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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Maxime REYMOND

L’Abbaye de Montheron

Dans MDR, Seconde série, 1918, tome X, pp. 1-242

© 2025 Société d’histoire de la Suisse romande

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L’ABBAYE DE MONTHERON

PAR

MAXIME REYMOND

 

L’auberge actuelle de Montheron
L’auberge actuelle de Montheron

De Lausanne, la route remonte la vallée de la Louve ou de Bellevaux 1 puis inclinant à droite, touche au Petit Mont et au Grand Mont, traverse le Budron et, après Cugy, descend lentement pour arriver à une scierie qu’alimente le Talent. Là, la route bifurque. Il faut tourner à droite, suivre la côte boisée de la rivière, et au bout de quelques minutes, l’on arrive à une hospitalière auberge, qui semble au centre d’un verdoyant cirque de collines.

On peut aussi atteindre l’auberge par une seconde route, qui conduit au Chalet-à-Gobet et à la place d’armes de Mauvernay. Là, le promeneur prend à gauche le chemin de la forêt du Jorat; en automne surtout, au moment des rouges frondaisons, le spectacle est merveilleux. Il passe du bois de Corbessières à celui des Liaises, s’arrête un instant dans les charmantes éclaircies que l’on nomme Chalet Boverat et Chalet des Enfants, puis, par une belle avenue dans le bois de Benenté, débouche droit au-dessus de l’auberge.

Rien à l’extérieur ne révèle le passé de cette hôtellerie, /2/ depuis près de quatre siècles propriété de la ville de Lausanne. Mais entrez: la maison bernoise repose sur les fondements d’un bâtiment qui eut jadis une autre destination. Nous sommes en effet à Montheron, et cette auberge est ce qui reste d’une abbaye de cisterciens qui, pendant quatre cents ans, étendit ses bienfaits autour d’elle.

Arrêtons-nous, et évoquons son histoire.

 

De l’origine du couvent et de ses biens.

I. — Les moines de Cîteaux1.

Rappeler le souvenir des moines de Cîteaux, c’est remémorer le magnifique spectacle de la réforme monastique au début du douzième siècle. Las du luxe qui avait gagné les églises épiscopales et même les couvents de l’ordre de Cluny, un certain nombre d’esprits vraiment religieux entreprirent de rétablir la discipline de saint Benoît dans toute son intégrité, et de donner au monde l’exemple de la simplicité, de l’austérité, de la mortification, de la piété et de l’humilité.

L’exemple fut contagieux. La Chartreuse, Molesmes, Prémontré, ouvrirent la voie. Cîteaux et sa filiale Clairvaux poussèrent à la perfection la règle de vie restaurée. Les moines de Cîteaux ne recherchent ni l’étude ni la prédication, ils ne confessent point: leur but essentiel, unique, est la prière, la prière individuelle et la prière en commun, et le travail manuel est leur seul délassement. /3/ Ils vivent à l’écart des villes, fuient la fréquentation des laïques, observent la chasteté, l’obéissance, et se privent volontairement de toute jouissance. Ils vivent de légumes bouillis à l’eau, sans épices; pas de viande, peu de poisson, peu de vin. Ils dorment tout habillés, sur une paillasse, entre deux couvertures, dans un dortoir jamais chauffé.

Couchés à 9 heures, ils se réveillent à 2 heures du matin pour les vigiles, chantent laudes à 5, prime à 6, tierce à 9, sexte à midi, none à 3, vêpres à 6 et compiles à 7 ou 8 heures. Entre deux, le silence et le travail, interrompus par un seul repas à 2 heures en hiver, et par deux, à midi et à 6 heures, en été. La prière prend au cistercien environ six heures, et le travail manuel environ sept heures; la durée du travail intellectuel varie entre deux et cinq heures suivant la saison.

Pour le travail manuel, les moines sont assistés de frères convers, dispensés du plus grand nombre des offices, et chargés, en revanche, des gros ouvrages. Mais les convers sont eux-mêmes des religieux, astreints à la même règle de vie, à la même austérité. Ce travail manuel ne vise au surplus que la production de ce qui est nécessaire à l’entretien des couvents: tout trafic, toute spéculation sont interdits.

L’abbé du monastère, nommé par les moines eux-mêmes, jouit d’une autorité absolue sur les religieux. Il doit les consulter, mais il n’est pas tenu de suivre leur avis. Seulement, il peut être censuré et même déposé par le chapitre général de l’ordre. Chaque jour, après la messe matinale, la communauté se réunit au /4/ chapitre. L’abbé y règle les intérêts et les besoins de la communauté; le moine coupable de quelque faute l’avoue, et il est puni publiquement par l’abbé. Après une lecture spirituelle, celui-ci dit quelques mots qui, le dimanche, deviennent une véritable allocution.

L’abbé est secondé par un prieur, et au besoin un sous-prieur. Le cellérier a l’administration financière, le sacristain a le soin de l’église, et le chantre celui du chant. Le portier reçoit les voyageurs et l’hospitalier héberge tous les passants qui, se rendant à travers la campagne d’une ville à une autre, demandent un asile momentané. L’infirmier a soin des malades. Les domaines dispersés ont à leur tête un convers que l’on nomme grangier ou magister.

Le couvent primitif n’est formé que de simples cabanes de bois. L’église abbatiale est la simplicité même: pas de mosaïque, de sculpture, de peinture: les quatre murs bruts, pas même blanchis à la chaux. Pas d’ornement ni de vases d’or ou d’argent: qu’on en donne le prix aux pauvres.

Telle est la règle que proposa saint Bernard et que Montheron mit en pratique. Elle suscita l’enthousiasme aussi bien des grands que du peuple avide de paix et de simplicité, et les monastères cisterciens se multiplièrent, comme devaient le faire les ordres mendiants au siècle suivant. Mais dans cette faveur même, qui fut la source de grandes libéralités, les moines trouvèrent les germes du relâchement qui finit par énerver leur règle de vie, amollir leur pratique d’austérité et diminuer l’action bienfaisante qu’ils exerçaient autour d’eux. /5/

 

II. — Saint Bernard à Lausanne.

De cette réforme monastique, il est juste de dire que le diocèse de Lausanne fut l’un des premiers à bénéficier. Girard de Faucigny (1107-1129) attira successivement les moines de Molesmes à Saint-Sulpice, les Prémontrés au Val-de-Joux et les Cisterciens à Montheron. Son successeur Gui de Merlen (1129-1144) établit les Cisterciens à Hautcrêt et à Hauterive, et favorisa les chanoines augustins de Saint-Maurice, du Saint-Bernard et de Montbenoît. Saint Amédée, qui vint ensuite (1144-1159), Cistercien lui-même, réforma le monastère lausannois de Saint-Maire. Tous enfin prirent à cœur de développer l’esprit religieux de leurs ouailles.

Ces trois évêques furent en relations personnelles avec saint Bernard, dont la carrière monastique s’étend de 1115 à 1153. Girard de Faucigny avait dû renseigner l’abbé de Clairvaux sur l’hérésiarque Henri, qui avait prêché ses erreurs à Lausanne avant de se rendre en France 1. Le 25 mars 1124, il avait assisté à la consécration du monastère cistercien de Lucelle en Franche-Comté 2, et il y avait trouvé Pons, le premier abbé de Bellevaux, à qui il allait demander bientôt un de ses religieux pour fonder un couvent semblable dans son diocèse. Gui de Merlen reçut une fois ou deux la visite de l’abbé de Clairvaux. Amédée de Hauterive avait été moine dans ce dernier couvent, et saint Bernard l’avait choisi lui-même /6/ pour en faire un abbé de Hautecombe 1. Peut-être même contribua-t-il à le faire nommer évêque de Lausanne, et c’est à lui probablement qu’il écrivait, disant que dans l’œuvre pénible que le nouveau prélat commençait, il avait besoin de force, de prudence, de justice et surtout de tempérance 2.

Nous venons de dire que l’abbé de Clairvaux vint lui-même à Lausanne. Un de ses biographes rapporte en effet que Bernard « allait paisiblement, monté sur un âne, de Lausanne à Genève; il mit tout un jour à faire cette course le long du lac Léman, et ne vit point ce lac, ou ne vit point qu’il le voyait. Sur le soir, quand ses compagnons de voyage vinrent à en parler, il leur demanda où était donc ce beau lac, et ils furent tous grandement émerveillés 3 ». Saint Bernard était si préoccupé par ses pieuses réflexions qu’il n’avait pas pensé à lever la tête et à regarder autour de lui.

Il y a quelque intérêt à essayer de dater ce passage de saint Bernard à Lausanne. Ce fut très probablement au retour d’un des trois voyages que l’abbé de Clairvaux fit en Italie.

Le premier date de 1133. Arrivé de France à Pise au mois de février, saint Bernard quitta Rome au mois de juin et on le revoit à Cambrai en juillet ou août. Son itinéraire ne nous est pas connu.

En 1135, l’abbé de Clairvaux, s’étant rendu de la cour impériale de Bamberg en Bavière au concile de Pise, /7/ passa l’été en Lombardie, et quitta Milan en octobre pour arriver à Besançon à la fin du même mois.

Le troisième voyage de saint Bernard date de 1137-1138. L’abbé quitta Rome le 3 juin, et se trouvait trois semaines après à Lyon, vraisemblablement sans avoir passé par le Mont-Joux et Lausanne.

On ne peut donc retenir que les deux premiers voyages, sans pouvoir choisir entre les mois de juillet 1133 et celui d’octobre 1135 1. Saint Bernard a sûrement passé à Lausanne à cette dernière date, mais il y fut peut-être aussi en 1133 2.

Que l’on adopte l’une ou l’autre de ces dates, elles offrent cet intérêt particulier qu’elles coïncident avec les dates de fondation des monastères de Hautcrêt et de Montheron. La dotation de la maison de Hautcrêt par l’évêque Gui est en effet de 1134 3, et nous croyons qu’il faut fixer au 25 mars 1135 l’installation des moines de Montheron. On peut par conséquent admettre que ces deux établissements furent fondés sous l’inspiration immédiate de saint Bernard.

 

III. — La date de fondation de l’abbaye de Montheron.

L’acte de fondation du monastère de Montheron nous manque. Nous ne connaissons qu’un acte de confirmation /8/ des biens du couvent, émanant de l’évêque Gui de Merlen et daté du 21 janvier 1142 1.

Dans ce document, l’évêque Gui déclare que le terrain sur lequel s’élève l’église a été donné par son prédécesseur, Girard de Faucigny, à frère Guillaume, religieux de Bellevaux (en Bourgogne), sous cens d’une livre de cire payable à la fête de la Purification de la Vierge Marie. L’évêque Girard étant mort le 1er juillet 1129 2, la donation du terrain est donc antérieure à cette date, et ainsi la création de l’abbaye de Montheron aurait été l’une des premières œuvres du couvent de Bellevaux qui, lui-même, avait été fondé le 22 mars 1120 3. Nous ne savons pas si le moine Guillaume put achever la tâche qui lui avait été confiée, car il n’était plus à Montheron en 1142. La charte de l’évêque Gui est adressée à Jean, abbé de la Grâce-Dieu 4.

Ce nom de la Grâce-Dieu, qui est celui que portait /9/ primitivement le couvent de Montheron, doit nous arrêter. Les Annales de Cîteaux, de Manrique, signalent en effet qu’une abbaye de la Grâce-Dieu fut fondée le 25 mars 1135 1. Or, à défaut de l’acte de fondation et des livres liturgiques du monastère qui ont disparu, nous voyons qu’un des notaires de l’abbaye, Perrod Collondel, qui instrumentait en sa faveur au commencement du quinzième siècle, inscrit par deux fois dans l’un de ses minutaires 2 qu’en l’an 1135, le huitième des ides d’avril, fut fondé le monastère de Thela ou de Montheron. Remplacez ides par calendes, et la date concorde absolument avec celle des Annales de Cîteaux. Cela est d’autant plus remarquable que Collondel ne mentionne pas le nom primitif de la Grâce-Dieu, qui n’apparaît que dans un seul document relatif à Montheron, et que, par conséquent, il ne s’est pas inspiré de la source qu’a utilisée Manrique. Si Perrod Collondel a reproduit la date de 1135, c’est que c’était bien là la tradition des moines de Montheron.

Mais il y a une objection. L’ordre de Cîteaux connaît d’autres monastères du nom de la Grâce-Dieu, l’un en Bourgogne, l’autre dans l’Aunis. Le premier a été fondé le 25 mars 1139 3, et il est par conséquent hors de cause. Mais le second, dans l’Aunis, porte également la date du 25 mars 1135 4, et l’on peut se demander s’il n’y a pas confusion entre le couvent lausannois et celui-ci.

Il est à remarquer que des douze catalogues des abbayes de Cîteaux, antérieurs au XVIe siècle, que cite /10/ le P. Janauschek dans ses Origines cistercienses1 les deux plus anciens, P. et B., qui sont du XIIe et du XIIIe siècle, ne mentionnent ni l’un ni l’autre des deux établissements; ils sont d’ailleurs incomplets, comme les suivants. Le manuscrit BI, qui est du milieu du XIIIe siècle, ne connaît que le couvent de l’Aunis, mais il y manque d’autres monastères de notre région, tels que Claire-Fontaine en Bourgogne (1132) et Tamié en Savoie (1137). La recension W, du début du XIVe siècle 2, indique à la fois Thela et la Grâce-Dieu en Aunis, et dès lors tous les manuscrits connaissent les deux couvents et mettent leur fondation à la même date.

D’où l’on peut conclure qu’au moyen âge, on admettait parfaitement que les deux couvents avaient été fondés le même jour, et on les distingue dès le XIVe siècle parce qu’à ce moment ils portaient deux noms différents, Thela, Montenon ou Montheron pour l’un, la Grâce-Dieu pour l’autre. Le premier monastère ne porte, en effet, le nom de Grâce-Dieu que dans la charte épiscopale de 1142, et aucun catalogue ne le désigne sous ce vocable. Il n’a donc pu y avoir de confusion. C’est une pure coïncidence qui a fait donner le même nom à deux établissements consacrés la même année à la fête de l’Annonciation 3, très éloignés l’un de l’autre et dépendant de maisons-mères différentes. Il est même probable que le nom de la Grâce-Dieu a été abandonné par le monastère vaudois précisément pour éviter une confusion, en même /11/ temps que le transfert de lieu dont nous allons parler peut l’expliquer aussi.

Mais il y a une autre objection. C’est avant 1129 que l’évêque Girard de Faucigny a donné le terrain nécessaire à la construction du couvent, et non pas en 1135. C’est vrai, mais entre la donation du sol et la construction de la maison, il peut s’écouler un certain temps. De même entre cette construction et l’érection du monastère en couvent autonome. C’est ainsi que le terrain de Hautcrêt fut donné à l’abbé de Cherlieu en 1134 1; celui-ci y édifia une église et une maison, mais il les possédait encore en 1141 2, et ce n’est que le 14 mars 1143 3 que Hautcrêt reçut une organisation distincte, avec un abbé particulier (Magnus dès 1150 4). Le moine de Bellevaux, qui a bénéficié vers 1128 de la donation de Girard, a fait les premiers travaux: le monastère de la Grâce-Dieu n’a eu sa vie propre que dès le 25 mars 1135 5, et dès 1147, l’évêque saint Amédée l’appelle « maison de Thela 6,  » nom qu’il conservera de préférence dans la suite.

 

IV. — Où l’Abbaye fut fondée.

Monastère de Thela ! C’est ici le cas de se poser une question en apparence saugrenue, mais qui n’en est pas moins sérieuse: celle du lieu de fondation du couvent. /12/

Nous avons dit que l’acte de fondation manque, et que nous avons seulement un acte de confirmation de biens du 21 janvier 1142 1. Or, ce document dit ceci: l’évêque Girard de Lausanne avait donné au frère Guillaume le terrain où est située l’abbaye — la grange du Jorat, suivant une confirmation de 1147 2 — allant du Jorat au flon Perjura d’une part, du flon Mein à la Chamberonne de l’autre. L’évêque Gui confirme cette donation, ainsi que celle faite par le comte Amédée de Genevois d’une autre terre touchant l’abbaye, et qui se limite «  comme le chemin de Montmorin conduit à la Pierre Agusaria et comme se divise la terre des Awines de la terre du Jorat.  »

Ces mêmes limites reviennent dans un acte du mois d’octobre 1288 3, et par lequel, ensuite d’arbitrage de noble Jean de Blonay, les nobles Warnier et Pierre de Palézieux, frères, renoncent à toutes prétentions sur certaine terre située au Jorat, et déclarent que le monastère de Thela la possède en franc et libre alleu. Cette terre est ainsi délimitée: « De l’origine du Jorat tendant du chemin de Mummulin 4 à la Pierre Ousioury, — tendant de la Pierre Ousioury à la fontaine d’où coule le flon Mayen, en suivant le ruisseau de la dite fontaine; — de la dite fontaine d’où coule le flon Maen au lieu dit Flon Perjura, autant que l’on peut aller directement du /13/ flou Mayen au flon Perjura par les bornes mises; — du flon Perjura par le ruisseau en découlant jusqu’à la Chamberina; enfin en descendant de la Chamberina vers les Ewines, et séparant la terre des Ewines de la terre du Jorat. »

Il est évident que l’acte de 1288 s’inspire directement de celui de 1142, mais les précisions qu’il donne ne facilitent guère l’identification des noms. Essayons pourtant de le faire.

Remarquons tout d’abord qu’aucun de ces lieux-dits ne se retrouve dans le vallon de Montheron. Tout au plus pourrait-on rapprocher la terre des Awines d’un chemin des Avinier qu’une délimitation de 1413 1 place vers la Grange neuve au-dessus de Montheron, mais étymologiquement cette identification est difficile.

D’autre part, si les seigneurs de Palézieux disputaient en 1288 ce terrain aux moines, c’est que ce terrain touchait à leurs propriétés. Or, ils ne possédaient rien dans le vallon de la Thela. Mais au sommet du Jorat, ils avaient de grands bois que le chemin de l’hôpital de Sainte-Catherine séparait de ceux du Jorat proprement dit, situés au-dessus. Dix ans plus tard, le 29 juin 1298 2, nous voyons Warnier de Palézieux abandonner tout son patrimoine en terres, bois, etc., à Louis de Savoie qui, le 5 juillet 1300 3, les céda à l’évêque de Lausanne. C’est ce que l’on nomme aujourd’hui les Grands Bois ou le Bois du Grand Jorat, au midi de Sainte-Catherine.

Le conflit entre l’abbaye de Thela et les seigneurs de /14/ Palézieux était ancien. Déjà Pierre de Palézieux, le père des deux contractants, avait délimité 1 ses pâturages en la Condeminaz au Jorat de ceux des religieux. Ses fils avaient eux-mêmes passé une transaction à ce propos en 1282 2. Néanmoins, la querelle avait continué. Le chevalier Richard de Corbières, bailli du pays romand pour Rodolphe de Habsbourg, avait dû intervenir en 1285 3 et assurer aux religieux leurs possessions « adjacentes au Jorat », ainsi que l’usage de la forêt. A la suite de cette déclaration, les nobles de Palézieux firent un nouvel accommodement en 1285 4, et enfin l’arbitrage de Jean de Blonay termina le différend.

Les domaines de l’abbaye de Montheron qui touchaient aux propriétés des nobles de Palézieux, se trouvaient au midi de leurs bois, sur la hauteur faisant face au lac Léman. Les archives communales de Lausanne possédaient autrefois une carte du XVIIe siècle, intitulée: « Plan des lieux-nommés en Condeminaz, en la Caudraz, en Donabard, Pierre Ussieray, sur le Mont et les Raspes de Lutry 5 ». Cette carte n’existe plus, mais nous possédons différents documents établissant l’existence des biens du couvent dans ces parages. [Voir Additions: P. 14]

C’est en 1254 6 la reconnaissance d’un censitaire pour le pré de Fontaine inverse, au territoire de Condeminaz, vers le pré de la Coudraz; en 1455 7 l’abergement d’un pré au territoire de la Condeminaz, vers le pré à la Lionaz, etc. Ce sont d’autre part des reconnaissances de /15/ cens passées en 1389, 1390 1, etc., pour des terres situées en Pierre Ussiery. Ces terrains passèrent en 1537 de l’abbaye de Montheron à la ville de Lausanne et celle-ci s’en défit en 1730 2 seulement, par cession à l’Etat de Berne.

Prenez maintenant une carte, et vous verrez que ces domaines de Pierre Ussiery, de la Condemine, de la Coudre, de Donabard se trouvent entre les grands bois du Jorat et la nouvelle route des Monts de Lavaux qui passe à la Claie aux Moines.

Ces explications données, nous pouvons reprendre l’étude du domaine primitif de l’abbaye, tel qu’il est délimité par les actes de 1142 et de 1288. Nous avons à présent deux points de repère solides: la Petra Agusaria de 1142, plus tard Ousioury, Ussiery, est la Pierre Ozaire, qui est au midi des Grands Bois près de la naissance du ruisseau de ce nom; la Chamberonne est le ruisseau qui naît au bois de Nialin, passe au midi de la Claie aux Moines pour se jeter dans la Paudèze près de Belmont.

Une troisième identification se présente à l’esprit: la terre des Awines ou des Ewines est la Mollie d’Aveinaz, entre Sainte-Catherine et Pierre Ozaire. Ce nom doit être rapproché d’Evionnaz (Ewinna vers 1040 3) et d’Evian 4, et signifie un lieu d’où coulent plusieurs sources, ce qui convient très bien à la Mollie d’Aveinaz. Mais il y a une grosse objection: la délimitation de 1288 dit descendre le cours de la Chamberonne pour aller vers les Ewines et séparer la terre des Ewines de /16/ celle du Jorat; or la Chamberonne coule en sens contraire. En réalité, le terme descendere doit être pris simplement dans le sens de suivre. C’est ainsi que l’emploie aussi le notaire qui fit en 1413 1 la délimitation de la seigneurie de Montheron et qui à certain moment descend, c’est-à-dire suit le cours du Talent, alors qu’en fait il le remonte. Le texte de 1288 veut simplement dire que de la Chamberonne on va vers les Ewines.

De même, le chemin de Montmorin ou de Mummulin est sans doute celui de Montmoirin ou de Montmoiret qui va de Rovéréaz à Montblesson. Seulement, il faut admettre qu’il ne perdait pas son nom à Montblesson (qui n’existait pas alors), mais le conservait plus haut, jusque dans la région de Pierre Ozaire.

Quant aux flons Mein et Perjura, le premier est peut-être le ruisseau de Pierre Ozaire et le second l’une des sources de la Chandelard, mais il ne nous paraît pas possible de préciser davantage.

Ce que nous savons suffit d’ailleurs pour dire que le domaine primitif donné aux Cisterciens par l’évêque de Lausanne et le comte de Genevois n’était pas au bord du Talent, mais au sommet du Jorat, sur les routes qui vont maintenant du Chalet-à-Gobet à Savigny. Frédéric de Gingins le pensait déjà 2. Il est possible que le nom de la Claie aux Moines en rappelle le souvenir; toutefois, ce nom peut être dû aux religieux de Lutry et de Payerne qui avaient aussi des biens en cette région.

Il nous reste une difficulté à résoudre. L’acte de 1142 /17/ dit formellement que là est construite l’abbaye. Qu’est donc devenu ce premier monastère, commencé vers 1130, debout en 1142 et dont on n’entend plus parler dès lors ? Il faut se souvenir que les premières abbayes cisterciennes étaient fort simples et ne se distinguaient pas des granges elles-mêmes 1. La grange du Jorat, qui est citée en 1147, 1163, 1177 et 1184 2 et qui est évidemment la même que la grange de Condeminaz mentionnée en 1276, 1325, 1337 3, n’est probablement pas autre chose que le couvent initial désaffecté. Cette grange devait se trouver dans une combe à l’est du collège actuel du Martinet.

On pourrait aussi supposer que les édifices primitifs étaient à la Mollie d’Aveinaz (si c’est la terre des Awines). Dans ce cas, ils n’auraient pas complètement perdu leur caractère religieux. C’est, en effet, à la Mollie d’Aveinaz, sur la route de Moudon, que fut établi l’hôpital du Jorat, autrement dit de Sainte-Catherine. Nous ne connaissons aucun titre de cet hôpital, dont la première mention est de 1228 4. Son origine est ainsi inconnue. A-t-elle un rapport avec l’abandon par les Cisterciens de Montheron de leur premier couvent ? Nous ne le croyons pas, mais enfin la question peut se poser. /18/

 

V. - Le domaine de Montheron-Froideville.

Quoiqu’il en soit de ces conjectures, le monastère cistercien était, en 1147 1 déjà, établi au bord du Talent 2. En cette année-là, l’évêque saint Amédée confirma les biens de la « maison de Thela », parmi lesquels se trouve une terre contiguë à l’abbaye et touchant au Talent.

Il est question en 1154 3 de certain désert qui se trouvait devant la porte de l’abbaye. Il ne faudrait pas en conclure que cette région était un lieu abandonné. Le monastère de Montheron fut en réalité construit à un carrefour, à un passage sur la rivière. La route de Lausanne à Dommartin, par Cugy et Poliez-Pittet, y passait, et cette route paraît avoir été fréquentée dès l’époque romaine 4. Au passage du Talent, elle se reliait à un chemin, la vy Visana, qui remontait la forêt du Jorat et rejoignait la route de Lausanne à Moudon.[Voir Additions: P. 18]

Les bords du Talent en cet endroit appartenaient à la famille des seigneurs de Goumoëns qui tenaient de /19/ l’évêque la foresterie du Jorat et étaient les personnages les plus puissants de la région. Gui Barata 1 était probablement alors le chef de la maison, et c’est lui qui donna aux moines de Cîteaux — ou plutôt à l’évêque son suzerain qui le leur céda — le principal domaine sur lequel ils se fixèrent.

Ce domaine formait trois parties essentielles, que l’acte épiscopal de 1142 délimitait en ces termes:

1o La terre de Montenon, avec ses dépendances, qui touche au chemin Visana2 lequel conduit au Jorat. Nous venons de dire que cette voie est celle qui remonte de l’abbaye au Chalet-à-Gobet. La preuve en est donnée par deux actes de 1307 3, qui indiquent que le domaine des Saugealles suit une limite allant, entre autres, de la fontaine de Saint-Hippolyte au Jorat vers la vy Visana descendant jusqu’au Talent.

La terre de Montenon ou de Montheron 4 est donc le vallon même où fut élevé le couvent, et probablement /20/ aussi le terrain s’étendant à l’est vers Froideville. La charte de l’évêque Landri de 1163, les bulles de 1177 et de 1184, parlent de la grange de Montenon. Si ce n’est pas la ferme même touchant au couvent, ou plus exactement le domaine agricole entourant l’abbaye, c’est la grange de la Ramaz, qui fait face au monastère de l’autre côté de la rivière et qui est mentionnée dès 1337 1.

2o Certaine partie du Jorat, suivant le ruisseau de Longefange, qui tend au fleuve de Montuis, le mont dont dépend le Montuis séparant le petit bois du grand jusqu’à la terre de Montenon, suivant le Montuis se jetant dans le Talent, ainsi que le chemin de Saint-Hippolyte au Jorat. Ce second terrain est la partie méridionale de la commune de Froideville. Le ruisseau de Longefange coupe en deux le village: on le nomme riau à Muny 2, mais le nom de Longefange a été conservé pour un terrain situé entre le cours d’eau et la vieille route de Dommartin. Le ruisseau de Montuis est celui qui se jette dans le Talent tout près du premier, et prend naissance à la Mollie du Raffort; c’est aujourd’hui le riau de la Moitié à Blaise, et les sources se nomment riau des Esserts et riau des Rayes aux moines, mais une délimitation de 1337 3 le désigne clairement sous le nom de ruisseau de l’Emmentuis.

3o La terre des Alloux, qui continuait la précédente à l’est. Il y a une autre terre de ce nom au Buron près de /21/ Penthéréaz, que les Goumoëns cédèrent aussi à l’abbaye. Mais il s’agit bien ici de la première terre. En 1337 1 les moines déclarent formellement qu’ils possèdent de toute ancienneté le territoire appelé du Raffort et des Alloux.

Guillaume Barata de Goumoëns n’était pas seul possesseur de la terre de Montenon. Les nobles Humbert d’Aubonne, Turimbert et Jordan d’Eclépens avaient sur elle et ses revenus des droits qu’ils abandonnèrent en 1154 2. Leurs héritiers les revendiquèrent encore: Guillaume d’Eclépens et Gui de Goumoëns ne passèrent des accords définitifs qu’en 1187 et 1190 3.

A ces donations des Goumoëns, d’autres s’ajoutèrent rapidement.

4o En 1147 4, Guillaume et Conon d’Ecublens donnèrent le lieu contigu à l’abbaye, allant de la terre de Saint-Hippolyte à celle de Cugy, de Plannavy au Talent. Guillaume Grillard, qui confirma cette donation en 1154 2bis parle du « désert situé devant la porte de l’église de Thela. » C’est probablement l’origine du domaine de Plannavy 5 ou de la Grange-Neuve 6.

5o En 1154, Humbert d’Aubonne donna à son tour la terre du Boz Lambert, près de Penthéréaz, ainsi que tout ce qu’il avait en la terre d’Archens et sa part des dîmes de Montenon 7. Il faut entendre par là non seulement la terre, mais le bois d’Archens, car en 1293 une /22/ de ses descendantes, Etienna, fille de Pierre Puthod d’Aubonne et femme de Jean de Saint-Oyend, abandonna à l’abbaye toutes ses prétentions, provenant d’héritage, sur et dans le Boz Lambert et le bois d’Archens, en prés, champs, vignes, chesaux, etc 1.

6o Avant 1163 2, Jordan d’Eclépens et son neveu Guillaume cédèrent certaine terre devant l’abbaye, que l’on appelle mont Benestel. C’est ce que l’on nomme maintenant par corruption forêt de Benenté. En 1184, Pierre de Goumoëns de la Tour abandonna la moitié des dîmes de Montenon et de Sagelys 3, l’autre moitié ayant déjà été cédée en 1154 par Guillaume et Ulrich d’Ecublens et Humbert d’Aubonne. Or, en 1307 4, Guillaume de la Sarra, donzel, fils de feu Othon d’Eclépens, chevalier, ainsi qu’Aubert Grasset de la Sarra, chevalier, et son fils, se désistèrent de leurs prétentions sur le mas des Saugealles, allant du ruisseau de Glatigny et du chemin de Plannavy à la vy Visana, dans le Jorat, du chemin de Saint-Hippolyte au Talent. On voit par là que la grange des Saugealles, mentionnée par l’évêque Landri en 1163 (Sagelez en 1182 5), était comprise dans le Mont Benestel; elle fut agrandie plus tard par des acquisitions des nobles Bevroz (1293-1303 6) et de la ville de Lausanne (1337 7). En outre, une partie du Benenté arrondit le domaine de Plannavy ou de la Grange-Neuve. En 1303 8, /23/ Jean et Henri d’Ecublens, fils de Jean Grant, chevalier, abandonnèrent leurs droits sur le mont Benestel et sur Jean Peney, le grangier de Plannavy.

7o En 1154 1 Guillaume de Mais abandonna aux religieux certains déserts et vignes qu’il tenait d’Albert Fiber de Lausanne, de la famille des Bevroz. Albert Fiber confirma cette cession. Mais l’abbaye n’en jouit pas paisiblement, car la propriété de ces biens était contestée. Finalement, en 1160 2, l’évêque et le chapitre de Lausanne abandonnèrent au couvent tout ce qu’Albert lui avait donné in territorio de Dunmartin, in pago videlicet dicitur quod Vilar Tiewen sous un cens de 10 sous qui était encore payé en 1228 au chapitre 3. Plus tard, en 1317 4, Etienne Bosson, fils de feu Aymon Roncin, possédait un mas de seize poses de terre appelé le territoire de Villars Tiewen, entre la terre de Montenon et celle de l’église d’Assens. Cette même terre est appelée plus tard, en 1413 5, la terre eis Roncin, et l’on voit alors qu’elle se trouvait droit au-dessus du village de Froideville et du terrain des Communailles. En 1317 4bis, cette terre relevait du chapitre, mais devait un cens aux moines de Montheron. D’où il semble ressortir que Froideville, qui apparaît pour la première fois en 1285 6, serait, pour une part tout au moins, l’ancien Villars Tiewen.

L’ensemble des sept donations que nous venons d’énumérer a formé, ensuite des concessions épiscopales, la /24/ seigneurie même de Montheron-Froideville dans laquelle l’abbé avait pleine juridiction, hormis le droit de dernier supplice réservé à l’évêque.

 

VI. — Les limites de la seigneurie de Montheron.

Au surplus, une reconnaissance des communiers de Froideville, du 11 janvier 1413 1 délimite très exactement les bornes de la seigneurie de Montheron, de telle manière qu’on peut les suivre assez aisément sur la carte. Voici ces limites, dont nous abrégeons et modernisons l’énoncé:

De la limite de la commune de Cugy, soit du ruisseau de Glatigny, — qui vient du Jorat et se jette dans le Talent au moulin et scierie de Cugy, — au pré de la Mollie-Guerraul touchant le bois de la Rapaz et le bois des Lionettes de Lutry (aujourd’hui rasés) et rejoignant le Talent.

Suivant (descendit) le cours du Talent, jusqu’au ruz de Loselet et au chemin du bois d’Archens, qui va de Montheron à Bottens, quittant le bois pour se diriger (par le Chalet-à-Marin) vers le bois des Entos, retournant contre bise en suivant un ruisseau qui sépare le bois d’Archens du pré de l’église de Bottens, dit la Planche ouz Pryvoz.

Tendant de ce ruz au pré d’Archens, de là à un carré sur Archens et au pré Eis Melles (aujourd’hui sur les Merles), jouxte le champ Montagnier, et de ce pré — non compris — tendant par le grand chemin de Morges ou /25/ de la Villettaz jusqu’au chemin de Froideville à Bottens.

De là par le Champ Gachet — non compris — au haut des Communailles, soit au champ deis Cruez, et de là au champ de la terre eis Roncin, qui fut d’Etienne Bosson, et de ce champ — non compris — au pré de Salacon, compris, et au pré des donzels de Bottens sous le Boz Conty.

De là au pré de Longemale, puis tendant par le pré des Lionettes de Lutry (acquis par Montheron avant 1514), contre l’eau de la Mentuis (Mentue), en passant entre le pré de la Mollie-Vuiton et celui qui fut de Girard Dupraz, et descendant par ladite eau au chemin de Poliez-Pittet au Jorat.

Montant par le pré de la Mollie-Rossat au chemin de Moudon en Haut deis Alours, et par ce chemin au pré de la Mollie eis Gottroux, au carré de Mollie eis Foresteir (Mollie-Foretay).

De là tendant au pré de la Mollie de Jean Lanczot (de Jean Brimat ou Rossier en 1514), soit à la borne mise entre le Jorat et ledit pré, puis à une autre borne existant au Crestillet près de la Mentuis, jouxte le paquier de Froideville, et en longeant la rippe du Jorat au chemin du Buschy (Buchy en 1545, Boischi en 1514).

De ce lieu à une borne entre le bois de la Mollie au Charroton et l’Haut de la grande vy de Froideville, de cette borne par le pré de Ly Molliez-Henri, au ruisseau coulant sur la Mollietat, entre le Jorat et la Molliez (ruz des Rayes aux moines au XVIIIe siècle).

De ce lieu au pré des Esserts, entre ce pré et le bois des Côtes de Lausanne; puis à une borne sur le Talent, à une autre jouxte le chemin dit Ly passage des Côtes /26/ (le Passiour en 1545), à une autre borne encore à bise des chemins tendant de la grange des Saugealles au pré des Villiczat (appartenant aux Paneysat en 1514, aux Vouazat en 1545).

Puis, par la rippe des Raspes à une borne entre le bois des Raspes et le pré de (l’hôpital) Saint-Jean devant le chouchy (pâturage) des Saugealles, à une borne au haut d’Amarant (Amarey en 1514) et par la rippe des Raspes à une borne entre le bois du champ de la Chenaul et celui des Raspes.

De là, le long des Raspes au fond d’un ruz, puis à une borne signée de la croix, mise sur le pré de Saint-Hippolyte, à une autre borne près du chemin des Avineir, et par le grand riau (ruisseau des Liaises) à une autre borne au pré eis Maladoz.

Enfin, à une borne entre les Raspes et le pré eis Claustrez, puis descendant par la rippe des Raspes à une borne au pré de la Mollie-Garraul, et de là au ruz de Glatigny.

Cette délimitation comprend en substance le vallon de Montheron, depuis la Bérallaz et le ruisseau de Glatigny à l’ouest, le bois d’Archens et la forêt de Benenté, la grande clairière des Saugealles, avec la commune de Froideville jusqu’à la commune de Poliez-Pittet.

 

VII. — Les autres possessions anciennes de l’abbaye.

A côté de la seigneurie de Montheron, l’abbaye fut dotée d’importants domaines en divers lieux.

1o Dès l’origine, le vignoble du Dézaley et du Mas ou /27/ Manso (aujourd’hui Dézaley de la ville). Il fut formé de vignes et de terres incultes données par l’évêque Girard de Faucigny, les seigneurs Amédée de Blonay et Conon de Grandson, et les métrals de Puidoux. Gui de Goumoëns et Reymond de Chexbres en 1147, Gaucher de Blonay et Guillaume de Grandson en 1154 accrurent ce domaine 1.

2o Le domaine de Cugy, près d’Estavayer, constitué dès avant 1142 2 par Reymond, seigneur d’Estavayer, et Giraud, mayor de Cugy, qui donnèrent leurs parts d’une montagne pour y constituer une grange, c’est-à-dire une exploitation rurale. L’évêque Gui de Merlen donna en même temps le patronat de l’église de Cugy, ainsi qu’il ressort d’une confirmation de 1184 3. Le mayor Giraud céda en outre ses droits en Sagis et sur la terre de Destalun. Ce domaine étant trop éloigné de Montheron, ce couvent le céda pour 5000 sols le 18 octobre 1230 4 à l’abbaye de Hauterive, qui était également de l’ordre de Cîteaux.

3o La grange d’Aillerens. En 1154 5, Pierre, sire de Cossonay, et son frère Giraud, abandonnèrent tous leurs droits seigneuriaux sur Villars-Aillerens et Coneston, hameaux situés près de Moudon. En 1150, Ulrich et Landri de Goumoëns cédèrent à leur tour leur dîme de Coneston 6. Les premières donations avaient été faites en 1147 5bis par Constantin et Baudoin de Neyruz et par Alaric de Villars-le-Comte. D’autres suivirent bientôt après, du curé de Thierrens, d’Aymon et de Lando /28/ de Thierrens, de Hugues et de Pierre de Saint-Cierges, d’André de Boulens, de Philippe de Vilarvolard, du prêtre Hermann et de Guillaume Métral de Moudon. Ce sont ces donations que Pierre de Cossonay confirma en ajoutant la sienne. La grange d’Aillerens, ainsi constituée, est mentionnée en 1177 1. Pierre de Goumoëns la Tour abandonna à son tour en 1184 1bis sa part des dîmes de ce lieu. La ville de Lausanne acquit en 1536 le domaine d’Aillerens et le céda en 1760 2 à la ville de Moudon.

4o Le vignoble de Sadex. En 1154, Humbert d’Aubonne, dont nous avons déjà signalé les bienfaits, céda encore au couvent sa dîme de Sadai près du château de Prangins, ainsi que la moitié des dîmes des vignobles mouvant de lui, que les moines acquerraient en ce lieu. Quelques particuliers ajoutèrent des vignes et des terres incultes, et Pierre de Cossonay 3, qui était aussi seigneur de Prangins, approuva le tout. Le cellier de Sadex ou de Prangins est mentionné dès 1163 4, et la ville de Lausanne le possédait encore au XVIIIe siècle.

5o La grange de Pailly fut aussi formée en 1154 5. Divers particuliers, Mainier, Reymond, Georges, se donnèrent à l’abbaye, eux et leurs biens. Le chevalier Aimeri et son frère Conon en firent de même. Guillaume de Fey donna son alleu, le chevalier Henri de Goumoëns la moitié de la dîme du village. Enfin, le seigneur dominant Barthélemy de Grandson confirma le tout et ajouta /29/ le droit de pâture sur ses terres. Ce domaine, qui ne fut jamais considérable, appartenait encore à la ville de Lausanne au XVIIIe siècle. L’évêque de Lausanne saint Amédée avait en outre donné aux moines l’église de Pailly 1 mais un de ses successeurs la reprit et la donna aux chanoines de la chapelle épiscopale de Saint-Nicolas.

6o La grange de Boulens, soit la seigneurie du dit lieu donnée entre 1144 et 1163 par le seigneur Ulrich de Boulens 2 qui se fit moine au couvent. Nous y consacrons un chapitre spécial.

7o La grange de Chevressy près d’Yverdon. En 1163, l’évêque Landri mentionne déjà 3, parmi les biens du couvent, les domaines de Chevressy, Mugnens, Junières et Laviron. Le même constate en 1174 4 qu’Ebal de Grandson, sire de Belmont, a donné au couvent tout ce qu’il possédait à Cabrusie, avec le droit de pâture et d’usage sur toutes ses terres. Le comte Rodolphe de Gruyère, Joceran de Chapelle et Jocelin de Corbières abandonnèrent en 1177 leurs droits au même lieu, et le couvent de Lutry en avait fait de même l’année précédente. La commune de Lausanne a conservé ce domaine jusqu’au XIXe siècle.

A cette possession de Chevressy s’ajoutèrent d’autres biens dans toute la région jusqu’à Yverdon, si importants qu’en 1224, comme nous le verrons plus tard, il fut question d’y transporter le siège du couvent. La donation principale paraît avoir été celle faite par les seigneurs Vaucher et Richard de Saint-Martin de tous leurs /30/ droits dans la vallée d’Yverdon, de Sermuz à Yvonand et de Cronay à la Thièle, ainsi que de la terre de Laviron près de Junières et les usages au bois d’Epenay. Le comte de Gruyère céda aussi ses droits dans la vallée d’Yverdon à Mugnens, à Junières et à Fillerolles 1, Humbert de Bonvillars ce qu’il possédait à Mugnens et à Yverdon.

Après ces gentilshommes, le prieur de Lutry céda les biens de son couvent à Junières et à Fillerolles, le prieuré du Val-de-Travers ce qu’il avait à Cheseaux; le curé d’Yverdon et Humbert, dîmier de Cuarny, ce qu’ils possédaient à Junières; Mabriane et son fils leur alleu au même lieu, Amédée de Donneloye ses terres de Fillerolles, Conon, sénéchal de Belmont, ses biens allant du mont de Clendy à Ursins et à Cronay. Toutes ces donations, auxquelles d’autres s’ajoutèrent plus tard, sont antérieures à 1177, peut-être même à 1163.

8o La grange du Buron, entre Villars-le-Terroir et Penthéréaz. Contrairement à ce que croyait de Gingins, elle n’a pas été formée de la terre des Alloux donnée par Gui Barata. Un acte de 1307 2 montre que les Alloux de Penthéréaz étaient du côté de Villars-Lucion ou la Robellaz et non pas du côté de la grange du Buron. L’origine de ce domaine est indiquée par deux actes de 1147 et 1150, chartes perdues, mais qu’analyse très longuement un vieil inventaire de Montheron 3.

D’après ces documents, le domaine du Buron fut constitué tout d’abord par une donation d’un certain Amédée, /31/ de ses neveux et de son gendre Albert, tenanciers des nobles Albert, Richard et Guillaume de Crissier. Ces deux derniers ajoutèrent le pré de Rueyres et la tierce part du bois de Hautefin. Il eut plus tard des contestations, car en 1177 1 Ysorée et Albert Camossos de Crissier abandonnèrent leurs droits au Buron, aux Alloux et à Hautefin. Les nobles de Crissier étaient eux-mêmes feudataires des seigneurs de Font. Hugues de Font ratifie la donation de 1147. Conon, Guillaume et Faucon de Font confirment l’abandon des prétentions des Camossos 2. En 1223 encore, leurs descendants, Uldric et Aymon de Font, dit le Roux, abandonnèrent leurs droits sur le territoire et les hommes du Buron 3.

Le comte Amédée de Genevois et son fils Guillaume, les seigneurs Humbert de Cossonay et Gaucher de Blonay, la dame de Brandis avaient aussi des droits au Buron qu’ils cédèrent en 1147, en même temps que le droit de pâture sur leur terre. En 1147, Henri de Goumoëns, chevalier, donna la moitié de la dîme de la grange du Buron, et en 1150 un champ au même lieu; Amédée d’Assens, Pierre de Belmont, Bertin et Pierre de Goumoëns l’autre moitié de la dîme du Buron et la condemine de Sepoi (Sépey); Guillaume, Ulrich et Landri de Goumoëns, fils de Gui Barata, tout ce qu’ils tenaient au Buron, soit, d’après un acte de 1184, des dépendances de la grange et la condemine de Pra Lypier. Les Goumoëns étaient vassaux de Montfaucon. Aussi, en 1150, Amédée, sire de Montfaucon et son frère, confirmèrent leurs donations, cédèrent expressément la condemine de Sepoi, ainsi qu’une autre condemine, avec les droits /32/ d’usage. Richard de Montfaucon, comte de Montbéliard, renonça à ces mêmes biens par transaction de 1199 1.

Parmi les bienfaiteurs de l’abbaye, en 1147-1150, figurent encore les frères Anselme et Etienne qui donnèrent la moitié du grand pré du Buron et la dîme, et Guillaume et Bovon de Penthéréaz, l’autre moitié; peut-être faut-il voir là l’origine de la distinction entre Grand et Petit Buron. Enfin, Renaud d’Estavayer céda des droits au sujet desquels son fils composa en 1177 2.

9o La grange de Boussens près d’Etagnières, au bord de la Chamberonne. Elle apparaît en 1163 3, et son origine paraît remonter à des donations des seigneurs Girard, Guillaume et Conon de Grandson, d’une part, et du donzel Renaud de Boussens de l’autre 4. Quatre-vingts poses en dépendaient en 1418 5.

10o La grange de Montendrey, entre Villars-le-Terroir et Sugnens. Elle apparaît en 1163 et 1177 sous le nom de Saint-André. Le nom de Montendrey est indiqué le 25 juillet 1218 6 dans un acte par lequel l’évêque Berthold fait savoir que le chevalier Henri de Goumoëns a abandonné ses prétentions sur les donations de ses prédécesseurs au Buron, à la « Bretinière » et au lieu de Montendrey, renonçant entre autres à son droit aux dîmes. Il ne paraît pas cependant que les Goumoëns aient été les principaux donateurs de ce domaine. Ce rôle revient plutôt aux nobles de Villars-le-Terroir, dont sont issus les seigneurs de Colombier qui partageaient avec ceux de Goumoëns l’honneur d’être enterrés dans l’église abbatiale /33/ de Thela. On voit en effet que, de 1262 à 1281 1, la veuve et les enfants du donzel Pierre de Villars sont en conflit avec le monastère au sujet du territoire de Montendrey, à la propriété duquel ils prétendaient. Il semble que les nobles de Villars avaient donné au couvent leur alleu en ce lieu et l’avaient repris de lui en fief. Les seigneurs de Colombier conservèrent ce fief jusqu’en 1388 2, et il revint alors aux moines; il comprenait 90 poses de champs, prés et bois. En 1453 3, Humbert de Colombier, seigneur de Vullierens, prononçant comme arbitre entre le couvent et les communiers de Froideville, se qualifie ex fundatoribus dicti monasterii.

11o L’évêque Landri avait donné, avant 1163 4, au couvent, l’église de Bottens, que lui confirma, en 1184 5, le pape Lucius III, quoique Alexandre III n’en parle pas en 1177. Le monastère conserva cette église jusqu’en 1536. On est surpris de ne pas voir figurer les plus proches voisins, les nobles de Bottens, parmi les premiers bienfaiteurs. Cependant, en 1184, Pierre, sénéchal d’Estavayer, abandonna au couvent un sol de cens dû par Aymeri de Bottens, et les moines acquirent plus tard d’autres revenus en ce lieu 6.

12o Les actes du XIIe siècle mentionnent encore d’autres donations moins importantes: à Corcelles, Fétigny, Menières, Poliez-le Grand (Rorens), Possens, Pringy, Sugnens, Valle-Cheneve, Renens, etc 7.

13o Enfin, les religieux de Thela et leurs tenanciers /34/ jouirent, dès le début, du droit d’usage et de pâturage illimité dans les bois du Jorat, de Vernand 1, de la vallée d’Yverdon 2, y compris le droit de coupe pour l’édification des maisons et granges de l’abbaye.

Comme on le voit, les principales familles nobles du pays de Vaud ont doté, dès le début, le couvent de Thela, spécialement les seigneurs de Goumoëns qui méritèrent d’être établis, par l’évêque, avoués ou défenseurs du monastère. Les domaines que nous venons d’indiquer constituèrent, jusqu’à la fin, le principal revenu du couvent, car il s’en ajouta relativement assez peu, et au XVIe siècle, les propriétés de Montheron sont à peu près les mêmes que celles du XIIe siècle: la seule différence est que les moines ont su défricher et mettre en valeur des terres incultes.

 

Les abbés de Montheron.

VIII. — Les premiers abbés.

Dans sa charte de 1142, l’évêque Gui dit que son prédécesseur Girard a donné au prêtre Guillaume la terre du Jorat qui allait devenir le berceau du couvent de la Grâce-Dieu. De ce Guillaume nous ne savons rien, si ce n’est qu’il a dû être moine à Bellevaux, puisque cette abbaye franc-comtoise se considéra toujours comme la mère de celle de Montheron. Le couvent de Bellevaux avait été fondé le 22 mars 1120 par celui de Morimond (œuvre lui-même de la maison mère de Cîteaux) et c’est ce qui explique que les abbés de Morimond et de Bellevaux /35/ intervinrent souvent dans les affaires de Thela, alors que Hautcrêt et Hauterive, fondés en 1134 et 1138, dépendaient d’une autre maison de l’ordre, celle de Cherlieu.

Guillaume fut-il simplement chargé de préparer les voies à l’œuvre nouvelle, ou en fut-il le premier abbé ? Nous ne savons. Le premier moine indiqué formellement comme abbé de la Grâce-Dieu est Jean, que l’évêque Gui appelle de ce titre en 1142. Est-ce Guillaume, est-ce Jean, qui présida le 25 mars 1135 1 à la consécration de l’église abbatiale et reçut à la même époque du pape Innocent II (1130-1143) une bulle aujourd’hui perdue 2 et qui serait d’un précieux intérêt pour l’origine du couvent, nous ne pouvons le dire. Ce qui est certain, c’est que Jean peut être considéré à double titre comme le véritable fondateur de l’abbaye, puisque c’est lui qui la transféra du Jorat à Montheron, et qui groupa l’ensemble de ses domaines, n’étant mort qu’après 1177.

Au moment même où naissait ce monastère, en 1134, le chapitre général de l’ordre de Cîteaux avait interdit de fonder de nouveaux couvents qui n’eussent pas au moins soixante profès 3. Si cette règle a été observée à Thela, ce dont on peut douter, on voit quelle vie religieuse devait se dégager de ce nouveau sanctuaire, quels exemples de prière et de travail il dut donner. Nous ne connaissons l’origine que d’un seul de ces moines, le seigneur Ulrich de Boulens qui fut si enthousiaste de /36/ l’œuvre de saint Bernard qu’il se donna lui et son domaine au couvent; le cellérier Guillaume reçut du comte de Genevois son consentement à cette donation 1. Les documents contemporains mentionnent quelques autres religieux: le sous-prieur Conon de Meriez en 1162 2, le portier Jean et le moine Albert Huchedeu en 1154 3, les moines Giraud et Ulrich dès 1142 4, Bernard vers 1160 5, le cellérier Rodolphe en 1167 6. Deux frères convers, Conon et Ulrich, vraisemblablement maîtres du cellier du Dézaley, signent seuls, vers 1160, une donation de Reymond de Chexbres à l’abbaye d’Hauterive 7.

On a vu, dans les pages qui précèdent, que bien souvent les donations faites au couvent étaient contestées par les héritiers du bienfaiteur. Aussi, à la mort du pape Innocent II et de l’évêque Gui, l’abbé Jean s’empressa-t-il de demander à leurs successeurs la protection de l’Eglise. Le pape Eugène III lui confirma ses biens par une bulle 8 que nous n’avons plus et qui dut sans doute être donnée à son passage à Lausanne en 1148. Quant à l’évêque Amédée, il confirma en 1147 9 les possessions de la « maison de Thela », en y ajoutant une vigne au Dézaley, le « clos de Gautier de Renens. » Plus tard, de 1147 à 1154 10, le même prélat approuva /37/ une série de donations en faveur de Montheron; nous en avons indiqué plus loin le détail. En 1154 encore, l’abbé Jean transigea avec l’abbé d’Abondance, collateur de l’église d’Assens, au sujet des droits de pâture sur la terre des Entos, au nord-ouest du bois d’Archens 1.

Ces différents actes montrent l’abbé de Montheron en relation avec les principaux personnages ecclésiastiques et laïques du pays. Il est aux côtés de l’évêque Amédée. lorsque celui-ci confirme en 1150 2 les biens de l’abbaye de Fontaine-André. En 1155, il est présent à une sentence arbitrale de l’archevêque de Tarentaise et de l’évêque de Lausanne entre les abbayes de Saint-Claude et du Lac de Joux 3.

En 1160, Landri de Durnes devient évêque de Lausanne. L’un de ses premiers actes est de donner le territoire de Villars-Tiewen à l’abbaye de Thela 4. Puis, le 20 avril 1163, par une charte dont on n’a plus qu’une analyse 5, il déclare lui confirmer les biens précédemment acquis, dont il fait pour la première fois l’énumération complète, c’est-à-dire: la terre où est fondée l’abbaye, les granges de Montenon, Saugealles, Jorat, Cugy, Chevressy, les terres de Mugnens, Junières, Fillerolles, Laviron, Pailly, Sugnens, Saint-André, l’église de Bottens, les dîmes des terres du Buron, Boussens, Villars-Aillerens, Boulens, les bois de Possens, les terres de Coneston et du mont Benestel, les vignes du Dézaley et de Prangins, etc. /38/

L’abbé Jean figure fréquemment au nombre des conseillers de l’évêque Landri, et il témoigne en cette qualité dans des documents en faveur de Hauterive et de Hautcrêt. C’est à lui encore que, le 25 avril 1177 1, le pape Alexandre III adresse sa bulle plaçant le couvent de Thela et ses biens qu’il énumère sous la protection immédiate de Saint-Pierre. Le dernier acte dans lequel il apparaît comme tel est une confirmation des biens au couvent de Bonmont, faite en 1177 2 par Arducius, évêque de Genève et prévôt de Lausanne, le neveu de Girard de Faucigny. Il est remplacé comme abbé par Ulrich en 1182, mais en 1184 3 il est encore témoin d’une donation de biens, avec le nouveau chef du monastère. Il était vraisemblablement très âgé, et achevait dans la retraite sa laborieuse carrière.

L’abbé Ulrich apparaît le 18 août 1182 4. Sur sa demande, appuyée par Bernard, abbé de Bellevaux, l’évêque Roger confirme les biens de l’abbaye de Thela, spécialement le cellier du Dézaley que l’acte délimite minutieusement. Le 9 et le 15 décembre 1184 5, le pape Lucius III adresse à son tour à l’abbé Ulrich deux bulles de confirmation, la première générale, la seconde se rapportant surtout au Dézaley et aux églises de Bottens, de Cugy et de Pailly. Il n’est plus question dès lors de cet /39/ abbé, mais les documents de cette période indiquent d’autres moines, le prieur Guillaume, Conon, Rodolphe, Humbert, Guillaume de Boussens, Richard en 1184 1; Rodolphe, Conon, Lando, Humbert, Martin, Berard de Belmont en 1185 2, Rodolphe et Guillaume en 1187 3.

Le 22 mai 1190, l’évêque Roger enregistra la renonciation définitive faite par Gui et Guillaume de Goumoëns de leurs droits sur la condemine de Pra-Lypier au Buron, l’usage des bois du Jorat et de Vernand, la terre même de Montenon 4. Il terminait ainsi un conflit auquel on attachait une grande importance, car il était entouré, en outre des trois chanoines et du sénéchal ayant peut-être fonctionné comme arbitres, des abbés Gui de Bellevaux, Guillaume de Hauterive, Henri de Hautcrêt, Nantelme du Lac de Joux, de Conrad, sous-prieur de Lucelle, et d’Ebrard, moine de Bellevaux. Mais l’acte ne nomme pas l’abbé de Thela qui bénéficia de l’accord.

Le nom de ce dernier n’est pas davantage mentionné dans un arbitrage qu’avec l’abbé de Cherlieu et d’autres ecclésiastiques il rendit vers 1192 dans un important conflit entre l’évêque Roger et le chapitre de Lausanne 5. Il ne l’est pas non plus en 1197 dans un acte 6 où ce même évêque, avec l’abbé Guillaume de Hauterive, juge un conflit entre le couvent de Montheron et Hugues de Villette. Ce dernier avait reproché aux moines d’avoir /40/ admis comme convers les nommés Ulrich et Bovenco, vraisemblablement ses hommes taillables; Hugues fut débouté de ses prétentions et fut condamné à payer au couvent 8 sols de cens assignés sur des hommes de Bretigny sur Morrens. Le prélat enregistra en même temps l’abandon fait par dame Céciliette de droits à Chevressy entre les mains de l’abbé de Hauterive (et non de Thela) et de Vincent, moine de Thela.

Nous ne savons toujours pas qui gouvernait le monastère en 1199 au moment d’un conflit survenu entre ce dernier et les seigneurs de Montbéliard, Richard et Gautier de Montfaucon, desquels relevaient le château d’Echallens et une bonne partie du Gros de Vaud. Ces personnages prétendaient que les nobles de Goumoëns leurs feudataires avaient cédé sans leur autorisation leurs droits au Buron, à Penthéréaz, aux Saugealles, aux Alloux, et qu’il en était de même pour la terre de Dalmace de Giez à Movimens ( ?). Ils s’étaient emparés de différents revenus de l’abbaye, soit de 40 muids d’avoine, de 25 livres, d’un bœuf, d’une vache et d’une chaudière pris par un métral des Montfaucon. Finalement, ils renoncèrent à leurs prétentions, ensuite d’intervention de l’évêque Roger, mais le couvent de Thela les tint quittes de ce qu’ils avaient pris. Les comtes de Montbéliard durent constituer en otages à Lausanne, Conon, Girard et Giraud de Goumoëns, Albert de Montagny et Jean de la Lore, jusqu’à la pleine exécution du traité. On voit par l’acte qu’un des principaux moines de Bellevaux, l’abbaye-mère, avait pris part aux négociations. Le même acte enregistre le don, tout à fait indépendant de l’affaire, /41/ de trois setiers de vin assignés sur un plantage à Rive d’Ouchy mouvant de l’évêque de Sion 1.

L’abbé de Thela était sans doute à cette époque Aymon, qui assiste en 1201 à une confirmation d’églises de l’évêque Roger à l’abbaye de Hauterive 2. Aymon avait résigné cette charge en 1204, et se trouvait vraisemblablement alors à Prangins, où il assista à une enquête de l’évêque de Genève relative à un conflit entre les monastères de Bonmont et de Payerne concernant l’église Saint-Martin de Vich 3. Pierre, convers de Montenon, magister de la grange de Prangins, paraît dans un acte de 1211 en faveur d’Oujon 4.

 

IX. — Une période difficile.

Les nombreuses donations que nous avons enregistrées ne doivent pas nous faire illusion. Le monastère de Thela n’était pas riche. Ce que les seigneurs vaudois lui avaient donné n’était souvent que des terres incultes et ingrates, et lorsque, à force de travail et de sueurs, les religieux avaient pu en tirer quelque chose, il était assez fréquent que quelque héritier d’un donateur vînt réclamer une part du revenu ou tout au moins la dîme: presque toujours le conflit se terminait par un compromis dont les biens du couvent ne sortaient pas indemnes. Nous avons vu les violences exercées par les intendants des comtes de Montbéliard en 1199. Les seigneurs de /42/ Goumoëns eux-mêmes, qui paraissaient avoir exercé sur l’abbaye une avouerie de fait que l’évêque ne reconnut en droit qu’en 1314 1, ne se montraient pas toujours charitables avec les moines. L’évêque et quatre abbés interviennent en 1190 2 pour obliger Gui et Guillaume de Goumoëns à reconnaître les droits du couvent. Ce n’est qu’après un conflit qu’en 1210 3 Henri de Goumoëns fait une déclaration semblable en mains de l’évêque, de l’abbé de Saint-Maurice, du prévôt Conon d’Estavayer et d’autres personnages.

Aussi ne s’étonnera-t-on pas qu’au début du treizième siècle, l’abbaye de Montheron fût dans la détresse. Les moines n’avaient pas de quoi s’entretenir et, contrairement à la règle rappelée par le chapitre général de l’ordre de Cîteaux en 1195 4, devaient aller quêter leur subsistance dans les églises et les maisons particulières. Le chapitre général de l’ordre de Cîteaux s’en émut et, en 1207 4bis, chargea l’abbé de Bellevaux, qui avait autorité immédiate sur Thela, d’aviser aux meilleurs moyens, d’améliorer la situation, et en attendant de pourvoir aux besoins les plus urgents des religieux. L’abbé de Bellevaux était même autorisé, s’il ne trouvait pas de remède suffisant, à renvoyer les religieux de Montheron.

La mission ne dut apparemment pas être facile à remplir, car quatre ans plus tard, en 1211, le chapitre de Cîteaux dut renouveler son injonction adressée cette fois-ci à l’abbé de Morimond 5. Celui-ci finit par implorer /43/ le secours du chapitre de la cathédrale de Lausanne. Le 23 décembre 1212 1 devant le maître autel de Notre-Dame, l’abbé de Thela, qui se nommait alors Humbert, du consentement de ses moines, de l’abbé Odon de Bellevaux et des religieux de ce dernier monastère, acensa au chapitre de Lausanne, représenté par le prévôt Conon d’Estavayer et plusieurs chanoines, tout ce que le couvent possédait à Sugnens, et notamment le fief de Raymond de Giez. Le chapitre cathédral versait aux religieux un entrage de 31 livres, et s’engageait à payer à ces derniers 8 sols de cens à la Saint-Michel, en déduction de 10 sols qu’eux-mêmes devaient à Notre-Dame à chaque Sainte-Agnès pour la terre de Villars-Tiewen 2. Le chapitre ne fit pas un mauvais placement, car bientôt après il acensa le domaine de Sugnens au mayor de Dommartin, Humbert, pour 40 sols de cens, ce qui fait qu’en définitive les chanoines avaient fait un placement au cinq pour cent. Quant aux 31 livres, qui représenteraient aujourd’hui 5000 francs environ, ils durent sans doute servir aux besoins les plus urgents des moines et payer des arriérés de cens. Un frère convers, Louis de Sugnens, donna son consentement à la transaction, parce qu’il avait apporté au couvent l’une des terres que celui-ci aliénait.

Deux ans après, en 1214, Ulrich II est abbé de Thela. On le voit se rendre à Neuchâtel, avec le moine Nicolas, solliciter le comte Ulrich et son frère l’évêque Berthold. Ceux-ci lui renouvellent la concession faite par leur père de deux meules à tirer chaque année de leur meulière /44/ d’Illens, et lui accordent en outre l’exemption de tout péage et de toute contribution sur les terres de Neuchâtel 1.

En 1217, Jean est abbé. Le seigneur de Belmont, Jourdain, lui donne les bois de Bochet-Allod, à Pomy, et renonce à ses prétentions sur la terre du chevalier Conon de Vuarrens, à Pomy. L’acte mentionne le prieur Guillaume, les moines Gui et David, les convers Nicolas, Jean, Christian et Lambert 2. C’est sans doute encore lui qui est abbé le 25 juillet 1218, lorsque Henri de Goumoëns renonce à ses prétentions sur les terres de l’abbaye en mains de l’évêque Roger, mais le document n’indique que les moines Albert et Humbert 3. L’abbé Jean vivait encore en 1221, mais il avait à ce moment résigné sa charge, et avait pour successeur Giraud 4.

L’abbé Giraud apparaît dans plusieurs actes de 1221 à 1224, avec le sous-prieur Guillaume le Noir, le cellérier Humbert, le moine Aymon et Jean de Penthéréaz, convers. Il acense en 1221 à Conon Mauvoisin le domaine de l’abbaye à Possens, y compris certain pré accensé par le prévôt de Montjoux, le tout sous redevance d’un sol, de huit coupes de froment, de quatre coupes de fèves (pise) et de quatre coupes d’avoine. L’acte fut signé en présence de l’évêque, devant sa chambre, au palais épiscopal 5.

En 1223, l’abbé Giraud a encore maille à partir avec Aymon, fils de Guillaume Roux de Font, et ses cousins /45/ Aymon et Ulrich, au sujet de leurs prétentions sur les donations faites par leurs aïeux au Buron et à Penthéréaz 1.

C’est à ce moment, le 8 décembre 1223, qu’il obtient du pape Honorius III une bulle autorisant l’archevêque de Besançon à excommunier ceux qui auraient ravi les biens du couvent de Thela ou retiendraient des legs faits à ce dernier 2. Deux ans auparavant, le 20 décembre 1221, le même pape avait chargé Giraud, avec l’abbé d’Hauterive et le prieur de Payerne de visiter et de réformer l’abbaye de Saint-Maurice 3.

Giraud est à Coinsins en juillet 1224 4; il est coarbitre dans un conflit entre les couvents de Bonmont et d’Oujon. Puis il va à Gruyère où il obtient du comte Rodolphe une concession qui mérite de retenir notre attention 5.

Par ce document, le comte et les siens reconnaissent à l’abbaye de Thela toutes les acquisitions qu’elle a faites dans la vallée d’Yverdon au temps des évêques Landri et Roger. Le comte ajoute que « si l’abbaye vient à être transférée dans la dite vallée », elle pourra acquérir toutes les dîmes de son territoire et de tout fief mouvant du comte. Si elle construit des « édifices », soit des granges, elle pourra user de tous droits de pâture et d’usage dans la Vaux d’Yverdon. Cette charte nous paraît indiquer que Giraud songeait à déférer à l’invitation /46/ du chapitre général de Cîteaux de 1207 et à transférer le siège de l’abbaye à Chevressy, dans la vallée d’Yverdon, en un terrain plus fertile que celui de Montheron.

L’abbé Giraud ne put cependant réaliser son dessein. En 1227 1, il avait fait place à l’abbé Jean qui, avec l’hospitalier Pierre, témoigne d’une confirmation de biens par l’évêque Guillaume en faveur de l’abbaye du Lac de Joux, et cet abbé Jean résolut trois ans plus tard la question financière, qui ruinait le couvent, d’une autre façon que ne l’avait rêvé Giraud. Le 18 octobre 1230 2, il vendit le domaine soit grange de Cugy près d’Estavayer à l’abbaye de Hauterive, qui appartenait elle aussi, comme on sait, à l’ordre de Cîteaux. L’affaire étant importante, l’abbé de Thela fut autorisé d’une part, par les abbés et couvents de Bellevaux et de Morimond et par l’abbé de Cîteaux; de l’autre par le prévôt Conon d’Estavayer et ses frères les seigneurs Guillaume et Raymond. L’abbé Jean était assisté du prieur Guillaume et du cellérier Humbert, et il reçut de l’abbé de Hauterive comme prix d’achat la somme de 500 sols lausannois, c’est-à-dire d’environ 40000 francs.

Cet acte est le dernier dans lequel paraisse Jean. L’abbé Humbert, probablement l’ancien cellérier, achète en juillet 1233 3 pour 17 sols, des frères Aymon et Ulrich de Font, et de leur sœur Simonde, enfants de /47/ Guillaume Roux, un droit d’eau pour la terre du couvent à Cheseaux. Il est encore en fonctions en mai 1235 1, mais en novembre 2, il est qualifié d’ancien abbé dans une sentence arbitrale rendue par les seigneurs Richard de Saint-Martin et Pierre de Grandson, où figurent aussi en qualité de témoins les moines de Thela Guillaume et Conon et le convers Guillaume, qui était probablement le grangier de Chevressy. En décembre 1236, le comte de Gruyère tranche, en mains du cellérier Ulrich, un débat relatif à une terre à Cuarny 3. [Voir Document IX ci-après]

C’est à ce moment, entre 1235 et 1237, que le pape Grégoire IX, voyant, après un siècle de vie simple et laborieuse, se relâcher l’ancienne discipline de l’ordre de Cîteaux, voulut le réformer, ce qui souleva de vives protestations, à tel point qu’en 1253 4 le pape Innocent IV dut reprendre la question. Quel fut l’effet de cette réforme à Montheron ? Nous ne le savons pas. La vente de la grange de Cugy avait dû améliorer sensiblement la situation du couvent, mais nous ne savons rien de précis, si ce n’est qu’un demi-siècle plus tard, nous voyons le donzel Pierre de Cheseaux faire en 1278 5 une donation en faveur de la pitance des moines. La pitance c’est le complément de nourriture ajouté à l’ordinaire, c’est la règle qui s’adoucit et se relâche. /48/

 

X. — Les abbés du XIIIe siècle.

Pendant toute cette période, nous ne savons que très peu de chose de la vie intérieure du couvent de Thela. En novembre 1245, l’abbé Guillaume, avec un de ses moines, Guillaume de Cugy, reçut des seigneurs de Belmont leur désistement de leurs prétentions sur certaine terre à Cheseaux et Noréaz 1. C’est lui probablement qui, en août 1243 2, reçut du comte Jean de Bourgogne la concession de cent soudées de sel à prendre annuellement à Salins, concession à laquelle fut ajoutée en septembre 1249 3 celle de l’exemption de tout péage sur le sel pris par le monastère en ce lieu. Guillaume est encore abbé en 1246 4, mais il ne l’est plus l’année suivante.

Le 26 avril 1247, Jaques de Pomy abandonna au couvent ses prétentions sur la grange de Chevressy, moyennant remise par l’abbaye de deux brebis et d’un agneau 5. Le litige est de peu d’importance, quoique l’évêque Jean de Cossonay s’en soit mêlé, mais il nous fait connaître le personnel du couvent, l’abbé Pierre, le prieur Guillaume, le sacristain Jean, et Pierre de Cugy, moine. En 1249, Borcard est magister du Dézaley, soit le convers chargé d’administrer le vignoble 6.

C’est sans doute après Pierre que doit se placer Etienne, qualifié en 1259 d’ancien abbé de Thela 7. /49/ A cette période appartiennent quelques actes intéressants. Les possessions du couvent dans la vallée d’Yverdon étaient particulièrement importantes, puisque c’est là que naguère les moines dans leur détresse à Montheron avaient pensé à se transporter. Mais aussi elles excitaient tout spécialement l’envie des seigneurs voisins, et nombreux furent les conflits qui s’agitèrent à ce moment. Nous n’en citerons que deux. La querelle avec les seigneurs de Belmont au sujet de terres à Cheseaux-Noréaz, à laquelle avait mis fin un accord de 1245, reprit bientôt après. Conon de Belmont, qui tenait à vie le mas principal situé entre le ruisseau de Fillerolles et le bois d’Epenay, entre le Mont Solar et le lac, prétendit le conserver à perpétuité. Les abbés de Bellevaux, de Hautcrêt et de Hauterive intervinrent, et jugeant en médiateurs avec les chevaliers Aymon de Prez et Guillaume de Treytorrens, décidèrent, le 10 juin 1259 1 que la terre pourrait être transmise par Conon à son fils aîné Jaques, qu’ensuite seulement elle reviendrait au couvent, et que celui-ci dédommagerait le seigneur de Belmont en lui versant 50 livres. Plus généreux, le chevalier Richard de Saint-Martin, qui possédait injustement une terre du monastère à Noréaz, la lui avait restituée en 1246 2 purement et simplement, et en 1262 3 Ebal, seigneur de Bioley, fit un semblable abandon. En 1253, le 25 février, Aymon de Faucigny, le beau-père de Pierre de Savoie, qui était le seigneur dominant à Yverdon, promit solennellement pour lui et ses successeurs /50/ de maintenir l’abbaye de Montheron dans son domaine de Chevressy 1

Quelques semaines après 2, en mains de l’évêque Jean, le chevalier Guillaume de Goumoëns, dit le Roux, confirma les donations faites par ses prédécesseurs à l’abbaye et couvent de Thela, ainsi que le droit d’usage dans le Jorat, pour y faire paître les porcs et couper du bois. Il ajouta gracieusement le don de deux rentes nouvelles, et renonça formellement à ses droits sur un tènement (domaine) à Crissier, qu’un convers nommé Ulrich avait donné autrefois au couvent en y entrant. Par un autre acte, il renonça à ses prétentions sur une condemine à Penthéréaz, sur des terres à Echallens et à Villars-Tiercelin 3.

Du 6 novembre 1254 4 date un autre document très symptomatique: Guillaume Ducrest, de Pully, reconnaît tenir du couvent le pré de la Fontaine inverse, au territoire de la Condeminaz, près de la fontaine du côté du pré de la Coudraz. Retenons cette date: c’est celle du premier acensement fait par le couvent d’un de ses biens — et c’est ici une parcelle du domaine primitif de l’abbaye; — c’est qu’il n’y a plus suffisamment de frères convers pour administrer les granges, et qu’il faut faire appel aux laïques. Y a-t-il diminution de la ferveur religieuse des populations ? Non, probablement. Mais de nouvelles congrégations sont nées: les ordres mendiants, les dominicains installés à Lausanne en 1234 et les cordeliers en 1256, et c’est à eux qu’ira désormais la faveur du peuple, c’est à eux qu’il donnera de préférence /51/ ses fils. C’est une page de l’histoire des couvents cisterciens qui se tourne. Bon gré, mal gré, l’abbé de Thela devra compter avec des administrateurs étrangers à la communauté; bon gré, mal gré, le propriétaire prendra chez lui une place de plus en plus grande, au détriment de sa mission de conducteur spirituel. Le don d’une maison à Lausanne, à la rue Saint-Etienne, fait en 1255 1 par le clerc Guillaume Bonel, marque lui aussi cette évolution contraire aux règles primitives de l’ordre.

Un nouvel abbé, Humbert, apparaît en 1262 dans l’acte de donation d’Ebal de Bioley déjà cité. Il est témoin en 1265 2 d’un accord entre les abbayes de Hautcrêt et de Hauterive, et il fonctionne même comme arbitre avec l’abbé d’Humilimont, entre ces deux couvents, au sujet d’une redevance de deux setiers de vin à Aran 3. Il est encore abbé au début de l’année 1268 4, où il signe avec les moines Uldric, Pierre et autre Uldric. Il ne l’est plus le 26 novembre 1274 5, date à laquelle il se qualifie d’ancien abbé de Thela et de moine du Mont-Saint-Marie. Plus tard, il passa au couvent de Hauterive où il était portier en 1299 6 quand il attesta que de son temps les sujets de Montheron à Boulens étaient taillables à merci à chaque Noël.

Un autre abbé, Guillaume de Lausanne, succéda à Humbert, mais nous ne savons rien de lui, son nom n’étant prononcé qu’avec celui de son successeur Pierre 7. Il ne l’était plus en 1275. Il faut cependant rapporter /52/ à son gouvernement un document pontifical qui montre que le couvent de Thela avait beaucoup de peine à vivre en paix avec ses voisins. C’est une bulle du pape Grégoire X, du 30 avril 1273 1, adressée au prieur de Payerne et le chargeant d’enjoindre à tout détenteur de titres et de biens appartenant à l’abbaye de Montheron d’avoir à les restituer dans un délai à fixer par le prieur, sous peine d’excommunication.

Cette injonction fut peut-être aussi faite à la demande d’un nouvel abbé, Pierre Gaillard2, qui apparaît dès le mois de mars 1275 3 et qui, pendant un quart de siècle, dirigea avec fermeté les destinées du monastère. On le voit souvent s’adresser à Rome. Le 22 juin 1288 4, il obtient du pape Nicolas IV une bulle confirmant les droits et les immunités de l’abbaye de Thela. Le 1er mars suivant 5, le même pontife accorde à ce monastère des indulgences d’un an et quarante jours à quiconque visiterait l’église du couvent à la fête de la Dédicace (Annonciation), à la Nativité, la Purification et l’Assomption ou dans les huit jours suivant ces fêtes. Les archevêques d’Oristano, d’Andrinople et de Morée, les évêques de Sabine, de Trente, de Tulle, d’Amiens et onze évêques italiens accordèrent d’autres indulgences de quarante jours aux fêtes de la Conception, des saints Jean-Baptiste, Jean évangéliste, Pierre et Paul, Bernard, /53/ Benoît, Catherine, de la Toussaint, de la Sainte-Croix, des patrons des autels, etc., et en décembre 1289 1, l’évêque de Lausanne Guillaume de Champvent notifia à l’abbé tous ces privilèges. Le pape estimait d’ailleurs fort l’abbé Pierre, puisqu’il le chargea, le 10 janvier 1290 2, d’aplanir avec l’abbé de Bellevaux une difficulté survenue entre l’abbé de Cîteaux lui-même et le monastère de Montaigu. Précédemment déjà, en 1276 3, Pierre Gaillard avait été chargé, avec l’abbé du Mont-Saint-Marie, de vérifier les titres d’élection de Pierre de Cessy, nommé abbé de Saint-Jean d’Aulph.

Les archives de Montheron possèdent de nombreux actes de l’administration de l’abbé Pierre. L’un des principaux est celui du 26 septembre 1285 4, par lequel Richard de Corbières, bailli de Rodolphe de Habsbourg, confirma, à l’encontre des sires de Palézieux, les droits du couvent sur les bois du Jorat, acte qui contient la première mention du village de Froideville, fondé à cette époque. Pierre eut aussi à traiter avec les nobles Puthod d’Aubonne qui prétendaient au bois d’Archens 5, avec les nobles de Villars-le-Terroir qui élevaient des prétentions sur le domaine de Montendrey 6 légué au couvent par leurs aïeux. Il agrandit le domaine des Saugealles par cessions des nobles Bevroz de Lausanne 7, acquit des biens à Bottens, Cheseaux sur Romanel, Sullens, Vevey. /54/ A sa demande, en 1275 1, Henri, sire de Joux, dispensa l’abbaye de tout droit de péage à la Cluse, et les Grandson firent des legs au couvent 2.

L’abbé de Thela eut désormais (ensuite de donations) sa maison propre à Lausanne 3, rue Mauborget, [Voir Additions: P. 54] et à Yverdon 4, rue du Lac. Il ne négligea pas pour cela la réforme intérieure du couvent. C’est sous son administration qu’apparaît en 1278 l’office de la pitance 5. Un acte de 1288 6 nous fait connaître le nom de quelques moines: Guillaume d’Albeuve, bourgeois de Moudon; Guillaume Ferrel, de Lausanne; Pierre, des nobles de Vulliens; Jaques Porchet, Guillaume Chevillar. Mentionnons enfin un acte curieux. L’abbaye de Bonmont ayant en 1296 emprunté 50 livres à Amédée d’Oron, seigneur de Bossonens, fut cautionné par celle de Hautcrêt, et cette dernière par celle de Thela 7. /55/

 

XI. — La décadence de l’abbaye au xive siècle.

Othon figure comme abbé de Thela de 1300 1 au 9 mai 1313 2. Il pourrait être le fils de Girard de Villars-le-Terroir et appartenir à la famille des nobles de Colombier 3. Son administration marque une nouvelle étape vers l’acensement général des biens du couvent à des laïcs. En février 1311 4 François de Colombier reçoit de lui en fief la grange de Montendrey, alors qu’il tenait déjà au même titre le bois du même nom. En mars 1311 5, Pierre de Coinsins, habitant à Nyon, reconnaît tenir en abergement pour la vie le cellier de Sadex près de Prangins. En août 1316 6, Girard Jotes, de Bottens, est déjà tenancier depuis quelque temps de la grange du Buron. On ne voit qu’en 1330 7 l’acensement de la grange de Boulens, mais dès le début du siècle, le domaine est morcelé entre plusieurs tenanciers 8. Autour de l’abbaye elle-même, Jean Pineys tient en 1306 9 la grange de Plannavy; celle de la Condeminaz, sur le plateau du Jorat, est depuis longtemps morcelée 10. Le couvent /56/ retient le cellier du Dézaley, mais ne cultive plus lui-même qu’une partie de ce vignoble 1; le reste est remis à des vignerons. En définitive, l’abbaye ne gère plus guère directement que le mas des Saugealles et la grange de Chevressy. En avril 1313 2, G. de Rougève cède l’usage de son bois d’Epeney « à la grange de Chevressy, soit aux moines et aux convers habitant dans ladite grange et dans l’enclos (clausura) de ladite grange. »

Cependant, l’abbé Othon est jaloux de défendre les biens du couvent. Il oblige les gens de Froideville et les tenanciers de Boulens à se reconnaître hommes taillables de Thela. Le 4 septembre 1307 3, le pape Clément V avait institué l’abbé de Saint-Paul, à Besançon, conservateur des privilèges de l’ordre de Cîteaux. A la demande de l’abbé Othon, ce dernier fulmine le 9 septembre 1311 4 une sentence générale d’excommunication contre les envahisseurs, déprédateurs et spoliateurs des biens de l’abbaye; cette sentence dit entre autres que les religieux ont été dépouillés de leurs étangs (viviers) par des gens avides. Othon obtient de différents seigneurs 5 la renonciation à tous les droits qu’ils avaient encore sur le Mont Benestel et le mas des Saugealles, ainsi qu’à Cheseaux-Nôréaz 6. Il acquiert des moulins à Morrens 7 et à Bretigny 8, une maison à Lausanne sous le verger des /57/ Dominicains 1; Jeannette Mestral de Moudon, religieuse à Bellevaux, lui lègue une maison à Moudon 2; d’autres, notamment des Goumoëns, des cens en divers lieux. Les nobles Bevroz, de Lausanne, lui vendent leurs terres du Jorat 3.

C’est à la fin de l’administration d’Othon, ou peut-être immédiatement après, le 14 juin 1314 4, que Perrod de Goumoëns, prêtant hommage à l’évêque de Lausanne pour la foresterie du Jorat, y ajoute l’avouerie du monastère de Thela. C’est la première fois qu’il est fait mention de ce droit, émané évidemment des bienfaits primitifs de Gui Barata. Les seigneurs de Goumoëns y gagnaient de se reposer devant le maître autel de l’église abbatiale. Nous ne les voyons jamais en fonctions d’avoués, mais il est incontestable qu’ils durent souvent aider financièrement le couvent et l’appuyer dans ses difficultés avec ses voisins.

En août 1316 5, le siège abbatial était probablement vacant, car un règlement de compte pour la grange de Boulens est fait au nom du prieur Jaques. Raymond Pienichat, de Lausanne, est moine et procureur de Thela de 1311 à 1317 6; Jean, fils de Girard du Chafa, de Moudon, est moine en 1320, procureur en 1323 et 1325 7; François du Chafa est moine en 1349 8; Boson, procureur /58/ en 1330 1; Pierre, des nobles de Saint-Laurent, à Lausanne, moine en 1342 2, etc.

L’abbé Pierre paraît dans des actes de 1317 3. Jean est abbé en 1324 4 et 1331 5. Boson, procureur en 1310, cellérier en 1320, procureur encore en 1330 6, est qualifié d’abbé en janvier 1332 et en 1336 7. Ils sont assez peu connus. Sous leur administration, Jeannot de Villars-le-Comte reçut à ferme en 1328 8 la grange d’Aillerens et le couvent eut de gros ennuis avec ses tenanciers de Boulens. Le conflit semble avoir eu pour origine des droits de juridiction; le métral établi par l’abbaye fut contesté 9; plusieurs cultivateurs abandonnèrent leurs terres, et l’abbaye dut chercher d’autres tenanciers. Il est déjà question de cet abandon en 1322 10, et six ans plus tard, Mermet Ruvinel, grangier de Boulens, accepte une clause portant que, si les cultivateurs qui sont partis reviennent, ils pourront reprendre leurs terres 11. En novembre 1330 12, ensuite de conflit, l’évêque se réserve le quart des meubles et le tiers des immeubles d’Aymon de Vufflens, dit Buci, citoyen de Lausanne, mort subitement, le reste de l’héritage revenant à Thela. /59/ En janvier 1332, l’abbé Boson passe un accord, ensuite d’arbitrage, avec Henri de Giez, recteur de l’hôpital Saint-Jean, à Lausanne, au sujet de cens 1.

L’abbé Guillaume de Cheseaux, qui paraît de 1337 2 à 1350 3, paraît avoir été installé dans un moment difficile. Le 30 janvier 1337 4, il fait renouveler le mandat apostolique dont l’abbé de Saint-Paul est revêtu pour la protection du couvent. Le 22 septembre 1340 5, l’abbé de Morimond, son supérieur hiérarchique, est au bord du Talent, et scelle un acte disant: « Frère Renaud, abbé de Morimond, fait savoir qu’il a été chargé par le Saint-Père de faire enquête sur les moyens et les ressources des monastères de sa génération, et sur le nombre des personnes à y admettre. En exécution de quoi nous nous sommes rendu en personne à l’abbaye de Montenon, fille de notre fille de Bellevaux. Au vu de ses revenus et biens, ainsi que de ses charges et de la situation dangereuse où elle se trouve, des adversités des guerres qui arrivent à tout moment, nous, de l’autorité apostolique, avons fixé comme suit le nombre des personnes à admettre dans cette abbaye de Thela. Il y aura quatorze moines (le minimum admis dans l’ordre) avec l’abbé, et sans compter les frères laïcs, soit convers. Défendant à tous, tant abbé qu’autres, sous peine de déposition et d’excommunication, de recevoir aucune personne à ses prières, outre ledit nombre, sinon de notre mandat spécial, /60/ jusqu’à ce qu’une fortune plus prospère sourie (arridebit) au dit monastère. »

Cette grave détermination ne suffit pas à rétablir l’équilibre financier du couvent, car le 18 mars 1348 1, l’abbé de Thela était obligé de vendre au chanoine Guillaume de Billens, pour cent livres, quatre muids de froment de cens assignés à Pailly. Cependant, des appuis venaient à l’abbàye de différents côtés: En 1337, le couvent ayant contribué — comme propriétaire de maison à Lausanne et protégé de la ville — à la réparation des remparts de la cité épiscopale, l’évêque Jean et la ville lui abandonnèrent le territoire du Raffort sous Froideville, lui reconnurent le droit d’affouage et de pâturage dans les bois du Jorat, et lui abergèrent une nouvelle terre aux Saugealles 2. En 1343, le 9 août 3, le prince Louis de Savoie, sire de Vaud, affranchit du cens et de la toise la maison que l’abbaye possédait à Yverdon, l’autorisa à avoir deux fours à Cheseaux et un troisième à Noréaz, lui abandonna quinze poses de terre à Pomy, Cheseaux et Cuarny. L’année suivante, le 16 décembre 4, le même seigneur abergea encore au couvent vingt poses du bois d’Epiney. Il est vrai que, avant toutes ces gracieusetés, l’abbé avait consenti en 1328 5 à laisser lever un impôt de 6 gros tournois par feu, au profit de Louis de Savoie, sur tous les sujets du couvent, à Froideville, Boulens et tous autres lieux.

C’est vraisemblablement Guillaume de Cheseaux qui était encore abbé de Thela, lorsque, le 20 janvier 1351 6, /61/ le pape Clément VI chargea ce dernier de résoudre un conflit de juridiction pendant entre l’évêque et le chapitre de Sion. Il apparaît aussi dans de nombreux actes administratifs, et il est intéressant de relever à ce propos qu’à Montheron, comme dans toutes les administrations ecclésiastiques et civiles du pays de Vaud, il y eut une grande pénurie de transactions immobilières en 1348 et aux années suivantes. C’est que la peste avait passé, décimant l’Europe, et diminuant sensiblement la population de notre pays.

Les documents du couvent mentionnent le 8 décembre 1352 l’abbé Guillaume de Rueyre (Rueria1) qui semble être différent du précédent; l’abbé Jaques en 1355 2; l’abbé Girard de la Sarra, abbé « par la patience de Dieu » de 1357 à 1360 3, et l’abbé Jean d’Estavayer de 1362 à 1366 4. Girard appartenait probablement à une famille bourgeoise de Lausanne qui, au même moment, donnait un chanoine à la Cathédrale 5. Le 1er décembre 1358, le pape Innocent VI ordonna en sa faveur la restitution des biens pris à l’abbaye 6.

Jean d’Estavayer était sans doute de la famille noble de ce nom, mais sa filiation nous est inconnue. Un document intéressant du couvent montre qu’à cette époque l’abbé n’avait plus sur son abbaye l’autorité absolue /62/ d’autrefois. Un moine de Montheron, Girard Pollat, prêtre, avait quitté sans permission le couvent pour aller vivre dans le monde. Il avait été excommunié, mais au bout de quelque temps il voulut rentrer au couvent. Il s’adressa à Rome, et une ordonnance du cardinal pénitencier Guillaume d’Aigrefeuille enjoignit, le 20 septembre 1364, à l’abbé Jean de le reprendre, lui laissant d’ailleurs toute liberté pour le châtiment disciplinaire.

En 1366, l’abbé Jean d’Estavayer résigna sa charge. Gui, abbé de Bellevaux, s’étant rendu à l’abbaye de Thela, le lundi après la Saint-Jacques (26 juillet 1) pour sa visite ordinaire, Jean lui présenta sa démission. Il la refusa d’abord, vu que l’abbé gouvernait le couvent à la satisfaction générale. Il céda cependant à ses instances, et Humbert dou Liauz fut nommé abbé de Montheron. A quelques semaines de là, le 19 octobre, l’abbé Humbert, le prieur Pierre, les moines conventuels Girard Pollat, de Moudon, Nicolas d’Estavayer, Jean de Cugy, prêtres, et Jean de Paudex, sous-diacre, voulant donner à l’ancien abbé Jean une marque de reconnaissance et pourvoir à son entretien pendant sa vieillesse, lui cédèrent — l’abbé de Bellevaux présent et consentant — à titre de pension alimentaire et viagère, toutes les rentes, cens en grains et en chapons, et autres revenus de fonds que le couvent possédait à Pailly et à Bourjod.

Cet acte mérite de retenir notre attention. Mais avant de l’examiner, nous devons mettre encore sous les yeux de nos lecteurs un autre document, d’un quart de siècle postérieur 2. Il nous apprend que le pape d’Avignon, /63/ Clément VII, avait assigné au cardinal Galeoti Tarlati une pension de 50 florins d’or sur les couvents de Thela et d’Hautcrêt. L’abbé de Montheron était alors Nicolas d’Estavayer (moine en 1366) qui refusa de payer la pension et fut, pour ce refus, excommunié par Clément VII en août 1390. Sur quoi, le 3 septembre suivant, l’abbé recourut en appel, par plainte déposée par son procureur le moine Pierre d’Yverdon (plus tard abbé à son tour) en mains de l’official de Lausanne.

Dans ce mémoire, le procureur expose que les guerres 1, les orages et les décès soit au monastère, soit dans les localités environnantes, ont tellement porté préjudice au couvent que les religieux peuvent à peine suffire à leurs propres besoins. D’un autre côté, le mauvais état et la ruine de leurs granges ont absorbé non seulement leurs revenus, mais encore leurs biens meubles. Puis la rapacité des usuriers a empêché la rentrée de sommes qui auraient été nécessaires à la réparation de l’abbaye et des granges, et a occasionné le renvoi de plusieurs religieux, une grande pauvreté et une diminution dans l’exercice du culte divin. De plus, le petit résidu des revenus qui peut se trouver ne rentre point dans la bourse de l’abbé, obligé, d’après les statuts de l’ordre de Cîteaux, de rendre compte chaque année de son administration à ses supérieurs, à l’exception de ce qui lui est indispensable pour sa nourriture et son vêtement. /64/ Dans ces conditions, l’abbé ne pouvait retenir sur la pension des religieux les 50 florins d’or réclamés, et d’ailleurs le pape n’étant point juge compétent de l’abbé et du couvent, c’était injustement et sans droit qu’il avait prononcé l’interdit sur l’abbé.

Le pape admit ces considérations, et annula à la fois l’interdit et la pension, le 15 novembre 1390 1. Nous voyons ici pour la première fois se manifester l’abus des provisions papales dont les siècles suivants nous fourniront d’autres exemples. Mais ce qui nous retiendra particulièrement, dans ces deux documents de 1366 et de 1390, c’est l’état intérieur de l’abbaye dont ils témoignent.

La première conclusion que nous ayons à en tirer, c’est que le nombre des religieux a encore diminué depuis la visite de l’abbé de Morimond en 1340. Il n’y en a plus que sept en 1366 à un chapitre où tous les moines étaient sans doute réunis. Le chiffre remontera dans la suite, mais il n’y aura plus désormais que douze moines au maximum, l’abbé compris. Nous sommes bien loin des soixante profès exigés par les constitutions primitives de l’ordre.

Puis le régime de la communauté a disparu. L’abbé a ses revenus spéciaux, et chaque moine est bien près d’avoir les siens. Dans les commencements du monastère, les maigres revenus de terres à peine défrichées suffisaient à entretenir de nombreux moines et convers. En 1366, il faut pour les besoins d’un seul religieux tous les revenus des terres de Pailly et du Bourjod, et vingt ans /65/ plus tôt la terre seule de Pailly avait servi de gage à un emprunt de cent livres, douze mille francs environ.

Si, en 1390, l’abbé de Thela se plaint de la détresse du couvent, alors que le nombre et la valeur des terres ont augmenté, il faut remarquer que le régime des abergements à tiers ou à mi-fruit a dû singulièrement diminuer le revenu de l’abbaye. Il y a maintenant trop d’intermédiaires.

Il semble d’ailleurs que le Chapitre général de Cîteaux ait tenté à cette époque une réforme à Montheron. L’abbé Humbert du Lyaud, de Thonon, que nous avons vu élire le 26 juillet 1366, est encore à la tête du monastère le 25 février 1382 1; il aberge à cette date le cellier de Sadex à Jaques Trolliet, de Nyon, pannetier de Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie. Il est toujours au couvent, et cité le premier des moines, en 1385 et 1386 2, mais il a résigné sa charge abbatiale, et dès le 25 mai 1383 3, dans un arbitrage entre les frères Uldriod et Othonet de Treytorrens, nous le voyons remplacé comme abbé par Rodolphe de Blonay.

Or, Rodolphe de Blonay n’était pas auparavant moine de Thela. Fils 4 de Guillaume, seigneur de Blonay, et de Guillemette d’Illens, frère de Jean de Blonay, bailli de Vaud, et beau-frère de Hugues, seigneur d’Estavayer, il /66/ avait déjà une longue carrière derrière lui. Il avait été en effet abbé de Bonmont en 1349, de Hautcrêt dès le 7 juin 1351 à décembre 1355 1 puis abbé de Hauterive 1358-1361 et de Saint-Jean d’Aulph 2, et c’est à Montheron qu’il vint finir ses jours. Le personnel du couvent était à ce moment composé de Pierre Actillet de Lutry, prieur en 1382-1393; Jean d’Arnex, cellérier en 1380-1389; Nicod d’Estavayer, sous-prieur en 1382-1388; Jean de Paudex, pitancier en 1382-1386; Guillaume de Fribourg, sacristain, 1382-1390; Geoffroi de Saint-Prex ou de Saint-Bris; Girard Chemin de Lausanne; Pierre de Maysières et Pierre d’Yverdon en 1382 (sacristain en 1386); Girard Rosset en 1383, et plus tard, en 1399, Pierre Puthoz, procureur; Jean Bercher, cellérier, et Jean Regallion, pitancier 3.

Les espérances que l’on avait pu mettre en Rodolphe de Blonay ne se réalisèrent pas, car son dernier acte est du 27 avril 1387 4 déjà, et la même année 5 apparaît comme abbé Nicolas d’Estavayer, l’ancien sous-prieur, dont nous ignorons les attaches avec la famille noble de ce nom. Le 28 août 1388 6, l’abbé Nicod donna son consentement à un acensement fait par Rolette de Bettens, abbesse de Bellevaux, acte qui est un des rares où l’on voie les religieuses de Bellevaux dépendre de l’abbé de Thela, leur guide étant généralement l’abbé de Hautcrêt. /67/ C’est lui qui, nous l’avons dit, eut un procès contre le cardinal Galeoti Tarlati de Petramala, en faveur duquel le pape avait assigné une pension sur les couvents de Montheron et de Hautcrêt 1. C’est encore sous son administration qu’Humbert de Goumoëns prêta le 31 janvier 1395 2 en faveur de l’évêque un hommage général comprenant implicitement l’avouerie de Thela, et que le duc de Bourgogne confirma le 30 mai 1396 3 le don annuel de cent soudées de sel, fait par son ancêtre le comte Jean en 1243. Nicolas d’Estavayer figure encore comme abbé dans un acte de 1398 4, et un vieil inventaire prolonge son existence jusqu’en 1400 5.

Si, à ce moment-là, les frères convers, tel que l’ancienne discipline les définissait, ont à peu près disparu de Montheron, ils sont remplacés par d’autres familiers que l’on nomme prébendiers. C’est ainsi qu’en 1356 Jaques, fils d’Aymon de Froideville (que nous avons vu précédemment en conflit avec le couvent) se donne lui, avec sa femme et leurs biens, au monastère 6. Mermod Rovaz de Morrens agit de même en 1378 7, Jean Fauconet de Cugy en 1385 8, Mermet Rovaz de Chenaux en 1392 9, Mermet Cupillard et sa femme, de Cuarny, en 1404 10. Le 22 juin 1380 11, Jean, fils de feu Jordan, de Montheron, et sa femme Anthoina, donnent de même /68/ au couvent une maison à Lausanne sous l’église des Dominicains, à charge pour le monastère de nourrir et de vêtir les donateurs, suivant leur faculté et rang, pendant leur vie, et de les enterrer gratuitement. En se donnant ainsi au couvent, ils assuraient leur subsistance, moyennant quelque travail. Ils ne perdaient pas par là leurs droits civils, car en 1397 1 nous voyons la tante de Mermet de Plannavy, prébendière de l’abbaye de Thela, donner à son neveu tous ses biens. Ces prébendiers étaient en fait de véritables serviteurs de l’abbaye. Il n’y a pas là un fait absolument nouveau, puisqu’en 1324 déjà Péronet Risponier avait donné ses biens au couvent à la condition d’être logé et nourri par lui comme un serviteur de la maison 2, mais de pareils abandons se multiplièrent vers la fin du siècle, témoignant d’ailleurs de la satisfaction que le paysan avait à se mettre sous la protection de l’abbaye.

 

XII. — La dépendance de Rome et de Cîteaux.

Un nouvel abbé apparaît à Montheron dans un acte du 28 mars 1402 3. Pierre Barbey, d’Yverdon, qui était /69/ procureur du couvent en 1377, 1389, 1394, sacristain en 1386, cellérier en 1390-1392, prieur en 1399 1. Quelques semaines après, le 10 juillet 2, il reçoit quittance de la Chambre apostolique d’un revenu de trois livres, à raison de la vacance du siège abbatial. Un siècle auparavant, cependant, une bulle du pape Urbain IV exemptait formellement les couvents de Cîteaux « à moins de déclaration contraire », ajoutait-il, il est vrai, de toutes collectes, subsides et impôts du saint-siège 3. Mais les charges croissantes de la cour pontificale avaient obligé celle-ci à augmenter le nombre de ses imposés, et même, nous l’avons vu en 1390, grever de redevances abusives les revenus des couvents exempts.

Les couvents de Cîteaux résistèrent cependant. Pour nous limiter à notre sujet, nous mentionnerons seulement, à côté de la protestation faite en 1390 par l’abbé Nicod d’Estavayer, celle d’un de ses successeurs, l’abbé Jean Besson, qui, le 28 juin 1480, s’éleva à son tour, au nom des privilèges de Cîteaux, contre une pension qu’en vertu d’une décision pontificale le couvent de Montheron devait servir à Urbain de Chevron, commendataire du monastère de Saint-Sulpice et futur archevêque de Tarentaise 4.

La cour de Rome devait aller plus loin encore. A Montheron, dans le courant du quinzième siècle, l’élection des abbés paraît s’être faite conformément à la /70/ règle. Nous n’avons pas les procès-verbaux d’élection, mais à côté de l’acte de 1366 que nous avons cité, un document du 26 mai 1465 1 relatif à l’élection de l’abbé de Hautcrêt nous indique quelle était la procédure régulière. On y voit que les quatorze moines du couvent se réunirent en présence de Raymond de Rue, évêque d’Hippone et suffragant de l’évêque de Lausanne, Guillaume de Varax, ainsi que de deux délégués de l’abbé de Cîteaux, Pierre Mazaleir, abbé de Hauterive, et Jean Besson, abbé de Thela. Le prieur Antoine Rey fut choisi comme abbé par les confrères; l’évêque Raymond et les deux abbés approuvèrent la nomination; l’élu donna l’accolade aux religieux, le suffragant de Mgr de Lausanne consacra le nouveau chef du monastère, en présence de l’abbé Jean Besson, et le notaire Ducarrin dressa procès-verbal du tout.

On voit par tous ces détails que l’élection était définitive. Il en fut autrement bientôt après, et les couvents cisterciens subirent, comme les évêchés et les canonicats, les effets du système des réserves adopté par la cour de Rome. L’abbé de Bonmont étant mort, le pape Sixte IV nomma directement le 19 septembre 1483 2 son successeur, Aymon de Gingins-Divonne. A Montheron, le régime de l’élection fut maintenu. L’abbé Thomas de Saulens étant mort au commencement de 1506, un ancien abbé de Hautecombe, François de Colombier, fut désigné pour le remplacer, mais son supérieur hiérarchique, Antoine, abbé de Bellevaux, demanda au pape la confirmation de l’élection, ce que Jules II accepta le 14 avril /71/ 1506 1. Deux ans plus tard, François étant mort, c’est son successeur lui-même, Jean de Lacconay, qui demanda et obtint la ratification papale.

Enfin, à la mort de Jean de Lacconay, en 1519, pour ce motif que l’abbé de Montheron était décédé en cour de Rome, le pape Léon X s’attribua la nomination directe de son successeur et désigna en cette qualité son propre cousin, Aymeri de Médicis 2, puis, celui-ci ayant résigné, le cardinal Jean Salviati, qui était encore commendataire en 1536 3.

Envers l’ordre de Cîteaux, le couvent de Montheron demeure fidèle à la règle. L’abbé de Cîteaux, ou son délégué, assiste à la nomination de l’abbé de Thela. Il exerce son droit de contrôle: en 1512, il charge Jean de Lacconay de visiter et d’administrer provisoirement l’abbaye d’Aulph en Savoie 4, en 1519 il le charge de présider à la nomination et à l’installation d’une nouvelle abbesse à la Fille-Dieu de Romont 5. Cependant, les couvents sont maintenant plus libres dans l’administration de leurs biens. L’abbé de Montheron achète et vend, sans que l’autorisation des chefs de l’ordre soit mentionnée. Mais il reste tenu à une redevance annuelle au chapitre général, redevance qui est de 30 sols en 1353, 29 en 1356, 30 en 1452, 36 en 1457, 45 en 1463, 24 en 1464, 45 en 1480 6. Le 18 juin 1507, Claude, abbé de Saint-Sulpice, visiteur et réformateur de l’ordre dans la province de Savoie, donne quittance à l’abbé François de /72/ Colombier, de la somme de 18 livres tournois (360 sols), contribution imposée au couvent par le chapitre de l’ordre 1 Il semble qu’il s’agit ici d’une imposition extraordinaire.

 

XIII. — Les abbés du XVe siècle

Nous avons vu que Pierre Barbey, dit d’Yverdon, paraît comme abbé de Thela dès le 28 mars 1402 2 et que sa nomination devait être de date récente. Un document du 5 février 1409 3 le montre entouré du prieur Pierre de Chenaul, des moines Girard Chemin, Girard Richard, Thomas Mermod, Jean Bussy, Jean Bellens et Etienne de Corcelles, et un autre de 1426 4 montre Pierre de Chenaul prieur et pitancier, Girard Chemin sous-prieur, Guillaume de Fribourg sacristain, Guillaume de Besançon, Nicod Descombaz de Lutry et Girard d’Estavayer. Le dernier acte passé au nom de Pierre Barbey est du 5 novembre 1427 5; il y stipule avec Etienne de Corcelles, grand cellérier et proviseur. Il vivait encore, retraité, en 1435 6.

L’auteur du Répertoire de Montheron, M. de Thurey, qui analysa la plupart des titres du couvent vers 1750, sort pour lui de son impassibilité habituelle et dit qu’il « paraît avoir été vigilant et actif, entreprenant, habile et heureux dans les affaires. » Cette appréciation est juste. Pierre Barbey sut tout d’abord affirmer l’autorité du couvent. Le 11 janvier 1413 7, les communiers et habitants de Froideville reconnurent qu’il avait sur eux toute /73/ juridiction, hormis le droit de glaive. Le 19 septembre 1423 1, ceux de Boulens firent la même déclaration, avec réserve du droit de dernier supplice en faveur du duc de Savoie. Ce dernier renonça formellement à tout droit de régale, le 7 décembre 1414 2, sur les possessions de l’abbaye dans la vallée d’Yverdon, soit à Chevressy et Cheseaux-Noréaz, et le 1er avril 3 précédent il avait déjà renoncé à des prétentions semblables sur la grange de Boussens.

Pierre Barbey dut en outre rétablir rapidement les finances du couvent, — peut-être bénéficia-t-il des efforts de ses prédécesseurs, — car nous le voyons prêter et acheter largement. Le seigneur Antoine de Goumoëns lui engage des cens à Villars-le-Terroir et à Goumoëns-le-Châtel 4; le seigneur Jean d’Estavayer des cens à Mollondins, à Estavayer et à Frasses 5. L’abbé de Montheron acquiert tous les droits et biens que les donzels Jean Grasset de la Sarraz 6, Jaquet de Villars de la Sarraz 7 et Guillaume d’Yvoire possédaient à Morrens, Cugy et Bretigny. Guillaume d’Yvoire, gentilhomme du diocèse de Besançon, était le gendre de Jean de Bottens, membre d’une famille vaudoise fixé en Bourgogne; il abandonna aussi au couvent la meilleure part de son héritage: la moitié de la grande dîme d’Assens 8, des terres à Assens, à Malapalud, à Bioley-Orjulaz, à Eclépens. Nous voyons l’abbé de Thela acheter une terre à /74/ Bottens, une autre à Boussens, d’autres à Cugy, à Boulens, Bercher, Rueyres, une vigne à Ouchy. Ces prêts et ces achats atteignent 650 livres lausannoises, soit environ 46000 francs de notre époque, dont près de la moitié pour le seul bien de Guillaume d’Yvoire, et nous ne connaissons sans doute qu’une partie des transactions de Pierre Barbey.

Le couvent de Thela avait des débiteurs récalcitrants et des voisins chicaneurs. Le 7 avril 1421 1, il obtint de l’abbé de Saint-Paul de Besançon, délégué du saint-siège, une sommation à tout détenteur des droits, titres et biens de l’abbaye d’avoir à les restituer, sous peine d’excommunication, dans le délai de quinze jours, et certaines transactions en résultèrent. Enfin on voit l’abbé traiter avec l’évêque de Lausanne 2, l’hôpital de Notre-Dame 3 et d’autres encore, pour se dégager de servitudes onéreuses au moyen d’échanges.

Tout ceci nous donne une excellente idée des capacités administratives de l’abbé Pierre Barbey. Il dut aussi développer la vie religieuse du couvent, mais nous n’en avons que des témoignages indirects, tels que celui du puissant intérêt que témoigna au couvent le chevalier Henri de Colombier, dont nous parlerons plus loin. Une pièce intéressante est le testament de Jean Pyat, héraut d’armes d’Amédée de Savoie, comte de Genevois, demeurant à Yverdon. Dans ce testament, du 16 novembre 1413 4, Jean Pyat déclare élire sépulture dans l’église de Thela, devant l’autel Saint-Antoine, auquel il lègue 40 écus d’or pour une messe hebdomadaire, ses reliques /75/ étiquetées dans un coffre peint, sa chaîne d’argent pour en faire un calice et deux habits dont on tirera des chasubles.

A la retraite de Pierre Barbey, chargé d’ans, en 1427, le couvent de Montheron élut pour abbé Pierre de Chenaul, d’Estavayer, que nous avons vu prieur en 1409 déjà. Il est qualifié d’abbé du 22 janvier 1428 1 au 13 décembre 1435 2. Nous avons deux documents intéressants de son administration. Le 17 août 1430, l’abbé Guillaume de Clairvaux, au nom de l’abbé de Cîteaux, transféra de l’abbé de Hautcrêt à celui de Montheron le droit de visite du couvent des religieuses de Bellevaux 3. A la même époque, l’abbaye de Montheron était en conflit avec le chanoine Jean de Maglans, curé de Morrens, au sujet du grangier des Saugealles. Le curé de Morrens prétendait que le grangier était son paroissien et qu’il lui devait par conséquent le ressat et la dîme des nascents 4, ce que contestait l’abbé. Le juge épiscopal des appellations devant qui l’affaire fut portée prononça, le 7 février 1432 5, que les bulles apostoliques déclaraient exempts les religieux et leurs familiers et qu’en conséquence le grangier des Saugealles ne relevait que de l’abbé.

Pierre de Chenaul eut comme successeur dans la dignité /76/ abbatiale Pierre Williez ou Vuyllez, d’Yverdon, qui était en 1434 1 procureur du couvent et que l’on cite comme abbé du 18 mai 1437 2 au 17 septembre 1438 3. C’est probablement sous son administration que, le 28 avril 1436 4, le duc de Savoie Amédée VIII renonça à ses droits sur différents biens légués au couvent par Humbert, Girard et Antoine de Goumoëns, et le même prince, devenu pape sous le nom de Félix V, confirma solennellement au couvent, le 8 août 1440, tous les privilèges et droits assurés par les pontifes précédents, notamment Alexandre III, Lucius III et Honorius III 5.

En 1438 ou 1439, l’abbaye de Montheron reçut la dépouille mortelle d’un de ses grands bienfaiteurs, l’illustre chevalier Henri de Colombier, qui, après avoir été le compagnon d’armes et le fidèle serviteur du duc de Savoie Amédée VIII, le suivit dans son ermitage de Ripaille et voulut être inhumé dans l’église de Thela, devant le maître autel, dans un tombeau de pierre qu’il avait façonné de sa propre main. Il lui avait légué, par testament du 8 décembre 1425, 200 écus d’or et de nombreux cens 6.

Etienne Rolet, de Corcelles (près Chavornay), grand cellérier en 1426, apparaît comme abbé dès le 7 juin 1443 7. On le voit entouré de douze moines; le prieur Jean Bergier, le sous-prieur Richard, les moines Thomas /77/ Mermod et Jean Bellens (ces trois derniers déjà mentionnés en 1409), le cellérier Jean de Chenaul, les moines Jean Besson de Cheseaux (pitancier en 1445-1448), Guillaume Pictet ou Picton (pitancier en 1448), Pierre Blanc, (prieur, procureur et pitancier en 1450-1455), Henri Chancy, Claude Beneton et Thomas de Saulens 1. Ce dernier et Jean Besson devaient être abbés plus tard.

A ce moment, le couvent était de nouveau obéré, puisque, par l’acte du 7 juin 1443, l’abbé « pour les besoins de l’abbaye » emprunte la somme de 100 livres (7200 francs) à Mermet Périsset, bourgeois d’Estavayer, de la famille d’un célèbre orfèvre de Lausanne. Cependant, l’abbé Etienne de Corcelles obtint des donations généreuses: celle de maisons et vignes à Chavornay léguées par un riche bourgeois d’Yverdon, Pierre Banderet 2, dont le fils Claude était religieux au couvent; celle des biens de Brissette Chancy 3, de Lausanne, la mère aussi de l’un des moines; celle qu’Antoine Borgeys 4, l’un des notables de la même ville, fit aussi de tous ses biens.

L’abbé Etienne de Corcelles eut maille à partir avec les communiers de Morrens et de Cugy, sur lesquels il prélevait la dîme. Le 28 février 1445 5, il se vit obligé de leur en céder une partie, à la condition que ces gens se chargeassent du charriage des blés. Le 6 mai 1453 6, il dut de même consentir à une diminution des prestations des communiers de Froideville. Le dernier acte de cet abbé est l’abergement qu’il fit le 26 avril 1454 de la grange de Chevressy 7. /78/

L’abbé Jean Besson, de Cheseaux, que nous voyons fonctionner immédiatement après, le 22 novembre 1454 1, avait été pitancier en 1445 et 1448 2. Le 28 mars 1455 3, on le voit assisté des moines Pierre Blanc, prieur, Guillaume Pittet, sous-prieur, Thomas Mermod, Henri Chancy, Thomas de Saulens, Girard Richard, Pierre Delafour, Jaques Antoine et Jean de Willaufens (ailleurs Vufflens), mais évidemment l’acte ne mentionne pas tous les religieux. En 1469 4, Guillaume Pittet est prieur, Jean Trion, Aymonet Brugnat, Sanctus de Pully, Guillaume Joyet et Claude Beschoz, moines 5.

L’abbé Jean Besson fut en charge pendant trente-deux ans et jouit d’une grande réputation. En 1465 6, il est délégué par l’abbé de Cîteaux à l’élection d’un abbé de Hautcrêt. Le 2 mai 1466 7, le pape Paul II le charge de régler, avec l’abbé de Hauterive, un différend relatif au bénéfice curial d’Ependes, et le 5 novembre 1470 8, le même pontife le désigne, avec l’évêque de Sion et l’abbé du Lac de Joux, pour statuer sur des prétentions concernant le prieuré de Lutry. Sixte IV en fait de même le 14 mai 1472 9 l’arbitre d’un conflit touchant la cure de Treycovagnes. En 1476, au lendemain de la bataille de Morat, les Lausannois l’envoient avec l’administrateur du diocèse au devant des Confédérés pour les empêcher de saccager la ville 10. /79/

Un moine, Claude Mellin, d’Yverdon, ayant été excommunié pour avoir frappé un prêtre, le pape Paul II autorisa, le 7 mai 1466 1, l’abbé de Thela à lever l’interdit, moyennant excuse du coupable et punition disciplinaire. L’abbé savait d’ailleurs fort bien se défendre contre quiconque violait les droits du couvent. En 1482 2, il défendit avec énergie son droit de juridiction sur les familiers contre les officiers de l’évêque de Lausanne lui-même. Ailleurs, on le voit acquérir pour le couvent des biens à Boulens, à Etagnières, au Châtelard sur Lutry. Le comte François de Gruyère renonce en décembre 1461 3 au droit de péage et de pontonage à prélever aux deux ponts d’Aubonne sur les marchandises transportées par les religieux ou leurs familiers.

D’autres décisions de l’abbé Jean Besson témoignent d’une nouvelle évolution économique et sociale. Le 23 avril 1456 4, le couvent donne à cens à Pierre Martin de Chapelle-Vaudanne et à ses hoirs « pour deux cents ans, comprenant deux cents récoltes,  » la grange d’Aillerens avec toutes ses dépendances. Ce n’est plus, comme on voit, un abergement à court terme comme cela avait été le cas jusqu’alors. C’est une cession presque définitive, presque complète aussi, car la seule réserve faite, outre le cens, est l’interdiction d’hypothéquer la ferme.

D’autres liens se relâchent au même moment. Le 7 octobre 1452 5, le prieur de Lutry, Gui de la Rochette, avait affranchi tous ses hommes taillables de Lutry, /80/ d’Epesses et d’autres lieux. L’abbé de Montheron agit pareillement quelques mois plus tard, le 16 mars 1455, envers les habitants de Froideville, qui furent libérés « a jugo et nexibus servitutis tallie ad misericordiam,  » moyennant payement par eux de 43 florins d’or, petit poids, et 4 sols (environ 2000 francs 1). Ils continuèrent à payer, à titre de cens direct, ce qu’ils versaient auparavant comme taille, mais ils acquirent par l’affranchissement la liberté complète d’aliéner leurs biens et de tester. Nous n’avons pas d’acte collectif semblable pour Boulens, mais seulement un acte d’affranchissement personnel en faveur de Guillaume Tullin, de Boulens, du 20 mai 1461; le prix payé par ce dernier pour être déclaré « homme libre et franc » de l’abbaye est de six livres, soit environ 400 francs.

L’abbé Jean Besson mourut en 1486 2 et il eut pour successeur Thomas Matthey, de Saulens 3, village aujourd’hui disparu et qui existait autrefois près d’Assens, au bord du Talent. Thomas de Saulens, c’est le nom qu’on lui donne ordinairement, était déjà âgé, car il figure au nombre des moines en 1454 déjà, et il fonctionne comme cellérier du couvent à partir de 1457 4. Il resta néanmoins pendant vingt ans à la tête du couvent, car il mourut probablement au commencement de 1506 5. Son administration fut celle d’un homme paisible et pieux, et rien ne la distingue particulièrement. Notons seulement /81/ qu’il acquit en 1501 le four banal de Sugnens 1, en 1502 les biens délaissés par Pierre Banderet d’Yverdon 2, et que le 30 octobre 1505 Jean de Cossonay, seigneur de Rueyres, lui vendit pour 120 florins la sixième partie de la grande dîme de Saint-Cierges 3.

Pendant le gouvernement de Thomas de Saulens, Jean de Mattefellon est prieur en 1488 4, Louis Vuillez, novice en 1482, pitancier en 1490 et prieur en 1495-1505 5, Henri Pallanchard, sous-prieur, Humbert Bidaud, Nicolas Georges, Philippe Panchaud, Benoît Guillet, Jean Bebry et Jean de Lacconay, moines en 1502 6.

 

XIV. — Les comptes d’un cellérier du couvent

Avant d’être abbé, Thomas Matthey de Saulens avait été, pendant de longues années, cellérier du couvent, et son compte de recettes et de dépenses pour l’année 1482 nous a été conservé 7. Ce compte nous permet de pénétrer davantage dans le ménage intérieur du couvent: aussi le résumerons-nous, quoiqu’il ne renferme aucun détail extraordinaire.

Le cellérier fait tout d’abord les comptes de ses recettes en froment. Il a reçu en tout 86 muids, 3 coupes et 1 quarteron de froment, soit 621 hectolitres (le muids a 720 litres). Ce blé vient des granges de Boussens, de /82/ Boulens, de Montendrey, du Buron, des Saugealles, de la Ramaz, de Chevressy, de la vallée d’Yverdon, ainsi que de Pailly et d’autres lieux. Sur cette quantité, 66 muids sont réservés pour les dépenses de l’abbaye, 6 muids sont vendus aux marchés de Lausanne et d’Yverdon, et le reste sert à payer diverses redevances. Il n’y a pas de compte pour l’avoine et le seigle.

Le cellérier reçoit en outre 62 chapons et 13 12 pots d’huile, qui sont entièrement consacrés aux besoins du couvent.

Ses recettes en argent montent à 439 livres, 9 sols et 1 denier. Cela représente à peu près 22000 francs de notre époque, la livre étant comptée à 50 francs. Les habitants de Froideville et de Boulens versent 900 francs pour chaque village, Pailly 650 francs, divers tenanciers de Lausanne 480 francs, le grangier de Boussens 350 francs, celui de Chevressy 400 francs, les tenanciers de Belmont-sur-Lutry 350 francs, ceux de Pomy 400 francs. A part les cens, la principale recette est produite par la vente du vin du Dézaley, qui est évaluée à 172 livres, 12 sols, 2 12 deniers, soit près de 9000 francs; le vignoble de Sadex produit seulement 1350 francs. Aucun revenu n’est indiqué pour les vignes de Collonges, à Lausanne. Le vin était sans doute directement attribué à l’abbaye.

De cette somme de 22000 francs, 2000 francs sont consacrés aux dépenses de ménage à l’abbaye, 6000 francs à l’entretien des vignes et aux vendanges, 1100 francs à l’entretien des bâtiments et granges, 7500 francs au fauchage et à la récolte des prés de l’abbaye, 900 francs à l’achat de deux chevaux, 150 francs à celui de 21 /83/ porcs, 900 francs à l’achat de foin, 1500 francs au salaire de 16 domestiques, plus 650 francs pour leurs vêtements, 850 francs pour le maréchal et les ferrures des chevaux continuellement en charrois, 500 francs pour les pensions à deux ménages de prébendiers et à un célibataire, 400 francs pour d’autres redevances en argent, 900 francs pour vacations extraordinaires (c’est ainsi que le cellérier dut aller, le 3 mai 1482, aux Trois Etats à Moudon), 50 francs pour la bourgeoisie de Moudon et 50 francs pour celle d’Yverdon, 680 francs pour rachat d’une redevance de sel due à la confrérie de Saint-Laurent, à Lausanne, 600 francs remis à l’abbé Jean de Cheseaux et 1800 francs aux moines pour le vestiaire. Le total des livrées en argent monte à 436 livres 9 sols 2 deniers, soit 21850 francs, et les recettes ne dépassent en définitive les dépenses que de 150 francs.

L’argent remis aux religieux pour le vestiaire est de 200 francs à chacun des moines suivants: Guillaume Petit, prieur; Thomas de Saulens, cellérier; Guillaume Joyet, Jean Trion 1, Alemand, Sanctus de Poliez et Claude Beschoz, et 8 francs seulement à Louis Vulliez et à Henri Pallanchard, qui n’étaient sans doute que novices. Quant aux dépenses intérieures du couvent, elles comprennent, sur 2000 francs, huit charges de sel, 17 livres 12 sols (870 francs), l’achat de pois pour 3 livres 4 sols, de 2 sols de moutarde, de 18 sols d’épices, d’un pot d’hypocras (3 sols, 7 fr. 20), d’huile d’olive, de deux douzaines de harengs (4 sols), de douze livres de /84/ chandelles, de 6 sols de pain blanc le Vendredi-Saint, d’un chevreau à Pâques, d’un veau le 3 mai, et d’un peu de viande (10 sols en tout) à la Pentecôte et à la Saint-Denis. Tous ces excès ne sont pas graves.

Rappelons-nous cependant qu’il ne s’agit là que des comptes du cellérier. Ceux de l’office de la pitance, c’est-à-dire des revenus consacrés spécialement à la nourriture des moines, nous manquent. De même l’évaluation des revenus personnels de l’abbé. Comme nous voyons que le cellérier fait abstraction des revenus des granges de Plannavy, de Glatigny et du Mourguet, à Montheron, du moulin et de la raisse du couvent, des granges de Morrens et de Cheseaux, des récoltes en seigle et en avoine, des vignes de Collonges, à Lausanne, nous sommes fondés à croire que tout cela allait à la mense abbatiale, et peut-être aussi à l’office de la pitance. De telle sorte, que les comptes de Thomas de Saulens ne concernent qu’une partie de l’administration du monastère.

 

XV. — L’abbé François de Colombier

Nous ignorons la date exacte de la mort de l’abbé Thomas de Saulens, mais une supplique au pape, de l’abbé de Bellevaux Antoine, annonce que François de Colombier, « moine » de Thela, docteur en droit et protonotaire apostolique, a été nommé abbé de Montheron à la mort de Thomas, et demande pour cette élection la ratification du Souverain Pontife. Cette ratification est donnée par Jules II, à Saint-Pierre, le 18 des calendes de mai, 4e de son pontificat, c’est-à-dire le 14 avril 1507, /85/ mais l’élection doit être antérieure au 21 octobre 1506 1.

François de Colombier, fils d’Humbert, seigneur de Colombier et de Vullierens, avait déjà derrière lui une carrière mouvementée. Né en 1452, il avait été reçu chanoine de la cathédrale de Lausanne le 24 septembre 1467, alors qu’il poursuivait ses études à l’université de Turin, à la faculté de droit canon, où il était encore en 1473. En 1480, il est professeur de droit à l’école épiscopale de Lausanne; dès 1482, il représente le chapitre au conseil de ville. En mai 1491, à la mort de l’évêque Benoît de Montferrand, le chapitre l’élit pour succéder au défunt. Rome n’ayant pas ratifié ce choix et ayant donné l’évêché à Aymon de Montfalcon, François de Colombier assiste ce dernier en qualité de vicaire général, cumule cette fonction avec l’office de chantre du chapitre et avec les bénéfices curiaux de Saint-Saphorin, près Chexbres, et de Vullierens.

Mais voici que François de Colombier quitte brusquement l’habit séculier et entre dans l’ordre de Cîteaux. Il faut expliquer ici que le duc de Savoie était son ami, et qu’il tenait à lui remettre le gouvernement de l’abbaye de Hautecombe, où reposaient les dépouilles mortelles des princes de cette maison. Le 9 mai 1498, l’abbé Sébastien d’Orlier ayant résigné sa charge, le pape nomma pour le remplacer François de Colombier. Comme il n’était pas profès de l’ordre, celui-ci fut désigné non comme abbé, /86/ mais comme administrateur pour deux ans, le temps nécessaire pour être reçu dans la congrégation. Et en effet, François quitta les dignités séculières et revêtit l’habit monacal, à tel point qu’en 1500 il est qualifié de visiteur de l’ordre de Cîteaux en Savoie. Cependant, en 1505, il quitta la dignité abbatiale et résigna en faveur de son neveu Claude d’Estavayer, plus tard évêque de Belley, en se réservant la jouissance d’une partie des biens du monastère, au sujet desquels il se trouvait l’année suivante en conflit avec son successeur.

Ce différend, qui devait se terminer par un arbitrage de l’évêque de Lausanne du 14 janvier 1507, durait encore, lorsque l’abbaye de Montheron devint vacante. Les liens de famille qui unissaient François de Colombier à ce monastère, lui firent désirer de le diriger. Le 21 octobre 1506, n. Pierre de Foyssia, bourgeois et marchand de Genève, reconnut avoir reçu de lui la somme de trente écus d’or pour avoir été son procureur à l’occasion d’une requête au pape relative à l’abbaye de Hautecombe et la signature de confirmation de son élection comme abbé de Thela. La procédure dura tout l’hiver, puisque ce n’est que le 14 avril 1507 que le pape ratifia l’élection 1. Puis, à la demande de François, qui avait joui d’un pareil privilège à Hautecombe, il autorisa l’abbé de Thela, le 28 avril, à porter la mitre, l’anneau et la crosse pastorale et autres insignes pontificaux, non seulement dans l’abbaye, mais dans les autres couvents et prieurés de l’ordre de Cîteaux; à donner la bénédiction solennelle avec sa crosse, à l’issue des matines, messes et vêpres; /87/ avec l’agrément des évêques, à pouvoir conférer la tonsure cléricale et les quatre ordres inférieurs, consacrer les vierges, bénir les autels, calices, patènes, ainsi que les églises et les chapelles profanées. Enfin, le 30 avril et le 3 mai, Jules II approuva encore d’autres arrangements de François relatifs, notamment, à sa pension sur les revenus de Hautecombe. Toutes ces démarches à Rome coûtèrent fort cher à l’abbé de Montheron. Il dut finalement débourser à son mandataire Pierre de Foyssia la somme de 300 écus d’or au soleil, soit bien près de 20000 francs. Quittance finale fut donnée de cette somme le 19 octobre 1507. Une autre quittance, de 18 livres tournois (1200 francs) versées au chapitre général de Cîteaux, est donnée le 18 juin 1507 par l’abbé de Saint-Sulpice, visiteur de l’ordre 1.

Le nouvel abbé s’installa à Montheron et y fit faire d’importantes réparations, dont témoigne une quittance du 9 avril 1507, donnée par Jean Choubre, masson de Pontarlier en la diocèse de Besançon 2; la quittance n’indique malheureusement pas le détail de ces travaux 3. Mais François de Colombier ne jouit pas longtemps de sa nouvelle dignité, car il mourut déjà au commencement de mars 1508 et son décès fut l’occasion de scènes extrêmement pénibles.

L’incident nous est révélé tout d’abord par une lettre du 17 mars 1508, adressée au conseil de la ville de Fribourg 4 par le frère du défunt, Jaques de Colombier, /88/ seigneur de Bussy, ses fils Adrien et Jean, ainsi que par un cousin, Louis de Russin, co-seigneur de Bottens. Ces quatre personnages déclarent protester contre les violences exercées par d’autres parents, les nobles Champion, frères, seigneurs de Cheseaux et de Vaulruz, cousins, eux aussi, de l’abbé François, lesquels, venus à Montheron à l’occasion de l’office de septième, ont forcé coffres et arches, pris et emporté certains coffres contenant vaisselle d’argent et autres semblables.

Nous ignorons quelle suite fut donnée sur le champ à cette affaire, mais elle revint sur l’eau onze ans plus tard, et une pièce de procédure conservée aux Archives cantonales vaudoises donne de curieux détails sur les mœurs de l’époque. Cette pièce débute par une ordonnance du Conseil ducal de Savoie, rendue à Thonon le 3 avril 1519 et portant ceci: « Le duc Charles, voulant être informé de toute la vérité au sujet d’un trésor qu’aurait confessé le n. Jaques de Colombier, seigneur de Bussy, à l’abbé Jean de Lacconay, dernièrement, en chapitre de Montheron, confession qui aurait été reçue en présence de n. Louis de Russin et de Charles Raffard, — ordonne au procureur fiscal du pays de Vaud d’interroger ces deux témoins, lui donnant tout pouvoir d’enquêter, convoquer, au besoin de frapper les non comparants d’une peine de cent livres, et de nous faire rapport, afin que nous décidions sur cette affaire 1. »

Le commissaire ducal Michel Quisard reçut ce mandat le 5 avril, et, dès le lendemain, se rendit chez le seigneur de Bottens, Louis de Russin, qu’il trouva à /89/ Chapelle-Vaudanne, chez un paysan, Claude Pache, et l’interrogea devant témoins. Il vit ensuite à Lausanne le notaire Hugues Prodolliet, qu’une information spéciale lui avait désigné comme ayant entendu l’aveu du seigneur de Bussy; à Morges le 9 août, dans la chambre de Hugues Forney, il reçut enfin la déposition du notaire Charles Raffard.

Les témoins racontèrent en substance ceci:

Après la mort de l’abbé François de Colombier, l’abbaye de Montheron fut envahie par une foule de gens d’armes et de compagnons. Ils n’étaient pas moins de 350, et Louis de Russin expliqua leur arrivée en ces termes: « L’abbé actuel (Jean de Lacconay) avait des compétiteurs qui voulaient entrer et avoir l’abbaye, comme le seigneur de Gruyère (probablement Mermet de Gruyère prieur de Broc, bâtard du comte François) qui avait envoyé 80 hommes. Le seigneur (évêque) de Lausanne, soit son lieutenant baillival, voulait avoir la garde du monastère, et les seigneurs de Fribourg (co-souverains du bailliage d’Echallens) voulaient l’avoir aussi. Enfin, le seigneur de Vaulruz voulait avoir les meubles de François pour l’abbé de Hautecombe (Claude d’Estavayer, son neveu). » Tous ces personnages avaient donc envoyé des soldats au monastère. On ne dit pas s’ils y firent bon ménage. « Mais, ajouta Louis de Russin, le pauvre abbé Jean fut si bien servi par moi-même et par d’autres qu’il eut tout. »

Pas tout cependant, car le notaire Charles Raffard raconta ceci:

« Sitôt après la mort de François de Colombier, le seigneur de Bottens, qui disait que ses prédécesseurs /90/ avaient fondé l’abbaye, alla au couvent avec moi, qui étais à son service. Là, j’entendis dire que les seigneurs de Vaulruz et de Cheseaux devaient s’y rendre aussi avec une grande puissance. Le seigneur de Bussy et certains autres, parmi lesquels Nicolas Renguis, portèrent en secret et de nuit le trésor à Vufflens, dans la maison de Jaques de Colombier. Ensuite, sur ce trésor, Jaques remit à n. Louis de Russin, en payement de choses vendues, certain Pater d’or, des chaînes d’or et beaucoup d’écus jusqu’à 3000 florins. On prit en outre, sur ce trésor, pour payer les compagnons d’armes qui avaient accompagné le seigneur (de Bussy) à l’abbaye, et le témoin reçut deux écus pour sa part. Le reste fut transporté par Bussy, le prieur, Renguis et d’autres à Genève. Ils avaient eu grand’peur, parce que, pendant qu’ils allaient à Genève, on leur dit que les seigneurs de Hautecombe et de Vaulruz venaient avec de grandes forces, et qu’ils craignaient que ceux-ci enlevassent le butin. »

Le seigneur de Bottens avait ajouté qu’à l’arrivée à Vufflens, le trésor avait été enfermé dans du froment. On en rendit une partie au nouvel abbé: des Pater d’or, des ducats, une chaîne d’or à grosses mailles, une chaîne d’or à petites mailles rondes. Ces objets furent remis à Louis de Russin pour prix d’un champ qu’il avait vendu (à l’abbé défunt), le chapelet (soit les Pater d’or) ayant été évalué à 1000 florins d’or, la grosse chaîne à 200 écus d’or, et la petite chaîne à 58 écus d’or. Le seigneur de Bottens reçut encore d’autres sommes, de telle manière que le prix de vente, qui était de 3000 florins d’or, fut payé. Le reste du trésor, consistant en « vaisselle /91/ d’argent, tant de chapelle que de buffet, fut vendu par le seigneur de Bussy et certain religieux, à un monnayeur de Genève, pour 2000 florins. »

En somme, le trésor de l’abbé François de Colombier était constitué par des joyaux dont nos aïeux étaient grands amateurs, par de la vaisselle d’argent et par des vases sacrés, enfin par de la monnaie d’or et d’argent. C’est ce trésor qu’avait emporté le seigneur de Bussy, qui n’en avait restitué qu’une partie. L’abbé Jean de Lacconay lui réclamait le surplus, et il prétendait que Jaques de Colombier avait reconnu l’avoir. Jaques le contestait, et c’est ce différend qui motivait l’enquête de Michel Quisard.

En réalité, il n’y avait eu aucun aveu, et aucun débat ne s’était déroulé devant le chapitre de l’abbaye. Voici, d’après Louis de Russin, ce qui s’était passé: « Certain jour après la mort de François de Colombier, il y a douze ans, le seigneur de Bussy, le noble de Russin, Dom Panchaud et divers paysans se trouvaient au poêle de l’abbaye assis près des fenêtres. L’abbé dit au seigneur de Bussy de rendre compte du trésor. « Mais, répliqua celui-ci, je n’ai plus rien, j’ai tout remis et employé, tant par ce que j’ai remis au seigneur de Bottens que pour frais des gens d’armes et compagnons. Je n’ai plus rien que quelques nobles d’or que François a légués aux religieux et que je veux leur remettre moi-même. »

 » Cependant l’abbé dit à réitérées fois et avec dureté à Bussy: « Vous devez rendre compte ! » et ils discutèrent et se fâchèrent beaucoup, tellement que le seigneur de Bussy se mit sur un lit et dit à l’abbé: « Moi, je vous ai servi de tout mon pouvoir, et je vous ai livré tout ce que /92/ j’avais à vous, et vous voulez que je vous rende compte de ce que je n’ai pas … » De sorte, dit Russin, qu’il n’y eut aucune conclusion, malgré l’insistance de l’abbé. »

On avouera que ce débat jette une étrange lumière sur les mœurs du temps. Le conseil ducal paraît avoir considéré que les dépositions chargeaient suffisamment Jaques de Colombier, malgré le refus d’aveu de celui-ci, car on voit plus tard l’abbaye de Montheron saisir, à cause d’une dette du seigneur de Bussy, la dot de sa fille, mariée à un chevalier de Praroman 1.

 

XVI. — Les derniers abbés de Montheron

L’abbé Jean Brisset de Lacconay, qui succéda à François de Colombier, reçut de Rome en date du 1er mai 1509 la confirmation de son élection 2. Le 25 juin 1508, il paya 40 sols de cens que le couvent de Montheron devait à la ville de Lausanne pour le droit de pâturage dans les forêts des Râpes 3. Il est encore abbé en février 1520 4, mais dut mourir peu après à Rome. Ces dates indiquent que c’est à tort qu’on fait figurer le chanoine de Lausanne Nicolas de Watteville comme commendataire de Montheron en 1517-1518 5.

Jean de Lacconay figure le dernier parmi les moines de Montheron témoins d’un acte du 10 décembre 1502 6. /93/

Il devait donc être assez nouveau venu à l’abbaye, et il n’y occupait aucune charge importante au moment de sa nomination au siège abbatial. En effet Louis Vuillez, dit Espoulez, et Henri Pallanchard, prieur et sous-prieur en 1502 le sont encore en 1514, avec les moines Philippe Panchaud (dont nous avons vu le rôle en 1509 et qui est cellérier en 1520), Benoît Guillet et Jean Bevroz 1. La liste de 1514 mentionne en outre comme religieux Jean Favre, Claude Cartey, Guillaume Garnier, Claude Ponteys, Thomas Panchaud, Jaques Copin, Claude Mermod, François Renguis et François Blanchet.

Les seuls actes de l’administration de Jean de Lacconay qui nous soient parvenus concernent des abergements, des reconnaissances ou des procès, entre autres avec Louis de Russin, coseigneur de Bottens, dont nous avons vu le rôle singulier dans l’affaire du trésor de François de Colombier et qui, en sa qualité de plus proche voisin de l’abbaye et aussi de gentilhomme endetté, ne cessait de lui causer des difficultés 2. Au surplus, Jean de Lacconay qui finit par cumuler le bénéfice abbatial de Thela avec celui de prieur de Saint-Victor de Genève 3 — qui était clunisien et non cistercien — ne résidait probablement pas à Montheron. Il avait confié la gérance des biens du couvent à n. François Ponteys, frère de Claude Ponteys qui figure comme prieur de 1519 à 1526 4 et paraît être mort au commencement de 1528. [Voir Additions: P. 93]

Jean de Lacconay mourut à Rome en 1520. Sa mort /94/ fut l’occasion d’un conflit analogue à celui qui avait suivi le décès de François de Colombier. Le bailli d’Echallens, au nom de Leurs Excellences de Berne et Fribourg, se rendit immédiatement à l’abbaye et en assuma la garde, sans droit aucun d’ailleurs, sur quoi le duc de Savoie protesta que la garde du couvent lui revenait. Berne le reconnut. Mais c’est l’évêque Sébastien de Montfalcon qui intervint alors, prouvant par titres que c’était lui le protecteur de l’abbaye, et qui fit même condamner le 16 août 1520 un officier savoyard pour usurpation de pouvoir. Ce conflit, intéressant en ce qu’il met une fois de plus en présence les trois autorités qui se disputaient la souveraineté sur le pays de Vaud, se termina par cet acte d’autorité de l’évêque 1.

Quoiqu’il en soit, c’est le pape Léon X qui nomma lui-même le successeur de Jean de Lacconay. Il désigna son propre cousin Aymeri de Médicis, dignitaire de la cour romaine, et l’évêque de Lausanne en fit part le 29 octobre 1520 à l’abbaye et aux sujets du monastère de Montheron 2. C’est du reste la seule mention que nous ayons de ce personnage, car en 1528, nous voyons apparaître en qualité d’administrateur du monastère un autre ecclésiastique romain, le cardinal Jean Salviati3, du titre des saints Cosme et Damien, qui était un neveu de Léon X. Le couvent devenait donc, par une singulière destinée, un fief de famille des Médicis.

Cela ne faisait pas plaisir à tout le monde, aux /95/ religieux d’abord. Le 9 janvier 1528, deux d’entre eux, Philippe Panchaud, que nous connaissons déjà, et Jean Bevroz, vinrent se présenter devant le Conseil de la ville de Lausanne et leur exposèrent que le prieur — c’était toujours Claude Ponteys — établi par le cardinal-abbé comme amodiateur des biens de l’abbaye, la laissait tomber en ruines, parce que tout l’argent était porté à Rome. Ils demandèrent que le Conseil étendît sa protection sur le couvent puisque celui-ci était dans le ressort, soit le district de la ville de Lausanne.

On ne conclut rien, mais quelques semaines après Claude Ponteys mourut. Philippe Panchaud, sous-prieur, et Jaques Copin, clavier, se présentèrent derechef devant le Conseil de ville le 21 avril, lui demandant d’intervenir, parce que plusieurs personnes se présentaient déjà pour amodier les biens du couvent, et que les revenus tomberaient une fois de plus entre des mains étrangères. Le Conseil chargea deux de ses membres, Benoît Ravier, médecin, et Claude Gumin, qui s’était fait le porte-voix des moines, de les assister au besoin.

Cependant, tandis qu’à Montheron les religieux se donnaient un nouveau prieur dans la personne de Jaques Copin, moine dès 1502, à Rome le cardinal Salviati confiait à George de Prez, prieur de Port-Valais, et frère de Claude de Prez, curé de Saint-Paul à Lausanne, l’administration ou amodiation des biens du couvent. George de Prez se présenta le 5 juin devant le Conseil de ville, qui avait assumé la garde du monastère, aux fins d’être installé. Le Conseil ne voulut pas le recevoir. Le Dr Benoît Ravier, l’un des commissaires, avait un frère chanoine, Amédée (le futur seigneur de Montricher), /96/ et c’est lui qu’il voulait installer comme amodiateur. Il sut représenter au Conseil que le cardinal Salviati n’était qu’un étranger, qui ne faisait que pressurer le couvent, et qu’il valait mieux placer ce dernier dans les mains d’un enfant du pays. Le Conseil, qui était à ce moment déjà en rupture avec l’autorité ecclésiastique, se laissa convaincre, et le 8 juin 1528, il nomma de son propre chef le chanoine Amédée Ravier en qualité d’abbé de Montheron, tout simplement.

Il va sans dire qu’une nomination si singulière demeura sans effet. Les religieux, auxquels furent députés deux notables, l’avocat Girard Grant et Etienne du Flou, un futur bourgmestre de la ville, eurent le bon esprit de ne pas l’admettre. L’évêque et Rome intervinrent sans doute, et finalement le droit prévalut. Le cardinal Salviati demeura abbé de Thela, et, le 20 mai 1529 1, nous le voyons passer contrat avec George de Prez, lui amodiant pour 300 écus d’or (ou 1000 florins dans un autre acte, soit 18000 francs de notre monnaie) le monastère avec toutes ses maisons et granges, ses vignes et ses prés, revenus, redevances, émoluments, hommages, etc., l’amodiateur ayant la charge de l’entretien et du vêtement des religieux. On voit donc qu’à ce moment-là l’abbaye était d’un beau revenu. Le 2 avril précédent, George de Prez avait reçu de François de Ponteys, bourgeois de Morges, neveu de l’ancien prieur, le chédail et le mobilier des fermes, documents curieux dont nous reparlerons plus loin 2.

Un acte de la même époque nous montre l’abbé de /97/ Montheron dans l’exercice du droit de justice. Un nommé Maurice Deschamps, de Vullierens, avait été arrêté à Montheron, sous l’inculpation de crimes. L’évêque, en qualité de souverain, le laissa juger par la cour de justice de Montheron, par acte du 10 juin 1529 1. Cette cour de justice, à qui ressortissaient tous les délits commis par les tenanciers de l’abbaye, à Froideville comme à Montheron, était formée de prudhommes du lieu, réunis sous la présidence d’un châtelain (ici Jaques Dedin, donzel et bourgeois de Lausanne) nommé par l’abbé. Le châtelain interrogea Deschamps et les témoins, et la cour le condamna le 12 juin au supplice de la roue, comme ayant été convaincu de cinq assassinats commis à Aubonne, à Nyon et à Grenoble, et de douze vols. La sentence fut lue à l’abbaye devant les religieux, et, comme elle entraînait l’application de la peine capitale, réservée à la sanction du souverain, le coupable fut remis au bailli épiscopal de Lausanne, noble François Gimel, chargé de faire exécuter la sentence, sous réserve du droit de grâce de l’évêque. Remise du condamné fut faite au moulin de Glatigny sous Cugy, à la limite de la juridiction de Montheron. Pareilles formalités furent observées l’année suivante, dans un cas semblable.

 

XVII. — La suppression du couvent

Au commencement de l’année 1536, l’abbaye de Montheron avait toujours à sa tête, en qualité d’abbé commandataire, le cardinal Jean Salviati. Au couvent même étaient treize religieux, le prieur Jaques Copin, le sous-prieur /98/ Philippe Panchaud, Jean Bevroz, Claude Carthey de Morrens, Jaques Marguerat, Jean Caugnys, Benoît Guillet, Blaise Marigley, Thomas Panchaud, Claude de Cojonnex, Rodolphe Buet, François Roche et François Renguis 1. Dom François Vernier, seigneur de Tannay, avait remplacé George de Prez en qualité d’amodiateur pour le cardinal Salviati 2.

Les moines de Montheron n’ignoraient pas le danger qui menaçait leur religion et leur pays: la conquête bernoise. Dans l’auberge qui avait remplacé l’antique hôtellerie annexée au couvent, ils avaient pu assister, le 7 ou le 8 janvier 3, à des conciliabules entre conseillers bernois et lausannois, et, dès que la guerre fut déclarée, le 18 janvier, ils demandèrent la protection de la ville de Lausanne. Celle-ci, afin de leur donner satisfaction, fit placer ses armes sur un pilier devant l’abbaye. Elle fit davantage le 23 mars en nommant d’office un châtelain à Montheron, dans la personne d’Etienne Menetrey. Par l’organe de l’amodiateur, du prieur et du sous-prieur, le couvent fit réserve de ses droits de nomination. Mais, une fois les Bernois entrés à Lausanne, lorsqu’ils virent que des prédicants s’établissaient dans les couvents de Saint-François et de la Madeleine, les religieux sentirent que c’était leur propre existence qui était menacée, et, renonçant à toute réserve, ils demandèrent derechef, le 18 avril, l’assistance du Conseil de ville. Celui-ci leur députa Pierre Cornillon et Etienne Grant.

Effort inutile d’ailleurs, car, quelques mois plus tard, les Lausannois, sous la pression bernoise, abandonnaient /99/ eux-mêmes la religion catholique et recevaient de leurs nouveaux maîtres, le 1er novembre, une partie des biens ecclésiastiques désaffectés, parmi lesquels l’abbaye de Montheron. Quelques semaines après, les religieux étaient invités à accepter la Réforme. Ils se présentèrent le jeudi 21 décembre au Conseil de ville, lui demandant un délai d’un mois, « afin qu’ils pussent chercher un autre lieu pour y vivre suivant leur vocation 1. » On le leur accorda, à la condition qu’ils ne dissent la messe — on était à la veille de Noël — ni à Montheron ni en aucun lieu. Le mois se passa. Le 15 février 1537 1, un acte du Conseil de ville nous apprend que la plupart des religieux ont quitté l’habit monastique, embrassé la Réforme, et le Conseil leur accorde en conséquence la libre jouissance de leurs prébendes et de tous leurs biens.

En rapprochant différents documents, on peut supposer que deux des religieux, Jean Caugnys, Benoît Guillet et peut-être encore Rodolphe Buet 3 voulurent conserver leur foi et s’exilèrent, avec la plus grande partie du clergé lausannois. Les dix autres adhérèrent à la Réforme. Il semble que leur adhésion ait été tout d’abord plus nominale que réelle — peut-être espéraient-ils que la bourrasque passerait et qu’ils pourraient reprendre leur vie monastique — car ils demeurèrent plus d’une année en communauté. /100/

Ce que voyant, le bailli bernois Nägueli s’impatienta. Le 28 novembre 1538 1, il représenta au Conseil qu’il n’était pas bon de laisser ces moines dans leur solitude de Montheron, qu’il était plus convenable que ces religieux vécussent en ville pour entendre les leçons et les sermons des prédicants. Sur quoi, le Conseil décida de les faire venir à Lausanne et de leur servir les pensions qu’on leur avait promises. Néanmoins, les moines passèrent encore tout l’hiver à l’abbaye. Ce ne fut que le 8 avril 1539 2 qu’un arrangement définitif intervint, aux termes duquel les religieux viendraient habiter à Lausanne des maisons convenables mises à leur disposition pour leur vie, recevraient chacun par an 40 livres lausannoises, 20 setiers de vin, 18 coupes de froment, ainsi que les revenus de la pitance, avec le droit de coupe dans les forêts de Montheron.

Les dix ex-religieux vécurent dès lors paisiblement à Lausanne et y moururent. Le premier, Philippe Panchaud, succomba en mai 1542. Des derniers, Claude de Cojonnex testa le 16 décembre 1567, et Jaques Copin mourut vers le 10 décembre 1574 3.

La ville avait pris en mains, dès la fin de 1536, l’administration des biens du couvent et les avait amodiés à l’un des conseillers, l’aubergiste Etienne Grant. Le 10 janvier 1537 4, on voit celui-ci apporter au Conseil trois calices d’argent, un grand, un petit et un moyen, celui-ci décoré d’un crucifix, Notre Seigneur ayant à ses pieds /101/ Notre Dame et saint Jean. Le 21 mai 1544 1, l’ex-prieur Jaques Copin apporta à son tour au Conseil la mitre de l’abbé, et un inventaire du 6 mai 1546 2 indique encore la crosse de cuivre et la crosse d’argent de Montheron 3; les autres objets furent vendus. Les livres liturgiques, laissés peut-être aux mains des moines, disparurent. De la bibliothèque du couvent, les archives de Lausanne conservent seulement un livre de morale 4.

L’église du couvent fut affectée au nouveau culte et plus tard démolie. Les maisons d’habitation disparurent peu à peu, et l’auberge actuelle n’a plus guère que les fondations du bâtiment primitif. Nous reviendrons du reste plus loin sur ce sujet. Quant aux domaines, ils furent peu à peu morcelés, et la propriété communale actuelle de Montheron n’est qu’une minime partie du domaine principal de l’abbaye.

 

Les propriétés du couvent.


XVIII. — Le domaine de l’abbaye au xvie siècle

Nous avons dit qu’au seizième siècle, l’abbé commendataire de Montheron avait amodié le domaine rural du /102/ monastère. Un inventaire dressé le 2 avril 1529 par l’amodiateur noble François Ponteys est intéressant, en ce sens qu’il indique l’étendue de ce domaine, ainsi que l’importance du chédail et du matériel aratoire 1.

Noble François Ponteys tenait les biens suivants:

1o A la grange des Saugealles, quatre bœufs valant ensemble 60 florins (on doit compter le florin à 18 francs), trois juments 35 florins, trois chevaux 38 florins, six vaches 60 florins; un veau (mojon) 8 florins, ainsi qu’un char et une charrue munie de ses accessoires.

2o A la grange de la Ramaz, deux bœufs valant 36 florins, deux juments 24 florins, six vaches 72 florins, un taureau 6 florins, une jument 8 florins.

3o A la Grange neuve, huit vaches 104 florins, un taureau 6 florins, un autre taureau (masculus) 12 florins.

4o A la grange de Morrens, cinq bœufs, 55 florins; deux vaches avec leur veau 26 florins; deux petits masculi, 12 florins.

5o A la scierie (reyssia) de l’abbaye, une hache et un crochet (le reste du mobilier était sans doute propriété de l’amodiateur).

6o Au moulin, trois martinets.

7o A la forge (favergie), les soufflets et la cornue, trois marteaux, une cloyère, quatre paires de tenailles, un buctat, les torqueuses, un marteau à ferrer les chevaux.

8o A l’abbaye de Thela, sept couteaux de peu de valeur, un lit de plume et six couvertures de peu de valeur (pour les valets sans doute), vingt-quatre draps de lit de peu de valeur, quatre marmites en fer, dont deux /103/ tiennent une situla (seillée), et deux autres plus petites, un crulion, une pelle, deux poêles à frire, une chaudière (échodia), deux pots d’étain, « de la contenance d’une prébende »; quatre autres pots d’étain, deux grands et deux autres tenant deux pots; trois gausaniae (nappes) du couvent, chacune de la longueur de deux aunes, gâtées et de peu de valeur; un cacabum (trépied), deux quoquilliener (coquemar, marmite à pieds), deux verua, (broches), deux haches, une lèche-frite neuve, un grand couteau pour charpenter les chars.

Après la Réforme, le domaine de l’abbaye fut divisé en des lots différents.

La ville administra directement le lot principal comprenant:

1. La maison seigneuriale de Montheron (l’ancienne abbaye) en maisons, cloîtres, ruines, étableries, cours, courtines, courtil, place, closel près de l’abbaye, le tout en un tenant, joute la Thela à orient et à vent, l’eau du bec (biez) du moulin à bise, la petite côte des Nehutes avec l’étang à occident.

2. La tour du dit lieu, près de la maison, de l’autre côté de la Thela.

3. Le moulin compris dans l’enclos.

4. La scierie auprès.

5. Le pré des Moilles, de six seitorées.

6. Le pré de Glatigny, de dix seitorées.

7. Le pré Novel, de quatre seitorées, compris dans le Mont Benestel.

8. Le bois de la Rapaz, entre le pré de Glatigny et la Thela.

9. Le bois de Montbenestel (Bénenté). /104/

10. Le bois d’Archens.

11. Le bois de la Vaux, au-dessus de la scierie, à l’occident de la terre des Saugealles, touchant à la grange de la Ramaz.

C’est-à-dire, en définitive, tout le vallon de Montheron proprement dit, avec les deux grands bois qui le dominent.

Venaient ensuite en 1545:

a) La grange des Saugealles, avec 80 poses de terre autour; plus le pré de « Polyte » de 18 seitorées, et le « pré du couvent » de deux seitorées (Pra Jacob).

b) La Marquise, pré de dix seitorées, au nord de la terre des Saugealles.

c) La grange de la Ramaz, avec 80 poses et un bochet de bois.

d) La Grangette, avec 16 poses, entre l’abbaye, le bois d’Archens et la grange de la Ramaz. (Jaques Copin tenait la Grangette.)

e) Les Esserts de Dom Benoist et de Jaques Marguerat (deux des religieux), entre le chemin public de l’abbaye au Jorat et celui conduisant de l’abbaye aux Saugealles: en tout huit poses et demi de prés, et un bois de quatre poses.

f) La Grange neuve, avec 35 poses en cinq mas.

g) La grange de Glatigny (Bérallaz).

h) La grange sur le Murguet, adossée à la roche, entre le riau de Valombert et le bois de la Ramaz, avec un gerdil touchant l’étang derrière la tuilière. Ces deux granges étaient aussi amodiées à l’ancien prieur Jaques Copin.

i) Les deux maisons de l’abbaye à Lausanne, dans /105/ l’une desquelles l’abbé de Montheron faisait sa résidence à Lausanne; ces deux maisons se touchant, situées en face de l’église Saint-Laurent, (la maison Fevot, no 1 de la place actuelle).

j) Enfin, les celliers du Dézaley, de Sadex, du Trey de Montheron (à Lausanne, sous Montétan); les granges de Chevressy, Aillerens, Val d’Yverdon, Morrens, Cheseaux, Boussens, Montandrey, du Buron (Mordagne); les dîmes de Boulens, de Bottens, d’Assens, Morrens, Cugy, Etagnières, Froideville, Bretigny, Moudon.

Pour plus de clarté, nous devons consacrer quelques lignes spéciales à chacun de ces domaines, en indiquant brièvement ce que nous avons pu recueillir sur chacun d’eux. Mais auparavant quelques considérations générales sont nécessaires.

 

XIX. — Le rôle économique de l’abbaye

Nous avons déjà marqué, aux chapitres des abbés, l’évolution économique qui se manifesta au cours des quatre siècles que dura l’administration de l’abbaye, et nous nous bornerons ici à quelques traits caractéristiques.

Les terres données aux religieux cisterciens du douzième siècle n’avaient que fort peu de valeur. C’est un désert qui, en 1147, s’étendait devant la porte de l’abbaye, et les terres du Dézaley et de Sadex étaient de même pour la plus grande partie incultes. Le travail personnel des moines fut donc en tout premier lieu le défrichement et la mise en culture de ces terrains. L’historien belge Henri Pirenne résume en ces termes très judicieux leur influence économique: /106/

« Etablis presque toujours dans des terrains incultes, au milieu des bois, des bruyères ou des marécages, ils s’adonnèrent avec ardeur au défrichement. Les moines, ne suffisant pas à la besogne, groupèrent autour d’eux des frères convers, à qui fut confiée pour la majeure partie l’exploitation des terres. De grandes fermes s’élevèrent bientôt autour des abbayes qui, en général, ne s’y réservèrent que les dîmes novales … On y pratiquait la culture des céréales ou l’élevage du bétail en vue de la vente sur les marchés urbains. Les paysans qu’on y employait étaient des hommes libres venus du dehors: le servage n’apparaît pas sur les terres cisterciennes. La période des grands défrichements ayant pris fin, les frères convers étaient devenus inutiles, et les moines louèrent à bon prix à des laïques la plupart de leurs fermes 1 »

Et ailleurs:

« Les moines ont été les éducateurs économiques du peuple. Leurs domaines sont des modèles achevés de bonne exploitation agricole et de sage administration, et si de nombreux abbés ont laissé une réputation de sainteté, plus d’un aussi a mérité la réputation d’un habile agronome. Dans un temps où l’argent était fort rare, les couvents eurent presque tous, grâce aux offrandes des fidèles, le privilège appréciable de posséder d’abondantes réserves de monnaie. Ils durent les employer avantageusement. Ils construisirent des granges, des greniers, des moulins, introduisirent en Belgique la culture de la vigne. Chaque famine qui désolait la contrée était pour eux une occasion d’acquérir à vil prix la terre de la petite noblesse 2. » /107/

Appliqué spécialement au couvent de Montheron, ce tableau demeure exact dans ses grandes lignes. Il faut seulement y faire une ou deux retouches de détail. C’est ainsi que l’affermage des terres du monastère aux particuliers nous paraît être, en partie du moins, la conséquence forcée de la diminution du nombre des frères convers, et celle-ci résulte, non pas du fait que les grands défrichements sont terminés, mais de celui qu’à partir du milieu du treizième siècle le recrutement des cisterciens devient insuffisant, toute la faveur des foules allant aux ordres mendiants.

D’autre part, on n’a pas donné aux moines seulement des terres incultes, mais aussi des domaines déjà exploités plus ou moins méthodiquement. Ces domaines sont habités quelquefois par des hommes libres, mais le plus souvent par des hommes taillables à merci; c’est le cas notamment de la seigneurie de Boulens dont l’abbaye de Thela hérita toute entière. Les moines, se pliant aux conditions du milieu, ne modifièrent pas l’état politique de leurs cultivateurs. Et même lorsque, dans la seconde moitié du treizième siècle, ils eurent créé le village de Froideville, les gens qui s’y fixèrent se reconnurent tous hommes taillables du couvent, et ce n’est que peu à peu qu’il s’y fixa des hommes libres; l’affranchissement général de la communauté n’eut lieu qu’en 1455, à l’époque où une telle évolution se généralisait.

A Chevressy, en 1313, le domaine est encore exploité par des religieux, car nous avons vu que l’usage d’un bois est accordé aux moines et aux convers habitant dans ladite grange et dans son enclos. Mais c’est une date extrême. Presque partout à ce moment, les domaines de l’abbaye ont été amodiés en mas ou morcelés pour être /108/ affermés plus facilement. C’est même le cas de terres qui se trouvent dans le voisinage immédiat de l’abbaye, telles que les granges des Saugealles et de Plannavy, et les concessions de « communs » aux gens de Froideville sont particulièrement caractéristiques. Dès lors, l’exploitation du domaine rural de l’abbaye ne se distingue plus guère des exploitations ordinaires, sauf que les baux insistent souvent sur l’obligation de compléter le défrichement et de mettre de nouveaux terrains en culture.

Au milieu du quatorzième siècle cette évolution économique est complètement terminée, mais elle a des conséquences imprévues pour le propriétaire du sol. Le cultivateur a beau être taillable à merci, il discute des conditions de sa tenure, de l’étendue de ses charges; s’il les trouve lourdes et si satisfaction ne lui est pas donnée, il quitte sa case et ses outils, il émigre. C’est ainsi qu’agissent vers 1320 les communiers de Boulens mécontents. Des difficultés analogues, qui se produisirent à Froideville, expliquent peut-être cette clause singulière que l’évêque et la ville de Lausanne imposèrent en 1337 au couvent en lui donnant de nouvelles terres aux Saugealles et à Froideville. Ils interdirent, en effet, aux moines de créer un village sur le territoire défriché, lequel, en conséquence, devait être cultivé par des paysans travaillant isolément. Un tel état d’esprit dut entraver considérablement dans notre pays la formation d’agglomérations nouvelles.

Dans les pages qui suivent, nous avons précisé ce que nous savons des relations économiques des tenanciers de l’abbaye avec celle-ci. Il ne nous est pas possible de donner un tableau d’ensemble, tout d’abord parce que /109/ les éléments ne sont pas assez nombreux, puis surtout parce que nous ne connaissons pas du tout quels étaient, en présence des charges, les revenus des cultivateurs. Mais si nous considérons que le taux d’intérêt de l’argent varie entre 4 et 5%, nous avons le sentiment que, toutes proportions gardées et toutes réserves faites sur la question du confort, la vie du paysan n’était pas au moyen âge plus dure qu’elle ne l’est aujourd’hui. Ce qui nous donne à le penser, c’est que les comptes des villes de Lausanne et de Payerne, que nous avons dépouillés, établissent que dans les villes le taux des salaires et celui des denrées offraient à peu près le même rapport qu’aujourd’hui. Il n’y a pas de raison pour qu’à la campagne les proportions aient été différentes.

On s’en rendra mieux compte encore dans la suite de cette étude.

 

XX. — La seigneurie de Boulens

Ce domaine avait été donné au couvent par Ulrich, seigneur de Boulens, qui, séduit par la grandeur de la règle de Cîteaux, entra lui-même dans l’ordre, et lui abandonna sa personne et ses biens. Un acte nous apprend en effet qu’Amédée, comte de Genevois, et son fils Guillaume donnent pour le repos de leurs âmes, de celles de leurs prédécesseurs et de leurs père et mère, toute la terre, tant en fief qu’en alleu, du seigneur Ulrich de Boulens « au seigneur Uldric moine et à la maison de Montenon 1. » Le seigneur Turumbert de Cruseilles, /110/ Guillaume, cellérier, et le seigneur Aymon d’Annecy sont témoins.

Le document n’est pas daté. La grange de Boulens paraît dans la bulle de l’évêque Landri de 1163; l’acte est donc antérieur. Le comte Amédée figure avec son fils Guillaume dès 1142, précisément à Montheron. D’autre part l’entrée d’Ulrich en religion est probablement postérieure à la cession que l’évêque saint Amédée fit au prieuré de Saint-Maire de l’église de Boulens, soit à 1144 pour le plus tôt. Il faudrait ainsi placer ce document entre les années 1144 et 1163.

Le domaine éminent de Boulens appartenait primitivement à l’évêque. Le comte de Genevois n’est en effet que l’avoué de celui-ci, et c’est parce que le comte de Savoie reprendra en 1208 du comte de Genevois le fief épiscopal de Moudon, qu’il deviendra le seigneur dominant de Boulens, possédant dans ce village le droit de dernier supplice et celui de garde ou de maréchaussée qui était d’une gerbe par feu. D’autre part, une transaction de juin 1324, reconnaît au seigneur de Cossonay, possesseur du château de Bercher, et aux nobles de Collombier et de Bercher ses feudataires, la moitié de la dîme de Boulens. Le couvent tenait l’autre moitié du seigneur Ulrich de Boulens et aussi de Pierre de Goumoëns qui abandonna ses droits en 1184; en 1370 la /111/ dîme pour le couvent valait 5 sols et 5 muids de blé, en 1545, elle était évaluée à 8 muids.

Sous réserve des droits du comte de Savoie et du seigneur de Bercher — qui finalement se confondirent — le couvent de Montheron exerçait donc la juridiction temporelle « sur tout le village, territoire, finage et district de Boulens. » Une reconnaissance du 19 septembre 1423 précise que l’abbaye a dans lesdits lieux, barre, clame, saisine, commise et échute, comme le veut la coutume du pays de Vaud, et selon qu’exigent les offenses, commissions et crimes commis par qui que ce soit; avec toute seigneurie et omnimode juridiction.

Le même acte déclare que la seigneurie de Boulens se limite du chemin de Moudon en Pertus Bosson, par le bas de la Crinmalettaz, au Russinel, puis au bois du Chagnoz; de là en Glamo et au Liébert, au ruisseau de la Combe Mariolan au haut de la Briérettaz, et de là au vuaz (gué) douz Pont Charbon de Possens, jusqu’au milieu de la Mentue (Mentueys), puis au milieu de la Loreriz, puis au torrent d’Ersilliez; de là encore au lieu de Clamagnyoloz, puis de nouveau au riau de Loreriz, ensuite au riau de la Golettaz, et de là au Tierdoz de Pertus et au Bosson de Pertus. C’est-à-dire que la Mentue séparait Boulens de Bercher à l’ouest; que le village avait Saint-Cierges au nord, Chapelle-Vaudanne et Possens au sud.

Les droits de juridiction du couvent de Montheron furent plus d’une fois contestés, notamment par les officiers du comte de Savoie. En 1299, le bailli de Vaud veut instruire contre un homme de Boulens accusé de voies de fait; l’abbaye proteste et finit par avoir raison. Un cas /112/ semblable se produit en 1303. En 1314, un différend plus grave s’éleva. Noble Perrod de Rue, donzel, avait des droits à Boulens du chef de sa femme, Alexie de Vuippens. Son fils François ayant frappé jusqu’au sang une femme de Boulens, le métral de l’abbaye le condamna à une amende, et, ne pouvant la recouvrer, saisit une certaine quantité d’avoine que possédait dame Alexie. François de Rue alla la reprendre au domicile du métral et s’empara en outre de trois muids de blé, produit de la dîme et du terrage de deux tenanciers du couvent. Il en résulta un procès qui dura trois ans et au bout duquel les nobles de Rue durent reconnaître la juridiction du couvent, réparer le dommage causé, et payer 6 livres d’amende.

Pour exercer ses droits, à Boulens, l’abbaye de Thela y entretenait un métral. Ce fonctionnaire était pris parmi les habitants de la localité, et il était au XIVe siècle comme eux homme taillable à miséricorde du couvent. La métralie était cependant, au début de ce siècle, en passe de devenir un office héréditaire. En effet, lorsque le 5 février 1320, l’abbaye ayant institué Raymond Baul, fils de Clémence de Boulens, l’ancien métral Humbert de Boulens, fils d’Aymon, fils d’Isabelle de Boulens, protesta, disant que cet office lui appartenait, et ne relevait en rien du couvent. La cour de justice, siégeant en l’abbaye de Thela, le débouta d’ailleurs de ses prétentions, le 2 décembre 1320, le condamna à 24 livres d’amende (environ 2500 francs) et à la restitution des quantités de grains prélevées indûment par Humbert. Ce dernier est cependant encore qualifié de métral en 1325. Après sa mort, l’abbaye lui reprit son bien, qu’elle donna en 1340 /113/ pour moitié à Berthe de Boulens et pour moitié à un nouveau métral Martin Fraschat.

Plus tard, l’abbaye trouva sans doute que le métral n’avait pas une autorité suffisante. Elle établit au-dessus de lui, le 20 juillet 1385, un châtelain en la personne d’un gros bourgeois de Moudon, Jeannet Serragin, auquel elle abergeait en même temps à perpétuité le moulin et l’étang du lieu. Le châtelain recevait un sol par affaire qu’il jugeait, mais le métral conservait le droit de prononcer sur tout différend et le châtelain n’avait en définitive qu’un droit d’appel. Il y avait encore un châtelain en 1448, mais on paraît être revenu peu après à l’ancien usage, car le 25 octobre 1475, c’est le métral qui, entouré des justiciers, prononce une condamnation à mort contre un habitant accusé d’homicide. Le cas est intéressant, en lui-même. Deux mois après la condamnation, le métral se voyait obligé de remettre en liberté le condamné, pour ce motif que le fils et le frère du mort avaient retiré leur plainte, sans doute ensuite d’un accommodement avec la famille du coupable; la coutume n’autorisait pas, comme on le sait, la poursuite d’office. Le représentant de l’abbaye dut se borner à une réserve pour les intérêts de celle-ci, privée de l’amende et de la confiscation des biens qui auraient suivi l’exécution de la sentence.

Le métral agissait quelquefois plus encore comme défenseur des communiers de Boulens qu’en qualité de mandataire du couvent. En 1448, le pape Félix V ayant imposé une jète (impôt spécial) sur toutes ses terres de Savoie, le métral Jean Vulliens déclara qu’il ne livrerait pas cet impôt, que puisqu’il était ordonné par le pape et /114/ non par le duc Louis son fils, c’était à l’abbaye à en supporter la charge. On conçoit que cette théorie n’était pas du goût du couvent. Celui-ci avait d’ailleurs contre Vulliens d’autres griefs: il ne faisait pas rentrer les cens dus au couvent, et quand il les percevait, il en gardait le prix. Comme le cellérier du monastère, Dom Jean de Chenaux, le lui reprochait, il l’avait enfermé dans une étable et l’y avait frappé. Il va sans dire que les moines choisirent un autre serviteur.

Au commencement du quatorzième siècle encore, les gens de Boulens étaient tous hommes taillables du couvent. Le samedi 14 novembre 1299, l’ancien abbé de Montheron, Humbert, devenu portier de l’abbaye de Hauterive, l’attesta solennellement, et dans les années qui suivirent les habitants le reconnurent les uns après les autres. Parmi eux, les deux familles des deux métraux de 1320. Cette taillabilité est déterminée de cette manière en juin 1312 par Berrod, frère du métral Humbert: « Ladite abbaye peut et doit imposer et percevoir du dit reconnaissant et de ses descendants une taille annuelle, à la miséricorde, merci et volonté de l’abbaye; promettant le dit Berrod payer annuellement ladite taille à la volonté de l’abbaye et d’obéir à tous commandements et bons plaisirs d’icelle, en tout et partout, comme est tenu faire un homme taillable et fidèle envers son seigneur … » Humbert le métral promet de son côté, d’être « soumis à tous usages accoutumés, sans pouvoir contracter bourgeoisie ni assujettissement à aucune ville, lieu, château ou seigneur que ce soit, mais d’avoir et regarder l’abbaye pour son seigneur temporel, avec promesse de renoncer à toutes bourgeoisies ou gardes qu’il pourrait avoir contractées ailleurs. Sous peine de commise, ouverte en faveur /115/ de ladite abbaye, de tous les biens du reconnaissant. » Le taillable ne pouvait aliéner son bien ou le grever d’aumônes sans l’assentiment du couvent.

Le caractère de la taille était d’ailleurs d’être réelle et non personnelle, c’est-à-dire qu’elle portait sur les biens et non pas sur la personne même.

On dit expressément, en 1338, que le tènement de Guillaume Bovey est taillable du couvent. L’homme taillable pouvait abandonner son bien et quitter la localité. On le vit à Boulens même en 1320. Le changement de métral paraît avoir été provoqué par de graves dissensions dans le village ou les avoir occasionnées, car il en résulta un exode de toute une partie de la population. Une sentence judiciaire du 22 août 1324 montre que le châtelain de Moudon, Guillaume de Faucigny, avait l’habitude de lever annuellement à Boulens 13 muids et 4 coupes d’avoine pour le droit de maréchaussée dû à Louis de Savoie, sire de Vaud. Comme « divers habitants du lieu s’étaient absentés » et n’avaient par le fait pas payé leur quote-part, le châtelain prétendait faire supporter cette quote-part au couvent. Il fut débouté de ses prétentions, l’impôt de garde étant personnel et non réel, et le monastère ne pouvant y être astreint. Mais retenons du différend ceci: qu’une partie des communiers avaient quitté la localité. Déjà, suivant un acte du 21 juillet 1322, on voit qu’Humbert Baul, frère du métral, avait reçu à cens de l’abbaye, à condition d’y construire une maison (cabane), tout le tènement de Raymond, fils de la Romete, « jusqu’au retour de ce dernier, de sa femme ou de ses héritiers 1. »

Enfin, le 12 mars 1330 2, Marmet Ruvinel, fils de feu /116/ Warnier de Boulens, passa en faveur du couvent une reconnaissance intéressante à divers titres. Il déclare tenir à mi-fruit de l’abbé de Montheron une terre à Boulens, ainsi que tous les autres prés, oches et terres, aussi à mi-fruit. Pour douze ans, les grains et les animaux seront fournis par moitié, ledit Marmet devant saler les animaux et faire tous autres débours y compris les ferrures. Il est quitte de cens et terrages envers l’abbaye, sauf sa part d’un cens de 50 sols avec d’autres compartionnaires. Les cens qu’il peut devoir ailleurs sur des terres à mi-fruit seront payables jusqu’à concurrence de 6 sols. Si les cultivateurs qui ont quitté l’endroit y retournaient, ils pourront reprendre leurs possessions, nonobstant ledit bail. Marmet a le fruit d’une vache appartenant au couvent; pour les bouviers « nutrimentum quod exiret est commune. » Il leur doit, pour la moitié du fruit de chaque vache, 4 sols lausannois. A lui de payer les « coutumes » qui peuvent reposer sur sa part. Il doit à titre de prêt, aux religieux, un muids de messel et quatre muids d’avoine, remboursables dans les douze ans, ou avant si l’association (societas medii lucri) ne dure pas. Il aura une oche à lui et mènera la part des religieux à Montheron. Les pâtures restant à la fin des douze ans se partageront par moitié.

Ce contrat est d’un caractère exceptionnel, et nous en examinons ailleurs les conditions économiques. Relevons seulement ici cette affirmation nouvelle de l’exode d’une partie de la population, et ce fait intéressant que, si les communiers partis revenaient à Boulens, ils rentreraient de droit en possession de leurs terres. Y revinrent-ils ? Nous en doutons, car une série de reconnaissances, /117/ de 1341 à 1359, sont faites au nom des familles des communiers, très différentes de celles existant vingt ans auparavant. Il est plus probable que les anciens tenanciers ont été remplacés par d’autres venus des villages voisins. Tous les nouveaux reconnaissants se disent d’ailleurs, comme leurs prédécesseurs, hommes taillables du couvent. De même en 1412 les petits-fils de Marmet Ruvinel.

En 1463 encore, les biens de Jean Velliat, homme taillable de Boulens, mort sans héritiers, reviennent au couvent, suivant la coutume. Mais le 20 mai 1461, nous voyons le monastère affranchir Guillaume Tullin, sa femme et leurs descendants, « de la taillabilité de leurs personnes et de leurs biens, en sorte qu’ils peuvent disposer à leur volonté de leurs biens et possessions, comme cela convient à des personnes libres. » Les conditions de l’affranchissement étaient les suivantes:

1o Les mariés et leurs descendants seront hommes libres et francs de l’abbaye à perpétuité, et de préférence à tous autres seigneurs ou autres personnes quelconques, à raison de leurs biens et possessions.

2o Ils devront faire résidence à Boulens et maintenir en bon état leurs biens.

3o Au lieu de la taille accoutumée, ils payeront annuellement à l’abbaye la même quantité de cens direct qu’ils payaient précédemment comme taille, et, en outre, un chapon annuellement pour l’affranchissement.

4o Ils seront fidèles à l’abbaye, obéiront à ses commandements, procureront son honneur et profit, éviteront son dommage de toutes leurs forces, comme /118/ tout homme libre et franc doit faire envers son seigneur.

5o Dans toute aliénation ou transmission desdits biens et possessions, faite de quelque manière que ce soit, sauf les cas de légitime succession, assignation de dot et disposition testamentaire en ligne directe seulement, les lods seront dus à l’abbaye, au 17 denier du prix ou valeur dudit fonds aliéné.

6o Comme auparavant, lesdits mariés et les leurs seront soumis aux bamps, clames, seigneurie et juridiction et autres droits de l’abbaye, plus amplement décrits dans la reconnaissance des époux à laquelle il n’est point dérogé.

Ledit affranchissement est fait au prix de six livres, « gracieusement » payé à l’abbaye par les époux.

Dès le quatorzième siècle cependant, on voit à Boulens des hommes libres, simples censitaires du couvent. Ce sont généralement des hommes venus d’autres localités. Parmi les contrats curieux, en voici deux qui se lient l’un à l’autre. Le 20 janvier 1378, l’abbé de Thela, Humbert du Lyaud et ses religieux acensèrent à messire Pierre de Boulens, chapelain au dit lieu, divers biens, provenant en partie du métral Humbert, sous 10 sols de cens, et moyennant 36 florins d’or d’entrage. Pierre pouvait aliéner ceux de ces biens qui n’étaient pas main-mortables, et l’abbaye s’engageait à ne pas élever le cens. A la mort du chapelain, en 1402, tout ce tènement fut abergé à Jean Pittet, de Moudon, « pour lui et ses héritiers par lui-même institués, à tant seulement. » Le cens était maintenu à 10 sols, plus un chapon. /119/ L’abergataire s’engageait à construire, dans le délai de six ans, une maison à trois pans (tres cursus); lui-même n’était pas tenu d’habiter le domaine, mais bien ses héritiers.

En tant que seigneur de Boulens, l’abbaye de Montheron avait le privilège du moulin et du four. Le moulin est mentionné dès 1347. En 1385, il est amodié au châtelain Jean Serragin, à charge pour lui d’y ajouter un battoir. En 1500, François Maillard était le meunier de Boulens. En 1354, Pierre Clerc tenait à la fois le moulin et le four sous 28 sols et 6 coupes de messel 1 de cens. En 1337, Perrod Velliat n’avait que le four, pour lequel il payait 2 coupes de froment, 2 coupes d’avoine et 1 chapon de cens. En 1432, le 2 janvier, le couvent autorisa tous les communiers à avoir leurs fours particuliers, moyennant paiement de 10 florins comptant, et d’une redevance collective de 10 sols.

L’histoire de Boulens n’offre guère d’autres détails à relever. Le 24 juin 1467, Georges de Glérens, seigneur de Bercher, vendit à l’abbaye tous ses biens et droits à Boulens, excepté la dîme. Ces droits consistaient dans l’hommage de quatre familles, avec droit de juridiction, et dans 29 sols, 6 coupes de blé et 6 chapons de cens direct qui grevait leurs biens. La vente, effectuée pour le prix de 100 livres, devint définitive le 18 avril 1486, moyennant versement complémentaire de 40 livres.

En 1482, le cellérier percevait à Boulens 4 muids de froment, 18 livres, 14 sols et 9 deniers, et 10 chapons de cens. C’était un revenu de 1500 francs environ, l’un des principaux de l’abbaye. /120/

 

XXL — La communauté de Froideville

C’est probablement à l’abbé Pierre Gaillard qu’il faut faire remonter la constitution de la communauté de Froideville. Le document le plus ancien qui parle de ce lieu remonte à l’année 1285.

Nous avons indiqué précédemment que le village de Froideville était tout entier dans la juridiction de Montheron, et nous avons pu constater qu’il était compris dans les limites des terres que Gui Barata de Goumoëns et le chapitre de Lausanne avaient données à l’abbaye naissante. Pendant longtemps, probablement, cette région fut cultivée par les frères convers du couvent, à l’aide d’ouvriers agricoles venus des villages environnants. Puis il se produisit ce double phénomène que le nombre des convers alla en diminuant, laissant une place de plus en plus grande à l’élément laïc, puis que le concours des laïcs, primitivement intermittent et momentané, devint constant et permanent. Parmi les premiers communiers de Froideville, en 1308 1 nous trouvons Aymon Forestey (forestier) de Montenon, Rodolphe Forney (boulanger), Jaques Oubri, charpentier, qui sont vraisemblablement des travailleurs de l’abbaye; il y a encore Raymond de Plannavy qui nous paraît être un granger. Il s’établit de la sorte de véritables colons, fixés à l’extrême limite du domaine du monastère, parce que les statuts de l’ordre n’autorisaient pas l’établissement d’habitations civiles auprès du couvent.

C’est ainsi que nous voyons se former le village de /121/ Froideville, peut-être auprès de quelque case demeurée debout de l’ancienne villa de Tiewen, mais sûrement avec une population nouvelle attirée par les moines. Le nom de Frigida villa est d’esprit monastique et se retrouve ailleurs dans l’ordre de Cîteaux 1.

Il semble même que la constitution de ce village dut coïncider avec l’évolution de l’administration foncière de l’abbaye que nous voyons se manifester dans la seconde moitié du treizième siècle. C’est en effet sous le gouvernement de l’abbé Guillaume de Lausanne, vers 1270, que se fixa à Froideville Jocet, le premier communier dont le nom ait été conservé et qui en 1300 2 se déclara homme taillable à miséricorde de l’abbé Othon, comme il l’avait été de ses deux prédécesseurs. Ce Jocet apparaît, seul laïc, en 1288 3, dans la sentence arbitrale qui reconnaît aux hommes de l’abbaye le droit d’usage dans celles des forêts du Jorat qui appartenaient aux seigneurs de Palézieux.

Ce dernier conflit paraît d’ailleurs manifestement avoir été causé par l’entrée en scène des habitants de Froideville. Le droit d’usage des bois du Jorat avait bien été concédé aux moines de Thela et à leurs serviteurs, mais les paysans établis dans ce nouveau village pouvaient-ils être considérés comme des gens de l’abbaye ? Telle est la question qui dut se poser aux prud’hommes de l’époque. /122/

On pouvait discuter, la réponse pouvait être douteuse, quoiqu’un demi-siècle auparavant Guillaume le Roux de Goumoëns eût formellement accordé le droit d’usage aux habitants de la plupart des villages voisins.

C’est précisément pour empêcher une solution négative que les religieux s’adressèrent au bailli impérial Richard de Corbières. Celui-ci déclara, le 26 septembre 1285 1 que « les religieux et leurs hommes habitant à Froideville,  » — c’est la première mention du village, — devaient jouir du même droit. Les seigneurs de Palézieux paraissent avoir eu la velléité de passer outre, mais les arbitres de 1288 ne pouvaient pas leur donner raison. Le brevet impérial constituait un commentaire trop impérieux des chartes de donation.

Le village de Froideville se développa rapidement. Un acte du 23 juillet 1308 2 indique vingt-neuf chefs de famille, /123/ et trois au moins n’y sont pas nommés. Cela fait une communauté de cent cinquante à deux cents habitants, et ce village n’en a aujourd’hui, après six siècles, que trois cent trente. Ce document de 1308 est au surplus très important. Les prudhommes et habitants de Froideville y déclarent qu’ils n’ont jamais contracté, fait ou juré confédération ou bourgeoisie en aucun château ou ville du sire Louis de Savoie, seigneur de Vaud; que, s’ils l’avaient fait, ils s’en dédisent ou y renoncent. Ils promettent que, aussi longtemps qu’ils tiendront de l’abbaye leurs biens et possessions, ils ne feront hommage, serment, confédération ou bourgeoisie, à autre qu’à ladite abbaye de Thela. Cette déclaration fut faite à Lausanne et enregistrée par l’officialat.

La formule employée dans ce document n’a rien d’insolite. C’est celle qu’emploient tous les établissements ecclésiastiques de l’époque, pour les garantir des empiétements de plus en plus menaçants des autorités civiles. Les seigneurs étaient toujours prêts à augmenter leurs territoires, et Louis de Savoie venait précisément de placer sous son autorité le village de Villars-Tiercelin, non loin de Froideville, et de l’obliger, quoiqu’il dépendît du chapitre, à lui verser annuellement cinq muids d’avoine pour la garde1. Quant aux villes, elles accueillaient avec /124/ empressement tous ceux qui voulaient échapper au seigneur, qu’il fût prêtre ou laïque, et le simple paysan était certainement tenté de se tourner de ce côté.

C’est précisément pour cela que l’abbé de Thela — comme d’autres — insistait si expressément pour faire reconnaître son droit de juridiction sur les communiers de Froideville. Une trentaine d’années plus tard, en 1336 1 Martin, fils de Rodolphe Forney, l’un des signataires de l’acte d’hommage de 1308, ayant voulu se placer sous la garde de Guillaume Grasset, seigneur de la Sarraz (possessionné dans le Jorat), reçut injonction de se délier, avant la Toussaint, de cet engagement, à défaut de quoi les biens seraient confisqués.

Depuis ce moment, l’histoire de la communauté de Froideville n’offre pas d’intérêt particulier. Notons seulement qu’en date du 16 mars 1455 2, l’abbé Jean de Cheseaux affranchit complètement les communiers de toute servitude de taille à miséricorde, et les rendit hommes francs dans leurs personnes et dans leurs biens, moyennant le versement d’une somme de 43 florins d’or p. p. et 4 sols (environ 2000 francs de notre monnaie), et du maintien à titre de cens des redevances dont leurs terres étaient grevées. Deux ans auparavant, le 6 mai /125/ 1453 1 un arbitrage rendu par Humbert de Colombier, seigneur de Vullierens, ex fundatoribus dicti monasterii, et par Jean Jolivet, notaire et bourgeois de Moudon, avait décidé que les communiers de Froideville devraient payer au couvent à raison du terrage, un bichet de froment pour chaque cinq poses de terre.

En 1537, le village de Froideville fut rattaché au domaine seigneurial de la ville de Lausanne, ce dont il fut affranchi à la Révolution 2.

 

XXII. — Le domaine du Dézaley

De Lausanne à Vevey, la côte vaudoise ne présente guère, du lac Léman aux monts, qu’une vigne immense tachée de ci de là de villages prospères et de rares vergers. Les ceps, au feuillage vert foncé, munis d’un tuteur de sapin blanc, serrés en lignes régulières, montrent la volonté du vigneron de ne perdre aucune parcelle de terrain. La multiplicité des murets indique que là, mieux qu’ailleurs encore, il y a place pour tout le monde, car ils forment autant de petits clos qui sont des propriétés /126/ distinctes aujourd’hui. Mais à un endroit ces murets changent de caractère. Ils ne marquent plus seulement des limites. Ils s’accrochent à la partie la plus abrupte du coteau; ils s’étagent sur une hauteur de plusieurs centaines de mètres. Comme un gigantesque escalier de quarante marches, ils retiennent la terre, parfois apportée de loin, et que sans cela la moindre pluie aurait entraînée au lac. Nous sommes ici en présence d’un phénomène particulier: tout est artificiel en ce lieu. L’homme a transformé la nature. D’un site aride et inculte, il a fait un riche vignoble, le joyau du canton de Vaud et de la ville de Lausanne. Nous sommes au Dézaley.

Suivant les étymologistes, Dézaley1 viendrait du latin germanisé taxo = blaireau, et leya = fourré, et voudrait dire un taillis où abondent les blaireaux, les tassons. Nous ne garantissons pas l’étymologie, qui nous paraît un peu suspecte. Mais elle représente assez bien l’état primitif des lieux. La côte escarpée qui monte, rapide, jusqu’au Signal de Chexbres, ne pouvait guère être qu’une « dérupite » rocailleuse et broussailleuse. Alors que tout autour la vigne s’épanouissait déjà, la pente du Dézaley était encore, au début du XIIe siècle, « déserte et inculte,  » ainsi que le rappelle l’évêque saint Amédée dans un acte de 1154 2. C’est le prédécesseur de ce prélat, Gui de Merlen, /127/ qui comprit l’intérêt qu’il y avait à mettre ce terrain en valeur. Il fallait apporter de loin la terre nourricière, l’appliquer sur la roche, la retenir à grands renforts de murets ou charmoz. C’était un travail de patience et de persévérance qui demandait un effort collectif et prolongé, que de simples particuliers ne pouvaient donner. C’est pourquoi l’évêque s’adressa aux moines de Cîteaux, qu’il avait vus à l’œuvre dans son pays d’origine en Bourgogne, et après les avoir attirés à Hautcrêt et à Montheron il leur donna le Dézaley à défricher et à mettre en culture.

La vigne était connue dans nos contrées avant l’arrivée des moines bourguignons. Le Cartulaire de Lausanne mentionne de la vigne au Maurmont près La Sarraz en 816 1 et à Mornex en 901; le même recueil 2 reproduit un sommaire des revenus que procuraient à Vevey les « frères de Lausanne,  » c’est-à-dire les chanoines de la cathédrale. Ce sommaire, qui est probablement de l’an mille environ, énumère entre autres les vignes que le Chapitre possédait sous l’église Saint-Martin. Un autre document, antérieur à 1052 3, parle des vignes que le chapitre de Sion avait à Ouchy et à Montreux.

Mais ce sont bien les religieux cisterciens qui ont créé le vignoble du Dézaley. Dans sa charte du 21 janvier 1142 4, Gui de Merlen déclara donner aux moines de la Grâce-Dieu, pour y établir une vigne, certaine partie du Dézaley qui va du plantage de l’évêque jusqu’au fief de Conon de Grandson, et ce plantage lui-même que son métral de Puidoux, Vaucher, avait cultivé. Il confirme en /128/ outre la donation par Conon de Grandson d’une autre partie du « territoire » du Dézaley jusqu’au plantage de Vaucher de Puidoux, celle de ce dernier plantage lui-même, ainsi que de la part du Dézaley cédée par Louis, sénéchal de Lausanne, et des droits qu’avait Amédée de Blonay sur la prédite terre. Les donations faites aux moines de Hautcrêt sont semblables 1. Elles ne mentionnent que des terres et des plantages. Que sont ces plantages ? L’état des revenus du chapitre de Lausanne à Vevey, que nous avons mentionné, s’exprime ainsi 2: « des vignes dominicales: une vigne est limitée par …, une autre vigne par …, la troisième par …, la quatrième est un plantage, la cinquième un plantage, la sixième une petite vigne, etc. » Le plantage pourrait ici s’entendre de ceps récemment plantés et ne donnant encore aucune récolte, s’il ne s’agit pas tout simplement de cultures maraîchères.

La transformation du terrain par les moines est au surplus une chose certaine: Amédée de Blonay qui, en 1142 3, renonce simplement à ses droits sur le Dézaley, abandonne en 1147 4 formellement ses droits à la dîme des vignes du Dézaley; les vignes du Dézaley sont indiquées dans la charte de confirmation de l’évêque Landri en 1163 5, et dès ce moment toutes les confirmations papales ou épiscopales en font mention. Cette transformation fut un travail pénible et long. Nous n’avons pas de document précis pour Montheron. Mais on voit qu’en 1154 6 l’évêque Amédée est obligé de promettre aux moines /129/ de Hautcrêt une somme de vingt livres — la valeur d’une bonne maison de l’époque — s’ils parviennent en quatre ans à défricher la terre inculte et déserte qu’il leur a donnée.

Du territoire du Dézaley, le couvent de Hautcrêt avait obtenu la partie occidentale (aujourd’hui Clos des Moines), et celui de Montheron la partie orientale (Clos des Abbayes). Des deux domaines, le premier a passé à l’Etat de Berne en 1537, et le second, la même année, à la ville de Lausanne; celle-ci a racheté en 1803 la part de l’Etat. Elle a conservé deux administrations distinctes, mais les limites des deux domaines ont été légèrement modifiées. Un diplôme de l’évêque Roger, du 18 août 1182 1, que confirme une bulle du pape Lucius III et qui semble avoir été rédigé spécialement pour assurer aux religieux de Montheron la propriété de leur part du Dézaley, la délimite comme suit: « De la percée (foramine) Duylle à la Combe Rachis, suivant que le sépare le sentier tendant à Lausanne, et la Combe Rachis à la pierre Daylley, et de là à la pierre d’Oe, ainsi que du mas du Dezaley avec les dépendances. »

En regard, nous avons pour Hautcrêt une confirmation de droits et possessions émanant de l’évêque Sébastien de Montfalcon, datée du 18 octobre 1529 2, et qui reconnaît /130/ aux religieux de ce couvent « tout ce qu’ils possèdent dans la paroisse de Saint-Simphorien, soit toutes les vignes du Dezaley, à savoir au vieux Dezaley, de la voie publique de Vevey à Lausanne au-dessous, au rocher de Oulier au-dessus, et les vignes que les religieux tiennent de nous, près du chemin allant de leur cellier à Epesses au-dessus, et sur la voie du dit scex à orient et qui va jusqu’à la vigne des religieux de Thela. Et encore au Dezaley leur cellier et les vignes contiguës, à savoir jusqu’à la voie publique par laquelle on va à Lausanne, des vignes des religieux de Thela à orient aux vignes des Chenu à occident, les vignes que lés Chenu tiennent sous six setiers de vin de cens et la dîme, leurs vignes du Mas, etc. » Suivent d’autres vignes situées plus à l’ouest.

Un troisième document, du 26 novembre 1274 1 est la délimitation faite, sur la demande du Chapitre général de Cîteaux, par Conon, abbé de Bonmont, et Jaques, abbé du Mont Sainte-Marie, des biens des deux monastères. La séparation est faite par « une croix gravée sur la roche au-dessus des terres du Dézaley, en descendant et tirant droit sur l’aqueduc, qui est entre les vignes des dites abbayes, lequel aqueduc, comme il conduit les eaux au lac, sera une borne perpétuelle entre les deux parties. »

Le rocher d’Oulier — aujourd’hui Ruppes — et une coulisse allant jusqu’au lac, séparaient donc les deux Dézaley. Cette coulisse passait à droite et tout près de la maison du Clos des Moines (Hautcrêt).

Mais les documents de 1182 et de 1529 que nous /131/ venons de citer distinguent entre les vignes du Dézaley et celle du Mas, que se partagent aussi les deux monastères. Il est difficile de se rendre compte à quelle partie du vignoble ce nom s’appliquait. Nous présumons cependant qu’il s’agissait de la partie du domaine située sous le signal de Chexbres, au-dessus et à l’ouest du Dézaley de Hautcrêt. On voit en effet par un acte du 8 février 1248 1, soit transaction entre Montheron et Anselme, mayor de Chexbres, que celui-ci se désiste du droit qu’il avait sur la dîme du mas du Dézaley et des vignes situées de la maison de Bernold au Ruisseau sec, et des vignes de Marsens au lac. Une partie de ce vignoble était restée à l’évêque ou avait été acquise par lui. Par un échange du 25 mars 1422 2, le couvent renonça en faveur de Guillaume de Challant à la dîme qu’il prélevait sur cette portion.

Nous n’avons aucun renseignement sur les méthodes primitives de culture des moines de Montheron et de Hautcrêt. Le doyen Bridel raconte 3 que les vignes du Dézaley ayant gelé pendant le rigoureux hiver de 1238, on les renouvela avec du plant venu de Bourgogne, et M. Charles Pasche suppose 4 que ce sont les moines vignerons du Clos Vougeot, propriété de Cîteaux en Bourgogne, qui ont apporté au Dézaley les plants de leur pays et leurs méthodes. La vérité est que nous n’en savons rien. /132/ Un moine du Dézaley nous est connu en 1142 1, c’est Guillaume de Puidoux dont les parents cultivaient déjà ces terres.

L’exposition du vignoble est, d’ailleurs, avec une culture rationnelle, la cause essentielle de l’excellence du vin du Dézaley; la grappe est dorée dessus par le soleil et dessous par la réverbération du lac; elle est ainsi exposée dessus et dessous à l’action de la chaleur intense. On a d’autre part remarqué ce fait intéressant qu’une partie du vignoble ayant été renouvelée dès 1902 avec des plants américains, le produit de ces plants a mieux le goût caractéristique du Dézaley que le vin des anciens plants.

Au début, sans doute, la vigne dut croître en arbustes, comme c’est encore le cas aujourd’hui en Savoie. Mais en 1356, on voit les échalas apparaître dans le domaine de Haut-Crêt 2 et peut-être sont-ils beaucoup plus anciens. Les ceps ne paraissent cependant pas avoir été aussi régulièrement disposés et serrés que maintenant, car, en 1716 3, le bailli de Lausanne fit une ordonnance contre les propriétaires de chiens qui les laissaient librement aller dans les vignes et les chemins du Dézaley, et en 18333bis, les deux tiers du Dézaley de Hautcrêt étaient « un chaos entremêlé de quelques ceps soutenus en partie au moyen d’échalas, partie traînante sur les rochers roulés ou contre des parois de rochers, disputant la place aux ronces et aux fraises. »

Il s’agit ici, il est vrai, d’un état exceptionnel. Les vignes avaient été négligées durant la période révolutionnaire. /133/ De nombreux contrats nous renseignent sur les obligations des vignerons antérieurement. Ainsi, en 1626, ils doivent « puer (tailler), provagner (provigner, coucher en terre), dessoteller (déchausser les provins), passeller (planter les échalas), fossorer et effollier (fossoyer et effeuiller) trois fois l’année; porter les terres toutes les fois qu’ils en seront requis, maintenir les charmus (murets) et endruger (fumer) décentement 1… » Ces dispositions reproduisent celles d’actes plus anciens. Les comptes du cellérier de Montheron pour 1482 2 indiquent la dépense faite pro putando, pro venyando, dessocellando, fodendo et fodicione (trois fois), passellando, effoliando, legendo, paramites, aux vignes du Dézaley, de Collonges et de Sadex. Très souvent, les contrats rappellent qu’ils sont basés sur l’usage de Lausanne, qui faisait règle pour tout le vignoble de Lavaux (celui de la Côte était différent: ainsi on fossoyait une année trois fois et la suivante deux).

Les vignerons avaient d’autres obligations encore, entre autres celle de l’entretien des charmus ou murets, dont une partie ne remonte qu’au XIXme siècle. On voit d’autre part, par les abergements de Pierre Goumoëns en 1456, de Jean Cornuz en 1483 3, que l’abbaye de Montheron se réservait de pouvoir, de trois ans en trois ans, à perpétuité, prendre de la terre de la vigne abergée (sur une largeur de deux pieds et une profondeur d’un pied) pour la descente au Clos de l’abbaye située au-dessous; de même le tenancier avait le droit de prendre la terre située sur le mur et le rocher existant au-dessus /134/ de sa vigne. Ainsi il se faisait un continuel prélèvement des terres supérieures au profit des terres inférieures. L’entretien des chemins et des coulisses fut l’objet de plusieurs conflits entre les deux monastères et avec leurs voisins 1.

Le domaine du Dézaley était primitivement administré par les religieux eux-mêmes ou plus exactement par les frères convers. C’est ainsi que Ulric et Conon, convers de Thela, qui assistènt, avant 1164 2, à une donation de Raymond de Chexbres à l’abbaye de Hauterive, sont sûrement les gardiens du cellier du Dézaley. La règle primitive de l’ordre interdisait aux convers de boire du vin, alors même qu’ils se trouvaient aux vignes. Mais bientôt elle fléchit. Le vin est toléré dans les celliers dès 1180 3. Un statut de 1195 3bis décida que, dans les granges et les celliers où l’on buvait du vin, on n’aurait qu’un plat par jour. Pour le surplus, les convers des granges et celliers étaient astreints aux mêmes obligations que les religieux de l’abbaye même.

Mais, comme nous l’avons dit, la diminution graduelle du nombre des convers força, peu à peu, à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, les abbayes cisterciennes à changer leur mode d’exploitation agricole et viticole. Les religieux de Hautcrêt et de Montheron avaient créé le vignoble du Dézaley. Ils se virent contraints de le donner à cultiver aux vignerons des villages voisins, n’exploitant plus eux-mêmes que le clos entourant leur cellier: /135/ pour Montheron le Petit Clos à l’orient de la maison. En 1275 1 ce couvent aberge à Thomas de Saint-Saphorin deux vignes au Dézaley, avec la permission d’y bâtir une maison, ne réservant qu’un cens d’une coupe de vin et le quart de la récolte. En 1279, Montheron reprend à Nicolas de Crousaz de Chexbres une vigne au Dézaley, parce qu’il ne la cultivait plus 2. En 1355, l’abbaye de Hautcrêt avait abergé à plus de trente vignerons différents ses vignes du Dézaley 3. On compte en 1412 une vingtaine de tenanciers de Montheron 4.

A l’exception du clos particulier qu’ils cultivaient encore, les moines n’agirent donc plus au Dézaley, dès la fin du XIIIe siècle, qu’à titre de propriétaires, touchant un cens (redevance fixe assez minime) et le quart, le tiers ou la moitié de la récolte suivant les cas. Le compte du cellérier de 1482 5 n’indique pas quelle quantité de vin il avait recueilli au Dézaley, mais nous savons qu’il en vendit pour 178 livres 12 sols et 2 12 deniers (8900 francs), partie à un hôtelier de Lausanne, Pierre Taune, partie à la taverne de Montheron (17 setiers), partie à divers personnages. Il dépensa d’autre part 36 12 livres pour le travail des vignes, 11 12 livres pour le fromage, la viande, les chandelles, le sel, le beurre et autres victuailles destinées aux ouvriers, 14 livres /136/ à l’abbé et à Claude Magnin pour les vendanges, 2 livres au religieux Fr. Jean Trion, qui embarqua le vin au Dézaley, l’amena à Rive d’Ouchy, puis à Lausanne; au total 64 livres de dépenses, et nous n’avons pas tous les frais. Le bénéfice avait été ainsi d’environ 110 livres soit 5500 francs.

Chaque couvent avait son cellier, c’est-à-dire, une maison rurale avec pressoir et cave. Une chapelle était annexée à la maison d’habitation. Celle de Hautcrêt a dû être démolie en 1902, ensuite d’une transformation du bâtiment. Celle de Montheron, qui est du XVe siècle et renferme des peintures intéressantes, a été maintenue et a été classée au nombre des monuments historiques 1.

 

XXII. — Autres propriétés du couvent

Outre ces grands domaines, le couvent posséda de nombreuses granges et des revenus plus nombreux encore, disséminés dans tout le pays de Vaud, mais plus spécialement dans la région d’Echallens, la Broye et autour d’Yverdon. Nous avons déjà parlé de l’origine de la plupart. Voici, résumé aussi brièvement que possible, ce que nous savons de chaque revenu. Pour plus de clarté, nous suivrons l’ordre alphabétique.

AILLERENS. — La grange de Villars-Aillerens (Vilar-Aleran), près de Moudon et de Chapelle-Vaudanne, fut /137/ constituée à partir de 1147. Le premier abergement que nous en trouvions est du 27 février 1344. Falconet et Perrod, fils d’Aubert de Forel, déclarent tenir à cens, pour cinq ans, renouvelables, la grange d’Aillerens, à Chapelle-Vaudanne, avec toute la terre et pré entre le marais d’Aillerens et le territoire de Saint-Cierges, et entre le chemin de Moudon à Saint-Cierges, au nord, et celui de Moudon à Chapelles, au sud. Cens: 3 muids de froment, 3 muids d’avoine et 6 livres de cire. Le grangier rentrera la dîme du couvent, qui n’aura pas de messellier, et il aura pour sa peine la paille et la litière.

Le 8 mai 1359, la même grange est abergée à Rolet Cerjat, de Moudon, et à ses fils Antoine et Nicod pour leur vie; elle l’est, le 17 avril 1400, pour dix-neuf ans, à Rodolphe Cerjat, fils de feu Rolet. Jean Duplan devient granger le 13 juin 1417, pour 29 ans. Le 23 avril 1456, l’abbé J. de Cheseaux aberge ce domaine « pour 200 ans, comprenant 200 récoltes », à Pierre Martin et à ses descendants, sous cens de 36 coupes de blé, de 4 de pois et 4 livres en argent; Claude Martin est encore granger en 1506. En 1482, le cellérier du couvent perçoit à Aillerens 1 muid de froment et 4 livres d’argent de cens, plus 16 coupes de froment pour la dîme.

Un acte de 1541 reconnaît que le grangier d’Aillerens est de droit bourgeois de Moudon et a le droit d’usage des communs de cette ville. Le domaine fut racheté en 1760 par la commune de Moudon.

Il y avait à Aillerens une autre grange, constituée par les vidomnes de Moudon, et qui passa ensuite aux de Glane et aux Loys.

ALLOUX (Jorat). — La terre donnée au XIIe siècle par /138/ Gui Barata de Goumoëns, en même temps que celle de Monteron, à laquelle elle touchait. Elle fut plus tard englobée dans le territoire de la communauté de Froideville. En 1337, l’abbaye transige avec la commune de Lausanne, qui lui contestait « son ancienne possession du territoire dit du Raffort et des Alloux,  » jouxte le bois du Jorat, au delà du Talent. En 1565, les communes de Froideville et de Poliez-Pittet se partagèrent le mas des Alloux.

ALLOUX (Penthéréaz).—En 1304, n. Jean de Goumoëns lègue au couvent 2 muids de froment de cens assignés sur les terres des Planches et des Alloux, entre le territoire de Penthéréaz et de Villars-Lucion (Robellaz). Remise fut faite de ces terres au couvent, le 22 octobre 1309, par Jaquet, héritier de Jean. Elles furent réunies au domaine du Buron. En 1628, l’amodiation de cette grange comprenait 16 poses et 4 seitorées de terre aux Alloux, soit en Pra-Godet.

ARCHENS (Bois). — Sur la rive droite du Talent, en face de l’abbaye, terre et bois donnés en 1154 par n. Humbert d’Aubonne, dont les descendants conservèrent des droits jusqu’en 1293. Le couvent céda la foresterie (garde) du bois à la famille de Rive, de Bottens. En 1306, le forestier Giraud se trouvant en Lombardie, sa mère et son frère reconnurent l’office en son nom. Le seul revenu du forestier était l’usage du bois mort. Cet office fut rétrocédé en 1320 au couvent, pour le prix de 8 livres 5 sols et l’abandon d’un cens de 2 sols. En 1529, le bois d’Archens était amodié en même temps que l’abbaye à n. J. Ponteys. En 1652, 32 toises du bois d’Archens furent détachées et abergées à Martin Dorier, /139/ qui en coupa une partie et construisit la ferme Dorier.

ASSENS. — En 1275, Jourdaine, femme de Renaud d’Oulens, châtelain d’Orbe, donne au couvent 8 coupes de froment de cens assignées sur des terres à Assens. En 1299, Pierre, sire de Grandson, lègue de même 5 sols. Le 19 janvier 1421, Guillaume d’Yvoire, donzel de Salins, époux de Jeannette de Bottens, vend au couvent 1 muid de froment et 17 sols de cens que Gérard Depierraz, d’Assens, lui devait pour 40 poses de terre en divers lieux. Le même vend, le 29 mai 1422, la moitié de la grande dîme d’Assens, les hoirs de Henri de Chissé et les recteurs de l’autel Ste-Catherine, à la cathédrale, ayant l’autre. En 1482, le cellérier du couvent percevait à Assens, 1 muid de froment, 26 sols et 4 deniers de cens, et 20 coupes de froment de dîme. Mais, en 1545, cette dîme est évaluée à 6 muids et 6 coupes de blé. Tous ces revenus furent cédés en 1731 à LL. EE. de Berne et Fribourg.

AUBONNE. — Le 17 août 1385, Guillaume de Grandson, seigneur d’Aubonne, exempte le couvent, les familiers et leurs biens du péage des deux ponts d’Aubonne, à charge d’une messe annuelle. Le comte François de Gruyère renouvelle l’exemption en décembre 1461.

BELMONT-SUR-LUTRY. — C’est sur ce territoire qu’était la grange de Condemine au Jorat, le domaine primitif du couvent. La grange de Condemine est encore mentionnée en 1305, 1325 et 1337, mais en 1254 le domaine est déjà morcelé: Guillaume Ducrest, de Pully, tient du couvent le pré de la Fontaine Inverse, au territoire de Condemine. A partir du XIVe siècle, le morcellement est complet: les terres du Beyt-Chesaux, du Butty, de la /140/ Lionnaz, de Pierre Ozaire, en sont des démembrements. En 1404, le chapitre aberge deux mas de terre et bois au Beyt-Chesaux, à la condition d’extirper tous bois et broussailles dans le délai de cinq ans. Même condition en 1455 à un abergement de mas au Butty. En 1482, le cellérier percevait à Belmont 6 livres 18 sols et 6 deniers de cens.

BELMONT-SUR-YVERDON. — En 1176, Ebal et Jordan, seigneurs de Belmont, donnent le droit d’usage et de pâturage sur leurs terres, dans la vallée d’Yverdon. Ce droit s’exerça surtout dans la région de Noréaz.

BERCHER. — Des actes de 1400 à 1515 montrent que le couvent percevait à Bercher trois bichets de cens, provenant peut-être d’un legs des Cossonay, seigneurs de Bercher.

BIOLEY-ORJULAZ. — En 1385, n. Louis de Bière cède au couvent, en échange de terre à Yverdon, sa dîme de « Waud>, assignée sur des terres à Bioley-Orjulaz, Cugy, Assens, Etagnières, Morrens, etc. En 1387, Jeannette de Goumoëns, femme de Guillaume de Rovéréaz, dit d’Auz, chevalier, lègue 6 coupes de froment de cens, assignées sur les tenanciers d’Etagnières et de Bioley-Orjulaz. En 1420, Guillaume d’Yvoire, donzel, vend 8 sols de cens à Bioley. Bioley-Orjulaz ne figure que pour 18 deniers de cens, en 1482, dans les revenus du cellérier.

BOTTENS. — L’évêque Landri avait cédé au couvent l’église de Bottens, avec la dîme du lieu. Pour le patronat, Jordan Warens, curé de Bottens, reconnaissait devoir, en 1418, 50 sols de cens à l’office de la pitance. En 1482, le cellérier compte 2 muids 9 coupes pour la dîme en froment de Bottens. Elle est évaluée en 1545 à 7 muids et 6 coupes de blé. /141/

Les seigneurs de Bottens étaient les plus proches voisins du couvent. Aussi s’étonne-t-on de n’en voir point figurer parmi les fondateurs ou les premiers bienfaiteurs. Peut être y eut-il des donations ignorées. Cependant, au XIIIe siècle, le monastère avait des biens à Bottens. En 1184, Pierre, sénéchal d’Estavayer, lui cède un sol de cens dû par Aymeri de Bottens. En mars 1278, Pierre de Cheseaux lui vend 4 sols et 2 deniers de cens dus au dit lieu. En 1296, Etienne Roncin, de Poliez-Pittet, est contraint de remettre au couvent différentes terres qu’il tenait de lui, entre autres un chesal touchant le cimetière de l’église de Bottens, la moitié de la mollie de Chambères, le pré des Andens. En 1311, Jaques de Bioley, curé de Bottens, lègue au couvent tous ses biens. En 1330, François, seigneur du lieu, lui lègue 20 sols de cens. En 1336, Gérard et François de Bottens, donzels, lui vendent 4 sols de cens. En 1406, Jean Mulet, dit Mermaz, tient de l’abbaye une maison au village et 35 poses de terre en deux tènements, pour 22 sols de cens. Le 24 août 1408, un descendant des sires d’Aubonne possessionnés dans la région au XIIe siècle, Rolet d’Aubonne, bourgeois de Lausanne, vend au couvent pour 9 livres, un mas de terre, pré et bois, qu’il possédait à Bottens, en Champ Vaudran, touchant le riau de Cambron. En 1482, le cellérier percevait 74 sols et 9 deniers de cens en argent dans cette localité (185 francs).

BOULENS. — Voir le chapitre spécial, page 109.

BOURJOD. — L’abbaye vendit en 1347 quatre muids de froment de cens à Pailly et au Bourjod pour le prix de 100 livres, sous réserve du droit de rachat, au chanoine Guillaume de Billens, dont les parents étaient seigneurs de Bourjod. On n’en entend plus parler dès lors. /142/

BOURNENS. — Guillemette, fille de feu Pierre Bovey, tenait en 1331 du couvent un domaine de dix poses à Bournens. Cette terre est reconnue en 1356 sous 6 sols de cens. Le 27 mars 1512, Louis et Pierre de Russin vendent au couvent deux muids de froment et 5 florins d’or que leur devaient Claude et Antoine Griffon, de Bournens, pour un domaine de 60 poses. En 1482, le cellérier perçoit en ce lieu 8 sols 9 deniers.

BOUSSENS. — La grange de Boussens avait été constituée vers 1163 par deux seigneurs de Grandson, ensuite d’un échange avec le donzel Renaud de Boussens. En 1270, cet échange était encore l’objet de contestations entre l’abbaye et le donzel Humbert de Crissier. En 1329, 1338 et 1339, les nobles de Crissier arrondirent le domaine de Montheron en vendant différents terrains au couvent. En 1414, le rénovateur des extentes du comte de Savoie pour le château de Cossonay prétendit assujettir à ce dernier la grange de Boussens. Mais, sur la plainte des religieux, le comte Amédée VIII reconnut le 1er août 1414 que ce domaine était exempt de sa juridiction.

La grange de Boussens existe encore aujourd’hui sous le nom de grange aux Aguets, du nom de l’un de ses anciens tenanciers. Elle est au bord de la Chamberonne, dans un terrain très marécageux que les moines durent commencer par assainir. En 1418, le domaine comprenait maison, four, courtines, oches, jardins et prés situés entre les fossés soit terreaux de la grange, plus 61 poses de terre arable, situées des deux côtés de la rivière, entre la route de Cheseaux et celle de Sullens, 22 12 seitorées de prés, un bois en Forestalaz, actuellement /143/ défriché, etc. Le 19 décembre 1418, Jaquet et Jeannot Boudet reconnurent tenir ce ténement sous hommage lige et redevance de 2 muids de froment, 2 d’avoine, 3 chapons et 9 livres de cens. Ils s’engageaient à demeurer sur le domaine, à faire tous les charrois commandés par l’abbaye, chaque charroi ne pouvant durer qu’un jour, à recevoir et défrayer l’abbé trois fois par an. Les Boudet n’observèrent probablement pas ces conditions, car le domaine leur fut repris. Le 14 février 1421, il fut abergé à Mermet et Jean Mercier, d’Etagnières. Le contrat indique les mêmes redevances en blé et argent, mais il modifie les autres conditions du bail. Les fermiers ne devaient plus faire que vingt jours de corvées par an, pour le coupage du bois destiné au couvent, fournir 2000 ancelles (bardeaux) et lattes, recevoir convenablement un jour par an l’abbé avec deux chevaux. Le tout sous peine de déchéance du bail. Ce n’était point une menace vaine. Le 12 mai 1480, les grangiers Jean et André Aguet furent déclarés déchus, parce qu’ils avaient voulu distraire du domaine certains prés pour en tirer profit. Pardon leur fut cependant accordé, et une année après, le 12 mai 1481, l’abbé de Montheron passa en leur faveur un nouvel abergement. La grange de Boussens rapportait en 1482 au cellérier 7 livres en argent et 18 coupes de froment de cens, le surplus étant sans doute affecté à l’abbé ou à la pitance.

Le couvent de Montheron percevait en outre divers cens au village même de Boussens. Par testament du 29 juillet 1418, n. Antoine de Colombier lui avait assigné 2 muids de froment de cens à Etagnières, Morrens, Bournens, Cheseaux. En 1439, le couvent entra en /144/ possession de 5 coupes de froment et un chapon de cens légués, le 8 décembre 1425 déjà, par Henri de Colombier, oncle d’Antoine, et assignés sur les biens des Espaulaz. Ceux-ci possédaient en outre les marais de Pontizel et d’autres terres, grevées déjà de 5 coupes de froment de cens en faveur du couvent à raison d’un legs de François de Colombier; ils préférèrent en 1461 abandonner ces biens que de continuer à payer le cens. En 1482, le cellérier percevait au village de Boussens 22 sols, 5 coupes de froment et 3 chapons de cens; nous ne savons où avait passé le reste des cens. Enfin, en 1517, n. Benoît de Monthey vendit au couvent 26 sols de cens assignés sur sa propre grange de Boussens.

BOZ-LAMBERT. — Ce bois, donné par Humbert d’Aubonne en 1154, a été identifié avec le bois des Fayoulles, qui touche au bois d’Archens à l’ouest: ce n’est qu’une supposition. Il n’en est plus question après 1293.

BRITENERES. — En 1217, le chevalier Henri de Goumoëns renonce à ses droits au Buron, en « la Briteneres » et en Montandrey. Seule mention de ce nom.

BRETIGNY (Echallens). — En 1409, Jaquet Cottez, d’Echallens, tient du couvent 5 poses de terre à Bretigny. D’autres cens sont achetées par le couvent en 1410, 1419, 1423. En 1482, le cellérier y a un revenu de 9 coupes de froment et de 18 sols.

BRETIGNY (Morrens). — En 1194 déjà, Hugues de Villette, en conflit avec l’abbaye, lui avait donné 8 sols de cens à Bretigny. En 1306, n. Gérard de Cheseaux lui assujettit l’un de ses hommes, Jean, fils d’Anselme de Bretigny, et le tènement de Gérard de Bretigny, qui était grevé de 5 coupes de froment et de 4 d’avoine de /145/ cens. N. Guillaume d’Yvoire lui céda en 1415 tous ses droits. Guillaume et Jaquet d’Aubonne, donzels, lui vendirent, le 13 avril 1414, leurs dîmes à Bretigny, Cugy et Morrens. Enfin, le 13 février 1519, le couvent acquit de Nicod Favre le moulin de Bretigny, mouvant de n. Benoît de Monthey. En 1482, le cellérier percevait 9 coupes de froment et 23 sols et 9 deniers de cens.

BUDRON. — Ce mas, entre le Mont et Cugy, avait été légué par n. Guyonet du Mont, aux termes d’un acte que nous n’avons plus, mais qu’Ottonin, fils du donateur, confirma en 1379.

BURON. — Ce domaine, constitué dès 1147 (voir page 27), était l’un des plus importants du monastère, puisqu’on 1536 il comptait 130 poses de champs, 60 de prés et 50 de bois. Les nobles de Goumoëns et de Font prétendirent pendant longtemps y conserver des droits. En 1255 Pierre et Jean de Goumoëns, en 1277 Jaquet de Goumoëns vendirent au couvent le même droit de 5 coupes de froment que leur devait le granger. Le chanoine Bovon Soutey, de Lausanne, lui légua en 1281 trois sols de cens sur le grand pré du Buron, qu’avait vendu Henri de Font, dit le Roux.

Il y avait donc, dès 1277, au Buron, un granger. Le domaine fut morcelé. En 1294, le champ de « Agneriz », de 9 poses, sous les Rippes de Goumoëns, est cédé à un censier, Jean Du Bos, de Montandrey. En 1323, Jean Du Bos, de Vuarrens, a un mas au « finage du Buron. »

La grange du Buron ne fournit, en 1417, qu’un muids de froment et 6 chapons au cellérier. L’abbé tirait probablement le gros du revenu. En 1517, le domaine était abergé à la famille de Guillaume Dupuis, de Penthéréaz, /146/ sous cens de 12 livres, de 20 coupes de froment, 20 d’avoine et 6 chapons. La ville de Lausanne l’abergea plus tard à divers particuliers: le 23 mars 1628, à n. Jean Polier, des descendants duquel Jean-François Panchaud le reprit le 28 août 1702, et il devint finalement sa propriété. Le domaine passa dès lors dans plusieurs mains.

BUSSIGNY-SAINT-GERMAIN. — Le 15 juillet 1474, n. Jacques de Russin, seigneur d’Allaman, avait vendu à Nicolas de Gruffy, abbé du lac de Joux, et à Louis de Bettens, donzel d’Echandens, différentes possessions, entre autres tout ce qu’il possédait à Bussigny-Saint-Germain, en droits de juridiction et droits utiles, notamment sur huit familles et leurs biens. L’abbé de Montheron acquit ces droits des acheteurs, et la ville de Lausanne, son ayant-droit, les céda en 1706 à LL. EE. de Berne.

BUSINENS PRÈS MORRENS. — Le mas de Businens, au territoire de Morrens, est mentionné en 1306. L’abbaye y acquit à ce moment deux hommes taillables. Ce nom n’est pas cité dans d’autres documents.

CHAMBÈRES. — Jaquette de Grandson, dame d’Orbe et d’Echallens, légua le 4 septembre 1373 au couvent son pré de Chambères avec les dépendances. Ce pré était au territoire de Bottens, et il est mentionné dès 1317.

CHAPELLE-VAUDANNE. — Le 19 mars 1302, le curé de Chapelle près Moudon, Vivian, avait donné tous ses biens au couvent, mais on ne sait en quoi ils consistaient; il confirma cette donation par testament du 9 juin 1306. En 1312, l’abbé acquit le tènement de feu Lambert Buschin, qui rapportait 25 sols de cens; /147/ cet achat, fait sans le consentement du seigneur Louis de Savoie, fut considéré comme irrégulier, et il en résulta divers conflits, qui ne prirent fin qu’en 1342 par une donation de Louis de Savoie et d’autres prétendants. Le cellérier percevait en 1482 dix sols de cens à Chapelle, déjà reconnus par Jean Serragin, de Moudon, en 1385.

CHAILLY (Montreux). — Jeannette, fille de Girard Mestraux, de Chailly, tient en 1389 du couvent un pré à Vevey sous 3 deniers de cens.

En 1482, le cellérier du couvent touche à Chailly 6 sols de cens.

CHALET A GOBET. — Voir Jorat.

CHATELARD (Lutry). — Le 18 décembre 1395, le cellérier Pierre d’Yverdon acense à Ansermod Gaboyat une vigne au Chatelard sur Lutry. Gaboyat plantera de la vigne sur la portion non cultivée; il récoltera tout les deux premières années et les deux tiers le reste de sa vie. C’est probablement la même vigne qu’en 1459-1477 Guillaume Quicat et son fils Pierre tenaient à tiers fruit.

CHATONNAYE. — Le 12 juillet 1362, Mermet de Corbières, donzel, lègue au couvent 15 sols de cens que lui doit Chalaver, à Châtonnaye.

CHAVANNES (Echallens). — Dès 1410, le couvent possédait des cens à Chavannes, et en 1482, il y percevait une dîme d’une coupe de froment. En 1502, il acquit de Louis de Colombier, seigneur de Vullierens, 6 coupes de froment et 24 sols de cens assignés sur un tènement à Chavannes et à Echallens.

CHAVORNAY. — Le 18 septembre 1360, Antoine de Goumoëns-le-Jux, donzel, fils de Jean, fit son testament /148/ par lequel il demandait à être inhumé dans le tombeau qu’il s’était fait construire dans l’église de Thela, et il donnait au couvent le meilleur de ses chevaux avec ses armes, ainsi que dix livres de cens assignées sur les cens qu’il avait à Chavornay; il instituait sa fille Jeannette héritière universelle. Jeannette ne paya pas ces legs. Mariée plus tard au chevalier Guillaume de Rovéréaz, on la voit donner au couvent, le 8 novembre 1387, une maison appelée La Tour, au vieux bourg d’Orbe — jouxte la sienne propre — une autre maison, ainsi que des cens. Mais l’abbaye ne se déclara pas satisfaite, et elle obtint en 1388 passement 1 pour recouvrer les 10 livres de cens, ainsi que 270 livres d’arrérage. La dame de Rovéréaz ne paraît pas avoir pu s’exécuter, parce que, entre temps, les dits cens de Chavornay avaient été cédés à Otthonette, fille de François Bouczan, d’Yverdon, femme de Louis de Bière, chevalier et bailli de Vaud. Otthonette testa le 22 avril 1394, ordonnant la restitution de ces cens, mais sa fille et héritière Antoinette, femme de Jean de Châteauneuf, n’en fit rien. Le conflit fut porté devant des arbitres qui, le 15 mars 1397, réduisirent à 8 livres le cens à payer au couvent, et se réservèrent de prononcer ultérieurement sur 250 livres d’arrérages réclamés par celui-ci. En 1403, le couvent fit hommage de ce revenu au comte de Savoie, mais nous ne sommes pas certain que l’abbaye ait réellement joui de toute la rente.

Un autre héritage ne fut pas plus facile à réaliser. En 1439, Pierre Banderet, gros bourgeois d’Yverdon, qui avait son fils moine à Thela, légua au couvent ses /149/ maisons et ses vignes à Chavornay, sous réserve d’usufruit en faveur de sa femme Louise de Vuisternens. Mais à la mort de celle-ci, un parent de Guillaume de Baulmes s’empara de ces biens. D’où procès, condamnation de ce dernier le 25 septembre 1449, et c’est alors que le couvent put entrer en possession.

En 1482, le cellérier percevait à Chavornay 6 livres, 6 sols, 11 deniers et 10 coupes de froment de cens.

CHESEAUX (Echallens). — Le 13 janvier 1392, Mermet Porraz, de Cheseaux, se donne au couvent avec tous ses biens. Le 23 juillet 1396, Pierre, fils d’Etienne de Cheseaux, reconnaît 4 s. de cens légués par son père. Le 29 juillet 1418, Antoine de Colombier lègue deux muids de froment de cens, dont son oncle et héritier Henri attribua quatre quarterons sur des terres à Cheseaux.

En 1312, le donzel Girard de Cheseaux avait vendu à l’abbaye, pour 180 livres, un muids de froment et 4 coupes d’avoine de cens. En 1482, le cellérier percevait un muids de froment de dîmes à Cheseaux.

CHESEAUX (Yverdon). — L’origine du domaine de Montheron à Cheseaux paraît avoir été la cession, au XIIe siècle, d’une grange qu’y possédait le prieuré clunisien du Val-de-Travers et sur laquelle Jordan de Grandson, seigneur de Belmont, avait des droits dont il se départit. Les fils de Jordan querellèrent à ce sujet le couvent qui dut leur donner, en 1235, un tonneau de vin, en 1245, cent sols pour obtenir leur désistement. De son côté, Raymond, sire de Montagny, vendit, en 1186, au monastère, pour 5 12 muids de froment de cens, tous ses droits à Cheseaux, et Aymon de Font céda, en 1233, son droit sur les cours d’eau de ce lieu. /150/

D’autre part, en 1185, Pierre et Lambert de Belmont, du consentement de leur mère Agnès, avaient donné tout ce qu’ils possédaient à Cheseaux, au couvent où leur frère Bérard venait d’entrer comme religieux, et Cécile, veuve de Ponce de Belmont, fit un pareil abandon. Ces Belmont étaient des ministériaux (sénéchaux) des Grandson. Ils eurent de la peine à tenir les promesses faites. En 1259, le couvent dut reconnaître à l’un d’eux, Conon de Belmont, la jouissance d’une terre située entre le ruisseau de Filleroles et le bois d’Epiney, et entre le Mont Solar et le lac; cette terre devait revenir au monastère à la mort de Jaques, fils aîné de Conon. Néanmoins, Guillaume, fils de Jaques, la garda, et ce ne fut qu’en 1302, ensuite de sentence du bailli de Vaud, que Conon et Pierre, fils du susdit Guillaume, dit d’Yverdon, s’en désistèrent.

Par transaction du 9 avril 1343, Louis de Savoie seigneur de Vaud, reconnut que l’abbaye, qui avait deux fours à Cheseaux et un à Noréaz, avait seule le droit d’en avoir, et il acensa en outre à perpétuité au couvent quinze poses de terre à Cheseaux, sous 10 livres d’entrage.

Nous avons vu que l’abbaye tenait de Raymond de Montagny une partie de la dîme de Cheseaux. Il s’agit sans doute du quart de la dîme que Conon et Etienne Fontannaz, donzels de Montagny, abandonnèrent, en 1303. En 1482, le cellérier ne perçoit aucune dîme à Cheseaux, mais 5 muids, 6 sols et 6 deniers, 3 muids, 3 coupes et 1 bichet de froment de cens. C’est un de ses bons revenus, puisqu’il représenterait près de 500 francs actuellement.

CHEVRESSY. — La grange de Chevressy était l’une des /151/ plus importantes du couvent, puisqu’on 1482 le cellérier en retirait 8 muids et 1 sol et 5 muids de froment de cens, plus 3 muids et 6 coupes de froment de dîme, et ce n’était là qu’une partie de revenu de ce domaine, abergé en 1497 à raison de 8 muids et 6 coupes de froment, de 3 muids et 7 coupes d’avoine, 2 coupes de fruits, 5 pots d’huile de noix, un bichet de noix, 2 chapons, 8 livres et 12 deniers, plus la dîme. Le tout représentait un millier de francs.

Le domaine de Chevressy avait été constitué avant 1163 par une donation d’Ebal de Grandson, seigneur de Belmont, à laquelle s’ajoutèrent d’autres libéralités du comte de Gruyère, des seigneurs de Corbières et de Saint-Martin, etc. Au douzième siècle, Aymon, sire de Faucigny, étant devenu seigneur d’Yverdon, confirma à l’abbaye de Thela, le 25 février 1253, la propriété des terres, biens et droits qu’elle avait dans les limites et confins de la grange de Chevressy et de ses appartenances.

Le premier granger laïc de Chevressy que nous connaissions est Jaquet Mermier alias Galley, de Pomy, qui, le 3 juillet 1413, abergea, pour 20 ans, la grange, la maison près de la grange, le jardin des Moines et le jardin d’Enfer, situés tout auprès, 130 poses et 50 seitorées de terres à Chevressy et à Pomy, 14 poses du bois d’Epiney, avec la dîme et toutes dépendances. Cens qui fut modifié plus tard: 8 muids et 6 coupes de froment, 3 muids et 6 coupes d’avoine, 2 coupes de poires et de pommes, 1 bichet de noix, 2 chapons, 9 livres et 1 sol d’argent, plus 3 muids et 6 coupes de froment de dîme et 6 coupes d’avoine. Au bout du terme, le grangier devait laisser, ensemencées à ses frais, 24 poses de terre. /152/

En 1454, le domaine passa à Jean Christin, de Valleyres sous Montagny, en 1471 à son fils Pierre en 1498; il fut maintenu à ce dernier pour 21 ans. On voit ici que, bien qu’il s’agisse d’un renouvellement de baux, Pierre Christin dut payer 6 florins d’entrage.

Des actes de 1328, de la part de Louis de Savoie, de 1402 et de 1514, de la part du conseil de ville d’Yverdon établissent que la grange était exempte d’impôts. Les nobles de la Fontaine, donzels de Montagny, percevaient, dès 1332, sur la grange de Chevressy, une rente de cinq agneaux (tous les trois ou quatre ans), que leur héritier Antoine, fils de Mermet Renevier d’Yverdon, abandonna à l’abbaye, en 1368, pour le prix de 11 livres lausannoises. Au moment de la conquête bernoise, le domaine de Chevressy fut imposé par Berne d’une rançon de 100 écus d’or, et le granger, personnellement, de 10 écus. La ville de Lausanne a possédé ce domaine jusqu’en 1801.

CHEXBRES. — En 1510, Donné Grinjon, d’Alby au diocèse de Genève, se donna au couvent avec tous ses biens, parmi lesquels était une vigne à Chexbres, en la Cretaz.

CHEYRES. — En 1334, Otthonet Pattaz, de Cheyres, vendit au couvent 5 pots d’huile de noix de cens perpétuel; on ne dit pas le prix. Cette redevance était encore payée en 1482.

CLENDY. — Conon, sénéchal de Belmont, avait donné au couvent ce qu’il possédait à Clendy. Ce don fit l’objet de difficultés avec ses descendants, lesquelles ne se terminèrent qu’en 1305 par une transaction. En 1424, Humbert de Clendy, bourgeois d’Yverdon, légua à Thela /153/ 10 sols de cens assignés sur une maison en ce lieu. Le revenu de Clendy faisait partie de la recette d’Yverdon.

COLOMBIER (Morges). — En 1358, n. Humbert de Colombier avait légué au couvent 100 sols de cens et 1000 harengs à fournir annuellement à la pitance. Cette redevance fut transformée, en 1388, en 12 livres de cens, dont 4 livres assignées sur des revenus à Vullierens et à Colombier furent rachetés en 1410 pour 64 livres. Le rachat s’est ainsi fait sur la base du revenu capitalisé à 6 14 %. D’autre part, la transformation de la rente en 1388 montre que 1000 harengs valaient 7 livres, soit 400 francs.

COLLONGES (Lausanne). — L’abbaye de Montheron avait, à l’ouest de Lausanne, un important mas de vignes situées en Collonges, aux Echelettes, en Prélaz et jusqu’au Vuaz 1. Son pressoir est indiqué, en 1402, comme étant en Collonges, au lieu appelé encore aujourd’hui au Trey (truit, pressoir) de Montheron, au carrefour des avenues Recordon et d’Echallens. La première mention de ce vignoble date de juin 1256. L’évêque Jean notifie la donation faite par Borcard Valier, bourgeois de Lausanne, à ce couvent, d’une vigne en Prélaz sous Collonges. Une vigne qui touchait à celle-ci fut vendue, en 1275, par Jean Gayet de Collonges. En 1307, Jaquete, veuve de Guillaume de Cheseaux, donna au couvent sa dot, montant à 43 livres, assignée en partie sur un champ en Collonges. En 1482, le cellérier dépensa 27 livres et 8 deniers pour la culture des vignes de Collonges (36 livres au Dézaley), plus 6 livres pour les vendanges, mais on ne sait pas quel en était le revenu. /154/

La dîme de ces vignes appartenait au chapitre, seigneur primitif de la région allant de l’église Saint-Laurent à Prilly. Il y renonça en 1455, moyennant la cession d’une pose et demie de vigne en Montribaud.

CONDEMINE (Jorat). — Voir à Belmont s/Lutry.

CONESTON. — Le territoire de Coneston près de Villars-Aillerens, est déjà mentionné dans la charte de l’évêque Amédée en 1147; les biens que le couvent y possédait furent joints à la grange d’Aillerens. Les derniers actes qui mentionnent ce nom datent de 1323 et 1325.

CORREVON. — Le 1er décembre 1323, Alix, veuve de n. Jean de Vuippens, ratifie la donation faite au couvent par sa fille Béatrix et le mari de celle-ci, Perret, fils de Pierre de Prez, de 5 sols de cens assignés sur les biens des Besson à Correvon.

CRÉMIÈRES. — En 1438, Pierre et Henri Porchet, de Crémières, vendent au couvent deux prés au finage de Chenevères.

CRISSIER. — En 1254, l’évêque agissant en qualité de seigneur dominant, ratifie la donation faite par Guillaume de Goumoëns, dit le Roux, de tout le tènement que possédait à Crissier Ulrich, jadis convers du couvent.

CORCELLES (Chavornay). — Le 28 août 1288, les fils d’Humbert de Colombier ayant à assigner une rente léguée par leur père au couvent de Thela, le dernier, Humbert, dispose en sa faveur de quatre livres de dîmes à Corcelles sur Chavornay.

CUARNY. — Le village de Cuarny est l’un des plus rapprochés de Chevressy, et Humbert, dîmier de Cuarny, compte en 1177 parmi les bienfaiteurs du couvent. En 1236, Bernard, fils de Pierre de Bezencens, déclare renoncer /155/ à toutes ses prétentions sur certaines terres et tènements possédés par l’abbaye dans ce village. En avril 1317, Pierre et Rodolphe Guex de Cuarny vendent au couvent une terre près de l’église de ce lieu, avec un agneau de cens que l’abbaye elle-même leur devait. En 1482, celle-ci percevait à Cuarny 4 livres, 5 sols, 9 deniers, 5 muids et 10 coupes de cens, soit environ 500 fr.

Le 6 mai 1269, ensuite de conflit, le châtelain d’Yverdon, agissant pour le comte Philippe de Savoie, déclare que l’abbaye possède en toute propriété les terres situées dans les « pendants soit penchants du molard de Baulmes, de la part de Cuarny, soit de la fontanette de Praz Vert à la grosse pierre sous le Molard, puis à la fontaine de l’Exerable et de là vers Chevressy. »

CUGY (Broye). — Sur la grange de Cugy près d’Estavayer, cédée en 1230 à l’abbaye de Hauterive, voir page 46.

CUGY PRÈS MONTHERON. — Le cellérier percevait en 1482 à Cugy 4 livres, 14 sols, 9 deniers, 9 coupes de froment et 6 chapons. Ces biens provenaient en partie de donations, et pour la majeure partie d’achats. En 1254 Guillaume de Goumoëns dit le Roux, chevalier, légua 8 sols de cens dus sur le tènement de Nicolas de Cugy; puis des achats s’échelonnent: de Girard de Cheseaux en 1310, de Pierre de Goumoëns en 1312, de Jaquet de Villars, de la Sarraz, en 1406, de Guillaume d’Yvoire en 1415, de Guillaume d’Arnex en 1412, de Louis de Bionnens en 1419, de Louis et Pierre de Russin en 1512 et 1518. En 1395, Jean Vannay, de Cugy, lègue une torche de cire de cens, ainsi que le douzième du quart de la dîme dite des Grasset de la Sarraz, à Cugy et Plannavy, qu’il avait acquis de Perrod Charbon, donzel de Collonges. /156/

En 1385, Louis de Bière céda à l’abbaye, par échange, la dîme de Wauz qui se perçoit à Cugy, etc., de la Mèbre au Jorat, avec le plaid; Jean Grasset de la Sarraz, vers 1400 et Guillaume d’Arnex en 1414 vendirent aussi leurs dîmes, en raison de quoi l’abbaye possédait en 1444 l’ensemble de la dîme de Cugy.

CULLY. — En 1307, Jaquete, veuve de Guillaume de Cheseaux, bâtard de Pierre de Cheseaux, chevalier, lègue sa dot assignée en partie sur une vigne à Cully.

DÉMORET. — En 1410, Jean, coseigneur d’Estavayer, assigne une dette envers le couvent, entre autres sur une terre en la Palu, au finage de Démoret. Ce cens retourna aux seigneurs d’Estavayer.

DESTALUN.— Vers 1442, Girard, mayor de Cugy près d’Estavayer, avait légué au couvent tout ce qu’il avait dans la terre de Destalun. Il faut chercher cette dernière dans les environs de Cugy.

DOMENGENGES. — En 1418, Rolette, fille de Nicod de Plannavy, femme de Girard Bauchon, de Domengenges, légua au couvent deux prés à Domengenges près Ecublens, en la Chenalettaz et au Carroz. L’abbaye dut transiger avec le mari en 1424, au prix de 24 livres, pour entrer en possession.

DÉZALEY. — Nous y avons consacré un chapitre spécial, page 125.

DUILLIER. — En 1471, l’abbaye aberge à Jean Caillat quatre poses de terre à Duillier, sous 66 sols d’entrage et un bichet de froment de cens.

ECLAGNENS. — En 1385, Humbert de Goumoëns-le-Jux, fils de Pierre, donna au couvent un muids de froment de cens, acquis de Jean de Goumoëns et assigné à Eclagnens. (Peut-être Clagnens, rière Bretigny sur Morrens.) /157/

ECLÉPENS. — Le 2 juin 1424, Gérard d’Yvoire, donzel, fils de Guillaume et de Jeannette de Bottens, vendit au couvent pour 36 écus d’or, 31 sols, 11 deniers, 1 bichet de froment et 2 chapons de cens, assignés sur les biens de quatre familles d’Eclépens. Le donzel Jean de Bottens, aïeul de Gérard, avait reconnu en 1372 tenir ses biens en fief lige de Aymon de Montferrand, seigneur de La Sarraz. Guillaume, seigneur de La Sarraz, approuva le 26 novembre 1452 l’achat fait par le couvent, moyennant 7 livres et 16 sols, et les moines lui firent hommage lige le 2 décembre suivant, sous condition d’une redevance de 2 livres à payer à chaque changement de seigneur ou d’abbé. Du revenu de ces terres, le cellérier ne recevait en 1482 que 30 sols, 11 12 deniers et 2 chapons.

ECHALLENS. — En 1254, ensuite de sentence arbitrale, le chevalier Guillaume de Goumoëns, dit le Roux, céda au couvent ses droits sur deux poses de terre à Echallens. En 1387, l’abbaye de Thela possédait à Poliez-le-Grand deux hommes libres, Rolet Dessauges et Mermet d’Oulens, qui tenaient d’elle des biens assez importants à Echallens et Poliez-le-Grand, reconnaissaient sa juridiction directe et lui payaient chacun 6 coupes et 1 quarteron de froment de cens, en raison d’un legs de Humbert de Goumoëns, du 16 janvier 1385. En 1401, Jaquet Cottez, d’Echallens, tenait du couvent, sous trois coupes et un bichet de froment de cens, d’autres terres à Echallens et à Bretigny.

Enfin, le 23 avril 1509, Louis de Colombier, seigneur de Vullierens, légua au couvent tous les biens procédés des Banderet, à Echallens. Ces biens avaient été vendus en 1415 par le donzel Jean d’Yens à Guillaume Banderet, bourgeois d’Yverdon, pour le prix de 50 livres, et /158/ rapportaient 31 sols de cens assignés sur les terres de Vauthier et Perrod Golliard et de Jean Ancipiez. Le même Guillaume avait acquis d’un vendeur inconnu 6 coupes de froment et 24 sols de cens dus par Nicolet de Chavannes pour son tènement à Echallens et Chavannes, et enfin 26 sols, 3 quarterons de froment et 1 chapon de cens dus par François Richard-Quoquaz, pour son tènement au Mulinel rière Echallens. En 1442 et 1444, Humbert Banderet, fils de Guillaume, vendit tous ces biens à Guillaume de Colombier, seigneur de Vullierens. Il se réserva le droit de rachat, que son fils Pierre Banderet vendit au couvent en 1502, de telle sorte que ce dernier devint en 1509 maître incontesté de ces revenus.

En 1482, le cellérier perçoit à Echallens 3 coupes et 1 bichet de froment de cens, c’est-à-dire le seul revenu du tènement de Jaquet Cottez.

En 1184, Ulrich de Goumoëns avait donné au couvent ses dîmes d’Echallens, qu’il avait acquises pour 100 sols des nobles d’Aubonne; mais il n’en est plus question après 1190.

ENTOZ (BOIS DES).— Ce bois est situé au nord-ouest du bois d’Archens. Au XIIe siècle, Dalmace Pichon, de Lausanne, avait donné une terre aux Entoz (Hence), à l’abbaye d’Abondance, qui possédait l’église d’Assens; et celle-ci l’avait remise à l’abbé de Thela, sous trois sols de cens annuel. Le fait nous est connu par une sentence arbitrale de 1154 environ, émanant de l’évêque Arducius de Genève, des abbés Moïse de Bonmont et Etienne du Lac de Joux, relativement à un droit de pâture. Cette sentence ajoute que les cultivateurs de la dite terre ne seront pas tenus d’y demeurer, ni /159/ d’assister à l’office divin dans l’oratoire du couvent, ni d’être ensevelis dans celui-ci.

ECUBLENS. — Guillaume de Billens avait légué en décembre 1301 au couvent 10 sols de cens à Ecublens. En 1519, Louis et Pierre de Russin assignèrent une dette au couvent sur 72 sols dus par François Guyenot-Pasquier d’Ecublens, et 36 sols dus par Humbert Sadoz, du même lieu.

EPENDES. — Le 5 novembre 1494, François de Russin, seigneur d’Allaman, avait vendu à son neveu Louis de Russin, pour 300 florins d’or, 13 florins et 8 coupes de froment de cens, avec la directe seigneurie, pesant sur le tènement de Jean Vulliermet, d’Ependes. Louis de Russin vendit le 7 mai 1509 ce revenu à l’abbaye de Thela, qui eut de la peine à le percevoir, ainsi qu’en témoigne un prononcé de 1524.

EPINEY. — Au XIIe siècle, Gautier de Saint-Martin avait donné au couvent le droit d’usage et de pâturage dans la partie qu’il possédait du bois d’Epiney au profit de la grange de Chevressy. Le 19 juillet 1213, les nobles Guillaume Perret et Jean de la Rougève, fils de feu Perrod, leur mère Alexie et leur oncle Gérard, vendirent au couvent, pour 60 sols, le droit de prendre dans le bois d’Epiney le chêne pour la grange de Chevressy et les chars, ainsi que les autres bois pour le chauffage. En mai 1325, le donzel Henri de Corcelles, héritier des Rougève, confirma ce droit, moyennant 100 sols. Ce droit d’usage du bois d’Epiney fut repris le 16 décembre 1344 par Louis de Savoie, qui, en compensation, donna à l’abbaye, en toute propriété cinq poses du bois, et lui en abergea quinze autres sous 15 sols de cens. En 1523, l’abbaye /160/ abergeait à son tour, pour 29 ans, à raison de 12 sols par an, ce bois d’Epiney à son granger (de Noréaz ?) Pierre de Nouvée.

ESSERTINES (Yverdon). — En 1358, le couvent acquit par donation deux sols de cens, à Essertines, au mont des Fourches; en 1387, Jacot Balliod lui devait 1 sol de cens pour d’autres terres à Essertines.

ESTAVAYER.— En 1411, Jean Lambert, d’Estavayer, déclarait tenir de Thela les deux tiers d’une maison et un jardin, en la Bastia, touchant la courtine de Gérard Vimel-Sirez qui mouvait aussi des religieux; cens 20 deniers. Le 11 mars 1413, Jean, coseigneur d’Estavayer, et sa femme Isabelle, fille de Humbert de Colombier, seigneur de Vullierens, vendirent au couvent 16 sols de cens dus par Gérard Fattaz, pour un mas de 8 poses de terre à Frasses, et 6 sols dus par Mermete, veuve de Pierre Glanaz, pour son chesal et moulin à Estavayer. En 1482, le cellérier percevait 50 sols et 11 12 deniers à Estavayer.

ETAGNIÈRES. — Le 5 octobre 1404, Jean Grasset de la Sarraz, donzel, vendit pour 100 sols à Etienne de Léderrey, de Cheseaux, qui trois jours après les donna au couvent avec le consentement de son vendeur, cinq quarterons de froment et cinq quarterons d’avoine à prélever sur la dîme d’Etagnières que percevait Gérard Dognaz. A ce moment-là déjà, et vraisemblablement déjà depuis un échange avec Louis de Bière en 1385, l’abbaye possédait la moitié du quart de la dîme d’Etagnières.

Par testament du 27 août 1417, Guillaume Lamberczon, donzel d’Orbe, veuf de Nicole de Crissier, donna tous ses biens meubles et immeubles à Antoine de Colombier, seigneur de Vullierens. Ce dernier fit héritier le 29 juillet 1418 /161/ son oncle, le chevalier Henri de Colombier, à charge de legs. Le 8 décembre 1425, Henri, tant de son propre chef que pour s’acquitter de ce legs, donna au couvent l’hommage, procédé des Lamberczon, qui lui était dû par Jean Chambaz, d’Etagnières, avec 1 muid de froment, 3 bichets d’avoine, 1 chapon et 7 sols de cens: 13 coupes de froment, 14 coupes et 1 bichet d’avoine, 10 chapons, 47 sols et 11 deniers de cens dus par les hoirs de Conod Magnin et d’Humbert Baul, par Rolet Arnod, Mermet Milliard, Henri Bésy; Hugonet Ripon et Mermod Potterat, tous à Etagnières. L’auteur du Répertoire de Montheron, M. de Thurey, voit dans cette donation l’origine du fief d’Etagnières que posséda plus tard la ville de Lausanne. En 1404, la juridiction à Etagnières appartenait à Humbert de Villersexel, seigneur d’Echallens, à Antoine de Gruyère, et aux hoirs de Jaquet, Nicolet et Jean de Crissier, dont était la femme de Guillaume Lamberczon.

Les nobles de Monte (Mont ou Monthey), donzels de Crissier, avaient aussi des biens à Etagnières, qui provenaient également des nobles de Crissier. Gérard de Monte et son frère Antoine vendirent peu à peu au couvent, entre 1445 et 1462, tous ces biens; le dernier acte, du 17 juin 1462, est l’abandon final pour le prix de 49 livres au profit de la pitance de l’abbaye.

En 1482, le cellérier perçoit à Etagnières 17 coupes de froment, dont 3 pour la dîme.

FIGNEROLLES (Filleroles). — Le comte de Gruyère, le prieur de Lutry, Amédée de Donneloye, avaient au XIIe siècle constitué le domaine de l’abbaye à Fillerolles. Il fut dès lors réuni à la grange de Chevressy.

FÉTIGNY.— En 1142, Pierre et Wibert, et leur mère /162/ Magontia, avaient donné à l’abbaye de la Grâce-Dieu, soit de Thela, huit jugères de terre et un pré qu’ils avaient sous Fistingnei. Il s’agit sans doute de Fétigny (Fribourg).

FLOREYRES. — Ensuite d’un legs de Conon de Belmont, sa veuve Jaquete et sa fille Alexie, femme de Jeannod de Cossonay, donnèrent en 1322 au couvent 2 coupes de froment et 2 sols de cens assignés en partie sur deux poses de terre en la Florère, au territoire d’Yverdon.

FROIDEVILLE. — Voir le chapitre spécial.

FRASSES. — Voir l’article Estavayer.

GLATIGNY. — En 1349, François et Conon de Bottens, donzels, donnent au couvent leurs terres et prés au territoire de Glatigny, près de la grange de Plannavy. Le monastère avait déjà des biens dans cette région limitrophe au territoire de Cugy, et ils provenaient entre autres des dons faits au XIIe siècle par les nobles d’Eclépens, donations confirmées et augmentées par leurs héritiers, les Grasset de la Sarraz. Le couvent constitua de l’ensemble un domaine indépendant nommé grange de Glatigny au XVIe siècle, et qui fut le noyau du hameau de la Bérallaz. Le nom de Glatigny est resté au ruisseau qui sépare Montheron de Cugy. En 1461, une sentence arbitrale reconnaît aux communiers de Cugy le droit de faire paître leurs bestiaux sur la partie du pré de Glatigny, au-dessous de certain tierdoz ou colline, et au-dessus du bois de Glatigny aujourd’hui rasé et qui se trouvait au contour de la route de Montheron, en face de la scierie.

GRANGE-NEUVE. — Ce nom, employé dès le XVIe siècle jusqu’à aujourd’hui, se rapporte à l’ancienne grange de Plannavy, qui porte encore cette dernière appellation en 1482. Elle fut probablement reconstruite peu après.

GOAY. — Ce hameau, autrefois Guex, est situé /163/ au-dessus de celui de Puidoux. En 1385, Wibert Leyvraz abandonna ses droits sur le pré de l’abbaye au Vuaz de Guex (vuaz signifie gué). En 1422, Guillaume de Challant, évêque de Lausanne, cède au couvent ensuite d’échange trois prés, situés au territoire de Guex, châtellenie de Glérolles.

GOUMOENS-LE-GRAND.— En 1410, le couvent acquiert de Jaquet Fichiefounz, deux coupes et demi de froment de cens assignés sur deux poses de terre en la Choumilliettaz, au territoire de Goumoëns. Ce terrain touchait au territoire de Bretigny, et Jaquet Cottez, d’Echallens, un autre tenancier de l’abbaye, avait aussi des terres [au] même lieu de la Choumilliettaz, au territoire de Bretigny. En 1424, Jean et Michel Marchant, de Goumoëns-le-Châtel, donnèrent au couvent une coupe de froment de cense assignée sur une terre en Monthaubert, et en 1423 les moines acquirent une redevance de 10 sols au même territoire. Le cellérier ne perçoit que 2 sols en 1482.

GOUMOENS-LA-VILLE. — Le cellérier du couvent percevait en ce lieu un bichet de froment de cens, vendu en 1412 par Jean d’Yens, donzel, à Guillaume Banderet d’Yverdon, et acquis par le couvent des causes ayant de ce dernier.

GOUMOENS-LE-JUX. — Le 19 février 1412, Jean Jourdannaz, de Goumoëns-le-Jux, se donna au couvent avec tous ses biens qui devaient être minimes.

GRESSY. — En 1315, le curé de Gressy près d’Yverdon, reconnaît devoir au couvent 2 sols de cens, et le cellérier percevait en 1482 dans cette localité 2 sols et 2 deniers, 1 bichet et 3 quarterons de froment de cens.

HAUTE-FIN. — Ce bois, donné au XIIe siècle par Isorée et Albert Camossos de Crissier, était à Penthéréaz et fut /164/ rattaché au domaine du Buron. Le pré, jadis bois de Haute-Fin, est mentionné dans un abergeage de ce domaine en 1628.

ILLENS. — En juillet 1214, les comtes Ulrich et Berthold de Neuchâtel avaient confirmé le droit donné par leur père Ulrich au couvent de prendre chaque année deux meules de moulin aux carrières d’Illens. En 1333, le comte Rodolphe précisa que ces meules étaient à prendre à la carrière.

JORAT.— Gui Barata de Goumoëns avait donné au couvent l’usage de sa part des bois du Jorat pour la bâtisse des édifices du couvent, ainsi que le droit de pâture, et cette concession fut confirmée par les héritiers en 1184, 1190, 1199, 1217. En 1254, l’évêque de Lausanne approuva une nouvelle confirmation du chevalier Guillaume de Goumoëns, dit le Roux, modifiant dans une certaine mesure ce droit. Il restait absolu au profit des moines eux-mêmes, mais chaque usager séculier, c’est-à-dire chaque tenancier ou serviteur de l’abbaye, devait payer au seigneur de Goumoëns une coupe d’avoine de cens. En revanche, l’usager pouvait librement user du dit bois pour brûler, vendre, donner, chasser ou pâturer, réserve du droit de chasse appartenant à l’évêque. En 1285, le bailli Richard de Corbières donna une nouvelle extension à ce droit en déclarant que l’abbaye et les hommes quelconques de Froideville et d’ailleurs autour du Jorat auraient l’usage libre et absolu des bois du Jorat, des terres, prés et autres possessions adjacentes, cela pour la coupe d’avoine de cens payée chaque année à Lausanne à (en blanc) personne constituée par le bailli, vraisemblablement le seigneur de Goumoëns. En 1337, l’évêque /165/ et la communauté de la ville de Lausanne restreignirent le droit d’affouage et de pâturage aux bois du Jorat à l’abbaye, aux familiers du couvent, ainsi qu’aux grangers de Plannavy, des Saugealles, de la Ramaz et de la Condemine, ce qui semble exclure de droit les communiers de Froideville. Cet acte tend évidemment à enrayer des abus de ces derniers, car il comporte en même temps cession de la part de l’évêque et de la ville du territoire du Raffort ou des Alloux (entre le village de Froideville et le bois), à la condition expresse que l’abbaye n’y établira ni village ni grange.

En outre de ces droits d’usage, le couvent possédait au Jorat, sur le flanc méridional, son domaine primitif, devenu la grange du Jorat ou de Condemine (voir pages 11 et 108, art. Belmont sur Lutry). On voit qu’en 1325, l’abbaye remet à Guillaume Barbaz le pré de Bouz, situé entre le ruisseau des Corbessières, qui est une des sources du Talent, et le chemin qui va du couvent à la grange de Condemine; ce pré était vraisemblablement à Mauverney.

Le couvent acquit en outre des nobles Bevroz, de Lausanne, des terres assez importantes au Jorat. Ces terres furent tout d’abord abergées en plusieurs fois, à partir de 1291, par le donzel Guillaume Guédar, fils de Guillaume Bevroz, chevalier, et sa femme Raymonde, puis finalement, le 30 mai 1313, données pour moitié et vendues au prix de 15 livres pour l’autre moitié. Ce sont des terres qui se trouvent au-dessus du Bénenté et des Saugealles, et qui pourraient comprendre le Chalet Boverat ou peut-être même le Chalet à Gobet. L’une de ces terres touchait en effet au pré des Vulliczat de Cugy, acquis par /166/ le Grand Hôpital de Lausanne, et ce fut elle que Raymond Gubet, du Mont, acheta en 1322.

D’autres parcelles au même lieu touchent les terres du Grand Hôpital et du prieuré de Saint-Maire. La principale enfin est limitée comme suit: Entre la terre acquise par l’abbaye de l’hôpital Saint-Jean et la terre des Saugealles, se confinant de Crevavel au ruisseau de la Thela (source), puis à la Biola d’Epalinges (l’une des sources du Flon Morand), par le chemin allant à la Froide Fontaine (fontaine des Meules ?), à la terre de Jean du Mont et à celle de Raymond du Mont, à la terre des Fontanes qui est aux hoirs de Jean Sautier de Lausanne, à la terre de l’évêque qui fut de Pierre Humbert et enfin à la terre du Mont Benestel, qui est de l’abbaye.

Enfin, le couvent de Montheron acquit d’autres biens plus en amont le 8 novembre 1387, de Jeannette, fille de feu Antoine de Goumoëns-le-Jux, qui lui donna la part de son frère sur un mas de terre allant un peu au-dessus de l’ancienne abbaye de Sainte-Catherine, des Planches Michaud (autrefois Mollie-Sibillon) à la Mollie-Baudin et à la Mollie-Museilles, à la limite des territoires de Corcelles et de Ropraz. Cette part était d’un tiers, et Humbert de Goumoëns possédait les deux autres tiers. Cette dernière passa plus tard à la commune de Moudon, qui eut à ce sujet des différends avec la commune de Lausanne, ayant droit de Montheron.

JUNIÈRES. — Les biens en cette localité furent donnés au XIIe siècle par divers et furent rattachés à la grange de Chevressy (voir p. 150). Ils étaient situés entre Cheseaux et Noréaz. Ils comprenaient entre autres la terre de Laviron. /167/

LAVIRON. — Voir Junières.

LAUSANNE. — L’abbé de Montheron avait à Lausanne une maison de ville. C’était celle que les Mayor de Lausanne habitaient en face de l’église de Saint-Laurent, à l’entrée de la rue Mauborget d’autrefois, qui n’était pas celle que l’on nomme aujourd’hui de ce nom, mais la rue Haldimand inférieure (plus étroite); des plans et des limites donnés en 1547, il résulte qu’elle occupait l’emplacement de la maison actuelle place Saint-Laurent no 1 1. A la mort du donzel Jeannod Mayor, son héritier François de Combremont, chevalier, l’avait vendue au couvent le 7 décembre 1377, au prix de 400 florins, et le 16 janvier suivant avait complété cette vente par celle d’une grange qui la limitait à l’ouest, du côté de la rue Mauborget. Cette « grande maison », disent les actes, était grevée d’une redevance de 40 sols d’aumône en faveur du chapitre et de 2 sols de cens au même. Après la Réforme, le 30 septembre 1543, elle fut acquise de la ville par Jean Chomme et le 15 mai 1547, Michel Roch, notaire, acheta à son tour une autre maison à l’ouest (aujourd’hui démolie) qui avait passé en 1420 des nobles Jouxtens, à l’abbaye. On voit, par les comptes du cellérier de 1482, que c’était dans la grange attenante que les moines amenaient le blé qu’ils faisaient vendre au marché de Lausanne. /168/

Le couvent avait en ville d’autres maisons. Le 6 septembre 1255 déjà, Guillaume Bonel (plus tard chanoine de Lausanne), clerc de Saint-Michel, lui avait donné une maison à la rue Saint-Etienne, mouvante de n. Guillaume de la Tour qui, en juin 1256, approuva cette donation; comme il n’est plus question plus tard de cet édifice, il fut sans doute revendu. En 1286, une dame Jordane légua une maison en Chaucrau, qui fit l’objet de différentes transactions avec des prétendants, et qui fut finalement cédée en échange le 17 janvier 1385 au donzel Girard Mayor. Le 2 janvier 1308, Pernette, fille de Guilllaume de Cheseaux, femme de Jean d’Essertines, puis de Jaques Choffaz, donna au couvent une maison en la rue et faubourg du Jerdil, soit en la Barre, sous le verger et la maison des Dominicains. En 1315, Raymond de Mont, donzel, légua une maison à la Cité qui, en 1355, était limitée par celle de l’évêque Aymon de Cossonay et celle de feu le chanoine Jean de Septème. En 1380, Jean, fils de Jordan de Montheron, et sa femme se donnèrent eux, et leur maison sous l’église des Dominicains, au couvent, à charge d’entretien par celui-ci; à la même époque, Pierre Ruffian, de Baleyson, et sa femme en firent de même, apportant une maison à la Cité, touchant le jardin du prévôt Etienne Gallopin, et de la maison de Rolet de la Fontaine de Bavois. En 1372, le lundi avant la Fête-Dieu, Jacod Muvillod avait légué une maison à la rue de l’Halle que ses héritiers naturels déclaraient en 1414 tenir de l’abbaye. En 1392, Perrin de Bottens, homme taillable de l’abbaye, étant mort, les deux maisons qu’il possédait à la rue du Pré furent adjugées au couvent, nonobstant les prétentions de sa veuve. En 1417, Guillaume de la Tey vendit au couvent deux maisons à /169/ la Cheneau de Bourg, dont l’une fut revendue en 1472 à Jean d’Arses, et l’autre en 1513 à Hugues Martin.

Le couvent possédait en outre à Lausanne des cens acquis ou donnés sur certaines maisons à la Palud (Nantelme Ferrel 20 sols en 1347), au Chêne, à la Madeleine, à la rue du Marché [soit au Petit Saint Jean], (deux maisons de pierre et une de bois en 1306, provenant de Jeannette Métral, de Moudon). Enfin, outre ses vignes de Collonges-Prélaz, le couvent possédait encore des vignes en Chissiez (soit Es Lapies), en Montribaud (soit en Châtaignereaz), en Mornex, en Montriond. Au XIVe siècle, Humbert du Mont lui avait donné la dîme du moût qu’il percevait sur des vignes situées rière Lausanne, entre Marterey et la Vuachère; il s’agissait en particulier de quatre poses de vigne en Montribaud, dont l’abbaye céda la dîme au chapitre de Lausanne en 1455.

LONAY. — Girard de Corbières, coseigneur de Bellegarde, mort avant le 16 juin 1388, avait légué au couvent 20 sols de cens assignés sur une vigne à Lonay, en Bussy, qu’il tenait de sa femme Jeanne de Bottens, et qui touchait à celle de Pierre de Bottens, donzel. Le 28 novembre 1392, Antoine, fils de Girard, vendit au couvent, pour 8 livres, 10 autres sols de cens, assignés au même lieu. Richard d’Illens, donzel de Romont, héritier d’Antoine, nous ne savons à quel titre, reconnut le 11 décembre 1406 devoir au monastère ces 30 sols de cens. La ville de Lausanne toucha cette redevance jusqu’en 1717, et la céda alors à Messieurs de Berne.

LUTRY. — En 1391, à la mort de Nicod Actillet, bourgeois de Lutry, le couvent acquit une maison à Lutry, au bourg du Marché, léguée en 1376 par son père Rolet, /170/ dont le frère Pierre Actillet, était religieux à Montheron. Déjà, en 1359, Jean Actillet, père de Pierre et de Rolet, avait légué au couvent un setier de vin de cens, et l’abbaye possédait d’autre part des vignes et des cens en Montagny, à Malatecyt, en la Combaz, en Crussiboz, et en la Croix de Bochat.

Sur les Monts de Lutry, le couvent possédait le domaine de Condemine et de Pierre-Ozaire dont nous avons déjà parlé.

MAGNENS. — Lieu dit de la commune de Villars-le Terroir, entre le ruisseau de Sauteruz et de la Léchière, hameau au XIVe siècle. Le mardi après Pâques 1311, Humbert de Bercher, bourgeois de Moudon, voulant être enterré dans l’église de Thela, légua au couvent 30 sols de cens assignés sur son tènement de Magnens, et en 1317 Emeric Mestral de Moudon se porta garant de l’exécution du legs. Ce fut l’origine du fief et des cens que l’abbaye posséda jusqu’à la fin en ce lieu.

MALAPALUD. — Au début du XVe siècle, le couvent acquit de Guillaume d’Yvoire, donzel, une pose de terre à Malapalud près d’Assens.

MOLLONDIN. — Le 15 juin 1410, Jean, coseigneur d’Estavayer, emprunta au couvent 30 écus d’or, lui donnant en gage le tènement de Bolet Porra, à Mollondin, comprenant une maison et trente-six pièces de terre, et grevé de 45 sols de cens. Le 10 octobre 1564, François d’Estavayer, coseigneur d’Estavayer et de Mollondin, racheta ces 45 sols de la ville de Lausanne au prix de 170 florins.

MONDO. — En 1236, Renaud, seigneur de Bottens, donna au couvent la moitié du tènement, territoire, pâturage /171/ et juridiction de Mondo, et en 1378 Jaquette de Grandson, dame d’Orbe et d’Echallens, reconnut les droits du monastère sur ce tènement faisant apparemment partie de la seigneurie de Bottens.

LE MONT SUR LAUSANNE. — La famille des nobles de Mont sur Lausanne, qui a donné des chanoines au chapitre cathédral au XIIe et au XIIIe siècles, compta parmi les bienfaiteurs du couvent. Au début du XIVe siècle, Humbert de Mont lui donna une maison à Lausanne et des cens; vers 1355 son fils Guyonet donna un bois au Mont et le mas du Budron, cession qui fut confirmée en 1379 par Othonin, fils de Guyonet. Ce bois touchait au ruisseau de Fosserel et fut cédé en 1408 au Grand Hôpital de Lausanne.

MONTENDREY. — Nous avons indiqué, page 20, l’origine du domaine du couvent à Montendrey, entre Villars-le-Terroir et Sugnens. Le 26 avril 1515, l’abbaye acensa son grangeage de Montendrey, pour 29 ans, à Claude et Jean Perrin de Bottens, sous cens de 4 livres d’argent, 2 livres de cire, 4 chapons, 2 muids de froment et 2 d’avoine. Le bail ayant expiré en 1544, la ville de Lausanne qui avait pris entre temps les biens du couvent, prolongea le 17 juin l’abergement aux mêmes grangers pour 26 ans. Ce domaine fut possédé par la ville jusqu’au XIXe siècle. En 1482, le cellérier percevait à Montendrey, 1 muid de froment, 6 chapons, et 30 sols et 1 denier.

MONT-BENESTEL ou BENENTÉ. — Forêt dominant les bâtiments du couvent. Voir page 22.

MONTAUBION. — Le 18 mai 1393, le couvent acensa à Pierre-Johan et à Humbert, son frère, fils de Perrod Arquay, de Corcelles-le-Jorat, un tènement à /172/ Montaubion, comprenant seize pièces de terre, sous 6 sols et 8 deniers de cens et à charge de construire une maison sur ce domaine dans le délai de trois ans. On n’indique pas l’origine de cette possession. En 1415, le domaine avait gagné de valeur, puisqu’il fut abergé à Jaquet Olivet sous 20 sols et 1 chapon de cens. Les droits du couvent furent cédés en 1725 à la ville de Berne. Des revenus de Montaubion, le cellérier ne percevait en 1482 que le chapon.

MONTÉLA. — Dans son Histoire d’Yverdon, p. 133, Crottet dit que la colline de Montéla, près d’Yverdon, appartenait au couvent de Montheron, d’où son nom. Nous n’en savons rien.

MORDAGNE. — En juillet 1294, Jean Du Bos, de Villars-le-Terroir, vendit au couvent quelques poses de terre à Mordagne; en 1325 son gendre Jean Thorenchy d’Echallens, vendit encore la moitié de tout le territoire de Mordagne. Une partie du domaine fut réunie au grangeage du Buron, l’autre acensée à des particuliers, desquels le cellérier percevait 24 sols en 1482.

MORGES.— Le 6 juillet 1509, l’abbaye de Montheron fut investie, — on ne dit pas le motif, — d’une maison située à Morges, en la grande charrière, et qui fut louée à Martin Gillabert pour trois ans, à raison de 60 florins par an. Déjà, en 1482, le cellérier percevait 6 deniers de cens à Morges, mais ce ne peut être à cause de cette maison. Un certain Claude Corniez, qui avait des prétentions sur cet édifice, y renonça en 1554.

MORRENS. — L’église Saint-Nicolas de Morrens, la plus rapprochée du monastère, ne dépendait cependant point de lui. Elle était de la collature de l’évêque qui /173/ nommait volontiers comme curé l’un des chanoines de la cathédrale. Ce n’est qu’après la Réforme que les habitants du hameau de Montheron furent rattachés à la paroisse de Morrens, jusqu’en 18[…]. En 1431, le chanoine Jean de Maglans, curé de Morrens, fut débouté de sa prétention de traiter le granger des Saugealles, Aymonet, comme son paroissien et d’exiger de lui le ressat et la dîme des nascents. [Voir Additions: P. 173]

Cependant, le curé de Morrens devait à l’abbaye une redevance de 2 coupes de froment et 2 coupes d’avoine par donation d’Henri de Colombier, du 8 décembre 1425.

Le monastère avait d’autres droits à Morrens. En 1254, Guillaume de Goumoëns, dit le Roux, lui avait donné 22 deniers de cens en ce lieu. Le 26 mars 1306, Gérard de Cheseaux lui avait assujetti six de ses hommes à Morrens (Ulric Favre, Guillaume Donzel, Pierre Guigat, Aubert Monnier, Jaques Bovet et Humbert Ros). Le 29 juillet 1418, Antoine de Colombier, seigneur de Vuillerens, lui avait donné deux muids de froment de cens. Henri de Colombier donna encore en 1425 trois bichets et une coupe de froment, trois coupes d’avoine et sept sols de cens. L’abbaye recueillit aussi en 1515 l’héritage de Pierre Banderet à Morrens et ailleurs, ainsi que des terres provenant des Bottens et des Russin. Finalement, elle posséda à Morrens un domaine assez important formé d’une maison avec grange au village et de soixante-dix poses de terre en divers lieux. Le tout fut abergé en 1552 au prix de 24 coupes de froment, 24 coupes d’avoine, 5 livres et 6 chapons de cens annuel; l’abergataire était tenu d’aller moudre au moulin à Morrens, dépendant du seigneur du lieu. /174/

L’abbaye percevait enfin à Morrens, depuis 1385, par cession de Louis de Bière, la dîme de Waud. Cette dîme était évaluée en 1482 à 15 coupes de froment, auxquelles s’ajoutaient 7 coupes et 53 sols de cens.

MOUDON. — Le 22 février 1267, le donzel Pierre de Villars avait légué au couvent sa maison située en la Poype (château) de Moudon. En juin 1386, Jeannette, fille de Pierre Mestral de Moudon, qui se fit religieuse à Bellevaux, donna aussi à Montheron une maison en la rue du Château, trente sols de cens et une oche au delà de la Broye. Le 16 avril 1344, Françoise, veuve de Jaques de Vuippens, bourgeois de Moudon, abandonna, en quittance d’arrérages, une autre maison au Bourg de Moudon. Enfin, le 28 janvier 1368, Jeannette, veuve de Jean de Verceil, donna 80 livres, et sa grande maison au Château de Moudon, sous réserve d’une redevance viagère de deux muids du meilleur vin du Dézaley. L’abbaye dut sans doute aliéner ces immeubles, car il n’en est question ni en 1482 ni après 1536.

MUGNENS. — La terre de Munens ou de Mugnens, acquise par l’abbaye dès 1175, dut sans doute être jointe plus tard à la grange de Chevressy, car il n’en est plus question dès lors, sauf en 1327.

MULINEL. — Terre de l’abbaye au territoire d’Echallens.

NIEDENS. — Le 22 mars 1403, Conon de Bottens, donzel, bâtard de François de Bottens, donzel, habitant Orbe, légua au couvent, 4 12 coupes de froment et 10 sols de cens assignés sur diverses terres à Niedens. L’abbaye possédait encore ces redevances en 1500.

NORÉAZ. — Les terres que l’abbaye ayait acquises au /175/ XIIe siècle à Noréaz, lui furent plus tard disputées par Richard de Saint-Martin, chevalier, qui, en 1246, pour satisfaire sa conscience, rendit ce qu’il avait injustement pris. Ebal, fils de Guillaume, seigneur de Bioley, fit en avril 1262 une pareille renonciation.

En 1413, la grange de Noréaz se composait de la maison et de soixante poses de terrain. Elle fut abergée le 20 novembre à Jean Crozat de Cheseaux, sous deux muids de froment, trois pots d’huile de noix, trois chapons, 7 livres et 5 sols de cens. En 1482, la grange de Noréaz ne figure que pour 4 livres dans les revenus du cellérier. Le granger avait droit de pâturage et d’usage au bois d’Epiney et aux prairies d’Yverdon.

OPPENS. — L’abbaye possédait à Oppens, soit au finage de Villar-Gelin, une rente de 11 sols assignée sur des terres au Ribel ou au Praz-Bugnient. Cette rente lui avait été donnée par Pierre, fils de Pierre de Prez, chevalier, et sa femme Béatrix, fille de Jean, fils de Jaquet de Vuippens; approuvée par dame Alix, mère de Béatrix, le 1er décembre 1323, et par Mermet de Corbières, seigneur dominant, en mai 1327. Cette rente, plus 3 deniers, était encore perçue par le cellérier en 1482.

ORBE. — En 1387, Jeannette de Goumoëns, femme du chevalier Guillaume de Roverea, avait donné au couvent une maison appelée la tour, au vieux bourg d’Orbe, avec une citerne adossée, plus la moitié d’une grande vigne vers le mont Sopplet. Mais il ne paraît pas que cette donation, qui constitue l’une des pièces d’un long procès, ait pu être réalisée.

OUCHY. — Les moines possédaient à Rive d’Ouchy deux vignes léguées le 28 juillet 1413 par Françoise /176/ Claret, femme de Richard de Bionnens, donzel, et une autre, située entre les deux premières, que lui avait vendue l’avocat Gérard Gimel en 1416. En 1199 déjà, W. Pinguis avait donné au couvent 3 setiers de vin assignés sur sa plantée de Rive qu’il tenait de l’évêque de Sion.

OULENS. — Conon d’Oulens, bourgeois de Moudon, avait vendu le 19 mars 1269 au couvent 5 12 coupes de froment et 14 deniers de cens assignés sur des terres à Oulens, et Rodolphe de la Porta, de Moudon, en avait fait de même en avril 1288 pour 3 sols et 3 bichets de froment de cens. Un siècle plus tard, le 7 avril 1375, Jeannod Vermillar donna au monastère des biens assez importants, qu’il, augmenta encore le 11 avril 1398. Ce fut l’origine d’un domaine ou grangeage dont le cellérier percevait en 1488 un muids, trois coupes et trois quarterons de froment de cens.

PAILLY. — Nous avons indiqué, page 25, l’origine des possessions du couvent à Pailly. Ajoutons seulement que le 8 août 1349, Mermet, fils de Jaquet, de Goumoëns-le-Jux, donna à l’abbaye 20 sols de cens assignés sur 8 coupes de froment de cens dues par divers particuliers de Pailly et de Poliez-le-Grand. Le cellérier percevait en 1482 5 muids et 4 coupes de froment, 1 chapon et 13 livres et 12 sols de cens.

PENTHÉRÉAZ. — Au XIIe siècle, les nobles de Goumoëns et de Crissier avaient cédé au couvent leurs droits sur trois hommes de Penthéréaz, Pierre, Béranger et Rodolphe. Cette donation fit pendant plus d’un siècle l’objet de contestations avec les nobles de Goumoëns, et même en 1320 encore une transaction intervint entre /177/ l’abbaye et Antoine de Goumoëns-le-Jux, fils de Jean, au sujet d’un descendant des premiers tenanciers, Guillaume Brinda, que le seigneur voulait considérer comme homme libre et frapper d’un impôt à l’occasion du mariage de la fille du gentilhomme, et que l’abbaye, pour le dispenser de cette taxe, revendiquait pour son homme taillable. Victoire demeura au couvent, mais celui-ci dut payer 9 livres lausannoises au seigneur.

Un autre Goumoëns, Antoine, avec sa femme Helionode et son fils Jean, avait vendu en 1409 au couvent 22 sols de cens. Le duc de Savoie, duquel mouvaient les terres assignées, ne lauda cette vente qu’un quart de siècle plus tard, en 1436.

L’abbaye acquit encore, par donation, les biens de Jeannod Joly en 1393 et de Jean Enceller en 1428. Les premiers avaient reçu, en compensation, un prêt de 100 livres lausannoises. Le cellérier ne percevait en 1482 que 8 coupes et 1 bichet de froment; le surplus des revenus de Penthéréaz était vraisemblablement versé ailleurs.

POLIEZ-LE-GRAND. — Les revenus du couvent à Poliez-le-Grand proviennent aussi de la munificence des nobles de Goumoëns. En 1184 Pierre de Goumoëns, dit de la Tour, donna tous ses droits à Poliez et notamment le tiers du marais de Rorens. En 1349, Mermet de Goumoëns-le-Jux fit une autre donation; en 1385, Humbert de Goumoëns-le-Jux. Un acte du 26 mai 1413 montre que l’abbaye percevait l’avoinerie de Poliez-le-Grand de compte à demi avec Humbert de Goumoëns. En 1482, le cellérier perçoit 18 coupes de froment en ce lieu.

POLIEZ-PITTET. — Le 2 novembre 1428, l’abbaye de Hauterive vendit à celle de Montheron, pour 18 livres, /178/ 15 sols de cens dus à elle par des communiers de Poliez-Pittet. Le 27 mars 1512, les nobles Louis et Pierre de Russin vendirent au couvent 9 coupes de froment et 37 sols de cens dus par Jourdain Carraz et Gérard de la Madeleine, ce dernier pour le four de Poliez-Pittet.

En 1482, le cellérier perçoit à Poliez-Pittet 42 sols et 3 deniers et 2 coupes de froment de cens, ce qui suppose d’autres revenus que ceux acquis en 1428, et procédés peut-être des nobles de Bottens.

POMY. — Au début du XIIIe siècle, l’abbaye avait acquis à Pomy, on ne sait comment, la terre du chevalier Conon de Vuarrens. Le seigneur Jourdain de Belmont renonça en 1217 à tous ses droits sur cette terre, et fit don lui-même du bois de Bochet-Allod. En 1256, divers particuliers renoncent encore à leurs prétentions sur la même terre.

Le domaine du couvent s’accrut de divers achats et aussi de l’occupation de 15 poses de terre appartenant directement au comte de Savoie, mais non cultivées jusqu’alors. Louis de Savoie y renonça formellement le 9 avril 1343. Une partie de ce domaine, comprenant maison et environ 50 poses, fut abergée le 26 février 1527 aux frères Othonin pour 33 coupes de froment et 18 sols. L’abergement dit que si les personnes ne peuvent plus cultiver le domaine à cause de vieillesse ou d’infirmités, ils devront le rendre à l’abbaye.

En 1482, le cellérier perçoit à Pomy 8 livres et 14 muids de froment de cens.

POSSENS. — L’abbé de Tela concéda en 1221 à Conon Mauvoisin, le tènement de Otton Loranceis à Possens, pour 8 coupes de froment, 4 de fèves et 4 d’avoine. /179/ L’évêque Landri en 1163 mentionne déjà un bois à Possens.

PRANGINS. — Voir Sadex.

PREZ. — Le 3 mai 1349, Jaques du Chaffa, bourgeois de Moudon, légua à l’abbaye de Thela ses cens et rentes rière Prez, sous réserve de 12 deniers de cens à payer au curé de Morlens et à celui de Siviriez. Ces biens furent sans doute échangés. Ce Prez est vers Siviriez à l’est du chemin de fer.

PRILLY.— En 1430, l’abbaye acheta, pour 13 livres, une seitorée de pré à Prilly. Il s’agit peut-être simplement d’un prêt.

PROMENTHOUX. — En 1431, l’abbaye aberge à Pierre Ducros, dit Lambellin, de Prangins, une pose de vigne à Promenthoux.

PULLY. — Le couvent de Montheron possédait sur le territoire de Pully, 3 setiers de vin de cens légués en 1279 par Pierre Sautier, de Pully, et assignés sur sa vigne de Commombry, une vigne en Rochette, léguée en 1328 par Aymon de Vufflens-la-Ville, d’autres vignes au clos des Moines, au Crêt, au clos des Régner, en Mont-Ribaud, en la Plattery, ès Coutures, etc., achetées de divers. Ces parchets étaient encore aux mains de l’abbaye en 1536.

RAFFORT. — Territoire situé entre Froideville et Poliez-Pittet, que l’évêque abandonna en 1337 aux religieux.

RAMAZ. — Terrain dépendant de l’abbaye, entre le couvent et Froideville.

RASPES. — Nom générique des flancs du Jorat, dont il est parlé en divers lieux: Cugy, Saugealles, Jorat.

RENENS. — En 1272, le couvent acquit de Guillaume /180/ de Cheseaux une vigne à l’entrée de Renens. Il y percevait en 1482 trois bichets de froment de cens.

RIVE. — Voir Ouchy.

ROMANEL. — En 1184, Uldric de Goumoëns donna au couvent 4 sols de cens à Romanel. En 1446, Pierre Tuppin de Cheseaux, donna à son tour une terre en Longemalaz.

RORENS. — Voir Poliez-le-Grand.

SACHES. — En 1142, Giraud, mayor de Cugy, donne au couvent ce qu’il a in Sagis. Il s’agit de Cugy près Estavayer, mais les moines acquirent plus tard un pré et un bois eis Saches, à Cugy près Montheron.

SADEX. — Le vignoble de Sadex, près du château de Prangins, avait été constitué au XIIe siècle par une donation de Humbert d’Aubonne, augmentée par divers particuliers, et confirmée par le sire de Prangins, Jean de Cossonay.

Le domaine de Sadex est indiqué dans les documents à partir de 1163. Nous manquons de tout renseignement sur la manière dont il était cultivé jusqu’en 1382. A ce moment, les religieux ne cultivaient plus ce domaine. Ils l’avaient abergé, et, qui plus est, l’avaient cédé à des personnages qui ne le cultivaient pas eux-mêmes. Le 25 février 1382, l’amodiataire est Jaques Trolliet, bourgeois de Nyon et pannetier de Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie. Par contrat, il s’engage à construire dans les huit ans un bâtiment neuf couvert de tuiles, à refaire le fonds, à tenir en bon état le cellier et les vignes. En outre, il s’engage à recevoir avec bienveillance trois fois par an l’abbé et deux religieux, voyageant à cheval, à leur donner, pain, vin et pitance, ainsi qu’un repas, et à fournir en outre aux chevaux le foin et l’avoine. /181/

Huit ans plus tard, le 30 octobre 1390, la maison de Sadex est abergée à un autre personnage, Jean de Pougny, licencié en droit, pour sa vie durant. Aux conditions ordinaires, l’abbaye ajoute que l’amodiataire devra faire dans les trois ans à la maison une charpente (trabatura) neuve, que, pour ses peines et dépens, il percevra les deux tiers des fruits provenant de l’ancienne vigne, avec tout le fruit des vignes nouvellement plantées et à planter, s’engageant à planter en vignes tout ce qui dans le dit clos pouvait être mis en vigne au dire de quatre prudhommes. Ces diverses indications montrent que le domaine avait été jusqu’alors singulièrement négligé.

Ce système d’abergement était mauvais et l’abbaye y renonça pour administrer ce domaine directement au moyen de ses vignerons. Les comptes du cellérier pour 1482 mentionnent une dépense de 15 livres 14 sols pour porter la terre, desoteller (chausser les provins), effeuiller, tailler, fossoyer trois fois, provigner (coucher en terre), passeller (planter les échalas), lier, plus 4 livres données à Claude Magnin pour les vendanges, 2 livres 8 sols pour acheter deux setiers de vin destinés à compléter le tonneau de Sadex; 16 sols et 20 sols pour amener le vin à Rive, et 5 livres pour diverses dépenses à la maison. La dépense totale est de 28 livres. Du vin de Sadex, on vendit 29 setiers et 17 pots à la taverne de Montheron, ce qui rapporta 27 livres 8 sols et 9 deniers. Nous ne pouvons pas admettre qu’il y ait là tout le revenu du vin de ce clos, car l’exploitation aurait bouclé en perte, mais nous n’avons pas d’autre indication.

L’abbaye de Montheron devait au seigneur de Prangins /182/ une redevance de deux coupes d’avoine et de six deniers genevois. Le vigneron devait en outre héberger une fois l’an le châtelain de Prangins et le forestier du bois du Chanoz, où il avait le droit d’aller couper le bois pour ses échalas; il pouvait à leur gré leur donner deux sols en lieu et place de la réception. Le 2 avril 1606, la ville de Lausanne, héritière de Montheron, renouvela une reconnaissance dans ce sens en faveur de Messieurs de Berne, à cause du château de Prangins.

SAINT-CIERGES.— Le cellérier percevait en 1482 quatre sols de cens à Saint-Cierges.

SAINT-GERMAIN. — Voir Bussigny.

SAINT-SAPHORIN. — Le cellérier percevait à Saint-Saphorin (Lavaux) 7 deniers de cens en 1482. Le couvent paraît avoir eu là des terres aux Envers et en Chenevière dont nous ne connaissons pas l’origine.

SERMUZ. — Le cellérier recevait en 1482 trois coupes et trois quarterons de froment et 18 deniers de cens.

SOTTENS. — Le couvent percevait en 1320 quatre sols de cens sur une pose de terre possédée par les enfants de Pierre Pittet; en cette année, Isabelle, veuve d’Aymon de Sottens, donzel, et leur fils Guillaume, abandonnèrent au couvent une coupe d’avoine et un chapon qu’ils prélevaient sur ce terrain. Cens payé en 1482: 8 sols.

SUCHY. — En 1512, les nobles de Russin vendent au couvent quatre muids et neuf coupes de froment, 10 florins d’or, 8 sols et 10 deniers de cens dus par des gens de Suchy. Ces biens furent cédés en 1717 à LL. EE. de Berne.

SUGNENS. — L’abbaye avait, dès 1163, une terre à Sugnens, le fief de Raymond de Giez qu’elle céda au /183/ chapitre en 1212. Le 16 novembre 1501, Jean Sugnens de Dommartin lui vendit, pour le prix de 124 florins, le four banal qu’il possédait à Sugnens.

SAULENS. — Il s’agit ici non pas de Sullens, dans le district de Cossonay, mais d’un village aujourd’hui disparu qui se trouvait entre Bottens et Bretigny-sur-Morrens, du côté du Talent. Ce village dépendait du chapitre de Lausanne, et c’est pourquoi en 1235 ses habitants furent requis lors de l’incendie de Dommartin.

Le 18 janvier 1292, Lambert, fils de Berthe de « Sollens », déclare vendre au couvent de Thela, pour 60 sols, cinq poses de terre à Sollens et les reprendre de lui moyennant 5 sols de cens, reconnaissant devoir l’hommage lige à l’abbaye pour d’autres terres qu’il tenait d’elle, à raison de 6 autres sols de cens, et auxquelles terres participent sa mère, ses sept frères et sa sœur Gillotia. En mars 1289, Robert Carro, d’Etagnières, reconnaissait déjà tenir du couvent d’autres terres à « Saulens » pour 3 sols de cens. Suivent une série de reconnaissances de gens qui déclarent être hommes censiers de l’abbaye pour les terres qui sont de son fief. Ces terres touchent à celles des nobles d’Aubonne et de Bottens; l’une est jouxte le moulin tendant au moulin d’Assens; une autre sous la ruine de Bottens; une près du bois du Mont Sainte-Marie, sous le bois de Faïoux ou de Faulaz. La dernière reconnaissance relative à ce village est de 1490.

SULLENS. — En revanche, c’est bien à Sullens que, le 20 juillet 1406, Rolet Pitton-Griffon et Jean Sonney, de Morrens, reconnurent être hommes liges de l’abbaye pour divers bois à Sullens (deux poses environ) et à Villars-Sainte-Croix. /184/

TOLOCHENAZ. — Le 22 août 1427, Nicod Chagnel dit Cosandier de Mugueta, légua au couvent une vigne à Tolochenaz.

URSINS. — En 1177, Conon, sénéchal de Belmont, donne tout ce qu’il a d’Ursins à Cronay. En 1387, le couvent perçoit à Ursins 3 sols et 3 deniers de cens assignés sur deux poses de terre et une oche.

VALLE-CHENÈVE.— Conrad de Gardon donna en 1142 sa terre de Valle-Chenève. Ce pourrait être Jenauva près de Fribourg (Chinauva en 1217), ou bien un lieu inconnu dans la Broye près de Cugy.

VERNAND.— En 1184, Ulrich de Goumoëns avait accordé aux moines le droit d’usage et de pâturage au bois de Vernand.

Le 4 novembre 1518, l’abbaye acquit, pour 200 florins d’or, un mas de terre en la Cornaz de Vernand, grevé d’un cens de dix coupes de froment en faveur de noble Benoît de Monthey qui en fit cession au couvent le 13 février suivant.

VEVEY. — En septembre 1280, Hyta de Moudon, femme d’Anselme Dupraz, bourgeois de Lausanne et de Vevey, donna au couvent une vigne au Crest-de-Lez. Les religieux la donnèrent en fief en 1306 à Rodolphe de Brent, donzel, dont l’héritier, Nicod de Billens, de Vevey, donzel, la rétrocéda à ces derniers en 1380.

VILLARET. — Il s’agit ici d’un lieu dit dans la commune de Bottens. Le 22 février 1267, Pierre de Villars, donzel, abandonna au couvent son alleu de Villaret; et, le 2 avril 1320, Perrette, veuve d’Ulric de Coster, forestier du bois d’Archens, abandonna ses droits sur les bois allant de l’Aubonne au bois de Villaret. /185/

VILLARS-AILLERENS. — Voir Aillerons.

VILLARS-LE-TERROIR. — En 1254, une sentence arbitrale reconnut propriété de l’abbaye, malgré l’opposition de noble Guillaume de Goumoëns, un pré et six sols de cens à Villars.

En décembre 1281, les nobles de Villars-le-Terroir donnèrent au couvent un homme taillable en ce lieu. En juillet 1294, Jean Dubos, de Montendrey, fit avec Thela un échange de terres, portant entre autres sur des parcelles à Villars et à Mordagne. Il fut stipulé dans l’acte que Jean Dubos et son frère Guillaume se reconnaissaient hommes taillables du couvent, devaient demeurer à Mordagne et ne pouvaient habiter ailleurs; qu’ils ne pouvaient contracter bourgeoisie ou garde aux villes, châteaux, etc.; qu’ils devaient les charrois et corvées, ainsi que la taille, ou une livre de cire de cens sous nom et titre de taille, au choix de l’abbaye, et 6 sols 4 deniers argent.

En février 1311, noble François de Colombier, fils de Gérard de Villars-le-Terroir, reconnut tenir de l’abbaye, en fief, quatre hommes taillables avec leur tènement. Le 25 septembre 1360, Jean de Goumoëns légua au couvent un muids de froment de cens à prélever sur le revenu de sa grange de Jor, à Villars-le-Terroir. Les membres de ces deux familles firent encore d’autres donations assignées au même lieu. Cette grange de Jor finit par passer tout entière entre les mains du couvent, ensuite de vente qu’Antoine de Goumoëns-le-Jux fit le 1er décembre 1405 du reste de ses droits. Le 7 janvier 1499, l’abbaye abergeait à Nicod Dupuy, de Penthéréaz, le mas de Jor pour 10 coupes de froment et 10 d’avoine. En 1482, le cellérier percevait 20 sols et 1 coupe de froment dans cette localité. /186/

VILLARS-MENGIER. — Pierre de Villars, donzel, avait en 1267 donné son bien de Villars-Mengier au couvent, qui le revendit vers 1331 à Jean, coseigneur de la Roche. C’est vraisemblablement près de la Roche qu’il faut chercher ce lieu.

VILLARS-MENDRAZ. — Le couvent de Montheron accorda le 8 février 1370 une prébende à Rodolphe Bochud, prêtre et chapelain à Villars-Mendraz.

VILLARS-SAINTE-CROIX. — En 1406, Rolet Pittet-Griffon et Jean Sonney, à Morrens, se reconnurent hommes liges de l’abbaye, à raison de terres à Sullens et à Villars-Sainte-Croix. Le 9 mars 1409, Antoine Desgares, de Villars-Tiercelin, médecin (medicus) demeurant à Villars Sainte-Croix, reconnaît devoir 7 quarterons de froment et 12 deniers de cens pour différentes terres en ce lieu. La ville de Lausanne céda à Berne ces revenus en 1730.

VILLARS-TIEWEN. — Voir page 23.

VUARRENS. — En 1184, Uldric de Goumoëns donna au couvent tout le droit qu’il avait sur Pierre Forchier, de Vuarrens. Ses fils firent en 1199 le don d’autres hommes au même lieu. Au XIVe siècle, le monastère acquit encore quelques cens, et un acte du 26 mai 1413 montre que l’avoinerie de Vuarrens appartenait aux seigneurs de Goumoëns pour les deux tiers et aux moines de Montheron pour un tiers.

VUARRENGEL. — En novembre 1305, Perrette, veuve de Conon de Fribourg, bourgeois d’Yverdon, légua au monastère cinq sols et un chapon de cens à Vuarrengel.

YVERDON. — Vers la fin du XIIIe siècle, Etiennette d’Yverdon avait légué au couvent sa maison à Yverdon, à la rue du Lac, vers le milieu de la rue, et par acte de /187/ juillet 1293, le donzel Aymon de Salvion, et sa femme Isabelle, fille d’Etiennette, renoncèrent à leurs prétentions sur cet immeuble. Cette maison appartient encore au monastère en 1317, et c’est peut-être la même, située près du puits, en la rue du Moulin, près de la Thièle, que tenait Thomas Poyet en 1530, sous 24 sols de cens.

En juillet 1294, Perrette, fille d’Hermengate Beguine, d’Yverdon, donne au couvent tous ses biens sous réserve d’usufruit, et en février 1309 elle reconnut tenir de l’abbaye sa maison, autorisant les moines à l’agrandir. Cette maison était située rue de la Thièle, et la Grosse Magnin, vers 1410, la délimite comme suit: « Une maison en la rue de la Thièle, jouxte le chesal de la maison de maître Jean Chedonet, à vent; les maisons de Jean Matellex, Claude Chautemps, Dom Pierre Borgeois et Pierre Baschet, à bise; la voie publique, à orient; l’eau de la Thièle et le moulin derrière, à occident. » C’était une maison forte, puisque le 4 juin 1384, le couvent de Montheron l’abergea pour 29 ans et 60 sols de cens à Otthonet de Tretorens, bourgeois d’Yverdon, sous différentes conditions parmi lesquelles celle de remettre la maison en temps de guerre à l’abbé, afin qu’il y pût résider. Le 10 août 1402, c’est-à-dire avant l’expiration du bail, le dit Otthonet rendit cette maison au couvent, moyennant indemnité de 40 florins. Les moines l’occupèrent dès lors, et y faisaient déposer le produit de leur grange de Chevressy. Cette maison existe toujours. C’était en 1859 la demeure de M. Rœmer.

Une chapelle qui y était attenante fut, au dire de Crottet (p. 132), démolie seulement au commencement du XIXesiècle. /188/ En 1443, le duc de Savoie avait déclaré la dite maison franche de toute imposition.

Le couvent possédait encore à Yverdon un mas de terre de douze poses qu’il céda, par échange du 3 juillet 1385, à noble Louis de Bière, et plusieurs autres revenus, provenant de dons et achats. Le cellérier percevait en 1482 à Yverdon 5 livres de cens en argent et 21 coupes de froment.

 

Les édifices du couvent.

 

XXIII — L’état des batiments au XVIe siècle.

Aucun document ne nous renseigne sur l’état des bâtiments du couvent de Montheron avant le XVIe siècle. Les comptes du cellérier de 1482 n’y font aucune allusion, et nous ne connaissons pas le détail des travaux exécutés en 1507 par l’abbé François de Colombier. Ce n’est qu’après la Réforme que les comptes de la ville de Lausanne et un terrier de 1540 environ nous donnent quelques éclaircissements. Le plus ancien des plans que nous ayons de la région est celui dressé vers 1670 par Rebeur.

Plan Rebeur
Plan de Montheron, de Rebeur fils (1679)
Archives cantonales vaudoises

Ni les uns ni les autres ne permettent de nous rendre exactement compte de ce qu’étaient les édifices du couvent, même en tenant compte du résultat de fouilles récentes.

Pour l’église tout d’abord. Les textes antérieurs à la Réforme nous montrent qu’elle contenait les tombeaux de famille des seigneurs de Goumoëns et de Colombier, qu’on y voyait en 1528 un autel Saint-Denis, et c’est tout. Un compte de la ville de 1571 nous dit: « Livré à Monet, fils de Loys de Lessert, de Bottens, et à Claude /189/ Baud sur ung tache à eulx donné à faire latte et couvrir depuis le pan couvert de tiolle jusqu’à la muraille du grand temple devant que dernier, et aussi refaire la couverture de la chapelle, et retenir la traleyson d’icelle, et faire et couvrir la cloche sur ladite chapelle. Le tout a Montheron … 60 florins. »

Ce document nous présente donc deux bâtiments distincts: une église et une chapelle, l’église se présentant au passant de flanc, puisqu’elle a un devant et un derrière. Cette description ne peut évidemment se rapporter à l’église actuelle de Montheron, et celle-ci porte d’ailleurs la date de sa construction, 1721. Mais on pourrait supposer qu’il ne s’agit là que d’une reconstruction, et que l’on doit retrouver dans les fondations les restes de l’ancien sanctuaire. Il n’en est rien, ainsi que l’ont démontré les fouilles faites en 1911 et dont nous reparlerons plus loin. L’église des moines se trouvait en réalité de l’autre côté de la route, en partie sur l’emplacement du bâtiment rural actuel. Ces fouilles, encore qu’incomplètes, ont fait retrouver les contours d’une chapelle annexée à l’édifice principal. Il est très probable que nous sommes en présence ici de la chapelle dont il est question en 1571, en même temps que de l’église. On a constaté aussi que cette église avait été détruite par le feu, et qu’au lieu d’en utiliser les débris, on les avait rejetés à l’intérieur de la nef, en élevant de plus d’un mètre le niveau du sol. Mais quand cette destruction a-t-elle eu lieu ? Nous ne le savons pas. Aucun texte écrit ne nous le précise, et cette église n’est ni celle du plan Rebeur de 1670, ni la tour qui figure dans une intéressante carte de bailliage du XVIIIe siècle. /190/

carte du baillage de Lausanne
Plan de Montheron, de la carte du baillage de Lausanne, dressée par Clerc en 1678

Un terrier d’environ 1540 mentionne la « maison seigneuriale de Montheron, en maisons, cloître, ruines, étableries, cours, courtines, courtils, places, closel près de l’abbaye en un tenant, jouxte la Thièle à orient et à vent, l’eau du bec du moulin à bise, une petite côte dite des Nehutes avec l’étang à occident; plus la tour dudit lieu, près de ladite maison, de l’autre côté de la Thièle; le moulin compris dans l’enclos, la resse auprès. » Cette maison seigneuriale est l’ensemble des bâtiments du couvent proprement dit, comprenant l’auberge et l’église actuels. Déjà en 1540, les édifices désaffectés étaient en partie en ruines. Le texte les montre situés entre le Talent et le canal (bec ou bief) du moulin, la rivière coulant à l’est et au midi. C’est bien l’état actuel. Mais le terrier de 1540 indique encore une tour de l’autre côté du Talent. Il n’en subsiste plus rien. Elle était déjà ruinée en 1628, d’après un terrier de Froideville, et en 1690, un document mentionne « une tour à présent place. » Un petit plan du XVIIIe siècle marque encore sur la rive gauche du Talent un lieu dit: « Sus la tour. »

carte du baillage de Lausanne
Plan de Montheron, de 1750 environ
Archives cantonales vaudoises

C’est le dernier vestige que nous en ayons trouvé. Il s’agissait vraisemblablement d’une tour de défense contre les pillards qui auraient pu descendre des bois du Jorat. Quant au moulin et à la raisse, ce sont évidemment les deux petites maisons qui figurent dans le plan Rebeur et mieux encore dans la carte de bailliage.

Ces deux documents, qui devraient apporter une grande lumière sur toutes choses, présentent en réalité un aspect des lieux très différent l’un de l’autre et aussi de l’état actuel. Aujourd’hui, nous sommes en présence d’un solide bâtiment carré, flanqué d’un appendice à /191/ l’orient, et d’une église à angle droit, se profilant vers la route de Lausanne. Tandis que Rebeur nous montre trois maisons distinctes se succédant au bord de l’eau, celle du milieu masquant le pied d’une tour à flèche élégante. Il est vrai que le dessin de Rebeur se trouve en bordure de l’une de ses cartes, et pour ce motif et d’autres encore il ne peut prétendre à aucune exactitude. Il faut chercher celle-ci plutôt dans la carte de bailliage et dans le plan du XVIIIe siècle. La carte ne nous présente qu’un bâtiment principal, avec deux annexes, l’une sur la rivière même, en avant, édifice moins important; l’autre formé par une tour évidemment mal placée, car elle se serait trouvée devant l’entrée actuelle de l’auberge. Il s’agit sans doute du petit édicule qui flanque maintenant encore ce bâtiment à l’est et qui a toutes les apparences d’une tour découronnée. Quant à l’appendice à cheval sur l’eau, il est aussi représenté sur un plan du XVIIIme siècle. Il a probablement disparu dans l’un des remaniements du siècle passé.

Plan de Montheron

Plan de Montheron
Deux plans de Montheron, de 1750 environ
Archives cantonales vaudoises

Ce plan marque l’église actuelle, ainsi que le bâtiment rural, de l’autre côté de la route de Lausanne. La carte de bailliage ne connaît ni l’un ni l’autre. Nous ne trouvons pas d’autre allusion à l’état ancien que dans un compte de 1544 qui dit: « Pour couvrir tout le dernier et le petit toit devant la porte de l’abbaye et couvrir la chapelle, pour faire couper la roche par laquelle on va de Montheron, vers la grange de la Ramaz, etc. » On voit encore qu’en 1640 le martinet du maréchal Droguet touche au cimetière de l’abbaye, mais cela ne nous dit pas grand’chose, car il est peu probable que celui-ci ait été au même emplacement que le cimetière actuel du hameau. /192/

Essayons cependant, à l’aide de ces maigres renseignements, de chercher à reconstituer l’ensemble du monastère. Le voyageur venant de Lausanne suivait un chemin (d’ailleurs très différent de la route actuelle), parallèle à la lisière du bois d’Archens, à quelque distance de l’eau. A sa droite, entre le chemin et le Talent, des prés, puis au contour de la chaussée, un étang dont on voyait encore la trace au XVIIIe siècle. Il arrivait ensuite à la porte même de l’abbaye, qui reliait l’église (bâtiment rural actuel) à gauche, avec un autre bâtiment à droite (où est maintenant le temple) et qui pourrait avoir été l’hôtellerie primitive en même temps qu’un grenier. Passant à droite, le voyageur arrivait à la maison principale (auberge actuelle), contenant vraisemblablement l’aula et le réfectoire, le logement de l’abbé, avec la chambre chauffée munie d’un lit où l’abbé Jean de Lacconay reçut messire Louis de Russin. Le plan général suppose un quatrième édifice (à l’endroit du « couvert » actuel), qui aurait été le dormitoire (dormior) contenant les cellules des religieux en même temps que l’infirmerie; mais des sondages, peu profonds à la vérité, exécutés à l’occasion de différents travaux, n’en ont rien montré. Nous obtiendrions ainsi un quadrilatère qui forme un ensemble assez logique. Au milieu, sur la place actuelle, une cour, avec peut-être une galerie de cloître, et des tombes de religieux. Plus loin, le moulin, la raisse, le chemin conduisant à la grange de la Ramaz et à Froideville; en amont de la maison « seigneuriale,  » le pont par où passait la route des bois du Jorat. /193/

 

XXIV. — L’état actuel de l’abbaye.

De tout cet ensemble, il ne subsiste, nous le répétons, que la maison principale du couvent, la maison seigneuriale de 1540, l’auberge actuelle. La toiture de ce dernier édifice est toute moderne. Mais les fondements, le premier étage même, sont sûrement de la période catholique. En 1757, on fit diverses réparations au bâtiment, sans toucher à la grande salle où sont les armoiries. Il s’agit très vraisemblablement de la salle à boire. Celle-ci est entièrement boisée et son plafond a été refait. Mais il y a des chances pour qu’on retrouve derrière la boiserie une trace de ces peintures. Les remaniements intérieurs ont d’ailleurs été nombreux. L’un des témoignages les plus caractéristiques est la découverte que l’on a faite dans l’une des caves d’une intéressante poutre sculptée du XVe siècle qui, depuis, a été transportée à Lausanne et utilisée lors de la dernière restauration de l’Evêché. Evidemment, cette poutre n’était pas à sa place dans cette cave; sa position même indiquait qu’elle y avait été apportée lors d’un remaniement. D’autres poutres moulurées se trouvent encore dans cette cave.

L’église actuelle date, comme nous l’avons dit, de 1721. Un examen attentif montre que seule la façade est moderne. La nef elle-même est plus ancienne et a servi primitivement à un autre usage. Auquel ? Faute d’un document précis qu’aurait pu nous apporter le compte de reconstruction de 1721, qui nous manque, nous devons en rester aux conjectures que nous avons indiquées plus haut. Mais nous trouvons dans la Chronique de Loys-Villardin l’énigmatique mention suivante à l’année 1668: /194/

« On a changé le lieu du temple de Montheron. Au lieu qu’on preschoit au dessoubs du bastiment proche de terre, lieu qui estoit fort humide, où on entroit par le bas des degrés, on a fait des fenestres et des bans au grenier qui estoit dessus, et on a fait la porte au dessus de la terrasse du costé de bize. »

Qu’est-ce que cela signifie ? Il y a quelques années, ce récit eût paru absolument incompréhensible. Il en est autrement depuis la découverte faite en 1911 par l’architecte de la ville de Lausanne, M. Hämmerli. En procédant à des fouilles au pied de la ferme qui fait face à l’église, M. Hämmerli a constaté tout d’abord que le niveau de la route avait été fortement exhaussé, à une époque inconnue, de 1m50 à 2 mètres environ. De telle sorte que le temple actuel peut fort bien reposer sur le local qui aurait servi de lieu de culte avant 1668 et qui était à ce moment en contre-bas de la route relevée déjà depuis un temps plus ou moins long. On comprend ainsi les travaux qui s’exécutèrent à cette date, et la porte du temple donne bien au nord, comme il est dit ici. Il faut seulement supposer un remaniement de la façade en 1721, pour justifier la date inscrite sur la porte.

Mais à cela ne s’est pas bornée la découverte de M. Hammerli. L’architecte a constaté encore que le bâtiment rural a été construit entièrement sur l’emplacement de l’église abbatiale, qui était ainsi absolument distincte du temple actuel. Il ne lui a malheureusement pas été possible d’explorer tout le terrain, mais les croquis que nous reproduisons ici montrent quel parti il a pu néanmoins tirer de ses observations. Ils établissent en effet l’existence, sur le bâtiment rural, et dépassant largement /195/ les limites de ce dernier, d’une église spacieuse, ayant des murs de 1m50 d’épaisseur, une largeur d’environ 12 mètres, supposant une profondeur de 25, orientée, semble-t-il, vers l’est où aurait été l’entrée principale. Une base de colonne engagée dans le mur peut indiquer qu’elle servait d’arc-boutant et peut-être aussi de montant de porte monumentale, alternative qui, en l’absence de fouilles plus méthodiques, laisse place à l’hésitation quant à l’orientation réelle de l’édifice.

Relevé du site de Montheron
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Relevé dressé par M. Hämmerli, architecte de la Ville de Lausanne

fragment de la colonne Adossée à cette dernière, se trouvait une élégante chapelle datant peut-être des travaux de l’abbé François de Colombier en 1507 et dont les dimensions ont pu être exactement reconstituées; c’est probablement la chapelle munie d’une cloche dont parle le compte de 1571. A chaque angle intérieur de cette chapelle était une gracieuse colonne qui supportait la retombée de la voûte. Une de ces colonnes a été retrouvée intacte, avec des fragments d’une autre et des restes de la clef de voûte. On a dégagé en outre des fragments d’une belle fenêtre ogivale et de nombreux débris.

Les murs de l’église portent la trace du feu. Ils se trouvent, en partie tout au moins, sous la route actuelle, à un mètre et demi de profondeur. La destruction de cette église est donc antérieure de beaucoup à 1668, mais postérieure à 1571. C’est à ce moment aussi sans doute que la chapelle fut comblée. Sur un des côtés de l’église, on remarque une table d’autel, de pierre du Jura, de belle dimension, 1,50 m. sur 70 centimètres. Devant l’église, jusqu’à vingt mètres de distance du côté du temple actuel, le sol était pavé.

fragment de statueVoilà tout ce que l’on a pu reconstituer du sanctuaire /196/ des moines de Montheron. Les Goumoëns, les Colombier, les Russin y avaient leurs tombeaux de famille. Rien n’en a été retrouvé, si ce n’est un fragment de statue aux armes des Russin, représentant le corps d’un homme cuirassé, fragment qui se trouve aujourd’hui au Musée du Vieux-Lausanne.

C’est tout, mais le dernier mot n’est pas dit. Il est fort possible qu’un jour ou l’autre de nouvelles fouilles nous permettent de nous rendre mieux compte de ce qu’était en réalité l’abbaye des Cisterciens de Tela ou Montheron.


/197/

 

DOCUMENTS

 

I

1142, 21 janvier.

L’évêque de Lausanne, Gui, confirme à Jean, abbé de la Grâce-Dieu, la cession que son prédécesseur, l’évêque Girard, a faite au prêtre Guillaume du terrain où est édifiée l’abbaye, ainsi que diverses donations faites par le comte de Genevois, les seigneurs de Blonay et de Grandson, Gui Barata de Goumoëns et d’autres personnes 1.

Guido, Dei gratia sancte ecclesie Lausannensis episcopus, dilecto filio suo Johanni, Gratie Dei abbati omnibusque fratribus ibidem Deo servientibus in perpetuum. Que religionis studio et sanctitatis amore locisque Deo dicatis conferuntur convenit ut pontificali auctoritate et ecclesiastico munimine velud sanctum Domini protegantur. Quamobrem Johannes, fili karissime, ecclesiam Gratie Dei in honore beate Marie semper virginis constructam, in qua te Deo auctore dignum dispensatorem constituimus, sub nostra nostrorumque /198/ successorum protectione imperpetuum assignamus, quod etiam apostolica toto cisterciensi ordini sanctitum et auctoritate, et nos tibi tuisque successoribus auctoritatis nostre successorumque nostrorum confirmamus pagina, decimas videlicet totius laboris ac nutrimenti vestri. Preterea damus et confirmamus vobis terram in qua sita est abbatia, sicut prodecessor meus domnus Giroldus episcopus, — laudante toto capitulo, Bernodo et eciam Borchardo fratre ejus de Pulei reddentibus in manu ipsius quicquid in eadem terra juris habebant; — Willelmo sacerdoti donavit, pro annuo censu unius libre cere in purificatione beate Marie reddende, a principio videlicet Jorat usque ad flumen Parjura, et ex alia parte a flumine Mein usque ad Chamberoniam, exceptis pratis hominum de Pullei, que tunc temporis infra terminos prenominatos erant exculta. Testes Nerduinus prior Montisbenedicti, Magister Anselmus Lingonensis, Ardutio prepositus, Emenradus decanus, Uldricus de Campania. Damus etiam vobis quandam partem Dasileii ad vineam edificandam, sicut Wacherus minister meus de Poydors, coram fratre suo Alberto et Giroldo et Hamone de Poydors, fratri Willelmo monacho divisit, id est a planta mea usque ad feodum Cononis de Grancium. Damus etiam vobis ipsam plantam laudantibus illis qui eam plantaverunt. Testes Warcherius et Albertus de Poydors. Etiam confirmamus vobis donum Cononis de Grancium, qui nostro assensu dedit vobis quandam partem in eodem territorio, id est ab ea parte quam dedi usque ad plantam Walcheri de Poydors. Dedit etiam vobis ipsam plantam, laudante et donante ipso Walchero, qui a predicto Conone eam tenebat. Testes Falco de Grantium, Lodovicus dapifer, Albertus Carbo. Hoc donum laudavit Wido filius prodicti Walcheri. Testes Petrus villicus de Chebre, Uldricus frater Warcheri de Poydors. Confirmamus etiam vobis donum Lodovici dapiferi et uxoris sue, Willelmi videlicet et Dalmasci qui dederunt ecclesie vestre quicquid habebant in supradicta parte Dasileii. Testes Emenradus decanus, Petrus de Ponte. Amadeus etiam de Blonay, laudante filio suo Willelmo, dedit vobis decimas predicte terre, quantum ad ipsum pertinebat. Testes Wido abbas Cariloci, Uldricus de Bren. Rumith de Rumillei. Damus etiam vobis et confirmamus terram que sita est juxta abbatiam vestram, quam dedit vobis Amadeus Comes gebennensis coram conventu vestro in capitulo. Dedit etiam vobis pasturam peccorum per totam terram suam. Testes Emenradus decanus. Lodovicus et Willelmus dapiferi. Willelmus etiam et Albertus frater ejus de Pullei reddiderunt in manu predicti comitis, quicquid in predicta terra juris habebant, et ipse dedit vobis illud, laudante filio suo Willelmo. Testes Haymo de /199/ Fulcinei. Lodovicus et Willelmus dapiferi. Terra autem predicta terminatur sicut via de Montmorin pergit ad petram Agusoriam, et sicut dividitur terra de Awines a terra de Jorat. Ardutio etiam Gebennensis episcopus me presente dedit vobis quicquid in predicta terra habebat. Testes Herbertus Augustensis episcopus, Pontius abbas Bellevallis, Wido abbas Cariloci. Borcardus etiam et Dewinus frater ejus de Pullei dederunt vobis quicquid in predicta terra juris habebant, pro annuo censu duorum solidorum in festivitate beate Martini reddendorum. Testes Rodulfus de Turri, Andreas sacerdos, Umbertus filius Bovonis. Preterea damus vobis et confirmamus terram de Montanun, cum appendiciis suis, ubi Wido Barata dedit ecclesie vestre in manu mea quicquid ibidem habebat, sicut via Iusana pergit in Jorat. Testes Uldricus de Campannia, Rainaldus de Stavael. Idem Wido Barata dedit ecclesie vestre in finibus illis quandam partem de Jorat, sicut videlicet rivulus qui dicitur Longefange pergit in fluvium de Montuis, et sicut mons dependit in fluvium de Montuis, et sicut dividitur parvum nemus a magno usque ad terram de Montenum, et sicut aqua de Montuis intrat in fluvium de Tela, et sicut via sancti Ypoliti pergit in Jorat. Insuper et usus nemorum suorum quotquot vobis fuerit necessarium in edificiis construendis, et pascua porcorum per totam terram suam de Jorat. Testes Emenradus decanus, Symeon sacerdos sancti Laurencii, Lodovicus dapifer, Girardus li marescalus, Umbertus de Botens. Laudaverunt hoc donum uxor ejus et filii ejus. Testes Ingitius et Ogerius milites. Confirmavimus etiam vobis terram de alodiis quam dedit ecclesie vestre predictus Wido Barata, laudantibus uxore sua et filio Uldrico. Testes Landricus de Vorflens, Phylippus de Wilens. Hoc donum laudavit etiam Willelmus, filius ejus, in domo vestra, coram fratribus et Phylippo de Wilens. Landricus etiam laudavit hoc donum. Testes Humbertus de Botens, Petrus Bunugus. Damus etiam vobis in perpetuo jure possidenda confirmamus quecunque ecclesie vestre collata vel conferenda sunt apud Cuzei, ubi Rainaldus de Stavael et filius ejus Cono dederunt vobis quandam partem montis ad grangiam faciendam, decimasque ejusdem terre quantum ad ipsos pertinebat, et usimentum et pasturam per totam terram suam et pasturam porcorum insuper et usus nemorum suorum quotquot fuerit vobis necessario, absque venditione. Testes Cono de Morens, Engitius de Fraces, Bovo de Bussei, Giroldus villicus de Cuzei. Sub eisdem testibus idem Giroldus dedit vobis quicquid juris in eadem parte montis et in aliis donationibus habebat quibuscunque fecit vobis vel facturus est supradictus Rainaldus. Idem etiam Giroldus, laudante uxore sua et filiis suis, dedit vobis /200/ quicquid habebat in Sagis et in terra de Destalum, pro annuo censu IIIIor solidorum in nativitate beati Johannis Baptiste reddendorum, hac tamen conditione ut si ipse vel aliquis filiorum suorum in domo vestra seculo renuntiaverit, prescriptus census exinde minime persolvatur. Testes Everardus sacerdos de Cuzei, Johannes decimator de Paterniaco, Rodulfus de Silva, Nantelmus de Bolla, Pontius de Tornei. Petrus et Wibertus frater ejus et mater eorum Maguntia dederunt vobis octo jugera terre et pratum quod habebant subtus Fistignei, et pasturam pecorum des Pontet usque Manieres, pro annuo censu duorum solidorum in nativitate beati Johannis Baptiste reddendorum, tali tamen conditione ut si quis fratrum predictorum in domo vestra seculo renuntiaverit, census prescriptus ulterius non persolvatur. Testes Otto de Treis, Philippus de Marnant, Ingicius et Dominicus de Fistignei. Confirmamus etiam vobis donum Conradi de Gardun, qui dedit vobis terram de Valle videlicet Cheneve, laudante uxore sua et filiis uxoris sue Ottone et Willelmo, pro annuo censu duorum solidorum in festivitate beati Johannis Baptiste reddendorum. Testes Rigaldus de Cormenbo, Petrus de Sedors, Petrus de Pontet, Johannes decimator de Paterniaco. Alemanus de Fonz, laudante uxore sua et filiis suis, concessit vobis pasturam pecorum per totam terram suam. Testes Sifridus de Manieres, Amaldricus de Evonant, Uldricus faber de Evonant. Umbertus de Pringiei concessit vobis pasturam pecorum per totam terram suam. Testes Ludovicus dapifer, Willelmus de Suprapetram, Boimundus de Bevais. Hec igitur et quecumque auctore Deo ad presens possidetis, vel in futurum possessuri estis, laudamus et concedimus vobis, presentis decreti pagina confirmamus. Si qua igitur ecclesiastica secularisve persona sciens hanc nostre diffinitionis paginam vestre ecclesie defensatricem contra eam venire presumpserit, eamque in quavis parte perfringere temptaverit, a sacratissimo corpore et sanguine Dei et Domini nostri Jhesu Christi aliena fiat, et in extremo examine districte ultioni subjaceat, nisi satisfactione quod temere peccavit emendaverit et ad penitentiam venire festinaverit. Actum Lausanne, in domo epischopali sollempniter, XII kalend. febr. anno ab incarnatione Domini MoCo quadragesimo ij, epacta XXII, indicione V. Ego Girardus abbas Alterippe interfui. Moyses abbas Bonimontis testis, Abbas Borcardus Balernensis testis. Ego Petrus de Ponte chancellarius subscripsi. Ego Falco de Grantium testis.

Le sceau n’existe plus.

D’après l’original, de la collection de feu M. le professeur de Mülinen, de Berne. /201/

 

II

1147.

Donations faites à l’abbaye de Montheron des biens du Buron par le comte de Genevois, les nobles de Crissier, de Font, de Goumoëns, de Blonay, de Penthéréaz.

Item une lettre contenant une donation faite à l’abbaye de Montheron par Albert, Richard et Guillaume de Crissier frères, de tout ce qu’Aimé et ses neveux tenaient d’eux au Buron, plus une autre donation par le dit Aymé de tout ce qu’il tenait audit Buron, plus une autre donation faite par Hugues de Font du droit qu’il avait sur le tènement des nobles de Crissier au Buron qu’ils tenaient de lui, et sur tout ce que d’ailleurs lesdits de Crissier auraient élargi à la dite abbaye; en outre approuvant tout ce que la dite abbaye pourrait avoir, tant par donation ou autrement, étant de son fief.

Plus une autre donation de la dame de Brandis, du vouloir et consentement de ses enfants, de tout ce qu’elle avait au confin dudit Buron.

Item une autre donation faite par Guillaume, Urich et Landri [de Goumoëns], du consentement de leur mère et sœur, de ce qu’ils tenaient audit Buron.

Item une autre donation par illustre Aimé comte de Genève et Guillaume son fils de tout ce qui était dépendant de son domaine au dit Buron et de tout ce que aucuns de leurs feudataires pourraient avoir donné ou donneraient à (phrase non achevée).

Item, une autre donation par Humbert de Cossonay, sa femme et ses enfants, de l’usage d’aisances du Buron par ses hoirs.

Item une donation par Bertin, prêtre, et Pierre son frère, de la moitié du dîme du Buron.

Item une donation par Gaucher de Blonay de ce qu’il avait au dit Buron.

Item une donation par Guillaume de Panthéréaz et Bovon son frère de la moitié de la terre et grand pré et la moitié du dîme dudit pré.

Item une donation faite par Henri de Goumoëns de la moitié du dîme de la dite grange. Aussi exemptait rière sa dismerie toutes les terres, cultures par les religieux de dite abbaye.

Item une autre donation faite par Albert diacre, sa mère et frères, et Ulrich Peigne, sa femme et enfants, de la terre calcine contiguë /202/ au dit Buron et de tout ce qu’ils pouvaient posséder dans lesdits confins et limites.

Plus une autre donation par Richard et Guillaume de Crissier du pré de Rivoire et la tierce part du bois d’Aultafin cultivée ou non cultivée. Datée la dite lettre de l’an 1147. Scellée du sceau de Amey, évesque de Lausanne. Cotée C No 157.

D’après un inventaire de Montheron du XVIIe siècle aux archives de la ville de Lausanne. — Original perdu.

 

III

1150.

Donations de biens au Buron faites par les nobles de Crissier, de Penthéréaz, de Goumoëns, et par le seigneur Aimé de Montfaucon.

Item une lettre contenant les donations suivantes faites à la dite abbaye:

Une par Albert, Richard et Guillaume de Crissier frères de tout ce qu’Aymé et ses neveux tenaient d’eux au Buron.

Une donation par ledit Aymé de tout ce qu’il tenait au territoire du dit Buron et ailleurs.

Une donation par Albert, gendre du dit Aymé, de tout ce qu’il possédait au dit Buron.

Une donation par Rod. et Humbert de Penthéréaz de tout ce qu’ils avaient au dit Buron.

Une donation, par Amey de Montfaucon et son frère, de la condemine de Sepoi et d’une autre condemine au Buron, avec confirmation de tout ce que l’abbaye acquerra de leurs feudataires. Aussi concédant lesdits de Montfalcon frères, les usages, comme des paquerages et autres plusieurs y narrés, par toute leur terre et distraict, autant que sera requis pour les bêtes du Buron.

Une donation, par Aymé d’Assens, Pierre de Belmont, Berthier et Pierre de Goumoëns, de la moitié du disme du Buron, aussi la condemine de Sapoi et le pré.

Une donation, par Anselme et Etienne son frère, de la moitié du grand pré, et la moitié du dîme.

Une donation, par Guillaume et Bovon de Penthéréaz d’une terre affrontante la terre du grand pré, avec la dîme d’icelle. /203/

Une donation par Henri de Goumoëns d’un champ au Buron.

Une donation par Ulrich et Landri de Goumoëns du dîme de Coneston.

Une donation par ledit Ulrich du bois devers le vent [avec ratification de toutes autres donations à dite abbaye, comme acquis par icelle faits].

Datée la dite lettre de l’an 1150. Signée pour copie, Barberi. Cotée C. No 512.

D’après un inventaire de Montheron du XVIIe siècle aux archives de la ville de Lausanne. — Original perdu.

 

IV

Entre 1154 et 1160.

Accord entre Jean, abbé de Thela, et Burcard, abbé d’Abondance, au sujet de leurs droits réciproques sur le lieu de Entos près du bois d’Archens et du régime des cultivateurs.

In nomine sancte et individue trinitatis. Ego Burcardus Dei gratia dictus abbas de Habundantia. Quoniam decursu temporum et humane fragilitatis defectu plerumque oblivione temptamur utile ducimus scripto commendari quod prodesse volumus utilitati postaerorum. Notum igitur volumus fieri instantibus et futuris qualiter contentio que diu inter nos et ecclesiam de Thela habita est in presentia quarumdam personarum sopita penitus esse dinoscitur. Terram de Archens et terram que dicitur de Hentes, quam ecclesia nostra habebat contiguam domui de Thela, dedimus assensu capituli nostri Johanni abbati prefati loci et successoribus ejus, pro censu trium solidorum annuatim persolvendorum, donec eandem terram, quam nos ab Dalmatio Picchone tenebamus pro censu duorum solidorum, vel pro terragio nostro ab ipso Dalmatio seu posteritate ejus libere nobis et prorsus absque ulla exactione absolvi faciant. De pascuis vero diffinitum fuit ne quis nostrum prata vel sata alterius tempore quo servari debent presumeret, pascendo inpetere quod si de pascendo aliquid dampni inferret dampno comperto caritative emendaretur. Preterea statutum esse liquet quod in communibus pasturis communiter usamenta nostra habebimus, in propriis autem si ad opus feni quilibet nostrum aliquam partem retinere decreverit metas que ponentur nulli transgredi licebit. Porro circa abbatiam vel grangiam nostram, secundun diffinicionem abbatum de Lacu, de Alcrhest et Sancto Mauricio, termini quos /204/ bestiis nostris preterire minime licebit constituentur. De oratorio nichilominus decretum fuit quod conversas (os ?) ammodo nec rusticos vel quoslibet habitatores ibidem sed neque in toto territorio nostro demorari patiemur. Ceterum fratribus et familie vel religiosis supervenientibus, ut ibi divinum officium audiant, vel si necessitas exegerit, sepulturam habeant nullus eorum nobis contradicet. Ut autem ratum et inconvulsum predictum pactum habeatur, predictam paginam scribi eam que testium subsequentium nominibus muniri cirografum fieri factum inter nos dividi statuimus.

Signum Arducii episcopi Gebenensis, S. Rodulfi, abbatis de Sancto Mauricio, S. Moysi, abbatis de Bonomonte, S. Stephani, abbatis de Lacu.

Chirographe.

D’après l’original aux archives de la ville de Lausanne. Répertoire Poncet, Montheron. No 96.

 

V

1162 environ.

Le comte Amédée de Genevois et son fils Guillaume approuvent la donation faite par le seigneur Ulrich de Boulens au couvent de Montheron de sa terre de Boulens.

Notum sit omnibus, tam presentibus quam absentibus, quod ego Gebennensium comes Amedeus et Willermus filius meus pro redemedio (sic) animarum nostrarum et predecessorum nostrorum, patrum videlicet et matrum nostrarum, dedimus omnem terram tam in fedio quam in alodio domini Uldrici de Bouslens domino Uldrico monacho et domui Sancte de 1 Monteron. Prefato dono interfuerunt dominus Turembertus de Crusilia, Willermus celerarius, et dominus Aymo de Anassiaco, et quam plures quos enumerare pro super fluum duximus.

D’après l’original aux archives de la ville de Lausanne. Répertoire de Montheron, No 494.

 

VI

1163, 20 avril.

Confirmation par l’évêque Landri des biens de l’abbaye de Thela. /205/

Une confirmation faicte à l’abé de Thelaz par l’evesque Landricus de plusieurs donations et acquis en faveur de dicte abbaye, comme de la terre où est fondée dicte abaye, des grangeages de Montenun, des Saugealles, du Jorat, de Cugiez, de Chevrissiez, Mugnens, Jugnières, Filliroles, Laviron, Palliez, Sugnens, St-André, de l’église de Bottens, avec les dismes d’icelle, du Buron, Bussens, Villar Allieran, Bolens, du bois de Possens, de la terre de Coneston et de Montbeneste, des vignes du Desalley et de Pringin, en dacte la dite lettre du 20 avril 1163 en laquelle il y a apparence qu’elle fust scellée, cotée C no 3.

D’après un inventaire de Montheron du XVIIe siècle. — Original perdu.

 

VII

1176.

L’évêque Landri confirme la donation faite par le prieur Gaumar de Lutry à l’abbé de Thela de biens sis à Chevressy, Junières, Fillerolles, Mugnens, Floreyres.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Ego Landricus Dei gracia Lausannensis episcopus. Licet omnibus ad nostram diocesum pertinentibus ex officio cure pastoralis vigilantiam impendere debeamus, illis tamen studiosius invigilare debemus que inarcescibili flore mundi labentis calcato, felici naufragio ad placidum et optabile contemplationis portum enataverunt, quatenus pia vicissitudine aliquod inperfectioni nostre subsidium comparemus. Notum sic igitur tam posteris que presentibus quod donnus Gaumarus venerabilis prior Lustriaci, nec non et sacer ejusdem loci conventus dederit ecclesie sancte Dei genitricis Marie de Tela et fratribus ibidem Deo servientibus, quicquid sui juris erat, in decimis tocius territorium de Chebrusie, de Junieres, de Filleroles, a monte videlicet Selar usque ad territorium de Munens, et a rivulo qui dividit terram de Florier et predictam terram de Junieres usque ad rivum qui Margota (Mauguettaz) nuncupatur. Dederunt eciam prefate ecclesie totam terram quam infra predictos terminos possidebant pro XX solidis XV kalendas julii censualiter reddendis. Se etiam XX oves intuis ovilibus servaturos promiterunt. Ut autem hec inposterum rara permaneant presentem cartam sigilli nostri inpressione et testium subscriptione roborari volumus. Actum anno ab incarnatione Domini MCLXXVI, epacta VII, concurrente IIII, indictione /206/ VIIII. Testes Villermus de Blunay Sedunensis electus, Johannes, abbas Bonimontis, Mannus abbas de Alcrest. Petrus prior Sancti Marii, Petrus canonicus ejus, Otto decanus de Crissie, Villelmus canonicus de Orsones, Nantelmus decanus de Escublens, Petrus Bovo decanus, Vibertus canonicus de Visternens, Cono decanus de Arlimbac, Dalmacius et Amaldricus dapiferi, Petrus d’Escublens.

Chirographe. Le sceau épiscopal manque.

Archives cantonales vaudoises — Série G IV, Evêques, No 10 bis. — Autrefois aux archives communales de Lausanne. Répertoire de Montheron, No 1017.

 

VIII

1197.

L’évêque de Lausanne Roger accorde un conflit entre Hugues de Villette et l’abbaye de Thela au sujet de biens et d’hommes à Bretinières, et il notifie l’accord fait par Cécile, femme de W. Doucentor, avec la même maison.

Rogerius, Dei gratia Lausannensis episcopus, omnibus quorum interest scire rei geste noticiam in perpetuum. Iccirco que inter homines aguntur scripture mandare consuevit antiquitas ne per oblivionem in recidivium dubietatis que facta sunt possent revocari et contractus ex ipsa scriptura recipiat firmitatem. Pro inde noverint omnes tam presentes quam futuri, quod Ugo de Vileta, in presencia nostra et subter scriptorum quam testium, pacem fecit et refutacionem de querela habebat adversus domum de Tela super duobus conversis, Udrico et Bonencone, quos suos esse dicens calumpniabatur … predicti doni acceperat, unde plurima dampna domui sunt illata. Pro quibus dampnis VIII solidos census … nobis statuit in hominibus suis, Unberto, Amoudrico et Vuiberto, nepotibus suis, de villa de Briteneres, et heredibus eorum perpetuum … vigilia natalis Domini solvendos fidejussores de pace Jordanus, dominus de Belmont, et Gerodus dapiferi. Testes magister (Banderius), Geroldus Galacer presbyter, Albicellus camerarius, Unbertus de Biria maior, Vuido de Vuillens. Hoc censum rectoe et in pace ipsi domui tenere juramento corporaliter prestito firmavit. Anno dominice incarnacionis MCXCVII.

Noverint eciam tam presentes quam futuri quod Cecilia, uxor W. Doucentor, remisit calumpniam quam faciebat domui de Tela apud Chevrussie, et in elemosinam dedit in manu W. abbatis, /207/ Alteripe, qui fuit de Rupe. Hoc factum est laudantibus et consentientibus W. marito suo, Vuill. filio ejusdem, Itta et Amoudricus viro suo, cum W. filio eorumdem. Testes W. abbas, in cujus manu factum est, V. quondam abbas Alteripe tunc prior, Vincenz monacus de Tela. Hoc eciam laudavit apud Montanun. Nantelmus, filius ejusdem Cecilie, et de eos sunt, testes V. prior Alteripe, Vincencius monacus de Tela, Hugo de Pont, Petrus de Pont, Lambertus de Noiereia, W. minister, Henricus miles de Pelpa. Coram omnibus his W. frater Nantelmus recognovit hoc se fecisse. Et propter hoc habuerunt VIII libras. Promiseruntque se bona fide esse guerantes contra omnes. Actum est hoc anno Dominice incarnationis MCXCVII.

Plusieurs mots sont devenus illisibles par l’humidité.

D’après l’original aux archives cantonales vaudoises. — Série C IV, Evêques, No 16 bis.

 

IX

1236, décembre.

Le comte Rodolphe de Gruyère accorde un différend entre l’abbaye de Thela et Bernard de Besenzens au sujet d’une terre à Cuarny.

Rodulfus, comes de Gruieria, omnibus presentes litteras inspecturis rei geste noticiam. Notum facimus universis, quod cum controversia verteretur inter abbatem et conventum domus de Tela, Lausannensis diocesis, ex una parte, et Bernaldum filium Petri de Besenzens, ex altera, super quibusdam terris sive tenementis sitis in territorio de Quarnie, quas idem Bernaldus tenebat a supradicta domo de Tela, sedata est in hunc modum, quod dictus Bernaldus remisit omnem querelam sive jus quod in dictis terris sive tenementis habebat, vel habere se dicebat, dicte domui de Tela, et hoc in perpetuum fecit in manu Waldrici monachi, celerarii tunc temporis dicte domus de Tela, datis pro inde et solutis quadraginta solidis Lausanne dicto Bernaldo a prefato Waldrico celerario. Testes autem hujus rei sunt hii: Willelmus de Escublens dictus Parvus, Willelmus Fontana, Umbertus de Donnellue, Guido de Gruieria, Willelmus de Cronay, milites, Jacobus Bouzans, minister noster. Ut hoc autem imposterum ratum permaneat, nos ad preces dicti Bernaldi presente pagine sigillum nostrum in testimonium /208/ apposuimus. Actum in curia nostra de Gruieria, anno Domini MCCXXX, sexto mense decembris.

Le sceau manque.

D’après l’original aux archives cantonales vaudoises. — Série C VII, Montheron.

 

X

1340, 22 septembre.

L’abbé de Morimond, Renaud, fixe à quatorze le nombre maximum des moines et novices que le couvent de Thela pourra recevoir.

Universis presentes litteras inspecturis, frater Renaudus, abbas Morimundi, salutem in Domino, ponitis qui a sanctissimo patre nostro domino Papa nuper recepimus in mandatis, prout in litteris suis sub bulla una plumbea plenius est expressum, ut per totam nostram generationem de facultatibus monasteriorum et omnibus ipsorum inquireremus cum diligentia veritatem, nec non de numero personarum in illis ponendarum, quare ad premissa exequendum humiliter personaliter accessimus ad abbatiam de Tela, filiam Bellevallis filie nostre. Visis autem proventibus et bonis dicti monasterii ac ejus omnibus et gravaminibus ipsius malo atque pericoloso situ in quo jacet, et adversitatibus guerrarum quumque occurentibus numerum personarum in predicta abbatia de Tela ponendarum, auctoritate apostolica taxavimus in hunc modum. Decrevimus igitur quod in dicto monasterio de Tela recipiantur et maneant quatuor decim monachi, cum abbate, absque fratribus laicis seu conversis, omnibus personis dicte domus tam abbati quam ceteris sub pena depositionis et excommunicationis specialiter inhibentes ne ad preces cujuscumque ultra dictum numerum aliquem recipiant, nisi forte de nostro mandato speciali, per nostras patentes litteras, dum dicto monasterio fortuna prosperior arrideret. Datum sub sigillo nostro, anno Domini MCCCXLmo, in die beati Mauricii martiris.

Sceau pendant de l’abbé de Morimond, en grande partie effacé.

D’après l’original aux archives cantonales vaudoises. — Série C VII, Montheron. /209/

 

XI

1340, mai.

L’abbé de Thela règle l’usufruit dont jouira Johanot Charratonat, de Froideville, qui a légué ses biens au couvent.

Nous, abbes de Thela, de lordre de Cisteaux, de la dyocèse de Lausanne, et touz li covent de ce meame luef, façons savour à toutz present et avenir … houssiens quittez et remis à Johanot dit Charratonat de la Froidevile et as ses hers à tout jors, mais sens jamais rapaler par nos … toutes les donacions de toutz ses biens moubles et non moubles qu’il nous havoit fait et donez ou temps passez apres son deceps … iures de bons lausannois que nous n’avons heus et receuz dou dit Johannot en tous deniers nombrez, dusy comme il est contenuz en unes lettres … de nous, et ne soit contenuz es dictes lettres quelx heritaiges li dit Johanot et sex hers tenet de nous ne quel cense il nous doigent paier. Et nous havons apres trovez que en façant des covenantes dessus dites à dit Johanot nous houssiens ouctroie à luy et à ses hers que toutz leurs heritages, biens moubles et non moubles lours domeine demorer perpetuellement, por paiant à nous et à noz successours checune annee lo jors de feste sanct Andreu l’apostre sept sol un denier et mallie de Lausanne à la vie doudit Johanot, et apres son deceps ses hers sont tenuz et doivent paier à nous et noz successours nuef sol, cinc deniers, une mallie, et une livre de cire, et le dit Johanot ausy une livre de cire à sa vie de cense, ou terme dessus dit chescune annee, pour les terres que de part luy que de part sa feme cy apres devisees. Premierement lo prez de Jorat, par lequel cort le Mentue. Item l’oche où sa maison siet, entre la terre de Perrout lo Charratonat et de Jehanin. Item un prez en Falacon. Item lo quart d’un prez que part a Jehanin. Item doues pieces de terre, seant entre lo Praz Girot et la terre Fauconet, fils Walner, fils Jaquier Oubry. Item une pose de terre, seant entre la terre Perrot son frere et la terre à Magnot. Item un champ en la fin de la Vilette, entre la terre Johanot du chief lo Witou et lo chemin. Item doues poses, seant en Maumeldey, entre la terre Girar ou joran et la terre Michel. Item un champ, seant es Essert ou conver, sus la mollie es Bussains et lo chemin de Moudon. Item lo champ de la Combes, que affronte à son praz et d’autre part ou chemin de Moudon. Item une pose de terre, sur la mollie Jocier ou Boverat, affrontant à la vie Corselaine, lesquelles /210/ terres dessus dites sont assises ou territoire de la Froidevile. Et est assavoir que les dites terres sont es costumes de la dite vile, quant a diesmes, terrages et la main morte si elle y venoit. Lesquelles terres nous havons laissiez et ouctroviez à dit Johanot et à ses hers en la maniere que dessus est devisez. Et prometons en bone foy que nous ne viendrons à l’encontre en touz lo lemps avenir, mais les garderons fermament. Et nous freres Johan, abbes de Bellevaux, visitaire de nostre dite fille de Thele, que ces convenantes havons enquis diligemment et y havons estez present les dites choses, en la condition comme dessus est dicz, pour le consentement dudit abbey et covent à dit Johanot et à ses hers outroions et les luons ratifiions et confirmons. En temoignage de laquel chouse nous havons mis noz seaulx en ces presentes lettres, en signe de veritez, saul nostre droit et lo droit dautruy. Fait et donne l’an nostre Seignour corant mil trois cent et quarante ou mois de may.

Marques de trois sceaux disparus.

D’après l’original aux archives cantonales vaudoises. — Série C VII, Montheron. Parchemin mutilé.

 


SCEAUX

Sceaux de Montheron couvent de Montheron 1324, abbé Boson 1331, abbé de Morimond 1340, abbé Humbert de Lyaud 1373, Humbert de Lyaud 1376, Montheron 1376
Archives de la ville de Lausanne et Archives cantonales vaudoises

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Additions et corrections

[NB: les corrections mentionnées aux pages 210-212 ont été intégrées dans le texte principal ci-dessus. Elles ne figurent plus ici.]

 

Page 14. — Le plan indiqué comme disparu des Archives de la ville de Lausanne se trouve aujourd’hui aux Archives cantonales vaudoises, où il a été déposé à la suite d’un transfert de propriété. Ce plan est de 1671. Il est complété par un autre de 1706. Tous deux confirment ce que nous disons ici des propriétés du couvent de Montheron sur le versant méridional du Jorat. Un troisième plan de 1819 achève d’assurer l’identification de la Mollie d’Aveinaz avec la terre des Ewinnes d’une façon assez amusante. Le plan indique le terrain de Mollie d’Aveinaz et le répertoire qui s’y rapporte le qualifie ainsi: « Gollie es Himmes. » Il est aisé de retrouver dans ce dernier nom « es Himmes » une curieuse altération de « Ewinnes. » Ce mot est même plus rapproché de l’expression primitive que celui d’Aveinaz. Il est probable qu’un clerc, ne comprenant pas ce nom d’Ewinnes ou Awinnes, aura supposé, au XVIIIe siècle, que ce n’était qu’une altération du mot « Aveinaz,  » qui signifie « étranger. » Des cas analogues se rencontrent à Lausanne, où le nom de famille /211/ Chandeleir est devenu Champ de l’Air; celui de Lucinge, du Singe; celui de Montribaud, Monrepos; celui de Loue, Louve, etc. Notons encore que l’une des parcelles de la Condemine du Jorat, au nord-est de la Claie-aux-Moines, s’appelait « à la Conversion,  » qui rappelle le souvenir des moines convers. [retour]

Page 18. — On trouve dans un terrier de Bavois aux Archives cantonales vaudoises (Fk. 43 fo 11) qu’en 1556 les d’Asperlin avaient un moulin sur l’eau appelée Talan. [retour]

Page 54. — Cinquième ligne. Il faudrait plutôt lire rue Haldimand que rue Mauborget. Voir ce que nous en disons page 167. [retour]

Page 93. — Bonivard, dans ses Chroniques, parle en ces termes de la prise de possession du prieuré de Saint-Victor par Jean de Lacconay et de la mort de cet abbé, à la suite d’un chapitre relatif à une expédition du duc de Savoie contre Genève en 1519 (t. II, p. 175 de l’édition G. Revilliod de 1867): « Combien que la maieure part de la ville [de Genève] eust consentu a lentree du Duc, chascun nen estoit pas content, mesmement ceulx qui sestoient mieulx mesles des affaires qui cognoissoient sa loyaulte, desquelz iestoye pour lung. Toutesfois il failloit endurer et attendre fortune. De moy ie voulus estre ung peu plus saige que les aultres et plus fin, et cerchay moyen pour me sauver. Pourquoy faire madrecay a ung gentilhomme du pais de Wauld nomme Messire François Champion, lors seigneur de Waulruz et depuis la este /212/ de la Bastie, dicte de nom de ses ancestres la Bastie-Champion, avec lequel iavoye grande familiarite; a ce que luy avec ung abbe de Montheron, party dune maison a moy subiecte, qui se nommoient de Lacconay a cause du villaige don ilz estoient, mais leur propre nom estoit Brisset; qui me promirent le faire et me conduire en habit dissimule de moyne iusques a Montheron, et des la a Eschallens apartenant aux deux villes Berne et Fribourg.  » Mais quant fus a Montheron, au lieu de me faire accompaigner a Eschallens, que nestoit loing dillec, ilz me donnerent garde pour me garder dy aller et me firent renoncer, par menasses de me faire mourir, mon benefice a labbe, qui en donna deux cens florins de pension a Vaulruz, puis me firent garder tant illec comme en divers aultres lieux iusques que lappoinctement fut faict: et lors ilz me remirent au Duc, qui me garda prisonnier deux ans a Grollee, et mit labbe en possession de mon benefice. Mais il nen iouyst onques, ains mourut devant demy an apres a Romme, aussi meschantement comme il avoit vescu, et son compaignon Vaulruz na pas encor heu ce bon heur de mourir tenant son bien et celluy de aultruy, mais en son vivant sest gouverne en telle sorte que a cause de ses debtes tout son bien luy a este leve, en maniere quil sen est encores fuy de peur quon ne apprehendast sa personne et luy fit on rendre compte des beaulx actes quil a faict sa vie durant. Dequoy ne veulx icy faire plus long proces, tant pour non estre prolixe que suspect, comme celluy qui tesmoingne en sa propre cause, et si le me fault mettre en avant a cause que pour mon dict affaire, fauldra icy nécessairement inserer des choses que sont survenues. » [retour]

Page 173. — Le pasteur de Morrens est toujours en même temps pasteur de Montheron. [retour]

 


 

/213/

 

Liste des dignitaires de l’Abbaye de Montheron.

 

Abbés.
   
Guillaume1129 
Jean11421177
Ulrich11821184
Aymon1201av.1204
Humbert1212 
Ulrich II1214 
Jean II1217 
Giraud12211224
Jean III12271230
Humbert II12331235
Guillaume II1245 
Pierre1247 
Etiennev. 1259 
Humbert III12621268
Guillaume III de Lausanne av. 1275
Pierre Gaillard12751299
Othon13001313
Pierre II1317 
Jean IV13241331
Boson13321336
Guillaume IV de Cheseaux13371350
Guillaume V de Rueyre1352 
Jaques1355 
Girard de la Sarra13571360
Jean V d’Estavayer13621366
Humbert IV du Lyaud13661382
Rodolphe de Blonay13831387
Nicolas d’Estavayer13871400
Pierre III Barbey d’Yverdon14021427
Pierre IV de Chenaul14281435
Pierre V Williez d’Yverdon14371438
Etienne II Rolet de Corcelles14431454
Jean VI Besson de Cheseaux.14541486
Thomas Matthey de Saulens14861506
François de Colombier15061508
Jean VII Brisset de Lacconay15081520
Aymeri de Médicis1520 
Jean Salviati, cardinal15201536
/214/  
   
Prieurs
   
Guillaume1184 
Guillaume12171227
Guillaume1247 
Jaques1316 
Pierre1336 
Pierre Actillet13821393
Pierre Barbey1399 
Pierre de Chenaul14021426
Jean Bergier1426 
Pierre Blanc14501456
Guillaume Pittet14691482
Jean de Mattefellon1488 
Louis Vulliez14951505
Claude Ponteys15191528
Jaques Copin15281536

 


 

/215/

Sources indiquées dans ce volume.

 

MANUSCRITS

  • Archives de la ville de Lausanne.

  • A 20. — Vieil inventaire de Montheron du XVIIIe siècle.

  • Répertoire de Montheron, par M. de Thurey, 1750.

  • Répertoire du Corps de ville, par M. de Thurey, 1750.

  • Répertoire Poncer, 1860 (avec un supplément par F. de Gingins).

  • Inventaire de titres non classés, dressé par M. Millioud, 1908.

  • D 310. — Comptes du cellérier de Montheron en 1482.

  • Plans divers de Lausanne et Montheron.

  • Grosses de reconnaissances pour Montheron.

  • Archives de l’Etat de Vaud.

  • Inventaire général, série IV, Evêques.

  • Inventaire général, série VII, Montheron.

  • Inventaire blanc, Layettes Lausanne et Oron.

  • Ab 1. — Protocoles ducaux, des archives de Turin.

  • Ac 5. — Visites d’églises de 1416.

  • Ad 21. — Amortérisation pour l’abbaye de Tela des donations d’Humbert et d’Antoine de Goumoëns.

  • Ag 8. — Comptes de la châtellenie de Moudon.

  • Archives de la famille de Loys.

  • Plans et terriers divers.

  • Archives de l’Etat de Fribourg.

  • Inventaire des titres de l’abbaye de Hauterive.

  • Bibliothèque cantonale de Fribourg.

  • Collection Girard.

  • Archives communales de Moudon.

  • Inventaire Millioud.

  • Archives communales de Froideville.

  • Minutaires des notaires Collondel et Viveys.

  • Dumur, Benjamin.

  • Notes diverses.

 

IMPRIMÉS

 

  • Annales du Lac de Joux, t. I des « Mémoires et documents de la société d’histoire de la Suisse Romande » (M. D. R.).

  • d’Arbois de Jubainville, Etudes sur l’état intérieur des abbayes cisterciennes, Paris, 1858.

  • Bernoulli, J., Acta pontificum helvetica, Bâle, 1891. /216/

  • Blanchard, C., Histoire de l’abbaye de Hautecombe, Chambéry, 1875.

  • Blanchet, Rod., Lausanne dès les temps anciens, Lausanne, 1863.

  • Bonnard, J., Thièle et Talent, dans la Revue historique vaudoise, 1894.

  • Bonard, Arnold, et Maxime Reymond, Au Dézaley, Lausanne, 1913.

  • Bridel, doyen. Conservateur suisse, t. VIII, Lausanne.

  • Cartulaire de l’abbaye de Hautcrêt, dans le t. XII des M. D. R., Lausanne, 1854.

  • Cartulaire de Notre-Dame de Lausanne, dans le t. VI des M. D. R., Lausanne, 1851.

  • Cartulaire de l’abbaye de Montheron, dans le t. XII des M. D. R., Lausanne, 1854.

  • Cartulaire de la chartreuse d’Oujon, dans le t. XII des M. D. R., Lausanne, 1854.

  • Cartulaire du couvent de Romainmôtier, dans le t. III des M. D. R., Lausanne, 1841.

  • Cartulaire de l’abbaye de Molesmes, 2 vol., Paris, 1910-1912.

  • de Charrière, Louis, Les dynastes de Cossonay, Lausanne, 1865.

  •     —    Les origines de la maison de Gumoëns, dans le t. XXXIV des M. D. R., Lausanne, 1879.

  • Chartes sédunoises, dans le t. XVIII des M. D. R., 1863.

  • Chavannes, E., Manuaux du Conseil de Lausanne, dans les t. XXXV et XXXVI des M. D. R., Lausanne, 1881-1882.

  • Crottet, Histoire d’Yverdon, Yverdon, 1859.

  • Dumur, Benj., Dézaley, dans le Dictionnaire historique et géographique du canton de Vaud, t. Ier, Lausanne.

  • Dupraz, E., abbé, Les relations des seigneurs de Colombier avec l’abbaye de Montheron, dans la Revue historique vaudoise, 1909.

  • Favey, G., supplément au Dictionnaire historique du canton de Vaud, article Grâce-Dieu, Lausanne, 1886.

  • de Foras, A., Armorial de Savoie, t. I-IV, Grenoble, 1870-1912.

  • de Gingins, F., Préface du Cartulaire de Montheron, Lausanne, 1854.

  • Grangier, Annales d’Estavayer, Estavayer, 1905.

  • Gremaud, J., Homélies de saint Amédée, Fribourg, 1866.

  • Hidber, Diplomata helvetica varia, Berne, 1873.

  • Jaccard, H., Essai de toponymie, dans le t. VII, 2e série, des M. D. R., Lausanne, 1906.

  • Jenauschek, P., Origines cisterciennes, Paris, 1900.

  • Liber donationum de Altaripa, publié par l’abbé J. Gremaud, Fribourg, 1899.

  • Mabillon, Opera, Paris, 1719.

  • Manrique, Annales cisterciennes, Lyon, 1642. /217/

  • Martène et Durand, Thésaurus novus anecdotorum, t. IV, Paris, 1717.

  • Matile, Monuments de l’histoire de Neuchâtel, 2 vol., Neuchâtel, 1844-1848.

  • Martignier et de Crousaz, Dictionnaire historique du canton de Vaud, Lausanne, 1867.

  • Mémorial de Fribourg, 4 vol., Fribourg, 1854-1857.

  • Mémoires et documents, publiés par la Société d’histoire de la Suisse romande, 50 vol., Lausanne, 1837-1918.

  • Monumenta historiae patriae; chartarum t. I et II, Turin, 1836-1853.

  • Mottaz, Eug., Dictionnaire historique et géographique du canton de Vaud, Lausanne, en cours de publication.

  • de Mülinen, F., Helvetia sacra, 2 vol., Berne, 1858.

  • Pasche, Ch., La contrée d’Oron, Lausanne.

  • Pirenne, Henri, Histoire de la Belgique, t. Ier, Bruxelles.

  • Registres du pape Innocent IV, publiés par Elie Berger, 3 vol., Paris, 1884-1889.

  • Registres du pape Nicolas IV, publiés par E. Langlois, 2 vol., Paris.

  • Reymond, Maxime, Un conflit ecclésiastique à Lausanne, dans la Revue d’histoire ecclésiastique suisse, Stanz, 1907.

  •     —    Au Dézaley, Lausanne, 1912.

  •     —    Les Dignitaires de l’Eglise de Lausanne, t. VIII des M. D. R., Lausanne, 1912.

  •     —    Deux figures des Mémoires de Pierrefleur, dans la Revue historique vaudoise, Lausanne, 1911-12.

  •     —    Un gentilhomme vaudois au XVe siècle, dans la Revue historique vaudoise, Lausanne, 1911.

  •     —    Lausanne et la guerre de Bourgogne, dans la Revue historique vaudoise, Lausanne, 1915.

  •     —    Montheron, dans le Dictionnaire historique et géographique du canton de Vaud, t. II.

  • Revue historique vaudoise, 25 vol., Lausanne, 1893-1918.

  • Thomassin, De l’ancienne et nouvelle discipline de l’Eglise, Paris, 1860-1870.

  • Vacandard, Vie de saint Bernard, 2 vol., Paris, 1895.

  • Wirz, Gaspard, Quellen zur Schweizergeschichte, t. XXI, Berne, 1902.

  •     —    Regesten zur Schweizergeschichte, 5 vol., Berne, 1911-1917.


NOTES :

Note 1, page 1 : Louve est une corruption du mot Loue qui signifie cours d’eau. Sur la Loue, ou « flon de Bellevaux » était un couvent de religieuses cisterciennes supprimé en 1536 et dont nous reparlerons. [retour]

Note 1, page 2 : D’Arbois de Jubainville, Etudes sur l’état intérieur des abbayes cisterciennes, Paris, 1858. — Vacandard, Vie de Saint Bernard, t. I, Paris, 1895. [retour]

Note 1, page 5 : Lettre de saint Bernard, n° 241, de 1145 env. Cf. Vacandard, t. II, p. 218. [retour]

Note 2, page 5 : Matile, Monuments de l'histoire de Neuchâtel, t. I, n° 16. Pour la date, cf. Janauschek, Origines cistercienses, p. 12. [retour]

Note 1, page 6 : Gremaud, Homélies de saint Amédée, p. 8. [retour]

Note 2, page 6 : Lettre 26 de l’édition de Mabillon. Elle n’est pas datée, et rien ne justifie son attribution à Gui de Merlen plutôt qu’à saint Amédée. [retour]

Note 3, page 6 : Vita Bernardi, lib. I, cap. II, n° 4. [retour]

Note 1, page 7 : Pour les dates et les itinéraires, nous avons suivi Vacandard, Saint Bernard, t. I et II, et spécialement la table du t. II, p. 559-560. [retour]

Note 2, page 7 : Relevons qu’à cette époque Humbert, sire de Salins, testa à Lausanne, après avoir pris la croix (Cart. de Romainmôtier, p. 469). [retour]

Note 3, page 7 : Cartulaire de Hautcrêt, t. XII des M. D. R., p. 1. [retour]

Note 1, page 8 : Cartulaire de Montheron (plus exactement recueil de chartes) publié par Fréd. de Gingins dans les Mémoires et Documents de la Société d’histoire de la Suisse romande, t. XII, Lausanne, 1854. Nous reproduisons plus loin le texte même de ce document. Preuves n° 1. Pour la date du document, cf. Burnet, Revue historique vaudoise, 1905, p. 210. [retour]

Note 2, page 8 : Reymond, les Dignitaires de l’Eglise Notre-Dame de Lausanne, p. 328, [retour]

Note 3, page 8 : Janauschek, Origines cistercienses, p. 9. [retour]

Note 4, page 8 : Elle a dû être précédée d’une bulle du pape Innocent II, mort en 1143, et à laquelle il est fait allusion en 1184 (Cart. de Montheron, p. 27).
Une charte relative au prieuré de Payerne (A. C. V. Série C. VIII, Payerne) par laquelle Jean, chevalier de Payerne, donne à ce couvent les dîmes d’«Entrelais, de Drochais et de Perreje », indique comme témoins St. abbé de Baume, G. abbé de Thela, etc. Hidber, Diplomata helvetica varia, n° 33, l’a publiée avec la date 1134-1142, faisant de cet abbé G. le Guillaume fondateur du couvent. Cet acte doit en réalité se rapporter au temps de l’abbé Giraud (1221-25), comme l’établit l’identification de l’ensemble des signatures. [retour]

Note 1, page 9 : Manrique, Annales cistercienses, Lyon, 1642, cap. IX, N° 1. [retour]

Note 2, page 9 : Arch. communales de Froideville, Minutaire Collondel, t. II, p. 1 et 102. [retour]

Note 3, page 9 : P. Janauschek, Origines cistercienses, p. 57. [retour]

Note 4, page 9 : Ibid., p. 34; cf. Vacandard, Saint-Bernard, t. I, p. 354-358. [retour]

Note 1, page 10 : p. XVI-XVII. [retour]

Note 2, page 10 : Ce manuscrit, d’origine bohémienne, est conservé à la bibliothèque du prince de Monaco. [retour]

Note 3, page 10 : Les monastères cisterciens sont souvent consacrés à l’occasion de cette fête. [retour]

Note 1, page 11 : Cartulaire de Hautcrêt, p. 1. [retour]

Note 2, page 11 : Id., p. 4. [retour]

Note 3, page 11 : Janauschek, Origines cistercienses, p. 71. [retour]

Note 4, page 11 : Cart. de Hautcrêt, p. 5. [retour]

Note 5, page 11 : Janauschek, Origines cistercienses, p. 34. Rappelons ici que Bonmont date du 7 juillet 1131, Hautecombe du 14 juin 1135, Saint-Jean d’Aulph du 28 juin 1136, et Hauterive du 25 février 1138. En l’espace de sept ans, six monastères cisterciens ont donc été fondés autour du Léman. [retour]

Note 6, page 11 : Cartulaire de Montheron, p. 10. [retour]

Note 1, page 12 : Original dans la collection de M. le professeur de Mulinen, à Berne. Preuves, n° 1. [retour]

Note 2, page 12 : Cart. de Montheron, p. 10. [retour]

Note 3, page 12 : Répertoire des titres de Montheron, nos 411 et 412, dressé en 1750 par M. de Thurey, aux archives de la ville de Lausanne (A. V. L.). Nous le citerons par les mots : Rép. Montheron. [retour]

Note 4, page 12 : M. de Thurey a lu à tort Montraulin pour Mummulin. [retour]

Note 1, page 13 : Rép. Montheron, n° 205. [retour]

Note 2, page 13 : A. C. V., Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 3, page 13 : M. D. R., t. VII, p. 79. [retour]

Note 1, page 14 : Rép. Montheron, n° 409. [retour]

Note 2, page 14 : Rép. Montheron, n° 409. [retour]

Note 3, page 14 : Cart. de Montheron, n° 71. [retour]

Note 4, page 14 : Rép. Montheron, n° 410. [retour]

Note 5, page 14 : Rép. Montheron, n° 1050. [retour]

Note 6, page 14 : Rép. Montheron, n°333. [retour]

Note 7, page 14 : Rép. Montheron, n° 399. [retour]

Note 1, page 15 : Rép. Montheron, nos 430-432. [retour]

Note 2, page 15 : A. V. L., Corps de ville, C. 426. [retour]

Note 3, page 15 : Monumenta Historiae Patriae, chart., t. I, p. 500. [retour]

Note 4, page 15 : Jaccard, Essai de toponymie, M. D. R., 2e s., t. VII, p. 159. [retour]

Note 1, page 16 : Rép. Montheron, n° 205. [retour]

Note 2, page 16 : Martignier, Dict. histor. du canton de Vaud, supp. Favey, article Grâce-Dieu. [retour]

Note 1, page 17 : D’Arbois de Jubainville, Les Abbayes cisterciennes, p. 304. [retour]

Note 2, page 17 : Cart. de Montheron, p. 10, 36 et 50, et charte disparue de l’évêque Landri du 22 avril 1163 (Invent. de Montheron du XVIIe siècle, C. 3. Nous en reproduisons l’analyse, Preuves 5). [retour]

Note 3, page 17 : A. V. L. Inv. Millioud (acte de juillet 1276, vidimus du 31 juillet 1315, qui contient des concessions de terres faites par le couvent au territoire de la Grange de Condemine, ainsi qu’en Pierra Ousuery, entre le chemin et l’eau de Condemine). Rép. Montheron, nos 417 et 87. [retour]

Note 4, page 17 : Cart. de Lausanne, p. 12. [retour]

Note 1, page 18 : Cart. de Montheron, p. 10. [retour]

Note 2, page 18 : Disons ici une fois pour toutes que, pour nous conformer à l’usage actuel, nous appellerons Talent la rivière que les documents latins nomment Thela. Le passage de cette dernière expression à la première est aisé à établir. Un document français de 1340 (A.C. V. Série C VIII Montheron) parle de l’abbé de Thele. En 1465, une prononciation arbitrale (Rép. Montheron, n° 230) dit Tellin. L’orthographe Talent (prononciation patoise Talin) apparaît à la fin du XVIIe siècle ; on a Tallan en 1667 (Corps de ville, EE 66). Cf. Jaccard, Essai de toponymie, p. 450, et Bonnard, Revue historique vaudoise, 1894, p. 92. [retour]

Note 3, page 18 : Cart. de Montheron, p. 13. [retour]

Note 4, page 18 : Des documents parlent du « chemin ferré » de Froideville, ce qui signifie chemin pavé, et sous-entend généralement une voie romaine. Il y avait une habitation romaine un peu plus loin, à Poliez-Pittet. [retour]

Note 1, page 19 : Gui Barata de Goumoëns, probablement le neveu de Liétaud de Goumoëns qui paraît à Orbe vers 1090. Il figure lui-même pour la première fois sous le nom de Barata dans une donation d’Humbert de Baiz au prieuré de Saint-Sulpice vers 1110 (Cart. de Molesmes, II, n° 142). Il vivait encore en 1147 suivant les actes de Montheron, tenait de l’évêque de Lausanne la foresterie des bois du Jorat, et fut très probablement l’ancêtre de Guillaume-le-Roux, auteur de la branche des Goumoëns-le-Jux (cf. de Charrière, Origines de la maison de Goumoëns, t. XXXIV des M.D. R., p. 125, excellent travail qui pourrait être complété). [retour]

Note 2, page 19 : Le document de 1142 peut être lu Uisana ou Jusana. Dans un des actes de 1307, on lit Vuusana, dans le second Seysana. Cette voie passait par le lieu dit Crevavers. [retour]

Note 3, page 19 : Rép. Montheron, Nos 252 et 253. [retour]

Note 4, page 19 : Montheron est certainement la déformation de Montenon. Le Cartulaire de Lausanne, p. 221, a déjà Monterons vers 1230. Les actes écrivent Monteron à partir du XVe siècle, Montheron dès le XVIe. C’est à tort que l’on cite un acte de 1162 (environ) qui dirait Monte rotundo ; la lecture de ce document est difficile, mais le mot est autre [Preuves, N° 4). Quant à l’explication donnée par de Gingins que le nom de Montheron viendrait de la « roche au Muguet, » elle ne repose sur rien. [Note corrective de la p. 211 : On disait au XVIIIe siècle : « Roche au Muguet. » L’expression « Roche au Murguet » se trouve dans des plans plus récents.] [retour]

Note 1, page 20 : Rép. Montheron, N° 87. [retour]

Note 2, page 20 : Riau au Mugnier en 1515. [retour]

Note 3, page 20 : Rép. Montheron, n° 247. [retour]

Note 1, page 21 : Rép. Montheron, n° 247. [retour]

Note 2, page 21 : Cart. de Montheron, p. 13-16.[retour]

Note 2bis, page 21 : Cart. de Montheron, p. 13-16. [retour]

Note 3, page 21 : Rép. Montheron, n° 108 et Cart. de Montheron, p. 51. [retour]

Note 4, page 21 : Cart. de Montheron, p. 11. [retour]

Note 5, page 21 : Rép. Montheron, nos 213, 215, 1029. Par ce dernier acte de 1373, Jaquet de la Sarra, fils de Rolet d’Eclépens, vend sa part de Plannavy. [retour]

Note 6, page 21 : Ce nom apparaît dans les comptes de la ville pour Montheron, en 1542. [retour]

Note 7, page 21 : Cart. de Montheron, p. 16. [retour]

Note 1, page 22 : Rép. Montheron, n° 41. [retour]

Note 2, page 22 : Cart. de Montheron, p. 26 ; Inventaire de Montheron du XVIIe siècle, C. 3. [retour]

Note 3, page 22 : Id., p. 7. [retour]

Note 4, page 22 : Rép. Montheron, nos 252, 253. [retour]

Note 5, page 22 : Cart. de Montheron, p. 39. [retour]

Note 6, page 22 : Rép. Montheron, n° 43, et Poncer, Montheron, p. 3 et 4. Victor Poncer est l’auteur d’inventaires rédigés en 1860-1865 de titres des archives de la ville de Lausanne non classés jusqu’à présent. [retour]

Note 7, page 22 : Rép. Montheron, n° 87. [retour]

Note 8, page 22 : Id., n° 59. [retour]

Note 1, page 23 : Cart. de Montheron, p. 13. [retour]

Note 2, page 23 : Rép. Montheron, n° 482. Hidber, Diplomata helvetica varia, p. 48. [retour]

Note 3, page 23 : Cart. de Lausanne, p. 401. [retour]

Note 4, page 23 : A. C. V. Registres Ac 27. [retour]

Note 4bis, page 23 : A. C. V. Registres Ac 27. [retour]

Note 5, page 23 : Rép. Montheron, n° 205. [retour]

Note 6, page 23 : Cart. de Montheron, p. 71. [retour]

Note 1, page 24 : Rép. Montheron, n° 205. [retour]

Note 1, page 27 : Cartulaire de Montheron, p. 3, 11, 13. [retour]

Note 2, page 27 : Ibid., p. 5. [retour]

Note 3, page 27 : Ibid., p. 50. [retour]

Note 4, page 27 : Ibid., p. 60. [retour]

Note 5, page 27 : Ibid., p. 15, 11, 36, 7. [retour]

Note 5bis, page 27 : Ibid., p. 15, 11, 36, 7. [retour]

Note 6, page 27 : Inv. Montheron, C 512. Cf. plus loin, Preuves, nos 2 et 3. [retour]

Note 1, page 28 : Cart. de Montheron, p. 15, 11, 36, 7. [retour]

Note 1bis, page 28 : Cart. de Montheron, p. 15, 11, 36, 7. [retour]

Note 2, page 28 : Rép. Montheron, n° 562. [retour]

Note 3, page 28 : Cart. de Montheron, p. 17. [retour]

Note 4, page 28 : Preuves, n° 6. [retour]

Note 5, page 28 : Cart. de Montheron, p. 18. [retour]

Note 1, page 29 : Cart. de Montheron, p. 36, 51. Visites d'églises, 1416 et 1453. [retour]

Note 2, page 29 : Preuves, n° 5. [retour]

Note 3, page 29 : Preuves, n° 6. [retour]

Note 4, page 29 : Cart. de Montheron, p. 23-31, pour toutes les donations qui suivent. [retour]

Note 1, page 30 : Aujourd’hui Munnens, Junières, Fignerolles, Laviron, lieux-dits entre Yverdon, Pomy et Villars-Epeney. [retour]

Note 2, page 30 : Rép. Montheron, n° 60. [retour]

Note 3, page 30 : Preuves, nos 2 et 3. [retour]

Note 1, page 31 : Cart. de Montheron, p. 32. [retour]

Note 2, page 31 : Rép. Montheron, n° 21. [retour]

Note 3, page 31 : Ibid., n° 28. [retour]

Note 1, page 32 : Cart. de Montheron, p. 18. [retour]

Note 2, page 32 : Cart. de Montheron, p. 32. [retour]

Note 3, page 32 : Preuves, n° 6. [retour]

Note 4, page 32 : Cart. de Montheron, p. 8. [retour]

Note 5, page 32 : Rép. Montheron, n° 142. [retour]

Note 6, page 32 : Cart. de Montheron, p. 58. [retour]

Note 1, page 33 : Rép. Montheron, nos 849-832. [retour]

Note 2, page 33 : Ibid., n° 117. [retour]

Note 3, page 33 : Ibid., n° 999. [retour]

Note 4, page 33 : Preuves, n° 6. [retour]

Note 5, page 33 : Cart. de Montheron, p. 50 et 35. [retour]

Note 6, page 33 : Ibid., n° 18. [retour]

Note 7, page 33 : Ibid., p. 6, 7, 8, etc., et plus loin Preuves. Pour ces noms, voir au chapitre des possessions. [retour]

Note 1, page 34 : Cart. de Montheron, p. 4. [retour]

Note 2, page 34 : Ibid., p. 27. [retour]

Note 1, page 35 : Il semble que le couvent était encore en 1142 au Jorat et que ce n’est qu’entre 1142 et 1147 qu’il fut transféré à Montheron. La cérémonie de 1135 aurait donc eu lieu au Jorat. Cf. sur ce Guillaume ce que nous disons p. 8. [retour]

Note 2, page 35 : Rappel dans une bulle de Lucius III en 1184 (Cart. de Montheron, p. 45). [retour]

Note 3, page 35 : Thomassin, Discipline de l’Eglise, t. III, p. 252. [retour]

Note 1, page 36 : Preuves, n° 5. [retour]

Note 2, page 36 : M. D. R., t. XXII, n° 1513. Peut-être le même que le convers qui apparaît la même année au Livre des donations de Hauterive, p. 3. [retour]

Note 3, page 36 : Cart. de Montheron, p. 17. [retour]

Note 4, page 36 : Ibid., p. 14. [retour]

Note 5, page 36 : Cart. de Hautcrêt, p. 188. [retour]

Note 6, page 36 : Cart. de Hautcrêt, p. 32. Convers vers 1160 (ibid. p. 178), moine en 1177 et 1184. (Cart. de Montheron, p. 34, 7, 41, 42, 45.) [retour]

Note 7, page 36 : Livre des donations d'Hauterive, p. 106. [retour]

Note 8, page 36 : Rappelée par Lucius III en 1184. [retour]

Note 9, page 36 : Cart. de Montheron, p. 10. [retour]

Note 10, page 36 : Ibid., p. 12-23, et Preuves, nos 2 et 3. [retour]

Note 1, page 37 : A. V. L. 1. Poncer, Montheron, n° 96. Preuves, n° 4. [retour]

Note 2, page 37 : Matile, Monuments de l'histoire de Neuchâtel, t. I, n° 16. [retour]

Note 3, page 37 : M. D. R., t. I, p. 182. [retour]

Note 4, page 37 : Rép. Montheron, n° 482. Hidber, Diplomata helvetica varia, p. 48. [retour]

Note 5, page 37 : A. V. L., A. 20. Inventaire de Montheron du XVIIe siècle, 63. Preuves, n° 6. [retour]

Note 1, page 38 : Cart. de Montheron, p. 35. [retour]

Note 2, page 38 : M. D. G., t. II, partie 2, p. 38. [retour]

Note 3, page 38 : Cart. de Montheron, p. 41, 42. Le Rép. Montheron, n° 18, a un autre acte de 1184, publié par Hidber, Diplomata helvetica varia, p. 75, où Jean figure comme abbé en titre, mais c’est l’enregistrement d’une donation antérieure. [retour]

Note 4, page 38 : Cart. de Montheron, p. 39. Autres confirmations de la même année (ibid., p. 7, 41, 43). [retour]

Note 5, page 38 : Cart. de Montheron, p. 45, 50. [retour]

Note 1, page 39 : Cart. de Montheron, p. 7, 9, 41, 42, 45, Rép. Montheron, n° 18. [retour]

Note 2, page 39 : Rép. Montheron, nos 19, 20. Hibder, Diplomata helvetica varia, p. 82 [retour]

Note 3, page 39 : Rép. Montheron, n°21. Hidber, Diplomata, p. 85. [retour]

Note 4, page 39 : Cart. de Montheron, p. 51. [retour]

Note 5, page 39 : Reymond, Un conflit ecclésiastique à Lausanne, dans la Revue d'histoire ecclésiastique suisse de 1907, p. 106, [retour]

Note 6, page 39 : A. C. V., Série C VIII, Montheron. Preuves, n° 8. [retour]

Note 1, page 41 : Cart. de Montheron, p. 53. [retour]

Note 2, page 41 : A. C. Fribourg. Inv. Hauterive. Cures V, n° 3. [retour]

Note 3, page 41 : M. D. G., t. XIV, p. 19. [retour]

Note 4, page 41 : M. D. R., t. XII, Cart. d’Oujon, p. 6. [retour]

Note 1, page 42 : Cart. de Montheron, p. 73. [retour]

Note 2, page 42 : Ibid., p. 51. [retour]

Note 3, page 42 : Ibid., p. 58. [retour]

Note 4, page 42 : Marlène et Durand, Thesaurus novus anecdotarum, t. IV, col. 1286 et 1305. [retour]

Note 4bis, page 42 : Marlène et Durand, Thesaurus novus anecdotarum, t. IV, col. 1286 et 1305. [retour]

Note 5, page 42 : Ibid., col. 1380. [retour]

Note 1, page 43 : Cartulaire de Lausanne, p. 145. [retour]

Note 2, page 43 : Ibid., p. 401. [retour]

Note 1, page 44 : Cart. de Montheron, p. 57. [retour]

Note 2, page 44 : Rép. Montheron, n° 640. [retour]

Note 3, page 44 : Cart. de Montheron, p. 58. [retour]

Note 4, page 44 : Cart. de Lausanne, p. 153 et A. C. V. Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 5, page 44 : Cart. de Lausanne, p. 153 et A. C. V. Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 1, page 45 : Rép. Montheron, n° 28. En cette même année, il assiste l’évêque de Lausanne dans une confirmation de biens à l’abbaye de Hauterive (A. C. F. Inv. Hauterive, Faverges, M. 2). [retour]

Note 2, page 45 : Rappelé en 1440 dans une bulle de Félix V (Rép. Montheron, n° 157). [retour]

Note 3, page 45 : Bernoulli, Acta pontificum helvetica, n° 114, p. 84. [retour]

Note 4, page 45 : M. D. R. t. XII. Cart. d’Oujon, p. 68. [retour]

Note 5, page 45 : Cart. de Montheron, p. 59. [retour]

Note 1, page 46 : M. D. R., t. I. Annales de l’Abbaye du Lac de Joux, p. 153. Cet hospitalier Pierre est probablement le dignitaire de l’abbaye chargé de recevoir les passants. Ce pourrait être aussi le recteur de l’hôpital de Thela (St-Thibaut) près de Chavornay. [retour]

Note 2, page 46 : Cart. de Montheron, p. 60. A. C. F. Inv. Hauterive. Cugy V, 4. [retour]

Note 3, page 46 : Rép. Montheron, n° 673; présent, le moine Conon. [retour]

Note 1, page 47 : A. C. V. Layettes, Oron, n° 144. [retour]

Note 2, page 47 : Cart. de Montheron, p. 61. [retour]

Note 3, page 47 : A. C. V. Série C. VIII, Montheron. [retour]

Note 4, page 47 : Registres du pape Innocent IV, t. II, n° 3045. [retour]

Note 5, page 47 : Inventaire de Montheron du XVIIe siècle, C. 984. [retour]

Note 1, page 48 : Cart. de Montheron, p. 63. [retour]

Note 2, page 48 : Rép. Montheron, n° 917. [retour]

Note 3, page 48 : Cart. de Montheron, p. 64. Une partie de ce sel fut revendue en 1321 à l’abbaye du Mont Saint-Marie. (Ibid.) [retour]

Note 4, page 48 : Rép. Montheron, n° 674. [retour]

Note 5, page 48 : Ibid., n° 617. [retour]

Note 6, page 48 : Ibid., n° 949. [retour]

Note 7, page 48 : Ibid., n° 34. [retour]

Note 1, page 49 : Rép. Montheron, n° 34, 35. [retour]

Note 2, page 49 : Ibid., n° 674. [retour]

Note 3, page 49 : Ibid., n° 675. [retour]

Note 1, page 50 : Rép. Montheron, n° 618. [retour]

Note 2, page 50 : Cart. de Montheron, p. 66. [retour]

Note 3, page 50 : Rép. Montheron, n° 33. [retour]

Note 4, page 50 : Ibid., n° 333. [retour]

Note 1, page 51 : Rép. Montheron, n° 362. [retour]

Note 2, page 51 : Cart. de Hautcrêt, p. 101. A. C. F. Inv. Hauterive, Faverges M. 28. [retour]

Note 3, page 51 : A. C. F. Inv. Hauterive. Lavaux 14, 15. [retour]

Note 4, page 51 : Rép. Montheron, n° 643. [retour]

Note 5, page 51 : Ibid., n° 37. [retour]

Note 6, page 51 : Ibid., n° 495. [retour]

Note 7, page 51 : Ibid., n° 239. [retour]

Note 1, page 52 : Rép. Montheron, n° 52. [retour]

Note 2, page 52 : Pierre Gallat en 1287 (A. C. V. Série C VIII Montheron), Gallard en 1300 (Rép. Montheron, n° 339). [retour]

Note 3, page 52 : Rép. Montheron, n° 437. [retour]

Note 4, page 52 : Et non pas en 1277, comme on l’a imprimé au Cart. Montheron, p. 70. Cf. Registres de Nicolas IV, n° 7418. [retour]

Note 5, page 52 : Registres de Nicolas IV, n° 688. [retour]

Note 1, page 53 : A. C. V. Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 2, page 53 : Registres de Nicolas IV, n° 1895. [retour]

Note 3, page 53 : Martène et Durand, Thesaurus, t. IV, col. 1454. [retour]

Note 4, page 53 : Cart. de Montheron, p. 71. Cf. plus haut p. 14 et plus loin p. 120. [retour]

Note 5, page 53 : Rép. Montheron, n° 41. [retour]

Note 6, page 53 : Rép. Montheron, n° 849 à 853. [retour]

Note 7, page 53 : Rép. Montheron, n° 42, 43. [retour]

Note 1, page 54 : Inv. du XVIIe siècle, C. 764. [retour]

Note 2, page 54 : Pierre de Grandson lègue en 1299 cinq sols de cens à Assens (ibid. C. 884) Agnès, dame de Vuippens, donna en 1298 soixante sols (Mém. Frib., t. II, p. 70). [retour]

Note 3, page 54 : Jordane de Choucroux avait légué un chesal avant 1285 (Rép. Montheron, n° 364). [retour]

Note 4, page 54 : Etiennette d’Yverdon, belle-mère d’Aymon de Salvion, donzel, l’avait donnée avant 1293 (ibid. n° 590). [retour]

Note 5, page 54 : Inv. du XVIIe siècle. C. 984. [retour]

Note 6, page 54 : Rép. Montheron, n° 411. Le n° 412 est aussi un acte de 1288 qui mentionne, en outre des susdits moines, le clerc Pierre d’Estavayer. [retour]

Note 7, page 54 : A. C. V. Cartons, Montheron. [retour]

Note 1, page 55 : Rép. Montheron, n° 239. [retour]

Note 2, page 55 : Rép. Montheron, n° 645. [retour]

Note 3, page 55 : M. l’abbé Dupraz l’affirme dans la Revue historique vaudoise, 1909, mais il interprète dans une notice le mot frère dans le sens de parent, alors qu’il doit être pris probablement dans celui de religieux (Rép. Montheron, n° 121). [retour]

Note 4, page 55 : Rép. Montheron, n° 66 et Corps de ville, E 2. [retour]

Note 5, page 55 : A. C. V. Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 6, page 55 : A. C. V. Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 7, page 55 : A. V. L. Inv. Millioud. [retour]

Note 8, page 55 : Rép. Montheron, n° 496 et suiv., année 1303, etc. [retour]

Note 9, page 55 : Ibid., n° 215. [retour]

Note 10, page 55 : Rép. Montheron, n° 333, et Inv. Millioud, année 1276. Elle est cependant encore mentionnée en 1337 (Rép. Montheron, n° 87). [retour]

Note 1, page 56 : Rép. Montheron, n° 437, abergement d’une vigne en 1275; id., n° 422, reconnaissance de 1322, etc. [retour]

Note 2, page 56 : Rép. Montheron, n° 636 et A. C. V. Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 3, page 56 : Rép. Montheron, n° 50. [retour]

Note 4, page 56 : A. V. L. Poncer, Montheron, n° 12. [retour]

Note 5, page 56 : Les d’Ecublens et les de La Sarraz, entre autres (Rép. Montheron, n° 59, 252-254, 991, 995). [retour]

Note 6, page 56 : Rép. Montheron, n° 56, 956, 1021. [retour]

Note 7, page 56 : Rép. Montheron, n° 61. [retour]

Note 8, page 56 : Rép. Montheron, n° 174. [retour]

Note 1, page 57 : Rép. Montheron, n° 1118. [retour]

Note 2, page 57 : Rép. Montheron, n° 62. [retour]

Note 3, page 57 : Rép. Montheron, n° 42, 43. Poncer, Montheron, nos 3, 4 et 12. [retour]

Note 4, page 57 : Cart. Montheron, p. 73. [retour]

Note 5, page 57 : A. C. V. Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 6, page 57 : Rép. Montheron, n° 66 et Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 7, page 57 : Rép. Montheron, n° 75, 77. Archives ville de Moudon. [retour]

Note 8, page 57 : Rép. Montheron, n° 93. [retour]

Note 1, page 58 : Rép. Montheron, n° 82. [retour]

Note 2, page 58 : Rép. Montheron, n° 579. [retour]

Note 3, page 58 : Rép. Montheron, n° 559. Le 24 mai 1317, l’abbé Jean de Cherlieu, sur le rapport de Pierre, abbé de Thela, et d’Aymon, abbé de Hautcrêt, autorise l’abbé de Hauterive à échanger la ferme de Cugy (cédée autrefois par Montheron) contre des biens à Pully et à Aran, que possédaient Nicolas de Fribourg, clerc, et le prieur de Payerne (A. C. F. Inv. Hauterive, Cugy V, 3). [retour]

Note 4, page 58 : Charrière, Dynastes de Cossonay, p. 302. C’est peut-être le même que Jean du Chafa de Moudon, fils de Girard et de Béatrice. [retour]

Note 5, page 58 : Rép. Montheron, nos 347, 373. [retour]

Note 6, page 58 : Rép. Montheron, n° 440, 551, 82. [retour]

Note 7, page 58 : Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 8, page 58 : Poncer, Montheron, n° 34. [retour]

Note 9, page 58 : Rép. Montheron, n° 498. [retour]

Note 10, page 58 : Rép. Montheron, n° 501. [retour]

Note 11, page 58 : Inv. Millioud. [retour]

Note 12, page 58 : A. C. V. Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 1, page 59 : A. C. V. Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 2, page 59 : A. C. V. Série C VIII, Montheron, et Rép, Montheron, n° 374. [retour]

Note 3, page 59 : A. C. V. Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 4, page 59 : Rép. Montheron, n° 50. [retour]

Note 5, page 59 : A. C. V. Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 1, page 60 : Rép. Montheron, n° 92. [retour]

Note 2, page 60 : Ibid., nos 87, 255. [retour]

Note 3, page 60 : Ibid., n° 91. [retour]

Note 4, page 60 : Ibid., n° 639. [retour]

Note 5, page 60 : Ibid., n° 79. [retour]

Note 6, page 60 : M. D. R., t. XXXIII, p. 1. [retour]

Note 1, page 61 : A. C. V., Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 2, page 61 : A. V. L., Poncer, Montheron, 49. [retour]

Note 3, page 61 : Rép. Montheron, n° 893 et 894, Poncer, Montheron, nos 54, 57, 59, et A. C. V., Série C VIII, Montheron, acte du 17 février 1360. [retour]

Note 4, page 61 : Rép. Montheron, n° 445, Poncer, Montheron, n° 60. [retour]

Note 5, page 61 : Reymond, Dignitaires de l'Eglise de Lausanne, p. 446. [retour]

Note 6, page 61 : Série C VIII, Montheron. Des actes de la même collection, de 1352 et 1358, montrent que le couvent était endetté. [retour]

Note 1, page 62 : Poncer, Montheron, n° 60. [retour]

Note 2, page 62 : Ibid., n° 153. [retour]

Note 1, page 63 : Le 11 novembre 1390, le couvent acense à Jaquet Fichipeul une maison à Yverdon, au quartier de la Thièle, pour 20 ans, à condition de pouvoir y rester en temps de guerre (A. V. L. Inv. Millioud). A cette époque, des bandes à la solde de Guillaume de Grandson, seigneur de Sainte-Croix, dévastaient les campagnes au pied du Jura (Comptes de la châtellenie de Moudon). [retour]

Note 1, page 64 : Rép. Montheron, n° 51. [retour]

Note 1, page 65 : A. V. L., Rép. Montheron, n° 493, et Poncer, Montheron, n° 77. [retour]

Note 2, page 65 : Rép. Montheron, n° 599, et A. C. V., Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 3, page 65 : A. C. V., Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 4, page 65 : Foras, Armorial de Savoie, t. I, p. 221. On lit dans un acte du 4 juin 1386, concernant l’acensement d’une maison à Yverdon, à Othonet de Treytorrens, Rodolphe de Bionex, ce qui l’a fait à tort confondre avec Rodolphe de Bionnens, qui était moine à Hautcrêt en 1371-1388 (A. C. V., Layettes, Oron, 197), et abbé du même couvent en 1389-1403 (Série C VIII, Hautcrêt). [retour]

Note 1, page 66 : A. C. V., Série C VIII, Hautcrêt. [retour]

Note 2, page 66 : Foras, Armorial de Savoie, t. I, p. 221, et autres notes. [retour]

Note 3, page 66 : Rép. Montheron, nos 493, 730, 589, 750, Poncer, Montheron, 77, 94, 95, A. C. V., Série C VIII, Montheron. Guillaume de Fribourg passe en 1390-1399 à Hautcrêt. [retour]

Note 4, page 66 : Poncer, Montheron, n° 82. [retour]

Note 5, page 66 : Grangier, Annales d’Estavayer, p. 133. [retour]

Note 6, page 66 : Rép. Montheron, n° 117. [retour]

Note 1, page 67 : Voir plus haut, p. 63. Rép. Montheron, n° 51. Le 20 octobre 1390, l’abbé de Thela constitue Jean Coctin de Vevey, moine de Hautcrêt, et Hugues Grimaud, licencié en droit, prévôt de Saint-Didier, procureurs dans sa cause contre G. Tarlati, cardinal diacre du titre de Saint-Georges in Velabro. (A. C. V., Série C VIII, Montheron). Ce dernier mourut en 1396. [retour]

Note 2, page 67 : Cart. de Montheron, p. 75. [retour]

Note 3, page 67 : Rép. Montheron, n° 920. [retour]

Note 4, page 67 : Rép. Montheron, n° 834. [retour]

Note 5, page 67 : Inventaire de Thurey, vers 1750. [retour]

Note 6, page 67 : Rép. Montheron, n° 95. [retour]

Note 7, page 67 : Ibid., n° 106. [retour]

Note 8, page 67 : Ibid., n° 112. [retour]

Note 9, page 67 : Ibid., n° 118. [retour]

Note 10, page 67 : Ibid., n° 130. [retour]

Note 11, page 67 : A. V. L., Poncer, Montheron, n° 75. [retour]

Note 1, page 68 : Rép. Montheron, n° 126. [retour]

Note 2, page 68 : A. V. L., Poncer, Montheron, n° 29. Les conditions de ces donations variaient assez peu. Aussi pouvons-nous encore indiquer à titre d’exemple celles auxquelles l’abbaye cistercienne de Hautcrêt s’astreignit en 1392 en faveur de Guillaume Beguex, de Châtillens. Le couvent s’engagea à entretenir ledit Guillaume durant sa vie, en lui fournissant la nourriture, les vêtements nécessaires, plus 40 sols, trois aunes de drap domestique (panni familiæ) par an, et l’usage d’un cheval pour pouvoir labourer au profit du couvent (A. C. V., Série C VIII, Hautcrêt). [retour]

Note 3, page 68 : Poncer, Montheron, nos 98 et 529. [retour]

Note 1, page 69 : Poncer, Montheron, nos 89, 93, A. C. V., Série C VIII, Montheron, et Rép. Montheron, nos 832, 746, 750. [retour]

Note 2, page 69 : A. C. V., Série C VIII, Montheron. Les collecteurs y parlent du peu de revenu de l’abbé. [retour]

Note 3, page 69 : A. C. V., Série C VIII, Hautcrêt. [retour]

Note 4, page 69 : Poncer, Montheron, n° 168. [retour]

Note 1, page 70 : A. V. L., Poncer, Hautcrêt, n° 1, et Montheron, n° 74. [retour]

Note 2, page 70 : Wirz, Regesten, IV, p. 262. A. C. V., Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 1, page 71 : Poncer, Montheron, n° 127. [retour]

Note 2, page 71 : A. V. L., Rép. Montheron, N° 142. [retour]

Note 3, page 71 : Manuaux de la ville de Lausanne, M. D. R., t. XXXVI, p. 81, 252. [retour]

Note 4, page 71 : Poncer, Montheron, n° 128. [retour]

Note 5, page 71 : Ibid., n° 137. [retour]

Note 6, page 71 : A. V. L., Inv. Millioud, et A. C. V., Série C VIII, Montheron. [retour]

Note 1, page 72 : Poncer, Montheron, n° 179. [retour]

Note 2, page 72 : Poncer, Montheron, n° 98. [retour]

Note 3, page 72 : Ibid., n° 102, et Rép. Montheron, n° 217. [retour]

Note 4, page 72 : Rép. Montheron, n° 421. [retour]

Note 5, page 72 : Ibid., n° 158. [retour]

Note 6, page 72 : Ibid., note de M. de Thurey. [retour]

Note 7, page 72 : Ibid., n° 205. [retour]

Note 1, page 73 : Rép. Montheron, n° 565. [retour]

Note 2, page 73 : Ibid., n° 137. [retour]

Note 3, page 73 : Ibid., n° 1088. [retour]

Note 4, page 73 : Ibid., nos 783, 784, 1025, 1051. [retour]

Note 5, page 73 : Ibid., nos 581 et 1051. [retour]

Note 6, page 73 : Ibid., n° 1116. [retour]

Note 7, page 73 : Ibid., n° 131. [retour]

Note 8, page 73 : Ibid., nos 144, 1004, et Poncer, Montheron, n° 108. Le chevalier Henri de Colombier dont il sera parlé plus loin donna 100 écus d’or au couvent pour faciliter cette acquisition (Rép. Montheron, n° 150). [retour]

Note 1, page 74 : Rép. Montheron, n° 146. [retour]

Note 2, page 74 : Ibid., n° 147. [retour]

Note 3, page 74 : Poncer, Montheron, n° 102. [retour]

Note 4, page 74 : Poncer, Testaments, n° 50. [retour]

Note 1, page 75 : Poncer, Montheron, n° 160. [retour]

Note 2, page 75 : Poncer (supplément Gingins), Montheron, n° 29. [retour]

Note 3, page 75 : A. C. V., Série C VIII, Montheron. Le 9 avril 1460, l’abbé de Thela présente à Barthélemy, administrateur de l’Eglise de Lausanne, Jeannette Berchosaz comme abbesse de Bellevaux (Arch. de Froideville, Minutaire Pierre Collondel, t. II, p. 14). Le 8 janvier 1487, l’abbé de Saint-Sulpice en France, George, visiteur de l’ordre de Cîteaux en Savoie, délègue l’abbé de Thela pour une visite du monastère de Bellevaux (Poncer, Saint-Sulpice, n° 11). [retour]

Note 4, page 75 : Ressat = repas annuel; dîme des nascents = dîme sur le bétail nouveau-né. [retour]

Note 5, page 75 : Rép. Montheron, n° 258. [retour]

Note 1, page 76 : Rép. Montheron, n° 689. [retour]

Note 2, page 76 : Ibid., n° 391. [retour]

Note 3, page 76 : Ibid., n° 156. [retour]

Note 4, page 76 : Id., n° 155. [retour]

Note 5, page 76 : Ibid., n° 157. [retour]

Note 6, page 76 : Ibid., n° 150. Dupraz, Relations des seigneurs de Colombier avec l'abbaye de Montheron, et Reymond, Un gentilhomme vaudois au XVe siècle, dans la Revue historique vaudoise, 1909 et 1913. [retour]

Note 7, page 76 : Poncer, Montheron, p. 912. Il est déjà mentionné en 1409 (p. 72). [retour]

Note 1, page 77 : Poncer, Montheron, nos 112, 161. [retour]

Note 2, page 77 : Rép. Montheron, nos 696-699. [retour]

Note 3, page 77 : Ibid., n° 160. [retour]

Note 4, page 77 : Ibid., n° 161. [retour]

Note 5, page 77 : Ibid., n° 998. [retour]

Note 6, page 77 : Ibid., n° 999. [retour]

Note 7, page 77 : Poncer, Montheron, n° 117. [retour]

Note 1, page 78 : Rép. Montheron, n° 356. [retour]

Note 2, page 78 : Poncer, Montheron, n° 113, 115. [retour]

Note 3, page 78 : Rép. Montheron, n° 358. [retour]

Note 4, page 78 : Ibid., n° 244. [retour]

Note 5, page 78 : Voir plus loin page 83. [retour]

Note 6, page 78 : Poncer, Hautcrêt, n° 1. [retour]

Note 7, page 78 : Wirz, Regesten, t. III, p. 38. [retour]

Note 8, page 78 : Ibid., t. III, p. 138. [retour]

Note 9, page 78 : Quellen fur schweizerische Geschichte, t. XXI, p. 120. [retour]

Note 10, page 78 : M. D. R., t. XXVIII, p. 314, et Reymond, Lausanne et la guerre de Bourgogne, p. 20. [retour]

Note 1, page 79 : Poncer, Montheron, n° 118. [retour]

Note 2, page 79 : Rép. Montheron, n° 963. [retour]

Note 3, page 79 : Ibid., n° 922. [retour]

Note 4, page 79 : Archives de la ville de Moudon (Inv. Millioud). [retour]

Note 5, page 79 : A. C. V., Layettes, Lausanne, n° 2755. [retour]

Note 1, page 80 : M. D. R., t. XIV, p. XLVI. [retour]

Note 2, page 80 : Rép. Montheron, n° 534. [retour]

Note 3, page 80 : Ibid., n° 541. [retour]

Note 4, page 80 : Sa famille n’habitait déjà plus ce village, mais Assens (Archives de Froideville, Minutaire Viveys). [retour]

Note 5, page 80 : Poncer, Montheron, n° 157, 164. [retour]

Note 1, page 81 : Rép. Montheron, n° 735. [retour]

Note 2, page 81 : Ibid., n° 168. [retour]

Note 3, page 81 : Rép. Montheron, nos 942, 1014 et 1015, et L. de Charrière, Dynastes de Cossonay, p. 242. [retour]

Note 4, page 81 : A. V. L., Inv. Millioud. [retour]

Note 5, page 81 : Rép. Montheron, n° 398, Poncer, Montheron, n° 122, et Inv. Millioud. [retour]

Note 6, page 81 : Poncer, Montheron, n° 125. [retour]

Note 7, page 81 : A. V. L., Registres D 310. [retour]

Note 1, page 83 : Jean Trion, originaire de Froideville, possédait, en indivis avec son frère, un jardin à Lausanne, en Saint-Laurent, qu’il vendit au couvent en 1483 (Rép. Montheron, n° 395). [retour]

Note 1, page 85 : Voir pour tout ceci : A. V. L., Poncer, Montheron, p. 127. Reymond, Les Dignitaires de l'Eglise de Lausanne, p. 300, et Reymond, Deux figures des mémoires de Pierrefleur, dans la Revue historique vaudoise, 1911-12. Nous avons rectifié ici certaines dates. [retour]

Note 1, page 86 : Il est cependant déjà désigné comme abbé dans un acte du 7 février 1507. (Rép. Montheron, n° 1014.) [retour]

Note 1, page 87 : Poncer, Montheron, n° 179. [retour]

Note 2, page 87 : Ibid., n° 127. [retour]

Note 3, page 87 : Peut-être s’agit-il d’une chapelle dont nous reparlerons. [retour]

Note 4, page 87 : Bibliothèque cantonale de Fribourg, Collection Girard, t. XII, p. 569. [retour]

Note 1, page 88 : A. C. V., Layettes, Lausanne, n° 3226. Lacconay est aujourd’hui Laconnex (Genève). [retour]

Note 1, page 92 : Archives de Turin, Protocoles ducaux, t. 71, p. 54. [retour]

Note 2, page 92 : Poncer, Montheron, n° 127. L’acte est de la 6e année du pontificat de Jules II. [retour]

Note 3, page 92 : Ibid., n° 127. [retour]

Note 4, page 92 : Ibid., n° 136. [retour]

Note 5, page 92 : Mulinen, Helvetia sacra, t. I, p. 194, qui n’indique pas sa source. [retour]

Note 6, page 92 : Poncer, Montheron n° 125. [retour]

Note 1, page 93 : Poncer, Montheron, nos 125, 129. Louis Vuillez est encore prieur en 1516 (ibid., n° 132). [retour]

Note 2, page 93 : Rép. Montheron, nos 285, 179, 185. [retour]

Note 3, page 93 : Ibid., n° 182. [retour]

Note 4, page 93 : Manuaux du Conseil de Lausanne, t. I, et A. C. V., Layettes, Lausanne, n° 3270. [retour]

Note 1, page 94 : Rép. Montheron, nos 183, 1065. [retour]

Note 2, page 94 : Ibid., n° 182. [retour]

Note 3, page 94 : Chavannes, Manuaux du Conseil de Lausanne, t. XXXVI des M. D. R,, p. 80-82, pour tout ce qui suit. Jean Salviati, créé cardinal en juillet 1517, mourut en 1553. [retour]

Note 1, page 96 : Archives de la famille de Loys. [retour]

Note 2, page 96 : A. V. L., Poncer (Supp. Gingins), Montheron, 61. [retour]

Note 1, page 97 : Rép. Montheron, n° 208, et Poncer, Montheron, 139. [retour]

Note 1, page 98 : M. D. R., t. XXXVI, p. 265-266, et t. I, 2e série, p. 9. [retour]

Note 2, page 98 : M. D. R., t. XXXVI, p. 252. [retour]

Note 3, page 98 : Ibid., p. 198, 204, 205, 251, 252. [retour]

Note 1, page 99 : Sont comparu les religieux de Montheron et ont faict une supplication de leur laisser encore ung moys ad se devoyer désisté de leur abis, affin de ce qui puysse cherchiez en queque aultre lyeu place pour vivre en leur vocation : laquelle leur az estez concédé en une qui ne doibiez allé chanter messe, ne sà ne là. [retour]

Note 2, page 99 : Rép. Montheron, n° 1090. [retour]

Note 3, page 99 : M. D. R., t. I, 2e série, p. 9, à comparer avec t. XXXVI, p. 265-66. En 1540, une reconnaissance pour Corcelles est faite en faveur de François Buet. [retour]

Note 1, page 100 : M. D. R., 2e série, t. I, p. 8. [retour]

Note 2, page 100 : Rép. Montheron, n° 1091. [retour]

Note 3, page 100 : Manuaux du Conseil de Lausanne (textes non publiés par E. Chavannes). [retour]

Note 4, page 100 : Ibid. [retour]

Note 1, page 101 : M. D. R., 2e série, t, I, p. 11-12. [retour]

Note 2, page 101 : Poncer, Montheron, n° 172. [retour]

Note 3, page 101 : La crosse de cuivre est aujourd’hui au musée du Vieux-Lausanne. [retour]

Note 4, page 101 : Philippi de Pergamo Speculum regiminis, alias Catho moralisatus. — In-4°, car. goth., relié en soie, ayant appartenu à Fr. de Colombier (A. V. L., F. 97).
De la même source vient aussi peut-être :
Repertorium sive tabula notabilium questionum ... Nicolai archiepiscopi Panormitani ... a L. de Campis visa ... — S. l. n. d. — In-folio, car. goth., reliure en bois (A. V. L., F. 96). [retour]

Note 1, page 102 : Poncer (Supp. Gingins), Montheron, n° 61. [retour]

Note 1, page 106 : Henri Pirenne, Histoire de la Belgique, t. I, p. 278. [retour]

Note 2, page 106 : Ibid., p. 128. [retour]

Note 1, page 109 : Rép. Montheron, n° 494. L’acte, mal écrit, est taché à l’endroit du nom du couvent. Le texte ne porte en réalité pas Sancte Marie de Monterotondo, comme on l’a lu, mais Ste d. Monterone ... prefata dono. Les lettres intermédiaires sont illisibles. Une autre écriture, plus moderne, a écrit au-dessus, d’une autre encre : Marie.
Disons ici une fois pour toutes que la plupart des documents qui suivent étant tirés du répertoire de Montheron ou du répertoire Poncer, chapitre de Montheron, il n’a pas paru nécessaire de préciser les références. Nous ne le ferons que lorsqu’il s’agira de documents pris ailleurs. [retour]

Note 1, page 115 : Rep. Montheron, n° 501. [retour]

Note 2, page 115 : A. V. L., Inv. Millioud. [retour]

Note 1, page 119 : Messel : moitié froment, moitié avoine. [retour]

Note 1, page 120 : Rép. Montheron, n° 242. [retour]

Note 1, page 121 : On dit encore le territoire de Thela en 1300 (A. C. V., Série C VIII, Montheron). En 1340 un acte rédigé en français fait savoir que Jeannot Charretonnat « de la Froideville » a laissé des biens au couvent. [Document XI ci-aprés] [retour]

Note 2, page 121 : Rép. Montheron, n° 239. [retour]

Note 3, page 121 : Ibid., n° 411. Le second habitant connu de Froideville est Jean Paneys « de Montenon » en 1293 (ibid., n° 43), « de Plannavy » en 1306, (ibid., n° 315), « de Froideville » en 1308 (ibid., n° 242). [retour]

Note 1, page 122 : Cart. de Montheron, p. 71. [retour]

Note 2, page 122 : Rép. Montheron, n° 242. Les noms indiqués dans cet acte sont ceux d’Etienne Roux de Froideville, Aymon Forestey de Montenon, Aymon Joran; Thomas Joran; Vivian, fils d’Agnès; Jean Charroton; Antoine Métral (Thomas Métral de Froideville en 1303, ibid., n° 496); Jean, fils de feu Henri; Jean et Thomas, fils de « A la Lanci »; Guillaume Brunat; Etienne de Brussens; Rodolphe Forney; Pierre Magnot; Evrard; Christin; Jean Pichon; Martin, fils de Rodolphe Forney; Etienne Paiet; Gérard, fils de Jocet; Jaques, fils de Warnier; Jaques Oubri, charpentier; Reymond de Plannavy; Jean, fils de Pine (Peneys); Pierre Rendu; Jean Renevo; Pierre de Boussens; Janin Joran; Pierre, fils de Jordane.
Manquent à la liste Pierre, fils de Jocet, lequel reconnaît spécialement avec son frère Giraud (le Gérard susmentionné) en 1308 (Rép. Montheron, n° 241); Pierre Rey, qui est en conflit avec l’abbaye en 1307 (ibid.), enfin Aymon de Froideville, fils de Martin Berger (Pastoris, ailleurs Vellet), qui est, dès 1300, en conflit avec le couvent au sujet de biens possédés par Ulrich de Sullens, pâtre, et ses frères, et auquel Aymon prétendait par droit d’héritage. Une sentence arbitrale de Geoffroy de Grandmont, bailli de Vaud, intervint en décembre 1302, et il est intéressant de constater que parmi les cautions d’Aymon figurent Pierre et Jean de Mont, chevaliers; Jean, vidomne de Moudon; Ulrich Métral de Moudon (A. V. L., Poncer, Montheron, n° 6, et A. C. V., Série VIII, Montheron). Aymon de Froideville n’est donc pas un mince personnage. Nous le revoyons bourgeois de Fribourg en 1321 (ibid.). En 1356, Jaques, fils d’Aymon de Froideville, et sa femme Marguerite se donnent au couvent avec tous leurs biens (Rép. Montheron, n° 93). [retour]

Note 1, page 123 : A. C. V., série A 20. Grosse pour Dommartin, 1317. [retour]

Note 1, page 124 : Rép. Montheron, nos 201 et 212. Les familles Martin de Froideville dérivent probablement de Martin fournier ou de Martin berger. [retour]

Note 2, page 124 : M. D. R., t. XIV, p. xlvi. Nous avons pris d’autres bases que M. de Gingins, l’auteur de cette étude, pour la réduction des florins en francs. On trouvera dans la Revue historique vaudoise, 1895, p. 180, une traduction française de ce document dont l’original est perdu. Les représentants de la communauté de Froideville qui y figurent sont Jaques Trion, Jean Mermod, Jean Brunat, Pierre Brunat, Jordan Martin, Pierre Trion et Girard Martin. [retour]

Note 1, page 125 : Rép. Montheron, n° 999. [retour]

Note 2, page 125 : Mentionnons une autre décision intéressante, touchant Froideville. Un conflit avait surgi entre cette commune et celle de Bottens; celle-ci soutenait que Froideville devait fournir à ses frais un ou deux sonneurs pour sonner à l’église paroissiale de Bottens de la Fête-Dieu à la Nativité de la Vierge, ce que l’autre partie contestait. Des arbitres, Pierre de Bottens, donzel et héraut d’armes du duc de Savoie, et Jean Métral, clerc de Villars-le-Comte, prononcèrent le 10 novembre 1451 que les gens de Froideville payeraient à l’église de Bottens 70 sols le jour de la Purification et seraient déchargés de toute autre obligation (A. V. L., Poncer, Gouverneurs, n° 106a ). On pourrait inférer de cet acte que le curé de Bottens avait certains droits sur les gens de Froideville. [retour]

Note 1, page 126 : Le Cartulaire de Hautcrêt écrit Dasalay en 1141, p. 4; Deisaleis vers 1150, p. 135; Daseley vers 1150, p. 172; Daisiloi en 1154, p. 9; Dasalay en 1164, p. 23; Dasilay en 1166, p. 28. – Le Cartulaire de Montheron a Dasileii en 1142, p. 3; Dasiloi en 1154, p. 13. — Le Livre des Donations de Hauterive, pour une terre du même nom près de Posieux, a Dasalei en 1137, p. 2; Daselei vers 1150, p. 7; Deselei vers 1172, p. 69; Dasaleyo vers 1180, p. 277. Cf. Jaccard, Essai de toponymie, p. 133. [retour]

Note 2, page 126 : Cart. de Hautcrêt, p. 7. [retour]

Note 1, page 127 : Cart. de Lausanne, p. 240 et 81. [retour]

Note 2, page 127 : Ibid., p. 374-375. [retour]

Note 3, page 127 : M. D. R., t. XVIII, p. 349. [retour]

Note 4, page 127 : Cart. de Montheron, p. 4 et 7. [retour]

Note 1, page 128 : Cart. de Hautcrêt, p. 3. [retour]

Note 2, page 128 : Cart. de Lausanne, p. 375. [retour]

Note 3, page 128 : Cart, de Montheron, p. 3. [retour]

Note 4, page 128 : Ibid., n° 13. [retour]

Note 5, page 128 : Inventaire de Montheron du XVIIe siècle, n° C 3. [retour]

Note 6, page 128 : Cart. de Hautcrêt, p. 7. [retour]

Note 1, page 129 : Cart. de Montheron, p. 40 à 50. Ces confirmations se rattachent sans doute à deux conflits avec les petits-fils d’Amédée de Blonay (Ibid., p. 41). Rachis est le nom d’un noble Genevois qui figure dans la charte épiscopale de 1142. En 1463, il est question d’une vigne sous les Daillez (Rép. Montheron, n° 456). [retour]

Note 2, page 129 : A. C. V., Layettes, Oron 323. On remarquera qu’il est question ici du vieux Dézaley de Hautcrêt. C’est la partie la plus rapprochée du lac, sous le Clos des Moines, et qui est déjà appelée vieux clos en 1328 (Rép. Montheron, n° 442). [retour]

Note 1, page 130 : Rép. Montheron, n° 37. [retour]

Note 1, page 131 : Rep. Montheron, n° 945. [retour]

Note 2, page 131 : Ibid., n° 147. [retour]

Note 3, page 131 : Conservateur suisse, t. VIII, p. 44, et Lausanne dès les temps anciens, p. 177. [retour]

Note 4, page 131 : La contrée d’Oron, p. 29. Celui-ci cite un cottet de 1745 qui mentionne un lieu dit En la Côte des Mères Vignes. Mais, faute de plan ancien, ce lieu ne peut être identifié, et il serait d’ailleurs singulièrement téméraire de rapporter ce nom aux plantations faites au XIIe ou au XIIIe siècle. [retour]

Note 1, page 132 : Cart. de Montheron, p. 3. [retour]

Note 2, page 132 : A. C. V., Layettes, Oron. [retour]

Note 3, page 132 : Pièces communiquées par feu M. Benjamin Dumur, l’érudit si regretté. [retour]

Note 3bis, page 132 : Pièces communiquées par feu M. Benjamin Dumur, l’érudit si regretté. [retour]

Note 1, page 133 : Communiqué par M. Dumur. [retour]

Note 2, page 133 : Voir plus haut, p. 81. [retour]

Note 3, page 133 : Rép. Montheron, nos 455, 458. [retour]

Note 1, page 134 : Rép. Montheron, nos 37, 435. [retour]

Note 2, page 134 : Livre des Donations de Hauterive, p. 106. [retour]

Note 3, page 134 : D’Arbois de Jubainville, Etudes sur l'état intérieur des abbayes cisterciennes, p. 308-309. [retour]

Note 3bis, page 134 : D’Arbois de Jubainville, Etudes sur l'état intérieur des abbayes cisterciennes, p. 308-309. [retour]

Note 1, page 135 : Rép. Montheron, n° 437. [retour]

Note 2, page 135 : Rép. Montheron, n° 438. [retour]

Note 3, page 135 : A. C. V. Layettes, Oron. [retour]

Note 4, page 135 : Rép. Montheron, n° 451. Il est question dans ces reconnaissances des maisons de la Conversion de Thela, longeant le chemin de Rivaz, ainsi que de la Conversion, soit maison du Hautcrêt, touchant le chemin d’Epesses à Chexbres. On voit par cela que la Conversion n’est que la demeure des convers, soit des administrateurs du vignoble. [Additions, p. 212: Comparer avec « la Conversion » du domaine de la Condemine du Jorat des moines de Montheron.] [retour]

Note 5, page 135 : A. V. L., Comptes du cellérier de Montheron. [retour]

Note 1, page 136 : Pour le Dézaley à partir de 1536, lire l’article Dézaley de M. Benjamin Dumur dans le nouveau Dictionnaire historique du canton de Vaud, et la brochure Au Dézaley, historique, culture et administration, publiée par MM. Maxime Reymond et Arnold Bonard, à la demande de la direction des domaines de la ville de Lausanne. Lausanne, 1913. [retour]

Note 1, page 148 : Le «passement» est une ordonnance judiciaire adjugeant à un créancier le gage de la créance. [retour]

Note 1, page 153 : En 1224, «sur le Vuaz sous Collonges.» Collonges s’étendait alors jusqu’au Flon. [retour]

Note 1, page 167 : Cette maison a appartenu au dix-huitième siècle à la famille Charrière, puis successivement aux de Bons, aux Roguin, aux Tavel, aux Fevot. C’est là, d’après le Journal Suisse, qu’auraient logé le général Bubna en décembre 1813, et en 1822, un comte de Wittgenstein. Avant la percée de la rue Haldimand (1839) la maison Fevot est contiguë au couchant à une petite maison, aujourd’hui démolie et qui est sans doute celle qui des nobles de Jouxtens avait passé à l’abbaye de Montheron. [retour]

Note 1, page 197 : Ce document porte au revers l’inscription ancienne : « Carta de Jorat, de Daseley, de Montenun, de... (un mot effacé). » Puis cette note du XIXe siècle: «Acte qui m’a été donné par M. d’Estavayé, qui l’avait eu de M. d’Arnex. » Et : « Montheron N° 1 », mention qui se rapporte à un ancien inventaire du XVIIe siècle. [retour]

Note 1, page 204 : Un scribe du XIVe siècle a intercalé au dessus de : « de Monteron », le mot : « Marie »; le même, au dos de l’acte, a écrit : « Carta de Bollens. » [retour]

 


 

 

 

 

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