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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Société d’histoire de la Suisse romande :

Procès-verbaux 1901-1917
Liste des Membres
Statuts

Dans MDR, Seconde série, 1918, tome X, pp. 245-365

© 2025 Société d’histoire de la Suisse romande

/245/

PROCÈS-VERBAUX

1901-1917

FAISANT SUITE

A CEUX PUBLIÉS DANS LE TOME IV, SECONDE SÉRIE

 


 

 

Séance du 19 juin 1901,
au Musée industriel à Lausanne.

PRÉSIDENCE DE M. BERTHOLD VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Une quarantaine de membres sont présents. La séance est ouverte à 10 heures. Après lecture du procès-verbal et celle des comptes de l’année 1900, vérifiés séance tenante par MM. Cordey, notaire, et William de Sévery, lecture qui ne donne lieu à aucune observation, M. le président rappelle le souvenir de treize membres que la Société a perdus depuis sa dernière réunion. Ce sont MM. Ernest Combe, professeur de théologie et ancien recteur de l’Université de Lausanne, lettré éminent, auquel l’histoire doit entre autres une monographie intéressante du temple de Grandson; Aimé-Louis Herminjard, le savant éditeur et commentateur de la correspondance des réformateurs en pays de langue française; Ferdinand Schmid, curé de Mœrell, un des meilleurs historiens du Haut-Valais et un des fondateurs de la Société de l’histoire de cette contrée; Joseph Morel, ancien président du Tribunal fédéral, sigillographe distingué, qui a réuni une riche collection de sceaux et cachets suisses; Charles Soldan, juge fédéral, rédacteur du Journal des Tribunaux vaudois et auteur apprécié de plusieurs mémoires sur l’histoire de notre droit; le Dr Hippolyte Gosse, conservateur du Musée archéologique de Genève; Adrien Colomb, conservateur des collections préhistoriques du Musée /246/ cantonal vaudois, dont il a classé la collection lacustre avec soin et exactitude; Charles Carrard, Albert de Rougemont, Maurice Berthoud, A. de Mandrot, Henri van Muyden; enfin l’historien bernois Albert Jahn, membre honoraire de notre Société depuis l’année 1847. Les candidatures suivantes sont agréées par vote à main levée: M. Henri de la Harpe, à Yens; M. Ch. Eggimann, libraire à Genève; M. Jacob Bachmann. vice-président du Tribunal fédéral, à Lausanne; M. Christian Schefer, homme de lettres à Paris; M. Edouard von Schneider, à Lausanne; M. Gustave Aubort, instituteur à Mur (Vully); M. François Roulier, instituteur à Combremont-le-Grand; M. Arnold van Muyden, à Lausanne; M. Albert Greyloz, syndic d’Ollon; M. Marc Henrioud et M. André Schnetzler à Lausanne.

M. le président annonce la publication prochaine dans les Mémoires et Documents de plusieurs travaux historiques. Ce sont d’abord un glossaire des patois de la contrée de Blonay, par Mme Odin; puis des comptes des châtelains de Chillon que M. Victor van Berchem a fait copier aux archives de Turin; une traduction de l’ouvrage de M. le curé Stammler de Berne sur le Trésor de l’église de Lausanne, etc.

La série des lectures est ouverte par M. Aloys de Molin, qui a préparé un mémoire sur les antiquités germaniques en Suisse 1. D’après l’ouvrage récent d’un jeune savant de Toulouse, M. Barrière-Flavy, sur les institutions des Barbares en Gaule, le conférencier estime qu’il est hors de doute que la civilisation des peuples germains, lors de l’invasion, était différente pour chacun d’eux. Ils étaient plus ou moins civilisés, selon qu’ils avaient été plus ou moins longtemps en contact avec l’empire romain. Ainsi les Visigoths et les Burgondes font preuve d’une culture plus avancée que les Francs et surtout que les Allamans.

M. Emile Dunant donne communication d’une notice sur les alliances de Genève avec les cantons suisses du XVIe au XVIIIe siècle, développement de sa thèse de doctorat : Les relations politiques de Genève avec Berne et les Suisses de 1536 à 1564, Genève, 1894. /247/

M. Jules Mellet présente à l’assemblée une lettre et un billet de l’évêque de Lausanne Aymon de Montfalcon, ainsi qu’une lettre de son neveu l’évêque Sébastien. Ces trois pièces importantes, acquises récemment par le Vieux Lausanne, proviennent de la riche collection d’autographes de M. Angelino Rossi à Rome. La première de ces lettres, en latin, datée du 12 avril 1509, est adressée par l’évêque Aymon au Conseil souverain de Berne. Il y explique les raisons qui l’empêchent de venir dans cette ville pour s’enquérir personnellement au sujet du procès Jetzer. La lettre de Sébastien de Montfalcon, aussi en latin et datée du 15 mars 1527, est adressée au même Conseil. L’évêque y annonce la libération d’un moine qu’il avait fait arrêter au lendemain de la dispute de Baden, quoiqu’il fût porteur d’un sauf-conduit bernois (Ruchat nous apprend qu’il s’agit là de l’affaire du moine Jean Clerc). Quant au billet de l’évêque Aymon, c’est un mandat en français, non daté, qui donne ordre au châtelain de Bonne en Savoie d’exiger de suite le paiement des cent florins que les Dominicains de Bonne doivent à l’évêque.

La séance est levée à midi et demi et une grande partie des assistants se rendent au Village suisse de Sauvabelin, où est servi le banquet. Au dessert, M. le président fait un appel en faveur du monument que l’on va ériger à Berne à Albert de Haller. La Société adopte sa proposition de participer pour cent francs à la souscription ouverte.

 

Séance du 4 septembre 1901,
au château de Bulle.

PRÉSIDENCE DE M. BERTHOLD VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Une soixantaine de membres et d’invités de la ville assistent à cette séance, qui est ouverte à dix heures et quart par un discours du président. Il rappelle qu’une assemblée de notre Société à déjà eu lieu à Bulle le 1er septembre 1870, jour où ses membres reçurent la première nouvelle de la défaite des troupes françaises près de Sedan. M. Frédéric Barbey, à Genève, /248/ est reçu membre de la Société. M. Ernest Stroehlin, ancien professeur à l’Université de Genève, qui a été pendant quelques années démissionnaire, est réinscrit aujourd’hui sur notre liste d’adhérents.

M. Eugène Mottaz donne lecture de lettres inédites de Henri Monod, Jules Muret et Louis Sécrétan 1, délégués par la Diète vaudoise à la Consulte helvétique à Paris et chargés d’exprimer ses vœux pour l’élaboration de l’Acte dit de Médiation. Ces lettres donnent des détails sur leur séjour à Paris, sur leur présentation à divers personnages de marque, entre autres au ministre Talleyrand, sur plusieurs assemblées de la Consulte helvétique, et sur la commission, composée de quatre sénateurs français, qui devait recevoir et examiner les vœux des députations des cantons suisses.

Des documents jusqu’ici inexplorés des archives de Thoune, la correspondance inédite du général Dufour, ainsi que des notes contemporaines laissées par des membres des familles de Candolle et Binet-Hentsch sont les sources du mémoire que M. Eugène de Budé consacre au séjour du prince Louis Bonaparte en Suisse 2. C’est en 1815 que sa mère, la reine Hortense, vint s’établir avec lui à Arenenberg en Thurgovie, où elle voua les soins les plus attentifs à son éducation. Louis-Napoléon étudia dans la suite à Constance; puis il suivit son goût pour la carrière militaire, en demandant au colonel Dufour de l’admettre au camp de Thoune, pour y apprendre le service d’un officier d’artillerie, permission qui lui fut accordée dans l’été de 1830. En 1832 la mort du duc de Reichstadt le fit devenir aux yeux de l’Europe héritier direct des droits de la famille de Napoléon 1er à l’empire français, ce qui lui valut d’être entouré d’espions, dont il sut déjouer les intrigues. M. de Budé raconte comment il devint citoyen suisse et les dangers que cette qualité entraîna pour notre pays en 1838, lorsque le gouvernement français demanda son extradition.

M. Ch. Morel fait connaître le résultat de ses études sur /249/ l'étymologie du nom d'Ogo. Il s’attache à prouver que, contrairement à ce qu’ont affirmé Hisely et d’autres historiens, ce nom n’a aucun rapport avec Œx (Château d’Œx). On l’a aussi fait dériver de Hochgau (haut pays), mais ce mot allemand n’a été retrouvé jusqu’à ce jour dans aucune charte. Il ne paraît pas non plus trouver son origine dans la dénomination d’Otland ou Œchtland, qui désigne un territoire voisin mais différent. L’ancien nom du territoire d’Ogo doit être celui de comitatus Ausocense (et non pas Ausorense comme l’a modifié une erreur de copiste), lequel est aussi appelé Ausicense en 927. Cette forme du nom permet de supposer que le nom d’Ogo pourrait provenir de celui d'augia, mot qui désigne dans le pays des terrains bas.

Pendant le banquet, servi à l’hôtel des Alpes, M. Alex, curé de Bulle, souhaite la bienvenue aux membres de la Société au nom de cette ville, dont il est un des plus anciens bourgeois. En lui répondant, M. B. van Muyden mentionne ce berger de Bulle ou d’Albeuve, — car les deux localités le réclament, — que Marie-Antoinette avait fait venir pour garder ses vaches à Trianon et qui, ayant laissé sa « mie » en Suisse, serait mort de tristesse si la reine n’avait découvert la cause de son chagrin et n’avait appelé sa bergère auprès de lui. M. Alex affirme que l’histoire est parfaitement vraie, que le berger s’appelait Jacques Boschung, de Bellegarde, et la bergère Marie Magnin, de la Buchille. Les deux époux rentrèrent à Bulle au temps de la Révolution, avec une fille qui épousa plus tard le tonnelier Pierre Glasson, père du poète Nicolas Glasson.

Dans l’après-midi, visite au château de Gruyère, dont le propriétaire, M. Balland, de Genève, fait lui-même les honneurs. Une collation est offerte par lui dans une des grandes salles et il raconte, dans un intéressant discours, l’histoire de la restauration du château par son oncle M. Bovy. /250/

 

Séance du 4 décembre 1901,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à 2 heures et demie de l’après-midi; trente-cinq membres sont présents. Lecture est faite du procès-verbal qui est approuvé. M. Galley, pasteur à Bullet, est reçu membre de la Société.

M. Albert de Haller lit une notice biographique 1 sur son grand-père Rodolphe-Emmanuel de Haller, fils du célèbre Albert de Haller. Rodolphe-Emmanuel était né en 1747. Voué au commerce contre son gré, il s’établit à Paris et reprit avec un associé la succession de la banque Necker. Très sympathique aux débuts de la Révolution française, il fut nommé par Bonaparte, au temps de la campagne d’Italie, administrateur des finances de son armée. En 1800 il revint s’établir en Suisse, à Lausanne, dans la campagne de Villamont, où il eut l’honneur de recevoir à sa table le premier consul Bonaparte à la veille du passage du St-Bernard.

M. William Robert présente l'album amicorum de Jean-Ulrich Höcklin, de Steinegg, étudiant badois de la seconde moitié du XVIe siècle. Les signatures que ce livre contient couvrent le verso non imprimé des feuilles de texte et de gravures d’une édition des « Quatrains sur les métamorphoses d’Ovide », publiée par Jean Posthius en 1563, avec traduction en vers allemands. Elles sont accompagnées souvent d’armoiries joliment peintes. M. Robert donne quelques détails biographiques sur Jean Posthius et sur Jean-Ulrich Höcklin, de même que sur d’autres personnages dont les noms et les armes se rencontrent dans ce volume (Warnbühler, Grynaeus, etc).

M. Albert de Montet fait le récit, d’après des documents originaux qui lui ont été confiés par M. Louis de Muralt à Chardonne, d’une mission importante, dont le gouvernement /251/ bernois chargea, à la fin de janvier 1814, l’aïeul de ce dernier, M. Bernard-Louis de Muralt, membre du Conseil des Deux-Cents et bailli de Thoune, puis trésorier de Berne. Quoique les Conseils de Berne eussent décidé de ne pas se faire représenter à la Diète, convoquée à Zurich, si d’autres députés que ceux des XIII anciens cantons y assistaient, ils jugèrent utile d’envoyer avant son ouverture, auprès des plénipotentiaires russe et autrichien et des délégations de ces cantons, un négociateur habile pour les sonder et les conquérir autant que possible aux intérêts de leur république. Muni d’instructions écrites et de lettres d’introduction officielles pour le président du Vorort, Reinhard, ainsi que pour les deux ministres alliés, Bernard-Louis de Muralt arriva à Zurich le 30 janvier au soir, fît visite dès le lendemain aux personnes auprès desquelles il était accrédité, ainsi qu’à d’autres hommes politiques influents, et s’acquitta en quatre jours de sa mission avec tant d’activité et de talent diplomatique que, malgré l’insuccès de ses démarches, le Petit Conseil bernois l’en félicita. Son rapport peut être regardé comme une contribution précieuse à l’histoire des débats de la Diète de Zurich et des efforts que firent alors certains cantons pour rentrer en possession de leurs anciens pays sujets, notamment Berne pour Vaud et l’Argovie.

 

Séance du 7 mars 1902,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Vingt-sept membres sont présents. Après lecture du procès-verbal, qui est approuvé, M. le président attire l’attention de l’assistance sur une « Histoire de Romainmôtier, » publiée par MM. Ogiz, instituteur à La Sarraz, Paris, ancien pasteur de l’Eglise libre de Romainmôtier, et Chastellain, pasteur, histoire qui va paraître chez MM. Bridel & Cie à Lausanne. Il réfute ensuite quelques erreurs contenues dans des ouvrages de M. Stammler, curé de Berne, sur la situation de nos anciens évêques et de nos chanoines. Ainsi M. Stammler attribue à l’évêque /252/ 30 000 écus d’or de revenu et à chaque chanoine 4000, sommes exorbitantes qu’ils étaient fort loin d’avoir.

M. Frédéric de Mulinen, professeur à Berne, fait l’historique du château impérial de Lausanne et des droits qui devaient en dépendre 1. D’après lui, les rois de Bourgogne n’avaient droit à Lausanne même qu’à des prières et à des processions. Dans le comté de Vaud, ils s’étaient réservé les droits régaliens qu’ils n’avaient pas aliénés au comte, qui, depuis l’an 1011, se trouva être l’évêque. Leurs successeurs, les empereurs romains germaniques, eurent dans la suite, pour l’administration de ces biens réservés dans le territoire des trois évêchés de Sion, Lausanne et Genève, des avoués héréditaires en la personne des ducs de Zæhringen. Ceux-ci durent avoir naturellement une maison à Lausanne pour centre de leur juridiction. M. de Liebenau exprime l’avis que Rodolphe de Habsbourg habita, lorsqu’il vint à Lausanne pour la consécration de la cathédrale, le château de l’avoué impérial. On voit que ce château existait encore environ deux cents ans plus tard, puisque l’évêque Mathieu de Seckau inféoda le 24 janvier 1489, au nom de l’empereur Maximilien Ier, à Hans de Hallwyl et à ses frères, le « palais impérial » de Lausanne, avec tous les biens et les droits qui en ressortissaient. Cette inféodation paraît toutefois avoir été nulle, car on ne rencontre aucun acte prouvant que les frères de Hallwyl aient essayé d’en faire usage. En 1519 et 1525, à l’occasion de la combourgeoisie entre Berne et Lausanne, il est encore fait mention des droits de l’empereur, attestés aussi par l’aigle qui surmonte les armoiries de Lausanne.

M. le président fait observer qu’il existe aux archives de la ville de Lausanne des lettres de Charles-Quint à cette « ville impériale », qualification flatteuse qui ne tire très probablement son origine que du temps de l’établissement de la Réforme et qui ne paraît être qu’un essai d’intimidation à l’égard des Bernois.

M. Benjamin Dumur doute que l’on puisse déterminer s’il y avait un palais impérial à Lausanne. S’il y en avait un, ce /253/ devait être le lieu de résidence du juge que l’on appela dans la suite « de Billens », parce que le comte Amédée VI de Savoie acheta en 1355 de Pierre de Billens sa maison pour y établir le centre de la juridiction dudit juge, représentant du vicaire général de l’empire dans le diocèse de Lausanne. L’avis de M. Dumur est que François de Billens, revêtu de ces fonctions à l’époque de la guerre de Bourgogne, ayant pris la fuite lorsque les Bernois s’emparèrent de Lausanne, les vainqueurs attribuèrent l’investiture de celles-ci aux frères de Hallwyl et que ces derniers remplirent dans la suite leur devoir en sollicitant la confirmation de l’empereur.

M. Bugnion dit que le titre de ville impériale ne signifiait pas toujours que la cité relevait directement de l’empereur : Bucelin nous apprend que ce titre était aussi donné à des villes de vassaux que l’empereur voulait honorer, et dans la liste de ces villes quasi-impériales, figure, entre autres, Lausanne.

M. Albert de Montet explique en quelques mots quels étaient les droits de l’empereur dans l’évêché de Lausanne. On a dit que le quartier de la Caroline tirait son nom d’un ancien château, bâti par l’empereur Charles III. Cela peut être, mais il est infiniment plus vraisemblable qu’il le doit seulement à l’empereur Charles-Quint, puisque là était sous le régime bernois le tribunal de justice criminelle, qui jugeait d’après le code de ce prince, appelé la Caroline. Le nom du code a été dans notre pays souvent employé pour désigner les tribunaux criminels; dans ce cas-ci on l’a aussi imposé au lieu où siégeait celui de Lausanne.

M. Emile Dunant ayant mis au jour, il y a quelques mois, un recueil de pièces sur les relations de la République helvétique avec la France au commencement du XIXe siècle, M. Eugène Mottaz étudie avec leur aide quels furent les préludes de la Médiation. Les députés suisses à la Consulte réunie à Paris en 1802 furent étonnés, à ce qu’il paraît, de la manière sûre dont Bonaparte était instruit de tout ce qui concernait leur patrie. C’est que le premier Consul avait pris la peine, pour mieux remplir son rôle de médiateur, de faire parcourir la Suisse par des envoyés, qui lui adressaient de /254/ fréquents rapports, tant sur la situation politique du pays que sur ses besoins économiques. Ces rapports concluent tous en faveur du fédéralisme. Le principal des envoyés, Adrien Lezay, représente notre pays comme décomposé entièrement par des divisions intestines. Il expose à son maître que nul Etat n’a des mœurs plus invétérées; ce qu’il souhaite au-dessus de tout, c’est de conserver son indépendance. Il faut autant que possible respecter dans la constitution projetée les us et coutumes de chaque canton. Quant aux représentants à nommer pour la Consulte, il serait désirable qu’ils ne fussent point compromis par les événements antérieurs. Lezay se résume en conseillant l’institution d’une espèce de protectorat sur la Suisse, exercé par le premier Consul.

M. Aloys de Molin lit une notice biographique 1 sur le peintre vaudois Benjamin Bolomey (1739-1819), auteur d’une série de portraits à l’aquarelle des hommes les plus notables du canton de Vaud et qui a laissé des mémoires manuscrits, appartenant aujourd’hui à son petit-fils.

 

Séance du 25 juin 1902,
au château de Rolle.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Une trentaine de membres assistent à la séance. En l’absence de M. de Montet, empêché, M. le Dr Meylan fonctionne comme secrétaire.

M. le président rappelle la mémoire de plusieurs membres décédés : M. Wehrly, professeur d’allemand, un des membres fondateurs de notre Société qui a atteint le bel âge de 91 ans; M. J. Duperrex, professeur d’histoire à l’Académie, puis à l’Université de Lausanne, auteur de manuels appréciés; M. Eug. Girardet; M. Francillon; M. l’abbé Jeunet, polémiste bouillant et excellent collègue au sein de notre Société; M. Buttin, pasteur; M. Monnet, rédacteur du Conteur vaudois; M. Isaac Joly, que sa carrière politique n’a pas empêché de /255/ faire des recherches dans les manuaux du Conseil de Moudon, sa ville natale; M. Ch. Morel, décédé à Genève, le premier épigraphiste de Suisse au jugement de Mommsen. Les candidats suivants sont présentés et agréés comme nouveaux membres : M. D. Viollier, stud. archeol.; M. A. de Claparède, Dr en droit, et M. Carnal, au Rosay.

M. F.-A. Forel retrace les effets du tremblement de terre du 1er mars 1584, qui a ébranlé les rives du Léman, spécialement la région du haut-lac, et qui fut suivi du grand éboulement de Corbeyrier. Le château de Chillon doit en avoir souffert, car dans la comptabilité de cette année-là on trouve les notes des maîtres d’état pour réparation d’horloge, fourniture de tuiles, etc. A Villeneuve, de grands tonneaux ont été mis sur leur fond. A Montreux, le lac s’est retiré momentanément de vingt pieds. Le château d’Aigle a souffert également de ce phénomène, de même que nombre de localités dans lesquelles on trouve des réparations remontant à cette année : ainsi à Chigny, Lonay, où une notice relative à ce tremblement de terre a été découverte.

M. Arthur de Claparède lit une biographie 1 du géographe Paul Chaix, de Genève, né en 1808 et mort en 1901, homme d’une grande érudition et doué d’une mémoire prodigieuse. Il a publié des cartes et un manuel de géographie, une histoire de la conquête de l’Amérique méridionale, un voyage en Egypte, etc.

M. A. Naef présente une étude sur le château de Rolle 2. Il aborde le détail du château, — dont le plan d’ensemble représente un triangle, — en commençant par la tour du nord, improprement appelée tour de Viry, la plus ancienne et la plus importante du point de vue de la défense; puis il passe à la façade sud-est, à la tour ouest, qui comme les autres a subi des transformations lors de l’introduction des armes à feu; enfin à la tour rectangulaire du sud, qui semble remonter au XVe siècle. /256/

M. Fréd. Dubois termine la séance en donnant un résumé des fondations et revenus des différentes chapelles de l'église de Bursins, que l’assistance visitera dans l’après-midi après le banquet.

Cette visite a lieu sous la conduite de M. Naef 1. Il fait l’historique de l’église, à la fois paroissiale et conventuelle, puisqu’elle dépendait du prieuré de Bursins qui fut réuni à Romainmôtier, et il expose en détail les différentes phases constructives par lesquelles elle a passé.

 

Séance du 18 septembre 1902,
à Bourg en Bresse, salle des conférences.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Quarante-huit personnes, membres de notre Société ou de la Société d’émulation de Bourg en Bresse, avec d’autres amis de l’histoire, dont quelques dames, assistent à la séance. Celle-ci est ouverte par la lecture du procès-verbal, puis M. le président annonce la mort de MM. Maurice Auberjonois et Emile Dunant, emportés tous deux dans la fleur de l’âge par des accidents tragiques. Le second était déjà un historien connu. Ses travaux imprimés, le guide du Musée d’Avenches et des documents sur la réunion des Grisons à la Suisse, etc., ont eu beaucoup de succès. Est reçu membre M. Ch. Burnier, l’auteur de : « La vie vaudoise et la Révolution. » M. le président présente ensuite l’ouvrage intitulé « Album Vinet », don de l’auteur, M. G.-A. Bridel.

M. F.-A. Forel raconte l’origine des barques caractéristiques du lac Léman 2, dont la structure est si parfaite qu’elle leur permet de porter une très lourde charge et une très grande voilure. Une ancienne tradition rapporte qu’elles sont construites sur le modèle d’anciens bateaux de la Méditerranée. L’examen de tous les documents et des dessins /257/ anciens que M. Forel a pu trouver lui permet tout d’abord de préciser qu’il y a eu successivement deux sortes de bateaux sur notre lac, d’abord la « naue », composée d’une caisse carrée, surmontée d’un mât portant voile quadrangulaire, et privée de gouvernail. Ce bateau, que l’on retrouve encore aujourd’hui sur tous les lacs de la Suisse centrale, fut remplacé chez nous déjà, avant 1655, par la barque, qui, de modification en modification, est devenue celle dont on fait actuellement usage, et qui se distingue principalement par de fortes voiles triangulaires et par ses « appontis » ou galeries latérales. Les mots de la terminologie nautique étant dans beaucoup de cas les mêmes sur nos barques que sur les galères du Grand Roi, il est permis d’admettre que la construction des premières, très semblable à celle de ces galères, leur fut empruntée par un de nos compatriotes dont le nom n’est pas parvenu jusqu’à nous. A une remarque de M. de Claparède, qui mentionne les barques du Nil en Nubie, à voilure à peu près pareille à celles du lac de Genève, M. Forel répond en expliquant les différences entre les deux modes de voilure.

Puisqu’on parle du lac Léman, M. Robert présente aux assistants un diplôme de membre de l’Exercice de la Navigation, à Genève, délivré à un sieur Pantillon en 1836.

M. Marc Henrioud fait part de ses recherches sur Belmont 1, sa commune d’origine. Les premiers possesseurs de cette terre seigneuriale furent les sires de Grandson. Elle fut constituée en fief particulier au profit de Jordan, fils de Barthélemy de Grandson, vers l’an 1214. Après les Grandson, Belmont passa aux La Trémoille, aux Chalon, aux Luxembourg. Son château, détruit en 1536 lors de l’invasion des Bernois, paraît avoir été depuis lors partiellement reconstruit. Il existait à l’état de masure vers le milieu du XVIIe siècle.

M. Eugène de Budé fait le récit de l'arrestation du duc de Bassano au château d’Allaman par un détachement de troupes fédérales, le 3 août 1815 2. /258/

M. A. de Molin énumère les diverses agrafes en bronze de provenance burgonde, trouvées dans le canton de Vaud et dans les pays environnants et portant des inscriptions latines 1.

La communication 2 de M. de Claparède se rapporte à une nouvelle hypothèse sur le passage des Alpes par l'armée d'Annibal, émise dans un livre nouvellement paru de M. Paul Azan, lieutenant au 2me zouaves à Oran. S’appuyant sur le texte de Polybe, qui lui paraît mieux instruit et plus impartial que Tite-Live, il cherche à démontrer que c’est le seul col de Clapier qui remplit les conditions indiquées par l’auteur romain, soit sous le rapport des mesures de route, soit sous celui de la vue des plaines de l’Italie. Les arguments de cette démonstration semblent très convaincants, à l’exception d’un seul qui heurte les opinions des géologues: M. Azan suppose que le Rhône a changé son cours depuis l’époque du passage d’Annibal.

La séance, levée à une heure, est suivie du banquet, puis d’une visite à la belle église de Brou. Après quoi une partie des membres de la Société rentrent directement en Suisse, tandis que les autres font une excursion dans la grande forêt de Seillon, où une collation leur est offerte par la Société d’émulation de Bourg.

 

Séance du 20 novembre 1902,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN. PRÉSIDENT.

Une cinquantaine de personnes sont présentes. Après lecture du procès-verbal, M. le président présente aux assistants les deux volumes de Mémoires et Documents qui vont être prochainement envoyés aux membres de la Société. Ce sont le second /259/ fascicule du volume IV (deuxième série), contenant des « Mélanges », et le volume renfermant une traduction de l’ouvrage de M. Stammler, curé de Berne, sur le Trésor de la Cathédrale de Lausanne. Puis M. van Muyden rapporte qu’il a reçu du Département fédéral de l’Intérieur plusieurs pièces relatives à une pétition de MM. Stein et consorts, demandant la création d’une Académie fédérale des sciences, avec l’invitation de consulter la Société d’histoire de la Suisse Romande sur l’opportunité d’une pareille création. Avant de réunir la Société à ce sujet, il a consulté par écrit plusieurs de ses membres, lesquels se sont tous prononcés contre un Institut semblable. En utilisant les motifs qu’ils avancent, il a composé un mémoire dont il donne lecture. Il ne peut approuver tout d’abord la création d’un corps savant qui aurait pour effet d’élever officiellement au-dessus de leurs collègues un petit nombre de savants, au détriment d’hommes non moins connus, mais que leurs opinions politiques, la défaveur qui les entourerait ou la brigue d’autrui empêcheraient d’y parvenir. Puis la proportion prévue entre le nombre des académiciens nationaux et celui des membres étrangers lui paraît avantager par trop ces derniers. Ceux-ci auraient cinquante sièges dans la nouvelle Académie et seraient soit des professeurs étrangers, mais résidant en Suisse, soit des savants du dehors, lesquels, comme il arrive souvent, sont élus plutôt par égard pour des sociétés correspondantes que pour leur mérite personnel. Quarante sièges seulement seraient réservés aux académiciens nationaux, sièges qui seraient à répartir entre toutes les branches de l’activité intellectuelle du pays: professeurs, médecins, avocats, industriels, etc. Le projet de M. Stein a le grave défaut d’essayer de réduire à une mentalité commune, pour ce qui concerne la science, les populations diverses qui composent la nation suisse. Il a la maladresse de choisir Berne comme lieu de résidence de l’Académie, alors que cette ville n’a jamais été un des principaux centres intellectuels de notre pays comme Bâle ou Zurich. Enfin il a le tort de ne pas s’apercevoir qu’une compagnie de ce genre ne répond pas aussi bien aux besoins de l’esprit actuel que les associations privées. C’est pourquoi on n’en crée plus guère aujourd’hui. La plupart des Académies /260/ des pays monarchiques datent du XVIIe siècle, époque où les manifestations intellectuelles ne jouissaient pas de la liberté qui leur est reconnue à présent. L’un des buts de M. Stein serait de créer un aréopage ayant la dignité légale. Le fait de devenir un Institut officiel lui donnerait sans doute du prestige auprès de nos autorités fédérales, mais lui assurerait moins aisément la popularité qu’ont plusieurs de nos sociétés. Il serait donc hasardé de compter pour lui sur des dons et legs plus copieux que ceux faits à ces dernières. Si le Conseil fédéral a le désir de recourir en certains cas aux lumières de nos savants, il lui est facile de s’adresser, comme par le passé, aux sociétés intéressées ou de nommer des commissions ad hoc.

M. Forel dit ne pas vouloir entrer dans le fond de la question. La création d’une Académie fédérale porterait un grave coup à la vie de nos sociétés et doit par conséquent être rejetée pour les raisons qu’a énumérées M. van Muyden. S’il prend néanmoins la parole, c’est parce qu’il a appris de source certaine que plusieurs des signataires de la pétition ne sont pas d’accord avec son contenu. Il sait entre autres que M. Studer n’a pas reçu communication du mémoire sous lequel on a mis son nom, et que M. Huber a proposé d’y introduire des corrections qui en auraient changé l’esprit, mais dont on n’a pas tenu compte. Telle qu’elle est cette pétition est un galimatias fait par quelqu’un qui ne connaît qu’incomplètement les besoins intellectuels de notre pays.

La parole est ensuite donnée à M. Maurice Wirz pour traiter ce sujet : Le style Louis XVI dans l'architecture et l'ameublement. Tandis que le style Louis XV est caractérisé par une simplicité factice, dans laquelle l’artiste pour affaiblir la sécheresse des lignes donne à celles-ci des formes gracieusement contournées, le style subséquent reçoit son cachet particulier de l’art italo-grec, mis en vogue à cette époque par les fouilles d’Herculanum et de Pompéi. A ce principe directeur se joignit dans la suite une intercalation d’attributs pastoraux, aussi dans le goût du temps. Le style Louis XVI n’eut qu’une durée relativement courte; ses pastiches d’après l’antique répondaient mal aux tendances qui se faisaient jour à la veille de la Révolution. En architecture il a laissé plusieurs exemples /261/ dans notre contrée, ainsi le château d’Hauteville, qui présente beaucoup d’analogies avec une construction ionique. Vevey a d’autre part deux fontaines contemporaines imitées de l’antique et dessinées par Brandouin. Quant aux ornements que le style Louis XVI emprunte à des modèles antiques, ce sont d’abord les formes mêmes des vases, où l’on distingue trois genres, d’après la courbe plus ou moins ellipsoïde de leurs contours : la coupe plate, le cratère ou ovule évasé, et le vase Canope ou Diota. L’ellipse joue aussi un rôle important dans la décoration qui recouvre les vases, en reparaissant dans les dessins nommés ovoïdes et oves. D’autres motifs de décoration sont « la poste », composée de volutes qui se succèdent; la grecque ou méandre, ligne brisée à angles droits; l’entrelacs, lacets passant l’un sur l’autre; la cannelure, ou rainure verticale des colonnes; enfin la rosace, figure gracieuse et compliquée formée à l’aide d’un pentagone. M. Wirz poursuit son analyse du style Louis XVI en étudiant les divers attributs qui le caractérisent : vases de fleurs, paniers, corbeilles, bouquets, rubans, instruments aratoires ou de musique, cœurs enflammés, arcs, etc. Un attribut fréquent est le balustre à fût élancé. Surmonté d’une couronne de flèches, d’une pomme de pin ou d’une flamme, il devient tour à tour un carquois, un thyrse ou un flambeau. On a même imaginé d’en faire le pied d’une table ou d’un fauteuil.

 

Séance du 18 mars 1903,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Vingt-six membres sont présents. Lecture est faite du procès-verbal, puis sont présentés comme nouveaux membres MM. Aloys de Seigneux et le Dr Schnetzler.

M. Victor van Berchem étant empêché par une indisposition de faire sa lecture annoncée sur l’Escalade, M. Edouard Favre prend sa place et entretient l’assistance du réformateur /262/ Antoine Froment et de son « Livre de la sédition ». Froment naquit en Dauphiné vers 1509 et fut maître d’école et prédicateur à Genève dès 1532. On l'obligea bientôt à quitter la ville, mais il y revint l’année suivante avec Farel et Viret. Il fut pasteur à St-Gervais, puis à Thonon. On lui reprocha d’avoir mené dans cette dernière localité une vie peu en rapport avec sa vocation, ce qui, avec l’inconduite de sa seconde femme, lui attira des mortifications si sensibles qu’il se décida à renoncer au ministère. Devenu notaire et bourgeois de Genève en 1553, Froment fut chargé avec Bonivard, dont il était le secrétaire, de rédiger une chronique des événements contemporains survenus dans la cité. On voit dans les registres du Conseil qu’il écrivit seul un récit de la sédition du 16 mai 1555, qui paraît bien être le même que celui contenu dans le manuscrit anonyme n° 144 des Archives de Genève. Déjà Gautier avait soupçonné que ce dernier avait Froment pour auteur. La preuve en est faite aujourd’hui, depuis que M. Favre a constaté l’identité de l’écriture des corrections de ce manuscrit avec celle d’un acte notarié de la main de Froment, servant de couverture au dit manuscrit. Pour finir, il lit quelques passages du récit de la sédition, entre autres la relation du supplice et de la mort du fils de Philibert Berthelier.

M. de Molin fait la description des signaux bernois organisés en 1610 pour l'alarme du pays. Ils se composaient d’un grand bûcher, élevé sur une hauteur, et d’une maisonnette pour le gardien. Celui-ci avait à sa disposition un viseur avec table d’orientation, afin de déterminer la situation des bûchers correspondants. Tous ces signaux formaient entre eux des lignes continues qui couvraient entièrement le pays. Une de ces lignes traversait le Pays de Vaud, depuis le Vully jusqu’au lac de Joux, une seconde depuis Payerne, en se divisant en deux embranchements, dont l’un se dirigeait sur Morges et la Côte, l’autre sur Lavaux. Une autre ligne, qui jalonnait le bord du Léman, complétait le réseau et se continuait dans le mandement d’Aigle où ce réseau se raccordait aux signaux du Simmenthal, du Pays d’Enhaut et des Ormonts. Lorsqu’il s’agissait de donner l’alarme, — ce qui probablement n’eut jamais lieu autrement qu’à titre d’exercice pendant toute la domination /263/ bernoise, — le feu était allumé, les artilleurs tiraient du canon et le tocsin sonnait de localité en localité.

M. Forel ajoute qu’il a vu sur un ancien plan d’Echichens le dessin du signal de cette commune, soit du bûcher et de la maisonnette. Il profite de ce qu’il a la parole pour annoncer qu’on a retrouvé, il y a quelque temps, sur le Crêt du Boiron le soubassement de la potence de la justice de Morges, dont on connaissait d’ailleurs la situation d’après d’anciens plans. Quant aux trois colonnes de cette potence, elles furent transportées dans la cave de la maison Hochreutiner, à Morges, probablement au commencement du XIXe siècle. Cette cave a pris de ce fait le nom de cave de la potence.

 

Séance du 18 juin 1903,
à Saxon, salle de l’école.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Une trentaine de personnes sont présentes. Après la lecture du procès-verbal, M. le président consacre quelques mots à la mémoire de deux sociétaires décédés, MM. Jean-Jacques Mercier, connu par sa générosité, et Alfred Godet, conservateur du Musée de Neuchâtel, un fervent de l’archéologie.

On procède à la réélection du Comité. MM. Edouard Favre et Grellet déclinent toute réélection. M. le président propose de les remplacer par MM. Eugène Mottaz, professeur, qui s’est fait une spécialité de l’histoire de la Révolution, et Fréd. Dubois, assistant au Service des monuments historiques. La votation a lieu au scrutin secret et ratifie ces propositions. Le Comité sera donc composé de MM. B. van Muyden, président, Théophile Dufour, Albert de Montet, Aloys de Molin, Max de Diesbach, Georges Favey, Victor van Berchem, Eugène Mottaz, et Frédéric Dubois. M. A. de Montet, qui pendant 15 ans a été le secrétaire dévoué de la Société, ne peut, pour cause de santé, accepter de nouveau cette charge, et M. Fréd. Dubois est désigné pour le remplacer. Le caissier, M. de Molin, présente ensuite son rapport sur l’état des finances. /264/

M. le Dr Guisan à Lausanne est reçu membre de la Société.

Puis M. de Molin étudie 1 le groupe des gladiateurs, en ivoire, trouvé en novembre 1899 par M. Favre-Pidoux, dans sa propriété de Lavoex près Avenches.

M. Max de Diesbach consacre une étude à un inventeur, inconnu jusqu’ici, des chemins de fer et des automobiles, contemporain de Robinson, qui, le premier, eut l’idée d’employer la vapeur à la traction d’un char, et de Cugnot, dont la machine se voit encore au Conservatoire des Arts et Métiers à Paris. Dans les pièces retrouvées de lui à Fribourg, il signe André Mercier 2, et l’on y voit qu’il habita successivement Sion et Monthey. Il avait construit une locomotive routière vers l’an 1777 et la peur de voir divulguer son secret l’obligeait à faire manœuvrer sa machine dans un souterrain. Le mouvement des soupapes se faisait à la main. Mercier arrivait à transporter vingt quintaux. Le grand incendie de Sion, en 1788, endommagea gravement la pauvre « machine à feu. »

Mercier inventa alors un moyen pour faire remonter les bateaux contre le courant, et forma même une société pour la navigation du Rhône jusqu’à Lyon, dans laquelle étaient intéressés de proches parents de M. Necker, ministre des finances. La Révolution française paralysa définitivement cette entreprise industrielle.

Huit ans plus tard, en étudiant la question du transport des sels de Franche-Comté et de Lorraine en Suisse, Mercier voulut utiliser sa machine à feu au voiturage. « Avec un peu de courage, il y a de très grandes affaires à espérer de cette machine », écrivait-il avec une vision prophétique de l’avenir. Sentant les imperfections de son engin, il adressa un mémoire à Georges Schmitt, serrurier et machiniste à Fribourg, en l’engageant à construire les pièces qui manquaient encore « pour la continuité du jeu ». Son mémoire et sa lettre se sont retrouvés dans les papiers de Joseph de Praroman, un ami des arts et des sciences, que Schmitt voulut sans doute intéresser /265/ financièrement à l’entreprise. Peu de semaines plus tard, les Français envahissaient le Pays de Vaud et la Suisse, et les rendez-vous donnés par Mercier à Schmitt à la foire de Vevey, pour d’ultérieurs arrangements, restèrent sans suite.

Dès lors on perd les traces de Mercier. La Feuille du Canton de Vaud, revue scientifique et agricole, de 1825, contient cependant un article du professeur Chavannes revendiquant en faveur d’un Valaisan la priorité de l’emploi du gaz (vapeur ?) comme principe moteur des voitures. Il mentionne des expériences faites à Sion en 1805, à la campagne du Miroir, en Chablais, et enfin à Vevey, par l’ingénieur Isaac de Rivaz.

Mais il est temps de dîner. Une table en fer à cheval, dressée dans une grande salle de la fabrique de conserves alimentaires, offre aux membres de notre Société une succession de mets succulents. Peu de toasts, mais tous simples et cordiaux : M. B. van Muyden, au peuple valaisan, auquel répondent M. le curé de Saxon et M. A. Robert, au nom de la Société des conserves.

L’après-midi fut très agréablement remplie par une excursion en voiture au bourg curieux de Saillon et à son donjon, puis à Saint-Pierre de Clages et à son clocher roman. A cette occasion les équipages qui transportaient la compagnie eurent l’honneur d’étrenner le nouveau pont sur le Rhône en amont de Riddes, qui venait d’être remis par la société constructrice au chef du département des travaux publics du Valais. La journée se termina au Grand Hôtel de Saxon, d’où le train du soir ramena chacun chez soi.

 

Séance du 30 septembre 1903,
à La Sarraz, Chapelle du Jaquemart.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à 10 heures et demie; plus de quatre-vingts personnes sont présentes, parmi lesquelles une vingtaine de dames et des représentants des sociétés cantonales d’histoire de Vaud, de Genève, de Neuchâtel et de Fribourg. Après la /266/ lecture du procès-verbal, M. le président rappelle la séance de notre société, tenue à La Sarraz le 7 février 1842, dans le château de son doyen, Frédéric de Gingins. C’est lui qui découvrit en 1835, dans la chapelle de Saint-Antoine ou du Jaquemart, le monument de François de La Sarra. Il le fit transporter au château. En 1865 Aymon de Gingins le réintégra dans la chapelle, restaurée par Léo Châtelain, architecte à Neuchâtel, et Doret-de la Harpe, sculpteur à Vevey. La chapelle a été donnée par Mlle de Gingins à la commune de La Sarraz.

Sept candidats sont reçus dans notre société. Ce sont : MM. Raphaël Lugeon, professeur; Henri Verrey, architecte à Lausanne; Dr Léon Chavannes; Meylan-Faure, professeur à l’Université de Lausanne; Frédéric Grand d’Hauteville, à Vevey; Henri-Aymon de Mandrot, au château de La Sarraz; et Jules Cuénod, à Vevey.

M. Frédéric Barbey, archiviste-paléographe, raconte deux épisodes de la vie de Louis de Chalon, sire d’Arlay et d’Orbe, prince d’Orange. Ce sont des pages extraites de sa thèse pour l’obtention du diplôme de l’Ecole des Chartes. L’un de ces épisodes a trait au voyage de Louis de Chalon en Palestine, en 1415. La ville d’Orbe fut sa première étape. Il y arriva le 5 août, y fut très bien reçu et en rendit un bel hommage à ses féaux et hospitaliers sujets. Il continua sa route, probablement par le Mont Cenis, pour s’embarquer à Gênes. Mais de graves événements, l’invasion des Anglais, hâtent son retour. Le 20 décembre 1415, il arrive de Palestine à Jougne, puis à Orbe, où l’attendait le même bon accueil qu’à son départ.

Le second épisode nous transporte à la fin de l’année 1463, alors que Louis de Chalon agonisait dans son magnifique château de Nozeroy en Franche-Comté. Il avait trois fils, de deux lits différents. Du dernier étaient issus ses préférés, Hugues et Louis. De sa première femme, la douce et bonne Jeanne de Montbéliard, fondatrice du couvent des Clarisses d’Orbe, était né Guillaume, que pour sa vie débauchée il avait chassé de la maison paternelle. Or Guillaume rôdait autour du château de Nozeroy. Il savait que, dans la « tour de plomb » du château, son vieux père avait amassé d’immenses trésors en ducats, en vaisselle et en pierres précieuses. Mais ses deux frères veillaient. /267/ Pendant que Louis restait au chevet du moribond, Hugues partait secrètement avec quelques gentilshommes et seize chevaux, dont deux portaient chacun trois lourdes caisses d’or et de joyaux. Il traversa le Jura et vint déposer son trésor à Orbe, dans le couvent des Cordeliers. M. Barbey a tiré de pittoresques détails des témoignages de gens qui virent passer cet étrange cortège et furent appelés à déposer en justice une année plus tard.

M. Aloys de Molin retrace l’historique du château de La Sarraz. Au milieu du XIe siècle ce château n’est qu’un « castrum », une enceinte fortifiée où loge une garnison, mais où le seigneur n’habite pas. Le donjon en pierre, soit la partie de l’édifice où se trouvent maintenant la bibliothèque et la salle à manger, fut construit vers 1130 par Ebal Ier, comte de Grandson. Au XIIIe siècle, Aymon Ier complète et renforce la première enceinte et en construit une seconde. Il fortifie également sur toute sa longueur le bourg de La Sarra et le dote de deux portes et de deux ponts-levis. Au XIVe siècle, avant 1360, François de La Sarra construit la chapelle de Saint-Antoine ou du Jaquemart. En 1475, les Suisses, à leur retour de Grandson, saccagent le château de fond en comble, brûlent tout ce qui peut brûler et n’en laissent debout que les murs. Barthélemy II, fils de Guillaume de Grandson, le reconstruit et y établit des mâchicoulis. A la fin du XVe siècle, le château est devenu une demeure seigneuriale confortable. Au XIXe siècle, Frédéric de Gingins en complète l’aménagement. La salle actuelle des chevaliers est du XIVe siècle.

La communication de M. l’abbé Ducrest a trait aux lieux de culte de La Sarraz. La chapelle Saint-Antoine servait particulièrement aux seigneurs de La Sarraz. Les gens du village construisirent à leur tour une église dédiée à la Vierge et qui fut annexée à la chapelle susdite. Cette église existait-elle en 1416 ? La visite d’église de cette année n’en fait pas mention. Elle indique seulement qu’une veuve Clerc avait construit un autel, qu’elle n’avait pas encore doté. Quoi qu’il en soit, lorsqu’on 1453 des commissaires épiscopaux nommés par l’évêque de Lausanne, Georges de Saluces, inspectèrent les églises du diocèse, celle de La Sarraz existait et elle était /268/ pourvue de sept autels, dont celui de Saint-Antoine. Bien que six prêtres y fussent attachés, l’église n’était pas paroissiale. Elle dépendait de celle d’Orny, où se faisaient les baptêmes, les mariages et les inhumations. Cependant le procès-verbal de la visite indique l’existence de sépultures devant l’autel. Le curé d’Orny ou un vicaire y célébrait la messe le dimanche et deux fois par semaine : chose curieuse, les curés de Saint-Didier (Saint-Loup) et d’Eclépens avaient le droit d’y officier à deux autels particuliers.

L’église n’était pas en très bon état. Elle manquait de certains objets nécessaires à la célébration des offices. Les murs avaient été noircis par la fumée des cierges, que l’on éteignait simplement en appuyant leur extrémité contre la paroi. Ordre fut donné par les commissaires de blanchir les murs et d’acheter les objets manquants. Un seul autel était dans un état satisfaisant, celui de Saint-Antoine, où chaque jour des chapelains disaient trois messes, dont l’une chantée. C’était, nous l’avons dit, la chapelle des seigneurs, qui l’avaient dotée d’un revenu de 80 livres.

A la Réforme, cette dernière chapelle seule subsista. L’église principale fut rasée, et ce n’est que longtemps plus tard qu’un nouveau temple fut construit sur son emplacement, alors que le tombeau de François de La Sarraz disparaissait sous un monceau d’armes.

M. Raphaël Lugeon lit une notice sur le monument de François de La Sarra 1.

Midi a sonné; les assistants pénètrent dans le château, dont le propriétaire, M. H. de Mandrot, fait les honneurs, et s’asseyent ensuite aux tables que l’hôtelier de la Croix-Blanche avait dressées sur le pré.

L’après-midi est consacrée à la visité du temple d’Orny, dont M. l’abbé Ducrest reconstitue l’état ancien grâce aux visites d’église de 1416 et 1453. A cette dernière date, la paroisse d’Orny, qui comprenait le hameau de La Sarraz, comptait 63 feux, soit 18 de moins qu’en 1416. La peste était sans doute la cause de cette diminution de population, /269/ diminution que l’on rencontre dans de nombreuses paroisses. Certains détails consignés dans les protocoles de ces deux visites montrent que le chœur de l’église n’était pas à l’emplacement qu’on lui supposait jusqu’ici. La chapelle de Sainte-Catherine existant en 1453 n’est pas celle qui porte ce nom et qui date de 1515, mais plus probablement le local qui sert actuellement de réduit à charbon. Enfin et surtout, les commissaires de la visite de 1416 ordonnèrent d’abattre un pilier encombrant l’intérieur de l’église, et d’en utiliser les matériaux à la construction d’un clocher. L’église d’Orny en était donc alors dépourvue. Ceci vient contredire l’opinion accréditée, par Blavignac entre autres, que le clocher d’Orny remonterait aux premiers siècles du moyen âge.

La journée se termine par la visite du canal d’Entreroches, construit au XVIIe siècle par du Plessis-Gouret et abandonné au siècle suivant.

 

Séance du 25 novembre 1903,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à 3 heures en présence d’une trentaine de personnes. M. le président complète les renseignements qu’il a donnés dans la dernière séance sur celle qui fut tenue à La Sarraz en 1842, en lisant le récit qui en fut fait dans un journal de l’époque. Trois nouveaux membres sont reçus dans notre société : MM. Maxime Reymond, rédacteur, à Lausanne, Victor Bourgeois, à Giez, et Henri Borel, à Chigny sur Morges.

On entend ensuite une communication de M. Eugène de Budé sur le maréchal Ney et un séjour présumé qu’il aurait fait en Suisse en 1815 1.

Les premiers comptes de la châtellenie de Chillon font l’objet d’une communication de M. Victor van Berchem, qui les a retrouvés dans les archives de Turin. Ces comptes, au nombre de vingt-quatre, sont écrits sur parchemin. Les feuilles /270/ étaient cousues bout à bout suivant l’importance du compte. M. V. van Berchem a relevé les quatre premiers de ces comptes : les trois premiers sont de Hugues de Grammont, qui fut châtelain de 1257 à novembre 1266; le quatrième est de Simon de Sallanches, châtelain de novembre 1266 à novembre 1267.

M. F.-A. Forel demande au comité d’étudier la possibilité d’une publication complète des comptes de la châtellenie de Chillon.

M. Paul Vionnet présente deux lettres adressées par Farel à son ami Hugues de Loës, curial à Aigle. Elles appartiennent au Musée historiographique vaudois. La première, dont l’original est perdu, a été copiée à la fin du XVIIIe siècle par un pasteur d’Aigle; elle est datée du 2 janvier 1528. La seconde lettre, du 21 janvier de la même année, a été trouvée dernièrement dans les papiers appartenant à la famille de Juste Olivier.

M. Emile du Plessis a retrouvé l'état nominatif des officiers vaudois en 1723, Cet état a été adressé le 2 avril 1723 à « très haut Louis de Wattenwyl, trésorier du haut commandement du Pays de Vaud. » A cette époque, l’avancement des officiers vaudois était très lent. On est surpris également de constater qu’au nombre des officiers vaudois de cette année ne se trouvent pas de représentants de certaines vieilles familles du pays. Ainsi l’on n’y trouve aucun de Blonay, de Goumoëns, de Cerjat, de Senarclens, etc.

M. Henri Jaccard, qui a fait des noms locaux et des « lieux dits » l’objet de recherches toutes spéciales, présente un travail sur l'origine des noms de lieux dans la Suisse romande 1.

L’heure étant avancée, deux autres travaux qui figuraient encore à l’ordre du jour sont renvoyés à une prochaine séance. Celle-ci est levée à 5 h. 45. /271/

 

Séance du 23 mars 1904,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à deux heures et demie; une soixantaine de personnes sont présentes. En l’absence du secrétaire M. Fr. Dubois, M. Arnold van Muyden fonctionne comme tel. M. le président annonce la publication prochaine de deux ouvrages : l’un de M. Aloys de Molin, concernant la fabrique de porcelaine de Nyon, et publié à frais communs par la Société vaudoise des Beaux-Arts et notre Société; l’autre sur les visites d’églises du diocèse de Lausanne, dû à M. l’abbé Ducrest, à Fribourg.

M. Daniel Jordan nous entretient de deux récits de jubilés de la Réformation tirés d’un manuscrit Jordan. Le premier, de 1628, est dû à François Jordan, de Granges, ancien élève du collège Erasmus de Bâle, et qui venait d’être consacré au saint ministère en même temps que Michel Plantin, de Montpreveyres, le père de l’historien Jean-Baptiste Plantin. A la suite des pages écrites par François Jordan se trouvent quelques feuillets blancs, puis, d’une autre écriture, qu’on attribue au petit-fils de François, un récit de la bataille de Villmergen, et celui de la fête de la Réformation de 1728. Une prière de circonstance avait été rédigée par ordre de LL. EE. et envoyée à toutes les paroisses.

M. Aloys de Molin parle ensuite de l’abaque ou table de jeu récemment découverte par M. Jomini, ancien pasteur, dans les fouilles entreprises par lui à la Conchette près d’Avenches. A côté de cet abaque on a trouvé une dame ou pion servant à jouer. Plusieurs de ces tables de jeu ont été retrouvées à Rome, à Trêves et ailleurs. Ces abaques portaient le plus souvent des inscriptions appropriées, telles que: « Si le dé /272/ t'est favorable, je te vaincrai par mon savoir. » Ou encore : « Imbécile, va t’asseoir; cède la place à un autre. » Le jeu primitif à trois dés se transforme vers 300 ou 350 en un jeu analogue à notre trictrac. L’abaque d’Avenches doit être de ce dernier type. Un poète grec, Agathias, a chanté une partie de trictrac de l’empereur Zénon. Grâce à son poème, publié dans l’Anthologie palatine, M. de Mol in a pu reconstituer cette partie célèbre.

M. Max de Diesbach apporte quelques nouveaux détails à la communication qu’il fit à la séance du 17 juin 1903 à Saxon, relative à un inventeur inconnu des chemins de fer et des automobiles. Grâce à un dossier allant de 1802 à 1828 et que lui a fourni M. Perrollaz, l’historien valaisan, il a réussi à identifier le personnage qui se cachait sous le nom d’emprunt d’André Mercier et qui n’est autre qu’Isaac de Rivaz, originaire de Sion, mais né à Paris en 1752. Il fut officier au service de France et, rentré au pays, il s’occupa, dans les années 1777 à 1787, des essais dont il a été question. N’étant pas soutenu dans notre pays, il retourna en France, y devint inspecteur des ponts et chaussées en 1807, inventa divers procédés relatifs à la déflagration des gaz et obtint un brevet d’invention du gouvernement français. On le trouve plus tard conseiller d’Etat, puis chancelier de son canton d’origine. Il mourut dans l’exercice de ces dernières fonctions en 1828.

Isaac de Rivaz recommanda l’usage des navires à vapeur pour combattre la flotte anglaise. Il fut le premier, dès 1816, à préconiser la navigation à vapeur sur le lac Léman, de même que l’emploi des moteurs mécaniques pour les charrois, les labours, les pompes à incendie et les pompes des navires, applications qui sont toutes entrées dans le domaine des faits. Il cherchait des appuis financiers, mais ne trouva que des paroles d’encouragement. Le dossier mentionné se trouve chez M. Charles de Rivaz, à Sion, et sa machine a été reléguée dans la campagne du Pan à Genève.

M. William de Sévery nous donne un extrait de la généalogie manuscrite de Louis de Charrière, concernant François Charrière, né vers le milieu du XVIIe siècle, capitaine au service /273/ de France, puis au service de l'Angleterre en Amérique, où il mourut dans les premières années du XVIIIe siècle. Il ajoute quelques mots concernant son neveu Benjamin Charrière, qui eut une destinée analogue à celle de son oncle et mourut à Lausanne en 1728 1.

Pour clore cette séance, M. F.-A. Forel entretient ses auditeurs des règlements de pêche sur le lac Léman et du commerce du poisson dans les diverses bourgades riveraines, dès la période de Savoie et sous LL. EE. de Berne 2.

 

Séance du 15 juin 1904,
à Aubonne, salle du Casino.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à 10 heures et demie. Après la lecture du procès-verbal, M. le président rend un dernier hommage aux membres de la société décédés dans le courant de l’année. Ce sont MM. William de Blonay, membre fondateur; les professeurs A. Bernus, Chapuis, Larguier des Bancels, Bovet, Ch. Monvert; Cordey, notaire; Ch. Rivier, à Genève. Les nouveaux membres suivants sont reçus à l’unanimité : MM. Gueneau de Mussy, professeur d’histoire au Collège de Champpittet (Ouchy); Henry Whitehouse et le Dr Ch. Zimmer.

Sur le rapport de MM. de Molin et Delessert, l’assemblée approuve les comptes de 1903, puis passe à l’audition des travaux annoncés.

M. l’abbé Dupraz se demande si réellement il y a eu un siège épiscopal à Avenches 3 et conclut par la négative.

M. Maxime Reymond recherche ensuite quelles furent les fondations de l'évêque Marius 4. Outre la ville et l’église de /274/ Payerne, l’auteur pense qu’il est aussi le fondateur des églises Saint-Symphorien à Avenches et à Glérolles, ainsi que de l’abbaye de Saint-Thyrse à Lausanne, devenue plus tard le prieuré de Saint-Maire.

M. Fréd. Dubois présente à l’assemblée une note de M. l’abbé Besson sur l'épitaphe de saint-Maire; puis M. Eug. Secretan indique deux lacunes intéressantes du médaillier d’Avenches. C’est l’absence de monnaies de Néron et de Julien l’Apostat, alors que les monnaies de ces deux empereurs deviennent de plus en plus fréquentes à mesure que l’on s’éloigne d’Avenches. Il n’est pas possible d’expliquer d’une manière satisfaisante l’absence de monnaies de Néron. Celle des pièces de Julien peut provenir de la destruction d’Avenches par les Barbares, qui eut lieu précisément au début de son règne, vers 354. La ville étant devenue déserte, il devient compréhensible que l’on n’y ait trouvé aucune monnaie de Julien et de son successeur immédiat Jovien. Peu à peu Avenches se repeuple et les monnaies impériales reparaissent.

La thèse de M. Secretan soulève quelques objections. M. le professeur Lehr fait remarquer que les pièces de Néron et de Julien peuvent avoir été rares, malgré la grande variété de types qu’on en connaît. M. Eugène Demole ajoute que si réellement l’absence de monnaies de Julien était due à la destruction d’Avenches, on ne devrait pas retrouver au médaillier celles de Constance II qui fut son contemporain, et cependant il y en a.

La liste des communications étant close, l’assistance va s’attabler sous les magnifiques ombrages de la promenade du Chêne, où le couvert est mis pour quarante-cinq convives, dont quelques dames. A deux heures et demie la société se rend au château d’Aubonne, dont les antiquités font l’objet d’un intéressant exposé de M. A. de Molin. Ce château, ancienne demeure des sires d’Aubonne, fut transformé en partie par le voyageur Tavernier, qui en comparait la position à celle de la ville d’Erivan, en Arménie, dont il parle avec admiration dans ses écrits.

D’Aubonne on descend au château d’Allaman, que ses propriétaires, Mlles Hortense et Valentine de Sellon, ont gracieusement /275/ fait ouvrir à notre intention. M. le président évoque à cette occasion le souvenir de leur père, le comte Jean-Jacques de Sellon, mort en 1839, qui fut un des plus ardents apôtres du mouvement pacifiste à son époque et qui fonda une société pour l’abolition de la peine de mort; l’une de ses sœurs fut la mère du ministre Camille de Cavour.

 

Séance du 7 septembre 1904,
à Coppet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Un nombreux auditoire se pressait à dix heures et demie, malgré la pluie, dans le temple de Coppet. Neuf candidats sont d’abord reçus membres de la société : MM. Adrien Bergier, ingénieur, Rod-Ducloux, Paul Vulliet, professeur, Robert Curchod, pasteur, Th. Dwight; Auguste Blondel, Oswald Pictet et Paul Schazmann, à Genève; Armand du Pasquier, à Neuchâtel. Après avoir liquidé quelques opérations statutaires, M. le président rappelle dans son discours d’ouverture le souvenir des anciens propriétaires du château et, lit quelques lettres inédites de Mme de Staël à Pictet de Rochemont, le fondateur de la Bibliothèque britannique et le défenseur de la République de Genève au Congrès de Vienne. Dans les premières qui datent de 1800 environ, l’auteur ne cesse de donner de sages conseils à son correspondant, pour lui faire abandonner le séjour de Lancy, considéré par elle comme funeste. Quelquefois sévère, elle montre toujours un excellent cœur et désire que Pictet vienne se reposer au château de Coppet. Dans une autre lettre, écrite aussitôt après la mort de M. de Staël, sa veuve est extrêmement impressionnée par les instants qu’elle a traversés et en arrive à conclure que « s’il n’y avait pas une autre vie, quel misérable rêve serait celle-ci ! »

M. Victor Van Berchem communique à la Société un travail /276/ sur l'histoire de la terre de Coppet, qui à l’origine se confond avec celle de la terre de Commugny 1.

M. Frédéric Barbey retrace la vie aventureuse du baron Frédéric de Dohna, qui acheta la baronnie de Coppet en 1657 2.

Le propriétaire actuel du château de Coppet, M. le comte d’Haussonville, nous entretient des successeurs des Dohna dans la possession de la baronnie, entre autres de Sigismond d’Erlach, de Thellusson et de Jaques Necker.

M. Aloys de Molin communique deux lettres inédites de Suzanne Curchod, qui devait épouser plus tard Jaques Necker. La première adressée à Ph. Deyverdun, frère de l’ami de Gibbon, date d’un séjour qu’elle faisait à Genève. Elle y fait part de son regret de quitter cette ville pour aller occuper une place à Londres, qu’elle préfère à l’Allemagne. La seconde est adressée à Deyverdun, l’ami de Gibbon, qui se rendait en Angleterre comme précepteur.

M. William Cart lit deux lettres de Necker à J.-J. Cart, le fougueux patriote vaudois. Il y montre une grande tendance à obliger son correspondant, aux talents duquel il rend un hommage assez inattendu.

M. F.-A. Forel lit à son tour des lettres du pasteur Manuel, bien connu dans les lettres romandes. Il parle à un ami du premier sermon qu’il fut appelé à prêcher à Coppet, en présence de Mme de Staël. Après avoir redouté cette épreuve et préparé sa prédication pendant quelques semaines, il fut, après l’événement, étonné de s’être tiré si bien de ce travail.

M. Ch. Burnier donne lecture d’une partie de la correspondance échangée entre Mme de Staël et le landamman Pidou 3. Ces lettres touchent à nombre d’événements relatifs au canton de Vaud, à la Suisse et à l’Europe en 1815 et 1816.

De l’église, la Société d’histoire se rend à l’hôtel du Lac, /277/ dont toutes les salles sont bientôt envahies par 130 convives. Au dessert on entend les toasts de M. van Muyden, de M. le syndic Collioud et de M. le comte d’Haussonville. Les assistants vont ensuite au château, dont le propriétaire, sa femme et ses filles font obligeamment les honneurs.

 

Séance du 30 novembre 1904,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte en présence de quatre-vingts personnes, dont quelques dames.

M. A. de Molin fait circuler les photographies, tirées par M. le pasteur Vionnet, des fresques du XVe siècle découvertes cet automne au narthex de la cathédrale. Ces fresques, qu’un écusson fait supposer avoir été commandées par un chanoine de Cojonnex, — la réflexion est de M. l’abbé Dupraz, d’Echallens, — représentent le mariage de la Vierge, la légende du bâton de saint Joseph qui se transforma en un lis fleuri, et enfin l’Annonciation. Elles sont au nombre de cinq et forment une série. Il y avait une seconde série, mais elle a été abîmée au XVIe siècle et a presque entièrement disparu. Un peu plus loin, devant l’entrée même de la nef, une autre fresque aux trois quarts effacée représente le Christ agenouillé, couronné d’épines. M. de Molin ne peut se prononcer sur l’auteur de ces peintures. Elles lui rappellent cependant celles qui ornent le manuscrit qu’il possède d’un poète Antitus, qui dédia ses vers à l’évêque Aymon de Montfalcon.

En passant, M. de Molin signale la découverte à la Maladière, près de l’ancienne chapelle, par M. l’ingénieur Dumur, d’un cylindre en brique jaunâtre, d’origine incontestablement romaine et renfermant une inscription en partie effacée, qui signifie : « Aludas avertit Cleobetus ... » De quoi, le fût ne le dit pas.

M. Max de Diesbach esquisse la figure d’un seigneur /278/ féodal du XIVe siècle, tristement connu par sa vie de brigandage : Pierre d’Aarberg, devenu seigneur d'Illens et d’Arconciel par son mariage avec Luquette de Gruyères 1.

M. Maxime Reymond étudie les origines chrétiennes d’Avenches et s’attache à démontrer qu’il n’y a pas eu d’évêque qui y ait proprement demeuré, mais des évêques du pays d’Avenches 2. Ces évêques résidaient plutôt à Vindonissa ou Windisch en Argovie, jusqu’au partage de l’Helvétie en 561 entre les rois francs Gontran et Sigebert. Gontran aurait alors formé l’évêché de Lausanne du pays à l’occident de l’Aar et en aurait confié la direction à Marius d’Autun.

M. Eug. Secretan n’a pas d’opinion faite sur la question de l’évêché, mais pense qu’il serait imprudent de conclure qu’il n’y a pas eu de communauté chrétienne importante à Aventicum du fait qu’on n’y a trouvé jusqu’ici qu’une seule sépulture chrétienne. Les fouilles qui se font en ce moment à la porte de l’Est ont fait découvrir une nouvelle tombe, qui, elle aussi, pourrait être chrétienne.

M. Reymond ajoute que la question des sépultures n’est pas liée à celle de l’évêché. Donatyre lui paraît être plutôt le centre primitif des chrétiens d’Avenches.

M. William Robert donne des détails sur une chapelle Saint-Laurent qui existait à Jongny, et qui, depuis, a été transformée en écurie. La cloche qui la surmontait avait été fabriquée en 1504 par un nommé Pierre Mouron. Elle est actuellement au collège de Jongny. Comme elle offre une ornementation très curieuse, M. Maurice Wirz s’engage à la faire relever exactement.

M. du Plessis dit qu’il y avait sur la route de Chavornay à Orbe, près du pont Morand, une chapelle dépendant de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Elle s’élevait au milieu d’une plaine marécageuse et souvent inondée; il est donc singulier qu’elle ait pu subsister. Cette chapelle, dédiée à saint Théobald est citée dans des comptes de 1440. On l’a confondue avec un autel Saint-Théodule qui se trouvait dans l’église paroissiale de Chavornay. M. du Plessis rappelle en outre l’existence d’une /279/ autre chapelle de Saint-Jean, celle du Gravat, dans le delta du Buron.

 

Séance du 15 mars 1905,
à Lausanne, Ecole Vinel.

PRÉSIDENCE DE M. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

La séance s’ouvre à 2 heures 20, en présence d’une cinquantaine de personnes. MM. Maurice Trembley, à Paris, et Henri Muret, à Lausanne, sont admis comme membres de la Société.

M. Maxime Reymond présente une étude sur la fondation des églises de Payerne et de Baulmes 1, renouvelant à l’aide de nouveaux documents l’étude de Louis de Charrière sur le prieuré de Baulmes. L’évêque Marius construisit en juin 592 un temple et une petite bourgade à l’endroit occupé aujourd’hui par la ville de Payerne. Cette bourgade n’était pas autre chose que le groupe des maisons de ses fermiers. L’église, d’abord domaniale, devint dans la suite des temps paroissiale. En 962 la reine Berthe fondait l’abbaye de Payerne. En 1123 l’église de Baulmes et sa filiale de Saint-Germain à Orbe étaient incorporées au monastère de Payerne.

M. Reymond répond à quelques questions posées par M. E. du Plessis au sujet de l’église de Baulmes. Pourquoi notamment Baulmes a-t-il changé de patron ? Cette particularité, dit M. Reymond, est due au fait qu’il y avait dans cette localité deux chapelles.

M. Victor van Berchem apporte à la Société le résultat de ses recherches sur la fondation du monastère de Payerne. Les documents relatifs à cet événement historique sont très disséminés. Plusieurs, parmi les plus intéressants, se trouvent à Paris, à Berne, à Fribourg, à Lausanne et à Turin. Cette dispersion complique nécessairement les recherches. En outre ces pièces ne sont pas des originaux, mais des copies, et /280/ il existe souvent de sensibles différences entre les copies d’un même document. M. van Berchem fait une étude comparative des différents éléments de ce matériel historique. D’après les uns, le monastère de Payerne aurait été créé par l’impératrice Adélaïde, fille de la reine Berthe, et par son frère, le roi Conrad. D’autres attribuent cette fondation à la reine Berthe. Cette dernière hypothèse paraît la plus vraisemblable. M. van Berchem établit que les documents ne se contredisent pas précisément, mais qu’ils confondent les dates de la fondation, de la consécration et des diverses donations faites à l’abbaye payernoise, et auxquelles contribuèrent selon toute probabilité Adélaïde et Conrad. Quant au fameux « testament de la reine Berthe », il faut le considérer comme une pièce apocryphe remontant au XIIe siècle. Il ne peut servir de base à une recherche historique.

M. Daniel Jordan a trouvé dans une bibliothèque privée un curieux recueil contenant deux documents relatifs au deuxième jubilé de la Réformation célébré à Berne en 1728. C’est notamment le programme du feu d’artifice tiré pour « célébrer la mémoire de la bienheureuse Réformation. » Ce feu d’artifice était en « quatre actes » avec profusion de roues flamboyantes, d’étoiles, de girandoles, de ballons lumineux et de centaines de tonneaux remplis de « feu tonnant. » Au premier acte la grande machine représentait entre autres le duc Berchtold de Zæringen, Bubenberg et d’autres personnages historiques. Cette grandiose manifestation inspira à un Vaudois, le régent Joseph Luciani, de Nyon, une pièce de vers dithyrambiques imprimée à Genève. Les recherches faites par M. Jordan aux archives de Nyon sur ce Luciani n’ont pas donné grand résultat. Il est fait de lui deux mentions seulement dans les manuaux du Conseil.

M. Clément Heaton, l’artiste verrier de Neuchâtel, a fait, au cours de voyages en Alsace, en France et dans la Suisse romande, des études comparatives sur les millésimes datant de la fin du XVe siècle à nos jours, et qui se trouvent sur des façades de maisons, sur des monuments, des fontaines, des ponts, des tombes, des meubles. Par une série de croquis dessinés au tableau noir, M. Heaton montre la variété des /281/ chiffres de ces millésimes, leur parfaite adaptation au genre de bâtiments dont ils ornent les façades et leurs caractères différents suivant les pays ou les époques. On attachait autrefois de l’importance au caractère artistique et élégant de petits détails comme ceux-là. Aujourd’hui la laideur et la vulgarité ont remplacé dans les lettres carrées dont on orne les maisons et les monuments publics le charme de ces jolies compositions.

M. William Robert présente deux lettres du Directoire helvétique datées de 1799. Ces pièces sont adressées, l’une au commissaire Robert, l’autre au bourgeois Robert, à Berne, qui avait fait présent à la patrie de cent boisseaux de blé. Ces lettres intéressent la philatélie : elle portent du côté de l’adresse un timbre ovale rouge avec la mention : « Bureau central de la poste. »

 

Séance du 7 juillet 1905,
à Romainmôtier.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Renvoyant à une autre fois sa course projetée au château de Ripaille, notre Société avait convié ses membres à visiter un des édifices les plus vénérables de la Suisse, l’église de Romainmôtier, dont les travaux de restauration ont été repris et activement poussés depuis un an. Un peu avant midi une soixantaine de personnes étaient réunies dans le narthex supérieur de l’église, qui est redevenu pour un temps le lieu de culte de Romainmôtier. Après avoir prononcé l’éloge des membres décédés et proclamé l’admission de deux nouveaux membres (MM. Paul de Vallière et l’abbé Marius Besson), M. le président donne la parole à M. Albert Naef, qui s’est chargé d’exposer les phases constructives de l'église de Romainmôtier et le résultat actuel des fouilles 1. Le travail de M. Naef était illustré de nombreux plans, vues et photographies qui n’ont pas peu contribué à faciliter la compréhension de son sujet. /282/

La séance a été suivie d’un banquet en plein air. Puis les sociétaires ont commencé l’exploration de la nécropole, au milieu des débris de fouilles et des décombres, avec explications données sur place par l’archéologue cantonal. L’assistance s’est ensuite transportée au château des Clées, qu’elle a visité, pour se diriger ensuite sur Orbe et Chavornay.

 

Séance du 21 septembre 1905,
à Soleure.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Malgré le temps peu engageant, une vingtaine de personnes avaient répondu à la circulaire de convocation qui portait : « Pour rendre les derniers honneurs à la Turnschanze. » C’était en effet l’occasion pour nos sociétaires de voir une dernière fois ce bastion, célèbre par la polémique qui s’est engagée à son sujet. La séance eut lieu à l’hôtel de la Couronne. M. Aug. Burnand y lut un travail sur le colonel Henry Bouquet, originaire de Rolle, qui guerroya au milieu du XVIIIe siècle contre les Peaux-Rouges 1.

Le dîner fut honoré de la présence de M. Vigier, bourgmestre de Soleure, et de M. le professeur Gisi, délégué par la Société d’histoire de Soleure.

Tous deux s’attachèrent à laver leurs compatriotes des reproches de vandalisme qu’on leur avait adressés et dont ils avaient été émus. La visite subséquente des curiosités historiques et artistiques de la ville ne put que confirmer leur dire, à savoir les sacrifices considérables que les Soleurois avaient déjà consentis pour honorer et conserver les vestiges du passé, tels que le bastion Saint-Ours au Vieux-Soleure, très bien restauré, et le Musée historique, admirablement installé, avec des chambres boisées et des meubles anciens qui peuvent rivaliser avec ceux des musées de Zurich et de Bâle. /283/

 

Séance du 6 décembre 1905,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

M. Eugène de Budé ouvre la série des communications par une analyse de la correspondance d’Amédée-Salomon Massé 1, qui fut de 1812 à 1814 secrétaire du général Bertrand, puis attaché militaire à l’état-major de cet officier supérieur pendant la campagne d’Allemagne.

M. le président entretient ensuite la société de la fameuse lettre de Charles-Quint aux Lausannois, du 5 juillet 1536, pour les détourner de la dispute religieuse que les Bernois voulaient convoquer dans leur ville 2. Cette lettre soulève préliminairement la question du droit de Lausanne à s’intituler ville impériale.

M. B. van Muyden parle aussi de La société lausannoise au XVIIIe siècle, et il énumère une liste d’étrangers de marque qui séjournaient à Lausanne au moment de la grande vogue du docteur Tissot 3.

M. Albert de Montet lit une biographie du landamman Secretan 4.

 

Séance du 28 mars 1906,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Une cinquantaine de personnes sont présentes.

M. William de Sévery communique à la Société une lettre /284/ relative au pasteur Martin, de Mézières, écrite par Mlle Clavel de Marsens, châtelaine de Ropraz et amie de Mme Martin 1. Elle exprime de façon caractéristique les sentiments éveillés dans le pays par l’arrestation de l’ecclésiastique. Mlle de Marsens fait un vif éloge du pasteur et demande à sa correspondante, Mme de Charrière de Chandieu, d’intéresser le bailli d’Erlach à la cause du prisonnier.

M. Maxime Reymond présente une étude sur l'élection des évêques de Lausanne au moyen âge 2.

La correspondance échangée entre Juste Olivier et Louis Vulliemin 3, communiquée par M. Ch. Burnier, retient ensuite l’attention de la Société. La première de ces lettres date de 1838 et contient des détails sur la situation du poète vaudois comme professeur d’histoire à l’Académie de Lausanne. Les trois suivantes sont datées de Paris (1847, 1858 et 1859); il y est question de Gleyre. La seule lettre de Vulliemin, en réponse à l’avant-dernière de Juste Olivier, renferme le récit d’une séance de notre société chez M. Marquis, au château du Châtelard.

Sur la proposition de M. le président, la Société décide de souscrire la somme de 100 fr. en faveur du monument Juste Olivier.

 

Séance du 16 mai 1906,
à Môtiers-Travers et au Champ du Moulin.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Cette journée, particulièrement attrayante, fut consacrée en grande partie aux souvenirs laissés par J.-J. Rousseau au Val-de-Travers. Arrivés à Môtiers peu avant midi, les sociétaires visitent d’abord l’église gothique de la localité, jettent en passant /285/ un coup d’œil à la maison Boy de la Tour, beau spécimen de l’architecture du XVIIIe siècle, et se rendent ensuite à la fameuse maison occupée par Rousseau pendant son séjour à Môtiers. Ils continuent l’inspection du village en pénétrant dans les caves de la maison Mauler, qui ne sont autres que celles de l’ancien prieuré de St-Pierre. Après un dîner à l’Hôtel de Ville, l’assistance se transporte au Champ-du-Moulin, où M. le conseiller d’Etat Perrier lui fait les honneurs d’une collection de souvenirs et d’armes, réunie dans le pavillon qui, en 1764, abrita J.-J. Rousseau pour un court séjour. C’est là qu’a lieu la séance.

M. Auguste Dubois fait l’historique 1 de ce séjour de Rousseau au Champ-du-Moulin et de la visite que lui rendit le comte Ch. de Zinzendorf.

Un travail de M. Gonzague de Reynold est lu par M. Arnold van Muyden, en l’absence de son auteur. Cette étude traite de l’helvétisme de Rousseau et de sa parenté d’esprit avec Bodmer, Gessner et de Haller 2.

M. Henri de Mandrot communique deux lettres de Rousseau (du 20 juin et du 21 juillet 1762), adressées à M. de Gingins de Moiry, bailli d’Yverdon, avec les réponses de celui-ci. La dernière de ces réponses, du 27 juillet 1762, était inédite. Ces pièces, qui sont des originaux, ou des copies autographes de leur auteur (pour les réponses de M. de Gingins) font partie des papiers conservés au château de La Sarraz.

M. E. Dutoit présente un portrait de J.-J. Rousseau paraissant âgé d’environ vingt ans, avec légende en allemand.

Enfin M. Th. Dufour donne lecture d’une dizaine de lettres inédites de Rousseau adressées à divers correspondants 3. Ces documents mettent en lumière certains traits de son caractère : sa timidité, sa susceptibilité, sa naïveté et son attachement passionné à la Suisse. /286/

 

Séance du 10 octobre 1906,
à St-Maurice, salle du Théâtre.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à 11 heures en présence d'une centaine de personnes, parmi lesquelles Mgr Paccolat, abbé de Saint-Maurice et évêque de Bethléem, accompagné de plusieurs chanoines et prêtres.

L’étude que nous apporte M. l’abbé Marius Besson est intitulée : La révélation de saint Maurice. Etude critique d’un curieux lieu-commun des anciennes vies de saints 1. Saint Eucher, évêque de Lyon au milieu du Ve siècle, dit que les corps, soit les reliques, de saint Maurice et de ses compagnons furent révélés à la fin du IVe siècle à saint Théodore, évêque d’Octodure (Martigny). Par comparaison avec d’autres récits hagiographiques, M. l’abbé Besson montre qu’il faut interpréter ce terme « révélés » dans le sens qu’ils furent découverts, mis au jour, et non pas comme s’il s’agissait d’une vision.

M. le chanoine Bourban présente, avec des plans et de nombreuses photographies, un exposé des fouilles qu’il dirige avec tant de compétence depuis nombre d’années à l’abbaye de Saint-Maurice, et il fait l’historique des diverses constructions qui s’y sont succédé 2. Dans le courant de l’après-midi, l’assistance put visiter sous sa conduite le musée des fouilles et le trésor de l’abbaye aux richesses inestimables.

Entre temps le dîner avait été servi à l’hôtel de la Couronne. Une collecte en faveur des fouilles fut proposée par M. le professeur F.-A. Forel, et la liste mise en circulation se couvrit rapidement. /287/

 

Séance du 5 décembre 1906,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Une cinquantaine de personnes sont présentes. Sont reçus comme membres MM. Camille Decoppet, conseiller d’Etat, et Grin, ancien pasteur. Sur une proposition individuelle, l’assemblée décide que l’admission des dames sera examinée par le comité.

M. Wirz lit une communication sur d’anciennes cartes de visite 1, dont l’auteur est Mme William de Sévery. Ce travail débute par quelques considérations générales sur l’usage du carton, qui remonte au XVIIIe siècle et qui dans la France et les pays voisins s’est répandu vers 1750. Les noms furent d’abord écrits à la main, parfois dans un cartouche de style allégorique gravé en taille douce. L’usage de corner est plus récent. On envoyait la carte au domicile par un laquais. Le plus souvent on se servait d’anciennes cartes à jouer, coupées en petits carrés ou rectangles sur lesquels on traçait son nom. Vers 1830 apparaissent les cartes enjolivées de dessins en style rocaille, et aussi celles en relief blanc sur blanc.

Mme de Sévery montre à l’appui de son étude une collection variée de cartes de visite, dont la plus grande partie proviennent des archives de la famille de Sévery. Cette série comprend des spécimens du XVIIIe siècle, datés à partir de 1770, jusqu’au début du XIXe siècle. Les personnages marquants de l’époque, Vaudois, Allemands, Anglais, Français émigrés, surgissent à nos yeux. Voici la signature de Mme de Staël au revers d’un sept de carreau, et les cartes de Mme Récamier, de la Malibran, de Lamartine, etc.

M. Roulier fait circuler quelques objets de l’âge du bronze, trouvés près de Granges-Marnand, et présente deux brefs pontificaux, /288/ sur parchemin, datés de 1509 et 1512, qui appartiennent à la cure d’Yvonand.

Un travail de M. A. de Molin, lu par M. Ernest Dubois en l’absence de son auteur, traite des procès de M. de Montyon dans le canton de Vaud 1. Le portrait qui s’en dégage diffère de celui qui s’est formé autour du nom du célèbre philanthrope.

 

Séance du 10 avril 1907,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

M. D. Jordan ouvre la série des communications par une étude de M. J. Cart sur le château de l'Isle et les procès de sorcellerie 2. Après une esquisse rapide de l’histoire de la localité, l’auteur aborde l’examen de six procès de sorcellerie jugés vers 1650, du vivant de la châtelaine Marie de Dortans.

M. William de Sévery retrace l'histoire de quelques maisons de la rue de Bourg aux XVIIIe et XIXe siècles 3. Il fait revivre aux yeux de ses auditeurs les personnages divers, dont plusieurs illustres, qui y ont séjourné.

M. l’abbé Besson lit un travail sur l'ambon de Romainmôtier 4 trouvé l’an dernier dans l’église de cet ancien monastère. Par une série de déductions il en fixe la date au VIIe siècle.

M. Eug. Mottaz donne un aperçu relatif au tir du Papegay à Yverdon, et plus spécialement au Papegay des enfants 5 de cette ville. /289/

 

Séance du 12 juillet 1907,
à Orbe, Salle des conférences.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Un temps magnifique a favorisé cette séance d’été, à laquelle ont pris part une quarantaine de personnes. Le président l’a ouverte en rappelant la mémoire des membres décédés dans l’année. Deux candidats ont été admis dans la Société : MM. Moreillon, inspecteur forestier à Montcherand, et Aug. Reitzel, maître au collège d’Orbe.

C’est à ce dernier qu’était dévolue la tâche de rappeler les grands traits de l'histoire d'Orbe, pour laquelle il a utilisé les études anciennes ou récentes de Fr. de Gingins, J. Cart, Morax, etc., sans oublier la chronique de Pierrefleur avec ses notes pittoresques. Il a rappelé la construction présumée du château par le patrice Wandelin, les traditions relatives aux malheurs de Brunehaut, le passage de Henri IV se rendant en Italie. Il a exposé les circonstances qui ont poussé Orbe dans le sillage politique de la Bourgogne, montré d’après la charte donnée à Nozeroy en faveur d’Orbe quelles étaient l’organisation de la localité, la police des marchés, la vente des denrées, etc. Devenue après les guerres de Bourgogne le centre d’un bailliage commun entre Berne et Fribourg, elle vit la période mouvementée de la Réforme, ce qui amène M. Reitzel à lire une lettre inédite de Pierre Viret, le réformateur d’Orbe, datée du 15 décembre 1558 et trouvée aux Archives cantonales vaudoises par M. Alfred Millioud. Cette pièce est relative au conflit qui s’était élevé entre LL. EE. et les pasteurs de Lausanne au sujet de la discipline ecclésiastique et montre l’attitude digne et ferme de Viret en présence des ordres venus de Berne. Les recherches personnelles de M. Reitzel aux archives de la ville et du canton lui ont permis d’ajouter aux faits connus plusieurs renseignements nouveaux sur la domination bernoise et sur la Révolution. A cette dernière époque, Orbe, aux portes de la frontière, vit bientôt arriver dans ses murs les émigrés, reçus d’abord /290/ avec bienveillance, puis détestés pour leur attitude hautaine et insolente. A citer encore de cette période un fait inconnu jusqu’ici, c'est que Payerne proposa la division du canton du Léman en deux parties, la partie nord devant comprendre la Broye, Orbe, Yverdon, Grandson et Estavayer. Ce projet n’eut pas de suites.

M. Albert Naef a parlé ensuite de la curieuse église d'Orbe. Transformé et rebâti au cours du XVe siècle, cet édifice souffrit beaucoup des guerres de Bourgogne. M. de Gingins avait déjà signalé l’existence, sous le badigeon bernois, d’une décoration polychrome dont M. Naef a entretenu ses auditeurs. Il a aussi examiné successivement les nombreux motifs d’architecture de l’église. Il a conclu que, sans être de première valeur archéologique, l’église d’Orbe présentait pourtant un grand intérêt au point de vue de l’histoire locale.

La séance terminée, les sociétaires font honneur au banquet préparé à l’hôtel des Deux Poissons et où plusieurs orateurs se font entendre. Puis ils vont visiter à l’Hôtel de Ville l’exposition de chartes et gravures relatives au passé d’Orbe, organisée par M. Reitzel; de là ils se rendent à l’église, ensuite aux mosaïques de Boscéaz, et enfin à l’église de Montcherand, où les attirent des peintures romanes. Une charmante réception offerte à la Société par M. et Mme Moreillon a terminé cette journée.

 

Séance du 17 octobre 1907,
à Morat.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Le mauvais temps a fait du tort à la réunion d’automne de notre Société, mais les seize personnes, dont deux dames, qui ont affronté la pluie et la longueur du voyage ne l’ont pas regretté. L’assemblée devait avoir lieu au temple français : la température fit préférer la salle à manger de l’hôtel de la Couronne. Là, auprès d’un bon vieux poêle en « catelles », autour d’une table ronde, on entendit une causerie de M. le colonel /291/ Max de Diesbach sur la bataille de Morat 1. Son récit a comme centre le rapport de l’ambassadeur milanais Panigarola. M. de Diesbach le commente à l’aide de renseignements topographiques et de considérations tactiques basées en première ligne sur sa connaissance du terrain.

Certains points ont été discutés. Ainsi on a relevé ce fait que les cuirasses qui sont à Soleure sont de si petite taille que nos jeunes gens ne pourraient pas les mettre. On peut donc supposer que la race s’est agrandie. La fuite de Jacques de Romont par Cudrefin n’est pas démontrée; il doit au contraire avoir passé par les hauteurs à l’est.

Après le dîner, ceux qui ne connaissaient pas la ville s’en furent visiter les arcades et le chemin de ronde; d’autres poussèrent jusqu’au pavillon de la colline du Bois Dominges, la pluie ayant bien voulu faire trêve.

 

Séance du 27 février 1908,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

M. le président annonce qu’un don de 500 francs a été fait à la Société en souvenir de M. le professeur Strœhlin, de Genève, et qu’une Société vaudoise de généalogie vient de se créer, sous la présidence de M. Henri de Mandrot, afin de réunir et publier des notices généalogiques sur les familles vaudoises. M. le colonel Rivett-Carnac, propriétaire du château de Rougemont, auteur de plusieurs travaux archéologiques, est reçu membre.

M. Eugène Secretan donne lecture d’une biographie du lieutenant-colonel François-Rodolphe de Dompierre 2, qui devint archéologue vaudois dans la seconde moitié de sa vie. /292/ Elle est basée sur le journal inédit de Dompierre qui va de 1822 à 1844.

M. Albert Naef dit qu’il est en possession d’un premier volume de Dompierre, où celui-ci retrace ses premières expériences archéologiques. Ce document, qui va de 1819 à 1822, contient quelques appréciations amusantes par leur naïveté.

M. Daniel Jordan lit quelques lettres de l’archéologue adressées au colonel Jordan et qui montrent surtout le côté militaire du caractère de de Dompierre. Ce dernier y parle des difficultés que rencontre l’organisation de nos milices et manifeste ses sympathies pour la cause de l’indépendance de l’Italie, qui commençait alors à agiter les esprits.

M. le président présente ensuite un rapport sur la question de l'admission des dames dans la Société. Il rappelle le temps où les historiens romands, reçus dans les châteaux vaudois, trouvaient aux côtés de leurs hôtes quelques dames invitées par la maîtresse de maison pour animer la réunion. Le côté pittoresque des séances d’été contribua à attirer l’élément féminin aux excursions de la Société. Il n’y avait pas de raison valable pour empêcher les dames de s’instruire. La tradition s’est maintenue, malgré l’abbé Gremaud, qui trouvait une apparence frivole aux séances où les robes blanches mettaient leurs taches claires à côté des habits noirs et des soutanes. Le travail d’une dame, présenté à la Société en décembre 1906, donna à la question une plus vive actualité. C’est alors que fut émise une proposition courtoise demandant l’admission des dames dans la Romande. Le Comité, conclut M. van Muyden, a constaté qu’aucun texte ne s’oppose à leur admission et propose d’en adopter le principe.

M. Jordan parle dans le même sens, en insistant toutefois sur la nécessité de ne pas dévier du but poursuivi par la Société, tel qu’il est défini par les statuts.

M. Gueneau de Mussy observe que plusieurs sociétés françaises admettent les dames.

M. Eug. Secretan fait quelques réserves; il préférerait voir les dames invitées, plutôt que membres, et il propose le renvoi de la question à une commission.

M. E. Dutoit appuie la proposition du Comité et c’est dans /293/ ce sens que se prononce aussi la majorité de l’assemblée au moment du vote. Les dames pourront donc désormais être admises comme membres dans la Société d’histoire de la Suisse Romande.

 

Séance du 2 juillet 1908,
à Divonne-les-Bains.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

C’est par une belle journée d’été que s’est exécuté le programme de notre excursion chez nos voisins du Pays de Gex. A dix heures une cinquantaine de personnes descendaient à la gare de Divonne et s’acheminaient vers la station balnéaire, dont le joli théâtre devait servir de lieu de réunion à notre Société. M. le maire de Divonne, ainsi que trois délégués de la Société d’Emulation de Montbéliard, nous honoraient de leur présence.

Dans son discours d’ouverture, M. le président a rappelé tout d’abord le souvenir des membres décédés; la liste en est longue, malheureusement. Ce sont : MM. Maurice Francillon, docteur, Louis Rod-Ducloux, César Curchod, pasteur à Morges, Ed. Couvreu, ancien syndic de Vevey, Henri Brocher-de la Fléchère, professeur de droit, l’abbé Porchet, curé de Bourguillon près Fribourg, enfin les deux frères Stroehlin, de Genève. La disparition de ces deux derniers constitue une perte pour l’histoire et ses sciences auxiliaires. L’aîné des frères Stroehlin était un bibliophile distingué, en même temps qu’un savant; le second s’est fait connaître par ses travaux de numismatique.

M. van Muyden a retracé ensuite à grands traits l’activité de la Société au cours des vingt dernières années. Cette activité s’est manifestée de trois manières différentes : par les communications lues en séance; par la visite de bon nombre de lieux pittoresques et riches en souvenirs historiques (La Lance, Valère, Romainmôtier, Bourg en Bresse, Saint-Pierre /294/ de Clages, Gruyères, etc.); enfin par la publication de nos Mémoires et Documents.

Depuis 1887 la Société a publié quinze volumes de formats divers, faisant la part aussi large à l’archéologie, à la linguistique, à l’architecture et aux arts qu’à l’histoire proprement dite. M. le président a rappelé la part qu’ont prise à ces travaux l’abbé Gremaud, MM. Ernest Chavannes, Henri Carrard, J.-B. Galiffe, A. Morel-Fatio, pour ne citer que les disparus. La publication de ces quinze volumes a coûté 40 000 francs et a été couverte par les cotisations annuelles de nos membres et par différents subsides (Confédération, Etats de Vaud et du Valais, sociétés diverses).

M. A. de Molin a présenté les comptes de l’exercice, qui laissent un solde disponible de 639 fr. 55. Ils ont été approuvés, sur le rapport de M. Ceresole, juge cantonal. On procède ensuite à l’admission comme membres de quatre candidats, dont deux dames. Ce sont : Mmes B. van Muyden et de Montet; MM. Arthur Herbert et Albert Muratore. Il s’agit enfin de renouveler le Comité, dont trois membres : MM. Albert de Montet, Fréd.-Th. Dubois et Eug. Mottaz, sont démissionnaires. Il sera désormais composé de la façon suivante : MM. B. van Muyden, Georges Favey et Aloys de Molin, à Lausanne; Théophile Dufour et Victor van Berchem, à Genève; Max de Diesbach, à Fribourg; plus trois nouveaux membres, MM. Daniel Jordan, ancien bibliothécaire, Maxime Reymond, journaliste, et Bernard de Cérenville, docteur en philosophie.

Les questions administratives étant épuisées, la Société a entendu trois communications sur Voltaire.

M. Paul Sirven, professeur à l’Université de Lausanne, a parlé du séjour de Voltaire sur les bords du Léman et a condensé d’heureuse manière les souvenirs se rattachant au patriarche de Ferney. Voltaire vint, au déclin de sa vie, chercher dans ce paisible coin de pays une place sûre et un abri contre les hommes au pouvoir. Toutes ses résidences furent d’ailleurs des refuges. A peine installé aux Délices, le grand écrivain reçut un avertissement des autorités genevoises. On lui fit comprendre qu’il devait se tenir tranquille et notamment ne point donner de représentations théâtrales. A Lausanne, /295/ où la société aime fort le théâtre, il passe quelques mois pendant trois hivers (1755-58). Après avoir acheté le château de Ferney, propriété de la famille de Budé, Voltaire joue au grand seigneur. Il reçoit beaucoup, fait jouer la comédie, élève des maisons, établit des routes. Malgré le Consistoire, les Genevois affluent à Ferney. D’abord gentilhomme campagnard, Voltaire se fait manufacturier en 1772. Il crée des fabriques de montres et de dentelles et cherche à placer ses produits. Il songe un moment à créer une colonie à Versoix, pour faire concurrence à Genève. M. Sirven termine par quelques considérations sur la morale de Voltaire et sur l’œuvre qu’il a accomplie en faveur de la tolérance.

M. Aloys de Molin a entretenu ensuite ses auditeurs du peintre Jean Huber et de ses relations avec le philosophe. Jean Huber, de Genève, dont M. de Molin est un descendant, naquit en 1721 à Chambésy. Jeune homme, il prit du service en Hesse et en Sardaigne et revint bientôt à Genève, où il s’occupa de musique, de peinture et surtout de chasse au faucon. A la suite d’une désagréable aventure, il quitta Genève et vint s’établir à Beauregard, près de Cour, sous Lausanne. Il y mourut en 1786. Ami de Voltaire, Huber fut pendant vingt ans le portraitiste et le dessinateur du poète. Il l’a représenté dans les attitudes les plus variées, essayant de prendre sur le vif les expressions de cette physionomie mobile, fine et railleuse. Ses dessins ont toute l’apparence de la caricature et rappellent la manière de Töpffer. Mais Huber n’a jamais ridiculisé son ami et Voltaire ne lui en voulut jamais de ses charges amusantes. L’artiste vendit bon nombre de ses croquis à la cour de Russie, où l’impératrice Catherine II les collectionnait. M. de Molin a présenté l’original d’un de ces dessins à la plume : on y voit Voltaire et ses amis, Diderot, d’Alembert, l’acteur Lekain, Huber lui-même, assis autour d’une table.

M. Frédéric Rossel, fabricant à Montbéliard et historien à ses heures, a retrouvé dans des papiers de famille une série de 65 lettres de Voltaire, à propos de ses prêts d'argent au duc de Wurtemberg, Charles-Eugène, qui était aussi comte de Montbéliard. Le résultat en fut que le philosophe avait, par le comté de Montbéliard, droit à une rente viagère de 62 000 livres, /296/ qui représentait à 12%, un abandon de 512 000 livres au duc. En outre il lui prêta, de 1768 à 1773, 106 000 livres à 5 %. Le gros budget du poète nécessitait ces opérations financières. En 1768 il portait sur 40 000 livres par an. Voltaire, qui avait parfois jusqu’à quatre-vingts invités, gagnait beaucoup, mais dépensait largement 1.

La séance est terminée. Après le déjeuner à l’hôtel des Bains, chacun prend place dans les breaks qui doivent nous conduire à Ferney. Là, visite du parc et d’une partie du château, propriété de M. E. Lambert, sculpteur à Paris. Deux pièces, contenant de belles peintures et quelques souvenirs de Voltaire, sont accessibles au public. Les participants à la course, après une courte halte devant le monument du philosophe, passent la frontière suisse à Vireloup et se séparent enfin à Versoix.

 

Séance du 24 septembre 1908,
à Martigny.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Le Comité avait précédé les membres et tenu le matin une séance à l’hôtel du Mont-Blanc à Martigny. A onze heures une cinquantaine de personnes se réunissaient autour d’un dîner arrosé d’excellents crus du pays et où plusieurs orateurs prirent la parole. M. le président, en particulier, rappela le souvenir de la séance tenue par notre Société à Martigny il y a vingt-quatre ans.

La Société s’est ensuite transportée à la salle populaire construite sur l’emplacement de l’antique Octodure. Trois candidats sont reçus membres : MM. Aug. Gross, à Salvan; M. Armand de Riedmatten et Mme Ferber-Dobler. /297/ Puis M. Joseph Morand, artiste-peintre et directeur des fouilles de Martigny, fait sur celles-ci une causerie accompagnée de projections lumineuses 1. Il retrace d’abord les principaux événements qui ont illustré le passé de Martigny, la soumission des Véragres par les Romains, l’assaut par les montagnards du camp de Servius Galba et la constitution de la ville en marché. Il discute les différents noms de Martigny et leur étymologie. Déjà au XVIe siècle et au XVIIIe on mentionne des vestiges romains trouvés sur l’emplacement de la cité appelée tour à tour Forum Claudii ou Octodurum. Après d’importantes trouvailles en 1874, M. Léon-Lucien de Roten, chef du département de l’Instruction publique, prit l’initiative (1883) du mouvement qui aboutit à l’exploration méthodique des lieux. Ce travail fut poussé notamment en 1895, 1903, 1906 et années suivantes.

Les fondations d’un édifice considérable ont été mises an jour, ainsi que de nombreux objets, entre autres une belle tête de bœuf en bronze qui se trouve au musée de Valère. Les ruines ont été, pour différents motifs d’ordre pratique, recouvertes au fur et à mesure de l’exploration, après toutefois que des photographies en eussent été prises et des plans relevés.

M. William Cart commente l'inscription romaine trouvée en janvier 1897 à Martigny : Saluti sacrum foro Claudienses vallenses cum T. Pomponio Victore proc(uratore Augusto)rum. Jusqu’à Marc-Aurèle environ, le Valais, conquis définitivement sous Auguste, avait été réuni à la Rhétie. Puis une transformation amena son adjonction à la province des Alpes Grées et Pennines, qui, située à cheval sur les Alpes, était administrée comme un domaine impérial par un procurateur. Ce fonctionnaire était à cette époque Titus Pomponius Victor. Il est permis de supposer que c’est sous Marc-Aurèle (161-180) qu’il a été préteur. Titus Pomponius résida d’abord à Aime en Tarentaise, ainsi que le fait penser une inscription découverte dans cette localité et publiée pour la première fois par Spon en 1685. Il devait donc passer les /298/ deux Saint-Bernard pour aller d’un bout à l’autre de sa province, qui s’étendait de la vallée supérieure du Rhône à la vallée supérieure de l’Isère. C’est ce gouverneur qui a composé l’inscription ci-dessus étudiée aujourd’hui par M. Cart. Quant aux ïambes de l’inscription d’Aime, ils sont amusants parce qu’ils caractérisent l’horreur éprouvée par le Romain pour la montagne.

M. de Mulinen propose que la Société publie un recueil des chartes du canton de Vaud, comme cela s’est fait à Berne, Zurich, Bâle et Saint-Gall. M. van Muyden répond que le Comité étudiera cette proposition.

L’ordre du jour est épuisé. Quelques membres vont reprendre le train qui les ramènera vers le Léman; les autres profitent du temps qui s’éclaire après une journée sombre pour monter à la vieille tour de la Bâtiaz, et contempler de là-haut la vallée parée de teintes automnales.

 

Séance du 16 décembre 1908,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

La Société entend d’abord un travail de M. Maxime Reymond sur Le nom de lieu « en Marterey  » 1. Les endroits appelés Martheray, Marthoray, Marthelay, ou d’un autre nom semblable, sont nombreux en Suisse et en France. On en compte une cinquantaine dans le canton de Vaud. Etymologiquement ce nom signifié lieu des martyrs, puis, par extension, cimetière.

M. le chanoine Bourban estime que le nom de Martheray a été donné à ces terrains parce que les premiers cimetières s’établirent autour des tombes des martyrs, places fort disputées par le peuple croyant.

M. Eugène Secretan donne des détails sur la découverte, le 15 octobre 1817, dans la tour Saint-Michel dépendant de /299/ l’abbatiale de Payerne, d’un sarcophage en grès de la Molière, qui renfermait des ossements jaunâtres, reconnus pour être ceux d’une femme. Quelle personne, sinon la fondatrice, pouvait être ensevelie dans le monastère de Payerne ? On supposa donc qu’on se trouvait en présence du squelette de la reine Berthe. Bien des objections s’élevèrent contre cette hypothèse. Tout d’abord l’état de conservation de la mâchoire du squelette, invraisemblable chez une femme de soixante-dix ans. Puis la tour Saint-Michel n’était pas dans l’abbatiale la place d’honneur. Cette objection est corroborée par une inscription, copiée autrefois à Payerne par un prieur du chapitre de Saint-Ours, et publiée en 1873, dans laquelle il est dit que le corps de la bienfaitrice avait été déposé à gauche du chœur de l’église. Pourquoi aurait-on enlevé le corps de cet endroit et l’aurait-on transporté dans la tour parmi d’autres sépultures ? On répond que cette opération a pu se faire à l’époque de la Réformation, afin de mettre un terme aux pèlerinages dont le peuple honorait la mémoire de la reine Berthe.

Quoi qu’il en soit, on avait été en 1817, à Payerne et à Lausanne, vivement impressionné par la découverte du tombeau supposé de la souveraine. Le Conseil d’Etat décida de faire déposer le sarcophage dans l’église paroissiale, voisine de l’abbatiale, et chargea le doyen Bridel de composer l’inscription commémorative de l’événement. Néanmoins, considérant le caractère encore hypothétique de la trouvaille, le gouvernement pria le pasteur d’intercaler dans son inscription les mots « ut traditur » (selon la tradition). Cette adjonction au texte prévu souleva à Payerne une tempête. La municipalité de cette ville n’admettait pas qu’on pût douter de l’authenticité des restes découverts. L’intransigeance des Payernois faillit compromettre le succès de la cérémonie par laquelle on voulait commémorer la remise du monument à l’église paroissiale. Après avoir boudé, les autorités payernoises cédèrent. La cérémonie eut lieu avec cortège, discours, banquet et vers de circonstance du doyen. Ajoutons que les fouilles qui amenèrent la découverte du sarcophage étaient dirigées par Fr.-R. de Dompierre, et que l’archéologue vaudois prit sa part dans les négociations qui suivirent. /300/

M. van Muyden rappelle qu’un historien soleurois, M. Gisi, avait, il y a quelques années, contesté la vertu de la reine Berthe. Son argumentation fut victorieusement réfutée par MM. Georges de Wyss et Favey.

M. Aloys de Molin raconte une difficulté douanière survenue entre Louis XIV et LL. EE. de Berne, d’après un dossier conservé aux Archives cantonales vaudoises. En automne 1660, le bureau des péages de Nyon fit saisir le chargement d’un voiturier vénitien, Dominique Pristi, qui cherchait à passer en contrebande des étoffes précieuses. Le tout fut confisqué. Le 29 novembre de la même année, LL. EE. reçurent de M. de la Barde, à Soleure, une lettre signée de Louis XIV lui-même, demandant la restitution des marchandises. Les négociations traînèrent plus d’une année. Le bailli de Nyon, de May, qui avait bénéficié de la confiscation, ne voulait pas abandonner sa part. Il fallut un ordre formel de Berne pour le faire céder. Moyennant compensation, sous forme de charges d’officiers concédées à LL. EE., le gouvernement du Roi obtint ce qu’il désirait. Les étoffes, qui représentaient au taux d’aujourd’hui une valeur de 15 000 francs environ, furent rendues à la France. Pourquoi le roi s’intéressait-il si fort à cette affaire ? La lettre l’explique : l’envoi était adressé à la maison Gauthier, Dessivues et Bastonneau, à Paris, et les marchandises étaient destinées au cardinal Mazarin. Le prélat, grand trafiquant en marge de sa position officielle, était probablement intéressé dans la maison Gauthier et consorts. Le roi, âgé de vingt-deux ans seulement, a dû signer sans la lire cette lettre qui représentait un bénéfice pour son premier ministre.

Cet incident offre un piquant exemple de la manière dont Mazarin amassa son énorme fortune, quarante millions de francs, qui en vaudraient de nos jours cinq fois plus. Le génie commercial du cardinal ne dédaignait aucun moyen. Il recourait, cas échéant, à la diplomatie pour sauvegarder ses petits intérêts personnels. La photographie de la lettre de Louis XIV, tirée par M. Vionnet, a circulé dans l’assistance et a illustré cette communication. /301/

 

Séance du 23 juin 1909,
à Blonay.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

La séance a lieu dans l’église de Blonay, parée de fleurs et de verdure pour la circonstance. Elle est ouverte à dix heures et demie, en présence de soixante-dix personnes environ, dont bon nombre de dames. M. le président rappelle la mémoire des membres décédés depuis la dernière assemblée, ce sont : MM. Maurice Wirz, architecte, Paul Vulliet et Edouard Kohler, anciens professeurs, Jules Galley, pasteur à Bullet, traducteur de l’ouvrage de Mgr Stammler sur le Trésor de la cathédrale de Lausanne, enfin William Wavre, archéologue et numismate. Sont reçus membres MM. Sigismond et Pierre de Blonay, de Sartiges; Mmes Moreillon-de Watteville, William de Sévery, Whitehouse, Grin-Voruz, Henri Verrey, et van Muyden-Baird, qui a publié en traduction anglaise des lettres de César de Saussure sur l’Angleterre. L’effectif des membres est ainsi porté à 205. M. van Muyden cite un certain nombre de publications qui vont paraître et annonce que le Comité a reçu l’Iconographie calvinienne de M. E. Doumergue, ainsi que la Numismatique de l’évêché de Sion par M. de Palézieux-du Pan.

M. Maxime Reymond lit ensuite un travail intitulé : Hypothèses concernant la maison de Blonay 1. Selon lui elle descendrait des rois rodolphiens par le duc Luithard, frère de l’évêque Hugues de Genève et cousin du dernier roi de Bourgogne transjurane. Ce Luithard était possessionné dans la région de Blonay.

M. A. de Montet a sur cette question obscure une autre opinion. Il donne lecture d’un travail qu’il a fait paraître en 1890 2. Il fait remonter l’origine de la maison de Blonay à une branche de la maison de Savoie. Ces deux théories ne /302/ s’excluent pas nécessairement, au dire de leurs auteurs. Il s’agirait de les concilier.

De l’an 1000 nous descendons au XVIIIe siècle avec la communication de M. B. van Muyden sur un procès de chantage intenté par une servante, Susanne Favre, à son maître, Jean-François Grand, châtelain d’Ecublens, à propos d’un héritage chimérique 1.

M. W. de Sévery, descendant par sa mère du châtelain Grand, ajoute quelques renseignements biographiques sur son ancêtre, né en 1689 et mort en 1774. Il avait épousé en 1711 Mlle Marguerite Bergier d’Illens 2.

M. Eugène Delessert, au nom de M. Fatio, instituteur à Lausanne, demande à la Société d’accorder son appui financier pour un monument que la Société de la Paix se propose d’élever à Montriond. Cette proposition est renvoyée au Comité.

Il est près d’une heure quand la séance est levée. Au dîner qui a suivi, à l’hôtel du Roc, ont pris la parole MM. B. van Muyden, Sigismond de Blonay, D. Jordan et André Schnetzler, syndic de Lausanne. Sur la proposition de ce dernier, quelques mots d’affectueux souvenir et des vœux ont été adressés à M. Alfred Ceresole, ancien pasteur à Blonay. Puis on s’en fut visiter le château de Blonay, dont les châtelains firent les honneurs avec une bonne grâce charmante.

 

Séance du 23 septembre 1909,
à Rue.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

L’excursion à Rue aurait été de tout point réussie si elle n’avait été assombrie par la douloureuse nouvelle de la mort /303/ du fils de Mme Ferber-Dobler, qui devait nous recevoir dans son château. M. le capitaine Ferber avait succombé la veille à un accident d’aviation survenu à Boulogne. La petite ville fribourgeoise s’était en notre honneur parée de drapeaux et de guirlandes; la salle d’école qui devait servir de local à notre séance avait été aussi gracieusement décorée. Assistaient à la séance soixante-dix personnes environ, dont quarante-cinq sociétaires. Plusieurs membres nouveaux ont été admis; ce sont : Mme Albert Burki, Mme Henri Burnier-Carrard, M. et Mme Robert de Rham, M. le pasteur Ch. Schnetzler, M. Aymon de Blonay, M. Perceval de Loriol et M. le Dr Ch. Secretan-Mayor. M. Daniel Jordan a félicité notre président de la distinction récente que lui a accordée l’Université de Genève en lui décernant le grade de docteur ès lettres honoris causa. D’autres membres de la Société ont reçu le même diplôme : MM. Théophile Dufour, notre vice-président, Henri Fazy, Meyer de Knonau, André Heusler et Albert Naef.

M. l’abbé Ducrest présente ensuite une étude sur Rue et le chevalier Richard de Prez. Rue apparaît dans l’histoire au milieu du XIIe siècle. Guillaume de Rue est le premier seigneur connu de la localité. Sa famille était vassale des comtes de Genevois, sans doute à cause de l’avouerie de l’église de Lausanne que possédaient ces derniers. En 1235, pendant la guerre entre le comte de Genevois et Pierre de Savoie, le château de Rue fut détruit par le Petit Charlemagne. Reconstruit immédiatement, il subit de nouveaux sièges, et en fin de compte Rodolphe de Rue dut se reconnaître vassal de Pierre, puis lui céder son château comme payement d’une indemnité de guerre de 10 000 marcs. Rodolphe de Rue étant mort en 1255, le comte de Savoie prit possession du château et acheva de le fortifier. C’est ainsi que la seigneurie de Rue entra dans la maison de Savoie, qui la garda jusqu’à la conquête du Pays de Vaud par les Bernois et les Fribourgeois, en 1536. Elle fut alors incorporée aux terres de Fribourg. Entre temps, le château avait été presque entièrement reconstruit dans les années 1370-1380, et il fut plus tard encore profondément remanié. Le bâtiment actuel d’habitation date de 1619-1627; seuls le donjon et la partie souterraine datent du /304/ XIVe siècle. En 1848, le gouvernement radical fribourgeois vendit le château de Rue, comme aussi celui de Gruyère, à des particuliers, et en 1873 M. Jambé le céda à M. et Mme Ferber, de Lyon, qui l’ont restauré et meublé avec un goût parfait.

Il y avait au moyen âge à Rue un certain nombre de familles nobles : les de Prez, les Mestral, les Gonel, les de Pesmes, les Champion, les Montmayeur, et enfin les Maillardoz, connus dès le XVe siècle, qui ont été pendant plusieurs siècles les grands bienfaiteurs de Rue et ont donné à l’Eglise et à l’Etat un bon nombre d’hommes distingués, d’écrivains et d’officiers de valeur. Trois évêques sont nés dans cette ville au XVe siècle : Raymond de Rue, qui fut à la tête du couvent des dominicains de la Madeleine à Lausanne et remplit les fonctions d’inquisiteur diocésain, et deux de Prez qui furent successivement évêques d’Aoste. L’évêque de Lausanne Jean de Prangins fut aussi chapelain à Rue.

La famille de Prez dont nous venons de parler descend, dit-on, des dynastes de Montagny. Elle est mentionnée au XIIe siècle et son berceau fut Prez vers Noréaz. Elle se fixa à Rue vers 1260. L’un de ses membres les plus marquants fut Richard de Prez, fils d’Etienne, chevalier, cité pour la première fois en 1314. Il possédait de grands biens à Rue, qu’il tenait sans doute des anciens seigneurs du lieu, à Prez vers Noréaz, à Prez vers Siviriez, à Vuarmarens, à Corserey, etc. Il était généreux, charitable, homme de bon conseil. Aussi le voyons-nous figurer à plusieurs reprises comme arbitre, et le comte de Savoie le choisit pour son châtelain de Vaulruz. Il avait épousé vers 1334 Bonarein de Châtel, et de concert avec elle il mit deux ans plus tard le comble à ses générosités en fondant à Rue une chapelle, dédiée à saint Nicolas, qui est devenue l’église paroissiale actuelle. Cette chapelle de Rue était placée sous la direction du curé de Promasens, de la paroisse duquel Rue faisait partie, mais elle devait avoir un chapelain à résidence fixe, doté d’un revenu de 10 livres. Un autre chapelain devait desservir l’autel de la Vierge Marie, fondé dans la même église par ledit Richard, et qui depuis fut possédé par la famille de Maillardoz. D’autres documents, tels que celui relatif à la fondation d’une chapelle dans l’hôpital de Moudon, témoignent de la munificence de /305/ Richard de Prez. Enfin le chevalier donna en 1345 une dernière preuve de sa piété en se joignant à la croisade organisée par le dauphin du Viennois Humbert II, pour défendre le royaume chrétien de Chypre et les possessions génoises ou vénitiennes du Levant. Le testament de Richard, fait avant son départ et daté du 14 février 1345, a été conservé et se trouve dans la collection de documents possédée par la famille de Mulinen. Il demandait à être enterré dans l’église de Hautcrêt. Comme il n’avait pas d’enfant, il instituait ses cousins de Vulliens comme héritiers, sa femme jouissant de l’usufruit, qui fut plus tard transformé en une rente de 1000 livres de capital. Il fît de nombreux legs pieux, parmi lesquels une rente destinée à fournir chaque année aux pauvres de la contrée de Rue une ration de pain et de petits pois le jour de la procession de la Fête-Dieu. Il donna encore une part de la dîme de Servion et de Corcelles à l’église de Mézières-le-Jorat.

Richard de Prez et d’autres seigneurs romands rejoignirent à Gênes le dauphin du Viennois, et tout le monde (1600 arbalétriers et 300 chevaliers) fit voile pour l’Orient. L’expédition échoua par l’incapacité de son chef. Elle parvint cependant à brûler à Imbros 150 navires turcs et à débarrasser la mer d’audacieux pirates. Quant au chevalier vaudois, nous le retrouvons en mai 1346 atteint de fièvre pernicieuse et sur le point de mourir dans l’île de Négrepont ou d’Eubée. C’est là que, le 14 mai, il fit un nouveau testament confirmant le précédent. Il mourut quelques jours après et fut inhumé dans l’église des dominicains de Négrepont, à qui il légua trois draps d’or, en attendant qu’on vînt du Pays de Vaud chercher sa dépouille pour la ramener à Hautcrêt.

L’entretien se porte sur cette famille de Prez, qui a eu de nombreuses ramifications dans le pays romand. M. Th. Dufour rappelle qu’au XVIIIe siècle la portion française de la seigneurie de Crassier appartenait à la famille de Prez-Crassier, qui, selon la généalogie ms. dressée par M. Gremaud, était d’origine fribourgeoise; son dernier représentant mâle est mort à Céligny en 1888. En 1525, dit M. van Muyden, un de Prez signa l’acte de combourgeoisie de la ville de Lausanne avec Fribourg et Berne. M. le Dr Meylan fait circuler /306/ un parchemin où est consigné un hommage rendu par un de Prez, de Lutry, seigneur de Corsier, au gouvernement bernois.

M. B. van Muyden lit une Notice sur les d'Illens 1, dont le château s’élevait au-dessus de Chapelles sur Oron. Jean d’Illens, donzel de Cugy, se fixa à Lausanne en 1544 et y fit souche. La famille, représentée par une branche vaudoise et une branche fribourgeoise, s’est éteinte au siècle dernier dans la personne de deux demoiselles, qui tenaient un magasin de modes à la rue de Bourg. Par mariage, la seigneurie de Pont et d’Illens passa à la fin du XVIe siècle à la famille Bergier. M. l’abbé Ducrest ajoute que la grande grille de l’église de Romont lui fut donnée par Antoine d’Illens, bailli de Lausanne.

Pour finir, M. Maxime Reymond nous apporte nombre de renseignements sur les seigneurs et le château de Villardin près Rue 2. Après avoir été la propriété des seigneurs de Villardin, puis des de Glane de Moudon, Villardin passa au XVIe siècle à la famille de Loys de Lausanne, qui l’a possédé jusqu’en 1767 et l’a vendu alors aux Castella de Fribourg.

Après ces communications, l’assemblée se rendit à l’Hôtel de ville, où un dîner lui fut servi dans une salle transformée en parterre de fleurs. Au dessert, alors que coulait le vin d’honneur de la commune, les assistants eurent la surprise de voir arriver trois charmantes jeunes filles et une enfant en vieux costumes fribourgeois : jupe et tablier de soie, châle à fleurs et coiffe noire. L’une d’elles lit un joli compliment aux historiens. Cette manifestation gracieuse et originale, préparée par M. le syndic Bosson et M. l’instituteur Rosset, est très applaudie. M. van Muyden répond par un toast chaleureux à la ville de Rue et à ses autorités. Après lui, M. le conseiller national Max de Diesbach, président de la Société d’histoire du canton de Fribourg, souhaite la bienvenue à ses confédérés. Il nous lit une piquante anecdote sur les châteaux /307/ de Rue et des Clées, qu’il a tirée des vieilles chroniques de Savoie.

Le programme de la journée prévoyait pour l’après-midi la visite du château de Rue. Le deuil survenu dans la famille de ses propriétaires ne nous permit que de jeter un coup d’œil à ce bel édifice. Mais la ville offre d’autres curiosités. Sous la direction de M. le curé de Rue, l’on s’en fut visiter la maison des de Maillardoz, où l’on trouve des plafonds à poutres, une cheminée du XIIe siècle et des fresques curieuses. L’église et quelques maisons intéressantes retinrent aussi l’attention des visiteurs.

 

Séance du 9 décembre 1909,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Une trentaine de personnes assistaient à cette séance, où trois nouveaux membres ont été reçus : Mlle Hélène Luquiens, M. le pasteur Adolphe Curchod et M. Emile de Saugy.

L’ordre du jour portait en premier lieu une communication de M. William de Sévery intitulée : Le livre de mémoire de Noble David-François Rosset, commencé en 1695. Un petit carnet aux feuilles jaunies circule entre les mains des assistants. Ce manuscrit donné par Mme de Muralt-de Lessert, à Genollier, à l’Association du Vieux-Lausanne, est plein de notes curieuses, que M. de Sévery a commentées pour le plus grand intérêt de tous. Il a donné d’abord quelques renseignements sur la famille de leur auteur. Les Rosset venus du Chablais, et qu’il ne faut pas confondre avec d’autres Rosset venus du Quercy, arrivèrent à Lausanne avant 1462. Ils jouèrent quelque rôle dans l’administration de la vieille cité impériale et fournirent à celle-ci plusieurs bourgmestres, entre autres, en 1673, le père de notre écrivain, Jean-Philippe Rosset. Après plusieurs siècles de fidélité au régime bernois, ils finirent en révolte ouverte. Ferdinand Rosset, un des patriotes accusés de trahison par LL. EE., fut enfermé à Aarberg avec Muller de la Mothe. Il réussit à s’échapper et à gagner les Etats-Unis. /308/ Le dernier représentant de la famille, Henri Rosset, qui habitait rue Saint-Pierre à Lausanne, mourut célibataire en 1867.

La rébellion de Ferdinand Rosset eût fort scandalisé son ancêtre, notre héros. Justicier, châtelain de Montheron, membre des Deux-Cents, capitaine de compagnie, puis commandant dans un régiment de fusiliers, il manifeste dans l’exercice de ces diverses fonctions les qualités de soumission, d’ordre et de piété qui caractérisent aussi sa vie de famille. Ce qui ressort le plus nettement de ces notes prises au jour le jour, c’est l’esprit de dévotion, voire même de mysticisme, de celui qui les a écrites. Les mariages, les naissances, les nominations administratives, les phénomènes météorologiques, les événements politiques auxquels Rosset fait allusion, tout cela est accompagné de prières, d’actions de grâces et d’invocations au Seigneur. Marié le 31 mars 1705 à vertueuse Demoiselle Esther Seigneux, Rosset eut une union richement bénie et sa descendance atteignit un chiffre imposant. Les événements de famille, naissances, décès, mariages remplissent une bonne partie du journal. Parfois le récit est coupé par la relation d’un phénomène atmosphérique, orage ou éclipse. Ces redoutables manifestations remplissent le digne magistrat d’une crainte superstitieuse : ainsi l’éclipse du 12 mai 1706, les grandes sécheresses de l’été 1708 et le coup de foudre du 30 avril 1709, qui tombe sur l’écurie du château de Lausanne et laisse évanoui le valet de M. le bailli.

Les événements politiques prennent peu de place dans le journal de Rosset. De Davel, pas un mot. En revanche, le châtelain de Montheron nous donne quelques notes brèves sur la guerre de Villmergen, l’origine de ce conflit, la victoire de « Bringart » (Bremgarten), le siège et la prise de Baden. Il cite les noms des officiers vaudois tués ou blessés pendant la campagne. Il constate que la paix d’Aarau a été très avantageuse pour l’Etat de Berne. Rosset nous conduit ainsi dans son journal jusqu’en 1758. Après sa mort, survenue en 1762, un de ses fils renoue le fil et pousse la rédaction jusqu’en 1774. La note religieuse s’atténue dans cette dernière partie. Les temps avaient changé et l’esprit frondeur de Voltaire soufflait aussi sur la jeune génération vaudoise. /309/

M. Bernard de Cérenville lit ensuite une communication sur le vol de Versoix (22 octobre 1705) 1, exécuté par une bande de camisards cévenols réfugiés en Suisse et de partisans savoyards en guerre avec Louis XIV. Ce vol porta sur une somme de 22 000 louis d’or destinés à la solde des troupes de Vendôme en Italie et que le banquier Lullin, de Genève, s’était chargé de faire parvenir à destination. Genève eut particulièrement à subir les contre-coups de la mauvaise humeur du roi.

 

Séance du 29 juin 1910,
à l’Isle.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Une soixantaine de dames et messieurs avaient répondu à la circulaire de convocation et se trouvaient réunis vers midi au château de l’Isle, qu’ils commencent par visiter. La séance a lieu dans la salle de la municipalité, jadis salon et chapelle des châtelains de l’Isle. Il est procédé à l’admission de cinq nouveaux membres : Mme Victor Cuénod, Mlle Jeanne Cuénod, MM. René Morax et Henri Meyer, architecte. Puis M. le président évoque le souvenir des sociétaires que nous avons perdus. Ce sont : MM. le professeur Hilty, de Berne, Aymon de Crousaz, archiviste cantonal, de Perrot, pasteur à Morges, Oswald Pictet, de Genève, Fernand du Martheray, ministre de Suisse à Vienne, et Léopold Micheli, conservateur à la Bibliothèque de la ville de Genève. M. A. de Molin, caissier de la Société, présente ensuite les comptes, qui se résument par 2148 fr. 49 aux recettes, 277 fr. 25 aux dépenses, laissant un solde en caisse de 1871 fr. 15, dont il faudra déduire 1150 fr. environ pour notes non encore payées. Sur le rapport de M. E. Dutoit, ces comptes sont adoptés.

Puis la parole est donnée à Mme W. de Sévery, qui a reconstitué le cadre dans lequel s’écoulait l’existence des châtelains de /310/ l’Isle au milieu du XVIIIe siècle, en évoquant d’après son journal (1751-55) la figure délicieuse de Catherine de Chandieu, alors une enfant de dix à quatorze ans 1.

Le commandant Bonnard, dont M. A. de Molin nous entretient ensuite, est une sympathique figure de soldat. Il était d’origine française, mais habitait Nyon, où son père, Augustin Bonnard, remplissait les fonctions de receveur. Né en 1814, il fit ses études à l’Ecole polytechnique, passa à l’Ecole navale, devint enseigne et officier. Au moment du coup d’Etat de Louis Napoléon, il ne songea pas à dissimuler son chagrin de voir la France retomber, comme il disait, sous le joug des prétoriens. Son hostilité au nouveau régime retarda son avancement et il attendit longtemps sa troisième étoile. Lieutenant en 1854, il combat pendant la guerre de Crimée avec les troupes de terre, assiste à une série d’engagements et, blessé par un biscaïen, est obligé de se soigner pendant dix mois. De retour à Toulon et nommé capitaine de frégate, il prend part au début de la guerre d’Italie. Il meurt à Toulon en 1870. Les lettres adressées par le commandant Bonnard à sa famille et à ses amis, lues par M. de Molin, mettent en relief ce caractère indépendant et courageux.

M. Maxime Reymond a découvert dans les archives de la famille de Loys à Lausanne deux précieux documents. Le premier est la copie d’un diplôme de Rodolphe Ier de Bourgogne transjurane, accordant à l’évêque de Lausanne des droits sur le marché tenu en dehors de la Cité. Le document primitif était de 896; la copie est signée à la fois par Jean Gignillat et Aubert Loys, qui vivaient au commencement du XVIe siècle. M. Reymond développe les arguments qui militent en faveur de l’authenticité de cet acte 2.

Le second de ces documents est connu sous le nom d'Acte de consécration de la cathédrale de Lausanne 3, le 20 octobre /311/ 1275. Ce n’est pas non plus l’acte primitif, mais bien plutôt une pièce destinée à être lue à Notre-Dame dans les cérémonies jubilaires, et qui a une réelle valeur historique.

M. Théophile Dufour émet quelques doutes sur l’authenticité de la première pièce et rappelle les faux documents rodolphiens auxquels ont eu déjà à faire les historiens; il y aurait lieu d’examiner avec soin le texte et de le comparer avec celui des autres diplômes de Rodolphe Ier. M. Meylan-Faure se montre également sceptique.

Pour terminer, M. William de Sévery retrace l'Histoire de la seigneurie de l’Isle dans les temps modernes, alors qu’elle était possédée par la famille de Chandieu 1.

Il est près de deux heures; le dîner est servi à l’hôtel de la Balance et le café est pris sous les grands arbres du château. La pluie qui survient à la fin de l’après-midi est trop tardive pour compromettre le succès de cette journée.

 


 

A la place de sa réunion d’automne, notre Société a pris part au Congrès historique qui réunissait le 5 septembre, à Lausanne, la Société suisse des Monuments historiques, et le 6 septembre à Chillon la Société générale d’histoire suisse. Le programme très chargé de ces journées ne lui a pas permis d’y tenir une séance particulière. Un de nos membres, M. Ch. Gilliard, a présenté à la réunion de la Société générale d’histoire suisse une étude sur les seigneurs et les paysans dans la paroisse de Montreux 2.

 

Séance du 16 février 1911,
à Lausanne, Ecole Vinet.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

L’auditoire compte une trentaine de personnes, en bonne partie des dames. Après la lecture du procès-verbal, la Société /312/ reçoit neuf nouveaux membres : Mmes Soldati, Soutter-Guisan, Edmond Chavannes, Jules Bovon et Pawly; Mlles Noémi Soutter et Hélène Vallotton; MM. René Guisan et Horace Pinching- Sarasin.

M. le président rappelle l’état actuel de nos publications. Les membres ont reçu dernièrement le volume de Mme Odin sur le patois de Blonay, non numéroté dans la série des Mémoires et Documents, à cause de son plus grand format. Viendra prochainement le tome IX de la seconde série, contenant l’étude de M. Benjamin Dumur sur le pasteur Jean-Baptiste Plantin et les deux travaux de M. Maxime Reymond sur les châteaux épiscopaux et les hôtels de ville de Lausanne. La Société suisse d’histoire, lors de sa réunion à Chillon en septembre 1910, a reçu en don gracieux un exemplaire contenant la vie de Plantin et l’histoire des châteaux épiscopaux. On prévoit aussi la publication prochaine d’un volume de M. Maxime Reymond sur les dignitaires de l’Eglise de Lausanne. A cette éclosion d’œuvres importantes devra succéder un temps de repos, nécessaire à la reconstitution de nos finances.

M. Bernard de Cérenville fait ensuite une communication sur l'assistance publique à Lausanne au XVIe siècle, d’après un document qu’il a retrouvé aux Archives cantonales vaudoises 1. Il débute par quelques considérations générales et rapproche le document en question des ordonnances des pauvres édictées à la même époque dans d’autres villes suisses.

Sans abandonner l’histoire des mœurs, M. B. van Muyden fait passer maintenant ses auditeurs des ordonnances du Conseil de Lausanne aux ordonnances consistoriales sous le régime bernois 2 et réfute d’abord l’opinion assez répandue suivant laquelle Calvin aurait été l’initiateur des édits somptuaires. Le Consistoire n’avait égard ni aux personnes ni aux classes sociales. Mme la générale de Sturler, à Berne, en fit l’expérience. Ses réceptions où les invités absorbaient force thé et chocolat, son mobilier acheté à Paris et recouvert de soie /313/ attirèrent sur elle un dimanche les foudres oratoires du doyen Bachmann. Ce qui nous paraît plus grave, ce sont les mésaventures conjugales qui défraient la chronique de la capitale, les enlèvements de jeunes patriciennes, les histoires de chantage, les recherches en paternité, les ménages irréguliers dont la fréquence nous étonne. Sous son apparente solennité, cette société bernoise dissimulait une grande liberté de mœurs, conforme d’ailleurs à l’esprit du siècle.

M. Auguste Burnand fait circuler un certain nombre de planches du bel album que vient d’éditer l’Institut polygraphique de Zurich. On y voit, fixées par d’admirables procédés de reproduction, les fameuses tapisseries qui faisaient partie du trésor de la Cathédrale de Lausanne et que les vicissitudes des temps ont amenées à Berne.

Enfin M. Maxime Reymond donne lecture d’une étude sur l'évêque de Lausanne, comte de Vaud 1, au début du XIe siècle, époque où ce personnage n’est plus le fonctionnaire royal de l’empire carolingien et pas encore un seigneur féodal. Il rappelle qu’à la séance de l’Isle, en juin 1910, deux membres avaient douté de l’authenticité d’un diplôme de Rodolphe Ier de Bourgogne transjurane en faveur de l’évêque de Lausanne, conservé par une copie du XVIe siècle. M. René Poupardin, à Paris, a été consulté et est arrivé aux mêmes conclusions que M. Reymond, tout en constatant cependant « quelques erreurs de transcription. »

La séance est levée à quatre heures et demie.

 

Séance du 28 juin 1911,
à Lucens.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à dix heures et quart dans la chapelle du château, devant une assistance de soixante-dix personnes /314/ environ, dont une trentaine de membres. M. le président retrace l’activité de la Société pendant les vingt-cinq années écoulées et il évoque les figures récemment disparues : MM. Marc Dufour, William Robert, Eugène de Budé et André Schnetzler. Six nouveaux membres sont admis : MM. Paul Martin, archiviste de l’Etat de Genève, J. Bertrand, à Chexbres, Jean Tanner, syndic de Lucens, Ch. Vinzio, à Lausanne, L. Rosset-Klausfelder, à Vevey, et Paul Métraux, pasteur à Montreux. Par acclamation, le Comité est réélu pour trois ans. Sa composition n’est pas modifiée. En font partie : MM. B. van Muyden, G. Favey, A. de Molin, D. Jordan, M. Reymond et B. de Cérenville, à Lausanne; Th. Dufour et V. van Berchem, à Genève; Max de Diesbach à Fribourg. M. de Molin rend compte de l’état financier de la Société. Les dépenses se sont montées à 4219 fr. 10, dépassant nos recettes de 618 fr. 80, mais le déficit n’est qu’apparent, car les contributions annuelles ne sont pas encore rentrées.

M. Eug. Demole présente une communication sur Une dissertation inédite relative à une monnaie d'Auguste, écrite vers 1730 par M. F.-S. Bally de Montcarra, conseiller au Parlement du Dauphiné 1. M. de Montcarra cherche à concilier deux textes de Suétone, en contradiction apparente l’un avec l’autre. Le premier dit qu’Auguste naquit le 9 des calendes d’octobre, soit le 23 septembre; le second, qu’il serait né sous le signe du Capricorne, soit en décembre-janvier. On rapproche depuis longtemps de cette dernière assertion un denier d’Auguste sur lequel est représenté un capricorne. M. de Montcarra est d’avis que ce second texte désigne le moment où, après la bataille d’Actium et la conquête de l’Egypte, Octave reçut du sénat le titre d’Auguste. Ce fut alors pour lui comme une nouvelle naissance qui tombait précisément sous le signe du Capricorne (7 janvier).

L’ordre du jour porte un travail de M. Maxime Reymond sur Le château et le bourg de Lucens. En l’absence de l’auteur, c’est M. de Molin qui donne lecture de cette étude, sur laquelle il greffe sa propre communication. Les destinées de /315/ Lucens sont étroitement liées à celles du village voisin de Courtilles. Les deux endroits formaient une même paroisse et appartenaient à l’évêque de Lausanne, comte de Vaud et seigneur de Moudon. Courtilles, d’après son nom, est une ancienne localité celtique ou romaine, tandis que Lucens est d’origine germanique. L’importance de ces localités, qui barraient la vallée et défendaient les approches de Moudon, ne pouvait échapper à personne. L’évêque Burcard d’Oltingen fit construire à Courtilles, dans la seconde moitié du XIe siècle, l’église de Saint-Pierre, poste militaire autant qu’édifice religieux. On ne peut dire sûrement si c’est lui ou un de ses successeurs qui bâtit le château primitif de Lucens. Quoi qu’il en soit, la valeur de cette position militaire ne fit que croître, car la contrée était le point de rencontre de l’élément germanique représenté par les Zæhringen, mandataires de l’Empire, avec la noblesse féodale romande, séparatiste et anti-impériale. Plus tard Pierre de Savoie, tiers redoutable, prit pied dans la vallée, et en acquérant des droits et des biens à Lucens partagea avec les évêques la propriété du village. En 1315, sous l’évêque Pierre d’Oron, Lucens était administré par un châtelain, Perrod de Saillon. Celui-ci tenait dans la forteresse 10 hommes pour la garde; il payait 80 livres pour son office et les redevances qui en découlaient. En 1387, les revenus de l’évêque avaient beaucoup diminué; la maréchalerie et la grande dîme en avaient été aliénées. On trouve un mayor dès 1325. La famille de Villarzel, éteinte au XVIIIe siècle, garda héréditairement cette charge jusqu’au départ des évêques.

Avant cette époque, ceux-ci s’intéressaient fort au château et y résidèrent à plusieurs reprises. Deux d’entre eux y moururent : l’un, Guillaume de Menthonay, † 9 juillet 1406, assassiné par son valet de chambre; l’autre, Jean de Michaëlis, † 28 décembre 1468, succombant aux suites d’une chute dans un escalier. Les Montfalcon continuèrent la tradition de leurs prédécesseurs et firent à l’édifice de nombreuses transformations, surtout Aymon. Sous les Bernois, le château devint la résidence des baillis de Moudon, auteurs d’importantes réfections. Ils poursuivirent la transformation de la partie sud, déjà commencée par Aymon de Montfalcon, afin d’en faire un logement habitable. /316/ Après la révolution vaudoise, le château fut vendu par l’Etat et changea plusieurs fois de propriétaire. M. Delessert, polémiste redoutable et grand original connu sous le nom de Pierre Milaine, y tint quelque temps un pensionnat.

M. de Molin termine par quelques considérations architecturales. Tel qu’il nous a été conservé, avec son donjon formidable de trente mètres de hauteur et de trois mètres d’épaisseur à la base, le château de Lucens est un beau morceau d’architecture militaire. Moins pittoresque que Chillon, moins artistiquement conçu que Vufflens, qui ont subi des influences savoyardes et italiennes, il les égale d’autre part dans ses proportions puissantes et tient une place honorable dans le nombre des châteaux vaudois.

Cet exposé est suivi d’une discussion. M. Albert Naef estime que la partie ancienne du château actuel, au nord, remonte à la seconde moitié du XIIIe siècle, plutôt qu’au commencement du XVe, comme le pensait M. de Molin. Il cite à l’appui de son opinion la forme en croix qu’affectent les archères. Il ajoute quelques mots sur Courtilles, dont l’église possède des vitraux d’Aymon de Montfalcon et une cloche très ancienne et de forme curieuse.

M. van Muyden attire l’attention des archéologues sur une inscription relevée à Saint-Jean de Latran à Rome et dont le R. P. Berthier cherche l’explication. Il s’agit de la signature de deux tailleurs de pierre, Humbert et Pierre de Lausanne. Ces deux personnages auraient-ils travaillé dans notre pays ?

M. Auguste Burnand met la Société au courant des recherches qui lui ont permis de rectifier sur plusieurs points la généalogie des dynastes de Grandson, dressée par Louis de Charrière.

Un dîner fort animé réunit les membres à l’hôtel de la Gare. Au dessert, M. le colonel Tissot raconte avec sa verdeur infatigable l’installation du bailli Zehnder, le 15 novembre 1708, reconstituée d’après des papiers de famille. Une visite au château devait suivre tout naturellement. Elle se fait sous la direction de M. Naef, qui entre autres choses signale les graffiti aux contours naïfs que le couteau d’un soldat ou d’un valet a gravés dans une archère, pour tromper l’ennui /317/ d’une longue faction ou d’une journée de pluie : un joueur de cornemuse, une figure de femme, des armoiries. La journée se termine par une visite à Courtilles et à son antique église, sur l’autre rive de la Broye.

 

Séance du 5 octobre 1911,
à Valangin, grande salle du Château.

PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN, PRÉSIDENT.

Une cinquantaine de personnes participent à cette séance, ouverte à onze heures et quart, dans un cadre éminemment suggestif des souvenirs historiques qui vont être évoqués. La parole est tout d’abord donnée à M. Matthey, architecte et intendant des domaines cantonaux de Neuchâtel, pour une communication sur l'histoire du château de Valangin. Le bourg de ce nom était au XIIe siècle le centre d’une seigneurie, dont les comtes étaient vassaux de ceux de Neuchâtel. Les rapports avec le comte suzerain ne furent pas toujours bons. La bataille de Coffrane, en 1295, fut un des principaux épisodes de cette rivalité. C’est par l’intermédiaire de leurs comtes que les Valanginois furent mêlés aux principaux événements de l’histoire suisse, d’abord dans le camp opposé aux libertés helvétiques. Bon nombre d’entre eux se trouvaient à Laupen, et après Sempach les confédérés pillèrent le Val-de-Ruz. Enfin, à l’époque des guerres de Bourgogne, Jean d’Aarberg, seigneur de Valangin, était rallié aux Suisses. C’est du règne de ce personnage que datent d’importantes réparations faites au château primitif, construit d’après Boyve vers 1150. L’enceinte en fut agrandie, surtout dans sa partie méridionale. Valangin devint une demeure fastueuse, comme en témoignent les comptes de Jean d’Aarberg, qui y entretenait un nombreux personnel. Guillemette de Vergy, veuve de Claude d’Aarberg dès 1517 et fidèle catholique, est connue par la résistance acharnée qu’elle opposa à la Réformation. Elle fit incarcérer Farel, qui était venu prêcher la nouvelle doctrine dans le Val-de-Ruz, ce qui provoqua à Neuchâtel une grande agitation. /318/ Depuis le moment de sa réunion au comté de Neuchâtel, en 1584, les destinées de Valantin se confondent avec celles de ce comté, devenu bientôt une principauté. Les bâtiments du château s’étaient entre temps fort délabrés. En 1748, ils furent détruits par un incendie et restèrent en ruines plus de vingt ans. Les autorités de Neuchâtel avaient vu disparaître sans regret ce symbole d’une ancienne souveraineté et d’antiques franchises. Les bourgeois de Valangin eurent grand’peine à obtenir la reconstruction de leur manoir, qui fut réédifié d’une façon sommaire en 1772. Pour finir, M. Matthey fait circuler une série de photographies, qui illustrent sa communication.

M. Marc Henrioud entretient ses auditeurs des Astrologues de Combremont-le-Petit (1697-1838) 1. Après une introduction où il passe en revue les almanachs antérieurs, surtout du Pays de Vaud, l’auteur parle successivement de six membres de la famille Aigroz, qui se succédèrent pendant quatre générations et éditèrent des almanachs populaires, dont le titre le plus fréquent est celui d’Almanach de Lausanne. La plupart de ces faiseurs d’almanachs étaient maîtres d’école de leur état.

M. l’abbé Marius Besson traite la question : Saint Séverin a-t-il été abbé de Saint-Maurice 2 ? De la réponse qu’on lui donne dépend en partie l’opinion que l’on adopte à l’égard de la fondation de la célèbre abbaye, attribuée par les uns, sur la foi de documents historiques sérieux, à saint Sigismond (515), et que d’autres font remonter à une époque antérieure. L’existence de saint Séverin comme abbé de Saint-Maurice est attestée par une « Vie », que M. Besson discute et analyse, pour conclure à son inauthenticité, ce qui n’entraîne pas qu’il n’y ait pas eu de saints de ce nom, mais aucun n’a été abbé de Saint-Maurice.

Il est une heure et quart; la séance est levée et l’on passe au dîner, servi dans la galerie de l’hôtel du Château. En quittant la table, l’on ne manque pas de visiter le vieux bourg et son /319/ église, construite en 1497 par Claude d’Aarberg et récemment restaurée. La journée se termine par une course en breaks à Fenin, où la Société est aimablement invitée par M. et Mme de Pury.

 

Séance du 12 juin 1912,
à Lausanne, Palais de Rumine.

PRÉSIDENCE DE MM. TH. DUFOUR, VICE-PRÉSIDENT,
ET ALOYS DE MOLIN, PRÉSIDENT.

M. Th. Dufour, qui occupe d’abord le siège présidentiel, retrace à grands traits la carrière de M. Berthold van Muyden, le très regretté président que la Société a perdu le 19 avril et qu’elle avait à sa tête depuis le 12 juin 1890. Il insiste notamment sur les grands services que ce chef excellent nous a rendus et montre comment « aux difficultés qui surgissaient parfois dans l’accomplissement de sa tâche, B. van Muyden faisait toujours face avec un optimisme souriant et un sens pratique des choses qui le guidaient vers la solution cherchée. Par la longue durée de cet effort, accepté avec une sérénité confiante et vaillamment soutenu, il a bien mérité de notre association. » — M. Th. Dufour rend aussi hommage à la mémoire d’autres collègues décédés : M. Daniel Jordan, membre de notre Comité et ancien bibliothécaire-adjoint à Lausanne; M. Ed. Tallichet, ancien directeur de la Bibliothèque universelle; et deux membres honoraires, M. Gabriel Monod, de l’Institut, un des maîtres de la science historique contemporaine, et M. J.-R. Rahn, l’érudit professeur zuricois. Une série de nouveaux membres sont reçus : M. et Mme Ernest Schelling, à Céligny; Mme Emile Ruffieux, à Saint-Légier; Mme de Loys de Chandieu, à Paris, Mlle de Loys de Chandieu, à Dorigny; Mme Alexandre de Chambrier, à Bevaix; MM. Gonzague de Reynold, à Genève; Maurice Conne, notaire à Chexbres; Louis de Chauvigny, à Lausanne; Henri Munoz de Leon, notaire à Lausanne; Dr Gustave Schrumpf, à Chailly sur Lausanne, et Ernest Cornaz, professeur à Lausanne. /320/

Il est procédé à la désignation du président et à la nomination de deux membres du Comité. Comme président, l’assemblée désigne M. Aloys de Molin, professeur à Lausanne et conservateur du médaillier cantonal, seul candidat présenté. Sont nommés membres du Comité M. Arthur Piaget, archiviste de l’Etat de Neuchâtel, et M. l’abbé Marius Besson, professeur à l’Université de Fribourg.

En prenant possession de ses fonctions, le nouveau président lit deux notices nécrologiques sur B. van Muyden et J.-R. Rahn. Il explique comment les études historiques de B. van Muyden influencèrent son activité politique. Il croyait à l’avenir de Lausanne et, comme syndic de cette ville, il ne recula pas devant la « danse des millions » qui effrayait ses propres amis. Quant au professeur Rahn, il fut l’initiateur de l’histoire de l’art en Suisse, et à une époque où on attachait aux vestiges du passé une importance moins grande qu’à l’heure actuelle, il sauva de la destruction de nombreux monuments. Il avait une sympathie spéciale pour le pays romand. Parmi les 293 mémoires qu’il publia, M. de Molin cite ses études sur les églises de Grandson, Payerne, Romainmôtier, sur la rose de la cathédrale de Lausanne, sur le château de Chillon, etc.

M. Bernard de Cérenville traite ensuite l'œuvre historique de B. van Muyden, telle qu’elle se manifeste dans ses trois ouvrages principaux, l'Histoire de la Suisse sous le pacte de 1815, étude fortement documentée, qui s’arrête malheureusement à 1838; l'Histoire de la nation suisse, qui, comme son titre l’indique, vise à prouver l’unité géographique, historique et morale de notre pays; enfin les Pages d’histoire lausannoise, causeries à bâtons rompus qui offrent une mine inépuisable de renseignements historiques.

M. Eug. Demole présente une communication relative à une médaille à l’effigie de Voltaire 1. Cette pièce fut gravée en 1769, sur l’ordre de l’électeur palatin, par le graveur Waechter, de Mannheim, et frappée à l’Hôtel de ville de Genève avec le concours discret d’Antoine Dassier, graveur de la monnaie /321/ genevoise. On ne connaît de cette médaille qu’un seul exemplaire, qui se trouve au musée de Munich.

Enfin M. Maxime Reymond apporte à la Société une étude relative aux écoles dans le Pays de Vaud avant 1536 1. Les villes seules paraissent avoir possédé un enseignement public, qui était sous la direction d’un « rector scolarum », personnage que l’on voit mentionné pour la première fois à Avenches en 1336. A Lausanne, la Cité possédait son école spéciale, relevant du chapitre, et la ville inférieure eut la sienne dès le XIVe siècle. Lausanne et d’autres villes possédaient aussi des « collèges des Innocents », destinés avant tout à former les futurs membres du clergé.

La séance s’étant prolongée jusqu’à une heure moins un quart, les sociétaires se hâtent de gagner Ouchy, où le dîner les réunit à l’hôtel du Parc.

 

Séance des 2 et 3 octobre 1912,
(75e anniversaire de la fondation de la Société)
à Payerne.

PRÉSIDENCE DE M. A. DE MOLIN, PRÉSIDENT.

Arrivés à Payerne dans l’après-midi, les membres et amis de la Société visitent la ville et se réunissent ensuite à l’hôtel de l’Ours pour le banquet. A l’issue de celui-ci et sans changer de salle, la séance est ouverte en présence d’une soixantaine de personnes, dont bon nombre de la ville. Cinq candidats sont reçus membres : MM. Paul Sirven et Victor Bergier, à Lausanne; Charles Robert et Paul de Pury, à Neuchâtel; H. Gailloud, pasteur à Chevroux. M. le président mentionne le décès du savant naturaliste F.-A. Forel et de M. Emile de Weiss, ancien greffier du Tribunal fédéral. Puis il parle des fondateurs de notre Société, qui, en 1837, du sein de la Société vaudoise d’utilité publique, s’est constituée en société indépendante. Il faut citer parmi ses fondateurs : Frédéric de Gingins, /322/ le doyen Bridel, Louis et Frédéric de Charrière, Louis Vulliemin et Edouard Secretan.

M. l’abbé Besson dit quelques mots sur une superbe plaque de ceinturon, de l’époque mérovingienne, découverte en 1882 à Fétigny près Payerne 1.

M. Albert Naef expose les phases constructives de l'abbatiale de Payerne, d’après Rahn et ses propres observations.

M. Maxime Reymond avait annoncé un travail sur la maison de Savoie et l'abbaye de Payerne 2; en son absence, c’est M. V. van Berchem qui lit sa communication. Fondée en 962 par la reine Berthe de Bourgogne et sa fille, l’impératrice Adélaïde, l’abbaye ne tarda pas à tomber sous la dépendance de seigneurs voisins, malgré ses privilèges et grâce à l’anarchie qui suivit la période rodolphienne. Les seigneurs de Montagny lui furent, dès le milieu du XIIe siècle, des avoués fort gênants. Elle n’échappa à leur emprise que pour tomber, avec le Petit Charlemagne, sous l’influence de la maison de Savoie. Elle subit ensuite le contre-coup des luttes engagées entre les Habsbourg et les Savoie. Ces derniers finirent par devenir, dès le milieu du XIVe siècle, les véritables seigneurs de Payerne, sous le nom d’avoués, et le restèrent jusqu’au XVIe siècle. Les guerres de Bourgogne furent une période critique pour la ville, le prieur tenant le parti du comte de Romont et les bourgeois celui des Confédérés. A la conquête bernoise, le riche bénéfice de l’abbaye fut sécularisé et devint propriété du conquérant.

M. A. Burmeister, maître au Collège de la ville, parle ensuite des monuments de Payerne, que l’on voit représentés sous forme de gravures et de lithographies sur les murs de la salle. Il fut un temps où Payerne égalait en pittoresque et en originalité Estavayer et même Morat. Mais une fureur de destruction fit rage de 1830 à 1840 et réduisit la ville à l’état actuel.

M. A. Naef termine la soirée en donnant à la Société de nombreux extraits du Journal du commandant de Dompierre, membre de la Commission des monuments historiques /323/ au commencement du XIXe siècle. Ce diligent fonctionnaire a copié, du 25 octobre 1817 au 12 septembre 1818, les lettres qu’il écrivait et celles qu’il recevait. Parmi les sujets divers auxquels touche cette correspondance, échangée notamment avec le Conseil d’Etat et le doyen Bridel, les problèmes relatifs à la reine Berthe et à son tombeau présumé occupent une place importante.

Avant de se séparer, à onze heures et demie, l’assemblée confère la qualité de membres honoraires à MM. J. Dierauer à Saint-Gall, W. Oechsli à Zurich et J. Bernoulli à Berne.

Le lendemain, les sociétaires se rendent à Avenches, puis à Morat, où ils arrivent à onze heures et demie. Ils font le tour des murailles et visitent le Musée, pour se retrouver à midi et demi à l’hôtel de la Couronne. On y entend plusieurs orateurs, délégués par leurs groupements respectifs au 75e anniversaire de la fondation de notre Société : M. Wuarin, au nom de l’Institut genevois; M. l’abbé Daucourt, archiviste à Porrentruy, au nom de la Société jurassienne d’émulation; M. Max de Diesbach, au nom de la Société d’histoire du canton de Fribourg; M. Edmond Du Pasquier, au nom de celle de Neuchâtel; M. V. van Berchem, pour celle de Genève, et M. Mottaz, pour la Société vaudoise d’histoire et d’archéologie. Ajoutons encore que M. Fontaine, d’Evian, avait été délégué à notre réunion par l’Académie chablaisienne, et M. le Dr Servas, de Bourg-en-Bresse, par la Société d’émulation de l’Ain.

 

Séance du 29 janvier 1913,
à Lausanne, Palais de Rumine.

PRÉSIDENCE DE M. A. DE MOLIN, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à deux heures et demie, en présence de trente-cinq personnes. Après la lecture du procès-verbal, M. de Molin présente aux membres le volume VIII de la seconde série de nos Mémoires et Documents, contenant l’ouvrage de M. Maxime Reymond sur les dignitaires de l’Eglise /324/ Notre-Dame de Lausanne. C’est une œuvre considérable, dont la première partie traite des évêques de Lausanne et de leur élection, des chanoines et de leurs fonctions, tandis que la seconde renferme une liste de plus de 700 noms de dignitaires ecclésiastiques, dont chacun est accompagné d’une petite biographie.

M. Bernard de Cérenville raconte l'agression dont Jaques Bertaut, « trésorier du Boy ès Ligues », fut victime dans le Jorat. Le 20 mai 1543, Bertaut, qui avait quitté Lausanne avec deux compagnons escortant sa petite voiture, fut assailli par quatre individus non loin du Chalet-à-Gobet. Les voyageurs furent dépouillés, liés aux arbres et abandonnés en assez fâcheuse posture. Les voleurs s’éloignèrent, emportant, avec des papiers et des objets de voyage, 12 000 écus destinés aux pensions de Messieurs des Ligues Grises, qui formèrent le gros du butin. L’affaire excita un vif émoi à Berne et à Paris. Morelet, l’ambassadeur du roi François Ier, mena grand tapage. Le surlendemain déjà, les auteurs du méfait étaient arrêtés en Franche-Comté, à Pontarlier, et extradés à LL. EE, par le Parlement de Dôle, sur les injonctions menaçantes de François Ier. Le principal se nommait Jean Baudet. Originaire de Mons, en Belgique, il était depuis plusieurs années l’hôte du Lion, à Morges. Cet homme était, à n’en pas douter, un agent secret de Marie, régente des Flandres et sœur de Charles-Quint. La correspondance de Baudet avec sa femme, ses rapports avec le pasteur Antoine Froment, son passeport signé de la reine Marie, de nombreux détails caractéristiques contenus dans la procédure de LL. EE., notamment les allusions aux papiers de Bertaut, ainsi qu’aux Turcs et au sultan Soliman, tout cet ensemble d’indices et de preuves permet d’affirmer que le Flamand avait été envoyé dans le Pays de Vaud pour surveiller les agents français et éventuellement agir contre eux d’une façon plus directe. La trêve de Nice ayant été rompue en 1542, la guerre avait repris de plus belle entre Charles-Quint et son rival. La mésaventure de Bertaut est un épisode de la lutte engagée dans toute l’Europe entre les émissaires des parties en présence. Baudet fut exécuté avec un de ses complices à Berne par la justice de LL. EE., qui avait /325/ pris l’affaire fort à cœur. On peut ajouter que le portrait de Bertaut est conservé au Louvre.

M. Maxime Reymond lit une communication sur le couvent des Dominicains de Lausanne 1. Il expose l’état d’anarchie morale dans lequel se trouvait l’évêché, lorsque, en 1234, l’évêque Boniface fit venir les Dominicains dans notre pays. Ils s’établirent d’abord dans des bâtiments modestes sous la Cité, en dehors des fortifications. Ces premières constructions firent place dans la suite à des édifices plus importants, qui constituèrent le couvent dit de la Madeleine, le tout formant avec l’église un grand quadrilatère. Il abritait au moyen âge de douze à vingt-quatre religieux, prêtres et chanoines, qui s’adonnaient à la prédication et à l’enseignement et, outre les novices, recevaient des étudiants. Leur bibliothèque était très riche; on ne sait malheureusement ce qu’elle est devenue. Le succès des Dominicains fut si grand à Lausanne et leur prédication était si fréquentée que les fidèles délaissaient les églises paroissiales. L’un d’eux, Jacques de Lausanne, fut un prédicateur et un théologien célèbre à Paris au début du XIVe siècle.

Ce couvent de la Madeleine servit de premier hôtel de ville à la communauté lausannoise. Les conseils s’y réunissaient et y déposèrent les archives de la ville, qui y demeurèrent jusqu’en 1504. C’est là que, lors des guerres de Bourgogne, elles furent soumises de la part des Bernois à un vrai pillage.

Le couvent fut désaffecté en 1536. En 1577, le gouvernement bernois voulut y mettre l’Académie, mais le projet n’aboutit pas; c’est alors que le bâtiment de la Cité fut construit. La principale salle du couvent devint ensuite le grenier des pauvres, puis fut aménagée au XIXe siècle comme école primaire. Les derniers vestiges du couvent de la Madeleine ont fait place au palais de Rumine.

La lecture de ce travail est suivie d’un échange de vues entre quelques membres. M. l’abbé Dupraz rappelle l’existence des manuscrits de Jacques de Lausanne. /326/

 

Séance du 12 juin 1913,
à Morges.

PRÉSIDENCE DE M. A. DE MOLIN, PRÉSIDENT.

Une cinquantaine de personnes assistent à la séance qui a lieu au Casino de Morges, dans la salle du Conseil communal. M. le président rappelle la mémoire de trois membres décédés : M. François Jomini, ancien pasteur, membre de notre Société depuis 1851, M. Paul-E. Dutoit et M. F. de Lessert. M. Virgile Rossel, juge fédéral, est reçu comme membre. L'assemblée prend connaissance d’un projet du Comité, qui songerait à proposer une révision de l’article 3 des statuts. Il s’agirait de rendre la présidence annuelle ou de la renouveler tous les deux ou trois ans, en la faisant alterner entre les différents cantons romands. Notre Société pourrait ainsi reprendre pied plus solidement à Neuchâtel, Fribourg, au Valais et dans le Jura bernois. Le Comité étudiera de nouveau cette question avant de formuler un texte.

Puis M. William de Sévery lit une étude sur le Cercle de la rue de Bourg, fondé en 1761, et qui doit s’être dissous vers 1827 1. Il était installé pendant la plus grande partie de son existence dans l’ancien immeuble Loys de Cheseaux, rue de Bourg 29, et se recrutait dans la société de la rue de Bourg, en admettant aussi des membres étrangers, tels que le prince Louis-Eugène de Wurtemberg et l’historien Gibbon.

M. Maxime Reymond lit un mémoire sur Henri de Colombier, seigneur de Vufflens, gentilhomme vaudois du XVe siècle 2. Il retrace le rôle que ce grand seigneur joua au premier plan de l’histoire de Savoie sous le règne d’Amédée VIII. Ce dernier le choisit comme un de ses compagnons quand il se retira à Ripaille en 1434.

Pour terminer, M. A. de Molin présente une notice sur /327/ Le château de Morges, que la société va visiter tout à l’heure. La construction doit en être attribuée non pas au comte Pierre surnommé le Petit Charlemagne, mais à Louis de Savoie, premier baron de Vaud, qui résidait à Nyon en 1286, suivant un document découvert par M. A. Millioud aux Archives de Turin. L’architecte inconnu est probablement le même que celui du château d’Yverdon, édifié vingt ou vingt-cinq ans auparavant. Le plan est semblable. La construction de Morges, érigée en ville forte en 1296, suivit celle du château. Les habitants des régions voisines et d’outre-lac, attirés par les franchises, vinrent promptement s’y fixer. Ces franchises étaient celles de Moudon et furent étendues sur certains points.

Après le dîner, servi à l’hôtel de la Couronne, la Société prend le train pour Vufflens, dont le château lui est aimablement ouvert par Mlle Faesch. Dans la salle des gardes, M. de Molin résume rapidement l’histoire de Vufflens et énumère les traits architecturaux les plus caractéristiques de cette construction, nettement italienne dans son apparence générale. Le château avait passé à Henri de Colombier par son mariage avec Jaquette de Duin en 1390, et il bâtit le château actuel, qui date de la même époque que celui de Lausanne. Cette visite terminée, une collation est gracieusement offerte sur la terrasse, en face d’un panorama incomparable.

 

Séance des 22 et 23 octobre 1913,
à Porrentruy.

PRÉSIDENCE DE M. A. DE MOLIN, PRÉSIDENT.

Depuis longtemps, la Société jurassienne d’émulation réclamait la visite de notre Société. Pour répondre à ce vœu, notre séance d’automne a lieu dans le Jura bernois. Elle débute, le 22 octobre, par la visite de Saint-Ursanne, et spécialement de sa collégiale, sous la direction de M. le doyen Braun. A Porrentruy, après le souper, M. le professeur Th. Zobrist, président central de la Société jurassienne d’émulation, fait une /328/ causerie sur le Vieux-Porrentruy, accompagnée d’une belle-série de projections.

Le lendemain, à 9 heures, la séance est ouverte en présence d’une trentaine de personnes dans la salle des conférences à l’Hôtel de ville. M. le président rappelle le décès, survenu à Paris il y a quelques semaines, du doyen de notre Société, M. Jaques Cart, ancien pasteur, mort à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Trois nouveaux membres sont admis : Mlle Bertha Carrard à Lausanne, M. le Dr Paschoud et sa fille, Mlle Paschoud, à la Tour-de-Peilz.

M. l’abbé Besson parle des Origines du diocèse de Bâle, en étudiant successivement l’introduction du christianisme dans le Jura bernois, les premiers évêques et les monastères. Les limites de l’évêché primitif coïncidaient dans leurs grandes lignes avec celles du pays des Rauraques. Augst, ville prospère et peuplée, avait sa communauté chrétienne, et sans doute de bonne heure un évêque dépendant de l’archevêque de Besançon. Cependant les premières traces tangibles de la nouvelle religion datent de l’époque qui suit les invasions des barbares, et il faut remonter jusqu’au temps de saint Gall, en 615, pour pouvoir citer un évêque de Bâle, Jean. Puis viennent des prélats dont l’authenticité est plus ou moins discutée. Le seul indiscuté est Atton ou Hatto, le fameux abbé de Reichenau, l’ami et le conseiller de Charlemagne. Personnage très savant, poète et écrivain, il fut aussi diplomate et envoyé en mission à Constantinople. Il mourut en 836.

Les premières institutions monastiques dans l’ancien évêché sont nées de l’activité des moines de Luxeuil, dont nous retrouvons les traces fréquentes en Helvétie et notamment dans le Pays de Vaud. Au Jura bernois, ils fondèrent le couvent de Moutier-Grandval, dont le premier abbé fut Germain, prélat illustre, assassiné par les Allamans vers 670. L’ermite Ursanne vécut et mourut autour de l’an 600. Il avait établi sa cellule dans la vallée du Doubs. Le monastère auquel il donna son nom date de 630 et fut transformé en collégiale au XIIe siècle. Quant à saint Imier, il vécut au VIIe siècle à Lausanne, puis vint dans le Jura dont il fut l’apôtre. Le petit couvent qui porte son nom dépendit de Moutier-Grandval. /329/

M. A. de Molin entretient l’assistance du Cimetière gaulois de Saint-Sulpice près Lausanne, qui est en cours d’exploration, attenant à un autre cimetière mérovingien déjà exploré dans les années 1910 à 1912 1. Le cimetière gaulois ou helvète date des époques primitives de la période de la Tène (450 à 250 avant Jésus-Christ environ) et a déjà livré nombre d’objets du plus haut intérêt, dont quelques-uns avaient été apportés par M. de Molin pour illustrer son exposé.

M. Maxime Reymond traite la question des Droits des évêques de Bâle et de Lausanne sur le vallon de Saint-Imier 2. La juridiction spirituelle de l’évêque de Lausanne est antérieure à la souveraineté temporelle de l’évêque de Bâle. La première est constatée déjà en 859, la seconde en 999 seulement, et cette répartition des droits des deux évêques se maintint jusqu’au XVIe siècle. La collégiale de Saint-Imier fut fondée par l’évêque de Bâle, probablement dans la première moitié du XIIe siècle, mais l’évêque de Lausanne maintint jusqu’à la fin son droit de juridiction spirituelle sur le chapitre de Saint-Imier, juridiction que l’évêque de Bâle exerçait en fait.

Après la séance, visite de la ville, du château et de l’église paroissiale, avec ses monstrances et ses riches vêtements sacerdotaux, exhibés par M. le doyen Folletête. A midi et demi on se met à table à l’hôtel du Cheval Blanc. Au dessert, les élèves de l’Ecole normale font entendre de la rue quelques airs populaires jurassiens fort bien exécutés. Les discours se succèdent, entre autres celui de M. Ernest Daucourt, conseiller national et préfet de Porrentruy. /330/

Séance du 17 juin 1914,
à Lausanne, Palais de Rumine.

PRÉSIDENCE DE M. TH. DUFOUR, VICE-PRÉSIDENT.

Une quarantaine de membres sont présents. La séance est ouverte à dix heures et quart par la lecture du procès-verbal, qui est approuvé.

M. Th. Dufour retrace la carrière si remplie de M. Aloys de Molin, né à Anzin (département du Nord) en 1861 et décédé à Lausanne le 29 avril 1914. Membre de notre Société dès 1890, il fit partie de son Comité dès l'année suivante et en devint président en 1912. Il a présenté une trentaine de communications à nos séances et publié plusieurs volumes d’art et de littérature. Notre Société a eu aussi à déplorer la mort de M. Paul Vionnet, ancien pasteur, créateur du Musée historiographique vaudois.

Les comptes de nos finances, qui bouclent par un léger déficit de 34 francs, sont présentés par M. Maxime Reymond et vérifiés séance tenante par M. Georges Bridel. Ce dernier relève la nécessité de renforcer l’effectif de notre Société, qui, actuellement, compte à peine deux cents membres. Deux nouveaux membres sont reçus : MM. Paul Descoullayes, avocat, et William Heubi, docteur ès lettres.

L’assemblée est appelée à nommer son président. Elle ratifie la proposition qui lui est faite et appelle à cette charge M. Bernard de Cérenville. M. Ernest Cornaz est élu membre du Comité, où il remplacera M. de Cérenville comme secrétaire. Celui-ci, absent pour cause de convalescence, remercie par lettre de l’honneur qui lui est fait.

Mme Alexandre de Chambrier lit un mémoire sur Henri de Massue, second marquis de Ruvigny, devenu plus tard lord Galway, type parfait du grand seigneur protestant. Fils de Henri, premier marquis de Ruvigny, réfugié en Angleterre en 1686, mort à Greenwich en 1689, il était né à Paris en 1648 et entra de bonne heure dans la carrière des armes. En 1678, il /331/ remplaça son père comme député général des Eglises protestantes de France. Après la révocation de l’édit de Nantes, il offrit ses services au roi d’Angleterre Guillaume III et se distingua dans la conquête de l’Irlande. A cette occasion le roi le nomma vicomte, et plus tard comte, de Galway, en lui conférant plusieurs fiefs en Irlande, entre autres celui de Portarlington, qui devint une importante colonie française et le centre d’une société d’élite. De concert avec son ami Henri de Mirmand, le marquis de Ruvigny tenta de coloniser l’Irlande à l’aide de ses coreligionnaires de France. Ceux-ci, particulièrement nombreux en Suisse, constituaient en 1691 une telle charge pour ce pays que les cantons évangéliques avaient décidé leur renvoi. Lord Galway, qui, à cette époque, traversait notre pays pour se rendre à Turin comme ambassadeur du roi d’Angleterre et général en chef des troupes alliées en Piémont, s’entremit en leur faveur et parvint à faire révoquer l’ordre de renvoi immédiat. Trois à quatre mille réfugiés sortirent de Suisse en 1693 et 1694, mais une partie seulement furent acheminés sur l’Irlande. La guerre absorbait toutes les ressources, et faute de fonds le projet de colonisation de ce pays ne put être réalisé que très imparfaitement. La faveur dont jouissait lord Galway auprès du roi d’Angleterre excita la jalousie des Anglais, et par deux fois il fut renversé de la haute position qu’il occupait. Il mourut en 1720 à Stratton-House, dans le Hampshire 1.

M. l’abbé Marius Besson décrit les épaves d’un missel de luxe provenant de Payerne 2. Ce sont trois feuillets d’un missel plénier, à l’écriture lombarde, aux lettres ornées, avec emploi des neumes pour la notation musicale, tous caractères qui situent ce missel vers l’an 1000. C’est l’époque où la règle de Cluny s’introduit chez nous, notamment à Payerne et à Romainmôtier, et il n’est pas impossible que ce soit saint Odilon qui /332/ l'ait apporté chez nous d’Italie. C’est en tout cas le plus ancien missel plénier que nous ayons en Suisse romande.

M. Maxime Reymond fait le récit d'une adoption d’enfant à Lausanne au XVe siècle 1. En 1438, Lancelot et Marthe partirent de Varna sur la mer Noire pour faire le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. En route, la femme accoucha d’une petite fille, et mourut, épuisée, à Majorque, sur le chemin du retour. Lancelot et sa fille vinrent échouer à Lausanne en 1440, où une veuve, Catherine d’Orny, s’intéressa à l’enfant et l’adopta dans toutes les formes, par acte passé sur la place de la Palud.

Il est midi et vingt; la séance est levée et elle est suivie, à une heure, d’un banquet servi à l’hôtel Savoy, à Cour.

 

Séance du 16 juin 1915,
au château d’Oron, salle de la bibliothèque.

PRÉSIDENCE DE M. TH. DUFOUR, PRÉSIDENT.

Plus de soixante membres sont présents. La séance est ouverte à dix heures et demie par la lecture du procès-verbal.

Pour la troisième fois en trois ans, M. Th. Dufour se voit appelé, comme vice-président, à déplorer la mort de notre président. M. Bernard de Cérenville, né en 1878 à Lausanne, est décédé le 12 mars dernier. Après une thèse de doctorat qui fut remarquée, il fut reçu membre de notre Société en 1907, en devint secrétaire l’année suivante et président l’année dernière seulement. Pendant sa trop courte carrière, pleine de promesses et dont il donna déjà plusieurs gages, il fut sous-archiviste cantonal, se dépensa au service de maintes sociétés d’intérêt public et collabora à plusieurs journaux et revues. Nous avons encore à regretter le décès de plusieurs sociétaires : Ch. Pasche, dont on nous parlera tout à l’heure; le Dr Léon Chavannes, un des fils d’Ernest Chavannes; Eugène Delessert-de Molin, ancien professeur, conservateur du Musée d’art industriel à Lausanne; Benjamin Dumur, longtemps président du tribunal du district /333/ de Lausanne et historien fécond; Théodore Bergier, notaire, et le Dr Edouard de Cérenville, père de notre jeune président.

Il est procédé à l’admission, comme nouveaux membres, d’un nombre exceptionnel de candidats, soit 59, dont 30 de Genève, 25 de Vaud, 3 de Fribourg et un à Zurich. Ce sont :

A Genève : MM. Edouard Audeéoud, sous-conservateur du cabinet de numismatique; Théodore Grossmann, numismate; Henri Deonna, docteur en droit; Henry-W. de Blonay; Henry Fatio, banquier; Edmond Barde, secrétaire de la rédaction du Journal de Genève; Waldemar Deonna, privat-docent à la Faculté des lettres; Fernand Aubert, sous-conservateur des manuscrits à la Bibliothèque; Henri Delarue, conservateur à la Bibliothèque; Louis Blondel, conservateur du « Vieux Genève »; Henri Heyer, ancien pasteur; Ch. Roch, sous-archiviste; Edouard Burnet, ancien pharmacien; Henri Turrettini; Guillaume Fatio; Alfred Martin, professeur à la Faculté de droit; Léopold Favre; Alfred Boissier, docteur en philosophie; Emile Aubert-Schuchardt; Gaston Darier; Emile Rivoire, notaire; Frédéric Roget, privat-docent à la Faculté des lettres; Ch. Martin, ancien pasteur; Léon Gautier, docteur en médecine; Albert Sarasin; Henri Necker; Eugène Choisy, professeur à la Faculté de théologie; Francis De Crue, professeur à la Faculté des lettres; Gaston de Morsier, docteur en droit, et Mlle Marguerite Cramer.

A Lausanne : le Département de l’Instruction publique et des Cultes du canton de Vaud; MM. Albert Dutoit-Naef; Frédéric Cart, notaire; Max de Cérenville, député; Théodore Naef; Ch.-Aug. Robert, négociant; Arnold Morel, banquier; Robert Pahud, juge informateur; J.-J. Mercier, docteur en droit; Michel-Edouard Bridel, étudiant; Fritz Spielmann, notaire; Emile Butticaz, rédacteur; René de Cérenville; Antoine von der Weid, chef du contentieux aux C. F. F.; Louis Rossier, professeur à l’Ecole de commerce; Vincent Gottofrey et François Schmid, juges fédéraux; Dr Adolphe Combe, et Edmond Chavannes, banquier.

MM. Auguste Ammann, à Renens sur Roche; Henri Kissling, géomètre, Théodore Pasche, peintre, Fréd. Jan, tous trois à Oron; Louis Bosset, architecte à Payerne. /334/

A Fribourg : Mgr Bovet, évêque de Lausanne et Genève; M. G. de Montenach, député aux Etats, et M. Gaston Castella, docteur ès lettres.

Enfin M. Antoine Guilland, de Genève, professeur d’histoire à l’Ecole polytechnique fédérale à Zurich.

M. Th. Dufour donne connaissance de la protestation que notre Comité a fait parvenir en octobre dernier à la Société des antiquaires de France et à l’Académie royale de Belgique contre la destruction de Louvain et le bombardement de la cathédrale de Reims.

Les comptes sont approuvés. Ils soldent par un actif de 1028 francs et le fonds de réserve se monte à 2200 francs, y compris un legs de 200 francs que nous a fait M. Bernard de Cérenville.

L’assemblée approuve ensuite deux révisions partielles de nos statuts, dont le texte a été communiqué aux sociétaires sur leur lettre de convocation. La première consiste à compléter l’article 6 § 1 par l’adjonction d’un second alinéa, 1 bis, ainsi conçu: « Ils (les membres effectifs) peuvent remplacer la contribution annuelle par le versement d’une contribution unique de cent francs, dont la moitié au moins doit être versée au fonds de réserve. Les nouveaux membres qui choisiront ce mode de paiement seront dispensés du droit d’entrée. » L’autre révision concerne l’article 10 et consiste à dire que la Société est dirigée et administrée par un Comité de neuf « à onze » membres (au lieu de neuf seulement). De plus, le § 2 du même article 10 sera désormais libellé de cette façon : « Le Comité est composé d’un président, d’un vice-président, d’un secrétaire, d’un trésorier et de cinq à sept autres membres. La bibliothèque et les archives sont confiées à l’un des membres du Comité. »

Les deux nouveaux membres du Comité proposés à l’assemblée sont nommés en la personne de M. William de Sévery et de M. Ch. Gilliard, directeur du Gymnase classique. Sur la proposition de M. Favey, l’assemblée désigne à l’unanimité comme président M. Th. Dufour, qui remercie de la confiance qu’on lui témoigne et annonce que M. William de Sévery a bien voulu assumer la vice-présidence. /335/

M. le pasteur Ch. Schnetzler lit une notice sur Charles Pasche 1 (1836-1914), l’historien de la contrée d’Oron.

M. l’abbé Besson parle des relations commerciales du Pays de Vaud avec l'Orient aux VIe et VIIe siècles, à propos de deux fibules de bronze plaquées d’or, trouvées l’une à Attalens et l’autre à Oron 2.

M. Maxime Reymond, dans sa communication sur l'abbaye de Saint-Maurice et les seigneurs d’Oron, s’attache à élucider l’origine de ces derniers. Les premiers seigneurs connus de cette famille remontent à un Guillaume, vidomne d’Oron, vivant au XIIe siècle, que l’auteur croit fils de Gautier Ier de Blonay. Ce Guillaume rendait la justice à Oron-la-Ville pour l’abbaye de Saint-Maurice, qui posséda cette localité jusqu’au XVIIe siècle, et sa seigneurie particulière paraît avoir été un démembrement des biens de ce monastère. Le château d’Oron lui-même mouvait en partie de l’abbaye.

M. le chanoine Bourban révèle l’existence, dans les archives de Saint-Maurice, d’un document de 1164, qui constitue un état des droits et des obligations des habitants d’Oron-la-Ville envers l’abbaye représentée par son vidomne. C’était alors un certain Vuillelme, prévaricateur, dont la conduite nécessita l’intervention de l’abbé.

M. Albert Naef, présente une étude sur Le château d’Oron, dont la construction peut être fixée à la seconde moitié du XIIIe siècle. L’ensemble comprenait deux parties indépendantes l’une de l’autre : le château proprement dit, avec le donjon au nord-est et la baille entourée de ses dépendances au sud-ouest. La partie nord-ouest du château est la plus ancienne, tandis que tout le corps de logis du sud-ouest est une adjonction postérieure, du XVIe siècle probablement. L’auteur passe en revue les diverses parties de l’édifice, en précisant l’époque de leur construction et les transformations qu’elles ont subies dans le cours des siècles.

Avec M. Naef, l’assistance visite le château, que son propriétaire absent, M. Daniel Gaiffe, a obligeamment fait ouvrir à /336/ notre intention jusque dans ses moindres recoins, et elle descend ensuite à Oron-la-Ville, où un dîner est servi à l’hôtel des Chemins de fer, avec vin d’honneur offert par la commune d’Oron. Au dessert, après les discours d’usage et la lecture d’une charmante lettre en latin qui nous est adressée par M. le pasteur Béranger, à Mézières, M. Georges-Ant. Bridel, à propos de l’accident de voiture survenu à Oron en 1852 à la duchesse d’Orléans, montre les divergences que présentent les différentes relations d’un même fait.

Puis, sous la conduite de M. le pasteur Biéler, la Société se rend à l’église de Châtillens, nouvellement restaurée, et regagne, par le vallon de Haut-Crêt, la gare de Palézieux-village, dernière étape de la journée, qui avait débuté, à 9 h. 1/2, par une hospitalière réception dans la salle de la Concorde, à Oron-la-Ville.

 

Séance du 7 octobre 1915,
au château de Nyon, salle du Tribunal.

PRÉSIDENCE DE M. TH. DUFOUR, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à dix heures et demie, en présence de quatre-vingts personnes. Après la lecture du procès-verbal, M. le président rappelle la mémoire de deux membres décédés: Mgr Bovet, évêque de Lausanne et Genève, qui avait été reçu membre le 16 juin à Oron, et M. Jean Bonnard, professeur de langue et de littérature romanes à l’Université de Lausanne, né en 1855 à Nyon et qui a longtemps collaboré au Dictionnaire de l’ancienne langue française, de Godefroy. Dix-sept nouveaux membres sont reçus. Ce sont :

A Lausanne : Mmes Aloys de Molin et William Cart; Mlles Sophie Berdez et Madeleine de Cérenville; M. et Mme Arthur Mercier-de Sandol; MM. Fédor van Muyden, et Haff, professeur à la Faculté de droit.

A Genève : MM. Camille Martin, docteur en philosophie; Guy de Budé, licencié ès lettres; Léon Dufour, ingénieur; /337/ Constant Picot, docteur en médecine; Henri Gandillon; Max van Berchem, associé étranger de l’Institut de France.

Mme Hippolyte Aubert, à Crassier et Paris; M. le colonel Jules Dumur, ingénieur, à Pully, et M. Frédéric Broillet, architecte, à Fribourg.

M. Maxime Reymond, maintenant directeur intérimaire des Archives cantonales à Lausanne, traite ce sujet : Comment l'archevêque de Besançon est devenu seigneur de Nyon 1. Il suppose à l’origine de ces droits une donation du roi Rodolphe III de Bourgogne à son chapelain Hugues de Salins, un de ses proches parents, que le roi fit nommer archevêque de Besançon en octobre 1031. Rodolphe III lui aurait transmis les droits qu’il aurait recueillis du comte des Equestres, dont on constate la dernière mention à cette époque, tout comme il avait déjà investi l’évêque de Sion du comté du Valais et l’évêque de Lausanne du comté de Vaud, pour ne citer que les donations similaires les plus connues.

M. Arthur Piaget consacre une étude très complète à Jacques de Bugnin, poète vaudois du XVe siècle 2, auteur du Congié pris du siècle séculier, qui, malgré sa médiocrité, eut en son temps un grand succès.

M. Ch. Robert dit que la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Maurice possède l’une des huit éditions de ce poème. C’est le seul exemplaire existant en Suisse.

M. Victor van Berchem donne lecture de quelques lettres écrites en mars et en avril 1477 aux syndics et Conseil de Genève par le conseiller Aimé de Lestelley, l’un des Genevois retenus comme otages à Fribourg pour garantir le paiement de la rançon promise par Genève aux Suisses en octobre 1475, et confirmée en août 1476 par le Congrès de Fribourg. Ce fut l’approche menaçante des bandes de la « Folle Vie », recrutées dans la Suisse centrale et venues jusqu’à Payerne, en février 1477, qui obligèrent les Genevois à prendre enfin des mesures énergiques pour s’acquitter de la dette qu’ils avaient contractée. /338/ Les otages genevois restèrent détenus à Fribourg pendant plus de deux mois, aux frais de leurs concitoyens. Enfin la duchesse Yolande de Savoie et la comtesse de Genevois vinrent en aide à la ville de Genève en lui prêtant des bijoux et de la vaisselle d’argent qui furent déposés en gage à Lucerne. Les otages recouvrèrent alors la liberté, mais l’un d’eux, l’auteur des lettres, ne devait pas rentrer dans sa patrie : il était mort à Fribourg avant la fin de sa détention.

M. Eugène Demole présente une Amulette d’archer du XVe siècle 1, trouvée lors de la démolition d’une ancienne maison à Genève. Cette plaque dorée représente un archer entravé et tendant son arc dans les pires conditions possibles pour atteindre son but, un papegai : c’est donc une amulette à rebours.

M. Fernand Aubert utilise pour sa communication : Le cahier d’une jeune Bâloise sur le siège de Lyon, un cahier manuscrit appartenant à la Bibliothèque de Genève, sans nom d’auteur, mais qui est évidemment une œuvre de jeunesse de Fanny Passavant (1770-1843), connue plus tard par sa philanthropie et par sa participation au mouvement religieux du Réveil à Genève. Elle y retrace les événements tragiques auxquels elle fut mêlée et qui marquèrent le début du siège de cette ville au mois d’août 1793. C’est en souvenir de cette époque qu’elle consacra plus tard un don annuel à l’Asile des Billodes pour l’éducation de sept enfants, fils ou petits-fils de ceux qui auraient péri sur l’échafaud.

Le dîner, plein d’entrain, est suivi d’une séance du Comité, tandis que les membres de la Société vont visiter le Musée et jeter un coup d’œil au banc Edouard Rod, récemment inauguré. /339/

 

Séance du 14 juin 1916,
à Vevey, salle de l’ancien Casino.

PRÉSIDENCE DE M. TH. DUFOUR, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à dix heures et demie, en présence d’une centaine de personnes, parmi lesquelles on remarque deux officiers français et un officier belge internés dans la contrée. M. le président rappelle la mémoire de sept membres décédés depuis notre dernière assemblée : MM. François Dumur, pasteur et directeur des écoles à Vevey, puis professeur à Lausanne; Aymon Galiffe, colonel divisionnaire, qui a continué les notices généalogiques genevoises commencées dans sa famille; Auguste Ammann, président de la Société de développement de Lausanne; le Dr Edouard Schnetzler à Lausanne; le Dr Ernest Guisan, qui pratiqua longtemps la médecine à Mézières, dans le Jorat; le Dr Léon Gautier, qui a attaché son nom à plusieurs ouvrages historiques importants; enfin M. Max de Diesbach, membre de notre Comité dès 1891, qui a eu une belle carrière de magistrat et d’historien.

Quinze candidats sont admis dans la Société. Ce sont :

A Genève : Mme Eugène Demole-de Joffrey; Mlle Emilie Cherbuliez; M. Louis Viret, conseiller administratif; le Cabinet de numismatique.

M. Louis Bonnard, syndic de Nyon; M. et Mme Arthur Robert, à Clarens; M. Julien Gruaz, conservateur du cabinet de numismatique vaudois; M. Fr. Baur-Borel, conservateur du cabinet de numismatique neuchâtelois; MM. Louis Thévenaz, sous-archiviste, et Léon Montandon, aide-archiviste à Neuchâtel; M. Daniel Dutoit, étudiant à Zurich; M. Adolphe Burnat, architecte à Vevey; M. le Dr Werner Buser, à Vevey; M. le pasteur Théodore Rivier, à Lausanne.

Notre bibliothèque fait l’objet d’un rapport du secrétaire-bibliothécaire, M. Ernest Cornaz. Elle est maintenant installée dans un vaste local de la nouvelle Ecole de commerce à Lausanne /340/ et est de nouveau accessible aux membres qui voudraient en profiter.

Les comptes présentent 4000 francs aux recettes, 2466 francs aux dépenses, laissant un solde de 1533 francs. Les vérificateurs des comptes proposent pour simplifier les écritures de prélever 175 francs sur ce solde et de le verser au fonds de réserve, de façon à ce que ce fonds atteigne 2575 francs, soit la valeur des titres déposés à la banque Morel, Chavannes, Günther & Cie. Leurs conclusions sont adoptées.

M. Fréd. Barbey présente une communication sous ce titre: Au corps législatif il y a cent ans 1, 1811-1814, d’après les Souvenirs inédits du comte Charles de Rivaz, député par le département du Simplon au Corps législatif à Paris, alors que le Valais était incorporé à l’empire français.

M. Fernand Aubert raconte ensuite le voyage que Charles Pictet de Rochemont fit en Angleterre en 1787, d’après la relation manuscrite d’un de ses compagnons 2.

M. Ch. Gilliard, utisant un compte copié aux Archives de Turin pour M. Bernard de Cérenville, parle du subside levé en 1432 dans la châtellenie de Moudon par le bailli Jean III de Blonay, et qui devait servir à payer la dot de Marguerite, fille d’Amédée VIII, épouse du roi de Sicile 3.

M. Eugène Demole présente une étude sur Le sceau de Jacques de Faucigny, prévôt du chapitre de Genève de (1312-1343) 4.

M. Maxime Reymond analyse un document rédigé entre 971 et 1037, contenu dans le cartulaire du chapitre de Notre-Dame de Lausanne et concernant les terres et cens que les chanoines possédaient à Vevey 5. /341/

La séance est suivie d’un lunch au Grand Hôtel de Vevey. M. Eug. Couvreu, syndic et député de Vevey, attire l’attention des membres de la Société sur la motion déposée au Grand Conseil vaudois le 1er mai 1916 et ayant pour objet la conservation des archives communales et la création d’une inspection de ces archives.

La fin de la journée est consacrée à la visite du Musée historique du Vieux Vevey et de l’église de Saint-Martin.

 

Séance du 28 septembre 1916,
au château de Romont, salle des Assises.

PRÉSIDENCE DE M. TH. DUFOUR, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à dix heures, en présence d’une assistance qui, avec les arrivées successives de Fribourg et de Neuchâtel, atteindra près d’une centaine de personnes.

M. le président signale les pertes que nous avons faites depuis notre dernière séance : MM. François Troillet, juge au tribunal cantonal du Valais; Léon Rémy, à la Tour de Trême, numismate et bibliophile, et Félix Clausen, juge fédéral, qui faisait partie de notre Société depuis 1861.

Quatorze candidats viennent renforcer l’effectif de nos membres. Ce sont : Mlle Marie Bergier; M. et Mme Robert de Meuron-Marcel; M. le Dr Maurice Muret et Mme Muret-Auberjonois; M. Romain Chatton, président du tribunal, à Romont; M. l’abbé Tissot, directeur; M. le Dr Auguste Jambé; M. Eug. Demierre; M. Dumas, architecte, à Romont, comme les trois précédents; M. Georges Corpataux, sous-archiviste à Fribourg; M. Bernard de Vevey, étudiant en droit à Fribourg; M. Pierre de Zurich, au château de Barberèche, et M. Léon Kern, aide-archiviste à Fribourg.

M. William Cart étudie Le laraire d'Avenches 1 soit la trouvaille de six statuettes faite aux abords de cette ville en /342/ janvier 1916. Elles représentent Mercure, la Victoire, Junon, Minerve (à double) et un dieu lare. Le travail en est généralement soigné et doit être attribué, pour la plupart de ces statuettes, à des artistes étrangers.

M. Eug. Demole traite la question du soleil comme cimier des armes de Genève 1. Il réfute l’opinion qui attribue au culte préhistorique du soleil l’origine de ce symbole, et il l’explique par le culte rendu dès la fin du moyen âge au nom de Jésus, représenté par le trigramme I H S d’abord seul, puis entouré de rayons.

M. l’abbé Ducrest, qui prépare pour nos Mémoires et Documents la publication de la visite pastorale de 1416-1417 dans le diocèse de Lausanne, nous entretient de cette visite, et spécialement de ce qu’elle trouva à Romont. Les quatre visiteurs, au nombre desquels se trouvait un évêque italien, Pierre de Squillace, allaient à cheval et visitaient généralement deux églises par jour. L’état du clergé laissait beaucoup à désirer; c’est l’époque du grand schisme. Sur 495 ecclésiastiques, 96, soit un cinquième, encourent des reproches, et des sanctions sont prises contre eux.

M. Gaston Castella retrace les négociations laborieuses à la suite desquelles le duc de Savoie Emmanuel-Philibert renonça en faveur des Fribourgeois, par le traité de Turin du 25 septembre 1578, au comté de Romont, conquis par eux en 1536. Jusqu’en 1559, l’année de la paix de Cateau-Cambrésis, les nouveaux occupants n’avaient pas été inquiétés. Mais dès lors Fribourg fut impliqué dans la chaude lutte diplomatique qui suivit, et où il avait à ménager à la fois Berne et les cantons catholiques, tout en se défendant des réclamations de la Savoie. Plus heureux que Berne, Fribourg put garder la totalité de sa conquête.

M. Marc Henrioud décrit le service postal des princes-évêques de Bâle, qui résidaient à Porrentruy dès 1528. Ce service n’apparaît qu’au XVIIe siècle, et pendant longtemps il /343/ ne s’effectuait qu’entre Porrentruy et Bâle, d’une façon toute patriarcale, parfois même sous forme de corvées. On trouve plus tard une messagère pour Delémont et un messager pour Soleure. Le serment qui était exigé du messager de Bâle est un document curieux par les termes qu’il contient et par les obligations qu’il prévoit.

M. Fréd. Broillet, architecte de l’Etat de Fribourg, était tout désigné pour nous parler des fortifications de Romont. Elles remontent au milieu du XIIIe siècle et sont l’œuvre de Pierre II de Savoie, premier comte de Romont, à qui la ville doit son importance. Des travaux de restauration ont été entrepris en 1911, et un règlement a été adopté pour sauvegarder l’aspect pittoresque que présentent la ville et ses abords.

M. Léon Kern lit un mémoire sur La vie religieuse à Fribourg au XIIIe siècle, alors qu’un grand mouvement de foi et de piété se manifestait par la fondation de nombreux couvents et asiles. Dès 1224, les Hospitaliers de Saint-Jean s’établissent à l’Auge. La Maigrauge fut fondée en 1255. L’année suivante, c’était le tour des Augustins, puis vinrent les Dominicains. C’est de cette époque également que date le premier hôpital fondé par la ville pour les bourgeois en 1250.

Un banquet très animé réunit ensuite la plupart des assistants à l’hôtel du Lion d’Or. M. le président se plut à relever dans son discours les nombreuses manifestations intellectuelles par lesquelles Fribourg se signale de nos jours. La réplique lui fut donnée par M. l’abbé Ducrest et divers orateurs, entre autres par M. l’abbé Ch. de Ræmy, dont l’âge n’a pas refroidi la chaleur de cœur.

 

Séance du 14 juin 1917,
à Lausanne, Hôtel de Ville.

PRÉSIDENCE DE M. TH. DUFOUR, PRÉSIDENT.

La séance est ouverte à dix heures et quart en présence d’une cinquantaine de personnes. M. le président énumère les décès que nous avons eu à enregistrer depuis notre dernière /344/ séance. Ce sont : MM. Albert de Haller, dont l’activité philanthropique a été surtout consacrée à l’Eglise nationale vaudoise; Jules Terrisse, ingénieur, qui avait vécu en Russie avant de se fixer à Genève; Auguste Bridel, l’éditeur, après son père, de nos Mémoires et Documents; Frédéric de Mulinen, bibliothécaire à Berne et président de la Société bernoise d’histoire; Albert Bonnard, journaliste; le Dr Adolphe Combe; Aloïs de Seigneux, qui a fait à notre Société un legs de 500 francs, et Théophile van Muyden, architecte.

Sept candidats sont admis comme membres : Mme Adolphe Combe et Mlle Eva Combe, à Lausanne; M. Henri d’Auriol, à Genève; M. Mussard-Schoulepnikow, à Genève; M. André Bovet, à Neuchâtel; M. Constantin Pawly, à Jouxtens, et M. Ch. Longchamp, professeur à Fribourg.

Les comptes présentent 4770 francs à l’actif, 286 francs aux dépenses, laissant un solde de 4484 francs, mais il y a pour 2600 francs de dépenses en cours aux Imprimeries Réunies. Le fonds de réserve s’élève à 2625 francs. MM. Butticaz et Meylan-Faure sont réélus comme vérificateurs des comptes.

Le Comité, qui est arrivé au terme de ses fonctions, est reélu, et deux nouveaux membres lui sont adjoints dans la personne de M. l’abbé Ducrest à Fribourg, qui remplace M. Max de Diesbach, et de M. Frédéric Barbey, à Chambésy près Genève. Il atteint dès lors le chiffre maximal de onze membres.

M. William de Sévery nous lit quelques pages inédites de César de Saussure 1 (1705-1783), grand voyageur dans sa jeunesse et fixé à Lausanne dès 1740. Ses Mémoires sous forme de lettres ont été partiellement publiés. Les fragments que nous en lit M. de Sévery, datés de juin 1739, ont trait à la Société des francs-maçons de Londres, à laquelle l’auteur venait de s’affilier. Il en fait l’apologie et en décrit la fête annuelle. C’était l’époque où se fondait à Lausanne (1738) une loge qui fut supprimée par LL. EE. en 1745.

M. l’abbé Besson décrit ensuite la vie des moines à /345/ Romainmôtier au XIe siècle 1. L’antique abbaye de Romainmôtier, tombée en décadence, devint vers 970 ou 980 le premier prieuré clunisien. Le monastère fut aussitôt réparé, agrandi, et l’église entièrement refaite. Ainsi le XIe siècle marqua la renaissance de Romainmôtier, et peut-être l’époque la plus brillante de sa vie religieuse.

M. Maxime Reymond étudie deux catalogues de bibliothèques ecclésiastiques conservés aux Archives cantonales vaudoises. Le premier est un document du XVe siècle, mais la bibliothèque elle-même paraît avoir été formée à la fin du XIVe. Elle est composée presque exclusivement de livres de théologie, cinquante volumes en parchemin et dix en papier. Le second catalogue est celui de la bibliothèque du chanoine lausannois François de Vernes. Rédigé en 1515 et refait une vingtaine d’années plus tard, il contient au total cent vingt ouvrages, presque tous imprimés. D’après les titres de ces ouvrages, on voit que leur propriétaire s’intéressait à l’humanisme.

La séance, levée à midi, est reprise une demi-heure plus tard à l’hôtel Majestic à Sauvabelin, où M. V. van Berchem entretient ses auditeurs, du tumulte du 25 juillet 1474 à Genève, à l’occasion du passage de l’avoyer bernois Nicolas de Diesbach, qui revenait d’une ambassade en France. Une querelle sans gravité entre un serviteur de l’ambassade et deux jeunes Genevois fut l’origine de l’incident. Les Bernois réclamèrent une indemnité de 12 000 florins d’Allemagne, qui ne fut pas payée. Cet incident fut repris et exploité l’année suivante, alors que Genève dut se racheter, au moyen d’une rançon de 28 000 florins, du pillage dont les troupes suisses la menaçaient après l’invasion du Pays de Vaud.

Le dîner est accompagné des discours de M. le Président et de M. Ch. Burnier, représentant la Municipalité de Lausanne. Sur la proposition de M. William de Sévery, un message de sympathie est envoyé à M. Albert de Montet, malade depuis longtemps. La fin de l’après-midi est consacrée à la visite des fresques anciennes du Château, puis à celle de l’Evêché restauré, qui abritera les collections du « Vieux Lausanne ». /346/

 

Séances des 25 et 26 septembre 1917,
à Genève.

PRÉSIDENCE DE M. TH. DUFOUR, PRÉSIDENT.

Une cinquantaine de personnes, dont plusieurs de Neuchâtel, de Fribourg et de Lausanne, avec beaucoup de membres de la Société d’histoire de Genève, assistent à la séance du 25, ouverte à sept heures du soir dans une des salles du restaurant Dumont, rue du Rhône. M. le Président fait part du décès d’un de nos collègues, M. Emile Aubert-Schuchardt, ancien typographe et auteur de plusieurs publications. M. Louis Blondel décrit la vie publique et les quartiers de Genève au moyen âge; c’est un fragment d’un grand travail, dont l’impression doit commencer l’année prochaine. Le souper qui suit se prolonge en causeries animées jusqu’au delà de l’heure de police.

Le lendemain matin, dès huit heures, sous la conduite des conservateurs, MM. Henri Delarue, Alfred Cartier, Emile Demole, Eugène Demole, les sociétaires visitent successivement à la Bibliothèque publique et universitaire la salle Ami Lullin, avec ses beaux manuscrits à peintures, ses autographes et ses portraits, puis au Musée d’art et d’histoire les collections archéologiques, la salle des armures et le cabinet de numismatique. A dix heures, ils gagnent l’Hôtel de ville, où se tient la séance dans la salle du Grand Conseil. Trente-deux candidats sont reçus membres. Ce sont :

A Berne, M. Gustave Ador, conseiller fédéral.

A Genève : MM. Louis Chauvet, président du Conseil administratif; Albert Gampert, notaire, membre du même Conseil; Paul Pictet, président du Conseil municipal; Théodore Bret, chancelier d’Etat; Albert Dunant, ancien conseiller d’Etat; Charles Borgeaud, professeur à l’Université; Eugène Naville; Paul Ladame, docteur en médecine; Hector Maillart, docteur en médecine; Maurice Dunant, ancien président de la Société genevoise d’utilité publique; Emile Dreyfus, antiquaire; Emile /347/ Demole, conservateur de la Salle des armures au Musée d’art et d’histoire; Ami Bordier, Guillaume Pictet, Charles Lenoir, Henri Poulin, Jean Lombard François Barrelet, Edmond Chenevière, banquiers; Edouard d’Espine; Emile Veillon, ingénieur; Charles Vuille, avocat; Eugène Des Gouttes, avocat; Louis Pictet; Jules Crosnier, professeur aux Ecoles d’art; Léon Martin, notaire, et Mme Henri Fatio.

A Lausanne : M. Ernest Picot, juge au Tribunal fédéral, et Mme Fédor van Muyden.

A Neuchâtel, M. Maurice Boy de la Tour, conservateur du Musée des Beaux-Arts.

A Bâle, M. Marius Fallet.

Sur la proposition du Comité, M. Emile Doumergue, doyen de la Faculté de théologie de Montauban, qui assiste à la séance, est nommé membre honoraire de la Société. Le cinquième volume de son ouvrage monumental sur Jean Calvin vient de paraître.

M. Julien Gruaz entretient l’assemblée, très nombreuse, des anciens habitants des rives comprises entre Morges et Vidy 1. Après avoir évoqué les palafittes des trois stations de Morges, il passe à l’époque du deuxième âge du fer, représenté par le cimetière gaulois de Saint-Sulpice qu’il a fouillé de 1912 à 1914, et par Lousone, située dans les plaines de Vidy, bourgade gauloise que les Romains transformèrent en cité. La période des invasions barbares est représentée par la grande nécropole mérovingienne de Saint-Sulpice, attenante au cimetière gaulois et explorée avant ce dernier.

M. Ernest Cornaz a utilisé pour sa communication sur les Etats de Vaud à la fin du XIVe siècle 2, les renseignements fournis par le premier registre des comptes de la ville de Nyon, qui envoyait des délégués à ces assemblées. Les temps troublés de la minorité d’Amédée VIII sont favorables des pouvoirs à l’exercice de ce parlement minuscule, que l'on voit dès lors fréquemmeut convoqué. /348/

M. Eugène Demole étudie la question de savoir si Conrad le Pacifique a frappé monnaie à Orbe, à propos d’un denier portant au droit la légende « Taderna » et au revers un monogramme obscur. L’interprétation du mot Taderna a fait attribuer successivement ce dernier à Saverne et à Orbe. M. Demole établit qu’il a dû être frappé à Ternay, près de Lyon, et que son type est celui de Lyon, tandis que les monnaies frappées à Orbe portaient le type de l’abbaye de Saint-Maurice.

M. Henri Fazy, retenu à Berne par une séance du Conseil national, ne peut lire le travail qui avait été annoncé.

Avant de quitter l’Hôtel de Ville, les assistants visitent la salle du Conseil d’Etat, avec ses fresques anciennes si curieuses, et se rendent ensuite au Parc des Eaux-Vives, où les quatre-vingts places d’une longue table sont vite occupées. Au dessert, M. Th. Dufour fait encore œuvre d’historien, en critiquant la façon dont la Confédération a fait copier à l’étranger les documents qui intéressent notre histoire, et M. Albert Choisy parle au nom de la Société d’histoire de Genève, dont il est le président. Mais le temps presse; un tramway transporte en quelques minutes les convives chez M. et Mme Lucien Gautier, à Cologny, qui les reçoivent avec une courtoisie charmante sous les beaux arbres de leur propriété, en face du lac et du Jura.

 


 

/349/

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE LA SUISSE ROMANDE

Comité.

  • Président: Théophile Dufour, Genève.

  • Vice-Président: William de Charrière de Sévery, Lausanne.

  • Secrétaire: Ernest Cornaz, Lausanne.

  • Trésorier: Maxime Reymond, Lausanne.

  • Membres:
    Georges Favey, Lausanne.
    Victor van Berchem, Genève.
    Arthur Piaget, Neuchâtel.
    Marius Besson, Lausanne.
    Charles Gilliard, Lausanne.
    François Ducrest, Fribourg.
    Frédéric Barbey, Genève.

 


 

LISTE DES MEMBRES

arrêtée au 15 septembre 1918.

Membres effectifs

NB. L’astérisque indique les membres à vie.
La date est celle de l’admission dans la société.


  • Ador, Gustave, conseiller fédéral, Berne, 1917.

  • Aubert, Fernand, licencié ès lettres, sous-conservateur des manuscrits à la Bibliothèque, Genève, 1915.

  • Aubert, Hippolyte, archiviste-paléographe, ancien directeur de la Bibliothèque de Genève, Crassier (Vaud) et Paris, 1891.

  • Aubert, Mme Hippolyte, Crassier (Vaud) et Paris, 1915.

  • * Audéoud, Edouard, conservateur-adjoint du Cabinet de numismatique, Genève, 1915.

  • d’Auriol, Henri, Genève, 1917. /350/

  •  

  • Barbey, Frédéric, archiviste-paléographe, Genève, 1901.

  • Barbey, Maurice, avocat, Clarens, 1895.

  • Barde, Edmond, licencié en droit, secrétaire de la rédaction du Journal de Genève, Genève, 1915.

  • Barrelet, François, banquier, Genève, 1917.

  • Baur-Borel, Frédéric, conservateur du Cabinet de numismatique, Neuchâtel, 1916.

  • de Bavier, Edouard, ancien consul du Danemark au Japon, château de Dully (Vaud) et Paris, 1896.

  • Béranger, Emile, pasteur, Lausanne, 1898.

  • van Berchem, Max, docteur ès lettres, Genève et château de Crans (Vaud), 1915.

  • van Berchem, Victor, docteur en philosophie, Genève, 1887.

  • Berdez, Mlle Sophie, Lausanne, 1915.

  • Bergier, Henri, notaire, Lausanne, 1900.

  • Bergier, Mlle Marie, Lausanne, 1916.

  • Bergier, Victor, ancien président du Conseil communal, Lausanne, 1912.

  • Bertrand, Jules, pharmacien, Chexbres (Vaud), 1911.

  • Besson, Marius, docteur en philosophie, professeur à l’Université de Fribourg, curé à Lausanne, 1905.

  • Bischoff, Théophile, peintre, Lausanne, 1888.

  • de Blonay, Aymon, ingénieur, Berne, 1909.

  • de Blonay, Godefroy, privat-docent à l’Université de Neuchâtel, château de Grandson, 1894.

  • de Blonay, Henry-W., Genève, 1915.

  • de Blonay, Pierre, ingénieur, Martigny, 1909.

  • de Blonay, Sigismond, avocat, Lausanne, 1909.

  • Blondel, Auguste, licencié en droit, Genève, 1904.

  • Blondel, Louis, conservateur du « Vieux-Genève », Genève, 1915.

  • Boissier, Alfred, docteur en philosophie, Chambésy (Genève), 1915.

  • Bonjour, Emile, conservateur du Musée des Beaux-Arts, Lausanne, 1893.

  • Bonnard, Louis, avocat, syndic de Nyon, 1916. /351/

  • Bordier, Ami, banquier, Genève, 1917.

  • Borel, Frédéric, archiviste-paléographe, Genève et Paris, 1887.

  • Borel, Henri, Chigny (Vaud), 1903.

  • Borgeaud, Charles, docteur en droit et en philosophie, professeur à l’Université, Genève, 1917.

  • Bosset, Louis, architecte, Payerne, 1915.

  • Bouchardy, Louis, archiprêtre, Chêne-Bourg (Genève), 1899.

  • Bourban, Pierre, prieur de l’abbaye, Saint-Maurice, 1890.

  • Bovet, André, archiviste-paléographe, directeur de la Bibliothèque, Neuchâtel, 1917.

  • Bovon, Mme Jules, Lausanne, 1911.

  • * Boy de la Tour, Maurice, conservateur du Musée des Beaux-Arts, Neuchâtel, 1917.

  • Bret, Théodore, chancelier d’Etat, Genève, 1917.

  • Bretagne, Marc-Antoine, Aubonne, 1899.

  • Bridel, Georges-Antoine, directeur aux Imprimeries Réunies et éditeur, Lausanne, 1892.

  • Bridel, Michel-Edouard, étudiant, Lausanne, 1915.

  • Broillet, Frédéric, architecte cantonal, Fribourg, 1915.

  • * de Budé, Guy, licencié ès lettres, Genève, 1915.

  • Bugnion, Charles-Auguste, banquier, Lausanne, 1867.

  • Burky, Mme Albert, Ouchy, 1909.

  • Burnat, Adolphe, architecte, La Tour-de-Peilz, 1916.

  • Burnet, Edouard, ancien pharmacien, Genève, 1915.

  • Burnier, Charles, directeur de la Gazette de Lausanne, Lausanne, 1902.

  • Burnier, Mme Henri, Lausanne, 1909.

  • Buser, Werner, docteur en médecine, Vevey, 1916.

  • Butticaz, Emile, secrétaire en chef du Ier arrondissement des C. F. F., Lausanne, 1915.

  •  

  • Cabinet (Le) de numismatique, au Musée d’art et d’histoire, Genève, 1916.

  • Carrard, Mlle Berthe, Lausanne, 1913. /352/

  • Cart, Frédéric, notaire, Lausanne, 1915.

  • Cart, William, docteur en philosophie, professeur à l’Ecole Vinet, Lausanne, 1871.

  • Cart, Mme William, Lausanne, 1915.

  • Castella, Gaston, docteur en philosophie, professeur au Collège, Fribourg, 1915.

  • de Cérenville, Mlle Madeleine, Lausanne, 1915.

  • de Cérenville, Max, docteur en droit, conseiller national, Lausanne, 1915.

  • * de Cérenville, René, Paris, 1915.

  • Ceresole, Alfred, juge au Tribunal cantonal, Lausanne, 1895.

  • Chambaz, Octave, Rovray (Vaud), 1899.

  • de Chambrier, Mme Alexandre, Bevaix (Neuchâtel), 1912.

  • Chappuis, Emile, notaire, Chexbres, 1893.

  • de Charrière de Sévery, William, Lausanne, 1877.

  • de Charrière de Sévery, Mme William, Lausanne, 1909.

  • Chatton, Romain, président du Tribunal, Romont, 1916.

  • Chauvet, Louis, ancien président du Conseil administratif, Genève, 1917.

  • de Chauvigny, Louis, attaché à l’ambassade de France à Berne; Lausanne, 1912.

  • Chavannes, Edmond, banquier, Lausanne, 1915.

  • * Chenevière, Edmond, banquier, Genève, 1917.

  • Cherbuliez, Mlle Emilie, Genève, 1916.

  • * Choisy, Eugène, docteur en théologie, professeur à l’Université, Genève, 1915.

  • * Combe, Mme Adolphe, Lausanne, 1917.

  • * Combe, Mlle Eva, Lausanne, 1917.

  • Cornaz, Ernest, licencié ès lettres, Lausanne, 1912.

  • Corpataux, Georges, sous-archiviste d’Etat, Fribourg, 1916.

  • Correvon, Ernest, avocat, Lausanne, 1871.

  • Corthésy, Eugène, docteur ès lettres, Vevey, 1900.

  • Cossy, Robert, conseiller d’Etat, conseiller national, Lausanne, 1880.

  • Couvreu, Aloys, Corsier sur Vevey, 1874. /353/

  • Couvreu, Emile, homme de lettres, Paris, 1897.

  • Couvreu, Eugène, syndic de Vevey, 1880.

  • Couvreu, Frédéric, banquier, Vevey, 1892.

  • Couvreu, Henri, pasteur, Vevey, 1897.

  • Cramer, Mlle Marguerite, licencié en droit, Genève, 1915.

  • Cuénod, Jules, banquier, Vevey, 1903.

  • Cuénod, Mme Victor, Vevey, 1910.

  • Curchod, Adolphe, pasteur, Vevey, 1909.

  • Curchod, Emmanuel, ancien pasteur, Morges, 1892.

  •  

  • Darier, Gaston, Genève, 1915.

  • Decoppet, Camille, conseiller fédéral, Berne, 1906.

  • De Crue, Francis, docteur ès lettres professeur, à l’Université, Genève, 1915.

  • Delarue, Henri, licencié ès lettres, conservateur à la Bibliothèque, Genève, 1915.

  • Demierre, Eugène, Romont, 1916.

  • Demole, Eugène, docteur en philosophie, conservateur du Cabinet de numismatique, Genève. 1881.

  • Demole-de Joffrey, Mme Eugène, Genève, 1916.

  • Demole, Emile, conservateur de la Salle des armures au Musée d’art et d’histoire, Genève, 1917.

  • Département (Le) de l’Instruction publique et des Cultes, Lausanne, 1915.

  • Deonna, Henri, docteur en droit, Genève, 1915.

  • Deonna, Waldemar, docteur ès lettres, privat-docent à l’Université, Genève, 1915.

  • Descoullayes, Paul, docteur en droit, avocat, Lausanne, 1914.

  • Des Gouttes, Eugène, avocat, Genève, 1917.

  • Dreyfus, Emile, antiquaire, Genève, 1917.

  • Dubois, Frédéric, second bibliothécaire à la Bibliothèque cantonale, Fribourg, 1896.

  • Ducrest (l’abbé), François, directeur de la Bibliothèque cantonale, Fribourg, 1898.

  • * Dufour, Léon, ingénieur, Genève, 1915. /354/

  • Dufour, Théophile, archiviste-paléographe, docteur ès lettres, directeur honoraire des Archives et de la Bibliothèque, Genève, 1866.

  • Dulex, Alexis, rédacteur du Messager des Alpes, Aigle, 1899.

  • Dumas, Fernand, architecte, Romont, 1916.

  • Dumur, Jules, ingénieur, Pully (Vaud), 1915.

  • Dunant, Albert, ancien conseiller d’Etat, Genève, 1917.

  • Dunant, Maurice, Genève, 1917.

  • Du Pasquier, Armand, docteur en droit, Neuchâtel, 1904.

  • Dupraz, Emmanuel, chanoine, Ouchy, 1881.

  • Dupraz, Louis, directeur de la Bibliothèque cantonale, Lausanne, 1893.

  • Dutoit, Daniel, ingénieur agronome, Lausanne, 1916.

  • Dutoit-Naef, Albert, Lausanne, 1915.

  •  

  • Fallet, Marius, docteur ès sciences économiques et politiques, Bâle, 1917.

  • de Faria (le vicomte), Antonio, consul général du Portugal, Lausanne, 1909.

  • * Fatio, Henri, Genève, 1915.

  • Fatio, Mme Henri, Genève, 1917.

  • Fatio, Guillaume, Genève, 1915.

  • Favey, Georges, juge au Tribunal fédéral, Lausanne, 1867.

  • Favre, Edouard, docteur en philosophie, Genève, 1880.

  • Favre, Léopold, licencié ès lettres, Genève, 1915.

  • Fazy, Henri, docteur ès lettres, conseiller d’Etat, conseiller aux Etats, Genève, 1859.

  • Ferber-Dobler, Mme, château de Rue, 1908.

  • Fornerod, Gérard, notaire, Avenches, 1892.

  •  

  • Gailloud, Henri, pasteur, Ormont-dessus (Vaud), 1912.

  • * Gampert, Albert, notaire, membre du Conseil administratif, Genève, 1917.

  • Gandillon, Henri, Genève, 1915.

  • Gautier, Lucien, docteur en théologie et en philosophie, professeur honoraire à l’Université, Genève, 1880. /355/

  • Genoud (l’abbé), Joseph, professeur au Collège, Fribourg, 1886.

  • Gilliard, Charles, docteur ès lettres, directeur du Gymnase classique, Lausanne, 1899.

  • Gottofrey, Vincent, juge au Tribunal fédéral, Lausanne, 1915.

  • Grand d’Hauteville, Frédéric, Berne, 1903.

  • Grenier, Louis, juge au Tribunal cantonal, professeur honoraire à l’Université, Lausanne, 1871.

  • Greyloz, Albert, syndic d’Ollon (Vaud), 1901.

  • Grin-Voruz, Mme Lausanne, 1909.

  • Grossmann, Théodore, numismate, Genève, 1915.

  • Gruaz, Julien, conservateur du Cabinet de numismatique, Lausanne, 1916.

  • Gueneau de Mussy, Henry, professeur au Collège de Champittet, Lausanne, 1904.

  • Guilland, Antoine, professeur à l’École polytechnique fédérale, Zurich, 1915.

  • Guisan, René, professeur à la Faculté de théologie de l’Eglise libre, Lausanne, 1911.

  •  

  • Haff, Charles, docteur en droit, professeur à l’Université, Lausanne, 1915.

  • De la Harpe, Henri, pasteur, Yvorne (Vaud), 1901.

  • Henrioud, Marc, secrétaire au Bureau international de l’Union postale, Berne, 1901.

  • Heubi, William, docteur ès lettres, professeur à l’Ecole supérieure des jeunes filles, Lausanne, 1914.

  • Heyer, Henri, licencié en théologie, ancien pasteur, Genève, 1915.

  • Hottinger, Théodore, La Tour-de-Peilz, 1897.

  •  

  • Imesch, Denis, chanoine, Sion, 1891.

  •  

  • Jambé, Auguste, docteur en médecine, Romont, 1916.

  • Jequier, Gustave, professeur à l’Université, Neuchâtel, 1894.

  •  

  • Kissling, Henri, géomètre, Oron, 1915. /356/

  • Kern, Léon, attaché à la Légation suisse, Paris, 1916.

  • Koller, Oswald, docteur en droit, Fribourg, 1913.

  •  

  • Ladame, Paul, docteur en médecine, Genève, 1917.

  • Larangot-Vallotton, Mme Hélène, Paris, 1911.

  • Larguier, Jean, professeur à l’Université, Lausanne, 1906.

  • Lehr, Ernest, professeur honoraire à l’Université, Lausanne, 1871.

  • Lenoir, Charles, banquier, Genève, 1917.

  • de Lessert, Gaston, Genève et château de Viney (Vaud), 1888.

  • Lombard, Jean, banquier, Genève, 1917.

  • Longchamp, Charles, professeur au Collège, Fribourg, 1917.

  • de Loriol, Perceval, licencié en droit, Genève et château d’Allaman, 1909.

  • de Loys-Chandieu, Mlle Marguerite, Lausanne, 1912.

  • de Loys-Chandieu, Mme Henri, Paris, 1912.

  •  

  • Maillart, Hector, docteur en médecine, Genève, 1917.

  • Maillefer, Paul, docteur ès lettres, conseiller national, syndic de Lausanne, 1891.

  • de Mandrot, Henri, Genève et château de La Sarraz, 1903.

  • Martin, Alfred, docteur en droit, professeur à l’Université, Genève, 1915.

  • * Martin, Camille, docteur en philosophie, Genève, 1915.

  • Martin, Charles, docteur en théologie, ancien pasteur, Genève, 1915.

  • Martin, Léon, notaire, Genève, 1917.

  • Martin, Paul-Edmond, docteur ès lettres, archiviste d’Etat, Genève, 1911.

  • Mercier-de Sandol, Arthur, Lausanne, 1915.

  • Mercier-de Sandol, Mme Arthur, Lausanne, 1915.

  • * Mercier, Jean-Jacques, Sierre, 1915.

  • de Meuron, Robert, banquier, Lausanne, 1916.

  • de Meuron, Mme Robert, Lausanne, 1916.

  • Meylan-Faure, Henri, docteur ès lettres, professeur à l’Université, Lausanne, 1903. /357/

  • Meylan, Louis, docteur en médecine, Lutry, 1897.

  • Millioud, Alfred, ancien sous-archiviste d’Etat, Lausanne, 1898.

  • de Molin, Mme Aloys, Lausanne, 1915.

  • Monnerat, Auguste, pasteur, Estavayer, 1894.

  • Monod, Henri, Morges, 1882.

  • Montandon, Léon, sous-archiviste d’Etat, Neuchâtel, 1916.

  • de Montenach, Georges, conseiller aux Etats, Fribourg, 1915.

  • de Montet, Albert, Corseaux, 1874.

  • de Montet, Mme Albert, Corseaux, 1908.

  • Moreillon-de Watteville, Maurice, inspecteur forestier, Montcherand (Vaud), 1907.

  • Moreillon-de Watteville, Mme Maurice, Montcherand, 1909.

  • * Morel, Arnold, banquier, Lausanne, 1915.

  • de Morsier, Gaston, docteur en droit, juge au Tribunal de première instance, Genève, 1915.

  • Mottaz, Eugène, professeur à l’Ecole de commerce, Lausanne, 1887.

  • de Muralt, Jean, avocat, Montreux, 1881.

  • Muret, Henri, ingénieur, Lausanne, 1905.

  • Muret, Maurice, docteur en médecine, professeur à l’Université, Lausanne, 1916.

  • Muret, Mme Maurice, Lausanne, 1916.

  • Mussard, Albert, Genève, 1917.

  • van Muyden, Mme Berthold, Jouxtens près Lausanne, 1908.

  • van Muyden-Baird, Mme Hermann, Lausanne, 1909.

  • van Muyden, Fédor, Lausanne, 1915.

  • van Muyden, Mme Fédor, Lausanne, 1917.

  •  

  • Naef, Albert, docteur ès lettres, archéologue cantonal, Lausanne, 1895.

  • Naef, Théodore, Lausanne, 1915.

  • * Naville, Eugène, Genève, 1917.

  • Naville, Théodore, pasteur, Genève, 1887.

  • Necker, Henri, Genève, 1915. /358/

  •  

  • Pachoud, Frédéric, docteur en médecine, La Tour-de-Peilz, 1913.

  • Pahud, François, curé-doyen, Lausanne, 1887.

  • Pahud, Robert, juge informateur, Lausanne, 1915.

  • de Palézieux, Charles, Berne, 1880.

  • de Palézieux, Gérard, Vevey, 1888.

  • de Palézieux, Maurice, Genève et La Tour-de-Peilz, 1880.

  • Pasche, Théodore, peintre, Oron, 1915.

  • Pawly, Constantin, Jouxtens près Lausanne, 1917.

  • Piaget, Arthur, docteur ès lettres, archiviste d’Etat, Neuchâtel, 1890.

  • Picot, Constant, docteur en médecine, Genève, 1915.

  • Picot, Ernest, docteur en droit, juge au Tribunal fédéral, Lausanne, 1917.

  • Picot, Mme Ernest, Lausanne, 1909.

  • Pictet, Guillaume, banquier, Genève, 1917.

  • Pictet, Louis, licencié en droit, Genève, 1917.

  • Pictet, Paul, docteur en droit, ancien président du Conseil municipal, Genève, 1917.

  • Pinching, Horace, La Tour-de-Peilz, 1911.

  • du Plessis-Gouret, Emile, Lausanne, 1886.

  • Poulin, Henri, banquier, Genève, 1917.

  • Puenzieux, Victor, Glion, 1892.

  • de Pury, Paul, conservateur du Musée historique, Neuchâtel, 1912.

  •  

  • Reitzel, Auguste, licencié ès lettres, professeur au Collège, Vevey, 1907.

  • Reymond, Maxime, directeur intérimaire des Archives d’Etat, Lausanne, 1903.

  • de Rham, Robert, Jouxtens près Lausanne, 1909.

  • de Rham, Mme Robert, Jouxtens, 1909.

  • de Riedmatten, Armand, avocat, Sion, 1908.

  • Ritter, Eugène, docteur ès lettres, professeur honoraire à l’Université, Genève, 1880.

  • Rivier, Théodore, pasteur, Aigle, 1916. /359/

  • * Rivoire, Emile, notaire, Genève, 1915.

  • Robert, Arthur, Clarens, 1916.

  • Robert, Mme Arthur, Clarens, 1916.

  • Robert, Charles-Auguste, Antagnes (Vaud), 1915.

  • Roch, Charles, sous-archiviste d’Etat, Genève, 1915.

  • von Rodt, Gottfried, colonel, Vienne (Autriche), 1909.

  • Roget, Frédéric, privat-docent à la Faculté des lettres, Genève, 1915.

  • Rossel, Virgile, docteur ès lettres, juge au Tribunal fédéral, Lausanne, 1913.

  • Rosset-Klaüsfelder, Louis, Vevey, 1911.

  • Rossier, Edmond, docteur en philosophie, professeur à l’Université, Lausanne, 1891.

  • Rossier, Louis, professeur à l’Ecole de commerce, Lausanne, 1915.

  •  

  • Sarasin, Albert, licencié en droit, Genève, 1915.

  • * de Sartiges (le vicomte), Louis, Paris, 1909.

  • Savary, Jules, directeur des Ecoles normales, Lausanne, 1891.

  • Sautter, Ernest, Genève, 1897.

  • Schelling, Ernest, Céligny (Genève), 1912.

  • Schelling, Mme Ernest, Céligny, 1912.

  • Schnetzler, Charles, pasteur, Oron, 1909.

  • Secretan, Eugène, docteur ès lettres, Lausanne, 1870.

  • Secretan-Mayor, Charles, docteur en médecine, Lausanne, 1909.

  • de Senarclens, Arthur, professeur à l’Université, Liège, 1880.

  • Sillig-Pachoud, Mme Edouard, La Tour-de-Peilz, 1913.

  • Sirven, Paul, professeur à l’Université, Lausanne, 1912.

  • Soldati, Mme Augustin, Lausanne, 1911.

  • Soutter, Mme Eugène, Lausanne, 1911.

  • Soutter, Mlle Noémi, Lausanne, 1911.

  • Spielmann, Fritz, notaire, Lausanne, 1915.

  • Spuhler, Mlle Elise, Lausanne, 1911.

  •  

  • Tanner, Jean, syndic de Lucens (Vaud), 1911.

  • * Taverney, Adrien, professeur à l’Université, Lausanne, 1897. /360/

  • Thévenaz, Louis, sous-archiviste d’Etat, Neuchâtel, 1916.

  • Tissot (l’abbé), Cyprien, directeur du Collège, Romont, 1916.

  • Turrettini, Henri, Genève, 1915.

  •  

  • Veillon, Emile, ingénieur, Genève, 1917.

  • de Vevey, Bernard, étudiant en droit, Fribourg, 1916.

  • Vodoz, Charles, chef d’institution, Yverdon, 1890.

  • Vuille, Charles, avocat, Genève, 1917.

  • Vuilleumier, Henri, docteur en théologie, professeur à l’Université, Lausanne, 1878.

  • von der Weid, Antoine, chef du contentieux aux C. F. F., Lausanne, 1915.

  •  

  • Wellauer, Albert, docteur ès lettres, Lausanne, 1894.

  • Whitehouse, Henry-Remsen, assistant de la Légation des Etats-Unis à Berne, Lausanne, 1904.

  • Whitehouse, Mme Henry-Remsen, Lausanne, 1909.

  •  

  • Zimmer, Charles, docteur en médecine, Aubonne, 1904.

  • de Zurich, Pierre, château de Barberèche (Fribourg), 1916.

  •  

  • Total, 286 membres effectifs, dont :
    163 Vaudois (ou habitant le canton de Vaud
    88 Genevois (ou habitant le canton de Genève)
    19 Fribourgeois (ou habitant le canton de Fribourg)
    11 Neuchâtelois
    3 Valaisans
    1 Bernois
    1 Etranger, non résidant en Suisse

 

Membres honoraires.

  • Bernoulli, Johannes, docteur en philosophie, Berne, 1912.

  • Chevalier, Ulysse, chanoine, Romans (Drôme), 1868.

  • Cornu, Jules, ancien professeur aux Universités de Prague et de Graz, Vevey, 1875.

  • Dierauer, Johannes, docteur en philosophie, bibliothécaire de la ville, Saint-Gall, 1912. /361/

  • Doumergue, Emile, docteur et professeur en théologie, Montauban, 1917.

  • Heusler, Andréas, docteur en droit et ès lettres, professeur à l’Université, Bâle, 1875.

  • Meyer von Knonau, Gerold, docteur en philosophie et ès lettres, professeur à l’Université, Zurich, 1882.

  • Oechsli, Wilhelm, docteur en philosophie et ès lettres, professeur à l’Université, Zurich, 1912.

  • Pingaud, Léonce, professeur honoraire à la Faculté des lettres, Besançon, 1885.

  • Stammler (Mgr), Jakob, évêque de Bâle, Soleure, 1895.

  • Wartmann, Hermann, docteur en philosophie, Saint-Gall, 1887.

 


/362/ /363/

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE LA SUISSE ROMANDE

STATUTS.

Article premier. La Société d’histoire de la Suisse romande a pour but de grouper les amis de l’histoire habitant les cantons romands, de provoquer des recherches dans les archives publiques ou privées, et d’encourager l’étude des monuments ou des faits propres à jeter du jour sur l’état passé du pays.

Art. 2. La Société publie des mémoires et des documents.

Elle entretient des relations avec les sociétés historiques de la Suisse et de l’étranger 1.

Art. 3. La Société a son siège à Lausanne; sa durée est illimitée.

Art. 4. La Société se compose de membres effectifs et de membres honoraires.

Art. 5. Pour devenir membre effectif, il faut être présenté en séance par deux membres; la présentation doit être communiquée préalablement au Comité. L’assemblée vote au scrutin secret; pour être admis, le candidat doit réunir la majorité des voix des membres présents. Si la candidature est appuyée par quatre membres outre les deux parrains, il peut être procédé au vote à main levée.

Art. 6. Les membres effectifs paient, à leur entrée dans la Société, un droit de six francs, et, chaque année, une contribution fixée par l’assemblée générale sur la proposition du Comité.

Ils peuvent remplacer la contribution annuelle par le versement d’une contribution unique de cent francs, dont la moitié au moins doit être versée au fonds de réserve. Les nouveaux membres qui choisiront ce mode de paiement seront dispensés du droit d’entrée. /364/

Le fonds social ou fonds de réserve est constitué au moyen des dons recueillis par la Société et des excédents de ses recettes sur ses dépenses.

Art. 7. La Société peut conférer, sur la proposition de son Comité, le titre de membre honoraire à des savants suisses ou étrangers connus par des travaux historiques importants.

Les membres honoraires ne paient pas de contribution; ils prennent part aux séances de la Société et à ses délibérations.

Art. 8. La Société se réunit deux fois par an, au moins, en assemblée ordinaire.

La séance du printemps a lieu, dans la règle, à Lausanne; la séance d’automne a lieu dans une autre localité désignée par l’assemblée générale, à moins que la Société ne charge son Comité d’y pourvoir.

Art. 9. Les convocations et autres notifications aux membres de la Société sont faites par lettres ou par cartes envoyées à chaque sociétaire.

Toutes les décisions de le Société sont valablement prises par la majorité des membres présents à la séance.

Art. 10. La Société est dirigée et administrée par un Comité de neuf à onze membres, nommés pour trois ans par l’assemblée générale du printemps et immédiatement rééligibles.

Le Comité est composé d’un président, d’un vice-président, d’un secrétaire, d’un trésorier et de cinq à sept autres membres. La bibliothèque et les archives sont confiées à l’un des membres du Comité.

Le président est désigné par l’assemblée générale. Les autres membres du Comité se répartissent les fonctions.

Lorsqu’une vacance se produit dans le sein du Comité, celui-ci peut y pourvoir provisoirement jusqu’à la réunion de printemps de l’assemblée générale.

Art. 11. Le Comité convoque les séances de la Société.

Il pourvoit à la publication des mémoires et des documents prévue à l’article 2, choisit les travaux qui devront y figurer et surveille leur impression.

Il est chargé de l’entretien de la bibliothèque et fixe par un règlement l’usage qui peut en être fait.

Il rend compte chaque année de sa gestion à l’assemblée générale de printemps.

Son bureau est chargé de l’expédition des affaires courantes. /365/

Art. 12. Les comptes sont soumis chaque année à l’examen de deux commissaires-vérificateurs nommés par la Société.

Art. 13. Toute proposition tendant soit à la révision partielle ou totale des statuts, soit à la dissolution de la Société, doit être indiquée sur les convocations envoyées pour la séance où elle sera discutée.

Art. 14. La dissolution de la Société ne pourra être prononcée qu’en vertu de décisions conformes prises par deux assemblées générales, convoquées à un mois au moins d’intervalle.

La décision de la seconde de ces assemblées ne sera valable que si la dissolution est votée par les deux tiers au moins des membres présents.

Art. 15. En cas de dissolution, l’actif de la Société ne sera pas partagé entre ses membres, mais il sera affecté par l’assemblée générale à quelque but d’utilité publique.


Les présents statuts, qui abrogent le règlement du 6 septembre 1837, ont été adoptés par l’assemblée générale tenue à Saint-Maurice le 18 septembre 1890. Celle d’Oron (16 juin 1915) a ajouté le § 2 de l’article 6 et modifié les §§ 1, 2 de l’article 10.

Le président,Le secrétaire,
Ernest Cornaz

Th. Dufour.

 


NOTES :

Note 1, page 246 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1901, p. 304-312 et 335-345, avec une pl. [retour]

Note 1, page 248 : Ces lettres ont paru dans les Etrennes helvétiques de 1902, publiées par Eug. Secretan, p, 161-206. [retour]

Note 2, page 248 : Impr. dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, 1902, t. XXVI, p. 497-524, et dans : Les Bonaparte en Suisse, Genève, 1905, p. 203-256. [retour]

Note 1, page 250 : Imp. sous le titre : Rodolphe-Emmanuel de Haller, 1747-1833, d'après sa correspondance. Lausanne, 1909, in-8, 54 p., avec pl. N’est pas en vente. Un exemplaire se trouve dans la bibliothèque de la Société. [retour]

Note 1, page 252 : Travail impr. sous le titre, Une inféodation du château de Lausanne à la fin du XVe siècle, M. D. R., 2e série, t. IV (1902), p. 245-254. [retour]

Note 1, page 254 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1902, p. 161-174 et 193-204. [retour]

Note 1, page 255 : Impr. dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, 1903. t. XXXI, p. 225-244, et 588-613. [retour]

Note 2, page 255 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1903, p. 21-26, avec plan et photographie du donjon. [retour]

Note 1, page 256 : Voyez dans la Revue historique vaudoise, 1902, p. 372-379 : Bursins, par A. Naef, avec un plan. [retour]

Note 2, page 256 : Voyez son ouvrage Le Léman, t. III, 1904, p. 574-598. [retour]

Note 1, page 257 : Voyez son article dans le nouveau Dictionnaire historique du canton de Vaud, t. I, p. 196-200. [retour]

Note 2, page 257 : Impr. dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, 1903, t. XXX, p. 295-311, et dans Les Bonaparte en Suisse, 1905, p. 257-288. [retour]

Note 1, page 258 : Impr. sous le titre : Etude sur les agrafes de ceinturon burgondes à inscriptions, dans la Revue archéologique, 3e série, t. XL, 1902, p. 350-371. — Tirage à part, in-8 de 22 p. [retour]

Note 2, page 258 : Impr. dans l’Echo des Alpes, 1902, p. 374-389 et 404-420. — Tirage à part, in-8 de 35 p., Genève. 1902. [retour]

Note 1, page 264 : Impr. dans le Bulletin de l’Association Pro Aventico, n° 8 (1903), p. 35-44, avec une planche. [retour]

Note 2, page 264 : En réalité, il s’appelait Isaac de Rivaz. Voyez une communication ultérieure de M. de Diesbach, à la séance du 23 mars 1904, ci-après, p. 272. [retour]

Note 1, page 268 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1905, p. 72-77, avec un cliché. [retour]

Note 1, page 269 : Impr. dans Les Bonaparte en Suisse, 1905, p. 289-311. [retour]

Note 1, page 270 : Forme l’introduction (p. ix-xix) de l'Essai de toponymie, du même auteur, tome VII, seconde série, de nos Mémoires et Documents, Lausanne, 1906. — Cf., sur cet ouvrage, deux articles de M. Henry de Varigny, Les noms de lieux et ce qu'ils enseignent, dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, 1907, t. XLVI, p. 56-77, 281-298. [retour]

Note 1, page 273 : Communication impr. dans la Revue historique vaudoise, 1905, p. 373-381. [retour]

Note 2, page 273 : Voyez son ouvrage Le Léman, tome III, p. 611-627. [retour]

Note 3, page 273 : Ses raisons sont exposées dans son ouvrage: La cathédrale de Lausanne, Lausanne, 1906, p. 16-20. [retour]

Note 4, page 273 : Travail impr. dans la Revue historique vaudoise, 1904, p. 347-355 et 378-387. [retour]

Note 1, page 276 : Voyez la notice qu’il a rédigée pour le Dictionnaire historique du canton de Vaud, Lausanne, 1914, article Coppet, et aussi l’article Commugny. [retour]

Note 2, page 276 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1905, p. 1-7 et 33-39 : Un propriétaire de Coppet au XVIIe siècle. [retour]

Note 3, page 276 : Toute cette correspondance a été publiée dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, 1910, t. LVII, p. 5-28, 349-369. [retour]

Note 1, page 278 : Voyez Annales fribourgeoises, 1913, p. 52-55. [retour]

Note 2, page 278 : Impr. dans la Revue de Fribourg, 1905, p. 52-66. [retour]

Note 1, page 279 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1905, p. 335-342 et 367-372, sous le titre : Des origines du prieuré de Baulmes. [retour]

Note 1, page 281 : Impr. dans l'Indicateur d’antiquités suisses, nouv. série, t. VII, 1905-1906, p. 210-230, avec 17 pl. et 9 fig. [retour]

Note 1, page 282 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1906, p. 65-83, 97-114, 129-149, 161-171 et 193-200, avec deux clichés. [retour]

Note 1, page 283 : Voir l’article de M. de Budé dans le Correspondant, 10 février 1910, t. 238, p. 543-560, sous le titre : Souvenirs du général Bertrand, d'après une correspondance inédite. [retour]

Note 2, page 283 : Voir Lausanne à travers les âges, Lausanne, 1906, p. 26-27, 30, où cette lettre est reproduite en fac-similé et en traduction. [retour]

Note 3, page 283 : Voir son ouvrage Pages d'histoire lausannoise, Lausanne, 1911, surtout p. 311, note. [retour]

Note 4, page 283 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1911, p. 330-337. [retour]

Note 1, page 284 : Impr. dans l’ouvrage de M. et Mme W. de Sévery : La vie de société dans le Pays de Vaud à la fin du XVIIIe siècle, t. II, p. 248-252. Lausanne et Paris, 1912. [retour]

Note 2, page 284 : Impr. dans son ouvrage : Les dignitaires de l'Eglise Notre-Dame de Lausanne jusqu’en 1536, Mémoires et Documents de notre Société, seconde série, tome VIII, 1912, p. 5-35. [retour]

Note 3, page 284 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1907, p. 65-75. [retour]

Note 1, page 285 : D’après le travail qu’il avait publié dans le Musée neachâtelois de 1897, p. 189-298, 222-227. [retour]

Note 2, page 285 : Voyez l’ouvrage de M. G. de Reynold : Histoire littéraire de La Suisse au dix-huitième siècle, t. II, Bodmer et l'école suisse, Lausanne, 1912, surtout le ch. VIII, p. 331-391. [retour]

Note 3, page 285 : Sur ce nombre, quatre lettres à Jean Neaulme (1762) ont été publiées depuis lors par Mlle Long dans les Annales de la Société J.-J. Rousseau, t. VII (1911), p. 108-118. Les autres sont encore inédites. [retour]

Note 1, page 286 : Impr. dans son ouvrage : Monasterium Acaunense, Fribourg, 1913, p. 21-39. [retour]

Note 2, page 286 : Voir son article Les fouilles de Saint-Maurice dans Nuovo Bollettino di archeoloffia cristiana (Rome, Spithœver), t. IV, 1898, p. 196; t. V, 1899, p. 76. Voir aussi du même des comptes rendus partiels dans la Liberté de Fribourg, 10 nov. et 3 déc. 1904, 23 déc. 1905, 13 fév. 1906. [retour]

Note 1, page 287 : Impr. dans Les Archives de l'Imprimerie, 1915, p. 17-20, 25-29 et 33-37, avec fig. Voir aussi La vie de société dans le Pays de Vaud à la fin du XVIIIe siècle, par M. et Mme W. de Sévery, t. Ier, p. 210, avec 2 pl. [retour]

Note 1, page 288 : Impr. dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, 1907, t. XLV, p. 449-475; t. XLVI, p. 97-127, 299-329, 514-525. Réimprimé à part, Lausanne 1907, in-12, 155 pages. [retour]

Note 2, page 288 : Impr. Lausanne, 1908, in-8, 48 p. [retour]

Note 3, page 288 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1907, p. 171-184 et 201-213. [retour]

Note 4, page 288 : Impr. dans son ouvrage L'art barbare dans l'ancien diocèse de Lausanne, 1909, p. 19-33, avec pl. [retour]

Note 5, page 288 : Ce sujet avait déjà été résumé par son auteur dans le Journal d'Yverdon du 20 août 1901, sous le titre : Un Papegay pour les enfants. Noyez, aussi du même : Le tir du Papegay à Yverdon, dans la Revue historique vaudoise, 1907, p. 139-145, 161-170, surtout les p. 168-170. [retour]

Note 1, page 291 : Impr. dans la Revue militaire suisse, 59me année (1914), p. 1-10, 73-87, avec une carte, deux pl., et le tableau graphique de l’ordre de bataille de l’armée bourguignonne. [retour]

Note 2, page 291 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1908, p. 289-302 et 321-337. [retour]

Note 1, page 296 : Cette communication a été publiée par son auteur dans les Mémoires de la Société d’Emulation de Montbéliard, XXXVe volume (1908), p. 145-322, sous le titre : « Autour d’un prêt hypothécaire. Voltaire créancier du Wurtemberg. Correspondance inédite publiée avec un commentaire et des planches. Préface de M. Henry Roujon, de l’Institut. » [retour]

Note 1, page 297 : Voir ses notices sur les Fouilles romaines de Martigny, avec illustrations, dans Le Monde moderne, n° 107, juillet 1903, et dans la Revue suisse de numismatique, 1908, p. 362-365. [retour]

Note 1, page 298 : Impr. dans la Revue d’histoire ecclésiastique suisse, Stans, 1909, p. 102-122. [retour]

Note 1, page 301 : Impr. dans les Archives héraldiques suisses, 1910, p. 131-137. [retour]

Note 2, page 301 : Revue suisse de photographie, 1890, p. 16-20. [retour]

Note 1, page 302 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1911, p. 1-9, 50-58, 65-72, 97-108. [retour]

Note 2, page 302 : Ces renseignements ont été insérés à la fin du travail publié par M. van Muyden. Voyez encore, comme complément à ce mémoire, l’article publié par M., W. de Sévery dans la Revue historique vaudoise, 1914, p. 29-31 : L’élection d’un juge à Lausanne en 1758. [retour]

Note 1, page 306 : Voyez les lignes qu’il leur a consacrées dans son ouvrage Pages d’histoire lausannoise, Lausanne, 1911, p. 102, et aussi un article de Ch. Pasche dans la Revue historique vaudoise, 1896, p. 316 et 317. [retour]

Note 2, page 306 : Impr. dans les Annales fribourgeoises, 1913, p. 184-190 et 193-201. [retour]

Note 1, page 309 : Impr. dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, 1910, t. LVIII, p. 285-303, 525-545; t. LIX, p. 112-135, sous le titre : Camisards et partisans dans le Pays de Vaud. [retour]

Note 1, page 310 : Voyez La vie de société dans le Pays de Vaud à la fin du XVIIIe siècle, t. I, p. 6-44. [retour]

Note 2, page 310 : Impr. dans la Revue d'histoire ecclésiastique suisse, 1911, p. 1-9, au commencement de l’article intitulé L'évêque de Lausanne, comte de Vaud. [retour]

Note 3, page 310 : Impr. dans la Revue d’histoire ecclésiastique suisse, 1940, p. 259-271, avec une photographie réduite. [retour]

Note 1, page 311 : Voyez La vie de société dans le Pays de Vaud, t. II, p. 327-348. [retour]

Note 2, page 311 : Impr., Lausanne, 1911, in-8 de 56 p. N’est pas en librairie. [retour]

Note 1, page 312 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1915, p. 333-344, et 1916, p. 1-24. [retour]

Note 2, page 312 : Voyez, surtout pour ce qui concerne Lausanne, son ouvrage Pages d’histoire lausannoise, Lausanne, 1911, p. 142-145 et 270-272. [retour]

Note 1, page 313 : Impr. dans la Revue d'histoire ecclésiastique suisse, Stans, 1911, p. 1-20, 105-121, avec 2 pl. [retour]

Note 1, page 314 : Impr. dans la Revue belge de numismatique, 1911, p. 237-242, fig. — Tirage à part, in-8 de 8 p. [retour]

Note 1, page 318 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1913, p. 65-71, 211-223, 225-237, 257-273, avec une planche. [retour]

Note 2, page 318 : Impr. dans la Revue d'histoire ecclésiastique suisse, 1911, p. 205-219, et dans Monasterium Acaunense, Fribourg, 1913, p. 93-110. [retour]

Note 1, page 320 : Impr. dans la Revue belge de numismatique, 1913, p. 36-48, avec planche, sous le titre: Voltaire, le Conseil de Genève et le graveur G.-C. Waechter, en 1769 et 1770. — Tirage à part, in-8 de 15, p., pl. [retour]

Note 1, page 321 : Impr. dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, avril 1913, p. 155-164. — Tirage à part, in-8 de 10 p. [retour]

Note 1, page 322 : Impr. dans la Revue Charlemagne, 1912, p. 128, avec 2 pl. [retour]

Note 2, page 322 : Voir son étude sur l'Abbaye de Payerne, impr. en 12 articles de la Revue historique vaudoise, 1912 et 1913. [retour]

Note 1, page 325 : Impr., avec des additions, dans la Revue d’histoire ecclésiastique suisse, 1917, p. 175-189, 262-278; 1918, p. 23-42. - Tirage à part [1918], in-8 de 52 p. [retour]

Note 1, page 326 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1914, p. 250-254, 257-270, 289-302. [retour]

Note 2, page 326 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1914, p. 199-212. [retour]

Note 1, page 329 : Voyez sur ce sujet la notice de MM. Gruaz et Viollier dans l'Indicateur d'antiquités suisses, 1914, p. 257-275, 1915, p. 1-18, avec pl. et fig., . et celle de M. Victor-H. Bourgeois dans la Revue historique vaudoise, 1915, p. 305-315 et 321-333, fig. [retour]

Note 2, page 329 : Impr. dans la Revue d'histoire ecclésiastique suisse, 1914, p. 15-24. [retour]

Note 1, page 331 : Cf. Henri de Mirmand et les réfugiés de la Révocation de rédit de Nantes, 1650-1721, par Mme Alexandre de Chambrier. Neuchâtel et Paris, 1910, in-8°. Appendice, p. 69-71. [retour]

Note 2, page 331 : L’auteur ignorait cette provenance à l’époque où il faisait sa communication. Ce détail, qui s’est révélé plus tard, confirme les conclusions auxquelles il était arrivé. [retour]

Note 1, page 332 : Imprimé dans la Feuille d'avis de Lausanne du 23 juin 1914. [retour]

Note 1, page 335 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1915, p. 289-298. [retour]

Note 2, page 335 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1915, p. 240-245, avec 1 pl. [retour]

Note 1, page 337 : Impr. dans la Revue d’histoire ecclésiastique suisse, 1915, p. 241-249. [retour]

Note 2, page 337 : Impr. comme introduction à la réimpression du poème de Bugnin dans le Recueil de travaux de la Faculté des lettres de l'Université de Neuchâtel, 6e fascicule, Paris et Neuchâtel, 1916, in-8 de 93 p. [retour]

Note 1, page 338 : Impr. dans la Revue suisse de numismatique, t. XXI, 1917, p. 61-80, avec fig. et un Appendice. — Tirage à part, in-8 de 22 p. [retour]

Note 1, page 340 : Impr. dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, octobre et novembre 1916, p. 51-67, 299-315. [retour]

Note 2, page 340 : Impr. dans l'Indicateur d’histoire suisse, 1916, p. 236-268. — Tirage à part, 1917, in-8 de 12 p. [retour]

Note 3, page 340 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1917, p. 33-53. [retour]

Note 4, page 340 : Impr. dans la Revue suisse de numismatique, t. XX, 1916, p. 274-278, fig. — Tirage à part, in-8 de 7 p. [retour]

Note 5, page 340 : Ce travail, augmenté et remanié, a été publié dans la Revue d’histoire ecclésiastique suisse, 1917, p. 18-28, sous le titre : Un rôle de cens pour le chapitre de Lausanne en l’an mille. — Tirage à part, in-8 de 11 p. [retour]

Note 1, page 341 : Impr. dans le Bulletin de l'Association Pro Aventico, XIII, 1917, in-8, p. 43-61, avec 4 pl. et 4 fig. [retour]

Note 1, page 342 : Fragment du mémoire intitulé : Le culte préhistorique du soleil et le cimier des armes de Genève, impr. dans la Revue suisse de numismatique, t. XX, 1917, p. 309-360, avec pl. et fig. — Tirage à part, in-8 de (iv-] 62 p. [retour]

Note 1, page 344 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1917, p. 353-366, sous le titre : César de Saussure et la Société des francs-maçons de Londres en 1739. [retour]

Note 1, page 345 : Impr. dans la Revue historique vaudoise, 1918, p. 6-18. [retour]

Note 1, page 347 : Impr. dans la Bibliothèque universelle et Revue suisse, juillet 1918, p. 71-88. [retour]

Note 2, page 347 : Impr. dans l'Indicateur d'histoire suisse, 1917, p. 223-243. — Tirage à part, in-8 de 23 p. [retour]

Note 1, page 363 : Les membres de la Société d’histoire de la Suisse romande sont admis sans ballottage à faire partie de la Société suisse d’histoire (§ 2 des Statuts de la Société suisse d’histoire). [retour]

 


 

 

 

 

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