NOTICE SUR L’ABBAYE DE BELLEVAUX
Avant la réformation, il y avait, près de Lausanne, un petit couvent de nonnes de l’ordre de Cîteaux, qui a entièrement disparu. Cette abbaye, ainsi que l’église et le cimetière qui en dépendaient, était située à environ deux kilomètres au nord-ouest de la ville, près du ruisseau nommé maintenant la Louve, et au fond d’un vallon profondément encaissé. Ce lieu était sauvage et froid, entouré de forêts habitées par de nombreuses bêtes fauves. L’endroit que la tradition assigne à l’emplacement du couvent est, de nos jours, dominé d’un côté par les arbres du bois Mermet, dont il n’est séparé que par un ruisseau, et de l’autre par les pentes gazonnées et abruptes qui bordent à l’ouest la ferme actuelle de Bellevaux.
L’origine de l’abbaye de Bellevaux a été longtemps controversée. Nous ne parlerons pas de la fable débitée /8/ par Plantin 1 , d’après laquelle l’abbaye de Bellevaux aurait été bâtie du temps de Chimesilgus, évêque, environ l’an 534.
Des auteurs beaucoup plus sérieux, croyant reconnaître dans le nom de Bellavarda, mentionné dans d’anciennes chartes, l’abbaye de Bellevaux au-dessus de Lausanne, ont soutenu que cette maison religieuse fut fondée en l’année 1141 par les Prémontrés du Lac de Joux, et qu’après avoir suivi leur règle pendant plus d’un siècle, elle adopta, vers l’an 1274, la règle de Saint-Benoît, d’après l’observance de Cîteaux 2 .
La fondation de l’abbaye de Bellevaux ou Vaux-Sainte-Marie 3 ne remonte point à une époque aussi reculée et n’est pas antérieure à la seconde moitié du XIIIe siècle, comme on le voit par un ancien inventaire des titres de cette abbaye, rédigé en 1514 par Louis de Sergy, clerc de Fribourg, notaire, commissaire de la seigneurie d’Everdes et frère de dame Marguerite de Sergy, dernière abbesse du couvent 4 . Nous y lisons que le 30 décembre 1267 messire Bertold Bevroz, chevalier, et ses frères donnèrent en franc-alleu à Agnès de Gruyère toutes les vaux près de /9/ Bellevaux, afin qu’elle y fondât un monastère. Cette fondation fut approuvée par Jean de Cossonay, évêque de Lausanne. Quelques mois plus tard, Willerme Bevroz, chevalier, probablement frère de Bertold, vendit aux dames de Bellevaux des cens de vin à Collonges près Lausanne 1 .
La famille Bevroz, mentionnée plusieurs fois dans différents actes de la fin du XIIIe siècle, paraît avoir possédé de grandes propriétés aux environs de la ville, surtout dans les quartiers qui s’étendent depuis l’ancien couvent de la Madeleine à la forêt de Sauvabelin ; car, à peu près à la même époque, elle fit des ventes importantes de terres et de droits aux frères dominicains qui s’étaient établis à Lausanne 2 depuis peu d’années.
La dame Agnès de Gruyère, dont il est ici question, était fille de Rodolphe III, comte de Gruyère, et de sa femme Colombe ou Cécile de Belmont 3 . Elle avait épousé Rodolphe, coseigneur de Greysie ou Grésy, en Savoie 4 , et elle était probablement veuve.
Agnès de Gruyère réunit autour d’elle, dans ce lieu écarté, qui prit d’abord le nom de Vaux-Sainte-Marie /10/ (Vallis Beate Marie juxta Lausannam 1 ), quelques femmes qui formèrent une communauté religieuse, sous le gouvernement d’une prieure dont le nom ne nous est pas parvenu 2 . Au mois de février 1271 (1270 ancien style), l’évêque Jean de Cossonay consacra le cimetière et posa la première pierre de l’église 3 , qui paraît avoir été employée pour le culte dès le commencement de 1277, puisque, au mois de janvier de cette année, il intervint une convention entre les religieuses de Vaux-Sainte-Marie et le chapitre de la cathédrale de Lausanne, au sujet des sépultures dans l’église du couvent 4 . L’évêque de Lausanne accorda aux religieuses divers priviléges, et le curé de la paroisse de Saint-Paul, dans le ressort de laquelle se trouvait le monastère, y donna son consentement 5 . Par un bref du 18 décembre 1277, adressé au prévôt de Neuchâtel, le pape Innocent V prit les religieuses sous sa protection 6 . /11/
Agnès de Gruyère, fondatrice de la maison, en fut prieure dès l’année 1277 au moins 1 et probablement jusqu’à son décès, qui eut lieu en 1285. Elle avait légué aux religieuses de son couvent neuf pierres précieuses et une petite croix d’argent, et avait chargé Nicolas, abbé de Hautcrêt, de remettre ces bijoux aux légataires. Mais le comte Pierre II de Gruyère, frère d’Agnès, revendiqua ces objets, qui étaient peut-être des bijoux de famille 2 .
Il paraîtrait que, pendant les vingt-cinq premières années de son existence, le couvent de Bellevaux ne s’était rattaché à aucun ordre religieux particulier, que les nonnes n’étaient pas même cloîtrées et qu’elles étaient sous la dépendance immédiate de l’évêque de Lausanne, qui avait approuvé cette fondation. Mais quelques années après la mort d’Agnès de Gruyère, au commencement de l’an 1293, l’évêque Guillaume de Champvent, du consentement des religieuses elles-mêmes et de l’avis de son chapitre, renonça à l’autorité qu’il avait jusqu’alors exercée sur cette maison et l’incorpora à l’ordre de Cîteaux 3 . Le couvent fut immédiatement sujet de l’abbé de Cîteaux. Dès lors les nonnes furent soumises à la clôture, comme /12/ toutes les religieuses de l’ordre, et la supérieure prit le titre usuel d’abbesse. La première abbesse dont le nom nous soit parvenu se nommait Ambrosia. Elle est mentionnée en l’an 1304 1 .
Le lundi de Pâques 1346, l’église de l’abbaye de Bellevaux fut solennellement consacrée par frère Henri, archevêque d’Anaversa (?), assisté de Nicolas, abbé de Hautcrêt, Jacques de Billens, doyen de Sion et vicaire général de Godefroi de Lucinge, évêque de Lausanne, et de Pierre de La-Sarra, Pierre d’Illens et Francois de Wufflens, chanoines de Notre-Dame de Lausanne, et en présence d’un grand concours de clergé et de peuple. A cette occasion de nombreuses indulgences furent promises à ceux qui visiteraient l’église en certains jours, et il fut ordonné que la fête de la dédicace serait célébrée chaque année le lendemain de Pâques 2 .
L’histoire se tait complétement sur ce qu’il advint des religieuses de Bellevaux pendant les guerres de Bourgogne et surtout pendant les deux mois et demi que le camp de Charles le Téméraire fut établi dans le voisinage immédiat de leur couvent 3 . Elles eurent sans doute beaucoup à souffrir de la présence de ces nombreuses bandes de mercenaires racolés de tous les coins de l’Europe. Il est probable, comme le dit M. de Gingins, qu’elles se retirèrent /13/ à Lausanne 1 ; toujours est-il que leur nombre diminua considérablement. L’année après la guerre elles n’étaient que quatre, y compris l’abbesse Perronnette Chapuisiz 2 .Au commencement du XVIe siècle, malgré l’extrême pauvreté de leur maison, les nonnes de Bellevaux paraissent s’être fort relâchées dans leur discipline. La règle de clôture était enfreinte, les heures canoniques de silence n’étaient plus observées, le culte était négligé. Aussi, le 15 août 1520, Louis, abbé de Mont-Sainte-Marie et Anatole de Corcelles, religieux de Cîteaux, commissaires députés par le chef de l’ordre pour visiter le couvent de Bellevaux, firent des observations sévères aux religieuses sur leur négligence 3 . Nous ne savons pas si ces remontrances produisirent de l’effet. Quelques années plus tard le couvent fut supprimé lors de l’introduction de la Réformation dans le Pays de Vaud, en 1536.
Les religieuses ne paraissent pas avoir été nombreuses. En 1442 elles étaient neuf ; en 1477, immédiatement après la guerre de Bourgogne, il n’y en avait plus que quatre ; en 1522, elles étaient treize ; en 1534 elles étaient huit 4 .
Plusieurs d’entre elles appartenaient à la petite noblesse du pays. On rencontre dans les listes des nonnes les noms de de Bettens, de Chastel, de Cheseaux, de Chissy, /14/ de Crissier, d’Estavayer, de Laconay, Malliardoz de Rue, de Monthey, de Moudon, de Neschel, de Praroman, de Sergy, de Vuippens 1 .
Nous n’avons aucun renseignement sur les bâtiments de l’abbaye, dont il ne reste plus vestige. Nous savons seulement qu’il y avait une grosse tour qui fut démolie en 1547 et dont la poutraison fut amenée en ville 2 . En 1550, il fut un moment question de transférer près de l’ancien couvent l’hôpital des pestiférés de Saint-Roch qu’on trouvait trop rapproché de la ville 3 .
L’abbaye de Bellevaux était très pauvre. A l’époque de sa suppression, les nonnes déclarèrent que le revenu annuel de la maison était en moyenne de quinze å seize muids de froment, vingt à vingt-deux chars de vin et 50 à 60 florins en argent 4 . Cette déclaration concorde à peu près avec les évaluations du receveur de Bellevaux pour la ville de Lausanne, peu d’années après la Réformation, et même elle les dépasse. En calculant le prix des denrées à cette époque, mis en rapport avec la valeur actuelle de l’argent, on trouve que le revenu total de l’abbaye était /15/ au plus de 5000 fr., toutes choses comprises. Aussi l’abbesse était-elle obligée de demander au Conseil de Lausanne la permission de prendre dans les forêts de la ville le bois nécessaire à l’affouage du couvent, permission qui n’était pas toujours accordée 1 .
Pendant la période agitée qui précéda immédiatement la Réformation du Pays de Vaud, l’abbesse Marguerite de Sergy, émue par les troubles religieux qui régnaient et par les bruits de guerre incessants, se présenta deux fois devant le Conseil de Lausanne, en août 1535 et en janvier 1536, le suppliant de prendre le couvent sous sa protection et d’y envoyer un membre du Conseil pour en imposer par sa présence aux perturbateurs. Etienne Ménestrey fut délégué à cet effet 2 . En attendant, l’abbesse se hâta d’envoyer les titres de propriété et quelques objets précieux à Fribourg, chez un de ses parents, pour les mettre en sûreté 3 .
Le 13 septembre 1536, avant même la dispute de religion et l’édit de Réformation qui devait supprimer tous les couvents du pays conquis, Sébastien Naegueli, gouverneur du château de Lausanne pour Messieurs de Berne, fit procéder à un inventaire détaillé des biens de Bellevaux et à un interrogatoire des nonnes. Elles étaient cinq, savoir : Marguerite de Sergy, abbesse ; Marguerite de Vuippens, prieure ; Hélène Aigre ou Aigroz, Jeanne d’Arloz et Françoise de Chissy. Un double de cet inventaire fut remis à Messieurs de Lausanne, ce qui n’empêcha /16/ point le Conseil de faire un nouvel inventaire le 6 novembre, immédiatement après la largition par laquelle le sénat de Berne acheta la soumission complète de Lausanne 1 .
Quoique le couvent fût par le fait supprimé, les religieuses restèrent à Bellevaux une année encore ; mais, le 13 décembre 1537, le Conseil leur ordonna de s’établir dans la ville et leur assigna pour demeure la maison qui avait appartenu à Jacques de Montfalcon, chanoine de N. D. de Lausanne 2 . Cette maison était située entre l’escalier du Marché et le couvent de la Madeleine 3 ; elle fut, dans la suite, la cure de l’un des pasteurs de la ville 4 , et de nos jours elle est l’école communale supérieure des jeunes filles. En même temps le Conseil fit aux religieuses une pension annuelle de trois muids de froment, trois chars de vin et 60 florins en argent 5 .
On avait permis à ces pauvres femmes de conserver le costume de leur ordre ; mais, au mois d’avril 1538, malgré leurs prières, on les contraignit à s’en dépouiller et on fit faire aux quatre nonnes qui restaient des robes de drap noir 6 . Au mois d’octobre 1540 leur pension fut /17/ augmentée de 10 florins et un demi-muid de froment et on continua de les habiller aux fraix du public 1 .
En 1548 il ne restait plus que noble Françoise de Chissy 2 . Sa pension annuelle était : deux muids de froment, un muid d’avoine, cinq pots d’huile, un char de foin, un char de paille et 50 florins en argent. On lui fit en outre un don gratuit de 4 florins 3 . Ses anciennes compagnes étaient ou dispersées ou mortes 4 .
/18/ /19/I
Archives de la ville de Lausanne. - Titres de Bellevaux, No 56. Parchemin.
1274 (1275). Janvier.
Aubert d’Evian et sa femme vendent à la prieure de Vaux-Sainte-Marie et à dame Agnès de Gruyère une vigne en Jovigo pour 12 liv. 15 sols.
Noverint universi quod ego Aubertus de Acquiano et ego Williermeta uxor dicti Auberti vendimus et concedimus in perpetuum … Priorisse, sanctimonialibus Vallis Beate Marie juxta Lausannam et domine Agnepti sorori domini Petri comitis de Grueria, de voluntate filiarum nostrarum scilicet Jaquete, Stephanete, Agneptis et Jordane uxoris Remundi Panyer, quandam vineam cum fondo sitam in territorio de Jovigo inter stratam publicam et vineam quondam Petri Abicelli, vineam Eystabusseyz et vineam nostram, prout mete ibi posite designant, pro viginti duabus libris bonorum Lausannens. quinque solidis minus, quas confitemur nos recepisse et habuisse a priorissa, domina Agnepte et sanctimonialibus supradictis ob causam dicte venditionis … Hanc autem venditionem laudant Petrus dictus Gorra et liberi sui, Gerardus, Johannes et Williermus cives Lausann., a quibus dicta vinea moveri dignoscitur sub annuo censu sex denariorum Lausannensis monete solvendorum in festo beati Michaelis annuatim, pro quo censu et pro legitimo placito quod confessi sunt se recepisse in /20/ bona pecunia numerata ipsi promiserunt et promitunt fide data priorisse, sanctimonialibus et domine Agnepti predictis et successoribus suis ferre guerentiam in perpetuum contra omnes de vinea supradicta. Testes hujus rei sunt vocati et rogati Petrus de Chanvenz clericus et dictus Remundus. Ad maiorem rei certitudinem, ad preces nostras et filiarum nostrarum, Jordane, Petri dicti Gorra et filiorum suorum predictorum sigillum curie Lausannensis est appositum huic scripto. Datum anno Domini MoCCoLXXo quarto, mense januarii.
(Sigillum deest.)
II
Archives cantonales vaudoises.
Inv. bleu II. Chap. de Lausanne No 17. Parchemin.
1276 (1277) janvier.
Convention entre le couvent de Bellevaux et le chapitre de N. D. de Lausanne au sujet de la sépulture.
Nos Henricus prepositus Lausannensis ecclesie totumque capitulum ejusdem ecclesie et nos soror Agnes humilis priorissa domus sanctimonialium de Valle beate Marie prope Lausannam totusque conventus ejusdem loci notum facimus universis, quod cum discordia verteretur inter nos ad invicem super sepulturis, tandem amicabiliter sopita est in hunc modum, videlicet, quod quicunque de perrochiis capituli Lausannensis, maioris videlicet ecclesie, sancti Petri, sancti Stephani, sancti Laurentii, voluerit apud dictas sanctimoniales eligere sepulturam, hoc possit sine contraditione cuiusquam facere, et ibidem sepeliri, nec sacerdotes perrochiales nec alii dissuadeant volentibus apud dictas sanctimoniales eligere sepulturam, nec dicte sanctimoniales alliciant homines sanos vel infirmos ut in sua ecclesia eligant sepulturam. Cum autem contingerit aliquem mori de hiis qui elegerint apud dictas sanctimoniales sepulturam, deferetur primo corpus apud perrochialem ecclesiam /21/ et post modum celebratis missis, si hora fuerit celebrandi, unica cum nota et aliis que infra illam incipient, statim sacerdos perrochialis tenetur adducere corpus honorifice ad ecclesiam dictarum sanctimonalium ; ita tamen quod si de perrochianis maioris ecclesie eligat aliquis apud dictas sanctimoniales sepulturam pro quo deberet canonicus secundum consuetudinem dicte ecclesie in choro celebrare, expectabitur missa post primam, et prima citius solito pulsabitur, et statim post missam deferetur corpus ad ecclesiam dictarum sanctimonalium, prout superius est expressum. Adjectum est etiam in predicta compositione quod prefatum capitulum cum sacerdotibus dictarum perrochiarum percipient integraliter quartam partem de hiis que legata fuerint conventui dictarum sanctimonalium, ratione sepulture, ab illis qui de dictis perrochiis apud easdem sanctimoniales elegerint sepulturam, quocumque modo seu ad quemcumque usum legata fuerint dictis sanctimonialibus ; excepta perrochia maioris ecclesie que terciam partem integraliter percipiet, sicut superius est expressum. Et nichil aliud poterunt petere dictum capitulum seu dicti sacerdotes de hiis que dictis sanctimonialibus ratione sepulture obvenerint ; nec supradicte sanctimoniales poterunt aliquid petere ab hiis que supradictis capitulo et sacerdotibus legabuntur. Si autem contingeret quod ille qui eligeret apud dictas sanctimoniales sepulturam, legaret dictis sanctimonialibus aliquid unde semel procuraretur conventus, ibi nichil percipient capitulum et sacerdotes, ita tamen quod dicta procuratio non suscipiat redemptionem. De aventiciis vero istius dyocesis venientibus Lausannam dicti sacerdotes et capitulum nichil percipient de legatis dictarum sanctimonalium, nec de hiis que dictis sanctimonialibus ratione sepulture obvenerint, si contingeret quod dicti adventicii morerentur in dictis perrochiis et eligerent apud sanctimoniales sepulturam. De aliis autem adventiciis de extra dyocesim venientibus et morientibus in dictis perrochiis, percipient dictum capitulum et sacerdotes suam portionem de hiis que legabunt dictis sanctimonialibus sicut de suis perrochianis est expressum, si contingeret quod dicti adventicii sepelirentur apud dictas sanctimoniales. Perrochia vero Sancti Marii, que fuit addita in predicta compositione, /22/ tantum percipiet in legatis sanctimonialium quantum maior ecclesia, pro eo quod dicta ecclesia religiosa existit ; et nichil amplius prior et canonici Sancti Marii poterunt petere a dictis santimonialibus nisi secundum quod superius est expressum de perrochia maioris ecclesie. Consenserunt autem huic compositioni sacerdotes dictarum perrochiarum et prior et canonici Sancti Marii, et eandem promiserunt in perpetuum firmiter observari. Portio autem canonicorum et dictorum sacerdotum solventur celerario capituli et credetur super legatis simplici verbo priorisse vel celerarie dictarum sanctimonialium. Portio perrochie Sancti Marii reddetur priori eiusdem loci. Hanc compositionem fecit capitulum salvo iure matriculariorum matricis ecclesie, si quid habent. Ut autem predicta compositio rata habeatur sigilla nostra communia una cum sigillo dicti prioris presenti pagine duximus apponenda. Et nos dicti sacerdotes sigillo prefati capituli contenti sumus in hac parte. Datum anno Domini MoCCoLXXo sexto mense Januarii. Curatus vero sancti stephani, scilicet dominus Petrus Psalteri huic compositione noluit consentire. Et nos de dicta compositione dictum dominum Petrum tempore suo nullum dampnum vel commodum volumus reportare. Datum anno et mense supradictis.
Sigilla duo desunt, unum fractum.
III
Archives de la ville de Lausanne. - Titres de Bellevaux No 40. Parchemin.
1292 (1293), 3 février.
Guillaume, évêque de Lausanne, incorpore le couvent de Vaux-Sainte-Marie à l’ordre de Citeaux.
Nos Williermus, Dei gratia Lausannensis episcopus, notum facimus universis, quod, nos zelo religionis et devotionis accensi cupientes cultum divini nominis ampliari, quo latius extensus funiculos suos faciat ampliores, libenter ad hoc addicimus sollicitudines /23/ et labores, ea propter dilectas in Christo filias sanctimoniales Vallis Beate Marie prope Lausannam, que hactenus tantummodo in dicto loco degentes divinis obsequiis inherendo sub nostro regimine solite sunt gubernari, ipsis consentientibus volumus et concedimus, cummunicato ad hoc nostri Lausannensis capituli consilio et tractatu, ut ordini Cisterciensi subjaceant et eidem ordini incorporentur, et exnunc per ministros Cistercienses regantur secundum dicti ordinis instituta ; ita tamen quod in dicto loco perpetuo includantur. In cuius rei testimonium sigillum nostrum presentibus litteris duximus apponendum. Datum anno Domini millesimo ducentesimo nonagesimo secundo die martis post purificationem beate Marie.
Sigillum deest.
IV
Archives de la ville de Lausanne. - Titres de Bellevaux No 6. Parchemin.
1346, 17 avril.
Consécration de l’église de Bellevaux.
In nomine Domini, amen. Noverint universi presentes et futuri quod anno Domini millesimo CCCoXLo sexto, inditione XIIII, pontificatus sanctissimi in Christo patris ac domini Clementis pape VI anno quarto, die Lune in crastino festi ressurrectionis Domini ; nos frater Henricus Dei et apostolice sedis gratia archiepiscopus Auctuersensis (?), presentibus venerabilibus et religiosis viris fratre Nicholao abbate Altecriste cisterciensis ordinis Lausannensis dyocesis ; domino Jacobo de Billens, decano Sedunensi, vicario generali reverendi patris domini G. eadem gratia episcopi Lausannensis ; dominisque Petro de Serrata, Petro de Illens, Francisco de Wflens, canonicis ecclesie Lausannensis; pluribusque religiosis, ac cleri et populi multitudine copiosa : De auctoritate et licencia prefati domini vicarii consecravimus solempniter ecclesiam monasterii Bellevallis prope Lausannam cisterciensis /24/ ordinis. Et de omnipotentis Dei misericordia et gloriose virginis Marie matris, ac beatorum Petri et Pauli apostolorum et omnium sanctorum ejus meritis confidentes, omnibus vere penitentibus et confessis qui, causa peregrinationis et devotionis, ex nunc ipsam ecclesiam per nos consecratam visitabunt in crastino festi resurrectionis Domini, ac in festo eodem predicto, ac in festivitatibus nativitatis Domini, Ascensionis, Penthecostes, Eukaristie, omnium sanctorum ac beatorum apostolorum Petri et Pauli et dedicationis beati Michaelis archangeli ; necnon et in quatuor festivitatibus gloriose virginis Marie, scilicet Assumptionis, Nativitatis, Purificationis et Adnunciacionis ; ac infra octabas dictarum festivitatum et die veneris sancta ; quadraginta dies indulgencie concedimus in Domino per presentes. Nos vero vicarius predictus Lausannensi predicta actestamus esse vera et dictas indulgencias per dictum dominum archiepiscopum, ut predicitur, concessas ratifficamus auctoritate dicti domini nostri Lausannensis episcopi et tenore presencium confirmamus. Et nichilominus omnibus predictis dictam ecclesiam dictis temporibus seu diebus visitantibus auctoritate predicta XL dies indulgencie concessimus et concedimus. Dedicationem vero predictam nos archiepiscopus et vicarius predicti fieri volumus et concedimus perpetuis temporibus in crastino festi Resurrectionis Domini annuatim. Ad hec fuerunt testes presentes religiosi viri fratres Nicolaus de Lausanna prior, frater Johannes de Lausanna celerarius, frater Johannes de Viviaco monachi Alte criste ; domini Johannes Ramux, Johannes Amissodi capellani ecclesie Lausannensis, dominus Jacobus olim curatus de Orba et plures alii fide digni vocati et rogati. In quorum omnium testimonium premissorum nos dictus archiepiscopus sigillum nostrum, et nos dictus vicarius pro nobis sigillum curie Lausannensis duximus presentibus litteris apponenda. Datum et actum anno, inditione, pontificatu, die et presentibus quibus supra.
Sigilla desunt. /25/
V
Archives de la ville de Lausanne. - Titres de Bellevaux No 35. Parchemin.
(1520, 15 août.)
Visitation du couvent de Bellevaux par deux commissaires de l’abbé de Cîteaux.
A la louange, gloire, hongneur et reverence de la begnoite et glorieuse Trinite, le Pere, le Filz et le Sainct Esperit, et augmentacion de nostre tressaincte et sacree religion, extirpacion des vices et pechiers, augmentacion de toutes bonnes mœurs et vertus et conservacion de paix, union, amor, charité et dilection, et au salut et salvacion des ames de toutes les seurs religieuses de ce monastere de Bellevaux, et a l’exemple du monde, Nous freres Loys abbé du Montsainctemarie et Anathole de Corcelles, religieux de Cisteaux, commissaires depute de par Monseigneur de Cisteaux, ayans la puissance et auctorité de toute l’ordre et du chapitre general, a tous qui apertiendra salut en Nostre Sauveur Jhesus. Nous lesdits commissaires en visitans personnelement et reformant le monastere de Bellevaux lez Lausanne, de lordre de Cisteaux et inmediatement subiecs dudit Cisteaux, avons ordonnes et prescriptz bailler et lassees les articles et ordonnances cy apres escriptes, les quelles voulons et sur peinne dobedience et sansures de la religion commandons inviolablement estre observees et gardees. Premmirement en toutes charites, amor et dilecion, prions et requerons toutes les religieuses de seans quelles considerent leurs estat et vocacion et quelles sont entrees en religion non pas pour faire leurs volemptes et plaisances et estre comment au monde, mais pour faire le salut et salvacion de leurs pouvres ames et servir a Dieu le createur et a sa glorieuse et tressacree mere la begnoyte virge Marie, nostre dame patronne matresse et advocate. Pourquoy, ayans esgart au divin service de Dieu le createur et de la glorieuse virge Marie, voulons et sur lindinacion de la divine maieste commandons a labbesse, prieuse, supprieuse /26/ et a toutes les religieuses de seans, que bien entierement reveremment et devotement le divin service de Dieu, de la virge Marie et des pouvres trespassees soit tous les jours dit et celebre entierement sans an point laisse. Et que tous les jours, pour le mains es jours de feste, la messe a aute voix et aux autres basse. Et que les sainctes et salutaires cerimonies il soient observees et gardees, en ce inclinant profondement et reveremment quand lon dira « Gloria Patri et Filio » et quand lon dira ces beaux doulx et sacre nom Jhesus et Maria. Item pource que le silence est le fundement et clef de religion, voulons et ordonnons que soit observees et gardees au divin service principalement et es lieux regulies comment sont leglise le dortou et heures incompetantes, et que sur les avandictes peinnes et grosses punicions corporelles les religieuses parlent honestement et quelles ne disent point diniures, ne aussy revele riens des secret et affaires de la religion a gens seculiers, et de ce chargons griefvement la conscience de labbesse devant Dieu le createur. Item que apres les refeccions, lesquelles les religieuses feront toutes ensembles, benedicite et graces de lordre soient dictz, et pour le mains tous les jours de festes lesdites graces ce diront a leglise, apres lesquelles lon dira De profundis. Et prohibons que nulles des religieuses mangent cher les mercredis en ladvent et es vigiles de toutes les festes Nostre Dame. Item, que les calices, reliques, habis dautel et toutes choses servantes et dedier a Dieu soient honestement, devotement et reveremment traicter et gouvergner; et affin que lobservacion de la religion soit gardez, ordonnons que toutes les religieuses sans en point excepter dorment en dortoir regulierement et qui soit fermez estroictement de nuyt tellement que personne nen puisse sortir. Item deffendons et prohibons que les religieuses ne escripvent ou recepvent lettres a personne quelconques sans la licence de labbesse. Item que l’abbesse et autres officieres feront tous les ans bons et fideles comptes du revenuz et bien de la maison. Et que sur griefves peinnes les religieuses ne voysinent aux nopces, frequentent festes ou gens mal famees et renommees ou lievent? ne tiennent enfans sur les fons. Item que des seurs malades labbesse soit bien et singulierement songnieuse, et quelles ne souffre point dindigences ou necessites. /27/ Item, que les religieuses soient humbles, charitables lune aux autres, et quelles portent hongneur, reverence et obeissance a leur abbesse, et que ladite abbesse ayme ces religieuses, endoctrine et enseingne la voye de salut, et pour il mieulx parvenir toutes les religieuses ce confesseront et peurgeront leurs consciences aux bonnes festes de lannee, affin de plus dignement a la salvacion de leurs ames elles puissent prandre et recepvoir le precieux corps de nostre Saulveur Jhesus. Et finablement en toutes charites prions et exortons toutes les religieuses de penser a leurs estat et leure de la mort, es joyes de paradis et aux griefve et horibles peinnes denfers. Et mettent peinne de garduez (sic) et observees les commandement de Dieu le createur, les salutaires ordonnances et sainctes institucions de nostre saincte et sacre religion, affin que comment bonnes servantes et vraye amoreuse de Dieu et chapellainnes de sa glorieuse mere la virge Marie puissent finablement parvenir en la gloire de paradis. Et affin que par ingnorance nul chiese ou peche et viennent en ruyne, ordonnons ceste nostre presente carte de visitacion trois ou quatre fois lanne estre lucte et declaire au chapitre devant toutes les religieuses. Et a toutes personnes regulieres prohibons et sur les sansures de la religion deffendons que ceste presente chartre quache, rompe ou aliene. Donne oudit monastere de Bellevaux soubz lappension du scel de reverend pere en Dieu monseigneur labbe du Montsainctemarie et mon seing manuel cy apposees et mis le XVe jour daoust lan mil cincq cens et vint.
Anathole.
Le sceau manque.
VI
Archives de la ville de Lausanne, C. 4.
13 septembre 1536.
Sensuit linventoyre des biens meubles de labbaye monoyallez de Bellevaulx part vertus de serement faict par lesdictes moennes /28/ eys mains de noble Sebastien Nayguillich gentilhomez gouverneur douz chasteaux de Lausanne, etc.
Premierement a recogneuz Margueritaz de Selsino abbessez dudict Bellevaulx moyant son serement quelle avoyt pourter les lettres et droit de ladite abbaye à Fribourg en la maison dung de ses parens qui se nomme Volle chastelz.
Item a dy et recogneuz quelle avoit porter à Fribourg troys galice, les deux dargent de quoy lung dorer et le tiert a le piedz de cuyvre et le restez dargent.
Item mais, une custodez dargent fort belle et ung petitz ciboyre dargent.
Item une chasuble de velluz rogez.
Item une de velluz noyr ayant la croyx blanche.
Item unaz de damas pers.
Item une chasuble noire de velleur noyr.
Item une de camelloz blanc en laqueulle sont les armes de l’abbaye.
Item a dy et confesser dama Helennaz loz contenuz que dessus et tant que touche des meubles de la maison pource quelle estoit lavandiere, a dy que en ladite abbaye avoy douze lict garnir.
Item a dy quil avoyent engager ung pré à maistre Estienne le pintre pour six ving florins.
Item ung aultre morsel de prez a Anthoni Grandis pour quattre ving florins.
Item a dy et confesser dame Marguerite de Vuyppens prioressez que oultre les chasubles dessusdictes avoyt en labbaye vuyt chasuble de drapt et une de sattyn blanc.
Item a dy ladicte prioressez que elle avoyent engaiger à maistre Pierre La Tourrogez deux tasses dargent pour ving florins.
Item une aultre en la maison de sire Anthoynne Roschex de quoy ignore le pris.
Dame Francoyse de Chissiez a dy comme dessus, reserver que ilz lyaz ancor une chasuble de tafistez blanc et une aultre de touttes couleurs de soyes.
Item mais a dy, que ilz lont six auz sept pot de mettaulx a cuyre. /29/
Item deux groz chouderon, une grande pelez pendent, troys peylles friteyres, une grande et deux petites.
Item douze plattez, douze escolles platte, vuyt escolles orellyes, douze grelet, desqueulx pot de mettaulx ly en az ung de la teneur dune segliez et demye, l’aultre de la teneur dune seglie.
Item une grolez de Jamscattez (?) garnie dargent.
Item de troys a quattres douzanne de lensieux.
Dame Janne Darloz a dy comment dessus.
Item ont dy generallement lesdictes monnes que elle ont de revenuz en censez de quinze a seze moys de fromment messurez de Lausanne et communément de vint à ving et deux chert de vin et cinquante ouz sexante florins de deniers de censez ouz revenuz.
Restez le vestia(ire) lequel naz point ester mis en lynventoyre.
Donné le mecredy avant faistez exaltations sainctez croys lant de nostre seigneurs courant mille cinq cens trente six.
Donne pour doble a nous magniffiques seigneurs de Lausanne.
L. Assacti.
Feuille petit in-folio en papier.
Au dos écriture du XVIe siècle. Inventeyere de Bellevaux.
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ABBESSES DE BELLEVAUX
AGNES (de Gruyère) soror nobilis viri domini Petri, comitis de Grueria. - 1276 (Mülinen, titrée de prieure) 1276 (1277) janvier A. C. Inv. bleu II. Chap. No 17. Soror Agnes humilis priorissa domus sanctimonialium de Vallebeate Marie prope Lausannam. 1277. Octobre. Titres de Bellevaux. Agnes, soror nobilis viri Petri comitis de Grueria, morans cum sanctimonialibus.
AMBROSIA abbatissa domus Vallis Beate Marie Lausannensis prope Lausannam. - 1304, Juillet.
JOHANETA, habatissa sororum de Balevauz, abbatissa abbacie de Bellis Vallibus. - 1314, 19 juillet. 1324 (1325), 24 février.
ROLETA DE BECTENS (ou BETTENS), abbatissa conventus de Bellis Vallibus prope Lausannam. - 1380 (1381), 28 janvier. 1386, 15 avril. 1394, 21 mai. (Mülinen.) (Ruchat.)
JOHANETA CHIVILLIERY abbatissa monasterii de Bellis Vallibus. - 1405 (1406), 25 février.
JOHANETA DE COSSONAY abbatissa monasterii beate Marie de Bellis Vallibus. 1408, 15 mai. 1422, 30 novembre. Religieuse en 1383. (Charrière, Dynastes de Cossonay, 79.)
Jaqueta de Melduno priorissa. - 1422, 30 novembre. /31/
GUIETA DE DOMPNELLOYE. - 1423 (1424), 13 mars ; 1428, 4 octobre ; 1429, 17 juillet ; 1436, 15 avril ; 1440, 26 janvier ; 1442, 2 juin.
Jaqueta dicta de Merduno priorissa. 1428, 4 octobre.
Margarita de Chessaul priorissa. - 1442, 5 février.
JOHANETA BERTHOLAZ. - 1460, 16 avril.
JOHANNETA BORGESAZ. - 1470, 9 avril.
PERRONETA CHAPUISIZ. - 1477, 11 septembre.
PERRONETA MALLIARDO. Filia nob. Johannis Malliardo. - 1487 (1488), 28 janvier ; 1489, 1er juillet ; 1500 (1501), 5 mars ; 1501, 24 avril ; 1503, 27 août.
Margareta Chatarda priorissa. - 1489, 1er juillet ; 1503, 27 août.
Ludovica de Curtellari subpriorissa. - 1503, 27 août.
MARGARITA DE SERGINO (de Sergy), de Sarsino, de Sersino, de Cercino. - 1507, 15 avril ; 1509, 1510, 1512, 1514, 1522, 1534, 3 mars ; 1536, 13 septembre.
Margareta de Vuyppino (de Vuippens), priorissa. - 1507, 15 avril ; 1509-1519 ; 1522 ; 1534, 3 mars ; 1536, 13 septembre. Jana de Pratoromano suppriorissa. - 1507, 1522, 1523.
Jana de Pratoromano suppriorissa - 1507, 1522, 1523.