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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Louis DE CHARRIÈRE

De l’origine de la Maison de Gumoëns

Dans MDR, 1879, tome XXXIV, pp. 125-140

© 2024 Société d’histoire de la Suisse romande

/125/

DE L’ORIGINE DE LA MAISON DE GUMOËS



Rendons justice, avant tout, à l’antiquité de la maison de Gumoëns, dont les premiers membres connus nous apparaissent à Orbe, ville rapprochée de ses possessions dans le Gros de Vaud.

Le plus ancien d’entre eux qui soit nommé dans les documents est Létalde de Gumoëns (Léotaldus de Gomoens), témoin d’une donation faite par Girold, fils d’Ubold, en faveur du couvent de Romainmotier, d’un manse à Bovenens, dans la Chaux d’Arlie, et d’un lunage à Chaffoy 1. Cette charte n’est pas datée, mais elle nous paraît porter le caractère d’un document de la seconde moitié du XIe siècle.

Anna de Gumoëns et Littold firent don à l’église de Sainte-Marie et à l’hôpital d’Orbe, d’une prairie. Littold /126/ est sans doute Létalde de Gumoëns, mentionné plus haut. Le même Littold donna encore au prédit hôpital deux champs et cette donation eut lieu du consentement de ses neveux (nepotes) Conon, Pierre, Albert, et Vuidon 1. Ces détails se lisent dans une charte de notification des dons faits à l’église de Sainte-Marie et à l’hôpital d’Orbe, depuis sa fondation jusque vers le milieu du XIIe siècle. Malheureusement ni la date de la fondation de cet hôpital, ni celle des donations qui lui ont été faites, n’y sont indiquées. On présume que l’hôpital de Sainte-Marie a été fondé vers le milieu du XIe siècle. Les dons de la famille de Gumoëns sont rapportés, dans cette charte de notification, après ceux faits par Guy, fils du fondateur, le seigneur Rodolphe. La donation d’Anna de Gumoëns et de Littold pourrait avoir eu lieu aux environs de l’année 1080.

Le sire (dominus) Burchard de Gumoëns (de Gomoens) est présent, en l’année 1096, à un désistement fait en faveur du couvent de Romainmotier, par Richard, fils de Lambert de Pont (de Ponto) 2.

Les témoins d’un accord intervenu en l’année 1097, entre le couvent de Romainmotier et Widon du châtel appelé Siccon, au sujet de possessions à Vaulion réclamées par les deux parties sont : Burchard, avoué (advocatus) /127/ Pierre de Gumoëns (de Gomoens) et Conon du même château (de eodem castro). Les parties étaient venues dans le bourg (vicus) d’Orbe, en présence de Burchard, avoué de ce bourg et d’autres chevaliers de la même contrée (et aliorum militum ejusdem regionis 1 ). Pierre de Gumoëns et Conon du même château sont sans doute les neveux de Littold mentionnés dans la charte des donations faites à l’église et à l’hôpital de Sainte-Marie. (Voy. ci-dessus.)

Le sire Burchard est qualifié de vidomne (vice dominus) du bourg d’Orbe dans la charte par laquelle le comte Renaud de Bourgogne céda ou abandonna le dit bourg au couvent de Romainmotier, en présence et à la prière du prédit vidomne 2. Cette charte n’est pas datée, mais l’auteur des Recherches sur le couvent de Romainmotier et ses possessions en rapporte la date aux environs de l’année 1098, et il estime que le sire Burchard était avoué ou vidomne du bourg d’Orbe de la part du couvent de Romainmotier.

On ne trouve aucune indication de la parenté qui pouvait exister entre le sire Burchard et Anna de Gumoëns, Létalde soit Littold et les neveux de celui-ci : Conon, Pierre, Albert et Vuidon. On pourrait supposer que Burchard était le frère de Littold.

Albert, miles de Gumoëns, est l’un des témoins, sous l’année 1090, de la fondation du prieuré de Chamonix, par le comte Aymon de Genève 3. Cette circonstance nous indique que le prénommé Albert, dans lequel nous retrouvons sans doute le neveu de Littold, portant ce prénom, /128/ était un des milites soit vassaux du comte de Genève lequel, à cette époque, exerçait une grande autorité dans le Pays de Vaud.

Sous le priorat d’Etienne (II), dit Jorent (de 1097 à 1108 selon l’auteur des Recherches sur le couvent de Romainmotier, etc.), le sire (donnus) Conon de Gumoëns (de Gomensi), du consentement de sa femme non nommée, de ses fils … 1, Aymon, Rodolphe, …bertus 2, d’Ulrich d’Estavayé, de Humbert Fen… et de Valère, serviteur, donne au couvent de Romainmotier, entre les mains du prieur susnommé, sa part au moulin et à la pêche de Vaux (sur Thièle), sous réserve d’un rachat facultatifs 3.

Nous voyons dans le sire Conon de Gumoëns l’aîné des quatre neveux de Littold. Toutefois, d’après un système adopté par feu le baron d’Estavayé et admis par quelques généalogistes bernois 4, Conon de Gumoëns serait un /129/ Grandson. Cette opinion est à notre avis erronée, ainsi que nous allons le faire voir.

Selon M. d’Estavayé, Conon de Gumoëns serait le frère d’un chevalier Otton qui, par ses mains, fit don au couvent de Romainmotier, du temps de l’abbé Hugues (de 1049 à 1109), d’un manse à Bofflens et d’un tènement dans ce lieu, acquis d’un personnage nommé Arulfe. Le nom de famille du donateur Otton n’est pas indiqué dans la charte de cette donation, mais l’étiquette de ce document porte Carta Ottonis de Clavonie et de Bofflens 1.

M. d’Estavayé fait de ces deux frères des membres de la maison de Grandson, fils de Lambert (II), parce que cette puissante famille avait des biens dans la contrée où est situé le village de Bofflens. Nous voyons en eux, quant à nous, des chevaliers, possesseurs d’un château fort aux Clées, dont Bofflens est très voisin, et s’ils avaient quelque rapport avec les Grandson, ce serait plutôt un rapport de vasselage.

La date de la donation du chevalier Otton des Clées et de Bofflens peut être fixée aux environs de l’année 1060.

On ne connaît, à cette époque, ni un Otton, ni un Conon dans la branche cadette de la famille de Grandson. Car Conon de Grandson, fils de Lambert (III), apparaît seulement plus tard. M. d’Estavayé a donc fait erreur en attribuant à Lambert (II) de Grandson, outre Lambert (III), encore deux autres fils, nommés Otton et Conon 2. Voici /130/ la vérité historique telle qu’elle résulte des chartes qui se trouvent dans nos archives cantonales.

Lambert (I), comte, eut deux fils : Adalbert (II), primat du château de Grandson et chef de la branche aînée de la maison de ce nom et Lambert (II), duquel descend la branche cadette de cette maison. On ne connaît à celui-ci, qui n’était plus vivant en 1049, qu’un seul fils, Lambert (III) que le Cartulaire du chapitre de Notre-Dame de Lausanne qualifie, par courtoisie, de comte de Grandson et qui est celui que la tradition désigne comme étant le même personnage que Lambert d’Estavayé, duquel descendrait la maison de ce nom. Lambert (III) de Grandson, au sujet duquel on n’a que peu de lumières, laissa avec certitude quatre fils : Lambert (IV), qui fut évêque de Lausanne, Uldric, Philippe et Conon de Grandson, outre une fille, épouse d’Amédée, avoué de l’abbaye de Saint-Maurice, tige de la maison de Blonay. Il est probable que Lambert (III) eut encore un cinquième fils, nommé Vaucher (I) 1.

C’est donc Conon de Grandson, fils de Lambert (III), qui serait, d’après M. d’Estavayé, le même personnage que Conon de Gumoëns, donateur, en faveur du couvent de Romainmotier, de sa part au moulin et à la pêche de Vaux 2. Or, Conon de Grandson apparaît plusieurs fois dans les chartes dès l’année 1090 jusqu’à l’année 1135 environ. Dans deux d’entre elles, les dernières, il porte le nom de Grandson ; dans les autres il est désigné soit /131/ de frère de l’évêque Lambert, soit de frère d’Uldric de Grandson ou de Philippe de Grandson 1. Il eut un fils nommé Hugues, qui fut clerc, c’est-à-dire voué à l’église 2  : Il n’y a donc aucune raison pour supposer que Conon de Grandson se soit transformé en Conon de Gumoëns.

Les partisans de ce système l’appuient de ce que, dans sa donation au couvent de Romainmotier, Conon de Gumoëns est titré sire (donnus), et de ce qu’il fait cette donation du consentement, entre autres, d’Ulrich d’Estavayé, deux circonstances, disent-il, qui font présumer qu’il était un Grandson. Quant au premier point nous observerons que le titre de sire, donné à Conon de Gumoëns pouvait être la conséquence de ce qu’il serait devenu chevalier, ce qui nous paraîtrait le plus probable. La chevalerie se répandait alors en Europe, et le titre dominus se donnait au chevalier et se plaçait avant le nom. Quant au second point, soit le consentement donné par Ulrich d’Estavayé à la donation du sire Conon de Gumoëns, la raison pourrait s’en trouver dans quelque lien de vasselage astreignant celui-ci envers le premier, et aussi dans un degré de parenté existant entre eux, nonobstant que Conon de Gumoëns ne fût pas un Grandson 3.

On cite deux chartes à l’appui du système de M. d’Estavayé. Vers la même époque, dit-on, où aurait eu lieu la /132/ donation du chevalier Otton des Clées et de Bofflens en faveur du couvent de Romainmotier, un Conon, par les mains d’Otton, son frère, chevalier, doit avoir fait cession, en faveur de ce même couvent, de sa part à des biens indivis situés å Bofflens. Et une autre charte, de l’année 1080 à 1086 environ, en rappelant les biens que les deux frères Otton et Conon avaient eus à Bofflens, nomme celui-ci Conon de Gumoëns 1. Ces deux documents (qui sont étrangers à la question de la descendance supposée de la maison de Gumoëns de celle de Grandson, puisque les deux frères Otton et Conon n’appartenaient pas à cette maison-ci), sont cités comme se trouvant dans les archives de Berne et devraient donc être maintenant dans nos archives cantonales, où toutefois ils ne se trouvent point. Il faudrait donc, s’ils existent réellement, les examiner pour en connaître le véritable sens, car, nous devons l’avouer, cette citation nous inspire de la défiance surtout à l’égard de la seconde charte indiquée, quoique, pourtant il n’y aurait rien eu d’extraordinaire à ce que Conon de Gumoëns eût possédé quelques biens à Bofflens et fût ainsi nommé dans le second des actes cités. Toutefois, nous ne croyons pas qu’il en soit ainsi et nous tenons cette citation pour erronée.

Conon de Gumoëns est cité, sous l’année 1109, avec Gérald, doyen, comme témoin de deux transactions passées à Orbe au sujet d’une vigne. Dans l’un de ces actes il serait nommé dominus Cono de Gumoëns 2. /133/


On doit présumer que les quatre neveux de Létalde soit Littold de Gumoëns firent le partage des biens considérables qu’ils possédaient dans le Gros de Vaud et que d’eux descendaient les nobles de Gumoëns mentionnés, pendant les deux siècles suivants, dans les Cartulaires de Montheron, de Hautcrêt, du chapitre de Notre-Dame de Lausanne et dans d’autres titres. On les trouve devenus les vassaux de l’évêque de Lausanne, des seigneurs de Belmont à cause du château de ce nom, des dynastes de Montfaucon à cause du château d’Echallens et de ceux de Cossonnay à cause de celui de Bercher.

Guy ou Widon de Gumoëns, dit Barata, le cadet des neveux de Littold, tenait en fief, de l’évêque de Lausanne, la foresterie du Jorat 1, qui lui donnait, semble-t-il, la possession des vastes forêts du Jorat appartenant à l’évêque, puisqu’on voit, soit lui, soit ses successeurs, faire des concessions d’usage dans les forêts précitées, tant à des couvents qu’à divers villages.

Guy Barata fut, dans sa vieillesse, l’un des premiers et des principaux bienfaiteurs de l’abbaye de Théla soit de Montheron. Il remit à l’évêque Guy, afin qu’il en disposât en faveur de la nouvelle abbaye, la terre dite de Montenon qu’il tenait en fief du dit évêque et qui formait une clairière dans la forêt du Jorat, terre dans laquelle l’abbaye /134/ fut bâtie. Il y ajouta une étendue considérable de terrain contigu, des droits d’usage dans la forêt et encore d’autres dons. Ses successeurs non-seulement confirmèrent ces dons, mais ils en firent de nouveaux à cette abbaye, dont ils furent les avoués 1.

La descendance de Guy Barata a formé la branche des seigneurs de Gumoëns-le-Jux, possesseurs de la foresterie du Jorat, à raison de laquelle ils prêtaient hommage à l’évêque de Lausanne. Les titres de l’abbaye de Montheron permettent d’établir la filiation de cette branche de la maison de Gumoëns 2, qui s’est éteinte dans le courant du XVe siècle en la personne d’Humbert (II) de Gumoëns-le-Jux. Celui-ci prêta hommage, en 1448, à l’évêque Georges de Saluces pour la foresterie du Jorat 3.

La branche des seigneurs de Gumoëns-le-Châtel paraîtrait aussi pouvoir se rattacher à Guy Barata, quoiqu’il n’y ait cependant pas de certitude à cet égard. En effet, on voit le chevalier Pierre de Gumoëns, dit de la Tour, donner à l’abbaye de Théla, en 1184, la moitié des dîmes de Montunum et de celles des Saugeales (de Sageley, territoire voisin de Montheron), et cette circonstance nous ferait présumer que le chevalier Pierre de Gumoëns était un petit-fils de Guy Barata et fils de Vuillelme, le second des fils de celui-là ; sa donation fut approuvée par ses fils /135/ Jacques et Girard. Or, un Girard de Gumoëns, chevalier, fut seigneur (dominus) de Gumoëns-le-Châtel et en prend le titre en 1220 1. Le chevalier Girard de Gumoëns, personnage important, est souvent rappelé dans le Cartulaire de Lausanne 2. Les nobles de Gumoëns, seigneurs de Gumoëns-le-Châtel, doivent descendre de lui.

On doit supposer que le chevalier Pierre de Gumoëns, dit de la Tour, avait succédé, dans la possession du château de Gumoëns, au chevalier (miles) Narduin, témoin d’une donation faite en faveur de l’abbaye de Hautcrêt, au château de Gumoëns (in castro Gomens), aux environs de l’année 1160 (suppose-t-on), par Dalmace de Lavigny 3. Le même Narduin de Gumoëns apparaît comme témoin, dans le Cartulaire de Montheron sous l’année 1154. Serait-il le fils, ou plutôt le petit-fils, d’Albert, miles de Gumoëns, témoin, en 1090, de la fondation du prieuré de Chamonix et qui était sans doute le neveu de Littold de Gumoëns ? Du reste, un Renaud, fils d’Albert de Gumoëns, apparaît aussi, en 1154, comme témoin, dans le Cartulaire de Montheron. A la même date, un Theurein (Theurinus) de Gumoëns est cité, avec Pierre de Gumoëns, comme témoin, dans le cartulaire précité.

Nous ne saurions partager l’opinion de l’éminent auteur de l’Histoire de la ville d’Orbe et de son château au moyen âge (pag. 41), d’après laquelle une branche de la maison de Cicon aurait possédé Gumoëns-le-Châtel 4. /136/

Dans notre opinion la branche des seigneurs de Gumoëns-la-ville, la seule encore existante, descendrait de Conon, l’aîné des neveux de Létalde. Nous le présumons l’aîné, parce qu’il est nommé le premier des quatre neveux du prénommé Létalde dans la charte des donations en faveur de l’hôpital d’Orbe, et aussi parce qu’il nous paraît avoir été le plus important de ces quatre neveux. On ne peut pas rattacher cette branche à Guy Barata, ni établir sa filiation. A cette branche appartenaient sans doute la plupart des membres suivants de la maison de Gumoëns, nommés dans le Cartulaire de Montheron :

Conon et Henri de Gumoëns, chevaliers, témoins, en 1184. Le même Conon de Gumoëns, sans doute, lequel, en 1199, tiendrait otage à Lausanne, avec Gérard de Gumoëns et Gérod de Gumoëns (celui-ci est probablement Girold, villicus de Gumoëns, apparaissant plusieurs fois dans le Cartulaire de Montheron), pour le comte Richard de Montbéliard et son frère Gautier, seigneurs d’Echallens.

Conon de Gumoëns, chevalier et son fils Renaud, lesquels, abandonnent, en l’année 1217, en faveur du chapitre de Lausanne, leurs prétentions sur un homme de Warens. Toutefois Henri, fils du prédit Conon, prétend que le dit homme appartient à son partage et non à celui de son père et de son frère. (Cartulaire de Lausanne.) /137/

Le prénommé Henri, miles de Gumoëns, fait, en 1218, une donation considérable en faveur de l’abbaye de Théla, du consentement de sa femme Pérégrine, et de ses fils Willelme, Girard et Conon et de ses filles Pétronille, Morata et Jordane 1.

La même année, Henri de Gumoëns, chevalier, est arbitre pour Jean, sire de Cossonay. (Cartulaire de Lausanne.)

Le même Henri de Gumoëns, chevalier, Etienne, son frère et Vuillelme son fils, font en 1221, une donation au chapitre de Lausanne à titre d’aumône. (Cartulaire de Lausanne.) Henri miles de Gumoëns, tient, en 1229, le quart de la dîme de Fey, de Jean, sire de Cossonay 2.

Dame Pérégrine, veuve de Henri de Gumoëns, chevalier, et son fils Pierre, reconnaissent devoir, en 1239, une cense de cinq sols donnée par le prédit Henri à l’abbaye du lac de Joux 3.

Pierre de Gumoëns est l’un des arbitres, en 1260, d’un différend entre Jacques, seigneur de Cossonay, et le chapitre de Lausanne 4. /138/

Les chevaliers Girard, Vullielme et Etienne de Gumoëns se trouvent parmi les nombreux témoins de la convention faite par Guillaume évêque de Lausanne, avec Aymon, sire de Faucigny, touchant l’avouerie de l’église de Lausanne, en l’année 1226. (Cartulaire de Lausanne.) Girard de Gumoëns est sans doute le dominus de Gumoëns-le-Châtel, Vuillelme de Gumoëns nous paraît devoir être le chevalier Guillaume de Gumoëns, dit le Roux, duquel descendait la branche de Gumoëns-le-Jux, et le chevalier Etienne était un des fils de Conon de Gumoëns et le frère de Henri, miles de Gumoëns.

Philippe, frère de Pierre de Gumoëns, est cité, comme témoin, en 1154, dans le Cartulaire de Montheron. Le dit Pierre pourrait être celui qui devint chevalier, fut surnommé de la Tour, et fit une donation considérable en faveur de l’abbaye de Théla, en 1184, approuvée par ses fils Jaques et Girard.

Le même cartulaire cite, comme témoin, en 1184, Willelme de Gumoëns, fils de Bertin. N’y aurait- il pas ici une faute de copiste, et ne faudrait-il pas lire Barata au lieu de Bertin ?

Suivant le Cartulaire de Lausanne, Girold de Gumoëns, chanoine et doyen, avait donné au chapitre un fief que tenait, en 1227, Reymond de Fontaine Marcel. Toutefois le chevalier Guillaume de Gumoëns, le Roux, retenait alors la moitié d’un manse appartenant à ce fief et situé à Villaret, devant Gumoëns.

W. de Gumoëns, est chanoine de Lausanne en 1223. /139/

Enfin, dans le siècle précédent, en l’année 1141, Louis de Gumoëns (de Gomoens) avait été avec Hugues de Bonvillars et d’autres témoins, présent lors d’une donation faite en faveur du couvent de Romainmotier, par Ebal (II) de Grandson et son frère Barthélemy 1. On peut inférer de là que Louis de Gumoëns était un des milites de ces seigneurs. Nous le tenons pour le fils aîné de Conon (I) de Gumoëns et le père de Henri (I), miles de Gumoëns, apparaissant en 1154.

Il est tout à fait probable que la famille actuelle de Gumoëns descend de la branche dite des milites de Gumoëns que nous présumons avoir été l’aînée de cette maison. Nous ne pouvons toutefois pas donner sa filiation, faute des documents nécessaires. Ce qui précède suffira, néanmoins, pour faire ressortir son ancienneté, ainsi que sa position nobiliaire distinguée, par laquelle elle se trouve placée au premier rang de notre noblesse indigène.


Généalogie de la Maison de Gumoëns

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Notes :

Note 1, page 125 : Cartulaire de Romainmotier, pag. 473. [retour]

Note 1, page 126 : Fréd. de Gingins-La Sarra, Hist. de la ville d’Orbe et de son château au moyen âge, documents, No 1. Le père des neveux de Littold ne vivait sans doute plus alors, puisqu’il n’est pas mentionné dans cette circonstance. Quel était son prénom ? [retour]

Note 2, page 126 : Cart. de Romainmotier, pag. 467 et la suivante. Burchard de Gumoëns est-il titré ici de sire parce qu’il était devenu chevalier, ainsi que nous le supposons, ou bien l’est-il comme vidomne ou avoué du bourg d’Orbe ? (Voy. plus loin.) [retour]

Note 1, page 127 : Cartulaire de Romainmotier, pag. 466 et la suivante. [retour]

Note 2, page 127 : Mémoire sur le rectorat de Bourgogne, pag. 158. [retour]

Note 3, page 127 : Indicateur d’histoire et d’antiquités suisses, 13e année, 1867, pag. 27. [retour]

Note 1, page 128 : Cette lacune, selon nous, devrait renfermer le prénom de Ludovicus. Voy. plus loin. [retour]

Note 2, page 128 : Sans doute Albertus. Albert de Gumoëns (de Gomoens) est rappelé dans une charte de Guy, évêque de Lausanne, en faveur de l’abbaye de Hauterive, datée de l’année 1142, comme ayant été l’un des témoins de la donation faite par Pierre de Chexbre, en faveur de la prédite abbaye, des vignes qu’il tenait de Willelme de Glane. (Mémor. de Fribourg, II, pag. 221.) Cet Albert est probablement le fils de Conon (I) de Gumoëns. [retour]

Note 3, page 128 : Titre des archives de la famille de Gumoëns. [retour]

Note 4, page 128 : La Réplique de M. Adalbert de Gumoëns aux Expositions de M. Fred. de Gingins-La Sarra touchant l’historique de la noble maison de Gumoëns cite, comme ayant adhéré au système de M. d’Estavayé, M. l’avoyer de Mulinen, ainsi que MM. Ris, préposé aux archives, et Manuel, commissaire (pag. 9 et 11). Quant au premier, que nous avons eu l’honneur de connaître personnellement et pour la mémoire duquel nous professons une haute vénération, nous devons observer que l’examen des tableaux généalogiques de la maison de Grandson, contenus dans la collection de Mulinen, nous a montré que ce savant magistrat n’avait pas fait une étude spéciale de cette maison. [retour]

Note 1, page 129 : Arch. cant., Invent. anal. vert, B. 1. [retour]

Note 2, page 129 : Voir la Réplique, etc., de M. Adalbert de Gumoëns (citée ci-dessus, page 9). M. d’Estavayé attribue encore à Lambert (II) de Grandson un fils aîné, nommé Adalbert. Celui-ci est le célèbre Adalbert, sénieur, primat du château de Grandson, fils du comte Lambert (I). [retour]

Note 1, page 130 : Voy. au sujet de tout ce que nous rapportons ici notre publication intitulée Les dynastes de Grandson jusqu’au XIIIe siècle. [retour]

Note 2, page 130 : Dans les tableaux généalogiques des dynastes de Grandson de la collection de Mulinen, Conon de Grandson, fils de Lambert (III), est indiqué comme tige probable de la maison de Gumoëns. [retour]

Note 1, page 131 : Les dynastes de Grandson jusqu’au XIIIe siècle, pièces justificatives, Nos 23, 25, 33, 36 et 39. [retour]

Note 2, page 131 : Ibidem, pièces justif. No 39. [retour]

Note 3, page 131 : La tradition d’après laquelle Lambert (III) de Grandson et Lambert d’Estavayé sont le même seigneur ne repose, croyons-nous, sur aucun document. Y a-t-il quelque charte constatant l’existence de Lambert d’Estavayé ? Nous n’en connaissons point. Feu le baron d’Estavayé, dont les travaux généalogiques ont, du reste, sous certains rapports, un mérite que nous ne contestons point, voyait parfois dans les chartes ce qui ne s’y trouvait pas. Cette observation nous a été faite par M. l’abbé Gremaud, de Fribourg, l’homme le plus familiarisé avec les chartes, lequel avait examiné le cartulaire d’Estavayé. [retour]

Note 1, page 132 : Réplique aux Expositions de M. Fréd. de Gingins-La Sarra, etc., pag. 11. [retour]

Note 2, page 132 : Réplique aux Expositions de M. Fréd. de Gingins-La Sarra, etc., pag. 30. Le professeur Hidber, dans son Schweizerisches Urkundenregister, I, pag. 435, donne l’analyse de ces deux documents, par laquelle on apprend qu’il s’agit d’arrangements faits entre Vuichard, prieur de Romainmotier, et Wibert, miles d’Arnex, au sujet d’une vigne à Agiez, donnée au couvent de Romainmotier par Amiza, sœur du dit Wibert. L’analyste ne donne pas les noms des témoins de ces transactions. [retour]

Note 1, page 133 : Ou la garde des forêts du Jorat selon M. de Gingins (avant-propos du Cartulaire de Montheron, pag. VII). [retour]

Note 1, page 134 : Perrod de Gumoëns, donzel, fils de Jaquet, reconnaît, en 1314, tenir de Pierre, évêque de Lausanne, la foresterie du Jorat et l’avouerie de Théla soit Montyron. (Cart. de Montheron, charte No 30.) [retour]

Note 2, page 134 : Depuis Vuillerme soit Guillaume de Gumoëns, dit le Roux, chevalier, qui tenait la foresterie du Jorat en 1254. Celui-ci, qui apparaît déjà en 1225, doit avoir été fils de Guy (II) de Gumoëns, fils d’Ulrich fils aîné de Guy Barata, ou peut-être du chevalier Vuillelme de Gumoëns, frère du prénommé Guy (II). Ces deux frères vivaient encore en 1212. (Cart. de Lausanne.) [retour]

Note 3, page 134 : Cart. de Montheron, charte No 32. [retour]

Note 1, page 135 : Cart. de Hautcrêt, charte No 37. [retour]

Note 2, page 135 : Il était vassal d’Aymon, soit Amé, seigneur de Montfaucon, sire d’Echallens. (Mém. sur le rectorat de Bourgogne, pièces justif., No 29.) [retour]

Note 3, page 135 : Cart. de Hautcrêt, chartes non datées, No 59. [retour]

Note 4, page 135 : Jean de Gumoëns, donzel, reconnaissant, en 1270, en faveur de Guillaume, évêque de Lausanne, tout ce qu’il possède à Gumoëns-la-Ville, en excepte les fiefs d’Hugues de Cicon et de Jaques de Corcelles. (Cart. de Montheron, charte No 27.) Barthélemy de Gumoëns, donzel, fils de feu Hugues de Cicon, vend, en 1285, à Gautier de Montfaucon, seigneur d’Orbe, son fief à Eclagnens. (Mém. et doc. publiés par la Soc. d’hist. de la Suisse rom., XIV pièces justific., No 9.) Ceci n’a rien de commun avec les N. de Gumoëns, seigneurs de Gumoëns-le-Châtel. G(irold) de Gumoëns et Villelme de Cicon apparaissent ensemble comme témoins, en 1226, dans le Cartulaire de Lausanne. [retour]

Note 1, page 137 : Henri, miles de Gumoëns, faisant en 1218 une donation importante à l’abbaye de Théla, approuvée par ses fils et ses filles, nous paraît être le personnage qui apparaît en 1184, comme témoin, avec Conon (II) de Gumoëns. Nous venons de voir que le prénommé Henri était le fils de ce dernier. Le dit Conon (II), dans notre opinion, était fils de Henri (I), miles de Gumoëns, donateur, en 1154, de la moitié de la dîme de Pailly en faveur de l’abbaye de Théla. Henri (I), miles de Gumoëns, était fils, selon nous, de Louis de Gumoëns, témoin, en 1141, d’une donation faite en faveur du couvent de Romainmotier par Ebal (II) de Grandson et son frère Barthélemy, seigneurs de La Sarra et de Belmont. Enfin, toujours dans notre opinion, Louis de Gumoëns aurait été le fils aîné de Conon (I) de Gumoëns, l’aîné des neveux de Littold soit Létalde de Gumoëns. [retour]

Note 2, page 137 : Recherches sur les dynastes de Cossonay, etc., pièces justific., No 16. [retour]

Note 3, page 137 : Annales de l’abbaye du lac de Joux, pag. 163, pièces justific., No 13. [retour]

Note 4, page 137 : Recherches sur les dynastes de Cossonay, etc., pièces justific., No 26. Un Pierre de Gumoëns apparaît aussi en 1294, dans le Cartulaire de Hautcrêt (supplément, No 22), comme demeurant à Blessens et étant le mari de Perrette, fille et héritière du feu donzel Rodolphe de Blessens. [retour]

Note 1, page 139 : Les dynastes de Grandson jusqu’au XIIIe siècle, pièces justific., No 38. [retour]

 


 

 

 

 

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