécessité de sauver nos archives qui sont souvent dans un état déplorable.

Toute la question est renvoyée à l’examen du bureau.

 

Séance du 9 juin 1870, à l’hôtel de ville de Lausanne.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et approuvé.

Sont admis comme membres de la Société :

MM. Théodore Bergier, notaire, à Lausanne; Edouard Naville, à Genève; Eugène Secretan, professeur, à Lausanne; Edouard de Muralt, professeur, à Lausanne.

M. Marc Constançon a donné sa démission.

La Société a perdu par décès son secrétaire, M. le professeur Edouard Sécretan.

M. le président dit quelques mots sur les travaux de M. Sécretan et exprime les regrets vivement sentis de la Société pour la perte de cet homme si distingué et qui a rendu tant de services à notre histoire nationale.

La Société a perdu encore, parmi ses membres effectifs, MM. l’avocat Louis Pellis, Huguenin, et le comte de Montalembert; parmi ses membres honoraires, M. Yaffé, professeur, à Berlin.

Conformément aux règlements, l’assemblée procède à l’élection du bureau. M. Forel, président, et M. Duperrex, secrétaire, sont /241/ réélus; M. Morel-Fatio est nommé à la place de M. Ed. Sécretan. Le comité de publication est réélu, ainsi que les commissaires-vérificateurs pour les comptes de l’année 1870-1871.

Les comptes du secrétaire-caissier, pour l’exercice 1868-1869, sont approuvés.

M. Sautter renouvelle par lettre son invitation au château de Bonmont, et offre de recevoir la Société cette année ou l’année prochaine. M. le président rappelle qu’il a aussi été question de Bulle. L’assemblée renvoie la décision au bureau, en recommandant le choix de Bulle.

M. le président annonce que le Congrès archéologique international se réunira cette année à Bâle. La Société suisse d’histoire a décidé de fondre sa réunion avec celle du Congrès. M. le président invite les membres de notre Société à s’y rendre.

M. Ernest Chavannes et M. le banquier Marcel font hommage à la Société d’une carte de Lausanne, publiée par leurs soins et dessinée sur un plan qui date de la fin du XVIe siècle, et qui se trouve dans une des salles de l’hôtel de ville de Lausanne.

A cette occasion, M. Vulliemin invite les membres à faire don à la bibliothèque de la Société des ouvrages en leur possession qui, déposés dans cette bibliothèque, rendraient peut-être de grands services aux investigations de notre histoire nationale.

M. Le Fort lit un mémoire sur les hausmarken ou signes de maisons, et fait circuler une feuille contenant des hausmarken trouvés sur des tombes de familles au moyen âge, qui lui ont été communiquées par M. Forel. Les hausmarken ont servi de signature; ils sont un point de départ pour fixer l’origine des noms de famille et celle des droits personnels. M. Le Fort invite les membres qui auraient des renseignements à fournir sur ce sujet de les transmettre au bureau. On arriverait peut-être ainsi à avoir les matériaux d’une publication digne de figurer dans la collection de nos mémoires.

M. Morel-Fatio donne aussi des détails sur ce sujet. Il possède un grand nombre de pièces de même nature et montre que l’Italie a contribué autant que le nord à cet usage.

M. l’abbé Gremaud lit un mémoire sur le vidomat de Sion, /242/ indiquant la nature et les droits de cette charge, ses rapports avec les autres offices de la ville de Sion, ainsi que les noms des vidomes jusqu’à la fin du XVIe siècle.

M. Pictet de Sergy lit un mémoire sur le Grütli, dans lequel il expose les origines de la Confédération suisse et défend certains points de la tradition.

M. de Muralt ajoute qu’il existe des preuves contemporaines en faveur de la tradition dans une chronique genevoise composée de fragments divers.

M. le Dr Forel fait une communication sur diverses découvertes archéologiques. Il produit un ceinturon de bronze trouvé à Echandens et offert au musée de Lausanne par M. Ch. Gudy. Il expose encore trois morceaux d’une pièce trouvée par M. Revilliod de Muralt, et composée d’anneaux de bronze réunis ensemble. M. Forel croit que ces anneaux étaient de la monnaie.

M. Morel-Fatio pense que ces anneaux étaient plutôt destinés à une cotte de mailles; le fait qu’ils sont aplatis vient à l’appui de cette hypothèse.

M. de Muralt lit des extraits d’un ancien manuscrit d’un citoyen de Lausanne, nommé François, où il est question de la conspiration d’Isbrand Daux, de l’Escalade, etc.

M. Adolphe Blanchet annonce que son travail sur les Origines de Lausanne, dont il a lu des fragments à la Société, ne tardera pas à sortir de presse. Il distribue aux membres quelques planches qui accompagneront cette publication.

 

Séance du 1er septembre 1870, au château de Bulle.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

M. le président ouvre la séance en rappelant la réunion qui eut lieu le 7 août 1855 au château de Gruyère. Il rappelle encore que /243/ la Gruyère a été de la part de notre Société un objet spécial d’études et que le Cartulaire de la Gruyère est un des recueils diplomatiques les plus complets. M. le président ajoute que si nous nous sommes réunis cette année en dépit de la guerre qui divise deux grands peuples, c’est que nous n’avons pas cru devoir renoncer à cette occasion de resserrer les liens qui unissent les membres de nos divers cantons.

Les paroles de M. le président sont accueillies par des témoignages unanimes d’approbation.

Sont admis membres de la Société :

MM. Henri de Mandrot, à Echichens; Camille Favre, à la Grange, près Genève.

M. le président annonce que M. Morel-Fatio a bien voulu se charger de la bibliothèque de la Société, bibliothèque qui sera transportée au musée.

M. l’abbé Gremaud ouvre la série des travaux par la lecture d’une notice historique de la ville de Bulle, jusqu’à l’incorporation de cette ville au canton de Fribourg.

M. L. Vulliemin lit une notice sur les commencements de l’institut de Pestalozzi. Le manque de temps ne permet pas à M. Vulliemin de lire encore un fragment des biographies suisses que prépare M. Eugène Secretan.

M. de Muralt expose les résultats d’une nouvelle enquête sur les origines de la Confédération suisse, tendant à prouver que les traditions relatives à Guillaume Tell remontent plus haut que ne l’admet la critique moderne.

M. Grangier lit une notice sur des découvertes lacustres à Estavayer, notice dédiée aux Etrennes fribourgeoises.

M. Desor donne quelques explications sur les objets présentés par M. Grangier, en particulier sur ce qu’on appelle les haches de commandement, et sur des anneaux réunis.

M. le Dr François Forel, fils, fait une communication sur la chronologie archéologique.

M. Amédée Roget lit une notice sur les rapports entre Genève et la France, à l’occasion de la mort de Henri IV.

M. Léon Ræmy lit un chapitre de l’histoire de Neuchâtel, de 1512-1529, /244/ période pendant laquelle les cantons ont été maîtres de cette ville.

M. Majeux lit une notice sur la ville de Bulle et donne des détails sur l’ancienne topographie de la ville.

Enfin, M. Desor fait une communication sur l’abaissement des lacs du Jura.

 

Séance du 25 mai 1871, au Musée industriel, à Lausanne.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

La Société a perdu par décès MM. Rodolphe Genton, Meystre, Emile Dubochet, ainsi que M. Martignier, membre du comité de publication et qui a rendu de grands services à la Société par ses divers travaux historiques. — La Société a aussi perdu deux de ses membres honoraires : MM. Cibrario et Meyer. Elle a reçu la démission de MM. Auckenthaler et Renaud.

Ont été reçus membres de la Société :

MM. Ernest Correvon, licencié en droit, à Yverdon; Eugène Delessert, à Lausanne; Louis Grenier, avocat, à Lausanne; Eugène Soutter, licencié en droit, à Lausanne; Paul Vulliet, professeur, à Lausanne; Ernest Lehr, professeur, à Lausanne; William Cart, professeur, à Lausanne; Charbonnier-de Miéville, à Aubonne; Bernard Mandrot, à Vallamand (Vully); W. de Saint-Georges, à Changins, près Nyon; Vittoz, chef d’institution, à Morges.

M. le président communique une lettre de M. Sautter qui réitère à la Société l’invitation de se rendre à Bonmont pour la séance d’été. L’assemblée accueille avec reconnaissance l’offre de M. Sautter, et, suivant l’usage, remet au bureau le soin de décider cette question.

M. Morel-Fatio donne des renseignements sur l’état actuel de notre bibliothèque qu’il a fait transporter au Musée. Elle est ainsi accessible tous les jours et à toute heure; aussi est-elle fréquemment /245/ consultée. M. Morel ajoute qu’il en a fait le catalogue et que l’impression de ce catalogue est devenue indispensable.

M. le prof. L. Vulliemin se fait l’organe de la Société pour remercier M. Morel-Fatio de toute la peine qu’il s’est donnée. M. Vulliemin profite de cette occasion pour soulever de nouveau la question d’un Athénée, destiné à réunir les diverses bibliothèques de Société disséminées dans le pays. Il pense qu’il faudrait, à cet effet, former une société d’actionnaires. Toute l’affaire est renvoyée au bureau.

L’assemblée entend les communications suivantes :

M. Galiffe lit un mémoire sur l’origine, la nature et le développement des libertés et franchises de Genève.

M. Vuy et M. Pictet de Sergy ajoutent quelques détails sur les franchises de Genève.

M. de Muralt établit des rapprochements avec les libertés d’autres cités.

M. Charles Morel fait remarquer qu’aucune inscription ne donne à Genève le titre de civitas; les inscriptions la désignent seulement comme un vicus.

M. William Cart explique une inscription trouvée à Avenches. Il donne quelques explications sur les personnages qui y figurent, ainsi que sur les institutions et les mœurs de l’époque.

M. Vuy lit une notice sur les Etats généraux de Savoie en 1522.

M. de Rougemont lit une notice sur les temps préhistoriques de la Suisse romande. Il montre par des étymologies qu’il existait des relations entre l’Europe et la Lybie, et que les lacustres venaient de l’Afrique. — M. de Rougemont communique encore une brochure de M. Moggridge, ayant trait à des dessins tracés sur les rochers qui entourent les lacs des Merveilles, près du col de Tende. M. de Rougemont se demande ce que signifiaient ces dessins.

M. le président dit qu’il connaissait la brochure en question. Il l’a soumise à M. Edouard Naville, qui lui a fait remarquer que l’auteur n’ayant donné ni les mesures des dessins ni leurs positions respectives, il était difficile de se former actuellement une opinion définitive sur ce sujet.

M. Adam Vulliet lit une brochure sur la situation des lépreux au moyen âge. /246/

M. Morel-Fatio fait observer que les cas de lèpre ne sont pas toujours l’occasion des cérémonies ecclésiastiques dont parle M. Vulliet. La défense du mariage n’était pas non plus absolue.

M. Desor pose la question de savoir si les cimetières de bossus étaient des cimetières de lépreux.

Enfin, M. Morel-Fatio présente au nom de M. Gætzinger, de Bâle, un modèle d’une maison lacustre.

Vu l’heure avancée, les communications annoncées par MM. Blanchet et Roget sont renvoyées à une réunion suivante.

 

Séance du 31 août 1871, au château de Bonmont.

PRESIDENCE DE M. F. FOREL

M. Amédée Roget remplaçant M. Duperrex, absent, donne lecture du procès-verbal de la séance précédente, qui est approuvé. A l’occasion du procès-verbal, M. le président fait remarquer à propos du travail de M. Galiffe et des observations de M. Morel que Genève se trouve indiquée dans la Notitia civitatum avec le titre de civitas. — M. le président souhaite la bienvenue aux membres de la Société, et remercie M. Sautter de l’invitation qu’il leur a adressée.

M. Ch. Le Fort donne lecture de quelques chapitres d’un mémoire fort développé composé par M. Alexandre van Berchem, relatif à l’abbaye de Bonmont. Ce travail fait ressortir les modifications qui se sont opérées dans la manière dont les frères de Cîteaux géraient les terres qui leur étaient dévolues.

M. Amédée Roget donne lecture d’une notice relative à la correspondance qu’entretint Gustave-Adolphe avec le Conseil de Genève, et à une ambassade que ce prince envoya à Genève au commencement de l’an 1652.

M. le président Forel donne quelques détails sur le contrat de mariage de la reine Berthe, avec Hugues, roi d’Italie, daté de 950 /247/ et dressé à Colombier. Cet acte a été conservé dans les archives de Milan.

M. Thioly présente une épée trouvée à Bellevue sur les bords du lac, et déduit de cette trouvaille quelques considérations.

M. Roux expose des amphores et rend compte des fouilles récemment faites à Nyon, à l’occasion des travaux de canalisation.

M. de Muralt donne lecture d’une notice relative à la seigneurie du Châtelard.

M. Hipp. Gosse présente le dessin d’un retranchement de pierres qui entoure la croupe du petit Salève.

M. Ad. Blanchet donne lecture d’une notice sur les conciles d’Agaune et d’Epaone, tenus sous le règne de Sigismond.

M. Vionnet soumet aux assistants des reproductions photographiques de divers monuments mégalithiques de nos contrées.

Sont admis membres effectifs :

MM. Eugène Muret, à Morges; Edmond de Senarclens, à Jolimont, près Rolle; Henri Monastier, banquier, à Nyon; Adolphe Lambossy, à Nyon; Eugène Risler, à Calèves, près Nyon; Paul Vionnet, à Etoy.

M. Jules Gautier, archiviste de Besançon, est nommé membre correspondant.

M. le président présente deux volumes de l’Archivio veneto, envoyés par M. Victor Cérésole.

 

Séance du 6 juin 1872, à l’hôtel de ville de Lausanne.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Sont admis comme membres de la Société :

MM. Albert Sarrasin, à Genève; A. Méan, pasteur, à Saint-Saphorin. La Société a perdu par décès : M. le chanoine Carrard, à Sion; M. Paul Lullin, à Genève; M. Alexandre van Berchem, à Crans. /248/

M. le président dit quelques mots des services rendus à la Société par MM. Lullin et van Berchem. M. Lullin s’est distingué dans les publications qu’il a faites en commun avec M. le professeur Charles Le Fort. Une notice de M. Claparède sera remise à la bibliothèque de la Société. M. Alexandre van Berchem a laissé des manuscrits précieux. Il serait à désirer que ces matériaux ne fussent pas perdus et que quelqu’un voulût bien s’occuper de leur publication.

La Société a perdu encore par démission : M. Cuchet, à Nyon, et M. le Dr Wulliamy, à Echallens.

M. Daguet propose la nomination comme membre honoraire de M. Baumgartner, professeur, à Strasbourg. M. Baumgartner a écrit une Histoire contemporaine de l’Espagne, dans laquelle il s’est appuyé sur les dépêches d’un diplomate suisse neuchâtelois. La proposition de M. Daguet est admise.

Le secrétaire-caissier exprime le désir que la reddition des comptes pour l’exercice 1870-1871 soit renvoyée à la séance d’été, vu que notre éditeur n’a pas pu lui donner le compte exact des frais de publication. Après quelques observations de M. Morel-Fatio qui demande qu’à l’avenir les comptes soient produits en tout état de cause, l’assemblée consent au renvoi demandé.

Les membres du bureau et ceux de la commission de publication sont réélus.

L’assemblée entend les lectures et communications suivantes :

M. Morel-Fatio donne des détails sur les ateliers monétaires de l’époque féodale, et en particulier sur l’atelier monétaire de Nyon.

M. L. Vulliemin lit une lettre écrite quelque temps après la tentative de Davel et qui caractérise l’état des esprits à cette époque. M. Vulliemin rappelle à ce sujet les impressions diverses qui se manifestèrent dans le Pays de Vaud. A Cully, Davel était considéré comme un traître, et son nom équivalait à celui de traître. A Montreux, le pasteur Vautier accusait Davel d’avoir voulu assujettir le Pays de Vaud à la ville de Lausanne !

M. L. de Charrière lit une portion d’un Mémoire sur la famille de La-Sarra. /249/

M. Alex. Daguet lit une notice sur le baron de Forell, ministre de Saxe à Dresde et à Madrid.

M. le professeur Forel fait une communication sur le squelette fossile trouvé dans la grotte de Menton.

M. de Muralt lit quelques notes inédites sur le trésor de la cathédrale de Lausanne. Il lit ensuite des extraits du journal d’un pasteur vaudois du XVIIe siècle, François Jordan, de Granges.

 

Séance du 12 septembre 1872, à la grande salle du collége, à Aigle.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et approuvé.

A propos du procès-verbal, M. Morel-Fatio demande qu’à l’avenir toute proposition relative à la nomination d’un membre honoraire, ou d’un membre correspondant, soit renvoyée à l’examen d’une commission. Après avoir entendu les explications de M. le président et de M. Vulliemin sur les usages de la Société à cet égard, l’assemblée décide que la proposition de nommer un membre honoraire doit être adressée au bureau, qui est chargé de faire rapport à la prochaine séance de la Société.

M. le président exprime le regret qu’il n’y ait aucune communication sur la ville d’Aigle. Il rappelle que le dictionnaire de M. Martignier renferme déjà le résumé de ce qui est connu sur l’histoire de cette localité.

Sont admis membres de la Société :

MM. Lugardon, professeur, à Lausanne; Eugène de Tavel, à Féchy; Vodoz, pasteur, à Noville; Dumur, directeur des écoles, à Vevey; William Kuess, à Aigle; Jules Aviolat, à Aigle; Dr Jacques Larguier, à Lausanne; Charles Delessert, à Lausanne; Porchet, vicaire, à Vevey; Ernest Stræhlin, docteur en théologie, à Genève.

Les communications suivantes sont entendues :

M. le professeur L. Vulliemin fait un rapport sur un ouvrage /250/ que M. Rahn, professeur à l’université de Zurich, prépare sur l’histoire de l’art en Suisse, et dont quelques parties ont été publiées. M. Vulliemin en lit des extraits, et il engage les membres qui auraient des renseignements à donner sur les œuvres d’art dans notre pays à bien vouloir les transmettre à M. Rahn qui désire faire une œuvre aussi complète que possible.

M. le président Forel appelle l’attention sur un mémoire de M. l’ingénieur Michel, intitulé : Détermination de la longueur du pied gaulois. L’auteur croit que beaucoup de monuments en France ont été construits sur la base du pied gaulois, qui doit avoir été lui-même l’origine du pied de roi.

M. Morel-Fatio fait une communication sur une trouvaille de monnaies à Moudon, appartenant à l’époque des guerres de Bourgogne, et dont la pièce la plus remarquable est un denier de Julien de la Rovère. La date de l’enfouissement de ce trésor pourrait bien être lors du pillage de Moudon par les Bernois, qui eut lieu le 27 ou 29 juin 1476.

Sur la proposition de M. le colonel de Mandrot, la Société vote des remercîments aux habitants de la ville de Moudon qui se sont empressés de remettre à M. Morel les diverses pièces composant la susdite trouvaille.

M. Gaberel fait une communication sur les compagnies de veilleurs de la côte vaudoise, établies de 1620 à 1700, et destinées à prévenir les tentatives d’invasion des princes de Savoie. Les observateurs piémontais déclarent que les surprises étaient bien difficiles, vu que les paysans portent leurs armes à la moisson sous les gerbes. M. Gaberel demande que des recherches soient faites dans les collections de la côte pour reconstruire si possible cette partie de notre histoire.

M. Amédée Roget lit un fragment de son Histoire de Genève, qui traite des procès des semeurs de peste en 1545.

M. Morel-Fatio fait remarquer que la pratique d’oindre les portes, indiquée par M. Roget, existait avant le calvinisme.

M. Zink lit un mémoire sur les légendes de la Suisse en général et de la Suisse romande en particulier.

M. Pictet de Sergy fait une communication sur un bas-relief de /251/ l’ancien bâtiment du collége de Genève, et présente à l’assemblée une photographie de cet objet d’art.

M. de Bons, conseiller d’état, de Sion, lit une notice sur le cardinal Schinner, qui captive vivement l’attention de la Société.

La séance est levée à une heure; puis la Société se rend au Grand Hôtel des Bains où l’attendait le dîner et l’excellent accueil de la municipalité d’Aigle.

 

Séance du 4 juin 1873, à la grande salle de l’hôtel de ville de Lausanne.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

M. le président communique la démission de M. Le Maire, et la perte de M. Heldenmeyer, récemment décédé à Lausanne.

Sont admis membres de la Société :

MM. François Naeff, pasteur, à Cully; Louis Croisier, à Saint-Triphon.

Le comité propose comme membres correspondants M. Edmond Aubert, connu par une étude sur le Trésor de Saint-Maurice, ouvrage considérable et très estimé.

M. Brun-Durand, à Crest (Drôme), connu par un grand nombre de publications historiques, qui concernent des contrées appartenant à l’ancien royaume de Bourgogne, et sont par là d’un grand intérêt pour notre pays.

Les propositions du comité sont adoptées.

M. le président communique une lettre du département de l’instruction publique du canton de Vaud, annonçant que le Conseil d’état accorde à notre Société, pour 1872, un subside de 200 francs. L’assemblée vote des remercîments au Conseil d’état du canton de Vaud.

La Société entend les lectures et les communications suivantes :

M. Vulliemin dit quelques mots sur l’institution du moyen âge qui apparaît dans des documents de notre pays sous le nom de /252/ regiquina. Il communique sur ce sujet l’opinion de MM. Georges de Wyss et Frédéric de Wyss, professeurs à Zurich.

M. le professeur Henri Carrard expose aussi sa manière de voir sur la regiquina. D’après ces diverses explications, la regiquina serait une preuve juridique consistant dans un témoignage affirmé sur serment et employé dans certains cas particuliers. L’origine du mot n’est pas connue. (Erige quinos, suivant M. G. de Wyss; regis inquisitio, selon M. F. de Wyss; regis inquinamentum, suivant M. Carrard.)

M. l’abbé Gremaud fait une intéressante communication sur les stalles de la cathédrale de Lausanne. Ces stalles, d’un très beau travail, étaient autrefois en beaucoup plus grand nombre. On en a laissé perdre une quarantaine vers 1830. D’autres ont été transportées à Chillon. Celles qui restent ont probablement été faites pour la chapelle des Montfaucon au commencement du XVIe siècle. M. Gremaud émet le vœu que les stalles placées à Chillon soient rendues à la cathédrale; elles sont remarquables par leur antiquité, car elles sont les plus anciennes connues, après celles de Poitiers, et sont même d’un style antérieur à ces dernières.

Plusieurs membres ajoutent que les objets d’art de la cathédrale ont été quelquefois endommagés par les visiteurs; des pièces ont été sciées et emportées; un fragment des stalles est à vendre à Genève; des morceaux de l’ancienne rosace ont été enlevés.

L’assemblée appuie le vœu formulé par M. Gremaud et charge le comité, récemment fondé pour la conservation des monuments historiques, de travailler à sa réalisation.

M. Morel-Fatio, président de ce comité, promet qu’il fera ses efforts pour que les stalles de Chillon soient rendues à la cathédrale, et il veillera à ce qu’elles soient conservées en bon état.

M. Morel-Fatio fait une communication sur le projet d’un nouveau dictionnaire patois. Il rappelle que le Glossaire du doyen Bridel laisse beaucoup à désirer. Il y aurait une importance réelle et un grand intérêt à posséder un bon glossaire des patois de la Suisse romande. La comparaison non-seulement avec les patois voisins, mais avec les divers dialectes romans, contribuerait à avancer les études sur les langues romanes qui se poursuivent /253/ aujourd’hui avec tant d’activité. — M. Morel-Fatio pense que la dernière heure sonne pour l’étude de nos patois. Le patois, envahi par le français, s’abâtardit, et il faut se hâter de le recueillir pendant qu’on peut encore le reconnaître dans sa pureté. M. Morel-Fatio émet quelques principes à suivre dans la formation d’un glossaire. Il insiste pour qu’on écarte tous les mots qui ne sont pas pur patois. Il pense qu’ainsi réduit le glossaire sera moins étendu, mais plus vrai. Il importera de s’entendre sur l’orthographe qui est une pierre d’achoppement. M. Morel-Fatio fait remarquer qu’on a souvent employé des lettres particulières fort inutilement; on en a supprimé d’autres fort utiles, parce qu’elles ne sont pas toujours prononcées; ainsi l’r de l’infinitif, que nous omettons dans notre langage vaudois, et qui n’en existe pas moins grammaticalement.

Plusieurs membres prennent la parole à la suite de la communication de M. Morel-Fatio.

M. Gremaud fait ressortir la grande difficulté résultant soit de la différence, quelquefois assez grande, de prononciation dans des localités très voisines, soit du manque de caractères alphabétiques propres à exprimer toutes ces nuances. Peut-être faudrait-il établir un alphabet de convention et emprunter même des signes à des langues étrangères?

M. Vulliemin pense qu’il faudrait commencer par tracer un plan d’études et poser la série des questions à examiner.

M. de Muralt aimerait que le glossaire indiquât les rapports entre nos patois et les dialectes romans, tels que le provençal.

Cette opinion est combattue par M. Le Fort et par M. Vulliemin, qui insistent pour que le glossaire soit uniquement un recueil de mots. Les études comparatives viendront après. La tentative d’entrer dans le domaine de la linguistique comparée a été l’une des causes qui ont empêché notre projet d’aboutir.

Sur la proposition de M. Vulliemin, la Société institue un comité de trois membres chargés de préparer les matériaux du glossaire patois. Ce comité est composé, séance tenante, de MM. Morel-Fatio, Favrat et Croisier. On lui laisse la faculté de s’adjoindre d’autres personnes, s’il le juge nécessaire. /254/

M. le professeur Ch. Le Fort fait une communication sur la manière dont les divers peuples désignaient les quatre points cardinaux pour servir de limites aux propriétés.

M. Le Fort fait une autre communication sur la condition des femmes au moyen âge et spécialement dans la Suisse romande. Il montre que les femmes jouissaient souvent de véritables priviléges en matière civile, et que, dans le domaine politique, elles étaient placées à beaucoup d’égards sur le même pied que les hommes, héritant des fiefs, administrant leurs domaines, déclarant la guerre, etc.

M. Næff, pasteur à Cully, présente un curieux vitrail trouvé dans les combles du château de Chexbres, et renfermant au milieu la croix de Savoie.

M. Morel-Fatio entretient la Société d’une plaque de verre trouvée à Avenches; c’est une pièce curieuse formée par la soudure de diverses plaques de verre de couleurs variées.

M. Vulliemin parle d’un manuscrit intitulé Handbuch der Landschaft Vallis, qui a été trouvé à Nice. Il en existe, du reste, d’autres exemplaires dans divers endroits.

M. le président Forel fait savoir qu’il possède deux exemplaires des Chroniques de Roset, dont l’un est très ancien. — Il annonce à la société que M. Victor Cérésole, consul suisse à Venise, a fait prendre la photographie de l’acte de mariage de la reine Berthe avec le roi Hugues; ce document est à Milan.

 

Séance du 4 septembre 1873, au château de Vufflens.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

M. le président remercie M. de Senarclens de son invitation et de l’accueil cordial fait à notre Société.

Il annonce ensuite le décès de M. le colonel Tronchin, enseveli ce /255/ jour même à Lavigny, et il exprime les regrets de la Société pour la perte de cet excellent collègue.

Sont admis membres de la Société :

MM. Emile Dutoit, avocat, à Lausanne; Sigismond Martin, ancien juge d’instruction à Morges; Louis Maulaz, à Morges; Alfred Pictet de Sergy, à Genève; Charles Rivier-Viollier, pasteur, à Nyon; Théophile Rivier, pasteur, à Mazamet (Tarn).

M. le président fait une communication relative à la proposition faite à Champvent par M. le pasteur Alfred Cérésole d’établir des chroniques paroissiales. Il présente un spécimen d’une chronique de ce genre.

M. le président croit qu’il faudrait étendre la proposition de M. Cérésole et inviter à ces rédactions toute personne capable.

La proposition de M. Cérésole est adoptée et la question des voies et moyens est renvoyée au Comité.

M. Morel-Fatio dit quelques mots sur des recherches relatives aux stalles de la cathédrale. Il a trouvé dix stalles à Chillon. Le reste doit avoir disparu.

M. Morel-Fatio fait encore un rapport au nom de la commission du glossaire patois. Cette commission s’est mise à l’œuvre et elle est entrée en relations avec diverses personnes.

L’assemblée a entendu les lectures et communications suivantes :

M. le président Forel lit une notice sur le château de Vufflens, dont il discute l’origine et caractérise l’architecture.

M. Forel expose ensuite un fac-simile du contrat de mariage de la reine Berthe avec Hugues de Provence, roi d’Italie, acte qui se passa à Colombier le 12 décembre de l’an 938; — ainsi que du contrat de mariage de Lothaire, fils de Hugues, avec Adélaïde, fille de la reine Berthe, du même jour.

M. Vuy lit un mémoire sur la regiquina, mot qui désigna un moyen de preuve ou un moyen d’enquête. Le mot de giquina à Genève, géquine à Neuchâtel, a le sens de torture. La regiquine doit donc avoir été une sorte de torture.

M. William Cart fait une communication sur une ancienne tradition qui prétend que le Rhône traverse le lac Léman sans s’y arrêter. Cette croyance est si enracinée que dernièrement le Times /256/ y faisait allusion. M. Cart a recherché les écrivains anciens qui sont les auteurs de cette tradition.

M. Hornung lit une étude sur les juristes suisses, travail destiné à la galerie historique suisse publiée par M. Eugène Secretan.

M. le président dépose sur le bureau un exemplaire des lettres de Frédéric-César Laharpe et d’Alexandre, de Constantin et d’autres princes de la famille impériale de Russie. Cet exemplaire nous a été envoyé par la Société d’histoire russe à la demande de M. de Muralt.- M. le président lit une de ces lettres, adressée en 1814 à Laharpe par l’empereur Alexandre. Cette lettre est d’un grand intérêt pour l’histoire de notre patrie au moment de l’entrée des alliés.

M. le président expose enfin des photographies d’objets d’antiquités, faites par M. le pasteur Vionnet.

 

Séance du 21 mai 1874, au Musée industriel, à Lausanne.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

Le secrétaire-caissier présente le résumé des comptes de l’exercice de 1872 à 1873. Le total des recettes, y compris le solde actif du compte précédent, s’élève à 9252 fr. 25. Le total des dépenses monte à 4459 fr. 35. La balance en faveur de la Société est donc de 4792 fr. 90.

Les comptes sont approuvés.

L’ordre du jour appelle l’élection du Comité et de la Commission de publication pour le terme de deux ans. Au premier tour de scrutin, les anciens membres de l’un et de l’autre sont réélus.

Le Comité propose un changement relatif à la perception de la finance annuelle. Jusqu’ici cette perception avait lieu en même temps que l’envoi du volume. Mais depuis longtemps ce procédé présentait des inconvénients assez graves, surtout quand l’impression /257/ du volume se trouvait retardée. Le Comité a pensé qu’il fallait établir plus de régularité dans la contribution annuelle. Il demande l’autorisation de la percevoir à l’avenir indépendamment de l’envoi du volume et par une simple carte de remboursement.

La discussion est ouverte sur cette proposition.

M. Gremaud pense qu’il ne faudrait percevoir la finance annuelle que les années où nous publions un volume, et ne pas l’exiger en cas contraire.

M. Morel-Fatio soutient qu’il importe d’avoir une perception régulière, comme le font, du reste, toutes les sociétés savantes.

M. le président fait remarquer qu’il suffirait de s’en tenir à l’application stricte de l’art. 5 du règlement qui dit que « la contribution annuelle sera déterminée chaque année par l’assemblée générale », celle-ci étant toujours libre d’en fixer le montant aussi bas qu’elle le jugera à propos. M. le président pense que cette décision pourrait être prise à la séance du printemps, et que la perception devrait avoir lieu aussitôt après.

La proposition du Comité est adoptée. La perception de la finance annuelle aura donc lieu désormais par carte de remboursement. La contribution de 1873 sera abandonnée. Celle de 1874 sera retirée après la séance d’été. La perception des années suivantes aura lieu après la séance du printemps.

La Société reçoit comme membres effectifs :

MM. Dulex-Ansermoz, à Aigle; Jaïn, Ferdinand, docteur, à Morges; Régis, Benjamin, à Lonay.

Elle confère le titre de membre honoraire à M. Cantù, président de la Société historique de Milan.

Elle accepte les démissions de MM. Bovet-de Muralt, Max Bonnet, professeur, et L. Favrat, professeur.

La Société entend les communications suivantes :

M. Le Fort fait une communication sur la charte communale de Flumet en Faucigny, qu’il compare avec les chartes communales du Pays de Vaud et des contrées voisines, spécialement avec les chartes des Zæhringen.

M. Vuy exprime le vœu que d’autres franchises du Faucigny soient publiées; elles peuvent fournir d’utiles renseignements /258/ et des points de comparaison avec les chartes d’origine germanique.

M. L. Vulliemin lit quelques pages d’une Histoire de la Suisse, qui sont relatives à Rodolphe de Habsbourg.

M. le président lit au nom de M. Gaberel des notes sur l’escalade de Genève, notes tirées des dépêches des ambassadeurs vénitiens et communiquées par M. Victor Cérésole.

M. Mabile fait une communication sur diverses antiquités découvertes dans les environs de Baulmes.

M. Morel-Fatio fait remarquer l’absence absolue d’antiquités dans tous les travaux qui se font à Lausanne. Est-ce que la culture de la terre a tout fait disparaître? ou n’y a-t-il eu réellement rien?

M. le Dr Brière attire à ce propos l’attention sur une carte de notre pays de 1582, placée à l’hôtel de ville de Lausanne, qui donne l’indication des localités aujourd’hui disparues. Il importerait de faire prendre une copie de cette carte qui va se détériorant. La Société d’histoire devrait veiller à réunir et à conserver les manuscrits intéressants qui existent dans notre pays.

M. Amédée Roget lit une notice sur les médecins de Genève au XVIe siècle.

M. le professeur F. Forel présente un fac-simile d’une prière que le major Davel portait sur lui, exemplaire offert à la Société par M. le Dr Charles Marcel. D’autres exemplaires de ce fac-simile sont en vente dans le but de couvrir les frais de copie du dossier du procès du major Davel.

M. Vuy fait diverses communications. Il confirme d’abord son assertion de la dernière séance que le mot regiquina signifie bien torture. Il lit ensuite deux lettres du président Favre et de Lesdiguière, relatives aux affaires du duc de Longueville en 1618.

M. Adolphe Blanchet communique un ancien règlement sur la culture des vignes, tiré du Coutumier de Grandson.

M. Næff entretient la Société d’un projet de restauration de la tour de Gourze par les cinq communes intéressées.

Sur la proposition de M. Vulliemin, le Comité est prié de voir si la Société pourrait contribuer aux frais de restauration. /259/

 

Séance du 9 septembre 1874, au Casino-théâtre, à Vevey.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

M. Morel-Fatio fait un rapport sur le glossaire patois. Il a pris pour base le travail de M. Moratel, et a revu ce travail jusqu’à la lettre E.

M. Croisier lit quelques observations sur la publication d’un glossaire patois. Il pense que les cantons romands doivent s’entendre, avoir divers comités, un grand nombre de collectionneurs qui recueilleraient partout les mots, les expressions, les proverbes. L’orthographe devrait autant que possible rendre la prononciation, mais sans s’inquiéter des nuances qui n’ont pas d’importance.

M. le président lit une lettre de M. Daguet qui émet l’espoir que les cantons de la Suisse romande parviendront à s’entendre pour la publication d’un glossaire patois.

M. Morel-Fatio croit qu’il est préférable de laisser à chaque canton le soin de faire son œuvre; c’est le seul moyen de réussir.

La Société reçoit comme membres effectifs :

MM. Auguste Cérésole, avocat, à Vevey; Colomb, instituteur, à Aigle; Aloïs Couvreu, ancien juge de district, à Corsier; Albert Cuénod-de Joffrey, à Vevey; Albert de Montet, officier de dragons au service d’Autriche; Albert de Haller, Chalet de Bries, près Vevey; Henri Marindin, député, à Saint-Légier; Emile Mayniel, auditeur au Conseil d’état, à Paris; Henri Michaud, agent de la banque cantonale, à Vevey; Louis Monnet, rédacteur du Conteur Vaudois, à Lausanne; Lommel, ingénieur, à Lausanne; Rév. Prior, pasteur anglais, à Vevey; Adolphe Roux, capitaine d’artillerie, à Villeneuve.

M. le président communique la démission de MM. Bungener, à Sion; Eugène de Bosset, à Thoune.

La Société entend les lectures et communications suivantes : /260/

M. Gaberel entretient l’assemblée d’une dépêche d’un ambassadeur vénitien à Rome sur l’escalade de Genève. M. Gaberel s’appuie sur ce document pour montrer qu’il y avait à l’époque de l’escalade un grand complot diplomatique contre la réforme.

M. de Muralt signale à ce propos une correspondance de Henri IV avec divers souverains de l’Europe, en vue de créer une ligue contre ses adversaires, correspondance qui existe à Saint-Pétersbourg.

M. Jules Cuénod lit une communication au sujet de la correspondance de Mme de Warens, qui se trouve entre les mains d’une famille de Vevey. M. Cuénod donne d’intéressants détails sur la vie de Mme de Warens, qui, par sa naissance, appartenait à une ancienne famille de Vevey, les de la Tour.

M. le président ajoute que feu M. Baron avait travaillé à une collection des lettres de Mme de Warens.

M. le pasteur Alfred Cérésole lit une lettre de son frère M. Victor Cérésole, consul suisse à Venise, et membre correspondant de notre Société, lettre qui donne des renseignements positifs sur le séjour de Jean-Jacques Rousseau à Venise, en 1743 et 1744.

M. Jules Bonnet, secrétaire de la Société d’histoire du protestantisme français, entretient l’assemblée des travaux de cette Société et dépose sur le bureau une notice à ce sujet.

M. Ch. Le Fort communique une lettre du président Favre, du 29 avril 1591.

M. Amédée Roget lit une étude de mœurs sur les mariages à Genève au XVIe siècle.

M. P.-F. Vallotton-Aubert lit des fragments d’une histoire de Vallorbes, qui est sous presse.

M. le président annonce qu’il a reçu de M. le colonel de Mandrot un travail sur la bataille de Grandson, qui a été adressé au Conseil d’état du canton de Vaud. Ce mémoire a été fait en vue d’une publication sur la bataille.

M. le président attire encore l’attention sur une copie de divers titres déposée sur le bureau; parmi ces titres se trouvent le Plaict général de 1368 et les franchises de Vevey. /261/

 

Séance du 3 juin 1875, au Musée industriel, à Lausanne.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

M. le président annonce la perte que la Société vient de faire dans la personne de M. Louis de Charrière. Il rappelle les grands services rendus à notre Société par cet homme excellent. M. L. de Charrière était un de nos membres les plus actifs; il laisse des publications nombreuses et soignées, avec la réputation d’un de nos meilleurs feudistes.

La Société a perdu en outre M. l’avocat Auguste Cérésole, récemment décédé.

Deux membres ont envoyé leur démission : MM. Charles Humbert et Rimond, à Genève.

La Société admet comme membres effectifs :

MM. Maurice Berthoud, à Aubonne, et Hubert Thorin, ancien conseiller d’état, à Villars-sous-Mont (Fribourg).

Sur la proposition du comité, elle décide de conférer le titre de membre honoraire à M. J.-J. Blumer, président du tribunal fédéral et président de la Société d’histoire du canton de Glaris, ainsi qu’à M. André Heussler, professeur à l’université de Bâle.

M. Morel-Fatio fait un rapport sur le glossaire patois. Il explique que sur le refus de MM. Favrat et Croisier de faire partie de la commission, il s’est mis à l’œuvre lui seul pour préparer les matériaux du dictionnaire; son travail est déjà avancé.

L’assemblée décide de charger M. Morel de faire au comité de publication des présentations pour la formation d’une nouvelle commission.

On entend les lectures et communications suivantes :

M. Du Bois-Melly lit un chapitre d’un ouvrage qu’il prépare sur les mœurs de Genève au XVIIIe siècle. /262/

M. Roux lit la traduction d’une partie du mémoire de M. Muller de Zurich sur les antiquités de Nyon.

M. Charles Morel lit un mémoire sur Nyon et Genève sous les Romains. Il conteste et rectifie quelques-unes des assertions du mémoire de M. Muller. — A ce sujet, M. Gosse déclare qu’il n’a jamais trouvé une brique romaine à Saint-Gervais. Déjà à l’époque des palafittes, il y avait sur les deux rives des habitations lacustres qui formaient évidemment une seule bourgade.

M. le président dit quelques mots sur le texte de Tite-Live relatif à la bataille des Helvètes dite du Léman. Il présente un fac-simile du manuscrit de Heidelberg, où se trouve le mot de Nitiobrigum.

M. Amédée Roget fait une communication relative à la correspondance entre le baron d’Hermance et les conjurés de la conspiration d’Isbrand Daux. Il cite la capitulation conclue entre le duc de Savoie et les conjurés, pièce importante qui prouve, d’un côté, que le duc de Savoie, malgré ses dénégations, était bien du complot, et de l’autre, que les conjurés n’entendaient pas se livrer entièrement à lui, puisqu’ils insistent sur le maintien de la réforme et des franchises de Lausanne. Isbrand Daux n’était donc pas, comme on l’a dit souvent, un personnage servile.

M. Amédée Roget lit encore une notice sur le second mariage de Viret.

M. le président dépose sur le bureau divers ouvrages remis par les auteurs pour la bibliothèque :

Une épreuve de la collection des chants populaires de la Gruyère, de la part de M. J. Cornu, professeur à Bâle. Cette publication contient une orthographe spéciale qui a pour but d’être internationale en empruntant des lettres à diverses langues.

La première livraison du tome XIX des Mémoires et documents de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, qui contient une notice sur Isbrand Daux, par M. Du Bois-Melly.

La Vie de Bénédict Pictet, par M. E. de Budé.

Vallorbes, esquisse géographique, statistique et historique, par M. P.-F. Vallotton- Aubert.

Le second mémoire sur les briques suisses du XIIIe au XVIe siècle, par M. Hamman. /263/

Un mémoire de M. Charles Le Fort sur les rapports des chartes de Flumet avec les Zæhringen.

 

Séance du 2 septembre 1875, à Romainmôtier.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL

L’assemblée est nombreuse et compte dans son sein quelques étrangers, ainsi qu’un de ses savants membres honoraires, M. le Dr Blumer, président du tribunal fédéral.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

M. le président rappelle l’intérêt qu’il y avait pour la Société d’histoire de se réunir une fois à Romainmôtier, longtemps un des centres de la vie religieuse et intellectuelle du pays, et qui conserve encore un des monuments les plus précieux de l’architecture sacrée au moyen âge.

Sont reçus membres de la Société :

MM. Otto Wirz, professeur, à la Tour de Peilz; Arthur Bossi, banquier, à Genève; Bonnard, président du tribunal, à Nyon; Henri de Cerjat, pasteur, en Angleterre.

La Société confère le titre de membre honoraire à M. Viollet-le-Duc, et de membre correspondant à M. Cornu, professeur à Bâle. Elle reçoit la démission de M. Charles Delessert.

M. le président communique une lettre de M. Candaux, instituteur à Suchy, qui transmet une supplication adressée au gouvernement de Berne par la commune de Suchy pour la réparation de son église.

M. Gremaud lit une notice sur le prieuré de Romainmôtier, dont il fait remonter la fondation au milieu du Ve siècle. M. Gremaud parcourt les diverses phases de l’existence du monastère et donne d’intéressants détails sur sa vie intérieure.

M. Bordier ajoute deux mots pour justifier les bénédictins de Romainmôtier de l’accusation portée quelquefois contre eux de n’avoir pas été voués à la vie littéraire. Le couvent possédait une bibliothèque. M. Bordier en produit une Bible qui contient de /264/ jolies vignettes et une inscription de l’année 1586, indiquant que le livre a été trouvé à Romainmôtier.

M. de Muralt lit un mémoire sur les seigneurs de Neuchâtel.

M. de Mandrot fait remarquer que les chartes de Neuchâtel n’ont pas été octroyées, mais il y a eu convention entre le seigneur et les hommes libres du castrum. Il ajoute que tout ce qui est au sud de la Reuse faisait partie du Pays de Vaud.

M. de Mandrot fait ensuite une communication orale sur les châtelards ou Erdburgen, refuges construits dans l’époque antéromaine, et qui ont servi de défense à l’époque de l’invasion barbare. Ils sont placés dans des endroits très bien choisis sur lesquels on a élevé plus tard des châteaux (ainsi Gumoëns-le-Jux) et près desquels sont encore aujourd’hui des villages. Il existe aussi un châtelard près de Romainmôtier. M. de Mandrot présente des plans de plusieurs châtelards. Il recommande des explorations dirigées dans ce but.

M. le président Bonard dit qu’il y a tout près d’ici, à l’endroit indiqué par M. de Mandrot, un bloc erratique sur lequel sont marqués des signes qui paraissent des lettres.

M. Roget lit une notice sur Mathurin Cordier, qui jette du jour sur la situation des régents au XVIe siècle.

M. Næf annonce à la Société que les cinq communes auxquelles appartient la tour de Gourze ont décidé d’empêcher la ruine de cette tour et de veiller à son entretien.

M. Dufour recommande la Revue historique qui paraîtra à Paris dès le premier janvier 1876. Il espère que les membres de la Société d’histoire de la Suisse romande voudront bien prêter leur appui et leur concours à cette publication.

 

Séance du 1er juin 1876, au Musée industriel, à Lausanne.

PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et approuvé.

M. le président exprime les regrets de la Société sur les pertes /265/ nombreuses qu’elle a faites, entre autres de M. Hammann, de Genève, membre effectif, connu par ses publications relatives à l’art du moyen âge, et de M. Blumer, président du tribunal fédéral, depuis peu notre membre honoraire, dont la perte subite a été si vivement sentie par toute la patrie suisse, ainsi que par le monde scientifique. M. Le Fort fait hommage à la Société d’une notice biographique sur M. Blumer.

M. le président annonce en outre les décès de M.M. d’Albis, à Lausanne; Hottinger, à Vevey; de Freudenreich, à Morges; Martin-Franel, à Genève; — et la démission de M. Charbonnier, à Aubonne.

M. le président soumet une proposition de la Société suisse d’histoire qui désire se réunir cette année à Lausanne. Il demande si notre Société veut avoir sa réunion d’été en même temps que la Société suisse, soit le jour avant, soit le même jour.

Après discussion, l’assemblée décide d’avoir la réunion d’été avec la Société suisse d’histoire et de ne tenir pour les deux sociétés qu’une seule et même séance. Le bureau est chargé d’organiser la réunion.

Les comptes pour l’exercice 1875 et 1876 sont approuvés. Le bureau est réélu, ainsi que le Comité de publication.

M. Charles Morel, professeur à Genève, fait une proposition tendant à encourager les recherches d’antiquités qui se font à Avenches et à soutenir le musée de cette ville soit par des fonds, soit de toute autre manière. — Après quelques explications de M. Morel-Fatio, en vue d’appuyer le conservateur du musée d’Avenches, M. Caspari, dont l’activité est digne de tout éloge, l’assemblée décide de renvoyer la question au bureau, avec l’invitation de ne pas tarder à choisir Avenches pour lieu de réunion d’été. Cette réunion contribuerait sans doute à intéresser le public aux fouilles de cette antique capitale de l’Helvétie.

M. Pictet de Sergy lit une notice biographique sur le président Pictet Diodati, notice pleine de détails d’un vif intérêt qui jettent une véritable lumière sur l’époque de cet homme remarquable, en particulier sur la chute du premier empire français.

M. Vuy rappelle son mémoire sur la regiquina : son opinion communiquée à quelques savants étrangers a été partagée par /266/ plusieurs, entre autres par M. La Boulaye et par M. le comte Sclopis.

M. Vuy fait ensuite une communication sur la capitulation du fort de Sainte-Catherine, d’après un acte original signé par Henri IV. M. Vuy montre comment ce fait se rattache à l’annexion du Pays de Gex par la France, et à la perte de cette contrée pour Genève et la Suisse.

M. Vuy lit encore quelques fragments des lettres de Louis Agassiz pendant son séjour à Zurich.

M. Charles Morel expose le fac simile d’une inscription romaine de Genève, dont il donne l’explication; il s’agit d’un personnage du IIIe siècle, probablement d’origine barbare, dont la famille, paraît-il, serait venue s’établir à Genève.

M. Wiener ajoute quelques mots sur la 22e légion, dont le nom figure dans cette inscription.

M. Albert de Montet présente à la Société les premières feuilles de sa publication d’un Dictionnaire biographique des Genevois et des Vaudois qui se sont distingués dans leur pays ou à l’étranger.

M. le président attire l’attention de la Société sur le mérite et l’utilité de cette publication.

M. l’abbé Jeunet lit une notice sur l’Enlèvement de la cour de Savoie après la bataille de Morat. Ce travail intéresse vivement l’assemblée.

M. Morel-Fatio fait un rapport sur le glossaire patois. La commission s’est réorganisée et elle est à l’œuvre. Elle se préoccupe de la formation d’une société du patois.

M. Louis Vulliemin communique une demande de M. Nüscheler qui invite notre Société à s’occuper de l’étude des inscriptions des cloches dans notre pays. La proposition est renvoyée au bureau.

M. de Muralt donne quelques explications sur une brochure en langue russe de M. Kovalefsky, relative au régime communal du Pays de Vaud.

 


 

 

 

 

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