ESSAI DE TOPONYMIE
Origine des noms de lieux habités et des lieux dits de la Suisse romande.
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Voyez également les additions, aux pages 539 à 548.
- Aar, rivière, Arula, en 343 dans S. Eucher, Ara, 410, Arola, 598 dans Frédégaire, Arar, en 778, 1235, F. B. II, 1266, 1274. Hara, 1254, Ar, 1271, F. B. II. Sous toutes ces formes, on retrouve la racine celtique Ar, fleuve, ula, ola, diminutifs. La forme Arar au contraire est sans doute formée de ar, fleuve et de la particule augmentative ar = très fréquente dans les noms celtiques, indiquant ainsi la puissance du cours d’eau.
- Abbays, Clos —, à Roche; ancienne propriété de l’abbaye du Saint-Bernard.
- Abergeau(x), loc. à Puidoux; Aberjoz, à Corbeyrier; Abergeot, chalet et pâturage à Montbovon; Abergire, à Tour-de-Trême; autres formes de l’Abergement, D. Orbe, terre donnée en abergement, en ferme perpétuelle et héréditaire.
- L’Abériau, chalets sur les Voëttes, Ormont-dessous; ès Abériaux, à Prangins et Ormont-dessus; ès Aberriaux à Genolier; port de l’Abérieu, aux Evouettes, Valais; l’Avériaux, bras de la Baie de Clarens = l’abreuvoir. En Dauphiné, l’Abéourou, de abeurar, abreuver.
- L’Abréviaux, ruisseau à Pâquier, Frib., autre forme de abreuvoir.
- Les Abues, 4 loc., prairies, à Court, Corban, Glovelier et Delémont, Jura bernois. Peut-être y a-t-il quelque parenté avec le verbe v. fr. abuer, convertir en fumier (Godefroy) bien qu’il soit /2/ difficile d’établir la filiation. Il y avait des campis Abes, près Sierre, 1453 et un lieu dit les Abes, à Cressier.
- En Achy, loc., à Ecublens, D. Glâne, grangia de Axi, 1179, 1180, M. R., XII, 40, 43. D’Arbois de Jubainville dérive un Achy de France de Appiacum, domaine d’un Appius; nous tirons le nôtre de (praedium) Acciacum, domaine d’un Accius, autre gentilice (nom de famille) romain, nous basant pour cela sur la forme primitive Axi = Accie.
- Aclens, D. Cossonay; Aclens, vers 1106, Hidber No 1528, Asclens, vers 1200 et 1383, M. R., V, 218, 274; Aclens, 1453 = chez les descendants d’Ascilo, n. pr. germain, Förstm, p. 130.
- Aclex, bois près Surpierre, nemus quod dicitur Asclei XIIIe s. versus supra petram M. R. VI, 325, 387. Le texte, p. 325, a aselei, fausse lecture ou coquille. Origine inconnue.
- Aux Adelins, ham. de Poliez-Pittet = chez les descendants d’Adilo, Adelo, n. pr. germain, Förstm., p. 137. A Nax ou Conthey, Valais, un campum dol Adeleyn, 1250.
- Ados, loc., à Auboranges (Fribourg); Addoz, à Boudry; Adoux, à Granges (Vaud) et Palézieux; ès Ados, 1228, 1295. Addoux, Villars-les-Moines, Montagny, Essertines et Gruyère; Adouz, à Bavois et Epagny : fr. ados = endroits bien exposés au soleil, abrités.
- Adrey, 2 ham. D. Gruyère; du patois adrai, flanc d’une vallée le mieux exposé au soleil, le flanc droit, l’adroit en français romand.
- Afflon, ham. près Gruyère et ruisseau; de ad et flumen, vers le ruisseau; le hameau a ensuite donné son nom au ruisseau.
- Les Afforets, loc. à Aigle; les Affores à Corcelles, Neuch. en 1346; de ad, vers, et bas latin forestas, forêts.
- Agaren, village près Louèche, Valais. Aert, 1252, 1292. Ayert, 1267. Aiert, 1273. Ayert, 16 fois, 1366-1400. On y parlait alors français. Dans la seconde moitié du quatorzième siècle, l’allemand s’établit dans la contrée et le nom change. Agorn, 1383. Agoren, 1394. Agarn, 1397, sans que la forme primitive disparaisse complètement : Ayert, 1393, 1400, 1411, 1554. Zimmerli, III, 72. /3/ Ayert est probablement le correspondant des Ayer de la Suisse française, lieu où abondent les érables. Quant à Agarn, c’est le plur. de agar, nom au Tessin de l’érable.
- Agassons, aux —, prés à Conthey (Agaçou), dimin. de aigasse, lui-même augmentatif de aigue, eau; prés avec de petites sources, prés humides.
- Agaune, ancien nom de Saint-Maurice, Valais. Acaunum, commt du cinquième siècle (Saint-Eucher). Agaunum, 516, 753, etc., du celte acaunum, rocher.
- Age, plur. Ages, ham. d’Avry-sur-Matran, et une quinzaine de lieux-dits Vaud et Frib., ès Agges à Chatonnaye, Adgés à Sales, Frib., Adzex à Naz; les Haches à Torny-le-Grand; Hade à Damphreux et Montignez, Jura bernois; les Hadzes à Sassel; Poëte-Adze à Ballaigues; du v. fr. agie, bas latin agia, patois adje, adze, anglais hedge, du v. h. all. haga, haie. « Quel qui aura agie ou cloz sus pasquier de villa de Fribor… que didant la saint Michie retraison lour ages et closon. » 1422. Rec. dipl. Fr. VII.
- Aget, forme patoise de Azet. Voir Aze.
- Agettes, D. Sion. Agietes et Gieti, 1190. Agyettes, 1250; les Agit(t)es sur Corbeyrier; de ad, vers, et v. fr. giete, du latin jacitum, gîte.
- Agiez, D. Orbe (pron. Agy !). Aziacum, 1011 et 1049 M. R. I. 1109, 1160. Hidber, I, II. Agyz, 1179, Agyacum, 1256, Agie, 1263, Agy, 1382. M. R. XIV. — Agy, ham. près Fribourg, Azie, 1228, Azje, 1231. M. R. XII. Agye, 1300, Agiez, 1340, all. Ebsach; de (fundum) Abidiacum, domaine d’un Abidius, gentilice romain.
- Agnens, ham. disparu entre Missy et Portalban (un communier encore en 1567), Asenens, 1085, Asnens, 1149, 1162, Matile; Asneins, 1215, Asnens, 1223, 1239, M. R. VI. Agnens, 1342, Matile. etc. = chez les descendants d’Asino, n. pr. germain.
- Agny, loc. à Avenches, pas de formes anciennes = (fundum) Agniacum ou Aguniacum, domaine d’un Agnius ou d’un Agunius; Holder donne ces deux gentilices, p. 59 et 62. Le u du /4/ second ayant dû tomber de bonne heure, Agny peut venir indifféremment de l’un ou de l’autre.
- Agouillons, deux collines au nord du Pont, vallée de Joux = aiguillon, de aculeonem, piquant.
- Agreblais, torrent temporaire ou dévaloir et forêt voisine à Saint-Gingolph; Agriblieray, forêt sur Blonay; du patois agrebllai, houx, dérivé du latin acrifolium : localités où abonde le houx.
- Agrimoine, D. Lac, Frib., all. Agriswil, Agersswyle, 1275, Agraswyl, 1333, Agristwil, Kuenlin, 1832.
- Aigle, Allium, 1138, Alio, 1179, Aile, 1204, Aylio, 1255, Alyo, 1279, etc., en patois Ailloz, peut-être de aquila, aigle, comme le patois aillo, qui désigne à la fois Aigle, loc., et aigle, oiseau. Aille dérive naturellement de aquila, comme maille de macula.
Il est entendu que nous ne pensons ici nullement à une allusion aux aigles romaines, mais simplement à l’aigle oiseau, qui niche ici et là dans les rochers au-dessus de la ville. - Aigremont, château ruiné aux Ormonts; mont à Pâquier, Neuchâtel; de acrem montem = mont aigu, escarpé.
- Aigue : le latin aqua, et le celte ève, ive, eau ont donné un grand nombre de formes aigue, eigue, igue, ivoue, ivue, invoue, ive, ève, euve, qui entrent dans la composition de nombreux noms :
- Aiguerosse à Gryon, eau rouge; Aigue-Saussaz à Salins sur Aigle, du latin salsus, eau salée; Autraigue, Ormont-dessous, au delà de l’eau; Ballaigue, belle eau; Fraidaigue, eau froide; Raraigue, champs à Aigle, eau rare; Longeaigue, Avenches, longue eau; Mortaigue ou Mortigue, trois ruisseaux vaudois, eau morte; Noiraigue, Neuchâtel, Neiraigue, Ballens, Neirigue ou Neirivue, Frib., eau noire; Aiguette, ruiss. à Saubraz, petite eau. Corne à l’Egaz, loc. à Villeneuve, In Ygouasse à Grimentz, Valais, aux eaux; Albeuve et Erbivue, Frib., eau blanche; Clarivue, Valais, eau claire, Marivue à Albeuve, grande eau; Longive, Longivue, plus. loc., longue eau; Rougève, Rogive, /5/ Rogiaivui, 1237, Rogivue, Rozaigue, Orbe, eau rouge; Saussivue, ruiss. Gruyère, salsa aqua, 1296, eau salée; Ivette ou Ivouette, torrent à Bex, petite eau, Evouettes, Valais et Evuettes, Sépey, ès Yvoettes à Ollon, ès Invouettes à Charmey, petites sources; Entrèves, Etrèves, Etrives, Ollon, entre les eaux; l’Evi, ruisseau d’Albeuve, Invoua à Marly, Invoué à Sales, l’Invoë à Thierrens, l’Invuex à Granges, lInvuex à Sales, Sarine, Livoez, Assens, Ivuex à Prahins, Yvoex à Prangins, Evuez à Roche; de ève, et suff. collectif ex, ez, endroits où l’eau abonde.
- Aille En —, à Grandvillard, Gruyère; Aillepraz à Granges, Vaud, Aillipra 1228; de aille, aigle = à l’Aigle, au Pré de l’Aigle; Treutse à l’Aille à Trient, Valais : rocher de l’Aigle.
- Aillerens, ou Allerens, ham. près Moudon, Villar Allerant, 1142, Vilar Alarenc, 1147, Aleran, 1154. Cart. Month. p. 7, 11, 19 = chez les descendants de Allhar, n. pr. germ. de Allo et hari, guerrier. Un Allhar, sous la forme latinisée Alerius, est un des signataires de la charte de fondation de l’abbaye de Payerne, 962.
- Aire, deux villages de Genève, Aira, ham. de Saxon, et trois ou quatre pâturages en Valais; du latin area, aire, cour, champ, place à bâtir; l’Airette, pâturage sur Ardon, Eirettaz à Isérables, diminutifs. L’article s’agglutinant au diminutif a donné Lairettaz à Conthey, Leyrettaz, loc. à Nax, Lirette, ham. de Saint-Jean d’Anniviers, Yreta, 1250; Lyrettaz, alpe sur Sierre, Lirette sur Ardon.
- Aire, deux rivières de Genève, affl. de l’Arve et du Rhône, écrit quelquefois Laire; de la racine celtique ar si fréquente comme premier ou second élément des noms de rivières. Arve (Arar), Aar (Arola), Isara, Areuse, etc.
- Ajoie, all. Elsgau, nom du pays de Porrentruy, Aygoya vers 1180, Aioia, 1236, Ajoya, 1311 = Hall’sgau ou contrée de la Halle ou Alle, aujourd’hui Allaine, rivière qui traverse la contrée.
- Albeuve, Fribourg, Alba aqua, 1019, M. R. VI, Erbiwi, 1171, Albewi, 1171, Albewy, 1221, M. R. XXII, Albegue, 1620 (Dellion), du latin alba aqua, eau blanche, ou du celtique alb et eve, ive, même sens. /6/
- Albinen, D. de Louèche, en franç. Arbignon; voir ce mot.
- Alesses, ham. de Dorenaz, D. Saint-Maurice, Valais, Alleyses, 1342, Alesses, 1350; peut-être de la racine celtique all, vieux hibernien, rocher (Holder, p. 90), d’où l’on dérive Alesia. Alesses est perché sur un rocher comme l’Alesia que prit César.
- Alfermée, ham. de Tüscherz. D. Nidau. Chloz de Alpherme, 1274, Zimmerli, villa Alframe en 1325, t. III = domaine d’Alfram, n. pr. germ. Förstm., p. 58.
- Algaby, ham. du Simplon, Valais, ital. al Gabbio. M. Alb. Naville, M. G. XVI, le rapproche de Gabiet (mine d’or) et de Gaby (fer); ham. vall. de Gressonney, Aoste, et de Grange Gaby (mine de fer) au Salève, et en conclut qu’il y a là une racine indéterminée signifiant mine. Cette racine est la même que celle du français cage, ital. gabbia, et cave, ital. gabbio, du latin cavea, cage, et cava, cave; les divers Gaby désignent donc des excavations, des lieux où l’on a creusé le sol. Peut-être y a-t-il eu à Algaby des mines autrefois, comme à Gondo; peut-être le nom est-il dû simplement à la position profondément encaissée du hameau.
- Allaman, D. Rolle; ordinairement expliqué par ad Lemanum, vers le Léman (Bridel). Gatschet le tire de Allmend = Communaux. Les noms de R. de Alamant, 1217, Johannes (1227) et M. de Alamant, 1235, et la parenté de ce nom avec ceux de Allamands ou Alamans, prés à Chamoson, Valais, pratam Allalamant, 1323, — il y avait à Chamoson un Ulrich l’Allaman, Uldricum Theotonicum, 1229, — et avec le hameau des Allamands à Rougemont, les Allamans, 1238, M. R. XXII, 42, tous ces noms nous font attribuer à Allaman la même origine : propriété, ferme de l’Allaman, de l’Allemane. Ce nom revient fréquemment, citons aux Côtes de l’Allaman à Belmont-Yverdon; le Gué (Wades) des Allamans près Domdidier, 1314, la Vy des Allamans à Ménières, la vy eis Alamans, 1520.
- Allamont, sommet sur Vouvry = à l’Amont.
- Alle, grand village D. Porrentruy. Alle, 1136, Halla, 1221, Alle, 1225.
- Allaine, rivière qui y passe, autrefois Halleine. Probablement /7/ de l’all. Halle qui désigne partout une saline. Cette contrée avait encore au moyen âge des sources salées qu’on exploitait alors, ainsi à Soulce, Doubs, frontière du Porrentruy : salinas de Sulcea, 1179. Voir aussi le mot Soulce.
- L’Allée, alpe d’Anniviers, la Lex en 1349, la Lez, 1806, Murith.; du v. haut all. lei, rocher. Voir Lex. Cette alpe est probablement la même que celle de Lily, 1376, Lylly et Lilly, 1395. M. R. XXXVII, p. 11 et 434. L’Allée est une fausse orthographe comme celle de la fameuse Allée blanche au mont Blanc, orthographe vulgarisée par de Saussure, qui devrait s’écrire la Lex blanche et tire son nom de la paroi méridionale du mont Blanc toute blanche de neige et de glaciers.
- Allens ou Alens, Lutz, ham. près Cossonay, villa Arlens entre 937 et 993, M. R. XXIX, 35, Aslens entre 1163 et 1180, Hidber, II, 192, Arlens, 1235, Alens, 1358, Aslens, 1387, — ham. de Blessens D. Glâne, Arlengus, 1002, Allens, 1251, M. R. XII; autre, loc. près Saint-Prex = chez les descendants d’Arilo (l’Aigle), n. pr. germain. Allinges près Thonon est une autre forme du même nom.
M. Stadelmann, op. cit., 56, rejette la date 937-993 et considère le document, dont l’authenticité lui paraît douteuse, comme une copie du treizième siècle, ce n’est qu’à cette époque que le suffixe ing paraît sous la forme ens. M. Stadelmann a raison, mais, authentique ou non, ce document prouve qu’il ne s’agit pas de l’Arlens fribourgeois, puisque cet Arlens est entre la Venoge et l’Aubonne. - Les Allevays, loc. sur Trélex et Genollier, D. Nyon; Alleveys, bois à La Sarraz; un bois Allevey à Mies D. Nyon, 1564; bois des Elévays à Gland; les Allevaux à Cortébert : du patois allevai, repousses du hêtre coupé, bou allevai, bois taillis; du latin allevatus, participe de allevare, relever, repousser.
- Allèves, ham. de Liddes, Valais, Aleves, 1228, 1236, Allevaz à Conthey, sont peut-être de la même famille que le précédent.
- L’Allex, ham. de Bex et l’Allex sur Grandvaux, la Lais, 1212, 1217, 1238, Arch. Fr. VI et M. R. VI, 643, Lalays, 1270, Lalex, 1316 = la Lex, rocher, paroi, pente rocheuse, voir Lex, un autre à Albeuve, Frib., même sens. /8/
- L’Alliaz, ham. sur Blonay, ou plus correctement La Liaz, l’Alliaz, loc. à Saint-Oyens, la Liaz, alpe de Bagnes; du bas latin legia, leia, laia, lia, forêt, latinisation du mot germanique laidó, conduite, le premier sens de laie étant route dans une forêt, puis forêt; composés : Ballaly au Bouveret et Bellelay, Jura, belle forêt.
- L’Allier, Plan de —, sur Lignerolles, Champs de —, à Aubonne, l’Alliez à Saint-Oyens, aux Alliés ou ès Allys, ham. de Neyruz, Frib., en Allires à la Berra, Allières, ham. de Montbovon, Allyeres, 1294; chalet à Hauteville, Frib., loc. aux Eaux-Vives, Genève; du v. fr. allier = alizier ou sorbier.
- Allierex, loc. à Ollon, collectif, lieu abondant en alliers.
- Alloches, loc. à Gollion, fausse orth. pour à l’Oche.
- Allondon, rivière à Genève. Voir London.
- Alloux, ham. près Penthéréaz, terra de Allodiis, 1142, 1190. Cart. Month. M. R. XII, 5, 52; Allaux à Denezy et Froideville; Allours à Corcelles-sur-Chavornay et Chardonne; bois de la Lour pour l’Allour à Vallamand; un ès Alouz à Nendaz, 1263, 1277; de allodium, alleu, terre libre de toute redevance féodale; les Allues à Laconnex, Genève; autre orth. de alleu; jadis le son eu s’écrivait ue : nuef, dueil.
- Alognys, ham. de Rougemont, ès Allognyers, 1592, lieu où abondent les noisetiers, du patois alogne, noisette.
- Alpe, du celte alp, mont, sommité, parent de l’adjectif alb, blanc, latin albus, sabin alpus, à cause de leurs neiges 1.
- Amandoleys, loc. du vignoble d’Yvorne. Un Amendolum à Sion, 1242, M. R. XXIX, 365. Lamendoler, entre Sion et Ormona, 1436, terram de la Mandoler, 1300, Lamandoler au vignoble de Sierre, 1441 = les amandiers, l’amandier; en provençal amandola, du latin amygdala, amande. Mandolire à Veyras, Mandolaire à Vétroz, le même mot avec apocope de l’a.
- Amburnex, pâturage du Jura; Broniacum domum et in chalmibus de Bronai, douzième siècle, M. R. XII, 72, Bronay, Brunay /9/ et Bruney au XIIIe s.; calmas de Ambrunex, 1380. Les formes primitives le rapprochent de Brunoy, France, et indiquent une origine gallo-romaine, peut-être de Bruno latinisé.
- Amin, Chaux d’ —, Jura neuchâtelois. Amens, 1150. Gatschet traduit « apud Amens quod Calcina dicitur, » le four à chaux d’Amantius. Ailleurs Chaux est écrit Chauld. Je pense que Calcina est une fausse traduction latine de Chaux, calma, et chauld une autre fausse interprétation. Voir Chaux. Quant à Amens son suffixe montre un n. pr. germ. = chez les descendants d’Amo, (Förstemann a le fém. Ama, p. 71) ou de Hamo, le cuirassé, de hama, cuirasse. Förstm., 599.
- Ès Ancelles, vignes à Bougy, Féchy, champs à Aubonne; de ancelle, sf., bardeau, planchette, au sens de parcelle de terre.
- Anchette, ham. sur Sierre, Anset, 1218, 1221, Ansech, 1250, 1350, Anschet, 1367, Anset, 1455; peut être anset, fém. ansette, serait-il une autre forme de ancelle ?
- Ancrenaz, sommet à Bex; voir Encrenaz.
- Es Andens, prés à Colombey, Valais; les Andins, alpes d’Ayent, le même que le patois andan, fr. andains, « que G. Paris, Romania XIX, 449, dérive d’indaginum » (Bonnard).
- Anet, n. fr. d’Ins, Seeland, Anet, 852, Anes, 1179, 1228, Anesi, 1185, du celte inis, bret. enez, île, à cause de sa situation au milieu de marais.
- Les Angles, loc. à Vaulruz, Sorens, Vuarrens; les Grosses, les Petites Angles à Riaz, Fribourg; Angle-à-Lambert à Pampigny; loc. à Boncourt, Jura, eis Anglos à Ecuvillens treizième siècle; du subst. angle, morceau de terre dans un angle. « Angle est souvent féminin dans l’ancienne langue. » (Note de M. Bonnard.)
- Anières ou Asnières, Genève, Asneriacum vers 1170, Asneres, 1226 M. R. VI, 524. Aneres, 1288, M. G. XIV, 16, VII, 234. Agneres, 1361. — Loc. à Conthey, Valais; du latin asinarias (villas), fermes où l’on élève des ânes.
- Anniviers, Valais, vallis Anivesii, onzième siècle, Anivesio, 1193, M. R. XVIII, Annivies, 1215, Anives, 1243, etc.; de ad /10/ et nives, vers les neiges : villages très élevés où la neige reste fort tard : Luc 1675 m., Chandolin 1970 m. Un Anniviers, loc. à Saint-Martin d’Hérens, même sens.
- Antagnes, ham. d’Ollon, Antagnes, 1199, Arch. Saint-Maurice, Hidber, II, 460. Origine inconnue.
- Anteines, Anthenes, 1436, et Anteinettes, trois pâturages dans la vallée de l’Hongrin, Alpes vaudoises. Peut-être pâturages où abondent les rhododendrons, les antenets. Voir Gloss. Bridel, 14.
- Anzeindaz, pâtur. de Bex; d’après Gatschet, du bas latin ancyegium, du v. h. all. anco, all. suisse anken, beurre; en fr. du moyen âge onciege est le nom du droit d’herbage en Gruyère, redevance qui se payait en beurre ou autres produits du laitage.
- Aouille, sommets, vallée de Joux, au nord du Pont, et Gruyère; l’Auillie, loc. à Ollon; syn. du v. fr. ouille = aiguille.
- Apples, D. Aubonne, Aplis, 1009, 1125, 1148, M. R. III, 74, 438, 486, puis Aples, 1167, 1265, 1453, etc. La mention villa quae dicitur Erplens, 1009, que Gatschet rapporte à Apples, désigne le petit hameau d’Iplens, à l’Isle. Quant à Aples, ne viendrait-il pas du mot celtique abal, apall, pomme, qui a donné le v. h. all. aphal, all. moderne Apfel ? Ce serait le correspondant des Maley et des Pomy.
- Aprily, mayens à Mollens, Valais; Aprilliers, lieu-dit à Attalens, 1633 (Dellion). Voir Avry.
- Aproz, ham. de Nendaz, Valais, Aspro, 1100, 1250; du latin asperum, rude, montueux.
- Ès Aragnes, prés à Leysin; v. fr. aragne, araignée, à cause des nombreuses araignées qui y tendent leurs toiles sur le sol.
- Aran, vill. D. Lavaux, villa Erans, 1142, vineas de Arins, 1198, M. Fr. III, 69, Arant, 1210, Arans, 1261, Arins, 1298. Avant de connaître les formes en ins nous tenions ce mot, d’après Gatschet, de areanus; mais Arins le rattache sans conteste à une racine de n. propre = chez les descendants de Aro, n. pr. germ. Förstm., 116, du v. h. all. aro, l’aigle. Un Aro vivait à Lussy au XIIe s. (Donat. Haut.) /11/
- Arare, ham. de Plan-les-Ouates, Genève, Arares, 1374; de are, ou aire, latin area, surface, étendue, et l’adj. v. fr. are, sec, aride, donc terrain aride, sec.
- Arbarey, loc. à Bex; mayens à Saxon (un Arbarey à Saillon en 1232), un Arbarey ou Albarey à Louèche, 1319, 1336, Arbalet à Mage, Valais, un Arbeley à Nendaz, 1250, Arbaley à Corbeyrier, Arborier à Ollon; Arbérets, m. à Saubraz, Arborex, bois à Lavigny et Villars-sous-Yens, Erberey, bois près Oron; dérivés divers du latin arboretum, lieu planté, couvert d’arbres.
- Arbaz, D. Sion, Valais, Alba, six fois 1182-1295, Arba, 1338, et loc. à Saint-Léonard; du celte alb, alp = mont, sommet, et blanc.
- Ès Arbenes, loc. à Leysin; de arbenne, nom patois de la perdrix des neiges ou lagopède; du latin albus, blanc. (Note fournie par M. Isabel.) Conviendrait pour cette localité, mais en Arbenaz, vignes à Ayent, Valais, et Arbin, vignes à Riddes ?
- Arbères, ham. à Meyrin, Genève, Arbeire, 1231, M. G. IV, 86, comme Arbère près Divonne, Arbores, 1179, et villa qui dicitur Arbres; M. G. IV, 83, 77; l’un d’eux sans doute, le Arbore (David de) de 1164 = lieu planté d’arbres; un pratum de Arboribus à Salin, Valais, 1250.
- Arberiaz, bois à Saint-Légier; même racine.
- Arbey, chalets près Evolène, Valais, Albes vers 1280, Arbes, 1290, en Arpey, loc. sur Gingins. Voir Arbaz.
- Arbignon, pâturage sur Collonges, Valais, du nom d’un village ruiné près de Collonges, desertum Alpinonis, 850, Albignon, 1200, 1239, 1380, Arbignyon, 1437; un autre à Martigny; Albinen, village sur Louèche, en fr. Arbignon, Albignun, 1224 : dim. de alb, alp, sommet = petite alpe.
- Arbogne, ruiss. et ham. Fribourg. Voir Aubonne.
- Arcangiez, clos de vignes à Vevey, Archangiez au treizième siècle.
- En Arche, loc. à Estavanens et Monthey, en Archoz, chalets à Morgins, Valais, Archon à Chandolin de Savièse, Artzenoz, /12/ territoire à Hérémence, Arzenaz à Riddes, Arzeni, alpe de Chamoson, Vanil des Artzès, sommet aux sources de la Veveyse, Côte des Arches à Glovelier, Jura, Archette, forêt du Jura; de arc, arche, latin arca; patois, artzé, désigne des croupes plus ou moins arrondies en arc et en pente rapide séparées par des couloirs.
- Archens, domaine dans le Jorat de Lausanne, Archens, 1142, 1144, Cart. Montheron; probablement de Ericho, Aricho, n. pr. germ. et suffixe ens, ingis, chez les descendants de Ericho. Un Aricus (Aricho) est un des témoins de la donation de Renens en 964.
- Arconciel, Fribourg, Arconciacum, 1082, Arconciei, 1148, Arcunciacum vers 1149 et 1162, M. Fr. III, 66, Arconcier, 1162, Arcuncie, 1228, Arconcie, 1230, Arconcye, 1292, Arconcier, 1453, et Arconcier, m. à Russy, Frib. = (fundum) Archontiacum, domaine d’Archontius, gentilice romain.
- Arcossey, loc. à Ollon; du patois arcossay, nom de l’argousier et du nerprun cathartique. L’argousier est commun dans les glariers de la Gryonne qui s’étendaient jadis jusque-là.
- Ardennaz, forêt de la commune d’Orbe. Grégoire (Dict. géog.) traduit Ardennes par forêt profonde. Zeuss et Holder le dérivent du celte ard, ardu — enna, pays élevé.
- Ardevaz, sommet aux parois à pic sur Leytron, Valais, également de la famille du celtique ard, ardu, élevé, parent du latin arduus, escarpé.
- Ardille, sommet, Gruyère : du celte art, pierre, rocher, aird, pointe, et suffixe dim. ille.
- Ardon, Valais, Ardunum, 1146, Hidber, II, 1179, Furrer, III, Ardun, 1179, 1200; du celte ar, fleuve et dun, dunon, colline, mont, citadelle = mont du fleuve, ou lieu près du mont et du fleuve.
- Les Arlettes, forêt Ormont-dessous; les Irlettes, carte Rovéréa.
- Arenaz, loc. à Gryon, Saint-Saphorin-sur-Morges, Arainaz à Conthey, Areinaz ou Areynaz, trois loc. Fribourg; du latin /13/ arena, sable = lieux sablonneux. Arrenaz à Lussery, à Boussens, Plan d’Arrenaz à Naye, simple variante orthographique. Arenottes à Goumœns, diminutif. Arenay(s) à Bière, Lignerolles, à Ependes, Frib.; Arrenay à Venthône, Val., Arenel, 1250, Areneys, Assens, Payerne, Arrenys, le Vaud, les Arenys à Gimel et Founex; d’arena, sable, et suffixe collectif ey de etum. En Larenaz à Bercher, Lareney à Belmont, soudure de l’article = l’Arenaz, l’Areney.
- Arens, ancien nom de Saint-Blaise, Neuchâtel, Arinis, 1011, Arins, Aryns, 1177, Areins, 1191, Arens, Areins, Arin, etc., XIIIe et XIVe s. D’après Benoît et Junod, de arena; impossible, arena donne arène. Le suffixe ins indique avec toute évidence la dérivation d’un nom propre. Arens = chez les descendants d’Aro. Voir Arans.
- Areuse ou Reuse, rivière, c. de Neuchâtel, Oruse, 1179, Tr. I, Orousa avant le IXe s., Holder, Arousa, Aurousa, 1311, Arouse, 1320, Orousa, 1335, Areuse, 1346, Ourouse, 1372, Orouse, 1380. Matile; même origine que les Reuse, Rause, Reuss et les nombreux Ruz, d’une racine commune à toutes les langues indogermaniques, v. h. all. riuzen, couler. Voir Reuse.
- Argentine, sommet sur Bex; de argent, à cause de ses rochers de calcaire urgonien, particulièrement brillants au soleil du soir.
- Argil, Argillé, voir Arzillier.
- Argnaulaz, voir Herniaulaz.
- Arlens, D. Glâne, Fribourg, Arlengus, 1002, Hidber, I, 285, Allens, 1251, M. R., XII, 278, Arlens, XIIIe s., M. R., VI, 314 = chez les descendants d’Arilo, n. pr. germ., dim. d’Aro, l’aigle. Arlengus, rapporté par Stadelmann à Arlens (pp. cit. 56), doit sans doute être rapporté plutôt à Allens près Cossonay; il s’agit dans la charte d’un échange entre des terres à Astlegus (Assens ?) contre deux manses, l’un à Colombier, l’autre à Arlengus; or Allens, Arlens en 937, est près de Colombier. Voir Allens.
- L’Armary, ou la Mala-Armary, ruisseau, affl. de l’Aubonne, Armari, 1430. Origine inconnue, sans doute celtique; on y retrouve la racine ar, eau courante, rivière. /14/
- Armillon, petit plateau semi-circulaire sur un gradin supérieur de l’alpe des Ravins, au Rawyl, Valais; diminutif de armille, anneau, du latin armilla.
- L’Armont de Vent, de Bise, deux ham. de la Brévine, Neuchâtel; aussi écrit L’Harmont = ars-mont, mont brûlé, défriché par le feu. Le Larmont, frontière française, le Armont, 1382, Larmont, 1383, même sens (agglutination de l’article).
- Arnex, 2 villages vaudois, 1o près Nyon, Arnai, 1154, Cart. Month., Arnay, 1164, 1179, Arnai, 1166, M. G., XIV; 2o près Orbe, Villa Arniaco, 1009 ? Hidber, I, 299, Arniacum, 1049, 1109, 1200, Arnei, 1228, Arnay, 1263, 1403; Arney, loc. à Saint-Livres, Arnier, loc. à Peseux. De (fundum) Arniacum, domaine d’un Arnius, nom gallo-romain, forme latinisée du nom germain Arni, l’aigle.
- Arnioux, ham. d’Ayent, Valais, Arnoch, 1100, Arniosc, 1282; de Arnius et suffixe ligure oscus, correspondant du gaulois acus.
- Arnon, rivière, Ysernum, 1177, puis avec soudure de l’article Lyserne, le Sernon, 1312, Lysernon, 1336, Lussernon, 1364 (c’est aussi le nom d’un ruisseau à Ollon). Ces anciennes formes montrent une étroite parenté avec la Lizerne, Valais, Yserna, 1304, et les différents Isère, Isar, etc., racine is, sans doute celtique comme le suffixe ar, rivière.
- Aroley, alpes de Saxon, l’Arolez et Arolette, sommet à Trient; vallée d’Arolla, Hérens, l’Arolla, 1442, Arolaz, 1449; Aroleit (ou Aroley) à Zermatt; du pin arole ou arolle, qui y est fréquent.
- Arpette, Arpitetta, Arpalle, Arpille, Erpilles, syn. divers de Alpette, petite alpe. Dans une même charte de 1339 on lit l’Arpeta et l’Alpetaz, permutation l-r, et les Arpilles des Ormonts s’appelaient Alpillys en 1486.
- En Arpey, loc. sur Gingins; de alp, permutation l-r et suffixe ey.
- Arrei, revers d’une montagne, Landarey, glacier, val d’Hérémence, Valais, Lindaret, frontière de Savoie, et Bandarrey au col Ferret, Valais, pour l’en derrei, Ban d’arrei; du latin ad et retro. /15/
- L’Arrêt, bois à Vulliens. Voir Larret.
- Arrissoules, D. Yverdon, Aressules, 1142, 1146, 1198, M. F., II, III, Aressoles, Aresoles, Arisoles, XIIe s., Arch. Fr. VI, Aresoules, 1235. Aresloules, 1230 M. R. VI, 235 : coquille ?
- Arruffens ou Aruffens, petit village fribourgeois D. Glâne; Arrufens, 1341; bois à Pampigny, pâturage à Montricher, ancienne propriété des Mestral d’Aruffens = chez les descendants d’Adrulf, puis Arrulf, n. pr. germ. Un Arulfus est témoin d’un acte en 855 M. R. VI.
- Ars, Arses, Arsaz, patois Arzé, très fréquent Alpes et Jura, Larsaz à Hauteville (article soudé), les Ars à Vallorbe, les Arts sic ! à Leysin et à Orbe, les Ars, val Ferret, Combe des Arses à Tramelan, aux Arsattes à Moutier, les Arsets à Liddes, les Arsettes à Vérossaz et Charmey; Arsajoux à Charmey, Arsajeur à Vouvry. De ars, participe du vieux verbe ardre, latin ardere, brûler. Désigne des terrains défrichés par le feu. De là aussi
- Arson Praz, champs à Ecublens = pré (de l’) arson, s. f. v. fr. = incendie, action de brûler; ardre.
- Arve, rivière, affl. du Rhône, Arva, 1083, Hidber, I, 381, 1264, Alva, 1269, très souvent appelée aux XIIIe et XIVe s. Arar (onze fois dans les M. G.), ce qui la rapproche de la Saône, autrefois Arar, et de l’Aar. Pour l’étymologie, voir Aar.
- Arvel, mont près Villeneuve; peut-être (permutation de p en v) synonyme d’Arpille; des formes anciennes pourraient décider.
- Arvela, ham. de Salins, Valais, Arvilar, 1243, 1263, 1290, Alvilar vers 1270. A la même époque je trouve Valandus, Borcardus dol Vilar. Alvilar est donc au Vilar ou Villar = au village.
- Arveyes, ham. d’Ollon; du latin arva, v. fr. arve, champs, pâturages, et suff. collectif eye.
- Arzier, D. de Nyon, Argie et Argier, 1306, M. R. XII, 177, 180, Arsie, 1328, M. R. III, 613, Argier, 1344, M. G. IX, 236, Arsier, 1386, M. R. V, 370; d’après Gatschet et A. Godet viendrait de arse, arze, mélèze, et signifierait forêt de mélèzes. Mais le mélèze est inconnu par là, au moins en forêts. Vient sans doute /16/ de (fundum) Arsiacum, domaine d’Arsius, gentilice connu dans la contrée par les inscriptions : l’un d’eux était édile de Genève. M. G. XX, 76. Arsius est peut-être une autre forme de Artius ou Arcius, dérivé du nom d’homme gaulois Artos, l’ours. Quant à Asserium, 1174, Hidber, II, 250, il se concilie difficilement avec toutes les autres formes de ce nom et laisse supposer une erreur de copie.
- Arzillier, Arzilier, Arsillier (ou iez), une vingtaine de localités, Arzelly à Thierrens, Arzilly à Granges, Payerne, Arsilier, 1226, et à Yvonand, Argil à Grimentz, Argillé à Grimisuat, Argiles à Auvernier, les Argilles à Cressier, Argillat au Locle; avec l’article soudé : Largiller à Châtelard, Frib., Larsilleys à Vex, 1255, Larzillais à Lavey vers 1200, en Largiliaz à Yens, 1295, Larsilli à Erschmatt, Valais, 1242, Arsilye à Fribourg, 1410; de argile, arzille en Champagne.
- Assajor, forêt aux sources de la Baye de Montreux, pour Arsajor ou Arsajoux, forêt brûlée. Voir Ars.
- Assaz, loc. à Lens, entre deux torrents et deux bisses, le même que
- Asse, rivière du Jura à Nyon, autrefois Aasse. Lasse pour l’Asse, torrent, affluent de la Reuse de Saleina, Valais; l’Assaz à Champex d’Orsières; les Asses, m. à Vuadens (petits ruisseaux !), pâturage à Châtel-Saint-Denis; Assets, loc. à Lucens, dim. D’après M. de Rochas (Année géogr.), nom commun en Dauphiné pour ruisseau.
- Asse est aussi un mot patois : asse, s. m. = l’if, Taxus baccata. C’est à ce dernier qu’il faut rapporter le bois de l’Asse à Montmagny, Avenches, loc. à Pailly, pas de ruisseau; les Assets à Martigny, Asset, Asson à Conthey, et peut-être d’autres encore; l’absence du ruisseau sera déterminante.
- Assenges, m. à Sévery et Assens, D. Echallens, Hastens, 1154, Astens, 1154, 1199, M. R. XII, 17, 23, 56, Asteins, 1238, Astyens et Astiens, 1291, M. R. XIV, Ascens, 1453; probablement identique avec Astlegus, 1002, Hidber, I, 285 (le Dict. hist. Vaud. Suppl. a 1102 par erreur) = chez les descendants /17/ d’Astilo, n. pr. germain. Astens, de Asto dont Astilo est le diminutif.
- Asuel, D. Porrentruy, all. Hasenburg; Asuel, 1136, Hidber, I, 531, puis Hasuel; du v. h. all. haso, lièvre, château des lièvres.
- Athenaz, ham. d’Avusy, Genève, Atinaz, 1302, 1326, M. G. XIV, 300, XVIII, 97, probablement dérivé d’un cognomen romain employé adjectivement. Le gentilice Atinius donnerait une (villa) Atinia, qui serait devenu Atigna ou Atègne. Il faut supposer un cognomen * Atinus, d’où (villa) Atina. Voir, sur cette formation, Monnaz.
- Attalens, Fribourg, Attalenges, 1068, M. Fr. II, Athalens, 1168, 1178, 1376, Attalens, 1374, Actalens, 1453, Tallens, 1680. D’un dérivé du nom germanique Abtad, comme Abtadil, d’où Abtadilingum, contracté Attalinges. L’apocope du a dans la forme Tallens de 1680 n’est pas un cas isolé; nous voyons dans Stadelmann que Talein est encore aujourd’hui le nom patois et nos journaux imprimaient encore Tallens le 20 juin 1904.
- L’Aubepena, m. à Murist, Frib.; de alba-spina, l’aubépine, de là aussi les Obépins, m. à Gratavache.
- Auberson, ham. de Sainte-Croix; n. pr., dim. d’Aubert.
- Aubonne, rivière, Albinna, dixième siècle, Albonna, douzième siècle, et Arbogne ou Erbogne, affl. de la Broie, du celtique alb, blanc, et ona, source, rivière, fréquent comme suffixe (voir Lausanne). Rien de commun avec Eau bonne, comme le traduit F. de Mulinen (dans Arch. Schw. Gesch. XIII, 279).
- Auboranges, Fribourg, Alburengens, 1155, Arborenges, seconde moitié du XIIe s., Alborengis, 1190, Hidber, II, 400, Arboreinges, 1238, M. R. VI, 660, Arborenges et Alburenges vers 1250. Cart. Haut Crêt, M. R. XII, 13, 149, 150, 151, etc.; non comme le veut Gatschet, de aubours, cytise, latin alburnum, qui ne croît pas là, mais d’un n. p. germain = chez les descendants de Albhar, Albhari, le guerrier de l’alpe (ou le guerrier blanc).
- Ès Auches, m. à Progens, Fribourg. Voir Oche. /18/
- Audèche, trois pâturages, alpes de Charmey, Gruyère, Deschi, 1146.
- Audon, nom fréquent de montagnes, Audon au Pillon, all. Olden, d’où Oldenhorn, romand Becca d’Audon; Audon, Ormont-dessous, Praz Odon à Isenau, Ormont-dessus; Siernes Audon à Rougemont, l’Oudon, carte Dufour; Bonaudon et Hautaudon, près Naye. Gatschet le dérivait d’abord d’herbe d’audon, nom patois de la bryone; mais cette plante ne croît qu’à la plaine. Plus tard, il l’a rattaché à la racine celtique art, ard, pierre, roche (permutation de ard en aud). Mais les formes anciennes d’un de ces noms contredisent cette étymologie. Audon d’Ormont-dessous, au pied du Mont d’Or, s’appelait Ouzon, Ougion, 1332, Ouzon, 1400, 1412, les Chaux de Ouzon supra montem de Ouzon, 1439 = la Chaux au-dessus d’Audon. Le mot a subi la même permutation que le pâturage voisin de la Baiosa, Bajousa, 1315, 1318, aujourd’hui la Badausaz. C’est donc le même mot que Ouge, Auge, Oujon près Arzier, jadis Algio, et que le nom commun auge, tous dérivés de alveus. En regardant la carte on voit que tous ces Audons sont dans de petits bassins fermés (la permutation j-d se retrouve dans le n. commun. augine, en patois audena, s. f., canal élevé en bois pour amener l’eau à une scierie; renseignement de M. Isabel). Quant à l’l de Oldenhorn, on peut admettre que les Allemands ont traduit oud par old, parce que le suffixe oud romand est le correspondant du old germain.
- Auge, Ouge, nombreuses loc. (une trentaine), Vaud et Frib. (aussi Neuchâtel : les Auges à Boudry); du nom commun auge, bassin, au fig. endroit creux, enfoncé, bas latin augia, du latin alveus. Ougettaz est un diminutif fréquent. Un autre est Augine, ham. de Boulens et ruisseau, affl. de la Mentue; un autre affl. de la Mentue entre Bioley-Magnoux et Ogens, ce qui le fait dériver d’Ogens par le Dict. hist. vaud. (Suppl, p. 53) qui voudrait écrire Ogine. L’Augine de Boulens, qui n’a rien de commun avec Ogens, montre l’erreur. La Louge, m. à Château-d’Œx, terrain bas près de la Sarine, le même avec soudure de l’article pour l’Ouge. /19/
- Aumont, D. Broye, Frib., Altus mons, 1226, M. R. VI, Aumont, 1337. Matile, = haut mont.
- Les Aunes, 2 loc. de la Gruyère, Cerniat et Vuadens; paraît dériver de aune, arbre, latin alnus, exception bien rare, cet arbre étant toujours désigné par son nom romand verne (du celtique guern), qui a donné les noms de plus de 150 loc. de la Suisse romande.
- Ausannaz ou Eusannaz, pâturage sur Bex, en patois Œuvannaz, peut-être de ovis, mouton; pâturage de moutons, comme Bovonnaz, pâturage de bœufs.
- Aussays, ham. à Vérossaz, Valais, ou Hausseys ou Haut Serre, au-dessus des rochers de Saint-Maurice; de altum saxum, haut sex, haut rocher.
- Autafond, D. Sarine, Fribourg, Autafonz vers 1230, M. R. VI, 242; du latin alta fons, haute source; en Lottafon, loc., source à Marchissy, pour l’Autafont, même sens.
- Autannes, paroi de rochers au col de Balme, au Trient, sur Varone; les Audannes au S. du Wildhorn, les Adannes à Rougemont; de l’adjectif v. fr. autain, de altus, haut; voir aussi Otanes.
- Autavaux, D. Broye, Frib., Alta Valle vers 1160. Donat. Hauterive, Arch. Fr. VI, et loc. à Combremont; du latin alta vallis, haute vallée.
- Autervenaz, ham. sur Champéry, Valais, pour Hauta Revenaz, haute ravine, des rochers profondément ravinés qui le dominent.
- Autigny, Fribourg, all. Ottenach, villa Altignei, 1068. Mém. Fr. II, 343. Altiniei, 1163-1200, Arch. Fr. VI, Altiniacum, 1183, Altignie, 1217, M. Fr. IV, Autinie, 1228, Autignie, 1273, 1441, Ottigny, 1717,; de (fundum) Altiniacum, domaine d’Altinius, gentilice romain dérivé du cognomen Altinus. Hautigny, ham. de Corsier, Vaud, même sens.
- Auvernier, Neuchâtel, Averniacum, 1011, Avernie vers 1050 et 1220, Avernie, Avernye, 1277, Avernier et Auvernier, même charte, 1280, etc. Gatschet, et Studer d’après lui, le dérivent /20/ d’avornio, nom italien du Fraxinus Ornus, frêne à manne et du Cytise Aubours, étrangers l’un et l’autre au pays. M. A. Godet, dans le Rameau de sapin, l’explique par Au Vernier, au bois de vernes. C’est plus que douteux. Le suffixe iacum le rattache à un nom d’homme : domaine d’un Avernius. C’est probablement Auvernier qu’il faut reconnaître dans l’Avriniacum du Cart. de Montheron : Uldricus, sacerdos de Avriniaco, 1154, M. R. XII, 22.
- Aux, Lanze des —, alpes de Champéry; de lanze, lanche, couloir, ravin, et aux, plur. de ail : couloir où abonde l’ail feuillu, vulgairement branlette.
- Avanchet, nant ou ruisseau près Genève; probablement parent du nom suivant.
- Avançon ou Avençon, rivière à Bex; 2. torrent à Vionnaz; 3. m. et ruisseau à Colombey; 4. torrent de Morcles, appelé aussi Avançonnet; celui-ci, flumen Aquansoni, charte de Saint-Maurice entre 847 et 853. Cette traduction latine montre que le rédacteur de la charte y trouvait la racine ava, eau. C’est un mot celtique qui se retrouve dans la vallée d’Aoste : Evançon, et le Dauphiné : Avançon, Avance, Vance, Vançon, ces derniers avec apocope de l’a.
- Les Avants, ham. sur Montreux; le t est peut-être une addition postérieure et le mot serait à rapprocher d’un clausum deis Avans à Granges, Valais, 1260; peut-être du patois avan, s. m., saule osier, dont l’origine est du reste inconnue. Ce mot avans se trouve dans un bail de 1285 : exceptis avans et sarmentis (glossaire bas latin des chartes de Savoie. Doc. Acad. royale de Savoie, II).
- Aven, village de Conthey, Valais, Avainz, 1100, Avaiz, 1200, Aveyn, 1250, Avens, 1440.
- Avenches, de Aventica (Adventica), Civitas Aventica, Not. Gall. IVe s., nom au moyen âge de l’ancien Aventicum, celui-ci, comme le nom de la déesse Aventia, est dérivé d’Aventos, juste, racine au, protéger (Zeuss). Ce thème gaulois avent se retrouve dans plusieurs noms de communes de France : Avanton (Vienne), Avansan (Gironde). /21/
- Aveneyre, pâturage et sommet, alpes de Villeneuve; un autre sur Montbovon, Fribourg. Le mot a une étrange ressemblance avec avenaire, étranger. Le pâturage de Villeneuve est dans les limites de l’ancienne Gruyère, mais Villeneuve n’en a jamais fait partie. Serait-ce donc l’alpe aveneire, des étrangers ? Il faudrait d’anciens textes pour appuyer cette conjecture.
- Avenex, ham. près Nyon, Avenacum, 926, M. G. XIV, 376, Avenai, 1236, Avenay, 1250, M. R. XII, 156; du gentilice Avenus (autre forme d’Avius) = domaine d’Avenus.
- Avennaz, bois au Jorat de Lutry, Awines, 1142, Cart. Montheron, Ewinaz, 1228.
- Avouillons, ham. près. Nyon; loc. à Leysin, à Lavey; prés à Fully; Avouillaz, prés à Saxon, Avullion, prés à Saint-Martin d’Hérens, loc. à Ollon, à Rennaz; aux Avouilles, loc. à Ollon (aiguilles rocheuses sur la Grande Eau); l’Avoullietta de la Za = Aiguille de la Za, vallée d’Hérens; les Avolions, chaîne de rochers, vallée de Bagnes.
Ces derniers, de avellhon, patois = aiguillons, à cause de leurs pointes aiguës. Mais quel rapport entre des aiguillons et les prés de la plaine du Rhône ? Dans les prés humides où l’on ne peut aller avec des chars, on fait un tas de foin, puis on glisse dessous deux aouilles, ou aouillons, deux aiguilles, disent les paysans, c’est-à-dire deux perches, et l’on transporte ainsi la charge qui est un avouillon. Les prés où l’on est obligé d’enlever ainsi la récolte sont les Avouillons ou Avullions. Un en Oulion, XIIIe s., à Ecuvillens, doit être le même mot, ainsi que les Auglions (gl mouillé) à Fey et à l’Aulion, bois à Bière. - Avry, Fribourg, Avri vers 1150, Aprilis vers 1173, Arch. Fr. VI, Abril, 1177, Avriei, Avril, XIIe s., Avrie, 1202, Matile. April, Avril, 1228, Aprili, 1286, Avrie, 1301, Avryez, 1425 = (fundum) Apriacum, domaine d’un Aprius, gentilice romain.
La fausse orthographe Avril du XIIe s. a entraîné la fausse interprétation latine Aprili, Aprilis. Il en est sans doute de même pour plusieurs autres localités, telles sont une villa de Avrilliet, aux environs de Palézieux en 1295. Cart. Haut Crêt, M. R. XII, 130, /22/ probablement le même que le lieu-dit en Apriliers, 1633, à Attalens (Dellion); les mayens d’Aprily à Mollens, Valais, et Avril, loc. et ruisseau à Genève, qui dériveraient également d’Aprius. - Avully, Genève, Awillie et Avulie, 1220, Avullie, 1227, Awyllie, 1302, Avuyllye, 1326, M. G. IV, 30, XIV, 300, XVIII, 97; de (fundum) Avilliacum, domaine d’un Avillius, gentilice romain. De Vit, I.
- Avusy, Genève, Avuysie, 1302, M. G. XIV, 300, Avusye, 1338, Avusier, 1364, 1517, évidemment d’un nom pr. gallo-romain; probablement un (fundum) Avusiacum, propriété d’un Avusius, dérivé d’Avus, aussi employé comme nom propre. De Vit, I, 590.
- Ayens, loc. à Apples, Colombier, Clarmont, ès Ayens, 1295 = chez les descendants d’Ago ou Acho, n. pr. germain. Förstem., p. 10.
- Ayent, près Sion, Agent, 1052, M. R. XVIII, Agenta, 1153, Hidber II, puis Aent, Aient, Ayent, XIVe s.; on peut en rapprocher à l’Ayen ou Layen à Puidoux, Vaud. D’après Gatschet, du v. h. all. eiganti, part. prés. de eigan, posséder, soit terre formant un bien propre, un alleu. On trouve encore une vigne d’Aent à Varone, 1252, un champ d’Ayent à Bramois, 1250.
- Ayer, nom de villages alpestres : comm. D. Sierre, Ayer, 1327, ham. d’Hérémence, etc., et Ayerne, de nombreux pâturages; les premiers, du patois ayer, du latin acer, érable, et les seconds de l’adjectif latin acerinus, lieux où il y a des érables.
- Aze, Col de l’ —, ou de l’Azet et Pointe de l’Azet au S. de Lourtier. Laget, carte Siegfried, article soudé; Bec d’Aget au N. de Lourtier, vallée de Bagnes; du v. fr. aze (valaisan, age), synonyme de âne, azet = petit âne.
- Azot, chalets derrière le Cubli sur Montreux, peut-être un diminutif de aze.
- Azedon, loc. à Conthey = probablement azelion, petit âne, permutation ll-d; on dit Dadon pour Daillon, ham. de Conthey. /23/
- B
- Baar, ham. de Nendaz, Valais, Barro, 1100, 1162, Bars, 1221, 1250; du bas latin barrum, terrain fertile, du gothique bairan, produire, rapporter.
- Bâche, Bâches, loc. à Ecublens, Chardonnay, D. Morges, etc.; endroits bas, creux, où restent des flaques; du celte bach, creux, humide, bas breton bac, bassin, auge; bach, foin de marais. Nous disons dans ce dernier sens bâche, Genève, La Côte, Avenches. Trebâche, forêt à Corbeyrier, est un composé, et Bachillon à Yvorne, Bachelet à Luins, diminutifs.
- Bacon ou Baccon, loc. à Aigle, Crans, Echallens, Avenches et ailleurs; Proz Bacon à Bagnes; de l’ancien fr. bacon, lard, du v. h. all. bacho, dos, employé adjectivement pour désigner des terrains fertiles. La Suisse allemande dit de même Speck, Specki, 8 loc. citées par Früh et Schröter, v. Bibliogr., p. 314.
- Badausaz, pâturage, Ormont-dessous, Bajousa, 1315, 1318, Baiousa, 1332, Baiosa, 1420, permutation j-d, comme Oujon-Audon; peut-être de la racine de baie, ouverture : la Baiosa est le passage obligé pour aller de Leysin au Col du Mouellé et à la vallée de l’Hongrin.
- Bagnes, vallée du Valais, Baines, 1150, Hidber, II, Bannes, 1177, Bagnii, 1177, Bagnes, 1177, 1206, Banes, 1232, Bannes, 1235, etc.; du latin balnea, bains. Il y avait là au moyen âge, d’après Bridel, une source très fréquentée, disparue sous un éboulement. Barnia, loc. à Villeneuve, au pied d’Arvel, avec des eaux sulfureuses = également de balnea. (M. de Gingins, Recherches, p. 44, y voit une fausse lecture « in Barma prope Villanova 1247 et non pas Barnia ou Balnea comme le dit Levade, p. 241. »)
- Bainoz, ruisseau; voir Bennaz.
- Balandes, bois sur Bonmont, D. Nyon, Convallem de Balenda, 1202, M. G. XV, 2, mot d’origine celtique, kymri balaon, bourgeon d’arbre, balant, le bourgeonnement des arbres, breton balaen, v. fr. balain, balai, breton balan, genêt (Dietz).
- Balavaux à Vétroz, Valais = belle vallée.
- Balexert ou Balessert, Tour de —, près Genève; du n. de /24/ famille Balexert, ancienne famille bourgeoise de Genève; autre forme de bel-essert, aussi écrit exert.
- Ballaigue, D. Orbe, Aqua bella, 1177, Ballewi, 1228, Baleigue, 1354 = belle eau.
- Ballaly, forêt sur le Bouveret, Valais; du bas latin bella legia, belle forêt; voir Alliaz.
- Ballens, Vaud, Barlens, 1139, 1148, M. R. III, 581, 481, Baleins, 1165 ? Hidber, II, 205 1; de Berlingis = chez les descendants de Berilo, n. pr. germain.
- Balmaz, Balme, ou, permutation l-r, Barmaz, Barme, Baulmes, Baume, parfois Bamaz, Château-d’Œx, Bassins, Moutier, ou Bame, Ocourt, et les diminutifs en ette (atte, Jura bernois), otte : ès Barmottes à Bex, ou ine : Baumine, ruisseau; du celte balm, caverne, paroi de rochers.
- Bambois, pour Ban-bois ou forêt à ban, synonyme dans le Jura bernois, des bois Devens du C. de Vaud.
- La Bammat (fausse orth.), pâturage du Jura de Nyon, chalme Balme, XIIe s. Cart. d’Oujon, M. R. XII, 72. Voir Balme.
- Banderettaz, nombr. loc., Bannerettes à Grandvaux; propriété d’un banderet ou banneret.
- Baragne, prés à Orsières, pâturage à Arzier; de la même racine que « baragnon, fossé latéral d’un champ, » dit Littré, Suppl., sans étymologie du reste.
- Barberèche, Fribourg, Barbereschi, 1158, Barberesche, 1173, F. B. I, 453, Barbaresche, 1180, Barbareschi, 1182, 1228, Barbarica, 1423. Rec. dipl. VII. D’après Gatschet (et Studer), du bas latin barbaresca, plantation d’arbres irrégulière. Est plutôt, comme le Barbaresca du Méconnais en 963 cité par Jubainville, un nom dérivé avec le suffixe locatif gaulois isca, du gentilice Barbarius ou du cognomen Barbarus : Barbarisca (villa), ferme de Barbarus ou de Barbarius.
- Barberine, ham. et rivière, affl. du Trient, Barberina, 1264, Barbarina, 1307, M. G. XIV, peut-être la même origine que le précédent; du n. pr. Barbarus. /25/
- Barboleusaz, pâturage sur Gryon, Berboleuse sur Ollon, Barbollie à Chevilly; de la famille de barbouiller, préfixe péjoratif bar et racine boull, qu’on retrouve dans le v. fr. boullon, bourbier : pâturages, prés boueux.
- Bardonnex, Genève, Bardonacum, 1153, Barduniacum, 1250, Bardonay, 1344, Bardonex, 1381, M. G. XIV, 9, 29, IX, 229, III, 219 = (praedium) Bardonacum, propriété d’un * Bardonus ou * Bardunus.
- Barges, ham. de Vouvry près du Rhône, Barges, 1259; loc. à Yvorne près du Rhône; prés à Veyrier, vers l’Arve. Comme Bargen, C. Berne, port sur l’Aar, Barges, 1228, du bas latin barca, fr. barge, bateau à fond plat, bateau de bac. C’était sans doute à l’origine l’emplacement de bacs sur ces rivières, ou des lieux d’embarquement. En 1439, à Fribourg, un chemin de Barges que le Conseil fait améliorer. C’est encore le nom d’un affluent de la Petite Glâne.
- Barme, voir Balme.
- Barneuse, alpe sur Ayer, Valais, et Berneuse, sommet sur Leysin; peut-être adjectif dérivé du celtique bern, monceau, amas et aussi fourré. [Voir Additions et corrections : Barneuse , p.539]
- Barnia (ou Barniaz) à Villeneuve, voir Bagnes.
- Bart, Chez le —, ham. Neuchâtel. Paraît se rattacher au v. fr. ber, provençal bar, forme nominative du mot baron, forme régime, bas latin barus, homme fort, guerrier vaillant. Origine discutée; peut-être du celtique, kymri bar, héros.
- Basenaz, pâturage à l’Etivaz, Pays-d’Enhaut; du n. pr. Basin, famille de Rossinières (note manuscrite de M. Isabel).
- Basens, 2 com. Lac. et Singine, Frib., all. Bösingen, Basens, 1228, 1234, M. R. VI, 1252, 1406, Rec. dipl. I et VI, Basingel, Rec. dipl. VI, Besingen, 1204-1665 = chez les descendants de Baso, n. pr. germain.
- Bas-Monsieur, ham. près Chaux-de-Fonds. D’après V. Benoît, Esq. neuch. I, 110, s’appelait autrefois le Ban-Monsieur, terrain à ban, appartenant au comte. /26/
- Bassays (ou Basseys ou Bas-Serre), ham. de Vérossaz sur Saint-Maurice; de bas et sex, rocher.
- Bassecourt, D. Délémont, Baressicort, 1160, Barsecurt, 1178, Baressecort, 1181, 1239, Boressecort, 1256. Ces formes anciennes indiquent comme premier élément un n. pr. C’est la cour, la ferme d’un Germain, mais lequel ? Förstemann a Basso, mais pas de nom renfermant le r de ces quatre formes primitives.
- Bassenges, D. Morges, Baffinges, 794, Bassenges, 1217, et Bassins, D. Nyon, Bassinges, 974, 1000, Bassiniacum, 1148, Bassins, 1164, Bacins, 1195, 1244, M. R. XII, etc. = chez les descendants de Basso, n. pr. germain.
- Les Bassets, ham. à Clarens D. Vevey; le Basset, col au val Ferret, autre entre Liddes et Bagnes; de bas. En Dauphiné les cols sont souvent appelés baisses.
- Bassy, ham. à Anières, Genève. Probablement de (fundum) Bassiacum, domaine d’un Bassius, gentilice dérivé du cognomen Bassus. Il faudrait une forme ancienne pour changer cette conjecture en certitude.
- Le Bastillon, arête de rochers au val Ferret, Valais; dimin. de bastille, château fort.
- Bastioulaz, m. à Epesses = petite construction de pierre; diminutif, avec le suffixe oula, de bastia. Voir Bâtiaz.
- Basuges, ancien nom de Saint-Prex, d’après le Cartulaire de Lausanne; de basilica, église. C’est là que fut enterré l’évêque saint Prothais, et l’endroit prit dès lors le nom de Saint-Prex. Le lieu-dit Sur Bassus conserve le souvenir de l’ancien nom du village.
- Bâtiaz, Valais; la Bâtie, Genève, château construit en 1318, Batista, M. G. IX, 313, Bastide, 1321; autre près Versoix; du v. fr. bastie, provençal bastide, lieu fortifié, du bas latin bastire.
- Battentin, m. à Bulle, Frib., Battentein, 1286, Batetens, 1379, Battentin, 1475, Arch. Fr. III; probablement d’un n. pr. germain, un composé de la racine Bado.
- Battiau, ham. à Saint-Prex, m. à Granges, Frib.; Baptiaux à Aigle, Battioux, Ollon; Battiou, Céligny; Battieux à /27/ Colombier, Neuchâtel; forme patoise du bas latin baptitorium, fr. battoir.
- Baugy, ham. de Montreux, Bogie, Bougie, 1250. Malgré les o des formes anciennes, nous paraît dérivé comme les Baugy de France de (fundum) Balbiacum, domaine d’un Balbius, gentilice romain. Les nombreuses antiquités romaines qu’on y a trouvées parlent en faveur de cette origine.
- Bauloz, ham. de Gimel. Voir Bolle.
- Baulmes, D. Orbe, Balmo, 962, Balmes, 1174, Balma, 1183, Balmis, etc. Voir Balme.
Un quartier de vigne à Neuveville s’appelle aux Baumes. Or un acte de 1185, Trouillat, I, 261, parlant de vignes à Nugerol, in Nuerol, nomme les « vineas ad Balinam. » Ce Balinam, qui n’a pas laissé de trace, nous paraît être une fausse lecture pour Balmam, baume, nom conservé dans l’endroit indiqué. - Bavelier, ham. de Pleigne, D. Délémont, Bawile, 1336, Bavilier, 1347, all. Baderswil, Paraît d’abord formé de bach, ruisseau, et velier, wiler, village, ce que semble justifier sa position au bord d’un ruisseau. Mais le premier élément de tous ces noms est toujours un nom d’homme, et puis bach n’explique pas l’all. bader. Bader, nom fréquent, m. h. all. vient du v. h. all. Bathari, de la racine bad, vieux gothique beado, et hari, guerrier. Förstem.
- Bavois, D. Orbe, Baioes, 1182, M. R. VII, 28, et 1228, 1399, Baoies, 1200, M. R. III, 568, Baioies, 1213, 1228, Bavoes, 1225, Bayoies, 1270, 1298, M. R. XIV, Bayoyes, 1275, Bayoes, 1359, 1453, Bavoy, 1536. Mot difficile à expliquer. Autant qu’on peut en conjecturer sur la physionomie du mot, en considérant que le v est une lettre intercalée, on peut y démêler la racine bay, de bach, ruisseau, et un suffixe collectif oyes, oies, village où il y a plusieurs ruisseaux, ou territoire entre plusieurs ruisseaux; or le territoire est limité par le Talent et les eaux du marais, et plusieurs ruisselets d’après la carte y descendent des coteaux à la plaine.
- Bay, Baye, Bey, nom de nombreux ruisseaux; de l’all. bach, ruisseau. De là encore peut-être Bex, D. Aigle, villa Baccis, 574, /28/ Boez, 1142, Bax, 1179, Baiz, 1227, Bez, 1245, et en Bex, loc. à Eclépens, entre la Venoge et un ruisseau. Quant à Bez, à Courtelary, il pourrait aussi bien venir de biez. Voir ce mot.
- Les Bayards, Neuchâtel, Bayar, 1282, Bayart, Bayard, Boyheart, 1344, Matile; probablement n. propre d’homme.
- Bayse (pron. ba-hi), ham. à Blonay, aussi Bahise; loc. à Bex, à Faoug, Avenches; Baysaz à Saint-Triphon, Bahyse, ham. sur Cully, Bayèze, m. à Morgins, Creux de Bahyse sous Chamossaire, alpes d’Ollon; à la Bahise, m. à Saint-Aubin, Fribourg; en la Bahi, m. à Hauteville; origine inconnue, peut-être fam. de bay.
- Bé, Bi, préfixe patois = beau : Béboux (bois), Bécor (corne), sommet à Morgins; Bécuel à Landeron (cul); Bez Crettet (petit crêt) à Outre Rhône, Bémont, Bévilard (village), Bétzatay (château), rochers à Outre Rhône, etc., Bicrets à Saint-Gingolph; Bigitoz à Charmey; Bimont; Bipraz à Porsel, etc.
- Beaugourd, voir Gourd.
- Les Bédaires, loc. et ruisseau à Concise; Bédayre, ham. d’Ormont-dessus et ruisseau, augmentatifs; les Bedeaux, petits ruisseaux au pied de Marnex, Ormont-dessus, diminutifs; dérivés du bas latin bedum, voir bied; avec la permutation d-z : ès Bezières, loc. à Etoy, Vaud, Beseiri, loc. à Courlevon, Jura bernois, le même que Bezeria, Cart. Haut Crêt, M. R. XII, p. 127, Bezerie, p. 129, considéré comme nom propre et qui nous paraît être un n. commun, synonyme de bedeyre. On le retrouve dans le Cart. Laus. M. R. VI où l’on parle de la Bezeri à Vevey, 1236, juxta veteres muros, soit la meunière ou canal des moulins. Les mots de la charte de Haut Crêt : « dicti religiosi aquam de Broya… non debebant ducere per Bezeriam ad molendinum suum, » rapprochés de la bezière de Vevey, nous paraissent concluants. Une charte de Bulle, 1438, parle de quadam bezeria molendini dicte ville.
- Beffeux, ham. de Vionnaz, Valais, où habitait évidemment Perrodus de Bellofago de Viona, 1402, M. R., 2e série, II, 125 = bel faux ou bé faux, beau hêtre. /29/
- Begnins, D. Nyon, Bingins, 1145, Bingins, 1165, Hidber, II, Binnins, 1204, M. R. V, 222 et vers 1224, M. R. XII, 50; Bignins, 1226, 1259, 1349, Binins, 1239, M. R. XII, Bynyns, 1285, Bignyns, 1266, M. R. XII, 1328, etc.; de Benningis = chez les descendants de Benno, n. pr. germain (et non de Sanctus Benignus, comme on la écrit souvent).
- Les Beillants ou Belliants, écart de Jussy, Genève, les Balanz, 1274, ès Balanz, 1275, M. G. XIV, 139. Voir Balandes.
- Belfaux, Frib., Bel fo, Bellofago, 1138, 1142, 1150, Arch. Fr. VI, Bel foz, 1228, M. R. VI, 1394, 1406, Rec. dipl. 1471, M. G. XII, 60, Belfol, 1416, etc.; de bellum fagum, beau hêtre.
- Belin, employé fréquemment comme déterminatif. On connaît Sauvabelin. M. Bonhôte indique encore (Musée Neuch. VII, 197), Bas Belin, Cerneux Péquignot, Neuchâtel, Crêt Belin, Abergement, D. Orbe; Praz Belin, Bretonnière, Ballaigue et Vaulion, D. Orbe. Ajoutons Auge Belin à Couvet, en Bellin, prés à Bex. Nous avons peine à rapporter, comme M. Bonhôte, toutes ces localités à Belenos et au culte du soleil. (Il y rattache aussi Trévelin.) Nous voyons plutôt dans ce déterminatif le v. fr. belin, adj. = ovin, de mouton, donc, dans ces localités, des crêts, des prés où paissent les moutons. D’après Godefroy, belin se dit encore au sens de mouton dans le Jura. « Toutefois, nous fait remarquer M. le prof. Bonnard, pour que cette explication soit exacte, il faut que les noms en question ne soient pas attestés avant la fin du 12e siècle, époque où Belin est employé comme nom propre pour désigner le mouton dans le roman de Renart, comme Renart y désigne le goupil, etc. »
- Bellaluex, alpes de Bex et Bellalui ou Ballalui, alpes de Lens, Valais; de belle et luex, lui, paroi de roches; voir Lex.
- Bella Tola, sommet, Valais. Voir Tola.
- Bellegarde, Gruyère, Balavuarda, 1228, M. R. VI, 23, Bellagarda, 1426, XXII, 361; de belle et patois vouarda, fr. garde, du v. h. all. warten, garder, veiller.
- Bellelay, D. Moutier, Bellelagia, 1141, 1179, Balelaia, 1177, Bellalagia, 1192, M. G. IV, 14, et 1300, F. B. IV, 6, Bellelee, /30/ 1244, Bellelaie, 1298, Belile, 1331. Trouillat, III; de belle et legia, leia, forêt : belle forêt. Voir Alliaz.
- Bellerive, D. Avenches, Pulchra ripa, 1240, Bellariva, 1299, M. R. V, 360 = belle rive.
- Bellevaux, ham. à Lausanne, Bella vallis, 1190, Cart. Month., Balesvalz, 1212, M. R. VI, 145; Bellevaux, 1345, loc. à Neuchâtel et Belvaux, ferme à Nods, Berne = belle vallée.
- Belmont près Lausanne, Belmunt, 1214, 20, 26, 28, 36, Bellum montem, 1257, Bealmont, 1238, M. R. VI, 655 et 1239, p. 663. Cette dernière forme ferait penser tout d’abord à Mont de Beal ou Baal, le soleil, que les Celtes adoraient sur les hauteurs. M. le prof. Bonnard, à qui nous avons soumis la question, ne voit dans beal que la forme intermédiaire entre bel et beau. Les autres Belmont, près Yverdon, Belmont, 1174, 1235, Cart. Month., Belmont ou Belmund près Nidau, Bellum montem, 1107, Trouillat, I, 231, etc., ont la même origine : beau mont.
- Belon, Crêt —, à l’Abergement, D. Orbe, Tronche-Bélon à Riaz, Frib.; patois bélon = barlong, plus long que large.
- Belosse, à Cheseaux sur Lausanne, ès Belosses à Soral, Genève; v. fr. beloce, fruit du prunellier.
- Belossy, loc. à Charrat, Valais; au Belossi à Port Valais, Bellochay à Iserables, Bolossy, Vuadens et Chavannes-les-Forts, une terre en Bolosie à Morlon en 1685, Bolossat, Villarimboud; la Belossière à Hermance, la Bélossettaz à Lavigny, Belossier à Noville, les Belossières, Saint-Blaise; la Bollossettaz à Riez et Vuadens; en Belosson à Gryon, en Bellesson à Arnex-Orbe. Un pratum del Belocier, 1205, donné à l’abbaye de Saint-Maurice, une « fontem deis Bolossier » près Cornaux, 1220. Du patois belossi, bolossi, prunellier, celte polos, breton bulos, v. fr. beloce, anglais moderne bullace, prunelle, bas latin bulluca : « Nec aliud penitus quam pomorum parvulorum quae bullucas vulgo appellant, vescabatur. » Vie de saint Colomban. (Holder, 631.)
- Belprahon, D. Moutier, Berne, autrefois Béprahon, all. Tiefenbach, en patois Bépravon; du bas latin bedum, bief, ruisseau, de l’all. bed, et profundum, ce qui correspond au nom allemand. /31/
- Bendes, ham. de Saint-Légier; Es Bendes à Villeneuve; loc. à Chandolin, D. Sierre, et Benda à Chippis; de l’anc. h. all. binda, prov. benda, fr. bande, surface longue et étroite.
- Bendolla, alpe sur Grimentz, Anniviers, alpis de Bendala, 1312, diminutif du précédent.
- Benenté, forêt du Jorat de Lausanne, corruption de Monsbenestel, 1174; de mont, benest, part. passé v. fr. = béni et suffixe dim. el.
- Benevis ou Bennevys, loc. à Aigle; « me paraît venir de a bénévis ou bénévis, du latin bene, bien et vis, tu veux; locution de droit féodal; contrat pour jouir tant qu’il plaira, sans limitation de durée. » (Note de M. Isabel.) Il y avait jadis une famille, savoisienne de Benevis; en 1321 un Michel de Benevys prend part au siège du château de Corbières au Pays de Gex par Amé V de Savoie. Acad. Sav., 2e s. I. Peut-être le Benevis d’Aigle aurait-il été une possession de cette famille : la noblesse de Savoie possédait de nombreux fiefs à Aigle.
- Benex, ham. de Prangins, Beinai, 1262, Benay, 1315, M. R. V, 350, 247 = (vicum) Benacum; du celte benācos, corne, hibern. bennach, de benn, corne, promontoire; Bernex est justement au-dessus du cap très saillant de Promenthoux, de promontorium, promontoire. Benācum est l’ancien nom gaulois du lac de Garde, le lac « cornu » aux promontoires multiples, nommé deux fois par Virgile.
Une charte de 1277, M. G. XIV, 155, parle d’un Venay, terre des Templiers. Le Rég. gen., 278, hésite dans l’identification de Venay entre Avenex et Benex, mais se décide au répertoire pour le premier. Ce doit être plutôt le second, puisque la Commanderie des Templiers de La Chaux avait une terre à Benex. La permutation b initial — v se retrouve ailleurs à la même époque, voir Evordes. - Bennaz, bras du Rhône à Illarse près Aigle; le Bainoz ou la Bainaz, affl. de la Petite Glâne; patois bainna, flaque d’eau stagnante (Bridel), du celtique boinn, rivière. Sorebennaz, loc., alpes de Veytaux, près de la Vereyaz = au-dessus du ruisseau.
- Berchères, m. à Malapalud, Bergère, m. à Lucens, loc. Marchissy, /32/ endroit où l’on garde des moutons; bas latin bercharia; synonyme du moderne Bergerie qu’on trouve à Nyon, Valeyre, Rances, etc. Voir aussi Verchère.
- Berchier, D. Moudon, Bergie, Berchiacum, 1154, Bercie, 1166, Bergi, Bergy, Cart. Month., Berchie, 1223, 1453, etc.; Bercher ou Berchiez, m. et terrain à Marchissy; en Berchy, loc. à Pampigny; désigne évidemment un fundum, une propriété d’un Gallo-romain, comme * Berbicius.
- Berclaz, loc. à Bramois : un lieu Bercles à Venthône, Valais, 1229, les Bercles, loc. à Neuchâtel, ès Borcles, 1531. Bercle, patois berquié, est un nom v. fr. = treille. En 1570, dit le P. Dellion, le curé de Montbrelloz doit entretenir les toits de la cure, les haies, et « maintenir la bercle. » (Dans le C. de Vaud, berclure, rame de haricots.)
- Bérenges ou moins bien Béranges, ferme à La Tour; de Beringis = chez les descendants de Bero, n. pr. germain; du v. h. all. bero = ours; correspondant de Beringen, Schaffhouse, et Berikon, Argovie.
- Berlaz, Berley, voir Bierlaz.
- Berlens, D. Glâne, Fribourg, Berlens vers 1176, Donat. Haut., 1198, M. F. III, 69, 1223, 1228, M. R. VI, 403, 23, Berlin, 1577, 1638, Bellens, 1453 = chez les descendants de Berilo, n. pr. germain, de bero, ours. Praz Berlens à Châtel-Saint-Denis, même origine.
- Berlin, Champ —, ham. de Sorens, Gruyère = champ de Berilo. Quant à Berlin, m. à Morges, c’est un nom tout moderne donné au XIXe s. par un propriétaire allemand; le nom local est les Huttins.
- Berlincourt ou Brelincourt, all. Berlinsdorf, ham. de Bassecourt, D. Porrentruy = cour, ferme de Berilo, n. pr. germain, diminutif de bero, ours.
- Bernex, Genève, Brenaicus vers l’an 1000, Brenay, 1256, 1271, M. G. XIV, 38, 118, Birney et Berney, 1273, M. G. XIV, 130, Bernay, 1262; Bernay, m. à Port-Valais = (praedium) Brennacum, du n. gaulois Brennos, comme les Bernay de France. /33/
- Bernona ou Bernone, loc. près Venthône, D. Sierra, Bernonnes à Sierra, Bernona, 515, 1267, M. R. XXIX et XXX, de (villa) Bernona, ferme de Berno ou Bernon, n. pr. germain connu dans le pays.
- Béroche, la —, partie S. du district de Boudry, Neuchâtel, aussi appelée la Paroisse, la Paroche, 1433; du latin parochia (saint Jérôme), altéré de parœcia, diocèse. De même dans le Porrantruy, la contrée de Charmoilles appelait jadis la Baroche, nom encore employé en bourguignon pour paroisse.
- Béroie, vaste pâturage et m. isolée, sur Saicourt, D. Moutier; paraît se rattacher au v. fr. berrie, comme
- Berolle, D. Aubonne, Vaud, Birola et Berola, 1278, Byrolaz, 1322, Birolaz, 1453; dim. du v. fr. berrie, lande, plaine, pâturage vague, donc petite plaine; en Berroulet, près à Aigle, dim.
- Berra, sommet de la Gruyère, et Pointe de Béron, alpes du Trient, Valais; du celte ber, pointe.
- Bert, en composition comme déterminatif dans plusieurs noms, en Libert ou Liebert, loc. à Boussens; Praz-Bert à Payerne; Prabert à Monthey; Valbert à Ocourt, Jura bernois = forêts, pré, vallée, de Bert, n. pr. germain, contracté de Beraht, l’éclatant, le brillant.
- La Berthaz, sommet ou saillie de l’arête au col de Couz, Val d’Illiez, et le Berthex ou Berthet, alpes de Bex, dim. du précédent; les deux, sommets schisteux de flysch, se délitant constamment; de l’adj. patois bertho, bertha, fragile.
- Bertol, alpe et sommet à Evolène, Valais, Comba Bertol vers 1280 = combe (de) Berthold, n. pr. germain.
- Bertzo, chalets sur Ayent, Valais; passage de rochers au Sanetsch; Berze, (ts) loc. à Leytron, Valais; métathèse pour brèche, d’où le col des Bréchets, vallée d’Hérens. En Dauphiné, berche = col.
- Besencens, D. Veveyse, Frib., Besencens et Besences, XIIe s. Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 150, 159, Bessensen, 1299, d’après Kuenlin; nom dérivé d’un n. pr. germain. /34/
- Bessinges, ham. C. de Genève = chez les descendants de Bezo ou de Betto, n. pr. germain. Voir Bettens.
- Besso, lo —, sommet, vallée d’Anniviers, Valais; du bas latin bisso, fr. besson, jumeau, à cause de ses deux pointes. De même Crêtabesse, sommet près Sion = crête jumelle, et Pierrabesse à Grimisuat, Valais, Petra Bechy, 1262, Petra Bessy, 1267; loc. à Ollon, aux Ormonts et à Bex; ici gros bloc erratique fendu du haut en bas, ce qui en fait deux pierres jumelles. Pierrabaisse à Conthey est sans doute une fausse orth. du même mot.
- Béthusy ou Bétusi, ham. à Lausanne, Bitusiacum, 906, Betusie, 1220, Bitusie, 1223, Bettusie, 1237; ham. de Bretigny-sur-Morrens = (fundum) Bitutiacum, domaine d’un Bitutius, gentilice romain, peut-être, d’après De Vit, le même que Betutius, Betucius ou Betutius, nom très connu par les écrivains et surtout par les inscriptions. Ces formes primitives, avec le suffixe acum, qui s’ajoute à des noms d’hommes (uniquement à cette époque reculée) et l’absence de l’h, montrent à l’évidence que l’étymologie germanique Bethaus, maison de prière (Dict. hist., Vaud, p. 85) est erronée.
- Betzatai, rochers découpés sur Outre-Rhône, Valais = beau château.
- Bettelin, clos de vignes à Aigle, Bittilins, 1332; peut-être comme Billens, Bitlens, voir plus loin = chez Bitilo, n. pr. germain; toutefois il faut considérer que Bitlens était contracté au XIIe s. et Bittilins non au XIVe. Il y a une racine onomastique Bitt, d’où l’on aurait Bittilo. Ici la contraction se produirait moins facilement. (Note manuscrite de M. le prof. Stadelmann.)
- Bettens, D. Cossonay, Betens, 1142, 1269, 1286, Bectens, 1149, 1358, 1381, Beteins, 1228, Bessens, 1235, Betteyns, 1273, Bettens, 1387; — ham. de Château-d’Œx, Batentes, 1115, Hidber, I, 458, Bestens, 1436 = chez les descendants de Betto, n. pr. germain très fréquent.
- Beurnevaisin, D. Porrentruy, all. Brischiviler, Brunnevisin, 1211, Burnevison, 1290, Burnevesin, 1343; racine germanique brun. Voir Bournens. /35/
- Beuson, ham. de Nendaz. Valais, Bousun, 1200, Bouson 1227, 1248, etc.; 2o loc. à Chamoson; de beuse ou bouse : lieu boueux.
- Bevaix, Neuchâtel, villa Bevacensis, 998, Bevat, 1092, Bevais, 1142. Cart. Month., Bevex, 1268, 1453, Bevas, 1258, 1263, 1311, Bevay, 1280, Bevays, 1310, Beveyz, 1321. D’après Gatschet, correspondant du n. all. Bifang. du v. h. all. bifàhan, clore; ce serait le syn. des Clos, Closuit, etc., si fréquents. Mais le n. latin cellam Bethuatiam, 1049, Hidber, I, 348, semblerait indiquer une autre origine inconnue.
- Les Bevières au Landeron, Beviery, 1243, Beviere, 1343; ès Bévières, loc. à Vich, dérivés collectifs de bevium, bief, prés coupés de canaux.
- Bévieux, h. de Bex et Givrins, le premier faussement écrit Bexvieux par de Gingins et par la carte Siegfried; village de chalets sur Montreux (Beaeux, 1355); Béviaux, pâturage, Pays-d’En-haut, loc. à Blonay, probablement dérivés de bief.
- Bévilard, D. de Moutier, Berne, Bevilar, 1181, Belviler, 1225, Beviller, 1248, Beviler, 1329; de bé, bel, beau et vilar = beau village.
- Bex, D. Aigle, villa Baccis, 574, Will. de Bais, 1138, Bœz, 1142, Bax, Baz, 1179, Baiz, 1227, Bez, 1245, rattaché habituellement à bach, rivière; par M. de Gingins au bas latin baccus, passage de rivière, bac.
- Bezières, voir Bedayre.
- Biaufond, ham. de Bois, Berne; patois biau, beau fond.
- Biaugy, loc. à Rueyres; de bellum gistum, beau gîte.
- Bied, Biez, ruisseaux à Morges et Jura, loc. à Renens, Beium en 904, Biez, 1225, et les Bieds aux Ponts (Neuch.), le Biex à Salavaux, 1289, Bez à Courtelary; autres formes de bief, bas latin bevium, beium, bedum, de l’anc. h. all. bed, lit de rivière, puis canal, ruisseau.
- Bienne, Bielna, 1141, Bielne, 1184, Byello, 1187, Biello, 1230, Bielle, 1239, Beenna, 1233, Bienna, 1258, Biel, 1299, etc. (26 variantes); dérivé ordinairement de byl, beil, all. suisse /36/ beil, la hache qui figure dans ses armoiries; mais ce sont là des armes parlantes et l’origine nous paraît incertaine. Studer propose l’anc. h. all. bil, pris au sens d’entaille, de gorge, ce qui conviendrait assez pour cette ville, à l’issue des gorges de la Suze. Toutefois, nous préférons nous ranger à l’opinion de Zimmerli qui n’y voit rien autre que l’all. bühl, colline; en 1405 le rocher sur lequel s’élevait jadis le château est appelé der Büel.
- Bière, D. Aubonne, Bieria, 1132, Byerey, 1143, Cart. Month., Beri, 1177, Biria, 1179, Biere vers 1210, M. R. XII, 15, Bieri, 1212, Beria, 1278, 1453; du v. fr. berrie, plaine.
- La Bierlaz, alpe d’Ormont-dessus, Berlaz dans les vieux textes; aux Berles, loc. à Denens; à la Birlaz, loc. à Fully, la Byrla, ham. à Trient; Berletta aux Mayens de Sion, dim.; Berlaire à Villariaz, Berley, forêt à Montagny, Berlai, 1228; Berlex à Tartegnins, Berlez à Villarepos, collectifs; du v. fr. berle, patois berla, cresson de fontaine, du latin berula.
- Billens, D. Glâne, Fribourg, Bitlens, XIIe s., Billens, 1180, 1189, M. R. XXIX, 125, Billeins, 1228, Byllens, 1232 = chez les descendants de Bitilo, n. pr. germain; du v. h. all. bitan, désirer; de même Bois-Billens, ham. de Villars-sous-Yens.
- Biole ou Biolla; Biolet (Boudry), Biollet (Bevaix), Biolat (Thierrens), Biolettes ou Biolattes, dim.; Bioley, Biolay, Biolley, Biollay, Biollex, Biolayre, Biolleyre, Biolyre (Valais), etc., lieux où abondent les bioles, bouleaux; du latin betula ou betulla, aussi celtique; les collectifs en ey, ay, ex, de betuletum; en ayre, yre, de betularia.
- Biolec, mayens, vallée d’Anniviers = Bioley,
Ce suffixe ec, spécial à la vallée d’Anniviers et à Evolène : Liappec = Liappey, Lirec = Lirey, Mottec = Mottey, Pensec = Pessey, Rotsec = Rochey, Vernek = Verney, Veisivic = Veisevay, rappelle singulièrement la formation des collectifs semblables en celte armoricain. On y dit rosec (rosetum), favec (fabetum), kanabec (cannabetum), etc. Zeuss, p. 850. Cette terminaison identique pourrait faire penser à une origine celtique commune, mais ce n’est là qu’une coïncidence : le dialecte anniviard ajoute un c inorganique à presque toutes les terminaisons en é, i, ou : dek, sek, nek (doigt, soif, neige), amik, pourrik, pahik, nouk, douk (nu, dur), venouk. /37/ - Bionnens, D. Glâne, Frib., Byonens, 1369, Bionens, 1394, M. R. XXII, 238 = chez les descendants de Beono, Beonnu, n. pr. germain.
- Biordaz, rivière D. Oron, Biorde, 1134, Burda vers 1146 ?, Biorda, 1155, Biurda, 1164, Byorda, 1274, Byurda, 1295, Cart. Haut-Crêt M. R. XII; peut-être autre forme de borda.
- La Biorle, ferme à Belprahon, D. Moutier; peut-être autre forme de bierle. Voir Bierlaz.
- Bioutaz, bois de bouleaux à Arnex sur Orbe; de bioux.
- Bioux, ham. vallée de Joux; loc. à Treytorrens, Saint-Cierges, Chavannes-le-Chêne, et au Biou à Yvonand; forme masculine de biole, bouleau, v. fr. boul; les bouleaux sont abondants aux Bioux.
- Birse, rivière du Jura, Bersa, Birsa dans les chartes; le v. f. a bers, berceau, aussi lit d’un cours d’eau. Y aurait-il là quelque rapport ? Studer le tire du celtique, irlandais bir, pir, ruisseau.
- Blachère, loc. à Bex, Blachoz, prés à Ollon, Bex; les Blacholeys, rochers gypseux à Ollon (la carte Siegfried écrit faussement Bacholeys), la Blécherette, m. à Lausanne, Blacon à Lully sur Morges. Parents de blache, blachet, pâle, blanc. Il y a à Ollon, Bex, beaucoup de terrains gypseux, blanchâtres; mot dérivé de l’all. bleich, même sens, que Dietz rapproche du grec blakos. Le patois appelle blachette = blanchette, l’armoise absinthe et le chèvrefeuille des haies, aux rameaux blancs. Dans l’Ain, on appelle blache ou blachère les prés marais qui fournissent de la blache, bâche à la Côte, flat dans la vallée du Rhône, sans doute parce que cette herbe est blanchâtre quand on la fauche pour litière.
- Blancherie, loc. à Morges, Yverdon. C’est le v. f. blancherie = blanchisserie, endroits où l’on étendait les toiles pour les faire blanchir, comme les Bleiche de la Suisse allemande.
- Blessens, D. Glâne, Frib., Blesens, 1150, Blescens, 1160, M. R. XII, Blessens, 1215, Donat. Haut., Blesseins, 1238, M. R. VI, 660; — Es Blessens, ham. du Crêt, Veveyse, Blessins (Kuenlin) = chez les descendants d’un Germain dont le nom commence par Blid, Bled.
- Blessoney, ham. de Greng près Morat; Blessonex, m. à Botterens, /38/ Montblesson, ham. de Lausanne; en Bellesson à Arnex; ès Blessonnières à Jussy; la Blessonnaire à Grandvaux, lieux où abondent les blessonniers, poiriers sauvages; de l’adj. blet, Berry blosse, d’origine germanique; ancien scandinave bleyta, amollir, suédois blöt, mou, parce que ces poires ne sont bonnes que lorsqu’elles sont blettes, et suffixe dim. on, blesson = petit fruit blet, puis les collectifs ey, ex, aire.
- Blettaz, loc. à Nendaz et alpes de Saillon; en la Blettaz, 1390, à Grône, Valais; Blettay, cirque rocheux, alpes de Leytron; Blétaye à Miège, les Bletteys à Emosson, alpes de Finhaut, Tête du Bletton, sommet au Saillon, Valais; aux Blettes, alpes de Bex, les Bléteaux ou Blettaux à Yvorne; du v. f. blette, variante de bleste, bloste, s. f., motte de terre, employé jusqu’à la fin du XVIe s. (Bonnard) à cause du sol inégal de ces localités.
- Es Blevallaires à Ecublens, Vaud = aux champs de blé; du bas latin blavum, v. f. blef; origine incertaine, probablement du celtique blawd, farine.
- Blignoux ou Blignoud, ham. d’Ayent, Valais, Bluvignosch, Blivignohos, 1191, Bluvignoch, 1229-1250, Bluvignot, 1237, Bluvignoc et Blivignos, 1249, Blivignoch vers 1250, Bluvignosc, 1295, Bluvignout, 1338. Blouvignoux carte Dufour et Dict. Lutz, 1861. Blignoux carte Siegfried, Blignoud F. d’Avis off. du Valais, contraction exceptionnelle au XIXe s. Probablement dérivé d’un nom propre gaulois et du suffixe ligure oscus répandu dans la Gaule méridionale et dont nous connaissons 5 exemples en Valais.
- Bliou, Blioux ou Bluch, ham. de Randogne près Sierre, Bluys, 1250, 1267, Blus, 1241, 1441, Plouche, Lutz, 1861; all. Blusch.
- Le nom de Chamblioux, ham. à Granges-Paccot, Fribourg, paraît formé de champ et de la même racine blioux qui doit être un n. pr. germain.
- Blonaire, loc. à Aigle; peut-être ancienne propriété des Blonay.
- Blonay, D. Vevey, Bloniacum, 1090, 1138, Blonay, 1142 et Blenai, 1147, Cart. Month., Blanay et Blanoi, 1163, Bleniacum, 1176, Blonacho, 1177, Blunais, 1215, Blunai, 1236, /39/ Blunaium, 1250, Blonay, 1319, Blognay, 1330, Matile, etc. Ne peut venir de planities, plaine, comme le veut Gatschet; le suffixe acum s’ajoutant à des noms propres, mais de (praedium) Blaniacum, domaine d’un Blanios, n. pr. gaulois, latinisé Blanius (Holder, 497). Les formes Blanay et Blanoi, 1163, nous rendent le a primitif.
- Au Bluard, quartier à Morges, à l’angle N.-E. de l’ancienne enceinte; le Belluard, pâturage à Château-d’Œx, au Belluard, loc. à Soral, Genève; le même que le français moderne boulevard, de l’all. bollwerk, fortification.
- Bochaires, 3 loc. à Château-d’Œx, et ailleurs; Bochera, m. à Troinex, Genève; endroit où l’on coupe le bois, où on le met en bûches; du verbe v. f. boscheer, couper du bois.
- Bochat, ham. à Lutry, Boschat, 1223, et Bottens; Bochet à Arzier, Boschetum, 1202, à Arnex sur Orbe, Boschet, 1258, à Pizy, Châtelard, Cheseaux, Crans, et 3 loc. Frib.; le Bouchet à Saconnex, le Bochet, 1279; le Boechet, ham. des Bois, Jura; Botzat, nombr. loc. en Valais; Botzet, 2 loc. Frib.; du bas latin boschetum, petit bois, fourré, lieu buissonneux; Botzatey à Saillon, collectif; Bochalet à Villars-Mendraz, Bossalet, Villarbeney, Botzallet à Essert, D. Lac; dim. de bochat.
- Boconnex, loc. à Aigle, route des Ormonts, collectif du patois bocon, petit morceau (de terre).
- Bodemos, ham. de Rougemont; de l’ail. Boden et moos = marais du fond.
- Boécourt, D. Délémont, all. (Büs-)Biestingen, Boescort, 1141, Bœscorth, 1147, Bœscourt, 1161, Bueschort, 1180, etc.; peut-être court, village, de Boius ou Boios, n. p. gaulois.
- La Bœna, loc. à Cuarny, ham. à Enney, Gruyère; la Boine, ham. Neuchâtel; la Beunaz, chalets sur Monthey; en Hautabonnaz, m. à Château-d’Œx sur le Montellier, de haute et bonne; du celtique bonn, limite, borne, bas latin bodina, bodena, v. f. bone, boine, bonne, devenu borne au XVIe s.; boine est encore employé dans un acte de 1618, délimitation des bois d’Aigle et d’Ollon : « la dite boine plantée au Plan de la Charbonnière. » /40/
- Boet, Buit, Buis, Buet, Bouet, Boux, Buz, Boz, synonymes et dim. de bou = bois. De là Plambuit, Plan du bois, Praz Buit, Muraz, pré du bois, Vers Buit à Ollon et Corbeyrier, vers le bois; Souboz, Berne, sous le bois. De là encore l’ancien nom de Louèche-les-Bains, Buez, Bois. Voir Louèche.
- Bofflens, D. d’Orbe, Bofflinges, 1011, M. R. III, 428, in curte bofflennis, 1007 ou 1001, Hidber, I, villa Bofflens, 1049-1109, Bofflens, 1403 = chez les descendants de Bovilo, n. pr. germain.
- Bogis, D. Nyon, Bugeium vers 1144, 1166, 1179, M. G. IV, 83, Bougie, 1236, Bogie 1250; autre forme de Bougy.
- Bogis, bois près Nyon, nemore Bogie, 1239, 1240, Cart. Oujon, M. R. XII; du v. f. bouge, s. m., terrain inculte et couvert de petites brandes.
- Boinod, ham. à Chaux-de-Fonds, à la limite du val de Saint-Imier, Boineau, 1841; sans doute du v. f. boine, borne, et suffixe dim. eau.
- Le Boir, ruisseau et forêt au Pillon, dans des lieux pleins de creux gypseux (Isabel); pré à Conthey; le Boiron, 2 rivières près Morges, Boirum, 1221, 1223, M. R. VI, 265, Beyron, 1295, et près Nyon, Boiro vers 1200, M. R., 2e s., V, 215, Boiron vers 1220, 1269; de la famille du v. f. boire, s. f., fosse creusée par les eaux. Boire est employé par Rabelais au sens de rivière. « Quand nous passâmes la grande boyre. » Gargantua, I, 38.
- Boironnet, affl. du Boiron de Nyon, dim. Les M. R. III, p. 513, indiquent à Yens une loc. nommée A Bo Yrenat, 1295, aujourd’hui en Boirenat, autre dim. de Boiron.
- Bôle, D. Boudry, Boule, 1346, Buloz, Bulo, 1356, et Bolles, Val-de-Travers, Neuchâtel, les Bulles à la Chaux-de-Fonds, les Bulloz à Promasens, Frib., Bauloz, ham. de Gimel, Baule, loc. à Begnins, le Bouloz, pâturage du Jura sur Nyon; Bullet, D. Grandson, villa Bolaco, 950 (rapporté à Bulle par Hidber, I), Bulet, 1350; les Bolets, ham. à Colombier, Neuchâtel; les Baulats, loc. à Bonfol; du bas latin bola, boletum, du v. h. all. bol, terrain inculte, lande. Bolaire à Vétroz, collectif, Bollen à Louèche, /41/ forme germanisée. Une localité sous Ayent, Valais, valle Baulis, 1100, Boulis, 1200, Boulys, 1408, même origine.
- Bollion, D. Broye, Frib., et loc. à Combremont; pourrait venir de bouillon, v. f. boullon, bourbier, dont Littré donne 2 ex. du XIVe s. « Un boullon ou bourbier; un chemin moult destravé, plein de boullons. »
- Bonaudon, voir Audon.
- Bonatry, loc. à Saxon, paraît être un Bonatrait; de bon, et le v. f. atrait, l’opposé de Malatrex ou Malatrey; suffixe valaisan y = ex, ey. Voir Malatrex.
- Bon, En, Au —, loc. à Montherod, Saubraz, Echichens, Charnex, Es Bons, écart d’Aubonne, Bonez, 1235, M. G. XV, 7; loc. à Bremblens; peut-être bon, adj. sous-entendu terrain. Mais on trouve dans la même région une autre série : le Bond à Echandens, Lonay, Collombier, Denens, les Bonds (ou Bons) à Bière, sorte de puits circulaires rejetant par intervalles une eau limoneuse ou de la boue; on pourrait penser à une fausse orthographe, mais le d appartient bien au mot, comme le prouvent le fém. ès Bondes à Crassier, aux Bondes à Venthône, les dérivés Bondet, forêt à Ollon, Bondez, forêt à Croy, en Bondex à Denges, Préverenges, Céligny, Bondys, 2 m. à Gillarens, Bondallet à Romanel, Bondérex à Denens. Mot embarrassant. Bond serait-il une forme masc. de bonde, qui a signifié au XIIe s. borne ? Les Bondes à Crassier, le long de la frontière française, peuvent être ès Bornes. En Angleterre on nomme pond les petits creux pleins d’eau, tantôt plus ou moins sphériques, tantôt allongés et sinueux (1 ou 2 m. au plus) qui coupent la surface des marais tourbeux. Ce mot, sans doute d’origine celtique, paraît être le même que les Bonds de Bière.
- Boncourt, D. Porrentruy, all. Bubendorf, Bovonis curia 1140, Trouillat, le texte a n : fausse lecture pour u = v; Boouncort, 1147, Boncurt, 1173, Bunchort, 1175, Boncor, 1290 = court, ferme de Bovo, n. pr. germain, d’où le n. de famille Bovon.
- Bonfol, D. Porrentruy; all. Pumpfel, Bon fo, Bun fol et Bun fo, 1291, Bonfoul, 1321; peut-être bonum fagum. /42/
- La Bongardaz, loc. à Curnillens. D’après Zimmerli, viendrait de Baumgarten. Douteux; plutôt propriété d’un Bongard.
- Bonmont, château, anc. abbaye près Chéserex, D. Nyon. Beata Maria de Bono monte, 1123, abbas Bonimontis, 1224 = bon mont, souvent prononcé au moins jusqu’en 1870, Beaumont, Bomont dans la contrée voisine, par dissimilation comme Romont, Moron, Lomont. [Voir Additions et corrections : Bonmont, p.540]
- Bon(n)avaux, alpe, val d’Illiez (Bonaveau, fausse orth. de la carte Siegfried), alpes à Montreux, Morgins, Rougemont, Grandvillard = bona vallis, bonne vallée; Bonavalettaz à Grandvillard, dim.
- Bonnefontaine, D. Sarine, all. Muffethan. Bonofonte, 1150, Hidber, II, Bonnefontaine, 1237, F. B., II, 170, Bunfontana, 1270, Munfotan, 1449, Montfetan, 1476, Arch. Fr. V, 430, 292, etc. Voir Stadelmann, p. 124, qui démontre que le nom allemand n’est qu’une corruption du français.
- Bonnenson, loc. à Bex; peut-être le v. f. bonne, s. f. = borne et en son, au sommet. Voir Bœne.
- Bonvillars, D. Grandson, Bonus vilar, 1124, Binvillare, 1148, Bienvilar, 1154, Binvilar, 1174-1228 = bon village.
- Borati, torrent dangereux, affl. de la Torneresse, Pays-d’En-haut, s’enflant démesurément aux grandes pluies et charriant beaucoup de cailloux; sans doute parent de borati, babillard. Bouratier, m. à Hauteville et Bourateyre à Semsales pourraient en être parents.
- Borb, racine du français bourbe dont « l’origine, d’après Darmsteter, est inconnue » (Bonnard) a donné le nom de
- Borbaz, ruisseau et bois à Bernex, Genève; champs à Bussigny, Villars-sous-Yens, Pomy; Borboz à Arnex et Pompaples; Pré Borbet à Bassecourt et Boécourt, Pré Borbeux à Lavey, en Borbotaz, loc. à Veyras, Valais; Borbuintze, Châtel-St Denis.
- Borcarderie, la —, loc. à Valangin, Neuchâtel, Burgi arderia, 1450 = la fournaise du bourg, que le Mus. N. explique : endroit où se fabriquaient la tuile et la brique pour les réparations /43/ du château. « J’y vois le nom propre Borcard et le latin est une fantaisie étymologique. » (Bonnard in litt.)
- Borde à Lausanne; les Bordes, ham. de Bavois; du f. borde, ital. borda, du gothique baurt, cabane, chaumière; dim. Bordel, loc. à Chardonne et Bordelloz, m. aux Clées. Cette dernière est appelée Bord-de-l’eau sur la carte Siegfried, quoiqu’elle soit loin du moindre ruisseau.
- Borgeau, ham. de Martigny-Bourg, en Borgeod à Pailly, Borjoz à Rossinières, Borjaux, quartier de Blonay. Borjeau, h. de Font, Frib., Borgeat, ham. de Cerniat, Frib., Borgeal, ham. d’Orsières, Borzeau, ham. de Sorens; dim. de bourg.
- Bordzay, Proz —, alpes de Bagnes; en Borjezan, loc. à Chessel; de bordzai, bourgeois : propriété bourgeoisiale.
- Born, racine germanique, de l’all. born, source, donne les noms de nombreuses localités : Borneau ou Bourneau, plusieurs lieux-dits; Bornet, Bornettaz, Vétroz; Bornuit à Bex, les Bornis à l’Etivaz, Château-d’Œx; Bournet à Treyvaux; le diminutif Bornalet à Aubonne, Treytorrens, etc.; l’augmentatif Bornache, combe à Villeret, Jura; Praborgne, dans les chartes Pratoborno, nom français, bien oublié, de Zermatt; la Borgne, rivière du Valais, Borny, 1239, Borni, 1247, Bornie, 1448.
- Bornu, Moulin —, près La Sarraz, Bornul, 1149, Bornuz, 1158, Bornu, 1228; de l’adj. vaudois et v. f. bornu, creux, vide, dérivé de borna, trou en terre, crevasse, à cause de sa position dans une étroite gorge; quant à borna, il vient probablement du germanique born, source.
- Bornué ou Bornuet, ham. entre Vernamiège et Nax, Valais, a une tout autre origine : le nom de ce hameau, Bornuesc, 1203, 1243, Burnuhec, 1224, Bornuech, 1239, vient du n. pr. germain Borno et du suffixe germanique isca (aussi gaulois), all. moderne isch, qui sert à former des adjectifs (mansus, clausus) Bornuiscus, propriété de Borno. D’Arbois de Jubainville, p. 550-559, cite de nombreux exemples de noms ainsi formés.
- Borrex, D. Nyon (Guichard de Bornai, 1164, M. G. IV, 77, Hidber, II, 208, fausse lecture !), Borrai, 1236, M. R. VI, 393, /44/ Borray, 1265, M. G. VII, 316; de Borracum, propr. d’un Borrus, nom servile; une inscription citée par Holder, p. 494, porte Borrus fecit.
- En Bossatton, loc. à Lussery; dim. de bosset, petit bois.
- La Bosse, ham. de Saignelégier, Berne; forme fém. du v. f. bos, bois.
- Bossenaz, m. à Féchy, Tartegnins, loc. à Pizy, Bougy, bois à Ferreyre; Boussine, alpe de Bagnes, Valais; f. d’un adj. boussin, e, v. f. boschain, e = boisé, dérivé avec le suffixe in, patois f. enaz, du bas latin boschus; bois, localité, alpe boisée.
- Bossens, ham. de Romont, Boscens, 1147-1157, Arch. Fr. VI, Bossens, 1244, M. R. VII, 43 = chez les descendants d’un Germain dont le nom dérivait d’une des racines baudi ou bod. (Stadelmann, op. cit., p. 62.)
- Bossey, Vaud, Bossei, 1234, 1251, Bossie, 1245; et Genève, Bossey, 1201, Bossie, 1258; Bossy, Genève, Bossie, 1236, 1344, M. G. IV et IX; peut-être de boschetum, lieu buissonneux; plus probablement, comme les Bossey, Bossay, Boissy de France, de buxetum, lieu où croît le buis; le buis est abondant sous Bossey, Vaud, et se trouve aux environs de Bossey, Genève.
- Bossières ou Bossire, 2 m. isolées, monts de Lutry; Bossières, loc. près Promenthoux, correspondant patois de Boissière, Genève; maison dans les bois.
- Bossonnens, Fribourg, Bossonens, 1221, 1304, Bucenens vers 1236, Bottonens, 1341, Bossonin, 1606 = chez les descendants de Baudson, Bottson ou Baathson, — on trouve les trois formes, — n. pr. germain formé de Baudo, Botto, Botho et son, fils.
- Bosson, plus. loc., les Bossons, ham. de Château-d’Œx; dim. de bois; ès Bossonets à Charmey, aux Bossenets à Lussery, dim. du premier; Bossonery, chalets sur Ollon; le même, avec suffixe ery = erie ou ière.
- Botiri ou Botyre, ham. d’Ayent, Boteres, 1200, 1250, Botteres, 1311, et loc. à Vissoye, Valais; Bottire, loc. à Sierre, en Bottéré, champs à Villars-le-Terroir, Botterez à Satigny. Voir Bottay. /45/
- Bottay, ès —, bois à Lussery, chalets à Charmey; au Bottey, pâturage à Montbovon, Botté à Vétroz, Praz Bottey, Vuisternens-devant-Pont; probablement de la famille de botter, mettre en botte, en fagot; endroit, bois où l’on fait des fagots, bois taillis.
- Bottens, D. Echallens, Botens, 1142, 1183, Cart. Month., Boctens, 1228, M. R. VI, Boutains, 1380, Matile, Boutain, 1381, Boutans, 1397, Boutan, 1414, Boutain, 1420-1460, M. R. XIV = chez les descendants de Boto, Bott, n. pr. germain = l’envoyé, all. moderne Bote.
- Botterens, D. Gruyère, 1227, M. R. XXII, Bocterens, 1490, M. F. IV = chez les descendants de Botthari, n. pr. germain; de Bott, l’envoyé, et hari, guerrier.
- Les Bottières à Chancy, Genève; h. près Bellelay, Jura bernois, la Buttière, 1304; la Bottière, à Cergémont; voir Bottay.
- Bottonens, loc. à Saint-Légier, bourg de Bothonens, quartier de Vevey, habité par Perrod Bothonens en 1341, d’où son nom. Voir Bossonens.
- Bottonet, loc. à Puidoux, Botoneyre à Maracon; peut-être la même racine.
- Botzeresse, alpe de Bagnes, Valais; de botzet, chevreau, et suffixe v. f. eresse (comme Boveresse, Porcheresse, etc.) = alpe des chevreaux.
- A la Boudaz, loc. à Gland; peut-être autre forme de Budaz.
- Boudevilliers, Val-de-Ruz, Boldiwiler, 1144, Boudeviler, 1195, Boldaviler, 1202, Budewilliez, 1453; de villare, village, et Boldo, variante du n. pr. germ. Baldo, le hardi : village de Boldo. L’étymologie de Matile, de bou, bois, et villare, bois du village, est démentie par les formes anciennes.
- Boudry, Neuchâtel, Buldri et Baudri, 1268, Boudri, 1306, Budri, 1336, Bouldry, 1346; de Balderich, n. pr. germain très fréquent (= guerrier vaillant). Förstm., p. 208.
Gatschet, après avoir donné l’étymologie ci-dessus, en a adopté postérieurement une autre (dans une lettre à M. Bonhôte) où il dérive Boudry, comme Bôle, du v. h. all. bola, lande, terrain inculte. Nous penchons pour la première étymologie de Gatschet; l’objection de Bonhôte, que « l’histoire ne fait pas mention de ce Baldurich » n’a pas de valeur. /46/ Elle pourrait s’appliquer à des centaines de noms de localités dérivés de noms d’hommes, gallo-romains ou germaniques, localités dont nous ignorons le fondateur, bien que nous soyons certains de l’exactitude de la dérivation. L’histoire ne nomme pas davantage, par exemple, le Runo qui a donné son nom à Renens, ni le Modernus, parrain de Modernacum ou Mornex. - Bouffa, Tête de la —, rocher à Salvan, très exposé au vent; subst. verbal de bouffer, souffler, provençal bufar; en Dauphiné, buffa = endroit exposé au vent; Montbuffat ou Bufet à Premier, même racine.
- Bougeries, nom de plus. forêts, Apples, Ballens, Yens, Romainmôtier, la Bougery, 1499; les Bougeries à Vandœuvres, et ham. de Chêne, Genève; nom commun au moyen âge de terrains vagues, en partie boisés, ainsi en 1304 « pro 10 posis de bougeriis » et en 1307 les bougeries et vernets de l’Arve. M. G. IX, p. 99, 201, 248; de la famille du v. f. bouge, s. m., terrain inculte et couvert de petites brandes.
- Bougnon, voir Bugnon.
- Bougy, vill. et ham. D. Aubonne (Balgeel, 1052, Baugel, 1177, Bougez et Bougye, 1237, Bougie, 1276, Baugier, 1349); la Bouge, m. C. de Noirmont, Jura bernois; du v. f. bouge, demeure; Berry, bauge, hutte; bas latin baugium, hutte, bougius, cabane. Ducange cite duos domos seu bougios, 1292 : deux bouges, soit maisons.
L’ancien nom du vill. de Bougy était Bougy-Milon. Joh. Brandis de Bougye-Millon, 1285. M. R. XXX, 337. Millon, n. pr. - Au Bouil, loc. à Lens, Valais; au Bouillet, ham. à Bex; loc. Ormont-dessous, ou Bulliet, 1332, Ollon, Yvorne; Vex et Montana, Valais; Bouillets, chalets sur le Pissot, Château-d’Œx, Bouller, chapelle et source sous Vercorins, Valais; au Bulliet, loc. à Granges, Fribourg. Le premier synonyme, les autres dim. de boui, bassin de fontaine; localités riches en sources, en filets d’eau.
- Bouis, Creux du —, alpe de Saillon; l’Itroz du Bouis, alpes d’Ardon; de boui, bouet, bassin de fontaine, de botellum, boyau, tuyau. /47/
- Boujean, all. Bözingen, D. Bienne, Berne, Bezsingen, 1008, Tr. 1, Bezingen, 1181, Busingen, 1234, Boujans, 1254, F. B. II, Bogsingen, Bochesingen, 1280 = chez les descendants de Bezo, n. pr. germain. Förstm., p. 219.
- La Boulaz, Misery et Cournillon, Frib.; les Boules à Bernex, Confignon, Genève; Seleute et Fontenay, Jura; Boulayres ou Bouleyres près Bulle, Bolleri, 1195, Bolery, 1378, et 4 autres loc.; Boulex à Payerne, Bouley à Romont, Boulais à Boncourt et Rocourt, les Boulats, Montignez et Fregiécourt, la Bouloie à Ocourt et à Porrentruy, Boulloye, 1328; Boulier à Asuel; collectifs divers du v. f. boule dont bouleau est le dim. Quant à boule, d’après Jubainville, c’est une contraction de bedoulle, dérivé de betulla, forme gauloise fournie par Pline.
- Boulens, D. Moudon, Bollens, 1142, M. R. XII, Cart. Month., 1226, Boslens, 1166, Hidber, II, Boslans, 1218, Month., 58, Bolens, 1453 = chez les descendants de Bollo ou de Botilo, n. pr. germains. Bollo, du m. h. all. buole = époux, frère, ami; Bodilo, de bodo, maître, seigneur. Förstm., 274, 290.
- Bouloz, D. Glâne, Fribourg, Bolohc, 1154, Boloz, 1155, 1188, Boloch, 1179, 1180, Bolos vers 1160 et 1260. Cart. Haut-Crêt; Bolocsh, Bolosc et Bolocs sans date, XIIe s., Bolo, 1640. Le P. Dellion, Dict. IX, 164, y rattache Bedolosci, 1017, que Gatschet (271) rapporterait plutôt à Bulle, Fribourg. N’est pas de la famille de bola, lande, voir Bôle, mais plus probablement formé d’un nom d’homme et du suffixe locatif ligure oscus. Voir Arnioux.
- Es Bourdes, bois à Crans, D. Nyon; de bourde, bâton, perche, dim. bourdon, bâton de pèlerin = bois taillis où ces perches abondent.
- Bourdigny, ham. de Satigny, Genève, Burdiniacum, 1153 et 1250, M. G. XIV, 9 et 29 = domaine d’un Burdinius, n. pr. romain, dérivé de l’agnomen Burdius. De Vit, I, 771. Mais le même village est appelé Burdignin, 1297, 1305, 1344, 1346, Burdignyns, 1307, 1348, Burdignins, 1358. M. G. XIV, IX, 244, 235, XVIII, XXI, 217. Ce suffixe indiquerait une origine germanique /48/ = chez les descendants de Burdin, n. pr. germain. Förstm., 293. Peut-être Burdinius n’est-il que la forme latinisée de celui-ci. Peut-être aussi y a-t-il ici le même fait que dans Tartegnins — Tritiniacum, Trivilins — Trevelliacum, Brucins — Bruciniacum, Cartignins — Quartiniacum. On trouve de même Greysie (Gex), 1184 et Gresin, 1220.
- Bourgeau aux Verrières, Bourgeaud à Carrouge, Bourjod à Pailly, Bourzeaux, ham. de Sorens, Frib. = petit bourg.
- Bourguillon, ham. et porte à Fribourg, Burgullun, 1255, Zeerl. I, Bourguillon, Burguillion, XIV et XVe s., Bürglen en all., 1434; comme Bürglen d’Uri, Burgilla, 887; dim. de burg : petit château fort.
- Bournens, D. Cossonay, Brunens, 1142, Cart. Month., p. 9, Brugnens, 1453, Burgnens, 1572, — Burnens, m. à Féchy, Brunens, 1240, Bruneins, 1249, Cart. Oujon, M. R. XII, 138, 140; en Bournens ou Bournin, ham. de Treyvaux, Frib., Burnens, XIIe s., Arch. Fr. VI, 45 = chez les descendants de Bruno, n. pr. germain. M. Hisely, Cart. d’Oujon, p. 212, a confondu le Burnens de Féchy avec Bournens; le texte est précis : p. 140 on voit qu’il s’agit de vignes : « arbergamentum vinearum, … apud Bruneins, et p. 138, apud Brunens vel in parrochia de Feschie. »
- Bourrignon, Délémont, Berne, Borognun, 1136, Borrenjuns, 1181, Burengis, 1224, Boroggnons, 1305, Bouroignon, 1373= (peut-être) chez les descendants de Boran, n. pr. germain; du v. h. all. boran, fils, descendant. Förstm., 276.
- Bourzœtte ou Borsuat, ham. de Sierre : J. Tavelli dni Borzazi, 1451, dni Burgeti, 1453, M. R. XXXIX = bourget, petit bourg (permutation j-z).
- Bousse, En la —, les Vieilles Bousses, loc. à Noville, Vaud; les Bousses à Granges, Préboussaz à Miège, Valais = pré de la bousse, s. f., forme féminine du v. f. boux, bois.
- Boussens, Cossonay, Bussens, 1142, 1182, Buissens, 1199, Cart. Month., Busens, 1216, Bossens, 1223, 1382 = chez les descendants de Busso, n. pr. germain; du v. h. all. bôsi, méchant.
- Boux, 5 loc. Frib.; v. f. boux, bois. /49/
- Bovatey, 2 pâturages à Charmey; les Montbovats à Montfaucon, Jura; les Bovets, chalets Ormont-dessus; de bovat, bovet, jeune bœuf, alpes pour le jeune bétail.
- Bovay, loc. à Vétroz, Bovex à Gollion, Vaud; de bœuf et suffixe collectif ex, ay : pâture des bœufs.
- Boven, m. et terr. à Valeyre-sous-Rances, Bovens vers 1250 (village détruit) = chez les descendants de Bovo, n. pr. germain connu (d’où Bovon), dont Bovilo est le diminutif.
- Bovernier, près Martigny : jadis Bourg-Vernier. Ne signifie pas bourg-des-vernes, mais, comme l’indiquent les formes anciennes : Burgi Vualnery, 1228, Bor Warner, 1250, Burgum Walnerii, 1290, Burgum Varnery, 1451, Bourg du nommé Warner ou Vernier.
- Bouveret, Valais, Boveret, 1179, Furrer, III; Boveret à Maules, Frib., Boveyre(aire), Bovine, 7 ou 8 loc. vallée du Rhône; Bovayron à Vouvry, Bovery, Colombey, Denges, etc.; Boverie, Fey, Payerne, Bouverie, Satigny; Boveresse, Neuchâtel, Boveressia, 1266, Boveresce, 1284; id. à Lausanne, Vex, Montbovon; Boverasse à Cerniat, Gruyère; de bovem, bœuf, et suffixe collectif erie, patois eyre, v. f. eresse = pâturages des bœufs; Boverattes à Pully, diminutif.
- Bovigny, loc. à Avry-devant-Pont = domaine d’un Bovinius, nom dérivé du gentilice Bovius. De Vit, I, 749.
- Bovine et Bovinette, alpes sur Martigny; Bovonnaz, alpe sur Bex; de bovem, bœuf, pâturage des bœufs, comme, non loin de celle-ci, Œuvannaz, aujourd’hui Œusannaz, de ovem, mouton, la montagne des moutons.
- Bozon, Villars —, ham. de l’Isle, Vilar Bosun, 1278, Villar Bozon, 1386; Praz-Boson à Courtion, Praz-Bozon à Sottens = village, pré de Boso, n. pr. germain; du v. h. all. bôsi, méchant.
- La Braille, arête de rochers à Château-d’Œx; la Brayaz, sommet sur Vionnaz; la Breyaz, contrefort de Chamossaire; la Braye à Rossinières, à Vouvry, etc.; Brayettes, loc. à Gryon, les Brayons, rochers à Brot, Neuch.; Braillon, loc. et nant à Lutry, Bralion, 1210, Hidber, III, Brallon, 1238, M. R. VI, 645, dim.; /50/ les mêmes que le français braie, muraille, rempart; du bas latin braca, bracca, digue, levée, origine inconnue. Aux Braihires à Mur en Vully et aux Brayères, champs à Vollèges, Valais, paraissent des collectifs de ce mot.
- Bramafan, pâturages de Vallorbe et de Ballaigues, loc. à Apples, prés à Chevilly, m. à Vulliens, loc. à Massonens, ham. de Villaraboud; sans doute terrain maigre où les vaches brament de faim; on appelle de même ces terrains en Dauphiné bramafam.
- Bramois près Sion, Valais, Bramosium, 516, Bramues, 1227, Bramoues et Bramoys, 1250; Plan-Bramois, forêt sur Lens; d’après Gatschet, du bas latin bramosus, boueux, sale, étymologie douteuse pour M. Bonnard.
- Bran, m. à La Roche, Fribourg, et Bren, loc. à Bex; de bran, bren, ordure, excrément ? voir aussi Brent.
- Branche d’Essert, ham. d’Orsières. Voir Sembrancher.
- Branlettes, pâturage sur Bex; de l’ail feuillé (Allium Schœnoprasum) qui y abonde, vulgairement branlettes. Voir Porreyre.
- Branson ou Brançon, ham. de Fully, Valais, Brancion, 1264, Biranczon, 1383; Brentien ou Brentschen près Louèche, Brancions, 1267, Brention, 1437; probablement comme le Brançon de France (Saône-et-Loire), de Branciodunum, colline ou fort de Brancio.
- Brassus, ruisseau, affl. de l’Orbe, Vallée de Joux, Braciolum, 862, Rég. Gen., 29, aquam Bracioli, 1279, lo Brassioux, 1527, M. R. I, 2e liv. 107, 374, Brasseu, 1555, Brassieux, 1577, du latin brachiolum, petit bras, le ruisseau étant considéré comme un petit bras de l’Orbe; le Brassus à Céligny, bras de la Versoix, Braxulius, 1200, Hidber, II, 464, même sens.
- Bratsch, Louèche, Valais, Praes, 1228, 1242, Prayes, 1357, Praes, 1400, Prages, 1408; du latin prato, les prés (loc. de langue franç. jusqu’au milieu du XVe s.).
- Brecca, territoire, commune d’Hérémence, Valais; champs à Charmey et loc. à Bellegarde, Fribourg; de brecca, vaudois et v. f. brique, fragment, morceau, de l’all. brechen, briser. /51/ Brequettaz à Charmey, dim. Brecaca, rochers très découpés à Château-d’Œx, même famille.
- Les Bregots, prés marais à Lignières, Neuch. et loc. Avry-devant-Pont; dim. de brai, provençal brac, ital. brago, v. f. brai, fange, du Scandinave brâk, goudron, par assimilation entre le goudron et la fange.
- Breilles, ham. de Barberêche, D. Lac, Frib., all. Brigels, curia de Britilgio, Hidber, II, Britelgio, 1148, Brigels, 1578. Les deux noms actuels sont identiques avec ceux d’un village de l’Oberland grison : en romanche Breil, all. Brigels, Bregelo, 766, Brigel, 1184; mais les formes primitives montrent des origines différentes. Le village grison se rattache sans doute au celtique briga, colline; quant au premier, c’est à rechercher.
- Bremblens, D. Morges, Berblens, 1177, 1228 = chez les descendants de Berbilo ? n. pr. germain.
- Bremudens ou Brumedens, ham. du Crêt, D. Veveyse (Frib.), Bremoudens, 1403, Bermudens, 1832, Küenlin = chez les descendants de Brimold (Stadelmann, op. cit., 64).
- Bren, Prés de —, à Monthey; en Bren, loc. aux Posses de Bex. Voir Brent.
- Brenets, les (Neuch.); d’après Gatschet, du bas latin Brena, fourré, d’où l’adj. brenatia (regio), contrée buissonneuse; mais au XIVe s., époque de l’arrivée des premiers habitants, la localité s’appelait villa de chez les Brunets, de chez les Bernets, du n. pr. Brunet ou Bernet. (Matile, Musée hist., 310.) Un Jean Brenet était maire en 1408. Les Brenetets, ham. près la Chaux-de-Fonds, dim.
- Breney, glacier, vallée de Bagnes; peut-être de bren (ou bran), ordure, excrément, et suffixe collectif ey, la surface en étant souillée de terre et de limon.
- Brenlaire(ey), sommet de la Gruyère, les Brenlaires, 2 sommets, alpes de l’Etivaz, Pays-d’Enhaut, le Brenloz, pâturage, Ormont-dessus, Brenles, commune et signal, D. Moudon, Brenles, 1277; en Brenles, ham. élevé d’Estevenens, Fribourg; de la famille de breinla, branler, être en équilibre ? /52/
- Brent, village, ham. de Montreux, Bren, 1142, 1147, Cart. Month., 3, 11, 1175, M. R. VI, 469, Brende vers 1250, Brent, 1221, 1238, M. R. XII, 274 et VI, 659, et 1250, Bren, 1402; en Brent, loc. à Bex, forêt à Monthey; du celte Bren, forêt, taillis, fourré (Holder) ou du bas latin branda, bruyère, origine inconnue, dit Littré; peut-être parent du celtique bren.
- Breonna, alpe et sommet près Evolène, Valais, Breona, 1250, Breana vers 1280; nom d’origine celtique, comme Breona, Breone, aujourd’hui Brienne, France. Holder, 526, sans étymologie.
- Bresanche, Roche —, sommité du Risoux, Vallée de Joux, sans nom dans la carte Siegfried (cote 1192), Brissenche, 1208, Cart. Oujon, Roche Brésenche, 1716; dérivé de briser.
- Brésil, loc. à Charrat, à Fully, m. à Monthey, Valais; m. à Ependes, D. Sarine, à Gruyère et à Bellegarde (au pied d’une paroi exposée au midi); m. à Goumœns, loc. à Bonvillars; au Brasel ou Brazé, loc. aux Bayards; les Braseyres, à Châtel-Saint-Denis, coll.; du v. f. brasil ou brésil, brasier = endroits chauds exposés à l’ardeur solaire.
- Bressaucourt, D. Porrentruy, Berne, Bersalcurt, 1139, Bresacorth, 1177, Bersalcort, 1178, Brisaucourt, 1312, etc. = court, ferme, et un n. pr. germain difficile à déterminer; les noms les plus voisins dans Förstm. sont Briso, Brisolf, et certaines formes de la racine Bert, du v. h. all. peraht, illustre. Peut-être combinaison de bert et de sal. Bertsal correspondrait à la forme primitive, 1139. (Förstm. donne un Salbert, p. 1068.)
- Les Bressels, ham. et bois au Locle; peut-être du v. f. bressel (bresset, brisset, breçot), prov. bressolo, berceau. A. Godet, M. N. XXII, 48.
- Bret, lac à Lavaux et 11 loc. Vaud et Frib.; au Brez à Grandvaux, Bré à Rossenges et Cheseaux, Bray, marais à Fully et Ayent; du celte bret ou bré, marécage, anc. f. brai, fange et goudron, bas latin braium, bradium dans Ducange. (D’après Körting, brai vient du grec brayos.) Voir Bregots.
- Bretaye, pâturage et lac, alpes d’Ollon (un autre, frontière /53/ française sur Vouvry); même racine bret et suffixe collectif aye.
- Bretiège, n. f. de Brüttelen, D. Cerlier, Berne, Britillo, 1182, Bertièges, 1255, Zeerl. I, Briterillas, 1255, F. B. II.
- Bretigny, 2 loc. D. Echallens, Britinei, 1142, Britignie, 1224, et Bretigny-sur-Morrens, Bructignie, 1177, et Bertigny, 3 loc. C. Fribourg, l’une près Fribourg, Britiniacum, 1162, Britiniei, 1172, Britigniez, 1368, Bretignie et Bertignie vers 1450; Britagnie, village détruit près Evilard, — la chapelle existait encore en 1507, — de (fundum) Britiniacum, domaine d’un Britinius ou Britanius, gentilice romain.
- Bretonnières, près Orbe, Bretoneris, 1154, 1160, Bretuneres vers 1216, Bretoneires, 1228; la Bretonnière, ham. de Payerne; Bretoneyre, forêts à Ropraz, Essertes, les Briteneres au Buron, 1218; loc. à La Roche, la Brettonary, 1408; du n. pr. Breton, du n. germain Britto. Il y avait en 1154 et 1160 des Breton, Bretto à Bretoneris. M. R. III, 476.
- Breuil, ham. de Môtiers, Neuch., et très nombreux écarts et lieux-dits; le Breuille, Boécourt et Alle, Berne, les Breuilles à Enges; Broilliat à Estavayer; Broillet ou Brolliet, Brouillet (Brévine), Breuyin à Courgenay, dim.; au Breux à Laconnex, Montbreux à Charmoille; du celte brogilo, dim. de brogo, champ, bas latin brogilum, broilum, terrain clos, taillis, prés clos de haies, parent du v. h. all. brogil, pré marécageux. En v. f. bruil, de là les anciennes formes Bruyl à Mörel, Valais, 1280, ès Bruels à Granges. 1228, Bruil, Ayent, 1383, ou Bruel, Gilly, 1265, Orsières, 1236, et Ecublens, Frib., 1278, le bruelz de Fontaines, le bruel de Coffrane, 1531, Mus. N. XXXIV; et les formes actuelles Bruet, Broët, Bruit, une 10e, Bruï à Signy, les Brues à Lamboing, la Bruille à Billens, la Bruye à Courfaivre, Bruz à Arnex, Brueux, 1499, les Brus à Bevaix.
- Les Breuleux, Brulluy, 1440, Bruleux, 1526, et loc. aux Enfers, Jura bernois; du verbe brûler; le n. all. Brandisholz a le même sens : terrain défriché par le feu.
- Brevard, Crêt —, à Nods, Berne = crêt du brevard, n. c. Les /54/ brevards étaient une sorte de gardes-champêtres chargés plus particuliérement de la garde des vignes.
- Brichy, loc. à Gollion, D. Cossonay, colline avec restes d’anciennes constructions; probablement un (fundum) Bricciacum, de Briccius, gentilice dérivé du nom pérégrin Briccus (Jubainville, p. 599) permutation cc-ch, comme Luchy de Lucciacum, et Achy, Axi, 1179, de Acciacum.
- Brie ou Brien, 2 ham. de Chippis, Valais, Briens, 1196, 1220, Briez et Bryes, 1309, Briex, 1380; Briez à Vuadens (Brye) et Chavornay; Bria ou Briaz, chalets près Châtel-Saint-Denis; Bry, ham. de Pont-en-Ogoz et de Romont, pâturage à la Berra; Montbrion, alpes de Blonay; Bryon, alpes de Leysin; Breyen, ham. d’Eischoll, Valais, Breion, 1444; Brey, ham. sur Brigue; du celte briga, bria, colline.
- Brignon, ham. de Nendaz, Valais, Bruniaco, 1100, Brignons vers 1170, Brignun, 1234, Brignon, 1262; d’après la forme de 1100 (fundum) Bruniacum, domaine d’un Brunius, nom latinisé du germain Bruno, le cuirassé; les autres, nom formé avec le suffixe io, ionis.
- Brigue, Valais, Briga, 1215-1375, Brüga, 1408, 1418. D’après Gatschet, du v. h. all. prücca, all. mod. brücke, pont, ce qui s’accorde avec la forme de 1408. Mais tous les noms de la contrée sont d’origine romane ou celtique, Mörel, Fiesch, Glis, Brey, etc. Nous penchons donc à y voir plutôt, d’après la forme primitive, Briga, 1215, 1219, etc., la racine celtique brica, briga, colline, château (Jubainville). La forme Brüga apparaît à l’époque probable de la germanisation.
- Brinaz, ruiss. près Yverdon, Brinnaz, Carte top. Vaud, Breynna, 1343; du verbe patois brin-nâ, bruire. Se prononçait sans doute autrefois brin-ne.
- Brisecol, loc. à Giez; ham. Lully, Morges, endroits pénibles à labourer, à gravir pour l’attelage; nom ancien : un Brisicol à Soussens, Frib., en 975, Hidber, II, 257.
- Brison, plus. loc. aux Ormonts; en Brison, Châtelard, Vevey; Brezon, alpes d’Ollon et Mur en Vully; Brisets, chalets /55/ à Château-d’Œx; probablement de la famille de Brit. Voir ce mot.
- Brit, 3 ham., Granges, Treytorrens et Syens et très nombreux lieux-dits (une vingtaine); de l’anc. h. all. brestan, bristu = briser, diviser, rompre, s’applique à des terrains défrichés, rompus par la charrue. Un Richardus de Brest, 1227. Cart. Laus. M. R. VI, 219. Hidber, II, dans les corrections p. LXII et LXVIII, rapporte à Brit près Granges les localités nommées Britilgio ou Britalgio, 1148, o. c. p. 45, et Brittillo, 1183, p. 330. Le 1er est Breille (Fribourg), le 2e Brüttelen, comme lui-même l’avait écrit dans le texte.
- Brivaux, espèce de défilé, vallée de la Broye, en amont du pont de Bressonnaz; probablement de brit, voir ci-dessus, et vaux : ce défilé coupe la vallée en deux sections, Broie supérieure et inférieure.
- Broc, Gruyère, Broyc, 1115, M. R. IX, 8, Broch, 1115, 1228, M. R. VI, 1327, M. R. XXII, 1453, Broz, 1285, F. B. II, 391 . — Brot, Neuchâtel, Broch, 998, Brot, 1346, Broch, 1372 (Matile); de l’all. bruch, éboulement, rochers suspendus. Brocard, ham. de Martigny-Combe, augm. Brochon à Montagny-les Monts, et Brochet, chalet avec ravines, vallon de la Veraye, alpes de Montreux, dim.; Brozet(ts),brèche rocheuse dans les rochers au glacier de Paneyrossaz et à la Frête de Saille; rochers et glacier près du Wildhorn, Valais; forme valaisanne ch-z (ts).
Rem. D’après F. Chabloz, Mus. N. XVIII, 120, le Broch de 998 serait non Brot, mais Broc en Gruyère. - Broye, riv., Frib. et Vaud (et deux ruisseaux, affl. de la Senoge et de la Mèbre); Brodia, Brovia, Brolius, 1274, Bruya, 1295, M. R. XII, en all. Brusch, 1470, etc. Du v. h. all. brogil, all. mod. brühl, dim. de bruoch, marécage, rivière. Broyette, affl. de la Senoge, dim.
- Bruet, voir Breuil.
- Brugère, ham. de Guin, de La Roche, Frib., Brügera à Ueberstorf et 6 autres loc. fribourgeoises, Bruyeren à Buchillon, D. Morat, et les nombreux Bruyère (ou Bruières, Etoy); du bas /56/ latin brugaria, dérivé de la racine celtique vroica, bruyère. Bruvière, ham. de Vucherens, m. à Forel, D. Moudon; la Bruvire ou Brevire, ham. de Châtonnaye, les Brevyres, bois à Mézières, Frib., le même avec un v intercalé, comme dans cauva pour caua, et Gruvire pour Gruyère.
- Brunchenal, Grand, Petit et du milieu, 3 fermes à Delémont dans une combe étroite du Jura; paraissent un composé de chenal, de canalem, et un n. pr., probablement Bruno = chenal, combe de Bruno.
- Bruson, ham. de Bagnes, Valais; les Brus, loc. à Bevaix; sans doute du celtique brûs, mettre en pièces, défricher, parent du v. h. all. brestan. Voir Brit.
- La Buchille, loc. Bulle, Riaz, Villarsiviriaux; les Buchilles, Lausanne, Boudry; la Beuchille à Delémont; probablement de bûche; Plan des Buchilles à Naye, Buchileula, ham. de Val d’Illiez, dim.; endroit où l’on met le bois en bûches pour le service du chalet, où l’on en fait le dépôt; un agri de la Buschili, 1150, Buschilia vers 1190 à Onnens, Frib. Donat. Haut.
- Buchillon, D. Morges; peut-être dérivé de buxus, buis; le buis abonde encore à Buchillon, Vaud, comme à Buix, Jura bernois, all. Buchs. Quant à Buchillon, D. Morat, all. Büchselen, Buoch, 961, Zeerl. Urk. I, 12, Buschillion, 1339, Rec. dipl. III, 16, Buchillon, 1453, la forme de 961 le fait dériver du v. h. all. buohha, m. h. all. buoche, bois de hêtres.
- Buclard, Mont —, forêt à Sainte-Croix; les Buclards, forêt à Premier; Bucley, La Rippe, l’Abbaye, Denens, Chamblon; Bucleys, Eclagnens, Oulens; les Buclers ou Bucleirs à Duilier; Bucly à Froideville; du latin buccula, la saillie ronde du milieu du bouclier, de buccula, joue; comparez l’all. buckel, bosse. Noms de localités formant une éminence plus ou moins arrondie. Le même mot, buclé, se retrouve en Dauphiné.
- La Budaz, ham. de Vuisternens-devant Romont; du patois buda, budda, étable à vaches, probablement parent de l’all. bude, logis; le d s’est maintenu sans doute par une introduction plus récente du mot. /57/
- Budri, Roc de —, vallée d’Anniviers; d’un n. pr., comme la Dent de Bertol, dans la vallée d’Hérens; pour le nom, voir Boudry.
- Bufet, Mont —, à Premier, D. Orbe; de buffer ou bouffer, provençal bu far, souffler : endroit exposé au vent; en Dauphiné, un buffe = sommet, lieu battu des vents.
- Les Buges, m. à Boudry; Vers les Buges, ham. de chalets, Ormont-dessus; la Buge des Posats à Baulmes; autre forme du v. f. bouge, demeure, voir Bougy. U pour ou est fréquent dans nos patois : bougnon, bugnon; bouhie, buhie (lessive); fou, fu; Rouvenaz, Ruvines, etc.
- Bugnaux (aussi Bugnoux), ham. d’Essertines, D. Rolle, capella de Bunniis, 1205, M. G. XIV, 19; paraît être une autre forme de Bugnon.
Le Régeste genevois, no 204, y rapporte la villa Bullo in pago genevensi comitatu equestrico; il nous paraît difficile d’admettre cette identité. Ailleurs, p. 186, 459, le Rég. y rapporte le Bognon apud Doliacum, Bugnon apud Dulliacum du Cart. d’Oujon, M. R. XII, 43, 146. Ce Bugnon, près Duillier, ne peut se rapporter à Bugnaux qui en est éloigné de 10 km. à vol d’oiseau; on eût plutôt dit Bognon apud Montem. Il y a à Duilier même, en face du château, un clos de vignes appelé « au Bugnon. » C’est évidemment là le Bugnon des chartes d’Oujon. - Bugnon, nombreux ham. et lieux-dits, une cinquantaine, Bougnet et Bougnon à Conthey, Rossinières; Bugnenet, Bugnonet, dim. Lieu Beugnat, colline et m. à Courrendlin; formes anciennes : lo Buignum à Goumœns-la-Ville, 1275, Bognun, Bugnum à Payerne, 1278, Bognon, 1236 à Duilier, etc. D’une racine indéterminée bugn, bogn, qu’on trouve dans beaucoup de dialectes, patois vaudois : bougne, bosse au front, f. bigne, Berry, beugne, provençal bougno, anc. h. all. bungo, angl. bung, et bunny, tumeur, presque tous les Bugnon sont dans une position élevée au-dessus de la localité qui les a nommés, par une comparaison familière avec une bosse, de même qu’on a appelé tel pâturage le Gottreux (sur Corbeyrier) à cause du crêt arrondi qui s’élève au milieu comme un goître; tel sommet les Nombrieux (Bex), de nombril, etc. D’un autre côté bougnot, bugnon signifient /58/ aussi en patois source, fontaine à fleur de terre; bougnon, ouverture d’un réservoir. Ce sens peut dériver également de la racine ci-dessus qui a le sens de tumeur, d’où elle a pu passer à celui de source, de lieu d’où un liquide s’écoule.
- Buix, Jura bernois, Bus, 1136, Bosco, 1157, Boix, 1244, Boiz, 1363; du latin buxus, le buis, qui y croît en abondance.
- Bulle, Frib., Butulum, 855, M. R. VI, 201, Bollo, 1142, 1211, etc., Bullo, 1174, 1177, Cart. Month.; l’ancienne forme empêche de le rapprocher de Bolle, mais en fait plutôt un diminutif du bas latin butum, f. but, bout et butte. Voir But et Bolle.
- Bure, D. Porrentruy, Bures, 1139, 1148, 1178, 1280, Burnen, 1348; cette forme allemande, avec le n caractéristique, permet de le rattacher à Buron, Büren, du v. h. all. bûr, maison, plur. buren.
- Les Bures, ham. à Oron, même origine.
- Burier, ham. près Clarens, Buris, 1145 ? Buire, XIe s., Cart. Haut Crêt, Burie, Cart. Laus., p. 16, 26, Buirie, 1228, Burye, 1309, prioratus Buriaci, 1375, Burijez, 1379; de (fundum) Buriacum, domaine d’un Burius, gentilice romain. Jubainville, 203; les formes Buria, Burie, de (villa) Buria.
- Burignon, ham. de Chardonne, Burinaux, Chavannes sur Moudon, sans doute dim. de Buron.
- Burlaie, Grande et Petite, chalets à Planfayon; Burlatey, ham. à Monthey, Valais, Brullatiers, 1352, Burlatex (z) à Ollon; les Bourloz, pâturage à Trient; Bourlatzon, loc. à Yvorne; lieux défrichés par le feu, du patois bourlâ, brûler.
- Buriond, bois à Vufflens-la-ville = bois rond.
- Buron, ham. D. Echallens, Buiro, 1177, Buyrun, 1184-87, Buyron, 1190, 1218, Buirun, 1199, Cart. Month.; Buiron, loc. à Venthône, Valais; du v. f. buiron, buron, chaumière, cabane, du v. h. all. bûr, maison.
- Bursinel, D. Rolle, Brucines, 1139, Brusinez, 1205, M. G. XIV, 20, Brusinel, 1211, Brusinai, 1220, Brusineus, 1241, M. R. XII, 81, Brusines, 1244, Brusinay, 1328, Brussinez, 1248, 1344, Brussenel, 1392, forme diminutive de Bursins, villa Brucins /59/ vers 1000 et Brucinis après 1049, M. G. XIV, 2, 5, Bruzinges, 1011, Brucins, 1030, 1040, Hidber, I, villa Bruciniaco, XIe s., Brucino vers 1130, M. G. XIV, 4 et XV, 2, Brusins, 1205, 1214, 1243, Brussins, 1251-1344, Bursins, 1543. Non point, comme dit Gatschet, et Studer d’après lui, de brus, brust, buissons, broussaille, mais comme l’indique nettement le suffixe inges, d’un patronymique = chez les descendants de Brutt, Brutti, n. pr. germain (= le terrible). Le pâturage de la Bursine s’appelait la Brutena, 1208, la Bruttinaz, 1280, M. R. I, 209, XXVI, 248.
- Burtigny, D. Rolle, Brettignei, 1145, M. G. XIV, 7, Britiniacum, 1164, M. R., Britiniacum, 1172, M. G. XIV, Bructignie, 1177, Britinie, 1235, M. R. V, 329, Britinier et Brigtinyer, 1276, M. R. III, 592, Brugtignie vers 1300, Britignie, 1344, Brutignier, 1392, Brutignyez et Brutigny, 1527, Burtigny, 1543; de (fundum) Britiniacum, domaine d’un Britinius ou Britanius, gentilice romain.
- Burtins, Vers les —, ham. d’Albeuve, Fribourg; probablement pour Bruttins = chez les descendants de Brutt. Voir Bursins.
- Bussiaz, loc. à Grandcour : buissaie ?
- Bussigny, D. Morges, Bussignye, 1358, et D. Oron; de (praedium) Busseniacum, domaine d’un Bussenius, gentilice romain. De Vit, I, 771.
- Bussy, D. Broye, Fribourg, Bussey, 1142, Cart. Month., 5, Bussei, 1201, Bussys, 1337, Mtl., Bussy, 1453; — sur Moudon, Buxi, 1160-1200, Hidber, II; — sur Morges, Bussi, 1059, M. G. XV, Bussie, 1223, — ham. Val de Ruz, Bussiers, 1296. Les formes diphtonguées nous paraissent faire rentrer ces localités dans les noms gallo-romains en iacum : de Buciacum (fundum), domaine d’un Bucius, gentilice romain (variante de Buccius) connu par 7 inscriptions. (On trouve aussi Bussius et Buxius.)
- Le But, ou Buth, ham. de Lessoc, Gruyère; en Buz à Saint-Sulpice, Valeyres; en But, loc. à Echallens; Buttes, Neuchâtel, Boutes, 1342, Butes, 1372, Botes, Boutes, 1380, Buctes, 1453; du norois butz, morceau de bois, d’où dérivent les mots français /60/ bout, but et butte. Ces localités sont au bout du territoire dont elles relèvent.
- Mont Byollen à Salvan (variante d’orth. pour Biollin, de betulinus), adj., mont où croissent les bioles, les bouleaux. Voir Biole.
- C
- Cabeuson, pâturage sur Ollon, assez fangeux; de beuse et du suffixe péjoratif ca.
- Cabolles, 2 ham., com. de Puidoux et de Lausanne, à la Cabulaz à Arnex; du préfixe péjoratif ca (voir Littré) et de bolle, bole, terre en friche; v. h. all. bol, bas latin bola. Cabolettes, m. à Epalinges, dim.
- Cabourles, loc. à Yvorne; même préfixe ca et racine bourlâ, brûler, terrain médiocre, défriché par le feu; les Carboles, Savigny, Forel, les Thioleyres, Tavernes; les Carboules, Rougemont; même mot avec métathèse de l’r. Carboles, pour Caborles.
Ce préfixe ca, dont Littré donne 2 ex., se retrouve dans cahute, dans le v. f. calorgne (louche) et chez nous dans caborgne, hutte, petite boutique obscure, et dans caluger (lorsque le traîneau glisse de travers). - Calève, ham. de Nyon; peut-être le même que le nom gaulois Calleva (de calli, bois, et eva; localité dans les bois), capitale des Atrebates de Bretagne, aujourd’hui Silchester = silva-castrum. Un nom gaulois à Noviodunum, également gaulois, n’a rien que de naturel.
- La Cambuse, m. à Denens, à Savigny : maison de chétive apparence.
- La Capite, ham. de Choulex, Genève; patois capita, même sens.
- Carignan, ham. de Vallon, Fribourg, autrefois Dompierre-le-Grand, encore en 1668, Carignan, 1680. On ignore la cause de ce changement. Quant à Carignan, ou Carignano, Italie, il vient de Carinianum, dérivé en anus du gentilice * Carinius, du cognomen Carinus, porté par un empereur, et dérivé lui-même de carus.
- Carouge, Genève, Carrogium, 1268, M. G. XIV, 1310, /61/ Carrojo, 1371, Carrogio, 1443, Quarrogio, 1445, et commune D. Oron, Carrogium, 1255, puis Carrojoz et Carroge; de quadruvium, pour quadrivium, carrefour, en patois carro. Carrogium n’est que la latinisation du mot romand. A la même racine se rattachent les deux Carra, ham. de Presinge, et le Carre, ham. de Meinier, Genève, l’un d’eux nommé Quadruvium en 516, sous les premiers rois de Bourgogne 1, Quatruvium villa (Frédégaire, VIIe s.), Carrho, Carro, 1195, Cart. d’Oujon, M. R. XII, ainsi que les nombreux Carroz, Valais, Vaud (9) et Fribourg (11). Un Quarro, environs de Vinzel, 1265; ou Quarros aux Mosses, Ormonts, 1332, aujourd’hui Quart. Dans le Berry, carrouge est un n. c. pour carrefour.
- Cartigny, Genève, Cartiniacum, 1220, Cartignie, 1227, M. G. IV, 29, 45, Quartignie, 1301, 1362, Cartignier, 1344, Quartignier, 1362, Cartignyns, XIVe s., M. G. XXI, 240 = (fundum) Quartiniacum, domaine d’un Quartinius, gentilice romain. (Remarquer le suffixe germanique de la dernière graphie.)
- Le Casard, m. à Crissier, Savigny et Forel, Lavaux; de case et suffixe augm. ard.
- Catogne, 2 sommets à l’O. et au S. de Martigny, aussi au Tessin : Catogna, val, et sommet. On y trouve le suffixe dépréciatif ogne (charogne, ivrogne) et une racine cat, Cat-ogne. Pourrait être de la famille de caput. En français le c devant a devient généralement ch, mais le patois, qui se rapproche du provençal, offre de nombreuses exceptions.
- Cau, Sex de la —, à Salvan; à la Caux, prés sur une croupe à Vionnaz, loc. à Port Valais; aux Caux, loc. à Bex; Mont de Caux, autrefois Cau, longue croupe sur Montreux; probablement du patois caua, du latin cauda, queue = croupe allongée, lieux-dits à l’extrémité d’une « fin ». Voir aussi Cuaz.
- Cauquella, en all. Corbetschgrat (= arête en corbeille), loc. à Salgetsch, Valais; dim. de coque, du latin concha, petit vallon, /62/ Coquelle, s. f., s’emploie en France au sens de cocotte, ustensile de cuisine. Le nom allemand renferme la racine Korb, qui, avec une autre image, exprime la même idée. Coque et Coquettes, chalets dans une combe, vallée de l’Hongrin, Pays-d’Enhaut, même origine.
- Cavouës ou Cavouez, pâturages à Monthey et Colombey, Valais, les Cavues à Château-d’Œx, ès Cawuaz, alpes d’Ollon; du patois cavua, cavoua, latin cauda, queue; Cavouin à Yvorne et les Cavuettes à Lessoc, Gruyère, dim.; c’est un n. commun : lé Cavouè, en patois, extrémités d’un territoire, d’une « fin ». A Château-d’Œx on trouve aussi une Schuantz (all. = queue), croupe allongée au S.-E. des monts Chevreuils. Voir aussi Cau et Cuaz.
- Ès Cayoudes, vignes à Blonay; dérivé du latin cadere, tomber, en patois cahia, dim. cahieret, lieu raviné, petit ravin.
- Céligny, Genève, Siliniacum, 1163, 1179, Silignie vers 1200, 1251, M. G. XIV et 1224, M. R. XII, 69, VI, 390, Cilinie, 1311, Cilignie, 1344, Cilignier, 1387, M. R. XXVIII, 208. Non point de siligo, fleur de farine comme l’explique Gatschet (et Studer d’après lui), mais de (fundum) Siliniacum, domaine d’un Silinius, gentilice romain.
- Cérac, un des sommets du Wildhorn, fausse orth. pour Sérac, à cause de sa ressemblance avec un sérac ou séré, dérivé du latin sérum, petit lait.
- Le Cerf, pâturage et chalets sur le Sépey, Ormonts, le Cer, 1332, le Cert, 1419, corruption de l’Essert.
- Cerfs, Mont des —, aux Verrières, mont du Sais, 1342, du Sairt, 1382, du Say, 1383, Matile; probablement de Sex, rocher.
- Cergnat, Ormonts, Sernies, 1315, Sernia, 1332, Sernyaz, 1439; Cerniaz, D. Payerne, Sernia, 1453; Cerniat, Gruyère, Sirniaz, 1453 et 8 autres, Fribourg; Cernil, nombr. loc. Jura, Cernier, Val de Ruz, Cernie, 1324, Sernyes, 1346, Cerniez, 1453; Cerneux, Cernet, Cernit, loc. du Jura; Cerney, Conthey et Vaulion, Cernay au Brassus, Cernayes, le Locle, Cernies, Jura, Cernieux, Zerny, Zerney, Valais, collectifs; Cergnettaz, /63/ Cerniettes, Cergniaux, Cerniaulaz, Cergnaulaz, Alpes, Sernioules, à Enney; Cergnaud, h. de Gléresse; Cernillat, Cernillet, Cernatte, Cernetat, Jura, Cernion (Villeret), dim. de Sierne, Scierne, Cierne ou Cergne, nom de centaines de loc. du pays. Du mot français cerne, enceinte, terrain clos, du latin circinus, noms désignant, au moins à l’origine, une ou plusieurs fermes entourées de clôtures. Les noms de Cercenais ou Cercenet, D. Courtelary, et Chercenay, Franches-Montagnes, Cercenata, 1139, présentent nettement la filiation du latin circinus.
- Cerise, ham. d’Hérémence, Valais, la Cyriesi, 1238, patois seriesi = cerise; ès Cerises, champs à Grandson. La désignation d’un lieu par le nom d’un fruit au lieu de celui de l’arbre est très rare; on trouve cependant des Belosse, un Estranguelion.
- Cerisier, très fréquent par contre, 21 loc.; au Sirisier vers 1170 à Lussy, Frib.
- Cerjaulaz, ham. de Saint-Cierges et ruisseau; de Cierge, — du latin Sergius, — et suff. dim. ola.
- Cerlier, forme française de Erlach, Berne, Cerlie, 1093, Cerlei, 1214, F. B. I, 514, Cellie, 1280, Cerlier, 1424, Herlach, 1228; du v. h. all. erilahi, taillis d’aulnes, en lat. Herilacum, puis Cerliacum, d’où Cerlier.
- Certoux, ham. c. de Genève. Voir Essert.
- Cervin, Mont —, Valais; de silvinus, adj. du nom latin et italien de la montagne, mons Silvius, monte Silvio, permutation l-r, comme Servan — Salvan, de silvanus.
- Cery, ham. de Prilly, D. Lausanne; pas de formes anciennes; pourrait être comme Seiry, Frib., un fundum Seriacum. Le c n’est pas une difficulté; il permute sans cesse avec s : Syens, Ciens, Sierne, Cierne, etc.
- Cesaley, Granges sur Lourtier, Bagnes; du bas latin casale, f. cheseau, grange, et collectif ey; ch, habituellement ts, devient aussi s : Cheillon, Seilon à Hérémence, pointe de Sesales sur Orsière, etc.
- La Césille ou Cisille, ham. de Bassins, de Sisille, autre nom du ruisseau de la Combe, Sisilla, XIIe s., Sisilli, 1195, Sisily, /64/ 1259, Sesilly, 1303, Sysilliz, XIVe s., M. R. V, Sizille, 1517, Sézille dans Lutz, édition de 1861.
- Cetty, prés sous Chamoson, Valais, les Setyz, 1323 = les Seytes, (prata) secta, les fauchages.
Ce nom et celui de Jetty, Giéty à Evolène, sont les deux seuls où le y atone du moyen âge s’est maintenu; dans trois autres on écrit y et e, Réschy et Rèche, Trógny et Trogne, Sinièse et Ziniégy. Les chartes nous offrent plus de 40 ex. de cet y final aujourd’hui disparu, remplacé par un e muet. - Chablais, au moyen âge nom du pays qui s’étend du Trient à l’Eau froide et à la Morge de Saint-Gingolph, Caput laci, 826, M. R. XXIX, 24, Caputlacensis, 921 = tête du lac. Chablai, 1145, S. Mauricius de Caplatio, 1179. Gatschet (Ortsetymologische Forschungen, 1867) conteste cette étymologie. Pour lui Caput laci est une traduction latine du mot romand et il rattache Chablais à Chable, et à la même époque (Promenade onomatologique, 1867), il accepte la première dérivation : « Chablais, pagus Caputlacensis, est le Pennelocus des Helvètes, penn, tête, loch, lac, et doit se traduire par pays à la tête du lac. » C’est aussi notre opinion. On a de même au Tessin le village de Capolago. Voici une autre preuve à l’appui : Chablais est aussi, Mus. N., XXIV, 143, le nom d’une partie du marais du Seeland (entre la Broie, les collines d’Anet et de Jolimont et la Thièle), propriété de la commune de Neuchâtel, Chablay, 1468; or il n’y a pas là de chables, mais la position de ce territoire par rapport au lac est analogue.
- Châble, Bagnes, Valais; Châbles, Fribourg; le Chabloz, ham. de Château-d’Œx; Chables, ham. de Mont sur Rolle; Tschabeln à Louèche, Tschabel à Saint-Sylvestre, Frib. (formes germanisées), etc.; Zablo à Conthey, Grône, Vercorin, Valais, Zablotet sur Riddes (z = ts), ol Chablo, Erschmatt, 1242; du v. f. caable, chaable, bois abattu par le vent, du latin cadabula, engin de guerre propre à renverser, de là le bas latin cabulum : cabulum dou Gra Jorey à Liddes, 1228, illi de Cabulo à Sierre, 1267, et notre mot châble, dévaloir pour les bois abattus.
- Chablie, partie du village de l’Isle, Cabliacum entre 1005 et 1049, /65/ Chebli, 1154, Cart. Month., Chable, 1202, Chablie, 1200, 1223, M. R. V, 215, 220, Chablie, 1344, Matile = (fundum) Cabelliacum, domaine d’un Cabellius, gentilice romain. Même origine pour Chibi, village ruiné près Aclens, Chibliez et Chivlie, 1228, Chibliez, 1282.
- La Chablière, ham. près de Lausanne; de la famille de chable, dévaloir, endroit où l’on chablait, dévalait les bois des forêts voisines. Zablire (ch-z), loc. à Savièse et Bramois, Valais.
- Chabrey, D. Avenches, Charbrey et Charbey, 1342 = (fundum) Capriacum, domaine d’un Caprius, gentilice romain, ou Cabriacum, de Cabrius, nom gallo-romain, dérivé du cognomen Cabrus, traduction du gaulois Gabros, correspondant du nom latin. (Holder.)
- Chachet, rochers à Savièse, correspondant des Sassets des Ormonts (ch-ss), dim. de sex, latin saxum, rocher.
- Chaffard ou Chaffa, château ruiné près Riaz, Fribourg, Chafalo, 1330, Chaffalo, 1331, Arch. Fr. III, domus fortis de Chaffa alias Chaffalo, 1483, ibid., Chaffaz, 1524. — Ès Chaffaz à Sommentier, au Chaffa, moulin à Portalban, au Chaffard, moulin à Chevilly, m. à Aubonne, Concise, Missy; en Chafflouz à La Roche, Chafflo, 1408; les mêmes que l’anc. f. chaffal, chaffaut, échafaudage, bas latin catafaltus, de capta et du germ. balko.
- Les Chaffournières, loc. à Monnaz, D. Morges; peut-être le même que Saffornières au village voisin de Saint-Saphorin = champs de safran. Orth. patoise à côté d’une orth. mi-française; beaucoup de mots patois s’écrivent avec ch ou ss. On pourrait penser aussi à Chaufournière, mais Chaufour est rare dans le pays où l’on dit généralement Raffort.
- Chagneriaz à Ecublens, Vaud, synonyme de chênaie; du v. f. chagne, chêne, et suffixe collectif erie. Chagnoty à Gimel, de chagnot, dim. de chagne, et suff. collectif y, taillis de petits chênes.
- Chaibeut, Mont —, près Courrendlin, Delémont; parait être un dérivé, — dim. irrégulier, — de caput, tête, comme chabot, poisson. /66/
- La Chaille, sommet du Jura près du Creux-du-Van, 2o h. français à la frontière vaudoise près Saint-Cergues; forme féminine du v. f. chail, pierre, caillou, sommité pierreuse. Le mot chaille, s. f., s’emploie par les carriers à Villeneuve pour désigner les débris de pierre de la carrière.
- Chailly, ham. de Lausanne, Carliacum, 944, M. R. VI, Hidber, I, 227, Charlie, 1223; de (fundum) Caroliacum, domaine d’un Carolus ou Karl.
- Chailly, ham. de Montreux. D’après les formes Challier, 1342 et Challiacum, 1364, nous le dérivions de Calliacum, domaine d’un Callius, gentilice connu; mais les textes plus anciens, Charlie vers 1150, Charlei, 1161, Cart Haut Crêt, Charli, 1212, Charli, 1223, Donat. Haut., Charlie, 1250, M. R. XXIX, le rattachent également à Caroliacum, domaine d’un Karl.
- Chaive, la —, longue colline au N. de Delémont, 894 m.; de chave, cavité, caverne, abîme, du latin cavus, nom dû au cirque rocheux par lequel elle se termine à l’E., dominant de 287 m. le Creux du Vorbourg, 667 m.
- Chalais ou Chaley, D. Sierre, Valais, Jaler, XIe s. (orth. germanique), Chalez, 1219, Chaler, 1236, Chaleir, 1250, Chalex, 1298, Chaler, 6 fois 1303-1354, Challir, 1425, Challey, 1553, Challi, 1806 (Murith.). — Chalex, loc. près Aigle, Challex, 1425, = fundum Cal(l)iacum, propriété d’un Calius, du cognomen Calus (du grec kalos), écrit quelquefois avec un seul l.
- Chalery, ham. des Breuleux, Jura bernois; de chale, s. m. (dont chalet est le dim.), et suffixe collectif ery = ière, réunion de chalets.
- Chalevay, chalet au Bourg-Saint-Pierre, Valais = chale ou chalet, et v. f. veil, vieux (comme Pontvay ou Pontvey, Gruyère); synonyme du Chalevieux ou Chalvieux d’Ormont-dessus : vieux chalet. (D’après M. Isabel, ce dernier serait le chale ès Viaux, le chalet des Viaux, n. pr.; voir le mot Viaux.
- La Chalière, rivière, affl. de la Birse, D. Delémont, forme fém. du v. f. chalier, fossé.
- Chalin, alpe de Troistorrents, Valais, forme masc. du v. f. /67/ chaline, s. f., le fort de la chaleur, du latin calere, être chaud. C’est une alpe élevée où l’on monte au milieu de l’été. On dit de même mayen pour alpe de mai et dans le Haut Valais Augstkummen pour alpe d’août.
- Challant ou Tzalan, pâturage de Saillon, Valais, Chalent, 1286, pente au midi au pied des parois du Petit Muveran. Challand, pâturage à Bourg-Saint-Pierre, même exposition; Zallan, prés à Arbaz, Zallain, loc. à Conthey, Valais; participe adjectif du verbe v. f. chaloir, être chaud, du latin calere; même origine pour Challant, bourg de la vallée d’Aoste, Chalan, 1219, sur des pentes très ensoleillées.
- Challoux, champs à Bernex, Genève; du v. f. chail, caillou = champs caillouteux; voir Chaille.
- Chalmet, Chalmery, voir Charmet.
- Les Chalottets, chalets à l’Abbaye, Vallée de Joux, dim.
- Chamarin, en patois Samarain, forêt et pâturage sur Ayent, Valais (le Chatmarin, sic ! carte Dufour), campo de valle Chamarey, 1250, M. R. XXIX, 444; Chamarey, source sur Conthey, 1302, Chamaray, vignes à Conthey; loc. à Fully; une vinea apud Chamarey, 1221, probablement à Savièse, M. R. XXIX; un Chamarai, Chamarey à Lutry, 1227, Cart. Laus. M. R. VI, 414, 501; probablement de (fundum Camaracum), domaine d’un Camarus. En 1299 nous trouvons (M. R. XXX), un Rodulphus Cambrey dans un acte passé à Granges, Valais. Ce Cambrey nous paraît être la forme francisée de Camaracum, comme chambre de camera.
- Chambellon, chalets Ormont-dessus = probablement Champbélon, corruption de barlong, en forme de rectangle irrégulier; de long et préfixe péjoratif bar.
- Chamberonne, 3 ruiss. près Lausanne, l’un à Vidy, Chamberonia, 1142, Cart. Month., 2; les autres, affl. de la Paudèze et de la Venoge; de chamberot, nom patois de l’écrevisse, du latin cammarus : donc ruisseaux à écrevisses.
- Chamberot, vignes à Aubonne; probablement du patois chamberau, tschamberrot, mot désignant les mauvaises herbes en général /68/ qui croissent dans les cultures et en particulier le chardon des champs (Bridel).
- Chambésy, ham. de Pregny, Genève, Sambesie, 1277, Sambeysie, 1307, M. G. XIV, Sambesier, 1309, IX, 262, Senbeysier, 1373, Sanbeysier, XIVe s., II, 364 et XXI, 89. Sambeisy au XVIIe s., dit Galiffe, qui en fait un Saint-Bézier. Orig. inconnue.
- Chamblande (ou Champ-Blandes), loc. près Lausanne, Chanblandes, Chamblandes, 1230, 1233, M. R. VI, 410, 599, Clamblandes, p. 245 (faute, fausse lecture ou coquille ?). — Champblande, loc. à Ecublens. Holder, p. 757, cite un « Cantumblandum villa »; c’est évidemment le même que notre Chamblande qui vient donc, non de campus, mais de cantus, territoire. Quant à blande, c’est probablement un n. pr. : il y a un n. germain Blando, fém. Blanda, la blonde; donc chant, territoire de Blanda.
- Chamblon, D. Yverdon, Chamblon, 1235, Cart. Month. M. R. XII, probablement un Camulio, — ou Camilio, — nom en io, ionis, dérivé d’un des gentilices Camulius ou Camilius qui ont donné Chambly, comme Valençon de Valentio dérivé de Valentius; voir les nombreux ex. analogues dans Jubainville, p. 509-520.
- Chambon, ham. de Roche, Vaud, en Chambon, 1276, et de Broc et Neyruz, Fribourg; de campum bonum, champ bon, moins probablement, comme les 5 Chambon de France, de Cambonum, dérivé du celte cambos, courbe : loc. sur des terrains onduleux.
Ducange, à Cambo, nous dit : « Rustici Dumbenses Cambonem appellant quamlibet campum fertilem, sive ager cultus, sive pratum. » Les paysans des Dombes appellent Chambon un terrain fertile quelconque, soit pré, soit champ cultivé. - Chamby, loc. sur Montreux; pourrait être un (praedium) Cambiacum, domaine de Cambius, gentilice deux fois gravé dans une inscription de Nîmes, le même probablement que le n. d’homme gaulois Cambios, dérivé de cambos, courbe. Jubainville, p. 206.
- Chambovey, ham. de Massongex, Valais, pour Champ bovey /69/ ou champ-bouvier; de campum bovarium, pâturage à bœufs.
- Chambrelien, ham. de Rochefort, Neuchâtel, Chambrillan, 1769, M. N. XVI.
- Chambres, loc. à La Coudre, D. Cossonay, La Rippe; Chambrettes, plus. lieux-dits; de chambre, un des noms patois du chanvre, normand et provençal cambre, du latin cannabis ou cannabus, avec épenthèse d’un r. Synonyme de chenevière, pourrait peut-être venir aussi du bas latin cambile « ager, ni fallor, ubi cannabis crescit. » Ducange.
- Chamossaire, sommets sur Aigle et Lavey; Chamossere, sommet sur Ayent; Chamosalle, alpe sur Montreux; Chamosence, alpe sur Chamoson, Bas-Valais, villa Camusia, 1050, Chamosun, 1214; loc. aux Agettes, Sion; Chamossin, m. sur Vouvry, ainsi que Gamsen du Haut-Valais Gamosun, 1233, dérivés de chamois, anc. h. all. gamuz.
- Champagne, D. Grandson, Campania, 885-888, Champanes, 1228; la Champagne, loc. à Bex; nom collectif du territoire des communes de Cartigny, Choully, Chancy, C. de Genève : anc. forme de Campagne. On trouve aussi pour le premier la forme Champagney de 1382 à 1441, M. R. XIV, p. 400, ce qui en fait un Campaniacum, domaine d’un Campanius. Mais les formes anciennes ne justifient pas cette orthographe. Quant à l’étymologie de M. de Gingins pour la Champagne de Bex, campus pugnae, champ de la bataille, on ne peut la considérer que comme une fantaisie de l’historien.
- Champagny, C. de Frib., all. Gempenach, Champagnie, 1265, Champagnye, 1390; loc. près Gilly, Champagniacum, 1276; id. à Montreux; de Campaniacum = domaine d’un Campanius, nom de famille romain qui a donné les noms de 38 communes de France.
- Champel, près Genève; de campellum, petit champ.
Et non, comme le dit Studer, d’après Chaponnière et Galiffe, de Champol pour Saint-Paul, reproduisant une opinion énoncée dans le vol. IV des Mém. et Doc. de Genève; les textes suivants prouvent l’erreur : « a ruina de Champeiz inferius, » 1267, M. G. VII, 318, depuis la « ruvine de Champeiz en bas (coteau ébouleux dominant de 50 m. le cours de /70/ l’Arve) et en 1475, M. G. VII, l’estimation faite alors de toutes les propriétés de Genève, p. 309, 403, distingue Saint-Paul et Champel, p. 358, « in via tendent versus Sanctum Paulum, … versus capelle Sancti Pauli, » et plus loin : « subtus furchas de Champel, … a parte villagii de Champel … subtus Champel …, communia de Champel, » enfin « in via tendentem de Sto Paulo versus villagium de Champel. » Voilà qui est net : il y avait Saint-Paul et Champel, celui-ci de campellum, dim. de champ. M. Eug. Ritter a déjà fait justice de la fausse étymologie ci-dessus dans le Bull. Inst. Genevois, XXII, 201. - Champion, Roc —, sommet, alpes de Bex; Roche —, vallée de Joux, territoire français, à 100 m. de la frontière. Probablement métaphore; le roc Champion de Bex se dresse fièrement en avant de la Dent de Morcles. Ces images sont fréquentes dans les noms de montagnes : le Moine, le Bonhomme, et en all. Jungfrau, Frau, Wittwe, Mönch, etc.
- Champey, Champex, plus. ham. et lieux-dits, Vaud et Valais (ici généralement Zampex, Zampy). Champois à Bure, Jura bernois; de champ et suffixes collectifs ex, ey, ois.
- Champilles, chalets sur Lens, Valais (Echampilles, Dufour et Siegfried); Champillon, plus. loc. Ormonts, Champillion, 1332; à Corbeyrier, Leysin, etc.; dim. de champ.
- Champion, village. Voir Gampelen.
- Champlan, plus. loc. Vaud et Valais; de campum planum, champ plan : Champlan sur Sion, Plano campo, 1250.
- Champreveyres, ham. près Neuchâtel; Champreveroz, 1179, — prevero, 1209, — pruvaire, 1220, campum presbiteri, 1239, Zeerl. I; de campum presbyteri, champ du prêtre, v. f. provoire.
- Champroz à Vollèges, Valais = champ (du) pré.
- Champsabet (Siegfried), Champzabey (Feuille off.), Chanzabel, ham. de Lens, Valais; champ et n. pr.
- Champtauroz, D. Payerne, Chantuoro (Chantvoro, Dict. hist. fausse lect.), 1228, Chanteurre, 1437, Chantouroz, 1453, M. F. IV, 305; renferme comme premier élément chant, du latin cantus, territoire (champ est fautif !); le second est un problème à résoudre, peut-être tauro, de taurus, le taureau, le territoire du taureau. /71/
- Champsec, ham. de Bagnes, terr. près Sion = champ sec.
- Champvent, D. Yverdon, Canventum, 1012, Chaventum, 1049, M. R. I, 154, Chanvent, 1224, 1228, 1251, Chanvenz, 1237, 1250, 1260, 1300, 1364, Chanvens, 1260, Chanventz vers 1275, Chanvant, 1315 et 20 autres. Deux fois seulement champ : Champvent, 1315 et Champvenz, 1317. Très probablement de chant, latin cantus, territoire et ventus, vent, territoire du vent, exposé au vent. Un coup d’œil sur la carte suffit pour constater que le château est à l’angle S. de la colline, exposé au vent du midi.
- Chamufens, ham. de Marsens, Fribourg (Chamussens, carte Dufour); Chamuffens, 1332 = chez les descendants de Camulf n. pr. germain. Nous y rapportons le nom de Chamufins, pâturage de Rossinières (défiguré en Chats mufins, carte top. vaudoise et Chatmufins, carte Siegfried !).
- Ès Chandeleys, loc. à Pailly, ès Chandelleyres à Essertines, D. Echallens, Chandelly à Bellegarde, Fribourg; prés où abondent les chandeliers, tsandelei, n. patois de la Primevère officinale.
- Chancy, Genève, Chancie, 1277, 1302, 1326, Chancier, 1344, 1372, M. G. XIV, 300, XVIII, 96, II, 370, IX, 228 = (fundum) Cantiacum, domaine d’un Cantius, gentilice romain dérivé du celtique cantos, blanc. (Holder.)
- Chandolat, m. à Soubey, Jura bernois; Chando(l)lan ou Champdolan (Kuenlin) à Givisiez, Fribourg; un Champdolent à Cuarnens en 1461; Champdollen, Chandollen, 1477, M. R. I; de champ et d’un adjectif dérivé du celtique dol, table = champ sur un plateau (voir Dole).
- Nous y rattachions Chandolin, Chandoline et en patois Zandulin, Zandolet, villages et lieux-dits en Valais (Sion, Savièse, Evolène, Anniviers, Ayent, Leytron, Bovernier, Nax) souvent orthographiés Champdolin, Champdelyn, déjà dans une charte de 1354. Mais les textes anciens montrent une autre origine, qui n’a aucun rapport avec champ. Chandolin de Savièse s’appelait Scandulinz villa en 1100, Escandulins en 1250; celui d’Anniviers /72/ Escandulyns en 1250. Il faut donc adopter l’explication de Gatschet : hameaux dont les maisons sont recouvertes de bardeaux, d’échandoles (essandole, Littré), latin scindula, bas latin scandula, par opposition aux localités moins élevées dont les maisons sont couvertes en ardoises.
- Chandon, D. Glâne, Frib., et ruisseau, eccl. de Candone, 1123, Hidber, I, 477, 1148, M. F. I, 375, Chandun, 1228, Chandon vers 1180, Arch. F. VI.
- Chandossel, D. Lac, Fribourg, Chandossel, 1214, Hidber, III = champ du nommé Dossel, comme le pratum Dossel, 1142, 1146, donné à Hauterive par Guillaume de Glâne, M. F. II et III, p. 64.
- Chanéaz, D. Yverdon, forêt à Montagny, Frib., les Chanées à Gressier, Neuch.; Chaniaz, loc. Blonay, Puidoux; Chagniaz, Forel, Cheniaz, Monthey, Zénaie à Lens, une Chagnea à Ayent, 1294 = chênaie, de quercineta; Chanel, Morges, Chanelles à Correvon, Chanélaz, ham. de Boudry et loc. Bassins, Chanolaz à Fontaines, Chanerettes à Veytaux, dim. Chanay ou Chaney, une douzaine de loc., Chanez, Corbières; Chany, Seigneux, Wallenried; Chanex, Combremont et Treytorrens, Chanet, 6 loc., Chasnet au Landeron, 1359, le Chagnay à Peseux, 1356, Chenay, Vouvry, le Cheiny à Gruyères, Chenet, Grandfontaine, Chenat, Bure et Damphreux, Cheynatte à Delémont, Chenois, Charmoille et Porrentruy; de quercinetum, bois de chênes.
- Chanoz, très nombr. loc. = chêne.
- Changins, chât. et ham. de Duilier, D. Nyon, Changins, 1224, 1235, M. R. XII, 69 et V, 332, 1299, M. G. XIV, 277; d’un n. pr. germain à rechercher.
- Chanivaz, écart de Buchillon, D. Morges. Le Dict. hist. Vaud. y rapporte le Chanliva du Cart. Laus., 1221, 1228, et M. Alb. Sarasin traduit par Chanivaz la mention « Dognneta de Canivato », XIVe s., de l’Obituaire de Genève. M. G. XXI, 126; mais Canivatum ne peut donner Chanivaz où az est atone et donnerait plutôt Canivet ou Canevet. (Il y a un lieu-dit Canevet à Bassins et un Canivet à Mauborget.) Origine inconnue. /73/
- Chanrion ou Zanrion, alpe de Bagnes, Valais; autre à Colombey = Champriond ou champ rond.
- Chantemerle, Zantamerlo en Valais, nombreux lieux-dits, 18 à notre connaissance; lieux affectionnés par les merles; de l’impératif de chanter : chante, merle ! même formation dans Chantecoucou, écart de Crans, Chante-Corneille à Genollier, D. Nyon, et Chanteraine, lieu marécageux aux Bois, Jura bernois; de raine, latin rana, grenouille; de même Chantarauna en Engadine.
- Chantey, voir Teis.
- Chanton, 4 ham. du Bas-Valais : du latin cantus, territoire, dim. cantonem, d’où le français canton. De cantus vient Chant des Chênes à Ogens; Chant est très fréquent dans le romanche : chant, chaunt; Schlatter en cite une vingtaine d’exemples.
- Chantelet, forêt à Sainte-Croix, et Chantonet au col Ferret, Valais, doubles dim. (de chanton et de chanteau).
- Chapalayre, pâturage, vallée de l’Hongrin, propriété d’un Chapalay (chapelier), famille de Château-d’Œx; Chapalleyres à Charmey, Frib. même sens.
- Chapalettes, ham. de Porsel et chalet à Pont; ès Chapallettes, m. à Chapelles, dim.; de chapala ou sapala, sapin (s-ch) = aux petits sapins.
- Chapelle, nom de plusieurs communes et ham., par exemple Chapelle, D. Moudon, Capella Waldana, 1177, 1228, Chapala, 1226, M. R. VI, 168; de capella, église non paroissiale; localités construites autour d’une chapelle.
- Chaponneyres, loc. à Vevey, Chaponeres, 1228, Capunieres, 1236; Chaponnières à Vinzel, Chaponnaire à Vufflens-la-ville; du bas latin capponem, chapon, d’un radical chap, d’origine incertaine, qui se retrouve dans chapuiser, chapoter et le vaudois chapler. Tzaponaire à Liddes, forme valaisanne (ch-ts).
- Chapotannaz à Cully, domaine du notaire Chapotan, qui le planta en 1539; chapotan, comme chapuis = charpentier.
- Charbonnay, -ey, -ex, -et et Charbonnières ou Charbonneyres, très nombreuses loc., hameaux, pâturages; de charbon, /74/ endroits où l’on a préparé jadis du charbon. Paray Charbonnet, pâturage à Château-d’Œx, est pourtant bien haut, au-dessus de la région forestière; peut-être nom propre comme un tenementum Carbonis au territoire d’Ependes, Frib., vers 1150. Donat. Haut. Arch. F. VI, qui est le ténement du nommé Carbo, cognomen connu (de la famille Papiria).
- Chardevaz, 2 pâturages sur Moiry, D. Cossonay, Escherdevaz, 1240, ès Chardevaz, 1244, Chardena, 1292, Dict. hist. Suppl, (fausse lecture ou coquille n pour u) et Chardouille, ham. de Mézières, paraissant renfermer la racine card, de carduus, chardon.
- Chardonne, D. Vevey, Cardona entre 996 et 1017, Hidber, I, 276, Chardona vers 1150 et 1170, Arch. F. VI, Carduna, Cardona, XIIe s., M. R. VI, 376 et 1247; champ Cherdon à Concise, Chardon, pâturage, et Tserdonnet, dim., à Conthey; Chardonnet, val Ferret, Zardonnet à Vercorin, Valais; Chardonney à Morges, Chardenai, 1225, et Moudon, Chardenai, 1223, Chardonney à Ollon; de cardonem, chardon, et cardonetum, lieu où les chardons abondent.
- Le Chargeoir à Pâquier, Neuch.; le Chargeau, Chargiau, 5 ou 6 loc. Vaud; Chergeau à Montricher, Chargeux à Fully, les Chargeux à Muriaux, Jura; lieu commode pour charger et décharger les charrettes.
- Le Charme à Cœuve, Porrentruy; Charmoy à Siviriez, Frib.; de carpinetum, f. charmoie, endroits où abondent les charmes, ou de calma, voir la série suivante.
- Charmet, pâturage à Ollon, loc. Combremont et Moudon, 2 h. Fribourg; Chalmet ou Chalmé, Jura bernois; Chermet, Moudon, Ormonts; Chermey à Muraz, Valais; Charmette, au plur. Charmettes, une dizaine de pâturages et de localités, Chalmery à Gryon, Charmey, D. Gruyère, Charmez, 1146, Hidber, II, Chalmeis, 1202, 1228, M. R. VI, 23, 424, Chermeix, 1294, Charmey, 1340. Rec. dipl. III; Charmey, D. Lac, all. Galmitz, in Chalmitis, 1242, F. B. II (français jusqu’au XVIIIe s.); les Charmattes à Muriaux et Undervelier, Berne, Zermette au /75/ Saint-Bernard (ts), Tschalmett à Louèche, jadis romand. Du bas latin calma, champs, pâturages, permutation l-r et suffixes collectifs et, ey, du latin etum, ery = erie, ou dim. ette.
- Charmigny, loc. à Chardonne, Vevey; de (fundum) Carminiacum, domaine d’un Carminius, gentilice romain. De Vit, II, 135.
- Charmilles, pâturages des Alpes, Etivaz, Ormonts, et du Jura, Mont-Tendre, Sainte-Croix; Chaumille au Chenit; Chermillon, alpes sur Muraz, sur Lens et sur Louèche, all. Schermilung ou Scherminong, la Charmillatte aux Epiquerez, Jura; de calma, pâturage, et suffixes dim.
- Charmoille, D. Porrentruy, all. Kalmis, Calmillis, 1136, Calmilis, 1139, Chalmillis, 1145, Charmayles, 1173, Chalmales, 1175, Charmallies, 1266; du bas latin calmis, aux champs.
- Charmontel, coteau, D. Avenches. Voir Chaumont.
- Charmoz, Aiguille du —, frontière française, alpes de Finhaut, sans doute encore un dérivé de calma, comme Charmet.
- Charnex, ou Chernex, village sur Montreux. Le manque de formes anciennes ne permet pas de décider si c’est un Carnacum (praedium), domaine d’un Carnus, cognomen romain (du n. de peuple les Carni), ou un carpinetum, de carpinus, bois de charnes ou charmes. Du second viennent Chernex, champs à Grens, D. Nyon, au Chernay, loc. à Val d’Illiez.
- Charniaz, loc. C. de Genève, autre forme de charnaie ou charmoie, du latin carpineta.
- Charny, m. à Satigny; peut-être un carpinetum, voir Charnex; peut-être un (fundum) Carniacum, propriété d’un Carnius, gentilice dérivé du cognomen Carnus.
- Charpigny près Ollon, Cherpinnie, 1214, Charpigniacum, 1235, Charpignie, 1240; de (fundum) Carpenniacum, domaine d’un Carpennius, gentilice romain. De Vit, II, 138.
- La Charoutze, ou Sarouche, paroi de rochers et forêt au S. de Château-d’Œx; l’Arsa Rouchi, livre des extentes de Château-d’Œx, 1276, Arsa Rocca, XIIe s., Cart. Laus. M. R. VI, 208, « de arsa Rocca, usque ad alba aqua » (Albeuve), limites des forêts /76/ comtales; p. 207 « de arsa Rocca usque ad salsa aqua » (Saussivue); de arsa, brûlé, et roche, la Roche brûlée, à cause des teintes rousses du rocher;
l’Arsa Rouchi
↓ ↓
la cha routse,
le a a passé à l’article, chute de l’r, permutation de s en ch, fréquente, et de ch en ts, régulière au Pays-d’Enhaut. - Charravex, alpe de Martigny, sur le versant N. d’Arpille; peut-être de Chaux, pâturage, et revex, revers = la Chaux du revers, voir Chaux et Revex.
- Charvaz ou Echarvaz, contrefort de la chaîne de Chaussy, Ormonts, is Tsarva, 1788, Charfaz, paroi de rocher aux gorges du Trient, le Tsarvo, sommet rocheux au N. de Salvan, Crettaz Zarvaz, paroi de rochers à Chamoson, la Sarvaz ou Sarfaz (s pour ch), paroi de rochers à Saillon; comme le mont de la Charvaz, au lac du Bourget, Savoie, de calvum, chauve = terrain dénudé, rocher; en Dauphiné charve, s. m., montagne élevée, nue; de (montem) calvum; voir aussi Chervettaz.
- Chassagne, forêt à Orbe, Cassanea, 1141, M. R. III, 474, Chassagny, 1344, Matile, et à Granges (Payerne), Chassagni, 1228; loc. à Eclépens et Champagne; forêt à Rochefort; fém. du v. f. chassain, forêt de chênes, du bas latin casnus, chêne. De là aussi Chessenaires, écart d’Essertines, D. Rolle.
- Chasse, pâturages rocheux, val Ferret et Sanetsch; pente boisée, rocheuse, à Vionnaz, Valais; de saxum, rocher, permutation valaisanne ss-ch.
- Chasseron, Jura, probablement autre dim. de Chasse ou Sasse, de saxum, rocher. Autrefois cette montagne était plus connue sous le nom de Sucheron, que Lutz donne comme nom principal; voir Suche. (A été aussi appelé la Roche Blanche, acte de délimitation entre le Pays de Vaud et Neuchâtel, 1525.)
- Le Chassin, forêt à Diesse et Lamboing; fausse orth. pour chassain, s. m., voir Chassagne.
- Châtaignier à Fully, Valais, loc. à Bex, Yvorne, Châtagny à Villette, Lavaux, Chastagnye, 1211, et loc. à Montreux; Châtaigneriaz à Founex, Castanetum, 1166, 1179, M. G. XIV et IV, /77/ Castanerio, 1177, id. à Tartegnins, Chastanierea, 1285; à Etoy, id. à La Rippe, Chatonnaire à Vétroz, Chatonneyre, vignes à Corseaux; Châtagnay à Lussy, un ès Chatoneres à Vex, 1255, auj. Zatonnires; la Chateneyre à Pailly, Chatagnère à Agiez; de châtaigneraie = forêt de châtaigniers. Autrefois beaucoup plus abondantes; elles ont disparu pour faire place à la vigne. Les chartes en mentionnent bien d’autres encore : un Chastagnereta à Lavaux, 1251, un Chatagnerea à Crans, 1296.
- Châtelard, nom de quelques vill. et ham. et de nombreux lieux-dits où ont existé des retranchements de terre servant de lieux de refuge : F. Chabloz en compte une dizaine sur le territoire de Vaumarcus à Bevaix; du bas latin castellare, castellarium = camp retranché, fort. Le d qui termine le mot aujourd’hui vient d’une fausse assimilation avec le suffixe germanique ard et n’existe pas dans les vieux textes : Chastellar, Aigle, 1425, Chastelar, Vex, 1255, etc.
- Châtillens près Oron, Castellens en 1141, Chastelens, 1218, Chasteleins, 1220, M. R. XII; du n. pr. germ. Castilo, Kestilo = chez les descendants de Kestilo.
- Châtelet, 4 ham. fribourgeois, Châtillon, plus. villages (et quelquefois d’anciens retranchements de terre), sommets escarpés : Ormonts, Bex; ou simples crêts : Montcherand); Chéteillon, montagne à Vouvry, Chétillon, sommet sur Vionnaz, Châtoillon à Cornaux, Géteillon, alpes de Leysin; Chételat ou Châtelat, Chestelet, 1337, village, et ferme à Mervelier, Jura bernois; Chatelot aux Planchettes, Neuch.; en Valais Zatelet, Tzetelet, sommets; dim. divers de castellum, château.
- Châtonnaye, Fribourg, peut-être le Chestenoi vers 1145 du Cart. Haut Crêt, M. R. XII, 162; Chastenaie, 1228, M. R. VI, 334, Chatenay et Chatenex, 1331, Chatonex, 1377, Chastonaye, 1402, Rec. dipl. VI; Chattonay, loc. à Ollon; bois de Chatonnay à Commugny, Châtenaye à Colombier, Neuchâtel; de castaneta et castanetum, bois de châtaigniers; un camp. de Castaneto, de Chestone à Bouloz, Fribourg, milieu du XIIe s. Le Dict. géog. d’Attinger dérive Châtonnaye de castrum et haya, /78/ enceinte, dérivation erronée que condamnent les formes anciennes du nom.
- Châtroz, vallon et ham. derrière Montorge près Sion, Caldro, 1053, Chaldro, 1216, Hidber, Chaudro, 1250, Chaudra, 1304, Chadro, 1331, M. R.; synonyme de chaudron, à cause de sa position enfoncée.
- Chauchey, Chauchy, Chauchis, nombreux lieux-dits; Chaucey, Coppet; Chautzai, Arzier, Chaussiés, ham. de Siviriez et 3 autres loc., Frib.; Chaussiez, une douzaine de loc. Vaud et Fribourg, Chaussy, sommet aux Ormonts : pâturage, terrain que les troupeaux foulent; du bas latin calciatus (fundus); quelquefois aussi c’est l’emplacement de quelque ancienne route romaine, ainsi la Chaussia près Pont est sur le chemin d’Oron à Porsel, ancienne route romaine. Une fine calciata de Trescovanie, 1343, Chouciata, 1378, Chauchiata à Yverdon, 1343, etc.
- Chaucrau, Lausanne, Choucrus, 1235, Chelcrus, 1238, Choucroux, 1225, Chalcrus, M. R. VI, 516, 655 et VII; de calidum crosum, chaud creux ? De même Chaucrau à Villars-Tiercelin et en Chacrau à Champmartin. Une charte valaisanne de 1216 parle d’un Bernard de Chalcro; c’est évidemment le même mot.
- Chaudanne, forte source, affl. de la Sarine près Château-d’Œx, Choudanna, 1433; Chaudannes, loc. à Leytron, Bovernier, Gryon, en Chaudannaz à Bex; Sudanne, Zudanne(ts) ou Tschudane, source et ham. près Salquenen, Valais, Caldana, 1218, Choudanaz, 1219, Chaldana, XIIIe s., Choldana, 1254, la Choudana, 1424; Zoudana à Conthey, Zudanne, loc. à Grimisuat, Valais; les Tzeudanes, sources près Bourg-Saint-Pierre; une Choudana près Lavey ou Saint-Maurice, 1281. Zeu d’Anni à Trient, carte Siegfried, nous paraît encore une Zeudanne; de calidus, chaud : sources profondes dont les eaux ne gèlent pas en hiver. Ce ne sont pas des eaux thermales, mais à température constante et par exemple, quand la Sarine est gelée ou encombrée de glaçons, la Chaudanne n’en a jamais; elle paraît chaude à côté de sa voisine.
- Chauderette, vallon à Couvet; Chauderon, gorges à Montreux, /79/ ravin à Grancy, à l’Abergement : quartier à Lausanne, Choderon, 1233, Chouderon, 1238, Choudron, 1252, M. R. VI = petite chaudière, chaudron, au fig. pour lieu enfoncé.
- Chaudes, col et alpe sur Villeneuve, Chages, 1150, 1239, Chaugi, Calgi vers 1160, Cart. Haut Crêt, M. R. XII, 193, 194, permutation rare j-d qu’on retrouve aux Ormonts. Voir Audon et Badausaz.
- Chaudivue, m. à Sorens, Fribourg = chaude eau.
- Chaufour; du latin calcifurnum, four à chaux.
- Chaulin, ham. de Montreux, Choulin, 1317.
- Chaumény, sommet, alpes de Port-Valais, Chaumagni, Bridel, Chaux-Magni, Lutz; pour ces deux auteurs = la Grande Chaux; mais magna, magnus aurait donné magne. Pour Gatschet, c’est la Chaux des maignies, v. f. maignie, maison rurale, ferme, étymologie inadmissible pour ce sommet rocheux. Origine inconnue.
- Chaumes, « flachères », à Chessel, forêt à Boudry; de calma, Chaumette au Vaud, D. Nyon, et Chaumille, Démoret, Chaumilles, vallée de Joux, dim. Voir Chaux.
- Chaumont, sommet près Neuchâtel, Chomon, 1143, Chalmont, 1220, Chumont, 1350, 1538, 1667; ham. sur une colline près Saignelégier; ham. au Vully; Chaumontet, loc. à Vevey au moyen âge, Chamontel, 1175, Chaumontet, Chamontez, Chamotez, Chamunteiz, 1229, Cart. Laus., p. 349, 361, 366, 469, plus tard Charmontay (de Montet, Hist. Vevey). Charmontel, coteau et bois du Vully, Chalmontel, 1243; de chaud et mont, montet, sauf peut-être pour le Chaumont, au climat rude, de Saignelégier; celui-ci plutôt de chau, chauf = chauve, nu.
- Chauvigny, loc. à Bevaix, Neuchâtel = (praedium) Calviniacum, domaine d’un Calvinius, gentilice romain; comme les Chauvigné, Chauvigny de France, d’après D’Arbois de Jubainville.
- Chaux, nom extrêmement répandu dans les Alpes et le Jura, aussi à la plaine : la Chaux à Berolle, en Chau Rossat, prés à Noville, la Chaux Givel, la Chaux Doudin et la Chaux Tavel à /80/ Payerne. Du bas latin calma, qui paraît contracté de calamus, chaume, signifiant au moyen âge tantôt maison couverte de chaume, tantôt : 1o le champ de céréales; 2o la prairie nue, les champs étant généralement découverts d’arbres; 3o le pâturage élevé, au-dessus de la région des arbres.
Les textes abondent. En voici quelques-uns :
Une charte de 943 parle de l’ecclesia S. Petri in calme arlicana et une autre, de 1096 (Cart. de Romainmôtier) : in calme arlie. (Chaux d’Allier, près Pontarlier.) In chalme rotunda et in chalme illenchia, etc. (Cart. d’Oujon). Calmes de Ambrunex, 1264. Plus tard, nous trouvons les textes super calvo de Escublon, 1310 = Chaux d’Ecublon; per la Chaul de Estaleres, 1304 = Chaux d’Etalières; Chaux dou laic, … 1373, et la Chault de Font, 1378 (Matile).
Ducange cite les exemples suivants où calma signifie tantôt champ, tantôt chaumière : terram invasissent uel vineas deplantassent aut calmas rupissent, 790. Et : Calmam destruere nolo, tum quia frater meus eam aedificavit, 1154.
Quant au mot calvo, de calvum, on ne peut l’attribuer qu’à l’ignorance du rédacteur de la charte qui ne comprenait plus la signification primitive du mot français chaul. Nos cartographes, ignorant le sens du mot comme le copiste de 1310, ont souvent transformé le mot en Chaud : Chaud de Forgnon, de Champlong, du col Ferret, du val Triqueut, de Montana, etc., toutes en Valais; cartes Dufour et Siegfried.
En patois fribourgeois Chaux devient Tchaux, Tzau, Tsô; de même au Pays-d’Enhaut : Tso Fauthî (th anglais) Tso y bots, la Chaux des crapauds.
En Valais, où ch, j devient z (pr. ts, dz), les Chaux deviennent Zô et Zâ : Zo en Zon, la Zâ de Derbon, la Zâ du Cœur, la Zâ de Cheville, alpes d’Ardon et de Conthey; la Zâ de Lodzo sur Conthey, la Zâ de Faye, Chaux des moutons, au Sanetsch, Grande Zâ d’Hérémence, etc. Quelle que soit la forme du mot, il s’agit toujours de pâturages élevés, au-dessus de la région des arbres. Calma est devenu en allemand galm par la transformation /81/ régulière dans cette langue du c en g. Les Chaux sont des galms dans le canton de Berne et la partie allemande du Valais. L’alpe sur Louèche que les Romands appellent Chermignon (dim.) s’appelle en allemand Galm alp.
Enfin, dans le Haut-Valais, le m a permuté avec n, et toutes les croupes herbeuses, nues, qui séparent les vallons de Conches sont des Galen, telles les Aerner-, Münster-, Ulricher-, Gestlergalen. Pour les dim., voir Charmet, Charmille.
On a voulu dériver chaux de callem, pâturage dans les bois, ou de calvus, chauve (Lutz), et même de cavus, creux (Matile) ou de casa (MM. Châtelain et Alf. Godet, M. N. XIV et XXII). La preuve que ces dérivations sont impossibles est donnée par les dérivés. La racine de calma, calm, se termine par un m qui disparaît naturellement quand il est final comme les n, m des racines corn, verm dans les mots cor, ver, mais de même que ces lettres reparaissent dans cornet, vermine, le m reparaît dans les dérivés Charmet, Chalmet, Chaumette, etc. Si Chaux venait de calvus, les dérivés montreraient ce v comme dans les mots Chauvet, calvitie : de même pour callem, racine call; ses dim. seraient chaillet, chaillon, mais n’offriraient également jamais de m. Au XVe s. on a aussi traduit par erreur chaux par calce, par exemple prato Calcis, de Calce = la Chaux de Premier, de Vaulion.
Chaux de calma s’emploie ailleurs qu’en Suisse. Grégoire de Tours (571) parle d’une localité Maslicas Calmes, aujourd’hui les Chaux de Moussy près Embrun, Hautes Alpes. [Voir Additions et corrections : Chaux, p.541] - Ajoutons que Chaume, s. f., s’emploie en basse Bourgogne pour désigner les sommets dénudés et pierreux des collines. (Littré, Suppl.)
- La Chaux près Cossonay, domus de Calce, XIVe s., Calcis in Vuodo, 1450 = chaux, calcaire. Mais ce latin n’est que la traduction de chaux, pâturage, de calma, dont les rédacteurs de ces actes ignoraient l’origine. Voir l’article précédent.
- La Chaux de Fonds, Chault de Font, 1378; du latin fontem = Chaux de la fontaine. Pour Chaux, voir plus haut.
- Chavagny, loc. près Neyruz, Fribourg, Chavaniei, 1142, Arch. Fr. VI, 37, Chavanie, 1173 (Stadelmann), Chavanix, 1198, Chavaniz, 1247, M. F. III, 69, IV, 214 = (fundum) Cavaniacum, domaine d’un * Cavanius ou Capanius, comme les /82/ Cavagnac, Chavagnac, Chavagnieu de France; un Cavaniacum (diocèse de Vienne) mentionné en 1153, M. R. XXIX, 89.
- Chaval, ham. de Vérossaz, Valais; Chavalet, chalet à Rougemont, torrent et ham. à Champéry, Chavaley, loc. sous Leysin; Chavalets, loc. ravinée, anciens lits de la Gryonne; du v. f. chave, s. f., cavité, caverne, du latin cava, et suffixe al, et dim. et. Le torrent de Chavalet s’est creusé un profond ravin, petit toutefois en comparaison de celui de la Viège. Chevalet, 3 pâturages de Gruyère, un autre, alpes d’Ollon et un dans un vallon creusé sur les flancs de Corjon, Pays-d’Enhaut, ont sans doute la même origine.
- Chavannes, nom de nombreux villages de la Suisse française. En Valais Zavannes (z pron. ts = ch), Chavenettaz à Ormont-dessus, Rue et Rossens, Frib., dim.; dérivé comme cabane du bas latin capanna, qu’Isidore de Séville (570-636) tire du celtique caban, de cab = hutte.
- Chavat, 2 ham. au sommet d’une combe près Saint-Ursanne; de chevet, comme le chevet d’une église, partie arrondie qui ferme le chœur; a = e dans le Jura bernois.
- Le Chavon de Seron, pâturage au Pays-d’Enhaut; la Chavonne, pâturage à Gruyère; les Chavonnes, alpe d’Ormont-dessous et de Gryon; Zavonnaz à Miège; Chavonnetta, m. à Morlon; aux Grangettes, Frib.; granges à Ormont-dessous, dim.; du v. f. chavon, bout, extrémité (de chef); le pâturage des Chavonnes est à l’extrémité du territoire, limite d’Ollon.
- La Chaz, 4 loc. aux Ormonts, la Châ sur Orsières et au Valsorey, Valais; l’Achat, carte Siegfried, vallon des Verraux sur Montreux; Lotachat, croupe au N. de la Valsainte, Fribourg, pour l’Hauta Chaz; la Chaz ou la Chat, pente rapide, boisée, entre Triquent et Finhaut, Valais, écrit aussi Lachat : autres formes de Sciaz. Voir ce mot. La Chaz, la Chat est le nom de plus. ham. en Savoie; le col de la Chat près Chambéry s’appelait la Sciaz en 1582, Mém. Savoie, IV, 252. Chaz est aussi le nom de quelques loc. du Jura français, dit M. Châtelain, M. N., qui dérive chaz de casa et y rattache chaux. /83/
- Chavornay, Cavorniacum, 977, 1100, M. R. VI, 1121, Hidber, I, 473, Cavornacum, 1173, Hidber, II, N. de Chavornay, 1217, M. R. VI, 103, Chawornai, 1228, Chavornay, 1235, Cart. Month.; pour Gatschet, du bas latin cavernum, cabernum, caverne, hutte, est un (praedium) Cavorniacum, domaine d’un Cavorinus. De même Chavornex à Villette, D. Lavaux. Zeuss, p. 129, donne le nom gaulois de Cavarinus, qu’il dérive de cawr, géant. Une terra de Chavornay, 1250, Chavorney, 1267, à Ayent, Valais.
- Chéfour, loc. à Orvin, Berne; probablement autre forme de chaufour, four à chaux.
- Cheillon, voir Chillon.
- Cheiry, Fribourg, Chereys ? 1187, Hidber, II, 373, Chirie, 1228, Cherie, 1453, Cheirier, 1668; Mollie Cheiry à Corcelles-le-Jorat; de (fundum) Cariacum (du cognomen Carus : carus, cher); domaine d’un Carius, gentilice romain.
- Chelin, ham. de Lens, Valais, devrait s’écrire Chelins, car il dérive d’un patronymique germain, comme le montre l’orthographe ancienne Schilling (Lutz) usitée encore aujourd’hui (Feuille off. du Valais), Chelling, Chilling.
- Chemenin, m. sur Vevey; Chemeneau, mayens sur Muraz et sur Dorenaz, Valais; dim. de chemin, patois tsemenin.
- Les Chenaillons (ou moins bien, Chenalions), nom générique de plusieurs ruisseaux temporaires à la Sagne, Jura neuchâtelois; dim. de chenal, de canale.
- Chênat, Chenet, Chenois, voir Chanéaz.
- Chenau, forme dialectale de chenal ou canal, du latin canalem. De là de nombreux noms de hameaux (9 loc. Frib.), la Chenau, gorges sur Aigle et Cortébert, Chenaux sur Cully, Chinauz, 1360. Défilé à Pâquier, Neuch. et 6 loc. Frib.; ruisseaux, affluents de la Tinière, Villeneuve; ruisseau à Cheseaux-Noréaz; la Chenâ à Bourg-Saint-Pierre, la Chenal à Courfaivre et Corban, Jura; — les collectifs Chenalier, ham. de Monthey, Chenaleyres à Autafond, Frib.; — les diminutifs Chenalet et Chenalette, 6 loc.; Chenaillettaz à Villars-Sainte-Croix; Chenaillon /84/ à la Sagne. En Valais ch devient ts ou z; de là Tséné à Salvan, Zenaz, torrents à Vernamiège et Hérémence; Zenat à Chandolin d’Anniviers, Ziné à Saint-Martin, Zinal, ham. au fond du val d’Anniviers, Zenal, chalets dans une combe sur Conthey (Canali et laz Chinal, 1304); Zenali, localité au Sanetsch avec nombreux couloirs de pierres et d’avalanches. Le z se retrouve aussi à Fribourg : Zenalettes, petit sommet entre La Roche et Treyvaux.
- Chenaussannaz, alpes de Montbovon, chenau et sana, saine, couloir non ébouleux.
- Chenauvaz ou Chenouvaz, voir Zenauvaz.
- Chénens, Fribourg, Chenens, 1138, M. F. II, 14, 1319, Cheinens, 1143, Chinins, 1214, Haut-Crêt, M. R. XII, Cheineins, 1244, Cheneins, 1215, Chennens, 1248 (Mtl.), Chinnens, 1717, etc. = chez les descendants de Chagan, n. pr. germain (Stadelmann).
- Cheneveyres, loc. Vevey, Cheneveres, 1344, Chenevaires, Saint-Triphon, et nombreux lieux-dits (15 Frib.), forme patoise, Tschenevieren à Albinen, forme germanisée de chenevière, bas latin canaparia.
- Chentremont, crêt au bord du Veyron à Pizy; de mont et de Chentres, Chintres, Cheintres; en patois fribourgeois, Tsintre, Tzintre, ham. de Charmey, d’Orsonnens, etc.; valaisan, Zintre, Saviéze, Cintre, Grimentz; correspondants du français ceintre, ceinture, terrain en bordure, localités au bord d’une rivière ou d’une limite quelconque. On trouve aussi Chantre par ex. à Ollon. Nom commun fréquent dans les chartes : tres chantrias pratorum juxta prata curati, 1281, trois chantres de prés à côté des prés du curé (d’Apples).
- Es Cherches et Echerchettes, loc. à Morcles, frontière du Valais; les Tsertsettes à Finhaut, l’Essertze à Chermignon, Es Cherches, taillis à Château-d’Œx, les Echerches, alpes de Vouvry; Esserches, loc. à Aigle, limite de Leysin, Es Cherchy, 1314, ès Serches, 1718, Escherchia de Sarduns versus Leissins, 1232 (limite E. des franchises du bourg d’Aigle), Lecherchi, 1315; une loc. de Lescherchy, 1309, à Grimisuat, Valais, un bois /85/ de Leschercheto, 1322, et une Lecharchie à Louèche, 1551. Une charte de 1464 parle de Lecherchy de Soressert, limite entre Leysin et Ormont-dessous; toutes les localités dont la position est précisée par le texte ou les plans sont, comme on le voit, à la limite, à la circonférence des territoires dont elles dépendent; probablement à rattacher au v. f. cerche, s. f., cercle, du latin circus ou plutôt d’un bas latin * circa, f.; cherche de circa, comme chercher, patois tsertsi, de circare.
- Chermignon, D. de Sierre, Chermignon, 1241, Chirmignon, 1260. Dérivé, avec le suffixe io-ionis, du gentilice Carminius, comme Avennio (Avignon), de Avennius.
- Cheresaulaz et Cheresaulettaz, alpes de Châtel-Saint-Denis, Chirisoules, 1309; Chereseulaz, alpe de Vouvry, Chersaulaz, ham. très élevé d’Ormont-dessus, Chisseroula, 1315, Chisirolle, 1464. Ces deux dernières formes montrent que nous avons là une métathèse; ces 3 loc. sont des chisiroules, c’est-à-dire de petites chesières ou chisières, chalets d’alpage, avec suffixe dim. oula, ola, c’est le synonyme de la Zigeroula de Chippis, Valais.
- Cherminche, bois à Chardonne et à Forel sur Lucens; d’après M. Isabel (in litt.), serait en patois Tsermintse, la charmeuse, f. de tsermu. Voir ce mot.
- Chermont, ham. d’Avry-devant-Pont; peut-être du nom germain Carmund ? 2 chalets de Gruyère portent aussi ce nom, Gruyères et Villars-sous-Mont.
- Chermontane, 2 alpes de Bagnes, Valais; du v. f. sermontan, le Laser Siler, ombellifère très abondante à la Petite Chermontane. En 1233, une vigne ou Sarmontan, M. R. VI, 593 (environs de Lausanne).
- Chernay, Chernex, voir Charnex.
- Cherpine, m. à Lancy, Genève; de charpenne, n. patois du charme ?
- Cherraire ou Tsaraire, défilé du Saint-Bernard près Bourg-Saint-Pierre, forme patoise de carrière, chemin des chars.
- Chervettaz, forêt de Châtillens, Oron, Calvata, 1154, 1179, Chalveta, 1278, Charveta, 1273, M. R. XII; Chervettes, alpe /86/ à Grandvillard, Zervettaz à Sierre. De calvetta, dim. de calva, chauve = forêt dénudée, alpe déboisée. Montchervet, m. à Puidoux, mont dénudé.
D’après un acte cité par M. Pasche (Contrée d’Oron, 587, 589), la forme Calvata de 1154 serait une fausse transcription; il faudrait Calvacata, mais ce mot donnerait Chauvecée et non Chervettaz. - Chervillers, ham. d’Epauvillers, Jura, Scherviler, 1329, Cherviler, 1340 = village de * Scharo, Schero, n. pr. germain, de la racine Scar, du v. h. all. scara, armée. Förstm. n’a pas ce nom, mais un dérivé Scherilo.
- Le Chesal, m. à Rougemont, Chesalles, 3 com. D. Moudon, Oron, Caselles, Chaselles vers 1150, et Fribourg, Cheseles, 1146, 1198, in Chesalejo, 1142, M. F. II, 219, Chesaleis, 1162, M. F. II, 25, I, 270; Cheseaux, Lausanne et Yverdon, Chesaus, 1154, Chesauz, Chesaux, 1235, Cart. Month., et 15 h. ou m., Frib.; Chesard, ham. de Grandcour, Chézard, Neuchâtel, Chesas, 1285, 1294, Chesays, 1324, Chesair, 1328, Chesar, 1349; les Chézards, loc. à Boudry, Chesel à Bourrignon, D. Porrentruy, Casale, 1179, Chesas, 1187, Chesaus, 1284. Chesalet à Monthey, Chesaley, m. à Marsens, Chesallettes à Charmey, dim.; dérivés de casale, ferme, qui vient de casa, chaumière.
- Chéserex, D. Nyon, Chiseras entre 996 et 1017, Hidber, I, 276, Cisirac, 1093, Rég. gen. 64, 442, Chysirai vers 1135, Chiserai(y), Chiserai, XIIe s., Chesarium, 1164, Chiseracum vers 1186, etc., M. G. II, IV et XIV; Chesières, ham. d’Ollon; Chesires, chalets, vall. de l’Hongrin, Château-d’Œx; Chizéré, chalets, alpe d’Orsières, Valais; du v. f. chesière, cheysière, bas latin casaria, dérivé du latin casa, chaumière, hutte, chalet de pâturage (en romanche chäsara). Une alpe de Chiseria à Louèche (ou Bratsch), 1228, une Chisereta à Ayent, XIIIe s., Chissereta, 1364, aujourd’hui la Chéseretaz, une des remointze de l’alpe du Rawyl, une Cheseretaz à Arolla, 1449; Chésery, alpe et sommet sur Morgins, Valais, Chéserey, carte française, même origine.
- Chesopelloz, Sarine, Fribourg, Chesaupenlo, 1406, Chesauz penno, /87/ Chesaul Pelloz, 1146 (Dellion). Ces formes expriment nettement l’origine : c’est le chesau, de casale, de Penlo, de Pennilo, la métairie de Pennilo, n. pr. germain.
- Chessa, alpe sur Ayer d’Anniviers; probablement métathèse pour sèche, ch — ss.
- Chessel, D, Aigle, Chessez, 1312, Chessey, 1364, Chassey, 1403, Chosel, 1428; les 3 premières formes indiquent un (fundum) Cassiacum = domaine d’un Cassius, gentilice romain.
- Chessayre, prés à Muraz; peut-être dérivé du verbe patois tschesi, tomber; chesaire, lieu d’où il tombe de l’eau d’en haut par chute ou écoulement, dit Bridel. Chessaylaz, prés à Ollon, même mot avec permutation r-l.
- Chet ou Chez, 3 pâturages à Albeuve, Praz du Chet, pâturage à Villars-sous-Mont, les Chets, pâturages à Enney; l’Essert du Chet à Semsales, Sur le Chez, blocs erratiques dans le marais de Lignières, Neuch.; orthographes vicieuses pour Chex, prononciation patoise de Sex, latin saxum, rocher, permutation s-ch, comme Sierne — Chierne, Siaz — Chiaz.
- Cheteval, m. au bord du Doubs, Epauvillers; corruption de la forme ancienne Chetivat, 1340, dim. de chétif avec la permutation jurassienne de et en at.
- Chêtre, plus. loc. D. Porrentruy, Tschetroz, granges à Sierre, Chestro, 1238, Chestroz, 1433, M. R. XXIX, 337; peut-être autre forme du v. f. chastre, camp, lieu retranché, du latin castrum, correspondant des châtelards si fréquents, C. de Vaud et Neuchâtel.
- Chevalleyres, 2 ham. de Blonay; la Chevaleyre sur Villeneuve, Chevaleri, 1276, Haut-Crêt, M. R. XII, 115; propriétés d’un Chevaley (= chevalier). C’est à ce dernier que se rapporte le texte du Cart. Haut-Crêt et non au ham. de Blonay, comme le dit M. Hisely, p. 241.
- Chevaux, La Dent chez —, sommet vallée de Joux, Montem de Chiechevauz, 1344, Matile, Dent de Chiechevaux, 1569; ce nom étrange s’explique en le rapprochant de Chievachaul, sommet de Gruyère, dont il paraît une corruption par une double métathèse /88/ ch-v, celui-ci (voir Tzouatzo) est formé de chuva, freux, choucas et de chaul, chaux = la chaux des freux, des corneilles.
- Chevêche, En la —, lieu-dit à Corbeyrier; de chevêche, chouette, v. f. chevece, de capitia.
- Chevenez, D. Porrentruy, Chaviniacum, 814, Givinei, 1139, Chavenei, 1179, Chivinye, 1290, etc.; de (fundum) Caviniacum, domaine d’un Cavinius. (Holder a le gentilice Cavinnius et De Vit le cognomen féminin Cavina.)
- Cheville, col de —, alpes de Bex et Valais. Ce mot nous paraît un dérivé, subst. verbal du verbe v. f. chevillier, creuser, chevilleor, celui qui creuse, diminutif du v. f. chever, creuser, autre forme de caver, wallon et Berry chaver, creuser, chave, trou. Cheville serait donc creux, dépression, échancrure de l’arête. Rien de commun avec le mot actuel cheville, qui dérive de clavicula.
- Chevilly, Cossonay, Chivillier, 1540, comme les Chevillé de France; de (fundum) Cavilliacum, domaine d’un Cavillius, gentilice romain. De Vit, II, I.
- Chevran, ham. d’Anières, Genève, mieux écrit jadis Chevrens (orth. conservée dans le n. pr. Dechevrens), nom d’origine germanique, à rechercher.
- Chevrenaz, ham. de Boussens, Vaud, Eschivoronaz, 1377.
- Chèvres, ham. de Bernex, Genève, Capris, 1264 = aux chèvres, pâturage de chèvres.
- Chevressy, ham. de Pomy, Yverdon, Chiwrusie, 974, M. R. VI, 130, Cabrusie et Cabrusei, 1174, Chabrusei, Chebrusei, Chabrusie, Chevressei, 1177, Chabrusey, 1182, Cart. Month., Sivrissie, 1218, M. R. VI, 457, Chivrissie, 1527; de fundum Caprissiacum, domaine de Caprissus, nom d’esclave, puis d’homme libre (De Vit); ou d’un nom dérivé du cognomen Carprus, comme Caprusius, ce qui expliquerait le u des formes primitives.
- Chevrier, ham. de Versoix et de Choulex, Genève, Chevrye, 1316, Chivrier, 1340, M. G. XVIII, 17 et II, 388; de (fundum) Capriacum, domaine d’un Caprius, gentilice romain.
- Chevril, 2 ham. à Ormont-dessus, Chevrillet, dim.; Chavril /89/ à Corbeyrier et Ollon; Chevry à Trélex; Chevrilles, D. Singine, Frib., Chivriles, 1150-1200, Arch. Fr. VI, Chivrillies, 1324, M. R. XXII, 22, Chevrilliez, 1453, Arch. Fr. I, — 2 pâturages de la Gruyère; les premiers, de caprile, étable à chèvres, et Chevrilles du plur. caprilia. Chevrillière à Grandcour, autre dérivé. Chevrils vers 1100, Chivriz, 1250, était le nom du hameau actuel de Gifrisch, près Mörel, Haut Valais.
- Chevron, clos à Aigle, propriété au moyen âge des sires de Chivron, coseigneurs d’Aigle (famille savoisienne, château près d’Albertville).
- Chevroux, D. Payerne, Chevroth, 1286, Chevrod et Chevroz, 1300, Chevros, 1310, 37, 1453. Probablement même origine que le Chevroux de France (Ain) qui s’appelait Caprosium, dérivé latinisé du nom gaulois Gabros, chèvre et n. pr. Holder, 762. (Chevroux a une chèvre dans ses armoiries.)
- Chexbres, Vaud. M. Gremaud y rapporte le Carbarissa, 1079, M. R. VII, 4; Chibriacum vers 1100, M. R. XVIII, vers 1072, Dict. hist. vaud., Cabarissa, 1145, Chebris, 1134, Chebre, 1142, Cerbre, 1147, 1154, Chebra, 1165, Chabrii, 1179, Chabres, 1221, M. R. XII, Chaibri, 1248, Chaibry, 1368, Chebry, 1453, Chexbres, XVIe s. Une autre loc., chalets à Blonay. Ce nom a sans doute la même origine que Chabrey, D. Avenches, de (fundum) Capriacum, domaine d’un Caprius, ou Cabriacum, de Cabrius, variante gauloise. Chebris a le même sens : c’est le datif pluriel de Cabrias (domus, villas), du même gentilice pris adjectivement. Quant à l’x, on voit que c’est une lettre parasite qui apparaît fort tard, au XVIe s. Ces additions se présentent souvent; ainsi M. de Jubainville remarque que Gesvres, de Gabria, du même gentilice Gabrius, a deux s de trop, un au milieu, l’autre à la fin. Pour Carbarissa (villa) et Cabarissa, noms peut-être défigurés par les chancelleries allemandes (chartes de Henri IV et de Conrad II), c’est peut-être une altération de l’adjectif dérivé de la forme gauloise Cabrius qui serait Cabrisca, comme Barbarisca de Barbarius, Bardinisca de Bardinius.
- Cheyres, D. Broye, Frib., Cheres, 1230, Chieres, 1233, /90/ M. R. VI, 599, Cheires, 1299, Matile, Cheyeres, 1453; de (villas) Carias, les fermes de Carius, gentilice romain, dérivé du surnom Carus.
- Chez, dans le Jura, suivi d’un n. de famille, avec ou sans article : Chez les Gueissaz, Chez Jaccard, Sainte-Croix; Chez les Piguet, Sentier; Chez Berthoud, Brévine. D’après le Cte Joubert (Glossaire du centre de la France), dans les noms analogues de localités de l’Indre, Chez-Serrant, Chez-Rateau, chez aurait gardé son sens primitif de substantif, de casa, maison. C’est possible pour ces localités françaises. Mais nous croyons que dans les hautes vallées du Jura, colonisées fort tard, chez avait déjà pris son sens de préposition. Il a toutefois gardé un reste de son sens primitif dans la combinaison Vers chez, fréquente par exemple à la Côte-aux-Fées : Vers chez Simon, — le Fèvre, — le Banderet, — le Gros, — Juvet, — Maurice.
- Chibaz, A la —, loc. à Lens, Valais = à la Cible; de l’all. scheibe, v. f. et vaudois cibe, du v. h. all. sciba.
- Chibi, loc. à Aclens, Vaud; ancien village ruiné, Chiblie, 1166, 1182, Hidber, II, Chivlie, 1228, M. R. VI, 22, Chibliez, 1228-1282; de (fundum) Cabelliacum, domaine d’un Cabellius, gentilice romain; permutation a-i, comme pour Chigny.
- Chiblin, ancien moulin et scierie près Gingins, Chiblins, 1202, Hidber, III, 4, 1272, 1276; peut-être de * Hibilo, dim. de Hibo, n. pr. germain. Förstm., 660, comme Hichilo de Hicho, = chez les descendants de Hibilo.
- La Chiesaz, Saint-Légier, la Chiesa, 1215, Chesas, 1242; Chisaz à Renens et Burtigny; Tschiesaz à Troistorrents, Valais, Chieses, 1258, toutes localités près de l’église; « du latin casa, maison. Au moyen âge, chiese Deu, maison de Dieu, l’église, la maison par excellence. » (Bonnard.)
- Chiètres, Frib., all. Kerzers, Chartris villa, 926, eccl. ad carcerem, 962, M. F. I, Kercers, 1153, Chiertri, 1228, M. R. VI, Chercerz, 1244, Zeerl., Chertres, 1390, Rec. dipl. V, etc.; du latin carceres, prisons, — d’où le français chartre, — peut-être y eut-il là, à l’époque romaine, une prison pour les légionnaires. /91/ Les chartes de Matile nomment souvent une localité du même nom près Neuchâtel : Carceres, 1143, Caceriis, 1158, Chaceres, 1177, Caceres, 1209, Cacires, 1268; un Chiètres, h. de Bex, même origine ?
- Chieu, Chiœu, voir Cœur.
- Chigny, près Morges, Chinie, 1221, M. R. VI, 294, Chinni, 1228, Chignie, 1232, ib. 592; comme les Chigny et Chigné de France, de (fundum) Caniacum, puis Chigniacum, domaine d’un Canius, gentilice romain dérivé du cognomen Canus (Holder, 735), permutation a-i comme Cassiacum-Chissiez. Pourrait aussi venir de Canniacum, domaine d’un Cannius, autre gentilice cité par De Vit.
- Es Chilles, vignes à Saillon, champs à Montagny-la-Ville; en Echille (pour ès Chille) à St-Saphorin sur Morges, Eschillaz à Vallorbes, Chilioux, pâturage à Nods et à la Brévine, les Echies à Courgenay, en Echilly entre Croy et Moiry, en Eschillie, 1344, dans Matile, Chillères à Montcherand. Une terre en la Chilla ou Chylla à Naters, Valais, 1276, 1277; chille parait être la racine de chillon, et son dérivé chillou, le même que le chillou ou chaillou du Berry = caillou, dont l’origine est du reste inconnue.
- Chillon, château, Cilon, 1157, Castrum Quilonis, 1195, et Chillon, 1214, M. R. XII, 48, Chillon, 1224, Chyllons, 1232, Chilliun, 1233, Chilion, 1236, Chillun, 1237, M. R. XXIX, Chillum, 1247, Chillons, 1255, Chilluns, 1276, etc. D’après Gatschet, du mot patois chillond, chillon, plateforme de rocher. Une décision du Conseil de Neuchâtel, de 1663, citée par le Mus. N., 1865, p. 135, dit : « Octroi de 20 écus par an à Jehan Bompi, paveur, pour maintenir les pavements, fournir les chillonds et arènes, etc. » Ceci confirme l’opinion de Gatschet et le mot de chillon, pierre plate, dalle, parent de caillou, voir Chille. Une charte valaisanne nous parle d’un lieu dit Chillon près Diogny, Lens, 1259, aujourd’hui Zillon(ts). Il faut rattacher à cette même racine Zilong(ts), loc., alpes d’Arbaz et l’alpe de Cheillon (carte Dufour), Cheillong, F. d’Avis, ou Seillon ou Seilon /92/ (permutations vaiaisannes ch-s ou z), au fond de la vallée d’Hérémence, qui est donc l’alpe du rocher.
M. B. Dumur nous communique à ce sujet les textes suivants tirés des manuaux du Conseil de Lausanne :
« En 1556, on mentionne « des ânes chargés de pierres de chilliod » pour le pavement de la Barre et « le 14 mars 1588, le Conseil autorise n. Loys Seigneulx à prendre au Flon » ung chillon, tel que bon luy semblera pour faire une conche en son baptiaux du moulin appelé de la Ryettaz. »
A la suite de ces notes, continue M. Dumur, j’avais écrit dans le temps : Le château de Chillon serait donc le château construit sur un chillon, soit sur un rocher. » - Chindon, ham. de Reconvilliers, D. Moutier, Zer Chindon, 1236, Tr. I, Der Kinden, 1241, Zchindun, 1289; de l’all. Zer Kinden. Quant à l’étymologie Kindunum, hybride de l’all. Kind et du celtique dunum, colline des enfants, Dict. géog. Attinger, I, 488; elle ne soutient pas l’examen.
- Chippis, D. Sierre, Valais, Sepils vers 1100, M. R. XVIII, Chipiz, 1238, Chipitz, 1348, Chypis, 1410, Chippis, 1460; loc. à Hérémence, Chypis, 1448, Chepis à Verossaz; du latin sepile, haie, lieu clos de haies.
- Chissiez, clos à Lausanne, Eschissiacum vers 1230, Eschisei, 1230, Eschissie, 1290, M. R. VI, 305, 403, Chissye, 1510, Chissey, 1518, Fr. de Chissy, 1536, Chissiez, 1557, M. R.; tire sans doute son nom de la famille de Chissy, Chissiaco, bourgeois de Lausanne au moyen âge jusqu’en 1557; de (fundum) Cassiacum, domaine d’un Cassius, gentilice romain; pour permut. a-i, voir Chigny.
- Choëx (ou Chouex), ham. de Monthey, Valais, Choiz, 1178, Choyz, 1233, Chueys, 1316, Chuex, 1428, Choex, 1436.
- Chivrajon, ham. près Aubonne, Chiavrajon, 1047, 1049, M. G. XIV, 5, Chivraione, XIIe s., Dict. hist. V., suppl.
- Choisy, près Rolle, comme les nombreux Choisy de France, de (fundum) Cautiacum, domaine d’un Cautius, gentilice dérivé de cautus, avisé, prudent. /93/
- Choindez, ham. de Courrendlin, D. Moutier, Berne; forme francisée de l’all. Schwende, nom très fréquent dérivé du v. h. all. swentan, endroit défriché par le feu.
- Cholochy ou Cholochex, lieu-dit à Ayent, Valais = Sous le Sex (s-ch).
- Chorebisse, alpes de Nendaz, au-dessus du Grand-Bisse = Sorebisse, au-dessus du bisse, permutation ss-ch.
- Chougny, ham. de Vandœuvres, Genève, Chougnier, 1326, 1368, M. G. II, 367, Chougnyer, 1330, M. G. XVIII, 129, Chognier, 1343, M. G. II, 388, Chounye, 1345, M. G. XVIII, Chounier, 1364, Chonier, etc. D’après M. Ch. Morel, M. G. XX, 557, de (fundum) Conniacum, domaine de Connius, gentilice connu par les inscriptions de Genève. Mais « ceci est impossible, c initial ne donne ch que devant a » (Bonnard). Il vient de Cauniacum, du gentilice Caunius, Holder, p. 868, dérivé du nom gaulois Caunus, cité par Zeuss, p. 3 et 34.
- Chogny, loc. à Chessel, D. Aigle, un Chogney à Savièse, 1267, même origine, domaine d’un Caunius.
- Choulex, Genève, Cholay, 1250, 1298, M. G. XIV, Cholays, 1318, Guigo de Caulhiaco, 1394, et Caulliaco; Choully, ham. de Satigny, Cauliacum, 934, M. G. II, 16, 912 d’après Hidber, I, 209, Choyellie, 1295; comme les Caulhiac du midi, de (prædium) Cauliacum, domaine d’un Caulius, gentilice romain.
- Choutagne, loc. au Grand-Saconnex, Genève; mot bien voisin de Chautagne, nom d’une contrée de Savoie dans le Genevois, Chostagnia au XIIIe s.
- Es Chueires, loc. à Villeneuve, prés sous l’arête de Sonchaux; probablement de chua, chava, nom patois du freux, v. f. choue, du v. h. all. kouva, corneille, et suff. coll. eire, endroit où abondent les corneilles de rocher. Non loin de là, à Naye, la Tanna ai Chuve, la caverne des freux.
- Chuffort, plus. loc. Jura; forme patoise de chaufour, four à chaux. On a écrit de même Chumont pour Chaumont.
- Chules, n. fr. de Gals, D. Cerlier, Galles, 1185, F. R. I, 1208, 1217, 20, 26, Chules, 1217, Choule, Chules, 1403 (Zimmerli), /94/ Gals, 1265, origine inconnue; quant au n. all., il indique, d’après Zimmerli, une origine pré-germanique et peut être rapproché des noms rhétoromans Galspert et Galstramm (Walenstadt et Sevelen, C. de St-Gall).
- Ciclet, loc. à Aigle, très exposé au vent; du verbe patois ciklla, pousser des cris aigus.
- Ciserache ou Ziserache, alpe sur Saint-Martin d’Hérens; dérivé de chesière, n. commun au XIVe s., bas latin cheyseriam = chalet de pâturage, de casaria, avec suffixe ache = asse. Dans la vallée d’Hérens on trouve ss pour ch, ch pour ss. Praz Ochin pour Ursin, Rèche pour Raisse et Zan pour champ, Zena, chéneau, etc.
- Clages, Saint-Pierre de —, village, ham. de Chamoson, Valais : ecclesia de Clagiis, 1153, de Clagis, 1196, S. Petrum de Clages, 1218. Gatschet le rattache à Clées, bas latin cleda, cleta, du celtique cliath, claie, clôture à clairevoie; voir Clées. Le g est difficile à expliquer; il serait absolument isolé au milieu de toutes les formes dérivées de cleta. Seraitil possible de dériver Clages de claves ? Les clefs sont un attribut de saint Pierre.
- Clamogne, lieu-dit à Aubonne. Nous pensons que c’est la terre dont il s’agit dans une charte de 1285 où Guill. Merchiant, bourgeois d’Aubonne, reconnaît tenir du chapitre de Genève une pièce de vigne au lieu dit Clamogin, M. G. XIV, 180, Rég. gen., 292. Il faut probablement lire Clamogni (i-e).
- Clarens, h. de Montreux, un G. de Clareyns, curé d’Orsonens, 1326, Clareyns, 1353, et ham. de Vich, Nyon, Clarens, 1164, M. R. V, 1179, 1197, M. G. IV; non de glareanus, graveleux, comme le veut Gatschet, mais dérivé d’un n. pr. germain. « Il y a chez les Germains de nombreux noms formés de la racine clar, que l’onomastique germaine a empruntée au latin (clarus, clair, illustre). Clarens peut très bien avoir eu pour forme primitive Claringum. » (Note fournie par M. Stadelmann.)
- Clarmont, D. Morges, P. de Claromonte, 1204, Clairmont à Renan, et Clermont, loc. à Saint-Imier; de clarum montem, mont clair, ensoleillé. /95/
- Claruz, loc. à Marly, Frib., Clar Ruz, 1483, Cliaruz, 1832 (Kuenlin), all. Luterbach; de clair et ruz, ruisseau.
- Clavaux (ou Clavoz), loc. près Sion, Clivo, 1229, Clavot, 1299, Clahvot, 1306, Clawot, 1453, Clavod, 1478 et les nombreux (11) Claivaz, Cleivaz, Clivaz du Bas Valais; la Glaivaz à Ollon (accent sur la pénultième); de cliva (terra), clivum (fundum) = terrain en pente. Cleva, 1253, Cleives, 1267 à Grimisuat. Bridel donne cliver comme n. commun dans la vallée d’Anniviers pour désigner un terrain en pente. Kliwen à Varone, Louèche, Inden, Cliben à Louèche-les-bains, formes germanisées.
- Claveleyres, loc. à Aigle, Pampigny, et sans doute Clavelière, écart de Béguins; propriété d’un Clavel.
- Clavons, m., vallée de la Tinière, Villeneuve, habitée en 1276 par Walterus des clavons, tenancier de Haut-Crêt. Cart., 115; aurait-il la même racine que Clavaux, de clivus, incliné (terrain) en pente ? Godefroy a un adj. clavonné, traversé de clous, mais nous ne voyons pas ici de rapport.
- Clé, Grand — et Petit — Clez (Lutz), 2 pâturages à l’Etivaz. Auraient-ils quelque parenté avec le celtique clé, cleiz, klei, gauche; ils occupent le flanc gauche de la vallée en remontant. « Ou plutôt d’un s. m. formé sur le s. f. claie, de cleta ? » (Bonnard.)
- Les Clées, D. Orbe, les Clees, 1226, M. G. IV, 41, les Claies vers 1250, M. R. VI, 578, les Cloïes, 1260, M. R. XIV, p. 40, Castrum Cletarum, 1271, Cletis dans les chartes, les Clées, loc. à Noville; m. à Boudry; les Clefs, 2 pâtur. Gruyère; la Clef aux Moines, ham. de Savigny, — mieux écrit la Claie, Claye dans les anciens plans; Clie, loc. à Vevey, Clees, 1175, Cleies, 1229, etc., M. R. VI, 469, 365; la Clie à Gimel, la Cliaz à Pailly, aux Clies à Bourdigny, Clies et Cliettes à Savièse, Grimisuat, Penthalaz, Arzier; les Cléettes à Chamblon; du bas latin cleta, clida, clia, provençal cleda, du celtique cliath = claie; de là aussi notre clédar, clef ou claie de haie.
- Cleibe, ham. de Nendaz, Valais, Cloibi, 1162, 1193, Cloyerbis, 1267, Wrstb.; Cleybi, 1289, Furrer, 91, Cleby, 1434, 1451 : /96/ d’après Gatschet, correspondant des Kleben de la Suisse allemande, nom donné aux lieux où abondent les plantes qui s’accrochent, bardane, gratteron; du v. h. all. chleb. La bardane y est en effet très commune.
- Clendy, ham. d’Yverdon, Clendie, 885, et Clingerium, M. R. VI, 132, Clendier, 1277, Clendiers, 1174, Clendiez, 1318, Clendier, 1453; probablement d’origine gallo-romaine.
- La Clergé, loc. à La Chaux, à La Sarraz; la Clergie ou Clergère à Moudon; Clergis à Sottens; anciennes propriétés du clergé (séculier) de ces localités.
- Le Cloître, quartier d’Aigle, Clotri, 1332, la Cloître, plans de 1718; de cloître, couvent : ancienne propriété de l’abbaye de Saint-Maurice.
- Clos (145 loc. Frib.) et les variantes, Clods (Cernier), Clou, Clouds, Cloux, Cluds; les collectifs Closy, ham. de Vucherens et 6 loc. Frib., Closuit, Cleusy, Cleusix, Clousix; les diminutifs Closon, Cleuson, 2 alpes en Valais; Closet à Conthey, Closel à Aigle et Champagne, Closelet, Closalet, une dizaine, et Closelat, forme du Jura bernois, Closalon, Noville, Clausillons, Bex, etc.; participe passé du verbe clore, v. f. clos, clous, cloux, claux, clus. La forme Clou est fréquente dans le centre de la France.
- Closure et le diminutif Closuratte, loc. du Jura bernois = clôture.
- Clouloup à Monnaz, D. Morges = clos (du) loup.
- Clourion, loc. à Chandolin d’Anniviers = clos rond.
- Cluse, nombreuses loc.; subst. du part. passé fém. de clore, clus, cluse; de même Cleusaz, pâturage sur Saint-Maurice; Cleusettaz à Saillon et Clusettaz à Saint-Gingolph, Kluschetten à Louèche, diminutifs.
- Ès Cocagnes, vignes à Mont-Rolle; en Cocagne à Bussigny-Morges; probablement terres fertiles, allusion au pays de cocagne où tout abonde, mot ancien dans la langue. Littré cite un vers du XIIIe siècle :
Li païs a à non coquaigne. /97/ - La Coche ou Cotse, ham. de Finhaut, Valais, dans un repli très accentué du vallon, — loc. à Blonay, — pâturage à l’Abbaye; Mont Cochet à Sainte-Croix, séparé du Chasseron par une entaille profonde; Cotzettaz, loc. à Sion, entre deux crêts; de coche, entaille, mot probablement celtique.
- Le Cœur, en Valais : chalets sur une croupe saillante, alpes de Liddes; Sur Cœur au Muveran; Sur le Cœur, point culminant du sentier de Morcles à l’Haut d’Arbignon; Sex du Cœur, sommet dominant le pas ou col de Savalenaz, alpes de Vouvry; Croix du Cœur, sommet du col entre Bagnes et Iserable, etc. A rapprocher de la Croix de Chiœu, col sur Ravoire de Martigny, des Chieu ou Kieu, soit cols d’Emaney et de Barberine, alpes de Salvan, de Sur le Queud à Leytron, le Keu de Montabert à la Dent d’Hérens, côté d’Aoste : formes diverses de col. Cœur est né d’une confusion entre kieu, col, et kieu, tieu, cœur. Ne peut venir de cornu, corné, la plupart de ces localités désignant des échancrures, des dépressions de l’arête et non des saillies.
- Cœuve, D. Porrentruy, Cova, 1136, Cuva, 1175, Cœuve, 1254, Cauva, 1410, all. Kuff; du latin vulgaire cupa, d’où le f. cuve, v. f. cueve, pris au figuré pour endroit creux; dérivés, la Cœuvatte ou Cauvatte (= ette), ruisseau qui y passe. Covet, moulin dans un ravin à Chavannes-le-Chêne; ès Covets à Orbe, diminutifs.
- Coffrane, Neuchâtel, Cusfrano, 1092, Corfrano, 1220, 1228, Corfranon, 1264, Corfragne, 1270, 1295 (Matile), Corfraigno, 1370, Confrano, 1401, M. N. XLI, Courfrasne, 1453; paraît signifier ferme des frênes; c’est la traduction de Gatschet, de M. A. Godet et du chartiste de 1453. Mais le second élément des composés de Cort, Court est toujours un nom d’homme. C’est donc la court, la ferme de Frano ou d’un n. pr. germain approchant, tels que ceux-ci Framn-us, Frane-rich, Frane-mund où l’on retrouve la racine onomastique fran.
- Coinat, voir Cuénet.
- Coinsins, D. Nyon, Quinsins, 1212, 1221, 1224, 1252, 1258, M. R. VI, 262, XII, etc., Quincins, 1215, 1236 (souvent écrit /98/ Quinsim, 6 f., M. R. XII, p. 37-42), Quintins, 1238, Cuinchins, 1303, Cuinsins, 1306, Cuynsins, 1332, et Coinsin, h. de Lussy, D. Morges = chez les descendants de Cunso, Conzo, all. mod. Kunz, n. pr. germain. Förstm., racine Gund, groupe Gunzo.
- Cointrin, Genève, Cuintrins, 1215, Quintrins et Quintrinum, 1224, M. R. XII, 53 et 48, Cuyntrins, 1306 = chez les descendants de Günther, Kundhari (de Kund et hari, guerrier), d’où les noms de lieux comme Cuntheringun, qui correspond assez bien à Cointrins. Förstm., racine Gund, groupe Gundachar.
- Colan, ruiss. et terr. à Curtilles, voir Coulaz.
- Collatel, loc. monts de Bex et Lavey; de collatelum, dim. du bas latin collatum, Ducange, « jugum montis, vox nota in Alpibus et Pyrenaeis, » bas latin collata, s. f., espagnol collado, colline; donc petit mont, petite colline.
- Cojonnex, ham. de Blonay, Cojenay vers 1160, Cogionai vers 1250, M. R. XXIX, 437, Cojonay, XVIe s. Une inscription de Nîmes donne le gentilice Coionius. Holder, p. 1063, et de Vit, a Coios, n. pr. gaulois. Ce pourrait donc être un fundum Coionacum, de Coionus, n. gallo-romain.
- Collex, ham. de Collex-Bossy, Genève, Cholay, 1258, Colay, 1258-1309, M. G. XIV et IX, Colex, 1855, le Rég. gen., 1866, écrit aussi Colex. Paraît être comme Choulex, aussi appelé jadis Cholay, un Cauliacum, voir Choulex.
- Les Collièses, bois à Bôle, le même avec préfixe col = cum, que les Liaises.
- Colline, rivière, un des bras de la Promenthouse, près Nyon, Collana vers 1150, Collona, XIIe s., M. R. XII, 2, 72, Colona, 1303, M. R. XXVIII, 203, le suffixe est la racine celtique ona, source, rivière.
- Les Collisses, section de la commune de Nods, Berne; forme archaïque de coulisse, de couler, v. f. coler, du latin colare, filtrer; la Golisse, ham. du Chenit; le même, avec permutation c-g.
- Collonges, ou Colonges, com. Valais, Genève; 4 ham. Vaud et nombr. loc.; bas latin colongia, de colonica, terre cultivée /99/ par un colon, laboureur, métayer, ou sa chaumière. On peut rapprocher de ce mot le nom de Collondaz-Jeur = de la Joux (Pays d’Enhaut) et les localités des Collondaires à Villeneuve et des Collondalles à Montreux. Le d est une lettre intercalée comme le prouve le nom de Petrus des Colundes, 1226, 1228, appelé plus loin P. des Colunes ou des Colunges, M. R. VI, 332, 338 et 700. Il y a là une confusion avec colonde, colonne, de columna.
- Colluaire, nom fréquent de lieux-dits dans la vallée du Rhône, aux nombreuses formes, pour lequel nous n’avons pas de solution, tels sont Colluaire, champs à Bex, Collueyres, prés à Ollon, Yvorne, la Collure à Corbeyrier, Collures à Leysin, Collueres, 1454; Couluire, prés à Savièse, Valais, Colueri, 1250, Coluery, 1339, Coluire, champs à Bagnes, Colluires, prés à Saillon et Bagnes, Culuiry à Nendaz, Collière à Ayent et à Vex, Colayre à Troistorrents, Coleyre à Conthey, au Collierux ou Colliaruz, champs à Chessel, une Nigri Coliri à Louèche, 1322, Gollry, ou Golieri, même nom, germanisé, à Salgesch, en la Coloyry vers 1450; le Colliorel, ruisselet, Gruyère, dim. Peut-être le v. f. couloire, s. f. coulouere, XIVe s., coulière, passage, lieux où s’écoulent les eaux ? « Il y a sans doute 2 mots couloire, oire = atoria, et coulière, ière = aria. » Note de M. Bonnard.
- Cologny, Genève, Coluniacum, 1190, Colognier, 1208, Coloigney, 1263, Colungnie, 1272, etc., M. G. II, 46 et XIV; de (fundum) Coloniacum, domaine d’un Colonius, gentilice romain.
- Colombier, Vaud, Columbarium, 938, 987, Columbirio, 1141 ? Hidber, I, 569, Columbier, 1228, M. R. VI, et Neuchâtel, Columbier, 1228, 1280, Matile; Collombey, Valais, Columberium, XIIIe et XIVe s., En Collombey à La Sarraz, et les féminins Colombeyre, ham. de Prez, Fribourg, la Colombière, ham. de Fully, Valais et loc. à Béguins; Colombé, loc. à Conthey; Collombaire à Aigle, Es Colombeyres, Cully; de columbarium, tombeau; dans la plupart de ces localités on a trouvé des tombes, des urnes funéraires. Peut-être aussi, dans certains cas, de columbarium, pigeonnier. /100/
- Colovrex ou Colovrai, Crans, D. Nyon, Colovray, 1184, Hidber, II, Colovrai, 1244, M. R. XII; un bois de Colovrai près Tolochenaz, 1223; de colubretum, lieu où abondent les couleuvres, du latin colubra. Quant à Colovray, ham. de Bellevue, Genève, Colovrex, carte Dufour, Colovracum, 1186, M. G. IV, Colovray, 1257, c’est plutôt un (fundum) Colubracum, domaine d’un Coluber, cognomen romain cité par De Vit, II, 386.
- Combaby, loc. à Gilly, Convabis, Conbabis, 1265, M. R. III ?
- Combanivaz, loc. aux Plans sur Bex; probablement Combazniva, combe à neige, où la neige reste longtemps.
- Combarimboud ou Combarimbourg à Lessoc et à Grandvillard, Gruyère = Combe à, de Raimbaud, n. pr.
- Combarin à Rossinières; de combe et arein, avalanche poudreuse = combe à arein, aux avalanches.
- Combaz ou Combe, petit vallon; du celtique comb, bas latin comba, Comballaz, Ormonts, Conthey (patois Combadé), Martigny, Comballon, Gryon, Combette, une 20e, et Combatte, les Comballats, Jura, Combiola, val d’Hérens, Combiola, 1190, Furrer, III, 49, Comblola, 1250, Combire et Combirette, alpes Valais, dim.; Combasse, alpes d’Aigle et Combache à Grône et Chalais, Valais, augm. Combasson, loc. aux Verrières. Le Combet, le Combeiry, ruisseaux D. Yverdon et Cossonay, même famille. Combe s’est conservé dans la Suisse allemande où le b s’est assimilé à l’m. Gomma, 4 loc. Singine fribourgeoise, Gummen, Oberland bernois et Kummen, Haut Valais, par exemple Kummen, ham. de Rarogne, s’appelait Chumbon et Combon, 1282, Cumbis, 1299, Cumbas, 1308, Kumben, 1407.
- Combaz Gelin, loc. à Ollon et à Premier = combe à geline, combe des poules.
- Combazeline, alpes de Nendaz, Valais (Combarzeline, carte Siegfried), Cumba Acelini, 1250, M. R. XXIX, 454 = Combe d’Acelin ou Azelin, n. pr. connu par de nombreux actes de 1214, 1221, un Acelin prieur de Saint-Maire, 1203, 1243, M. R. VI, 19, etc.
- Comberboux ou, et mieux, Combe erboux, petite combe à /101/ Yvorne, Vaud; de combe-herbous, combe (des) prés. On pourrait objecter que dans ce genre de composés le second nom est dans la règle un nom d’homme : Combe Girard, Villar Giroud. Mais il y a des exceptions, ainsi dans le Val d’Anniviers, l’alpe de Zatelet Praz ou Château pré, où le déterminatif est un nom commun.
- Comborcheries, combe boisée et forêt de sapins à Leysin = Combe-Orcherie, pour orserie, s. f., de ursaria, tanière d’ours, comme bouverie, de bovaria, avec permutation s-ch, comme Siaz-Chiaz, permutation commune dans l’ancienne Gruyère : Combe des tanières d’ours.
- Comborsin à Rougemont = combe-Orsin, du nommé Ursin et non des ours : combe étant f., cela donnerait Comborsine, comme Valorsine.
- Combre, alpes de Vouvry; de combula, petite combe, par changement de l en r. Combrettes, dim. de Combres. Un Combres de France (Eure-et-Loir) s’appelait jadis Combulae. Holder, 1190.
- Combremont, D. Payerne, Conbramo, 911, M. R. VI, 344, Cumbremont, 1142, M. F. II, 221 et 1177, Combremont, 1184, Cart. Month. 42, 1215, M. R. VI, 325, Cumbremunt, 1225, M. R. VI, 164, Conbremont, 1233, F. B. II, 129, le Combremont, loc. à Moudon; peut-être de l’adj. v. f. combre, voûté, courbé, ce qui conviendrait pour la contrée très vallonnée de ces deux villages vaudois.
- Combron, affl. du Talent; de l’adj. combre ci-dessus.
- Coméra, ham. de Grimisuat, Sion, Comera, 1100, 1227, 1250, 1267, Comeira, loc. à Leytron, et Commaire (ou Comeires), h. d’Orsières; origine inconnue.
- Commugny près Nyon, Communiacum, 517, 1018, 1026, Hidber, I, 308, 317, Cuminie, 1216, M. R. VI, 394, Communie, 1217, 32, Commugnie, 1235; de (fundum) Communiacum, domaine d’un Communius, gentilice dérivé de Communis, surnom (cognomen) fréquent.
- Communailles ou Commounailles, nombr. lieux-dits, Communaux à Vevey, Cumunal, 1229, et à la Corbaz; /102/ Quemounailles, ham. de Lovens, Fribourg; Communances, fermes éparses à Montfaucon, Jura = pâturages communaux; une loc. les Cumunayles, Ormont, 1332.
- Compesières, Genève; d’après Gatschet, de cumba picearia, combe des pesses, mais 1o tous les dérivés de picea ont le double ss; 2o la localité est sur la hauteur, non dans une combe; 3o les formes anciennes n’ont aucun rapport avec l’étymologie proposée; on trouve Compeisires, 1170, Compeseres, 1227, M. G. II, 37 et IV, 44, Compesseres, 1339, ce qui incline à penser que c’est simplement une terre des Compeys, comme Claveleyres, Bretoneires, terre des Clavel et des Breton. Voir le mot suivant.
- Compois, ham. de Meinier, Genève, Compeis, 1204, Compesium, 1220, M. G. IV, 27 et 1275, Compeys, 1318, etc., berceau de la famille de ce nom. D’après Ch. Morel, M. G. XX, 557, de cum et pagus, localité à la limite de deux pagi, ce qui paraît bien douteux.
- Compengiez, anc. nom de Villeneuve, Compendiacum en 1005, Compengie, 1166, M. R. XVIII, Compengiacum, 1207, Compendie, 1250, eccl. de Compegie que nunc appellatur Villenove, 1256; à ce moment le nom tombait en désuétude, voir Villeneuve; de (fundum) Compendiacum, domaine d’un Compendius, gentilice romain.
- Conches, vallée du Rhône au-dessus de Brigue, all. Gombs; Conche, plusieurs hameaux et pâturages, y Contze ou Conze(ts) à Savièse; du latin concava (vallis, terra) = vallon, localité dans une dépression du sol; Conchon, plus. loc. Givrins et ailleurs, et Conchette, Cuntzettaz à Vex, dim.
- Concise, Concisa, 1179, 1194, 1228; du bas latin concisa (silva) = forêt coupée.
- Condemine, Condamine, Contamine, Condemène, nom extrêmement fréquent. Pas d’endroit qui n’ait une condemine, nom désignant toujours des terres fertiles, dans le voisinage des localités. Du latin condominium, bas latin condamine; Condamina à Sion, 983, Furrer, III, 29 = terres faisant partie du domaine seigneurial. On trouve aussi Condomina, Ducange dit : « Narbonensibus /103/ condamina quasi condominium, a jure unius domini dicta, vel ut alii volunt quasi campus Domini, nam versus Sevennas Camp aut Con, campum sonat, ubi hac condaminæ ab omni onere agrario immunes consentur. » Contamine sur Arve, Condominium en 1119. Ce mot germanisé est devenu Güminen, Berne, Condamina, 1274.
- Confignon, ham. de Bernex, Genève, Cofiniacum, 1153, M. G. XIV, 9, Cuffiniacum, 1250; ailleurs Confinium, 1190, Confinum, 1220, Cufinnum, 1224, Cart. Month., Confignon, 1273, Cuffignion, 1426, Acad. Sav. IV., etc. D’après M. Ch. Morel, M. G. XX, 557, de confinium, limite, territoire; mais, d’après les deux premières formes ci-dessus, signifie plutôt (fundum) Cofiniacum, domaine d’un * Cofinius, dérivé du cognomen Cofius. De Vit. II. p. 374. Il faut de même lire, pensons-nous, Cuffinum, le nom Anselmus de Cussinum, 1225, du Cart. Laus. M. R. VI, 166.
- Au Confin, ham. à Marly et Confins à Mannens; de confinium, limite.
- Conflens, Tine de —, près La Sarraz, à la jonction de la Venoge et du Veyron; du latin confluentem, confluent; de la même racine : Gour Gonflant, voir Gourd.
- A la Confrary, loc. à Chardonne et ailleurs; anc. prop. d’une confrérie religieuse.
- Consor ou Conzor, ham. de Mollens, Sierre, Conseur (Lutz), Conjor, 1250, Conjour, 1354, 1376; de zor = jour = joux, forêt, et cum; hameau près de la forêt.
- Conthey, Valais, Contiez, fin du XIe s., Conteiz vers 1100, Contesium, 1147, Hidber, II, Contez, 1179, 1200, Conteiz, 1212, Conthey, 1217, Contesio, 1284, Contiouz, 1294, plus tard presque toujours Contegium. Nom embarrassant. Ecartons d’abord le Contextrix de 516 qui figure dans un document douteux 1. Gatschet tire Conthey de contextum, clôture de clayonnage. Si le /104/ passage qui parle de l’arrivée du prévôt d’Agaune ad curtem Condacensem vers 990, Cart. Saint-Maurice, dans Hidber, I, 263, Gatschet, 197 se rapporte bien à Conthey, ce serait un dérivé de Condate, confluent. Conthey est non loin du confluent du Rhône et de la Morge et Condate donne Condey d’après d’Arbois de Jubainville; de son côté, Holder, p. 1094, rattache à Condate Conteium, aujourd’hui Conty, dép. de la Somme, la situation et les rapprochements ci-dessus rendent, nous semble-t-il, cette étymologie des plus probables.
- Contigny, ham. près Lausanne, Quintignie, 1182, Hidber, II (qui le rapporte par erreur à Coinsins) et 1211, M. R. VI, 419, Quintinie, 1202, Contigniez, 1475; de (fundum) Quintiniacum, domaine d’un Quintinius, gentilice romain. Le texte de l’acte de 1182 où le pape Lucius III confirme au prieuré de Saint-Maire la possession de ses vignes montre que c’est bien de Contigny qu’il s’agit.
- Au Convent, loc. à Gilly = couvent, de conventum.
- Convers, loc., vallée de Saint-Imier; du latin conversum, situé à l’endroit où les flancs du vallon convergent pour se terminer en cul-de-sac.
- Coor, Grand —, dépression profonde entre la Dent de Morcles et la Tête Noire, alpes de Fully; probablement autre forme de Gor, voir ce mot, les deux oo pour ô et c pour g, comme dans camber de gambe.
- Coppet, Vaud, Copetum, 1191, et 5 ham. fribourgeois; forêt à Bioley-Magnoux; Coppy, bois et ruiss. à Corcelles-Chavornay; Coppex, ou Coppey, pâturage sur Conthey, Coppet en 1304; Copettes à Champvent, Copet, 1367; les Coppettes, pâturage sur Givrins, la Coppettaz à Ollon, Coppoz, ham. du Mont sur Lausanne, la Coperie ou Couperie, trois loc. du Jura bernois. Dérivés divers du verbe couper = lieux défrichés, forêt coupée. Peut-être certains de ces noms dériventils du v. f. coppe, bas latin coppa, sommet, all. kuppe, ou d’un autre vieux mot copet, coupet, même sens. M. Brandstetter, Indic. hist. suisse, 1870, p. 113, dérive coperie de cupa, au sens de colline arrondie. /105/
- Coquaz, A la —, m. à Billens, Coques, chalets Ormont; du latin concha, syn. de Conche, petit vallon; voir ce mot. Coquettes, chalets vallée de l’Hongrin, Cauquella à Salgetsch, Valais, diminutifs; Coquerellaz à Ecublens, Vaud, double dim.
- Cor, racine isolée dans Cour, ham. de Lausanne, Cors, XIIIe s., M. R. VI; Court, D. Moutier, Berne, Cort, 1148, Curt, 1189; dérivés du latin cohortem, proprement, troupeau, contracté en cortem, bas latin curtem, v. f. cort, propriété rurale, ferme. Ce mot forme le premier ou le second élément (construction germanique) d’un grand nombre de noms de localités, l’autre terme étant généralement un nom propre germain, celui du premier possesseur. Quelquefois cor est difficile à reconnaître sous les transformations subies : Coffrane, Cudrefin, Coussiberlé, etc. La construction germanique est spéciale au Jura bernois : déterminatif en tête du composé, Bassecourt, Miécourt, etc. Bon nombre de ces composés ont un second nom, allemand; pour que l’étymologie soit juste, il faut qu’elle explique également les deux noms. Voir à leur ordre alphabétique.
- Les Corailles, loc. à Châtel-Saint-Denis; le dim. coraillon, cœur, désigne au figuré le meilleur morceau de terrain, la partie la plus fertile d’un territoire. Cette figure s’applique-t-elle aussi à coraille ? les patoisans pourront décider.
- Corban, D. Porrentruy, all. Battendorf. Ne peut donc venir de Corbannum, comme on l’a dit, Dict. géogr. Attinger; Corpaon, 1240, Corbaon, 1317, Corbahon, 1435, Courban, 1461, Bathendorf, 1184 = court, ferme de Bado, Batto, ou Batho, n. pr. germain cité par Förstm. Battoncourt, château au-dessus de Chézard, Neuchâtel, au moyen âge, a exactement la même origine.
- La Corbaz, Ormonts, Corba, 1332, Corbes, Corbez, plus. loc., Corbeyrier, Vaud, Corbière,, Frib., Corbere, 1115, Corbeire, 1140, F. B. I, Corberes, 1174, M. R. XXII, Corbeiry, Frib., villages et hameaux; en Corban à Bramois, Corbaraye, Corbaray, plus. lieux-dits; Corbettes, sommet, D. Veveyse; Corbire, alpe de Lens, Valais, Corberes, 1237, Courbillon à Lamboing, Corbatière, ham. à la Sagne et loc. à Sion, /106/ Corbassière, Corbassyre, loc.; Corbéron, Corbiron, 1134, Corbassière, Corbéry, Corberaye, Curbit, D. Morges, loc. et ruisseaux; dérivés de courbe = localités sur des terrains onduleux, ruisseaux au cours sinueux.
- Corbelets, crêt à Leysin; allusion à sa forme, celle d’une petite corbeille renversée.
- Corcelles, 1o près Chavornay, Corsales, 1177, Corzales, 1228, Courcelle, 1397, Courselles, 1433; — 2o près Payerne, Corzales, 1228, Corsales, 1340; — 3o Corcelles-le-Jorat, Corcellis, XIIe s.; 4o près Neuchâtel, Curcellis, 1092, Curseles, 1185, Corcales, 1228, Corzales, 1236, etc., Matile; — 5o D. Moutier, Berne, Corcelles, 1225; 6 ham. d’Attalens, Corsalles, ham. de Rossens, Frib.; de corticella, dim. de curtem, cortem, ferme. Corcelettes près Grandson, Corsalletes, 1342 et Corsalettes, D. Lac, Frib., dim. des précédents.
- Cordex, le —, ruisseau, un des bras de la Promenthouse, D. Nyon; Cordez, loc. à Conthey; probablement de la même racine que le Cordon ou Corjon.
- Cordona, ham. de Mollens, D. Sierre, aussi Cordonnaz (Cordon-na), Cordona, 1203, 1267, Corduna, 1240, Cordonna, 1400. Cordonna, alpe de Bourg-Saint-Pierre, en bordure entre le torrent et le rocher; Cordon, ruisseau près Nyon; voir Corjon.
- Corges, ham. de Payerne, même origine que la localité nommée dans le Cart. de Haut-Crêt, Corgia, p. 165, 170, 173, 194, Corge, p. 20, 70, 71, 166, 167, 194, et Corgiaco, p. 168, que M. Hisely rapporte avec doute à Corsier près Vevey et que Gatschet, se basant sur cette forme Corge, tirée d’un bas latin corgo, souche, tronc d’arbre, défrichement où les troncs sont laissés en terre. Quant à Corgiacum, c’est une simple graphie de notaire; ils ajoutaient parfois le suffixe acum à des noms dérivés de noms communs : Pantharacum, Chiseracum. « Corge, mot inconnu, nous écrit M. Bonnard, en tout cas il faudrait corgas pour Corges. »
- Corgémont, D. Courtelary, Coriamunt, 1178, Corgemunt, /107/ 1179, Cortgemunt, 1181, Corteimunt, 1228, etc. = court, ferme de Gimmund ou Gaimund, n. pr. germains donnés par Förstemann.
- Corgnoley, loc. à Evionnaz, variante de Cornioley, bois à Monthey et loc. à Roche; de cornioley, nom patois du cornouiller, lieu où abonde cet arbrisseau. (Holder donne un Cornioletum, 697, aujourd’hui Corneilles.)
- Corin, ham. de Lens, orthographe fautive des cartes pour Corens ou Coring, Feuille off. Valais, Corens, 1100, Coreins, 1233, 1243, Corens, 1449, évidemment d’un n. pr. germain.
- Corjolens, D. Sarine, Coriolens, XIIe s., et 1298, Coriolains et Coriolans, 1223, Donat. Haut. Arch. Fr. VI, Corjollens, 1445, Corjellin, 1668 = court, ferme des descendants de Jodilo (voir Joulens), n. pr. germain. Rien de commun avec Coriolan dont on a voulu le dériver. (Revue suisse cath., 1900, p. 371.)
- Corjon, ruisseaux à Nyon (aussi Cordon), Echandens, à Saubraz et à Châtel-Saint-Denis; loc. au Mont, Eclagnens, Bournens, Seigneux, Boussens, Echallens; pâturage et sommet au Pays-d’Enhaut, Corgion, 1332; probablement dérivé de chorda, boyau, pris au figuré pour vallon étroit (d-j).
- Corjou, m. à Sorens = cour, ferme de la joux, de la forêt, à moins que ce ne soit une autre forme de Corjon.
- Cormagens, Sarine, Cormagin, 1148, M. F. I, 269, XIIe s., Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Cormargin, 1294, Cormargens, 1445, ferme d’un Germain.
- Cormanon, ham. près Fribourg; court, ferme de Mano ou Mann, de l’all. mano, homme. Förstm., p. 903, cite justement un endroit appelé en latin Mannoniscurtis : c’est l’exacte traduction de Cormanon. Du même nom germain dérive celui du village français de Prémanon, à la frontière près Saint-Cergues.
- Cormayeux, loc. à Vollèges, Valais, comme Cormayeur d’Aoste; de curtem majorem, la grande ferme.
- Cormerod, Lac, Fribourg, vers 1143 et 1180, Arch. Fr. VI, 7, 107, Cormoral, XIIIe s., Cormoraul, 1369, Cormeraul, 1483, Cormeraud, 1560 = court, ferme de Moralah, Morolt, ou tel /108/ autre nom germain de la racine maur, môr, empruntée au latin maurus, noir.
- Corminbœuf, Fribourg, Cormenbo, 1142, M. R. XII et vers 1180, Arch. Fr. VI, Corminbou, 1173, Kormanbow, 1449, Arch. Fr. V, 428, Cormenbou, 1445, Cormenbouf, 1470, M. G. XII, 7, etc. = court, ferme de Mainbod, n. pr. germain; la finale devenue bœuf en fr. par confusion avec le patois bau, bœuf.
- Cormoley, bois à Monthey; de corme, lieu où abondent les cormiers ou cornouillers.
- Cormondes, Fribourg, Cormunt, 1228, M. R. VI, Cormones, 1363, 1423, R. dipl. VII, Cormondes, 1453, etc. = ferme de Munda, n. pr. germain.
- Cormondrèche, Neuchâtel, Cormundresge, 1178, Cormundresche, 1215, Cormundrehchi, Cormondrechy, 1231, Cormondresche, 1263 = ferme de Munderich, n. pr. germain.
- Cormoret, D. Courtelary, Cormoret, 1178, 1317, Cormorel, 1228 = ferme de Morel, forme postérieure du n. pr. germain Mor, Moro, du v. h. all. môr, noir.
- A la Cornaz, aux Cornes, lieux-dits situés dans une pointe du territoire ou sur quelque promontoire plus ou moins saillant; nombreux dérivés diminutifs : Praz Cornet, alpe de Château-d’Œx dominée par deux crêts boisés, les Cornettes, sommet, Valais, le Grand Cornier, sommet du Valais et champs à Rennaz, Cornallaz à Epesses et Corseaux, Cornaux, ham. à Montreux, Ès Cornaux à Luins, Cornillon, petit sommet sur Vionnaz, Cornilly à Bex, Cornuet à Chesières, Ès Curnilles à Chardonne, Cornache, patois Cornatze, plus. loc. Genève, Vaud et Valais, augm.
- Cornat-la-Lièvre, loc. à Courtetelle, Berne; fausse orth. de la carte pour Corne à la Lièvre.
- Cornaux, Neuchâtel, eccl. Corneoliensis, abbat. Corneili, 1143, Cornaulx vers 1150, Curnaul, 1212, 1220, Curnal, 1215, 1228, 1300, Curnau, 1255, paraît par ces formes primitives être, comme les autres Cornaux, un diminutif de corne, en tout cas rien de commun avec cerne, comme le veut F. Chabloz, M. N. XX. /109/
- Corniolesse, loc. à Vétroz, Valais, et Corniolire, loc. à Signy, D. Nyon; endroit où abondent les cornouillers, patois cornioley.
- Cornol, D. Porrentruy, all. Gundelsdorf, Gundolstorf, 1245, Coronotum, 1136, Coronolt, 1139, Coronot, 1236, Correnol, 1343 = court, ferme de Gundold, contraction de Gundovald, n. pr. germain. Le n. fr. n’est qu’une corruption du n. all.
- Corpataux, Fribourg, Corpastur, 1142, Corpastor vers 1175, Arch. Fr. VI et 1319, Corpatour, 1380; ferme du pasteur, du berger.
- Corraterie, rue à Genève, anciennement Courraterie, autrefois nom de tout le faubourg entre la ville et la jonction de l’Arve et du Rhône, étymologie fort discutée.
D’après Bonivard, rue des corroyeurs, du v. fr. corroier, parce qu’on y courratait les cuirs. Mais il n’y avait là aucun établissement de tanneurs, nous dit Galiffe (Genève historique, I, p. 146 et suiv.), qui, rappelant son nom du XVe s., la Carreria corrateriæ equorum, en fait la rue du Cours aux chevaux, endroit où les corratiers, les maquignons faisaient courir à l’essai les chevaux mis en vente. Enfin M. Jules Vuy, en 1867, dans une séance de la Société d’histoire de la Suisse romande, dans une note fort intéressante, « Origine du mot Corraterie », Mém. Inst. Gen. XIV, 7 et suiv., le dérive de corrata, autre forme de corvata, collata, gollata, corvée, impôt, tribut, en le rapprochant des Gollatengasse de plusieurs villes de la Suisse allemande, Aarau, Bienne, Büren, Berthoud, rues situées entre la muraille intérieure et la muraille extérieure de la ville, où habitaient des gens qui ne jouissaient pas de tous les droits des citoyens, mais qui étaient soumis à des corrata; ils étaient des corraterii, de là le nom de leur quartier, Corraterie. Le nom allemand de Gollaten, corrompu, est devenu parfois Goliath. Le professeur Hidber a publié sur cette question un mémoire : « Der Goliath in Regensburg und die Goliath und Gollatengasse überhaupt, Bern, 1875. » A l’explication de M. Jules Vuy, Galiffe répond : « Quelque valeur que cette interprétation puisse avoir pour d’autres villes, nous devons dire que nous ne trouvons aucun indice qui puisse l’autoriser pour Genève et sa banlieue. » - Corrençon, ham. de Saint-Cierges, D. Moudon; ferme de Renzo, contracté de Reginzo, n. pr. germain. — Le nom de Conestum, 1147, Cart. Month. M. R. XII, Conostum, 1154, Conestum, 1184, près Aillerens, que le Dict. hist. Vaud et Hidber rapportent à Corrençon ne nous paraît pas avoir de parenté étymologique; /110/ au contraire, une loc. près Aoste loco qui vocatur Corenzoni, 1190, M. R. XXIX, 127, nous semble être le même nom que notre Corrençon. L’endroit appelé Connenczon près Saint-Cierges, charte de 1522 citée en note M. R. V, 151, est évidemment Corrençon, permutation r-n (ou fausse lecture ?).
- Correvon, D. Moudon, Corevont, 1166, Corevone, 1169, Hidber, II, Correvolt, 1182, M. R. VII, 28, Corevunt, 1182, 1223, Corevont, 1228, Corovont, 1247, Corevont, 1267, Wrstb., Correvont, 1453; d’après la forme de 1182, paraît être la ferme de Redbolt, n. pr. germain donné par Förstm., p. 995, — ou quelque autre nom très voisin de celui-ci, — (chute du d et permut. b-v).
- Corseaux, D. Vevey, Corsial, 1147, Corsal vers 1170, Arch. Fr. VI et vers 1215, M. R. VI, 351, puis Corsaul, 1272, 1372, Corsau, 1453; simple dérivé adjectif de cort, ferme.
- Corserey, D. Sarine, Fribourg, Corserei vers 1150, Donat. Haut., no 208, 216, Corserer, 1302, R. dipl. II, 20, Corseray, Kuenlin; Corsier, Genève, Corsie, 1344; vill. près Vevey, Corsie, 1079, Corsiey, 1147, Corsiacum, 1179, Corgie vers 1180, Donat. Haut., Corsie, 1228, Corsiez, 1453; Corsy, h. de Lutry, Corciacum, 907, Corsiacum, 1275; de (fundum) Curtiacum, domaine d’un Curtius, gentilice romain. La forme Corise de 1079, M. R. VII, 4, est évidemment une faute pour Corsie. Hisely y rapporte avec doute le Corge, Corgia du Cart. Haut Crêt, voir Corge.
- Corsinge, ham. de Meinier, Genève, Corsingium, 1307, 1373, Cursingium, 1316, M. G. XIV; le suffixe inge indique la dérivation d’un patronymique germain = chez les descendants de Curso, Corso. Förstm., p. 320.
- Cortaillod, Neuchâtel, Cortaillaut, 1180, Cortaillot, 1311, Cortallyot, 1337 = court, ferme d’Agilald, n. pr. germain.
- Cortébert, Courtelary, Cortaibert, 1178, Corteber, 1330 = court, ferme d’Aibert, contraction d’Agibert, n. pr. germain. Förstm., article Agabert.
- Ès Cortets, nombreux petits chalets sur Monthey; diminutif de cort, de cortem, ferme. /111/
- Le Coruz, affluent de la Mentue, à Dommartin; paraît formé de ruz, ruisseau, et préfixe cum; mot composé comme ceux de Collièses, Conflens, Conjour, etc.
- Cossonay, Cochoniacum, 1096, Coconiacum, XIIe s., Consonai, 1147, Cosonai, 1164, A. de Coseiniaco vers 1200, Cosonay, 1202, Cossonay, 1218, M. R. VI, 104. D’après la forme de 1200, ce serait un (fundum) Cossiniacum, domaine d’un Cossinius, gentilice romain, dérivé de Cossus, surnom d’une branche de la fameuse famille Cornelia. Correspondant des Küssnach de la Suisse allemande. Toutefois les formes primitives et le suffixe ay rendent cette dérivation incertaine, iacum devenant régulièrement ier, iez ou y.
- Costalet, loc. à Yvonand, Cotalet à Saint-Jean, Valais; dim. du v. f. costal, de costa, côte.
- Les Cotards, 3 ham. à la Brévine, Neuchâtel; les Cottards, 2 pâtur. à Rossinières; de costa, côte, et suff. augm. ard, « ou bien du v. f. costal, avec la même transformation qui a changé brancal en brancard. » (Note de M. Bonnard.)
- Aux Cottaires, loc. à Chardonnay; Cotteire à Rovray; de costa, côte, et suff collectif aire; Côty, val de Ruz, Couty, 1794, collectif; la Cotelette, pâturage de Baulmes, double diminutif.
- Cottens, 1o D. Cossonay, Cotens, 1049, et 2o Fribourg, all. Cottingen, Cotens, 1142 et vers 1215, Cottens, 1198, M. F. III, 69, Cotains, 1223, Cotens, 1248, Cotteins, 1252, Matile; 3o ancien fief à Begnins = chez les descendants de Cott, n. pr. germain. Tr., I, 365, mentionne dans l’évêché de Bâle un allodium de Cotheingis, 1179.
- Cotterd, D. Avenches, Costel, 1368, 1373; quartier d’Ollon, casale del Coster de Oulum, 1211, Furrer, III, 52; loc. à Bex, Costerg, 1402; ham. de Saint-Aubin et de Prez, Fribourg, Cottert, quartier de Monthey; Cotterg, village de Bagnes; Coster, moulin à Burtigny; Bel Coster, crêt, Jura de Lignerolles; Cotter à Aubonne; alpe d’Evolène; Cottier, alpe d’Anniviers. Des chartes valaisannes du XIIIe s. parlent du Coster de Nax, 1228, 1243 et d’un Coster à Arbignon, d’un autre à Chaler (Chalais), 1325; /112/ une de Haut-Crêt, d’un U. de Costel vers 1150, M. R. XII, 152, une autre d’un Coterel à Lussy, Frib., 1260. Un Cotterel, Cotrel, environs de Chardonne, XIIe s., Donat. Haut. Toutes les formes anciennes ramènent à costel, dim. de costa, côte, d’où coster par permutation l-r= coteau. Le d et le g final sont parasites.
- Couaz, voir Cuaz.
- Couchon, ham. de Sierre, Cosson, 1374; probablement un dérivé en io, ionis, d’un gentilice romain, de Cautius par exemple, qui a donné les Cossé de France; en Couchon, loc. à Forel sur Lucens et à Cremin, Couchette, chalet à Château-d’Œx, peut-être pour Couchon, Couchette (comme Coufin de Confin ?) et Couvalou de Convalon. Conchon, Conchette, seraient des diminutifs de conche, fréquent au sens de combe, petit vallon arrondi.
- En Coude, loc. à Envy, D. Orbe, située sans doute au contour du chemin, comme les nombreux Crochet.
- Coudraz, Coudre, Caudraz, nombr. loc., Cœudre, aux Ponts, Neuch.; du v. f. coudre, noisetier, du latin corylum. Coudray (-ey-ex-et), Caudray, Caudret, Cueudray, Tieudray à Salvan, Cudré, Cudrex, -ey, -et, -y, les fém. Coudrée à Bardonnex, Caudriaz, plus. loc., Coudrière à Meyrin, suff. coll. ière, le dim. Caudraulaz, Leysin; de coryletum, coudraie, un nemus de la Coldra à Onens, une foresterie de Coldreta à Lentigny vers 1190, Arch. Fr. VI.
- La Couffa, loc. Ormont-dessus près de la Grande-Eau; du latin cophinus, probablement le même que le v. f. coffe, s. f., baquet, bassin, allusion à la situation enfoncée de ce chalet.
- Coufin, territoire, alpes d’Ollon; du latin confinium, limite, f. confin, permutation on-ou, comme couvent de conventus. Il est à la limite d’Ollon et d’Ormont-dessus.
- Cougnon, 2 loc. Ormont-dessus et dessous; diminutif de coin, le v. f. a cugnet, le romanche cugn, cuogn.
- Coula, Coulaz, Coules, eys Coules à Granges, Valais, 1301, Coulayes, nombreux ham. Vaud et Fribourg; Coulat à Bex; subst. verbal de couler. Dans le Berry, une coulée de pré, suite de prés formant un fond de vallée. Le ham. de Coullat, Frib., /113/ les ruisseaux de Colan à Curtilles et Collens à Ferlens, en Collen à Ollon, paraissent se rattacher à la même racine. Les Coullayes, ham. de Château-d’Œx, ont peut-être une autre origine; ce nom s’écrivait jadis Culaes : Jean de Culaes, 1359, voir Cullayes. Coula, Coulaye était au moyen âge un n. commun dont nous ne saisissons pas bien le sens : Une charte du Livre des Donations d’Hauterive, no 144, Arch. Fr. VI, 55, 1190-1200, dit : Theboldus … guerpivit pratum … et juxta idem pratum dedit colatam unam, et nemus … colata, colline ? Voir Collatel.
- Coulet, loc., vignes à Saint-Prex, Allaman. Le v. f. a coulet, s. m. = goulot, qui peut s’employer pour désigner un lieu resserré, un passage étroit. Il faudrait connaître la situation.
- Coulouvrière, loc. à Chancy, Genève; lieu où abondent les couleuvres, syn. de Colovrex.
- Coumattaz, pâturage et forêt au Pays-d’Enhaut, orth. francisée de l’all. Kuhmatt, pâturage des vaches. Le Pays-d’Enhaut a de nombreux noms d’origine germanique.
- Coumin, ham. de Cheiry, Frib., Cumyn, 1495.
- Cour, voir Cor.
- Courcelon, ham. de Courroux, Delémont, all. Sollendorf, Curzelun, 1139, Corcelun, 1175, Corselun, 1243, Corsolon, 1317 = court, ferme de Sollo (n. allemand) ou de Cello, Zello (n. f.), n. pr. germains donnés par Förstemann.
- Courchapoix, D. Porrentruy, all. Gebstorf, Corchapu, XVe s., = ferme de Gebo, d’après le n. allemand, la forme française indiquant un dérivé ou diminutif du même nom, tel que Chappo.
- Courchavon, D. Porrentruy, autrefois Châtel Vouhay, all. Vogtsburg, Castrum Advocati (= avoué = Vouhay = Vogt, comparez Montvouhay, Vogtsburg); le français actuel est plus difficile : court, ferme de chavon, peut-être dérivé d’une forme * skapino, variante du saxon skepeno, du v. h. all. sceffeno, sceffen, all. mod. Scheffen, d’où vient le français échevin, dont un des sens correspond à avoué.
- Courdelune, mayen sur Saxon, Valais, écrit par erreur en 3 mots, Cour de Lune, par la carte Siegfried; sans doute la /114/ propriété des Cordelo. Deux frères Martinus et Wullielmus Cordelo sont nommés dans une charte de 1228, M. R. XXX, 380; déformation de Cordelone.
- Les Courcys de Jaman, arête dentelée dominant le col de Jaman. Serait-ce une métathèse du v. fr. croucit, sorte de croc, allusion aux pointes qui la couronnent ? On trouve un exemple de la même métathèse dans Forchaux pour Frochaux.
- Courfaivre, Berne, Corfavro, 1146, Corfavre, 1148, etc. = ferme du forgeron, latin faber, v. fr. favre.
- Courgenay, Berne, all. Jennsdorf, Corgennart, 1139, Curtgenart, 1173, Corguinart, 1181, Corgennay, 1327 = court, ferme d’Eginhart, n. pr. germain.
- Courgevaud, Fribourg, all. Gurwolf, Corgivul, 1055, Curgivol, 1080, M. R. I, 157, Curgevolt, 1142, M. F. II, 220, Corgivolt vers 1180, Arch. Fr. VI, Gorgevolt, Gorgivolt, Corgivolt, 1215, M. R. VI, 325, 387, Curgivel, 1450 = ferme de Giwulf, n. pr. germain.
- Courlevon, Fribourg, Curlevon, 1428, Zimmerli, Corlevon, 1450, M. F. II, 302, Courlevoz, 1560 = peut-être court, ferme de Lewon, n. pr. germain (= lion); peu sûr, faute de formes plus anciennes.
- Cournillens, Fribourg, Curnillin, 1252, M. R. XII, 281, Cornilins, 1312, Curnellin, 1340, R. dipl. III, 29, Curnilliens, 1369; d’après ces formes franç. peut signifier ferme des descendants de Nilo, n. pr. germ. de la famille Nil, Nihl, Förstm., mais le nom allemand Curulin, 1449, Arch. Fr. V, 418, auj. Curlin, fait difficulté.
- Courrendlin, Berne, curtis Rendelana, 866, Currandelinim, 1179, Rendelincort, 1181, Courrendelin, 1239, all. Rellendorf, 1184, aujourd’hui Rennendorf (1320) = ferme de Rendilin, n. pr. germain.
- Courroux, Berne, all. Lutolsdorf, Corolt, 1148, Corul, 1308, Lutoltestorf, 1146; non, comme le dit le Dict. géogr. Attinger, de curtis rufus (sic !), mais, comme le montrent les formes anciennes et le nom allemand = ferme de Lutolt, n. pr. germain. /115/
- Le Courset (Cours sec, fausse interprétation), torrent à Lavey, Cursetum, 1280; Curset, 1281, M. R. XXX, dim. de cours.
- Courson à Béguins, voir Curson.
- Courtaman, D. Lac, Fribourg = court, ferme d’Amano, n. pr. germ.
- Courtaney, ham. d’Avry sur Matran, Fribourg, Cortane vers 1180, Cortaner, 1283, Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Cortaneir, 1445.
- Courtedoux, Berne, Curtis Udulphi, 814, Curtedul, 1139, Courtedou, 1310, Cortedoul, 1362 = ferme d’Udulf, n. pr. germain.
- Courtelary, Berne, Curtis Alerici, 962, Curte Aleri, 1173, Cortaleri, 1178, Coralari, 1215, Courtalary, 1295, Cortalari, 1308, Trouillat; Curtalari, 1300, F. B. IV, 23, etc. = ferme d’Alerich, n. pr. germain; du v. h. all. al, tout, très, et rich, riche, puissant.
- Courtemaiche, Berne, Cordemasge, 1139, Cordemasche, 1145, Cordomache, 1179, Cordemaische, 1251, etc. = court, ferme d’un Germain, dont le nom est composé de Masco, Masgo, devenus plus tard Masch, Masche, voir Förstm., p. 916, 917, et d’un préfixe représenté par la syllabe de. Vautrey, Hidber et le Dict. d’Attinger d’après eux rapportent ici le Curtem mietiam de 866 et 884; c’est une erreur : ce nom se rapporte à Miécourt.
- Courtemlon ou Courtemelon, ham. de Courtetelle, Berne; pas de formes anciennes; probablement ferme d’Emilo, de la racine onomastique amal, dérivée peut-être du v. h. all. aml, travail. Förstm.
- Courtemautruy, ham. de Courgenay, Berne, Cortemaltrut, 1152, Curthemaltrut, 1146, 1223, etc. = ferme d’Amaltrud, n. pr. germ. de femme, comme tous les noms en trud; du v. h. all. trût, ami.
- Courtépin, Fribourg, Curtipin, 1343, Curtilpin, 1390, 1428, 1434, Curtelpin, 1436, Rec. dipl. V, 67, VIII, 44, VIII, 91 = ferme d’un Germain dont le nom reste, pour le moment, indéterminé. Förstmann a les noms Ilbo, Ilbunc, Ilpunc de la même racine. /116/
- Courtetelle, Berne, Curtetele, 1178, Cortetele, 1184, 1257 = ferme d’Idelo, Itelo, n. pr. germ. Ne peut venir de Tello, comme le dit le Dict. géogr. Attinger, cela donnerait Courtelle.
- Courtinaux, ou Curtinaux, ham. de Lutry, Curtinal, 1227, Courtenaux à Fully, Curtinal à Vex, 1250, et à Grimisuat, 1267, Courtenaud (x) à Céligny, Courtenaz, chalets, alpes de Conthey, comme les Curtina, Curtins, Curtegns du Tessin et des Grisons; du bas latin curtina, dim. de curtem, petite propriété rurale.
- Courtion, Fribourg, Cortiun, 1138, 1162, M. F. II, 13, 16, et III, 66, Cortium, 1148, M. F. I, 269, Cortion, 1285, F. B. III, et 1301, Rec. dipl. II, 8, Cortyon, 1453, Curtyon, 1483. M. Paul Marchot, Revue suisse cath., 1900, p. 80, traduit par Court, ferme d’Yon. Pourrait être aussi cour, ferme de Tyon. Nous trouvons ce nom germain porté par deux moines d’Oujon : Tyon, moine, 1210, et Tiun, procureur, première moitié du XIIIe s., p. 15 et 45, M. R. XII.
- Cousinbert, montagne aux riches alpages près la Berra, Frib.; corruption, suivant les uns, du nom allemand Käsenberg, montagne des fromages, mais plutôt de Gaissenberg ou Geissberg, montagne des chèvres.
- Cousset, ham. de Montagny, Frib., Cussey, 1343; peut-être, comme les Cossé, Cosset, Cusset de France, de (fundum) Cautiacum, domaine d’un Cautius ou Caucius, gentilice romain.
Nous trouvons dans les chartes un endroit non localisé : Cusellum, decanus de Cuselli vers 1240, M. R. XVIII, 171, Humbert de Cusel, 1338, M. R. VII, 302, serait-ce Cousset ? - Coussiberlé, Frib., Corsibellay, 1425, Rec. dipl. VI, 208, Cursiberlex, 1558; de court, ferme, et un n. pr. germain indéterminé. On pourrait penser à Berilo, mais cela n’expliquerait pas l’i intermédiaire.
- Coussy, pâturage et forêt Ormont-dessus, Cucey, 1425 ?
- Coutaz, une vingtaine de loc. Vaud et Frib., forme patoise de côte; Coutel et Coutelet à Prangins, Coutettes à Bullet, Couteron, Peney-le-Jorat, dim.
- En Couturaz, loc. à Gland; c’est le v. fr. couture, s. f. syn. de /117/ culture, terre cultivée. Aujourd’hui encore couture, dans le Berry = grand champ cultivé. Ce mot se retrouve dans de vieux noms de rues de Paris : Couture Saint-Gervais, Couture Sainte-Catherine, qui datent du temps où ces quartiers étaient des terrains cultivés.
- Couvaloup, vallon à Lausanne, clausum Couvalou, Covalau, 1227, Couvalou, 1233, Covalou, 1238, Cart. Laus. M. R. VI, 225, 543, 641, Convalouz, 1325, Covaloz, 1318; territoire près Lavey, Couvalone, 1286, Convalons, 1296; Couvaloup, aussi Cuvaloup, pâturage et forêt à la Dôle, au-dessus de la forêt des Balandes. On pourrait traduire Queue du loup, territoire écarté, habité par les loups, et c’est probablement cette idée qui a donné à ces noms la forme actuelle; mais ce texte de 1202, où Pierre et Hugues de Gingins donnent à Bonmont des terres « usque in convallem de Balenda, » M. G. XV, 17, montre la vraie origine, de cum et vallem, * vallonem; localité dans un vallon, conforme d’ailleurs à la situation des trois localités. Le nom de la rue de Couvaloup à Morges près des fossés de la ville a évidemment la même origine. M. B. Dumur nous communique obligeamment le texte suivant : En 1294, Cono, prieur du couvent de Lutry, mentionne « quandam domum nostram … sitam infra villam de Lustriaco, inter domum nostram que dicitur domus de Couvalou ex una parte, et clausuram murorum ville predicte ex altera. » (Arch. Cant. Vaud, Reg. cop. II, 31.) Cette maison de Couvalou était donc près des fossés de Lutry, comme le Couvaloup de Morges. Le changement du premier on en ou, Convalon-Couvalou, est régulier comme couvent de conventus; quant au second il s’explique par le besoin instinctif de donner un sens au mot.
- Couvet, Neuchâtel, Coves, 1380, Covet, 1470, 1569, Mus. N. XLI; les Covets, pâturages à Cormoret et Villeret; Sur le Covet, m. à Essertines (Echallens), le Covet à Chavannes-le-Chêne; les Covats, ravins de la Veveyse à Saint-Légier; du v. fr. cowet, s. m. syn. de cuve, au fig. endroit creux.
M. A. Godet, M. N. XXIX, 60, parlant de la faïence fabriquée au XVIe s. déjà à Couvet dit : « On fabriqua d’abord des espèces de réchauds /118/ appelés covets qui ont probablement donné leur nom au village de Couvet. » Il oublie que le nom du village existait plus d’un siècle auparavant. Ce sont plutôt ces réchauds qui tirèrent leur nom de celui du village. - Couvigne, pâturage, seyte de Cergniat, Ormont-dessous; forêt à Salvan-Finhaut; Cuvigne, 6 pâturages de Gruyère, à Montbovon, Albeuve et Grandvillard, m. à Granges d’Attalens; Cuvignettaz, dim.; en Kevegne, loc. au Pillon, avec vieux sapins; de covagne, kevegne, vieux sapin branchu, creux, à lichens, le gogan du Jura = pâturages, forêts avec de tels sapins.
- Coux ou Couz, col au val d’Illiez, montem qui dicitur Col, 1188, montem de Cul, 1209, M. G. XV, 4, Coul, 1233, en Col, 1272, Coul, 1258, Furrer, 77, et 1438, M. Inst. Gen. VIII, 13; Sur le Coux, loc. à Champéry; autre forme de col.
- Covatannaz, gorges de l’Arnon sous Sainte-Croix, loc. à Valeyres-sous-Rances, Epautheyres, ruisseau très encaissé près Crissier, autre près de Romanel, Lausanne, Covatana, 1357; de cava, creux, et tanna, caverne.
- Crai ou Cray, sommet sur Château-d’Œx; petit sommet près de Saint-Imier; le Crey à Combremont; au Crey, ham. de Châtel-Saint-Denis; du celte crag, pierre, rocher, s’emploie aussi en Dauphiné.
- Craivavers, loc. à Chailly, Lausanne et Préverenges; Craivavert, ruisseau au Jorat, Crevaueel, 1267; de crever et v. fr. veel = veau. C’est donc Crève-veau, nom analogue à celui de la combe de Crevatsevau, près Saint-Cergues, ainsi nommé parce que les chevaux s’y abattaient souvent.
- Cramoux, loc. et bois près Palézieux, Cramot, 1274, 1295, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 109, 128.
- Crans, D. Nyon, Cranos, 1009, M. R. XIX, Crans, 1019, 1036, 1173, M. R. VI et VII, 1179, 1296, M. G. IV, 83, XIV, Cranz, 1219, 1246, M. G. XIV, IV, 66, Craanz, 1224, M. R. XII, 184, Crant, 1236, M. R. VI, 391, 393, Cran, 1300, M. R. V, 237, 1510; les Crans, loc. (prairies) à Buix, D. Porrentruy; Cran ou les Crans, plateau avec étangs et canaux sur Lens, Valais. /119/ D’après Gatschet (Promenade onomatologique), d’un bas latin crana = tranchées, fossés dans les prairies. « En tout cas, il faudrait supposer une forme cranus de ce mot pour expliquer cranos. » (Bonnard, in litt.) Ce serait un mot de la famille de cran, entaille, wallon cren, latin crena. On pourrait peut-être y rattacher les lieux-dits aux Crénées à Myes et aux Crenex à Bex. On s’étonnera peut-être que ce mot puisse désigner une localité : il y a l’exemple de ès Rigoles assez fréquent et de Grabe, Grabou, encore plus répandu; voir ces mots.
- Craposaire, marais près Senèdes, Frib.; probablement crapaudière.
- Cras, nombreuses localités dans le Jura bernois; synonyme de Crêt. C’est une fausse orthographe : on devrait écrire Crât, diminutif Cratat pour Cretet (permutation jurassienne de e en a, Clochatte, Combatte, Rochatte), etc.
- La Crasaz, loc. au bord du lac de Neuchâtel entre la Corbière et Autavaux, Frib. Ce mot de crase se retrouve comme n. commun à Coppet : crasa, ravine profonde (Bridel) et dans le C. de Genève où il désigne les falaises qui bordent l’Arve et le Rhône près de Genève; « ces escarpements pittoresques que nous nommons aujourd’hui des crases, ruinae dans les chartes féodales, » Galiffe, Genève hist. II, 17. Probablement de la racine du verbe écraser, acraser en dialecte genevois, que Littré dérive du vieux Scandinave krassa, suédois crasa, broyer, nom dû aux érosions du fleuve, qui broie le coteau. « Non seulement les formes bizarres affectées par les crases changent d’année en année, mais nous avons vu, dans l’espace de quelques lustres à peine, disparaître entièrement des sentiers, voire des routes carrossables qui côtoyaient naguère ces falaises dont les éboulements ont lieu souvent à la pose, d’un seul coup. » Galiffe, ib., p. 18.
- Crassier, D. Nyon, ecclesia de Craciaco, XIIe s., M. G. IV, 39, Craceie, 1123, II, 27, Cracei, 1164, IV, 78, Cracie 5 fois XIIIe s., puis Crassy, Cracier, etc. = (fundum) Craciacum, domaine d’un Crassius, gentilice romain dérivé du cognomen (surnom) Crassus. — Il y a aussi un cognomen romain Cracus, /120/ d’origine barbare, qui aurait pu donner un gentilice Cracius. De Vit, II, p. 480, 481.
L’église de Saint-Eusèbe in villa Craciaco de 1110 donnée à Saint-Claude par Guy, évêque de Genève, que le Régeste genevois serait disposé à trouver dans Crassier doit être cherchée ailleurs : l’église de Crassier était sous le vocable de Marie-Madeleine. Sa possession était contestée par l’évêque de Genève et l’abbé de Bonmont auquel elle fut adjugée par jugement arbitral en 1225 et nous ne trouvons nulle trace de Saint-Claude qui a gardé ses possessions ailleurs (Genollier, Saint-Cergues) jusqu’à la Réformation. - Crau, Craou (Frib.), Craux, Croux, Crosex (collectif), Croset, Crosat, Crozet, Crozat, diminutifs et les fém. Crausaz, Craousaz, correspondants du fr. creux, bas latin crosum, de corrosus, rongé, creusé; les Creuzas, ravins au col Ferret, Creuzier, alpes de Saxon; nom d’un grand nombre de localités, endroits creux ou ravinés. Crosettes à Bougy-Villars, Crosettaz, Vouvry, les Croisettes, Lausanne, Crosetes, 1233, diminutifs, les Crosayes, alpes d’Evolène. Un mot parent par le sens, mais d’origine différente, est le Cropt, les Cropts. Voir plus loin.
- Crebelley, ham. de Noville, Cresbelley et Crebelley, 1402, M. R., 2e série, II, 27. 120; Crebellay, loc. à Vionnaz, Valais, Crestbelley, vers 1720, Crebeley, loc. à Mossel, Fribourg; peut-être de crêt et v. fr. bellet, dim. de beau.
- Credery, loc. à Satigny, Genève = crêt-dery, derrière, par rapport au village.
- Cremin, D. Moudon et Crémine, D. Moutier; pas de formes anciennes. Auraient-ils quelque parenté avec cramena, grand froid, localités au climat rigoureux ?
- Cremire ou Crémière, vill. près Chardonne, D. Vevey, Crimières, 1199 et 1238, M. R. VI, 388 et 667; d’après Gatschet, lieu couvert de broussailles, de cremea, cremium, bois à brûler.
- Crépillaux, ham. de Vuibroye, D. Oron, Crest Pyoullioux, 1310; patois piaullhiau, pouilleux, au sens de pauvre, stérile. Voir Pouillerel.
- Cressier, Cressy, voir Crissier. /121/
- Cressonnière à Moiry et Ferreyres; ham. près Saint-Cergues; endroits où abonde le cresson.
- Crésuz, D. Gruyère, Fribourg, Cresu, Crisu, 1301, Rec. dipl. II, 8, Crissu, 1442, Crisu, 1511; on trouve encore Crisus, Crésieux, Crusuz (Kuenlin). Serait-il possible de rapprocher ce nom du s. m. craisu, l’antique lampe de nos pères; du v. fr. creuseul, espagnol crisuelo, mot d’origine incertaine qui, d’après Littré, du sens de lampe a passé à celui de vase creux et a donné le mot creuset. Ou de la famille du v. fr. cruise, s. f., coquille, Berry, creuse, vaudois croise, diminutif cruisille, conque, vaudois crusille ? Crésuz, 900 m., est-il assez enfoncé pour que sa situation puisse se comparer à la concavité d’un craisu ?
- Crêt, autrefois Crest; du bas latin cristum, forme masc. du latin crista, crête de coq, au fig. arête, de là Crête, Crettaz. Diminutifs : Crettion, Ormonts, Crêtel, Cretelet, Cretillon, Crêtenet à Sullens, Cretolliet, h. de Servion, Crêtolet, Cretalet, Crettallaz; Crêtasse, Crêtasson, augm., Crettex, val d’Illiez, collectif; Crêtayoux à Leysin, composé = Crête (de la) joux, de la forêt.
- Cretely, clos de vignes à Vevey, En Elles, 1175, 1288, lo Crest de Elles, Crestelles, M. R. VI, 351-369; plus tard les Credylles (il y a un Crest d’El à Collex-Bossy, Genève).
- Cretodon, loc. à Céligny; pourrait être un Crêt-Odon, de Odon, n. pr. fréquent au moyen âge; il faudrait des formes anciennes pour décider.
- Creugenat, ruisseau temporaire à Porrentruy, Creuzenans, XIIIe s.; de creux et genais, gena, sorcier, parent du latin genius, génie, démon favorable, provençal genh, gien.
- Au Creussenay, Evionnaz = au croisonnier, pommier sauvage.
- Crevey, ham. de Nendaz, Valais, Creveyz, 1255, Creviz, 1272; ès Creveys, 1241, ès Creveiz, 1252, à Varone; m. à Charmey; Crevez, loc. Etoy, Saint-Prex, Vuittebœuf; peut-être formes du v. fr. crevet, crevasse, fente; Crevey de Nendaz est près de grands ravins où le sol est très accidenté, coupé de précipices.
- Crey, à la —, 4 ham. Fribourg, m. à Chavannes-le-Chêne = à la Croix. /122/
- Crincinière, n. commun de plusieurs sources plus ou moins ferrugineuses au Val-de-Travers, à Motiers, Couvet, Buttes, Travers; corruption de crinsonière, fr. cressonnière, de cresson, en patois crinson.
- Crissier, Lausanne, Crissei, 1157, M. R. VII, 17, Crissie, 1174, Crisiacum, 1190, Crissiez, 1254, Cryssie, 1284, etc., Cressier, Fribourg, Crissey, 1080, M. R. I, 157, Crissie, 1228, et Neuchâtel, Crisei, 1081, F. R. I, 345, Crissie, 1178, Crisciacum, 1180, Crissi, 1213, Cressie, 1180, 1217, 1300, Crissiez, 1333, etc.; Cressy, ham. d’Onex, Genève; de (fundum) Crisciacum, domaine d’un * Criscius (nom inconnu à De Vit qui a les gentilices Crisius et Critius). Ces noms n’ont rien de commun avec le cresson dont Gatschet veut les dériver.
- Le Cristalin, ruisseau au N. d’Oulens; tire probablement son nom de la limpidité de ses eaux; adj. v. fr. cristalin (XVe s.).
- Le Crochet, m. à Bex, h. de Mont, loc. à Belmont, m. à Cheseaux-Noréaz; du n. com. crochet, dim. de croc, au fig. pour localité à un détour du chemin; on dit « faire un crochet », dans ce sens. Schlatter — St. Gallische romanische Ortsnamen — cite plusieurs localités des Grisons et de Saint-Gall, Krogs, Crogs, Grogs, du romanche croch, crochet, où l’on arrive par des chemins en zigzag.
- Le Crocolet, petit ham. d’Ormont-dessus, « abréviation de Crocolébailli = le Creux à Colet-Baillif, le Cropt-Baillif 1782. (Note de M. Isabel.)
- Crocs, Roche des —, près la Sagne, Neuch., ainsi écrit par la carte Siegfried et le Dict. géog. suisse d’Attinger; la carte de Mandrot, M. N. XIV, écrit des Crots. F. Chabloz écrit roche des Cros, des corbeaux, cro ou crot = corvus corax, oiseau fréquent dans ces rochers. L’orth. de Siegfried est évidemment fautive, et pour cette fois nous nous rangeons à l’avis de M. Chabloz. Une preuve à l’appui de notre opinion est fournie par la Pointe du Nid-du-Crô, saillie de rocher près du lac, à l’E. de Neuchâtel.
- Croisettes près Lausanne, les Crosetes, 1233, Cart. Laus., M. R. VI; /123/ non de croix, comme le prouve la forme ancienne, mais dim. de crosa, creux; voir Crau.
- Cronay, Yverdon, Crosnai, 1142, M. F. II, 221, et 1174, Cart. Month., M. R. XII, Cronai, 1160, 1228, Cronex, XIVe s., et 1792; de (fundum) Cronacum, domaine de Cronus, cognomen (surnom) romain.
- Le Cropt, quartier de Bex, chalets à Plambuit, Chesières, alpes d’Ollon, les Cropts, pâturage à Bex et Ormont-dessus; le Crot, pâturage à Ormont-dessous et au Vaud, Jura; du v. fr. crot; et la Crottaz, passage dans les rochers près Lavey, loc. à Corseaux; Crotes et Crottés, 4 loc. Frib., les Crottes, ancien nom des falaises du Rhône près Genève, loc. à Cheseaux; le chemin le Crotton du Risoux; le Croton à La Tour, Crotet, dim., m. à Vulliens; v. fr. crote, dim. croton, du latin crypta, grotte.
- Cros, Croset, etc., voir Crau.
- Les Crossettes, Grandes et Petites, deux combes à la Chaux-de-Fonds; fausse orth. de l’atlas Siegfried pour Crosettes, — dim. de cros, creux, — orthographe régulière qu’emploient le Dict. Attinger et M. G. Huguenin dans sa Description de la Mairie de la Chaux-de-Fonds, Etrennes Neuch. II, 103 et passim.
- La Crotèle à Pâquier, Neuch., m. isolée dans un bas-fond; de crote, s. f. du latin crypta, et suff. dim. elle.
- Croumaclire, loc. alpes de Lens, Valais; patois vaudois kremallhire, fr. crémaillère, du bas latin cramacula : pâturage sur une pente rapide, comme suspendu.
- Croy, D. Orbe, villagium de Cruce, d’après F. de Charrière, M. R. III, 24, synonyme des divers Croix : au croisement de plusieurs chemins.
- En Cry, loc. à Valeyre-Orbe, montagne à Conthey et loc. à Savièse, Valais; Crie, terr. à Bex, Criez, 1198, Hidber, II, 1243, 1247, 1281, M. R. XXX; Crie ou Cryes, ham. de Vollèges, Valais. Un Cry de France, Yonne, s’appelait jadis Criacum, Holder, 1165. Les nôtres ont sans doute la même origine (fundum) Criacum, domaine d’un Crius, peut-être forme latinisée du n. grec Crios.
- Au Cuard, ham. de Rue, Fribourg; les Coards ou Couards à /124/ Corcelles, Neuchâtel; Cuarot, m. à Villarimboud et Arconciel, dim.; du patois cu et suffixe ard. C’est un n. commun au moyen âge : « en la Prela unum cuarum, una tola juxta supradictum cuarum. » Donat. Haut., no 309.
- Cuarnens, D. Cossonay, Quarningis, 1001, Quarnens après 1049, M. G. XIV, villa Quarnensis, 1095, M. R. III, 104, Cuarnens, 1149, 1177, Quarnens, 1251, M. R. XII, 144, Quarneyns, 1273; d’après le suffixe ingis = chez les descendants d’un Germain dont le nom reste à déterminer.
- Cuarny, Yverdon, Quarnie, 1174, 1177, Cuarniez, 1449, Cuarnier, 1453. D’après Gatschet, de (villa) quercina (ferme) des chênes : plus que douteux, quercinus étant devenu chêne en fr. et dans tout le pays romand. Vient plutôt d’un n. pr. gallo-romain, comme toutes nos localités en ie, y, ier. Quant au nom lui-même, il est possible que ce soit le même nom, latinisé, que le nom germain dont dérive Cuarnens.
- Cuaz, Couaz, etc., nombr. loc. dans tout le pays romand, par exemple la Cuaz à Géronde, Valais; la Quaz, croupe entre Saint-Sulpice et Buttes, Neuchâtel, un Cuaes à Arconciel, 1471, Couaz, 3 pâturages de Gruyère, Cué à Chandolin d’Anniviers, Cues à Bercher, Vaulion, Villars-le-Terroir, Cuvaz à Châtel-Saint-Denis et Gruyères, Longecuve (Longue Queue), ham. de Pâquier et de Pont-la-Ville, Fribourg; Longe Coue à Vufflens-la-Ville, 1278, etc.; ès Couasses, Yvorne, Cuasse à Charmey, augmentatifs; du patois caua, cuva, queue : localités sur des croupes allongées entre deux ruisseaux, ou sur une pointe de territoire, comme à la Cuaz, à Corcelles, Payerne, qui s’avance en enclave dans le territoire fribourgeois. On dit dans le même sens en français Queue : les Queues à Saubraz, au Lieu, à Château-d’Œx; la Courte Queue à Boécourt, Jura bernois, Queue d’Arve à Genève; les Queues de Perche, de la Ville, aux Ormonts; Sur Queue, chalet alpes de Bex.
- Cuassières, loc. Essert-Pittet, Cuessire à Crissier, aux Ecuessires (pour ès Cuessires) à Ecublens, Vaud; racine cu, et sufif. augm. ass, et collectif ière, ire, parent de cuard. /125/
- Cubli, mont sur Montreux. Hisely et Hidber y rapportent avec doute le monte Chiblin, 1154, 1155, Chiblino vers 1185 du Cart. de Haut-Crêt, M. R. XII, 6, 136 et 269.
- Aux Cuches, ham. à la Brévine, d’après Lutz; Cuchon ou Couchon, ham. sur Sierre; parents de cuchet, tas de foin, coutzet, sommet, cime.
En romanche, il cusch, la cuscha désigne la souche haute de 60 à 80 cm. qu’on laisse en terre en abattant un arbre dans les terrains en pente, et de nombreuses localités en tirent leur nom. Schlatter, op. cit., en indique 5 dans le canton de Saint-Gall. - Cudré, Cudret, etc., voir Coudre.
- Cudrefin, D. Avenches, Curlefin, 999, M. R. XXIX, 52, Cordelfin, 1215, Matile, Cordulfin, 1240, Cudrefin, 1243, Matile, Codulfrin, 1268, Wstbg., Cudrifin, 1300, F. B. IV, 16, Caudrefin, 1300, M. R. V., 135 = Court-Ulfin, ferme d’Ulfin, ou latinisé Ulfinus, du n. pr. germain Wulfin, de wolf, le loup.
- Cudrevy, nom fr., dans Lutz, de Cütterwil, D. Sarine, Curtivri(y), 1355, 1360, Cultivri, 1428, Curtivril, 1436, 1445, Cutryvy, 1555, Courtrivey, XVIIIe s. (Zimmerli et Stadelmann, op. cit.); évidemment formé de court, ferme, et d’un n. pr. germain, peut-être * Ibilo, dim. de Ibo, racine onomastique Ib. Förstem., p. 769.
- Cuénet, loc. à Roche, Penthéréaz, Cuénix à Leysin, Cunay, trois pâturages du Jura sur Bière, Coinat, nom d’un ham. des Breuleux et des quartiers d’Alle, D. Porrentruy, Couenyon, trois pâturages des Ormonts, les Cugnets (ou Quignets), combe à la Sagne, Neuch.; les Cugnons, loc. reculée, vallon d’Arpette sur Orsières, Cugnenaux à Colombey; formes diverses du v. fr. coignet, petit coin.
- Cufattes, voir Cuve.
- Cugnerens, ham. de Vuadens, Frib., Cunerens, XIIe s., Donat. Haut., Arch. Fr. VI = chez les descendants de Cunhari, n. pr. germain, de Cuno, hardi, et hari, guerrier.
- Cugny, loc. à Granges près Payerne et à Bardonnex, Genève; pourrait se rattacher à coin, comme Cunay, voir Cuénet, mais il /126/ nous semble plutôt dérivé d’un n. pr. Jubainville, p. 173, cite en Gaule un Cunnacum qui viendrait du nom d’homme gaulois Connos. Un gentilice * Connius formé sur ce nom donnerait Conniacum ou Cunniacum qui deviendrait régulièrement Cugny, donc : domaine de * Connius.
- Cugy, Fribourg, villa Cuzziaco, 968, et Cubizasca, 1079, M. R. VI, 4 et VII, 4, Cubizaca, 1080, M. R. VII, 4, Cuzei, 1142, Cart. Month. 5, Cuzzie, 1228, M. R. VI, Cugie, 1230, Cart. Month., Cuzie, 1233, F. R. II, 129, Cugiez, 1254, Cugie, 1341, et Vaud, Cusi, 1147, Cart. Month. 11, Cuzie, 1142, Cugiez, 1174, Cuzey, 1182, Cart. Month.; Cugie, 1416; de Cupidiacum (fundum), domaine d’un Cupidius, gentilice romain (De Vit).
D’après Hisely, Comtes de Genevois (Mém. Inst. G. II, 40), dans la mention villa Cuziaco, au lieu de in comitatu Warasco, il faut lire in comitatu Waldensi. - Culand, sommet et pâturage à Ormont-dessus, Culant, sommet à Rossinièrcs, Culant en Oiz, 1238, M. R. VI, 648, Culat, ham. et Culet, sommet à Champéry, loc. à Troistorrents, Port-Valais et Nyon; la Culaye ou Culée à Motiers-Travers; les Cullayes, D. Oron, Culaes, 1359, Culayes, ham. de Rougemont, en la Culleyte à Chessel : endroits reculés, dérivé de cul, souvent employé pour désigner le fond d’un vallon fermé : Beaucul sur Ollon et Montreux, Cul du Nozon à Vaulion, — de la Golaz à Yvonand, — des Roches au Locle, encore en 1804 dans les Etrennes helvétiennes de 1804; aujourd’hui Col, — du Vent, carte Merveilleux, aujourd’hui Creux, etc.
- Culliairy, ham. de Sainte-Croix, dans une combe au S. du village; probablement le même que le s. cuillère, « du latin cochleare, de cochlea, par comparaison avec la coquille du limaçon. » Littré. Le Cuillerey, loc. à Courtépin, Lac, Fribourg; c’est la même métaphore que Conche de concha.
- Cully, D. Lavaux, Culliacum, Culliez, Cusliacum, 1154, Matile, Hidber, II (le Dict. hist. Vaud dit Custiacum), Culiacum, 1179, M. R. VII, Cullie, 1223, Cullye, 1275, Cart. Month., Culye, 1383, Arch. Schw. XIII. D’après l’inscription Libero Patri Cocliensi /127/ trouvée à Saint-Prex, 1774, — si elle se rapporte à Cully, comme on le croit généralement, — le nom primitif serait Cocliacum, propriété d’un Coclius, gentilice dérivé du surnom Coclias. De Vit, II, 368.
- Cuquerens, ham. de Bulle et loc. à La Roche, Coquerens, 1277, M. R. XXVII, 67, Coquerin, 1412, Arch. Fr. III, 117 = chez les descendants de Cotthari, n. pr. germain.
- Curefatte, ruisseau à Chancy, Genève; patois fata, poche, vide-poche.
- Curson, écart de Grandvaux, D. Lavaux, Corson, Curson, 1360, Courson, 1464; et Courson, loc. à Begnins; probablement, comme les Courson de France, de Curtio, dérivé en io, ionis, du gentilice Curtius.
- Cursille ou Curzille, clos à Aubonne; ham. de Remauffens, Frib., loc. à Saint-Prex; peut-être synonyme de
- Curtilles ou Courtilles, D. Moudon, Curtilia, 861, Curtilli, 1144, Curtili, 1162, Curtiliacum, M. R. VI, 426; ham. de Dardagny, Genève; loc. à Chexbres; du bas latin curtile, jardin, dérivé de curtis, métairie. Courtillet, Curtillet, Pizy, La Praz, etc., dim.
- Cuves, ham. de Rossinières, au fond d’un bassin arrondi. Cuves, 1271; de cuve, s. f., bas latin cupa, au fig. pour endroit creux; les Cufattes, pâturage et ham. à Bémont, Jura bernois; de cuve et suffixe jurassien atte = ette : plusieurs creux en cuvette dans le pâturage.
- D
- Daillens, D. Cossonay, Daliens vers 600, villa Dalletis vers 1100, M. R. III, Dalens, 1182, 1282, Dalleins, 1238, Dallyens, 1344, Matile, Dalliens, 1358, M. R. V, 369, — 2o ham. de Botens, D. Echallens = chez les descendants de Dallo, n. pr. germain parent du gothique deall, illustre, superbe. Les formes anciennes ne permettent pas d’y voir le nom Dahsilo que suppose le nom allemand Dachslingen qui date probablement de la conquête bernoise; voir Stadelmann, 101.
- Dailly, Leysin, Ayent et Sembrancher; Daillet, ham. à Grône, /128/ Valais, Dalletum, 1215; Dailly à Morcles, Grattavache; Dally à Vuadens; Dalley à Lutry; Daillay, Roche et Lignerolles, Dalletis vers 1100; Dailler à Château-d’Œx et Sion; ès Daillères à Tartegnins et Bellerive, collectifs divers = bois de dailles. Le simple aux, ès Dailles est très fréquent; autres orthographes : Dallaz à Villars-Sainte-Croix, Dalles à Bagnes; Dayes à Monthey; diminutifs : Daillon à Conthey (en patois Dadon), Dallon, 1267; Daillettes à Fribourg et Villarlod, etc.; un Dallie à Agarn, un Dalliez à Louèche, 1421, Dalje à Albinen; daille, nom romand du pin sylvestre, dérivé comme l’all. suisse dähle, d’une racine commune sans doute celtique.
- Dala, rivière près Louèche, Dala, 1332. Dans l’antiquité, Daliterni, habitants des environs de la Dala. Holder, 1216; nom probablement celtique.
- Damphreux, D. Porrentruy, eccl. de Domno Friolo, 1140, Damfriol, 1161, Dunfriol, 1178, Damphriol, 1255, etc. = Dominus (saint) Ferreol, patron de l’église.
- Damvant, D. Porrentruy, Danval et Dampna Walle, 1346, Dampvant, 1283, Dampvalx, 1476; de domina (sancta ?) Wala ou Wallia. Förstm., p. 1231, donne les deux noms de femme Wala et Wallia.
- Darbapara, pointe, alpes de Gryon; de pare, latin paries, paroi et darbé. Darbélaz, ham. de Salins près Sion, Darballaz, vignes à Saint-Maurice, Derbélaz, bois à Ormont-dessus; dim. Darbelenaz, loc. à Hérémence, Darbeline, loc. alpes de Leytron; Derbally à Sales; les Derbalys, écart de Bossonens, Fribourg; Darbagnon, forêt et chalets au Sanetsch; Derbé Saudan, pâturage à Ormont-dessus, en Derby, forêt, Saint-Gingolph, Derbis, bois à Maracon, et probablement Derborence, alpe de Conthey; de darbi, darbé, nom patois du sapin, employé surtout en Savoie, derbi aux Ormonts. Dans la Veveyse fribourgeoise, derbi, un jeune sapin qui a séché. Holder et Zeuss citent un mot celtique darbi, derbi qui désigne différents arbres, entre autres une espèce de pin.
- Darbon ou Derbon, vallon sur Ardon, pâturage Ormont-dessus; /129/ Darboneire, alpe et glacier, vallée d’Hérémence, Valais; de derbon, taupe, et derboneire, taupinière. De la vallée on ne voit que la moraine du glacier de Derboneire, toute semblable à une gigantesque taupinière.
- Le Dard, ruisseau à Ormont-dessus; autre sous Chamossaire, affluent de la Grande-Eau; un 3e à Rougemont; cascade du Nozon sous Croy; ès Dards, à Vérossaz; diminutif : le Dardet à Ormont-dessus; figures, par allusion au cours rapide, aux nombreuses cascades; le Creux des Dardeys, forêt sur Chamossaire, collectif. Pierredar, aux Ormonts, composé; voir ce mot.
- Dardagny, Genève, villa Dardaniaco vers 1100, M. G. I, 148, Dardanie, 1298, Dardagnier, 1305, 1321 = (praedium) Dardaniacum, domaine d’un Dardanius, dérivé du surnom (cognomen) Dardanus. De Vit, II, 564.
- Dardens, ham. près Bulle, Dardens, 1293, 1330, Dardin, carte vaudoise, correspond au n. de lieu Tarodingin cité par Förstm. = chez les descendants d’un Germain Tarod.
- Ès Dares, loc. à Epesses; ès Darenches, vignes au Mont sur Rolle; peut-être du celtique dar, kymri dar, irlandais dair, chêne. Les noms celtiques d’arbres n’ont pas complètement disparu devant les noms latins; verne (guern) a prévalu sur aune, sapin (sap) sur abies, darb (pin) et tann (chêne) ont laissé aussi des traces.
- Darnona ou Darnonnaz, ham. sur Sierre, Darnona, 1267, Dernone, cadastre de Venthone; paraît dériver d’un n. d’homme, avec le suffixe gaulois ona.
- Darrey ou Darreï, nombr. loc. Alpes valaisannes, désignant des parties reculées des vallons; du latin de retro, patois darrei, provençal dareire, f. derrière.
- Daucher, n. f. de Tüscherz sur le lac de Bienne, Tusschiers vers 1230, Tuschers, 1267, Tuschiers, 1288, F. B. II, 66, 683, III, 453. Nom sans doute d’origine romande, village germanisé dès le XIIIe s. avec Douanne (voir Zimmerli, p. 42).
- Daudes, m. à Lentigny, Frib. et Château-d’Œx; la Daudaz (pron. Daouda) à Grandvillard, en la Daouda, m. à Charmey, /130/ en la Dodaz, loc. à Ollon, Doudes, loc., prés et jardins à Mollens, Valais; probablement d’un nom propre germanique comme Daldo, Dalda.
- La Dausaz, ferme aux Tavernes, Dosa, 1154, 1162, Dousa, 1181, 1278, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII. — Une loc. la Dousaz, alpe de Lens ?
- Daviaz, ham. de Massongex, Valais, Davias, 1316; de (villas, casas) Davias, du gentilice * Davius, du cogn. Davus, comme Granias de Granius.
- Le Day, chute de l’Orbe et hameau près Vallorbe; gorges du Day, au-dessus de Pissevache, Valais; Jeur-Day, ham. d’Isérables, Valais. On dit du dai pour branchage de sapin, en celtique dail, feuillage; y auraitil quelque rapport, et Jeur-day signifierait-il la forêt de sapin ? Voir Daille.
- Dazelet, vigne de Fontaine-André, Neuchâtel, et Dazenet, quartier du Locle, autres formes de Dézaley; Dasalay en 1154; voir ce mot, le second avec permutation l-n.
- Degottiau, le —, bois à Château-d’Œx; forêt en pente rapide, avec des sources, où l’eau descend de rochers en rochers = dégouttoir, suffixe patois iau, comme Lanciau, Nanciau.
- Delémont, n. fr. Laimunt, 1181, vico Delemonte, 728, Hidber, I, 4, Deleymont, 1239, 1257, Delémont, 1318; n. all. Telsberg, 1131, Thalesberc, 1161, Talesperc, 1184, Telisberc, Telsperg, 1234, 1343, aujourd’hui Delsberg; construction germanique (comme la plupart des noms voisins du Jura en court et velier) = mont de Dello, Tello, n. pr. germain.
- Es Delaises, Ecublens, Cheseaux, Praz, Frib.; Delèze, Martigny, Cudrefin, Noville, Ollon, Delleyzy, 1425; Delèse, Pâquier, et dim. Delezettes, Enney, etc.; Dellèges, Torny-le-Grand; l permute avec r et n : Derèse à Borrex, ès Denèzes, Chesalles sur Moudon; la Tereisi, orth. allemande, à Miège près Sierre; contracté dans aux Draises à Peseux et Draize, loc. à Neuchâtel. Mot fréquent dans les chartes : un rivum de Derasiis, Ependes ou Marly, XIIe s., Deraysi à Sierre, 1231, Dereysy, 1299, la Dereysi à Bramois, 1250, Deresy, 1376; une Deraise près des /131/ Faverges, Lavaux, 1250, en la Derayse, Ependes, Frib., 1278, à Auvernier, 1280, Duraise au Landeron, 1373. Nom commun qui désigne une clef de haie, barrière. Ce mot se retrouve en patois savoyard : daraise, grille en bois ou en fer entre la nef et le chœur, daresia dans les chartes : Episcopus ordinavit quod fiant daresiae in introitu chori 1458. Doc. Acad. royale de Savoie, II. Nous pensions à le rapprocher du celtique : cornique dele, antenne, breton dele, Léon delez, vergue. Le mot employé dans le Léon delez est exactement le nôtre, mais M. Bonnard nous fait observer que « le r est dans les textes les plus anciens, il est donc probable que c’est r-l, non l’inverse. » Toutefois on pourrait encore admettre une permutation plus ancienne l-r : il y a des exemples de ces balancements entre les deux liquides.
- Delley, D. Broye, Frib., Deler, 1342, 43, pas de formes plus anciennes; peut-être un (fundum) Delliacum, domaine d’un Dellius, gentilice romain. Kuenlin y rapporte un Dalens, 1282. Ce serait une transformation curieuse : Dalens a une origine germanique très nette = chez les descendants de Dalo, Delo, n. pr. germain, parent du v. gothique deall, illustre, superbe. Peut-être la forme actuelle serait-elle due à une latinisation du n. germain Delo, transformé en Dellius.
- Demoret, D. Yverdon, Donmores, 1154, Cart. Month., Demores, 1217, Donat. Haut., Dummores, 1228, M. R. VI, Demoret, 1453. Il y a probablement dans Don, Dum, la contraction de domnus, comme dans Dunfriol (Damphreux) = domnus Ferreolus, et dans mores un n. pr. de la racine Mor ou Maur, comme dans Cormoret.
- Denens, D. Morges, Disnens, 1005, 1177, M. G. XIV et II, Dignens, 1220, 1332, Digneins, 1228, Dynens, 1453 = chez les descendants de Deno, Dino, n. pr. germain. Förstm., 331, 335.
- Deneyriaz, vallon et ruisseau derrière le Chasseron; sans doute du n. pr. de famille qui, sous ses différentes formes, Deneyriaz, Dénéréaz, Denoréaz, vient de Noréaz, noerea, noyeraie.
- Denezy, Moudon, villare Donaciaco, 929, M. R. VI, 232, Danesie, Donasiei, XIIe s., Arch. Fr. VI, Danisei, 1142, M. F. II, 16, /132/ Donesie, 1169, Danusiacum, 1173, Dunesie, 1188, Hidber, II, Deneisie, 1228, Danaisie, XIIIe s., M. R. VI, Denisiez, 1453, Dinisiez, 1555, etc. = (fundum) Donatiacum, domaine d’un Donatius, gentilice romain.
- Denges, D. Morges, villa Dallingis, 964, M. R. VI, les Denges, 1164, M. G. IV, 78, Denges, 1184, Hidber, II, les Denges à Ecublens et Villangeaux, Fribourg = chez les descendants de Dallo, n. pr. germain.
- Les Dentaux, découpure de l’arête de Sonchaux et les Dentaux de Naye, rochers de l’arête au N.-E. de Naye, alpes de Montreux; 3o pâturage à chèvres, alpes de Dorenaz, Valais, sous les rochers des Gorges. Devrait s’écrire denteau, autre forme de dentel, provençal dentelh, créneau, ital. dentello, même sens, dont dentelle est la forme féminine; les dentaux sont des dentelles de rocher.
- Le Déquemanliau, loc. à Ormont-dessus; le Déquemanlieux à Champéry; l’Ecoumandons à Rougemont; endroit où l’on enlève les kemanlété ou coumandété, coins à boucle qui ont servi à traîner à plat sur la neige des billes de sapin pour les dévaler ensuite jusqu’à un nouveau replat. L’Encoumaillaux, vallon de Culand, Ormont-dessus; lieu où l’on plante le coin de fer, la kemanlite, en tête d’une bille pour la traîner sur la neige. (Etymologie fournie par M. Isabel.)
- Deraise, voir Delaise.
- Derbonnaz, prairies à Corcelles; où abondent les derbons, les taupes.
- Dérocheux, ruiss. à Cortaillod; Dérochia, torrent à Grône, Valais; Bey Dérochat, Ormont-dessus; Dérotchia, alpe à Port-Valais, Dérochiaz, loc. à Pizy, Dérotcheux, rocher à Bex, Dérozisses à Conthey; du préfixe dé et roche = précipice, éboulement, torrent qui ravine.
- Dersence, Derzence ou Erzenze(ts), rivière, affl. de la Liène ou Rière, Valais, descendant du vallon d’Ers ou de Ders (soudure de la préposition); pour Ers, voir Erse.
- Dérupaz, loc. à Montherod et ailleurs, dérupe, s. m., en patois; /133/ du v. f. desrup = précipice, ravin; « se rattachant à un verbe disrupare, dérivé de rupes, roche. » (Bonnard.)
- Désaley ou Dézaley, loc. à Lavaux, Dasalay et Daisiloi, 1154, Dasiluy, 1184, Desaley, 1363, etc., une 10e d’autres à Vouvry (Désalays), Aigle, Yvorne, Corbeyrier, Chessel, Noville, Genthod, Bière, Crissier, Posieux, Grangette et Villars sur Glane, Fribourg; de taxo, all. dachse, tasson, blaireau, et du bas latin leya, laia, forêt, fourré; fourré où abondent les tassons.
- Desolossy, loc. à Conthey = dessous le Sex.
- Deute, plus. ham. du Jura bernois, à Delémont, Noirmont, La Chaux, à Péry; deute est le nom jurassien d’une variété de roche calcaire, connue par les géologues sous le nom de dalle nacrée, pierre calcaréo-siliceuse, composée de débris d’encrines et de bryozoaires; origine inconnue.
- Develier, D. Porrentruy, all. Dietwiler, Divilier, 1139-1329, Titewilre, 1184 = village de Dieto, n. pr. germain (= l’allemand).
- Devens, Devent, Devin, plus. hameaux, nombreux bois et pâturages, que le seigneur avait mis à ban, en défens, où il était défendu de couper du bois et de pâturer : (nemora), que sunt de usamentis et que sunt endevein ad pascendum porcos et faciendas domus, etc., M. R. VI, 326; Deveng ou Tevent à Sierre et Deweng, à Albinen, formes germanisées. Devinchet à Thierrens, diminutif; Défenet, petite forêt, près du lac Lioson, Ormont, nous paraît également un diminutif de défens, du latin defensus : « Le provençal a la forme féminine devesa, représentant defe(n)sa. » (Bonnard.)
- Ès Déviets, champs à Sainte-Croix; le v. f. a dévié s. m. (Godefroy), lieu interdit. Déviet est très probablement une autre orthographe de ce mot, pour désigner des champs où le parcours était interdit.
- Au Dévodio, loc. à Lussery, D. Cossonay. M. Isabel en rapproche le patois dévouedyaô, s. m., dévidoir. Y aurait-il eu là sur quelque sentier, pour arrêter le bétail, un tourniquet, qu’on aurait comparé à un dévidoir ? /134/
- La Diaz, 1o ruiss., affl. de l’Arnon; 2o ruisseau de la Lance, près Concise; 3o une des sources de l’Orbe; 4o affl. du Nozon; 5o chalets près du torrent d’Ayerne, Ormont-dessus. — La Diez, pr. di, alpe d’Ayent, Valais, nombreuses sources, Diez, 1428; les Dix, vallée supérieure d’Hérémence, aux nombreux ruisseaux, en Dies, 1239, les Dies, XIVe s., Dyes, 1456; Solady, chalets sur les sources de la Baye de Montreux. C’est le même mot que les 5 Dee d’Angleterre et d’Irlande, les 6 Dives de France, la Duis, affl. du Loir, les Deba et Deva d’Espagne; de dea, deva, dia, diva, deiva, f. de deivos (latin divus), mot celtique désignant proprement la nymphe déesse de la source ou du fleuve, puis la source elle-même. De là encore les 4 Divone ou Divonne, l’une à notre frontière, près Coppet. — La racine deivo, divo se réduit souvent à dio. Holder, p. 1285, a 17 mots avec la racine dio. Renan a employé divonne comme n. commun; « La charmante vallée de Tremeur, arrosée par une ancienne divonne ou fontaine sacrée que le christianisme sanctifia en y rattachant le culte de la Vierge. » Cité par Littré, Suppl.
- Diesse. D. Neuveville, Berne, all. Tess, Diesse, 1178, 1218, villa Thesso, 1182, Thesse, Tesson, 1185, 1231, Diesson, 1195, Diessi, 1200, Diessy, 1249, etc., Matile et F. B.; du n. pr. germain Tiezo.
- Diette, Dieux, voir Giète, Joux.
- Dîme, Grange du — à Avenches, à Aigle et plus. autres loc.; au Dixme, m. à Trélex; endroit où l’on serrait la dîme, patois le dimo, perçue sur les récoltes; dixme est s. m. dans tout le centre de la France.
- Diogne, loc. à Lens, Valais, Diogni, 1228, Dyogni, 1243, Diogny, 1259, M. R. XXIX et XXX; Yogne carte Siegfried.
- Diolly ou Tioly, loc. près Sion, Dioles, 1100, 1233.
- Dirlaret, n. f. de Rechthalten, D. Singine, Fribourg, Dreitlaris, XIIe s., Drallaris, 1142, M. F. II, 220, Recto clivo, 1173, Arch. Fr. VI, 1189, M. R. XXII, 22, Dretlaris, 1216, 17, M. F. IV, 104, 105, Dreclaris, 1228, M. R. VI, 24. De dreit, droit, et du v. f. laris, larris, lande, bruyère, terre en friche; le n. all. /135/ Rechthalton, 1250, F. B. II, 324, recht, droit, et halde, pente, et le latin rectum clivum ont le même sens; l’étymologie de Gatschet, directo latere, adoptée par Studer et Zimmerli, est fantaisiste.
- Dizy, D. Cossonay, villa Discidis, 959, 965, Hidber, II, Disy, XIe s., Disi, 1221, Dysie et Dysi, 1223, M. R. III, 549, et VI, 592, Dysy, 1285, Disis, 1299, M. G. XIV, Dyssi, 1311, Dysi, 1336, Matile, Disiaco, bulle de Clément VI (1342-1352), Arch. Schw. Gesch. XIII, 261. Un autre, loc. à Saint-Prex. Comme les Dizy de France, de Disciacam (prædium), corruption d’après Jubainville de Deciacum (p. 227), propriété d’un Decius, gentilice romain. Disciacum perd le c de bonne heure : Disiacus, 672, 907, Dizy (Marne). Quant à Discidis, il a l’air d’un patronymique : chez les Discides, les descendants de Discius, soit Decius.
- Doge, voir Douve.
- Dole, sommet du Jura, Dolaz, 1628; du celtique dol, table, à cause de son sommet aplati; de même Sur la Dôle ou Dolle à Gilly, la Dola, 1216; la Dola (Dollaz), maisons à Pont-la-Ville, la Dollaz à Vuadens. C’est sans doute à la même racine que se rattachent l’adjectif
- Dolent, Mont —, au fond du val Ferret, Valais, et
- Dolin, Mont —, au fond du val d’Arolla, Valais. Voir aussi Champdolent.
- Dom, au commencement d’un nom de village, vient du latin dominus, seigneur, et précède un nom de saint, celui auquel l’église du village était consacrée : Dommartin, Domnomartino, 1150, Donmartin, 1203, M. R. VI, 138, Dompnum Martinum, 1314, Domdidier, Donno Desiderio, 1180, Dundedier, 1215, Dongno-diderio, 1267, Würstb., voir Saint-Didier; Dompierre, Domno Petro, 1148, Donperro, 1228, s’expliquent d’eux-mêmes. D’autres sont moins faciles : Dombresson, Dombrecon, Dambrizun, 1179, Dombrexon, 1191, Domnus Bricius, 1228, Donbressun, 1267 = Saint-Brice.
- Donatyre, Donnatieri, 1228, M. R. VI, Domna Thecla, 1343, Donatiere, 1453 = Dame ou sainte Thècle, martyre du Ier s., fête le 23 sept. /136/
- Donneloye, Donelui, 1142, Donna Lui, XIIe s., Arch. Fr. VI, Domnolui, 1157, Donneluy et Donneloia, 1174, Domnelaia, 1177, Donnelue, 1177, Doneliua, 1214, M. R. VI, 103, Donnaluy, 1230, Dogne Eluye, 1230, M. R. VI, puis Domnoloia, Dompneloye, 1423, 1453 = Dame ou sainte Luce ou Lucie, v. et m. † 304, fête le 13 déc.; pas saint Louis comme le suppose Hisely, M. R. XII, 244, et comme l’a dit Gatschet, saint Louis étant mort en 1270 et canonisé en 1297, ni saint Lucius (Gatschet), les formes Donne, Donna indiquent qu’il s’agit d’une sainte. Quant à Studer, il le dérive, sans sourciller, « de Jean-Philippe Loys de Villardin, » qui vivait en 1652 ! Pour Damvant et Damphreux, voir ces mots.
- Dôme, nom de quelques montagnes : le Dôme du Goûter, le Dom des Mischabel; du celte douma, sommité. Holder, duma.
- Dominge, Champ — à Ollon, Praz Domengeoz à Leysin, Bois Dominge à Villars-les-Moines; Pré Dominge à Constantine; Praz Domingeoz à Vuadens et Cutrevy; Praz Dominjoz à Vaulruz, Champ de Menche (pour Demenche) à Bex; du latin dominicus, du seigneur = champ, pré, bois du seigneur. En 1244 un pratum Domenge à Dullit.
- Donchire, m. à Rue, crêt à Dompierre, Frib.; loc. à Chesalles-Moudon, Saint-Saphorin, Morges; Donchires à Ferreyre et Arnex-Orbe, celle-ci en face de Sur-le-Château dont elle n’est séparée que par la route; Donchière, h. à Ursy, m. à Chavannes-les-Forts, Dontzire, ham. à Prez, Sarine; en Donchère, champs à Bagnes. Point de forme ancienne de cette famille assez nombreuse (10 loc.); de (terras) dominicarias, du bas latin dominicarius, syn. de dominicus, les terres du seigneur (comme jonchière, jontzire, de juncaria).
- Donne, Clos —, m. à Ecoteaux, D. Oron = clos de la dame.
- Donroux, Clos — à Monthey, ès prez Domprod, 1696; de dom, dominus, seigneur, Rod, Rodolphe.
- Donzel, Champ — à Cronay = champ (du) donzel, de domicellus, du seigneur.
- Dorben, ham. sur Louèche, alpis de Dorbinis, 1250, Dorbons, /137/ 1267, Dorbong, 1322; identifié par erreur, par M. Gremaud, avec le Daubenhorn. Dorbons, 1217, Furrer, III, 55, Dorbens, 1221, Dorbi, 1250. Dorbeyns, 1250, est aussi le nom ancien de Dorbain, vallon qui se creuse entre Chandolin de Savièse et la colline de la Soie; peut-être faut-il y voir la racine celtique darbi, espèce de pin; voir Darbellaz. On peut en rapprocher le nom de Törbel près Viège, Dorbia, 1100, puis Torbio, Torbi, XIIIe s., Torby, et enfin Torbil, 1418, Törbil, 1439.
- Dorchaux, sommet à Ormont-dessous; du celte dor, sommet ?
- Dorenaz, commune, D. Saint-Maurice, Dorone, 848-853; d’après ce texte « desertum Alpinonis (Arbignon) a flumine Aquamssoni (Avançon de Morcles) usque ad frontem Dorone, » M. F. IV, 356, Doronaz, 1768; Dorenaz, pâturage élevé à Château-d’Œx; loc. à Randogne, D. Sierre; sans doute même racine dor, sommité.
- Dorigny, loc. près Lausanne. Les formes anciennes manquent, mais le suffixe indique un nom en iacum : Doriniacum, domaine d’un Dorinius, dérivé de l’adj. Dorius, comme les Torigny de France de Taurinius.
- Dos, nom, fréquent dans le Jura bernois, de larges croupes : Dos Val, Dos le Cras (le Crêt), Dos le Bos, Genevez, Domont, ham. de Soulce, etc. = dos du val, du crêt, du bois, du mont. Dozerce, fermes près Moutier = dos de l’Erse (forêt). C’est l’ancien génitif français, sans préposition. M. le prof. Bonnard (in litt.) y voit « plutôt le même mot que le français dès. Littré donne dos comme forme bourguignonne de dès. Or tous ces lieux sont dans le Jura bernois. »
- Douanne, D. Nidau, all. Twann, Tuana, 1136, Duana, 1185, F. B. I, 1228, 1252, Duan, 1213, Tuanna, 1225, 1235, Tuwanno, 1237, F. B. II, 2, Duanne, 1255, 1274, etc. D’après Studer, de duana, douane, étymologie contredite par les formes primitives allemandes; origine inconnue.
- Doubs, Dubis des auteurs latins, aussi Duba, Dova, Duvius, Dovis; d’après Zeuss et Holder, d’une racine celtique, vieux hibernien dub, noir, encre; gaélique dubh, cambrien et armoricain /138/ du (dou), noir; l’étymologie de dubius, douteux, à cause de la direction incertaine de son cours, est une plaisanterie.
- Douve, et dim. Douvette, vallécules rocheuses à Château-d’Œx, loc. à Albeuve; les Douves, bois à Versoix; la Douvaz, Aigle, Villars-Burquin; la Deuvaz à Orsières; la Dova Blanche, glacier, vall. d’Hérens; la Doge à Coppet et Tour-de-Peilz; la Doza au Val Ferret (g-z); du bas latin dova, latin doga, fr. douve, dépression du sol 1; en allemand suisse daube, d’où Daubenhorn, Daubensee à la Gemmi. Ce mot doga, doha (Ducange) peut être aussi en partie l’origine du mot suivant Doy.
- Dovalles, pâturage à Neirivue, Fribourg; diminutif pluriel de douve, combe, vallécule, avec suffixe alle comme Comballaz de combe, donc les petites combes; le v. f. a le masc. dovau (Godefroy).
- Doy, Doye. Il y avait à Genève une rue et une porte de la Doye, 1492, et une ordonnance de 1529 dit « on grillera les doyes (égouts) pour la sûreté de la ville. » M. G. VII, 293. La Doy, Aigue-Doy à Bassins, la Doye, autre nom du Grenier, bras de la Versoix qui passe à Coppet, Doyes, loc. aux sources du Toleure à Bière; la Doiz, ancien nom (1312) de la Diaz, ruisseau de la Lance près Concise, la Doux, une des sources de l’Areuse, Neuchâtel; la Dou, ruisseaux à Courchapoix et à Courtetelle; — peut-être ès Doux, pâturage aux Ormonts; — la Doye ou Doix, ham. de Vérossaz, où jaillit la source de la Rogneuse, la Duey, XVIIIe s.; les Fontaines de Douay, nombreuses sources jaillissant du rocher, alpes de Collonge, Valais; Vers la Doy à Corbeyrier, en la Dœy à Bex; la Douay, ham. d’Orsières; la Dui, alpe au Sanetsch, nombreuses et belles sources sortant d’une paroi de rochers; probablement aussi En la Dey, ham. d’Arconciel, Frib. Ces mots dérivent peut-être en partie de doga, voir plus haut; la plupart du v. f. dois, s. m., doit, m. et f., doie, s. f., conduite d’eau, ruisseau, du latin ducere. /139/
- Dozerce, fermes à Moutier, Berne; de Dos-Erse, dos de l’Erse, forêt voisine, voir ces mots.
- Dracy ou Drassy, loc. à Saint-Prex, ancien village détruit; villa Draciana, 886, villa Draciaco, 885, Drassie sans date vers 1215, M. R. VI, 276, 289 = villa, ferme d’un Dracius.
- Drahen, torrent, affluent de la Sionne; de draconem, dragon (permutation c-h), à cause de son cours impétueux, aux crues subites. Holder et De Vit mentionnent un Drahonus, affl. de la Moselle, aujourd’hui le Drohn, que Zeuss explique par fleuve épineux, c’est-à-dire entouré d’épines. Il y a un autre Draco, au pied du Vésuve. Ce nom est fréquent : il y a 3 Dragone, ruisseaux, et une Dragonata, dans le Tessin; de même le Drac, rivière du Dauphiné, jadis Drao.
- Draize, voir Delaise.
- Dranse ou Drance, Dranci, 972, nom de trois rivières du Valais et d’un ruisseau alpes de Finhaut; comme la Dranse du Chablais, Druentia, puis Drancia, même origine que la Durance de France, Druentia, de la racine celtique (ligurienne d’après Jubainville), druent, druant, rapide, violent = la rapide, la violente, d’où le subst. drun, torrent, rivière.
- Drapel, ham. sur Aigle; du v. f. drapel, petit drap, encore en usage au sens de lange, pris au fig. pour petite prairie au milieu des bois et des rochers.
- Drize, ruisseau C. de Genève; même racine celtique que Dranse.
- Drognens, ham. de Siviriez et de Sorens, Frib., Droynens, 1755 = chez les descendants de Drogo, n. pr. germ. connu chez nous : un Drogo de Cossonay était un des témoins d’un acte de 1142, M. R. XVIII, 6; un Drogo paraît en 905, M. R. VI, 97, etc.
- Drône, de la racine celtique drun, torrent, rivière. Ce nom, dit A. de Rochas dans l’Année géographique, est si fréquent dans le centre et l’ouest de la France qu’il devient nom commun. Un enfant accompagnant un jour Onésime Reclus s’écriait à la vue d’une rivière : « Ah ! la belle dronne ! » De là chez nous les noms de /140/
- Drône, village de Savièse, Valais, Draona, IIe s., Drona, 1189, près des gorges de la Sionne;
- Dronaire, alpe du val d’Illiez, très ravinée, parcourue par cinq ruisseaux, et aux Dronnaires, loc. à Ollon;
- Dronaz, Pointe de —, au Saint-Bernard; cinq ou six ruisseaux en descendent; enfin Durnant, affl. de la Dranse, Dronnant, 1346.
- Drousinaz ou Dreusenaz et Drausinaz, deux forêts sur Bex, et Drauzines, Drosina, 1315, Drusine, 1464, pâturages à Ormont-dessous; les Droges, pâturage à Lessoc, Gruyère; de l’all. dros, dim. drossli, romanche drossa, aune vert, aune nain, fréquent dans ces localités où il forme de véritables taillis. Le Livre des Donations d’Hauterive parle d’autres localités de ce nom dans la Gruyère : on y trouve une alpe Drussina, 1134, Drusina ou Drosina, 1146, 1198, Drosyne au XIIIe s., aujourd’hui ès Rosseyres. (De là, dans les Grisons, les nombreux noms en Dros, Drus, comme le Drusen thor, qu’on a voulu dériver de Drusus.
- Droutzai, ham. Ormont-dessus; Drotzu, pâturage à Charmey; Drotzi à Neirivue, Fribourg; Druchet, mayens d’Isérables, Valais; du patois droutze, droutsche, la patience des Alpes, Rumex alpinus, si fréquente près des chalets. Au Drotzé ou Drochet, m. à Noréaz, Frib.; en Drochex à Payerne, Drachez à Fétigny; peut-être d’une autre espèce de Rumex.
- Druges, chalets à Lessoc; du patois drudje, drudze, druge en Dauphiné = fumier; aussi fertilité, abondance. Littré se demande si on pourrait le rattacher au celtique : kymri drwg, bas breton droug, en général ce qui sent mauvais, à cause de l’odeur.
Comme l’oseille des Alpes croît dans les endroits où abonde le fumier, il est probable que droutsche vient de drudje. - Drugex, ham. de Puidoux, Lavaux, Drugey, 1215. Peut-être de druge. Peut-être aussi du n. germain Drogo, latinisé en Drogus, Drugus, d’où fundum Drugiacum, domaine de Drugus. Drogo est connu chez nous : par ex. Drogo de Cossonay, M. R. V, 213.
- Les Dudes, ferme et ancien château ruiné à Mont sur Rolle. /141/ Castrum de Dudo, démantelé probablement en 1292; Es Dudes, loc. à Granges, Payerne. Du nom propre germain Dudo, Dodo. De là aussi le nom de Düdingen, en fr. Duens, 1228, 1453, auj. Guin, près Fribourg. Il y avait un Dodon de Vuibroye dans la seconde moitié du XIIe s.; un autre à Saint-Cierges, 1154.
- Duet, alpe d’Ayent, Valais, Duex, 1408; probablement autre forme de Douay, Dui, voir Doy.
- Dugny (Dogny dans Lutz, aussi Dunier), ham. de Leytron, Valais, Dugnyer, 1324; comme les Dugny de France, de Duniacum (fundum) = domaine de Dunius (latin), du nom gaulois Dunios, homme; irlandais duin. Un Dunius est nommé dans une inscription trovvée à Pierre-Pertuis.
- Duilier, D. Rolle ou Duillier, Cono de Duelliei et de Duellier, 1145, Duelli, 1166, M. G. XIV, 6, 10, Dulli, Dullye 1154, Cart. Month., Duelli, 1224, Doliacum, 1236, Duallie, 1236, Duilie, 1244, M. R. VI et XII, Dulliacum, 1244, Duelie, 1259, Duyllier vers 1300, Duelie, 1255, M. G. XIV, 34 = (praedium) Dulliacum, domaine d’un Dullius ou d’un Duilius, ce dernier gentilice célèbre, le premier connu seulement par une inscription.
- Duin, ruine de château près Bex, Duig, 1208, Duigno, 1275, Duyngh, 1280, Duing, XIVe s. D’après Gatschet, du v. h. all. dwingen, dompter; correspondant des noms allemands Twing, Zwingen; pour Duig, voir Suen.
- Dullit ou Dully, D. Rolle, Delui, 1238, Deluz, 1238, Diluth, Delut, 1243 et 1244, M. R. XII, Dului, 1284, G. de Dulucio, 1327, de Dulicio, 1335, Dulut (ou Dulict ?), 1402, Dulicium, 1484, 1499, etc.; le terr. de Delais, dans un acte de vente de vigne dressé à Bursins, Brussins, 1271, pourrait encore être Dullit. Mot difficile à résoudre, il faudrait des formes antérieures au XIIIe s. Dulicium paraît être une simple latinisation du nom romand. Peut-être est-ce comme Duilier, un dérivé de Dulliacum.
- Dulive, rivière près Rolle, Deluiva, 1272, Duluiva, 1280, Doliva, 1335; de Delui, Dului, anciens noms de Dullit. (La notation Duluyna, Deluina, Dolina, M. R. III, 118 et 450, et Rég. gen., 476, est une fausse lecture : n pour u-v). /142/
- Ès Durines, lieu-dit dans le marais de Martigny; dim. de dur, terres un peu dures soit moins molles que d’autres parties du marais.
- Durnant, voir Drône.
- Duzillet, ferme de la plaine du Rhône à Ollon, ancienn. Duisillet, carte Rovéréa, Douzillet à Sierre et Lens, Valais; Douzeliex, loc. aux Thioleyres, D. Oron; de duzil, douzil, diminutif de duit, à cause des canaux d’écoulement dont le domaine est coupé. Le Berry a aussi dousil, s. m., petit canal.
- Dzennepi, voir Génépi.
- Au Dzetiau, ou D’Zetiau, carte topog. vaudoise et atlas Siegfried, loc. à Blonay près du Palud; au Zettieux, marais à Fully; au Gittioux, prés à Massongex et Saint-Maurice; formes patoises correspondant au dzetai, s. m. du patois du Pays-d’Enhaut = margouillis, bourbier (Bridel), endroits marécageux; dérive peut-être avec le suffixe patois iaux, ieux = oir, du verbe patois dzeti, bondir, cabrioler.
- E
- Les Ecasseys, commune D. Glâne, Frib., es Escace, 1427, Dict. Dellion, X, 503. On peut en rapprocher les Ecasseyres, loc. à Démoret. Y aurait-il quelque parenté avec le verbe escasser, rompre, briser ? Ce nom rappelle celui d’une « terra que dicitur es cassins », probablement à Crissier, 1227, M. R. VI, 225.
- Echallens, Vaud, Charlens, 1141, Escharlens, 1177, 1184, Eschalleins, 1279, Echallens, 1315, M. R. XIV, Echalans, 1381, Echallan, 1414; voir Echarlens.
- Echandens, Vaud, Escannens, 855, M. R. VI, Eschagnens, XIe s., Schandens, 1164, M. G. IV, 78, Scanneins, 1165, Hidber, II, 205, Schannens, 1177, M. G. II, 39, Scandens, 1182, Eschandens, 1184, Cart. Month., 43, Escanneins, 1217, Eschandeins, 1238, Eschangneins, 1238, M. R. VI, 659, Eschannens, 1291, M. R. V, Eschanens, 1453 = chez les descendants de Scôni (le beau), n. pr. germain.
- Echanoz, maisons à Château-d’Œx; probablement pour ès Chanoz, aux Chênes. Il y a encore une localité, le Chêne, à Château-d’Œx. /143/
- Echarlens, Fribourg (patois Tserlin), Escarlingus villa. 855, M. R. VI, 201, Scarlens, 1145, M. F. II, 240, Escharleins, 1225, M. R. VI, 211, Eschallens, 1228, comme Echallens, Vaud = chez les descendants de Scarilo, n. pr. germain.
- Aux Echaux à Plan-les-Ouates et à Gingins, en Echaux à Bressaucourt, en Proz d’Echaux à Vionnaz, en la Chaud, 1723; soudure de l’article pour ès Chaux; de calmas, aux champs.
- L’Echerche, le Châble de — à Vionnaz, les Echerches à Vouvry, l’Echerchetaz à Vérossaz, l’Echerchettaz, Etzertzetes, pâturage à Dorenaz, l’Etzertze de la Maraitze (du marais) passage de Van à Salanfe, alpes de Salvan. M. Gross, de Salvan, définit ce dernier mot « escaliers naturels dans le roc. » Si cette définition est juste, il faut rattacher à ces mots toute la famille de Cherche, p. 84, et chercher l’étymologie dans le patois etzerissi, déchirer, etzerissa, s. f., déchirure, etzér’ssa avec chute du i est bien près d’etzertze, qui désignerait ainsi des endroits où le rocher est entaillé, découpé; l’Esserche d’Aigle, limite de Leysin, présente une double série de degrés dans le roc.
- Echerin ou Escherin, ham. sur Lutry = chez les descendants de Eschari, n. pr. germain; de Scich et hari, guerrier.
- Les Echessettes, chaîne de rochers découpés à l’E. du val Ferret, Valais; permutation ch-ss et soudure de ès, es Essettes; voir ce mot.
- Echichens, Vaud, Chichens, 1131, M. G. II, 27, Echichen, 1177, Eschicheins et Eschichins, 1238, M. R. I, 186 et VI, 318; le même que
- Echiens ou Eschiens, Fribourg, Eschiens, 1245, Echichens, 1274, M. R. XII, 71 et 290 = chez les descendants de Scich ou Scih, n. pr. germain.
- Echille, Echilly, voir Chille.
- Echine, chalet, alpes de Rossinière, sur une arête de la montagne; du fr. échine, arête du dos, v. h. all. skina, piquant, parent du celte chein, dos.
- Echono, partie du village de Montricher, Chosno, 1202, M. R. VI, 138, /144/ Eschonoz, 1228, Eschenoz, XIIIe s.; probablement pour es Chesnoz, aux Chênes.
- Eclagnens, D. Echallens, Claignens, 1219, M. R. III, 590, Clanens, 1265, Claniens et Clagnens, 1285, M. R. XIV, et Clagnens, loc. à Bretigny-sur-Morrens = chez les descendants de Clano, n. pr. germain, dont Förstmann, 318, donne le composé Clanaheri (hari, heri, guerrier).
- L’Eclataz, nom des champs au-dessous de Mayen de Vionnaz, exempts de la dîme, nom attribué à une prouesse à la fronde d’un J. Muriaux; « campis in fine de Mayin de leclattaux … ab omni decima liberis, » 1558, Eclattaux, 1638, Eclatoz, 1723.
- Eclépens, Sclepedingus, 815, M. R. VI, 240, Isclapadenes, 1011, Sclepens, 1147, Cart. Month., Esclepens, 1174, 1278, 1453, Esclepans, 1286, M. R. XIV, Esclapeins, 1325, Matile; d’après Gatschet : chez les descendants de Scaptwalt (le fauconnier), n. pr. germain.
- L’Ecofferie, écart du Chenit, vient d’une ancienne tannerie; bas latin escofferia, magasin de cuir.
- Ecogia, ham. près Versoix, Eccogia au cadastre, villa que dicitur Adesgogia (ad Esgogia), 1022, Rég. gen., no 166.
- Les Econduits, 1o pâturage, alpes de Vollège; 2o loc. aux Bayards, Neuchâtel; du subst. v. f. éconduit, du v. éconduire, conduire hors = pâturage avec des canaux d’écoulement, comme ailleurs le Duzillet, les Bévières; — 3o arête au fond du val Ferret, offrant plusieurs échancrures où l’on peut passer sur le versant italien.
- Ecône, grande ferme près Riddes, dite aussi Icône, Econna, Econaz, Escona, 1320, Esquinia en 1302, quand P. de la Tour la vendit au Saint-Bernard = (villa) Esquinia, ferme d’Esquinius, n. pr. romain. Icogne (ou Econe) près Lens, Ucogniez et Ucogni, 1234, Ucogny, 1250, 1365, 1377, Hucogny, 1339, Hucongny, 1394, a probablement la même origine. On pourrait peut-être y rattacher aussi Equennaz, loc. à Grimisuat.
- Les Ecorcheresses, ham. de Souboz, D. Moutier, Berne; sans doute la même étymologie que l’Ecortchau, loc. au pied du Moléson, /145/ Gruyère = l’écorchoir, lieu où l’on a jadis abattu ou écorché du bétail; voir la légende de Djan dé la Bolliéta, ou « In Tsuatzo vé Tremetta, » Etr. frib., 1886.
- Ecorne, ham. d’Evionnaz, Valais, ainsi écrit par la carte Dufour, pour ès Cornes.
- Les Ecots, bois à Corbeyrier sur des rochers ébouleux, et prés au-dessous; Praz l’Escot à Roche, même situation sous les rochers de la Sarse; participe subst. du v. fr. escorre ou escourre, faire tomber, renverser.
- Ecotteaux ou Ecoteaux, D. Oron, Escotals, 1135, Scotals, 1157, Costel, XIIe s., Escotaus, 1233, M. R. XII, Escotaz, 1251, Würstbg.; ham. de Martigny-Bourg; loc. à Saxon et à Rueyres, Vaud; les Ecottis à Vouvry; Escottaly à Fey; de ès, dans, sur, et coteaux, v. f. costel, dim. de costa, côte.
- Ecoulayes, glacier, vallée d’Hérémence, Valais; Ecoulis, torrent des —, Entremont, les Ecoulaz, ham. de Chavannes-les-Forts; loc. à Promasens, Saint-Saphorin, Vufflens-le-Château; du verbe écouler.
- Les Ecovets, plateau boisé sur Ollon; les Ecovettes, ham. de Ponthaux, Frib.; Ecovayés, pâturage à Pâquier; formés des suffixes collectifs et, aye et du v. f. escoive, s. fr., buisson, touffe de ronces, dérivé du latin scopa, balai = lieux buissonneux ou couverts de ronces.
- L’Ecualaz, pâturage, Ormont-dessous; de écuelle, à cause de sa position enfoncée en hémicycle entre le Mont d’Or et le Gros Van; l’Ecuellaz à Anzeindaz; Ecuellettes à Gland, les Ecouellottes à Renan, D. Courtelary, l’Ecualettaz à l’Etivaz, dim.
- Ecublens, 1o Vaud, Scubilingis, 964, M. R. VI, Escublens, 1142, Scublens, 1147, 1162, Cart. Month., et 1180, M. R. I, 202, Scubleins, 1220, Escublens, 1228, M. R. XXIX et VI; 2o commune C. Fribourg, Escublans, 1220, F. R. II, 22, 74, Escubleins, 1226, Escublens, 1180, 1403 = chez les descendants de Scubilo, n. pr. germain.
- Ecuvillens, Fribourg, Scuvillens, 1143, 1162, Escuviliens, 1182, M. F. III, 66, IV, 99, Escubilliens, 1401, Arch. Schw. G. XIII, /146/ Escuvillens, 1453, etc. = chez les descendants de Scubikil, n. pr. germain (d’après M. Stadelmann).
- L’Egasse, Plan —, pâturage à Saint-Imier; peut-être aigue, eau, et suffixe augm. asse.
- A l’Egaz, loc. à Chardonne; probablement à l’Aigue, eau.
- L’Eglaise, Plan de — (gl mouillé), m. dans les bois à Saint-Livres, D. Aubonne; voir Glaise.
- Eglery, loc. à Saint-Blaise, Neuchâtel = ès Gléry, aux glariers; voir Glarey.
- Les Egras, ham. d’Ursy, D. Glâne, au pied d’une forte montée; le Pont d’Egras sur Roche; les Egras, alpe de Charmey; Combe des Egraz à Vallorbe; du patois égras = ès gras, aux degrés, à l’escalier, latin gradus, romanche gra.
- Ehalaz, loc. à Ayent, Valais, permutation c-h, voir Hombes = écala, du latin scala, vignes disposées en gradins.
- A l’Ehochour, loc. à Lens, Valais = à l’écorchoir, à l’abattoir; autre forme du v. f. escorchioux (c-h); l’Ecortcia ou Ecorsia, Ecossia, petit hameau de Granges, Valais, même sens.
- Ehornettes, rochers près du Rawyl, alpes de Lens; soudure de l’article = ès Cornettes, permutation c-h spéciale à cette région; voir Hombes.
- Eischoll, D. Rarogne, Valais, Oselz, 1200, Oiselz, 1250, Oysez, 1267, Oysel, 1286, 1307, Oysol, 1336. Dans le Necr. Sion, une Laureta de Castellun dédit ij cens apud Ausel, sans date, probablement antérieur au XIIIe s., Eysoll, 1418, Œysel, 1444, Eysel, 1534, encore en patois Eisel. Du celtique : gallois uxello, cambrien uchel, hibernien uasal, haut, escarpé. Zeuss traduit Ouxellodunum, oppidum (dunum) in prærupto monte (uxello). Notre Oysel, Osel est donc un lieu « escarpé », ce qui convient on ne peut mieux à la position d’Eischoll au bord d’un plateau dominant de 600 m. la vallée. Un Mont Oysel, Oisel, Oisels ou Oisez est aussi limite des possessions d’Oujon au XIIe s., M. R. XII, 2, 5, 72. C’est sans doute aujourd’hui le Montoisey, 1671 m., au-dessus de Gex. La localité Montoiseau à Crans, au bord d’un ravin en pente rapide, pourrait être aussi un Mont Oisel, enfin /147/ Oschell, pâturage près Bellegarde, Fribourg, en 1504 (pratum Dossel, d’Ossel, 1138, 1143, 1146, Hidber, I, II ?) a la même origine.
- Eison, ham. de Saint-Martin, Hérens, Valais, Eson, 1224, Eyson, 1307.
- Eissy, voir Eyssy.
- Elay, D. Moutier, all. Seehof, d’après l’allemand de ès, dans, et lay, lac.
- Ely, Bois d’ —, faussement aussi Bois des Lys, grand domaine, jadis seigneurial, à Crassier; probablement pour ès Lyes : aux forêts, le mot Bois ayant été ajouté quand on eut perdu la signification du mot principal; voir Layaz.
- Embossu, ham. et gorge où s’écoulent les eaux à Renan, Jura bernois, autre forme d’Emposieux; l’Embouchoz en 1517 était le nom des entonnoirs de l’Orbe à Bonport, en patois les imbouchaux; de en et bouche.
- Les Embreux, pâturages à Lajoux et aux Genevez, Jura bernois; de en et breux, autre forme de breuil, voir ce mot.
- Les Embrouches, loc. à Jussy, Genève; lieu où abondent (abondaient) les myrtilles ou embroches, patois embrotze, eimbrotze, ambresailles, etc., origine inconnue.
- Aux Emenaux, loc. Ormont-dessus, Eminaux, 1824, aussi Eminods; « de l’ancien prénom Aymonod, petit Aymon, » d’après M. Isabel.
- L’Emeri, Forêt de — à Courfaivre, D. Delémont. Sans doute fausse orth.; non loin de là on trouve, à Undervelier, la Côte de l’Aimerie.
- Emosson, pâturage, en partie marécageux, de Finhaut, Valais, alpem de Musson, 1307, M. G. XIV; de mosse, all. moos, marais.
- Emposieux, ham. de Travers, loc. aux Ponts, à Lignières, etc. nom générique des entonnoirs où s’engouffrent les eaux dans le Jura bernois et neuchâtelois. D’après Littré, de en et le provençal potz, puits. De in et puteolis, dim. de puteus, puits.
- Ès Emptoz, loc. à Blonay; voir Entes. /148/
- Encise, plaine —, loc. à Avenches; du latin incisa, entaillée, comme Pierre-Encise, à Lyon.
- Encoumailloux, voir Déquemanliau.
- Encrenaz, sommet à Ormont-dessous, Ancrenaz, alpes de Bex, Increna, Val d’Illiez; de in et crena, entaille = arête dentelée; l’Encrenettaz, m. à Riez, Lavaux, dim.
- Les Enfers, D. Franches-Montagnes, Berne, dans une plaine profondément enfoncée; de in feros, lieu bas; la Combe d’Enfer, vignes de Fully, doit par contre son nom à la chaleur intense qui y règne en été.
- Enges, Neuchâtel, Einge vers 1220, Enge, 1213, Enjo, 1235, Enge, 1373, Matile. C’est sans doute l’alleu nommé, Eingu qu’Ulrich de Neuchâtel obtint par jugement arbitral du couvent de Frienisberg en 1182, Matile, I, p. 26. Le suffixe ingu indique nettement la dérivation d’un nom germanique.
- Engollon, Neuchâtel, Engolon, 1143, Engolun, 1228, Angelon, 1374, l’Engollieu, loc. à Montmollin, l’Angolliau, loc. à Bettens, Vaud; l’Angolat à Lajoux, Jura bernois; l’Engouloir, source à Gimel, Engoliau à Gilly, Engoliour, 1265. Engollieu est un n. commun dans les vallées neuchâteloises pour désigner les entonnoirs naturels où se perdent les eaux. Engollon a sans doute le même sens. Au XVIIe s., un mot engoulloir désignait à Neuchâtel une bouche d’égout; de en et gola, gula, gueule.
- Enjalin, loc. à Ecublens, Vaud; probablement : en Jalin, patois djalein, dzalin = le givre, le gel; lieu exposé aux gelées blanches du printemps et de l’automne.
- Ennaz, Grande et Petite —, pâturages d’Arzier, D. Nyon, écrit aussi Aîne; le même que aîne, s. f., de inguem; ce mot peut désigner au figuré ces deux pâturages situés chacun dans d’étroites combes, fort resserrées.
- Enney ou Henney, D. Gruyère, Eiz, 1224, Cart. Month., Heyz, 1254, 1494, Eys, 1388, 1514, Hayes, 1535, En Heyz, 1548, enfin Heney, 1555. Le Hesi de 1257, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 285, est probablement la même localité. D’après Hisely, de En Eys, dans l’Ile, nom qui serait peu justifié. Heyz viendrait-il /149/ du v. h. all. hei, enclos, de heien, enclore ? Il correspondrait aux Clos, si nombreux dans nos Alpes; à examiner.
D’après Zimmerli, Enney s’appellerait en all. Zum Schnee, qui serait une traduction de en nei, dans la neige; ce nom allemand a été fait évidemment sur les formes modernes, postérieures au XVIe s. - Enniez, loc. à Bussigny, D. Morges; voir Henniez.
- Ensex ou Encex, pâturage d’Ollon = en Sex, in Saxo, dans le rocher; en 1291, Escez = ès Sex, dans les rochers.
- Ensier, loc. à Monthey, dans les rochers des gorges de la Vièze (Eusier par faute de gravure atlas Siegfried 1/25000), vers En Siez, 1696 = dans les rochers; cette diphtongaison Siez pour Sex, du latin saxum, se retrouve ailleurs : dessus le Siaix à Veytaux.
- Enson, alpe sur Vernamiège, Valais, Pya Enson, 1339; Proz d’Enson à Fully; Enson le Bémont à Saignelégier, Enson la Fin à Saint-Braix, Enson la Joux, à Roche d’Or, les trois Jura bernois; du v. fr. en som, au sommet. Pour Pya, voir ce mot. Bonnenson à Bex : les bonnes (terres) du sommet.
- Les Entes à Bursins, Crêt des Entes, Bretonnières, ès Entos, Entoz, Pont-la-Ville, Lignerolles, Pampigny, Etagnières; à l’Entoz à Yens, Mont-la-Ville, ès Entoz à Suchy, 1512, ès Antoz à Massonnens, Fribourg, et Conthey, aux Entes, ès Entoz à Choëx, Monthey, Antes, 1696. La localité ès Emptoz à Blonay nous donne l’origine probable, du latin emptus, acheté = (fundos) emptos, fonds, terres achetées.
Notons toutefois que M. le prof. Bonnard (in litt.) n’admet pas que ce soit une preuve : « On écrit parfois p devant t sans raison; ainsi dompter, de domitare, qui n’a pas de p. » - Envelier, D. Delémont = in villare, dans le village.
- Envuardes ou Invuardes, ham. de Payerne, en Wardes, 1278, M. R. VI, 309; de en et Vuardes, du patois vuardâ, garder, v. h. all. wartan.
- Envy, D. Orbe, Envi, 1216, Envy, 1359; du latin in via, sur la route. — M. de Charrière traduit in viis, au carrefour de deux chemins, ce qui nous paraît moins conforme à l’orthographe. /150/
- Epagnier, Neuchâtel, Espagnie, 1163, 1208, Ispaniei, Espaniei vers 1180, Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Espagniez, Hispanie, 1192, Espagniacum, 1201. — Epagny, D. Gruyère, Espagnier, 1115, Espagnie, 1196, Epanye, 1278, etc.; de (fundum) Hispaniacum, domaine d’un Hispanius, gentilice romain.
Les Epagnier du Livre des Donat. Hauterive se rapportent à Epagnier, Neuchâtel, et non à Epagny, comme le fait par inadvertance M. Stadelmann, p. 27. Il est question à plusieurs reprises de vignes dans la localité; or nous ne pensons pas qu’il y ait jamais eu de vignes dans la Gruyère. - Epalinges, D. Lausanne, Spanengis, 1182, Espaningium, 1224, Espalinjo, Espalingio, 1233, M. R. VI et VII, Espallingiez, XIVe s. = chez les descendants de Spalo, n. pr. germain.
- Epantaires, loc. à Boussens, D. Cossonay, pour ès Pantaires ou Panthaires, barrières, portes à clairevoie d’un terrain clos; voir Penthéréaz.
- Epautheires ou Epautaires, ham. d’Essertines, D. Echallens, Spelterias en 885, 888; loc. à Bercher = champs d’épeautre, latin spelta, céréale cultivée par les populations germaines.
- Epauvillers, Jura bernois, Villare, 1189, Epavillers, 1179, Hidber, II; pourrait être le village de Spalo, n. pr. germain.
- Epeisses, ham. Genève, Espessi, 1220, M. G. IV, 28, Espeyssie, Rég. gen., Espeissy, XIVe s.; — loc. à Ollon; — Epesses à Lavaux, Espesses, 1166, Spesses, 1228, Espesses, 1453; — m. à Puidoux; Episses, loc. à Leytron, Valais; ès Epessoux ou Epessons, m. à Echarlens et à Vuippens, diminutif; du v. fr. espoisse, espesse, fourré, du latin spissa.
- Epelouies, Epeluves, voir Pelouyes.
- Ependes, Vaud, Spinles, 1154, Espinnes, 1160, 1174, Espindes, 1216, Espignes, 1227, Spinnes, 1151; — 2o Fribourg, Spindis, 1142, 1147, M. F. II, 220, 268, Espindes, 1163, Matile, Ispindes, Espinnes, 1174, Espindis, 1180, Pindes, 1198, M. F. III, 69, Espindes, 1228, M. R. VI, Spindes, 1251, F. B. II, 343, Espines, Espignes, 1354, Matile, Spins, 1356, Jahrb. Schw. Gesch. II, 287 et 1449; du latin spinas, épines. /151/
- Epeney, Villars —, Yverdon, et les divers hameaux Epenex à Crissier, Ecublens, et 3 ham. Fribourg, Epenay, Ecublens, Espenai, 1231; Espigny à Ollon, Epenis, Monthey, Espeniz, 1281; Epenets, Alle, D. Porrentruy; du latin spinetum, fourré d’épines. Epinassey à Saint-Maurice, Valais, Silvam Spinaceti vers 850, Spinacetum, 1214, Espinassex, 1263, Espinassetum, 1281, augmentatif. A la même racine, mais dérivés directement du français, se rattachent les nombreux l’Epenaz, les Epinettes, Montpreveyres, Epenattes, Fahy, D. Porrentruy, Epenaux à Lonay, Epenoud à Commugny, Epignat à Evionnaz, Epignaz, 1760, Penau, ham. du Mont sur Lausanne, Espinoux, 1340, Espinauz, 1475, qui s’est décomposé en es Penaux, puis Penau.
- Epetex, Es —, prés à Saint-Maurice et à Colombey, ceux-ci aussi ès Paquais. Cette dernière forme montre l’origine : corruption de ès Patais pour Paquais, permutation valaisanne q-t.
- Les Epiquerez, comm. D. Franches-Montagnes, est formé de ès Piquerez; on dit aussi et mieux Les Piquerez; peut-être n. pr.
- Eplatures, ham. Chaux-de-Fonds, et l’Eplature, loc. aux Pommerats; de ès et platures, terrains plats.
- Epoaisats ou Epoisat, voir Posat.
- Erbio ou Erbioz, ham. de Nax, Valais, très probablement le Elbio de Petrus de Elbio, 1224, M. R. XXIX, 244; sans doute autre forme de la racine alb, blanc, devenu erb, comme dans Erbivue, Erbogne, synonymes de Albeuve, Albone, à cause de la teinte blanche du terrain gypseux où il est situé.
- Erbivue, ruisseau près Montbarry, Gruyère, et autre forme du ruisseau d’Albeuve, Gruyère = alba aqua, eau blanche.
- Erbogne ou Arbogne, rivière et ham. D. Broye, Fribourg, forme parallèle de Albona, Aubonne; du celte alb, blanc, et ona, cours d’eau.
- Erdes, village de Conthey, Valais, Erdes, 1208, 1255, Herdes, 1214, 1239, 1275, 1446. C’est aussi un lieu-dit à Granges, Valais. Peut-être l’adjectif v. f. verd, verde; le patois de plusieurs villages de la contrée supprime souvent le v initial atse, ein (Ayent), entro (Savièse), etc. Le village est au milieu de vertes prairies. /152/
- Ergisch, D. Louèche, Valais, Argessa 11 fois 1100-1400, Orgissa, 1279; peut-être de la racine celtique argo, brillant, clair, à cause de sa situation sur un plateau bien ensoleillé.
- Erguel, ancien château ruiné, vall. de Saint-Imier, fondé au IXe s. par la famille d’Arguel, près Besançon; probablement même racine argo.
- Aux Erines, pâturages et fauchages à Gryon, en patois aux Ærnets (Isabel) = probablement Arenets, soit dim. d’arein, avalanche poudreuse, endroit où descendent de petites avalanches poudreuses.
- Ernayaz, loc. à Hérémence = Vernayaz, apocope du v; dans certains patois du centre du canton on supprime le v initial (v)ein, (v)atse, etc.
- Erpilles, pâturage de Rougemont; autre forme d’Arpille, du latin alpicula, petite alpe.
- Les Erres, écart de Cottens, Frib., entre les chemins de Lentigny, de Lovens et d’Onnens; du v. fr. erre, du latin iter, au sens de chemin = les chemins.
- Errouvenaz, Errouvenoux, 3 loc. C. Frib., pour ès Rouvenaz, etc., voir Ruvines.
- Erschmatt, D. de Louèche, Valais, Huers, 1209, 1242, 1267, 1328, Uyers et Uiers, 1250, Hoers, 1357, 1380, Huyrs, 1400, Hoers, 1453. A cette époque l’allemand s’est établi dans la contrée et le nom s’est modifié par l’addition du mot germanique matt, prairie. Quant à Huers, c’est sans doute une forme plurielle de huert, jardin, en patois du Dauphiné, uert en romanche, du latin hortus.
- L’Erse (ou Ersse), forêt à Monthey; les Erses, pâturage à Concise, Jura; l’Herse ou Lerse, montagne à Evionnaz; les Hersattes, forêt à Pierrefitte, Jura, suffixe dim. jurassien atte, ette; paraît être un participe pris substantivement du verbe v. fr. herdre erdre, aerdre, s’accrocher; il désigne des forêts rapides, comme accrochées au rocher, — ce qui est le cas pour les localités valaisannes ! — par une figure comme celle de la Grappe, Greppon. De la même racine, les moulins de l’Ers, faussement écrit Lers, /153/ suspendus aux parois des gorges de la Liène près Lens, Valais, et les chalets de Ders pour d’Ers, pâturage dans le vallon précipiteux de la Derzence, affl. de la Liène.
- Ertets, pâturage à Ormont-dessus, frontière bernoise, Yretes dans les délimitations de frontière avec le Châtelet en 1441 et 1474. Cette forme primitive rappelle singulièrement l’Irette, vallée de la Lizerne = petite aire, petit plateau dans la montagne.
- Esbons, écart d’Aubonne, Bonez, 1235, M. G. XV, 7; d’après cette ancienne forme = ès Bonnes (terres); voir cependant Bon.
- Escalaz, vignes à Granges, Valais; du latin scala, provençal escala, vignes en pente rapide s’élevant par degrés. Ehalaz à Ayent, le même mot h = c.
- Eschert, all. Escherz, D. Moutier, Berne, Escert, 1179 = Essert, permutation jurassienne ss-ch comme sire-chire; une vigne à l’Eschertel, 1179, à Nugerol (Landeron).
- Eschiens, voir Echichens.
- Eslex ou Es Loëx ou Eley, ham. de Lavey, entre les parois de rochers qui descendent au Rhône, la Lex, 1504, Furrer, III; Eslez, loc. à Evionnaz; de ès, dans, et lei, rocher; voir Lex.
- L’Esparse, ruisseau à Payerne; participe adjectif espars, du v. fr. espardre, répandre, disperser : ruisseau qui verse ses eaux, qui déborde.
- Esseinges ou Essinges, ham. de Surpierre, Frib., Essenges, 1278; ham. de Léchelles et de Gumefens, m. à Seigneux; Montessingeoz à Attalens; probablement = chez les descendants de Esso, variante de Azzo, Ezzo, n. pr. germain. Förstm., p. 191; mais à côté de ces hameaux, on trouve un grand nombre de lieux-dits, non habités, qui paraissent avoir une autre origine : en Essinge à Mézières, Frib., loc. à Chénens, Praratoud, Frib.; à Payerne, les deux Combremont, Thierrens, Baulmes, Arnex, Vaud; Essanges à Moiry, Essenges à Penthéréaz; au XIIe s., Donat. Haut. passim, une loc. territoire de Lussy, in Lassingi, Essengia, Essingia, et à l’Essangia à Praroman. Une charte de 1217, M. F. II, 105, parle de la decima de Lessengi de Luserabloz, sive de Naiz. Celles-ci nous paraissent être le subst. verbal /154/ du verbe v. fr. essengier, rouir : endroits où l’on fait rouir le chanvre. Peut-être faut-il y rattacher une partie des noms précédents.
- Les Espersiers, écart de Corsier, Vevey; peut-être du verbe v. fr. esperdre, anc. part. espers dont nous avons gardé le part. moderne éperdu = maisons écartées, comme perdues.
- Esparsillier, loc. à Etoy; paraît être de la famille du verbe v. fr. espardre, part. espars, éparpillé.
- Les Essapeux, loc. D. Porrentruy; article agglutiné pour ès Sapeux, celui-ci formé de la racine sap, sapin, et du suffixe diminutif eux = eolum, iolum = aux petits sapins.
- Esserdilles, ham. des Bois, Jura bernois; dim. de
- Essert, en France essart, eyssart, issart, du bas latin exsartum, terre défrichée. Nom de 3 com. Vaud, 2 Frib. et de centaines de hameaux et lieux-dits. Anciennes formes : Essert-sous-Champvent, Exertus vers 1095, Essert-Pittet, Exertus, 1100, Issert, val Ferret, Valais, Exert, 1228. De là aussi Essertes, Sartis, 1154 et 1162, M. G. IV, 77, Exertis, 1180, Essertes, 1271; Essertines, D. Rolle, 1228, M. R. VI, Exertines, 1344, Essertio à Alle, D. Porrentruy, fausse orth. pour Essertiau, Essertons, dimin., nombreuses loc.; Essertoux à Chardonne (permutation ons-oux), Essertze, alpe de Rougemont, Esserze, alpe d’Hérémence, Valais, Echerté ou Echertes, loc. à Luc, Essertex à Vérossaz, Valais. Composés : Exergillod, ham. d’Ollon, pour Essert-Gillod, n. pr.; Exertimont aux Ormonts, en Exermon, 1332; Essert-Fallon, ham. d’Epiquerez, Jura bernois, de Fallon, n. pr. : en 1347 vivait un Jean Falum à Ocourt. Aux Nesserts à Fleurier et les Nesserts à Courroux : n agglutiné de la liaison En-Essert. Certoux, ham. de Perly, Genève, Sartoux vers 1537 (Duval, Ternier et Saint-Julien, p. 90); dérivé de sarter, défricher, syn. d’Essertons, avec permutation ons-oux comme dans Essertoux.
- Les Essettes, chaîne de rochers dentelés près du glacier de Saleina; les Essets, alpes de Bex; les Echessettes (ch-ss) au val Ferret, dim. correspondant à aisselle; du latin axilla, avec le sens d’échancrure, d’angle; allusion aux dentelures en scie des /155/ rochers, par la même figure qui fait dire l’aisselle des feuilles pour l’angle aigu entre la feuille et la tige.
- Estavannens, D. Gruyère, Frib., Estavanens, 1231, Extavenens, 1453 = chez les descendants d’un Germain au nom indéterminé Stabatin, Stabadin ? (Stadelmann.)
- Estavayer-le-Lac, Stavaiel, 1158, 1162, M. F. III, Stavail, Stavaia, 1177, F. B. I, Estavay, 1184, Estavail, 1224, Staviolo, 1225, M. R. I, 208, Stavaya, 1244, Estavayacum, 1265, Stavay, 1300, F. B. II, Staviacum dans les chartes du XVe s. — Estavayer-le-Gibloux, Stavael, 1142, Cart. Month., Staviolum sub Jublor, 1227, Estauaiel-li vila, 1228, etc. Le suffixe acum n’est qu’une graphie de chartiste et ces deux localités doivent être exclues des noms en acum. Gatschet dérive Estavayer, all. Stäffis, patois Tavaï, du bas latin stadivum, all. stad, staad, lieu de débarquement; mais si cela est bon pour la ville, cela ne convient guère pour le village du Gibloux. Ensuite cela ne tient pas compte des anciennes formes ci-dessus. Nous pensons nous approcher davantage de la vérité en rattachant ce nom au v. h. all. staffal, aujourd’hui staffel, station, étape, surtout des troupeaux s’élevant à la montagne. M. le prof. Bonnard nous objecte (in litt.) que le f de staff ne s’est pas changé en v dans les mots romands. C’est vrai pour les mots introduits récemment, qui ne remontent pas au delà du XVIe s., tandis que ceux-ci ont passé dans le romand au XIIe et sans doute avant.
Dans le Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, p. 198, on trouve la mention d’un Gererdus apud villam cujus nomen est Thasvael. Au Répertoire, p. 256, M. Hisely le rapporte à Estavayer-le-Lac. Nous sommes d’accord pour identifier avec Estavayer ce nom qui ressemble beaucoup au patois Tavaï. La métathèse de l’s est curieuse. C’est peut-être une simple faute du copiste qui deux lignes plus bas écrit Wluricus pour Ulricus. Toutefois nous rapporterions plutôt ce Thasvael à Estavayer-le-Gibloux : il y est question de la dîme de Bouloz donnée à Haut-Crêt et les personnages nommés sont presque tous des villages voisins du Gibloux. - Estevenens, D. Glâne, Fribourg, Estevenens, 1403 = chez les descendants d’Esteven, n. pr. germain dérivé du latin Stephanus (Stadelmann). /156/
- En Estranguelion, loc. à Etoy, Vaud; endroit où abondent les poiriers aux poires âpres, appelées poires étrangle, poires d’estranguillon, ailleurs poires channes. Un des rares cas où la localité est désignée par le fruit (ès Cerises près Grandson).
- Etablons, chalets sur Iserabloz, Valais, montana de Establon, 1262, Würstbg.; de stabulam, étable, et suffixe dim. on.
- Etagnières, D. Echallens, Estanneres, 1202, M. R. VI, 137 1, et 1238, ib., p. 632, Estaneres, 1290, M. R. XIV, Etanières, 1377, Ethagnires, 1403, Estagnyeres, 1424, Etagnire, loc. à Villars-le-Terroir; de ès, dans, aux, et tanières, de taxonaria, terrier de blaireau.
- Aux Etalles, prés à Ormont-dessus et pâturage à Enney, Gruyère; à l’Etélay, pré dans la forêt sur Roche et taillis à Port-Valais; à l’Etellay à Leytron; Plan de l’Etallaz, alpes de Château-d’Œx; Combe des Etelles à Saint-Ursanne, Berne; probablement du patois étale, s. f. pl. copeaux, itella, etella, s. f. bûche; endroits où l’on met en bûches le bois de chauffage ou lieu où on le dépose pour le service du chalet.
- Etaloges, ham. de Buchillon et ruisselet, D. Morges. C’est probablement la localité désignée dans une charte de Saint-Prex, M. R. VI, 265 « li boscez entre les doves eschaloges; » de là écaloges, étaloges, permutation populaire de c en t.
- Etambeau, maison à Château-d’Œx; Etambot, loc. vignoble de Lausanne, Estamborc, Etamboc, Extamboc, 1223, 1235, M. R. VI, 248, inter Warcheriam, la Vuachère, et lo Rual de Palaieres, le ruisseau de Paleyres.
- Etavez, ham. du Mont sur Lausanne = ès Tavez ou es Tavels, syn. de tabernae, cabanes, comme on le voit par Tavel, Fribourg, Tavels, 1228, et Tabernae, 1150 et 1255; voir Tavel.
- A l’Eteindiaz, champs à Henniez; patois eteindia, étendue.
- Eter, forêt D. Neuchâtel, traversée par une ancienne route que l’on croit romaine; le patois a étier, route, chemin (Bridel). — D’après le Dict. géog. d’Attinger, du latin iter, au sens de /157/ chemin, de passage. Cela ne nous paraît pas possible, iter ayant donné erre, s. m. et f.; origine à rechercher.
- Eterpas, loc. à Vallorbe, Ollon, Château-d’Œx, Rossinières, et 3 Frib.; Eterpeis, Monnaz et Grangettes, Fribourg, Eterpeys à Lausanne, Esterpaies, 1224 et 1242, M. R. VI, 243; Eterpys à Suscévaz, Essertines-Jorat, Eterpis, une 12e de loc.; Esterpis à Vionnaz, Etierpes à Dorenaz, Esterpoz à Morcles, etc.; du latin extirpata, endroits défrichés. Eterpon à Conthey doit être de la même famille; ès Esserpes, champs à Sainte-Croix, paraît être une autre forme de Esterpes, la permutation exceptionnelle st-ss due à l’influence de essert qui a le même sens.
- Etiez ou Etier, ham. de Vollèges, Bagnes, Octier, 1150, Hidber, II, Octiez, 1177, Furrer, III, 41, Oitiez, 1179, Ottiez, 1198, Othiez, 1245, Oytier, 1249, Octhiez, 1280, Octyez, 1315.
- Etivaz, vallée et ham. de Château-d’Œx, Leytiva, 1478, 1528, M. R. XXIII, 99, 237; du latin aestiva, lieu où l’on passe l’été.
- Etoules, loc. à Pampigny, D. Cossonay; autre forme (bourguignonne) du fr. éteule, chaumes qui restent après la moisson, en patois étrouble, du latin stipula.
- Etoy, D. Morges, Stuie, 1145, Estui, 1167, 1204, Stoy, 1177, Estue, 1215, 1234, Estuy, 1269, Estuez, 1349, M. R., Stuez, 1379, Arch. Schw. Gesch. XIII, Estuey, 1430, etc. D’après Gatschet, du v. h. all. stuba, étable à moutons.
- Etrabloz, ham. de Payerne, villam de Stabulis, 1148, M. F. I, 375, Extablo, 1299; de stabulum, étable, avec épenthèse d’un r. Cette addition est ancienne : « l’estrablo sito in finagio de Virier, » dit une charte de 1278, M. G. VII, 138.
- Les Etramaz, hameau écarté de Bottens, près du Talent = extrême de extra, en patois estra.
- Etraz, faubourg de Lausanne, Strata, 1216 et vers 1230, Estra, 1239, M. R. VI, 446, 664; de (via) strata, situé sur la route; route d’Etraz, Myes-Crassier, Nyon-Aubonne-Cossonay. En Etraz, au petit Etraz, loc. à Russin, Genève, sur un ancien chemin de Genève à Farges, même origine.
- En l’Etray, m. Ormont-dessus, vers la Grande-Eau, l’Etrait, /158/ alpes de Liddes, en Etrey à Echandens et plus. loc. Frib.; le même mot que les Etroits à Sainte-Croix, loc. resserrée et à Vionnaz Estrey, Etrey, 1723; v. fr. étreit. Pierre Etreite, loc. alpes d’Ollon, comme les Etroits à Sainte-Croix : loc. dans des vallons, des combes étroites.
- Etrembières, loc. et pont près Genève, jadis ès Trembières, les Tremblières dans Spon, 1680, aux Trembières, 1682, M. G. XXIII, 276 = aux taillis de trembles; du latin tremula.
- Etrèves ou Etrives, ham. d’Ollon, entre Charpigny et le Rhône; la Grande Estrivaz, prés à Barges, plaine de Vouvry, Valais, 1722. A Létrivaz à Maracon, probablement même origine, mais laquelle ? Le v. fr. a estrif, s. m. et estrive, s. f., dont le sens principal est querelle, combat, bataille, et d’autres sens abstraits difficilement applicables.
- L’Etroz ou l’Itroz, petit village écarté de Trient, Bas Valais, Etroz, loc. au Sanetsch, Valais; Aitroz, loc. à Vionnaz, Estrioz, 1723; l’Itroz de Seilon, chalet le plus élevé, vallée d’Hérémence; l’Itroz du Bouis, chalets, alpes d’Ardon; aussi C. de Vaud : Bois d’Etroz à La Sarraz. Bridel le définit chalet des Alpes les plus élevées, diminutif d’etrabllo. Mais ce diminutif par retranchement nous étonne. Ces mots viennent du v. fr. estre, s. m., emplacement dans un lieu ouvert, parent du latin exterus, ital. estero = étranger, lointain.
- Les Eudrans, loc., prés humides à Massongex, vers les sources de la Lœnaz, ès Haudrans vers 1720, Audran, 1761.
- Euseigne ou Useigne, ham. vall. d’Hérens, Valais, Usegni, Usogni, 1200, Usenni, XIIIe s., Ysogny, 1379, M. R.; d’après Gatschet, avec quelque réserve, de sognie, soignie, redevance qui consistait pour le vassal à cultiver de l’avoine pour son seigneur. Ce serait donc l’endroit où l’on cultivait ou bien où l’on livrait l’avoine au seigneur. [Voir Additions et corrections : Euseigne, p.543]
- Evaux, ham. de Onex, Genève = ès Vaux, aux Combes; soudure de l’article comme Everdes, Etagnières, etc.
- Everdes, ham. d’Echarlens, Gruyère, J. de Everde, 1137, Hidber, I, 534, Verdes, 1343, M. F. IV, 93, Verdes, 1350, /159/ Everdes, 1394, M. R. VII, 276, all. Grüningen; ès Verdes = dans la verdure.
- Evi, ruisseau à Albeuve; du celte ève, ive, eau, correspondant du latin aqua; voir Aigue.
- Evilard, D. Bienne, Berne, all. Leubringen; de ès et du bas latin villare, réunion de fermes (villa), soit village.
- Evionnaz, D. Saint-Maurice, Valais, Evunna vers 1020, Hidber, I, 310, Eviona, 1263, M. R. XXX, 86 et 1760, Archives communales; comme Evian, Aquianum dans les chartes, formé des racines celtiques eve = eau, et ona = rivière.
- Evolène, D. Hérens, Valais, Ewelina, 1250, Eweleina, 1255, Ewolenaz, 1449, puis Evolénaz; de ewe, eau, et latin lenis, doux, eau tranquille (d’après Gatschet). La Borgne y est relativement paisible. J. Monod, Guide du Valais, tire ce nom d’évole, éboulement; nous ignorons ce mot, en tout cas les formes primitives ne permettraient pas cette explication.
- Evoëttes, loc. au Sépey; Evouettes, loc. à Berolle, Corsier (Genève), à Saint-Martin d’Hérens, et vill. D. Monthey, Evuytes, 1436, Hedyez, 1293, Eydiez, Aydiez, M. R. XXX et 2e s. II, 14. Les deux noms se confirment l’un l’autre : Evouettes, dim. de eve, eau = petites sources, et Eydiez, collectif de eydie, eau. Il y a 2 ham. Evouettes d’en bas et d’en haut; celui d’en bas, le plus important, s’appelait Eydier en 1436 : « undecim foci (foyers) à Eydier, quinque à Evuytes. » Yvœttes, en latin Aquetas, charte de 1556, loc. à Ollon, même sens; une loc. Aiwetes (ou Aivuetes) à Vercorin, Valais, 1250. Evuex Roche; de ève et coll. ex. Un Evez, Eivez en 1228, Cart. Laus. M. R. VI, 178, 213 est peut-être l’Invuex à Granges.
- Evordes, ham. de Troinex, Genève, Esvordes, 1201, M. G. II, 54, 1222, 1318, M. G. IV, 33, et XVIII, 24. La forme primitive aurait été ès Bordes (permutation b-v) d’après M. Jules Vuy, Mém. Inst. G. IX, 2, qui y rapporte un Umbert de Bordis, XIIIe s. La permutation b initial v, quoique rare, se présente parfois, par exemple Bibiscum, Viviscum, Berseya, Versoie. Dans ce cas ce nom signifierait aux chaumières, voir Borde. D’autre part, /160/ d’après une communication verbale de M. W. Meylan, prof. à Genève, on trouve les formes ès Vorsaz, ès Vorges, ce qui signifierait lieu où abondent les vorzes, saule marceau.
- Eysins, D. Nyon, Osinco, in pago equestrico 1002, Hidber, I, Osins, 1140, 1145 et 1164, M. G. XIV, 7, IV, 78, 1202, XV, 7, Oisins, 1211, 1219, M. G. XIV, Oysins, 1235, M. R. V, 331, Osins, Oyssins, 1236, Cart. Oujon, Oisins, 1250, M. R. VI, 393, correspondant de Ossingen, C. Zurich = chez les descendants de Oso, Osso, n. pr. germ. que Förstemann rattache avec doute au vieux gothique ôs, dieu.
- Eyssy ou Eissy, ham. de Domdidier, Fribourg, Essie entre 1163-1220, Donat. Haut., Eyssy, 1401. Essy, auj. Essis, loc. à Châtillens, D. Oron, Essy, 1273, M. R. XII, 201; comme Achy, de (fundum) Acciacum, du gentilice Accius = domaine d’Accius, comme les Essey, Aisy de France.
- F
- Fada, Forêt de la —, Ardon, Valais; = forêt de la fée, du latin fata, patois fata, fada, romanche fada. De la même racine, la Grotte aux Fées à Saint-Maurice, le Temple des Fées à Vallorbe, la Cave aux Fées à Croy. Mais on confond souvent avec ce mot celui de faye = brebis, aussi écrit fée, voir Faye.
- Fagne, Bière, et plus. loc. du Jura bernois, ès Praz de Faigne, loc. à Choëx près Monthey, plan de 1715; du fr. fagne, provençal fanha, faigna, mot employé aussi dans les Ardennes et dans l’Aunis, du bas latin fania, lieu marécageux, autre forme de fange, et correspondant de l’all. Fenn, voir Fennes.
- Fagus, du latin fagus, hêtre, patois fau, fou, feu, dérive une très nombreuse famille.
1o De fagus : Faug, loc. à Bex, Burtigny, Jongny, Vulliens; Combe du Faoug ou Faug, pâturage à La Rippe, faussement écrit aussi Combe du Four, Belfaux près Fribourg, Bellofagi, 1142, les Faougs à Founex, Faoug 1 près Avenches, Fol, 1228, /161/ M. R. VI, Fo, 1290, 1328, Foz, 1338; Champ du Faux à Prahins, Côte ès Faux à Yvonand, les Faux à Peney-le-Jorat, — le Gros Foux à Neirivue, ès Foux à Fiaugère et Orsonnens, la Foux à Cronay et Charmey, Son-les Foux à Rossinières (= sommet des hêtres), Entre-Foux à Sugnens, Foux-Praz, Bussy-Moudon, Fin du, des Fous à Thierrens et Fenin, Plan des Faouls à Peseux, — Crête du Feu à Massongex, Beffeux, Bello fago, 1402, et Proz du Feux à Vionnaz, Pré de Feu à Colombey, jadis Pré du Faug.
2o Du collectif masculin fagetum : Fay, le —, les Fays (pr. Fey-i) à Martigny, Monthey et 10 autres; Plan Fay, Champ Fay, très répandus dans tout le pays romand; Plan Fet, ham. à la Côte aux Fées, Neuch.; Fey, D. Echallens, Fai, 1154, Faio vers 1150; ham. de La Sarraz et 3 loc. Frib.; le Faz, bois à Peney-le-Jorat; Fayet à Dizy, Fayat à Trient, Fayot à Val d’Illiez, Fayel à Cossonay, Fayey, Saint-Gingolph, Faël à Vaulion, Fayez à Bière, Fayay à Vionnaz et les nombreux Fahy du Jura et à Aigle, Fayez, 1718, Fahy, D. Porrentruy, Fayl, 1177, Fahy, 1377.
3o Des collectifs féminins fageta, fagaria : Faye à Prahins, Trey et 8 autres, Rouge Faya à Aigle; les dim. Fayettaz, Fayetaz; la Fayire à Vionnaz, Feyère à Ollon, Fayère à Estavanens, la Fouéraie à Boudry, Foyers, bois à Beurnevésin, D. Porrentruy, forme masc. correspondant à Foyère.
4o Les diminutifs Fayaulaz, 8 loc. Vaud et Fribourg; Foyaulaz à Villarimboud, Fayules à Bottens, Faiola à Berlens, XIIe s., Fayolaz, Fayoula, Faolaz, 1309, à Châtel-Saint-Denis, Faioula, 1298, à La Roche; dim. masc. : Fayaux à Blonay, Fayeux à Monthey.
5o Enfin de l’adjectif faginus = de hêtre, dérivent Plain Fahyn, ham. de Pierrefitte, D. Moutier, et Plain Phayen à Vermes et Corban, Jura bernois = plaine (boisée) de hêtres. /162/ - A la Faillaz, vignes à La Rippe, subst. verbal de faillir, v. fr. faille, s. f., manque, solution, rupture de continuité dans une roche, un filon, une nature de terrain.
- Falcon, Prafalcon, ham. près de Sierre, Valais, Prato Farcon, 1339, encore Farcon dans la popul. allemande, Benfarcon, prés à Grimentz; Plan Falcon, loc. à Corbeyrier; du n. pr. Falcon ou Farcon, fréquent en Valais au moyen âge. Nous en rapprochons Farcounet, pâturage et chalet à Ormont-dessous; du n. pr. Farconet, dim. de Farcon, de Marquil Farconetus du Sépey, qui acheta ce pré « ou pede dou Leser », au pied du Leyzay, en 1355. Un Farco vivait à Cergnat sur le Sépey en 1332.
- Famenaz, loc. à Orges, D. Grandson; patois = famine, pour désigner un terrain improductif.
- Fanel, ham. près Champion, Berne, avec un bac sur la Thièle; probablement le même que vanel, passage, défilé, du bas latin venella, permutation v-f sous l’influence allemande (comme Fiesch de vicus).
- Fang, village d’Anniviers, Valais, et ham. de Bellegarde, Fribourg; de l’anc. h. all. fâhan, clore; correspondant des Clos, Clouds du pays romand.
- La Faraz ou les Fares, loc. vallée de la Gryonne, avec paroi à pic sur la rivière; la Faraz, torrent impétueux, vallée d’Isérables, Valais; campagne à Saint-Légier; ham. de Vufflens-la-Ville, Fara, 1260, 1377; et 3 autres loc.; en Phare à Monthey, Farre, 1696, Fare, 1819; les Farettes, défilé et paroi à pic sur la Grande Eau près Aigle, ès Farestes, plans de 1718; la Farausaz, pâturage sur le rocher du Lécherex, Ormont-dessus; Faratte à Presinges, Dos Faratte à Courroux, Jura bernois; Mont-Faron à Apples. Peut-être dérivés du verbe v. h. all. farân, aller, ou de la même racine far, origine inconnue qu’on trouve dans faraud, primitivement fier, orgueilleux.
- Les Farenes, lieu-dit à Villette, Lavaux, les Farna, champs à Chabrey; du patois farena (far’na) = farine, employé pour désigner une terre sèche, très meuble, poudreuse.
- Farties (e final légèrement ouvert), forêt des — à Finhaut; /163/ part. passé fém. du verbe v. fr. sartir, briser, défricher, avec permutation valaisanne s-f; équivaut environ à forêt des Esserts.
- Farvagny, 2 com. Fribourg, Favarniacum, 1082, Faverniei, Favarniei, 1138, Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Faverniacum, 1286, M. G. XV, 24, Favergnye, 1453, etc.; de (fundum) Fabriniacum, domaine d’un Fabrinius, gentilice romain.
- A la Fattaz, vignes à Conthey, Valais; du patois fatta, poche, au fig. pour un lieu enfoncé; la même métaphore à Champvent : ès Poches, vignes.
- Fauconnière, Revers de —, paroi rocheuse dominant à l’O. le lac de Joux : endroit où nichent les faucons.
- La Fava, sommet 2614 m. au S. du Sanetsch, Valais, Sex de la Faba dans Lutz; de fava, latin faba, fève, à cause de sa forme; à la Favaz, loc. à Mont, D. Rolle, lieu où l’on cultivait la fève, de même les diminutifs en Favel, Favaulaz à Villargiroud et Broc, et les collectifs ès Faveires, prés à Ormont-dessus, champs à Sévery; la Faveire à Vaulion et Vucherens; le Favier à Tramelan; en Favez à Esmonts, à Rue; les Favières à Essertines, D. Rolle, et Favery, ham. à Blessens; en Favarix, m. à Champtauroz; Faverettaz à Eclagnens et Faverules à Bussigny, Morges, diminutifs.
- Favarge, 2 ham. près Neuchâtel et 2 loc. Vaud; Faverge, 5 loc. Vaud; ham. de Saint-Saphorin, Fabricas vers 1138 et 1146, Arch. Fr. VI et M. R. III, Favargiis, 1216, 1223, M. F. IV, Favarges, 1232, Faverges, 1252; — Farvages, ham. d’Hauteville, m. à La Roche, Frib., les Favargettes à Coffrane, Farvagettaz à Vuadens, diminutifs; du latin fabricas, forge, avec métathèse de l’r. — Montfavergier, Franches-Montagnes; de mont et favergier, forgeron, de fabricarius.
- Aux Favrins, prés à Ormont-dessous; du n. pr. Favre, famille nombreuse aux Ormonts.
- Faye, la Zâ (Chaux) de Faye au Sanetsch, la Part — pour Pare, — ès Fayes à Villeneuve; le Parc es Fayes à la Berra, Fribourg; le Craux des Fayes sur Mollens; la Tannaz ès Fayes à Champéry, la Luis Feya à Bex. Souvent écrit fée par /164/ confusion avec ce dernier mot, ainsi la Côte aux Fées, Neuch., Coste es faes, 1354, Costa des fayes, 1337, Coste es Fayes, 1658, sur la cloche du temple; le Six des Fées, Hérémence, le Sex de Pares es Fées, alpes d’Aigle = le Rocher des parois aux moutons qui vont s’y mettre à l’abri; les Champs de Fées à Fresens. Ce mot vient du latin feta, brebis pleine, puis brebis en général, vallées vaudoises fea, Dauphiné feia, patois fahie, v. fr. feya(z) comme le montre ce passage du Plaict de Lausanne (1368), art. 117 : « Personne ne peut vendre une brebis ou feyaz pour un mouton. » « Nullus potest vendere ovem femellam seu feyaz loco castronis. »
- Féchy, D. Aubonne, Fescheio, 1180, M. G. XIV, 15, Feschi, 1204, Feschie, 1221, 1240, Fechie, 1344, Feschier, 1467; Feschy, m. à Gollion; de Fesciacum (praedium), domaine d’un Fescius, gentilice romain.
- Feidey ou Feydey, loc. à Leysin et au Sépey, D. Aigle; de filicetum, fougeraie; à ce mot se rattachent Flaugy, m. à Fiaugères et le Fiauzi, ham. près Rue.
- Feigire ou Feygire près Châtel-Saint-Denis, Feygueres, 1511, Fégières dans Lutz; de filicarias, fougères, patois fllaudze, fiaudja. De même Fiougère à Port-Valais, Fiaugères à Yens, à Saint-Martin, Frib., Felgeria vers 1150, Fiougière, 1250; dim. Fiaugerettaz à Chardonnay-Morges, Fiaugire à Oron, Fiaudière à Montreux; Fieudère à Hérémence et Leytron; Fiongère à Ependes; Fougères à Conthey, Feugères, 1243, et Lausanne; Fougière à Massongex; Faugère à Lens, Faugeroz à Montherod, Foigière, Montignez, Porrentruy; Fegière, Coffrane, Feguire, Feyguire, Faiguières, Feydière, Gruyère, au Fidero, Federoz à Vouvry, Flongière à Vaulruz, Flaugire à Croy, Flougère à Baulmes, et les collectifs Foigeret, Foigiret, D. Porrentruy.
- Es Felards ou Fellards, prés à Yvorne; de felard, filard, filet dans lequel on charge le foin, prés où l’on est obligé d’enlever la récolte dans des filets.
- Félésimaz, pâturage près Charmey, Filisiema, 1458, /165/ Filisiesme, 1504; viendrait de filices, fougères, d’après Gatschet, qui y rattache le nom d’une alpe de Phillix ou Félix à Gsteig (Gessenay); à étudier.
- Fenasse, prairies à Jussy, Corsier, Cologny.
- Fenêtre, 5 ou 6 cols du Valais, et Fenestral, Fenêtrail, alpes de Finhaut et de Fully, Valais; de fenêtre, ouverture et suffixe augm. al, ail.
- Fenette, voir Fin.
- Fenil ou Fenis, D. Cerlier, all. Vinels, Fenis, 1072, F. B. I, Feni, 1093, Finis, 1195, Finils, 1215, Fenis, 1228, M. R. VI, 15, Finins ante Cellie, 1286, Vinils, 1300, Finilis, 1309, Tr., etc.; Fenis, bois près Corserey, Frib. (et vestiges d’un anc. château); les Fenils à Rougemont, et plus. loc.; en Fenix ou Feny à Vérossaz; Fenin, Neuchâtel, Fenis, 1228, M. R. VI, 20; de fenil, latin fenile, romanche fanigl, fenil, all. suisse Finel. Fenalet à Bex, Finalet, 1402, et Saint-Gingolph; Fenelet à Leysin, Feneliet et Fenillets, Ormonts, Albeuve, etc., diminutifs, voir aussi Findelen.
- Fennes, Sierne ès —, chalets, vallée de la Manche à Rougemont, Prafenne à Monthey, en Praz fennez, 1696; du v. h. all. fenn, fenni, lieu marécageux.
- Le Fer, pâturage à Leysin, prononciation patoise pour l’Essert, permutation ç-f comme fingle pour cingle; de même les vignes du Fert à Evionnaz, ès Preyses du Fer à Saint-Maurice.
- Ferlens, com. D. Oron (et hameau de Massonnens, Frib.); Ferlens, 1146 et vers 1160, Fellens, 1311, 1330; Ferlyn, Ferlin, Ferlens, 1330, Arch. Fr. III = chez les descendants de Ferhil, n. pr. germ. Förstm., 399, a le nom voisin Ferhilt, de la racine far, du verbe farân, aller.
- Fermens ou moins bien Ferman(d), bois et ferme près Apples. C’était le nom d’une famille de donzels d’Apples au moyen âge. Probablement de la même racine farân.
- Fernasse, bois à Versoix, renferme, avec le suffixe augmentatif asse, la même métathèse que le nom de la localité voisine, Fernex, pour Frenex, du latin fraxinetum, bois de frênes, ou /166/ d’une forme bas latine farnetam que signale Muoth. (Bündnerische Ortsnamen, 29.)
- Ferpècle, grand pâturage, val d’Hérens, Freytpiclo vers 1280, M. R. XXXIII, 432. Murith écrit Frepey en 1806; d’après Studer, du romanche ver = val, et de l’italien piccolo, petit, ou de pecuglio, troupeau, donc petite vallée ou vallée des troupeaux. Mais ce romanche et cet italien nous paraissent étranges en Valais. L’ancien nom de Ferpicloz, com. D. Sarine, et maison à Gruyère, nous met sur la voie. Ce village s’appelait Frigidum pesclum, 1137, M. F. II, 16 (le Frigidum Pesdum, Donat. Haut., 245, Arch. Fr. VI, 97, est sans doute une coquille et il faut lire Pesclum). Ce nom devient Ferpehclou, 1269, Ferpecloz, 1300, etc., Zimmerli, II; pesclum est évidemment pasculum, petit pâturage. Freytpècle est donc froid petit pâturage; Frépècle est devenu Ferpècle par métathèse de l’r; remarquez l’orth. de Murith.
- Ferrage, Ferrajoz, Ferrageoz, une 15e de localités, m., h. aux abords des villages, le Feradze ou Foradze à Dorenaz, Valais, forme patoise. Nom ancien : une vinea de Ferraio à Beuson, Valais, 1246, campo de Ferragio à Vufflens-la-ville vers 1260 : ou Ferraige à Yens, 1295, Ferraio à Apples, 1337, loco qui dicitur Ferrajoz à Olmona de Savièse, XIIIe s.; des prés au Ferrajon à Corserey, Frib., 1513. On pourrait penser à ferrage, lieu où l’on ferre les chevaux, bien que celui-ci s’appelle ordinairement faverge. Mais ferrage peut avoir une autre origine. Dans le Cart. Laus., M. R. VI, p. 255, une terre paie « VIII denarios de ferragio » et ailleurs : « Avena et ferragium est vice domini. » Ce mot paraît parent du latin farrago qui signifie un mélange de diverses céréales, provençal ferratge, et pourrait désigner l’endroit où l’on percevait la dîme des grains.
- Ferrex, vallée du Valais, Nemus de Ferrea, 1189, M. R. XXIX, 12, Ferray, 1190, Ferrex, 1228, Ferrey, 1395. D’après Gatschet, du v. h. all. varrich, pfarrich, all. pferch, parc à bestiaux. Vient plutôt de feurre, paille, fourrage, comme le diminutif Ferreule à Sorvilier, Jura bernois, feurre et suffixe ola. /167/
- Ferreyre, D. Cossonay, Forrarias, 815, Cart. Laus., Ferrieris, 978, 1011, villa Ferrerias, 981, Hidber, II, Ferrarias, 1049, Ferrerias, 1096, Ferreria, 1141, Ferreres, 1174, 1236, 1269, 1344, M. R. D’après Gatschet, du v. h. all. voraha, sapin, lieu couvert de pins; d’après Studer, de forarius, all. Forrer, fr. fourrier. Les deux nous paraissent faux et nous dérivons ce nom comme Ferraire à Belmont, Ferreire, pâturage à l’Isle, en Ferreyre à Blonay et Saint-Légier, Fereyre, chalets sur Leytron, du v. fr. feurre, fourrage, du germ. fuotar, all. futter, bas latin fodrum, d’où fodraria, forraria, fourrière, bâtiment où l’on serre le fourrage. Même origine pour la Ferrière, commune de maisons éparses, D. Courtelary, Berne; par contre la Ferrière, anc. nom des forges de Là-Dernier à Vallorbe, 1285, vient comme les Ferrera des Grisons du latin ferraria, endroit où l’on fond le fer. Quant au chalet de Ferraire, alpes de Chamoson, sur le chemin de la mine de fer, il est difficile de décider.
- Feschel, D. Louèche, Valais, Veselli, 1267, Veselly, 7 fois XIVe s., Vesselli, 1357, Vexelly, 1363, 1410, Veschil, 1619.
- Fétigny, D. Broye, Frib., Festignei, 1142, M. R. XII, Fistiney, 1184, Hidber, Fistignier, 1380, etc.; de (fundum) Festiniacum, domaine d’un Festinius, gentilice dérivé du cognomen Festinus.
- Feuillasse, ham. de Meyrin, Genève, Follacia, 1286, Foliaciz, 1297, M. G. XIV, 189, 267, et bois près Satigny, 1305, Foliacum, Rég. gen., 389, 483. De feuille et suffixe augm. asse, à cause des bois qui l’entourent.
- Feuillerat, m. à Rougemont, Feuilleresse, bois à Delémont, Feuillerette ou Feuilleret, alpe de Louèche-Bains; de feuille et suffixe adj. eresse et dim. ette, forêts d’arbres à feuilles, en opposition aux conifères. Voir aussi plus loin Folly.
- Feur, For, du latin foris, dehors; Feurporte, quartier à Nyon, Feurtille, bois à Baulmes; en Forbuey à Etoy = en dehors de la porte, des tilleuls, du bois. A foris se rattache aussi le Bourg de Four, quartier à Genève, Burgum Foris au XIVe s., Borg de Feur dans Spon, 1670, le bourg du dehors, le château /168/ hors de l’enceinte (au comte de Savoie) par opposition au château intérieur, celui de l’Ile (à l’évêque). D’après Galiffe, ce Burgum foris ne serait qu’une traduction bas latine du français de l’époque, mais cet auteur ne propose pas une autre étymologie.
- Fey, Feydey, voir Fagus, Feigire.
- Fiesch ou Viesch, Haut Valais, Viu, 1196, Vius, 1239, Viox, 1233, Viosca, 1268, Vios, 1277, Vyes, Vies, 1323, 1325; du latin vicus, village, comme le bourg savoisien de Viuz. La forme Viosca s’explique par l’italianisation du nom vulg. all. Viesch déjà en usage parmi la population allemande. Les familles nobles souveraines, les Blandrate et d’autres, comme les Ornavasso, venaient du Novarais.
- Fiez, D. Grandson, Figiacum, 885, Fiacum, 888, de Feiaco, 1049, Hidber, I, 348, Fyx, 1179, Fie, 1228, Fyes, 1299, Fyez, 1342; Fiez-Pittet, ham. de Grandson, parvum Fiacum; comme les Figeac de France, autrefois Figiacum, de (praedium) Fibiacum, domaine d’un Fabius (Fibius), gentilice romain célèbre. D’après Gatschet et Studer, de l’all. fichte, pin, mais acum ne s’ajoute qu’à des n. d’hommes. Cette étymologie par contre est exacte pour d’autres Fiez, lieux non habités; voir Five.
- Figneroles, m. et territ. à Cuarny, D. Yverdon, Firiroles vers 1100, M. R. III, 581, Filleroles, Filliroles, 1174, 1177, M. R. XII; dérivé avec le suffixe dim. olas, plur. de ola, d’un n. commun indéterminé. Peut-être y at-il aussi un double diminutif erola. La double permutation r-l-gn rend la recherche encore plus difficile,
- Les Filasses, pâturage d’Anzeindaz. M. Isabel nous communique ceci : « na fila en patois est la cascade d’un long chenal horizontal déversant en aval les eaux fluviales. Il y a aux Filasses quelques sources qu’on a amenées à Anzeinde. »
- Filling, Grange — ou Phillings, ham. fribourgeois près Payerne. C’est évidemment le même nom que Fillinges, village près Bonne, Savoie — chez les descendants d’un Germain. Hidber, II, p. 322, appelle ce hameau Granges-Ferlein, orthographe que nous n’avons pas rencontrée et qui ferait de ce nom un dérivé de Ferhil, voir Ferlens. /169/
- Fin, du latin finis, territoire. Chaque village a sa Fin. Donne son nom à de nombreux hameaux et forme des composés : les Finshauts ou Finhaut, Valais, les Finyaux, 1294, les Feniaz, 1307, les Plansfins au col Ferret, Valais, etc. Le diminutif est fréquent : le Finet à Saulcy, Jura bernois, Finettes à Martigny; Fenette à Payerne, Fenettaz à Grandcour, Corsier, et une 12e de loc. Frib. Fenatte à Châtillon, Court, etc., Jura bernois. Fin est devenu Fan dans quelques composés. Longefan, prés à Valeyre-sous-Rances, Langefan, loc. à Roche, perm. o-a comme dans Prafandaz; Belle Fan à Penthaz, Rouge Fan à Essertines, D. Echallens.
- Findelen, ham. de Zermatt, autrefois Finelen, en fr. Fenalet, forme germanisée de Fenils. Il y a une alpe Findels, C. de Saint-Gall. Finneln, ham. de chalets à Staldenried; vient également de fenile, all. suisse Finnel, et désinence plur. en = les fenils.
- Finges, ham. et forêt à la limite du Valais romand et allemand, Fingio, 1321, 1339, Fynio, 1376, Finges, 1417; en all. Pfyn, comme Pfyn, Thurgovie, dans les chartes ad fines (Rhetiæ). Le g fait difficulté, c’est sans doute la consonification d’un i comme dans singe de simia. En considérant les anciennes formes on voit que le g n’apparaît définitivement qu’au XVe s.
- Finive, la — ou Fenive, sommet, alpes de Finhaut, frontière française; Fenives, loc. à Leysin, les Infinives, prés à Vionnaz, seraient-ils aussi dérivés de fin ? M. Bonnard, consulté, nous écrivait : « Je doute qu’on trouve beaucoup de dérivés en ive servant à former des substantifs. Cependant Godefroy a finitive, s. f. = fin. »
- Five, Fivaz, nom de nombreux bois, une 10e C. de Vaud; aux Fivettes, bois à Apples, diminutif; la Fia, Chaux-de-Fonds; Fin des Fies à Savagnier, Combe des Fias à Rochefort, Fya à Fleurier, 1282; de five (Vaud) ou fie (Neuchâtel), sapin, spécialement sapin rouge, rameau de sapin, le dim. fiola à Moutier = épicéa. Le 4 mai 1533, « les compagnons d’Orbe arborèrent la five » (signe de ralliement des catholiques, écrit Pierrefleur § LXII. D’après Gatschet, de l’all. fichte, nom du sapin rouge. /170/ « Les bois de fies et de sapins seront conservés … » acte de 1537 dans Boyve, II, 375. Il faut probablement y rattacher les bois de Fy à Gryon, de Fyay ou Fiay à Arzier, Bassins, et au Fiez, aujourd’hui vignes, à Fully, à Coinsins, et loc. à Borrex.
- Flache, prés à Ayent, et Fiache, prés à Chalais, Valais, la Flâche à Cugy, D. Broye; même racine que nos flachères, prés-marais où l’on récolte de la flache, vaudois du flat, de la litière; du fr. flache, s. f., creux léger : flâche d’une route, mare d’eau dans un bois argileux, lieu inondé, que Littré rattache à l’all. flach, plat, et Dietz au néerl. vlacke, terrain bas.
- Flambois à Vionnaz, flanc, côte du bois.
- Flammayen, ham. de mayens à Evolène = flanc, côte du mayen; Crettaz ès Flancs ou Crettaz des Flancs à Saint-Martin d’Hérens; Flanthey, ham. de Lens = flanc, coteau, large, étendu, de flanc et they, de tensus, voir teis, teisa.
- Flanche (Flantze), prés à Evolène, Valais = v. fr. flanche, s. f. = flanc, prés sur le flanc du coteau.
- Flendruz, nom de deux ruisseaux du Pays-d’Enhaut, Flandru, 1115, F. B. I, 366.
- Fleurie, nom de parties élevées de pâturages, sous les arêtes; du patois filoria, récolte de foin d’un pré, parce que ce sont des pentes rapides, non pâturées, mais réservées à la faux, telles sont les Fleuries sous le Tarent, Ormont-dessus, Floriettaz, partie gazonnée du sommet de l’Arnenhorn, Ormont, et Florettaz, même sommet, versant de l’Etivaz. Flore, sommet, alpes de Conthey, les Enfleuries, Infleuries à Vionnaz, l’En Fleurie au N. et au S. du Sanetsch, Luys Fleuriaz, alpes de Leytron et de Saillon.
- Fleurier, Neuchâtel, Flurye, 1282, Flurié, 1372, M. N. XLI, Florye, 1380 = (fundum) Floriacum, domaine d’un Florius, gentilice dérivé du cognomen Florus et connu par les inscriptions; Floriacum a donné les noms de 29 communes de France (dont 17 en y, 5 ey, 2 ieu, 3 ac).
- Flon, du latin flumen, rivière, nom d’une vingtaine de ruisseaux. Une forme plus voisine du latin est Flumi à /171/ Château-d’Œx, Flumier, 1603, et le dim. Flumeau à Lavigny et Lausanne. Le diminutif latin flumicellum (flumicellum Osnona, l’Oyonnaz à Vevey, 1236) a donné Flonzel, Allaman, Vich, Belmont, Flunsel, 1227; Flonzet à Molondin, Flonzalet à Puidoux, Flonzelet à Duillier. Désigne aussi des localités : le Flon, ham. sur Vouvry, lo Flon de Miez, 1281; de la même racine, Flums, Saint-Gall, curtis Fluminis, 766, et Flims, Grisons, Flemes, 766, en romanche flem, flim, flliém, flum, eau courante.
- Le Flot, monticule boisé à Leysin, et l’Efflot à Veyge, Leysin; non point par métaphore de flot, vague, mais par corruption de floc, s. m., touffe de laine, de soie, de poils, du latin floccus, pris ici au fig. pour un crêt boisé. On a dit floton, et en Lorraine on dit un flot, un nœud de rubans (Littré), Floquet, m. isolée sur Chéserex, D. Nyon, les Flochets au Landeron, diminutifs.
- La Foge, ham. de Marchissy; loc. à Colombey et à Monthey, 2 loc. à Montreux, l’une est peut-être le Foz près Vevey, 1215, M. R. VI, mot soumis aux recherches.
- Foirausaz, pâturage sur Bière; les Foireuses, rochers près du Velan, Valais; la Foirausaz, affl. du Sauteruz; ès Fueyrauses, m. à Vuadens; Foiroux, loc. à Chancy; Foireux, taillis à Port-Valais; du patois fouairau, sa, fr. foireux, qui a la diarrhée; par métaphore pour des localités humides, fangeuses, des torrents aux eaux boueuses.
- Follaterres, loc. à Fully : fausse orth., Bridel écrivait mieux Follataires, Fullateriis, 1232; autre à Mage, campo de la Follateri sub Magi, 1250; 3e à Saint-Léonard, Follateri, 1250, une 4e à Grimisuat ou Sion, la Foulateri, 1239; la Follatery à Granges, 1301, des Folateres à Drône de Savièse, XIe s. Aujourd’hui une Follatire à Ayent, Foillatire à Grimentz, la Follataire, châtaigneraie à Collonges, la Feulataire à Morcles et Vionnaz, Foullateriis, 1723, ès Folataires à Bex, les Follataires à Ollon, Etoy; Fulateyre à Charmey, Follatière, bois à Ballaigue, la Follatery à Bavois, la Feuillateyre (aire) à Villarepos et Essert, Frib.; les Feuillatières, lieu buissonneux, ravin de l’Allondon à Russin. Dérivé adjectif de Folliat, Feuillat, lieu boisé, feuillu, et /172/ suffixe adj. aire, eyre, ire = ière, donc terre couverte de buissons, de petits bois feuillus. Les localités que nous connaissons sont en effet couvertes de buissons partout où elles n’ont pas été défrichées.
- Ès Folles, loc. Aigle, les Follies, bois à Vouvry et Vionnaz, en la fulli, 1723, Folliaz, ham. de Villarimboud et plus. loc., la Folieulaz à Vouvry, dim.; du v. fr. folia, feuillée, patois follhe, bois feuillu, par opposition aux bois de conifères. Nombreux collectifs, Folly, pâturages, val Ferret, Ormonts, Château-d’Œx, Montreux; Château Folly à Château-d’Œx, Chastel Folliet, 1134, Hidber, I, 534, les Folliets, alpe d’Orsières, Foillet, alpe de Mex, Valais, Folliez à Etoy, Follier à Conthey, au Foliard à Vouvry, Foillerat, alpe à l’Etivaz, Foljeret à Louèche, en Follieraye à Mont-Rolle; Follieux à Renens et Fontaines, Folliux à Charmey, Folliaux, alpe de Villeneuve, Folliausaz à Prangins, Foilleusaz, sommet à Troistorrents. De la même racine les Foyers à Vouvry, jadis Foilly; la Fully à Cottens, Vaud, Fulli, 1377, loc. à Coinsins, Borrex, etc.; la Foulie à Sion, ly Fuly, 1414; la Fouly, ham. de Montherod, la Fully, 1375, en la Fouly à Gryon. Quant à Fully, village du Valais, voir ce mot.
- Fond, Sur la —, 2 m. au-dessus de la source de la Raisse à Fleurier; fausse orth. pour font, source. Frey-de-Fond, loc. à Chavannes sous Orsonnens, fausse orth. de l’atlas Siegfried pour Freide-Font, source froide. Une autre au XIIIe s., Fredefonds, Freidifons à Ecuvillens, Donat. Haut. Arch. Fr. VI.
- Fondras, Saigne ès — à Saignelégier; les Effondras à Rebévelier, Creux de l’Effondro, alpes de Port-Valais, à l’Enfondras, loc. à Croy et à Mathod; subst. dérivés du verbe v. fr. fondrer, d’où le mot fondrière : localités coupées de creux, de fondrières.
- Font, D. Broye, Frib., Font, 1011, Fonz, 1142, Fons, 1154, M. R. XII; de fontem, source, comme Funs, Grisons.
- Fontaine, et forme patoise Fontannaz; de l’adj. latin fontana, de source, a de nombreux dérivés : des collectifs, de fontanetum, lieu riche en sources, Fontaney, Aigle, Isérables; Fontany, Fully, Massongex, Charmey; Fontenais, D. Porrentruy, /173/ Fontanoux à Echarlens, Pfontanie à Louèche; Fontanezier, D. Grandson, Fontanisy, 1403; des diminutifs, Fontanettes et Fontanelles, plus. loc., Fontenailles à Monthey, Saint-Triphon, Fontenelles à Bagnes, Fontanilles à Peissy-Genève, Fontanal à Conthey, Fontanalles à Arconciel et Molondin, Fontanil à Salvan, etc.; Fontanasses à Saint-Maurice, dépréciatif; — des composés : Fontainemelon à Neuchâtel, Fontaine-Millon au XIIIe s., de Millon, n. pr.
- Forchaud, voir Frochaux.
- Forchex, ham. d’Ollon et loc. à Arnex, Forchy à Bourg-Saint-Pierre, Chardonne, Mollens, Rueyres; de furcetum : Forchire (ou Fourchy), ham. de Riddes, Valais; v. fr. forchière, petite fourche, au fig. dans la plaine pour bifurcation de chemin. Ces mots sont de la même origine que les nombreuses Forclaz, diminutif Forclettaz, des Alpes de la Suisse romande; du latin furcula, petite fourche, petit col ou localité dans le voisinage (et non de forum clausum, comme le veut Bridel, ce qui donnerait forclos); les Forcola du Tessin, les Fuorcla des Grisons ont le même sens.
- Forel, plusieurs communes et bois : Baulmes, Romainmôtier, ou même prairies : Lignières; mot du vieux français, du bas latin foresta, du verbe forestare, prohiber = bois, terrain à ban; diminutif forestella, d’où par contraction forel, racine foris, dehors. La forme primitive se retrouve dans ès Forestelles à Monthey, Forestallaz à Blonay, Foretal à Athenaz, Genève; en Foretallaz, loc. à Cossonay; Foretellaz à Boussens; une Foretalla à Avully, Genève, Foretaille à Bussy, Pregny, contractée dans la Forellaz, m. à Forel. Un nemus de Foresta vers 1170, Arch. Fr. VI, près Chebri et Posdors (Puidoux) est sans doute Forel de Lavaux, Fores, 1274, Forel, 1300; Forel, D. Broye, Forest, 1239, M. R. VI, 347, Fores, 1342, Forex, 1354.
- Forestay, ruisseau à Lavaux; Foretex, loc. à Blonay, le Foretay, bois à Vionnaz; autres formes de l’adj. forestai, forestier, entouré de bois.
- Formangueire, près Belfaux, Frib., Fromendeire, 1294, /174/ Fromenderie, 1363, Fromendeyri, 1431, Fromendery, 1445, aujourd’hui en patois Fromendiaire = (terre) fromentière, adj. v. fr., qui produit du froment.
- Fornet, loc. à Aigle; ham. de Lajoux, D. Moutier, Fornals et Fornaz, 1181; les Fornets à Marchissy et val d’Illiez, au Fournet à Vionnaz; de fornet, petit four; Fornex à Ollon, Monthey, Fornels, 1696, au Forney à Villeneuve, ès Fornels à Chardonne, Forny à Liddes, Fornez, 1228, à Charmey, et 5 autres loc. Frib. = fornil, du latin furnile, four. Fournoutz à Bourg-Saint-Pierre, et peut-être au Founoux à Hérémence, la Forneyre à Lovatens, Fornache, Ormonts, Port-Valais, Ollon, Vionnaz, etc., Fornasse à Attalens, augmentatifs, correspondants du fr. Fournaise, loc. à Saint-Léonard, Sion. Noms désignant des endroits chauds, bien ensoleillés, des pâturages bien exposés.
- Foron, nom de nombreux ruisseaux de la Haute-Savoie, Taninges, Scionzier, Bogève, Sciez, Reignier, deux à La Roche, enfin celui qui forme la frontière genevoise, Ferons, 1269, M. G. XIV, nom sans doute celtique comme tous ceux de rivière. Si l’on considère qu’on a probablement ici la permutation savoisienne s-f, Foron pour Soron, on y retrouvera le nom de la Sarine, jadis Sarona, de la Serine et de la Valserine, les deux autrefois Sorona, et la racine sanscrite sar, couler, voir ces mots. Cette permutation s-f se retrouve dans le nom du torrent du Fier qui s’appelait Cier, Ciers au XIIIe s., Reg. gen., 285, 341; elle est fréquente en Savoie, aussi chez nous soit que le s vienne d’un c latin, sangie-fingle (de cingula), segogne-fegogne (de ciconia), soit d’un s, l’Essert-le Fer (de sartus), a satti-a fatti (de satis).
- Forré, au —, champ à Marchissy; du bas latin fodrum, paille, v. fr. feurre et foirre, du v. h. all. fuotar, all. futter, fourrage. En Forez, champs à Chavornay, a peut-être la même origine, mais le r simple paraît le rattacher plutôt à Forel.
- Forts, Chavannes-les—, D. Glâne, Frib., Chavannes les fors, 1346, Matile, Praz de Fort, hameau le plus éloigné de la commune d’Orsières; de foris, dehors, en romanche four, for.
- Fortune, ham. de Villariaz et de Chavannes sur Orsonnens; /175/ loc. à Saxon et à Orsonnens; Fortuno ou Fortunaux, ham. d’Ayent et mayens à Vernamiège; de fortune, sort, chance favorable. Ce nom abstrait étonne; cependant on le trouve déjà au XIIIe s. : Un Ulric de Granges donne en gage sa vigne de La fortuna, charte de Conthey, 1256, M. R. XXX, 19. On connaît aussi des Solitude, Abondance (Savoie), Famine (Orges), Gaieté (Vugelles), Repentance (Genève), Plaisance (Riez), Charité, Ferté (France); le Berry a plusieurs Malaise, 4 Nuisance, etc.
- Au Forvey à Romanel-Morges; subst. verbal de forvoier, s’écarter : localité éloignée de tout chemin.
- La Fory, deux bois de pins à Bovernier et Sembrancher; ham. de Fully, — pins partout où la vigne ne les a pas chassés; — pourrait venir de l’all. föhre, pin : quelques noms d’arbres nous viennent de l’all., daille, fie, saule.
- En Fossabert, loc. à Gland; paraît formé de fosse et d’un n. pr. comme Prabert.
- Fossard, ham. à Thonex, Genève, et 3 ham. Frib.; une charte de Gruyère, 1431, parle d’un rivum dou Fossard; Fossau, Fossiaux, Fossioux, Fochaux, plus. ham. et nombreux lieux-dits, Fochau à Lignerolles, Fossey à Daillens, Fossy, écart de Farvagny et ruisseau, affl. de la Dullive, Fosseau, ruisseau, bras de la Dullive; le Fossaux, torrent de Vouvry; au Fossorey, loc. à Vionnaz; lieux enfoncés, torrents creusant leurs rives. Nom ancien : un Fossaul, 1204, Fossau, 1227, à Lutry, in Fossato à Yens, 1295, M. R. III, 513.
- Les Fotelats, bois à Buix, D. Porrentruy; de fouteau ou foutel, dim. de fou, hêtre, et suffixe dim. jurassien at = et : les petits hêtres.
- Le Fouetteley, petit bois près Bullet, D. Grandson; probablement de foutel, petit hêtre, et suff. coll. ey.
- Foule (La), maisons à Payerne, Vallorbe, Croy, La Sarraz, Marly, Gorgier, le Locle, Boujean, etc.; de foule, ancien moulin à foulon, généralement propriété du seigneur, où chacun était tenu de fouler ses draps, follare pagna sua in folla subtus Croy, Cartul. Romainmôtier. La Folla à Monthey, La Follaz à /176/ Romont, Lussy, Cheiry, même sens. Foulaverney à Bussy sur Moudon, la Foule de Verney.
- Founex, D. Nyon, Fosnai, 1224, M. R. XII, 69, Founai, 1251, M. G. XIV, Fonay, 1295, M. R. V, 393. Peut-être d’un cognomen romain tel que * Fonus : il y a un gentilice Fonius; (prædium) Fonacum donnerait Founai, Fonay. Le s de 1224 est peut-être parasite, cela arrive assez souvent. Le Reg. gen. Répertoire, p. 484, donne Fornay : faute d’impression ?
- Fourche, nom de plusieurs cols; de furca, fourche, col profondément échancré entre deux pointes; le Fourchon, ham. de Treyvaux, diminutif; les Fourchons, patois Fortzons, chaîne de rochers au Saint-Bernard; de fourchon, dent de fourche; la Fourchette à Trient, diminutif.
- Fourches (les), nombreux lieux-dits : Pré des Fourches à Villeneuve, Vers les Fourches, Pompaples; aux Fourches, etc., souvent sur des éminences, des crêts, à Rue, Delémont, Lully, Maracon, Lucens, Sembrancher, etc.; les Forches à Saint-Blaise; de ad furcas, les fourches patibulaires, le gibet, construit sur quelque endroit élevé aux abords des localités où le seigneur avait droit de haute justice. Vers le Gibet à Cudrefin, et Sur la Hart à Delémont, même sens; de hart, proprement la corde avec laquelle on pendait les criminels au gibet.
- Les Fours, mazots sur Vionnaz, et Sur les Fours, prés au-dessus, pente exposée au N. Sans doute une fausse orth. four pour fou, comme dans la Combe du Four, voir Faoug et Fagus; donc = les Hêtres, Sur les Hêtres, qui sont assez abondants dans la localité. Quant à Sur le Four, 2 loc. au N., 1960 et 1880 m., alpes de Liddes et de Bourg-Saint-Pierre, à plusieurs centaines de mètres au-dessus de la limite des hêtres, qui manquent d’ailleurs dans l’Entremont, peut-être de furnum, d’un four à chaux qui aurait été établi là.
- Les Foyers, bois à Beurnevésin, Jura bernois; forme masculine corrrespondant au fém. Foyère (patois fohira, de fagaria), de fagus et coll. arium = bois de hêtres. /177/
- Fraidaigue, ham. de Saint-Prex; de frigida aqua, eau froide : une source très fraîche en cet endroit.
- Fraidera, loc., — pente au N. — à Develier, Jura bernois; dérivé de freid, e, froid, bien que le suffixe soit difficile à expliquer.
- Fraises, les —, m. foraine de Tramelan; de fraise, s. f.
- Frane, Frêne, Franoz, Frenoz, nombreuses loc.; de fraxinus, frêne, le collectif latin fraxinetum, bois de frênes, a donné les divers Frenoy, Freney, Saint-Gingolph, Franey, Franex, ham. d’Ecoteaux, de Remauffens et commune, D. Broye, Frasnei, 1142, 1242, Franeys, 1337; le latin fraxinaria, frênaie, a donné Frenières, Bex; Franières à Rossinières, Fregnire, Ormonts; Fragnire à Neirivue, Frasnieres, 1235, etc. Diminutifs, Fragnolet, Château-d’Œx et Gruyère; Fregnoley à Bagnes, Frenelley à Corbeyrier et La Rippe.
- Frasse. Un ancien mot français, dérivé également de fraxinus, a donné des noms de lieux plus communs encore; c’est fraisse, fraîche, fréche, dim. fraisseau, un des noms vulgaires du frêne dans les provinces du midi de la France; il faut y rattacher notre mot frasse (correspondant au mot casse, de quercinus, employé dans l’Armagnac). Le ladin a frasen, le romanche fraissen. De ce mot viennent les nombreuses Frasses, une quinzaine Vaud et Fribourg, et plusieurs dans le diocèse de Genève, Fracy, Fracia, Fraxia, Reg. gen. III, 485. Citons en particulier Frasses, D. Broye, Fribourg, Frasces, Fraces, 1142, Cart. Month. 5, hosp. S. Marie in Frescin, 1225, F. R. II, 52, hosp. de Frescein, 1228, M. R. VI, Frasses, 1337, et Frasses, D. Lac, all. Fraschels, Freschens, 1276, Freschols, 1302. Ces formes de 1225, 1228 montrent bien l’origine. De là également les Frassis, Château-d’Œx, Gruyère; Frassys, Villeneuve; les diminutifs Frassettes, Ormonts, Fracettes à Vionnaz, Frassillet à Charmey, Frassonayaz au val d’Illiez, ainsi que les formes patoises où ch, ts remplacent ss : Fratzes, Martigny; Fratzi sous le Grammont; Fratzay à Leytron, Frachy et Frachiaz à Bex; Frachey aux Ormonts, Frachay à Liddes, Frachiers, plan, vers 1720, /178/ le Frache à Lavey et val d’Illiez, bois de Fréchaux à Gimel, et le dim. Fracheret à Gryon; un pratum de la Fraschi à Vex, 1213. Peut-être quelques-unes de ces dernières localités tirent-elles leur nom de fratzi, frachi, mettre en pièces, briser, latin fressus, brisé.
- Frères, Bois des —, près Genève, ancienne propriété des Frères prêcheurs ou Dominicains de Plainpalais.
- En la Frémi, m. à Saint-Gingolph, les Fremiés, propr. sur les Mosses d’Ormont où abondent les fourmilières (Isabel); le Froumillet, pâturage Jura d’Arzier; Froumy, loc. à Saint-Martin, Fribourg; du patois frémi, froumi = fourmi.
- Frégiécourt, all. Fridlinsdorf, D. Porrentruy, villa qui romano dicitur Frigiecort, theutonice Fridestorf 1237.
Nom français. Nom allemand. Frigiscurth, 1136, 1218. Fridestorf, 1237. Frigiscort, 1180. Friderstorff, 1295. Frigiecourt, 1221. Friedrichsdorf, 1308. Frigiecurt, 1305. Friedlinsdorf aujourd’hui. - Nom français : court, ferme de Frigis, du gothique freis, v. h. all. fri, libre, n. all., village de Frid, le paisible, puis de Frédéric, enfin de Fridolin, tous trois du reste de la même racine frid, paix. Rien de plus curieux que le changement de nom que l’endroit a, sous la plume des notaires, subi à quatre reprises, ou, si l’on s’en tient aux deux groupes, de la forme allemande à la française.
- Fresens, C. Neuchâtel, Fresens, 1268, Fresain, 1290; de Frisingis = chez les descendants de Friso, n. pr. germain. Un Fredingis, 930, in pago Wald. pourraitil être Fresens ?
- Frête, du germ. first, faîte de toit, v. fr. frête, nom commun de localités, pâturages près des arêtes. Frétaz, ham. de Bullet, de Vaulion, de Pomy; les Frêtes, près du Locle; Fritaz, ham. sur Saint-Gingolph; dim. Fréterettaz, pâturage d’Arzier; Fréteux, loc. à Fontenay et Courchavon, adjectif.
- Frétereules, ham. près Noiraigue, Neuchâtel, apud Fructurules, 1247, Fructereules et Fretereules, 1346, Fruteroules, /179/ 1380; de fructurolas (curtes), lieu fertile en fruits. Un autre Fréterolle, au col de Coux, versant français, Fruyterolaz, 1438, Mém. Inst. Gen. VIII, dim. de fruitière, au sens de laiterie.
- Le Frézillon, loc. à Vallorbe; de fresillon, nom vulgaire du troène, Ligustrum, et du fusain.
- Frinvilliers, all. Fridelischwart (Fridlinschwanden d’après Zimmerli, de schwanden, essert,) ham. d’Orvin, D. Courtelary, Friderichswart, 1311, Frunwelier, 1393, Freyvilliers, 1403, M. N. XXXIV, 267 = village (n. fr.) ou poste de garde (n. all.) de Friderich (puissant pour la paix).
- La Frinze, torrent, affl. de la Navizence, Valais; subst. verbal de fringuer, sauter, gambader, probablement du bas breton fringa, sauter, avec permutation g-z (comme longue-lonze). En patois le subst. verbal désigne parfois l’auteur de l’action, une batollhe, de batolhî, etc. Pourrait peut-être venir aussi de freinze, crevasse, de freindre, du latin frangere, briser.
- Les Friques, Villars —, Fribourg; du v. h. frique, provençal fric, du gothique friks, v. goth., frec (d’où l’all, frech), joyeux, hardi, gaillard; donc village des (hommes) hardis, joyeux. Ancien génitif les pour des, comme Villars-le (du) Comte, Villars-les Moines.
- Frochaux, ham. d’Enges, Neuchâtel, Froischaud, 1397, Chambrier, 587, Forchau, 1670, carte du P. Bonjour, Mus. N. XXXI, 288; Frochet, loc. à Roche; Frochex ou Froschex à Syens; Frossaux à Ecublens, Fribourg; Frotzé, loc. à Vuibroye, Frochais, 1154, Froschais, 1155, Froscais, 1179, Frochays, 1273, M. R. XII, Froschex, 1589. Avec métathèse de l’r : Forchaut à Boveresse, 1345, au Forchaux à Cernier, Neuchâtel, Forchaux ou Forchaud (Forcho dans Kuenlin) à Hauteville et Treyvaux, Fribourg, en Forchaulx à Praroman, XVe s. Du v. fr. froc, terre inculte, mot très employé jusqu’au XVIe s.
- Froidevaux, 2 ham. de Soubey et Montfaucon, Jura bernois; de frigidam vallem, froide vallée.
- Froideville, une commune et 3 ham., 2 Vaud, 1 Fribourg; de frigidam villam, ferme froide. Froideville était aussi autrefois /180/ le nom des Tavernes, D. Oron, Froydevillaz encore en 1592, 1679, bien que Tavernes fût déjà employé.
- Fromentaux à Crans, pl. de l’adj. fromental, et Fromentey, m. à Sâles, Fribourg; de froment et coll. ey; champs de froment.
- Fromentin, Plan —, ham. d’Ormont-dessus; d’un n. pr. connu déjà en 1402. Johannes Fromentin et un Petrus Rubuy étaient les deux premiers syndics d’Ormont-dessus en 1494.
- Frontenex, ham. de Cologny, Genève, Frontunay, 1309 et 1368, Frontenay, 1438, M. G. IX, 283, XVIII, et III, 210 (Humbert écrit Frontenay, 1862); de (prædium) Frontenacum, domaine d’un Frontenus = Frontius, gentilice qui a donné le nom de 7 communes de France.
- Fruence, vill. près Châtel-Saint-Denis, autrefois chef-lieu de toute la contrée, Fruenci, Friwenci vers 1180, Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Frewencia, 1095, Fruenci, 1215, 1220, 1228, Fruencia, 1228, Fruentia, 1255, M. R. XXX, 9. D’après Gatschet, du bas latin frua, de fruor, désignant spécialement les produits du laitage; étymologie douteuse. Plutôt dérivé d’un n. pr. germain. On trouve un Fruonzo en 1180 dans Tr. I, 383.
- Fully, D. Martigny, Valais, Fuliacum vers 1100, Fullye, 1250, Fullie, 1250, 1324, Fulli, XIVe s.; de (prædium) Fulliacum ou Folliacum, domaine d’un Follius, gentilice romain. Holder, p. 1499, cite un prædium Folliacum.
- Le Furcil, loc. Val de Travers; paraît être un dérivé de furca au sens de bifurcation de chemin. Ducange a fourq, via in furca divisa. Il faudrait supposer un mot furcile, d’où le suffixe il. Mais les dérivés de furca ont o et ou, et non u, nous fait observer M. Bonnard; donc origine indécise.
- Fussy, loc., 2 m. Combremont. Pourrait être un (fundum) Fusciacum, domaine d’un Fuscius, gentilice romain dérivé du cognomen fuscus, brun.
- Fuyens, D. Glâne, Fribourg, Fuens 4 fois 1150-1180, Donat. Haut., 1198, M. F. III, 69, Fuiens, XIIe s. (1167 ?), Fuens, 1360, 1668 = chez les descendants d’un Germain dont le nom vient de la racine Fug, qui a donné le n. pr. Fugilo. /181/
- G
- La Gabiare ou Gabière, ruisseau, affl. de la Birse par la Scheulte, forme féminine correspondante au v. fr. gabeur, moqueur, de gaber, railler, se moquer; les noms de ruisseaux abondent en figures : la Gaie, la Gaillarde, la Rogneuse, la Mionnaz, etc.
- Gachet, ham. de Founex, loc. à Courtilles; du v. fr. gaschié, s. m., marécage, terrain humide, de la famille de l’all. waschen (note de M. Bonnard); les Gachettes, m. Haut-Vully, et ès Gachettes à Trélex, même origine ? (ou du n. pr. Gachet).
- Gademoz, chalet à l’Etivaz (frontière allemande !); du v. h. all. gadam, grange, fenil, comme les nombreux Gadmen des Alpes. Le Pays-d’Enhaut a de nombreux noms allemands : Rubli, Gumfluh, Coumattaz, Schuantz, Bodemos, etc.
- Gagnerie, sommet sur Evionnaz, Valais; de gagner, au sens archaïque de faire paître, à cause des pentes herbeuses qui en couvrent le flanc S. et que l’on peut paître. Littré (Addition) donne gagnerie, nom de métairies dans certaines parties de la Bretagne, et dans le centre, d’après Joubert, ce mot désigne les terres cultivées sur la lisière des bois.
- La Gaillarde, ruisseau à Bougy, D. Rolle; adj. gaillard, gai, joyeux.
- La Gainaz, m. à Noville, entre le Rhône et un ancien bras; la Gaine, pâturage dans un étroit vallon, Ormont-dessus; du n. c. gaîne, de vagina, à cause de l’étroitesse de la localité; la Gainèche, loc. à Saint-Braix, en est peut-être un dérivé.
- Au Galataz ou Galetas, loc. à Etoy, Bursins, Lully, Villars-sous-Yens; du v. fr. galatas, allusion à la position élevée.
- La Galeisaz, ham. d’Ormont-dessus = la jolie en patois vaudois, d’une racine germanique gâl, gai, joyeux. De là encore ès Galaises à Vouvry; les Galeides à Troinex, Genève; Galeyaz, champs à Chalais, Valais; la Galaz, ham. de Vaulion; le Lieu-Galet, m. à Develier, Berne; ès Galites, ham. d’Hermenches, Vaud; Pré Gallé ? à Chavannes-de-Bogis (peut-être pré de Gallé, n. d’h.).
- Gampel, D. Louèche, Valais, Champilz, 1238, 1366, Campiz, 1305, /182/ Campuel, 1309, Champiz, 1339, Champez, 1344, 1357, M. R. XXIX, XXX, Gampil, 1454, etc.; de campellum, petit champ.
- Gampelen, D. Cerlier, Berne, Gamplunch, 1225, F. B. II, 52, Kamplunc, 1229, Zeerl. I, fr. Champion, Champion, 1179, Matile, I, Champlun, 1228, Jampluns, 1235, M. R. VI, 15, 623, Champlon, 1289; les deux de campilionem, dim. de campum, champ.
- Gampenen, ham. de Louèche, Valais, fr. Gampière, Champagnes, 1267; de campanias, campagnes.
- Gamsen, D. Brigue, Valais, Gamosun, 1233, Gamoson, 1312, Chamosono, 1392, Gamse, 1400. D’après Studer, de campus; mais toutes les formes anciennes le dérivent du v. h. all. gamuz, chamois. C’est le correspondant de Chamoson.
- Gandole, loc. à Genthod, Genève, ès Gandoules, prés sous Aigle. Nous pensions à en faire une autre forme de gondole, rigole pavée, qui pourrait désigner ici rigole en général; dans le Berry : une gondole de pré. M. le professeur Bonnard l’estime peu probable, gondole n’ayant été emprunté à l’italien qu’au XVIe s. Ce n’est pas une raison absolue, le mot est anciennement connu chez nous. Pour la permutation o-a, nous avons à Aigle Prafandaz ou Prafondaz = profonde.
- La Gara, ham. de Jussy, Genève; subst. verbal de garer ?
- La Garde, ham. de Sembrancher, Warda, 1322, et chapelle à Evolène, Wuarda, 1280, etc.; du v. h. all. warta, signal, tour de garde.
- La Garennaz, loc. à Montagny, Yverdon; la Garenne, ham. de Satigny, Genève = v. fr. garenne, terrain de chasse réservé au seigneur, du v. h. all. waron, garder.
- Garonne, ruisseau à Bougy; voir Géronde.
- Gaulé, Gauloz, voir Gueule.
- La Gayaz, m. à Combremont; probablement de Gay, n. pr.
- La Gay, ruiss. à Vaulion; prob. la gaie, adj.
- A la Garitalaz, vignes à Essert-Pittet, D. Yverdon; ès Garitalles à Mur, D. Avenches; dim. de garita, fr. guérite, /183/ maisonnette pour la garde des vignes, où l’on se gare, s’abrite en cas de pluie. A Savièse, ’na garetta est une maisonnette de vigne (étymologie fournie par M. Isabel).
- Géline, Creux —, combe à Soulce, Jura; creux (des) gélines, des poules de bruyère. Voir aussi Combaz Gelin.
- Gemmi. Nous mettons ce mot, bien qu’étranger à la Suisse française, parce qu’il est connu de chacun et qu’on en a proposé 5 ou 6 étymologies 1. Voici, croyons-nous, la vraie, inédite. La Gemmi s’appelait Curmilz en 1252, F. B. II, 350, Curmyz, 1318, M. R. XXIX et XXXI; Gemmius mons, 1577, Gämmi, 1608, Arch. Louèche-bains d’après Zimmerli. Les deux formes primitives indiquent l’origine : du latin culmen, sommet (all. kulm), avec permutation de l en r; en Dauphiné, courme = sommet. Quant à la terminaison ilz = ils, forme plurielle, elle était répandue dans la contrée, ainsi à la même époque Gampel s’appelait Campilz = les champs. Donc Curmilz = les sommets; un Vaudois dirait : les frêtes; ce qui est tout à fait juste pour un habitant de Louèche. On y parlait français alors, et le mot s’est déformé sous l’influence de l’allemand introduit au XVIe s. Die Gemmi, aujourd’hui fém. sing., serait donc dérivé d’un masc. plur. romand.
- Génépi, Aiguille du —, sommet des Alpes de Trient, au S.-O. du glacier, et le Dzennepi, presque en face, à l’E. du glacier; de génépi, génipi, nom patois de l’Armoise Mutelline, qui abonde dans leurs rochers.
- Le Genet, villa près Rolle, déformation de l’Oujenet, 1269, Ougenet, 1597, diminutif d’Oujon, chartreuse près Arzier, à qui ce domaine appartenait. Il s’appelait antérieurement Marmotéa.
- Les Genêtes, pâturage de Premier; probablement du vaudois genette, s. f., patois djenetta, jeannette dans le Berry, un des /184/ noms populaires du Narcisse des poètes si abondant dans certains pâturages de la région.
- Genève, Geneva dans César, Genava, III-VIe s., Gebenna dans toutes les chartes du moyen âge, employé pour la première fois par le pape Pascal II en 1100, peut-être, suivant Galiffe, pour éviter la confusion avec Gênes. On trouve les formes Geneva, Genava, Genuava, Gennava (Tab. Peutinger), Genova, Genabe, 563, Genua, 441 517, 585, 859, Cenava, 381, Jenava, 523, Janoba, Januba, Jenuba, Jenuva, Januva (Grég. de Tours), Janua (Frédégaire), Januis. Du celte genava, bouche de rivière, embouchure, gen, bouche, et ava, eau; hibern. genou, cornique genau. Le nom ligure de Genua, Gênes, a le même sens d’après Holder.
- Les Geneveys, 2 vill. Neuchâtel, Genevais, 1738, et les Genevez, D. Moutier, Berne, les Geneveys, 1381 : trois communes dont la fondation est attribuée à des colons genevois venus pour s’y établir en 1291, voir Boyve, I, 250, et 1307, mais aucun document d’aucune espèce, ni à Genève, ni dans le Jura, n’est venu confirmer cette tradition.
- Genièvre, Genèvres, Geneyvroz, Genevroz, une 10e de loc. Vaud et Fribourg; de juniperus, genièvre, Genevrets, Montreux, Avry, Genevrex, Chexbres et 7 loc. Frib.; Genevray, Conthey, Ardon; Genevris, Châtelard, Frib.; Geneveret, Soubey et Vicques, Jura; de juniperetum, lieu où abondent les genévriers; Genevrausaz au Châtelard, Vaud, et Geneyvroux, h. Rueyres-Tréfayes, Frib., adjectifs; Geniévries, Chéserex; Genevries, Bursins; Geneveries, Goumois; Genevrières à Meinier; les Genavrières, Lugnez, Jura, collectifs. Il faut sans doute y ajouter ès Genevières, champs à Liddes, Valais, et la Genevière, loc. Barberêche, Frib.
- Genollier, D. Nyon, Genolliacum, 1110, Genollei, 1164, Genollie, 1180, M. G. IV, 78, V, 381, Genoliacum, 1195, M. R. XII, Genolli, 1204, Genolie, 1211, Jonolie, 1221, Jonolliey, Jonolliez, 1235, M. R. V, 221, XII, 20, et XXVIII, 72; Genoglier, 1256, etc. D’après Gatschet, copié par Studer, de gallina, poule, /185/ d’où le patois djenellier, poulailler, « parce que, dit-on, le couvent de Saint-Claude avait là son poulailler. » Mais cette explication nous paraît douteuse, le suffixe acum ne s’ajoutant qu’à des noms d’homme.
- Genthod, C. Genève, Gentoux, 1290, Genthous, 1306, Genthouz et Gentou, 1328, Gentouz, XIVe s., M. G. I, 122, IX, 242, XVIII, 106, XXI, 173. On trouve encore Gentour d’après M. F. de Saussure qui le tire de janitorium, cabane de garde.
- Georgette, quartier de Lausanne, Jargeta, Jargetaz, 1270, Gargata, 1239, Jariata, 1238, M. R. VI, p. 632, 656, « vineam inter palaieres et Jariata, », ce qui montre que le Jarlata, 1233, page 599, est une fausse lecture l pour i, Gorjectaz, 1548.
- Gerdil, à La Rippe; Gerdy à Nendaz, Zerdy à Leytron, — permutation valaisanne g-z, — autre forme, plus ancienne, de jordil, jardin, gerdil au XIVe s. Du v. h. all. garto, parallèle du latin hortus, jardin.
- Y Gères, alpe sur Grimentz, Valais, est probablement alpes Gerias, 1100, des monts de Vercorin, M. R. XVIII; origine inconnue.
- Gérignoz, ham. et ruisseau, aussi appelé Gérine, à Château-d’Œx, Jurienus, XIe s., Giriginoz, 1137, Hidber, I, 534, aqua seu fluvio vocato Jurignioz, villa de Jurignioz, 1341, Brenno de Jurignyo, 1389 (il y a encore des Brénon à Gérignoz), M. R. XXII. D’après ces textes, Gérignoz serait un dérivé d’un adjectif jurinus, de juria, forêt, ou une contraction de juricinus, nom fréquent dans les chartes, et signifierait l’eau de la forêt. D’autres textes le confirment : deux ruisseaux de Gérignoz coulant au S. -E. du Gibloux sont désignés « inter duos juricinos, juricinus, » 855, M. R. VI, 202, 203, et « duos rivos nominatos Jurenses, 1145, M. F. II; la Gérine, ruisseau à Cully, même sens, ainsi que la Gérine, affl. de la Sarine, descendant de la Berra, couverte de forêts, Argerona, 1314, 1324, même nom avec préfixe ar = rivière; voir cependant Géronde.
- Ès Gerit ou ès Jerys, forêt à Colombey, Valais, au XVIIIe s. en Jury; en la Gery, prés à Colombey; évidemment de la racine jur, /186/ joux, forêt, et suff. collectif y. Cette forme Gerit pourrait expliquer les mots Zériet, alpe d’Ayent, loc. à Iserabloz, à Vétroz, et le bois de Géricton à Ollon. Le changement de u, ou en e se retrouve dans d’autres noms, ainsi le Routet-Retet. Quant au c de Gericton, il est parasite, comme dans nombre de mots Jouctens, Boctens, Georgectaz.
- Germagny, ham. de Mont sur Rolle, Germaniacum, 1018, 1049, Hidber, I, 309, Germanie, 1228, M. G. XIV, 23, villa Germaniaci, Germagnie, 1284, Germanye, 1293, Germagnie sur Romanel, 1305, M. G. IX, 203, Germagnier, 1314; = (praedium) Germaniacum, domaine d’un Germanius, gentilice romain.
Les auteurs du Régeste genevois, ignorant l’existence d’un Romanel à Mont, ont fait du Germagny de 1305 une localité à Romanel sur Morges; voir Romanel. - Géronde, ancienne chartreuse au bord du Rhône près Sierre, Valais, Gyrunda, 1233, Gironda, 1267, Gyronda, 1285, Girunda, 1298, Gerunda, 1331, etc. Ce nom présente une étroite parenté avec Gironde, fleuve de France, ou Garonne, Garumna et Garonne, ruiss. à Bougy, D. Aubonne. Il y a là peut-être un autre exemple de la permutation mn-nd, comme columna-colonde, vidomnus-vidonde, et la forme primitive serait Gar, Gerumna, où l’on peut démêler une racine indéterminée et amn, fleuve. La racine ger se retrouve dans un grand nombre de rivières : Giers, Gers, Gière, Gère, en France, et nos Gérines pourraient s’y rattacher aussi, malgré les textes latins qui les rapprochent de juria.
- Au Gésiaux, bois à Rueyres, D. Echallens; subst. de la racine de gésir, « patois se dzezî, se coucher sur le flanc pour se reposer » (Isabel), avec suffixe patois iau = oir, comme Lanciau, Chargiau, Battiau, endroit où l’on se repose, où l’on se couche.
- Gessenay, n. fr. de Saanen, Gissinai, 1228, Gissiney, 1270, Gisinay, 1328. D’après Hisely, M. R. X, du v. h. all. Giessinin, de giessen, verser, à cause des nombreuses chutes d’eau. Sous toutes réserves. Une autre explication paraît plus plausible : un /187/ traité de paix conclu entre les gens de Gessenay et ceux de Frutigen en 1340, M. R. XXII, p. 126, dit : « Die landlüthe .. von der march uff von Wisenœya untz (bis) an das gebirge von Wallis. » D’après ce texte Gessenay serait une dérivation régulière de wisen, les prés, et Œy, nom de la contrée, par la permutation de w en g. Il est vrai que w donne dans la règle g dur; mais il y a des exceptions, ainsi vipera donne guivre et givre et g dur devient aussi g doux.
- Les Gets, ou les Gez, chalets, maisons éparses, vallée de la Brévine, comme les Gets, village du Chablais; synonyme de gîte, bas latin gistum, de jacitum. Mais les Gex, vergers à Vérossaz, et aux Gex, Saint-Gingolph, vient de Gex, n. de famille.
- Gibloux, sommet C. de Fribourg, Jublios, 1138, Donat. Haut., Monte Jubleur, 1141, Jublor, 1227, Jublors, 1240, F. B. II; du v. h. all. gibil, pointe, all. moderne Giebel, pignon, faîte (d’après Gatschet).
- Giète, nom de nombreux pâturages en Valais, aussi Giette, en patois Diette : Massongex, Djète, Dorenaz; Gittoz, Gittes ou Gite, une 30e Vaud, Fribourg et Jura, Gissaz, Frib.; Gittettaz (et Gissettaz, 8 pâturages Fribourg), diminutifs; du bas latin gistum, gîte. Gitroz, Giétroz, Gétroz, ham. et pâturages en Valais, le même mot avec épenthèse d’un r; les Agittes ou Agîtes sur Aigle, les Agettes près Sion; le même avec le préfixe a (ad).
- Giez, D. Grandson, Gies, 1011, 1221, 1228, M. R. VI, 19, 123, Gisium vers 1100, M. R. I, 165, Gis, Giei, 1154, M. R. III, 441, 475, Gyz, 1179, Giez, 1199, M. R. XII, Giacum, 1297, M. R. XIV, Gye, 1364. — Gy, C. de Genève, Gyez, 1208, 1227, M. G. IV, 17, 42, Giez, 1304, 1318, Gyez, 1324, Matile, Gye, Gie, Rég. gen. Un Gy de France (Loiret) s’appelait jadis Giacum. Holder, 1513, ce qui paraît être une contraction de Gaiacum, ainsi Giez et Gy seraient des (fundum) Gaiacum, domaine d’un Gaius. Quant à Gisium, c’est la latinisation du mot romand.
- Gifrisch, ham. près Mörel, D. Rarogne, Valais, Chevrils vers 1200, Chivriz, 1250, M. R. XVIII et XXIX; de caprilia, étable à chèvres; voir Chevrilles. /188/
- Gillamont, ham. sur Vevey, vico de Gillamont, 1213. M. R. VI, 362.
- Gillarens, D. Glâne, Fribourg, Gislerens, XIIe s., M. R. XII, 140, Gislarens, 1225, M. R. VI, 160, Gillarens, 1273, M. R. XII, 200, et Gillarens, loc. à Vucherens, Vaud = chez les descendants de Gisilhari, n. pr. germain.
- Gilly, D. Rolle, Juliacum, 1179, M. G. IV, 83, Gilie, Gillie, Julie et Giliacum dans une même charte de 1265, Gillye, 1276, Gilier, 1332, Gillier, 1352-1446, etc.; de (fundum) Juliacum, domaine d’un Julius, gentilice romain. Il y avait des Julius à Nyon.
- Gimel, D. Aubonne, Gemella entre 983 et 993, Hidber, I, 263, Gimellis, 1051, Rég. gen., Gemes, 1139 (bulle de Rome, les orthographes y sont parfois défigurées), Gimelz, 1172, Gimez, 1265 et 1344, M. G. XIV, 380, 80, et IX, 234, Gemels, 1285, Gimello, 1299, M. G. XIV, 276, Gymelz, 1494. Gemellae est un nom fréquent de localités antiques : De Vit, Onomasticon, II, 223, en cite 10. De l’adjectif gemellus, jumeau, double : (villæ) gemellæ (fermes) jumelles, voisines.
- Gingins, D. Nyon; par une exception bien rare, l’orthographe n’a jamais varié : Gingins de 1131 à 1344 et jusqu’à aujourd’hui, M. G. II, 27, XIV, 23, 445, XV, 7 = chez les descendants de Gingo, n. pr. germain; de la racine gangân, aller. Förstm., p. 469.
- Givisiez, D. Sarine, Fribourg, Juvinsie, 1142, 1228, M. R. VI, Juvensiei, 1162, Arch. Fr. VI, Juvisei, 1142, M. F. II, 222, Juvisie, 1320, 1453, Juvisier, 1357, Jyvisié, 1456. D’après M. Stadelmann, de (fundum) Jubindiacum, domaine de Jubindius, nom peut-être helvète.
- Givrins, D. Nyon, Gevrins, 1145, M. G. XIV, 7, Givrins, 1224 et vers 1250, M. R. XII, 45, 50, Gevrin, XIIIe s., Gyvrins, 1387. (On trouve aussi une fois, dans M. R. XII, 72, Givriacum, XIIe s., orthogr. de notaire) = chez les descendants de Givaro, n. pr. germain. Förstm., p. 451. A la même racine, Förstm. donne encore avec doute les noms Giber et Gipro, qui conviendraient aussi (permutation p-v, b-v). /189/
- Les Glais, loc. à Lancy; Glaisy ou Gleysi, bois à Apples; Gleise, bois à Pampigny; Plan des Glaises à Saint-Livres, de l’Eglaise, carte top. vaud.; Liaises et Liaisettes, bois à Lausanne; m. à Lutry; les Collièses, bois à Bôle (préfixe cum); de glaise, mot gaulois, gliso dans Pline, ou de la forme glitea, glaise, patois gllèse; le nom lausannois rend mieux la bonne prononciation. En 1226, un fond de Gleis, 1273, pêcherie de Gleys, Rég. gen. 167, 265, près de Cologny (sous Trainant), même sens.
- La Glaivaz, loc. à Ollon, la Glaive ou la Plâtrière, plans d’Aigle, 1718; pente de terrain argilo-gypseux; peut-être d’une racine germanique : angl. clay, argile, avec un v. épenthétique.
- Gland, D. Nyon, W. de Glans, villa Glannis entre 994 et 1049, M. G. XIV, 3, Glant, 1179, Glans, 1202, 1205, M. G. IV, 83, XIV, 19 et XV, 7, Glancz, 1344, Joh. bast. de Gland, 1386, M. R. I, 2de p., p. 237. — Gland, ham. de Vullierens, D. Morges, Glans vers 1260, M. R. III, 538. Comme les Gland de France, de Glanna, Glannis, dérivé du celtique glann, rive d’un fleuve, bord, frontière. Gland est non loin de la Promenthouse, et le h. de Gland-Vullierens est près de la Broye, sous-affluent de la Venoge.
- La Gland, sommet, alpes de Liddes, Valais; fausse orth. de l’atlas Siegfried pour l’Aglan, patois et prov. aglan, s. m., fr. gland, à cause de la forme du sommet.
- Glâne et Glaney, 2 rivières et 2 ruisseaux, Fribourg, aquam de Glane, 1143; les Glânes, vill. près Romont; nom de nombreuses rivières; du celte glânos, pur, brillant, limpide; hibernien et kymrique glan, gallois glân. Se retrouve en Carinthie, Bavière, Salzbourg, comme en France et en Espagne, et, sous la forme Glen, en Ecosse et en Irlande.
- Les Glapeys, paroi de rochers calcaires sur les bains de Lavey, Glappey, rochers ébouleux à Morcles; Glappin, vignes à Saint-Prex; le même que Liapey et Lapié, voir ce mot, les clapeys de la vallée d’Aoste et les clapiers du Dauphiné; en bas latin claperium, tas de pierres; d’une racine germanique klap d’après Körting, du kymri clap d’après Littré. /190/
- Glarey, ham. de Sierre, Glaretum, 1271, et avec les formes Glary, Glariers, Gleyriers, Glerriers, nombreuses localités de Sierre au Léman et dans les Alpes, souvent prononcé ll mouillé comme le montrent Liarey à Saxon, Liarys à Lens et la curieuse forme Illarisse à Chamoson, pour y=ès Liaris; de glaretum, lieu graveleux, collectif de glarea, gravier.
- Glatigny, faubourg de Payerne, Glatignie, 1242; un autre prés Montheron, Glatinie, 1349, 1461, M. R. XII; évidemment dérivé en iacum d’un n. pr. gallo-romain. (Les anciens plans de Payerne nomment ce faubourg la Tigny).
- Glères à Trey, Gleyre, faubourg d’Yverdon, Gleritz, 1424, Glery, 1484, Glières à Chavannes-sous-Orsonnens, la Lière à Pont-la-Ville (graviers de la Sarine), les Lières à Boudry, Lierry, 2 pâturages à Grandvillard; du latin glarea, romanche glera, gravier; glaire, vallée d’Aoste, gl souvent mouillé, à l’italienne, comme le montrent les formes en Lié; Glérettes ou Gleyrettes à Trey, l’Etivaz, diminutifs.
- Gléresse, all. Ligerz, D. Nidau, Berne, aussi bois à Courchavon, Jura bernois. Le nom primitif du village est évidemment d’origine romane. Lieresse, 1178, Liersi, 1229, Lieresce, 1234, Lierece, 1256, Lyerece et Lierescy, 1311, Lyeresce, 1357, Glieressy, 1354, Gleresce, 1381. Le nom allemand présente les formes Liegerche, 1218, Ligertze, 1230, Ligretz, 1319, Liegresce, 1370, Legeritz, 1371, Trouillat, Matile. Gl a d’abord été mouillé, comme Gletterens-Lietterens, Glion-Llion, et le n. vaud. d’h. Glardon, jadis Liardon. Le patois dit glleri, lieri, glarier, de glarea. Gléresse est donc gllère avec le suffixe adjectif esse = localité graveleuse. Quant au nom allemand, c’est une métathèse du français. G-liresse — Ligerss.
- Glérolles, château à Lavaux, Glérolaz, Gléroulaz, Gléraulaz, dans les chartes Glerula, Gleyrola, Gleroula, 1316. Identifié à tort par Bridel et Vulliemin avec le Calarona de la Notitia dignitatum (IVe s.); vient, comme les précédents, de glarea, gravier, avec le suffixe diminutif ola, ula, fr. ole.
- Gletterens, D. Broye, Fribourg, Lieterins, 1239, M. R. VI, 347, /191/ Liegterens et Lietorens, 1343, Matile, 537, 539 = chez les descendants de Liothari, n. pr. germain; de lioht ou leuht, peuple et hari, guerrier.
- Glion, ham. de Montreux (prononcé monosyllabe et son mouillé llon !), Gatschet dérivant Ilanz, en romanche Glion, d’alnus, aune, Studer en dérive aussi le Glion vaudois et ajoute « du patois vaudois igl ogns, » ces mots romanches sont inconnus chez nous. Il faut plutôt chercher une racine celtique, peut-être llon, lion, eau courante; voir Lionne et Vaulion.
- Gliss, D. Brigue, Valais, Glisa, 1231-1304, Glise, 1309. D’après Studer, de sa situation à l’entrée de la cluse de la Saltine, explication bonne pour un Germain chez lequel ü et i permutent facilement. Vient plutôt d’ecclesia; de bonne heure Glisa fut séparé de Naters, et, aujourd’hui encore, Gliss a l’église paroissiale de Brigue. [Voir Additions et corrections : Gliss, p.544]
- Glottens, 2 loc. à Bière; de Liotingis = chez les descendants de Lioht, n. pr. germain; même permutation li-gl que pour Gletterens.
- Glovelier, D. Délémont, all. Lietingen, Lolenviler, 1139, Lovilier, 1148, 1180, 1239, Lovilir, 1161, 1178, Loyvilir, 1173, Loviler, 1179, Loveiller, 1189, Loviller, 1248. La transcription Gl pour représenter le son mouillé n’est apparue que beaucoup plus tard. Le nom allemand présente les formes Lioltinguen, 1184, Lioltingen, 1241, Leoltingen, 1264. De Lioht et velier ou villar, bas latin villare, village, village de Lioht, n. pr. germain, ou chez les descendants de Lioht (nom allemand).
- Glutières, ham. d’Ollon. C’est évidemment le Lietery d’une charte de 1320 qui énumère divers hommes et biens vendus par Jean de la Tour à Guill. de Pontverre, M. R. 2e s., IV, 84 : Jaquemet de Lietery, Perrussod de Lietery. Ces anciennes formes le rapprochent de Lieterens, 1343 = Gletterens. Y aurait-il quelque parenté ?
- Goay, ham. de Puidoux, D. Lavaux, Goiz, 1218, 1238, M. R. VI, 644, et XII, 55, Guez, XIIIe et XIVe s., Guex, XVe s.
- Gobet, Chalet à —, auberge sur Lausanne; tire son nom /192/ d’après M. E. Chavannes, M. R. XXVIII, 252, du syndic Jean Gubet, syndic en 1448. La Gobettaz, pâturage à Charmey, m. à Corpataux, du même n. pr. Gobet.
- Gode, forme valaisanne de gollie, permutation ll-d qui se présente dans certains patois, Ardon, Conthey et Liddes, aussi à Château-d’Œx; de là, Gode du Laci, au pied du Velan, Gouille du Lait, Gode Seye, au pied du Petit Combin, Gouille de l’Arête (Seye, scie, fig. arête), Gode Gotta près du Saint-Bernard, Gode, petit lac dans les éboulis des Diablerets; Gode Zarlan près Liddes. La même permutation l-d se présente près de là dans le nom du Mont Brûlé, appelé aussi Mont Brudon; à Conthey, Daillon se prononce Dadon.
- Goille, Gollie. Chacun connaît ces mots patois et le vaudois gouille, dérivés de l’all. suisse gülle, purin. Ils ont donné les noms de nombreuses localités; citons la Gollie, ham. de Corcelles-le-Jorat, la Goille près Mollens, finem de Golles, 1017, Umb de Goiles vers 1240, M. R. V, capellanus de Golli, 1205, M. G. XIV, 20, Goylies, 1257; ès Gollies à Cournillens, Golles à Villaraboud, Gollion, D. Cossonay, Gollun, 1228, Gollon, 1235, Goillon, 1453, la Gollaz, ruisseau près Yvonand, le Golliez, loc. à Aigle (mares !), le Goliet, petit lac, alpes de Monthey, Gollié à Savièse, ou Golliet, loc. à Louèche, 1553; ès Gouillons à Port-Valais, les Golliassons, alpes d’Ollon, diminutifs.
- Golet, ham. de Grenilles, et 4 autres loc. C. de Fribourg, le Golet, col entre Vallorbe et Vaulion, le Golat, gorge à Soulce et autres loc. du Jura bernois, Golette, col sur Salvan, Golettaz, gorge à Muraz, Valais, Golatte, plus. loc. Jura bernois, diminutifs m. et f. de goule, gueule, du latin gula, à cause de l’étroitesse du passage.
- Golèze, col entre les vallées de Champéry et de Sixt, la Golleyse, 1562, M. G. XVII, 100. — La Golèze, forêt à Monthey, loc. à Morcles (rochers), D. Aigle, forêt et précipices à Collong, Valais, ès Gollaises, Goulèze, Gollèses, paroi de rochers à Massongex; probablement de la même racine gueule, latin gula.
- La Golisse, ham. du Chenit, variante de coulisse, dû à sa position; /193/ passage étroit entre le mont et le lac de Joux; en patois c permute assez souvent avec g.
- Gombs, district du Valais, fr. Conches, desenum Gomesianum, de cumbas, les combes, dont Conches est le correspondant. On y voit reparaître le b de combe disparu dans Kummen. Gome de Monasterio, 1381, combe de Münster.
- Gond, Mont —, 2 sommets en Valais, alpes de Conthey et alpes de Nendaz; probablement de leur ressemblance avec un gond de porte, du grec gomphos, cheville.
- Gondo, Valais, village au fond de gorges étroites. Le même que l’italien gonda, vase à boire, et que la racine de gondole, la douve ménagée au bord d’une route pour l’écoulement des eaux. Le romanche a gonda, éboulement de rochers, cône de déjection, employé dans l’Oberland et la Basse Engadine, devenu ailleurs Ganda, Gand, Gant. Il aura signifié d’abord par métaphore le pays, le lieu enfoncé dans les rochers, puis du sens de précipice, passé à celui d’éboulement.
- Les Gonelles, ham. de Corseaux, D. Vevey. Dans l’Aunis, gonelle, s. f., désigne un fossé longeant une digue de marais. Ce sens est ici difficilement applicable.
- Gor, Gour, etc.; du v. fr. gord, bas latin gordum, Berry gour, de gurges, gouffre, nom de très petits lacs ou de creux profonds, le Go de Gotta (aussi écrit en 2 mots Gode Gotta) au Saint-Bernard, au Go à Cudrefin; le Goz, petit lac, alpes de l’Etivaz; le Goz ou Gors de la Torche, Gor à la Torchi, 1393, ravin à Fribourg; le Gor Godon, loc. à Liddes; au Gor à la Vraconnaz, Sainte-Croix; Gorre, Gor, ou Gour à Neuchâtel, le Gor de Bray (voir Bret) et le Gor du Communal dans les gorges de l’Areuse, au Gors à Chavornay, au Gort à Chardonne, les Gorrhes, marais à Vionnaz et Vouvry, Gorres, 1723; le Gour, lac, alpes de l’Etivaz et à Rougemont, Champ du Gour à Moudon, les Gourds à Morlens, les Gords à Montagny-Fribourg, le Gour ès Oies à Courroux, Grandgourt (sic, 1182), ham. de Courtemaiche et combe profonde près Porrentruy, Grandigurgite, 1188, 1208, le Gour Gonflant (= Conflens), creux au confluent de la Sorne /194/ et de la Birse, le Rond Gourd, gorges du Doubs, Beaugourd, ham. de Goumois, Jura, sur un plateau se terminant par un précipice béant sur le Doubs, à 200 m. au-dessous. Il faut y rattacher
- La Gordanne, ruisseau près Allaman, la Gorsire, prés marécageux à Port-Valais, parsemés de gords; en Goursaz ou Gourses, Gueurse, Gueurge à Colombey; le Gorzou, affluent de la Veveyse de Châtel, et Gourze; voir ce mot.
- Gorgier, C. de Neuchâtel, Corgie, 1252, Gorgier, 1260, 1337, Gorgie, 1340, Matile, Gourgier, 1398, M. N. XVI. Jeanne-Marie de Neuchâtel en 1634 écrit « le baron de Gourgi mon bon père. » Gatschet, considérant que l’église était sous le vocable de saint Georges, ecclesia sancti Georgii super terram de Gorgier, en tire le nom du village. D’abord g devant e perd le son dur. Mais une autre raison nous fait rejeter son opinion : c’est la fidélité avec laquelle toutes les localités qui tirent leur nom du saint de leur église ont conservé cet adjectif, soit pur, soit modifié (Dommartin, Sembrancher, Donneloie, etc.). Il serait étrange que ce Saint-Georges fît exception à une règle aussi absolue. Gorgier a plutôt, comme tous nos noms en ier, une origine gallo-romaine et vient probablement de (fundum) Gordiacum, domaine d’un Gordius, gentilice cité par De Vit.
- En Gorgon, ham. d’Arconciel, D. Sarine, pratum Gorgun, 1142; ne peut venir de saint Gorgon, par la raison donnée à l’article Gorgier. Dérive peut-être de l’adjectif celtique gorgo, rude, sauvage (Holder, p. 2034), qui a probablement donné le v. fr. gorgon, bouillonnement; ou, plus simplement, un ancien génitif : pratum Gorgun, pré de Gorgon, n. pr. commun au moyen âge.
- Gossens, D. Yverdon = chez les descendants de Gozzo, n. pr. germain (le Goth). Förstm., p. 416.
- Gottaz ou Gottes, une 30e de localités, Gottallaz, 12 loc., et Gottette, diminutifs; Gotteyre, Gottaux, etc.; du bas latin gota, gotale, petite source, de gutta, goutte. Un lieu-dit bona Goteta à Lausanne, 1238. Un pratum ad Guttas, de Guttis à Lentigny, XIIe s. Mais le quartier de vigne appelé Gota-d’Or en /195/ 1374 à Champreveyres près Neuchâtel tirait évidemment ce nom de la qualité du vin qu’on y récolte et qui était déjà fort apprécié; de même En Gotta d’Or à Lutry.
- Gotteron, ravin et ruisseau à Fribourg; paraît un double diminutif de gotta : gotteyre, gotteron; les noms allemands Galterum, 1233, F. B. II, 129, Galterron, 1397, Galteron, 1406, 1449, Rec. dipl. VI, Arch. Fr. V, 432, aujourd’hui Galtern, sont des corruptions du français.
- Gottfrey, ham. de Saxon, Valais, Gotefrez, 1190, Gotefredus, 1279, M. R. XVIII; du n. pr. germain Gottfried.
- Gottreux ou Gœtreux, Gottraux, fém. Gottrausa, goîtreux; noms donnés par une métaphore triviale, mais expressive, à des pâturages, des localités formant une éminence plus ou moins arrondie : le Gottreux, pâturage aux Agîtes sur Aigle, loc. à Evionnaz et mayens sur Ravoire de Martigny (monticules arrondis); le Gottraux à la Forclaz, et Rocher Gottraux aux Ormonts, Gottrausaz, ham. et pâturage aux Ormonts, ham. à Crissier, champs à Payerne, ès Gottrauses à Chardonne, Champ Gottraux à Rolle et Praz, Gottraux à Chavannes-des-Bois, en Gottrozan à Ecublens, etc.
- Goubing, ancienne tour près Sierre, Gubyn, 1299, Goubing, 1381.
- Goudebas, loc. aux Brenets, Neuchâtel, le Gudevaz, 1304, Gudebat, 1359, 1378, Matile, Gondebach, 1454, M. N. XXXIII, 260 (fausse lecture : on pour ou ?). L’orth. Goux de Bas, XVe s., d’après Benoît, est fautive). Paraît formé de deux racines Goude et vaz, vaz, waz, vuaz; désigne un terrain bas, inondé, voir Vuaz. Quant à Goude, nous le retrouverions dans les Saves de Goudet, terrain bas, souvent inondé, près du Rhône à Chessel. Seraient-ils parents de godet, v. fr. gode, XIIIe s., vase à boire, pris au figuré, comme auge, noche, bac ?
- Goueyraz ou Gueyres, pâturage près Charmey, le Gueyraz, m. à Gruyère; probablement de guera, gaira, nom patois de la Peucédane impératoire, plante médicinale des bergers.
- Goule, voir Gueule. /196/
- La Goumœnche, loc. à Lonay; propriété d’un Goumœns.
- Goumœns ou Gumœns, D. Echallens, Gomuens, 1141, M. R. XIV, Gumuens, 1142, Cart. Month. 7, Gummens et Gommens, ib. 13, 1154, Gomoëns, 1177, Gommuans, 1218, Gomoans, 1220, M. R. XII, etc.; et Goumois, Franches-Montagnes, Berne, Gomoensem ecclesiam, 1177, Gumoëns et Goumoëns, 1267, 1304, Tr. = chez les descendants de Guma, n. pr. germain.
- Gourze, Tour de —, Mons Gurgii, 1140, M. R. I, 174, Goursi, 1316, Goursiz, 1397; de gurga, gorge, par sa position sur un col du Jorat. De la même racine : la Gourzine, torrent profondément encaissé sous la Dent de Morcles, la Goursenaz ou Gurzenaz, loc., marais de Muraz, Valais.
- La Grabe, combe et ruisseau à Bourignon, D. Delémont, Berne, ès Graboz, le Graboz, 5 loc. Vaud et Frib., Grabo ou Grabon, 3 ham. Frib.; Grabonat, petit ham. près Tavannes; Grabou et Graboux, loc. Avenches et 6 Frib.; de l’all. Graben, fossé.
- Grammont, sommet sur Vouvry, Valais, Grandis mons, 1306 = le grand mont.
- Gramoneyre, champs à Fully, Valais; Gramonire à Venthône, Valais; en Champ Grammont (fausse orth. !) à Marsens, Frib.; lieu où abonde le gramon, le chiendent, du latin gramen.
- Grancy, D. Cossonay, Grantie, 1202, M. R. V, 220, Grancie, 1219, Grancier, 1572; de (praedium) Granciacum, contraction de Graniciacum, domaine d’un Granicius, gentilice romain. Grancia au Tessin en vient également = (villa) Granicia. Voir des contractions semblables, Agy, Cugy, Marly, Sugiez, Torny.
- Grandcévaz, forêt à Bussigny, D. Morges, et Grandsivaz, h. de Mannens, Frib.; de grandem silvam, grande forêt.
- Grandchamp près Villeneuve, Grandis campus, 1195, Magnum campum, 1276, s’explique de lui-même.
- Grandcour, D. Payerne, Grancort, 1212, Grandcort, 1299, M. R. VI, 436, V, 360, Grancor, 1342, Matile; de grandem curtem, grande ferme. /197/
- Grandfey, près Fribourg; de grande fagetum, grand bois de hêtres.
- Grandson, Granzio, 1049, Grancione vers 1090, M. R. I, 162, Granzon, Grantionem, 1126, 1142, M. R. III, 440, 441, 474, XII, 7, Grazon, 1177, M. G. II, 39, Grantsum, 1191, Gransonium, Granciuno, 1225, M. R. I, 208, Gracon, 1228, Huo de Grancon, 1216, W. de Grancon, 1228, M. R. VI, 18, 100, 118. Les formes Grandissonum, 1149, Grand son et Grantsum, 1191, grand sommet, sont des interprétations, de même que le d actuel du mot. L’étymologie de Gatschet, grangia Isonis, grange d’Iso, est à rejeter. Pour nous, les formes Grancio, Grantio nous paraissent indiquer un nom en io, ionis dérivé d’un gentilice en ius, comme ceux que d’Arbois de Jubainville étudie p. 508-518 de son précieux ouvrage. Allio de Allius, d’où Aillon, Curtio de Curtius, d’où Courson, Gentio de Gentius, d’où Gensson, Mucio de Mucius, d’où Mousson, etc. Grancio serait donc dérivé d’un Grancius qui a donné Grancy = propriété d’un Grancius.
- Grandval, Jura bernois, Grandis vallis, 866, grande vallée.
- Grandvaux, D. Lavaux. Sous sa forme actuelle = grandem vallem, grande vallée, mais les formes anciennes montrent que ceci est une corruption du nom primitif. En effet cette localité s’appelait Gravaz, 1250, Würstbg., 132. Un Rod. de Gravas, 1172, Donat. Haut., 175. Graval, 1260, M. G. VII, 304, 314, Gravauz, 1270, Gravaul, 1280, M. R. XII, enfin Gravaux, XIVe s. et Grantval, 1453, et Hidber, I, p. 284, y rapporte un Gravado de 1001 d’une charte de Saint-Maurice. C’est donc le même que les Grave, Gravaz étudiés plus loin.
- Granges, D. Payerne, in fine Graniacensi, 881, 929, M. R. VI, 343, 232, est rattaché par d’Arbois de Jubainville (p. 247) au gentilice Granius. Granges est dérivé directement, sans suffixe, du gentilice pris adjectivement : (villas) Granias, comme Aurelias, Fabias, Caprias, Turrias, sousentendu villas, domus, au pl. fém. des gentilices Aurelius, Fabius, Caprius, Turrius. L’ancienneté de la forme fine Graniacensi et les antiquités romaines parlent /198/ en faveur de cette dérivation d’un n. d’homme, qui ne s’offre du reste que pour cette localité.
- Granges, Valais, in monte Grangensi, XIe s., Granges, 1182, Granies, 1219, Grangia, XIIIe s., all. Gradetsch, Gradensche, 1269; — près Soleure, all. Grenchen, Grangis, 1185, Grenchon, 1131; Grächen, D. Viège, Valais, Grachan, 1210, Granchon, 1250, Grangiis, 1295, 1297, Grenkun, 1307, etc., et les nombr. villages de Granges, dim. Grangettes; du n. commun granges, latin graneas.
Les traités de 1271 et 1291 pour le transit des marchandises en Valais parlent à deux reprises du « pontem de Grangiis de Martigniaco », M. R. XXX, 205, 207, 419, 422. Ces Granges de Martigny doivent être le village actuel de la Bâtie où la route du Valais franchit la Dranse. - Granjeur, à Trient = la grand Jeur (juria), la grande forêt.
- Granois, près Sion, en patois Granouet, Graionosc, 1100, Granuech, 1221, 1261, Gragnuech vers 1250, Grannuehc, 1267, Gragnuesc, 1274, Granuez, 1343, etc. Ces désinences, dérivées du suffixe locatif gaulois ou ligure osc-us, correspondent en Valais aux suffixes ey, iez, ey, du reste de la Suisse romande, qui viennent des suffixes gallo-romains iacum, acum. C’est donc un (fundum) Graniacum, domaine d’un Granius, gentilice illustre.
- Grappillon ou Greppillon, mont et col au fond du val Ferret, Valais, Grepillon de l’Ors, alpes d’Orsières, tous deux aux pentes très raides, les Grepillons, pâturage à Evolène; le Greppon blanc, sommets, val d’Hérémence et alpes de Saillon; les Grippons (italien Greppo, rocher), pente rocheuse à Saint-Ursanne, Jura bernois; du thème crap, qui se retrouve en celtique; irlandais krape, accrocher, comme dans les dialectes germaniques, v. h. all. chrapfan, s’accrocher. Magrappe, pente rapide sur Veisonnaz, même racine avec préfixe ma ou mau, mauvais. Cette racine se retrouve en romanche, crap, grap, rocher, Crap alv, grond, long, ner, Grappe, Græplang, etc.
- Grasset, Grassette, plus. loc.; de l’adj. grasset, un peu gras, petit domaine sur un terrain fertile.
- Grassiaz à Morges et 3 loc., Grasséaz, Orny, Chevilly; /199/ Grassey, 6 loc., Grassy, 7 loc., Grassis, ham. d’Ogens et 6 loc., Grassiaux à Chavornay; dérivés divers de grassi, genévrier, endroits où cet arbuste abonde; ès Grassillières à Baulmes et cinq autres loc.; la Gracellire à Boudry; la Grasselière à Cheiry, Frib., autres collectifs; le patois grassi, de gras, à cause de son bois imprégné de résine.
- Le Grassu, ham. de Grenilles, Frib., au Grassuz, h. de Cottens; paraissent être également des dérivés de grassi, avec suffixe u, uz de utus, ellipse du i : Grass-u, comme Grass-ey.
- Grassy, loc. à Puidoux, Grassy, 1215; cet endroit, où le genévrier est rare, nous paraît plutôt un (fundum) Gratiacum ou Graciacum, domaine d’un Gratius, gentilice romain. Il est quelquefois difficile ds décider si un nom de lieu dérive d’un nom d’homme ou d’arbre, voir des cas semblables à Fiez, Onex, Vigny.
- En Grattacu, loc. sur La Fontaine à Aigle, endroit où abondaient jadis les églantiers et, avec eux, leurs fruits en automne.
- Les Grattes, 2 ham. à Rochefort, Neuchâtel, autrefois Gratta; loc. à Crans; dérivés, Sur Graty(i) à Vaulion; dim.; Grattet à Bretigny-sur-Morrens, les Gratterets à Lignières, Neuch.; les Grateris, pâturage à Villiers; le Graitery, sommet sur Court et pâturage à Saint-Brais, le Grétery, pâturage à Soulce, tous dans le Jura; composés : Grattaz Vache, m. à Forel, Lavaux, Grattavache, commune D. Veveyse et pâturage, Gruyère; un Gratevache, 1320, limite entre Grandson et le Val-de-Travers; Grattavau (ou Grattalau), ham. de Berolle, D. Aubonne, Grattalau à Saint-Livres, Grattalaux à Grandsivaz, Gratteloup à Cossonay et Founex, Grattaz Leyvraz à Préverenges; une vigne en Gratecha à Neuchâtel, 1479, M. N. XLI. De gratte, subst. verbal de gratter, all. kratzen, allusion à une végétation pauvre et clairsemée, où le terrain est comme gratté. « Gratta, dit le professeur L. Favre, indique un sol mince, qu’il suffit de gratter pour trouver la roche. Les composés sont d’anciens génitifs : gratte (des) vaches, gratte (du) vau, veau, etc. On trouve des composés semblables au Berry : Grattebec, Grattechien, etc.
- Graubes, loc. à Port-Alban, Frib., et /200/
- Graubon, Rio —, ruisseau et ham. de Corcelles-le-Jorat. Probablement de grauba, greuba, sorte de tuf pulvérisé, soit ruisseau aux eaux tuffeuses.
- Gravany, loc. à Boudry; de l’adj. gravan, de grave, gravier, terrain, sol gravan, graveleux, et suffixe collectif y; territoire au sol graveleux.
- Grave, ham. de Cartigny, m. à Avusy, Genève; Graves à Sésegnin et Vétroz; Gravaz, plaine du Boiron à Yverdon, Grava, 885; un pratum de Graves à Corsier ou Blonay au XIe s., Cart. Haut-Crêt, M. R. XII. Avec le suffixe collectif ay, ey, Gravey à Dizy, La Chaux, Vallorbe, La Sarraz, Gravay à Daillens, celui-ci sans doute le Gravatum, 888, Gravatis, 899, et le Gravais de 1233, M. R. VI, 132, 133, 286, 213, en Gravesse, vignes à Lutry, ès Grevires à Bofflens; dérivés adjectifs, Gravenaz à Pizy, les Gravines, gravières à Versoix, Gravannes à Corsier, Gravenes à Vufflens-la-Ville, 1278, Graveline, m. près Yverdon. De la racine grav, d’où gravier et grève, du sanscrit gravan, pierre; noms désignant des endroits graveleux comme les Graus du Languedoc et les Graves du Bordelais, et le provençal crau, autrefois cravo « in cravo sive in agro lapideo », dit un texte de 1226 cité par Diefenbach. Cette racine se retrouve en romanche; citons Gravasalvas, ham. et alpe de la Haute-Engadine, pour relever une erreur singulière de Studer; celui-ci décompose Grava-salvas, sousentendu terres : terres sauves, libres de gravier. Il faut lire gravas-alvas = grèves, pierres blanches; la localité se signale de loin par les pierres blanches qui attirent le regard.
- Gravelone, vignes à Sion; de grave, gravier, et double suffixe dim. el-on, comme Motelon de mote.
- Graverney, bois à Cossonay, cité en 1404, M. R. V, 130; loc. à La Chaux; m. à Courgevaud; Graverny à Bussigny, D. Morges, = grand verney, grand taillis de vernes. Gras Verney à Puidoux est sans doute une fausse orthographe.
- Grenet, nom de plusieurs rivières : le Grenet, affl. de la Broye et ham., Granetum, 1140, Grinet, 1155; le Grenier ou Greny, /201/ à Coppet; le Grenay(ney), ruisseau à Mathod, D. Yverdon; origine inconnue.
- Greng ou Greing, ham. près Morat, autre forme de Granges, comme il s’appelait encore en 1349, Grangiis, Gruent et Groyn, 1349, M. R. VII, 145; du bas latin grangias, de granea, grenier à blé; les Groins, 3 chalets, alpes de Gruyères, rapprochés de la forme ci-dessus de 1349, paraissent avoir la même origine.
- Grengiols, D. Rarogne, Valais, Graniols, 1290, Greniols, 1325; vient sous sa forme actuelle du diminutif graniolas, petites granges. Mais il s’est appelé d’abord Graneirolis, 1052, Griniruels, 1222, Grinirœz, 1253, Graynerueyz, 1287, Granyreylz, 1334. Ces formes le dérivent de granariolas, petits greniers.
- Grenier, plusieurs pâturages : Bagnes, aussi Greney, Veytaux; diminutif Greneret, Bagnes, Grenairon, Finhaut, Greneyret, Ollon et Ormont-dessus, Graneret, Granerette, Gruyère; de granarium, grenier, nom passé du bâtiment au pâturage.
- Grenilles, D. Sarine, Frib., Grenegles, 1180, M. R. VI, Grenelles, 1244, F. B. II, 1256, Rec. dipl. I, Grenetes, 1264, Grenillies, 1318, Arch. Fr. III, 77, Grinillies, 1411, Rec. dipl. VII. Origine incertaine. La forme Grenelle rappelle Grenelle, quartier de Paris (ancien village), probablement un synonyme de grenette, diminutif de grenier, donc, au plur., les petits greniers. Hisely, M. R. XII, p. 247, y rapporte avec doute une localité inconnue Gumilnges de la page 195, erreur évidente. Nous soupçonnons une fausse lecture ou une faute de copiste et nous croyons que c’est Rumilenges, aujourd’hui Rümlingen, Berne. Toutes les autres localités nommées sont de la Singine ou du Lac, localités allemandes dont les noms sont plus ou moins défigurés.
- Grens, D. Nyon, Graiens, 1164, M. G. IV, 78, Grens, 1202, 1204, Granz, 1212, Greins, 1298, etc. M. G. XIV, 18, 276 = chez les descendants de Grao, n. pr. germain, Förstm., p. 545. Grao donne régulièrement Gra-ingis, d’où la forme primitive Graiens.
- La Gresallaz à Tour de Trême; Gresaleys, Greselley, /202/ Greselly, Gresallaire, une 10e de localités, Vaud et Fribourg; de gresala, nom patois des myrtilles, de l’all. kraüsel, groseille. Se rencontre déjà dans des textes du XIIIe s. : un Champ dou Gresale ou Gresaley à Illens, donné à Hauterive en 1252. Mém. Fr. I, 253. Un Grisalley à Corserey, 1513.
- Gressy, D. Yverdon, Gressey, 1187, Hidber, II, Grissie, 1228, M. R. VI, Grizie, 1245, Cart. Month., Grissye, 1317, Grissiez, 1453; de (fundum) Graciacum, domaine d’un Gratius. Grésy, m. à Lausanne; Greysier, loc. à Bex, a la même origine, comme les Grésy et Greysier de Savoie (Jubainville, p. 246) qui possédaient des fiefs à Bex au moyen âge.
- La Gretsch, arête de rochers aux Epiquerez, et le Gretschet à Courtetelle, Jura bernois; autres formes de gretzon, petite colline, petit crêt (Bridel), avec la permutation jurassienne s-ch. Quant à gretzon, c’est crêt avec le suffixe dim. patois tzon, correspondant du français chon (anichon, follichon).
- Les Grevalets (llets, lleys) ou Grevalla dessous et dessus, deux pâturages à Châtel-Saint-Denis, la Grevallaz à Saint-Gingolph; autre forme de Gresaleys, — voir ce mot, — permutation s-v comme Ausannaz — Œuvannaz et Varsalannaz — Varvalannaz, doubles formes des mêmes noms de ces pâturages (Bex et Gruyère).
- Greyis ou Greïs, rochers de gypse au col de la Croix, alpes d’Ollon; du patois grehi, gypse, craie.
- La Greylaz, ruiss. à Oppens; du v. fr. graile, prov. graile, du latin gracilis, mince, fluet. Le n. de famille Greyloz a la même origine.
- Grillet à Trélex, Forel et Ogens, Pré Grillet à Chardonne, Grillettaz, 6 loc., les Grillettes à Cressier, Neuch., Grillière à Montcherand et à Middes, Frib., Grillerettes, Romanel sur Morges; terrains secs, ensoleillés, où abondent et chantent les grillets ou grillons; de même
- Les Grillons, ham. à Elay, Jura bernois, Grillon, côte au midi à Undervelier; en Grillon à Noréaz, à La Chaux.
- Grilly, loc. à Villars-sous-Yens et grand village du Pays de /203/ Gex, Grellier, Greillye, Greilly; de (praedium) Grelliacum, domaine d’un Grellius ou Grelius, gentilice romain cité par De Vit.
- Grimentz ou Grimence, D. Sierre, Valais, Grimiens, XIe s., M. R. XVIII, Grimesi, 1243, Grimenchi, 1250, Grimeynchi, 1327, Gremenchy, 1423, Grimenche, 1820 (Bridel). La forme primitive indique nettement l’origine = chez les descendants de Grimo, n. pr. germain, racine onomastique grim. Förstm., p. 547.
- Grimisuat, D. Sion, Grimisoch, 1100, Grimisuel, 1193, 1226, 1228, Grimisols, 1215, Grimesol, 1224, Grimisuech, 1250, Grimisolio, 1255, Gremeisuel, 1260, Grumisy, 1342, Grimisua, 6 fois 1309-1348, Grumesia, 1351, Grumesuy, 1388, Gremisua, 1449. D’après Gatschet, qui le rapproche de Grimsel, du v. h. all. krimi, grimi, défilé, passage, et sol, mare, étang. Ce serait alors le passage aux étangs; en effet en suivant le chemin de Sion au Rawyl on longe deux ou trois étangs sur le territoire de Grimisuat. Toutefois nous rejetons cette explication : 1o les racines allemandes sont extrêmement rares, en dehors des noms d’homme; 2o les suffixes och et uech de 1100 et 1250 paraissent se rapporter au suffixe ligure déjà signalé dans les environs immédiats à Arnioux, Arnoch en 1100 et Granois, Graionosc, 1100, Gragnuech, 1250. Nous voyons donc ici un dérivé en oscus du nom germain Grimo trouvé dans Grimentz, Grimisoch, domaine de Grimo, latinisé.
- Grimoine, ham. de Barberêche, Frib., all. Curmœn, Gurmend, 1434. D’après cette forme ancienne, nous avons là un composé de court, curtem, avec un nom germanique. Cur est devenu Gur sous l’influence germanique comme dans Gurmels de Cort-Munda, Gurwolf de Curt-Giwulf, etc., donc court, ferme de Mend, m. h. all. Mende, autre forme de la racine mand, v. h. all. mandjan, se réjouir, mendi, la joie. Förstm., 906.
- Le Grin, les Grins, maisons éparses sur la Braille à Château-d’Œx; les Groins, même loc. sur un plateau C. de Gruyère; le Groin du Vé, loc. sur Mauborget = probablement autre forme de grange, comparez Greng. /204/
- La Groisière à Boudry; du v. fr. groise, gravier = la gravière.
- Grolley, ou Grolay, Fribourg, Groslerio, 1137, 1142, Mém. Fr. II, 16, 219, Groslero vers 1175, Arch. Fr. VI, Grolleir, 1350, Groller, 1267, Würstbg., 1449, Arch. Fr. V, 418. De grolle ou grosle, nom vulgaire de plusieurs espèces de corbeaux (freux, choucas), du latin graculus, et suffixe coll. ey = endroit où se rassemblent les grolles; analogue des noms allemands Krähenbühl, Kraien, de Krähe, corneille. C’est peut-être à cette localité qu’il faut rapporter le Monte Cornelii nommé dans la même charte de 1142 (p. 220), ce qui fortifierait notre étymologie.
- Groulles, m. à Russy; même origine.
- Grône, D. Sierre, Valais, Gruona, 1100, Grona, 1211, 12 fois 1244-1446, en outre Grouna, 1255, Gruna, 1267, Grone, 1432; du germanique gruoni, vert, ou du celtique groun, gronna, lieux marécageux herbeux (Zeuss, 773, Holder, 2042).
- Le Grosel, Grossel ou Groseil, ham. de Château-d’Œx, Grosel, 1276; peut-être de l’all. grossel, groseille, employé aussi en patois pour désigner les myrtilles qui devaient abonder dans ces lieux quand ils étaient boisés.
- Grugnay, ham. de Chamoson; peut-être de grougna, grugna, souche, tronc bon à brûler, grosse racine de hêtre, et suffixe coll. ay; endroit bâti dans une loc. où abondaient les souches après l’abatage de la forêt.
- Grusa, petit hameau au fond d’un ravin à Vercorin, Valais; peut-être autre forme de crousa, crosa, creux; voir Crau.
- Gruyère, m. à Prangins; loc. à Ollon; moulin aux Franches-Montagnes; en la Gruire, champs à Yvonand; ancienne demeure, propriété d’un gruyer, au moyen âge officier juge des eaux et forêts. « Li gruier gouverneront les eaues et les viviers, » dit un décret de Philippe le Long, 1318. M. Hisely en dérive également le nom de la Gruyère, vallée, Grueria, 1285, F. B. III, 391 (patois Gruvire); gruier, bas latin gruarius, vient du v. h. all. gruo, vert; il avait un synonyme, verdier, qui justifie l’étymologie; en 1269, un clausum a la Gruy près Nanz, vallée de la /205/ Sionne. Quant à la grue que portait l’écu des comtes de Gruyère et qui figure dans les armoiries de Gruyère, de Château-d’Œx, etc., ce sont des armes parlantes comme la coupe de Coppet, la roue, de Rue, etc.
- Gryon, D. Aigle, Griuns, 1189, Furrer, III, 47, 1194, Hidber, Grione, 1206, Grions, 1263, Grion, Grions, 1345. D’après Gatschet, du v. h. all. grioz, gravier, all. gries = lieu bâti sur un terrain caillouteux, et la Gryonne, la rivière qui charrie du gravier, comme les Griesbach de la Suisse allemande. Grions, loc. du vignoble de Fully, Valais, même sens.
- Guerce, chalets sur le Sépey, Ormonts, marais dans le voisinage; Guercet, ham. près Martigny, entouré de marais. Cette coïncidence indique une racine commune à rechercher. Ne peut venir en tout cas de quercetum, chênaie, comme le dit le Dict. géog. d’Attinger, ce mot n’ayant pas laissé de trace en romand où il est remplacé par roboretum et casnetum; d’ailleurs q devient c et non g.
- Gueulaz, col sur Finhaut, et loc. à Vétroz, Valais, m. sur l’Areuse près Boudry, la Goule, gorge du Doubs près Noirmont, loc. à Courgenay; la Goula ès Vey, couloir, alpe de Barberine, Salvan = vey pour vés, la gueule, le passage des veaux; de gueule, goule, latin gula, à cause de l’étroitesse du passage. Le col de la pierre du Moellé s’est appelé goule : en Ougion en la Goula, 1382. La gorge de la Lizerne, de même : Gula Licernae, 1217, Furrer, III, 56. La Potze di Gaulés, gorge où aboutissent plusieurs couloirs étroits, près de la Gummfluh, alpes de Château-d’Œx = la Poche des Gueules.
- Gueuroz, ham. de Salvan, Valais, les Jeurs, carte Dufour; de jeur ou joux, forêt; le hameau est entouré de bois. L’atlas Siegfried écrit Guerraz, nom que nous n’avons jamais entendu dans la contrée.
- Guevaux, ham. de Mur, D. Avenches, Gouel vers 1240; paraît renfermer la même racine indéterminée que Goay à Puidoux et vaux, vallée.
- Guin, D. Singine, Fribourg, Duens, 1180, F. R. I, 467, de /206/ 1182 à 1471, Rec. dipl. I, 5, M. R. XII, en all. Düdingen, Tiudingen, 1258, F. B. II, 468, Thüdingen, 1275, III, 120 = chez les descendants de Dudo, n. pr. germain. Le patois a conservé la prononciation Dyens(in). « Le français, dit M. Stadelmann, n’ayant pas de signe graphique correspondant au son dy, on a remplacé ce dernier par la consonne qui s’en rapprochait le plus, g, écrit gu, à cause de l’i suivant.
- Guintzet, 2 ham. Fribourg et Corpataux; Guinchets, m. à Domdidier; Guinchet, prés à Colombey; de guintzet, guinchet = guichet, petite porte, comme ailleurs des Clies et des Panthaires.
- Guivre, voir Vuivre.
- Gumefens, D. Gruyère, Gymonfins, 1298, M. F. I, Gumofens, 1301, Rec. dipl. II, Gumufens, 1307, Gomofeyns, 1453, M. F. IV = chez les descendants de Gumulf, n. pr. germain, composé de Guma et wulf, loup.
- Gumine, n. fr. de Güminen, D. Laupen; voir Condamine.
- Gummfluh, sommet à Château-d’Œx, nom all. et traduction de la Pointe de la Combe. Gumme en all. bernois = combe.
- Gurbrü, D. Laupen. Sous sa forme germanique cache un n. romand. Curbrü, 1215, Corbruil, 1256, Gurbrui, 1262, Corboru, 1267, F. B. I et II. Le premier élément est évidemment cort, court, ferme, le second d’après la forme Cor-bruil pourrait être breuil. Mais le second élément des composés de court est un n. d’homme, généralement un n. pr. germain.
- Guttet, D. Louèche, Valais, Gottet, 1357, 1432, Guttet, 1501; comme les Gottettaz du pays romand, de gota, petite source. On parlait encore français à Gottet au XVe s.
- H
- Hades, Hâges (Echallens), voir Age.
- L’Harmont, voir l’Armont.
- Harroz, voir Carroz.
- Hart, Sur la —, loc. à Delémont, ancien emplacement du gibet, correspondant des Fourches du reste du pays romand; de hart, proprement la corde destinée à pendre le criminel. /207/
- Haudères, ès ou les —, ham. d’Evolène, Valais, Oudeires, 1250, Ouderres, XIIIe s., Houdeyres vers 1280. Paraît renfermer la même racine que les Odes, territoire aux maisons éparses, mayens de Riddes, Valais, Odei, chalets dans un lieu ravagé par l’avalanche à Trient, et que Ouides, partie du pâturage de Barberine, alpes de Salvan, parcourue et ravagée par le torrent.
- Les Harnays, prés et champs à Massongex, fausse orth.; c’était les Areneys, 1743, terrains sablonneux; voir Arenaz.
- Hausseresse, vallon au Pays-d’Enhaut, plus anciennement la Vausseresse, Valorseressy, 1276; de val, vallée, et de l’adjectif fém. orseresse ou orsière, des ours = vallée des ours.
- Hausseys, ham. de Vérossaz, Valais, écrit encore Ausseys, plans, vers 1720, Aussays et Haut-Serre; du latin altum saxum, haut sex, haut rocher.
- L’Haut, nom de pâturages supérieurs, vallée du Rhône, Gruyère et Jura, parfois mal orthographié : l’Haut de Morcles, de Collonge, de Val d’Illiez, de Morge à Saint-Gingolph (l’Eau, carte Dufour, Laudemorge, Siegfried), de Taney à Vouvry (Looz, atlas Siegfried; l’Haut Patéri à Château-d’Œx, l’Haut de la Joux, Gruyère, l’Haut des Roches à Romanens; — Pré de l’Haut-dessous et dessus, l’Haut, 1444, à Montricher et l’Isle, l’Haut Mont à Arzier, Jura. Ici l’influence du latin altus l’a emporté sur celle du hoch germanique qui a produit l’aspiration française de haut. Au temps de François Ier haut n’était pas aspiré, d’après Génin; en 1533, d’après Bouille, le peuple aspirait l’h.
- Hautafin, forêt au Buron, D. Echallens, nemore de Altofine, 1177, haut et fin, limite, territoire.
- Haut Crêt, ancienne abbaye, D. Oron, Altcrest, 1150, Altocrest, 1157, Alcrest, 1166, Aucrest, 1242; de altum cristum, forme masc. de crista, crête.
- Haute Cour, ham. de Mont, D. Rolle, Altacort, 1235, M. G. XV, 12, Autecort, 1245, Autacort, 1248, Autracort, 1250, 51, Aut(r)acort, 1261, Ault(r)acort, 1266, 1293, M. R. XII. On peut hésiter : quelques formes signifient haute cour; d’autres avec le r paraissent signifier ultra cortem, ce qui s’accorderait avec la /208/ situation du hameau, au delà du village principal par rapport au château.
- Hauterive, Fribourg, Alta ripa, 1157, Alteripe, 1162, et Neuchâtel, Arta ripa, 1143, s’expliquent d’eux-mêmes, ainsi que
- Hauteville, ham. de Saint-Légier, Vaud, Autavila, Altavilla, XIIIe s., M. R. VI, 349-389, et commune, Fribourg, Alta villa, 1227, M. R. XXII, 32 = haute ferme.
- Hennens, D. Glâne, Frib., Henens, 1403, Ennens, 1432 = chez les descendants de Hino ou de Henno, n. pr. germain.
- Henniez, Vaud (pron. Ingny), Enny, 1380, Ignie, 1668; domaine de Hinius ou Inius, n. pr. germain Hino latinisé. Enniez, loc. à Bussigny sur Morges, à rapprocher du ruisseau voisin, rivulus dictus Anye, 1278, Dict. hist. Vaud. Suppl., p. 27. Sans doute même origine.
- Hérens, vallée du Valais, all. Eringerthal, Erœns, 1100, Eruens, 1195, Heruens, 1211, Herens, 1224, Eroins, 1256, généralement Herens depuis 1250, cependant Heruens, 1274, 1330. D’après Gatschet, chez les descendants de Hero, contraction du n. pr. germain Hericho ou Ericho.
- Hérémence, D. Hérens, Valais, Aremens, 1195, Eremeinci, XIIe s., Heremeins, 1200, Herementia, 1211, Heremencia, 1248, Ermencia et Heremenci, 1329; Hermance, Genève, Ermencia, 1271, M. G. XIV, Hermencia, 1326, 1344, M. G. IX; Hermenche, D. Moudon, Ermenges, 1254, M. F. IV, 216, Hermainge, 1453, Hermenges, XVIIe s. Les trois, d’après Gatschet, du n. pr. germain Heremunt, Harimunt. Plutôt d’un autre nom de la même racine, si l’on décompose Herem-eins, Herm-enges, le nom doit avoir été Heremo, Harimo. En tout cas, rien de commun avec Hermès, ni avec eremos, comme le voulaient d’anciens étymologistes qui se basaient trop souvent sur une ressemblance fortuite.
- Hermont, maison et colline isolée, Cras d’Hermont près Porrentruy = crêt d’Harimunt, n. pr. germain. Trouillat I, XXVIII, y place le camp d’Arioviste dans la bataille entre César et ce chef germain et traduit Cras d’Hermont par Crêt des Germains. /209/
- Aux Hères, loc. à Monthey, ès Hères, 1819, fausse orth. pour ès Aires, 1696, voir Aire; de même les Hères à Massongex, ès Eyres, 1761.
- Herniaulaz, pâturage de Villeneuve, le même qu’Argniolaz, alpes d’Ollon et Argnaulaz, vallée de l’Eau froide, Herniola, 1242, Hernyola, 1247, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 69, 78; racine hern et suffixe dim. ola. Godefroy a un s. m. hernu = juillet. Ce serait alors un petit pâturage où l’on monte en juillet, comme les Mayens, où l’on monte en mai, en all. les Augstkummen ou Combe d’août. Seulement « les textes où figure hernu sont tous du nord-est de la France et il n’y a pas de preuve que ce mot ait été usité chez nous, » nous écrit M. Bonnard; ceci reste donc une simple conjecture jusqu’à plus ample informé.
- Y Hombes à Lens, Hombe et Hombettes à Chalais, autre forme de Combes, Combettes. Cette permutation curieuse c-h est assez fréquente d’Arbaz à Chalais, soit entre Sion et Sierre : Harroz pour Carroz à Chalais et Arbaz, et même à Gryon (Vaud). Voir les mots suivants
- Hondemène à Ayent = Condémine,
- Hongrin, rivière, affl. de la Sarine, Ongrim, 1294, M. R. XXII, 441, Ongrin, 1392, 1400, le Longrin, l’Eau du Longrin, plans d’Aigle, 1720.
- Horbe, loc. à Ayent, Valais = corbe, courbe, pour c-h voir Hombes.
- L’Hormont, mont boisé à Praz, D. Glâne; voir Ormont.
- Aux Hornes, loc. à Gryon, D. Aigle = aux Cornes, pour c-h voir Hombes.
- Ès Hornettes, Ehornettes, carte Siegfried, sommet sur Ayent = ès Cornettes; permutation ch, voir Hombes.
- Les Hors, crêts au Rawyl, alpes d’Ayent = les Cors ou cornes, pour c-h voir Hombes.
- La Houmaz, loc. à Ayent = la Combe, avec apocope du b, sous l’influence de la forme allemande Kummen; pour c-h, voir Hombes.
- Hutins ou Huttins, Utins, Uttins, une 30e de lieux-dits dans /210/ la région du Léman et d’Orbe à Neuveville; autre forme de hautains, en Vivarais, autain, v. fr. utin, nom des vignes grimpant sur des arbres morts dont on a laissé les grosses branches, mode de culture disparu chez nous, mais qu’on retrouve encore aux environs d’Evian. Hutinets, champs à Founex, diminutif.
- L’Hotau à Murist et Montagny-les-Monts, les Hotaux à Broc, Fribourg, dessus l’Hottaux à Clavaleyres près Morat; du latin hospitale, patois otau, la maison, v. fr. hostaul, 1392, Rec. dipl. V, 85, les hotoz de Torgon à Vionnaz, 1723. De là aussi en l’Heptau, loc. à Saint-Gingolph, vers l’Etôt, m. à Dorenaz, Valais; les nouf Hospitaul, 1406, les Hôpitaux, une des 4 bannières de Fribourg, et les Hôpitaux neufs et Hôpitaux vieux à la frontière française près Vallorbe.
- L’Hôpital, ham. détruit près Ménières, Frib. Le P. Dellion, prenant ce mot au sens moderne, et le trouvant « dans les documents les plus anciens, » en conclut que « cet établissement de charité remonte aux premiers temps du christianisme. » Dict. hist. VIII, 391. Les mots ci-dessus montrent qu’il s’agit simplement d’une maison.
- Huémoz, grand village d’Ollon, Oësmoz, 1629, Recueil de chartes d’Aigle, p. 166.
- La Hutte (ou Heutte), D. Courtelary; fr. hutte, du v. h. all. hütta, cabane.
- I
- Ibeau, nom sur l’atlas Siegfried d’une forêt du val Ferret, forêt Ibeau. Evidemment fausse orth. Ce doit être la forêt, la Jeur y Bôs, la forêt aux crapauds, comme la Tsau y Bots à Château-d’Œx, de Bô, Bot, Bau = crapaud, ou le Crêt d’y Baux sur Montreux, de bau, bœuf.
- Icogne près Lens; voir Econe.
- Ieizenen, [Voir plus bas, après Inden (erreur d'emplacement selon l'ordre alphabétique)]
- Ignes, Glacier et Col des —, vallée d’Arolla, Valais; pourrait venir du provençal igne, de feu, du latin ignis, feu, allusion aux teintes de feu de ce col glaciaire au soleil levant pour les habitants des Haudères et de la Forciez d’Evolène. /211/
- Igues, m. à Orzens, entre le Sauterez, le ruisseau de Graylaz et le Ruz de Jaudray = les eaux, de aquas.
- Ilattes, Côtes des — sur le Doubs, à Soubey = ilettes, petites îles; suffixe jurassien at = et.
- Illarse ou Illarsaz, ham. de Colombey, Valais, Ylarsa, 1351, Petrum de Illarza, un des quatre premiers syndics octroyés à la ville d’Aigle en 1288; de y = in et v. fr. larse, larze, mélèze, de laricem, aux mélèzes. Il y a encore des groupes de mélèzes çà et là dans la plaine.
- Illens, ruines et ham. près Arconciel, D. Sarine, all. Illingen, et Illens, château ruiné près Pont, D. Veveyse, Ullens, 1155, 1188, Illens, 1157, M. R. XII, 12, 47, 15, Hellens, Heslens, 1154, Cart. Month., Itlens, 1179, Icliens, 1182, Donat. Haut., Ylleins, 1234, M. R. XXIX, 309, Illeins, 1238, M. R. VI, 659, Hyllens, 1251, F. B. II, Illens, 1319, Matile, Yllans, 1350, Irlens, 1388, Yrlens, 1419, Erling dans la chronique de Schilling, Irlains, 1475, Arch. Fr. V, etc. = chez les descendants de Itil(o), n. pr. germain.
- Illiez ou Illiers, vallée du Valais, Yliacum, 1180, Hidber, II, vallis Iliaca, XIIe et XIIIe s., Ylliez, 1200, Ylies, 1235, Yllies, 1203, 1287, Ylles, 1281, Yllier, 1436. Gremaud, dans M. R., très probablement d’un n. d’homme; pourrait dériver de Illus, nom cité par De Vit. Ce nom porté par des hommes d’origine germanique paraît être la latinisation du n. germain Illo, Illi, le terrible.
En tous cas pas vallée des houx, de ilex, comme le veut Studer; cet arbrisseau y est presque inconnu et le mot latin n’a pas passé en romand; quant à l’interprétation de M. Léon Franc, Vau de lié, vallée des eaux, reproduite par J. Monod (Guide du Valais), elle ne s’accorde pas non plus avec les formes primitives. - Increna, arête rocheuse près Champéry; voir Encrenaz.
- Inden, D. Louèche, Valais, village autrefois romand, Indes, 1242, 1380, Yndes, 1250, 1299, 1450; le n allemand représente le s plur. français.
- Ieizenen, ham. de Gampel, aujourd’hui simple mayen, /212/ est probablement le Jonczana, 1275, Joutzana, 1285, de deux chartes, M. R. XXX, que M. Gremaud n’a pas identifié.
- Inversins, loc. à Saint-Georges, Burtigny, Gimel; endroits situés à l’envers, sur la pente opposée au lieu principal.
- Invoua, ham. à Marly, à l’Invoué (Invuez) à Sales, Sarine, l’Invoë à Thierrens, l’Invuex à Granges, ès Invouettes à Charmey; autres formes de ivoué, du celtique ive, ève, eau, parallèle du latin aqua, d’où le v. fr. aigue.
- Invuardes, ham. de Payerne, voir Envuardes.
- Iplens, loc. à l’Isle, D. Cossonay, Iplens, XIIIe s. et 1378, M. R. I, 2e livr., 64. C’est sans doute la « villa quæ dicitur Erplens, » 1009, et le Erplenx, 1002, Hidber, I, 286, que Gatschet, p. 266, rapporte à Apples, tandis que ce village s’appelait Aplis en 1009, M. R. III, 427 et 1125, ib. 1438, et dès lors toujours Aples ou Apples = chez les descendants d’Erpilo, dérivé de Erpo, n. pr. germain. (Förstm. a Erfilo et Erpel, racine Arb.)
- Les Irettes, loc. sur Lens, Valais = airettes, voir Aire.
- Irlens, ham. de Chapelle sur Gillarens, D. Glâne, Frib.; autre forme d’Illens, voir ce mot.
- Isenau, alpe d’Ormont-dessus, Isenoz au plan cadastral, Isenod dans Bridel, 1801; autrefois Eisenaux, Oisenaux, carte Rovéréa, Ezen d’Eaux dans Lutz, forme primitive Usinauz, 1279 (Corthésy, p. 148). La localité est à la frontière allemande. Origine inconnue. Ce mot seraitil d’origine germanique ? Il y a plusieurs noms all. dans le voisinage. Ce serait alors la racine isen, eisen, assez fréquente, Isenberg, -thal, -egg, -fluh, -ried; du v. all. isen, fer, et au, prairie. [Voir Additions et corrections : Isenau, p.544]
- Isérables ou Iserabloz, D. Martigny, Valais, Aserablos, 1227, Heyserablo, 1250, Yserablo(z), 1266, Heserablo, 1267, Aserablo, 1322, etc.; de iserable, nom patois de l’érable, aussi en Dauphiné, même origine pour
- Iserables à Gy, Genève, à Outre-Rhône (Lisérabloz), 2 loc. à Ollon et à Ferreyres, Daillens, Yvonand, Vaud, à Hauteville (Gruyère), ainsi que Oserabloz, loc. à Vollèges, Valais, un casale /213/ de Asserabloz à Ependes, Fribourg, 1278, M. F. I, 274, Loserable, loc. à Neuchâtel, 1374.
- Iseraz, ruisseau à Moiry, D. Cossonay, appelé la Liseraz par soudure de l’article dans le Dict. hist. Vaud, parent des nombreuses Isara, aujourd’hui : Isère du Dauphiné; Isar, affl. du Danube, Iser, affl. de l’Elbe, Yser en Belgique; c’est le fém. de l’adjectif ligure isaros, qui va vite = la (rivière) rapide.
- Iserin, pâturage d’Ormont-dessus, Yserins, 1441, M. R., Yserin, 1474 (Corthésy, Vallée des Ormonts, écrit Yserim ?).
- L’Islan à Bavois, D. Orbe, maison et domaine sur une éminence dans le marais, faussement écrit l’Island sur l’atlas Siegfried; de (fundum) insulanum, fonds formant une île; l’Islon, loc. à Bex près la Gryonne, dim. de île, comme ès Isellions, dans les bras du Rhône à Noville, et les Illons à Illarse, Illions, 1696. On appelle l’Isle, D. Cossonay, Insula, 1324, Lile, 1343, Lila, 1362, M. R. V, de insula, île, à cause de sa situation entre les sources de la Venoge. Les Isles dans les vallées du Rhône et de l’Orbe et aux Ormonts les terres entourées jadis par les bras du Rhône, de l’Orbe et de la Grande Eau.
- Issert à Orsières, Valais, et ailleurs; autre forme d’Essert.
- Itrivoues, forêt à Chamoson, Valais; de ultra, outre, et ivoués; outre les eaux, au delà de la Lozence et du torrent de Cry.
- Itroz, voir Etroz.
- Ittens ou Itens, ham. de La Chaux, D, Cossonay; villa Ittinges, 964, M. R. VI, 3, Idens en 1005, Itteins, 1238, M. R. VI, 646, Ittens, 1387, M. R. V, 304 = chez les descendants de Itto, Ido ou Hitto, variantes du même nom germain; un Hitto est un des signataires de la charte de fondation de l’abbaye de Payerne en 962.
- Ivette ou Ivouette, affl. de l’Avançon à Bex, les Ivettes ou Evouettes, vill. D. Monthey, Valais, avec de nombreuses sources; celui-ci, d’après Gatschet, copié par Studer, de l’all. eibe ou ibe, if. C’est certainement une erreur et son nom vient, comme celui /214/ du torrent, de ivue, eau, et suffixe diminutif ette, petite eau, petites sources.
- Ivuex, loc. à Prahins, même racine, ainsi que Livœz à Assens, article soudé pour l’Ivœx; de ivue, eau, et suff. coll. ex.
- Izigière, ham. d’Ardon, D. Conthey, Valais. C’est une faute de la carte qui a soudé l’article is = ès. La Feuille off. du Valais dit les mayens d’Isières, Ysieri apud Ardum 1306 campo Dysyery (d’Ysyery) apud Arduns 1250; peut-être de la racine celtique is, frais (Holder, p. 79). On trouve aussi Nizière de en Isière.
- J
- Jabloz ou Jable, deux pâturages à l’Etivaz, au pied sud de la Gummfluh, qui s’appelle aussi quelquefois Jabloz. Peut-être le même que le n. commun jable, qui présente aussi le sens de façade, fronton (Godefroy); le Jabloz ou Gummfluh présente de ce côté de hautes parois qu’on peut comparer à un fronton.
- La Jaluze, vall. et ham. au Locle, Neuch., Jaluse, 1429, M. N. XLI, Jaleuze, 1531; de jaluza, partie tendre du roc ou calcaire jurassique supérieur. Desor, M. N., 52, origine inconnue.
- Jaman, montagne D. Vevey, Gément, Gémant, 1340, Géman, 1402, M. R., 2e s., II, 71, Zamant, 1453, Creux de Jéman, patois Dzéman, pâturage et rochers à Collonge, D. Saint-Maurice, Valais.
- Jamblex, m. à Bursinel, prato de Jambla, 1249, M. R. VII.
- Jargonant, ham. et ruiss. près Genève, Gergunant, 1368, nantum de Gergunant, 1475, M. G. XVIII, Gergonant, 1480, 1670; de nant, mot celtique = vallée, ruisseau, et d’une racine également celtique qu’on retrouve dans Gergovie, capitale des Arvernes.
- Ès Jaux à Corbeyrier, D. Aigle, les Petites Jaux à Echallens; autre forme de joux, forêt, de même le Dzaou, Ormont-dessus.
- Jaulin, ham. de Riaz, Fribourg; voir Joulens.
- Javrex, ham. de Cerniat, tire son nom du
- Javroz, torrent, affl. de la Jogne, Gruyère; aqua que dicitur Juauros, 1134, Jauro, 1294, Juauro, 1295, Jaure, 1577. /215/ Gatschet le tire d’aquarium, conduite d’eau, ruisseau. « Impossible, à cause de la place de l’accent. » (Bonnard.)
- Jentes, D. Lac, Frib., nom fr. de Jeuss, Juus, 1423, Jentes, Juentes, 1340, Jœntes, 1423, Rec. dipl. III, VII. D’après Gatschet, contraction du n. pr. Johannetus; le fém. Johanneta donnait un nom Jenta.
- Jetty, ham. d’Evolène, D. Hérens, Valais, Lagyeti, 1250, M. R. XXIX, 456, alpem de Lageti, fin du XIIIe s., M. R. XXXIII, 452 = la Giète, voir ce mot.
- Jeu, Jeur, Jeux, voir Joux.
- La Jeurnaz, forêt de châtaigniers à Monthey, la Dieurna, 1819, Jeurnaz, 1696; d’un adj. du bas latin * jurina, de forêt.
- Jogne, riv. de la Gruyère, Jonia, Jon, Joune, Youn, 1397., M. R. XXII, 261, Joun, 1577, all. Jaun; la Jogne ou Jougnenaz, affl. de l’Orbe 1, Jonnia, 1049 et vers 1110, M. R. III, 456, 464, Jonia, 1158, ib. 476, Jonium, 1181, Hidber, II. Comme les Jone de la Suisse allemande, l’une affl. de la Reuss, l’autre du lac de Zurich, Johanna Fluvius, 834, auxquelles on peut ajouter le Jungenbach de Saint-Nicolas, Valais, Jony, 1330, Jongynon, 1327. Toutes portent le même nom d’origine celtique, parent de ceux de l’Yonne, Joina, 670, de la Jouane, Jona, affl. de la Mayenne, que Holder, Keltischer Sprachschatz, rapporte sans les expliquer. Gatschet dérive Jogne de eauve, iauve par l’intermédiaire d’un adjectif hypothétique juvina, juina. Studer, toujours fantaisiste, ajoute : Die Freiburger patois lassen vor Abständen zwischen aqua und eauve, iauve, iaune (sic !) nicht so sehr erschrecken.
- La Joie, ruisseau de —, à Bonmont, gracieuse métaphore qui convient on ne peut mieux à ce gentil ruisseau, descendant en petites cascatelles près du château.
- La Jointe, m. et pâturage au confluent des deux Hongrins, la Joynti d’Ongrin, 1332, une autre à Vionnaz; subst. verbal de joindre. /216/
- Jolimont, colline près Anet, Berne, autrefois Julemont, encore en 1800 (Bridel), Tschulimong dans le dialecte all. de la contrée; corruption de Chule-Mont, Chulimont, XVIIIe s., mont de Chules, nom fr. de Gals, village situé au pied. M. Alf. Godet, citant l’orth. Sus le Mont, cadastre de Cerlier, 1718, en dérive Chulemont, Chulimont, permut. s-ch, puis Julimont, Jolimont, permut. ch-j. Quant à Chules, il viendrait de Chulemont, et non l’inverse. C’est bien compliqué. D’après cette explication, Chules serait tout à fait moderne, or on voit à Chules que ce nom se rencontre déjà en 1217, 1403.
- Le Jonc, écart du Grand-Saconnex, Genève, est une corruption de l’Oujon, cette terre appartenant jadis à la chartreuse d’Oujon, à laquelle les nobles de Saconnex l’avaient donnée en 1215, M. R. XII, I, p. 52, confusion entre l’Oujon et le patois lou Jonc.
- Jonchères, ham. de Boudevilliers, Neuch., Junchieres, 1291; loc. à Etoy et à Miécourt, Jura, Juncheres, 1290; Jonchires à Mézières, à Bursins, la Jonchieriz, 1429, Jonchière à Cossonay, Jonzières à Gland, au, aux Jonchet, s à Presinges, Granges, Payerne, etc.; du latin juncaria et juncetum, lieux couverts de joncs, comme les Joncs à Avenches, Lussy-Fribourg, etc. Le c disparaît parfois : en Jon, écart de Donneloye, les Zons, prés à Conthey. De ces deux dernières formes dérivent en Jonnaire à Rennaz et Villeneuve et les Zonnaires à Colombey, Jonneyres, 1696, et Monthey, Jonnaires, 1819, prés marécageux de la vallée du Rhône. Au Jochet à Monthey, aux Hochets, 1819, était ès Jonchets en 1727.
- Jongny, D. Vevey, Jaunie, Jalnie, Jalniei, XIIe s., Donat. Haut., Arch. Fr. VI, 39, 71, 79, Jongnye, 1373, Jongnyez, 1522. La forme primitive a dû être Jalu ou Jaliniacum, domaine d’un gallo-romain, au nom indéterminé. Hidber, II, p. 197, rapporte le Jalnie d’Hauterive à Jougne; c’est probablement une erreur. Si la localité d’Hauterive ne se rapportait pas à Jongny et que Jongnye fût la forme primitive du nom, ce serait un (fundum) Junniacum, gentilice dérivé du cognomen Junnus, Holder, p. 89. /217/
- Jorat, montagne au N. du Léman, Jorat, 1142, 1184, Joret, 1177, Jorath, 1182, Joreth, 1190, Cart. Month., M. R. XII, et nom de nombreux pâturages des Alpes et du Jura; dérivé de jor, mot sans doute celtique, aujourd’hui joux, forêt. Jouret, Jorette, Jorettaz, Jorattaz, diminutifs de Jor; Jorasse(az), Ormonts, dépréciatif; Joratel, ham. des Ponts, Neuch., dim. de Jorat; Jorogne, pâturages semés de bois à Gryon, D. Aigle, péjoratif; de jor et suffixe ogne (comme char-ogne, ivr-ogne).
- Jordil, Jardil, une 30e de loc. Vaud et Fribourg, Zerdil en Valais; plus anciennement gerdil, XIIIe et XIVe s., ès Jardits, Yvorne; dérivé du v. h. all. garto, parallèle du latin hortus, jardin. Jordillet, loc. à Belmont, Jordillon à Grandvaux, diminutifs; la forme jardin se rencontre très anciennement dans les chartes : Willelma deu iardi, illi de Jardin, 1289, 1244, M. R. XII, 123, 153.
- Joressant (ou Jorissant), ham. du Haut Vully, Fribourg, aussi et mieux Jorissens (on prononce ein). Jeressens, 1350, Juriscens, 1373, Juriscein, 1378, Matile, Jerussens et Jorassens, 1409, Kuenlin, Port de Jersin, 1456, dans Boyve, II, 37, 38. Dérivé d’un n. pr. germain; l’étymologie de Gatschet (p. 106), qui la tire de l’adjectif bas latin juricina, de juria, est fort douteuse.
- Jornaire, loc. Vétroz = Joux noire.
- Jorogne, voir Jorat.
- Jortèse, autre nom du plateau d’Ayerne sur Corbeyrier = Jor-teisa, autre forme de Joux-Teisaz, Villeneuve, Ollon; de joux et teise, de tensus, part. de tendere, joux étendue.
- Jougne, Jougnenaz, voir Jogne.
- Joulens, près Morges, jadis village paroissial (aujourd’hui 2 maisons), Jolens, 1140, 1147, Cart. Month., 1213, 1228, M. R. VI, 22, 291, Julens, 1182, M. R. I, 175, et VII, 28, Joleins, Jolins, 1238, M. R. VI, 318, 643, etc.; Bois Jolens à Montcherand; Jaulin, ham. de Riaz, Frib., en Joulens, 1330 = chez les descendants de Jodilo, dérivé de Joto, n. pr. germain. Förstm., p. 812.
- La Jotte, 3 m. à Travers, Neuchâtel, sur le flanc N. de la vallée. /218/ Il y a une forme dialectale de joue, Berry, jotte, provençal gauta, on dit aussi les jottes d’un vaisseau, les deux côtés de l’avant. Cette forme est-elle connue dans le patois local ?
- Joux, Jour, Jœur, Jeux, Djeux (Vérossaz), Dieux (Massongex), la Jieu (Evionnaz), Jaux, Dzaou et en Valais Zour, Zeur, formes diverses de joux, bas latin juria, forêt; ce dernier, latinisation de jor, mot sans doute d’origine celtique, d’où dérivent Jura, Jorat, voir ces mots. Château de Joux, Jour, 1276, Jou, 1277, Matile; La Joux, Fribourg, la Jour, 1380, le Mas de Joux à Villars-le-Terroir, les Petites Jaux à Echallens, jadis Mas de Jor; le Six Jeur sur Finhaut = le rocher de la forêt; Jeur en Saas, vallée de Bagnes, la forêt dans les rochers, Granjeur à Trient = Grand Jeur, la grande forêt, etc.
- Jouxtons, D. Lausanne, Jotens, 1223, Joutens, 1228, M. R. VI, 234, Jothens, 1227, Joctens et Jouctens, XIVe s. = chez les descendants de Joto, n. pr. germain. Förstm., p. 812.
- Les Joyeuses, clos de vignes à Cortaillod (« le meilleur vin blanc du lieu », dit Matthey-Doret); ce nom n’a pas besoin de commentaire.
- Jura, Jura dans César, Joras dans Strabon, Jourassos oros dans Ptolémée, au pl. Jures et Jura au sing. dans Pline et César, plus tard mons Jurassus, Jurum, 859, M. R. XXIX, montem Juri, montem Jure, 1079, Cart. Laus., Jurim, 1150, Cart. Oujon, montem de Jour, 1282, M. G. VII, 342, racine celtique et peut-être ligure d’où dérive le mot jor, bas latin juria, joux, forêt, nom commun dans les chartes du moyen âge pour désigner surtout les forêts montagneuses.
- Juriens, D. Orbe, Jurians, 1263, M. R. III, 559, Juriens, 1359. Gatschet le tire de joux, forêt, par l’intermédiaire d’un adj. jurianus. C’est plutôt un dérivé d’un n. pr. germain; le ans de 1263 paraît d’abord s’y opposer, mais il y a de nombreux exemples de ans au XIIIe s. dans des noms dérivés de ingis, voir à Nonens.
- Jurigoz, loc. à Lausanne; cette localité entre Burgo et Oschie où le Chapitre possédait de nombreuses vignes, est toujours /219/ désignée (20 fois) dans le Cartulaire de Lausanne (M. R. VI) sous le nom de Jovego, Juvego. Faut-il supposer que le nom aurait ainsi changé ? Il est plus probable que le v est un r et qu’il faut lire Jorego, Jurego. Quant à l’origine de ce mot, impossible de rien préciser. Jubainville, p. 500-508, cite une 20e de cognomina employés tels quels comme noms de lieux, villa Brannus, fundus Catulus, vicus Marcellus. Il est possible que Jurego en soit un. Holder a un nom d’h. Juricus, ce cognomen ainsi employé donnerait à l’ablatif Jurico. Peut-être les recueils de n. propres en donneraientils la solution.
- Jussy, Genève, Jussei, 1181, M. G. II, 42, Jussier, 1273, Jussie, 1291, Jussye, etc.; de (fundum) Justiacum ou Jussiacum, domaine d’un Justius, gentilice dérivé du cognomen Justus.
- Jux, Goumœns-le Jux, Gumœns lo Jux, 1447, M. R. XIV, Gumuens le Juz, 1448; de l’ancien adverbe fr. jus, dessous, du bas latin jusum = Goumœns-dessous, 588 m., tandis que Goumœns-la-ville est à 620 m.
- L
- Au Laberriau à Evionnaz, Laberiaux, 1740 = Abériau, voir p. 1.
- Lachat, forêt et forte montée entre Salvan et Finhaut, probablement fausse orth. pour La Chaz ou Sciaz, arête. De même pour Lachat ou l’Achat, forêt à Colombey, l’Achat, croupe boisée, vallon des Verraux, Montreux, Latachat ou Lotachat pour l’Hauta Chaz, arête au N. de Charmey, Gruyère. La Chaz est un nom commun dans nos Alpes, voir Chaz et Sciaz.
- Lacherelles, ham. de Travers, Neuch., Lescheri, 1266, Matile; diminutif de Léchère, voir ce mot.
- Laconnex, C. de Genève, Laconay, 1225, 1318, Lacunay, 1231, 1302, etc., M. G. IV, XIV; de (fundum) Laconacum, propriété d’un Lacon, du cognomen Laco. Holder, 117.
- Lagec, territoire à Saint-Martin d’Hérens = Laget pour l’Aget, prononc. valaisanne de azet, voir Aze; pour le c final, voir Biolec.
- Lahénire, champs à Ayent, Valais = la Chénière, pour ch-h voir Hombes; ire pour ière est fréquent. Léchire, Jonchire, etc. /220/
- Laifrout, loc. faubourg d’Avenches; de lai, lé, là et frou, de foris, dehors : là-dehors.
- Laire, plus. loc.; à Monthey, écrit aussi Lherre, à l’ère, 1819, Lairette, voir Aire.
- Laissalet, voir Luissel.
- La Laissy, pâturage à l’Etivaz, frontière du Gessenay; serait-ce le n. all. du vallon : Lessi ? Plusieurs localités du vallon ont des n. all. : Gademoz, Coumattaz, etc., sans doute jadis propriétés d’habitants de l’autre versant.
- Laite, Leyte, Leytaz et Leytets, diminutifs, noms de pâturages, Pays-d’Enhaut et Gruyère. La Laitemaire, sommet à Château-d’Œx, même racine et maire, de major, plus grand ? Layte mary ou Leytemarie à Charmey, Lety mael, 1411. Probablement parents du mot lède, lette, leyte, donné par Littré, Suppl., désignant les petits vallons renfermés entre les dunes des landes. Le Valais a d’autres formes qui s’y rattachent sans doute : Bonnes luites, champs à Martigny, la Luitte à Grimisuat, Loite condoi, arête de rochers, vallée d’Arolla, une autre sur l’alpe de Vouasson, vall. d’Hérens. Ce nom se retrouve dans le Tessin : Loita dura à Airolo, Loita della Camoscia, val Maggia; paraît signifier ici passage, chemin des chamois. Signification incertaine et origine inconnue.
- Laives, ham. près Moutier, loc. à Epiquerez, et Laves, plusieurs loc., toutes Jura bernois; du nom commun lava, lave, couches de pierres polies répandues dans le Jura (Bridel); du latin lapis, pierre.
- Lallex, ham. près Grandvaux, Lalays, 1270, M. R. XII, en Lallex à Choëx, Monthey, à l’Allée, 1819; Lalley, chalets combe de Reschy, Valais; en Laly à Corbeyrier, en Lally, 2 loc. sur les pentes de la Pleyau (ou Pleïades), une 3e à Saint-Georges; fausse orthographe pour la Lex, la Ly, autre forme de ley, rocher, paroi rocheuse; voir Lex.
- Lamboing, all. Lamlingen, D. Neuveville, Lambœns, 1178, 1255, Lambuens, 1251, Lambligen, 1290, Lamblingen, 1304, Trouiilat = chez les descendants de Lambo (fr.) ou Lambilo /221/ (all.), dim. de Lambo, n. pr. germain. Förstm. n’a que Lampo, mais p-b permutent facilement; dans la même racine, Förstm. donne Lampert, Lambert, Lamprecht, Lambrecht, etc.
- La Lance, source et ruisseau près Concise, aquam, rivum de Lancea, 1194, Matile, la Lanci, 1215, M. R. XII, 54, de la Lancy (y atone), 1317, 1320 dans les actes de fondation de la Chartreuse. Ne peut venir, comme on l’a répété, d’une relique de la sainte lance qu’on y aurait conservée : le ruisseau est déjà nommé ainsi plus d’un siècle avant la fondation du couvent dans Matile et le Cart. de Haut-Crêt. C’est le subst. verbal de lancer, à cause de la vitesse de l’eau. Remarquons que le ruisseau fait une cascade et que ce nom de Lance se rapporte en particulier à celle-ci. Le ruisseau lui-même a un autre nom, la Diaz, jadis Doiz, la Doiz de la Lancy, 1312. De même le Nozon fait à Croy une cascade appelée le Dard par une figure analogue. La Lance (Lancy) était jadis aussi le nom de la forêt de Vernand-dessus, Lausanne.
- Lanche, Lantze, Lanze (pr. tz), nom de nombreuses ravines que suivent les éboulis ou les avalanches, Alpes vaudoises et valaisannes; contraction de lavanche. Lanfes à Leysin, permutation ch-f = Lanches. Lanchettes, Lancettes, diminutifs. Lanchys à Saint-Légier et Saint-Gingolph, collectif.
- Lanciau, ham. sur Riez et une 10e de loc. Vaud et Fribourg; forme patoise de lançoir, endroit d’où l’on lançait le bois dans un torrent ou dans un dévaloir. Lanfieux, loc. à Saint-Gingolph, le même avec perm. s-f.
- Lancy, Genève, Lanciacum, 1097, Rég. gen. 65, Lancie, 1190, Lancye, 1264, 1305, M. G. II, 46 et XIV, Lanciacum, 1295, 1311, Lancier, 1314, M. G. XIV, etc. = (fundum) Lanciacum, domaine d’un Lancius, gentilice romain. De Vit, IV.
- Le Land, chalet à La Roche, domaine à Essert, Frib.; de l’all. land, campagne; les 2 loc. sont à la frontière des langues.
- Landecy, Genève, Landissiacum, M. G. II, 154, Landissie, 1290, 1302, M. G. I, 122 et XIV = domaine d’un Landicius. Holder, II, p. 143, a un Lanticiacus.
- Landeron, Neuchâtel, Landerun, 1209, 1212, Landiron, /222/ 1209, 1343, Landeron, 1325, etc.; ès Landerons à Hermenches, D. Moudon; diminutifs de lande. L. de Meuron, op. cit. 15, croit pouvoir dériver le Landeron neuchâtelois de l’all. landen, aborder. L’existence d’autres Landeron, loin de tout rivage, contredit cette étymologie, qui n’explique du reste pas le suffixe eron.
- Lanffrey, loc. à Romainmôtier, emplacement d’un ancien village disparu : plus d’habitants en 1571; de Landfried, n. pr. germain.
- Langefan, loc. à Roche = longue fin, permutation o-a comme dans Nava pour Nova, Prafandaz pour profonde, Longefan à Villeneuve et Valeyres-sous-Rances, et in-an comme dans tous les noms en eins, prononcés aujourd’hui an.
- Lanta Toina, Pré à —, à Colombey, Valais, à Lantaz Thoinaz, 1696, à l’Antatoine, cadastre 1881; probablement un Pré à l’Ante à Toine, à la tante de Toine ou Antoine, v. fr. ante, encore au XIIIe s. et qui s’est conservé dans certains dialectes : picard ante, provençal amda, anglais aunt.
- Lantaney, loc. à Bex et à Evionnaz; de lantanetum, endroit où abondent les lantanes, latin lantana, soit les viornes obier.
- Lanvouisset, lieu pierreux au pâturage de Salanfe, Valais; l’Envuissel à Cremin; Lanvuissel, ham. de Middes, près Payerne; du patois anvoui, anvoué, lanvoui (article agglutiné), lieu où abondent les serpents; du latin anguis, serpent. Lanvoué se dit surtout de l’orvet, mais a dû désigner à l’origine un serpent quelconque.
- Lapex ou Lappé, pâturage à Charmey; de lapé, du latin lapathum, oseille des Alpes, trop abondante dans bien des pâturages.
- La Lapiaz, ham. sur Monthey, Lapié, Lapiez, Lapiays, Lapiayes, Lappé, alpes fribourgeoises (Charmey) ou avec la diphtongue Liapey, Liappey, Liappec dans le val d’Hérens, etc.; nom commun des éboulis de rochers dans les Alpes romandes, ainsi que des rochers dénudés, rongés par le travail des eaux et des glaciers; les Liappalés à Enney, Gruyère, diminutif. S’emploie aussi dans le Jura : les Lapes, sur Givrins (Larpes, atlas /223/ Siegfried), Longirod et Saint-Georges, les Lepes sur Arzier, Liapes au Mormont, la Joux des Lapies à Fiez, duos lapides appellatos Lapyes, 1516, ès Lapies près Neuchâtel, 1292, les Lapples à Rochefort et à Neuchâtel, 1374. Le Liappay de la Gronaz près Martigny s’appelait en 1346 lou Glappey de la Grunnaz, M. R. XXXII. C’est donc le même mot que clapier, au sens de tas de pierres qu’il a encore en provençal, dans le bas latin claperium, dans le valdôtain clapey, d’une racine klap, d’origine germanique d’après Körting, qui se retrouve dans le celtique : kymri clap.
- Laque, Saint-Maurice de Laque, aussi écrit Lac, village près Sierre, autrefois Laques, tout court, lo Laques, 1228, Anton. de Lac et P. Sutor de Laques, 1271; Mayen de Laque à Saint-Martin d’Hérens, Laquet, un des ham. du village précédent, en patois Laquouet, la Couet, carte du Club, un pratum dou Laquais à Nax, 1239; ni les uns ni les autres de lac, bassin d’eau : il n’y en a point et les petits lacs des environs s’appellent Loussel, Loucet, Louchet. Probablement du v. fr. lac, s. m., fossé, ravin, caverne.
- Larcossey, vignes à Vionnaz, Valais, article soudé pour l’Arcossey; voir ce mot.
- Larduzan, Lardezan dans Lutz, grande alpe au S. de Grône, Valais; Zam, tout court, dans la vallée, Alpe dou Chan, 1310, Campo dou Chan, 1339 = l’Alpe du Champ, permutation l-r et ch-z(ts).
- Larenaz, Lareney = Arenaz, ey, avec soudure de l’article, voir Arenaz.
- Ès Larrats, champs, Villars-sous-Champvent, sans doute le même que
- Larrets, ham. Ormonts, Leysin, Bioley-Magnoux, Hauteville; Larret, loc. à Monthey, Larry, 1696, Grandcour, Avenches, Enney, Larri à Vullierens, Larrit à Mont-la-Ville et Echallens, Larry, Bercher; Laret à Sullens, au Larriz, 1260, et à Saint-Aubin, Frib., Larit et Lares, 1444 (ce qui l’a fait dériver de ad Lares, Dict. Dellion XI, 19), Lary. Corbeyrier et Villars-le-Terroir, /224/ les Larrus à Neuveville, les Larines à Saint-Triphon, Larin, ham. de Chavannes-sur-Moudon; du v. fr. larris, lariz, s. m., bas latin larricium, lande, bruyère, terrain en friche; d’après Dietz, du néerlandais laar, clairière. L’Arrêt (carte vaudoise), forêt à Vulliens, est une fausse orth. du même mot. Larrevoin, loc. à Aigle, rochers buissonneux, paraît avoir la même racine.
- La Larze, alpe sur Bex, ès Larses à Monthey; de larze, mélèze, latin laricem, z permute avec j : les Larges à Vionnaz. Le collectif laricetum, bois de mélèzes, a donné Larzet à Gryon, Larzay(ey), une 12e de loc., Larsey à Saint-Maurice, à Anniviers, 1238, et Vernamiège, 1250. Avec apocope du r, Lazay, Lazier ou Lagier, alpes de Conthey, le Laisier à Vérossaz, Leysier, 1720, le Leyzay (Laysey), vallon et chalets, Ormont-dessous, en la Lazaire (mélèzes !) à Vouvry. Un pré aux environs de Palézieux, Larsi en 1234 présente les variantes Laisi, Laysi, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 2, 148. Du collectif f. lariceta dérive Larzette à Vérossaz, Largette, petit ham. de Fully, permut. z-j, une Larsette à Ayent, Valais, 1408. Larzolet, forêt à Orsières, diminutif. Enfin ce mot présente les formes légèrement germanisées de Larschen, loc. à Salquenen, et Larschi, ham. près Louèche.
- Lasse, Revinne de — à Vionnaz, Valais, pour l’Asse, s. m. = if, voir Asse; l’if est fréquent à Vionnaz.
- Lassiores (Siegfried) ou Latiores (Dufour), alpe sur Evolène, Valais, alpe qui dicitur Laces, 1250, alpem de Lacces, Acces vers 1280.
- Latte, Pont de la — sur l’Hongrin, Gruyère, et la Lattaz, loc. sur Champéry (pont sur un torrent); de latte, v. h. all. latta, perche; aussi celtique, irl. slat, gallois llâth, ital. latta, etc. Date de l’époque où le pont était fait d’une ou deux lattes jetées sur le torrent. Bois des Lattes aux Ponts, Neuch., bois de grands pins, nus jusqu’au haut, même sens.
- Laudallaz, alpe de l’Etivaz; voir Vaudallaz.
- Laufon, Berne, forme francisée de l’all. Laufen, de laufen, /225/ courir, nom générique all. des rapides des rivières : la Birse y fait une cascade près du pont.
- Lausanne, Lousonna dans l’inscription de Vidy, rapportée par Ch. Morel à l’an 168; Lausonium, Itin. IIIe s.; Losonne, carte Peutinger, IVe s.; Lausanna, Ve s., Géog. de Ravenne, Lausanna, 1142, Losene, 1293, etc. Etymologie très controversée. D’après Gatschet (Promenade onomatologique, 1867) et De Crousaz (Dict. historique, 1867), de Laus, ancien nom du Flon. « Laus était le nom du Flon, tel qu’il est nommé encore en 1315 et 1558, et Lousonna était bâtie sur ses bords » (Gatschet). Flon est un n. com. (de flumen) et Laus était le n. propre du Flon de Lausanne : « en 1502, le Flon appelé Laus = l’eau soit le Flon appelée Laus, 1552 (Blanchet, p. 12) et, en 1761, le ruisseau autrefois appelé le Laus, » textes cités par M. B. Dumur (Revue hist. vaud., 1901). A Laus s’ajoute le suffixe onna ou ona, qui n’est autre que le mot celtique ona, rivière. Lousona, c’est donc la rivière Laus 1, qui a donné son nom à la ville bâtie sur ses bords, comme l’Albona, la rivière Blanche, à Aubonne. Notre pays offre une dizaine de noms semblables, formés d’une racine souvent indéterminée, nom spécifique du cours d’eau, et comme suffixe du mot ona : Colona, la Colline, Sanona ou Sarona, la Sarine, Sorona, la Sérine, Massona, la Massa, Divonna, la Divonne, Liona, la Lionne, etc. 2. Lorsque la langue latine prévalut, ona disparut et l’on dit flumen Laus, le flon Laus : à cette époque on savait encore que ona = flumen, et l’on n’a pas fait le pléonasme.
De son côté M. d’Arbois de Jubainville tire Lausanne du n. pr. gaulois Lousos, dont dérivent le cognomen latin Lausus et le gentilice Lausius tous deux fréquents dans les auteurs et les inscriptions; voir Holder, II, p. 164. Mentionnons enfin pour /226/ mémoire l’étymologie proposée par Studer (Op. cit., p. 149), qui dérive Lausanne du mot romanche aloussa, laussa, cerisier à grappes (Prunus avium) et cite à l’appui un grand nombre de noms de localités romanches ou italiennes qui paraissent en provenir. Chacun sait que le cerisier à grappes s’appelle chez nous la poutta, le putiet, que le mot aloussa y est complètement inconnu et il n’y a pas lieu d’insister sur l’improbabilité d’un nom de lieu vaudois dérivé d’un mot romanche qui n’aurait pas laissé d’autre trace dans le pays. - Lautaret, alpe, Val des Dix, D. Hérens, Valais, li Altaret, 1238, alpem des Autares ou Autarez, 1239, très probablement en souvenir d’anciens autels de l’époque païenne, dit M. Gremaud. Lauteret, pâturage sur Montreux. On connaît aussi l’alpe et le col de Lautaret en Dauphiné, jadis écrit l’Autaret, du latin altare, autel.
- Lavanchy, une 10e de ham. et de loc. des Alpes et jusque dans le Jorat : un Lavanchy à Montpreveyres, collectif = endroit exposé aux avalanches ou aux lavanches. Le mot simple s’emploie souvent : à la Lavanche, Ormont-dessus, et ham. de Châtel-Saint-Denis, les Lavenches, ravines sur Yvorne, le Lavancher, couloir aux avalanches, alpes de Salvan; les Levanches, ham. de Hauteville et de Semsales, Frib.; Lavintsie ou Levantsia, forme patoise, chalets sur Lourtier, vallée de Bagnes. Vient d’avalanche, par métathèse et apocope de l’a : la lavanche, provençal lavanca, d’après Littré, ou dérivation irrég. de labina, lavina, même sens; en Lavancher à Vionnaz, 1728, est devenu aujourd’hui en la Vanchée.
- Lavançon, loc. à Vionnaz, Valais; article soudé pour l’Avançon.
- Lavey, D. Aigle, Alaver, 1051, Lavetum, 1180, 1245, etc. D’après le baron de Gingins, de lavare, dans la pensée que ce lieu aurait été une station thermale et que la source trouvée en 1831 aurait été connue des Romains, puis détruite par la chute du Tauretunum. C’est bien douteux : il semble qu’on devrait en trouver des traces dans les récits de l’éboulement; d’ailleurs il y a /227/ un autre Lavey à Evionnaz. Gatschet tire Lavetum, Lavey, comme l’alpe de Lavey, Haut Simmenthal, de lapathum, oseille des Alpes, d’où vient notre mot lapé, mais lapé est le seul mot employé pour désigner cette plante qui ne croît d’ailleurs pas à Lavey. « On pourrait plutôt, nous écrivait M. Bonnard, le rattacher à la famille de lave, pierre plate, dalle. » Lavey, avec le suffixe collectif ey, serait donc un lieu où il y a beaucoup de telles pierres, où on les exploite. Seulement ce mot lave, employé dans le Jura (v. Laive) n’a pas laissé de traces dans la vallée du Rhône.
- Laviaux, une 10e de loc., Lavieu à Salvan, 1732, Laviaou à Gruyère, Laviaouz, ham. de Misery, Frib.; au Lavœx à Avenches, Lavieux à Gryon, ès laviours à Granges, Valais, 1482, ès Laviorets, Laviotets, diminutifs à Bullet et Corcelles, Payerne; formes patoises du v. fr. laviour, lavoir, qui est aussi le nom de plusieurs ham., par exemple Boécourt, Courroux, Jura bernois.
- Lavigny, Laviniacum, 1145, 1172, etc., Lavinei, 1177, M. G. II, IV, XIV, Lavigni, 1210, M. R. XII, 58, Lavinie, 1228, M. R. VI, Lavigniaco, 1269, Lavignye, 1322, Lavignyer, 1335 = (praedium) Laviniacum, domaine d’un Lavinius, gentilice romain fréquent.
- Lax, D. Conches, Valais, Lacx, 1295, Lax, 1308, Lacx, 1333; on a dérivé son nom de lacus, lac, à cause de plusieurs petits lacs qui se cachent dans ses alpes (comme Laax ou Lax des Grisons, Lages, 1290, Lags, 1310), mais ces lacs sont fort éloignés et n’étaient pas connus avant l’établissement du village qui tire plutôt son nom de la gorge profonde du Rhône qu’il domine; du v. fr. lac, s. m., fossé, ravin, caverne. Comparez Laque.
- Layaz, pâturage au milieu des bois, Ormonts, loc., prés à Choëx, Monthey, forêt à Blonay, à Goumœns-le-Jux; les Layets, chalets Ormont-dessous, Layette, forêt à Sainte-Croix et Champagne, diminutifs; ès Layeux, m. à Ollon et loc. à Vouvry; autres formes : Leya, alpe à Lessoc, Gruyère; Lye, mayen dans la forêt sur Painsec, Anniviers; Liez, ham. de Saint-Martin d’Hérens; Prés-Leys à Rossens, Liaz, ham. de Mont sur Rolle; l’Alliaz, pour la Liaz, alpes de Blonay; du bas latin legia, forêt, v. fr. /228/ laye, du germ. laidô, chemin dans la forêt, puis forêt. Layen, m. à Puidoux, adjectif = de la forêt.
- Layju, territoire à Onnens, Vaud, au-dessus du village = lé, là, et v. fr. jus, dessous, du latin jusum : là-dessous.
- Lazier ou Lagier, la Zer, atlas Siegfried, la Gère, carte Dufour, Lazière en patois, 5 formes du même nom d’un ham. d’Arbaz, D. Sion. Ansermoz dou Lasier, Johannes dou Leysier, 1324, M. R. XXXI, 481; paraît être un larzier, ou larzey, de laricetum, bois de mélèze, avec apocope de l’r, comme dans Lazay, Lasier ou Lagier à Conthey. Voir Larze.
- Léamont, ham. de Finhaut, Valais; Liamont, ham. de Peney-le-Jorat = lé-amont, là haut, ces hameaux étant situés au-dessus de leurs villages.
- Léchaud, quartier de Bex, au pied du Sex, bien exposé au midi; probablement pour l’Echaud, subst. verbal de échauder, chauffer.
- Léchelles, D. Broye, Frib., all. Leitern, Leschielles, 1301, Leschieles, 1430, Rec. dipl. II, 8, VII, 236, Léchielles, 1484; d’échelle, lat. scala, à cause de la montée rapide depuis Chandon, autrefois chef-lieu paroissial.
- Léchère, Léchaire, Lécheyre, Leschière, Leichière, Leschire, Lichière, etc., une 50e de loc. dans tout le pays romand (lischiera au Tessin); du v. h. all. lisca, herbe de marais, fr. laîche et suffixe collectif ère; le simple se rencontre aussi : aux Lèches à Ecublens et à Gollion, le Plan de la Lèche, pâturage à l’Etivaz (pourrait être aussi l’endroit où l’on donne du sel à lécher au bétail), Lécherex ou Lécheret aux Ormonts, Leschery, 1429, autre collectif, suffixe ex ou ey de etum. Lécherette, Bernex, Gryon, les Mosses, Villars-le-Comte, Lescheretaz à Massonens, 1540, diminutif. Des formes plus voisines de l’allemand : Lischier à Louèche, Lischera à Courtaman, Frib. A la même racine se rattachent les noms allemands Lyssach, Lischeren, Liesberg, jadis Lieschenberg. Quant à Liss ou Lyss, D. Aarberg, Lissa, 1009, il nous paraît venir plutôt du gaulois lisso, irl. liss, demeure fortifiée par un rempart de terre. /229/
- Léderrey, Gryon, Ollon, Ormont-dessous, Leyderriz, 1511, Léderay au Châtelard, Léderry à Champtauroz, Liderrey à Conthey, à Charmey, Villa le derrei, 1319. (Lidderey, atlas Siegfried, fausse orth.) Patois lé-derrei = là-derrière, comme Lidedain à Conthey = là-dedans; en français populaire on dit là-dernier, de là les forges de Ladernier à Vallorbe.
- Leiggern, ham. sur Rarogne, Valais, communitas de Leucrun, 1378, M. R. XXXIV, probablement du n. pr. gaulois Leucuron, cité par Holder, II, 196.
- Les Leisettes, ham. de Salvan, Valais, sur une pente rocheuse très raide au-dessus du Trient, Lesetes, 1294, en la Legettaz, loc. à Choëx près Monthey, 1715 (z-j); probablement diminutif de lex, rocher, voir Lex.
- Leytel, Leytet, voir Luissel.
- Léman, lacus Lemanus ou Lemannus des anciens, Lemanos limnê (Dion, 39, 5), Lemanê (Ptolémée), Lémannâ limnê (Strabon); Lemanus (Lucain), Lemannus (Ausone). D’après Gatschet (Promenade, p. 28), mot celtique parallèle du grec limnê, lac, étang.
- Lenage, m. Monts de Lutry, patois pour lunage, v. fr. du bas latin lunaticum, lunadium à Porrentruy, 1317, « étendue de terrain qu’on peut cultiver en un mois lunaire (Ducange) »; une loc. Lunagio à Bursinel, 1243.
- La Lendaz, loc. à La Roche, Gruyère, Lenda, rue à Fribourg; de l’all. linde, tilleul : un Jacob de la Linda à Frib., 1356, Jahr. f. Schw. Gesch. II, 244.
- Lens, D. Sierre, Valais, Lens et Lenz, 1199, Lenz, 1250, 1286, Lent, 1391. Non point de lens, lentille (Gatschet), mais probablement comme Lens en Artois et Linz, Rhin, de Lentium (vicum) ou comme Linz, Autriche, de Lentia (villa), tous trois dérivés du gentilice Lentius.
- Lentigny, D. Sarine, Fribourg, all. Lentenach, Lintiniei vers 1142, Lintinie, 1158, 1254, F. B. II, Lintignye, 1285, Lentignye, 1430, Rec. dipl. VII, 236; de (fundum) Lentiniacum, domaine d’un Lentinius, gentilice romain dérivé de Lentius et /230/ non point comme le veut Gatschet, copié par Studer, de lens, lentille.
- Lentillère, loc. à Collonge, Conthey et à Martigny-Combe, Lentillières à Crissier, Lintiller à Troistorrents; un Huldricus de Lentilier témoin d’un acte entre le couvent de Haut-Crêt et Palézieux, 1284. Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 13; endroits où l’on cultivait des lentilles, voir aussi Nantilières.
- Lentina, loc. vignoble de Sion (Lensinaz au cadastre d’après Zimmerli), Lentina, 6 fois 1230-1256; de (villa) Lentina, propriété, ferme de Lentinus, cognomen romain.
- Lessoc, D. Gruyère, Lessoz, 1231, à les Soz, 1237, M. R. VI, 242, Lessot, 1352, 1396, 1420, M. R. XXII, 1453. D’après Gatschet, du bas latin socca, souche, tronc. Mais le c est moderne. Peut-être de soth, bas latin sotus; de saltus, qui, dans Ducange, désigne un parc à faire paître les moutons, un bois. A les Soz signifierait donc aux bois, aux parcs. De même, d’après M. de Chambrier, le vallon appelé aujourd’hui Pertuis du Soc ou plutôt du Sault, près Neuchâtel, se nommerait dans les actes antérieurs à 1377 Pertuis du Soth.
- Lessus, nom du plateau du rocher de Saint-Triphon et les Prés Laissus à Vaumarcus = lé-sus, là-dessus.
- Les Letzettes, prés à Vionnaz; dim. de laîche, herbe de marais; voir Léchère.
- Leuchelette, loc. à Sierre, soudure de l’article pour l’Euchelette, l’Ochelette, la petite oche; Luchelet à Granges est peut-être un diminutif masculin.
- Leuchu, plus. loc. Jura bernois, la Fin Leuchu à Boécourt, 20-30 m. au-dessus du village; les Prés Leuchus à Develier, 20-40 m. au-dessus; les Fins Leuchus à Courfaivre, Clos Leuchu à Rossemaison, les Champs Leuchus à Movelier, 50 m. au-dessus = les fins, les prés, les clos, les champs là-sus, permutation jurassienne ch-s (chire pour sire). M. Bonnard (in litt.) serait disposé à y voir plutôt le mot lieu.
- Levaux, 2 m. et grand domaine à Vouvry, les Grands Levaux, 1776, prés à Vouvry et Colombey, près du Rhône, ham. sur /231/ Monthey, aussi écrit Levoz (ou les Vauds, carte Dufour), vallée de la Vièze, ham. de Plan-les-Ouates, Genève, Champ Lévaux sous Botterens, Frib. N’ont rien de commun avec vaux, vallée, qui n’expliquerait pas les Levaux. Au reste si les trois premiers sont dans la vallée, le 4e est sur la hauteur. C’est le même mot que l’anglais et v. fr. level, liveau, XVe s., provençal livel, wallon lévai, italien livello = niveau, du latin * libellum, latin classique livella, niveau : localités sur un terrain plat, de niveau. Il faudrait donc écrire leveau. Le village de Le Vaud, D. Nyon, tire probablement son nom du même mot.
- Levin, Château —, à Monthey, en Chastellevey, 1696; de Levet, n. de famille de Monthey.
- Levron, grand ham. de Vollège, Valais, le Levron, 1250, Liwrone, in Levrono, 1451; probablement un (vicum, pratum) leporinum, des lièvres, comme en Levron, prés à Ollon; voir Leyvres
- Lex, Ley, (Lay) ou Lée, Vérossaz, Lez, Evionnaz, Lix, Lys, ou avec la diphtongue, mais toujours monosyllabe, Lœx, Loë, Luex, Lué, Massongex, Luy, Luis, Luix, Luys, aussi Louex, la Louex à Vionnaz, les Loués de Don à Vionnaz, Loué, 1775, Loués à Isérables, nom très fréquent dans les Alpes, où il désigne, tantôt des parois de rochers nus, tantôt des pentes rocheuses, plus ou moins couvertes d’un maigre gazon; du subst. vieux et moyen h. all. lei 1, leie, m. et f., rocher, hollandais leie, rocher schisteux, anglo-saxon leia, f., rocher; aussi celtique, vieux irl. lie, plur. lieie, pierre. Lésette, Leisette, Luisette, Luisin, loc. Valais, diminutifs des formes Lex, Luis. Forme souvent des composés : Solalex, alpes de Bex = sous la paroi; Ballalui, alpes de Lens, belle paroi; se soude aussi avec l’article : Eley, ham. de Lavey (ou Eslex ou ès Lœx) pour ès Lex, dans les rochers; l’Allée au Mont-Blanc, au Sanetsch et val d’Anniviers, l’Allex à Bex, Grandvaux, Albeuve = la Lex (voir Allée, Allex), /232/ Croix d’Aller sur une paroi de rocher, alpes de Saint-Gingolph = Croix de la Lex.
- Leydefeur (ou Laitefeux), ham. à Bossey, près Genève, loc. à Genollier et Givrins; Ley de Fourt (ou Furt) à Bonvillars, Leidefrou à Rueyre-les-Prés, Frib., peut-être le Laideffurs, 1476, Arch. Fr. V, 304, 307; de lé, là, et feur, four, frou, de foris, dehors. Chalet deffrou à l’Etivaz, même sens.
- Leysin, D. Aigle, Leissins, 1232, Lisin, 1355, Lesin, 1355, 1402, puis Leysins, XVe s. (Layzein, 1588, Leysin et Leysein, XVIIe s., chartes d’Aigle). La forme primitive montre que nous avons affaire à un nom patronymique d’origine germanique. C’est le correspondant français du Leissigen bernois, D. Thoune, Leuzingen, 1386 = chez les descendants de Leudo, Leutho, n. pr. germain. Förstm., p. 858.
- Leytron, D. Martigny, Valais, Leitrun, 1219, Leytrun, 1231, 1234, Letron, 1291, M. R., Leitron, 1262, Würstbg. D’après Studer, « du celte ladr, leydyr, latin latro, voleur, brigand, » donc « nid de brigands. » Mais c’est impossible, latron, latronem a donné en français les mots larre, lairre, larron, tr devenant régulièrement rr. Vient plutôt du n. pr. gaulois Leiturron, donné par Holder, II, 171.
- La Leyvraz, vallon et sommet à Château-d’Œx, Roche à la Leyvraz, Epesses; Leyvres, loc. à Cossonay et chalets à Massongex, en la Leyvroz à Vérossaz, Valais; la Levra ou Laivra, pâturage au Saint-Bernard, Levratayre, loc. à Fully; Mauleivra à Ollon; pré Levray à Ollon, Praz Levrey à Servion, pratum Leporinum, XIIe s., Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, Lèvremont à Apples; de leivra, s. f., lièvre, latin leporem.
- Liaises, forêt sur Lausanne; voir Glaisy.
- Liapey, voir Lapié.
- Liarrey, loc. à Saxon, Liarray à Collonge, Valais; le même, avec le son mouillé, que Glarey.
- Le Liaugex, m. et terr. près du Rhône à Aigle, Liaugés, 1646, 1669, le Liauges, 1674. /233/
- Liavas, Prés — à Bassecourt, D. Delémont; Liavoz, chalets à Charmey, Clos Liavoz à Semsales, Liavaux à Châtel-Saint-Denis, Liavau, écart de Neirivue = Li, lé, là et avaux, aval, là en aval.
- Liddes, D. Entremont, Valais, Leides, 1177, Ledes, 1199, 1286, Litdes, 1200, Leddes, 1228, Leydes, 1266, Ligdes, 1259, Lyddes, 1267, Lydes, 1296, Liddes, 1345, Lides, 1381, enfin définitivement Liddes, 1470. D’après Gatschet, du bas latin lida, lidda, péage; possible, bien que les formes primitives en e, ei, ey le rendent un peu douteux. Un autre Liddes à Sierre n’a pas de formes anciennes pouvant éclaircir l’origine.
- Lidedain, Liderray, voir Léderrey.
- Lieffrens, D. Glâne, Fribourg, Leufrens et Leifres, XIIe s., Lifreins, Liefreins, 1247, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, Lyefrens, 1359 = chez les descendants de Leutfried ou Liefred, n. pr. germain. Les orth. Riefrens et Lacfrens, 1262, Würstbg., 297, sont des fautes de copistes ou d’impression.
- Liène ou Lienne, autre nom de la Rière, rivière descendant du Rawyl, Valais; Lienna, ruisseau descendant de la Berra sur La Roche, Fribourg; du celte glen, vallée, encore employé en Ecosse (Glenmore, Glencoa, etc.) pris au sens de ruisseau, comme nant, ruisseau de nantu, vallée. Rière est le même mot avec permutation de l et n en r.
- Lienson, chalets épars sur un plateau en face de Charmey = Li-en-Son, là sur le sommet; un peu plus loin sont les chalets de Liavoz, dit la carte pour Li-avau, là en bas.
- Le Lieu, D. Vallée de Joux, jadis le Lieu-Poncet, Locus-Pontii, 1155; du nom d’un ermite Pontius ou Ponce qui le premier y habita. Le Lieu, 1483.
- Liez ou Lies, Valais, voir Laye.
- Lignerolle, D. Orbe, Lineroles, 1163-1171, Arch. Fr. VI, Lineroules, XIIe s., Linnirules et Linnierules, 1235, M. R. VI, 624, Lignierules et Ligniruoles, 1282, M. R. III, 553, Lignerules, 1285, Ligniroules, 1446, 1458, Glignyroules, 1485, Lignyrolaz, 1521, Ligneroules, 1525. D’après Gatschet, de lignarolis /234/ (barbarisme) regio, région boisée. Très peu probable. D’après les formes primitives, sans g, de linariolas, dim. de linarias, f. pl. de linarius, de lin, donc petits champs de lin. Plus tard s’est établie une confusion avec lignarias, de lignum, bois. Un Lignerolles de France s’appelait Linariolas au milieu du VIIIe s. (Jubainville, p. 523).
- Lignières, C. Neuchâtel, Linieres, 1179, 1212, 1311, Lineres, 1297, Lignyeres, 1349; m. à Saint-Sulpice (Linière), Neuch.; ham. de Saint-Saphorin, Lavaux; loc. à Essertines sur Rolle et Lignière, ham. de Gland, D. Nyon; de linarias, champs de lin. Ceci d’après les formes primitives XIIe et XIIIe s. Toutefois la dérivation de lignaria (vallis), vallée, région boisée, du Mus. N. XXXIV, 263, n’est pas absolument exclue. Voir le mot précédent.
- Lilat à Dorenaz, Lillaz, loc. à Martigny, à l’angle entre la Dranse et le torrent Bayard = l’Islaz ou l’Ile.
- Limasse ou Limace, grande forêt et pâturage à Baulmes, Jura, prel de la Limace, 1415, prato de la Lymacyz, 1516; les Limaces, métairie à Courtetelle et les Limes, loc. à Agiez, pâturage à Cormoret, Jura bernois; en Limassier, bois à Yvonand; dérivés du latin limus, ital. limo, lieu humide, racine qui a donné le fr. limon.
- La Limbaz, rivière, Vaud et Frib., affl. de la Broye; paroi de rocher près Saillon, Valais; Proz Limbi, au pied des rochers du Combin au Valsorey; du latin limbus, bordure, ruban, circuit, fr. limbe.
- Lindéret, pâturage derrière Corjon, Pays-d’Enhaut = l’En derrey, derrière.
- Lionne ou Lionnaz, rivière à l’Abbaye, affl. du lac de Joux, Liona, Leona avant 1100, Leena, 1140, M. R. I, 172; fausse interprétation d’un nom celtique. Lionette, ruisseau à Frenières sur Bex, diminutif. Lion, ancien nom du Nozon, d’où Vaulion = Vaux-Lion, vallée du Lion; du celtique lion, gllon, eau courante, parent de glen, vallée; voir Lienne.
- Lioson, deux pâturages, D. Aigle, l’un à Ormont-dessous, /235/ Lyuson, 1247, Lyoson, 1252, Lusun, 1287, Liogson, Lyogson, 1249; l’autre sur Argnaulaz, vallée de l’Eau froide, — que M. Hisely a confondu avec le premier, — Liuson supra Herniola et Lioson, 1242, Lyusun, 1248, Lyoson, Lyosum, 1252, Lyouson, Lyeson, 1255, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, pascua de Gloson, 1329. Probablement de locum, lieu, patois liu, et son, som = du sommet; de l’adj. latin summum, donc le lieu, la station, le pâturage du sommet, chacun d’eux étant le pâturage le plus élevé de la région, celui où le bétail fait sa dernière station dans la montée. L’étymologie de Gatschet, qui le tire de lacticinia, est absolument impossible.
- Lirec, alpe, Val d’Anniviers = Lirette, pour le suffixe ec, voir Biolec.
- Lirette, ham. de Saint-Jean d’Anniviers, le Yreta, 1250, Lirette sur Ardon, Lyrettaz sur Sierrc, autres formes, avec soudure de l’article, de l’Airette, dim. de Aire; voir ce mot.
- Lite, la Lita ou Leta de Pont, au Plan des Isles, les Lites ou Letes, lé léti du Rachy, subtus les Lites, 1332, Ormonts, ceux-ci fauchages longs et étroits; la Lette, alpe de Bourg-Saint-Pierre, ès Lettes à Collonge, à Vionnaz, Littes, 1775, aux, ès Littes à Yvorne, à Troistorrents, Vérossaz, à Fang de Chandolin et à Mollens, Valais; ès Littes à Erschmatt, 1430; du v. h. all. lista, bordure, bande longue et étroite (en Berry lîte, bande étroite de mousseline. Les Ilettes à Monthey, près de la Vièze, ont la même origine; c’était autrefois ès Lites, Littes, 1696; de même à Massongex les Ilettes, ès Lettes, 1743, avec le patois y Lettes; il y a eu soudure de l’y, de là ès-y-Lettes, les Ilettes.
- En Liresson, loc. à Conthey, Valais; probablement en l’Iresson, hérisson.
- Litroz, fausse orth. pour L’Itroz, voir Etroz.
- Liseraz, ruisseau, fausse orth.; voir l’Iseraz.
- Lizerne, riv. D. Conthey, Valais, aquam de Lyserna, 1268; mais ce l n’est que l’article agglutiné comme le prouvent d’autres mentions : aquam que vocatur Yserna, 1304, Yserna, 1315, 1412, Iserna, 1339, Isernia, 1457; elle porte ainsi le même nom /236/ que l’Arnon, Ysernum, 1177, et que le torrent l’Isarno duTessin, mot d’origine celtique, parent sans doute de Isara, voir Iseraz.
- Lobschez, ham. de Soubey, Jura bernois, Lobchey, 1179, 1342, Tr. I, 365 et III. Le Jura présentant régulièrement la construction germanique dans les noms, on pourrait traduire la maison de Lobo. Hidber interprète par Lo Bissel. II, 288.
- Loc, ham. de Randogne, Valais; voir Luc.
- Loche, 2 m. à Puidoux, D. Lavaux, Loche et la Loche-dessus; Loche et Lotze à Oleyres, Luchelet, forme masc., à Granges, Valais, Lochettaz à Bouloz et Lotsetaz à Torny, Frib.; Louche et Louchettaz à Monthey, Loschettaz, 1696; Lochelettaz à Miège, Valais, Leuchelette à Sierre; agglutination de l’article pour l’Oche, l’Ochette, l’Ochelette, voir Oche.
- Locle, C. Neuchâtel, en patois Louche, Loutché, Loclo, Losculo, Losclu, Locloz, 1351, 1359, Loucle, 1395, 1531; de la racine celtique loch, lac, correspondante du latin lacus et suffixe dim. ulus. Ce celte loch, encore employé en Ecosse et en Irlande, se retrouve dans le nom celtique Penn-loch, tête du lac, Pennelocus ou Pennilucus des Romains, localité qui existait alors sur l’emplacement de Villeneuve. La vallée du Locle était souvent inondée et a dû former primitivement un lac. Loclat, petit lac près Saint-Blaise, un autre près Couvet, Neuch., le même mot avec suffixe dim. at = et. Le Grand Locle, loc. à Corcelles, Locloz vers 1150, ou Locle, 1280; les Loclats, loc. à Auvernier, avaient sans doute jadis de petits lacs aujourd’hui disparus. En 1844, les champs du Grand Locle devinrent un lac de 7 à 8 pieds de profondeur. M. N. XIX, 278; voir aussi Luissel.
- Locras, n. fr. de Lüscherz, D. Cerlier, Berne, Luscerat, 1277.
- Lodzo, vaste terrasse qui se creuse sur le flanc O. du Mont-Gond, au-dessus des parois de rochers du Chemin-Neuf; la Loudze, pâturage entre Bretaye et la Forclaz, Louze(dz), alpes de Chamoson, permutation j-dz : Lodzo = louge, comme rodzo, rouge. Louge, article agglutiné pour l’Ouge, autre forme de auge; du latin alveus, bassin, voir Ouge. /237/
- La Lœnaz, ruisseau à Massongex, Valais, aqua dicta Aloygno, 1247, M. R. XXIX, 403.
- Lœtschen, vallée du Valais, Lyehc, 1233, Liesch, 1290, Liech, 1477, encore en 1531, ordinairement Liec aux XIIIe et XIVe s., vallis Illiaca superior dans les chartes, pour la distinguer du val d’Illiez; probablement du celtique lieic, pierres, britann. llech, breton liac’h, pierre. Zeuss, p. 32.
- Lœx, ham. de Bernex, Genève, au-dessus des falaises du Rhône, Lœs, XIVe s.; de lei, rocher, voir Lex.
- Les Loges, nombreuses localités, chalets, hameaux, Jura vaudois, neuchâtelois et Val. Saint-Imier; encore plus fréquent en France (71 fois dans l’Indre); dim. Logette; le même que le n. commun loge, au sens primitif du germ. laubja, primitivement hutte, cabane de feuillage, all. laub, romanche lobgia, tonnelle. Dans la Louge, m. à Château-d’Œx, qu’on prendrait pour une variante, il faut plutôt voir l’article agglutiné : Louge pour l’Ouge, les maisons de la Louge sont dans un terrain bas, au bord de la Sarine, même position que de nombreuses Ouges.
- Ès Lognies (pour Lognes), vignes à Luins, D. Rolle; endroit où abondaient les lognes, nom patois de la bardane.
- Lombriaou ou Lombriaux, sommet qui termine le chaînon de la Dent de Lys, Fribourg = v. fr. l’ombril ou nombril, du latin umbilicus, avec agglutination de l’article, syn. des Nombrieux.
- Lomont, longue chaîne du Jura qui s’étend des environs de Delémont à Pont de Roide en France = long mont par dissimilation comme Moron de Montrond et Romont de rond mont, bois de Loomont, 1308, dans la charte des Franchises de Blamont (Blantmont).
- Lona, alpe et col, avec 3 lacs, entre les vallées d’Hérens et d’Anniviers, Valais; de lona, en provençal launa, étang, marais, petit lac, dérivé du latin lacuna, d’où par syncope launa, d’après Dietz. Dans le Lyonnais et en Dauphiné, lône = ancien bras de rivière à l’eau dormante.
- Lonay, D. Morges, Lonay, 1177-1208, Losnai, 1218, 1228, /238/ 1242, s parasite. La forme de 1177 nous montre un dérivé d’un n. d’homme, sans doute (fundum) Lonacum, domaine d’un Lonus : le cognomen Lonus est dans Holder, II, p. 286.
- London, rivière C. de Genève, carte Dufour et carte état-major français; fausse orth. pour l’Alondon, par apocope du a passé à l’article comme le montrent les formes anciennes Alonda, 1292, 1295 et 1312, M. G. I, 108, XIV, 244 et XVIII, 4, Aronda, 1305, Allondonz, 1321, Alondon, 1358, M. G. I, 125, XVIII, 63. Plusieurs autres rivières du diocèse portent le même nom, remarque le Rég. gen. On y trouve une racine indéterminée al ou ar et onda, qui vient peut-être, comme dans Gironde, d’un plus ancien umna, parent de amnis, fleuve, voir Géronde. Al est le même que Ar : Alonda, Aronda, et doit être le celtique ar, fleuve. Il y aurait donc là une combinaison de deux racines signifiant cours d’eau, à moins que ar ne soit ici la particule augmentative ar = très; voir Aar.
- Longe, fréquent en composition, présente deux sens, c’est quelquefois le verbe longer, ainsi Longeaigue, ham. de Buttes, Neuchâtel, qui longe l’eau, Longive, m. à Puidoux, même sens, Longe Reuse ou Longereuse à Fleurier, Longeborgne, ermitage près de la Borgne, Longe Borny, 1448, qui longe la Borgne, Longevit, champs à Montmagny, pour Longevy, loc. à Arnex, Champmartin, Salavaux, champs longeant la route. Lonligue, prés à Sottens : le long de l’eau.
D’autres fois c’est longe, adj. v. fr. = longue; c’est le cas le plus fréquent. De là les nombreux Longeraye, une 20e, on trouve aussi Longue Raye et en Valais Lonzeraies (Randogne), Longeaigue, ruisseau à Avenches, Longeau près Bienne, all. Lengnau, Lengenach, 990, Lengowe, 1181, Longiewa, 1228, Longeau, 1262; Longive, ruisseau près Oron, la Longue eaue, 1553, Longivue, ruisseau près Autigny, Longeornes à Enney, de orne, sillon; Longefange à Froideville, D. Echallens, Longefange, 1142, à Valeyres-sous-Rances, Longifangi, 1184, 1190, M. R. XII, Longefan à Villeneuve, longue fin; Longeperche à Ollon, de pertica, voir Perche. Longessiaz, chalet à Charmey, longue arête, voir Sciaz; /239/ Longevaux à Villeneuve, longue vallée; Longe Vernaz à Pampigny, Longeville, ham. d’Orges, D. Yverdon, Longavilia, 1126, M. R. III, 441 et 1260, longue ferme; Crétalonge à Sierre et Crêta Lonza à Sion, permutation j-z. Enfin longe est s. f. dans - Longemale, ham. d’Eysins, D. Nyon, m. à Fétigny et Corcelles-le-Jorat; Longemalaz, 5 ou 6 loc., Longemalle, place à Genève, Longimala, 1278, Longamala, 1298, Longimala et Mala Longa, 1303 et 1310, M. G. IV, XIV, Longamalla, XIVe s. Le Cart. Laus., M. R. VI, 647, parle d’une vigne près du marais, paludem que vocatur Longimala : de longe, pris substantivement, comme dans longe de cuir, et mala, mauvaise = mauvaise longe (de terre). Le quartier de Longemalle à Genève formait alors un long promontoire dû aux atterrissements du lac, à l’E. de la baie du Molard qui s’enfonçait jusqu’aux rues Basses actuelles, et le terrain y était assez marécageux, comme le montre le nom de Paluays, Palays (paludetum), donné à des terres voisines. Longemalle, loc. à Fiez, même sens.
- Les Longennes, prés à Beurnevésin et les Longines à Villeret, les deux Jura bernois; de longe, s. f. et suff. dim. ine, patois ena, d’où enne; petits morceaux de terre de forme allongée.
- Longirod, D. Aubonne, Longirot, 1267, M. R. XXVIII, 209, Longiro, 1391, 1441.
- Lonza, rivière du Lœtschenthal, Valais, Lodentza, 1304, Lodenza, 1307.
- Lonzet, Champlonzet, à Liddes, forme valaisanne de longet.
- Lorette, chapelle à Bourg-Saint-Pierre, Valais, à Fribourg, à Saint-Ursanne, à Porrentruy, qu’un cartographe ignorant écrit l’Horette (atlas Siegfried); chapelles consacrées à N.-D. de Lorette, de Loreto, Italie.
- Lormaz, Lormoy, Lormy = Orme, Ormoy, avec agglutination de l’article; voir Ormey.
- Lossy, ham. de Belfaux, Frib., Lozchie, 1228, M. R. VI, 338, Lozie, 1229, Lochie, 1267, Lotzie, 1294, Locye, 1445 = (fundum) Losciacum ou Lossiacum, domaine d’un Loscius ou d’un /240/ Lossius, deux gentilices connus chacun par 3 inscriptions. Holder, II, 289.
- Louchet, Pompaples, Saint-Saphorin, Louchez, Valais; voir Luissel.
- Louchet, mayen, alpes d’Hérémence, près Orsera; probablement de Prato Longet in montibus Heremencia in Ossella, 1456; de Longet par une double permutation on-ou, j-ch. Ce n’est pas Praz long ou Prato longo, comme l’explique le Répertoire M. R. XXX, puisqu’on échange la terre de Prato Longet contre une autre à Prato longo, p. 537.
- Loudze, voir Lodzo.
- Louèche, Valais, all. Leuk, Leuca, 515, 1131, 1138, Luchiam, 1017, Luechia, XIIe s., puis encore Leucha et Leuca, XIIIe et XIVe s. (Gremaud), Luech, 1474, Arch. Schw. Gesch. III. 215. D’après Gatschet et Studer, du v. h. all. luog, luoc, caverne, gorge. Mais comme tous les anciens noms de la contrée sont romands, celtiques et non allemands, vient plutôt de la racine celtique lieic, leugh, pierre, ou mieux encore de l’adj. celtique leucos, loucos, blanc, brillant (Holder, II, 195, 291), qui convient bien à la position ensoleillée de la localité.
- Louèche-les-Bains, balneis Leuca, 1446, s’appelait Buez, Bœz, 1229, communitas de Buez, 1315, balnea de Bœz, 1339, vallis de Bois, 1402, balnea magna in valle de Boës, 1405, Buex, 1421, de bois, la vallée étant alors couverte de forêts.
- Loup, Plaines du Loup, sur Lausanne; de En L’Ost, v. fr. ost, armée, prononcé en Lo, écrit en Lod, puis plaine du Lod, enfin plaine du Loup. Sur l’origine de ce mot en Lo, un contemporain des guerres de Bourgogne, le syndic Johannes Grant raconte que le duc Charles le Téméraire « plaça son armée (14 mars — 27 mai 1476) dans les champs soit dans le lieu dit Grattapaille dès lors appelé en Lo : » obsidionem suum in campis sive loco dicto Gratapalliz … posuit, ibi ex tunc en Lo dicitur, M. R. XXVIII, 248.
- Lour, Bois de la — à Vallamand; fausse orth. pour l’Allour, voir Alloux. /241/
- Lourtens, D. Lac, Frib., all. Lurtigen, Lurtingen, 1558, Lurtens, 1620; d’un n. pr. germain indéterminé.
- Lourtier, voir Ortier.
- Lousine ou Loursine, pâturage sur Fully = l’Oursine; du latin (comba) ursina (combe) des ours.
- La Louve ou Loue, ruisseau à Lausanne, comme la Loue, affl. du Doubs. On pourrait penser à un substantif verbal de luere, arroser, laver, baigner, mais il y a une forte objection que nous fait M. le prof. Bonnard, c’est que « luere ne semble avoir survécu nulle part dans le domaine des langues romanes. » Donc origine inconnue.
- Louvin, loc. à Gléresse = adj. v. fr. louvin, lovin, du loup, sous-entendu pré.
- Louye, loc. à Goumœns-la-Ville, Etagnières, et Fully, Valais; en Louyaz ou ès Louyes, ham. de Prez, Frib.; probablement pour l’Ouye, patois l’ouhie, l’oie, prés où pâturaient les oies. Quant à la Louye d’Illarse, Valais, elle s’appelait la Loye, Loyettaz, 1696. Un singulier exemple de défiguration de nom nous est fourni par la Louye de Fully, écrit la Croix de la l’Houille dans la Feuille d’Avis off. du Valais.
- Lovatens, D. Moudon, Lovatingis entre 996 et 1017, Lovartens entre 1200 et 1229, Donat. Haut. = chez les descendants de Lobeto, n. pr. germain; racine lob, louange. Förstem., 879.
- Lovaty, chalet à Charmey, Lovatière à La Rippe, Lovataire, Provence, Lovateyre, ham. de Lussy, Frib., forêt à Vufflens-la-Ville, ès Lovateires, Auvernier, 1356, Crou des Lovatieres au Locle, 1372 = louvatière, endroit où il y a des louvets, jeunes loups; de là encore Lovat à Sottens, Mont Lovet à Tour-de-Trême, Champ Lovet à Coffrane, Praz Lovat, Forel de Lavaux, pré Louwet à Cornol, 1314, Combe Loviat à Courgenay, 1347, Lovettes aux Tavernes.
- Lovegnoz, pâturage sur Mage, D. Hérens, Valais, Loveno, 1339; peut-être de la famille de lovin, comme
- Lovenex ou Lovenet (Lutz), Loweney, XVIIIe s., pâturage sur /242/ Saint-Gingolph, qui paraît un adj. diminutif de Lovin, adj. = de loup. (Praz) Lovenet, petit pré des loups.
- Lovens, D. Sarine, Frib., all. Lowing, Lovens, XIIe s., Lovains, 1215, 1223, Arch. Fr. VI, Loveins, 1254, F. B. II, Lovens, 1320 = chez les descendants de Lobo, n. pr. germain; du v. h. all. lôp, lob, louange.
- Lovay, forêt à Saint-Maurice, Lovère à Bassecourt, ès Loveyres à Noville, Lovières à Tramelan, Louvière, ham. de Presinges, ferme à Mervelier, forêt à Chévenez, Luvery à Dompierre, D. Moudon = louvière, bas latin luperia, endroits où il y a des loups; diminutifs Lovaret à Gryon, Loveret à Vufflens-la-Ville, Louverain à Coffrane, Loverens à Fey; toutefois ce dernier nom, avec sa finale ens, pourrait avoir pour origine un n. d’homme et signifier : chez les descendants de Lobhari, de Lobo et hari, guerrier; voir plus haut Lovens.
- Loveresse, D. Moutier, Loveresce, 1148, 1181, Loverezo, 1179, Loverasse, 1225, 1267, etc., loc. à Miège, Valais, à Aigle, Loveressy, 1425, Louveresse, 1718, et 6 autres Vaud et Frib.; Loveresche à Zinal et Loveréché à Grône, D. Sierre, Valais; le même, avec suffixe v. fr. eresse, que louvière.
La fréquence des noms dérivés de loup montre combien cet animal était abondant dans le pays jusqu’au XVIIIe s. Les comptes du syndic d’Aigle, Pierre Sylvestre, pour l’année 1642, mentionnent des primes payées pour 30 loups et un ours. - Loye, village de Grône, Valais, Loy, 1250, Lohy, 1279, Loy, 1392, 1417; la Loye, forêt à Carrouge-Oron; Loyes, loc. à Etoy, et Ecublens-Morges; la Loyettaz, loc. à Bettens et Bavois, m. à Rossens, Frib.; les Loyettes, nombreuses forêts et lieux-dits. Eloyes, loc. à Saint-Imier, même mot avec soudure de ès. Du v. h. all. loh, fr. forêt, employé jadis comme n. commun. On trouve dans M. R. XVIII un acte de 1100 où l’on parle d’unam loiam, une forêt. Loyes est aussi le nom français, oublié aujourd’hui, de Laupen. Un récit contemporain (1340) de la bataille de Laupen, Rec. dipl. Frib. III, p. 27, dit : Illi de Mureto, videntes Bernenses triumphari, currebant ad aquam Saronae prope Loyes : Ceux de /243/ Morat, voyant les Bernois l’emporter, couraient à la Sarine vers Loyes.
- Loye, quartier de Louèche, en all. Löge, paraît ainsi se rattacher à l’all. leuge, löge, galerie, passage; c’est à Louèche la rue qui conduit à Varone. Mais ce n’est qu’une fausse traduction allemande fondée sur un rapport extérieur; les trois quartiers de Louèche, Loie ou Loye, Galdenen et Tschablo s’appelaient en 1411 tertia Lobii, Caldane et Cabuli, J. de Lobiis, 1392. Loye est donc ici un synonyme de loge et vient comme lui du v. h. all. laubja, hutte, voir Loge.
- Lozenche ou Losenze, rivière près Chamoson, Valais, Agensi, 1177 et 1218, l’Azenchy, 1325, aquam de Ausenches, 1339, encore un exemple d’agglutination de l’article.
- Luc, ham. d’Ayent, Valais, en patois Lui, Lus, 1267, 1279, 1295, Luis, 1290, Lux, 1336, 1340, 1343; 2o commune, val d’Anniviers, Luc, tout court, 1304, 12, 27, Lucx, 1408. Aujourd’hui encore Luc, tout court, 1903, 1904, dans les publications officielles de la commune, souvent Saint-Luc depuis une 50e d’années. F. off., 1905. Généralement dérivé de Saint-Luc. A cela s’opposent : 1o les anciennes graphies Lus, Lux, Lucx; 2o Luc n’avait pas d’église; 3o toutes les localités qui tirent leur nom de saints sont constamment désignées par leur double nom. Jamais il ne serait venu à l’idée d’un clerc de dire tout court Luc pour Saint-Luc; 4o Luc d’Ayent n’a pas même de chapelle et il y en a un 3e à Randogne, Loc ou Lock, Luch, 1267, M. R.; Loc, 1342, 1429, Zimmerli, Luz, 1454. Bridel le dérive de son côté de lucus, bois. Lux, Luc pourrait aussi venir de la racine celtique luc, briller, parent du latin. Luc d’Anniviers est particulièrement ensoleillé et quand la vallée d’Anniviers est encore ou déjà dans l’ombre, les maisons de Luc brillent au soleil. Luc ou le Luc est aussi le nom de 5 ou 6 loc. de France : Drôme, Isère, Var, Calvados.
- Lucel, Luchet, voir Luissel.
- Lucelle, all. Lützel, loc. et rivière, D. Porrentruy, Berne, Lucicella, 1125, Lucella, 1136, Lucela, 1139, 1146, Lucila, 1176, /244/ Monasterio de Luciscella, 1189, Trouillat; Lucella, 1300, F. B. IV. Du v. h. all. luzil, petit, et de cella, demeure, maison, changé par les moines en lucis-cella, demeure, maison de lumière, nom donné sans doute par le fondateur du couvent. Les moines aimaient ces changements pieux; c’est ainsi qu’ils changèrent aussi le nom de Stadowe : owe, la prairie, et Stad, le bord, en Gottstatt, Locum Dei « Locum Dei antiquitus dictum Stadowe, » 1255, F. B. II, et Frienisberg en Aurora.
- Lucens, villa Losingus, 963, M. R. VI, 4, Locens, 1157 (Lettre de S. Amédée ad Lausannenses citée par Hisely, Comtes de Genevois), Lucens, 1217, Locens, 1244, F. B. II; all. Lobsigen, Lossingen = chez les descendants de Lobizo, n. pr. germain. Racine lob, lôp, louange. Lucinge en Faucigny a la même origine.
- Luette, ham. de Saint-Martin d’Hérens, Valais, Lueth, 1322.
- Lugnez, D. Porrentruy, Berne, Lunigie, 1181, Lugney, 6 f. 1316-1332, Leugney, XVe s., vico Lugdanico dans la Vie de Saint-Imier, XVe s., Vico Lugduniaco, Musée historique, p. 295, nous paraît identique, comme origine, avec un Luguniacum pagus Alsinsis, VIIIe s., cité par Holder, II, 344, le pagus Alsinsis ou Alsgau est justement le pays de Porrentruy. Holder dérive Luguniacum du nom du dieu gaulois Lugus, dieu de la lumière, d’où dérive également Lyon. Lugdunum = le fort de Lugus.
- Lugnorre, ham. du Haut-Vully, Fribourg; Luginares et Leuconaries, 1079, Leuconares, 1145, Luchnorro, 1183, F. B. I, 473, Loisnuerre, 1216, Losnoros, 1228, Lonurro, 1230, Lolnouros, 1235, Lugnourro, 1352; on trouve encore Losnorro, Lausnoro, Lausnotro, Lunuerre, Lenoro, 1317, Lognerro et Lonerro, 1336, Lunouroz, 1373, Lenauré dans Boyve, XVIIe s., etc. D’après Gatschet, de lucus nucarius, bois de noyers. Etymologie douteuse. Plutôt d’origine celtique. La première partie du nom lug, lugi est une racine celtique, — voir le mot précédent, — qui se retrouve dans de très nombreux noms. Lugi, peuple de Bretagne, Lugidamus, Lugidunen, Lugdunum, etc. Leuco est /245/ aussi une racine celtique. Quant au second terme nares, norro, il est énigmatique.
- Ès Lugrines, vignes à Monnaz et Vaux, D. Morges, et loc. à Vandœuvres, Genève; probablement de Lugrin, n. pr. de fam. répandu à la Vallée et Savoie.
- Luins, D. Rolle, Luins, 1115, Hidber, I, 459, 1177, M. R. I, 187, Luins, 1299, M. G. XIV, Luyns, 1335, 1387, M. R. V, évidemment un patronymique d’origine germanique. Mais quelle consonne disparue y avait-il dans le suffixe ins. Serait-ce un équivalent de Luvens = chez les descendants de Lubo ? Nous ne savons où le Régeste genevois a trouvé Lunnum, p. 504. La charte de 1299 à laquelle il renvoie a Luins dans M. G.
- Les Luisettes, parois rocheuses au Valsorey, près du Saint-Bernard; le Luisin, sommet sur Salvan, offrant de grandes parois rocheuses; diminutifs de luis, forme locale, 6 loc. en Valais : la Grand Luis au Saint-Bernard, la Luis Balayer à Salvan, etc.; du mot lex si répandu dans nos Alpes = paroi de rochers, voir Lex.
- Luissel, nom de nombreux petits lacs, à Bex, Panex sur Ollon, les Plans de Bex, Crebelley, Châtel-Saint-Denis (aussi Lussel ou Lussy), loc. à Aigle; le Luissalet sur Gryon; loc. à Bex; autre près de la Veveyse à Saint-Légier : l’Issalet, carte vaudoise; eys Lissalets sur Saint-Saphorin, diminutifs. Ajoutons
- Les Gouilles de Lussez à Vuitebœuf, Vaud;
- Le Lucel ou Loussel, vall. d’Arolla, Valais;
- Le Luchet, lac sur Ayent, Valais;
- Le Louchet, marais à Pompaples; loc. à Saint-Saphorin;
- Louchez, petits lacs à Savièse et à Lens, Valais.
- Les chartes valaisannes en nomment encore beaucoup d’autres : Le luxellum Montis Ordei (Montorge); lucellum Castri Novi luissel de Châteauneuf près Sion; luxellum de la Planczeta à Sierre, 1467, au Luyssel à Savièse, 1250; lo Lussel à Vex, 1257, lo Lousselet de Géronde à Sierre, 1299, oul Loussel à Chermignon, et les comptes de Chillon, M. R., 2e s. II, 71, 95, une alpe de Lussel, Luysel près Jaman. Tous ces mots viennent d’une racine celtique : vieux hibernien loch, cymrique luch, gallois lwch, /246/ lac; armoricain louch, mare; irlandais lough; breton loch, marais, Cornouaille loch, étang, écossais loch, lac, mots parents du latin lacus. Un autre mot celtique de la même famille, le cambrien laith, lac, paraît être la source d’une autre série caractérisée par le t; au XIIIe s. lac se dit parfois layt, d’où les diminutifs laytel, laytelet, tels sont :
- Leythel, marais à Attalens, Veveyse;
- Au Leyty, pâturage avec petit lac à Grandvillard, Gruyère;
- Les Leytets, chalets à Rossinières, avec 2 mares;
- Laithalet ou Laissalet, pâturage (mare) à Château-d’Œx. Ajoutons le lac Ter, vallée de Joux, qui s’appelait au XIVe s. Laytel, petit lac, d’où par corruption Layter, puis lac Ter.
- Peut-être cette seconde série peut-elle être dérivée du latin lacus, en patois lai, romanche lai, lei par un diminutif laiet, d’où laietel, puis laitel.
- A lai se rattache directement
- Eloy, all. Seehof, D. Moutier, Berne = ès Loys.
- Lully, D. Morges, Lulliacum, 1011, Lulie, 1217, M. R. VI, 291, Lulliez, 1453; Lully, Fribourg, villa Lulliaco, 1011, Lulie, 1228, Lulye, 1337 (Matile), Lulier, 1437; Lully ou Lulliez, ham. de Jussy, Genève, Luliacum, XIIe s., M. G. II, Lullier, 1364; et Lully, ham. de Bernex, Genève, Lullie, 1304, Lullier, Rég. gen. = (praedium) Lulliacum, domaine d’un Lullius ou Lollius, de la famille consulaire Lollia, dont on a trouvé des médailles à Genève.
- Lurqui, Lurquier, Gruyère, voir Ortier.
- Lusigny, loc. à Burtigny, Lusinie, 1259, Lusignie, Lusigniez, XIVe s., M. R. V, nom d’un moulin sur la Sérine; doit être un (fundum) Luciniacum, du gentilice Lucinius ou Lucenius, connu par 2 inscriptions, à moins qu’il n’y ait eu ici la permutation i-u qui a donné Lusignan, primitivement villa Liciniana; dans ce cas ce serait le domaine d’un Licinius, gentilice très fréquent. /247/
- Lussery, D. Cossonay, Luseri, 1147, Cart. Month., Luxirie, XIIIe s., M. R. VI, 322, Lussirie, 1230, Luxirie, Luxurie et Luxirier dans la même page d’une charte de 1387, M. R. V, 304, Luxurier, 1461, 1572, Luxiry, 1699 = (fundum) Luxuriacum, domaine d’un Luxurius. De Vit, IV.
- Lussy, D. Morges, villa Luciaco, 1026, Lusci, 1177, Luxie, 1228, Lussie, 1230, Luxye, 1279, M. R. VI, M. G. XIV, Lussiez, 1453; Lussy, D. Glâne, Frib., Lussiei, XIIe s., Arch. Fr. VI, Lussie, 1226, Luxie, 1258, Lussye, 1260; 3o ham. près Châtel-Saint-Denis (voir aussi Luissel); de (fundum) Lucciacum, domaine d’un Luccius ou Luscius, gentilice assez fréquent. Quant à ès Lussy, vignes à Riez, l’article paraît en faire un n. commun; peut-être forme de luissel, voir ce mot.
- Lutry, D. Lavaux, Lustriacum, 516, 997, 1079, in Lustraco, 907, Lustriei, 1147, Lustrey, 1160, Lustrie, 1213, 1228, Lustriez, 1536, Blanchet, 154. Gatschet le tire de lustrum, forêt, lieu solitaire. Mais d’après le suffixe acum, la première partie du mot est un n. d’homme. Cette racine onomastique lustr est connue : une inscription de Nyon a le composé Lustrostaius et De Vit a Lustricius. Lustracum, 907, viendrait de Lustrus. Lustriacum, Lustriei signifieraient domaine de Lustrius, mais nous n’avons pas de preuves que ce nom ait existé.
- Lyre, Grande et Petite Lyre, 2 glaciers latéraux du glacier d’Otemma. Lyre Rose (ou Lire), glacier, les trois, vallée de Bagnes; en Lyre, loc. à Choëx, Monthey. N’ont évidemment aucun rapport avec lyre, instrument. Comme le Valais a quatre Lirette = l’Iirette ou l’Airette, petite aire, de area, — voir Lirette, — ces Lyres ne seraient-elles pas des Lires pour l’Ire ou l’Aire, article agglutiné ? Ce serait alors la Grande Aire, la Petite Aire, l’Aire Rose, l’Aire (de) Rose, de glacier. Voir Rosa.
- Lys, pâturage et sommet D. Gruyère, Ly en 1537, Arch. Fr. III, 182, et plusieurs Lys en Valais; de lex, rocher, voir Lex. D’après le Dict. d’Attinger, le Lys fribourgeois viendrait d’un petit lac (li en patois) qui existe près des chalets d’En Lys. /248/
- M
- Macconnens, D. Glâne, Frib., Masconens, 1320, Macconens, 1335, 1406, Rec. dipl. VI, Mascognin, XVIe s. = chez les descendants de Mascon, n. pr. germain.
- Mache ou Maiche, D. Nidau, Berne, Maches vers 1150 et 1228; en all. Mett, Metten, 1305; les deux mots v. fr. mache et mete, du latin meta = meule de foin. La concordance de ces deux noms prouve l’étymologie : lieu où l’on fait les meules de foin; même origine pour la Mache, forêt et pâturage près Vallorbe. Le plus souvent on rencontre d’autres formes dérivées du latin meta, voir à Maya. Maiche a de nombreux dérivés :
- Les Maichières, loc. à Develier et à Courroux, D. Delémont;
- La Mechière à Lugnez;
- Les Mechières, loc. à Damphreux, Meschere, 1306, et peut-être Méhyre, loc. à Pierrefitte; de maiche et suff. collectif ière; Maicheratte, maison à Corban, et les Macherelles à Bôle, diminutifs; enfin c’est probablement à la même racine et suffixe collectif que se rattachent
- Mâcherey, ham. de Troistorrents, Valais, Mascherel, 1281-1329;
- Machéri, loc. à Villars-le-Comte; Macheiry, loc. à Pregny;
- Machereux, alpe de Gruyère, Macherieux, Mechirioux, 1458;
- Masserey (ch-ss) à Saint-Martin d’Hérens et sur Painsec d’Anniviers, Valais; en 1275, le Cart. de Haut-Crêt mentionne un rivum de Macherel près de Villars-le-Terroir et, en 1275, on trouve un pré « au Mascherel » et une terre « sita en Matharel » à Jussy, M. G. XIV, 139.
- Macolin, all. Magglingen, D. Bienne, Macoleyn, 1341 = chez les descendants de Magilo, Macculo, dim. de Mago, Macco, n. pr. germain. Macco est fréquent dans la vallée du Rhin, Holder en a 14 exemples.
- Mage, ou en patois Mase, D. Hérens, Valais, villa Magis, 1100, Matgi, 1200, puis Magi ou Magy, XIII-XVe s. Gatschet, reproduit par Studer, le dérive « du bas latin magisca, ital. maggese, labour fait en mai » et ajoute ce texte : « si quis fecit /249/ magisiam in qua debetur seminari granum. » Mais l’italien maggese n’a rien à faire avec magisca et représente majensis; magisia est la latinisation de maggese. Mage n’a pas de rapport avec mai. Magis est pour nous un cognomen employé à l’ablatif pluriel. Jubainville cite plusieurs gentilices employés ainsi : Mettis, Metz, Auriis, Bassis, sous-entendu fundis, de Mettius, Aurius, Bassius. Quand on eut oublié la nature adjective de ces mots, on les employa avec villa au nominatif, ainsi villa Valeriis, 877, villa Bassiis, 960; villa Magis, villa, ferme de Magus, n. pr. du latin magus ou du n. germain Mago latinisé.
- La Magne, D. Glâne, Frib.; de (villa) magna, grande ferme. Pré Magne à Corban, Jura = grand pré.
- Magnedens, D. Sarine, et ham. de Villarimboud, D. Glâne; le premier Manoldens vers 1162, Arch. Fr. VI, Mannudens, XIIIe s., Magnudens, Magnoudeins, 1229 = chez les descendants de Maginold, n. pr. germain.
- La Magnenaz, loc. à Aigle, Gimel, Mauborget; propriété d’un Magnin, n. pr. dérivé du v. fr. magnin, maignan = chaudronnier ambulant, du bas latin machinanus.
- Magnoux, Bioley-Magnoux, D. Yverdon, mieux orthographié jadis Bioley-Magnoud, XIIIe s. = Bioley (de betuletum, bois de bouleaux) de Magnoud, forme contractée de Maginold, n. pr. germain.
- Magny, village près Genève, Mainiacum, Magniacum, XIIIe s., Rég. gen., 505, et loc. à Bex = (fundum) Magniacum, domaine d’un Magnius, gentilice romain qui a donné les noms de soixante-cinq localités de France.
Mainniacum, 1153, que Hidber, II, 506, rapporte à Magny est Meinier : la charte 2867 n’est que la reproduction du No 1997. Le pape Innocent IV y confirme au prieuré de Saint-Jean, et à l’abbaye d’Ainay dont il relève, les possessions mentionnées dans la bulle d’Eugène III. Il est évident dès lors qu’il s’agit dans les deux de la même localité. Les auteurs du Rég. gen. ont de même rapporté à Magny la mention de la charte 827 (1250) et à Meinier celle du No 331 (1153). - Maignon, ou Magnon, ou Magnot, ham. de Vétroz, Valais, Amanoisco, 1100, Amagnoc, 1200, Magniot, 1217, Furrer, III, /250/ 56, Magnioch, 1224, Magnoch, 1227, 1240, Amagnyoch, 1250, Magnohc, 1267, Amagniosc, 1324, Magnyoch, 1417, Magnyot, 1453. Remarquons d’abord qu’il ressort avec évidence de ces différentes formes que le a initial de quelques-unes n’est autre que la préposition a soudée au nom, comme les chartes en offrent de nombreux exemples. Gatschet tire Amanoisco du n. pr. germain Amano, mais celui-ci aurait donné un nom en ens ou ins, comme les rares noms germaniques du Valais : Suen, Salins, Vercorins. Si nous retranchons le a, qui n’est que la préposition agglutinée, il nous reste le nom Magniosc identique avec un nom Magnioscus ou Manioscus, étudié par d’Arbois de Jubainville (p. 595), formé du gentilice Magnius et du suffixe locatif ligure oscus = gaulois acus. C’est donc un correspondant des Magny, de Magniacum, domaine d’un Magnius.
- D’autres chartes nous parlent d’un endroit nommé Maigniez, introuvable sur la carte, mais dans la même contrée. En 1202, Boso de Ardun et Giroldus de Magniez sont témoins d’un acte M. R. XXIX, 147, et le même Gérold reparaît avec les noms de Menniez, 1217, Maigniez, 1218 (p. 160, 186, 195); ailleurs on parle encore du feodo de Mennie, p. 431. Maigniez est évidemment Magniacum.
- D’autre part, une charte allemande de 1446, M. R. XXXI, mentionne « das Lehen einer Manschaft » nommé dans la même charte Megins, Mengnes, Megnes, Manges, situé en aval de Conthey. C’est évidemment Magnioch. Si l’on retranche à Maigniez le suffixe iez, à Magnioch ou Magniosc le suffixe osc, och commun en Valais à cette époque (Arnioch-osc, Blivignosc-och, Graionosc, Grimisoch), il nous reste la racine Magn, commune aux deux noms et à peine modifiée dans la charte allemande Mengn. Ces trois séries de noms ligure, gallo-romain, allemand désignent donc toutes Magnot.
- Maigrauge, abbaye cistercienne à Fribourg, claustrum in der durren Owa, 1265, Macra Augia, 1260, 68, 89, Macre Ochie, 1376, M. R. IX, 207, et la Maigroge à Hauterive, Neuch., Macre Oschie, 1285, Macre ogie, 1334, Matile; de macra, maigre, et /251/ auge, terrain bas, enfoncé, voir Auge. Le nom allemand Magerau renferme la même racine mager, maigre, et au, du v. h. all. auwa, owa, désignant également des terrains bas au bord de l’eau. Les formes de 1285 et 1370 montrent une confusion de auge avec oche, ce qui serait possible aussi. Un pâturage du même nom à Cerniat, même origine.
- Maijonèches ou Mayonèche (ou Maizonaches), ham. à Saint-Martin d’Hérens; de maijon, maison, et suff. dépréc. èche, ache. Misonette, mayen, val d’Anniviers, dim.
- Le Maira, ham. de Buix, D. Porrentruy, près d’un étang, le Mairaul, 1360, Maras, 1363, Marel, 1386, le Mairat, loc. à Vendelincourt. Si l’on considère que dans le dialecte jurassien ai = a (Maiche-Mache) et le suffixe at = et (Prailat-Pralet), on conclura que Mairat = Maret, diminutif du v. fr. mare, marais, voir Mare.
- Maisonnex, ham. de Meyrin, Genève, Maisoniacum ou Maisiniacum, 1153, 1250, Mesonacum, M. G. XIV, 2, 29, Rég. gen., 505; probablement, avec le suffixe iacum, acum, un dérivé d’un n. propre gallo-romain.
- La Maiteneux à Bassecourt, la Metteneux à Châtillon, la Mettneux à Undervelier, les Emetteneux à Vicques, 4 loc. du Jura bernois, désignant des prairies; dérivés du patois maiten, maitein, milieu, et suffixe eux = les prairies du milieu.
- Maix, nom de trois fermes du Cerneux-Péquignot, Neuch., les Maix (écrit aussi Meis) Baillod (ou Balliod), Rochat et Lidor; maix Baillod et maix Lidaure, 1720, M. N. XXXVII, 153; du latin mansum, voir Mex.
- Maladaire, Maladeire, Maladière, nombreuses localités aux abords des villes et des villages, où au moyen âge on reléguait les lépreux; dérivé de malade. La Maltière, à Delémont, autre forme du même mot.
Une étude sur les Maladières, Arch. Schw. Gesch. XIII, en mentionne 67 : Vaud 23, Valais 10, Genève 3, Neuchâtel 15, Fribourg 16, et le Dr Dind en compte 55 dans le C. de Vaud seulement (Discours d’ouverture à l’Université, 26 oct. 1904). La Maladeire d’Aigle, autrefois au lieu-dit /252/ au Songeon des Trez, jouxtant le Sex de Chalex de la part de Saint-Maurice, a été transportée en 1544 au lieu-dit de sous Creytaz, chartes d’Aigle. Le nom de Maladeire s’est conservé au premier emplacement. - Malagnou, ham. des Eaux-Vives, Genève; du n. de la famille Malagnioud, Malagniod ou Malagniou qui y possédait des immeubles aux XVe et XVIe s., Rég. gen. et Galiffe; 2o colline à Bugnaux sur Rolle; celui-ci peut-être de malagnou, nom romand du muscardin, Mus avellanarius.
- Malagny, ham. de Genthod, Genève, Malagnier, 1295, 1328, 59, M. G. XIV, et XVIII; un autre en Savoie, frontière suisse, Malagnie, 1284, 1302, M. G. XIV, Maleignie, XIIIe s., Rég. gen. De Vit a un gentilice Melanius qui donnerait facilement un (fundum) Malagniacum (permutation e-a), propriété d’un Melanius.
- Mala, Male, Mau, adjectif, mauvais, très fréquemment employé en composition.
- Mala Chenau à Cuve, Pays-d’Enhaut, Mala Chenaulx, 1492, endroit mal famé, attentats, sabbats de sorciers, etc.
- Malaz Chenaux, combe étroite d’un affl. de la Baye de Montreux.
- Malacort à Venthône, mauvaise court, ferme.
- Malafin, loc. à Pizy, Trey, Menières; mauvaise « fin ».
- Malagottaz à La Roche, Frib., Malagota, 1284; mauvaise goutte, petite source.
- Malajoux à Veytaux; mauvaise joux, forêt.
- Mala laya, ham. de Lentigny; mauvaise laye, forêt.
- Mala Mollie (ou Malla mollière), ham. de Pont-la-ville et ham. de Gumefens 1 = mauvais terrain humide, et
- Malapalud, D. Echallens; mauvais terrain marécageux.
- Malaterraz, m. à Lentigny.
- Malatrait, sommet sur Villeneuve, Malatrex, 7 ou 8 loc. (Mallatrex à Colombey), les Mallatreys à Enney, Gruyère, et Maulatreys, pâturages, l’Etivaz et Gruyères; du v. fr. atrait qui a de nombreux sens : amas, tas de matériaux, déblais. /253/
- Malavernaz ou Malivernaz à Saint-Légier; de vernaz, vernaie.
- Malécart, loc. à Montricher; mauvais écart, domaine écarté.
- Male Côte, près Asuel; route en pente très raide.
- Malègues, prés à Orsières, Valais; mauvaises eaux.
- Malessert, 5 ou 6 ham.; essert improductif, stérile.
- Malevaux (mal écrit Malveaux), forêt sur Evilard, D. Bienne, et Males Vaux à Rossinières; de vaux, vallée.
- Male Vie à Saint-Ursanne; mauvaise route.
- Malévoz à Monthey, près d’un ruisselet, Malevoz, 1696; mauvaise eau; Malève, chalet et ruiss. à Dorenaz, torrent près Abondance, Haute-Savoie.
- La Malmaison, m. à Saint-Brais, Jura bernois.
- Malmont, ham. de Couvet, Mamont et Maumont, deux défilés au Pays-d’Enhaut, le premier en aval de Rossinières, le second à la Chaudanne, ainsi appelés soit à cause de la difficulté du chemin, soit que ce fussent jadis des lieux peu sûrs où l’on attaquait les passants; peut-être encore, pour le Maumont, parce que là s’élevait le gibet; tels sont encore Mamont, aux Plans sur Bex, Maumont à Torny-le-Grand, à Valeyres-sous-Rances, Momont, pâturage d’Albeuve et ham. de Pont-la-Ville.
- Malpas, localité près du Locle, le même que Maupas.
- Malval, ham. de Dardagny, Genève, Malval et Marval, même charte, 1285, et Malvauz, Marvauz, même charte, 1304; mauvais val.
- Mauborget, D. Grandson, Malborget, 1403; ham. du Crêt, Fribourg, in malo Borgeto, 1502; quartier à Moudon; de borget, borgel, petit bourg. Maborzet, loc. Bramois, Malborget, 1380, même sens; mauvais petit bourg.
- Mauboux, forêt à Villars-Sainte-Croix; mauvais bois.
- Maucarroz ou Maucare, forêt sur Nyon; de carroz, carrefour.
- Maufay à Syens; fay = de fagetum, mauvais bois de hêtres.
- Maupaccot à Essertes, Forel et le Mont; mauv. terrain boueux.
- Maupas, nombr. loc.; mauvais pas, route à forte pente. /254/
- Mauperey, Chavannes sur Moudon et Bercher; mauv. terrain pierreux.
- Maupraz, Maupré, Mopraz, Mapraz, Malpral, Maupra soz Gevrins, 1251, M. R. XII, 135, 137; mauvais prés.
- Maussan, Praz-Maussan, Villeneuve, Etoy; pré mal sain.
- Mauvernay, Lausanne, Malvernay, 1218, M. R. VI, 244, Gland, Dizy; mauvaise vernaie.
- Mauvoisin, vallée de Bagnes, passage périlleux; autre, torrent dangereux près Saint-Maurice, jadis Bonvoisin, par antiphrase, ainsi aux plans de 1722.
- Malleray, ham. D. Moutier, Berne (aussi Mailleray), Malereie, 1148, Mallereia, 1179, Malre, 1263, 1317, Malrey, 1300 (Tr.); d’après Gatschet, du bas latin malgeria, pâturage, dérivé de malca, troupeau. Cette étymologie nous paraît discutable; nous l’admettons pour Meillerie, Meilleret (voir ce mot), et autres localités où le nom renferme le ll mouillé. Nous dérivons plutôt Malereie de mala, mauvaise, et raie, sillon, terre labourée, localité aux champs de peu de valeur.
- Malley, ham. à Lausanne, en Mallet à Dizy, 1377, Maley, ham. de Saint-Blaise, Neuchâtel, le Malin, 1692, Etrennes neuch., II, 56; peut-être de maletum, pommeraie; « malum est devenu melum dans le latin vulgaire sous l’influence du grec mêlon, » nous écrit M. Bonnard. Mais n’est-il pas possible que quelques localités aient conservé la forme primitive ?
- Mallieu, loc. à Pully, loco dicto de Pallin alias Malliouz, Mellioux, 1377, M. R. VI; peut-être malum locum, mauvais lieu.
- Les Malvendes, vignoble près de Genève; d’après Spon, du n. pr. Malvenda, noble famille genevoise d’origine espagnole, dont il cite deux épitaphes à Saint-Pierre, de 1499 et 1505.
- La Manche, vallon latéral de la Sarine à Rougemont; d’après Gatschet, de mansus; étymologie inadmissible, d’abord mansus est masc., puis il s’est réduit à massus déjà au XIIIe s. et dans les mots modernes le n a partout disparu. C’est tout simplement le n. commun manche, s. f., du latin manica, pris au figuré pour /255/ désigner des vallons étroits, comme en géographie des bras de mer; la Manche, partie supérieure de la vallée de Morzine, Haute-Savoie, et la Pouete (laide) Manche, gorge étroite au Val-de-Ruz, Neuchâtel, ont la même origine et ne sauraient dériver de mansus.
- Mandolaire-ire, voir Amandoleys.
- Mandoux, ham. de Bottens, D. Echallens, Mondo, 1236, Cart. Month., M. R. XII.
- Mandalon, alpe d’Hérémence, chalets dans une dépression doucement arrondie; peut-être par figure un diminutif de mande, bas latin manda, anglo-saxon mand, fr. manne, corbeille, berceau. On trouve la même figure dans le Berceau, m. à Château-d’Œx.
- Les Mandreys, pâturage à chèvres sur Corbeyrier, D. Aigle; de mandra, v. fr. mandre, s. f., étable, enceinte de mur sec, Bridel; mandra en romanche = étable, troupeau : alp Mandra, Mandra d’Aguost (d’août), l’un et l’autre dérivés sans doute du celtique mendo, chevreau. Mandrolaire à Arnex-Orbe, dim.
- Manens, Mannens ou Magnens, mas, cidevant fief à Villars-le-Terroir, D. Echallens, Mauinens (ou Mannens ?), 1199, Cart. Month.; Mannens, D. Broie, Fribourg, Mannens, 1228, Cart. Laus., M. R. VI, Manens, Magnens, 1504 = chez les descendants de Manno, n. pr. germain, de Mann, l’homme. Il y a trois Manno ou Magno latinisés Magnus, abbés de Haut-Crêt de 1140-1180. L’étymologie de mansus, ferme, du P. Dellion, Dict. hist. des paroisses Frib. n’est pas soutenable. Dans M. R. V, 165, il est parlé d’une vigne de Manens près d’Eysins ou de Nyon, 1263.
- Manfounettes, voir Mansonnes.
- Mangepan, ruine de château près Mörel, D. Rarogne, Valais : platea directi castri cui vulgariter dicitur Mancapan, 1355, M. R. XXXIII, 141. Cette forme paraît indiquer une parenté avec manquer et pain, une allusion difficile à expliquer en l’absence de documents.
- Manloud, ham. sur Lausanne, Monlo, Monlost et Monloz, 1475, Comptes de la ville de Lausanne, M. R. XXVIII, p. 263, 325, 327. Serait-ce Mont (de) l’Ost, de l’armée ? voir Loup.
- Aux Mannes, champs à Sainte-Croix; peut-être manne, s. f. /256/ corbeille, par fig. pour loc. dans une dépression, comme le Berceau à Château-d’Œx.
- Mannesivaz, ham. de Servion, D. Oron; de mannesiva, nom patois des Viornes, viorne mancienne et viorne obier, dans le district fribourgeois de la Veveyse, et sans doute dans la contrée voisine d’Oron.
- Manschetgraben, vallon à Louèche-Bains; forme légèrement germanisée de manchette, dim. de manche, au sens de vallon; voir Manche.
- Les Mansonnes, loc. à Ollon; la Mansonnette, alpage près d’Ensex, alpes d’Ollon; du nom de famille Manson : un « Hugues Mansson, ancien Sindique » d’Aigle, acte de 1598; les Manfonnes, forêt à Vionnaz, Valais, et ès Manfounettes, loc. à Leysin, même nom avec permutation s-f, fréquente dans ces localités; Promançon, prés à Fully, pour Proz-Manson, et Mansonnaz à Vétroz, ont la même origine : un Aymon Manczon ou Maczon d’Ayent est nommé dans plusieurs actes de 1269-1288.
- Maracon, D. Oron, Mont warascon, 1236, Mont Warascum, 1255, Würstbg., 193, M. R. VI, 242, Morascon, 1287, 1425, Monracot, 1290, Montracot, 1292, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, p. 124, 296, Marascon, 1402, 1453, de Mont et d’un n. pr. germain, le même que celui qui a donné en 1025 le nom d’un comté, Comitatu Warasco, comté des Varasques, M. R. XXIX, 58.
- Maragnin ou Maragnenaz, ham. près Sion, Maranina, 1221, M. R. XXIX, Maragnina, 1227, Malagnina vers 1250; Mereniaux, loc. à Rossenges, D. Moudon; « peut-être de la famille de l’ancien fr. mairien, bois de construction, du latin materiamen. » (Bonnard.)
- Maraiche, Marachat, voir plus loin à Mare.
- Marans, champs à Nyon; voir Marin.
- Marchairu, croupe et passage du Jura vaudois, D. Aubonne, que le Dictionnaire de Lutz, — est-ce par plaisanterie ? — explique par « marché rude », Marchirioux en 1346. Vient sans doute de marche, frontière. Une donation de 1208 de Berthold de Zähringen aux seigneurs d’Aubonne dans le Jura comprend toutes /257/ les montagnes « depuis le Mont Marchia au Mont Salla, » etc. M. R. XXVI, 159. Ce mont Marchia paraît bien être le mont Marchairu; « il faudrait pour cela supposer un adjectif marchier signifiant qui forme la frontière » (Bonnard). Une localité Marchéré à Jussy, frontière française, pourrait avoir la même racine.
- Marche, nom assez fréquent; dérivé de l’anc. h. all. marcha, frontière. De là viennent
- La Marche, 2 pâturages, Ormont-dessus, frontière de Berne.
- Chapelle des Marches près Broc, limite de la Gruyère.
- Creux des Marches à Chavannes-de-Bogis, frontière française.
- Ruisseau des Marches, limite d’Ormont-dessous et dessus.
- Luys de Marche au Sanetsch, frontière de Valais et Berne.
- Bois des Marches, Ormont-dessous, limite d’Ollon, etc.
- Marche a aussi signifié forêt, terre commune, « tout terrain où ne passent pas la charrue et la faux. » (Secrétan, Essai sur la féodalité.) Il désignait également au moyen âge un terrain neutre choisi par deux juridictions voisines pour y juger leurs différends; l’évêque de Lausanne et les sires de Cossonay avaient leur marche à Villars-Sainte-Croix, M. R. VII, 392.
- Enfin Marche est encore une contraction de marèche, pré marécageux, humide, en romanche marsch, pourri, fangeux; dim. Marchet; de là viennent bon nombre de noms de localités non situées sur une limite, tels sont des hameaux de Matran, Neyruz, Avry-devant-Pont, Fribourg et plus. loc. vaud.; voir Maraiche.
- Marchissy, D. Aubonne, Marchisie, 1235, M. R. V, 329, Marchissie, 1251, Marchissier, 1301, M. G. XIV, 31, 298, etc.; de (praedium) Marchisiacum, dérivé d’un nom gallo-romain inconnu. Ch venant dans la règle d’un c latin suivi de a, Marchisiacum viendrait d’un nom comme * Marcasius qui pourrait dériver du celte marca, cheval de bataille.
- Marcy ou Marsy, loc. à Saint-Prex, ancien village ruiné; villa que nominatur Marciacus … in villa Marciaco, 968, M. R. VI, 279, Marsye, XIIIe s. Le Cart. Laus., M. R. VI, 333, mentionne un autre Marci, environs de Granges, 1228, = (fundum) Marciacum, /258/ domaine d’un Marcius, gentilice très fréquent dérivé du prénom Marcus.
- Mare, s. m., au Mare, loc. à Essertines-Echallens et Lully-Morges, les Mares, loc. à Corcelles, Neuch.; Maroz, ham. sur Corbières; au Maret à Ayent, les Marets, ham. à Montbovon, loc. à Port-Valais, diminutifs; Marex à Lignerolles, Marez à Penthéréaz, collectifs; synonyme du v. fr. marc, s. m., marais, dérivé, comme toute la famille marèche, marchois, etc., du latin mare, mer, Mares dans les formes anciennes : en Mares à Bulle, 1326, Arch. Fr. III, Mares à Mossel, 1258, M. R. XII, ol Mares à Avenches, 1259, ol Mares à Vercorens, 1299, M. R. V et XXX. C’est à cette racine marc, mare qu’il faut rattacher les localités, — terrains marécageux, — le Mar à Roche, au Grand, au Petit Mars ou Mas à Noville, Rennaz; Proz de Mars à Saillon, Mars à Chamoson, et ham. d’Hérémence, sans doute le Mar, Marc, March, Marhc souvent nommé au XIIIe s., M. R. XXIX et XXX. Mais il est essentiel de remarquer ici qu’il y a eu parfois une confusion avec Mas, de mansus. C’est ainsi qu’en 1330 le comte L. de Neuchâtel, dans son testament dit : « mes mars de terre sissant ou territoire de Vau de Ruyt, … demorant sur mes mars, » etc., 6 fois mars pour mas (voir Matile). Il faut donc connaître le terrain pour préciser dans certains cas auquel des deux il faut rattacher le mot, l’orthographe ayant varié, ainsi les Prés de Mars à Aigle (prés humides), campis de Mas et ou Mas, 1425, au Mars à Tartegnins (vignes), Pré dou Mas à Penthalaz, 1494, du Marc, 1546; au Grand Mas ou Mars à Noville (marais).
- La, les Maraiche, s, nombreuses localités et hameaux : Matran, Neyruz, Avry. Châtel-Saint-Denis, Marèche, s, Albeuve, Vernamiège; Marique à Savièse; diminutifs Maréchet, Saint-Cierges, Promasens, etc., Maréchat, Yverdon, Maraichat, Arnex-Orbe, Marécot à Monthey, Marescot, 1696, Marécottes à Salvan, Maretzon à Fully, Maraitzon à Collonges, Maressettes à Grône. Puis avec chute de la voyelle, Marchet à Forel-Moudon, Marchez à Granges-Payerne, Marchettes à Semsales, Marchat à Thierrens, en Marcet, flachères à Vouvry, Marcot à Salvan, et les doubles /259/ diminutifs Marcolet à Ecublens et Marcheulin, vallécule marécageuse entre les deux sommets d’Ayerne à Champéry; du v. fr. marchois et maresche, dans les chartes mareschia, pré marécageux, du bas latin mariscus, dérivé comme le v. h. all. marach, marais, du latin mare, mer. Ajoutons aux formes ci-dessus : 1o les formes germanisées Maressen, Martschen, Meretschen, Meretschy du district de Louèche; 2o la rue du Marché à Genève, vico de Marchez, 1260, 1267, porta de Marchez, 1270, M. G. XIV, 50, 96, 115; rue de Marche, 1450, orthographes qui montrent qu’il s’agit là, non d’un marché, mais d’un ancien marchois ou terrain marécageux, alors à peu près au niveau du lac.
- Maréchauchée, loc. à Bottens, D. Echallens. On penserait d’abord que c’était une terre appartenant à l’office de la maréchaussée, — mareschauci, 1314, à Romainmôtier, — qui avait des droits étendus, percevait des redevances de blé et autres. Toutefois ce nom ressemble bien au v. fr. mareschauchaille et marescauchie, marais et au nom de Chauchet-marais au Cerneux-Péquignot, Neuch. Ce serait alors un Maret-Chauchey, terrain marécageux, foulé, parcouru par les troupeaux; voir Chauchey.
- A la Maregliere, champs à Muraz de Colombey, Valais; propriété du marreglier, v. fr. = marguiller, ou terre attachée à cet office; de même sans doute en Mareillay, prés à Aigle. Il y avait des Mariglier bourgeois d’Aigle en 1413.
- Marenda, Sex de —, sommet, vallée d’Anniviers; de marendon, repas du milieu de l’après-midi = rocher du Goûter, d’après la position du soleil à cette heure pour ceux qui l’ont nommé, comme le Dôme du Goûter pour les gens de Chamounix. Es Marendines à Valeyres-sous-Rances pourrait être par contre la propriété d’un Marendin.
- Y Marennes, prés et vignes à Ayent, Valais; en Marenaz à Bex, ès Mérenaz à Gryon, autre sur Alesses, Valais, Meronaz, atlas Siegfried; peut-être du v. fr. marene, s. f., sorte de cerise aigre.
- Marens, loc. à Nyon; voir Marin. /260/
- Marerion, loc. à Conthey; de mare, s. m., marais, et riond, rond.
- Maressen, quatre loc. à Varone, Louèche-Ville et Bains; le même que Marèche.
Ces mots rappellent le temps où tout ce district parlait français, jusqu’à la fin du XVIe s. La plupart des lieux-dits y sont encore français sous une forme légèrement germanisée : Gontor, Kreta, Glotscheten, Paleten, Plantscheten, Tschenifieri, Preisen, Schampîtro, etc. - Margocin, m. à Chavannes-de-Bogis, D. Nyon; du celte marga, v. fr. marle, latin margila, avec le double suffixe ossein : le terrain y est très marneux, comme au ham. voisin de Pacoty.
- Marguet, chalets aux Voëttes, Ormont-dessous, entre deux ruisseaux : du patois marguet, pré marécageux au bord de l’eau; les Marguiers, loc. au pâturage de Seron, Pays-d’Enhaut; probablement les deux du celte marga, marne, terrain humide.
- Margy, ham. de Vuadens, Fribourg; pourrait peut-être se rattacher également à la même racine.
- Les Mariages, prés marais à Vionnaz; de mare, s. m., et suff. coll. age, équivalent du fr. marécage.
- Marin, C. de Neuchâtel, Marens, 1163, 1191, Marens, 1208, M. F. IV, 102, Marins, 1220, 1249, Mareins, 1220, Marens, 1195, 1220, 1247, 1280 (Matile). D’après de Meuron et Junod, reproduits par Studer, de mala arena, mauvais sable. Mais le suffixe ens indique la dérivation d’un n. d’homme d’origine germanique = chez les descendants de Maro, n. pr. germain. En Marens (ou Marans), loc. à Nyon, même sens, ainsi que Marin près Thonon, Marins, 1191, que Forel, Répertoire M. R. XIX, rapporte à Mariniacum. C’est une erreur de Forel : Mariniacum, 516, du gentilice Marinius ou du cognomen Marinus = Marigny ou Marignier près Bonneville ou quelque autre loc. du même nom.
- Mariotty, ham. aux m. éparses, val Champey, Valais; un terrain un peu marécageux; de * mariot, dim. de mare, suff. patois iot, petit marais, et collectif valaisan y = ey; ensemble de petits /261/ marais. Le patois intercale souvent un i : bretschio, de bretsche, bêtion, gâtion, etc.
- Marivue, ruisseau d’Albeuve, Gruyère; du celte mar, maro, grand, et ivue, eau = grande eau.
- Marly, all. Mertenlacht D. Sarine, Frib.; in Marlensi, 1055, Marliei, 1134, 1148, 1181, M. Fr. I, 271, Marllie, 1228, M. R. VI, 24, Mallie, 1251, Würstbg., 150, Marlie, 1240, 1450, Marliez, 1453, Marlye, 1476, Maillié, 1479, Dellion; Mertelach, 1449, Arch. Fr. V. D’après Gatschet, « d’un bas latin maretillum, dérivé de moor, modifié en mar dans les langues romanes. » Mais les suffixes de toutes les formes anciennes montrent un nom d’origine gallo-romaine; c’est un (fundum) Martiliacum, propriété d’un Martilius, gentilice romain. De Vit, IV, 379.
- Les Marmontains, petite chaîne rocheuse au fond du val Ferret; de marmontain, un des anciens noms fr. de la marmotte, du latin murem montanum, rat de montagne.
- (La) Marmotea(z) ou Marmotera, Cart. Oujon, M. R. XII, ancien nom du domaine du Genet, près Bursinel; de marmotaie ou marmotière, lieu habité par des marmotes (un t en v. fr.) ou des taissons; ès Marmottes à Montagny-Yverdon, Marmottez (et), forêt à Château-d’Œx, au Mormotey, alpes de Semsales, ès Marmotays(ottey), alpes de Vouvry; même origine.
- Marnand, D. de Payerne, aussi Marnens d’après Lutz et Hisely; Marnant, 1142 et 1226, M. R. XII et VI, 332. Si l’orthographe ens était prouvée par les documents, ce serait un nom d’origine germanique, chez les descendants de Marino. Förstm., p. 909, a la forme latinisée Marinus, dérivée de Maro, racine onomastique mar.
- Marnèche, deux alpes d’Ormont-dessus, sous Isenau et sous Culan; de marne, v. fr. marle, dérivé de margila, d’un mot gaulois marga, admis en latin dès Pline.
- Marnex, ham. près Commugny, D. Nyon; peut-être un (fundum) Maternacum, du cognomen Maternus, comme Mornex de Modernacum; propriété d’un Maternus. Quant à Marnex, /262/ pâturage d’Ormont-dessus, il serait plutôt à rattacher à marne comme Marnèche.
- Marques, vignoble à Martigny, au bord des rochers qui dominent la Dranse, et Marquet, loc. à Vétroz; peut-être autre forme de Marche.
- Marsens, all. Marsing, D. Gruyère, Frib., Marsingus, 855, M. R. VI, 202, Marsans, 1137, Hidber, I, 534, Marsens, 1180, Marsins, 1223, Marcens, 1162, 1177, 1453; 2o tour près Cully, Marsens, 1166, 1366, Marceins, 1435; 3o village disparu près de Gland, D. Nyon, Marcins, 1145, 1164, 1197, M. G. IV, 78, 85, écrit aussi Marsins, Marsin ou Massin; Marsin, loc. à Perly, Genève = chez les descendants de Marso, n. pr. germain.
- Marsillon, ham. de Troinex, Genève; de Marcilio, dérivé en io, ionis du gentilice Marcilius, donné par Jubainville, p. 128, comme Gaillo, aujourd’hui Gaillon, de Gallius; Allio, Aillon, de Allius; Tullio, Touillon, de Tullius; Pontio, Poinson et Ponson, de Pontius; Marcio, Marson, de Marcius ou Martius, etc.
- Martalley, champs à Rennaz, D. Aigle; probablement collectif dérivé de maretel, diminutif du v. fr. maret, marais, petit terrain marécageux, comme le Marteau, pré à Vionnaz, contraction de maretel.
- Martel, Ponts de —, aussi Martil aux XVIe et XVIIe s., M. N. XXIII, 204; de martel, nom générique des marais tourbeux du Jura neuchâtelois. Rien de commun avec Charles Martel; dérivé de mare, s. m., marais, et double suffixe diminutif maret, maretel; de même au Martel, marais à Vionnaz, ès Martelets, prés à Vouvry; quant à Pré Martel, plaine à Bex, peut-être même sens, ou n. pr. Pré de Martel.
- Martenet, m. à La Roche, Frib., le même que Martinet, nombr. loc.; du patois martenet, forge, clouterie.
- Martenoit, ham. du Val d’Illiez, Valais, Martinuel, 1267, Martinue in parrochie de Yllies, 1281, Murtinel, 1288 (lire Martinel), M. R. XXX; peut-être syn. du précédent.
- Marteray, nom fréquent de localités : Martheray, château à Begnins, faubourg à Lausanne, Marterei, 1217, en Marterai, 1237, /263/ Marterey, 1278, M. R. VI, ham. de Féchy, loc. à Cheseaux, à Vevey, Marterai, 1220, Martherel, 1525; maison à Bouloz, Frib.; Martherey à Vuarmarens et Romanel-Morges; Marterey à Duilier, à Pampigny, 1628, à Allaman, 1430; Marteret, ham. de Prez, Frib., les Marterets, ham. de Belfaux; Marteré(ez), loc. à Nierlet, Frib., Martray à Jussy, Genève, nombreux tombeaux; Martorey à Ollon, Sépey, Fully, Dorenaz; Martoret, loc. à l’entrée de Monthey, Martorey, 1696. Martolet, cour avec tombeaux à l’abbaye de Saint-Maurice, le Martélay, m. à Saint-Gingolph, Marteley, loc. à Vufflens-la-Ville, Martelley à Fey, Martelet, colline à l’entrée de Leysin; la Martera Pirra à Grimentz, un ancien autel druidique entouré de nombreuses pierres à écuelles; noms dérivés du v. fr. martroi, bas latin martoretum, martreium, place où l’on torture, lieu de supplice. Quelques-unes de ces nombreuses localités désignent incontestablement le lieu de supplice, du gibet; d’autres des endroits où il y a eu des corps de suppliciés ou de martyrs, par exemple le Martolet de l’abbaye de Saint-Maurice. Pour d’autres, comme le Martelet, la Croix du Martelet à Leysin, ils désignent simplement l’emplacement d’anciens calvaires, rappelant le martyre de Jésus-Christ. Nous croyons en trouver la preuve dans un texte rapporté par M. de Montet (Histoire de Vevey), le Marterai de Vevey, Marterei, 1229, M. R. VI, 369, est désigné dans un acte : « Martherel alias en Crousa ». Or Crousa ou Crusa est appelé ailleurs in Cruce, à la Croix, soit au Calvaire.
- Martherenges, D. Moudon = villa, curtis Martherenga, ferme des descendants de Marthari, n. pr. germain.
- Martigny, Valais, all. Martinach. Martiniacum, 516, Martigniacum, 1163, 1200, 1215, 1250, etc. Non point, comme le veut Studer, qui malheureusement pour lui ne copie pas ici Gatschet, de martinet, marteau de forge 1, mais de Martiniacum (fundum), /264/ domaine d’un Martinius, gentilice romain, rare, mais dont Jubainville cite 4 exemples dans les inscriptions; généralement Octodurum jusqu’à la fin du XIIe s. Le Martiniacum isolé de 516 se trouve dans un document douteux; voir Conthey.
- Les Martines, ham. du Mont sur Lausanne et de Château-d’Œx; du n. pr. Martin.
- En Martinat (ou Martenat), marais à Colombey; probablement dim. de maret : maretin, martin-et.
- Martinet, alpe et glacier sur Bex, Martinaa, 1043, M. R. XVIII.
- Marze, vignes à Conthey; probablement forme valaisanne (j-z) pour marge, bord.
- Mase, voir Mage.
- En Masire, loc. à Essertines, D. Echallens; voir Mézières.
- Masot, voir Mazel.
- Massa, rivière, effluent du glacier d’Aletsch, Haut Valais, Massona, 1235, 1255, 1297; du celtique mass, beau (Holder, II, 454) et ona, source, rivière = belle rivière, nom fort bien trouvé pour ce puissant torrent du plus grand glacier des Alpes.
- Massillon, ham. sur Monthey, Maxillion, cadastre de 1696, Maxillon, 1819; dim. de mas.
- Massongex, D. Saint-Maurice, Valais, Massungiacum, 1178, 1235, Massunge, 1226, Massongie, 1250, Massungiez, 1316, Massungie, 1290, 1342, Massugier, 1349, Massongiez, plan vers 1720 = (praedium) Massoniacum, domaine de Massonius, gentilice romain. De Vit, IV, 391. Justement une inscription de Saint-Maurice, tout à côté (Orelli, 213), nous fait connaître une Massonia. Quant à l’étymologie de Gatschet qui rapporte à Massongex le Maxiniacum d’une charte de 1052, Cart. de Sion, en le tirant de macinata, moulin, elle n’est pas défendable; 1o iacum s’ajoute à des noms d’homme; 2o Maxiniacum donnerait Machigny. Hidber de son côté, I, 270, 276, y rapporte un Maximiacum, 993-996, villa Maximiaca, 996-1017, Arch. de Saint-Maurice, dans le comté de Genève. Nous y verrions plutôt Meximieux, dép. de /265/ l’Ain. En tout cas Maximiacum ne saurait donner Massongex; d’ailleurs Massongex n’a jamais fait partie du Genevois.
- Massonnens, D. Glâne, Fribourg, in Mansoningis d’après Ch. Morel, Massenens, 1177, M. R. XII, 31, et 1226, Massunens, 1344, Massonens, 1471; « provient certainement de mansum, » ferme, dit le P. Dellion. Mais les suffixes ens, ingis indiquent encore plus certainement une autre origine = chez les descendants d’un Germain au nom de la famille de Manso, racine Mand, dans Förstmann.
- Mategnin, ham. de Meyrin, Genève, Matigniaco (1 fois) et Matignins (7 fois) dans la même charte, 1269, M. G. XIV, 107, Matignins, 1344, M. G. IX, 235 = chez les descendants de Matten, dérivé de Matto, n. pr. germain. Förstm., 917. Ce nom offre un intérêt particulier parce qu’on y surprend la tendance des notaires à traduire par le suffixe gallo-romain iacum les noms d’origine germanique.
- Matélon ou Mattelon, carte Rovéréa et atlas Siegfried, chalets sur le Sépey, Mastalon, 1231, M. R. XXIX, 294; autre : colline, alpes de Bex. L’orthographe avec un t reproduit mieux l’ancienne que celle que Siegfried a adoptée et qui est absolument fautive. N’a certainement rien de commun avec l’all. matt, prairie, qui n’a pas passé dans notre langue.
- Mathod, D. Yverdon, Mastod, 1141, Mastout, 1235, M. R. VI, Mathoz, 1382, M. R. XIV, Mathod et Mastou, 1403, Mathoux, 1521, etc.; les Mascot, 1344, et Mascout, 1345, loc. près Saint-Christophe (Champvent) dans Matile sont sans doute une fausse lecture. Origine inconnue.
- Matran, D. Sarine, Frib., Martrens, 1132, 1142, M. F. II, 16, 220, Matrans, 1148, M. F. I, 375, Martrans, 1178, 1182, 1228, Matrans avant 1246, Martrant, 1339, R. dipl. III, 16, Matrant, 1453, Martrand, 1471. Nom exclu par M. Stadelmann des noms en ens. En tout cas la prononciation eins, — si elle a existé, — a disparu de bonne heure, nous trouvons la finale ans dès 1148. Origine douteuse.
- La Matze, forêt à Vex et à Salvan; les Matzes, forêt à Colombey; /266/ la Maze(ts) à Savièse; la Jeux-Matze à Vionnaz; syn. de mazze, ital. et romanche mazza, massue, mot désignant des forêts de hêtres exploitées en têtards; ces vieux troncs sont semblables à des massues. Ce mot a été employé dans le Jura : un acte de 1194, Hidber, II, 426, Matile, I, 34, parle d’une forêt près Vauxmarcus, nommée Matza Silva, forôt des matzes. On sait le rôle historique joué au XVe s. en Valais par une mazze ou massue. Une massue de bouleau, taillée en forme de tête humaine, symbolisait le peuple opprimé; on la portait de lieu en lieu et sur la place publique on l’interrogeait : « Mazze, pourquoi souffres-tu ? Parle, nomme-nous l’homme que tu crains ? Est-ce Silinen ? est-ce Asperling ? est-ce Henngarten ? Sont-ce les Rarogne ? » A ce nom la mazze s’inclinait. Alors chacun des partisans des opprimés plantait un clou dans la massue en signe d’adhésion. Telle fut l’origine de la guerre contre la puissante famille des Rarogne, 1414-1420.
- Mau, préfixe, voir Mal.
- Maudens, ham. de Châtel-Saint-Denis, Moudens, 1309, 1367, Maudens, 1668 = chez les descendants de Maldo, n. pr. germain.
- Maudran, Praz —, loc. à Ollon et à Bex. D’après M. Isabel (in litt.), de maudrè, moudre, à cause du voisinage des moulins qui s’y trouvaient dans les siècles antérieurs, donc = pré du moulin.
- La Mauguettaz, grand hameau d’Yvonand, D. Yverdon, la Mourgetta, 1403, M. R. XIV, la Mougette, 1533, la Monguetaz, 1538; autre, chalet à Blonay; ès Mauguettes, loc. à Rovray. La forme de 1403 rattache ce mot à mourget, tas de pierres, lieu pierreux; voir Murgier.
- Maules, D. Gruyère, Maulés dans Kuenlin; Maulaz, ham. de Romont; La Maulaz ou Maoulaz, m. à La Roche et à Neyrigue. Le premier, Molas superiores, 955, Molis, 1145, M. F. II, Moles, 1179, Hidber, II, et 1274; du latin molas, meules, moulins.
- Mauraz, D. Cossonay, Moraz, 1324, M. R. I, 2e livr., p. 205. Peut-être une (villa) Maura, du cognomen Maurus, la seule forme ancienne que nous possédons, relativement moderne, n’est pas suffisante pour décider. /267/
- Mauremont, Maurmont ou Mormont, colline calcaire près Eclépens, Mauromonte en 1814, M. R. VI, 240 (Mormunt, titre de la charte, postérieure), soit longtemps avant les premières invasions des Maures, nom dont on a voulu le dériver, Mormont, 1344. D’après Gatschet, du v. h. all. muor, moor, marais, ce qui conviendrait à la position de la colline isolée dans les marais de l’Orbe. Mais ce mot allemand ne saurait s’appliquer à trois autres loc., Mauremont ou Mormont, tertre à Pizy, Mormont à Courchavon, Morimont, crêt boisé à Charmoille, les deux D. Porrentruy. Le texte même du Cartulaire indique la véritable étymologie que Gatschet n’a pas aperçue. Dans la charte de 814, Louis le Débonnaire donne à l’Eglise de Lausanne la « villa que dicitur Sclepedingus cum ruboria que vocatur Mauromonte; » le village dit Eclépens, avec la roncière dite le Mauremont. C’est donc le mont des mûres de ronces, latin rubus, dont le fruit est appelé morum, mûron. Les noms des trois autres localités, ainsi que en Mauron, loc. à Vaulion, ont la même origine.
- Maya, Maye, etc. Le bas latin mea, maia, dérivé du latin meta, n. fr. moie, meule de foin, patois maïa, moïa, est souvent employé. D’abord pour désigner d’assez nombreux sommets des Alpes et du Jura : la Maya, val Ferret et val d’Hérens, sur Saint-Martin; la Maye de Bricolla, val d’Hérens; les deux Maja, 3041 et 3047 m., val d’Arolla; la Maye d’Arbignon, rochers près Morcles; la Mayaz, sommet au N. de Sainte-Croix, Jura; la May, sommet sur Saint-Ursanne (qu’il faut sans doute écrire Maye), ainsi appelés à cause de leur ressemblance plus ou moins grande avec une meule. Puis des localités où s’élèvent habituellement les meules, en Valais : les Mayes à Vionnaz, Maye ou Mayez, ham. de Savièse, Mayaz, ham. de Saint-Léonard, à la Maya à Chalais; Meya, chalets à Zinal, Meyaz, prés à Martigny; les Moïes sur Ayer, Anniviers, pratum de la Meyta, 1310, Moaye, alpe d’Orsières, Moayes, mayens sur Bruson de Bagnes; en la Meyaz à Leysin; la Meyettaz, pâturage à Châtel-Saint-Denis, diminutif. Emayes, loc. à Monthey = ès Mayes. Ès Moyesses à Mur en Vully, de moïe et suff. adjectif esses. Le mot latin /268/ meta a passé aussi dans l’allemand, comme le prouvent Mett et Z’meiden, vallée de Tourtemagne = zu den Meiden, Vers les Meules; et en romanche où l’on appelle maida les grandes meules qu’on fait dans les hauts pâturages; de là aussi les Meidje du Dauphiné et, au Tessin, les nombreux noms de sommets Medone, Madone, suff. augm. one pour désigner des montagnes de forme conique. [Voir Additions et corrections : Meidje, p.545]
- Mayen, ham. de Vionnaz, D. Monthey, Valais, Maen, 1402, M. R., 2e s., II, 124, Mahen, 1723; sommet, alpes d’Aigle; les Mayens, pâturage à Châtel-Saint-Denis; nom commun de tous les alpages inférieurs en Valais, Maeyng (de Sion) 1306 : « domunculas que vulgariter maeyns nuncupantur, » 1304, M. R. XXXI; Majing-alp, et -horn à Louèche, le même mot mayen germanisé; de mai parce qu’on y monte au mois de mai. « Olivier de Serres, fin du XVIe s., donne un exemple où maïen signifie foin qu’on fauche en mai. » Note de M. Bonnard.
- Ès Mayenches, loc. à Ollon; forme féminine du précédent.
- Mayenzet ou Mayentzet, village de mayens sur Montagnier de Bagnes; 2 pâturages sur Hérémence, Mayench, 1250, et sur Useigne, Hérens; autres sur Chable de Bagnes, la Douay d’Orsières et à Conthey, Manschet à Louèche et Louèche-Bains, nom germanisé de Mayenchet, 1362, 1527, Mainchet, 1380, Manchet, 1403-1425, les Maenchez à Vez, 1255; dim. de mayen.
- Mayeux ou Mayoux, ham. val d’Anniviers et loc. à Colombey, Valais; probablement dérivé de maya = moie, meule de foin; voir plus haut Maya.
- Mayoresse, vignes à Grandvaux; propr. d’un mayor.
- Mazel, quartier du Vieux Mazel à Vevey, Macello veteri, 1348, M. R. VII; loc. à Vallorbe; de macellum, boucherie, v. fr. masel, maisel.
- Le Mazel ou Mazet, pâturage de l’Abbaye, D. Joux, Mazé, chalets sur Troistorrents, Valais; v. fr. masel, dim. de mas, mes ou maix, du latin mansum; les Mazots, ham. au Col de la Croix, Ormonts; même origine, mazot est le nom commun des /269/ petits chalets ou fenils des Alpes vaudoises; mas et suffixe dim. ot (mazet en Provence).
- Mazériaz, vall. de Bagnes, Mazerettaz, voir Mézières.
- Mèbre, ruisseau près Lausanne, Meybry, 1357, M. R. VII, 167.
- Medetta, ham. de Salvan, en la Meidetaz apud Sarvan, 1782.
- Medière, grand village de Bagnes, sur la hauteur entre Chable et Verbier; peut-être du bas latin medietaria, qui est au milieu.
- Meilleret, sommet à Ormont-dessus, et loc. sur Muraz, Valais; Meliéret, ham. de Bercher; Melleret, loc. à Chêne-Paquier; Méléret au Sépey, Ormonts et à Treyvaux; Millerit à Bremblens; ès Millerets ou Millièrey à Colombey; Millery à Ocourt, Jura bernois; ès Mellières à Vouvry, la Mellère, m. à Pont, Veveyse; les Meillerettes, prés à Martigny-Bourg; la Millière à Ecublens, Melerai, 1278, et Rueyres-Tréfayes, C. Fribourg; Mélériaz à Puidoux et à Montreux; Melleries, ham. d’Hermenches, D. Moudon; Mellierin, ham. sur Lutry, Meillerine ou Méliérine, mayens escarpés sur Fully. On peut ajouter Meillerie, Savoie, Melereie, 1154, Melereia, 1177, Mellerea, 1286, à Satigny un Melerea, 1272, 1295. D’après Gatschet, du bas latin malgeria, pâturage à moutons.
- Meina, alpe et col vall. d’Hérens, Valais; on écrit aussi la Maigne (Lutz), ce qui montre l’origine, adj. v. fr. maine, de magna (alpa), la grande alpe. Un autre pâturage de la Meina, Meïna, Meynaz, dans le vallon de Nendaz, Meyna, 1280, et la Ménaz, alpe de Dorénaz, tirent peut-être leur nom d’une mine qui jadis y aurait été exploitée.
- Meinier ou Meynier, C. Genève (prononcé Meini), Mainiacum et Mainniacum, 1153, M. G. XIV, 9, Meygnier, 1343, Meignier, 1344, M. G. XVIII, et IX, Meini, 1817; de (fundum) Maniacum, domaine d’un Manius, gentilice romain (Holder, II, 407).
- Meitreilaz ou Maytraylla, alpe d’Ormont-dessus, Meteyla, 1287, Corthésy, op. cit., 149. Cette forme montre que l’r est épenthétique et permet de ratttacher ce nom à l’idée de milieu, /270/ méteil de medietas par une forme medietalis; cette alpe est au milieu de la série de la Première à Isenau.
- Méley, loc. à Conthey, Goumœns, Forel-Moudon, Pâquier-Frib.; les Méleys à Aigle, Mesleys, 1718, Auboranges, Hauteville; Mélay à Saint-Légier; Melley à Dorenaz, Suchy, Pomy, Bussigny-Morges, Brenles, Chabrey, Meler, 1342; ès Melleys au Bouveret; Merlet, anc. Mellet à La Tour, Mély ou Melly à Bursins, agri del Meler, XIIe s., Melyr ou Mellyre à Lens, Valais, Melleis, Mellier, Mellers, ancien nom de la colline de la Bâtie à Genève; du bas latin meletum, pommeraie; en patois mêlei = pommier sauvage, néflier, du latin mespilum, mais le néflier est très rare dans le pays et le pommier sauvage très commun. En 1327, Pierre de Gruyère autorise l’usage dans sa forêt de Bouleyres « exceptis quercibus, fagis et meleis. »
- Mell de la Niva (de la neige), sommet près Evolène; probablement de mell, provençal meilh, patois vaudois mé, du latin milium, grain de millet, au fig. pour sommet en tête arrondie.
- Ménières, D. Broye, Frib., Minières dans Lutz, Maineres, 1142 (Mameres dans M. R. VI, faute de copiste ou de lecture), Mennieres et Meinires, 1228, M. R. VI, 17, 338, Meneriers, même charte, p. 334, Mennieres, 1341, Matile. L’orthographe Meneriers est à noter, car elle prouve que certaines formes où l’accent paraît déplacé sont de simples fautes de copiste. D’après la forme primitive de 1142, du v. fr. maine, s. m., demeure, et suffixe coll. ière = réunion de demeures, village.
- Menoge, affluent de la Venoge, Menobia, 516, Menopia, Menavia, XIIe et XIIIe s.; origine incertaine. Sans doute celtique comme tous les noms de nos rivières.
- Menthon, château à Begnins, ancien château à Lausanne; de la famille savoisienne de Menthon, dont plusieurs membres ont été baillis de Vaud.
- Mentue, rivière du Jorat, Mentuye, 1230, Cart. Month., M. R. XII, wadum ementuje, 1230, M. R. VI, 187, Menthoez, 1536, M. R. VII, aussi Menthuaz, Mantue; origine inconnue. /271/
- Menze ou Mintze, ham. de Martigny-Combe; contraction de mayentze, forme fém. de mayen.
- Merdasson, Merdesson, Merdenson, dim. Merdassonet, Merdeschon, alpe de Mollens, Valais. Noms de nombreux torrents aux eaux boueuses, de localités, de pâturages au sol fangeux. Le nom est ancien : un Merdasson, ruisseau à Vevey, 1229, un Merdasum à Pully, 1226, Mardascon à Boudry, 1346. De la même famille, glacier et torrent de Merdéré, vallée d’Hérémence, Valais, et Merdisel, ham. et bois à Satigny. Cette dénomination était déjà employée, comme la racine, à l’époque romaine. Holder cite un rivus Merdero.
- Méribé, pâturage, vallée d’Hérémence, Valais, Miriber, 1273, Miribel, 1277, 1448, M. R., 1577, Furrer. Un autre Miribel alpes de Lens, 1449; Méribé, loc. à Chalais; de mirer, regarder, et bel, ou en patois meri et bé; pâturage d’où l’on a une belle vue; miribel et mirebeau s’emploient comme n. communs dans le Jura pour désigner de beaux points de vue.
- Mérieux, voir Miriau.
- Les Mérils, ou Méris, pentes rapides au-dessus et au N. de Château-d’Œx; probablement aussi du même verbe meri, regarder; on y jouit d’une belle vue sur la vallée.
- Les Merlas ou Merlaz, pâturages de Gruyère, la Merlaz, pâturage au Chasseron. Ce nom de Merla se retrouve 4 fois dans diverses vallées des Grisons et 2 fois à Saint-Gall. Palliopi (Dict. romanche) dérive las merlas d’un mot celtique, meryl, marais. Nos Merlas de Gruyère pourraient dériver de ce même mot. D’autre part. M. Isabel nous écrit que lé merlâ, s. f. pl., désigne les fleurs de la renoncule des ruisseaux qui couvre souvent de grands espaces dans les lieux humides des Alpes. Ce nom patois, qui se retrouve en Savoie, d’après le botaniste Dr Chabert, vient sans doute du même mot celtique.
- Merlinges, ham. de Meinier, Genève, Marlingium, 1304, Marlingie, 1318, M. G. XIV et XVIII, 25, correspondant de l’all. Merligen (Berne) = chez les descendants de Marlo, n. pr. germain. /272/
- Les Mermets, ham. de Bourrignon, D. Porrentruy; du n. pr. Mermet, petit, prénom fréquent autrefois.
- Le Méruet, alpe de Bex; probablement autre dérivé de meri, regarder; voir plus haut Méribé et Mérils.
- Mervelier, D. Delémont, Berne, all. Morswiler, Morswilre, 1184, Morswilr, 1325 = villare, village de Morso, n. pr. germain. Förstm., 936.
- Messayre, la Vy — à Ormont-dessus; chemin conduisant à Vers l’Eglise; de messe, chemin suivi pour aller à la messe, mot fourni par M. Isabel.
- Métail, carte Dufour, Métal, Siegfried, ou Métall, alpe d’Hérémence, Mectal, 1456; le c peut être parasite comme dans Joctens, voir Jouxtens; peut-être alpe du milieu, de medietalis, comme Meitreilaz aux Ormonts.
- Meudon, ham. des Verrières, Neuch., entre celles-ci et les Verrières de Joux. Probablement, comme le Meudon près Paris qui vient, d’après le Dict. de Grégoire, de Metiosedum, nom d’origine gauloise, comme Mediolanum (Milan), Mediomatricum, etc., du gaulois medio, milieu, et d’une autre racine indéterminée sedum, donc localité au milieu entre deux autres.
- Meure, En la —, loc. à Cartigny, Genève; prob. de meure, patois, mûre de ronces.
- Meuringue, métairie, montagne de Cormoret, Jura bernois, propriété de Mörigen, près le lac de Bienne; pour l’origine, voir Morens.
- Mex, 1o D. Cossonay, Mais, 1147, 54, Cart. Month., Maiz, 1177, May, 1371, 1387; 2o village près Saint-Maurice, Mez, 1338, Meys, 1342; 3o les Mex sur le Sépey, D. Aigle, Mes, Mez, Metz, 1332; v. fr. mes, s. m., du bas latin mansum (mesure de terre jugée nécessaire pour faire vivre un homme et sa famille), devenu massum déjà au XIIIe s., en 1282 : medietate albergi seu massi sui, M. G. XIV, 416. De là un mas de terre, les Maix ou Meis du Jura, les diminutifs Mazot, Mazel, voir ce mot.
- Meyriez ou Meyrier, D. Lac, Frib. (prononcé Meyri), Meriacum, 1162, Mirie, 1226, Merrie, 1228, M. R. VI, 332, 14, /273/ Merye, 1239, 1289, Meiriacum, 1255, Würstbg., 200, Meyrie, XVe s., all. Merlach, « de Miliriacum, connu comme nom de lieu par les chartes des VIIIe et Xe s. » (Stadelmann).
- Meyrin, C. Genève, Mairin, 1152, Mairins, 1153, Mayrins, 1250, Meyrins, 1305, 1344, M. G. XIV et IX, Moyrens, 1462, Galiffe, J. A. I, 483 = chez les descendants d’un Meyer ou Major comme Meiringen, Berne. Les Meyrins, les granges de Meyrins, étaient au XVe s. le nom des rives du Rhône à Genève entre la Fusterie et Bel-Air; rien que des granges dans le recensement de 1475.
- Mézel, Pont du Mézel ou Mézé à Aigle; rue du Grand Mézel à Genève; quartier du Vieux Mazel à Vevey; du latin macellum, v. fr. maisel, patois mazé, mésel, boucherie.
- Mézeriez, ham. près Salins, D. Sion, Valais, Miserie, 1211 et 1307, Misyrie, 1250, Meiserie, 1251, Miseris, 1260, Miserier, 1330, etc.; de (fundum) Miseriacum, domaine d’un Miserius, gentilice romain; voir aussi Misery.
- Mézery, D. Lausanne, villa Masiriaco, 928, M. R. VI, Masiriacum, 1010, Warn. de Masiriei, 1180, M. R. V, Masirie, 1188, 1220, Maisirie, 1227, M. R. VI, 230, Maixiriez, XIIIe s., Meysiriez, 1357, etc., et un autre D. Yverdon, Maiserie, 1224, Maysiriez et Maisery, XIIIe et XIVe s.; de (fundum) Masiriacum, domaine d’un Masirius, autre forme du gentilice Macirius, Holder, II, 367.
- Mézières, D. Oron, Vaud, Maiseriis, 1150, Maseres, 1161, Maseriis, 1170, Masieres, 1177, Maisieres, 1180, M. R. VI, 116, Masirie, 1184, M. R. XII; Maceriis, 1186, Hidber, II (qui le rapporte par erreur à Mézery), Messeretes, 1228, M. R. VI, Mayseres, 1290, Mayseriis, 1292; un autre D. Glâne, Frib., Masieres, XIIe s., Maiseres, 1228, Masseres, Maissiere, 1251, Würstbg., Mexieres, 1453; du latin maceria (un Petrus de Maceria, 1157, Furrer, III, 39); v. fr. maisière, muraille, puis maison. De la même racine dérivent encore en Masire, loc. à Epauteires, D. Echallens, nombreuses ruines romaines, et Mazériaz, mayens, vallée de Bagnes, Mazerettaz, loc. à Sion, diminutif. /274/
- Middes, D. Glâne, Frib., Mildes, 930, Hidber, I, 220, qui le rapporte avec doute à Moudon, Middes, XIIe s., Donat. Haut., et 1228, F. B. II, Mides, 1211, 1301, etc., Mildes, 1244, 45, F. R. II, Mydes vers 1250 (M. R. VI, p. 250, Migdes) et 1331, M. R. VII, 103, etc. En 766 Ayrvenus donne à Matulphus, chef du chœur de Melve, Meldensis (un des cinq chœurs de la psalmodie perpétuelle établie à Saint-Maurice) et à ses successeurs, soit aux religieux de Saint-Maurice, une terre allodiale située à Torny supérieur, aujourd’hui Torny-Pittet « in agro quorum vocabulum est Taurniaco superiore » Hist. Mon. patr. chart. II, 2. En 950, les religieux de Saint-Maurice concèdent des terres à Mildes, ib., p. 43. Déjà en 930 nous voyons apparaître ce nom de Mildes. C’est évidemment le nom que reçut l’alleu mentionné ci-dessus, après qu’il fut devenu la propriété de Matulphus Meldensis.
- Miécourt, D. Porrentruy, all. Mieschdorf, Miesdorf, Tr. III; Curtem mietiam, 866, que le Dict. géog. suisse d’Attinger rapporte par erreur à Courtemaîche; Miecurt, 1136, Myecorth, 1175, Miecorth, 1218, etc.; de Mietiam cortem, ferme de Mieto, n. pr. germain, que Förstm. donne pour l’année 792. En 1229, un notaire, ne comprenant plus ce nom, a essayé de le rendre en latin par Meticuria. L’étymologie d’Attinger, qui le dérive de mies, forme dialectale de moos, marais, village marécageux, est contredite par la forme primitive; d’ailleurs court ne s’ajoute qu’à des noms d’homme.
- Miège, D. Sierre, Valais, all. Miesen, Myeyot, 1200 1, Mieio, 1226, Miejo, Miegio, 1228, Myeio, 1238, Myejo, 1280, Myaiat, 1380, Myego, 1400, Myejoz, 1444, Miezoz, 1554, 1558, la Miège, pâturage à Courtelary; probablement formes diphtonguées de l’adj. v. fr. mège, voir l’article suivant.
- Mies ou Myes, D. Nyon; Miex (pron. Mî), ham. de Vouvry, Valais, Miez, XIIIe s.; My ou Mye, Son My (sommet de My) et /275/ Mie ou Miet, diminutif, alpes de Conthey; ès Myes, loc. à Leytron; Mayen dou Mié à Evoléne; les Myeyes ou Meyes, loc. à Bramois; de l’adj. v. fr. mi, mège, en romanche miez, milieu, Piz Miez, qui est à la moitié, au milieu de. My est à mi-hauteur entre Conthey et l’alpe; Miet entre 2 parois de rochers; Myes entre Coppet et Versoix; Miex entre Vouvry et l’alpe; Miège entre Salgetsch et Sierre, localités plus anciennes et plus importantes. Studer dérive le Mies vaudois de mansus, ce qui est impossible, mansus donnant mas, mais ou mex.
- Ès Miettes, loc. à Novalles, D. Grandson, dim.; voir l’article précédent.
- Miéville, voir Miville.
- Mijoux, chalets sur Montreux, Combe de —, Neuchâtel, Combate de Myezour, 1311, Miez Jours, 1354, 1372, Miejour, 1373, Myejoux, 1380, au milieu de la joux, de la forêt.
- Milandre, 2 fermes et anc. château, D. Porrentruy, Milande, Mylande, Mylant, Melan dans les chartes du moyen âge; origine inconnue.
- Milavy, m. à Saint-Légier, route de La Tour, et à Avenches, chemin de Domdidier; Mivis pour Mivy, m. à Avry sur Matran; Mivy, m. à Chardonne, route de Chexbres; de vy, voie, route, et mi, milieu = à mi-chemin.
- Millière, loc., champs à Colombey, Collonge, Vionnaz, à Vétroz et à Granges, Valais, eys Millieres à Tourtemagne, 1333, v. fr. miliere, champs où l’on cultivait jadis le millet, de milium, nom correspondant des Panissière du C. de Vaud.
- Millon, Crète et Tête de —, arête et sommet sur Zinal, vall. d’Anniviers; paraît être le v. fr. million, débris, patois mellhon, millon, que Bridel définit moellon, débris de mur, fragments de pierre brisée : à cause de l’arête et du sommet faits de blocs entassés. Pour M. Bonnard (in litt.), le mot patois n’est pas le même que moellon dont l’origine est inconnue. Pour nous, mellhon est dérivé de mell, meilh, grain de mil, latin milium, auquel appartient le verbe patois emellua, réduire en menus fragments /276/ (que Bridel dérive par erreur de mille), mellhon = menus débris, plâtras.
- Milly, écart de Genthod, Genève; sans doute un (fundum) Miliacum, domaine d’un Maelius, gentilice romain, comme les Meilhac, Meillac, Meilly, Milhac et Milly de France (d’Arboîs de Jubainville).
- Mimorey, ham. près Coinsins, D. Nyon, Memorei, 1212, Mimorei, 1213, Mimoreis, 1219, Memorey, 1224, Miemore, 1235, Miemorei, 1238, M. R. XII; en Memorey(ay), prés et bois à Colombey; de mi, au milieu, et moretum, roncier, de morum, mûron, fruit des ronces, et la ronce elle-même, soit localité au milieu des ronces.
- Miolan, ham. de Vandœuvres, Genève, Miolans, XIIIe s., Cart. Laus., M. R. VI, 524, Myolens, 1301, M. G. XIV, 458. C’est aussi le nom d’une localité de la Savoie : G. de Miolano, 1189, Nant. de Myolanis, 1214, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 52, N. de Miolan, 1218, F. B. II, Moylans, 1224, M. R. XXIX; celui-ci est dérivé dans les M. Savoie de Medullanum, Castrum Medullorum, de Medulles, ancien peuple de la Maurienne. Peut-être l’un et l’autre viennent-ils, comme Milan, Meilen, (Zurich), Moylans, en Belgique, de Mediolanum, du gaulois medio, milieu, et lanon, plaine, nom d’une 12e au moins de villes en Gaule, Bretagne et Germanie.
- La Mionnaz, ruisseau, D. Oron = la grondeuse; du verbe patois mionnâ, gronder, ennuyer de ses plaintes, v. fr. mionner, chanter, fredonner.
- Miriau, bois à Giez, D. Grandson, Mériez, loc. sur Aven, Valais; Mérieux à Noville, ès Mouriaux, crêt et chalet à Château-d’Œx, le composé Montmirail, Neuchâtel; de miriau, forme patoise du v. fr. mirial ou mirail, miroir, endroit d’où l’on a une belle vue; la forme moderne dans le Six du Miroir à Mage, au Miroir, ham. des Monts de Lutry, loc. à Vallorbe; voir aussi Muriaux, Mérils, etc.
- Miserez, ham. de Charmoille, D. Porrentruy, Miserey, 1177, Misere, 1218, Miserach, 1237, et Misery, D. Lac, Frib., /277/ Miserie, XIIe s., 1243, F. B. II, 243, et 1301, Rec. dipl. II, 8, Misiriez, 1406, Rec. dipl. VI, en all. Misrach, 1449, Arch. Fr. V, 418 = (fundum) Miseriacum, domaine d’un Miserius, gentilice romain, comme les quatre Misery de France, Holder, II, 582.
- Mission, ham. d’Ayer, vall. d’Anniviers. Une tradition locale rapportée par Bridel veut que ce nom lui vienne des missionnaires qui convertirent les Anniviards au christianisme. Nous paraît plutôt venir de Messio, dérivé en io du gentilice Messius, ou de Missio, de Missius pour Mussius, qui a donné Missy; voir ci-dessous. D’Arbois de Jubainville cite un grand nombre de dérivés en io de gentilices en ius; voir dans ce volume Courson, Grandson, Marsillon, Valençon, etc.
- Missy, D. Payerne, all. Missach, Missiacum, 1148, 1183, Missye, 1260, Missie, 1342, 1399, Arch. Fr. V, Missi in Villie, 1263, Würstbg., = (fundum) Missiacum pour Mussiacum, domaine d’un Mussius, gentilice romain, De Vit, IV. Les Archives frib., I, 375, donnent Mussiacum, mais l’original a Missiacum d’après Hidber, II, LXIII.
- Miville ou Miéville, ham. d’Evionnaz, Valais, et de la Sagne, Neuch.; Mievilla, loc. à Lens, Valais; Mivellaz à Gryon, Morges, Ecublens, Mivelaz à Puidoux, Rennaz; un Mievila à Eysins, 1236; du latin media villa, à moitié chemin entre deux villas, deux localités voisines.
- Mocausaz, grand pâturage de Rougemont, aujourd’hui la Verda; Moscausa dans l’acte de fondation du prieuré de Rougemont, 1155, M. R. IX, 10. D’après Gatschet, Hisely, de mucosus, muqueux, sale; et le Dict. géog. Attinger, de moca, morve. Mais la présence de l’s dans la forme originale montre que ce nom vient de muscosa (prata), prairie moussue. Ce pâturage, très humide, renferme au milieu un vaste marais, lac temporaire, où abonde en effet la mousse.
- Modzenaire, pâturage sur Chaude, alpes de Villeneuve (et ailleurs) : pâturage des veaux, des modzons, dim. de modja, génisse, v. fr. moge. Ce mot se trouve dans le latin des chartes : « sex mojonos, unam mogiam », 1446, Archives de Vantéry à Monthey. /278/
- Le Moflon, ruisseau à Oron = le mau, mauvais flon, du latin malum flumen.
- Moëllé, Moïes, voir Mouellé, Maya.
- Moille ou Mollie, nom très fréquent surtout Jura et Gruyère (une 60e), Mouille (25), les collectifs Molliaires, Molleyres, ès Mollueyres à Liddes vers 1720, Molliex, Montricher, la Moillure à Saxon, et les diminutifs au Moillon (Moyon) à Semsales, au Mollion, Oron-le-Châtel, Mollettes et Molliets à Vaulruz, Moillettes ou Molliettes(az), une 12e, Molliau à Tolochenaz, Mollienches à Châtillens et Démoret, Moillasson à Caroube, Mouillet à Goumois, Mouillesse, Mouillesson à Sainte-Croix, Praz Molley à Pâquier-Frib., ès Mouilleuses, adj., à Laconnex-Genève. Noms désignant des terrains humides; le primitif, substantif verbal du verbe mouiller, dérivé du latin mollis, mou. On dit de même molle en Dauphiné.
- Moillesulaz, ham. de Chêne, Genève, Molliez solaz, XIIIe s., M. G. IX, 304, Molhisola, XIVe s., Moillesole, 1409, M. G. XXI; Moille Sulaz à Sullens, D. Cossonay; Moille-Saulaz, loc. à Corsier et Saint-Légier, D. Vevey, Villeneuve et Payerne = mouille, terrain humide, parsemé de saules. (Blavignac dans M. G. faisait du premier une meule seule, solitaire.)
- Moinsel, loc., ancien fief noble, près Arzier, D. Nyon. On trouve au XIIIe s. Willelm de Moncel, vers 1200, qui cède à Bonmont ses droits sur les Amburnex (Bronay), Hidber, II, 481, J. de Monsez, témoin d’une enquête au sujet de l’église de Vich, 1205, M. G. XIV; J. de Monseiz dans une charte de 1211, M. R. XII, 60; Joh. de Monsel, donzel, témoin d’une contestation entre Gimel et Bonmont, 1299. Ces différents noms de chartes viennent évidemment de monticellum. Cela n’explique pas le i de Moinsel, mais il n’y a pas dans la contrée d’autre localité qui pourrait correspondre à ces noms.
- Moiry, D. Cossonay, villa Mauriaco, XIe s., M. G. XIV, Moriaco, XIe s., M. R. III, 474, Moriei, 1011, Moiriacum, 1049, Moirie, 1219, 1228, Moërier, 1264, Moyrie, 1269, Moirey, 1325, Matile, Muerye, 1345, et Muerier, 1368, M. R. XXVIII, etc. /279/ = (fundum) Mauriacum, domaine d’un Maurius, gentilice romain, dérivé du surnom Maurus, C’est à Moiry qu’il faut placer la villa Mauriaco, charte du XIe s., citée p. 141, 320, vol. XXVII des M. R. que M. de Charrière place à Mauraz. Mauriacum ne saurait donner Mauraz dont la seconde syllabe est atone.
- Moiry ou Moiré, alpe et glacier, vallée d’Anniviers.
- La Molanchière, loc. à Noville; la Molenchère à Penthéréaz, la Maloncheire à Lessoc, les Malanchières à Château-d’Œx, la Molonchire, m. à Broc, Gruyère, ès Mulenchieres, 1493. En patois molan = tas de pierres amoncelées dont on a débarrassé un terrain. On pourrait supposer une forme féminine * molanche, comme palanche de palan; ce serait alors, avec le suffixe adj. ière le terrain parsemé de molans, de tas de pierres.
- Molanson ou Montlaçon, près Begnins, Vaud, Monslatianus, 1164, Monslacianus, 1202, M. R. V, 214, 220, gr. de Montelacinno, 1302, Moleyczans, 1493, M. R. XXXIV, 41, 64, Mollanson ou Molanson, 1596; de mons Latio, dérivé en io de Latius ou Lattius, gentilice assez rare connu par deux inscriptions. Quant à la forme Latianus, forme adjective dérivée du même gentilice, c’est la traduction latine de Montlaçon : Monslatianus donnerait Montlaçan.
- Molard ou Mollard, nombreuses localités sur des collines, à la Côte et ailleurs; du bas latin molare, dérivé de moles, grande masse, levée de terre, éminence. Désigne parfois le château bâti sur la colline, ainsi « le molar de Jonolier, le molar d’Aubonne » (château du coseigneur). Le d actuel de molard est parasite, comme celui de châtelard, de castellare, suite d’une confusion avec le suffixe germanique ard; les anciens textes jusqu’au XVe s. écrivent toujours molar ou mola : le Mollard à Vionnaz, au Mola, 1775, Meula, 1723; aussi n. commun pour tas de pierres. On trouve la forme diphtonguée miolard : à Vionnaz, ès Miollaz, dans les pierriers du torrent de la Greffaz, les Miola, 1775, au miolard, au murgier alias au miollard, 1723.
- Molendruz, col et pâturage du Jura, D. Cossonay, Mont-Lendruz, 1614. /280/
- Moléson, pâturage et sommet de Gruyère, Moleisun, 1228, Moleson, 1237, M. R. VI, 216, Moleyson, 1237, 1247, Moleson, 1307, Molleson, 1819, « la véritable étymologie, dit Studer, copiant Gatschet, est mons lacticiniae, mont où l’on prépare les produits du lait. » Nous ignorons par quel tour de force on pourrait ramener ces deux mots à Moléson. Pour Bridel, c’est moles somma, mont le plus haut : satisfaisant pour le sens, seulement moles est fém. et le mot est masc. M. Bonnard nous fournit l’étymologie probable : « du v. fr. moloise, s. f., XVe s., prairie humide; on dit encore moloise dans ce sens dans le Morvan, le Nivernais et la Bourgogne. » Or les pâturages du Moléson sont riches en ruisseaux, en sources, en places très humides; il y a même une alpe qui s’appelle les Marais; ce serait donc un diminutif masc. moleise-on.
- Molière, Tour de la —, près Murist, D. Broye, Mollerie, 1476; Molleyres à Vucherens et Corcelles-le-Jorat; Molleyre, ham. d’Avry et m. à Middes; la Molaire, ham. du Châtelard, Fribourg, les Moleres, ham. de Saint-Martin, D. Veveyse; de molière, adj. = meulière, carrière de meules de moulin.
- Molignon (Moulignon), ham. près Sion, Mulignun, 1208, 1267, Molignun, Murignun, 1256, Milignun, 1269; dérivé probable de molinum, moulin.
- Mollenchires, loc., plaine de Chavornay; Mollienchires à Vuadens, Mollonchire à Broc; sans doute dérivés collectifs de mollienches, voir Moille.
- Mollens, D. Aubonne, Morlens, 1139, M. R. III, 581, 1167, 1177, 1257, Mollens, Mollinges, 1228, M. R. VI, et Morlens, D. Glâne, Frib., Morlingis, 996, Morlens, 1111, M. R. III, Mollens, 1179, Hidber, II, 1278, M. R. XII et 1453 = chez les descendants de Morilo, n. pr. germain, racine onomastique Maur. Quant à Mollens, D. Sierre, Valais, Moulin, carte Dufour et Dict. Lutz, Molaen, 1250, Aymon de Moleing, 1286, M. R. XXIX et XXX, Moleyn, 1300, Zimmerli, Moloeyng, 1316, Moloyn, 1342, Molen, 1437, 1443, Mollens, 1671, il nous paraît avoir une autre origine. Dans un acte de 1221, un chevalier /281/ Willerme de Sierre donne un cens dû par Uldric d’Anset et Michel de Molendino, le premier lieu est Anchette sur Sierre et le second doit être Moulin ou Mollens qui en est voisin; dans un autre acte où interviennent des gens de la même région, de Sierre, de Venthone, apparaît un Willelmus de Molendino, 1226, encore en 1429 Job. de Molendino, acte cité par Zimmerli; donc ce Mollens vient de molendinum, moulin, et Moulin est la véritable orthographe.
- Molondin, D. Yverdon, Mollendens, 1380, Molandens, 1437. Gatschet, rapprochant ce nom de celui de Borcardus de Molendinis, 1284, Tr. II, 394, dérive Molondin de molendinum, moulin. Cependant la terminaison ens des deux formes authentiques laisse quelque doute.
- Momaing ou Moming, sommet au S. de Zinal, vallée d’Anniviers, Valais, probablement pour Mont-Maing; de montem magnum, grand mont, même origine pour les Rochers de Momin, sur l’alpe de Louvie de Bagnes.
- La Monderèche, ruisseau à Sierre, Monderesse à Miège, aquam de la Mugneressy, 1387, torrentem de la Munderessy, 1441, M. R. XXXIV, XXXV, le même que la Mugneresse à Saint-Maurice de Laques = monneresse, meunière, bief de moulin, permutation n-d, comme colonne-colonde.
- Mondillon, crêt à Mollens, D. Auboune, et Mondion, pâturage sur Bassins, avec chalet sur un petit crêt arrondi = petit mont. Un Montiun dans les terres d’Ebal de Mont en 1237, Montion, 1237, 1246, Cart. Oujon, M. R. XII.
- Mondralesse, alpe de Lens, Valais, Mundralessy, 1250, Mondrelessi, 1418.
- Monéaz, ham. de Palézieux, et Mouniaz, bois voisin, Moneta, 1155, Monea, 1274; Monnaye, loc. Bas Vully, au bord de la Broye, Frib.; Moniaz, ham. de Jussy, Genève, Munia, 1261, M. G. XIV; Mounéaz (ou Monayaz), m. à Vétroz, Valais; en la Mouniaz à Noville, vers l’Eau froide; la Mounaye, ruiss. à Saint-Martin d’Hérens; Monnaya(z) ou Monnaie, patois Monnya, loc. vallée de la Dranse, près Sembrancher, Valais; une Monea, affl. /282/ de la Thièle près Champion, 1303, et un vicum, casale de Moneta près Payerne, Cart. Laus., M. R. VI, 310. De l’anc. fr. monee, s. f., du latin molinata, moulin. Quant aux Moneta des chartes à Palézieux et Payerne, ce sont de fausses traductions du v. fr. monee, de même que l’all. Münzgraben, canal de Monnaye qui aboutit en face des m. de Monnaye, Bas Vully.
- Mongobert, le Sex de — à Massongex et Mongebert, Mongibert, 1696, loc. à Monthey = mont de Gobert, Gusbert, Gausbert, n. pr. germain; un Gausbert était évêque de Sion en 1092.
- Monlési (ou lézi), m. sur Boveresse, Neuch.; nom formé de deux mots patois, mon lési = mon loisir, donné au XVIIIe s. par un propriétaire à ce domaine appelé antérieurement La Louva. Matile, Musée hist., II, 69.
- Monnat, ham. de Seleute sur un ruisseau, ferme à Verme, combe de Monnat à Saint-Ursanne, Combe Monnay à Roche d’Or; Bois de Monin à Chévenez; Combe ès Monin à Saulcy, ruiss. et moulin; en Monnin, vers le ruisseau à Corban; Côte ès Monnins, au-dessus du ruisseau à Roche d’Or; Bois ès Monnin à Tramelan. Monnat (at = et) et Monnay = meunier. Quant à Monin, Monnin, c’est sans doute moulin déformé sous l’influence de monnay; peut-être aussi le nom de famille Monnin, une famille Monnin au Landeron éteinte en 1750.
- Monnaux ou Monod, 2 ham. à Mollens et Montricher, sur le Veyron; le Monaud-d’Enhaut, sur le ruisseau à Puidoux; pour monneau, du v. fr. molinel, petit moulin.
- Les Monnayres, loc. à Château-d’Œx, Mugneries, 1436, jadis moulins dès longtemps disparus; ès Monneyres à Blonay, la Mouneyre, Conthey, ruiss. des Monéires à Salvan, ès Monneresses, ham. de Prez, Mounerèche à Mage, Valais, comme les monneresses d’Aigle, meunières, plan de 1718, de Vevey, de Salvan, synonymes de meunière ou bief de moulin.
- Monnaz, D. Morges, Mona, Monna, 1213, Muna, 1221-1237, M. R. VI, Monnaz, 1453; le Cart. de Haut-Crêt, M. R. XII, 71, parle d’une terre de Muna à Mossel ou environs, 1245. /283/ Probablement des (villa) Mona ou Monna, ferme d’un Monus ou Monnus. Holder, II, 625, 27.
Jubainville (505-508), cite un certain nombre de cognomina employés ainsi au f. sing. : Cupita, Romula, Urbana, sous-entendu villa, domus, ferme, maison de Cupitus, Romulus, Urbanus. - Monnens, voir Mugnens.
- Au Monnet, m. à Puidoux sur la Sallanche; probablement le même mot que Mornet entre Landeron et Neuveville, Mulnet et Mornet, 1185, 1221, Mornet, 1265, Matile, Morney, 1692, Amiet; de molinetum, moulin.
- Monruz, ham. près Neuchâtel, Monruz, 1220, Morruz, 1374 (de Chambrier, 22), Montruz, Monruz, 1463, Molrupz, Molrup, 1485, M. N. XLI, Monrup, 1526 (Jeunet). D’après l’orthographe primitive = mont du ruz, du ruisseau; par contre Monrup signifierait montem ruptum, mont brisé, rompu, à cause de la coupure que présente la montagne. La première étymologie nous paraît la plus probable.
- Monsieur, Maison —, au bord du Doubs, Neuchâtel; jadis péage construit par Monsieur de Valengin, comte René de Challant, en 1545.
- Monta, La —, ham. val d’Hérens, la Munta, 1267; la Monteau, atlas Siegfried, ou le Montoz, Lutz, ham. de Bagnes; la Monteau, râpes à Vionnaz; en la Montau à Troistorrents; subst. verbal de monter, provençal monta; le chemin offre une forte rampe dans les deux localités.
- Montagibert, faubourg à Lausanne, Monte Girbert, 1238, M. R. VI, 663, Montegiber, 1475. Serait-ce le Mons Gusberti de 1140 que le Dict. hist. Vaud identifie avec le Chalet-à-Gobet; voir ce mot. Le texte de 1238 = mont de Gerbert, n. pr. connu.
- Montagnon, ham. de Leytron, Valais, Montagnun, 1234, M. R. XXX, Montagnon, 1262 et 1291, Würstbg.; diminutif de montagne.
- Montagny, D. Yverdon, Montaniacum, 1158, Montagniei, 1174, Cart. Month.; ham. de Lutry et de Corsier, m. à Villette; 2 comm. D. Broye, Fribourg, Montaniacum, 1180, Matile, et /284/ 1260, Montagnye, 1311, Montaigniez, 1368, Matile; ham. de Mont-Rolle, Montagniacus curtis, 1009, Rég. gen., Montagnie, 1284; Montagnier, ham. de Bagnes, Valais, Montagnye, 1290; Montagnie, territoire près Apples, 1281 = (fundum) Montaniacum, domaine d’un Montanius, gentilice romain qui, d’après Jubainville, a donné le nom de plus d’une 100e de communes de France, dont 27 Montagny et 87 Montigny.
- Montaigne, sommet du Jura de Porrentruy; de montem acrem, mont aigu, escarpé, synonyme d’Aigremont.
- Montaigu, sommets du Jura à Soulce et Souboz; de montem acutum, n’a pas besoin d’interprétation.
- Montalban, ham. de Semsales, Montauban à Grandson et Constantine = Montem Albanum, mont d’Albain, n. pr.
- Montalchez, D. Boudry, Neuch., Montallichiez, 1340, Montalechiez, 1398, Montalleschiez, 1432, Montaleschiez, 1487. Origine douteuse : de mont et als, aux, chiez, cases, maison ?
- Montalègre, ham. de Cologny, Genève = mont et allègre, gai.
- Montalin, crêt isolé à Courfaivre, D. Delémont; de montal = montel, et suff. dim. in = très petit mont.
- Montana, D. Sierre, même forme dès 1249 = (villa) montana, ferme de montagne.
- Montaneyres, loc. à Hennens, adj. patois = (terres) montagneuses.
- Montandrey, ham. de Villars-le-Terroir, Montandre, 1218, M. R. XII, au XIIe s., terra Sancti Andreae = Mont (de saint) André.
- Montant, écart d’Arzier, D. Nyon; fausse orth. des cartes comme le montrent Montens, 1244, 1251, 1444, Monteins, 1244, 1246, Cart. Oujon, M. R. XII = chez les descendants de Munt, Mundo, n. pr. germ. Förstm., 940.
- Montaubion, D. Moudon, Montalbium, 1223, Montoubyon, XIIIe s., et Monte Albeonis, Albionis vers 1230, Cart. Laus. M. R. VI, 155, 187, et VII, 37. D’après cette dernière forme, où le déterminatif est au génitif = Mont d’Albion, n. pr. latin, « nomen virile. », De Vit, I, p. 197. /285/
- Montavaux, ham. d’Orges, D. Grandson, loc. à Dombresson et ailleurs; de mont et avaux, en aval.
- Montavon, ham. de Boécourt et m. à Reclère, D. Porrentruy, Berne, Montaun, 1330.
- Montbautier, ham. à Saicourt, D. Moutier, Berne; probablement mont et n. pr. germain Balder ou Balter, mont de Balter.
- Montbelley, 2 ham. à Torny-le-Grand, D. Glâne, Fribourg.
- Montbeney, villa et domaine, Mont sur Rolle, Monte benedicto, 1284; tire son nom de l’abbaye de Montbenoît en Bourgogne qui y possédait des dîmes en 1141.
- Montbenon à Lausanne, Monbennon, 1233, Montbenun, 1238; M. R. VI, 597, 661, Mombennon, 1259, Montbenon, 1533, M. R. VII; un autre, petite colline de prairies, à Vallorbe; = Mont de Benno, n. pr. germain connu. On trouve aussi des champs Bennon : campum Bennonis vers 1170, à Lussy, Frib., Donat. Haut., no 129.
- Montblesson, ham. de Lausanne; mont et blesson, fruit du poirier sauvage et le poirier lui-même, abondant dans ces contrées.
- Montborget, D. Broye, Fribourg, — ham. de Blessens et de La Joux, D. Glâne, Fribourg; ham. de Giez, D. Grandson; mont et borget, borgel, dim. de bourg = petit bourg sur un mont. Le P. Dellion, Dict. VII, 542, traduit le premier par « malum burgum » (burgellum), comme Mauborget, Vaud, mais il ne donne pas de forme ancienne justifiant cette interprétation.
- Montbovet (ou Montbovat), ham. de Montfaucon, D. Franches-Montagnes, Berne, Montem boveti, 1210, Montbova, 1436; de bovet, jeune bœuf.
- Montbovon, D. Gruyère, Fribourg, decima de Montebovonis, 1255, Montis bovonis, 1294, M. R. XXII, 430, 441, Monbovom, 1365, d’après Studer, Mons bovum, Mons bovariorum, sans indication d’origine; all. Bœmberg, 1492 = mont des bœufs ou des bouviers. Mais 1o ces formes ne se trouvent nulle part et 2o Mons bovum ne saurait donner Mont bovon. M. Paul Marchot, Revue suisse cath., 1900, indique la vraie origine : Mont de Bovon, n. pr. Ce nom est connu dans la Gruyère. Nous trouvons au milieu /286/ du XIIe s. un Humbertus Bovon; en 1143, 1154, un Bovon de Mossez (Mossel), en 1258, un Bovon, curé de Gruyère, 1260, M. R. XII et VI, et la famille Bovon existe encore à Château-d’Œx.
- Montbrelloz, D. Broye, Fribourg, Mons brenlos, 1228, M. R. VI, Montbrelo et Montbrenlo, 1325, Matile, 1343, Montbreloz, 1453; le même d’après les anciennes formes que Montbrenlaz, ham. de Villarimboud; le P. Dellion, VIII, 468, hasarde Mons Berulfi. Les formes anciennes ne permettent guère cette explication.
- Montbreux, voir Breuil.
- Montbrion, voir Brie.
- Montbut à Pont-la-Ville, Fribourg = Mont du bout (voir But).
- Montchallon, m. à Château-d’Œx; le Dict. de Godefroy a le v. fr. challon, s. m., espèce de bois.
- Montcherand, D. Orbe, Moncherant, 1453, Montcherant, 1475.
- Montchervet, voir Chervettaz.
- Montécu, D. Sarine, Fribourg, Monticon, 1323, 1366, Montekou et Montikon (texte all.), 1476, Arch. Fr. V, 291, Monticun, 1487, M. G. XII, 142, Montecu, 1690, etc.
- Monteiller, Montellier, etc., voir Montillier.
- Montélaz, crêt à Yverdon, autrefois Montéla, ancienne propriété de l’abbaye de Tela ou de Montherond (Crottet, Histoire d’Yverdon, p. 133); donc Mont-de-Tela.
- Montembloux, ham. de Montévraz, D. Sarine, Montemblioux, Lutz, Mutinblous, 1139, Montambloch, 1298, Montablot, 1301, Rec. dipl. II, 8, Arch. Fr. V, 295, Montamblod, 1644 = Mont de Ambloch, n. pr. germain, racine Amal, — Förstemann a le fém. Ambla, — et suffixe och, comme les noms dérivés Antoch, Gundioch, Waloch, etc., de And, Gund, Wala. Chose curieuse, le nom paraît en voie de transformation et le Dict. géog. suisse Attinger, III, 351, donne en premier rang la forme Montemblon.
- Monte Moro, mont et col (2862 m.), au fond de la vallée de Saas, Valais. Studer donne au choix les étymologies suivantes : Monte Moro, de moro, mûre de haie, ou de morus, ital. moro, /287/ mûrier; des ronces et des mûriers à 2800 m. ! ou de maurus, noir : la montagne est toute blanche de neige 1; enfin Moro, de Moro, du More, du Sarrasin, mais les Sarrasins ne paraissent pas avoir occupé cette vallée. Au reste la montagne s’appelait alpem Monti Molli, curtem Monti Molli en 1300; de l’adjectif italien molle, au sens de facile, doux, ce passage étant le plus facile et le seul fréquenté jadis dans cette partie des Alpes Pennines.
- Montenol, D. Porrentruy, Berne, Montenot, 1173, Montinolt, 1180, 1200, Montenolt, 1210 = mont de Enold, Eonold, n. pr. germain. Förstm., 374.
- Les Montenailles, ham. du Mont-Lausanne; formé (comme Fontenailles, fontaine + aille), de l’adj. montain + aille, coll. ou dépréciatif = prairies, terres un peu montagneuses.
- Montérel, pâturage, vallée du Petit Hongrin, Montiral, 1400. A première vue, diminutif de mont, la forme de 1400 en fait douter. A Château-d’Œx on nomme le sommet au-dessus, visible des Granges, Mont-Torrel ou Mont-Touri, sans doute Mont-Touril, petite tour (touri, s. m., paquet rond de tavillons ou bardeaux). Les autres formes seraient-elles une corruption de celle-ci ?
- Montéret, pâturage près Saint-Cergues = petit mont.
- Monterschu, D. Lac, Frib., Moncorsum, 1231, F. B. II, 117, Montcorsu, XIIIe s., M. R. VI, 608, Monterschün, 1363, Monterson, 1423, Monterschon, 1436. Rec. dipl. III, VII, VIII; le déterminatif est sans doute un nom pr. germain.
- Montet, D. Broye, Montel, 1184, Arch. Fr. VI, Montez, 1223, Monteils, 1266, Montils, 1275, Montet, 1337; — Montet à Bex, Monthey, 1792; D. Glâne; en Vully, Montelz, 1354; au Landeron, Muntels, 1299, que L. de Meuron écrit Monthey en 1828, etc.; noms contractés de monticulum, petit mont. La forme Monteils nous paraît être la contraction régulière de Monticulis, 1154, 1179 (Mossel), que nous trouvons p. 10 et 39, Cart. Haut-Crêt. Un Montez près de Genollier, 1195, a été identifié à tort par M. Hisely avec Mont sur Rolle, Cart. Oujon, M. R. XII, 5 et 217. /288/
- Montétan, loc. à Lausanne. Serait-ce le lieu nommé à plusieurs reprises dans le Cart. Laus. Montauter, XIIIe s., et Montotier, 1238, M. R. VI, 247, 404, 654 ?
- Montevie, coteau traversé par le chemin de Charmoille au hameau de Fontaine, Jura bernois; de monte, impératif de monter, et vie, voie, chemin.
- Montévraz, D. Sarine, Montivrar, 1445, Montefran, 1644, forme germanisée. On reconnaît facilement ici, dans le 2e élément du mot, le nom pr. Evrard, forme francisée du n. pr. germain Eberhard, donc mont d’Eberhard.
- Monteynan, ham. d’Arconciel, Frib., Montenan, Montennan, fin du XIIe s. Donat. Haut., Arch. Fr. VI, mont et n. pr.
- Montezillon, ham. de Rochefort, Neuch., Monteisillum, 1247, Montisilon, 1311, Montissilion, 1346.
- Montfaucon, D. Franches-Montagnes, Berne, all. Falkenberg, Montem Falconis, 1139 = Mont de Falcon, n. pr. ou Mont du faucon, n. commun; plutôt le premier, comparez avec Prafalcon, Farcounet.
- Montfavergier, D. Franches-Montagnes, mons Fabrorum, 1338 = montagne des forgerons, de mont et fabricarius, forgeron.
- Montgéroux, m. à Charmey, fausse orth. pour Géroud = mont (de) Géroud = Gerold, n. pr. germain. Montgirod, montagne et ferme, D. Moutier, Berne, même origine.
- Montgremay, loc. près Saint-Ursanne, Mons Grimarch, 1210, Mongremart, 1436 = Mont de Grimarch, n. pr. germain, racine krim.
- Montherod, D. Aubonne, Montero, XIIIe s., Monterot, 1344, M. G. IX, Montherot, 1349 = Mont d’un Germain, probablement Ero, Hero, dont dérive le nom d’Hérens.
- Montheron, près Lausanne, Montenum, 1142, Montenun, Montenon, XIIe s., Montanum, Montunum, 1142, Montheron, 1177, Montunum, 1184, Montiron, 1314. Abbatia Sancte Mariæ de Monte Rotundo, 1177, Cart. Month., M. R. XII. Ce latin est une interprétation par le notaire du nom Montheron, dont l’origine /289/ est incertaine. Remarquons le curieux flottement entre les liquides r et n au XIIe s. Ce n’est qu’au XIVe s. que le r l’emporte. Quant au 2e élément du nom, c’est sans doute un n. pr. germain tel que Tenno.
- Monthey, Valais, Montez, 1215, Monteyz, 1233, Monteys, 1239, Montez, 1241, 1268, Montelz, 1267, Montetz, 1290. Vers Monthey, ham. d’Yvorne, Monthey, 1327, Montheolum dans les chartes XIIIe-XVe s. Monthoux, loc. à Meyrin (petit crêt), comme le Monthoux, Savoie, Montheolum, 1287, Montou, 1355; en Monthion à Longirod = diminutifs de mont; monticulum donne monteil.
- Monthorens à Ecuvillens, Frib., ès Montorens, XIIe s.; de Mont et Thorens, Torens, voir Torins.
- Montiau, montée rapide à l’entrée du vallon des Mérils, et Montiaux, vallon de la Gérine, les deux à Château-d’Œx : mont et suffixe patois iau = oir : montoir.
- Montignez, D. Porrentruy, Berne, Montignei, 1170, Montaignie, 1181, Muntiniacum, 1187, Montegnez, 1189, Montaigny, 1346, etc. = (fundum) Montaniacum, domaine d’un Montanius (voir Montagny).
- Montillier, D. Lac, Fribourg, ès Montellier, 1270, M. Fr. I, 264, Muntels, 1300, F. B. IV, 2, ham. à Château-d’Œx, etc., Montilliez, ham. d’Oleyres, Montilier, Montiller, Monteilly, Montilly, Montillet, Montillat, nombreux ham. et lieux-dits, — plus de 50, — dérivés de monteil, petit mont, du latin monticulum. Quelques-uns peut-être aussi de Mont-Tillier ou Tilley, de tilietum = lieu montueux couvert de tilleuls, mais non de Tellier, n. pr., car les formes latines seraient mons, montem Tilleri qui ne se rencontre jamais.
- Montillon à Pâquier, Gruyère, très petit mont.
- Montimbert, écart de Châtel-Saint-Denis, vignes à Chardonne = mont d’Imbert, n. pr.
- Montjoret, 2 ham. Mézières et les Glânes, Frib.; de mont et joret, s. m., forme masc. de jorette, s. f., petite joux = mont de /290/ la petite joux. Pour M. Bonnard (in litt.), plutôt n. pr., mont d’un nommé Joret.
- Montjovin, terr. à Massonens, Frib., signalé par le P. Dellion, Dict. VIII, 345, en Montjovin, loc. à Autigny, Frib., 1441. Il faut en rapprocher l’ancien nom du Saint-Bernard, Mont-Joux, Mons Jovis, ainsi nommé jusqu’au XIIIe s., à cause du temple de Jupiter élevé par les Romains sur le col; on trouve aussi Mons Jovensis, Xe s., Montem Jovinum, Vie de saint Mayeul, Xe s., M. R. XXIX, 35, 39. M. Du Plessis nous a obligeamment fourni la note suivante : « Montjuvis (pron. isse), ruisseau, affluent du Mujon, r. g. La source de ce petit cours d’eau sort du Montjuvis, sorte d’épaulement du pied du Suchet situé au-dessus de la route de l’Abergement à Baulmes, nommé Montjovet au Cad. de Baulmes. Dans le voisinage se trouve le bloc mégalithique du Bon Château. Cad. de Rances, 1809-1812, levé par Wagnon, fol. 69, 70. Dans un autre des premières années du XVIIIe s., fol. 47, 48, en Mont Juyer, et à la table en Mont Juet. » Peut-être les uns et les autres emplacements consacrés jadis à Jupiter.
- Montmagnoud, crêt à Pampigny = mont de Maginold, n. pr. germain; voir Magnoud.
- Mont-la-Ville, Montevilla, 1141, villa Mons, 1149, 1177, M. R. I. = ferme du mont.
- Montmagny, D. Avenches, Manniacum, 1240, Montmagniel, 1760; ne peut venir, comme le dit Studer, de mons magnus, qui donnerait magne; vient de Mons magniacus, du gentilice Magnius, voir Magny.
- Montmeillan (ou Montmélian, Lutz), m. à Lausanne, écart de Peney-le-Jorat; probablement un Montem Mediolanensem, comme Mediolanense castrum, aujourd’hui Château-Meillan, Berry. Voir Miolan.
Le Montmélian ou Montmeillan de Savoie, bourg près Chambéry, s’appelait jadis mons Emelianus, d’après le Dict. géog. de Grégoire, éd. de 1872. On trouve Bertradus, Jacobus de Monte Meliano, 1221, Humbertus de Montemeliano, 1264, M. R. XXIX et XXX, mais toutes ces formes nous paraissent simplement la latinisation du n. français. /291/ - Montmelon, D. Porrentruy, Berne. Pas de formes anciennes pouvant mettre sur la voie.
- Montménil, D. Büren, Berne, all. Meinisberg; paraît signifier mont et ménil, v. fr. mesnil, du latin mansionile, maison : la maison, la demeure du mont. Mais le nom allemand nous indique une autre origine : Meinhartsperg, 1263, F. B. II, 537, Meynesberg, 1332, Tr. = mont de Meinhart, n. pr. germain. Le français n’est qu’une interprétation du nom actuel allemand.
- Montmirail, m. près Saint-Blaise, Neuchâtel; mont et v. fr. mirail = miroir, lieu d’où l’on a une belle vue; nom récent, donné à cette campagne en 1716 d’après le Mus. N. XXIX, 80; voir Miriau.
- Montmoirin, ham. de Semsales, Fribourg; sans doute un n. propre.
- Montmollin, D. Boudry, Neuchâtel, Montmolens, 1372, Matile, Monmollens, 1401, M. N. XLI; si les loc. Mullens et Mullins, 1340, de Matile s’y rapportent, ce serait un nom d’origine germanique, comme Mollens, Vaud et Frib. = chez les descendants de Mollo, Motilo.
- Mont-Noble ou mieux Mont Nuoble, au S.-E. de Sion; de montem nubilum, mont nuageux où s’amassent les brouillards, ce noble, nuageux, se retrouve dans le verbe einnoblli, se couvrir de nuages.
- Le Monto ou Montoz, sommet du Jura bernois = montel, petit mont.
- Montoie, loc. à Lausanne où commence la montée pour arriver en ville; la Montoie, bois, avec montée de 30 m. à Cornol, Jura bernois, dérivés sans doute de monter, bien que le suffixe soit difficile à expliquer. Rien de commun avec le oie du latin eta qui s’ajoute à des noms de plantes pour désigner l’endroit où elles abondent : ormoie, charmoie.
- Montoiseau, loc. à Crans, D. Nyon; Montougy (ogi-oiseau), pâturage à Lignerolle, maison à Vallorbes; Montaugy, loc. à Montagny, Frib.; un Montosel à Vufflens-la-Ville en 1377 = mont de l’oiseau. /292/
Le Cart. d’Oujon, M. R. XII, parle d’un mont Oisel qui formait la limite occidentale et méridionale des possessions de l’abbaye : ab occidente terminus est mons Oisels, p. 2, — a meridie terminus est mons Oisels, p. 5, mont Oysel, p. XXXII, montem Oisel, p. 72. M. Hisely, au Répert., p. 218, le rapporte à la Dôle avec un point d’interrogation. Ne serait-ce pas le Mont-Oysel, auj. Montoisey (1671 m, carte Etat-major Fr.), situé au S.-O. de Gex. Quant à l’étymologie, nous rattachons ce mot à une autre racine, au celtique uxello, escarpé; voir Eischoll. - Montolliet, ham. de Corpataux, Frib.; Monton, petit sommet alpes de Sion; Montzet, alpes d’Hérémence; diminutifs de mont, le dernier, suffixe patois tzet = chet, comme gretzet de crêt, mayentzet de mayen.
- Montorge, loc. à Fribourg; colline avec château à Sion, Monte Orgio, 1195, Montorjo, 1235-1295, Montem ordeum dans les chartes XIIe-XIVe s.; paraît être le Mont de l’orge, où l’on cultive l’orge. Mais il y a peut-être une étymologie plus juste. Littré a un mot salorge qui signifie amas de sel, jadis au XVIe s. magasin de sel, de sal et du latin horreum, magasin, grenier, devenu en fr. orge, comme cercum, cierge. Montorge pourrait donc être le grenier, le magasin du mont.
- Montpereux (ou mieux Montperreux), colline et fermes à la Chaux-de-Fonds; de montem petrosum, mont pierreux.
- Montpreveyres, D. Oron, Monteproverio, 1154, Monspresbyteri, 1167, Montprevere, 1177, M. R. XII, et Mont Provaire, loc. aux Clées; de mont et v. fr. provoire, prêtre, du latin presbyterus = mont du prêtre.
- Montreux, D. Vevey, Monasteriolum, XIe s., Mustruel, 1215, Donat. Haut., et 1250, M. R. XXIX, Muistruum, 1228, Mustrus, 1260, M. R. XXX, Mustruz, 1334, et Mustreux, 1355, M. R. XXVIII, 389, 385; Moutreux, Moutru, 1794. Struve, Itin., p. 33, 34, 44; M. Aymon de Crousaz (Origine du nom de Montreux, p. 8, 9), indique encore les formes Monstreux, Moustreuz, 1558, Moustrieux, 1542, Mustrueux, 1594; de monasteriolum, dim. de monasterium, d’où le français moûtier, donc petit moûtier, petite église. Mutrux, D. Grandson, Mustrueu, 1359 (Matile), Mustruz, Monstruz, 1381, Mutrou, 1403, dont les anciennes formes sont presque identiques, a sans doute la même /293/ origine, bien que ce village n’ait pas d’église. Peut-être dépendait-il d’un moûtier quelconque ?
- Montricher, D. Cossonay, Mons Richarius, 1049, Monte Richerii, 1177, M. R. I, 154, Monrichie, 1412 = mont de Richer, n. pr. germain, autre forme de Richard.
- Montriond, crêt à Lausanne, Montreont, 1238, Cart. Laus., M. R. VI, 644; mont et v. fr. riond, reond, du latin rotundus = mont rond.
- Montsalvens, D. Gruyère, Fribourg, Montsalvan, 1169, — salvain, — salvant, 1177, — sarwayn, 1281, — sarven, 1337, — salveyns, 1340, — sarvens, 1350; de montem silvanum, mont de la forêt.
- Montsevelier, D. Delémont, Berne, Muzivilir, 1136, Mutzwillare, 1139, Muzivilare, 1146, Motzewilre, 1242, Mucewilre, 1259, Mussevelier, 1317 = villare, village de Muzzo, Musso, n. pr. germain. Le nom français est une corruption de la forme de 1317 et l’orthographe actuelle, avec la racine mont, est tout à fait fautive.
- Montsoflo, écart de La Roche, Frib. = mont (du) souffle, du vent, patois sôflà, souffler.
- Les Montuires, rochers, alpes de Salvan, comme coul-uire, de monter, et suffixe uire = oire; rochers où l’on monte, où le bétail passe pour gagner un gradin plus élevé.
- Monturban, ham. d’Ocourt, D. Porrentruy, Mont-Urban, 1316 = mont d’Urbain, n. pr.
- Montvoie, ham. d’Ocourt, D. Porrentruy = voie sur le mont; il est sur une colline, traversée par une route.
- Morache, loc. à Bramois, Moraschi, 1306; à Nyon; Morachon à Ballaigues, Pompaples, etc., diminutif; les Morasses, ham. d’Ayer, Valais, Moraschy, 1267, et 5 autres loc.; Murasse et Murace, nombr. loc.; Murache à Chalais, Mourache à Mollens, Valais, Morisson, dim., à Savièse; du frison mur, limon, lieu boueux, et suffixe augm. ache, asse. C’est un n. commun au moyen âge dans les chartes valaisannes; un rôle de cens parle /294/ d’un fichelin d’orge sur « une murasse située »; une autre nomme « certaines murasses » à Ayent, 1329-1377.
- Morand, Flon —, affl. de la Paudèze près Lausanne, flumen Maurone, 908, Cart. Laus., M. R. VI, 169; sans doute dérivé du n. pr. Maur, voir Morens.
- Morat, Fribourg, curtis Muratum, 516, M. F. II, Castra Murtena, 1032, Murat, 1033, 1228, Murten, 1238, F. B. II, Muretum, 1255, 1370, etc.; du bas latin muratum (locum), endroit entouré de murs. Des localités du même nom à Lutry, Poliez-Pittet, etc., ont la même origine; voir Mur.
- Moratel, loc. près Granges, D. Payerne, Muratel, 1182, 1223, Murattel, 1228; m. près Cully; au Moratez(tex), champs à Villars-Tiercelin; dim. du précédent; racine mur, pierre, voir Mur.
- Moray ou Morey, loc. à Vouvry, la Moraye, ham. de Gletterens; loc. à Grandcour, dérivés collectifs de la racine germ. mur, comme mor-aine, mor-ache, etc.
- Morclan, Rochers de —, sommet, alpes de Vionnaz, Valais, frontière française, même racine que Morcles, ham. de Lavey, D. Aigle, terrulam Morcles, 1043-1281, Morcle, 1504, Morclaz, 1801. D’après Gatschet, du v. h. all. muor, marais, mais il n’y en a point, et cela n’explique pas la finale cl. Vient de la racine celtique murc, terrain rompu, brisé, anfractueux, avec un suffixe diminutif : * murcula, morcula, au plur. morculas, d’où Morcles. En effet, Morcles est un pluriel comme l’indiquent les mots homines des Morcles, les hommes des Morcles, 1272, M. R. XXX, 203; les Champs Morcleyres, aux Devens de Bex, même racine.
- Mordagne, ham. de Molondin, Mordagne, 1403; Mordagnon, m. à Villars-le-Terroir, dim.
- Mörel, voir Murgier.
- Morenches, loc. à Sottens,
- Morenzes à Collonge-Valais; racine mur, comme
- Morennes, loc. Grand-Saconnex, à Tannay, D. Nyon, à Gilly, Montherod, et Moreyna(z), vignes à Conthey, Valais; autres /295/ formes du mot romand moraine, falaise, pente escarpée, que Körting tire du bavarois mur, pierre brisée, cailloutis.
- Morens, D. Broye, Frib., Morens, 1142, Cart. Month. 5, Moreins, 1228, Morens, 1319, 1325, Matile, Mourin, 1497, Morrens, 1692, Morans, 1712, Morin, 1832, Dict. Kuenlin; Morrens, D. Echallens, Morrens, 1147, 1199, Cart. Month., 11, 55, Morrans, 1272, M. R. XIV, 306; Morenges au lac de Bienne, n. fr. de Mörigen, Moringen, 1196, M. F. IV, Muringen, 1234, Morans, 1256, Moringe, 1264, F. B. II, Moirenges, 1278 = chez les descendants de Moro ou Maur, n. pr. germain, le même que le nom romain Maurus, noir. Förstm., p. 924; rien de commun avec moor, marais, comme le veut le Mus. N., 1885. Les différentes orth. an, in du premier montrent les curieuses fluctuations de la prononciation.
- Morge, nom de nombreuses rivières de Suisse et de France; l’une, C. de Vaud, Morgia, 1297, Morgyz, 1328, a donné son nom à la ville de Morges fondée vers 1286; autre à Saint-Gingolph, Valais, Morgia, XIIe et XIIIe s.; 3e entre Conthey et Sion, Morgia, Xe-XIIIe s., Morze en patois, noms correspondants des nombreuses Murg de la Suisse allemande. Ne vient pas du patois mordji, vaudois mourguet, morgier, tas de pierre, comme on l’a dit. Anzeiger für Schw. Geschichte, vol. 38, et Dict. Attinger, ni, comme le veut Studer, de la racine celtique murc, terrain brisé, limon; ou Gatschet, du v. h. all. muorag, marécageux, de muor, marais. Mais aucune de ces rivières n’est marécageuse. D’après Holder, nom d’origine celtique ou d’après Jubainville, ligurienne, de la racine indogermanique morg, vieil hibernien marj, purifier, au participe pur, agréable, morga, agréable, aimable.
- Morgex, voir Murger.
- Morgins, vallée et ham. val d’Illiez, Valais, Morgens, 1156, Hidber, II, et 1476, Arch. Schw. Gesch. III, Morgen vers 1720; peut-être parent du n. gaulois Morginnum, dérivé, d’après d’Arbois de Jubainville, du celtique morga, agréable, aimable.
- Morillon, ham. du Petit-Saconnex, Genève, Murillion, 1302, /296/ M. G. III, 181, Mourillon, loc. à Ballaigues; peut-être du bavarois mur, pierre brisée, terrain caillouteux.
- Morion, chalets sur un crêt arrondi près Liddes = mont-riond, mont rond. Crêt Maurion à Vallorbe.
- Morlens, D. Glâne, Fribourg, Morlingis, villa Morlensis, 996, Morlens, 1111, M. R. III = chez les descendants de Morilo, n. pr. germain.
- Morlon, D. Gruyère, Fribourg, Molas subteriores, 955, Mollon, 1038, Hidber, I, 1382, 1464, Mollun, 1264, Rec. dipl., I, p. 100, Mollom, 1286, Morlon, 1500, Arch. Fr. III, 73, 162. D’après le nom de 955, dériverait de meule et serait de la famille de moulin, mais le suffixe on, d’après M. Bonnard, ne peut représenter le latin inum.
- Mormont, tertre près Pizy, D. Aubonne; ham. de Courchavon, D. Porrentruy; Morimont, crêt boisé près Charmoille, D. Porrentruy; de morum, mûre de haie, la ronce = crêts couverts de ronces. Quant au Mormont près Eclépens, du reste de même origine, voir Mauremont.
- Mormontant, loc. à Yens, D. Morges, Montmettan, 1263, Montmontant, 1263. La première forme fait supposer dans le déterminatif un nom de personne.
- Mornens, maison près d’Orges, enclave de Champvent, où en 1011 le roi Rodolphe donna des terres à Romainmôtier, M. R. III, 428 = chez les descendants de Morino, n. pr. germain; de la racine Maur, noir. Förstm., p. 915.
- Mornex ou Mornay, loc. près Lausanne, Modernacum, 920, Mornay, 1198, Mornai, 1238, et un autre à Satigny, Genève; de (fundum) Modernacum, domaine d’un Modernus, cognomen romain.
- Moron, sommet du Jura bernois; 3 ham. de Chatelat, Saint-Braix et de Courchavon, mont à Courgenay, mont à Lugnez, cirque rocheux près la Chaux-de-Fonds = Mont Rond, comme le montrent ces textes dans Trouillat : viam de Monte rotundo, 1210, pratum situm in Monte rotundo, 1254. Sus Mouron, pâtur. à Provence, au pied d’un crêt arrondi, probablement le /297/ même mot. C’est sans doute le Morront près des Fauconnières indiqué dans une délimitation de 1320 (Matile).
- Morrens, D. Echallens, voir Morens.
- Mortaigue ou Mortigue, affl. du Talent, ruisselet à Aigle (Fontaney), la Mortigue, affl. de la Bressonnaz, D. Moudon, et une autre, affl. du Grenet, D. Lavaux; de morte et aigue, igue, de aqua, eau : morte-eau, à cause de leur cours paisible.
- Mortais ou Morteys, vallon rocheux de la Gruyère, alpes de Charmey; Mourtey, ham. de Leytron et pâturage de Bagnes, Valais; Mourti, trois localités, — rochers, — val des Dix, val de Ferpècle et alpes d’Ayent, Valais; en Murty, champs à Ollon, les Mortennes, arête de rochers, alpes de Vouvry, forme adjective. Au moyen âge le mandement de Satigny, Genève, s’appelait la terre del Morter, dou Morter, 1261, 1274, Rég. gen. 229, 269, et le signal de Choully Mont Mortier d’après Blavignac. Ces divers mots, et particulièrement le Morter de Satigny, ont une frappante parenté avec les Morter, Mortel, Murtel, murtera, augm. Murteratsch, dim. Murterett des Grisons que Pallioppi dérive d’un mot celtique mortari et auquel il donne le sens de sol aride caractérisant les hauts pâturages où l’herbe pousse difficilement. C’est effectivement le cas pour les pâturages valaisans et fribourgeois nommés ci-dessus; mortari doit être parent du germ. mur, pierre brisée, rocaille.
- Mortaveau, loc. à Nyon; aussi écrit et plus correctement Mortavaux, vallée morte.
- Mortive ou Mortivue, D. Veveyse, Fribourg, affl. de la Broye; de morte et ive, eau, syn. de Mortigue.
- Mortruz, ruisseau à Cressier, Neuch. Au premier aspect paraît signifier ruisseau mort, paisible. Mais son cours est rapide : il fait une chute de 50 à 60 p. de hauteur totale au pied du tertre où s’élève l’antique église de Saint-Martin. En outre la prononciation — t sonore — semble indiquer une autre origine. M. Alf. Godet, M. N. XX, 288-286, dont nous rapportons la démonstration en abrégé, le tire de Martis rivellus. Il coule non loin d’un lieu où devait s’élever un temple de Mars dont on a retrouvé les autels /298/ et du mas de vignes appelées les Saint-Martin, nom chrétien substitué au culte de Mars, cas fréquent. Quant à Martis devenant mort, outre que la permutation a-o se rencontre ailleurs, Ducange a un exemple topique (au mot mortua aqua) qui parle d’un campum Martis situm in loco qui antiquitus Mortis aqua, novitatis depravatione mortua aqua appellatur. Un autre argument à l’appui de l’étymologie de M. Godet est le nom de Montmarte que porte la rue du haut de Cressier, tendant à l’ancienne église de Saint-Martin, M. N. XXIV, 232.
- Morvaux, ou moins bien Morveaux, rochers, — lugubres, dit Lutz, — entre la Valsainte et Bellegarde, Fribourg, Morval, 1134, 1146, Morvas, 1146, Morvaux, 1198, M. F. III, 64, 69, Morvauz, 1247 = mort val, vallée morte.
- La Morvaz, ruiss., affl. de la Venoge, la Morva, 1344; Morvette, affl. du Veyron; de morve, flux nasal.
- Morvin, ham. de Marly et de Montécu, Fribourg; sans doute pour Morvens = chez les descendants d’un Germain dont le nom dérive de la racine mor, comme Morwo.
- Mosse, s, très nombreuses localités des Alpes (aussi du Jura : Mosses, Val-de-Travers, Mousses, ham. de Cuarnens), avec les variantes Mossaz, Burtigny, Mousse, Blonay, Port-Valais, les diminutifs Mousset, Finhaut, Mossette, s, Moussetaz; Mosson, Conthey; les formes collectives les Mossières, prés à Aubonne, Mosseires à Riaz, Praz Mossiaux à Forel-Lavaux, Pâquier-Mossy à Château-d’Œx; de l’all. moos, marais.
- Mossel, D. Glâne, Fribourg, Moncels vers 1150, Muncels, XIIe s., Monsez, 1245, Mossez, 1258, Monses, 1260, M. R. XII, le P. Dellion donne encore Monsey, Mossey. Un Durannus de Moncels y est appelé ailleurs Durannus de Monticulis, p. 10, 39, 153; du v. fr. moncel, du latin monticellum, petit mont. Mossel était aussi au moyen âge le nom à Vevey de la localité appelée aujourd’hui les Cheneveyres, M. R. VI, 356.
- Motier, Neuchâtel, Mostier, 1380; Motier en Vully, Mostier, 1267, 1327, Moutier, Berne, Monstier, 1189, 1317; du latin /299/ monasterium, provençal monestier, n. fr. monstier, qui signifiait couvent et église; en patois mothi, mouthi, de là : Sous le Mouthi à Bretonnières, Sur le Mothy à Vugelles, au Mothy à Chavornay et le Mouti ou Mouthi, loc. à Vallorbe, emplacement de l’ancien prieuré.
- Motoney, prés marécageux à Fully; Motona à Nendaz, Motonaz au Sanetsch; de moton, mouton, et suffixes patois a, ey, ier (pré) moutonier, où l’on fait paître les moutons.
- Mottaz, Motte, Mothe, les collectifs Motty, Mottey, Mottex, Mottis à Valeyres-sous-Rances, Mottec, vallée d’Anniviers (pour le c voir Biolec); les diminutifs Mottette, s, Motélon ou Mottelon, Mottalet à Courtepin; nombreuses localités, villages et hameaux, situés sur des éminences dans tout le pays romand; parfois sommets, par exemple la Motte, 2882 m., au N. de Sion. Du mot germanique mott, v. fr. mote, petite élévation, dim. motillon, tertre, gaélique mota, mont, patois motha, italien motta, romanche mot, muot.
- Moudon, Minnodunum ou Minnidunum à l’époque romaine, vicus Minnodunensis, IIe s.; le n permute avec l au XIIe s.; Meldon, 1160, Meldun, 1177, Moudon, 1161, Cart. Haut-Crêt, Moldun, Modun, XIIe s., Meldunum dans les chartes du moyen âge, Moudon, 1238, M. R. VI, Meudon, 1249, F. B. II, etc.; en all. Milden. De dunum, château fort, et d’après d’Arbois de Jubainville du n. pr. gaulois Minnos, connu par les inscriptions = château de Minnos. On l’a dérivé aussi du celtique minus, minuos, petit, mais ceci n’explique pas le double nn.
- Mouellé ou Moëllé, Pierre du —, gros rocher isolé sur le col de ce nom. Bridel le tire du celte moell, ou mouell, chauve = le roc nu.
- Aux Mouettes, champs à Isérables, Valais; il ne peut s’agir de l’oiseau; probablement dim. du v. fr. mouée, s. f., mesure de terre qui pour l’ensemencement exigeait un boisseau de grain; du latin modiata.
- Mouille, etc., voir Moille.
- Moulin, près Sierre, voir Mollens. /300/
- Mounaz, ham. de Vuisternens et Rueyres, Frib., avec moulin sur la Neyrigue; de molina, moulin.
- Mountet, au fond du vallon de Zinal, autre forme de montet.
- Moures, Mouret, voir Mur.
- Mourgues, Mourgaz, Mourget, voir Murger.
- Mouri, Sex —, Ormont-dessus, aussi Sex ou Rocher Murgaz ou Mourgaz; le Mourin, sommet sur Bourg-Saint-Pierre; mots dérivés du germanique mur, pierre brisée (parent du latin murus, muraille).
- Moussillon, combe à la vallée de Joux, patois Comba au Mussilhon; au Moussillon, loc. à Saint-Prex. Ce mot patois signifie à la fois moucheron, insecte, et mousseron, champignon. Ceux qui connaissent les localités peuvent décider.
- Mouterin, Praz —, à Roche; probabl. pré des gens de Montreux.
- Movelier, D. Delémont, all. Moderswiler, Moderswilre = villare, village, de Moter, Moder, n. pr. germain. Förstm., p. 935.
- Les Mueges ou Mueses, prés à Posieux, Frib.; le P. Dellion, Dict. VIII, 351, en fait un dérivé de moos, marais, ce qui nous paraît fort improbable.
- Mugnens ou Munnens, loc. à Cuarny, Munnens, 1011, et Mugnens, 1174, Munens, 1177, Mouinens, 1199, M. R. VI et XII (rapporté par erreur à Monnaz par Hidber et le Dict. de Lutz) et probabl. Monnens, loc. à Gimel et à Pomy = chez les descendants de Munno, Muno, n. pr. germain. Förstm., 937. C’est le correspondant des loc. allemandes Muningen, Munnenheim, etc.
- Au Muguet, forêt à Monthey, Valais, Murguet, 1696; peut-être endroit où abonde le muguet, patois murguet, mais peut-être faut-il le rattacher à mourguet = murgier.
- Le Muids (fausse orth.), ham. d’Arzier, D. Nyon, villa Muciatis entre 962 et 993, grangia que dicitur au Muis, 1250, grangie dou Mois, 1266, M. R. XII, 100, 176; du gentilice romain Mucius, d’où Muciatis, comme le gentilice Sullius a donné Sulliatis d’après Holder. Ainsi qu’on le voit, le d est parasite et devrait disparaître.
- Mujon ou Mugeon, ruiss., affl. de la Thièle, D. Orbe. /301/ A défaut de formes anciennes on ne peut que conjecturer. Peut-être du v. fr. muir ou maire, mugir, le mujon, le ruisseau qui mugit; comparez la Brinaz, la Mionnaz, etc.
- Les Mulets de la Liaz, — de Zessetta, arête de rochers, vallée de Bagnes; comme les Grands et les Petits Mulets de Chamonix, par métaphore, ces rochers ayant de loin l’air de mulets traversant les champs de neige. Ces figures sont fréquentes : on connaît le Lion, l’Ane, le Cheval blanc, le Corbeau, le Mouton.
- Mund, D. Brigue, forme germanisée de mont : Mont, 1299, et au XIVe s., M. R., Mond, 1348, Berchem dans Jahrbuch Schw. Gesch. XIV, 333.
- Mur, D. Avenches, Muris, 1337, 1453, et 6 loc. Vaud et Frib.; la Fin de Mur près Chéserex, D. Nyon, probablement le Mauras d’entre 995-1017, Rég. gen. 47; Mura(z), ham. Sierre et Sion, ly Mura, 1414; Muraz, Monthey, Noville, Villeneuve, et 3 autres; Mouraz à Conthey; Murat, Céligny, Evionnaz, Goumœns, Matran; la Mure, à Lancy; Mures, à Mazembroz de Fully; aux Mures à Chardonnay-Morges; Muret à Finhaut et 4 autres; la Murée, Ormont-dessus; ès Murailles, 6 loc. Frib.; Muresses à Savièse; Murettes à Duilier, Mureta près Yens, 1249; les Moures, ham. des Cullayes; Mouraz à Conthey; le Mouret, 3 ham. Frib. et loc. à Conthey, à Lussery; les Mourets à Rougemont, Murist, D. Broye, Frib.; Muris, 1228, 1377, 1453; dérivés du latin murum, muros, désignant, dans les endroits habités, des localités où se trouvaient des restes de murs et constructions romaines; de là également Morat et les nombreux Maur, Muri de la Suisse allemande. Dans les Alpes, de la racine germanique mur, pierre, rocaille, par exemple les Murs, rochers, éboulis, alpes de Liddes.
- La Muratte, 2 pâturages, Vallée de Joux; dérivé de mur, au sens de pierre, et suffixe dim. atte = ette : pâturage rocailleux.
- Le Murguet, loc. à Saint-Gingolph, Murgier, m. à Correvon, Meurgier à Lens, Mergier à Courtetelle, les Morgiers à Chézard, Murgy, Burtigny, Prahins, etc.; Murgis, Ormont-dessous; Murgaz ou Mourgaz, Ormonts et Château-d’Œx; /302/ la Murgataire, pâturage à l’Abbaye, les Mourguets à Vuippens, Mourzet, Ormont-dessous, Morgex, Monthey, Ollon et Leysin; du n. commun v. fr. encore usité murguet, Vaud, murger, murgère, Valais, merger, Bourgogne, murgée, Berry, le bas latin murgarium de Ducange n’est que la traduction du mot vulgaire; de muricarium, dérivé de murus, mur, parent du germanique mur, pierre brisée; Merien, ham. près Stalden, Morgi, 1256, et Mörel, village près Brigue, Morgi, 1213, Morgie, 1245, Morgy, 1250, Morgia, 1474, tirent aussi leur nom de morgier, tas de pierres; ce dernier village est bâti à côté d’un immense éboulement préhistorique.
- Muriaux, D. Franches-Montagnes, Berne, Mireval, 1315, puis Mirival, enfin Murival; de mire, impératif de mirer, regarder, et val. Le nom allemand Spiegelberg signifie Montmirail, à peu près le même sens.
- Murist, voir Mur.
- Musot ou Musotte : t sonore; ham. de Veyras, D. Sierre, Valais, Mezioth et Meiot, 1226, Mujot, 1238, 1438, Myojot, 1260, Moujot, 1293, Mojot, 1454, permutation valaisanne j-s, z. Origine inconnue. La forme la plus fréquente présente la racine mouj, muj qui se retrouve dans le nom du ruisseau le Mujon, voir plus haut. Quant aux graphies Myoço, 1267, Myojo, 1304, il est difficile de dire s’il faut les rapporter à Miège ou au ham. voisin de Musot.
- Mutrux, D. Grandson; voir Montreux.
- Muveran, sommet sur Bex, ou Mœveran, carte Rovéréa et atlas Siegfried. Bridel le dérivait du celtique « muva, lieu où l’on tient les vaches, » étymologie à mettre en quarantaine jusqu’à plus ample informé.
- N
- Naires ou Nairy, voir Neyre.
- Nanciau(x), 2 ham. de Puidoux près du lac de Bret, Nanchaux à Lessoc; formes patoises de nansoir ou nançoir, échafaudage pour placer la nasse, v. fr. nanse, bas latin nansa. De là l’Ile du Nançoir ou Nansoir à Noville, et le diminutif /303/ au Nansioret, loc. à Yvorne; une charte de Sion parle de ces nansoirs : « quandam barram factam pro piscatura, gallice nanzijour, » 1430.
- Ès Nands, mieux ès Nants, mayens sur un terrain ondulé, alpes de Vionnaz, Valais; de nant au sens primitif de vallée : il n’y a pas là de ruisseau.
- Nanse, loc. vignoble de Savièse, dans le ravin de la Sionne, Nans et Nanz, 1200-1283, Nancz, Nantz, 1306, etc.; Nantze, champs à Grimisuat et Savièse dans la vallée de la Sionne; du celte nans, nant, vallée, voir Nant.
- Nant, nom commun de nombreux ruisseaux, canton de Genève, rives du Léman et Bas Valais; 2 ham. Vully fribourgeois; de la racine celtique nantu, cambrien nant, cornique nans, nantz, vallée, d’où il a passé en français au sens de vallée d’abord, puis de ruisseau. C’est à la même racine qu’il faut rattacher le Nanzthal près Viège, Nancz, 1256, et le composé Ginanz (de ge, préfixe allemand marquant la collectivité). De là aussi le nom des anciens Nantu-ates = habitants de la vallée, environs de Saint-Maurice.
- Nantillières, loc. à Rochefort, Neuch.; au Nandillier à Colombey, Nandillières, 1696, ès Nandilles, 1775; du patois nantilla, neintilla, nentille, Berry, lentille, et coll. ière, endroit où l’on cultivait des lentilles; au XVIIe s. on disait à Paris nantilles : « il faut dire des nentilles avec les Parisiens, et non des lentilles avec les Angevins » (Ménage).
- Naters, D. Brigue, Valais, Nares, 1017, Natrensi villa, 1100, Natria, 1138, Narres, 1210-1476; Proz de Narres à Saxon; du celte nader, natri, serpent, couleuvre, natru, serpent d’eau, parent du v. h. all. natara, all. moderne natter : endroit où abondent les couleuvres, les serpents.
- La Naud (ou Naux, Lutz), ham. de Collonges, D. Saint-Maurice, Valais, fausses orthographes pour la Nau; celtique nau, latin navem, bateau : l’endroit au-dessus des rapides du Bois Noir étant favorable à un bac, appelé nau dans la vallée. /304/
- Naupraz, loc. Sédeilles, D. Payerne; de nau, nauva, neuf, et praz = pré neuf, nouvellement défriché.
- Nautze, territoire à Grimisuat; peut-être autre forme de Noche (ch-tz); voir ce mot.
- Nava, alpe d’Anniviers, Valais, alpe Nova in Annivisio entre 1206 et 1237, M. R. XXIX, 326 = alpe nouvelle, la Neuve, comme la Nauva(z), alpes de Blonay, et une autre Neuve, dans le val Ferret. Permutation o-a, comme mala de mola, moïa, maïa, longe-lange, zô-zâ, le patois prononce naova; la Navettaz, à côté de la Nava, diminutif.
- Au Navay, prés au bord du Rhône à Vouvry; endroit où se trouvait jadis le bac, remplacé, un peu plus bas, par le pont de la Porte du Sex; variante du v. fr. navoi, navire, bateau; voyez aussi Nau.
- Navizence ou Navigenze, rivière du val d’Anniviers, Valais; aquam de la Navisenchy, 1267, 1334.
- Nax, D. Hérens, Valais, Narres vers 1100, Furrer, III, Nas, 12 fois 1131-1353, Nax, 1364. Naz, D. Echallens, Nars, 1213, Cart. Laus., M. R. VI, 141, Nas, 1216; ham. du Mont, D. Lausanne; loc. à Préverenges, à Carouge, pâturage sur Baulmes. Gatschet dérive les deux premiers de nardus, nard, graminée dure et piquante des pâturages de montagne (poil de chien). Cela nous paraît douteux et conviendrait tout au plus pour le pâturage de Baulmes, mais le nom latin n’a pas passé dans la langue populaire, en outre comment expliquer la chute du d dans Narres, Nars ?
- Naye, pâturage sur Montreux et sommet : la Chaux de Naye; les Nayes, prés humides à Mollens, Valais, et à Monthey (aussi Nez), prés de Nayes, prés marais à Noville; les Naies, plage à Versoix, les Neys au cadastre; Néa, loc. à Vétroz; en Nayes, les Grandes Nayes, chalets sur Vouvry; les Nez, alpe et ravin sur Saint-Gingolph, loc. à Conthey, Nez, 1320; prés humides à Vionnaz, Nayat, 1723, Naya, 1775; m. à Arconciel et à Lussy, Frib.; les Neyex, prés humides à Bex, ès Nex, pré marécageux à Chesières, à Massongex et loc. aux Fontaines, Ollon, loc. à Bex /305/ et Troistorrents; composé Versney à Noville = vers les prés inondés. Les chartes en indiquent beaucoup d’autres : eys Ney à Bulle, 1326, ès Nex à Epagny, Gruyère, 1548, en Nez, 1643, ès Née, 1646, à Autigny; un Nay près de Géronde, Valais, 1329, un Nais près Erschmatt, 1242, eis Neix à Neyruz, 1433, et Nez près Mont, 1597. De naye, subst. verbal de nayer, noyer, au sens d’inonder; désigne des terrains, pour les localités de la vallée du Rhône, que le fleuve ou le lac inondait annuellement dans ses crues, et plus généralement des terrains humides, marécageux. En Dauphiné Naï = anciens bras de rivières et terrains bas qu’ils inondent, et le v. fr. a nais, creux où l’on fait rouir le chanvre. Pour le sommet de Montreux Studer reprend l’étymologie de Bridel qui tirait ce nom du celtique neach, sommet. Cela convient pour celui-ci, impossible pour tous les autres. Du reste le sommet ne s’appelle pas Naye, mais la Chaux de Naye et ce dernier nom est celui du pâturage.
- Neirigue (ou Neyrigue), commune et affl. de la Glâne, Nairigue, affl. du Grenet, Neireigue près Ballens, D. Aubonne, Noiraigue, village et ruisseau, Neuchâtel, Neirivue, village et ruisseau, Gruyère, Nigra aqua, 955, M. R. XIX, 48, 930, d’après Hidber, I, Neire ewe, 1400, M. R. XXIII, Noyrewe, 1514, Neyrevuyt, etc.; la Neyrivue, pâturage à Rougemont = noire eau.
- Neirevaux, ham. à Marsens, D. Gruyère, Neyrevaux, pâturages à Lessoc, Ormont-dessus et Peney-le-Jorat, Neirvaux à Payerne, Nairvaux ou Neyrevaux, alpe à Corbeyrier, Neyrvaux à Morcles, Noirvaux à Sainte-Croix, Oron-le-Châtel et Noiraigue, Nervaux à Baulmes, Nervaud, ham. de Praz, Glâne, Nerveau, ham. du Bouveret, Valais, fausses orthographes pour Neirevaux; de neir, e, noir, et vaux, vallée.
- Nendaz, D. de Conthey, Valais, Nenda, 983, Neinda, 1100, 1241, Neigda, 1200 (remarquez le groupe eig = en), Neynda, 1250, Neinde, 1266, Ninda, 1392.
- La Néréaz, ham. de Chardonne, autre forme de Noréaz. /306/
- Nermont, chalets sur Montreux, et Niremont, sommet sur Semsales = noir-mont.
- Nesserts, loc. à Fleurier et à Courroux = en Esserts, voir Esserts.
- La Neuva, alpe, val Ferret, Valais = la nouvelle.
- Neypraz, loc., marais de Payerne = prés noirs, les prairies où les joncs abondent ont une teinte noirâtre.
- En Neyre, loc. à Agiez près Orbe, les Neyres ou Naires (Nairy, Lutz), ham. de Monthey, li Neyres, 1329; en Neyron à Pully, Neyrin à Echallens, Neyrettaz à Vétroz, Neyrettes à Orges, dim.; Anneyres, ham. à La Sarraz, pour En Neyres; de neires, noires, endroits sombres, boisés à l’époque.
- Neyrules, maisons sous la Tour de Gourze, Lavaux; de nucariolas = noyeraies.
- Neyruz, D. Sarine, Fribourg, Nuruos, XIIe s., Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Nuruols, 1137, Nuirus, Nuerus, 1137, 1142, M. F. II, 16, 220, Nuruos, 1171, 1215, Nuruz, 1198, 1247, M. F. III, 69, IV, 214, Nurrier, 1251, Zeerl., Nerioux, 1525; de nucareta, nucaretum, noyeraie. Le P. Dellion, s’arrêtant à la forme moderne, traduit par ruisseau noir, explication contredite par toutes les formes anciennes; 2o Neyruz, D. Moudon, Nuirul, 1168, Nyroul, 1261, M. F. IV, 218, Neyriouz, 1359; du bas latin nucariolum, noyeraie.
- Nex, Nez, voir Naye.
- Nialin ou Niolin, ham. de Savigny, D. Lavaux; de l’adj. patois nialein, gnialein, endroit où s’amassent et séjournent les nioles ou brouillards; niola, du latin nubila, dérivé de nubes.
- Niedens, grand ham. d’Yvonand = chez les descendants de Nid, Nied, n. pr. germain, de la racine gothique neith, envie. Förstm., 957.
- Nier, Six, alpes de Saillon; syn. de neir, noir = rocher noir.
- Nierlet, — les Bois, commune, D. Sarine, Nyalet, Niarlet, 1404, Nyarlet lo Bos, 1475; 2o ham. de Neyruz, D. Sarine, Fribourg, Nuarler vers 1170, Nuarlez, 1173, Noarlez et Nuarlet /307/ vers 1280, Donat. Haut. On peut en rapprocher Nerly, ferme à Vermes, Jura bernois, en patois Nierli.
- Niflement ou Niclement (f-c), ham. de Lessoc, D. Gruyère, Fribourg, Neyflement, 1396, Neirflumen, 1456; ce second mot, moitié patois, moitié latin (le P. Dellion le rapporte à Neirivue), est sans doute un essai de latinisation du mot romand, comme Arcum cœli pour Arconciel, et ne peut être pris en considération. Origine inconnue.
- En Nilliettaz, loc. à Puidoux; nillette, d’après M. Isabel (in litt.) = dépôt de bois près d’une scierie.
- Niouc (on dit aussi Nieuc), ham. sur Chippis, D. Sierre, Valais, Nyu, 1218, c final, caractéristique des noms de la vallée d’Anniviers (voir Biolec). Pourrait signifier nid, patois niau, nichet, nid, provençal niu, nieu, nid. Ny se retrouve dans Prassony ou Praz sur Ny, ham. d’Orsières. Une loc. ès Niouz à Lausanne ou environs, 1238, M. R. VI, 649.
- La Nioccaz, affluent du Buron, près Gressy. Ce mot aurait-il quelque parenté avec l’adj. patois nioca, niauca, la nigaude, la sotte ? Les noms de ruisseaux sont pleins de telles figures : la Mionnaz, la Gabiare, la Gayaz, la Frinze, la Brinnaz.
- Au Niplay, petit bois près Croy, au Niplier, bois à Aire-la-Ville, Genève, au Neplay à Illarse, Valais, Nippley, 1696; au Niplay à Saint-Gingolph; de niple, nipplie, nom patois de la nèfle; « le néflier est assez abondant au Niplay (Croy), où, nous écrit M. Burdet, je me souviens d’avoir cueilli et mangé des nèfles. »
- Niremont, sommité alpes fribourgeoises; de neir, noir, et mont, à cause de ses flancs couverts de sapins.
- Niton, Pierre à —, bloc erratique dans le port de Genève, Neiton dans Spon, 1670, qui le tire de Neptune, ital. Nettuno, dieu des eaux, dérivé aussi de Neith, dieu des eaux chez les Gaulois; aurait été un autel consacré à ce dieu. Au pied de la pierre on a trouvé, d’après Spon, un couteau et deux haches de bronze.
- Nitraverd, carte Dufour, Nitravers, Siegfried, aussi Zimmerli, III, 37, ham. de Grône, Valais, fausses orth.; liaison de /308/ en avec Itravers, de y = ès et travers, dans les terres en travers du plateau.
- La Niva, alpe d’Evolène, et Mell de la Niva, sommet vallée d’Hérens; loc. à Bourg-Saint-Pierre, Entremont; du latin nivem, neige, v. fr. nive, patois neva, niva, neha. Ce nom se retrouve dans la partie germanisée de la vallée du Rhône : Niven et Nivenpass, sommet et col, alpes de Louèche; Niwa, bisses, et Niwen, mayens, D. Viège et de Brigue.
- Noale, vignes à Ayent et loc. à Savièse = novalia, novales, nouveaux défrichements, avec apocope du v.
- Noble, voir Mont-Noble.
- En Noche, petit vallon fermé à Aigle, en Nosche à Ollon. On pourrait penser à en Oche, avec soudure de l’n, mais d’anciens textes montrent qu’il n’en est rien : les M. R. XXIX mentionnent un clausum de Nochi, 1238, Nochy, 1329, près Sierre, un pratum de la Nochi près Lens, 1250. Les trois du v. fr. noche, forme fém. de noc, s. m., baquet, auge, réservoir en pierre pour recevoir les eaux de pluie (Godefroy).
- Nods, all. Nos, Neuveville, Nos, 1255, Noos, 1258-1306; le v. fr. a no, s. m., auge. Dans le Berry, noud, s. m., a le sens de noche, voir ci-dessus. Nods est probablement les nos, nods, les nouds, les auges, au figuré, à cause de sa position dans une combe.
- Noé, Praz —, à Bramois = pras nové, pré neuf, apocope du v comme Noale pour novale, et Balaaux, Balaoz, carte Club, alpes de Nendaz, pour Ballavaux.
- Noës ou Nœs, ham. de Granges, Valais. On pense d’abord à nuces, noix, le hameau est entouré de beaux noyers. Mais on ne trouve aucune trace de ce hameau dans les anciens textes; par contre on trouve une dizaine de mentions d’une localité au territoire de Granges, nommée Œz, qui a disparu sans laisser de traces : Crista de Œz, 1080, vineam Doiz (d’Oiz), 1233, plantata de Œz, 1250, Œz, 1279, 1299, vinea de Œz, 1297, frustum apud Œz, 1292 et 1297, vinea d’Œyz, 1304, M. R. XXIX, XXX. Il faut en conclure que le Œz du XIe au XIIIe s. et le Noës d’aujourd’hui sont une seule localité et que Noës s’est formé par agglutination /309/ de la préposition En-Œz, Noës, comme Enney de en Heyz, Neuloz, de En Euloz, etc.
- Noiraigue, village et ruisseau, Neuch., Nigra aqua, 998, Matile, I = eau noire.
- Nombrieux, sommets sur Bex et sur Corbeyrier; Pointe des Ombrieux sur Vionnaz, Valais, l’Ombriaou, ou Lombriau, sommet et pâturage à Albeuve, Frib.; du latin umbilicus, provençal umbrilh, fr. nombril.
- Nonens ou Nonan, ham. de Corminbœuf, Frib., Nonans, 1173, Donat. Haut., Arch. Fr. VI, 1250; pourrait être chez les descendants de Nonno, Nanno, n. pr. germain; toutefois la découverte dans la localité de nombreuses ruines et antiquités romaines montre que l’endroit a été habité dès l’époque gallo-romaine.
La prononciation ans au XIIe s. l’a fait exclure par M. Stadelmann, de la liste des noms en ans d’origine germanique. Cela ne nous paraît pas une raison absolue, puisqu’on trouve à la même époque et même antérieurement la terminaison ans pour des noms germaniques indiscutés : Marsans, 1137, Sorans, 1150, Hidber, Aleran, Allerant, 1147, 1154, M. R. XII, Granz, 1212, Illan, 1214, Boslans, 1218, Escublans, 1220, Gommuans, 1218, Gomoans, Vuyllans, Promasans, 1220, dans la même charte et à côté Vulleins, Promaseins; Coriolans, Escuvilans, Visternans, 1223, même charte, à côté de Coriolains, Cotains, Lovains; nous pensons donc que Nonens peut être aussi dérivé d’un n. pr. germain.
Chose curieuse, ces formes en ans, parallèles à celles en eins, paraissent avoir été des traductions germaniques, si nous en jugeons par un acte de 1212-1220 des Fontes rerum Bern. II, 24, qui porte au-dessus des noms romands leur traduction allemande, ainsi :
… ex adjacentibus vicis …theotonice Arans
de Arinsth. Merans
de Mareinsth. Gurnols
de Curnâlt. Eingo
de Einjot. Wilere
ac de Vilare
Nonans est aussi un n. de famille sans doute dérivé de celui du village, cas très fréquent : dans Jeunet, Abbaye de Fontaine-André, on trouve un Pierre Nonans abbé, 1489-1502, un autre Pierre Nonans notaire, 1349, Jean Nonans, 1431. Le sceau de l’abbé porte deux têtes de nonnes, armes parlantes. Op. cit., 97, 204. - Noréaz, D. Yverdon, Nœruls et Nuruls, 1147, Cart. Month., M. R. XII, Nœraia, Nueraia, 1218, M. R. VI, 117, Nœrei, /310/ 1245, Cart. Month.; les deux premières formes de nucariolum, les autres de nucareta, forme féminine de nucaretum, noyeraie; même origine pour le Noréaz, D. Sarine, Frib., Noarea, 1134, Nuarea, 1180, Donat. Haut., Noreya, 1405, Norea, 1635. On dit une noraie dans le Berry pour une plantation de noyers.
- En Noutre, champs à Fully, soudure de en = en Outre, champs au delà, outre, prép. très employée en Valais.
- Noval à Buix et Courtedoux, Novalles, D. Grandson, Novellis, 1179, Novelles, 1403, M. R. XII et XIV; ham. et loc. à Pully, Novales, 1226; Etoy, Renens, Blonay, Poliez-le-Grand, etc.; Neuvilles à Martigny; Novallettaz à Noville; le Novelet, ham. de Provence; aux Novelets, loc. à Pompaples, diminutifs; du latin novalia, terres nouvellement défrichées; syn. de essert, essertum sive novale, M. R. XII, 175; se retrouve dans l’all. Noflen, villages Berne et Fribourg.
- Novassalles ou Novaselle, loc. à Aigle; du nom d’une ancienne famille noble, originaire du Chablais, Pierre Denovasselle, bourgeois d’Aigle, 1442; comme Neuvecelle près Evian, berceau de cette famille, nove sala, 1288, Novassella, 1441, de nova, nouvelle, et sala, du germanique sal, maison, et non de neue zelle comme on l’a expliqué.
- Noveleu, lieu-dit à Alle, Jura bernois; de novale, terrain nouvellement défriché, et suff. dim. eu de eolum, comme Prayeux de prateolum.
- Novelli ou Novali, alpe de Nendaz, Novelli ou Novelle, alpe d’Hérémence, Valais, Novelles, 1448; voir Novalles.
- Novi ou Novy, Praz —, une 12e de loc. Vaud et Frib. = pré neuf. Novia, vignes à Blonay, peut-être même origine.
- Noville, D. Aigle, Vaud, Nova villa, 1177, 1286, Novellis, 1179 d’après de Gingins, Recherches. Novilla, 1263, Novella, 1342 = nouvelle villa, ferme.
- Noyeraye, Monthey, Noyeray, Bagnes, Noyeret, Dorenaz, Granges-Vaud et Rances, Noyerettes, Ecublens, Noyerat, Champagne, Noyeraux, Aigle, 1718, Féchy, etc.; Noïret à Colombey, Noyeret, 1696; de nucaretum et nucareta, noyeraie, de nucem /311/ et suffixe aretum, — combinaison des suffixes arius et etum, — formé dans la basse latinité lorsque les adjectifs en arius eurent pris le sens de substantifs.
- Ès Noyres (noïre) à Port-Valais, patois nohira = aux noyères, aux noyers.
- La Noz, m. près la Sorne et l’étang de Bellelay, et Combe des Noz à Fontenay, Jura bernois; probablement le même que le v. fr. noe, noue, bas latin noa, normand noe, prairie marécageuse; proprement auge, bassin, encore dans ce sens dans le Berry, puis terrain bas, inondé.
- Nozon, rivière, D. Orbe, Novisonum ou Novisonam fluviolum vers 642, Noisonem fluviolum, 1049. Novisona est évidemment formé de l’adjectif celtique novios, nouveau, frais, et ona, source, rivière, donc source fraîche. S’appelait aussi simplement Lion, du celte glion (pr. lion), eau courante; de là Vau-lion.
- Nugerol ou Neureux, anc. loc. au lac de Bienne entre Neuveville et le Landeron, détruite avant 1309. Orthographe très variable : le Mus. N. XXXV, p. 33, en compte 44 formes; les principales : Nugerolis, 866, 884, 962, Tr., Nugerol, 1147, Nuerol, 1185, Nuruz, 1264, Neureux, XVe s., Nyroul, etc.; de nucariolum, noyeraie. Nugerol a aussi été le nom au moyen âge (1292) du village soleurois de Nuglar. Tr. II, 529. L. de Meuron (Mairie du Landeron) tire Nugerol de nigra vallis, p. 10, et Neureux de neuf ruz, ruisseau, p. 14, sans se douter que ce sont deux formes du même nom.
- Nuvilly, D. Broye, Frib., Nivillins, 1182, M. R. VII, 28, Nuvilie, 1228, Nuovillie, 1242, M. R. VI, 667, Nuvilliez, 1500 = (prædium) Noviliacum, domaine d’un Novellius, gentilice connu chez nous par des inscriptions de Genève. L’interprétation du P. Dellion, novus locus, ne soutient pas l’examen. La forme de 1182 avec son suffixe germanique est curieuse. C’est une formation analogue à celles de Tartegnins et Trevelin, voir ce dernier mot.
M. le curé Dupraz, dans son bel ouvrage sur la Cathédrale de Lausanne, p. 274, dit « Nivillins n’est certainement pas Nuvilly, comme /312/ l’apparence le donnerait à penser. » Nous persistons à rapprocher ces deux noms qui n’ont pas plus de différence que Tartignie et Tartegnins, Triviliacum et Trévelin et s’expliquent de même. - Nyon, Noviodunum à l’époque romaine, puis Nevidunum, Nidunum et Nudunum dans les chartes au XIVe s., M. G. XXI, Niuns, 1204, 1211, Nions, 1244, M. R. XII, Nyons, 1246, M. R. V, 1278, 1344; du celte novio, nouveau, et dunum, fort, nouvelle forteresse.
- O
- Obecca, Grande et Petite, et l’Obequettaz, pâturages à la Tour de Trême, Obecaz, 1368; l’Obeccaz, ham. de Sorens, D. Gruyère; Obèques, m. à Curtilles, D. Moudon. Pourrait-on supposer l’all. Obegg ou Obeck, localité sur un angle saillant ? C’est déjà un peu loin de la frontière des langues, bien qu’il y ait plusieurs noms allemands à Château-d’Œx, à La Roche et même à Prez, non loin de Payerne, où il y a un lac de Seedorf !
- L’Obêche, fausse orth. de quelques guides et cartes pour lo Besso, sommet d’Anniviers; voir ce mot.
- Ès Obépins, m. à Grattavache, Frib.; autre graphie du v. fr. aubépin, aubépine.
- Oche, Dent d’ —, alpes près Saint-Gingolph, Valais; de oche, s. f. = coche, entaille : la montagne a deux sommets, la Dent et le Bec, séparés par une profonde entaille.
- Oche, Ouche, Œuche, diminutifs Ochette, Ouchette, Ouchelettes (Nax, Valais), nom de quelques hameaux et de très nombreux lieux-dits, autrefois n. commun. Littré donne ouche : bonne terre capable de porter toute espèce de fruits, terrain voisin de la maison, planté d’arbres fruitiers; du bas latin olca, mot celtique employé par Grég. de Tours, VIe s., « campus tellure fecundus, tales enim incolae (les Rémois) olcas vocant » : champs de terre fertile, de tels que les habitants appellent olcas, oches. Olca a donné oche, retraduit dans les chartes en Ocha (ad Ochas à Gorgier, 998), ochia, parfois latinisé en olica 1. Oche se dit généralement /313/ dans le C. de Vaud; Ouche, pied du Jura vaudois et Neuchâtel, Œuche dans le Jura bernois. En Valais souvent Ousse, Oussettes et avec l’article soudé Lousse, Ayent, Vétroz, Loucette (Vercorin), permutation ch-s; enfin Offe, Ouffe dans certaines localités de la vallée du Rhône; voir ces mots.
- Ocourt, D. Porrentruy, Berne, Oscurt, 1139, 1178, Hoscort, 1210 = cour, ferme de Hozo, n. pr. germain. Förstm., p. 700.
- Œx, Château d’ —, Pays-d’Enhaut, Castrum in Ogo, 1040, Ogoz, 1115, vallis de Oiz, 1115, F. B. I, Oiz, Oit, 1177, Oz, XIIe s., Cart. Month.; Oix, Œz, 1228, Oyz, 1238, puis Oyes, 1341, Oyex, Oyez, 1436, etc., en all. Œsch.
On a proposé de nombreuses explications de ce nom. Dans les Etrennes helvétiennes de 1801, voir aussi Conserv. suisse, V, 164. Bridel le dérive de oie, pré, par un faux rapprochement avec oison, mieux vouazon, gazon, qui vient du v. h. all. waso. F. de Gingins en 1837 et Hisely après lui, M. R. IX, 51, tirent Ogo de Hoch-Gau, Haut-go, contrée élevée, étymologie que Zimmerli considère comme possible; mais, comme Gatschet le fait remarquer justement, on ne trouve nulle part dans les chartes des expressions bas latines correspondantes telles que Altigaudia, Altgauvia, etc., qui en seraient la traduction. Pour Gatschet Ogo, Ogoz est la forme romanisée du gothique atisk, v. h. all. ezzisc, m. h. all. esch, œsch, pâturage clos, entouré de haies. D’autres le dérivent de Esche, le frêne, plur. Eschen, du v. h. all. asca, soit l’équivalent de Frasses et de Frenay. Ces deux étymologies, surtout la première, sont satisfaisantes pour le nom allemand Œsch, mais il est difficile d’en tirer Ogo.
Ch. Morel, Revue hist. vaud., 1901. dérive à son tour Ogoz du mot auge, ouge, bas latin augia, nom très fréquent dans la vallée de la Sarine, patois oudze. Malgré toute l’autorité d’une opinion émise par un homme aussi versé dans ces questions que Ch. Morel, il nous est impossible de l’adopter. Sans parler du déplacement de l’accent qu’elle suppose : Aúge, Oúge, Ogó, il est difficile d’admettre que cette même racine ait, dans les mêmes lieux, donné des formes aussi différentes que Œx et Ouge; il y a 7 Ouges au Pays-d’Enhaut; comment leurs noms auraient-ils persisté à côté des transformations successives du mot qui est devenu Œx ? En 1040 Ogo, 1115 Ogoz; le nom se modifie rapidement, déjà en /314/ 1115 Oiz et 1228 Oix et Œz, c’est presque le nom actuel, tandis que les Auge et les Ouge s’appellent encore de même sept ou huit siècles plus tard. En outre Augia désigne toujours des terrains bas, au bord des rivières. Cette étymologie est, croyons-nous, juste par exemple pour le village de Œy, Bas Simmenthal, Ogie en 1270, Oia, 1302, où l’on voit la transformation d’augia, et qui est au bord de la Simme, mais Château-d’Œx est sur la hauteur, à 60 m. au-dessus. L’étymologie reste donc encore indéterminée. Notons en passant que les prés au-dessus de Montreux, dans la direction du Pays-d’Enhaut, s’appelaient Prata de Ouz, 1317, M. R. - Offe, Auffe, Ouffe, dim. Ouffettes, loc. de la vallée du Rhône, à Vionnaz, Salvan, Colombey, Dorenaz (aussi aux Zouffettes), etc., Valais, et à Bex, Ollon, Corbeyrier, Veyges, Leysin, D. Aigle; en Louffe à Bovernier, Massougex et Vionnaz, l’Oche, 1761; Louf à Evionnaz, Louffe, 1760, Loufe à Collonge pour l’Ouffe; le même que Oche. Ouche avec la permutation ch-f, comme dans Salanfe, Lanfe, pour Salanche, Lanche.
- Ogens, D. Moudon, Ogens, 1166, Ogeins et Oiens, 1227, M. R. VI, 175, 177, 185, Ogiens, 1412, Ogens, 1453 = chez les descendants de Ogo, autre forme de Hugo, n. pr. germain; de la racine v. h. all. hugu, esprit. Förstm., p. 750.
- Ogis, Pré des —, à Essert-Pittet, pour Ozis, pré des oiseaux; du patois ozi, de avicellum, petit oiseau, permutation z-j, fréquente en patois. Rappelle un lieu-dit Osoget, 1258, entre Peney-le-Jorat et Corcelles, M. R. XII, 92.
- Ognonnaz, ou par corruption Oyonnaz, ruisseau près Vevey, Ouniona vers 1215, Cart. Laus., M. R. VI, 351, Onuina, Onnuna, 1229, flumicellum de Osnona, M. R. VI, 375, Egnonaz, 1356, Ognyona, 1376, 1393; Bridel, Essai sur le lac Léman, Conservateur suisse, V, 63, écrit Uïne.
D’après M. A. de Montet (Hist. Vevey, 135), Ognonaz serait le nom du territoire que le ruisseau traverse, nom dû aux plantations d’oignons qui l’occupaient sans doute autrefois; le nom aurait passé à la rivière. Cette étymologie est bien peu vraisemblable; tous les noms locaux semblables dérivés de noms de plantes cultivées sont en eyre, ere, ière : un territoire planté /315/ d’oignons se serait appelé Ounionere, Ougnoneyre, comme on a Porreyre, de porrum, Paneseyre, de panis, etc. Ognonaz vient sans doute d’une racine celtique onio, ounio, qu’on retrouve dans les noms celtiques Ouniorix, Onnio cités par Holder, et ona, rivière. - Ogoz ou Ogo, domaine sur Saint-Saphorin-Lavaux, Ogga, XIIe s., M. R. XII, 19, 162; ham. à Puidoux; propriétés des religieux de Marsens au pays d’Ogo, ancien nom du pays de Gruyère, soit du comté qui s’étendait sur la haute Sarine : Butulum in Ogo, 900 (Pago ausicense, 930, Hidber, I, 220), Rua in Ogo, 1019-1036, Rodulfus comes in Ogo, 1172, Radulfus comes de Ogga, XIIe s., Rota in Ogo, 1182, decanatus de Ogo, 1228, Ponte in Hogo, 1250, aujourd’hui Pont en Ogoz, etc., M. R. XII, Zimmerli, II, 138; origine incertaine, voir Œx.
- Oie, Oye : Tattes d’Oie à Nyon, Champ de l’Oie à Bière, à Palézieux, Moulin de l’Oie à Bogis, bois à Aigle et Daillens, Crêt d’Oye à Apples, Prés à Châtel-Saint-Denis, Coffrane, Pâquier, Saint-Aubin, loc. à Noville, Saxon, Mollens; Ruz des Oies à Bulle; Fin des Oies à Courtetelle; Pré de l’Ouye à Yvorne, des Ouyes à Oulens; Pré d’Oyon à Aigle, noms datant de l’époque déjà reculée où l’on avait des troupeaux d’oies, patois ohia, ouhie, dim. ohion, ouhion, Berry oyon, du latin auca, oie.
Le Dict. géogr. d’Attinger dérive ces mots de l’all. oei, v. h. all. ouwa, m. h. all. oia, prairie humide. Mais un grand nombre de ces localités ne sont pas du tout des prés humides, au bord de l’eau (Crêt, Tattes, Champ). En outre le mot allemand ne saurait donner le son mouillé de ouye. En 1675, sur la plainte du conseil de Fleurier, se plaignant des dégâts faits par les troupeaux d’oies, le Conseil d’Etat de Neuchâtel ordonne à tous les propriétaires d’oies de s’en défaire dans les huit jours. M. N., VI, 313. - Oisonfontaine, ham. de Saint-Ursanne, Berne, au bord d’un ruisseau. Est-ce le dim. français d’oie, oison, ou une fausse orthographe pour Vouason, terrain bas et humide. Il faudrait des formes anciennes pour décider.
- Oleyres, D. Avenches, Oleres, 1228, M. R. VI, 334, Olyeres, 1239, Matile; Olieres, 1272, Oleires, 1340, Rec. dipl. III, 16; ces 4 orth. dans une même charte de 1289, Mtl., Olleres, 1255, /316/ Würstbg., 200. D’après Gatschet, de aulearia, de aula, terre dépendant d’une ancienne demeure seigneuriale : très douteux, d’après les anciennes orth. Signifie peut-être poterie; il y a un mot v. fr. olier = potier (note de M. Bonnard).
- L’Oleire ou Oleyre, ruiss., affl. de la Mentue, près Bercher.
- Olives, Creux des —, à la Chaux-de-Fonds; de olive, nom vulgaire dans le Jura neuchâtelois du Narcisse faux-narcisse, fréquent dans quelques vallées du Jura. A la Côte, olive est le nom de la Primevère acaule.
- Ollon, D. Aigle, Aulonum, 516, 1018, Olonum, 1157, Oluns, 1178, Oulon, 1211, Olun, 1217, Olon, 1232, Oulon, 1250, 1283, Olons, 1250, Oullon, 1595, 1614, etc.; Olon, ham. de Lens près Sierre, Valais, Auluns, 1100, Ulricus de Aula, 1219, Oulons, 1246, Oulun, 1308, Olon, 1453; les deux du latin aula, au sens de ferme, dépendance de quelque grande maison seigneuriale.
- Ombriaux, Ombrieux, voir Nombrieux.
- Omène ou Omeinaz, alpe près du lac Noir, Fribourg, souvent écrit, avec soudure de la préposition, lac Domène, Bridel, Conserv. suisse, IV, 231, et Domeinaz, Lutz, ou encore lac Domaine, Conserv. suisse, V, 173 et X, 278, alpibus de Almina, 1134, 1200, Haulmena, Aumina, 1239, Almina, 1146, Hidber, Aumina, 1146 (Mtl.), Halmeyna, XIIIe s. (Lib. Donat. Hauterive, Arch. Fr. VI. 54, 78, 125); de l’all. Almeinde, Allmend = pâturage commun, d’après Gatschet.
Le Dict. géogr. d’Attinger donne asile à une étymologie d’après laquelle ce nom lui viendrait d’un moine d’Hauterive qui aurait exorcisé les serpents de la contrée, de là le nom de montagne du Moine, dou Meino, d’Omeina, puis d’Omène. La simple lecture des anciennes formes du nom et le fait qu’Almina se rencontre déjà en 1134, tandis qu’Hauterive n’a été fondé qu’en 1137, en prouve l’invraisemblance. (Dans un errata, le Dict. a corrigé cet article qui avait éehappé à l’attention de ses directeurs.) - Les Onchets à Cronay, Onchères à Oulens, les Oncherattes à Courgenay, D. Porrentruy = jonchets, jonchères, apocope du j comme dans le jeu des jonchets dit aussi onchets; voir Jonchire.
- Onex, C. Genève, Ounay, Honay, XIIIe s., Rég. gen., 514, /317/ Onay, 1291, 1311, 1344, M. G. I, IX et XIV; de (fundum) Onacum, domaine de Onus, comme Aunay, Dép. Nièvre, jadis Onacum. La racine onus est employée dans l’onomastique romaine. De Vit a le gentilice Onusanius. Peut-être Onus est-il simplement le nom germain Ono latinisé. Onex devient Aunex, 1717, Aunay, Ounay, Aulnay, Alnetum au XVIIIe s. par fausse traduction, confusion avec aunaie.
- Onnaz, pâturage de Vionnaz, Valais, Hona, 1402, M. R. 2e s., II, 39; la carte Dufour écrit Nona, soudure de n : en Onaz; origine inconnue.
- Onnens, D. Sarine, Fribourg, all. Onning, Unens, 1137, 1146, 1197, M. F. II, III, Unains, 1223, Donat. Haut., Uneins, 1228, M. R. VI, Onyn, 1522 (Dellion); — autre D. Grandson, Unens, 1228, villam des Unens, 1340 = chez les descendants du Germain Oni, Ono.
- Oppens, D. Yverdon, Opens entre 1163 et 1171, Arch. Fr. VI, Oupeins, 1244, Würstbg., 92 = chez les descendants d’Oppo, n. pr. germain, Förstm., p. 971, correspondant des Oppikon de Thurgovie (le Orpens de 1222, M. R. III, 552, est sans doute la même localité).
- Orbe, Urba, IVe s., Orba dans Frédégaire, 613, Urba, 866, 879, 937, vicus Urbensis, 1049, Orbe vers 1220, Orba, 1141, 1228, Orbaz, 1383, M. R. XIV, VI, V; tire probablement son nom de la rivière voisine, l’Orbe. Ce nom se retrouve en France : l’Orb, rivière des Cévennes. Orba était aussi le nom d’un fleuve de Phrygie, affluent du Méandre, et leur nom vient peut-être à tous des sinuosités de leur cours, racine orb, cercle : l’Orbe est très sinueuse dans son cours supérieur 1.
- L’Ordon, forêts à Boécourt, Asuel, Mettemberg, Jura bernois; /318/ les Ordons, forêts à Séprais, Champoz, Moutier, Soyhières, Jura bernois, au Lieu et le Chenit, vallée de Joux; pâturage à Montricher, loc. à Bullet, à Sainte-Croix; les Pœts Ordons à Ballaigues; les Grands Ordons à Corcelles; Queue de l’Ordon, quartier de la Sagne, Neuchâtel = forêt dont le bois, de petite taille, est exploité par parcelles par les charbonniers. Un arrêt de 1744 de LL. EE. « donne droit aux communes de marquer les ordons aux charbonniers qui doivent laisser sur place les plantes de demi-pied de diamètre. » M. R. I, 436.
- Orges, D. Yverdon, Orses, 1260, M. R. I, 2e livr. 173; champs à Lens; probablement de hordeum, orge.
- Orgemont, loc. à Combremont-le-Grand, à Yens, coteaux où l’on cultivait l’orge; de hordeum et montem.
- Orge-Pré à Dizy et Praz-Orge à Moiry; peut-être de horreum, fenil, voir plus bas Orgeval.
- Orgery, loc. à Saules, D. Moutier, Berne = Orgière.
- Orgeval (ou Orzeval), loc. à Saint-Léonard, Valais, Orgeval, 1380; Orzival, loc. à Lens, Valais; Orgevaux et Orgevallettes, 3 pâturages à Montbovon, faussement écrit Orgevaud, atlas Siegfried; Orgevalettaz à Grimisuat; Orgevaux, alpe sous Culant, Ollon, pâturage au pied du Folly, Montreux, loc. à Pompaples, Servion et Morrens; Orsivaz, alpe sur Vercorin, D. Sierre, Valais, corruption de Orgival, 1303, Orgivaux, 1304 (le sommet au-dessus s’appelle encore Bec d’Orzival). Ces noms ne sont pas tous de la même origine. Ceux de pâturages viennent de horreum, fenil, et vallem, val. Par contre, ceux qui désignent des localités de la plaine, où il n’y a pas de fenils pour serrer des récoltes, viennent de hordeum, orge, vallem : vallons où l’on cultive l’orge.
- Orgières, chalets sur Saint-Maurice (écrit aussi Ordières); forêt à Ocourt, D. Porrentruy, à Courgevaux, Fribourg; Orguières, chalet derrière les Pléïades à Blonay; les Orgères, pâturage à Arzier, 1049 m., Orgires, loc. à Froideville, D. Echallens, m. à Châtonnaye, D. Glâne. Un Orgiery à Morlon, 1394; de orgière, champ d’orge, bien que quelques-unes de ces localités /319/ paraissent peu répondre à cette étymologie par leur élévation ou leur aspect actuel.
- L’Oriette, passage descendant du Château au lac, à Neuchâtel. D’après Chambrier (Mairie de Neuchâtel), il y avait une rue Gloriette dans le quartier le plus élevé de la rue du Château. Il paraît que c’est la même par où l’on descendait à la petite tour de l’Oriette nommée Gloriette en 1440. Un compte de la comtesse énumère les provisions que « Madame a fait emporter en Gloriette, » soit dans cette tourelle; l’Oriette est donc une corruption de Gloriette.
- Orjulaz, Bioley —, surnom venant d’une forêt du voisinage qui occupait jadis la plus grande partie des territoires d’Oulens, Bretigny, Bioley et Etagnières, nemus de Oriola, 1192, 1228, Oriola, 1200, 1230, 1272, Bioley-Orjioulaz, 1527. Peut-être aussi de la racine orge, latin hordeum, et suffixe diminutif ola. Nemus de oriola serait alors la forêt avec de petits champs d’orge.
- Orjux, Crêt d’ — à l’Isle, Orjux à Goumœns-la-Ville, Champ-Porjux à Assens = Champ-Orjux; l’Orjus à Fiez; origine inconnue.
- Ès Ormes à Ollon; Ormet à Ecublens, Vaud; les Ormets à Soubey, Jura bernois; Ormey, village près Morat, Ormeis, 1390, Rec. dipl. V, all. Ulmitz, Ulmiz, 1250, ou, avec soudure de l’article, Lormaz et Lormoy à Savièse, Lormy à Lens, un Lormey à Ayent, 1270, 1283; de orme et ormaie, latin ulmetum.
- Ormona, ham. de Savièse, Valais, Olmona, 1100, Ormona, 1200, Hormona, 1229, Ulmum, 1224, etc.; également dérivé de ulmus, orme, très répandu dans la localité.
- Ormont, vallée des Alpes vaudoises, terra de Chablais super Ormont, 1200, Zimmerli, II, 146, Ormont, 1231, M. R. XXIX, 294; in Ormont, 1232-1345, curatus de Ormont, 1287, communitas Orimontis, 1365, vallis Oreimontis, 1475, Aureomonte, 1485, vallis Aureimontis, 1496. Gatschet le tire de horreum et montes, monts des fenils, des granges. Ne peut venir de là : horreum + montes donnerait Orgemonts; comparez Orgeval, Orgemont. Quant au latin aureum montem, ce n’est qu’une fausse /320/ traduction latine de Ormont et il ne paraît que tardivement dans les chartes; ce n’est qu’à la fin du XVe s. (1485) qu’on a eu l’idée que ce nom d’Ormont pourrait signifier le mont de l’or. Il n’y a jamais eu d’or, métal, dans la vallée, malgré certaines traditions populaires nées sans doute de ces fausses traductions. Par contre elle a été habitée longtemps par l’or, l’ours, dont le nom a laissé de nombreuses traces dans le pays : entre 20 loc., citons la Joux de l’Ours à Arpille d’Ollon, la Tannaz à l’Or près Roche, le Roc à l’Ours et Orsay sous Chamossaire, Comborsin à Rougemont. Ormont, pour nous, est le mont de l’ours. Bridel (Coup d’œil sur les Alpes), dit : « Un très ancien document connu du géographe Fæsi l’appelle Ursi Mons, d’où l’on a pu faire également Ormont, parce qu’en patois Or est un ours. Cette étymologie pourrait être admise, ajoute-t-il, s’il est vrai que le plus ancien sceau de la vallée portait un ours pour les armoiries de la commune, comme on me l’a assuré. » (Conservateur suisse, VI, 278.)
- Orny, D. Cossonay, Ornie, 593, 600, 1228, Ornei, 1012, Orniacum, 1105, Hidber, I, Hornie, 1325, Ornye, 1344, Ornyez, 1345; de (fundum) Orniacum, domaine d’un * Ornius, gentilice dérivé du cognomen Ornus donné par De Vit. Quant à Orny, vallon, chapelle et glacier sur Orsières, Valais, Ornier, 1820 (Bridel), la localité est bien retirée, toutefois il n’est pas impossible qu’elle ne vienne également d’un nom romain.
- Oron, Auronum, 516, 1017, Orum, 1161, Horuns, 1221, Orons, 1228. « Une inscription trouvée à Bordeaux porte le nom celtique d’Uromagus, champ d’Uros, nom probable d’une station romaine de Suisse, » dit M. d’Arbois de Jubainville, p. 399, op. cit. Ce nom doit être celui du fameux Bromagus (Itinéraire d’Antonin) ou Viromagus (table Théodosienne), qu’on a cherché partout, mais dont l’identité avec Uromagus a été démontrée par MM. Pasche d’Oron et F. de Saussure, Revue hist. Vaud, 1901. Uro-magus, de magus, champ = champ d’Uros, n. pr. (ou de l’urus, urochs, bœuf).
La terminaison magus tombe de bonne heure dans les noms semblables; à la fin du VIe s. le g disparaît. Rotomagus devient /321/ Rotomous puis Rotomo, Rotom, Rouen; Riomagus, Riomao, Riomo, Riom; de même Argentamagus-Argentan, Turnomagus-Tournon, Noviomagus-Noyon, Cadomagus-Caen; voir Jubainville et Holder. - Orsaz, Joux —, = joux, forêt de l’ourse; ès Orseys(ays) à Vérossaz; Orsay, loc. sous Chamossaire, Ollon, à côté du Roc à l’Ours = endroit où abondent les ours; Orsera, pâturage, D. Hérens, Valais = v. fr. orsière, tanière d’ours.
- Orsières, grand village de l’Entremont, Valais, Ursaria, 972, 1052, Urseri, 1177, Orseres, 1199, Orsière, 1224, etc. Orzeires, pâturage près Vallorbe, Orseyre ou Orseire du XIIe s. à 1579. Gatschet tire ces noms de l’italien orzaria, endroits où l’on cultive l’orge; mais cette culture ne s’est jamais élevée jusqu’à la hauteur de l’alpe d’Orsera. Studer, plus près de la vérité, les dérive de Ursariis, stations de chasseurs d’ours. Tous ces mots viennent de ursaria, v. fr. oursière, orsière, tanière d’ours. Dans les environs du village valaisan, on trouve la Porte à l’Ors, le Greppillon de l’Ors. L’ours habitait toutes les régions montagneuses, — une Orseres à Grimisuat, 1267, — même du Jorat : il y avait au XIIIe s., près de Lausanne, une forêt d’Orsières, « nemus quod dicitur Orseres, » Cart. Laus., M. R. VI, 324, et « Orseres apud Lausannem » vers 1235. De là encore
- Orsin, pâturage sur Vionnaz, Valais = montem ursinum, alpe, mont de l’ours; voir encore les articles Lousine, Hausseresse, Praz du Sex, etc.
- Orsonnens, D. Glâne, Frib., Orsenens, 1143, 1166, 1184, Orsennens, 1162, Orseneins, 1180, 1184, Orseineins, 1238, M. R. VI, 115, 640, Orcenens, 1250, Würstbg., 133, Orsonneyns, 1326 = chez les descendants d’Ursino, n. pr. germain, dérivé du latin Ursinus, de ursus, ours.
- L’Ortier, vallée de l’Eau froide sur Roche; chalets aux Mosses, Ormont-dessous; autre sur Miex, aussi Lortier, alpes de Vouvry, Valais; les Orties, ferme à Courroux, Jura bernois; L’Ourtié, alpes de Trient; L’Urqui, pâturage sur Montbovon, Gruyère; et avec l’article soudé Lourtier, village de Bagnes, Plan Lurqui ou /322/ Lurquier à Albeuve, Gruyère, permutation t-q; chalets, hameaux où abondent les orties. On dit de même en romanche urtier, urtiera et l’allemand a Nesseln, Nessleren, Nesslau, etc.; dans Gremaud nous trouvons un Antoine zur Nesselen, 1346, appelé Ant. de Urtica, 1354.
- Les Orvales, loc. à Malleray, D. Moutier, Berne; terres où abonde l’orvale, un des noms vulgaires de la Sauge des prés.
- Orvaux ou Orval, ancien nom du val de Tavannes; nous paraît être un Ors-vaux, une vallée de l’ours, et le latin Aurea vallis, XIVe s., n’est qu’une fausse traduction.
- Orvin, D. Courtelary, Berne, all. Ilfingen; Ulvinc, 866, Ulivin, 975, Ulvinch, 1178, Ulvinges, 1196, Ulveins, 1228, Ulvens, 1234, Ulvinge, 1251, Ulvin, 1356. — Ulvingen, 957, 962, 1225, Ulfingen, 1233, etc. Matile et Cart. Hauterive = chez les descendants de Ulf, autre forme de Wulf, le loup. Förstm. ne donne pas Ulf, mais il a le féminin Ulfa et les dérivés Ulfilo, Ulfing.
- Orzens, D. Yverdon, Orsens, 1177, Cart. Month., 1225, M. R. VI, 162, 1228, 1317, etc., Orseins, 1226, F. B. II, 74, 1238, M. R., 2o loc. à Lutry; et Orsens, loc. à Port-Alban, D. Broye, Frib. = chez les descendants d’Orso, n. pr. germain, emprunté au latin ursus. Förstm., 1218.
- Orzeires, Orzeval, voir Orsière, Orgeval.
- Oserabloz, voir Isérables.
- Otanes, arête de rochers près du Bec de Corbassière, Bagnes; les Outans, rochers sur Bex; les Autans ou Ottans, rochers sur Salanfe, Valais; autres, vallon de Barberine, alpes de Salvan; Outannaz, paroi au S. du Grand Muveran; les Outannes, rochers à Trient; Outannaz, rochers et petit vallon, alpes de Vionnaz, Hoczona, 1402, M. R., 2e s., II, 39; Outhannaz ou Oussannaz, vallon et parois de rochers à la Dent de Brenleire (Brenlaire), alpes de Gruyère; probablement de l’anc. adjectif autan = hautain, (rochers) autans, (roches) autanes. Ce mot se retrouve en Dauphiné : oussane pour désigner certaines régions rocheuses; voir aussi l’article Autanes. /323/
- Othnette, la Dame —, forêt sur Corcelle, Neuchâtel; tire son nom de Othenette de Cormondrèche, femme de Vauthier de Neuchâtel, seigneur de Colombier vers 1400, M. N. XIX.
- Ottans, que l’atlas Siegfried écrit Autans par une fausse assimilation, croyons-nous, avec les noms précédents; ancienne localité dès longtemps détruite près Martigny, Actanis dans la charte de fondation de l’abbaye de Saint-Maurice, ecclesia de Ottanne, 1178, Othans et Otans, 1200, Ottans, 1192, 1267, Octans, 1291, Otans, 1228, 1327 1. Le groupe ct ou tt rattache ces mots à une autre racine que la série précédente : ils renferment le premier élément du nom de l’ancien Octodurum = château resserré, le mot celtique octe, ochte, défilé, gorge. Une localité à Etoy, Vaud, ès Octannes, semble renfermer la même racine; cela dépend de sa situation.
- Ouates, Plan les —, voir Vuattes.
- Ouchin, Pré —, à Moutier, Berne = pré oursin, de l’ours, permutation jurassienne s-ch, comme Essert-Eschert.
- Ouchy, ham. de Lausanne, Osciacum, XIe s., Oschye, 1170, 1184, 1228, Oschie, 1184, 1211, 1372, Ochie, 1188, Ochiacum, XIIIe s., Ochye, 1300, M. R. V, VI, VII, etc. Gatschet le rattache à Œsch, Œx, voir ce mot; mais le suffixe iacum indique une autre origine : c’est un (praedium) Osciacum, propriété d’un Oscius, gentilice gallo-romain, De Vit, IV, 838, dérivé sans doute du nom de peuple Oscus.
- Oucliou, pâturage sur Allières, Gruyère, — aussi en Noucliou, avec n soudé, — patois ou Cliou = au Clou ou au Clos, du verbe patois clloure, hlloure, clore.
- Oude, voir Ouille. /324/
- Oudon, voir Audon.
- Ouge, Ougettaz, nombreuses localités : 7 au Pays-d’Enhaut; l’Ougoz, prairie à Corbeyrier, dans une petite combe. Le g dur de Ougoz ne fait pas difficulté : on rencontre Ougon, Oujon, autres formes de auge, du bas latin augia, de alveus, bassin.
- Ouides, pâturage de Barberine, alpes de Salvan, inondée et couverte de graviers par le torrent; patois ouedo, vide, « ouedadjo, inondation, débâcle, » Bridel. On peut sans doute y rattacher les autres localités valaisannes Odei, Odes et peut-être Haudères; voir ce dernier mot.
- L’Ouille, rocher escarpé, isolé, dominant de 100 m. la route Pont-Vallorbe; l’Oulle Secca (Oulie Cecca), rocher près du glacier d’Otemma, Bagnes; les Œillons, loc. à Noiraigue, Neuchâtel; ès Oulliets, Oulies, prés à Monthey, Oude, loc. à Conthey, d = ll mouillé, donc = ouille; de ouille, aiguille, et diminutif = aiguillon; voir aussi Avouille et Avouillon.
- Oujon, ancienne chartreuse près Arzier et ruisseau voisin, Algio, Augio, XIIe s., domus Alionis, 1214, 1219, domus Augionis, XIIIe s., Oujon, 1235, Augion, 1251, etc.; le même que auge, de alveus, bassin, au sens de petit vallon fermé. Ougion, Ouzon est aussi l’ancien nom du pâturage d’Audon, alpes du Sépey; voir Audon.
- Oulens, D. Echallens, Ollens, 595, 600, Hollens, 1141, M. R. XIV, Oulens, 1177, Olleyns vers 1200, Ouleins, 1228, M. R. VI, Olleins, 1238, Oulens, 1424, Oulans, 1439, M. R. XIV; — autre, D. Moudon, Ollens, 595, aussi Oulyn, Girard Dou Lyn, Dou Lin, Dellion, IX, 218 = chez les descendants de Ollo, n. pr. germain, Ollo dans Grég. de Tours, Olo dans Paul Diacre. Förstm., p. 182.
- L’Oura, Crêt de —, près Travers, Neuch., Bois à l’Ouraz à Pizy, la Tanna à l’Oura, caverne à Naye sur Montreux; Pertuis à l’Oura sur Vouvry; du patois oura, latin aura, vent. Crêt, bois, caverne, trou du vent. Totouraz, loc. à Bofflens, le même que le français Toutvent à Vallorbe et à Tous Vents à Rances. De même en Provence des endroits exposés au vent s’appellent /325/ Milloure, Millaura (ce que la carte de Cassini traduisait par Mylord d’après A. de Rochas, Année géogr.).
- Ouré, champs et vignes à Savièse, Prés de l’Ouraz au bord de la Venoge à Lussery; d’Ouraz en Ouraz, loc. à Suscévaz, Dorenoraz, 1281, 1287, M. R. III, 523, 628; du latin ora, bord, d’où le français orée. Ouriette, loc. à Aubonne; peut-être un diminutif irrégulier (la forme régulière serait ourette), le i intercalé étant dû à l’influence du patois local.
- Les Ousses à Conthey, Nendaz, Evionnaz; l’Oussettaz à Veisonne, et avec soudure de l’article, Loucette à Vercorin = Ouche, Ouchette, avec la permutation valaisanne ch-ss; pour l’origine, voir Oche.
- Outard, h. à Longirod, D. Aubonne, grangia de Altaribus, 1165, Rég. gen., 105, de Altari, 1291, grangia de Altar, Autar au XIVe s., Dict. hist. Vaud, propriété alors de l’abbaye de Bonmont. Mais ce nom est plus ancien sans doute et vient probablement d’un ancien autel druidique ou pierre à écuelles qui se trouve dans le bois voisin. Il y a à Passy en Faucigny un endroit appelé les Outards, où se trouve un temple de Mars, attesté par deux inscriptions conservées dans le mur de l’église, M. G. I, 276; de même, près de Saint-Ursanne, Berne, la Pierre de l’Autel, de l’Oulter, 1436, rupem Altare, 1210.
- Outhannaz ou Oussannaz, petit vallon entre les Dents de Brenleire (ou Brenlaire) et de Follieran, Gruyère, Ostannaz, 1459, Hautannaz, 1471; voir Otannaz.
- Ouye, voir Oie.
- L’Ovaille, loc. à Yvorne et Corbeyrier, sur l’emplacement de l’éboulement de 1584. Ne vient pas d’aval, en bas, comme on l’a dit, mais du v. fr. orvale, orvaille = tempête, ouragan, désastre qui présente chez nous la forme ovaille, mot qui revient fréquemment dans les chartes d’Aigle relatives à la Grande Eau; aussi ailleurs : une charte de 1518 parlant de la maison forte de Goumœns-le-Jux, alors en ruine, dit domum fortem, ad ruinam per ovalia bellorum et incendia reductam, et dans les Mém. Inst. G. IX, 21, /326/ une autre porte, à propos d’un bail, que le propriétaire ne veut portare garentiam aliquam de tempestate seu ovallo.
- Overesse, loc. à Assens, Avenches, Torny-le-Grand; du latin ovis, mouton, et suffixe eresse = ière : prairie des moutons, comme Boveresse, des bœufs, Porcheresse, des porcs, etc.
- Ovronnaz, ham. sur Leytron, Valais, Nevrona, carte Dufour, et Nevronaz, Dict. de Lutz, par soudure de la préposition : en Ovronnaz, Uvrona, 1100, M. R. XVIII. Un autre jadis sur Grimisuat, Ovrona, 1250, Uvronna, 1267, M. R. XXIX et XXX.
- Ozaire, ruisseau de Pierre —, près Lausanne, petra Agusoria, 1142, Cart. Month., M. R. XII, pierra Uziéry, 1288, 1475, pierre Ugieyre, 1536, M. R. VII, Pierra Aizaire, 1730. Ce nom, dont le sens nous échappe, se retrouve ailleurs : deux chartes valaisannes de 1224 parlent de fonds de terre « apud petram Awusori » et « lapide Awusori. » D’après les noms des témoins, de Vernamiège et de Bornué, ce doit être à l’entrée du val d’Hérens; enfin, une petram Huysieri aux Ormonts, 1315, rappelle singulièrement la Pierra Uziery de 1288.
- Ouvrés, Fin des —, à Siviriez = des terres ouvrées, labourées. Ouvry, loc. à Conthey; probablement même sens.
- P
- Paccay, Pacoret, Paccoresse, autres formes de pâquier; Pacot ou Paccot, s, fém. Pacôte, Paccotte, s, nombreuses localités; Pacoty, écart de Founex et 2 loc. Frib.; Paccotires à Lussery, Pacoteires, alpe de Dorenaz, Valais; du mot romand pacot, boue : lieux, pâturages boueux. Peut-être le dernier de pacoteire, nom patois du populage, ou bouton d’or, Caltha palustris, si abondant près des sources des sous Alpes et le long des petits ruisseaux.
- Padettaz, loc. à Vétroz; permutation l-d = palette, voir plus bas.
- Pacheux, Pachire, voir Passiau.
- Sur Paicheux, prairies à Bassecourt, Jura bernois; de pascuale (pratum), pré que l’on pâture, et suffixe dim. eux, de eolum. /327/
- Pailly, D. Echallens, Parlie et Parliei entre 1150 et 1177, Arch. Fr. VI, Parli 1154, Parley, 1182, Parlye, 1177, 1184, Cart. Month., Parlie, 1174-1242, Palliez, 1251, 1377, Pallye, 1296, Pailliez, 1453, Pallie, 1537; d’après les formes postérieures à 1250, M. R. VI, 420, etc., comme Pailly, dép. Yonne, de (praedium) Palliacum, domaine d’un Pallius, gentilice romain, mais la présence régulière de l’r dans les 6 formes antérieures indique un autre gentilice à rechercher.
- Painsec, ou mieux Pensec, 1806, Pensay et Pensey, 1820 (Bridel), ham. vallée d’Anniviers, Valais, Pessey, 1250, Pessei, 1284. D’après cette ancienne forme, Pensec est un picetum, bois de pins, du latin picea. Pour le suffixe ec, voir Biolec.
- Palais, m. à Corsier (Genève), champs au Lieu, à Baulmes; au Palé (terrain humide), à Lully, Vaud; les Palés, Montagny-les-Monts, Frib.; et les composés Champ Palley à Valeyres-sous-Ursins, Montpalais à Ocourt, Jura; Champ Palais à Arnex, Champalet à Bofflens, Champs Pallets à Coppet; Champalin à Val d’Illiez, Palen à Salvagny, les Palés, 1734; les Palins ou Zonnaire à Monthey; de palais, palet, contraction de paluais, paluet, de paludetum, lieux marécageux, humides. Voir aussi Plainpalais.
- La Palaz, une 20e de localités, la Pâle, 5 du Jura bernois, ès Palles à Crans, la Pallaz, 4 Vaud, les Pâles, 6 Vaud et Frib.; diminutif Palette ou Palleta(z), une 12e de loc., etc.; du latin pala, pelle, pris au sens de surface plate; une Pala à Cottens et un campo Paleta à Lussy, Frib., XIIe s. C’est la même métaphore que planche, planchette, ancelle. On pourrait penser aussi au latin palla, manteau, tapis, ce qui expliquerait les deux ll de quelques mots, mais c’est peu probable; au reste les 2 orth. se rencontrent pour la même localité : la Palaz à Vionnaz, la Palle, 1775, la Palaz à Colombey, 1696, Pallaz, 1856.
- La Palette, sommet Ormont-dessus; de parette, petite pare, paroi, avec permutation l-r. Cette modification est récente. Bridel en 1799 écrivait le Pare (masc.) d’Isenod, Conservateur suisse, V, p. 126, /328/ édition de 1814. (Dans l’édition Gaullieur on lit la Pare d’Isenau.)
- Paleyre, ham. de Chexbres, Paleyres, XIIe s., et Lausanne, Paleyres, 1227, M. R. VI, 549, Palaieres, 1230, Palayeres, 1475, collectifs de Palaz.
- Palézieux, D. Oron, ce nom dont nous avons recueilli 50 orthographes différentes, de Palatiolum, 1141, à Palézieux, 1675 1, vient de Palatiolum, dim. de palatium, palais. Pallazuit, ham. de Liddes, D. Entremont, Palajoie et Palasuis dans Lutz, et Palatieux ou Palaqueux, groupe de chalets, alpes de Vouvry, ont la même origine.
- Pallens, autrefois Palens, ham. de Montreux, Paleyn, 1317; Palin, loc. à Pully, Palens et Paleins, 1226, M. R. VI, 252, Pallens, 1368, Pallin, 1377, M. R. XXII; Pallens ou Pallins et Palins, loc. à Orbe et au Landeron; peut-être du n. pr. germain Pallo, du v. h. all. palo, mal, dommage. Förstm., p. 211.
Quelques-unes de ces loc. sont dans des endroits humides et pourraient être des palais, lieux marécageux, le suffixe ais permutant parfois avec in : Fionnay et Fionnin, Palés-Palen; c’est le cas de au Palin à Massongex et à Monthey : en Palin ou Zonnaire (= Jonchère). - Pallueyres, ham. d’Ollon, Palluyères dans Lutz; de (terras) paludarias, du latin paludem, marais. Padouaire, loc. à Conthey, le même avec permutation l-d.
- Palouse, Roche —, voir Peleuse. /329/
- La Palud, quartier de Lausanne; ham. de Nuvilly, Fribourg, et une 15e de loc. Vaud et Fribourg; en Paluz, ham. près Bulle; la Palude, pâturage de Saint-Georges; les Paluds (Palluds), h. de Massongex, Valais; Pallud, loc. à Vevey, Ollon, et 5 Frib.; Malapalud, D. Echallens (mala, mauvais); de paludem, paludes, marais, fréquent en romanche, palü, palüd, etc. Palluex, loc. à la Forclaz d’Ormont; de paludosus, marécageux. Lapalud à Bossy, Genève, article soudé.
- Pampigny, D. Cossonay, Pimpinengis, 1016, d’après Lutz, ecclesia de Pampiniaco, 1141 Panpinie, 1228, Pampignie, 1232, 1284, Pagpignie et Pampigniacum, 1235, M. R. VI, 314, Pampigniez, 1324, Pampignyer, 1335 = domaine d’un Pempenius, nom gallo-romain dérivé du celtique pempe, cinq, à peu près l’équivalent d’un Quintinius latin. Holder mentionne une villa nomine Pempinas. Pour la graphie Pagpignie, voir Suen.
- Panex, village des montagnes d’Ollon : Michaelem de Panaes, 1320, M. R., 2e s., IV, 83, Panex, 1402, « la Saline de Pagnex », 1629, charte d’Aigle.
- Pangires, fermes à Saint-Légier, Pangieres, 1236, 1434, M. R. VII, 377, Pangyre dans Levade (qui voit dans ce nom une allusion au culte de Pan).
- Panissière à Prangins, Tartegnins, champs à Duilier, loc. à Monthey, à Colombey, à Salvan, et mayens sur Saxon, Valais; Pannissière, champs à Pampigny; Paneseyre, ham. sur Chardonne; Panetire, loc. à Vex; du v. fr. panise, s. f., le panic millet, patois panet ou panis, et suffixe ière, localités qui conservent le nom d’une ancienne culture abandonnée chez nous, comme les noms allemands de Hirslanden, Hirslen, de l’all. hirse. (La localité de Vex pourrait peut-être tirer son nom du panet ou panais, Pastinaca sativa.)
- Panossière ou Panosseyre, grand glacier descendant du Combin, vallée de Bagnes. Pourrait être un dérivé du patois panossi, torchon, vieux linge, en prov. panoucho, du latin pannus, fr. panne, drap, et suffixe dépréciatif osse, le glacier, — comparé à /330/ un drap, — étant fort sale des détritus de toute sorte qui en couvrent la surface.
- Pany, ham. de Chancy, Genève, et Paney, loc. à Chesalles-Oron. Peut-être faut-il y voir d’autres formes de Peny, Peney, de pinetum, bois de pins; c’est ainsi que les noms des villages romanches de Pany, Pinius en 1290, et de Panix viennent de pin. On ne peut guère les tirer de Paniacum, du gentilice Panius : niacum se réduisant à gny, Paniacum donnerait Pagny, comme les Pagnac-ey-y de France.
- Paplemont, ham. de Courgenay, D. Porrentruy; de paple, autre forme, sous l’influence de l’all. pappel, de peuple ou peuplier : mont des peupliers.
- Paquier, 3 com. Vaud, Fribourg, Pascua, 1479, et Neuchâtel, et nombreux ham. (110 loc.); Pasquier, ham. de Sommentier, Frib.; Pâquis, 16 loc. dont 5 ham. Genève et Vaud, Péquis, Péquie, 4 loc. Jura bernois; Paquais à Colombey, Paccais à Chessel; Pathiers à Chamoson, Patier, Pattiez-er, 6 loc. Valais, permutation valaisanne q-t; du latin pascuarium, pâturage, les Paquières à Champagne, la Paquaire à Colombey; de pascuaria; Paquialet, 4 loc. Frib.; Pacoret, alpes de Bex; Pacouret à Conthey; Pâqueret à Penthalaz, le Patoret à Croy, Paterin à Vétroz et Patéré à Château-d’Œx; un Pasqueret à Venthône, 1267; ès Paquottes à Valeyres-sous-Rances; diminutifs; Paccoresse au Châtelard, Vaud, forme adjective.
- Parchet, Parchy, 7 loc. Vaud et Frib., le Parchis à Porsel, 1271, les Parchis, pâturage à Charmey; du v. fr. parchet, petite étendue de terre, dim. de parc, dont l’origine est incertaine. Ès Parcheiri à Bullet paraît être un collectif.
- Pare ou Paraz, du v. fr. parey, parai, parait en romanche, paré en Dauphiné, fr. paroi, du latin parietem; la forme Pare, Paraz du nominatif paries. Nom de nombreuses parois rocheuses, de sommets escarpés, souvent mal écrit dans les cartes : la Pare ou Paraz de Marnex, Ormont-dessus; la Parraz, paroi à Vionnaz, Sex de Pare ès Fées (pour fayes, brebis, à Corbeyrier; la Part, pour Pare, ès Fayes à Villeneuve, Parc, pour Pare, ès Fayes /331/ à la Berra, Fribourg = parois de rochers où s’abritent les moutons. La Pare de Vouarin, paroi dominant le Trient à Salvan. Pare-Blanche, paroi calcaire sur Roche, sur Yvorne et sur Saint-Gingolph. Pares, chalets aux Voëttes, aux Mosses, à la Forclaz, Ormont-dessous. Les Parais, pâturage à Collonge, Valais. Parey, sommet à Château-d’Œx; de parietem, paroi. De même, dans la vallée d’Aoste, la Granta Parey, souvent mal écrit Grand-Apparey, et en romanche : Paré neire, rochers sur Marmels, D. Albula, Grisons; diminutif parette, italien (Tessin), parete.
- Parimbot ou Parimbol, ruisseau, D. Oron, Perembac, XIIe s., Cart. Haut-Crêt, Parimbart, 1664. [Voir Additions et corrections : Parimbot, p.546]
- Parrain, sommet, vallée de Bagnes, autre forme irrégulière de parei, paroi. Parrain est une confusion avec Parein, prononciation bagnarde du suffixe ey qu’on retrouve dans Fionnin, plus employé à Bagnes que Fionney; on a dit aussi Coquempin, aujourd’hui Coquimpey à Martigny; de même Parrin, loc. entre Panex et Salin, paroi de rocher formant limite entre Aigle et Ollon, Crête de Parin, 1734, Chartes d’Aigle, op. cit., p. 135.
- Les Pars, chalets au-dessus de Gryon; de l’adj. v. fr. pars = les (chalets) pars, disséminés, dispersés.
- Partiaz, Parties, lieux-dits à Bex, Chevilly, Mont-la-Ville, L’Isle, Orny, Penthalaz, etc. : participe de partir, partager = (terres) parties, anciens terrains communaux répartis, partagés; nom ancien : les Grandes Parties à Grandfontaine, D. Porrentruy, 1343.
- Ès Parts, loc. à Vérossaz; pourrait être aux Parcs; au Partzon, dim., à Dorenaz.
- Les Parzes (partse), ham. sur Champéry, Valais, forme féminine dérivée de parc, enclos, comme parchet, partzet, aussi petit parc à bétail.
- Pascoules, marais à Orny; de pasquis et suffixe dim. ole, oule; en Engadine pascul = pâturage.
- Pas des Anes à Lausanne, chemin qui jadis descendait le long du Flon, de Pépinet jusqu’au pont actuel de Chauderon; c’était le /332/ pas, le passage des ânes qui se rendaient aux usines longeant la rivière, raisses, foules et moulins. On dit de même le Pas du Bœuf, col entre les vallées d’Anniviers et de Tourtemagne, le Pas de ou des Chèvres, entre celles d’Arolla et d’Hérémence, Valais.
- Passeiry, ham. de Chancy, Genève; de (fundum) Passeriacum, domaine de Passerius, gentilice romain cité par Ch. Morel, M. G. XX, 63. (Inscription de Vienne.)
- Passenches ou Passenges, maisons à Aigle, Passenchy, 1425, suffixe patois enche comme dans Molli-enche, maï-enche, Naviz-enche, Loz-enche, et peut-être la racine de passer.
- Passiau, loc. à Etagnières, à Bottens; Passiaux, hameau de Jouxtens; au Passieux à Vionnaz; Passière, col entre les vallées de la Lizerne et de la Morge; formes patoises avec s-ch, à la Pachire à Mathod, le Pacheu, col entre les vallées de l’Avançon et de Derbon; formes diverses du v. fr. passieux, passiour, fr. passoir, passage ménagé dans une clôture; la forme fr. est aussi employée, par exemple au Passoir à Montcherand.
- Passonery, prés boisés à l’Abergement, D. Orbe; de passon, échalas, et suff. ière : endroit où l’on peut couper des passons. La même idée est exprimée dans Ès Paissailles, bois à Villars-Tiercelin; du v. fr. paissel, échalas, prov. paisselh, fr. paisseau : bois où l’on peut couper des paisseaux.
- Les Pâts, prairies à Evionnaz, Valais; du v. fr. past, s. m., du latin pastus, pâture.
- Patalour (Patalours dans Lutz), ferme et pâturage, les Enfers, D. Franches-Montagnes, Berne, pour Pât-à-l’ours, v. fr. past, s. m., repas, pâture = pâture à (de) l’ours.
- Paterin à Vétroz, Patéri à Château-d’Œx, Pateroux, pâturage sous Bretonnières, D. Orbe; de la famille de pâquier, avec permutation q-t, voir d’autres exemples à pâquier.
- Aux Patets, prés à Bure, Jura bernois; pour Paquais (q-t), voir pâquier.
- Patiez à Vex, Pattier à Leytron et 5 autres loc. Valais = pâquier. /333/
- Aux Patilles, champs à Bercher, permutation q-t = pâquille, petit pâquis; au Patelliaud, pâturage boisé à Montreux, dim.
- La Pâtissière, petit ham. de Bex, à l’écart au milieu des prés sur le chemin de Lavey; ne serait-il pas encore un dérivé de pâtis, du bas latin pasticium, de pascere, paître ?
- Patnali, sommet alpes de Morgins, Valais. Nous n’avons pas d’étymologie à proposer. Mais nous l’inscrivons pour signaler sa parenté avec Patnal, loc. près Savognin, Patnal, ham. d’Untervatz et Patnaul, alpe de Vrin, trois localités romanches des Grisons.
- Au Paturiau, loc. à Granges; de pâture et suffixe patois iau = oir.
- Paudex, D. Lausanne, Paudais, 1218, 1223, Poudex, 1229, 1368, ou Poudais, 1238, Poudays, 1250, M. R. VI, 307, 467, VII, 244, Poudex, 1368; probablement le même que
- Le Paudex, ham. Châtel-Saint-Denis, m. à Cronay, loc. Pampigny, Lully, etc., le Paudez à Burtigny; au Peudex à Founex; du latin paludetum, marécage.
- Pauilly ou Paully, 2 ham. voisins de Chexbres et Chardonne = (fundum) Pauliacum, domaine d’un Paulius, gentilice dérivé de Paulus, Holder, II.
- La Paumière, ham. de Chêne, Genève, fausse orth. pour Pommière.
- Les Pauses, plus. loc., les Courtes Pauses à Croy, autre forme de pose, mesure agraire, ou bien forme française du patois pousa, bien plus employé comme locatif; voir Pousaz.
- Pautex, ou Peutex, loc. à Aigle, Pautez, 1425; loc. à Blonay, au Peutet à Illarse, Pautex, 1696; Pautey à Cudrefin; en Poutex à Villarimboud, Frib.; en Pauthey à Choex (Monthey); du v. fr. paute, s. f., fange, et suffixes collectifs ex, ey : lieux fangeux, humides. La Pautelle, m. à Noirmont, Jura bernois, diminutif; l’Essert de l’Epaute, Oron-le-Châtel.
- Payanaz, pâturage de Bagnes; la Payenaz, pâturage de Cerniat, Frib.; Paganaz ou Pagane, clos de vignes à Sion; Pagannaz, loc. à Morat; terre d’un Paganus, n. pr. fréquent au moyen âge : /334/ le Cart. de Haut-Crêt nomme un Paganus, miles de Sarvion, P. de Granges, de Maseres, de Sevirei, XIIe s., etc.
- Payerne, Paterniacum, 962, 1142, Cart. Month., Paierno, 1238, Paerno, 1242, M. R. VII, 644, 667, etc. Du cognomen Paternus, connu par plusieurs médailles et trois inscriptions en Suisse, — un Paternus était duumvir d’Avenches, — ou du gentilice Paternius. La forme Paterniacum des chartes est un calque fait par leurs rédacteurs sur les nombreux noms en acum. Paterniacum, avec l’accent sur nia, aurait donné Payerny, Pargny, ou même Pagny comme en France. Payerne vient d’une forme populaire Paternia, formée directement sur le gentilice pris adjectivement : (villa) Paternia; voir Jubainville, p. 483.
- Le Péage, m. à Blonay; à Rue et à Lieffrens, Frib.; du latin pedaticum, bas latin pedagium, octroi perçu sur les routes au moyen âge.
- Le Péca, ham. d’Epauvillers, loc. à Vendelincourt; le Pécal à Develier, les Pécals à Miécourt, les Pécas, ham. à Champoz, tous Jura bernois; de l’adj. pascuale (pratum), prairie qu’on pâture : un pesqual à Alle, 1344. A la même racine se rattachent
- Peccau (ou Peccaud), bois sur Lausanne, les Peccaux, chalets aux Avants, Montreux;
- Les Peccaudes à Dullit, le d s’est introduit par confusion avec le suffixe aud;
- Le Péché (ou Péchai), fausse orth. pour Pécher, ham. de Montfaucon, D. Franches-Montagnes, et les Péchés près du Landeron pourraient être des pascuarium, pâturages; mais la forme Pêche que donne Lutz pour le premier semble indiquer une autre origine.
- Pécolet, prés à Ollon, en Pécoly à Etoy, Picolet, pâturage à Bagnes, Pec(c)olet à Conthey, autres formes de pâquis, avec un double suffixe diminutif ol-et.
- La Pécosire, m. à Sorens, Fribourg; probablement de pécoji, pécozi = bec-ozi, bec d’oiseau, nom en patois fribourgeois de plusieurs espèces de primevères, localité où ces fleurs sont abondantes dans les prés. /335/
Ley iré pécoji dé vanni
Dei freye, dei tserdon béni …
Dei dzintillè et dei brenlettès
A Moléson, à Moléson. - Peilz, Tour de —, près Vevey, Turris de Peil, 1228. D’après Gatschet, — qui ajoute entre parenthèses urk. turris Peliana, mais sans date ni origine, — Peilz représenterait le latin pensile, patois peilo, pailo, fr. poêle, chambre, puis maison; tour au milieu des maisons. L’explication est plus que douteuse : jamais peilo n’a eu le sens de maison; la vraie étymologie est encore à trouver.
- Peissy, ham. de Satigny, Genève, Pelciaco, 934, M. G. II, 16, 912, Rég. gen. et Hidber, I, 209, puis Peicie = (praedium) Pelciacum, domaine d’un * Pelcius ou * Peltius.
- Pelens ou Pellens, loc. à La Rippe, D. Nyon, Pellengs, 996-1017, Hidber, I, 276, Peslens, 1123 et 1131, M. G. II, 27, emplacement d’un village détruit dès le XIIIe s. = chez les descendants de quelque colon germain.
- Péleret, loc. à Bercher, Pelleret à Boussens et 4 ham. Frib., diminutifs de Pélier à Sion, Pellier, 1309; Pelleys, ham. à Cerniat : formes masculines, semble-t-il, de Pélériaz, bois à Bremblens, D. Morges; de peilera, peleiria, s. f. Ducange, pâturage, pré humide, lieu marécageux, pélière, mot de la Provence.
- Les Peleuses, loc. à Vaumarcus, Neuch.; ès Pelauses à Etoy; Roche Palouse à Ocourt, D. Porrentruy; diminutifs : le Pelozet, Bas Vully; Pelloset à Malapalud; du v. fr. pelous, e, velu, du latin pilosus = prairies, roches au gazon court. La forme palouse se retrouve en romanche : la Motta Palousa, sommet de l’Oberhalbstein.
- Au Peleuve, pâturage à Enney, Gruyère; au Pélévoz, marais à Vullierens, déjà en 1304, M. R. V, 77, note; autres formes de pelou, pelu, avec un v intercalé à cause du hiatus, comme dans blleuva, cauva, le premier mot doit être un fém. plur. et la carte devrait écrire aux Peleuves; c’est un correspondant de ès Pelouyes, lieux buissonneux près du Rhône, Port-Valais, et en face /336/ aux Epelouïes à Chessel, Vaud, même mot avec soudure de ès : Epeluves, loc. à Coussiberlé, Fribourg, le même mot avec épenthèse d’un v; de pelou ou pelu, poilu, Berry poilou, du latin pilutus; allusion aux buissons qui recouvrent le terrain.
- Pellevuet, voir Perrevuet.
- Penau, ham. du Mont, D. Lausanne, Espinoux, 1340, Espinouz, 1401, Espinauz, 1475, d’où est venu ès Pinaux puis Penau; de (locus) spinosus, endroit épineux.
- Peney, C. de Genève, Pineyam, 1258. M. G. XIV, 44, Castrum Pineti, 1261, Piney, 1291, Pinay, 1307; Peney-le-Jorat, Pinetum, Pinoy, 1154, Piney, 1228, puis Pigney; ham. de Vuittebœuf, D. Orbe, Pynoi, 1179, Pinei, 1248, Peni, 1362, Pinai, 1403; bois à Bassins, Pinetum, 1164, M. R. V; loc. à Port-Valais; en Peney, m. à Gillarens et Arconciel; Penay, pâturage à Vouvry, m. à Estavayer-le-Gibloux; Piney, loc. à Sierre; Peny, ham. de La Roche, loc. à Riaz, Frib., à Trélex, Champs-Pény à Myes, D. Nyon, avec un beau bloc erratique 1, Pierre Pegniez, 1564; aux Pignets à Préverenges, D. Morges; formes diverses dérivées du latin pinetum, bois de pins, comme les Pigni, Pignieu, Pany, Panix des Grisons.
- Penna, Grande et Petite —, sommités d’une arête détachée de la chaîne des Maisons Blanches, vallée de Bagnes; s’emploie aussi en Dauphiné pour désigner des arêtes de montagne; patois penna, latin pinna, grosse plume d’oiseau, créneau de muraille.
- Pennines, Alpes —, du celtique penn, tête, sommet, alpes qui présentent les plus hauts sommets, et « non de Pœni, qui n’est pas plus, dit justement Bridel, la racine étymologique des Alpes Pennines que celle des monts Apennins. »
- Pensier, ham. de Barberêche, Frib., all. Penzers, Pancier, 1229, 1256, Benciers, 1261, Pancie, 1293, M. R. XII, 282, Panciez, Rec. dipl. VII, 34. D’après M. Stadelmann, « le r du nom romand paraissant de bonne heure, et surtout le nom allemand, /337/ prouvent que nous sommes ici en présence d’un autre suffixe que acum. »
- Penthalaz, D. Echallens, Pentala, 1182, 1228, M. R. VI, Pentala, 1226, F. B. II, 74, Pentalla, 1387, Penthala, 1574; de penta, subst. verbal de pendre, être en pente, et suffixe dim. ala.
- Penthaz, D. Cossonay, Penta, 1011, 1145, 1228, Pentha et Penthaz, 1387, M. R. V, Penthaz, 1574 = le subst. pente, latin pendita, subst. verbal de pendre.
- Penthéréaz, D. Cossonay, Pancerea, 1141, M. R. XIV (Panterea d’après Hidber), Pantheroia, 1154, Cart. Month., Pantereya, 1177, 1184, Cart. Month., Panteraja, 1226, F. B. II, 74, Panterea, 1228, 1271, Panthereya, 1291, Panthereya, 1371, Pentherea, 1403, M. R. XIV, Panthereaz, 1453, Arch. Fr., encore en 1702, Rev. hist. Vaud, XIV, 55; de panthaira, barrière, et suffixe collectif aie. Epantaires, loc. à Boussens, pour ès pantaires. A la Panteire ou à la Barrière, maison près Givisiez (Kuenlin) : localités, terrains enclos de plusieurs barrières; le Pantharacum, XIIe s. (Penthéréaz) du Cart. Haut-Crêt est une graphie de notaire. Quant à notre pantaire, porte à claire-voie d’un terrain clos, c’est sans doute le même que pantière, filet, du latin pantherum, grec pantherion, une porte à clairevoie pouvant se comparer à un filet tendu. Dans le dép. de l’Ain, on dit pentière pour la pente d’une montagne, et la forme correspondante vaudoise serait penteire. Mais les orthographes anciennes : Pancerea, Pantherea, et le double nom fribourgeois : Pantaire-Barrière, excluent cette étymologie et rattachent ce nom à celle que nous adoptons.
- Pentherens, territoire à Collombier = chez les descendants de Penthari, de * Pento (Förstm. a le fém. Penta) et hari, guerrier. Förstm., 984.
- Penthes, loc. avec château à Pregny, Genève; probablement le même, au pluriel, que Penthaz, voir ci-dessus. Notons toutefois que d’Arbois de Jubainville tire un Pentes en France, de « domaine de Pentos, n. pr. gaulois, syn. du latin Quintus. » /338/
- En Pépin, ham. de Sorens, Fribourg; Pépinet, pâturage de Randogne, Valais; loc. à La Chaux, Cossonay. Viendraient-ils de Pipin, Pépin, n. pr. germain ?
- Pépinet, rue et place à Lausanne, molendinum de Pipinet, 1286, molendina sita versus Pipinet, 1337, duos postellas de Pipinet, postella de Pigpignet et Pypinet, Comptes de la ville inférieure de Lausanne, 1475-1476, M. R XXVIII 258 et suiv., 276, 326-27, plus tard Pepinet et au XVIIe s. Pépinet d’après une note de M. B. Dumur.
L’orthographe Pigpignet est très intéressante. Beaucoup de Lausannois prononcent aujourd’hui encore Pimpinet, or le g a été souvent employé au moyen âge pour rendre le son nasal; on a écrit Pagpignie pour Pampigny. Voir d’autres exemples à Suen. Ce nom se prononçait donc déjà Pimpinet au XVe s. En 1656, nous écrit M. B. Dumur, maître Guillaume Pimpinet de Gex, tanneur, fut reçu habitant de Lausanne. On aurait pu songer à un rapprochement entre ce nom de famille et la prononciation nasale du nom du quartier. L’orthographe Pigpignet de 1475, antérieure de deux siècles à l’arrivée de cette famille, tranche la question.
Cette orth. Pigpignet nous fournit l’étymologie probable. La 3e syllabe nous donne le témoignage d’un ancien son mouillé dès longtemps disparu comme dans signet, prononcé sinet dès le XIIIe s. comme le montre l’orth. sinet dans des textes de cette époque. C’est donc l’équivalent de * Pimpigney, soit propriété d’un Pempenius, — voir Pampigny, — gallo-romain qui habitait jadis ce quartier du vicus de Lousonna. Pour faire de cette hypothèse une certitude, il faudrait trouver des formes comme Pigpigniei, Pigpignei, qui prouveraient la dérivation du suffixe iacum. - Perabot, loc. à Lausanne, Perabot, 1234, Perrabot, 1238, Cart. Laus., M. R. VI, 611, 637; Perrabot ou Payraboz, m. à La Roche, Frib., Pierabot, 1314, synonymes de Pierre à Bot sur Neuchâtel, Perrabot, 1191; localité qui tire son nom d’un beau bloc erratique, ainsi appelé, dit-on, à cause de sa ressemblance avec un gigantesque crapaud, bot, accroupi. Nous y voyons plutôt un génitif : pierre à bot, du crapaud, qui cherche volontiers un gîte sous les pierres. Pierrabeau, loc. à Courtepin, est sans doute un Pierre à bot.
- Perche, pâturage, Ormonts; m. à Morens et Corminboeuf, loc. /339/ à Courtemautruy et Porrentruy; diminutifs, Perchet à Damvant, Poirchet à Reclère, Perchatte à Undervelier, les 3 Jura bernois; du latin pertica qui s’appliquait au terrain entier affecté à une culture par une ou plusieurs familles.
- Percia, Sex —, alpes de Bex; Pierre Percia, alpes de Montreux; Têta Perfia, alpes de Finhaut, permutation s-f = rocher, pierre, tête percée.
- Perles, nom fr. de Pieterlen, D. Büren, Perla, 1228, M. R. VI, 1255, F. B. II, Pella, 1276, Berilo, 1280, Peterlo, 1255, F. B. II, Bieterlo, 1282, 1301, F. B. IV, 52, Beyterlon, 1332, Bieterlon, 1342, etc.; le fr. est une corruption du nom allemand Peterlo = petit Pierre; rien de commun avec le culte de Bel, comme le veut le Dict. géogr. suisse Attinger.
- Perly, C. Genève, Perliacum, XIIe s. et 1170, M. G. II, 24, 37, Perlie, 1231, 1298, Perlier, 1332, 1374, M. G. IV, XIV et XVIII; de (fundum) Perilliacum, domaine d’un Perillius, gentilice romain.
- Peroux, m. à l’Etivaz; probablement pour Perrou, Perru.
- Perr, racine, de petra, pierre, fournit une très nombreuse famille de noms et de localités que nous essayons de grouper avec un exemple de chaque forme. On rencontre assez souvent des formes avec un seul r, formes plus anciennes du v. fr. pere, patois pira, par exemple eis Grosses Peres à Vercorin, 1264.
- Y Perraches à Lens et Venthône; suffixe augm. ache.
- Perrallaz, 7 loc. Vaud et Frib., Perrailles, Mont, Péraille, Rougemont, Perrela, Saint-Aubin, Neuch.; de perr, peyr = pierre, et suff. dim. ou dépréciatif aille. Epéralles à Montcherand, le même avec soudure de l’article ès.
- La Perraudette(ettaz), ham. de Pully; la Péraudette à Giez, les Perroudes, m. à Montpreveyres; paraissent dériver non de pierre, mais du n. pr. Perraud et Perroud, familles connues dans le pays.
- Perrausaz, 18 loc. Vaud et Frib.; Peraousa, ham. de Treyvaux, Perrau à Villeneuve, Perreux à Vouvry, à Yverdon, Pérouse à Peney-Satigny et à Moutier, Perrouse, Yens, etc. /340/ Perreuses, Colombier-Neuch.; Perrouges à La Tour; Pirrogière à Nax, Valais, collectif; du m. et f. de l’adj. latin petrosus, pierreux. Perrosalle à Ollon; Perroset, ham. de Grandson et 3 loc.; Perrosy, Bonvillars, dim. du précédent.
- Perrefitte ou Pierrefitte, D. Moutier, Berne, Pierrefite, 1295 = petra ficta, pierre fichée, plantée.
- Perret, Perrex et Perrey, une 20e de loc.; Perrez à Rougemont, Perey, Echichens, Martigny, Porsel; Perray, Troistorrents, Pereys, 1367; Peray à Chesiéres, Perry, Château-d’Œx et Châtel-sur-Montsalvens, les Perrix ou Perris à Saint-Maurice, Perry en 1722; Perréaz à Rances, Perreye à Giez; de perr, et suffixes collectifs ey, ex, ix, fém. eye, du latin etum, eta : lieux où abondent les pierres. Perrec à Chalais, Valais; le même avec suff. valaisan ec = ey. Pereyrosset à Oulens = pierrier rouge, terre pierreuse rougeâtre.
- Percevuit, une 12e de loc. Vaud et Frib., Perrevuet, 3 loc., Pervuit à Villeneuve, Frib., Pierravuet à Porsel, Peireivuat à Bossonens, et avec la permutation r-l : Pellevuet à Besencens, Pelevuet, Pillevuit, 5 loc., Pilivul, plutôt Pilivui à Illens, 1252, Piliwit à Autigny, 1441. Cette série présente les mots patois recueillis par Bridel : perrevoué, monceau de pierres, et perrevoué, pellevouet, origan, thym serpolet. Le premier = perruet, perrouet, avec un v intercalé. D’un autre côté, pour les formes en l, le v. fr. a pelluette ou peluette, s. f., piloselle, composée à feuilles velues, de pelu et suff. et. Pellevuet pourrait aussi être le même mot, avec un v intercalé, chose fréquente en patois.
- Perreyre, 15 loc. Vaud et Frib., Perreire, Bagnes, etc., Perrière, 5; de l’adj. bas latin petraria, carrière de pierres. Perreret, Conthey, Vufflens, Saint-Prex, Gland, dim.
- Ès Perrinnes, loc. à Monthey, dans les glariers de la Vièze; adj. du latin petrinas (terras), (terres) pierreuses.
- Perris blancs, les —, 2 loc. alpes de Bex à Javernaz et Argentine = pierriers blancs, à cause de la blancheur des blocs de calcaire urgonien. /341/
- Perroc, pâturage et glacier, vall. d’Hérens, Valais, lo Biognio de Perretz, 1290; syn. de Perey (ec, oc = ey, voir Biolec).
- Perrolaz, Aigle et Fully, Pérolles, Frib., Perules, 1259, Dellion, XII, 95, Perrola, 1409, Pyroules, 1413; Perrolles à l’Etivaz, Peyrollaz à Morges, Peyroules, Bulle, Pyroule, 1350, ès Pirules à Granges, 1226, Péraulaz à Belmont, Péralaz, Mauborget; de perr, peyr, pierre et suff. dim. ole.
- Perron, Praz —, 2 loc. Château-d’Œx; Grand et Petit —, sommets, vall. du Trient; Zan (champ) Perron sur Conthey; Perront (fausse orth.), sommet vall. de Nendaz; du bas latin petronem, de pierre; en Dauphiné, peiron, sommet rocheux et nu.
- Perroy, D. Rolle, Pirrhois, 910, Rég. gen., 35, villa Petreio, 955, villa Petroio, 1013, M. G. XIV, villa Perroy, XIe s., Cart. de Cluny et de Saint-Vincent de Mâcon; ager Petriacensis, 955, Perruys, 1172, Perrueys, 1172, etc. = (fundum) Petreium, du gentilice Petreius pris adjectivement. D’après Jubainville, p. 440, il s’agissait d’une localité du Mâconnais. Nous supposons qu’il la situe ainsi parce que c’est une terre de Cluny; mais notre Perroy appartenait à Cluny et nous pensons qu’il ne s’agit que d’une seule localité. Au reste cela ne change rien à l’étymologie.
- Perru, forêt à Estavanens, Gruyère; Perrues, m. à Matran, le Peroux, m. à l’Etivaz, le Perruz, 2 pâturages, alpes de Château-d’Œx; de perr et suffixe augm. u, latin utum.
- Perruet, 5 loc., Péruet à Gilly, Perrouet à Cuarnens et Trélex, diminutif du précédent, perru-et = localité un peu pierreuse ou petite localité pierreuse, le diminutif pouvant concerner le lieu ou la qualité.
- La Perrutannaz, gorge du torrent de la Frasse à Château-d’Œx; de l’adj. perru, pierreux, et tannaz, caverne, gorge : la gorge pierreuse.
- Le Perte d’Aveneire, passage de rochers, alpes de Villeneuve, Lanche di Perte, alpes de l’Etivaz, Perté à Bovey, alpes de Charmey; Perte à l’Ours à La Chaux; le Perte de l’Aiguillon près Baulmes; Pertuis à Morgins et Ormont-dessous, /342/ Pertuis de Bonaudon, alpes de Montreux, Pierre-Pertuis, Jura bernois, Pierra pertusch, 1342; Perté de la Tinna, ancien nom du défilé de la Tine près Rossinières, Pertet, 5 loc. Frib.; Pertis à Bonnefontaine, la Pertusaz, alpe, vallée de l’Hongrin; dérivés divers de pertuis, subst. verbal du v. fr. pertuisier, percer. Quant à perte, patois perté, trou, il suppose un déplacement de l’accent difficile à expliquer, mais il est évidemment de la même origine, racine indogerm. berdh, grec perthô, percer, briser.
- Pertit, ham. de Montreux; peut-être participe passé pertit, de partir, séparer, partager, pris adjectivement; le manque de formes anciennes ne permet pas de conclure.
- Péry, D. Courtelary, Berne, all. Büderich, villa Bederica, 884, Bidericus, 962, Péril, 1148, 1179, Perril, 1228, Peri, 1285, etc. — Biderich, 1244, Piderich, 1287, Bidrich, 1326; du n. pr. germain Badurih, Paturih, riche en combats. Les formes anciennes montrent que les p, b ont permuté déjà en allemand.
- Pesay ou Pezay, ham. de Presinges, Genève; Bachet de Pesey ou Pesay, ham. de Lancy, Genève; pour Bachet, voir Bâche; celui-ci, Pesay, 1263, Pesey, 1321, Pesai, 1311, M. G. XIV et XVIII. D’autres indications se rapportent à l’un des deux : St. de Pisis, 1188, Pisis, 1238, Amodric de Peseiz, 1263, M. G. XIV et VII. Gatschet en fait des Picetum, bois de pins. Mais celui-ci a gardé en français le double ss dans Pessey et pesse. Ce sont des pisetum, de pisum, pois = champs de pois; de même Pezé près Arconciel, Frib.
Le Rég. gen., 518, donne pour le Pesay de Lancy la forme Piciacus, que nous n’avons pas rencontrée. C’est, pensons-nous, une interprétation. Mais le gentilice Pitius, d’où dérive Piciacus, aurait donné Pécy, Pissy comme en France (voir Jubainville, 293) ou encore Pizy et non Pesay. - Pesières, champs à Vevey, 1236, Pezeyres à Chavannes-le-Chêne et Blonay; de pisarias, champ de pois.
- Peseux, C. Neuchâtel, Pusus, 1191, Pusoz, 1196, Posoys, 1277, Poysous, 1281, Pusue, 1289, Pisuel, 1356, Pisoul, 1373, /343/ Puseuz et Peseulx, 1437, Matile, Pissuez, 1403, Pissouz, 1419, Pusieux, 1465, Peseux, 1466, M. N. XXVIII et XLI, 170, 172; de puteolum, dim. de puteum, puits, et non de Pes saltus, pied de la forêt, comme l’explique Guilbert, Glossaire neuch., 2e éd., 160. Quant à Pusiacum, 1416, 1428, M. N. XLI, c’est une graphie de notaire, calquée sur les nombreux noms en iacum.
- Pesse, Noville, La Tour; de pesse, latin picea, sapin rouge. Pesset à Crésu, Pessette, Pessettaz, Bassins, Attalens, diminutifs; Pesso à Conthey, de pesse; de picetum, bois de pesses. Pessevaux, loc. à Aigle, plans de 1718 = vallée des pesses. Le Pessey, ham. de Longirod, aurait une autre origine d’après la forme Poiseor de 1264, Dict. hist. Vaud, p. 749.
- Pessenaz, loc. à Conthey, et Pessonay ou Pessonnayre, loc. à Chessel, D. Aigle = poissine, poissonnière; vivier.
- Pesseux, Pessoz, etc., voir Pissot.
- Petou, etc., voir Pou.
- Pétra Félix, forêt et col sur Vaulion, Pierra-Fulliz et Pierrafuly, 1186, Pierra fuliz, 1307, 1344, Petra fellix, 1340, Pierra Fully, 1343, Matile; Pierraz Fulix, 1488, Pierra Fully, 1499, Pierre Foëlix, 1614 = pierre de Folly, du bois feuillu. Les légendes sur le nom de Petra felix, pierre heureuse, sont naturellement dues à une fausse interprétation du nom, postérieure au XVe s.
- La Petroulaz, pâturage, Jura de la Rippe; au premier abord de petra, pierre, et suffixe diminutif bas latin ola, patois oula, la petite Pierre, soit petit pâturage pierreux; seulement, à part le nom de Petrafelix, qui est moderne, le t de Petra s’est constamment assimilé avec r, perr ou pierr, on devrait avoir Perrouiaz, Perrolaz. Il faut chercher ailleurs. Bridel donne « Petré, s. m., pré marécageux où le pied enfonce, où l’on pétrit (Nyon). » Nous dirions plutôt où l’on s’empêtre, v. fr. empestrer, de pastoria, entraves. Si l’on rapproche Petroulaz de Pétré, ce serait un petit pâturage plus ou moins marécageux.
- Peu, très fréquent dans le Jura bernois, Peu-Chapatte, — Péquignot, — Claude, — Girard, etc.; Combe des Peux à Rochefort, /344/ le bois du peux de Neuchâtel, 1526 (Jeunet, p. 114); Pau aux Bois, Jura bernois; le Pei, sommet à Bourg-Saint-Pierre, le Pey Rond, sommet sur Ardon, le, les Paz ronds, 3 sommets Entremont; Poays à Ursins, Lavanchy-Poy, Ormonts; ês Pueys, 5 loc. Frib.; Puey à Vevey et 4 Frib.; au Puit, ham. sur Riaz, loc. à Neyruz, Autigny; le Puy, soit crêt, des Fourches à Orbe, et loc. à Conthey, Charrat et Nendaz, Valais, au Puis à Aigle sur Vers Pousaz; Sur le Puits, crêt à Bioley-Magnoud, Correvon, La Sarraz, autrefois Poy : un acte de Matile, 1344, fixant les limites de La Sarraz, nomme le poix de Wichimont ou molarium de Wichimonz, le poix ou mont de Ruery (Rueyres), et le poix de Montaust. Poy se trouve aussi dans les chartes valaisannes de Sion, 1256 : Un Benedictus dol Poy. Du latin podium, estrade de théâtre, qui a passé en français avec le sens de colline, mont : en 1249, Ans. de Billens donne à Pierre de Savoie ce qu’il possède in Podio de Romont, Zeerleder, I; on connaît les Puy d’Auvergne, les Peu ou Pué du Berry et les Poët du Dauphiné. Par contre les Puits de la plaine de l’Orbe : marais du Puits à Bavois et ailleurs à Pompaples, à Orny, sont des sources, nombreuses dans cette partie du marais.
- La Peuffeyre, ham. et Champ Peufier à Bex; au Peuffet, prés à Noville, ès Puffet ou Peffés à Vouvry, à la Poffeyre, vigne à Lutry; sans doute parents du patois peuffet, puffet, diminutifs de pousse, poussière, avec permutation s-f, allusion probable à un terrain léger, s’enlevant facilement en poussière.
- Peutex à Salvan, Valais, les Peutets, ham. à Jussy, Genève (mare); Peutet, Peuti, Peutix, Peuty, 6 loc. Valais; d’après M. Bonnard (in litt.), de putidus, laid, voir pouet. Peut-être quelquefois autre forme de Pautex : le Peutit de Monthey, Peuti, 1819, était un Pautey, 1696, et le Pautex d’Aigle s’appelle aussi Peutex, voir Pautex.
- Pevray, maison et loc. à Eclépens = (fundum) Piperacum, domaine d’un Piper, cognomen romain. Piperacum a donné les Pibrac et Pebrac de France, et Piper le village de Poivre (Aube), Piper, 1202 (Jubainville); voir cependant Pevret. /345/
- Pévret, loc. à Pully, en Pevrey, champ à Villars-Tiercelin, Champ Pévraz à Saint-Cierges; de piperetum, endroit où abondent les menthes, patois pevria.
- Au Pex, Pez, 2 loc. Berolle et Ballens, ruisseau, marais et petit lac ou puits naturel; de puteum, puits.
- Peyres, ham. de Peyres-et-Possens, D. Moudon, Pairi, 1228, 1230, Payri, 1264, M. R. VI, 141; probablement autre forme de pierre, provençal peire, peyre.
- Pezé, Pezeyre, voir Pesay.
- Philling, Granges —, voir Filling.
- Piamont, loc. à Domdidier, Mex, etc.; probabl. Plat mont. [Voir Additions et corrections : Piamont, p.546]
- Pichoux, voir Pissou.
- Piémont, m. à Courtelary = pied (du) mont.
- Pierrabesse, -baisse, voir Besse.
- Pierre à Bot, voir Perabot.
- Pierrafortscha, ham. près Fribourg; du patois fortscha, fourchu : pierre fourchue ou fendue, à cause d’un bloc erratique — peut-être un dolmen — remarquable, fendu en deux; une autre Pierra fortscha se trouve près de Berlens, Fribourg.
- La Pierraz, alpe de Bourg-Saint-Pierre, Entremont; sans doute le pratum de Lapide (Pierre), 1235, M. R. XXIX, 320.
- Les Pierronnes, lieux rocheux, pierriers au fond du vallon de Javernaz, alpes de Bex; correspondant fém. de Perron, du bas latin petronem, de pierre; voir Perron.
- Pieulieuse, voir Pouillerel.
- Pierrafuz, m. à Vaux = pierre à feu, terrain siliceux où des étincelles jaillissent sous la pioche du laboureur.
- Pierredar, plateau rocheux dominant le cirque de Creux de Champ; fausse orth. pour Pierre-Dard (ou Perredard), la pierre, le rocher du Dard, de la cascade qui tombe au-dessous et forme la principale source de la Grande Eau naissante.
- Le Pigne de l’Allée (pour la Lei), sommet près Zinal, Valais; le Pigne d’Arolla, vallée d’Hérens; dérivé Têta Pegnat ou mieux Pegnaz, alpes de Bex; de * pinnium, dérivé de pinna, créneau /346/ de muraille, qui a donné pignon; pinna est un parent du celtique penn, sommet, tête, auquel on pourrait aussi rattacher pigne.
- Pilaz ou Pile (Pille, carte Siegfried, prononcé comme ville), pâturage du Jura à Saint-Cergues; peut-être du v. fr. pille, vase et pile (pila), mortier à pilon, qui a aussi le sens de citerne, vaisseau; c’est une métaphore semblable à celle de Auge. La Pilaz est enfoncée, surtout la Pile-Dessous, entre des coteaux qui la dominent de 2 à 300 m.
- Pillevuit, voir Perrevouet.
- Piraz, loc. à Vex; du patois pira, pierre; de même un champ de Piraz-grand à Troinex, Genève, Petra magna en 1276, jadis un menhir de 25 p. de hauteur, M. G. XIV, 87, et V, 505; en Piry, loc. à Ayent, collectif; du latin petretum, lieu pierreux.
- Pirollière à Plan-les-Ouates, Genève; pirole, petite pierre, et coll. ière; lieu graveleux.
- Pissevache, cascade près Vernayaz, Valais. Gatschet, trouvant l’étymologie qui se présente tout naturellement, inesthétique, — « unästhetisch, » — le tire « du v. h. all. puzzin-wag, source jaillissante : vue d’en bas, la cascade a l’air d’une source jaillissant du rocher. Mais, outre que les transformations du mot seraient bien difficiles et que les intermédiaires manquent, il y a d’autres raisons : 1o Nous avons plusieurs autres Pissevache, ruisseau à Hermenches, D. Moudon, un autre à Bossy, Genève, ce nom est porté aussi par le nant des Grattes à Genève; d’après Galiffe, d’autres encore en Savoie, et il y a Pissechèvre, cascade du torrent de Morcles; 2o les paysans qui ont nommé ces cours d’eau ne se piquent pas d’esthétique, comme le montrent les mots suivants; 3o le romanche emploie la même figure : val Pischa, Pischa da daint, vall. de Munster, Pisciadello à la Bernina, etc.; du romanche pisch, urine.
- Pissot, torrent à Lourtier de Bagnes, loc. à Ollon, torrent à Villeneuve, gorges à l’Etivaz, pâturage à Albeuve; Pessot à Neirivue, Broc, Corbeyrier, Vouvry; cascade sur Muraz, D. Monthey; Pissoz à Vionnaz, les Pessottes à Collonge, Pessoz, torrent, affluent de la Lizerne, cascade de la Salenze sur Saillon; /347/ Pezot(ts) à Conthey; Pesseux, ruisseau à Trient et torrent à Saint-Martin d’Hérens; le Pissoir, sommet glacé à Trient et ruisseau à Ogens, le Pissioux à Cheyres; Pecheux, alpes de Saint-Gingolph et de Trient; le Pissoux, gorges du Doubs près Chaux-de-Fonds, Pichoux (ou Pissou), gorge et cascade de la Sorne et gorges près Courgenay et Boécourt, la Pissausaz à Reverolles, le Pischiauc à Grône, Valais (pour le c, voir Biolec); diminutifs, Pesseule, loc. à Fully, Pessaulaz, m. à Château-d’Œx. Pischourgraben à Louèche-Bains, comba dou Pissyor, 1551, forme germanisée; un Pissot à Mage, Valais, 1255.
- Pizy ou Pisy, D. Aubonne, Pisis, 1188, Pesis, 1197, M. G. XIV, 15 et IV, 86, Pisy, 1235, Pisis, 1244, M. R. XII, Guill. de Pysiz, 1306, M. R. XXXIV, 41; de pisis, dat. plur. de pisum, pois, et de pisetum, culture de pois. Ces formes primitives empêchent de le dériver de Piciacum, domaine d’un Pitius, comme Pizy, Yonne, Piciacum au VIIe s.
- La Place, les Places, ham. de Conthey, Platea, 1290; d’Ayent, Platea, 1282, et de nombreux autres villages valaisans; les Places à Fribourg, les Plates, 1330, et 12 autres loc. du canton; aussi dans le Jura neuchâtelois et bernois; de platea, place de ville, désigne l’agglomération principale, au moins à l’origine.
- Plagne, D. Courtelary, all. Plentsch, Bleen, forme all., 1311, la Plagne ou Plaigne, loc. à Gimel et pâturage sur Montreux (aussi Pleniaz); les Plagnes, forêt sur Bière, Plagnoz, pâtur. à Lessoc; autres formes de plaine, provençal planha, plaigna; Plagnuit, ham. sur Fully et sur Salvan, en Planuit à Vérossaz, Plagnuz à Château-d’Œx, le Planiu à Cerniat, Gruyère, diminutifs; de planeolum.
- La Pla(g)nière, ham. de Châtel-Saint-Denis, forme adjective. Littré a le masc. plagnier, plateau sur une montagne.
- Le Plain, les Plains, le Plaignat, loc. à Saint-Brais, diminutif, et les composés Plainbois, Plainfayen (faginum, de hêtre), Plainmont, loc. du Jura bernois; de plain, s. m., anc. forme de plan; plan du bois, des hêtres, du mont.
- Plainpalais, Genève, Palais, Palacium, 1263, 1269, /348/ Palatium, 1340, M. G. XIV, 60, VII, 317, III, 186, Planum palacium, 1475, Plainpalex, XVIee s.; de plain = plan et palais. Une chronique de Genève, anonyme et sans date — fin du XVIe s. — dit : « Le second monastère forain estoit des Jacopins, assis en la Courraterie et estoit nommé Palaix pour sa magnificence et grandeur. » Mais ceci n’est qu’une fausse étymologie. Le couvent des Jacobins ou dominicains paraît avoir été fondé justement en 1263 où nous trouvons le mot Palais déjà employé. Palacium ne serait qu’une traduction latine du v. fr. palais. Or si l’on considère que le terrain était alors une plaine marécageuse, exposée aux inondations de l’Arve et du Rhône, que la grève du lac à Rive se nommait également palueys, 1305, paloys, 1303, 1306 ou palays, 1306, Rég. gen., p. 385, 515, 400, on verra plutôt dans Plainpalais la plaine du marais, de paludetum. Voyez aussi Palais.
- Le Plait, ham. de Renens, D. Lausanne. Serait-ce l’emplacement du plait des Runinges ? v. fr. plait, du latin placitum, cour, assises, assemblée des citoyens d’une commune; une charte de 1238 parle d’un W. de Plais de Runens. Il y avait un Playt, villis de Playt aux environs de Lutry, 1360, M. R. VII, un alleu de Plaît, et aujourd’hui une rue de Sous Plaît à Chexbres, même origine.
- Plamboz, ham. du Locle, Plambuis à Bovernier, Plambué, ham. de Collonges, Valais, Plambouet à Fully, Plambuit, ham. de Lavey et d’Ollon = plan, adj., et bois.
- Plame, loc. à Conthey = plane, permutation n-m, comme prunier, prumi.
- Plamproz, loc. à Lourtier de Bagnes, à Vouvry = plan-pré.
- Planachaux, sommet à Château-d’Œx = chaux, pâturage, plan. Plamachaux, pâturage à Champéry, Valais, même mot, permutation n-m.
- Plana Faye, ham. du Châtelard et de Villars, Frib., Planna Faye, 1483 = forêt plane de hêtres (et non plaine aux moutons).
- Plan-à-Jeur à Salvan et Martigny = plan de la forêt. /349/ On trouve aussi Planajeur, c’est alors la forêt, la joux plane. Plan-la-Jeux de Vionnaz était une planna Jeur, 1723, 1775.
- Planard, nombreuses loc. Vaud et Valais, suff. augm. ard = grand plan.
- Planavy, loc. à Yvorne; de via = route plane.
- Planaz, nombr. loc. et Plannaz, Salvan, Pliannes, patois fribourgeois; fém. de plan, adj. = lieux plans, plats.
- Planchamp, ham. de Montreux et ailleurs; de planum campum, champ plan.
- Planches, D. de Vevey et nombreux ham. et très nombreux lieux-dits; dim. Planchettes, du fr. planche, latin planca, au sens d’espace de terrain.
- Planchemont à Moudon = planche du mont.
- Planchy à Bulle, Planchi, 1277, Planchix, 1379, et Planchis, champs à Porrentruy, collectifs de Planche.
- Plancudrey, ham. de Villeneuve = plan de la coudraie, des coudriers.
- Plandaret à Conthey = Plandarrey, plan d’arrière.
- Planereuse, alpe sur un plan au-dessus de la Reuse de Saleina, val Ferret = Plane de la Reuse.
- Planée, loc. aux Verrières; de planata; Plané, Planet, Planneau (ou Planeau) à Vionnaz, ès Planettes à Chardonne, Planette (Venthône), dim. de plan.
- Planellet, sommet sur Vouvry, petit plateau au sommet, et Planélet à Vionnaz, doubles diminutifs, el-et.
- Planex, Planey, Plany, Plenay; collectifs de plan, avec suffixes coll. ex, ey, y.
- Planeyse, plaine à Colombier, Neuch., Planeise à Payerne, Planaize à Boussens, Planaise, Saint-Saphorin-Morges, Planisse à Chesières, à Saint-Léonard, Planessy, 1448, Planige à Venthône, Planeysi, 1361, Planigy à Salquenen, Planazi à Bagnes; de planitia.
- Planfayon, D. Singine, Frib., all. Plaffeyen, Planfeiun, 1148, Donat. Haut., Planfeun, 1228, M. R. VI, 24, Planfaion, 1237, F. B. II, 1423, R. dipl. VII, 156, Plainfaon, 1453; autre /350/ loc. à Ropraz; de plan, adj., et fayon, dim. de faye, de fageta = petit bois plat de hêtres; peut-être aussi de faye, brebis; ce serait alors la plaine aux brebis.
- Plan Faye, ham. de Massonnens et loc. Matran; de plan, s. m., plateau et faye, de fageta = plan de la hêtraie.
- Plan-Fey ou Planfey, 5 loc.; de plan et fagetum, l’une Plano Faeto, 1402, M. R. 2, II, 25, même sens.
- Plan-Folliaz, plus. loc. = plan de la feuille, du bois feuillu.
- Plan-Fromentin, ham. Ormont-dessus; plan et n. propre (famille des Ormonts).
- Planlevraz, loc. à Montreux = plan de la leyvraz, du lièvre.
- Ès Plannes, loc. Albeuve, Villeneuve; Muraz et Leytron, Valais; peut-être aux plaines, peut-être aussi aux Planes, aux érables Planes.
- Plan-Névé, glaciers, Bex et Salvan = plan du névé, de la neige.
- Plans sadoz, atlas Siegfried, ou Plançades, carte Dufour, large plateau de pâturages doucement inclinés au Saint-Bernard = plans sades, v. fr. sade, doux, agréable.
- Plan Sayaz, alpe d’Ollon; plan de l’arête, voir Seya.
- Plan-Seujet, ham. sur Bex = plan des saules; voir Seujet.
- La Plantaz, une 30e de lieux-dits, aussi la Planta, Sion, la Planteau à Evionnaz (Plantoz) et Vionnaz, ou la Plantau (d, x), Monthey, Colombey), désignant des terrains cultivés, des plantages; celui-ci du bas latin plantaticum, de plantare, planter; ès, les Plantaux, plus. lieux-dits, diminutif.
- Plantey à Etoy, Plantay à Lavigny, ès Plantayes à Vouvry, ès Plantaies, Yens, 1295, Gilly, 1265, la Plantée, de plantatam, plantatas. Un Will. de Plantata à Liddes, 1228.
- Plasselb, D. Singine, Fribourg, Blanselp, 1364, Matile, Plannaseyva, 1324, Plannasewa, 1472, M. G. XII, en patois Planasiva; forme allemande de Plana silva : forêt plane.
- Platta, vignoble près Sion, Plata, 1243, Platta, 1306, Plattaz, 1414, ès Plattes à Fiez; de plat; Plattel à Concise, Platet à Champvent, diminutifs; Platey à Vionnaz, Platez à Montcherend, /351/ Plattaire à Cremin, Plateyres à l’Abergement, collectifs.
- La Plature (ou l’Eplature), loc., plaine aux Pommerats, Jura bernois, et ham. aux Ponts, Neuchâtel; les Eplatures, ham. de la Chaux-de-Fonds, pour ès Platures; de plat et suffixe collectif ure.
- Pleigne, D. Delémont, Berne, all. Pleen, Plenna, 1179, Plaigne, 1187, Plenne, 1188, Blennes, 1213; Pleigne-Seigne, ham. de Montfaucon, Franches-Montagnes; autre orth. de plaigne (voir plus haut), syn. de plaine, adjectif dans le second = la Sagne plaine, ou plane, unie.
- Plenafey, ham. de Saint-Sylvestre = forêt plane de hêtres.
- Plenazeu (Pléna-jeur) à Bagnes, pâturage entouré de forêts, dzeu = joux, donc en pleine joux.
- Pleujouse, D. Porrentruy, all. Blitzhausen, Blutzhusen, 1340, Pluiusa, 1105, 1180, de Pluvioso, 1136-1152, Pluviosa, 1161, 1186, 1295, Pluiose, 1302, 1305; le latin signifie (villa) pluviosa, (vicus) pluviosus, village pluvieux; l’allemand Blitzhausen, village des éclairs, des orages. Le rapprochement des deux noms justifie l’étymologie de pluvieux.
- Plex, écrit aussi Pley (ou Play, Plaix), pâturages à Muraz, Collonges, Val d’Illiez, Valais, à Ollon; dérivés : Pleyeu à Saxon et à Bagnes; Pléauc, prés à Grône, Valais; Pleyau sur Saint-Légier, pâturage et sommet (auquel le doyen Bridel, épris d’antiquité, a donné le nom grec de Pleïades); du latin plexus, v. fr. plais, clôture = pâturages entourés de clôtures ou de forêts. Plaix est un n. local très fréquent dans le Berry; l’all. : pletschen, une 10e de loc., a la même origine.
- Pliains, plusieurs pâtur. Gruyère, les Pliannes, plaine, m. à Semsales, Pliano, Tour de Trême; formes patoises de plain, plane.
- Poay, Poy, voir Peu.
- Poët, f. Poêtte, voir Pou.
- Le Poil de Chien, pâturage de Vaulruz, Gruyère, et localité à /352/ Montcherand; du nom populaire du Nardus stricta, graminée très dure, patois Pei de tsin, trop commun dans les sols tourbeux.
- Poipe ou Poype, mamelon arrondi, poipe en Dauphiné, employé chez nous au moyen âge, et peut-être encore aujourd’hui, la poipe, popia, popie, du château à Dommartin, 1200, 1225, W. et Gir. de la Poipi, 1217, M. R. VI, 117, 164, 167, etc.; parent de poupe, montagne en forme de mamelle, anc. fr. poupe, bout de sein, provençal popa.
- Poirerat, loc. à Courchavon, Jura bernois, lieu où abondent les poiriers.
- Poisat, Poisattes, Poisieux, voir Posat.
- Poliez, 2 com. D. Echallens, Poliacum, Pauliaca, M. R. VI, 141, 642, Polliacum, 1141, Polye, 1142, Cart. Month. 7, Polli, 1154, Pollie lo grant, 1223, 1225, Pollie, 1228, Pollie lopitet, 1230, M. R. VI, 187, Pullie lo Grand, 1238, Poulye loz Grand, 1275, Pulliez (Pittet), 1403, Puliez-le-Grand, 1453, Pully-le-Grand et Pully-Pittet, 1702, Rev. hist. Vaud., XIV, 55, Pully-le-Petit, 1784, Arch. Fr. VII = (fundum) Polliacum, domaine d’un Pollius, gentilice romain.
- Pomay à Arveyes d’Ollon; Pommey, 5 loc.; Pommier, ham. Grand-Saconnex; la Pommière (Paumière), ham. de Chêne; Pommy à Bremblens, Châtel-sur-Montsalvens; Pomy, D. Yverdon, Pomiers, 1174, Pomer, 1235, Cart. Month., Pomy, 1437, Pomier, 1453; en Pomy à Trélex; de pometum, pommeraie.
- Pomeiry, Pommeriaz, Lavigny; Pommeret, 8 loc.; Pommerat, Jura; les Pommerettes à Dombresson; de pomaretum, pomareta, pommeraie.
- Pomirond, fausse orth. de l’atlas Siegfried, Pomeran, Dict. de Lutz, ou mieux Pomeyron, ham. de Conthey, diminutif.
- Pompaples, D. Cossonay, Pons papuli, 1049, Pompaplo, 1325, Ponpaplo, 1344 (Matile), Pumpaploz, 1453 = pont du peuplier; la forme paple sous l’influence du germanique pappel comme dans Paplemont.
- Le Pont, Vallée de Joux, autrefois le Port, le Champ du Port, 1333, ad Portum; le nom changea quand on eut jeté un pont. /353/
- Pontaise, loc. à Lausanne, Pontosa, 1510 ?
- Pontareuse, ham. C. Neuchâtel, anc. paroisse disparue, temple démoli en 1647, Ponterousa, 1211, Pontrousa, 1228, M. R. VI, 19, 649, Ponterosa, 1238, Ponte Aurosa, 1349 = Pont de l’Areuse.
- Pontet, nombr. loc., une 10e, dim. de pont; l’un d’eux, au Pontet à Massongex, 1761, est aujourd’hui un Poutet.
- Ponthaux, D. Sarine, Frib., Pontet, 1142, Cart. Month., p. 6, M. R. XII, Ponteur, 1166, Hidber, II, Pontelz et Pontouz vers 1180, Donat. Haut., Pontels, 1363, Rec. dipl. III, Ponthouz, 1384, Pontaux, 1453; un autre Pontels, ham. de Guin, sans doute dim. de pont. Le premier est très probablement le Bontels, 1423 et 1434, Rec. dipl. VII, p. 159, 163 et V, que M. Gremaud n’a pas identifié.
- Pontis, vallée d’Anniviers, gorges avec plusieurs ponts; Ponty, ham. de Leysin, Pontiz, 1332; — ou Pontey, ham. de Lucens, Pontet, 1142, Pontit, 1155, M. R. XII; les Pontex près Romont, autres dérivés de pont; les suffixes ey, ex désignant des collectifs. Pont et Pontet dénomment souvent des localités au sol tourbeux, où les chemins ont dû être établis sur des ponts, soit sur des troncs juxtaposés. C’est ainsi que l’ancienne route romaine traversait le Grand Marais. C’est le cas pour les Ponts-de-Martel, les Joux des Ponts à Semsales, les Ponts d’Avaux à Vaulruz, le Pontet, Vallée de Joux, la Chaussée des Pontins à Coffrane, les Pontins à Saint-Imier, Pontenet, com. D. Moutier, Pontenal, 1359, Pontenet, 1374, Pontelet, 1401; les Pontenets, pâturage à Saint-Braix, Jura bernois, Pontinet aux Ponts-de-Martel. Ce dernier nom désigne une localité où se trouvait jadis un tel chemin fait de madriers juxtaposés utilisé encore, d’après Lesquereux, en 1517, abandonné en 1540, enseveli sous trois pieds de tourbe en 1842; in, diminutif, enet, inet, double dimin.
- Au Pontonney à Siviriez, Frib., probablement Pontonnet, petit pont.
- Pont Neuf sur la Morge, alpes de Conthey, Valais; pons novus, 1304. /354/
- Pont-Orge, m. et pont près des Thioleyres, D. Oron, Pontem Ordeorum, 1134, pratum de Pontoris, 1215, M. R. I, 2e livr., 148, Pontorjoz, 1589 — pont de l’orge.
- Pont-sec, Ponsec ou Ponsez, torrent, limite d’Orsières et de Liddes, Valais, pons siccus, 1228; le torrent est souvent à sec, de là le nom.
- Pontrausaz, m. à Mont, D. Rolle; c’est probablement le Pontreusa, 1228, et Ponterosa, 1238, Cart. Laus., M. R. VI, 649, et le Orausa ultra Albonam de 1344 dans Matile.
- Ponveys (s fautif), loc. à Grandvillard, Gruyère, près du pont. Eponveys, loc. vers les 2 ponts de la Sarine et du torrent à Montbovon = pont-veil, ès ponts-veils, le pont vieux, ès ponts vieux, « du v. fr. veil, vieux » (Bonnard).
- Ponverroz, loc. à Villeneuve, ancienne propriété des nobles de Pontverre, famille savoisienne, — châteaux près d’Annecy, — qui possédait de nombreux fiefs dans la contrée. C’était aussi à Aigle le nom du Clos de Vahyse avant que ceux-ci eussent succédé aux Pontverre, écrit Pontverrier, Jeannet de —, 1372, 1373, François de —, 1413, 1442, etc., chartes d’Aigle.
- Porcheresse, loc. sous Chamossaire, alpes d’Ollon, 2 autres à Premier et Bretonnières; pâturage à Charmey (Portzereche, Portzeresse); de porc et suffixe v. fr. eresse, pâturage des porcs. L’atlas Siegfried indique à Morgins une loc. Pocheresse, sans doute un r oublié.
- Porrentruy, all. Pruntrut; Purrentru et Punrentrut, 1136, Trouillat, Pontereyntru, 1140, Attinger, Pourendru, 1186, Porrentrui, 1284, etc.; n. all. Brunnendrut, 1276, Burnentrüt, 1283. D’après Perreciot (Etude sur le comté d’Ajoie), reproduit par Lutz, de Pons Raintrudis, Ragnetrudis, c’est-à-dire pont bâti par la femme de Dagobert Ier (622-638). Aucun document historique, répond Vauthey, ne peut appuyer cette supposition, puis il tire ce nom de mots celtiques. Le Dict. géog. d’Attinger le tire de l’all. brunn, fontaine, et trut, trud, druide, étymologie mixte fort douteuse. Nous préférons la première, en remarquant que si rien ne prouve que le pont ait été fondé par la femme de Dagobert, /355/ rien ne s’oppose à ce qu’il ait été construit par quelque autre Ragnetrud ou Raintrud (Förstemann donne 15 variantes de ce nom).
- Porreyre, pâturage sur Gryon; ferme à La Tour; Porreyrettaz, pâturage sur Bex, diminutif, la Porrasse sous la Pointe des Savolaires à Bex, suff. augm. asse; ès Porrades, vignes à Luins, dérivés de porrum, patois porra, porré, poireau, ail, endroit où abondent, dans les Alpes, l’ail des montagnes, et dans le vignoble l’ail des vignes.
- Porsel, C. Frib., Porcels, XIIe s., Porsez, 1271, Porcez, 1284, M. R. XII, Porcel, 1453, Arch. Fr. et 1668, carte v. der Weid.
- Porsogne, alpe à Rougemont, Pays-d’Enhaut; peut-être de porc et sogne, v. fr. songne, italien sogna, soin : pâturage où l’on soigne, où l’on élève des porcs, synonyme des Porcheresses, assez fréquentes dans les Alpes.
- Portalban, Fribourg, Poraban, Porabant, 1166, capella de Portubanni, 1182, Hidber, II, Porta Arbano, 1330, Matile, Poraban, 1668, carte v. der Weid; de port et Albanus, Albain, n. pr. romain.
- Portaux, loc. à Aigle, Porteau à Corseaux, en Portel à Concise, Portelle, loc. à Granges et Savièse, Portalet, sommité et glacier, alpes d’Orsières; syn. et dim. de portal ou portail. Il y a aussi des lieux-dits aux Portes et aux Portettes, par ex. Venthône.
- Port-Valais, D. Monthey, Porvaleis vers 1215, M. R. VI, 349, Portus Vallesii, 1272, Porvales, 1293 = port du Valais. Il n’est pas nécessaire que le lac s’étendît autrefois jusqu’à l’église, comme le veut Lutz : le Bouveret fait partie de Port-Valais.
- Posat, D. Sarine, Frib., patois Pojat; ham. de Chézard, Neuchâtel, et une 12e de loc. Vaud et Frib.; Poisat, 5 loc. Vaud, un entre Lausanne et Renens, 1227, Cart. Laus., M. R. VI, p. 221, 245, lu par erreur Poifat, vinea de Poifat, p. 593. — Poisiat à Corbeyrier, Epoisats ou Epoaisats pour ès Poisats, vallon entre Vallorbe et l’Abbaye de Joux; loc. à Dizy; ès Poisattes à Anières, Genève; avec la permutation s-j, le Pœgeaz à Vionnaz, Poigea, Poisiaz, 1775, Poysat, 1723; de puteum, puits, source. /356/
- Posieux, D. Sarine, Frib., Puteus, Putei, Posuos, XIIe s. Arch. Fr. VI passim, Posus, 1235, Posuz, 1348, ecclesia de Puteo, 1376; Poisieux à Monthey, au Poisiau à Colombey, Puysieux, 1743; de puteolum, petit puits.
- Posogne, 2 pâturages de Mont-la-Ville, pratis de Posonys, 1467, M. R. I, 2e liv., 294; — loc. à La Chaux; peut-être de pose et suff. augm. (dépréciatif) ogne (Jor-ogne, ivr-ogne), grands pâturages où le bétail fait une longue pose, un long séjour.
- La Posse, 2 ham. sur Bex, la Possi, 1231, M. R. XXIX, et 1252; loc. à Chamoson; la Poche à Massongex, la Posse, rôle de dîmes, avant 1743; ès Posses à Nax, Valais; Possen à Louèche, forme germanisée du plur. Posses. Une localité eis Poczos à Ayer, Valais, 1395, paraît être le même nom. Origine inconnue. Serait-ce une autre forme du bas latin posta, station ? le wallon dit posse, mais notre patois dit pousta. Zimmerli tire le Possen de Louèche du nom de famille Poss.
- Possens, D. Moudon, Possens, 1220, Pairi et Possens, Pairi et Pousens, 1230, Posseins, 1238, M. R. VI, 187, 646 et VII, 37 = chez les descendants de Posso, Bosso, n. pr. germain, racine bos, v. h. all. bôsi, méchant. Förstm., 277.
- La Poterla, loc. à Bulle; Potierlaz à Ollon; Pottailaz à l’Isle, Pouterlaz à Coppet, Poteylaz à Orbe, Grandson et la Tour-de-Peilz; la Potile, ruelle à Payerne; du bas latin posterla, latin posterula, fr. poterne, patois poteila, syn. patois et v. fr. de la rue de la Poterne à Nyon; emplacement d’anciennes poternes ou de passages pratiqués dans une enceinte. En Dauphiné, posterle s’emploie pour désigner certains cols.
- Les Potraux, pâturage à La Rippe. Aux Ormonts, la potra, pl. lè potre = boue épaisse, margouillis (Isabel). Si ce mot est connu au Jura de Nyon, ce serait un pâturage boueux.
- Pou, pu, fém. pouta, Jura bernois, peu, peute et pouet, fém. pouetta, aussi pouai; du latin putidum, laid, vilain; de là Pou Crêt à Neirivue, Pouproz, Bovernier, Poute Palud à Charmey, la Poutilaz à Colombey (île), les Pouetes à Cornaux, Pouetta Raisse à Fleurier, Pouete Manche au Val-de-Ruz, /357/ Poettes Lanches (couloirs) à Villeneuve; Pouta Fontana à Grône, Puta Fontana, 1286, 1315, en Puta Pacot à Choëx, Monthey, Poueta Rouennaz (ravine), Orsières; Zapoude (Chaux) à Sion, le Putorrent à Bex, Putessert à Chevroux, la Pouete Combe au Val-de-Travers, Pute-Combe, 1372; Peus Prés à Develier, Peute Côte à Boécourt; Poutelettaz à Conthey, diminutif; les Pouay, petit alpage à génisses à Chamoson = les pouais (prés). Les Pouettes (prairies), prés à Massongex. Une autre forme de ce mot est Petou : Proz Pethoux à Vionnaz, Petoux, 1775, Praz Petou, Bussigny; Autannes Petoudes à Trient.
- Pougny, loc. à Genthod, Genève; le même que Pougny, village du Pays de Gex, Pugnye, 1250, Ponnie, 1277, Pougnier, 1289, Rég. gen., de Pugniacum (prædium), domaine d’un gallo-romain, d’un * Punius, de l’adj. Punus, carthaginois.
- Pouillerel, mont à la Chaux-de-Fonds, Poillery au XVe s., puis Poillerel d’après Benoît; les Pouillets, loc. à Lamboing, Pouillerie, loc. au Saint-Bernard; la Pouilleuse, pâturage à Marchissy; aux Epouilleux, champs à Aigle; Essert Pouilloux à Asuel, D. Porrentruy; Crépillaux à Vuibroye, Crest Pyoullioux, 1310; Piaullauses (Piauliauses), loc. à Ferreyres et Vuitebœuf, la Piaulhiausaz, une des sources de la Louve à Lausanne; les Pieulieuses à Montmollin; en Piaulliet à Bex; de pouilleux, patois piaullhiau, au sens de terrain pauvre, nu, stérile, comme en France la Champagne pouilleuse; une Poliosa en 1403 dans le D. de Grandson, M. R. XIV, 374.
- Pourriez, prés marais à Saint-Prex et ailleurs, les Pourriés à Vouvry; part. pourrie, employé pour désigner des terrains humides, des rocs qui se décomposent, ainsi Puries, Purier, rochers des Gorges de l’Areuse, Neuchâtel, du part. v. fr. puri, purri.
- Pourtauvuivre, loc. à Vandœuvres, Genève; paraît renfermer au plur. — aux vuivres — le mot v. fr. vuivre, patois vuivra, du latin vipera, vipère, serpent en général, et peut désigner un endroit où abondaient les serpents.
- Pousaz ou Pousa, nombreux hameaux, alpes vaudoises et Valais : la Pousaz à Ollon, Pausaz, carte Rovéréa, et à Aigle, Posa, /358/ 1314, Posas, 1372, Pose, 1442, Pouja à Nax, Paugeat à Chippis, Valais (z-j), Pousettaz à Leysin et Posetta à Fully, diminutifs; Repousaz à Conthey; du patois pousa, pause, du latin pausa, halte de repos; ces localités sont toutes sur de petits plateaux interrompant la montée. On trouve aussi la forme française Pauses. De même en romanche pos, paus, s. m., lieu où l’on fait halte : Sass del pos à la Bernina.
- Poutaz, A, En la —, 4 loc. Frib., en Poutex, Villaz-Saint-Pierre, ès Pouttets à Ormont-dessus, Praz Pouttet à Corbeyrier, au Puttet à Morcles, au Puttier à Massonnens; au Peutet à Monthey, Pouttet, 1696, Putet, 1819; de poutta, cerisier à grappes, et suffixe collectif et : lieu où abonde ce cerisier, en patois poutta, fr. putiet, du latin putere, puer, à cause de la mauvaise odeur des fleurs; sanscrit poûta, puant.
- Poy, voir Peu.
- Poya, Poye, Poyaz (l’accent sur o), Poyat, Poyet, Poyette, Poyettaz, Poyeux, nom de nombreuses localités dans toute la Suisse romande, du patois pohia, montée; les formes 1-3 de podia, 4, de podiata, 5-7 diminutifs, la 8e du dim. latin podiolum, dérivés du latin podium, voir Peu.
- Prabé, sommets sur Sion et Randogne, Praby, ham. Val d’Illiez; de pratum bellum, beau pré.
- Prabert, ham. de Monthey, Praz bert à Vérossaz, Valais, et à Payerne; de praz, pré, et le n. pr. Bert comme Fin-de-Bert à Trey.
- Praborgne, ancien nom fr. de Zermatt, Pra Borny, 1250, Pra Borno, 1285, Pratum Bornum, 1291, encore appelé Pra Borno par les Valdôtains; de prata, prés, et born, source = prés de la source.
- Prabou, écart de Treyvaux, Frib.; pré du bois.
- Prada à Vétroz, Pradaz, pâturage au Saint-Bernard, Preides, champs à Ayent, Prad à Collonges, Pradex, loc. à Préverenges, Allaman, Féchy, Pradières, fermes au Val-de-Ruz; du v. fr. prade, s. f., prairie, du plur. neut. latin prata pris pour un f. s. (t-d), et les derniers avec suffixes collectifs ex, ière. Le même mot prada est très fréquent aux Grisons. Praz-dix, loc. à Bottens, /359/ est évidemment une fausse orth. pour Prady, de prade, et collectif y = ex.
- Praël, loc. à Romainmôtier; Prayel, pâturage à Baulmes, Préel, loc. à Concise, et à Corcelles, Neuch., Prael, 1280; du v. fr. prael, latin pratellum, petit pré, provençal prael.
- Prafandaz, pâturage et forêt à Leysin, D. Aigle, probablement autre forme de profonde, (silva) profunda, permutation o-a, comme Nava de nova, Rianda pour rionde, Beprahon de Bedum profundum.
- Prahins, D. Payerne, Prahens, loc. à Grandcour. Sans doute dérivés d’un n. pr. germain, difficile à déterminer en l’absence de formes anciennes.
- Ès Prahis, m. à Grandvaux; de praz et suff. collectif is, ensemble de prés.
- Les Prailats, ham. des Bois, Jura bernois, forme jurassienne at pour et = Prailet, voir plus bas.
- Praille, prairies de la vallée du Rhône et de tout le bassin du Léman, souvent écrit Pralie(s) (pr. praille), 12 loc. Genève et D. de Nyon. ham. à La Joux, Frib.; Praliaz, Duilier, Gilly, Tartegnins; Praliez, Gimel, à Corsier, Genève et à Miège, Pralye à Granges, Valais, 1395; Prallye, Ayer, Valais; Prallaz à Neirivue, Praye, Jura, 5 loc., Prays à Miège, Praïe à Chippis, Valais, Pralaz à Peseux; Praliettes, plus. loc. la Côte; Prayeux à Pomy, Pralieux, Saint-Jean d’Anniviers, Praillon, 5 loc. vallée du Rhône, Pralion, Trient, Avry-Gruyère, Prayon à Treyvaux, Pralioux, Vallorbe (aussi faussement : Prailloud), Eysins, diminutifs; du v. fr. praaille, ensemble de prés, du latin pratalia. Un Praella à Chamoson, 1214, ou Prail à Chermignon, 1289, Praela à Vevey, 1236. Pralie représente une ancienne graphie de l mouillé, ainsi Goylie = goille, on écrivait jadis une bolie de moût. Boyve, II, 24.
- Praisaz, voir Preise.
- Praissalet, 2 ham. de Bémont et des Pommerats, Jura bernois, Presselerwalt, 1337; très probablement de Preissel, nom allemand des baies de l’Airelle ponctuée, très employées dans les /360/ pays allemands pour les confitures = localité, forêt où ces baies abondent; peut-être aussi Pressaley, écart de Vaulruz, Gruyère.
- Prajean, ham. de Saint-Martin, vallée d’Hérens, Prato Johannis, 1250 = pré de Jean.
- Pralet, Pralex, Pralettes, Preilet, Preylet, Pralot (près du Locle), Prailat, nombreuses localités; contraction du v. fr. praelet, de prael, latin pratellum, petit pré, et suffixe diminutif et, at, ot, Jura, donc tout petit pré.
- Pralovin, chalets près Haudères, val d’Hérens; id. (ou Praloïn) sur Vernamiège, l’un d’eux Prato Luvyn, 1323; Prolin, ham. d’Hérémence; Proulin, mayens à Salins, Valais, Prato Luvyn, 1296, M. R. XXX, 484; Proulin, loc. à Bofflens, D. Orbe; de pré et de l’adj. lovin, du loup = pré du loup.
- Pramagnon (Pramagnos, atlas Siegfried), ham. de Grône, Valais; non de pratum magnum qui donnerait Pramagne, mais de Praz-Magnon, n. pr. = pré de Magnon, n. pr. fréquent au moyen âge.
- La Pran, 7 loc. D. Delémont et Porrentruy, généralement prairies humides ou marécageuses, excepté Gentie Pran à Delémont; se retrouve en Valais : Pran, loc. à Saint-Jean d’Anniviers. Ce mot se rattache-t-il à pré ? Godefroy donne une loc. adverbiale de pran en pran = à la piste, et une série de mots dont pran est la racine; problème à résoudre.
- Prangins, D. de Nyon, Prengiaco vers 1140, Preingins, 1142, M. R. V, 211, 212, Prengiens, 1154, M. R. XII, 17, 18, Prengins, 1164, 1179, 1211, Pringens, 1177, Perengins, Pringins, 1172, Donat. Haut., 1182, Cart. Month., 1246, M. R. V, 221, 227, etc. = chez les descendants de Perenger, Peringer, n. pr. germain. Förstm., p. 230. Hisely y rapporte les Pringiei, 1142, et Prengie, 1177, 1224, du Cart. de Montheron, M. R. XII, p. 6, 29, 60, mais Pringiei a un suffixe tout différent, c’est Pringy, h. de Gruyères.
- Pranuaz, ham. à Céligny; Pranud à Veisonne, Valais, Pranoud à Grône, Pranoux à Savièse, Pranou à Saint-Martin et Grimisuat; Prénoud à Bex; 1 de prata nuda, 2-6, pratum nudum, pré nu. /361/
- Prapion, loc. à Neuveville, Prapioz, pâturage à Ormont-dessus; le Cart. Laus. M. R. VI, 346, renferme le nom d’un Ugo de Prapium, qui est évidemment de la même racine.
- Praratoud, D. Broye, autrefois Praratos, 1668, carte v. der Weid, Prarastod, Kuenlin, 1828 = pré de Rasthold, n. pr. germ.
- Prarayer, ham. de Bagnes, Valais, Will. de Prato Reyhe de Bagnes, 1285, Pratorey, 1296; de pratum, pré. Quant à la seconde partie, on pourrait penser à Rayer, Reyer, n. pr. germain; mais la forme de 1285 le rapproche plutôt du m. h. all. rihe, gorge, celtique rhig, raie; ce serait alors le pré de la gorge, du ravin; voir Rija et Raye.
- Praroman, D. Sarine, Frib., Praroman, 1148, M. F. VI, vers 1180, Arch. Fr. VI, Perroman, 1301, Rec. dipl. II, 4 (forme germanique), H. de Praromant, 1476, M. R. XXVIII, de Praz Roman, 1728; en latin pratum romanum = pré de Romain.
- Praseyer, ham. de Sembrancher, Valais : praz, pré; quant au déterminatif, n. pr. germain, ou mot de la famille de seihi, faucher.
- Prassan à Saint-Martin d’Hérens; peut-être un pré sain, donnant de bon fourrage.
- Prassus, aux —, prés à Lens, Valais = les prés-dessus.
- Prassy, ham. de Lovatens, D. Moudon; dérivé d’un n. pr. romain en iacum; pas de formes anciennes. Peut-être un (fundum) Prisciacum, domaine d’un Priscius, gentilice qui a donné de nombreux Pressy. On aurait ici la permutation i-a, comme dans balance, aronde, de bilanx, hirundo.
- Prau, autre forme de praz, ou pré, Jura bernois : Miécourt, Delémont, Saint-Ursanne; composés : Prauboz, loc. à Daillens = pré (du) bois; Praudian, ham. à Treyvaux, Frib. = pré (de) Dian, Jean; au Prauloup à Colombey = pré du loup. Prau, pro est très fréquent aussi dans les Grisons.
- Pravidonda, ham. de Salins près Sion, pratum dictum Vidonda, 1375, M. R. XXXVII, 2; de praz, pré, de pratum, et vidonde, syn. v. fr. de vidomne, vidame = pré du vidame. Ce mot vidonde, qui manque dans les dictionnaires v. fr. et qu’on retrouve /362/ dans les noms de lieux, le Vedondoz, pâturage d’Hérémence, et le Vidondoz, loc. à Noville, Vaud, se rencontre çà et là comme n. commun, avec le sens de vidame, ainsi : Giroldus, li Vidondos de Vercorens, 1303. — « Vouvry, dont les abbés de Saint-Maurice et les La Tour avaient été, les premiers, seigneurs, et les seconds, vidondes. » M. R. VIII, Appendice, p. 18, et « noble … André Joffrey, vidonde de Chastel-Saint-Denis, » 1596. Martignier, Vevey et ses environs, p. 84. De vieux plans de Saint-Maurice, vers 1720, nomment à plusieurs reprises le vuidonde, vidomde de Quarteri. La permutation mn-nd, rare, se retrouve dans Garumna, Gironde, columna, colonde. Quant au a final de Pravidonda, peut-être vient-il de vidomna, ce serait le pré de la vidame.
- Prayoud ou Prajoux, ham. de Châtel-Saint-Denis; Praiod, 1668, carte v. der Weid. Le premier nom, de prateolum, petit pré; le 2e = pré (de la) joux, forêt. On a probablement oublié le sens du premier nom, de là la formation du second.
- La Praz, D. Orbe, li Pra, 1276, la Praa, 1282, M. R. III, 526, 553; Praz en Vully, Frib., Prato in Willie, 1390, et plus de trente hameaux, tantôt m., de pratum, tantôt f.; dans ce cas, de prata, pl. de pratum, pris pour un n. fém. s. Prazon, sommet, alpes de Finhaut, dim. Praz, m., est souvent joint à un déterminatif : — bovet à Servion, pré des bœufs, — Perroz à Hérémence = pierreux; — Preveyroz à Tolochenaz, — Proveyroz à Montbovon, à Cormerod, — Prévoire à Monthey, à Miécourt = du prêtre; v. fr. provoire; — riond à Iserable, Orsière, Prauz ryont et Prato rotundo, 1228, pré rond; Praz-de-Fort à Orsières et Pradefort à Grimisuat; pour de for, de foris, dehors. D’autres composés s’expliquent d’eux-mêmes.
- Praz du Sex, atlas Siegfried, mayens sur Vernamiège. Ce mot offre un curieux exemple de transformation.
L’atlas Siegfried a corrigé en : Praz du Sex, l’anc. notation de la carte du Club alpin : Praz au Sex. Celle-ci était une fausse transcription du nom patois : Praz Ochin; or ce pré s’appelait en 1339 : Prato Ursin et, forme équivalente, en 1416 : Pratum Ursi, soit Pré de l’Ours. /363/ - Prédame, ham. des Genevez, Jura bernois; ancien génitif : pré (du) de la dame ou du seigneur; dame de dominus est s. m. et f. dans le v. fr.
- Preey, prés à Nendaz, Valais; de pré et coll. ey.
- Préfargier, m. à Saint-Blaise, Neuch., Prafargier, 1732; de praz, pré et fargier, contraction de favergier (comme Farge près Gex, de faverge) = pré du maréchal.
- Pregny, C. Genève, Prinniacum, 1113, Prignie, 1271, M. G. IV, 12, VII, Pregnie, 1277, M. G. XIV, 157, Prignie, 1300, Prignye, 1307, 1309, Prignier, 1344, 1388, M. G. IX et III, Prignins, 1480, M. R. VIII, 476. Cette dernière forme évidemment une faute de chartiste. D’après la forme de 1113 = (fundum) Prinniacum, domaine d’un * Prinnius. Holder a un cognomen Prineus.
- Prehl, ham. de Morat, orth. all. pour Prael ou Preel; du latin pratellum, petit pré.
- Au Préire, loc. à Noville, D. Aigle; Champ, Fond au Praire à Vouvry, Champ au Preire à Cheiry, Frib.; préire de presbyterum, prêtre, forme parallèle du v. fr. provoire = champ au, du Prêtre.
- Preisaz, Preyse, s, Preysaz, dim. Preisette, s, nombr. loc. Alpes; les Praises, ham. à Sainte-Croix, formes féminines du participe passé v. fr. preys = pris, fém. prise. Prise est très commun dans le Jura, D. de Grandson et Neuchâtel; une 20e au N. de Montalchez et de Provence; désigne un enclos privé, pris jadis sur les terrains communaux, sur les marches jusqu’alors en friche. Ce terrain gagné ainsi est appelé aprisio dans les textes les plus anciens. Prise est suivi habituellement du nom du premier propriétaire : Prise Perrier, — Bornand; Preysaz au Maidzo, alpes de Veytaux = du médecin, etc. Praisen à Louèche, le même nom romand à peine germanisé.
- Préjeux à Bramois, Valais = pré (de la) jeux ou joux, forêt.
- Prélats ou Prailats, ham. des Bois, Jura bernois; de prael, de pratellum, et suffixe dim. jurassien at pour et = petits prés. /364/
- Prélay, pâturage à Saicourt, Jura bernois, et Prélayes, pâturage sur la Forclaz de Trient, Valais, entourés de forêts = pré (de la) lay, (des) layes, forêts (v. Laye), anc. génitif comme Châteaupré, Six Jeur.
- Prélaz, une 15e de ham. et loc. Vaud, Frib. et Neuchâtel; Prêle, loc. à Bernex, Genève; en Prély à Chandolin (y atone) et avec la permutation e-i : Prilaz, 4 loc. Frib., en Prillaz à Chamoson, Prille à Lens, la Prily ou Prilly à Savièse (y atone); diminutifs Prilet et Prilettaz, contraction du v. fr. praele, prairie, de pratella, pl. n. pris pour f. sing., petite prairie.
- Prêles, D. Neuveville, Berne, Prales, 1178, Preles, 1195, Praela, 1215, Praele, 1284, Prela, 1289, Preele, 1298, Bredelz, forme allemande, 1295; du latin pratella, petits prés.
Nous avons vu dériver Prêles, Prilaz, etc., de prêle, plante marécageuse. Outre que les Prélaz sont ordinairement de bons prés, nullement habités par les prêles, la preuve de l’erreur est donnée par les formes anciennes Praela, Praeles, identiques au v. fr. praele, prairie, tandis que la prêle vient du latin asper, rude, par l’intermédiaire de l’italien asperella, d’où l’asprêle, l’aprêle, puis la prêle, par apocope de l’a qui a passé à l’article. - Prelouri, pâturage, alpes de Corbeyrier, même orth., carte Rovéréa, XVIIIe s. Pourrait-il avoir quelque rapport avec prelouri, nom patois du pilori, bas latin pilorium, de pilier d’après Ducange ? D’après Jaubert, à pilori, ce nom de localité pourrait désigner aussi le poteau marquant la limite de la justice seigneuriale; or le Prélouri est à la limite d’Aigle (ancienne) et de Villeneuve qui n’appartenait pas au gouvernement d’Aigle. Ce fut dans un temps, 1475-1536, la limite entre les terres de Berne et de Savoie. Prelouri signifie aussi toupie : — le pilori tournait sur son axe, — on dit vif comme un prelouri, danser, tourner comme un prelouri.
- Premier, D. Orbe, Prumyer, 1403, Prumier, 1480, Premi, 1779, Premi à Colombier, D. Morges; Premey à Romanel, D. Lausanne; du patois premi, prunier, et suffixe collectif ier, ey, lieu riche en pruniers. /365/
- Premploz, ham. de Conthey, Valais, Aprenplo, 1050, — lire a Premplo, — Prenplo, 1250, Primplo, 1408, Bremploz d’après Lutz, et Brembloz d’après Gatschet qui le tire par un tour de force de érable; mais le b n’est pas justifié par les vieux textes. On pourrait penser à un composé de prim, premier, voir plus loin, mais que signifierait plo ? Origine inconnue.
- Préombar, prés à Nendaz, Valais = Pré-Lombard, pré de Lombard, ellipse de l, que signale Bridel dans l’Entremont : un mu-et pour mulet.
- Préserman, pâturage, Ormont-dessus, contraction de Pré ès Armant, famille existant en 1402; de même Planlerman près Chaussy = Plan (de) l’Armant (note de M. Isabel).
- Presinges, C. Genève, Presenio entre 1012 et 1019, Rég. gen., Persingum, 1012, Prisingium, 1180, 1261, 1344, Presingium, XIVe s., M. G. XIV, 52, XXI, 154 = chez les descendants d’un Germain dont le nom indéterminé doit être de la racine Beraht.
- Presse, atlas Siegfried, et Ypresse, carte Dufour, fausses orth. pour aux Presses, ham. des Agettes, Valais, en patois y Presses. Du reste, origine inconnue.
- Pressy, ham. de Vandœuvres, Genève, Pressie, XIVe s., et Pressier, 1330, M. G. XXI et XVIII, 129 = (praedium) Prisciacum, domaine d’un Priscius, gentilice romain dérivé du surnom Priscus.
- La Pretaire, les Pretayres, es Preteyres, 1720, 2 mayens sur Verbier de Bagnes; la Pretyre à Grimisuat, Valais; probablement du bas latin prestaria, fr. précaire; remise de terres appartenant à l’église en prêt, en usufruit, à charge de redevance annuelle.
- Préverenges, D. Morges, Preverengia, 1177, Préverenges, 1226, 1228, 1233 et 1358, M. R. VI, 523, VII, 33, et V, 277; chez les descendants de * Perwer, Berwer, n. pr. germain. Förstm. a, racine Bera, les noms voisins Berwart, Berwin.
- Preveyroz, Praz — à Tolochenaz, Praz Prévire, Chavannes-le-Chêne, Praz Proveyroz, Montbovon, Planche Preveyroz à /366/ Orzens, un prel Prevoire à Miécourt, 1343 = pré, planche du prêtre, v. fr. provoire, de presbyterus.
- Prévond, Praz — à la Roche, Frib.; Nant Preuvond à Morgins, les Prévondes, chalets sur Montreux = profond, pré, ruisseau profond.
- Prévondavaux, D. Broye, Frib.; ham. de La Chaux et de Longirod, in profunda valle, 1177, M. G. II, 39, et 1254, Rég. gen. 437, Combe de profonde valle, M. R. V, 160, 169; autre près Moudon et à Corbière, mal écrit Prévon d’avaux; — Préondavaux, loc. à Galmitz; de prévond, profond, et vaux, vallée : vallée profonde.
- Prévondens, ham. de Curtilles, ou Prévondin (Lutz), plus conforme à la prononciation; peut-être encore l’adj. prévond, profond; peut-être un composé Pré-Vondens, Vaudens, dérivé d’un n. pr. germain. Il faudrait des formes anciennes.
- Prévonloup, D. Moudon; de prévond, profond; quant à loup, d’après Gatschet, c’est lucus, bois; mais ce mot est inconnu dans la langue romande; c’est plutôt une déformation de locum, lieu, donc lieu profond; nous ne parlons pas de loup, s. m. : loup profond n’a pas de sens. Des formes anciennes seraient désirables.
- Preydon, loc. à Conthey où l mouillé devient d, donc Praillon, petit pré.
- Preylet, Preyse, voir Pralet, Preisaz.
- Prez, D. Glâne, Frib., Preez, 1227, Preeaux ou Preeauz, 1228, F. B. II, M. R. VI, Prelz, 1469; c’est probablement celui-ci qui est la villa de Praels, milieu du XIIe s., M. R. XII, 155, 158, 161; — autre D. Sarine, fréquemment nommé Pratellis, XIIe s., Donat. Haut., Arch. Fr. VI, puis Prees, Prez, Pree; nom encore d’une ancienne seigneurie près Charmey. Les formes primitives ramènent à praels, du datif ablatif pratellis, petits prés.
- Prilaz, Prillaz, Prily, voir Prélaz.
- Prilly, D. Lausanne, Presliacum, 976, Prelie, Priliez, Priliacum, XIIe et XIIIe s., Prilie, 1218, Prillie, 1228, /367/ Prilliez, 1453 = (praedium) Presliacum, domaine d’un Preslius, gentilice romain.
- Prim, m. à Combremont; le Prin, ham. de Murist, m. à Bouloz, Neirivue et Saint-Martin, Fribourg; m. à Oron; ès Prins à Cully; les Prims à Henniez; les Prims bois à Henniez et Romainmôtier, le Primboux à Fiaugères, Fribourg; Primmapraz à Puidoux et Prâprins à Martigny; anc. fr. prim, f. prime, aussi écrit prin, de primus, premier = la première maison, le premier bois, les premiers prés sur la route. De même en romanche prim, prem, prüm : Alp prüma, val Roseg, première alpe en montant le vallon.
- Pringy, ham. de Gruyères, Fribourg, Pringiei, 1115, 1142, Prengie, 1224, M. R. XII, Pringiey, 1331, Pringie, 1242, 1388, Prengie, 1248, etc.; de (fundum) Primiacum, domaine d’un Primius, gentilice romain tiré du surnom Primus. Holder, II, 1043. Hisely rapportait à tort les 2 premiers à Prangins; voir Prangins.
- Princhy, ham. de Praroman, Fribourg, et ferme à Oberried, Fribourg = (fundum) Principiacum, domaine de Principius, gentilice attesté par 4 inscriptions.
- Prinze(ts), Printze ou Prenze, rivière, vallée de Nendaz, Valais; les Prinzes, deux torrents jumeaux, affluents du lac de Derborence, Valais; dérivés de prins ?
- Prinzière (ou Pringière, Prengière, Lutz), ham. de Savièse, Valais, Prenseriis, 999, Prensieres, 1250, 1277, 1304, Preynsieres, 1294, Prinseres, 1414, dérivé du v. fr. prins, e = pris, bas latin prensus, probablement parent des prises du Jura; voir ce mot.
- Prioresses au vignoble d’Echichens, D. Morges, anc. propriété du prieuré de Cossonay = (vignes) prioresses, du prieur.
- Prise, voir Preisaz.
- Prodefort, loc. à Vétroz = Proz de for, pré de foris, dehors, pré de dehors, écarté.
- Produit, village de Leytron, Valais, endroit très fertile, et Produet à Vétroz. Serait-ce le participe produit ? /368/
- Prody, village de chalets près Gryon, d’après Lutz; c’est une contraction de Praz Hudry, carte Siegfried, Hudry, du n. pr. germain Udalrich.
- Progens, D. Veveyse, Frib., Progin, 1324, 1668, carte v. der Weid; Progins, loc. à Boulens. « La terminaison correspond à ingum, mais le nom lui-même n’a pas une apparence germanique, » dit M. Stadelmann, op. cit. Dellion donne encore Progyn, Progen.
- Prolin, voir Pralovin.
- Promançon, prés à Fully = Proz-Mançon ou Manson, n. pr., forme archaïque de Masson; un Aymon Manczon ou Maczon d’Ayent est nommé dans plusieurs actes de 1269-1288.
- Promefan, bois à Miex sur Vouvry. M. Isabel nous traduit mefan = moussu, humide, spongieux; donc pré moussu, humide.
- Promasens, D. Glâne, Fribourg, Promesens, XIIe s., Promaseins, Promasans, 1220, M. R. XII, 57, 58, Promaisens, 1228, Parmesans, 1251, Würstbg., 151 = chez les descendants de Promas. Un Johannes Promaz de la Vonnaise signe un acte en 1438.
On a longtemps identifié Promasens avec le Bromagus de la carte de Peutinger. Dellion le fait encore en 1898, Dict. IX, 250, 51. M. Pasche a démontré qu’il s’agit d’Oron. - Promenthoux, ham. de Prangins, D. Nyon, Promotor, 1154, Pormentor, 1179, Promuntor, 1181, Promentor, 1236, Promantor, 1246, Promentou, 1233 et 1258, M. R. VI, 209, V, 345, Promentour, 1492, etc.; du latin promontorium, à cause de sa position sur un promontoire très marqué du Léman.
- Promeyriaz à Genollier = pruneraie, du patois promei, prunier.
- Prommetsch, loc. à Gampel; n’est autre qu’un prunetum, patois promma, prune, avec le suff. collectif allemand etsch.
- Ès Pronneys à Vuadens et à Vaulruz, Fribourg = aux Pruniers.
- Protieux à Vérossaz, Valais = Proz (du) Tieu, du col, voir Cœur. /369/
- Proulin = pré lovin, du loup; voir Pralovin.
- Provence, D. Grandson, Provency, 1340, 42, 43, 58, 67, 78, Provincia, 1359, Provencey, Provence, 1378 (Matile), Provenica, 1403.
- Proveyroz, Praz — à Montbovon, à Cormerod, à Essert, Lac, Frib., Montprovayre aux Clées = pré, mont du prêtre, v. fr. provoire, du latin presbyterus.
- Proz, forme valaisanne, archaïque de Praz, latin pratum, pré; nombreuses localités : — Riond, rond; Prauz Ryont à Liddes, 1228; — du Sex, du rocher; — Peray et Perey = du pierrier; Som-la-Proz, ham. d’Orsières = Sommet des prés. (On dit de même Pro ou Prau, en romanche : Pro digl God = pré du bois, — Prosutt, d’en bas, — Surava, sur l’eau; — de pedra, pré de pierre.) Le Prolet, m. à Saint-Gingolph, dim.
- Les Pruats, 2 ham. D. Courtelary, Berne, n. pr.
- Prumey à Echandens, D. Morges; de prunetum (n-m), endroit où abondent les pruniers. Prumeret à Monnaz, casale de Prumiers, Ependes, Frib., 1278, M. F. I, 274; de prumier pour prunier; un ès Pruniers, Ormonts, 1382.
- Publoz, ham. de Puidoux, D. Lavaux, Publoz, 1193, Hidber, II; ham. d’Essertines-Echallens et 7 loc. Vaud et Frib.; Pobloz (ou Poubloz) à Fully, Valais; du v. fr. puble, patois publlo, peuplier. Un Publo à Jussy, 1275, M. G. XIV, 139; Burc. de Publos, 1257 (Matile), et Publu, 1284, Puplu, 1298, près Neuveville (Trouillat); ouz Publoz de Cresetes, les Croisettes sur Lausanne, 1476, M. R. XXVIII; au Publet, Publiet (ou Publieil), m. à Vuisternens-en Ogoz et h. à Marly, diminutifs.
- Puey, Puit, Puy, voir Peu.
- Pully, D. Lausanne, Pulliacum, 962, 993, 1017, Puliei, Pulie, 1142, Cart. Month., Pulei, 1146, Puliacum, 1155, Pauliei vers 1178, Donat. Haut., 212, Pulli, 1198, Pullie, 1223, villa Puliaco, 1238, Pollie, 1250, Pullyez, Pullie et Pullye, 1368, M. R. VII, 244, Pulliez, 1377, 1453; d’après Gatschet, du kymri pull, marais, breton pwl, poull, lieu marécageux; mais il n’y a pas de marais à Pully et le suffixe iacum indique la dérivation /370/ d’un nom d’homme; nous le rattachons à (praedium) Polliacum, domaine d’un Pollius, gentilice romain, d’où viennent également nos Poliez et les nombreux Pouilly de France. (En comparant avec les anciennes formes de Poliez on voit que les deux noms ont varié et ont présenté tour à tour o et u. Holder indique aussi un Puliacum, variante de Polliacum.)
Il est évident que le Pulliacum de 962, testament de la reine Berthe, se rapporte à Pully, et non à Pouilly, Pays de Gex, comme l’ont admis les auteurs du Régeste genevois, puisque l’abbaye de Payerne y a possédé un prieuré jusqu’à la Réformation, tandis que Pouilly appartenait à Saint-Claude dès 1110. - Puidoux, D. Lavaux, Poistdor, 1036-1054, Donat. Haut., Poidoux, 1134, Poysdor, 1140, Poidor, Poydoux, 1141, Poydors, 1142, Podoir, 1154, Posdor, 1171, entre 1163-1180, Arch. Fr. VI, Postdor, 1200, 1209, 15, Poydu, Poedour, 1274, Cart. Haut-Crêt. D’après Gatschet, de puteus de horreo, le puits de la grange. Pour nous de post, derrière, et dorsum, dos, provençal dors, post dors = derrière le dos, derrière la croupe de la montagne, le village étant en arrière du mont pour les habitants de la rive du lac, la première habitée.
- Puplinge, C. Genève = chez les descendants de Pupilo, n. pr. germain, dérivé de Pupo, de la racine bob, garçon. Förstm., p. 272, n’a pas Popilo, mais le fém. Popila.
- Puries, voir Pourriez.
- Puttet, voir Pouttet.
- Puy, voir Peu.
- Pya Enson, pâturage à Vernamiège, Valais; de pie, s. f., sole, une des parties de l’assolement triennal, et de en son, au sommet : la pie du sommet. Ce nom semble indiquer que les cultures se seraient élevées jadis jusque-là.
- Q
- Quart, château ruiné à Bourg-Saint-Pierre, Pont de Quart, vieux pont de pierre à l’alpe de Vingt-Huit, sur la Dranse de Bagnes, Valais. De la famille de Quart près d’Aoste, qui avait des possessions dans ces vallées dès le XIIe siècle. /371/
- Le Quart, loc. sur les Mosses d’Ormont, au Quarroz, 1332, quart : fausse orth.; Quarroz, loc. à Savièse, Veysonne, Vionnaz (le Quart, 1775), les Quarres, loc. à Travers; de quadruvium, carrefour, comme les nombreux Carroz ou Carre du pays.
- Aux, ès Quartes, loc. Ormont-dessus et à Vérossaz, Valais, ès Cartes à Evionnaz, Quartes, 1760; les Quarteys, m. et grange Ormont-dessus; le Quarty, le Carty, ham. du vallon des Mosses, comme les Quartiers à Château-d’Œx, collectifs, Ormont-dessous. M. Isabel nous écrit sur ce mot : « Une carte est en patois un beau pré uni, rectangulaire, assez allongé; mes parents possédaient à Vers-chez-Mossy la carta d’amont et la carta d’avau, anciens champs devenus prés. » Mot ancien : des vignes « sitas es Quartes à Louèche, 1285; » la localité ès Tierces, jouxtant les Quartes de Vérossaz, pourrait faire supposer que ces mots désignent une numérotation, troisième, quatrième partie d’un mas. Nous croyons qu’il y a là une simple rencontre fortuite; partout ailleurs les tierces et les quartes sont isolées, voir tierces.
- Quartériés, loc. à Sion, vineis deys Quarteries, 1273, la Quartéry, loc. à Vex; Quatéry, loc. à Conthey, probablement le même mot; peut-être d’un n. pr., nous trouvons à Sion en 1267 un Quarter, leprosus, un Perrodus Quarteir à Granges, 1319, M. R. XXX, 169, XXXI, 297, mais dérive plutôt du bas latin quarteriam, quatrième partie d’un arpent, mot assez souvent employé, synonyme de quarteron, « dimitto unam quarteriam quae debet unum modium de segle. » Ducange.
- Quay ou Quez (pron. Couai ou Coui), champs et mayens à Mage, Valais; le Quaye, chalets à Champéry, Chable du Quay à Vionnaz, Kai, 1723; Quayes, m. à Muraz et forêt à Vouvry (aussi Quoyes); les Equayes à Monthey, ès Coayes, 1696. Parent de quai, bas latin caium qui, d’après Littré, vient du celtique; kymri kae, haie, barrière, bas breton kaé, haie, et qui a passé dans le français chai ou chais. Ce serait donc propriété close de haies, de barrières. La difficulté est la prononciation kouaî, non kai, qui paraît toutefois récente, à en juger par l’orth. de 1723. /372/
- Ès Quemounailles, ham. de Lovens, Frib.; patois pour communailles, terres communales, latin communalia.
- Quenet, bois à Courroux, Essert ès Quenets à Courrendlin; voir ci-après
- Querquevi, maison à Mutrux, D. Grandson. D’après le professeur A. Godet, de quercuum via, chemin des chênes; très douteux, la racine quercus n’a rien donné en français et le dérivé quercinus est devenu chêne, q donne constamment ch dans tout le pays romand, quesne, quêne est une forme picarde. Vient plutôt d’une racine celtique comme les noms fort ressemblants de Querqueni, Querquerni cités par Holder, sans étymologie. Les noms de Quequenerie, m. entourée de bois à Chênens, Frib., et Quenet sont encore plus rapprochés de ces mots celtiques.
Quénot est en France un des noms vulgaires du Prunus Mahaleb si répandu dans les terrains calcaires du Jura. Quenet serait-il une forme jurassienne de ce mot ? - Queudre, Queudray, plus. loc., par exemple ès Queudrays à Vionnaz, Coudrey, Cudrey, 1723, autres formes de Coudre, Coudrée, lieux où abondent les noisetiers.
- Queue, voir Cuaz.
- Quisselin, atlas Siegfried, torrent, affluent de la Dranse près Martigny, dit aussi Quiercelin et Tiercelin. Cette dernière forme nous paraît la véritable : c’est un petit torrent, et le troisième en montant depuis Martigny; de tiers, troisième, avec un double suffixe diminutif.
- La Quoquaire, pâturage à Rougemont, « lè cokoué, s. f. pl. est, nous écrit M. Isabel, le nom patois aux Ormonts du Cirse oléracé et de la Berce brancursine (kouka au Jura). » Les inflorescences de ces deux espèces sont renfermées dans leur jeunesse dans des bractées arrondies en coque, de là leur nom patois. La Quoquaire est sans doute un pâturage au sol humide ou doux où abonde le Cirse oléracé.
- R
- Ès Rabes, loc. à Leysin = aux foins maigres, rabe en patois, rabbé, s. m., au Pays-d’Enhaut, foin recueilli dans les lieux /373/ dangereux des montagnes. Bridel. « Dans les Alpes d’Ollon, faire les rabes c’est faire les foins maigres des fauchages écartés; » quant à rabe, origine inconnue. (Note de M. Isabel.)
- Rabou, ham. de Gryon, D. Aigle, un Walner de Raboz, 1262, M. R. XXX; Raboux à Corcelles-le-Jorat, ès Rabouds à Bex, en Raboud à Vuadens, ces deux, fausse orth. du patois rabou, raboteux, inégal, vaudois rabotu; par contre Raboud, Praz — à Echarlens, Champ Raboud à Vuarmarens et Corbières, sont des prés, des champs de Raboud, de Ratbold, n. pr. germain, voir Villaraboud.
- Le Raca, loc. à Ormont-dessus, au Raccard à Colombey, Recard, 1696; en Raccard, m. à l’Etivaz, Pays-d’Enhaut, Raccaz (Raca) au Châtelard, Fribourg; au Raccot à Monthey, Racort, 1696, Racor, 1819; peut-être parents du nom gaulois Rascas, 4 loc. du midi de la France dans Holder, et du n. commun raccard en Valais, nom des petits greniers où l’on serre diverses récoltes; on l’écrit aussi rascart, ce qui est l’ancienne orthographe : un champ au Racart, au Rascart à Nax ou Vex, 1224, 1228, M. R. XXIX, et rascardum dans les Articles de Naters, 1446 1.
- Racettes, localité, vignes à Founex, D. Nyon; probablement faut-il écrire Rassettes, dim. de raisse, bourguignon raice, qui signifie ici terrasse de vigne soutenue par un mur, n. commun dans le vignoble et n. pr., les Races à Vionnaz, Rasses, 1775, 1723. Littré le tire du v. h. all. reiza, ligne. On disait au moyen âge, dans le même sens, raie : en 1269 Waland de Grimisuat vend « quinque sextarios reddendos in meis raes sitis apud Mulignon. »
- Rachi ou Rachy, Sur le —, ham. d’Ormont-dessus, Rachier, 1531, Dessus le Rachy, 1688, Ratchies, carte Rovéréa; Rachy, loc., à Saint-Aubin, Frib.; les Rachés, crêt à Leysin; Soratchi, alpes de Gryon; forêt du Racheux à Bex et du Raji à Hérémence, Valais, une Combe Rachis près du Dézaley, Lavaux, 1184; Ratzé, pâturage à l’Etivaz; en Radzy, forêt et pâturage à Châtel-Saint-Denis. /374/ Origine incertaine : le v. fr. a rach, dim. racheau, souche; Littré donne encore rachée, souche de bois qui a été coupée et sur laquelle il repousse des branches. D’après ceci, les noms ci-dessus désignent sans doute des bois taillis, de rach, souche, et collectifs y, é, eux. D’un autre côté le v. fr. a rachier, déraciner, arracher, et ces mots pourraient en être des dérivés : un rachis, endroit où les arbres ont été arrachés, comme semis de semer.
- Rachigny, ham. de Corcelles-le-Jorat, nous paraît être le Raschignier, 1340, et Rasthignye du Rec. dipl. Frib. III, et V, 66; origine du reste inconnue.
- La Racine, ham. de Saulcy, Jura bernois, Racijna, 1182, Tr. I, 385. Une autre Racine au Chenit et Racenaz, loc. à Chapelles, D. Moudon; la Rassenaz, champs à Mont-la-Ville; paraissent être simplement le n. commun racine.
- Rad(z)sy à Châtel-Saint-Denis; voir Rachy.
- Raffort, Raffour, Rafour, Raffornet, dim. à Colombey, nombreux hameaux et lieux-dits, une 40e; du v. fr. rafour, four à chaux, mot encore usité dans tout le sud-est, Alsace-Dauphiné, du bas latin rafurnus, raffurnum (Ducange), du celtique ra, chaux, et du latin furnus, four.
- Les Raichènes, bois à Martignez, à Courchavon, D. Delémont, Berne = Rei ou Rey-chênes, bois de chênes soumis au droit de rey ou réage, — bas latin reagium, affouage, — comme le montrent ces textes de Trouillat, III, p. 199 : « li dit proudommes d’Alle doivent havoir lour ray en lai dite monteigne … par ainsie comme les boines furent mises », 1314 et p. 415 : « Li bourieys de Pourraintruy ont rahe en la montaigne, fust boix pour maissoner, pour fuage ou pour altre caux. » Les mêmes termes se retrouvent dans les franchises de Blamont, de Clémont.
- Raimeux, montagne D. Moutier, Ramul, 1317; le Rameul au S. de Souboz, Jura, fermes à Rebeuvelier; du latin * rameolus, diminutif de ramus, rameau, qui a donné ran, au sens de chaîne de montagnes; voir Ran.
- Le Rainson, sommet sur Cortébert, Jura; de Rain et son, de summum = sommet du Rain ou Ran; voir Ran. /375/
- Raisse, Resse, Rasse, nombreux ham. Vaud et Neuchâtel; en Valais ss devient ch : la Rache à Ayent, aux Raches, loc. aux Anettes, Sion; Rèche (ou Raiche), ham. de Chandolin d’Anniviers; Reschy ou Rèche, ham. de Chalais, D. Sierre, Ressi, 1200, 1250, Ressy, 1301; dérivés de raisse ou rasse, scie, puis scierie. Quant à raisse, il vient sans doute de la racine celtique ratis, fougère, dérivés, racia, irlandais raith, ce qui est denté, pectiné; la raisse ou scie serait donc appelée ainsi par comparaison avec les dentelures d’une fronde de fougère. M. le prof. Bonnard préfère y voir l’ancien norois râs, gouttière, qui aurait passé au sens de conduite d’eau, de là à scierie et enfin scie. Raisse était un n. commun. Un règlement forestier de LL. EE. de 1700 dit : Nous entendons que toutes personnes qui possèdent … des raisses se contentent de vaquer à leur raissure sans faire trafficz d’aix, de feuilles et de littaux .. ils pourront raisser premièrement ce qui leur sera nécessaire pour leur propre usage, etc. »
- Ès Rammes ou Rhammes, loc. à Fribourg, eis Ranmes, 1405, Rammes, 1412; endroit où se trouvaient jadis les rames, châssis sur lesquels les drapiers étendent leurs draps pour les unir. Par contre les localités suivantes doivent avoir une autre origine : eis Courtes Rammes, champs à Etoy, les Rames, prés à Veyge de Leysin, forêt des Rames au Saint-Bernard, la Rammaz, m. à Froideville, au bord du Talent, Ramaz, 1527, loc. à Payerne près de la Broye; peut-être forme dérivée du latin ramus, rameau, f. rame.
- Ran ou Rang, Tête de —, sommet du Jura neuchâtelois, Sous le Rang, ham. des Bois, Sur le Rang à Saint-Braix et Damvant, Sur les Rangs à Cœuve, Soulce, Lajoux et Epiquerez, le Malrang à Saint-Ursanne; — en Ran à Bioley-Orjulaz, Pré du Ran, Lignerolles, Sur le Ren, Ecublens; en Ren, Bretigny; Loz Ren, Préverenges; le Rin à Font, au Rin à Orny, Crêt du Rin à Dombresson, Bois du Rin à Montmagny, le Grand Rin, partie du village de Prez, Frib., le Rin ou Rein (Rhin, carte top. Vaud) à Baulmes. On a voulu dériver Tête de Ran, de ran, bélier (par exemple Gazette de Lausanne, 19 juin 1905), mais cette étymologie /376/ ne saurait s’appliquer à la plupart des loc. ci-dessus : Sur, sous le bélier, le mauvais bélier, en bélier, etc., n’a pas de sens. Toute la série vient du latin ramum, rameau, employé déjà par Pline au sens de ramification de montagne; ramum donne régulièrement raim, comme vanum = vain, famem = faim, et dans les patois ran, fan. De là les formes vaudoises ran, aussi n. commun : un ran, rondin de fagot, ren, rin (= raim), le bourguignon et le vosgien rain, le provençal ram. Une autre preuve à l’appui est donnée par les diminutifs Raimeux, montagne du D. de Moutier, Ramul en 1317 (de ramulum) et fermes à Rebeuvelier, et le Rameul, près de Souboz, Jura bernois, de rameolum, trois localités où l’on retrouve le m du radical ramum.
Quant à l’étonnante étymologie que donnait jadis M. F. Chabloz dans le Musée neuchâtelois (XIV, 288), où il traduit « Tête de Ran » par « Tête de Rien », elle montre à quelles fantaisies on peut s’égarer. - Rances, Rancias vers 973, Rances vers 1180, Donat. Haut., et 1228, M. R. VI. Le Dict. hist. Vaud y rapporte le Radiniacum du VIe s., M. R. VI, 30 (il dit Radicuacum : faute d’impression ?), tandis que le Cart. Laus. en note attribue cette localité à Renges, sans doute parce que ce nom est placé entre ceux de Romanel et de Tolochenaz, ce qui ne nous paraît pas une raison suffisante. Renges a une autre origine, voir ce mot, et Radiniacum donnerait Radigny ou Radignier. Quant à Rances, il doit venir d’un n. pr. gallo-romain à rechercher.
M. Maxime Reymond, dans son étude sur les Origines du Prieuré de Baulmes (Revue hist. V., décembre 1905), après avoir constaté comme nous que Radiniacum ne peut donner Ranges, se demande si Radiniacum ne serait pas le nom ancien de Saint-Saphorin sur Morges. - Randa, village D. Viège, Valais; Randonne, ham. de Fully, Randona, 1262, Wstbg., Randogne, D. Sierre, Randonia, 1224, 1227, Randoyny, 1250, 1438, Raydogny, 1250, etc. Randonnaire, pâturage sur Bex et alpe de Rougemont, dominant une paroi de rochers, Randonneires, forêt, Pays-d’Enhaut; dérivés comme le subst. randon du celtique randa, randos, bord. /377/ Dietz le tire de l’all. rand, même sens. Les villages de Randonne et de Randogne sont tous deux au bord d’un plateau élevé.
- Les Rangiers, ham. et chaîne de montagnes, D. Porrentruy; infinitif v. fr. rangier, puis subst. au sens de rangée. On pourrait objecter que l’infinitif ne peut guère avoir le sens d’un participe passif, mais on écrit souvent l’un pour l’autre et l’on trouve le dîner, le goûter, le souper, comme le dîné, goûté, soupé.
- Râpe, Rapaz, Rappes, Rappaz, nombreux hameaux et lieux-dits Genève, Vaud, Valais et Fribourg, plus d’une 100e; Rapettes, Rapille, Raspille, Rapillette, diminutifs Rapaces à Colombey (en Valais un dépréciatif n. c., rapasse); du v. fr. raspe, futaie; rapa dans Bridel, friche en pente avec des buissons. Raspe paraît être une forme plus moderne de rispe, qui a donné nos nombreuses Rippes, par exemple la Rippe, D. Nyon, Rispa, 1290, les Rippes à Perly, ham. de Montricher, loc. à Lussery, rispes, XIVe s., et 20 autres, la Rippaz aux Plans sur Bex, à Vandœuvres, Charmey; Ripaz à Lully-Morges, Ripaille à Champéry, aug. Ripettaz, une 12e, Repettes, 6 loc., diminutifs. La forme raspa paraît dans les textes concurremment avec rispe, les Raspes de Martignie, 1264, Gothefredo des Raspes, 1287, mais surtout depuis le XIVe s. : un Raspis, 1408, Râpes de Martigny, une Raspaz à Sierre au XVe s. Presque tous les textes antérieurs ont rispe, ripe ou rippe : cum aquis, rippis, 1319, dans Trouillat; ès Rispes, 1242, Râpes de Lausanne, M. R. VI, 666, nemus Risparum encore 1400; 11 poses de rispes à Bussens, 1377; Y ripe à Vernamiège, 1250, la rispe de Greyliez, 1377, la Rippaz de Grelliez, 1500, la Rapa à Vionnaz, les Reppes, 1728. On peut conclure de ces rapprochements : 1o que rippe et râpe sont deux formes d’une même racine, la 2e postérieure; 2o qu’il faut écarter le latin ripa et l’allemand rippe, côte, auquel on aurait pu rapporter le premier, et que l’origine est encore incertaine. L’explication la plus vraisemblable est celle qui rattache ces mots au v. h. all. hraspôn, gratter, râper, les râpes étant des terrains rocailleux, peu fertiles, à végétation clairsemée, la forme Rippe due à l’influence de l’all. rippen, reiben, qui signifie également gratter. /378/
- Raraigue, loc. à Aigle; de rare et aigue, champs graveleux où l’eau est rare.
- Le Rard, mieux le Râr, le Rare Descha, pâturages d’Ormont-dessus avec sapins clairsemés; les Rares, loc. à Corbeyrier, d’après M. Isabel, pour qui, très justement, ce mot est une forme masculine du patois râra, s. f., clairière, éclaircie. Il y a un ès Rards, forêt à Bagnes, une Rara, forêt à Bourg-Saint-Pierre, et l’on dit une rareta. Le masc. est un n. commun en Valais : à vendre un rard, etc. Rarozet(ts) à Conthey, diminutif.
- Rarogne, bourg en Valais, Rarun, 1146, Hidber, II, 1220, Raronia, 1210, Rarognia, 1221, Raroignia, 1260, Rarogni, 1267, Raroygnya, 1287, M. R., Rarogny, 1372; d’après Gatschet, du bas latin rara, raris, sentier, aussi canal, d’où il tire un adj. raranus, à cause des canaux, des bisses qui sillonnent le territoire, mais raranus donnerait rarain, il faudrait plutôt supposer rara et suffixe augmentatif ogne, ce qui serait possible. A rapprocher une loc. (Ts)Zararogne à Chippis. Ce nom vient probablement d’une racine celtique comme tous les noms d’anciennes localités de la vallée du Rhône. Il y a un Rarauna (Deux-Sèvres), dont le nom est indiqué aussi comme celtique.
- Raspille, ruisseau près Sierre, Valais, Raspilly, 1267, Raspillia, 1331; de la contrée qu’il traverse, une raspille, dim. de raspe, râpe.
- Rasse, Ratzé, voir Raisse, Rachy.
- En Ratevel ou Ratevet, 2 pâturages à Rossinières, Château-d’Œx, Rathvel et Rathevel, 2 pâturages et ruisseau à Châtel-Saint-Denis (ou Rathevy ou Raschevys); Ratevy à Lessoc, Rachevy à Charmey au pied de la Wandfluh; Rativelberg, 1668 v. der Weid. « On dit à Vionnaz rate pour gratter, » nous écrit M. Bonnard. Si cette forme est connue dans la Gruyère : ratevé ou vi = veau, Ratevel serait un équivalent de Gratteveau, voir Gratte.
- Rause, affl. de la Birse, D. de Moutier; voir Reuse.
- Ravanay, loc. à Chamoson, Valais; lieux où abondent la roquette et la ravenelle, latin raphanus, avec suffixe collectif ay. /379/
- Raverettaz, nom employé conjointement avec celui de Rionzette, pour le torrent qui vient des Mosses et se jette dans la Grande-Eau sous Aigremont; paraît se rattacher au v. fr. rabière et au romanche ravera éboulis, voir Ravoire.
- Les Ravières, 2 loc. Ormonts; loc. à Neuchâtel, Locle, aux Breuleux, m. à Boécourt, loc. à Courgenay, Jura bernois; Ravyeren à Gampel, Valais, forme germanisée; endroits où l’on cultive des raves, bas latin raverias, latin raparias. Peut-être quelques-unes des Raveire de l’article suivant sont-elles aussi des ravières.
- Ravoire, 7 ham. et loc. Bas Valais, Raveyre, 6 loc. Valais et Alpes vaudoises et 4 Frib., Raveire, ham. de Rossens, Frib., Ravayre à La Chaux, Ravuire à Lens, Rowoeri, 1250; ès Ravuyres, Vionnaz, 4 Ravyre Corbeyrier, Veyres, Varone, Grimisuat (Raveyry, 1250), Ravary à Bercher et Pompaples, Revœrre à Bex, Raverasse à Salvan; tous ceux des Alpes, coteaux rapides, très secs, exposés au soleil; le vaudois a raveur et ravaire = ardeur solaire, voir Bridel, p. 317; peut-être de la famille de rabies, qu’Horace a employé au sens d’ardeur solaire, chaleur caniculaire. D’autre part Littré signale dans Ducange un mot rabière qui serait parent de rabina et le romanche a raveras, rueras, éboulis, ce qui rapprocherait ces mots de ravine. [Voir Additions et corrections : Ravoire, p.546]
- Les Ravins, passage des Alpes bernoises au N. d’Ayent, Valais, en all. Rawyl, Rawins, 1257, M. R. XXX, 22, Rawyn, 1418 = ravins, lieu creusé par les ravines.
- Ravoinet, 2 loc. dans des combes des Alpes d’Ayent et de Lens; paraissent dériver de la même racine que le précédent.
- Raye, Rayes, Reille, nombreuses localités des Alpes; patois raye et rellhe : couloir dans des rochers escarpés; dans la plaine, champs labourés. Raye, Roye dans le Jura bernois, Reyen à Louèche, forme germanisée, ès Reillons à Corbeyrier, diminutif; du celte rica, sillon, bas latin riga, provençal rega, Berry rège, v. fr. reille et roye, roie = raie, sillon, champ labouré.
- Rebeufonaz, loc. à Aigle, Rebuffyna, 1342, Roboffonaz, 1595; du verbe v. fr. rebuffer, re augmentatif et buffer, /380/ synonyme de bouffer, souffler, provençal bufar, l’endroit étant à Aigle le plus exposé à la brise froide des Ormonts, connue sous le nom de « vent de la Chenau. »
- Rebévelier, D. Delémont, Robervilier, 1181; Rebeuvelier, D. Delémont, all. Rippertswiler, Rebuvouilier, 1148, Ripoltswlire, 1184, Rubuvilier, 1308, etc. = 1o village de Robert, 2o village de Rippert ou Rippolt, formes diverses de la même racine germanique.
- Rebrecca, bois à Villars-Burquin, D. Grandson; du v. fr. brecca, brique, fragment, morceau, et préfixe réduplicatif re, terrain très accidenté, parsemé de rocs.
- Rêche, Za (Chaux), au Sanetsch; peut-être la Chaux rêche, rocailleuse, raboteuse. Nous rapprochons de ce mot, comme paraissant avoir la même racine, la Rêche, torrent à Conthey, à côté de la Rogne, les champs Rechoux à Ocourt, D. Porrentruy, au Réchet, vignes à Ollon.
- Ès Rechennes à Vionnaz, Ruchenaz, 1723, Vouvry, en la Ruchenaz, 1720, Leysin, Vers la Ruchina, 1332, loc. Ormonts; Retzenaz à Evionnaz, Sous les Retsenes à Villars sur Ollon; du verbe patois inretsenâ, arranger des récoltes sur des lattes sous un avant-toit (Isabel), rossena, échafaudage ad hoc, voir Rossinières; sans doute il y avait autrefois de tels échafaudages dans ces localités.
- Reclère, D. Porrentruy, Resclires, 1150.
- Recolaine, ham. de Vicques, D. Delémont, all. Ricklingen; cette forme = chez les descendants de Richilo, n. pr. germain, dim. de Richo. La forme française a l’aspect d’un adjectif : villa Richolana, villa de Richilo. Il faut y rapporter sans doute la Cumba Reculini, 1136, 1154, Tr. I, 262, 320.
- Recon, grand pâturage, alpes de Vionnaz, D. Monthey, alpe de Ruscon, 1345, copie d’un acte de 1293, Ruccon, 1723; peut-être du moyen h. all. rusche, jonc. Bridel le dérivait de (lacus) recunditus, lac caché, écarté, voulant tirer le nom du pâturage du lac minuscule perdu dans un repli du terrain, près du col. Les anciennes formes repoussent cette explication. /381/
- Reconvilliers, D. Moutier, Berne, Reconisvillare, 884, Roconsvillare, 962, Recconvillare, 1161, Riconvilier, 1180, Reconvilier, 1225, Reconvilier, 1403 = villar, village de Recho ou Reccho, n. pr. germain, comme Reckingen dans le Haut Valais. Un Reccho signe un acte de 1008. Tr. I, 150.
- Recorbes, presqu’île de la Venoge, la Recorba, loc. à Neuchâtel, Recorbet, écart de Vaulion, Recourbes, loc. à Bex et Ormont-dessus et sentier aux nombreuses sinuosités qui monte à Naye; de courbe et re, réduplicatif.
- Record, Grands-Records, très nombreux lieux-dits (21), dim. Recordon, v. fr. = second regain; du latin chordum. « Il y a dans le Dict. latin de Georges un adjectif latin chordus, avec une citation de Caton : chordum fenum = regain. » (Note de M. Bonnard.) En bas latin recordum : « supplicant … ut ipsi … possint facere recorda, gallice les recours, » 1470, M. R. XXII.
- Recrettes, fermes aux Brenets, Neuchâtel; de crête et préfixe augm. re.
- Ès Recrues, loc. à Noville et Port-Valais dans les alluvions du Rhône; participe de recroître, terrain conquis sur les eaux.
- Recules, loc. à Mont et Perroy, D. Rolle; subst. verbal de reculer; Reculet, deux pâturages de Gingins et sommet du Jura français = v. fr. reculet, lieu isolé, écarté; en 1293 une terre dol Reculet, vallée d’Hérens, M. R. XXX; en Reculan, loc. Ecublens, Bussigny, Reculanaz à Romainmôtier et Montherod, et sans doute Recollan à Burtigny (fausse orth.), formes adjectives = (terrain) reculé.
- Ès Redennes, bois à Chevilly et Moiry; peut-être du bas latin redellus, bâton, brin de chêne, avec permutation l-n comme delèse-denèse, lentille-nantille; désignerait un bois taillis donnant des brins de cette dimension. Ducange a aussi un mot redon, bâton de fagot.
- La Reffa, arête dentelée se détachant du Bel Oiseau, alpes de Finhaut, Valais; probablement pour raissa, scie, permutation s, ch-f comme dans oche-offe, Salanche-Salanfe, Singlioz-Fingles.
- Remaufens, D. Veveyse, Frib., Romulfens vers 1236, M. R. VI, 377, /382/ Remoufens, 1429, Remonfens, 1453, Remuffens, 1668, carte v. der Weid = chez les descendants de Romulf, n. pr. germain. Förstm., 748.
- Rembloz, pâturage sur Vernamiège, Valais; au Remblais à Colombey, Remble, 1696, Remblet, 1775; loc. à Bournens, Pailly; Reimbloz, alpes d’Ollon, Rimbloz, loc. à Cerniat et Mossel, Frib.; du patois reimbllo, lieu bourbeux, fondrière.
« No ne sein pas mô einreimblla. »
Nous ne sommes pas mal embourbés. (Ranz des vaches.) - Remointze(ze), alpe de Trient, d’Ayer, Anniviers, etc.; c’est est un n. c. pour désigner une alpe de rechange, subst. verbal du patois remoua, changer de place.
- La Remosse, ham. de la Brévine, Neuchâtel, Ramosses, 1342, Matile, Ramosse, 1588, M. N. VIII, Remossa, 1624, Etrennes Neuch. II, 151.
- Renalettes, forêt à Hermenches, D. Moudon, Renoillire à Evolène, Renallière à Bernex, à Grens, Renaillire à Crans, Renollier à Poliez-le-Grand, Renolliez à Villarepos, Renolly à Ogens, Renoillat à Missy, Renailly, ham. à Villaz-Saint-Pierre; le premier diminutif, les autres collectifs du patois renallhe, de ranacula, dim. de rana, grenouille : grenouillères.
- Renan, D. Courtelary, Berne, Runens, 1178. L’orthographe actuelle est toute moderne, on écrivait encore Renens en 1765 et 1794, M. N. XXXI, 39; voir Renens.
- Renaroche, chalets sur Bruson de Bagnes, Valais; contraction de revena rossa, ravine rousse.
- Les Renauds, ham. d’Yvorne; cette orth. de l’atlas topogr. Siegfried est fausse. C’est un nom de famille d’Yvorne, autrefois comme aujourd’hui avec deux n : Ame Rennaux, 1327, Claude Rennaud, 1598, les Rennaux, 1747, Jacques Rennaud, 1763 (chartes d’Aigle).
- Renens, D. Lausanne, Runingis, 896, 963, in finibus Runingorum, 920, Runens, 1147, 1199, 1220, Runeins, 1218, 1238, M. R. VI, 82-92, Rugnens, 1476, M. R. XXVIII, 269, 1525, et encore 1721 = chez les descendants de Runo, n. pr. germain. /383/
- La Renfile, ham. de Presinges et de Vernier, sur la frontière ancienne ou actuelle; probablement passage fréquenté par les contrebandiers; subst. verbal de renfiler.
- Renges ou Ranges, ham. d’Ecublens, D. Morges, villa Rangeringis, 1031, Hidber, II, 500, villa Rangerensis, 1081, Rengerenges, 1223, 1510, Rengesrenges, 1557; de Renger-ingis, soit chez les descendants de Renger, n. pr. germain, Förstm., 1017, ou Ranger, qu’on trouve dans Hidber, année 1161, nom dérivé de la racine onomastique Ragan, du gothique ragin, conseil.
- Rennaz, D. Aigle, Raina, 1255, Reyna, 1272, Renna, 1276, Reyna, 1402, M. R., 2e S., II, 28, Reyne, 1542, charte d’Aigle; du fr. raine, latin rana, grenouille : le village est entouré de marais. Renny, ham. de Pully, Reynid, Rennier et Renny depuis 1740, d’après le Dict. géogr. suisse d’Attinger, paraît s’y rattacher également. Quant à Rennex, écart de Genthod, il faudrait des formes anciennes pour décider.
- Repais, loc. à Asuel, D. Porrentruy, Repast, 1302, Ripast, 1305, 1350; de re, réduplicatif, et v. fr. past, s. m., pâture : localité aux gras pâturages. Le français vaudois repât, écrit souvent repas = dernière herbe pâturée en automne.
- La Repaz, loc. à Lonay, Sullens, Arnex; Repettaz à Bex et Gimel, diminutif; le même que Rippe et Râpe, voir ce mot.
- Reppaz, ham. d’Orsières, carte Dufour et atlas Siegfried, Repas et Repais dans Lutz. La 1re orth. le rattache à Râpe; les 2 autres à Repais, voir ci-dessus.
- Ressudens, D. Payerne, villa Ransoldingis, 912, Resoldingis, 922, Ramsoldingis, 923, Rasoldingis, 927, Resuldens vers 1080, Rasoldens, 1215, 1226, Ressudeins, 1228, M. R. VI, 325, 14, 346, Resoldens, 1239 = chez les descendants de Ramsold, n. pr. germain.
- Retets, aux —, loc. à Colombey, Valais, ès Routets, 1696, forme corrompue, syn. des nombreux Route, Routet, voir Rotte.
- La Reuchenette, ham. de Péry, Jura bernois, patois Routsenetta, probablement diminutif de rossena, voir Rossinières.
- Au Reuroz à Colombey, Valais, ès Rouroz, 1696, ès Rovroz, 1775; /384/ c’est le v. fr. et provençal roure, chêne = au Chêne, aux Chênes.
- Reuse, nom de 4 affluents de la Dranse de Ferret, Valais, — les Reuses de l’Almona, de Tsamodet, de Saleina et d’Orny, — Reuse ou mieux Areuse, rivière C. de Neuchâtel, Orousa avant le IXe s., Holder, allodium Oruse, 1178, Tr. I, Arousa, 1311, Aurosa, 1318, Orousa, 1335, etc.; les Reuses, ham. d’Orsières, Valais, entre plusieurs ruisseaux; la Rause, affl. de la Birse, Orosa, 1150, M. R. III, 444; les Areuses au Saint-Bernard; les Reusilles, loc. à Tramelan, diminutif. C’est aussi le nom ancien de la Grande Eau, D. d’Aigle, Ruysi, 1287, — i atone, — la Rionzetta s’appelait alors Ruseta. Noms à rapprocher de la Reuss d’Uri, Rusa, 691, puis Riusa, de la Reusch, affl. de la Sarine dans le Gessenay, Rueci, 1270, Ruessy, 1441 et des Ru, Ruz de Suisse et de France. D’une racine commune aux langues indogermaniques, latin rivus, grec rhein, couler et v. h. all. riuzen, couler. De la même racine, du sanscrit rê, ri, aller, couler, mugir, dérivent le celte ren, renos, rivière, et les noms du Rhin, fleuve, des divers Rhein d’Allemagne, le Reno, affl. du Pô, etc.
- Revereulaz, village près de l’Avançon de Vionnaz, Valais, Ruveraulaz, 1723, Reveleulaz, 1775; Reverolles, D. de Morges, près du Curbit, Ruvilora, 1177, M. R. XXIX, 103, — faute de copiste ? — Revirola, 1223, Riveroula, 1228, Riverulaz, 1281; — maison à Chavannes-le-Veyron; Reverulaz, loc. à Vufflens-la-Ville et Penthaz; Reveyrulaz au bord de la Colline à Trélex; la Reverolle à L’Isle, Reverulaz, affl. de la Venoge. Ce dernier = petite rivière; les autres du v. fr. rivière, s. f., rive, rivage, contrée dans le voisinage d’une rivière, comme la Rivière, côte de la Méditerranée entre Nice et Savone, et suffixe dim. patois oulaz, latin ula. Remarquer au premier nom le balancement des liquides l, r. Peut-être en est-il de même pour le second.
- Revex (ou Revix), mayens, versant N. d’Arpille de Martigny, un autre à Ormont-dessus = Revers, nom fréquemment employé, côté tourné au N.; rien de commun avec ravine, comme l’explique un article du Dict. Attinger. /385/
- Revoutaz, loc. à Aigle, avec escarpements à pic dominant la Grande Eau, Ryvauta, 1342, chartes d’Aigle = rive haute.
- Rhône, Rotten dans le Haut Valais, latin Rhodanus = le violent d’après Zeuss (Gram. celtique), qui le rattache au cambrien rhedu, vieux celtique rot, courir. De la même racine dérivent les noms de nombreux ruisseaux de la Suisse allemande, qui n’ont rien de commun avec l’all. rot, rouge, voir Holder. Quant aux étymologies de Lenthéric qui hésite entre Rhodanusia, colonie de Rhodiens fondée à l’embouchure du fleuve, et le verbe latin rodere, ronger, elles sont toutes deux à rejeter, le nom du fleuve étant bien antérieur à cette colonie et à la conquête romaine.
- La Rianda, loc. à Veyras, Valais; Planche Riande à Bottens = Rionde, ronde, permutation o-a, comme dans Nava, Prafanda.
- Riaz, D. Gruyère, villa Roda, 900, 923, M. R. VI, 204, ecclesia Rode, 1055, Rota in Ogo, 1136, Rua in Ogo, 1228, Rya, 1476, Riat, 1668, carte v. der Weid, Ruaz, en patois, dit Kuenlin, 1828. Plusieurs des formes sont les mêmes que les anciens noms de Rue, voir ce mot. Comme Rue n’avait pas encore d’église en 1228, première chapelle fondée en 1306, les mentions de 1055, 1228 du Cart. Laus. se rapportent nécessairement à Riaz. D’après Gatschet, du v. h. all. rôd, all. moderne reute, défrichement, correspondant des noms français Essert, Essart.
- Riddes, D. Conthey, Valais, Ride vers 1050, Ridda, 1153, 1287, etc., Ritda vers 1200, Rida, 1262, Ryda, 1263. D’après Gatschet, de ried, v. h. all. riod, herbe de marais, marais. Vient plutôt du celtique rid, rit, red, gué. Comme Riddes est sur un coteau et que, aussi loin qu’on peut remonter, la route de la vallée a franchi le Rhône à cet endroit, comme d’autre part tous les noms anciens de la vallée sont celtiques, l’étymologie celtique, aussi adoptée par Studer, nous paraît préférable.
- Riedes-dessus et dessous, 2 ham. Soyhières, D. Delémont; de l’all. ried, v. h. all. riod, herbe de marais, marais.
- Rière, rivière, affluent du Rhône, Valais, la Riez, 1257, Riey, 1267, Reyei, 1269, Riehy, 1327, Rya, 1418; les formes primitives /386/ se rattachent à la famille de rio, ruisseau, ou de rihe, gorge, voir Rija. La forme moderne Rière paraît avoir pris le second r sous l’influence de l’autre nom de la rivière, Liena ou Lienne, du celtique glen, vallée; voir Liène.
- Rierin, écart de Lussy, Fribourg, Rierens, 1147-1157, Arch. Fr. VI, et 1215 = chez les descendants de Riher, n. pr. germain. Förstm., 1046.
- A la Riette, loc. à Croy, un Petrus de la Rieta, Anniviers vers 1220, Riétaz à Montcherand; diminutifs de rie, ria, tranchée, rigole; voir Rija.
- Riez ou Riex, D. Lavaux, 1153, Hidber, II, Ruais, 1226, Ruas, 1238, M. R. VI, 522, 648, Ruex, 1246, 1379, 1453; peut-être de ru, ruisseau, et suffixe plur. ou collectif as, ex, par sa position entre deux rios, le Champaflon et le Rio d’Enfer.
- Les Rigognes, fermes à la Côte-aux-Fées; dérivé, avec le suffixe péjoratif ogne (voir Jorogne), de la racine riga, raie, tranchée, fossé.
- Ès Rigoles, terrains humides, coupés de nombreux fossés; à Muraz, Vionnaz; Regolles à Vouvry, en Regola à Saint-Gingolph, Bas Valais, aussi à Gland, Orbe, etc., diminutifs du bas latin riga, raie, fossé.
- Rija, gorge étroite où coule la Barberine, alpes de Finhaut, Valais; du bas latin riga, raie, fossé, tranchée, patois ria, m. h. all. rihe, gorge; cette racine se retrouve dans le celtique : kymri rhig, raie.
- Rio (6), Rioz (7), Riau, une 50e, Ruau, Colombier; du v. fr. ruiel, ruel, ruaul, dim. de Ru ou Ruz; Ria(l)let, Riolet, dim. de riau, n. commun d’une foule de ruisseaux et de ham. de la Suisse française, parent du provençal riu, dérivés tous deux du latin rivus.
Ruz a parfois une autre origine : c’est le cas pour Val-de-Ruz et Vauruz = vallée de Rodolphe; voir ces mots. - Riond, fém. rionda, forme patoise du v. fr. réond, latin rotundus, rond. Substantif dans la Riondaz, dim. le Riondet, /387/ sommets et pâturages, par exemple la Riondaz, sommet sur Leysin et pâturage Jura de Nyon, calmes Rotunda, chalma Rotunda, XIIe s., Cart. Oujon. Comme adj. en composition : Montriond, Riond Roux (Riomboux, carte Vaud), Riond-Bosson ou Botzet, 8 loc., Praz Riond; mal orthographié dans Chanrion, alpe de Bagnes, Riombois à Chavannes sur Moudon, Riombochon, — bochat, — bochet, 5 loc. Frib.; la Riandettaz, dim. à Colombey, Valais, permutation o-a.
- Rionza, Rionze, une 10e de loc., et les collectifs Rionzi(y) au Mont, Rionsie, 1298, et Valeyre-sous-Rances, Rionsy à Senarclens, Rionsier à Vouvry, Rionzier à Féchy, Rionzey aux Ormonts, au Ronsel, 1332; Ronzier(sier), Avully, Nyon, Ronzy à Montet, Ronsy, Estavanens; diminutifs Rionzon à Bière, Bavois, Rionzonnes à Orbe; syn. de roncier, lieu où abondent les ronces, patois rionze, rionse. Par contre dans Rionziaz, ancien nom de la Grande Eau, Aigle, Ruysi, 1287, la Rionsiaz, 1315, la Rionzo, 1317, le Ruisy, 1323, la Rionsy, 1326, Rionsettaz, 1327, la Rionse, 1373, Rionze, 1438, et Rionzette (Raverettaz dans l’atlas Siegfried), affl. de la Grande Eau qu’elle rejoint sous Aigremont, Ruseta, 1279, Rionseta, 1425, les formes primitives montrent qu’il faut y voir des dérivés de ruz, reuse, voir ce dernier mot. Peut-être la présence de ronces sur leurs bords a-t-elle facilité la transformation du nom.
Les textes suivants montrent que la Grande Eau s’est appelée aussi Rionzettaz au moins jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Un acte d’Aigle de 1595 dit que « A esté arresté que dors en avant la ditte Eau appellée Rionzette doibge avoir son cours d’empuis le grand pont en bas auprès le mont de vers Soccrestaz jusques au grand chemin de l’Etraux dessoubs Yvorne, et dempuis le dit Estraulx en bas par son cours ancien jusques au Rhosne » (antérieurement elle divaguait çà et là et menaçait l’église paroissiale et le cimetière du Cloître). Un autre acte de 1597 parle des « Barres qui se doivent construire entre la Grand’eau appelée la Rionzettaz », de même en 1626 et 1658, enfin en 1669, « le torrent appelé la Grand’Eau soit Rionzeta. » Grand Eau apparaît pour la première fois en 1590 où LL. EE. commandent « en cas d’ovaille » à tous ceux des 4 mandements « à leur (ceux d’Aigle) venir aider aux bastiments de la grandeau. » /388/ - En Ripaille, loc. à Vouvry, pâturage à Champéry; comme le célèbre Ripaille de Savoie, de ripa, rive, côte, et suffixe augm. aille : grande rive, étendue.
- Risoux ou Risoud, mont et forêt du Jura vaudois, montem Risum, 1177, Risso, 1186, Riso, 1219, M. R. I, et 1344, Risoud, XVIIIe s. Origine inconnue. On ne peut guère supposer une parenté avec rise, glissoire pour faire descendre des bois, de l’all. riese, ni avec risi, riset, collectif risenen désignant des pentes escarpées, sur lesquelles les eaux entraînent des pierres et du limon.
- La Ritte, loc. à Lully-Morges, les Rittes à Ballaigues, pâturage à l’Etivaz, Pays-d’Enhaut, ès Rittes à Marly (ancienne route), à Murist, Treyvaux, C. de Fribourg; du patois ritta, ruelle, venelle. Pourrait-on le rapprocher du gaulois rheda, chariot ?
- Rivarottaz, loc. sur Bex, non loin de l’Avançon; de ripa rupta, rive rompue, endroit exposé aux incursions de la rivière.
- Rivaz, D. Lavaux, Ripa, 1141, 1182, 1199, Rippa, 1324; de ripa, rive.
- Rive haute, ham. de Liddes, Valais, en patois Roate, Ripa alta, 1259, Rivate et Rivataz, plan vers 1720 : le hameau est sur le bord, la rive d’une haute terrasse.
- La Robellaz, ham. d’Essertines, D. Echallens, Vilar Luczon, XIVe s.; ham. de Valeyre-sous-Rances; Robêlaz, ham. d’Echallens; 2 pâturages et fermes à Buttes, Neuchâtel; ceux-ci tirent leur nom des frères Robeilaz des Bullets qui acquirent cette terre en 1527, M. N. XXXVIII, 217. Peut-être les autres viennent-ils aussi d’un n. pr. ?
- Roche, D. Aigle, Rocha, 1150, Rochi, 1177, la Rochy, 1402, Rochiz, 1540. — La Roche, D. Gruyère, Rupe, 1170, la Rochi, 1199, M. R., Rochia in Hogo, 1263, Wstbg. — Roches, D. Moutier, Berne, Rochette et Rochatte (Jura bernois), une 15e de loc., Rocherelle à Dombresson, dim. Rochasson à Saint-Gingolph et Salvan, Rochasset, Ormont-dessus; du dépréciatif asse et dim. on, et : mauvais petits rochers; dérivé habituellement du /389/ celtique rocca, gaélique roc. Mais, d’après Körting, l’origine celtique doit être abandonnée et l’étymologie inconnue.
- Rochebord, m. à Aigle, interprétation de l’ancien nom Rychibor, Richibor, 1382.
- Rocheray, ham. du Chenit, vallée de Joux, nom formé par analogie avec les collectifs de végétaux, de rocher et du suffixe collectif ay ou ey, de etum : endroit où abondent les roches.
- Rocourt, D. Porrentruy, Rocort, 1148, 1179, 1230, Rocurt, 1308 = ferme de Roh, Roo, n. pr. germain, de la racine onomastique hroc que Förstmann rapproche du v. h. all. rohôn, rougir.
- Rodet, Praz —, pâturage, vallée de Joux; peut-être adjectif dérivé du v. h. all. rôd, défrichement, pré défriché, mais le d de ce mot a disparu de bonne heure; vient probablement d’un n. pr. : pré de Rodet.
- Rodomont, sommet au Pays-d’Enhaut = Rougemont, voir ce mot, et non mont rond comme l’expliquent Lutz et Studer.
- Rodosex, rocher à Château-d’Œx = rocher rouge, voir Sex, ainsi nommé à cause des couches crétaciques rouges dont il est formé.
- Rodovanel, chalets à Château-d’Œx = défilé rouge, — voir Vanel, — ces trois noms du patois rodo, rodzo, rouge, gaulois roudo, cambrien rud, hibernien ruadh, gothique rauds, all. roth, grec rhodon, mots qui remontent à la source commune, le sanscrit : rud hira, sang rouge.
- La Rogivue, D. Oron, et la Rougève, patois Rogevue, Rogivue, D. Veveyse, Fribourg, Rogiaivui, 1237, Rubea aqua dans les chartes; Rogègue à Montcherand; la Rozaigue, loc. marais d’Orbe; de rouge et du patois rodzo, rouge, et ivue, aigue, eau, les eaux des marais tourbeux sont rougies par l’alcide ulmique.
- La Rogne, torrent à Conthey, Rongni, 1217, Furrer, III, 55, Rogny, 1243, 1304, Rongy, 1268, Rongny, 1362; subst. verbal de rogner, ronger, v. fr. rongner, rivière qui rogne, qui ronge ses rives. Nombreux dérivés adjectifs : Mont Rogneux et la Rogneuse, Roignosa, 1448, sommets à Bagnes, la Rognausaz, /390/ sommet à Château-d’Œx, la Rogneuse ou Rognausaz, torrent à Massongex : torrents qui rongent, sommets qui s’éboulent.
- Roillebot, Roillebau ou Rouelbeau à Meinier, Genève : ancien château ruiné entouré de marais; de roiller, frapper, et bot, bau, crapaud, dit-on, parce que les serfs du voisinage devaient frapper à coups de gaules dans les marais pour faire taire les grenouilles qui troublaient le repos du seigneur. Mais ce nom ne paraît pas avant le XVIe s., dit Galiffe, Gen. hist. II, 108. Ce château s’appelait jadis la Bâtie-Cholay ou Compeys, du nom de ses possesseurs, les sires de Compeys.
- Rolette, la —, sommet boisé à Trient, fausse orth. pour l’Arolette, petit bois d’aroles; voir Aroley.
- Rolle, C. Vaud, Castrum Rotuli et de Ruello, même charte, 1294, Ruello, 1295, Ruelloz, Rotulum, M. R. XXVIII, 185; Roolle, 1700, Procès (manuscrit) de Du Quesne contre les bourgeois d’Aubonne = castrum de Ruodilo, n. pr. germain, autre forme de Rudolf, voir Ruz, Val.
- Rollens, loc. à Villars-le-Terroir; voir Roulens.
- Romainmôtier, D. Orbe, Romanum monasterium, 753. Origine très controversée. M. l’abbé Besson dans ses Recherches sur les Origines des Evêchés de Genève, Lausanne et Sion (1906), étudie les Origines de Romainmôtier (Appendice, p. 210-227), et rappelle les diverses opinions à ce sujet. Pour Mabillon, c’est le môtier de Romain, saint Romain † 460. Dunod suivi par Charrière et de Gingins en font un romanum Monasterium, monastère romain, nom donné en récompense (752) par le pape Etienne II pour l’hospitalité reçue. Mais les auteurs les plus récents rattachent de nouveau ce monastère à saint Romain et M. Besson cite Lütolf, Jahn, Dom Benoît, Krusch, Egli, Longnon, pour lesquels Romainmôtier est un Romani Monasterium, monastère de Romain. Voir M. R. III et l’ouvrage cité plus haut.
- Romairon, D. Grandson. « Les étymologistes font venir ce nom de Romanorum, » dit le Dict. hist. Vaud. Etymologistes d’autrefois, car aujourd’hui personne ne dériverait ce nom de ce génitif qui n’explique pas d’ailleurs le second r. Romanorum donnerait /391/ Romaneur, non Romairon. Origine inconnue en l’absence de formes anciennes,
- Romanaz, aussi Romanel, loc. entre Croy, Arnex et Bofflens, où l’on a trouvé de nombreuses antiquités = (villa) Romana, maison, ferme d’un Romanus, cognomen romain.
- Roman (mal écrit), 2 villas à Lonay, D. Morges, Romans, 1213, 1224, M. R. VI, 320, 504, 1315, 1453; autre forme de Romains, de (apud) Romanos, chez les Romains.
- Romanèche, ham. d’Etoy, D. Morges; comme Romanèche, France, Romanisca, 1120, de Romanisca (villa), adj. dérivé, avec le suffixe locatif gaulois isca, du gentilice Romanius ou du cognomen Romanus = villa de Romain.
- Romanel, 1o sur Lausanne, Romanel, 1182, Romanes, 1184, Cart. Month., Romenes, 1190, Romanel, 1217, Romaneaus vers 1230, M. R. VI, 409, 454, 2o sur Morges, 3o 3 loc. à Rances, 4o un Romanel sous Mont, 1240, M. R. I, 165, « clausum … domum de Romanel in territorio de Germanye, » 1293, M. R. XXVIII, 175; évidemment dérivés aussi de Romanus; 5o loc. appelée aussi Romanaz entre Arnex et Bofflens, (villas, domus) Romanas, fermes, maisons de Romain ou romaines ?
Les auteurs du Régeste genevois, p. 385 et 493, ignorant l’existence d’un Romanel à Mont, ont fait du Germagny sur Romanel d’une charte de 1305, M. G. IX, 203, une localité à Romanel sur Morges. - Romanens, D. Gruyère, all. Romaning, Romanens, 1380-1403; paraît au premier abord dérivé de Romanus, mais les suff. ing et ens indiquent une origine germaine = chez les descendants de Rodman ou Roman, n. pr. germain. Förstm., p. 737.
- Rombochat à Constantine, Rombosson à Corcelles, Rombuz, bois à Grandcour, Romboux à Belmont-Yverdon, Rombuet, h. d’Attalens, fausses orth. pour Rond-bochat, — bosson, — bou = rond bois.
- Romont, Fribourg, Rommon, 1268, Rotundum montem dans les chartes dès le Xe s. = riond mont, mont rond, ville bâtie sur un mont arrondi; Romont, colline arrondie sur Epesses, même origine. /392/
- Romont, D. Courtelary, Berne, all. Rotmund, Redemont, 1311, Rodemunt, 1358, Rodmunt, 1359, ce qui le rapproche de Rodomont = Rougemont.
- Rompeux, collines arrondies sur Court et sur Champoz, Jura bernois; fausse orth. pour Rond-Peu, de rotundum podium, voir Peu.
- La Grande et la Petite Ronde, fermes aux Verrières, en Rond, loc. à Bex; les Rondes, prés à Loveresse, les Rondez à Frégiécourt, à Delémont, aux Enfers, Jura bernois; terrains plus ou moins circulaires, lieux limités à la ronde par des forêts. La Rondelaire, pâturage D. Grandson, les Rondins, plus. loc., diminutifs.
- Les Ronques, — ou Ronquoz, — nombreuses loc. de Sierre à Saint-Maurice, au Ronco à Collonges, Valais; de runcas (terras) terres défrichées, du latin runcare, défricher, en romanche ronc, runc, Ronco au Tessin; les Roncettes, champs à Founex, diminutif.
- La Ronte à Saillon, Valais; au Ronte, m. à Ponthaux, les Rontes, 4 loc. Fribourg; le Ronty à Leytron et Dorenaz, le Ronti à Lucens, collectif, le Rontet à Goumœns, Rontin, s à Penthéréaz et Villars-sous-Mont, diminutifs; substantif verbal du patois rontre, rompre, ouvrir un terrain en friche.
- Ropraz, D. Oron; de roboretum, bois de chênes.
- Ros. Les nombreux noms de localités qui commencent ainsi appartiennent à deux racines : Ros, du gothique raus, roseau, et Ros, du latin rosa, la rose; ces deux racines présentent des dérivés parfois identiques impossibles à séparer si l’on ne connaît pas les localités.
- Ros, roseau, donne un collectif rosetum; de là
- Rosé ou Rosex, ham. C. Fribourg, Ormont-dessus et Franches-Montagnes, le Rosey à Savagnier, les Roseys, les Bois, Morges; Rosay, Sembrancher, en Rosier, Bex, Géronde près Sierre, et Souboz-Jura, marais dans chaque localité; Rosez à Vuadens, Vauruz, Ecublens, Frib.; Rosy, 4 loc. Frib.; Rosel ou Rosé à Dorenaz, Valais, nemus Roselli, 1218, et Coffrane, /393/ Neuchâtel; Roselet, dim., 6 loc.; Roselat, Jura bernois; Roselettes à Colombey; Rosaly à Corcelles-le-Jorat et les Ecasseys, Frib.; enfin Rosière, nom fr. de Welschenrohr, Jura, loc. à Noiraigue, et 7 ou 8 loc., marais, avec les variantes Roseire, Vérossaz, et 5 loc. Frib.; Rosaire, marais à Denezy, Illarse, Monthey, Saint-Maurice; Rosayre, Sales et Lussy, Frib.; Rozeyre, Roche, Ormont, Roseirettes à Charmey, bois Rosireux à Boécourt.
- Paraissent au contraire dérivés de rose
- Rosé, mayen à Saxon, la Rosière à Orsières, nombreux rosiers; la Rosiaz à Chailly près Lausanne, loc. à Villars-le-Terroir, la Rosaz à Broc, la Rousaz à Vaulion.
- Sont probablement des roseraies le Rosey, alpe d’Isérable, h. de Bursins, Rosay, château près Rolle, la Rosière, ham. de Collex-Bossy (sur un crêt), Roserettes à Syens, la Rosette à Château-d’Œx, la Rosattaz à Savigny, etc.
- Rosaly, pâturage à Châtel-Saint-Denis; du patois rosalei, rhododendron.
- Il peut arriver enfin que Rosière soit une corruption de roncière comme le prouvent les textes suivants : « locis … de Alamanis, de Ronseria … et habitatores locorum de Alamandis de Ronseria, » XIIIe s., M. Inst. G. VIII, 12, IX, 31, 40, aujourd’hui les hameaux des Allemands et de la Rosière près Samœns.
- Rosa Blanche, sommet glacé, val de Bagnes; probablement autre forme de ruisa, rœsa, reuse, mot valdôtain et savoyard qui signifie glacier, donc : le glacier blanc. Monte Rosa, Mont Rose, même origine. « Chez les Sédunois, dit Silius Italiens, traduit par Coolidge, il y a une montagne à laquelle les Salasses ont donné le nom de Rosa; c’est un gigantesque amas de glace éternelle. »
- Rossenaz, ham. de Pâquier, Gruyère; voir Rossinières.
- Rossenges, D. Moudon, même origine que Rossens, D. Payerne, Rossans, 1286, 1336, Dict. hist., et D. Sarine, Frib., Rossens, XIIe s., Rossin, 1668, carte v. der Weid, et 1696, dans Kuenlin, 1828, all. Rossing = chez les descendants de Rozzo ou Rodzo, n. pr. germain. /394/
- Ès Rosses, loc. à Bussy sur Morges; Rosset, plus de 20 loc., vignes, champs, pâturages; Rossetan, vignes à Martigny, alpe à Champéry, champs à Lavey; une vigne de Rossetan à Lausanne, 1238, M. R. VI, 660. Plan Rossay à Orsières, Russet à Louèche (= Rousset); les Monts Rossets aux Epiquerez, Berne, Comba Rossa à Salvan, Ravines Rosses, alpes d’Orsières; diminutifs : en Rosson à Vétroz, Rosselet à Sullens, Roussillon à Meyrin, Essertines, D. Rolle, en Roucelin, mayens à Riddes, Rossillonnes à Vinzel, Rosseline, alpe à Lavey, Praz Rochet à Grandvillard = rosset, de rosset, rossel, dim. de roux, du latin russus, allusion à la teinte du terrain. De même en Champagne on nomme Rouget et Rougeron, diminutif de rouge, les localités dont la terre est colorée par l’oxyde de fer; voir Littré, Suppl.
- Rossinières, D. Pays-d’Enhaut, Ransonery, 780, d’après « Le Pays-d’Enhaut, » p. 172, sans indication d’origine, 1080 (d’après Lutz), et 1015, 1115, M. R. XXII, 10, et 1291, XXII, 74, Rassoneri, 1255, F. B. II, Rassonery, 1238, 1442, la Ranxonière, 1453, Ronsonyère, 1518, etc.; en la Rosseneyre à Cerniat, A la Rossinière, m. à Echarlens, Frib. loc. en la Rosseneyre, par. Villette en 1736. Il y avait une Rassoneri, pâturage dans les environs de Palézieux, 1295, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 128 (qu’Hisely traduit par Roche noire); signalons encore la Ransonière ou Rançonnière aux Brenets, Neuchâtel (que Dubois-Dubois dérive de rançonner) et la Rancenaire à Vallorbe et Vaulion. Bridel dérive Rossinière, patois Rochenaire, de rossena, « échafaudage pour faire sécher fèves, pois, céréales; de là Rossenaz, ham. D. Gruyère, et peut-être encore Rachenne, loc. à Gléresse, Berne, en patois Rotsenni. On voit encore de telles constructions, appelées rescane, dans les montagnes du Tessin (Chischné, tschetschna dans les Grisons). Il faudrait pour être absolument sûr trouver des textes du XIe au XIIIe s., avec rassona, ransona, n. commun. Quant aux étymologies de Moratel, roche noire, Hisely, M. R. IX, 142 et Gatschet, qui tire ce nom de radicinaria, racinaria, endroit où l’on trouve des racines comestibles (il cite trois plantes qui manquent à Rossinières), elles sont à rejeter. /395/
- Rossy, partie du village de Froideville, D. Echallens; pourrait être un (fundum) Rosciacum, domaine d’un Roscius, gentilice romain; il faudrait des formes anciennes.
- Ès Rots à Charmey, Rotte, s, Rottaz, une 20e de loc., les Roctes à Troistorrents, XVIIIe s., la Joux Rottaz à Morcles; Praz Routoz à Chexbres; ès Routes, s. m., 6 loc. Fribourg; au Route à Yens, Routy, Bussigny-sur-Oron, le Routtet à Colombier, au Ruttet, vignes, Yvorne; le Rutit, vignes à Etoy, au Ruptit à Colombey, Ruptet à Monthey, le Routtet, 1696; les Ruttes à Palézieux, le Rutty, m. à Bière, le premier, forme masculine, les suivants formes féminines et collectifs du part. passé v. fr. de rompre : rout, rot, rut, roupt, dérivés du latin ruptum, de rumpere, terras ruptas, terres défrichées; on dit encore rompre une vigne.
- Les Rottières, nom du ruisseau de Saint-Oyens, D. Aubonne, Saint-Oyen de Rotteres, de Roctires, 1501, M. R. XXXIV, 75; probablement de la famille de rotte, de ruptas (terras), avec suff. collectif ière = terres labourées. Le c de 1501 est une simple graphie sans valeur étymologique comme dans Boctens, Joctens.
- Rotzec, champs à Vissoye; de rotze, roche, et collectif anniviard ec = ey, voir Biolec.
- Rotzue, loc. à Vissoye, la Rotsuaz (Rochuat, Dufour), pâturage à Charmey = la rocheuse.
- La Roua, alpe de Saint-Luc, aussi Rouvaz, la Rouaz, mayens à Savièse, Rona, 1417, M. R. XVIII, — fausse lecture pour Roua, — loc. à Sion; Pouta Rouat à Vétroz (t fautif), à la Roa à Cottens, Frib., XIIe s.; — collectifs, Rouaires à Vétroz et avec v intercalé Rouvaires à Conthey; Rouage à Courgenay, Jura bernois; — diminutifs Roualaz, champs à Lens, Valais, Roellaz à Morcles, ès Roualles à Chessel, au Roux (fausse orth.), grand couloir rocheux, alpes de Vouvry, rapprocher le patois roué, s. m., bord d’un précipice; Rouet, Rouis(y), Rouettes, Roettes, nombr. loc. Genève, Vaud, Valais et Fribourg; du bas latin ruga, rua, ride, sillon, presque toutes ces localités sont des champs; voir Ruaz.
- En Roudaz, prés à Vétroz, autre forme de Rotte. /396/
- Rouelbeau à Meinier; voir Roillebot.
- Les Rouges, nombr. loc. Gingins, Orbe, etc., de la teinte rougeâtre du sol. Nombreuses formes : les Roges, loc. à Plan-les-Ouates, Genève; Ruge, loc. à Gilly, Rougeux, champs à Reclère, D. Porrentruy, Rogeau, m. à Mollens, dim. les Rojalets, champs à Coppet, Rogin, champs à Montricher, Rogin à Lausanne, 1476, Rougins, champs à Chamoson, Côte Rougin aux Epiquerez et à Glovelier, Jura bernois, ès Rugets, champs à Fontanezier, Champ Roget à Aigle, en Rodzet à Vouvry; de rouge et suffixes eux, eau, in, et. Rougin donne à son tour les diminutifs Rogenet, loc. à Orzens, Chevilly, Rogenez à Ferreyre, Rogeny à Assens, Roginet à Dizy, Roginel à Vullierens, Rugenet à Rances, un Rugenet près Boudry, 1300. C’est sans doute à l’un de ceux-ci que se rapporte le Runginel, Ronginel souvent nommé dans le Cart. Laus. M. R. VI, p. 178, 305, 308, 642, 644, un Jacobus Ruginel, 1226, F. B. II, 74; Fin Roujolaine à Soulce, D. Delémont, adj. diminutif.
- Rougemont, D. Pays-d’Enhaut, Rubeus mons, 1104, Rojomont, 1270, M. R. XII, 105 = rouge mont : bâti sur les couches rouges du lias qui affleurent en plusieurs endroits.
Ce nom de Rubeus mons ne s’appliquait point au Rübli coloré de rose le soir, comme l’a expliqué le prof. Hisely; c’est la traduction latine du nom du Rodomont, montagne au N. du village où abondent ces couches rouges; la même circonstance a donné le nom de Rougepierre, écart de Château-d’Œx, et celui de Rougeterre à Saignelégier. - Rouilly, écart de Froideville, D. Echallens. Si ce n’était dans le haut Jorat qui n’a guère été habité à l’époque romaine, on pourrait en faire un (fundum) Rulliacum, domaine d’un Rullius, gentilice romain qui a donné les noms des Rouilly, Rouillé (14 com.) de France.
- Roulavaz, ruiss. et m. à Dardagny, Genève, Rolauvaz, 1321, M. G. XVIII, 63, Roulave, Humbert, 1852; dérivé de rouler, v. fr. roler, c’est un torrent assez impétueux parfois, formé de nombreux bras enflés en temps de pluie. /397/
- Roulens (ou Raulens), loc. à Saint-Saphorin et Colombier, D. Morges; en 1233 un Rolens, environs de Granges, Cart. Laus., M. R. VI, 599, et en 1142 un Rollens (aussi Rorens), Roulens, 1275, près Villars-le-Terroir, M. R. III et XII, 7, 102 = chez les descendants de Ruodilo, Rodilo, n. pr. germain. Förstm., 716.
- Roulin, le bey —, ruisseau près de Chaussy, limite d’Ormont-dessous et dessus, au cours précipiteux, roulant des cailloux. (Note de M. Isabel.) On peut sans doute rattacher à la même racine rouler : en Roulin, loc. à Conthey, en Roulon, m. à Rougemont, la Roulaz, m. sur une côte rapide à Leysin. Par contre A la Roulette à Baulmes, les Roulettes, prés à Bex, à Sainte-Croix, pourraient être des propriétés d’un Roulet.
- Rouma, grand hameau de Savièse, Valais, Roma, 1217, Furrer, III, 54, Ruma, 1239, Roma, 1250, apud Rhomann, 1260, M. R. XXIX, XXX; peut-être d’un n. pr. tel que les noms gaulois Ruma, Rumo cités par Holder, ou du n. germain, Roman, Rodman.
- Rousa, Rouvenaz, voir Ros, Ruvine.
- Au Routez (pr. route), chalets autour d’un rocher surplombant, près du Sépey; de (saxam) raptum, rocher rompu. Pour d’autres Routes, voir Rotte.
- Le Routenin, ruisselet à Noiraigue; pourrait être un dim. de routoir, ruisseau où l’on rouit le chanvre.
- Routze, m. sur la Braye à Château-d’Œx; forme patoise de roche.
- Rovéraz, loc. à Fontaines, D. Grandson; Rovéréaz à Lausanne, Rovereia, 1226, Roverea, 1233; Roveriaz à Vullierens, Rovéréa, fam. noble de Bex éteinte au XIXe s., un Rovoreia, 1131, Roverea, 1308, près Versoix, M. G. IX, 251; de roboreta, rouveraie, bois de chênes; de roboretum, même sens, viennent Roverex(ey, ay), ham. d’Aubonne et lieux-dits; Roverez, bois à Payerne et Montagny, Frib.; Rovray, D. Yverdon, Rouvret à Bex, en Reuvroz à Ollon; les Roveredo du Tessin et des Grisons ont la même origine.
- Rua, Ruaz, A la —, champs à Villars-sous-Yens, loc. à Etoy /398/ et ailleurs; en Corba Rua à Baulmes; la Rue, champs à Grand-Saconnex; aux Rues à Jussy, Peseux; aux Ruettes à Bôle, diminutif; du bas latin ruga, rua, ride, sillon; voir aussi Rouaz.
- Ruan, Mont —, sommet aux flancs très escarpés et ravinés, alpes de Finhaut, Valais; forme adjective dérivée de ruga, rua = mont sillonné, rayé de ravines.
- Rübli, sommet en face de Rougemont et de Gessenay, Reublo, Ruble, 1115, M. R. XXII, 10, Ruebloz, 1449, monte Rubloz, 1456, Ruble, 1672; le chalet au pied s’appelle encore le Rubloz. D’après Gatschet et Studer, du latin rivulus, du ruisseau, le Rubloz, qui en descend. Quant à la forme allemande actuelle Rübli, elle provient sans doute de l’étymologie populaire que nous avons entendue à Gessenay, qui explique Rübli par l’allemand suisse rüble, rübli, petit navet, à cause de la forme de la montagne vue de Saanen.
- Rue, Fribourg, Rouda, 1011, Matile, Rota, 1147, 1177, etc., Rua la vila, 1221, M. R. VI, 293, Roa, 1237, Würstbg., 56, aussi Roda, Rotavilla, puis Ruaz; du celtique rod, rot, passage, chemin, ou du v. h. all. rôd, défrichement, — les deux sont parents, — voir aussi Riaz.
- Rueyres, nombreuses localités : 1o commune D. Echallens; 2o — Tréfayes, D. Gruyère, Ruery-Treiffay, 1316; 3o — les Prés, D. Broye, Rueria, 1437, Ruere, 1453; 4o — Saint-Laurent, D. Sarine, Rivorium, XIIe s., Donat. Haut., Rivoria, Ruerii, XIIIe s.; les Rueyres à Saint-Saphorin-Lavaux, Rivoria, 1141, 1154, 1223, Ruvœri, 1228, et 5 autres loc. ham. et bois; Ruery à Bière, ès Reveyres à Noville, Ruyre à Luins, Rivœry, 1266, M. R. XII, 176, Ruaire à Préverenges, Rueire, Arnex; les diminutifs Rueret à Puidoux, Ruerettes à Vouvry, Ruerattes, Gland, Ruerettaz, Palézieux, Essert-Pittet; bas latin rivoria, ruisseau et ravin, romanche ruera, éboulis, dérivés du latin rivus, ruisseau.
- Les Ruillères, pâturage à Couvet, Neuch., ès Ruliars, 1354, Matile.
- Rumière, ham. de Champéry, Valais, Rymieriz, 1352. /399/ M. Isabel nous signale l’ancien nom de famille Rumier, en patois Remi, à Ormont-dessus.
- Rumilliez (ier), clos de vignes à Saillon; paraît être une autre forme de Rumilly, nom d’un village de la Haute-Savoie, Romiliacum, 1177, M. R. XXIX (fundum) Romiliacum, domaine d’un Romilius, gentilice romain qui a donné les noms de 17 communes de France.
- La Rumilière, m. à Saint-Gingolph; propriété d’un Rumilly, même nom devenu n. d’homme.
- Le Rumont, sommet aux sources d’un affluent du Seyon, Neuchâtel; probablement le mont du ruz, du ruisseau.
- Rupalex ou Rupalet, écart de Mont-Rolle, et ruisseau, Rupela avant 1030, Rég. gen. 49, Rupelaz, 1177, M. G. II, 38, Rupalai, 1237, 1261, M. R. XII, 24, 124, Rupellay, 1266, M. R. XIV, 92, Rupalex, 1318, 1387, M. R. XXVIII, Rupellex, 1439, Rippalex, 1493. Les formes les plus anciennes, qui désignent des clos de vignes donnés à Romainmôtier et à Bonmont, font de ce nom un diminutif de rupa, pente rapide, la Rupe, ham. de Vandœuvres et loc. à Donneloye, du latin rupes (le patois a aussi le composé une dérupa).
- Ès Ruptures, champs à Illarse, Valais, Rotteure, 1696; subst. verbal de rompre, au sens de cultiver, syn. des nombreuses Rotte. En bas latin, rupture désigne un champ nouvellement défriché : Ruptura, ager nuper ad culturam redactus. Ducange.
- La Rusille, m. à Crésuz, D. Gruyère; la Rus(s)ille, ham. des Clées, D. Orbe, m. à Mannens, Praroman, Fribourg; les Reusilles, écart de Tramelan; les Russilles, ham. d’Avry-devant-Pont, les Rusillons, bois à Corcelles-le-Jorat; du patois ruzille, petit ruz, ruisselet.
- Russel, m. à Saint-Sulpice, D. Morges; loc. à Chardonnay-Montaubion; autre forme de ruissel ou ruisseau, de rivuscellum; Russalet, ham. de Bulle et 6 loc. Vaud et Frib., dim. du précédent.
- Russin, Genève, villa Rucins, 1090-1100, M. G. I, 154, villa Russino vers 1100, Russins, 1217, 1289, 1297, M. G. IV, 23, I, 35, XIV, 267; parent des Russwil et Russikon de la Suisse all. /400/ = chez les descendants de Ruozzo, Ruzzo, n. pr. germ. Förstm., 718; rac. germ. hruod, la gloire.
- Russy, D. Broye, Frib., Rusie, 1228, M. R. VI, 338, Russie, 1403, Russy, 1578; Russie, 1668, carte v. der Weid, de (praedium) Rosciacum, domaine d’un Roscius, famille consulaire dont on a trouvé des médailles à Genève.
- Rusteriaz, ham. com. de Bottens et de Froideville; du v. fr. ruste, de rusticus, et suffixe collectif erie : réunion de demeures rustiques.
- Ruth, ham. de Cologny, Genève. D’après J. Vuy, M. Inst. G. VIII, serait le Rouda d’une charte de 1011, publiée par Cibrario et Promis, qui le rapportent à Rue. Ce Rouda est nommé au milieu de plusieurs terres situées près d’un lac, ce qui milite en faveur de l’opinion de Vuy. Blavignac donne Rous, 1280, Rouz, 1516, Ruz, 1776, Ruth, XVIIIe s. Ce serait donc une autre graphie de rut, part. passé v. fr. de rompre, défricher, (fundum) ruptum, terrain défriché, voir Rotte. De même le Ruth, pâturage de Rougemont, qui a donné son nom à la Dent de Ruth au-dessus. On objectera que le ù de rùptum ne peut donner que o ou ou, mais le patois a souvent u pour ou, voir Buge, Bugnon, Burlaie; en v. fr. le participe passé de rompre a les formes rout, rot, rut, roupt, etc., Gram. de l’anc. fr. de Bonnard et Salmon, p. 53; voir aussi d’autres cas à Rotte.
- Ruthelin ou Röthelin, bois au-dessus du passage de la Chaîne près Saint-Sulpice, Neuch.; du château de Röteln en Brisgau, possession des comtes de Hochberg, seigneurs de Neuchâtel, 1457-1543. Des archers venus de Reuthelin auraient combattu pour la défense de ce passage dans la guerre de Bourgogne, 1476, Mus. Neuch. XXXII, 100.
- Ruvines, les — à Ollon, Corbeyrier, Cully, etc.; la Ruvina, ancien nom du Forestay à Chexbres; Rouvenaz à Ormont-dessous, Ruvina, 1332; loc. à Leysin, Montreux, Corsier, Vevey, Ruvina, 1228; Rouvène à Charmey, ès Rouvenes à Mont-Rolle, au Rouvenoz, La Joux; Rouveny, Hermenches; Rouennaz au Catogne, Valais, Ruinaz, Ormont-dessous, Revenuz à Evionnaz, /401/ les Revinnoz sur Vallorbe; Revenex, Revenaux, Vionnaz, et les diminutifs Ravoinet, Lens et Ayent; Rouvenettes, Vucherens, Revenettes, Bex, Vionnaz, Trient, Ruinette, sommet sillonné de ravins, Bagnes, Rouvenaulaz à Blonay et Morion; de ruvina, rovina, formé, avec un v épenthétique, de ruina, forme participiale de ruere, couler, précipiter; en Dauphiné roubine, all. Rüfi, Rüfenen, romanche rovina, ruina.
C’est sans doute à l’une de ces localités que se rapporte le Roveno si souvent cité dans les Cartulaires : Rovono et Roveno, 1218, Laus., 104, Rovano, Haut-Crêt, 1220, Month., 1174, Roveno, 1157, Haut-Crêt, 1142, Monther., 1238, 1242, etc., Laus., Rovenoy, Haut-Crêt, XIIe s., Rogano, Month., 1154. - Ruz, Val de —, Neuchâtel; ne vient pas de ruz, ruisseau, comme l’expliquait Bridel et comme le voulait encore le col. Mandrot. S’appelait Vaus, Vaul de Ruil, Ruyl, Ruhi, Ruel, Rue, Ruy, Rou, XIIIe et XIVe s., Vallem Rodolii et Vallis Rodulfi, 1317, Vaux de Roul vers 1512, all. Rudolfsthal, das tal Rutols, 1386 : c’est donc la vallée de Rodolphe, de Radulf d’où Raoul, Roul, Rou, Ru. Il en est de même pour Vauruz ou Vaulruz, Frib., Vallis Rodulphi, 1115, pour Vaudreuil, France, vallem Rodolii, et sans doute pour Vauroux à Bevaix, qu’il faudrait écrire Vaux-Rou, vallée de Rou, Raoul, Radulf.
- S
- Les Saars, loc. à Neuchâtel, « Sar, Sart dans les actes anciens, » dit Chambrier, op. cit. p. 24, ou Sard, 1531, M. N. XXXIV, 220; pour sarts, de sartus, syn. de Essart, Essert; le Saar, chalet dans la forêt près Bourg-Saint-Pierre, même sens.
- Saas, vallée et commune, Valais, Sauxo, première moitié du XIIIe s., Vallis Solxa, Salxe, Soxa, Seyxa dans la même charte de 1291, M. R. XXX, Sausa, 1298, 1474, Soxa, 1300, Saxa, 1391, etc.; du bas latin saucia, latin saliceta, saussaie, dérivé du v. fr. sausse, de salix, saule = vallée des saules. M. Camille Favre, « Passages italo-suisses, » dans le Jahrbuch. f. Schw. Gesch. 1883, le dérive de l’ital. sasso, rocher. Nous croyons que les anciennes formes ci-dessus, avec al et l’équivalent au excluent l’étymologie de M. F. et militent pour notre interprétation. /402/
- Sabet, Champ —, ou Chanzabé, ham. sous Lens, devrait s’écrire Champs-Abel d’après l’origine : campis Abel, 1289, M. R. XXX, 387; de Abel, n. pr., à la même époque un Abel à Sion, 1292, un Guillaume Abelz à Granges, 1279.
- La Sache, Schasche d’après Hisely, m. à Poliez-le-Grand, Saches, 1147, Saces, 1177, Cart. Month., une autre à Perroy. Holder a un Sacheium, aujourd’hui Sache, qu’il rattache au gentilice Sapius, villa Sapiaca.
- Saconnex, 3 loc. Genève, Sacunay, 1128, M. G. II, Saconai, 1215, 20, 24, M. R. XII, Saconay lu Grant, 1263, Saconay lo Petit, 1265, M. G. XIV, 63-76. — Saconai, 1181, 1196, Sachonay ultra Alvam, ib. 262, Sacconay, 1302. (On trouve aussi Saconetum, XIVe et XVe s., latinisation du mot français); de Sacconacum (fundum), du cognomen Sacco, d’où dérive le gentilice Sacconius = domaine d’un Sacco. Holder, II, 1275, dérive un Sacconago et un Sacquenay de Sacconiacum, du gentilice Sacconius, mais Sacconiacum donnerait Saccognac, —gney, — gny et non Sacconay. Lutz écrit Sacconnex, avec deux c, ce qui est plus conforme à l’étymologie.
- Sacret, crêt et m. à Rossenges, D. Moudon. Peut-être le crêt sec. Bridel donne un adj. sa = sec, comme employé dans le Jura bernois; cette forme a peut-être existé jusque dans la Broye.
- Sacy, ham. de Courroux, D. Delémont, et forêt à Courgenay, D. Porrentruy = (fundum) Sacciacum, domaine d’un Saccius, gentilice romain qui a donné les noms de 4 Sacy de France. Jubainville, 311.
- Sadex, vignoble et maison sous Prangins, Sadai, 1154, Cart. Month.; Sador, pâturage de Gruyère, Sadour, 1178, Sado, 1400, Sador, 1420; peut-être de l’adjectif sade, agréable.
- La Safranière, Rolle et Gilly; Safraneyre, Morrens, Saffranaire, Conthey, Montricher, l’Isle; Safrenière, Oron-le-Châtel; Saffronaire, Assens, Hermenches; Saffronnière à Ferlens, la Safornaire ou Saffornières à Saint-Saphorin sur Morges, en 1775 la Safrantière à Vionnaz, aujourd’hui la Vignette; lieux où l’on cultivait jadis le safran. Revue hist. Vaud, 1901, p. 185. /403/ Peut-on y rapporter les Chaffournières à Monnaz ? Ce mot paraît plutôt dérivé de chaufour.
- La Sage, ham. d’Evolène, la Sagi, 1211 et vers 1280, une autre, loc. à Miège près Sierre = la Sauge, permutation au-a comme la Nava, pour la Nauva ou Nova, voir Sauge. C’est à la première de ces deux localités que se rapporte sans doute le nom de Wetan de la Saugy, 1250, M. R. XXIX, nommé entre deux hommes d’Ewelina ou Evolène. Quant à la Sage, ham. et scierie à Planfayon, Fribourg, il vient de säge, scierie, en Valais resse ou rêche.
- Sagne, Saigne, Seigne et les diminutifs Sagnette, Seignette, Seignatte, Jura bernois, Saignotte, Sagneule, Saigneule, Seigneule, Seignole, Seignolet, Sagnula à Cormondrèche, 1280, Seygniole à Rochefort, 1372, etc.; très nombreuses localités, surtout du Jura, — plus de 100 Sagnes, — mot v, fr., bas latin sagna, aussi en provençal, herbe de marais, marais, qui paraît dérivé, ou parent de l’all. seggen, laîche.
- Saicourt, D. Moutier, Berne, Zacort, 1261, 1302, Sacort, 1310, Sacourt, 1317; court, ferme d’un Germain dont le nom se rattache à la racine said, seid, qui a donné les composés Seifrid, Seimund, Seiwalt.
- Saignelégier, Berne; origine douteuse. Pourrait être une corruption de Saint-Légier, ce que suppose le nom allemand de Sankt Leodegar; le fait que l’église est sous le vocable de l’Assomption ne serait pas une preuve négative suffisante. Vient plus probablement de saigne, s. f., lieu marécageux. En 1744, A.-L. Sandol écrit Sagneléger, M. N. IX, 137. Quant à légier, ce ne peut-être l’adjectif, car saigne est s. f. C’est plutôt un n. pr., saigne-Légier, la sagne du nommé Légier ou Léger.
- Saille, pâturage, Sally, 1262, Würstbg., et Saillet, sommet sur Saillon, Valais, village sur un rocher formant promontoire dans la vallée du Rhône, vico Saliene, 1131, Sallun, 1200, Sallon, 1223, etc.; le Saillant, croupe à Ollon, le Sallien, loc. à Monthey et à Vionnaz, Saillen à Vouvry, Tour Saillère ou /404/ Saillères, sommet Alpes valaisannes, rochers en promontoire; dérivés du verbe saillir, faire une saillie.
- Saint-Agnan, loc. à Concise, Vaud; de S. Agnan de Vienne, évêque d’Orléans, arrête Attila en 451, † 453, fête le 17 nov., ou peut-être d’un autre, évêque de Besançon, mort vers 374, fête le 5 septembre.
- Saint-André, chapelle à Troistorrents, Valais; de S. André, apôtre, martyr à Patras vers 76, fête le 30 novembre.
- Sainte-Anne, chapelles à Romont et à Vex; en Sainte-Anne, loc. à Croy, d’une ancienne chapelle « brûlée en 1536 par les Luthériens, » dit Pierrefleur; de Anne, mère de la sainte Vierge, fête le 26 juillet.
- Sainte-Apolline, ham. à Villars sur Glâne; d’Apolline, vierge d’Alexandrie, martyre en 248, fête le 9 février.
- Saint-Aubin, Frib., S. Albinus, 1166, et Neuchâtel; de S. Albinus, évêque d’Angers † 549.
- Saint-Barthélemy, commune D. Echallens; chapelle et torrent près Saint-Maurice; nom de plusieurs chapelles des Alpes, Nendaz, Evolène, Hérémence; de Barthélemy, apôtre, choisi pour patron de ces chapelles alpestres, parce que c’est le seul apôtre dont la fête tombe dans la saison d’alpage, 24 août. Le torrent près Saint-Maurice s’appelait jadis Matre, Marre : torrens de Matre, 1281, M. R. XXX, la Mare, 1736.
- Saint-Bernard, col et hospice; chapelle sur Conthey; de S. Bernard de Menthon, archidiacre d’Aoste, fondateur de l’hospice, mort à Novare en 1081 ou 1086, fête le 15 juin.
- Saint-Blaise, C. de Neuchâtel, jadis Arins; de S. Blaise, évêque de Sébaste, martyr vers 316, fête le 3 février.
- Saint-Bonnet, ham. de Dully, D. Rolle, Sancto Boneto, 1335, de S. Bonetus, évêque de Clermont † 710, fête le 15 janvier.
- Saint-Brais, Jura bernois, Sem Bris, 1275, Sanctus Briccius, 1302, Saint-Brey, 1316, S. Brictius, 1329; de S. Brice, disciple de saint Imier au VIIe s., qui aurait apporté le christianisme au Val-de-Ruz, d’où Dombresson, fête le 13 novembre.
- Saint-Brancher, Valais; voir Sembrancher. /405/
- Sainte-Catherine, loc. du Jorat de Lausanne, ancien couvent; de sainte Catherine d’Alexandrie, vierge et martyre en 307 ou 312, fête le 25 novembre.
- Saint-Cergues, C. Vaud, S. Ciricus, 1100, Rég. gen., S. Cyricus, 1228, 1273, S. Cericus, 1344; de S. Cyricus, enfant martyr à Tarse en Cilicie sous Dioclétien, fête le 16 juin.
D’après le Régeste genevois, nos 248, 253, S. Ciricus est une localité inconnue, et « Saint-Cergues, Vaud, ne s’appelait pas au moyen âge S. Ciricus, mais S. Surgius soit Sergius. » Mais comme il s’agit d’une église donnée à Saint-Claude, il n’y a pas de doute qu’il s’agit bien de Saint-Cergues qui a toujours appartenu à cette abbaye. - Saint-Christophe, ham. de Champvent, D. Yverdon, S. Christoforus (ph), 1177, 1228, M. R. VI, 1453, S. Christophle, 1619, loc., chapelle détruite près Aclens, S. Cristoforus, 1228, 1383, M. R. VI et V; chapelle à Bagnes, Valais; de S. Christophorus, évêque d’Antioche † vers 250, fête le 25 juillet.
- Saint-Cierges, D. Moudon, S. Cereus et S. Sergius, 1154, Cart. Month., M. R. XII, S. Ciriaco, 1166, Hidber. II, S. Cyriacus, 1227, 1228, et Seint Cierie, 1227, M. R. VI, 175, 177, 180, Senz Cirio, 1261, M. F. IV, 217; probablement de S. Sergius, pape, 687-701, fête le 9 sept., ou entre tous les Cyriacus (une 20e), de S. Cyriacus et ses compagnons martyrs à Rome sous Dioclétien, fête le 8 août.
- Saint-Clément, ham. de Lens, Valais; de saint Clément, pape, 91-100, fête le 13 nov.
- Saint-Denys, ham. de Cronay; de S. Dionysius, premier évêque de Paris, martyr vers 270, fête le 9 octobre.
- Saint-Didier, ancien nom de Saint-Loup, D. Cossonay; probablement de S. Desiderius, évêque de Langres, mort vers 407, fête le 23 mai, voir Revue hist. vaud, avril 1903.
- Saint-Eloi, chapelle à Estavayer-le-Lac; de S. Eligius, Eloi, ministre de Dagobert Ier, puis évêque de Noyon, 640-659, fête le 1er décembre.
- Saint-Etienne, chapelles à Bagnes et Liddes, Valais; rue et /406/ jadis église à Lausanne; de Etienne, diacre et protomartyr l’an 33, fête le 26 décembre.
- Saint-François, quartier à Lausanne, du couvent de franciscains qui s’y trouvait, de saint François d’Assises, fondateur de l’ordre 1182-1226, fête le 4 octobre.
- Saint-Gelin, ham. et chapelle près Cornol, D. Porrentruy, ecclesiam S. Juliani, 1147; probablement de saint Julien, évêque du Mans † vers 286, fête le 27 janvier.
- Saint-Georges, plus. villages et chapelles; de saint Georges, martyr, sous Dioclétien ? fête le 23 avril.
La table alphabétique du Cartulaire de Lausanne, M. R. VI, rapporte à tort à Saint-Georges, Vaud, le Rodolphus, miles de S. Georio de la page 524. Comme la charte renferme les noms d’une série de seigneurs du Genevois et du Faucigny, il s’agit donc d’une loc. de Savoie. Le Régeste genevois, dans l’analyse de cette charte, no 628, p. 167, le rapporte justement à Saint-Jeoire en Faucigny. - Saint-Germain, ham. de Savièse, Valais, S. Germanum, 1100, 1204; ham. de Bussigny-Morges; de Germain, évêque d’Auxerre, mort à Ravenne 448, fête le 31 juillet.
- Saint-Gervais, quartier de Genève, jadis localité indépendante; de S. Gervasius, martyr à Milan sous Néron, fête le 19 juin.
- Saint-Gingolph, Valais, S. Gengulfus, 1153, M. G. XIV, villula Sancti Gingulphi, 1200, S. Gingulfus vers 1230, S. Gingulphus, 1436. On connaît plusieurs saints de ce nom : Gingulf, évêque de Cambrai † 470, un autre évêque de Toul † 641, enfin Gingulf ou Gingulphus, compagnon d’armes de Pépin le Bref, zélé propagateur du christianisme, assassiné sur l’instigation de sa femme à Varennes, Haute-Marne, en 760; celui-ci est le patron de nombreuses églises en Lorraine et en Bourgogne et de Saint-Gingolph, Valais, dont l’église lui a été dédiée vers 870, fête le 11 mai. En patois on dit Saint-Gingout. Saint-Gengoux, Saône-et-Loire, a la même origine.
- Saint-Ginier, territoire à Randogne près Sierre, Valais. C’est à cet endroit que se rapporte sans doute le Jaquetus de Sancto Ginesio, 1299, M. R. XXX, 523. Il y avait aussi jadis une chapelle /407/ de Saint-Genis à Sion, d’après une charte où il est question d’une vigne « vinea sita in civitate Sedun., inter viam qua itur apud Valeriam et Sanctum Genesium et saxum Valeriae, » — de saint Genès, nom de nombreux saints (6) dont le plus connu est S. Genesius, martyr à Rome sous Dioclétien, fête le 25 août.
- Saint-Gotard, chapelle sur Ayent, chemin du Rawyl; de saint Gothard ou Godard, abbé bénédictin, évêque d’Hildersheim, 1022-1038, fête le 4 mai.
- Saint-Hubert, chapelle à Bassecourt, D. Porrentruy; de Hubert, né vers 656, comte, évêque de Mæstricht près de Liège, 720-727, fête le 3 novembre et le 30 mai.
- Saint-Imier, Berne, S. Ymerius, 884-962, S. Himerius, 1146; de Himerius ou Imer, ermite du VIIe s., né à Lugnez, D. Porrentruy, qui s’établit dans la vallée de la Suse, fête le 12 nov.
- Saint-Jean, commune, vallée d’Anniviers, chapelle à Sembrancher, quartier à Lausanne, etc.; de saint Jean, apôtre, mort sous Trajan, fête le 27 décembre.
- Saint-Laurent, chapelles près Saillon et près Ayer, Valais, autrefois aussi à Saint-Maurice; quartier à Lausanne; de saint Laurent, diacre de l’église de Rome, martyr en 258, fête le 10 août. Laurent fut enterré hors des murs de Rome; sur sa tombe s’élève aujourd’hui la basilique de Saint-Laurent-hors des murs; c’est pourquoi ses chapelles sont généralement construites en pleine campagne.
- Saint-Légier, D. Vevey, S. Leodegarius, 1228, M. R. VI; de saint Léger, nom francisé du Germain Leodegar, Liutgar, évêque d’Autun, martyr en 678, fête le 2 octobre.
- Saint-Léonard, D. Sierre, Sanctum Leonardum, 1218; de S. Léonard, ermite, mort vers 559, fête le 6 novembre.
- Saint-Livres, D. Aubonne, S. Liberius, 1228, M. R. VI; de S. Liberius, pape † 366, fête le 24 septembre.
- Saint-Loup, ham. près Versoix, eccl. de Sancto-Lupo, 1191, M. G. II; de S. Lupus, évêque de Troyes † 479, fête le 22 mai.
- Saint-Loup, près Pompaples, nom moderne, postérieur au XVe s., la « cure de S. Didier, autrement appelée S. Loup, » 1552, /408/ Revue hist. vaud, déc. 1905. Le Dict. hist. Vaud serait tenté de le dériver avec Bridel, Cons. suisse, X, 32, de S. Lupicin, frère de S. Romain. De même, M. l’abbé Besson. Bien douteux; le nom de S. Lupicin s’est maintenu tel quel dans le nom d’un village près de Saint-Claude (ancien monastère de Lauconne). Nous pensons plutôt avec M. Reymond, Revue hist. vaud., déc. 1905, que ce nom vient de quelque autel consacré au XVIe s. à un saint Loup, soit S. Loup, l’évêque de Troyes, ou un autre comme S. Loup, évêque de Regensburg, † 999.
- Saint-Luc, vallée d’Anniviers, appellation toute moderne, autrefois et encore aujourd’hui Luc tout court, rien de commun avec l’apôtre; voir Luc.
- Sainte-Madeleine, chapelle à Ayent, Valais; ermitage à Fribourg; de Marie-Madeleine ou de Magdala, morte suivant quelques auteurs grecs en 90 à Ephèse, fête le 22 juillet.
- Saint-Maire, ancienne porte à Lausanne, d’une église dès longtemps disparue, consacrée à S. Marius, évêque de Lausanne 574-594, fête le 9 février (jadis le 31 décembre).
- Saint-Marc, chapelle à Bagnes; de saint Marc évangéliste, martyr à Alexandrie en 68, fête le 25 avril.
- Sainte-Marguerite, chapelle à Savièse; dédiée à sainte Marguerite, vierge martyre à Antioche de Pisidie, fête le 20 juillet.
- Saint-Martin, plusieurs communes et hameaux, ancienne porte et rue à Lausanne; de S. Martinus, le célèbre évêque de Tours, un des patrons de la Gaule, mort en 396 ou 400, fête le 11 novembre.
- Saint-Maur, place à Lausanne, de saint Maur, Maurus, disciple de saint Benoît, fondateur en Gaule de monastères de bénédictins au VIe s.; fête le 15 janvier.
- Saint-Maurice, plus. loc.; de Mauritius, chef de la légion thébéenne, martyr à Saint-Maurice, Valais, en 302 ( ?), fête le 22 septembre. La petite cité valaisanne s’appelait autrefois Agaunum, Acaunum, Monasterium acaunense, Chron. de Marius. « Agaunum accolae interpretatione gallici sermonis saxum dicunt, » Vie de S. Sigismond; du celte acauno, pierre, rocher. /409/
- Saint-Nicolas, D. Viège, Valais; de S. Nicolas, évêque de Myre, † vers 325, fête le 6 décembre.
- Saint-Olivier, ham. de la Côte-aux-Fées, Neuchâtel; saint Olivier, corruption de sanctus Liberius d’Ancône, pèlerin, mort vers 1275 (de Sancto Liberio on a fait Sanct’ Oliberio et déduit un nom Oliberius, d’où Olivier).
- Saint-Oyens, D. Aubonne, eccl. de Sancto Eugendo, 1139, Vicum de S. Eugendo, 1211, S. Eugenio, 1285, M. R. III, 554, Seint-Oyent, 1306, M. R. XII, 180, eccl. S. Eugendi, 1494; de saint Oyend ou Oyant, Eugendus ou Ogendus, abbé de Condat, aujourd’hui Saint-Claude, † 510. Le S. Eugenio, 1285, paraît une confusion avec un des saint Eugène, l’un évêque de Carthage † 505, l’autre, pape † 658.
- Saint-Pierre, m. à Aigle, ancienne chapelle; rue à Lausanne (église détruite après la Réforme); Saint-Pierre de Clages, village valaisan, Saint-Pierre de Joux ou Bourg-Saint-Pierre, Valais, etc.; de Pierre, apôtre, fête le 29 juin.
- Saint-Prex, D. Morges, S. Prothasius, 887, eccl. S. Prothasii, 1173, 1182, M. R. VII, 21, 28; de Sanctus Prothasius, S. Prothais, évêque de Lausanne, mort vers 649, fête le 6 nov.
- Saint-Quintin, chapelle à Hérémence, Valais; de S. Quintinus, fils d’un sénateur romain, apôtre du christianisme dans le Vermandois, martyr sous Dioclétien, fête le 31 octobre, en Valais le 30.
- Saint-Roch, quaitier à Lausanne où s’élevait un ancien hôpital construit de 1494-1495, voir Manuaux du C. de Lausanne par Ernest Chavannes, I, 228; de saint Roch, gentilhomme de Montpellier, 1295-1327, qui consacra sa vie au soin des pestiférés, fête le 16 août.
- Saint-Romain, ham. d’Ayent, Valais, ecclesia S. Romani de Agenta, 1153, Sanct. Romanum, 1254, 1269; de S. Romain, diacre de Césarée † à Antioche en 303, fête le 18 nov. (fête à Ayent le 20 mai).
- Saint-Saphorin, D. Morges et Lavaux, S. Sufforianum, 1137, S. Symphorianum, 1146, M. F. II et III et 1163, M. R. XII, /410/ S. Safurin, 1256, Saymsafurin, 1284, M. G. XIV, 37, 128; une loc. à Perroy, S. Sefurin, 1012; de S. Symphorianus, martyr à Autun vers 179, fête le 22 août.
- Saint-Sébastien, chapelle à Nendaz; de Sébastien, officier de la garde impériale, martyr à Rome, suivant les uns en 287, suivant d’autres en 304, fête le 20 janvier, « avec procession partout où on peut la faire dans la plupart des paroisses du Valais, dévotion établie dans la première moitié du XVIIe s. pour demander à Dieu, par l’intercession de son martyr Sébastien, la cessation du fléau de la peste. » Note de M. le chan. Bourban.
- Saint-Séverin, ham. de Conthey; de S. Severinus, abbé d’Agaune ou Saint-Maurice, † 507, fête le 11 février.
- Saint-Sulpice, Vaud, S. Surpicius, 1228, et Neuchâtel, S. Surpiscius, 1228, M. R. VI, les deux popul. Saint-Sulpi, ainsi dans Struve, Itin., 1794; de l’un ou l’autre des S. Sulpicius, tous deux évêques de Bourges, l’un † 591, fête le 29 janvier, l’autre † 644, fête le 17 janvier; il s’agit probablement du premier.
Quant à Solpiacum, 885, M. R. VI, 132, que la table alphabétique du Cartulaire, p. 686, rapporte à Saint-Sulpice, c’est Suchy; voir ce mot. Sulpicius aurait donné Sulpiciacum. - Saint-Sylve, ancienne église de Vex, Valais, isolée sur une colline; de saint Sylve, évêque de Toulouse, mort vers 400, fête le 31 mai.
- Saint-Théodule, col de glacier à Zermatt; de saint Théodule ou plus justement Théodore, premier évêque (connu) d’Octodure (Martigny) mentionné en 381 et 390, fête le 16 août.
- Saint-Triphon, D. Aigle, Humbertus, miles de S. Triphon, et ecclesia S. Triphoni, 1190, de Gingins, Recherches, p. 48, S. Tryphon, 1282, 1311, S. Triffon, 1332; de S. Tryphonus, martyr à Alexandrie, IIIe s., fête le 3 juillet, ou d’un second mort à Nicée vers 250, fête le 10 nov.
- Saint-Urbain, chapelle à Cressier, Frib.; de saint Urbain Ier, pape, 222-280, fête le 25 mai.
- Saint-Ursanne, D. Porrentruy, Monasterium sancti Ursicini vers 666, cella S. Ursicini, 849-1040; de saint Ursicinus, /411/ suivant la légende, disciple de Colomban, mort vers 620, fête le 9 déc.
- Saint-Vendelin ou Wendelin, chapelles à Barberêche, Frib., et alpes de Naters, Valais, consacrées à saint Wendelin, — patron des bergers, — abbé de Tholey, Bourgogne, † vers 650, fête le 21 oct.
- Saint-Victor, loc. à Cartigny, anc. propriété du prieuré de Saint-Victor à Genève; de saint Victor de Marseille, soldat, un des compagnons de Maurice, martyr, 302, fête le 21 juillet.
- Saint-Vincent, m. à Gilly; de S. Vincent, diacre de Sarragosse martyr en 304, fête le 21 janvier, ou S. Vincent de Lerins, mort vers 450, fête le 24 mai.
- Les Sairins ou Sairains, ham. de Saint-Brais, Jura bernois, Sorores rupes ou Roches sœurs en 1210, Dict. Attinger; corruption de sœurs, comparez Sereux sur Vouvry.
- Salaire ou Sallaire, sommet et combe à l’Etivaz, Pays-d’Enhaut; Combe de Salaire ou Seleyre à Champéry, Seleyres à Vionnaz, Tressalaire à Leysin, très = trans; la Sallayre à Villeneuve, Seleyre à Saint-Cierges, Selyre, ham. de Praz, Fribourg; Céleyres, sommet et pâturage près Culant, Ormont-dessus, Cholaire, plateau dénudé au Saint-Bernard, Valais; parents du latin solarium, lieu élevé, exposé au soleil, de là le solier, plancher supérieur d’une grange. La permutation sal-sel-chol est connue, ainsi Bridel a sâla, sella, chola, chaise.
- Salanfe, ch-f, Salancia, 1716, registre de Vérossaz, pâturage parcouru par la Sal(l)anche, Salence ou Salanfe près Vernayaz; Salence, torrent de Saillon, Valais; Salence ou Salanche, ruisseau de Saint-Saphorin, amnem Salanchia, XIe s., Hidber, I, Salentia, 1193, M. R. I, Sallanchy, 1368; Salentin, mont dominant l’alpe de Salanfe, Sallantin, 1740; dérivés du verbe saillir, faire saillie et sauter, bondir : rochers qui saillent, torrents qui tombent en cascades.
- Salavaux, ham. de Bellerive, D. Avenches, all. Salvenach. Le nom allemand correspond à Sauvigny = (fundum) Salviniacum, /412/ domaine d’un Salvinius, gentilice romain; le nom français paraît renfermer la racine sal, maison.
- Salaz ou Sales, ancienne abbaye près Ollon, Sales, 1276, — partie de Vouvry, loc. à Prez, Fribourg; La Sallaz, h. de Lausanne, Sallaz, partie de Riez, loc. à Fleurier; la Sala, ham. de Pont-la-Ville, loc. à Arnex; la Salla à Fresens; Sales, D. Sarine, Frib., villa Sala, 1082, Sales, 1159; autre D. Gruyère, puis une 10e de villages et hameaux, quelquefois Salles : Lutry, Marchissy; du v. h. all. sal, maison, demeure (et non du latin cella qui n’a pas laissé de traces chez nous). Quant à Sales, domaine près Palézieux, Sales, 1166, Saulas, 1167, M. R. XII, la forme Saulas pourrait le rattacher à Salaha, saule; voir ce mot.
- Salenove, loc. à Gilly, D. Rolle, feudum de Salanove, 1265, M. R. III; sans doute un fief de la maison savoisienne de ce nom, de sala, demeure, et nova, neuve.
- Salettes ou Salettaz, nom fréquent de champs, une 10e de loc. Vaud, Frib. et Neuch.; du patois saletta, oseille sauvage, terrains où elle abonde; salette, dim. de sel à cause de l’acidité des feuilles, un casale de Salecta apud Crissier, 1208, M. R. VI, 659. Ne pas confondre avec Sallettaz, voir plus bas. [Voir Additions et corrections : Salettes, p.547]
- Saleucex, tour en ruines sur le Cubli, Montreux; Saleuscé, Bridel, qui le dérive de sala au Sex, demeure sur le Sex, le rocher.
- Salins, m. sur Aigle, ancienne saline exploitée dès 1554 jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
- Salins près Sion, Salaig, 1200, Salen, 1227, 1267, Salein, 1232, 1256 (le Salem, 1267, M. R. XXX, p. 169, doit être lu Salein), Saleyn, Salenz, 1250, Salens, 1333, 1340, 1375, etc. = chez les descendants de Salo ou Sallo, n. pr. germain.
- Sallaz, Mont —, 1514 m., sommet du Jura sur Arzier, Salla, 1208; 2 pâturages de Gruyère, la Salle, loc. à Vétroz et sommet, vallée de Bagnes; de salla, siège, latin sella. Salettes, sommet, alpes de Châtel-Saint-Denis, diminutif; mais pourrait avoir été d’abord le nom du chalet; ce serait alors le mot suivant :
- Sallettaz, 4 loc., maisons et chalets, C. Fribourg, D. Gruyère /413/ et Veveyse, dim. de salla, du v. h. all. sal, maison; un territoire de Salletaz près Everdes, Frib., en 1330.
- Salquenen, D. Sierre, en patois romand Sarqueno, all. Salgetsch, Salconio au XIe s., Salqueno, 1219-1344, Sarqueno, 1229, 8 fois 1322-1392, Salquenon, 1340, 1361, Sarquenoz, 1799. Salgetsch, du latin salicetum, taillis de saules, et Salconium, de l’all. Salchen, prairie parsemée de saules, v. h. all. salah. Localité jadis française où tous les noms de lieux-dits sont encore français, avec une orthographe allemande, par exemple : Schilius (Chilloux), Muling, Fontanetten, Lusche (Louchet), Foscha, Clu (Clou), Schanpitro, Trong (Tronc), Flantey, Karo, Schauderang (Chauderan), Goliry (Coluire), Schuterig (las sutery, XIVe s.), etc.
- Saltine, rivière à Brigue, Saltana, 1401, Saltane, 1457. Rien de commun avec salix, saule, comme le veut Studer; dérivé de saltare, sauter, à cause de son cours rapide.
- Salvagny, D. Lac, Fribourg, all. Salvenach : Suaniez, 1340, Salvagnye, 1340, Rec. dipl. V, Salvagnie, 1450, Savagnie, 1642; de (fundum) Silvaniacum, domaine d’un Silvanius, gentilice romain (village romand germanisé depuis trois siècles), permutation i-a comme dans Salvan.
- Salvan, Valais, Silvanum, 516, 1147, Hidber, II, et 1138, Cibrario 48, Salvans, 1252, M. R. XII, Salvanum, 1272, Servans, 1307, M. G. XIV, Sarvans, 1315, 1364, Servens, 1428, Verneya, in pede de la poya de Sarvan, Emanei apud Sarvan, 1732; du latin (vicum) silvanum, (village) de la forêt.
- Samarain à Ayent, Valais, patois pour Chamarain, voir Chamarin.
- Sampil à Ayer, Valais, patois pour Champil, de campellum, petit champ.
- Sanetsch, col et plateau entre Sion et Gessenay; de la racine San de Sarine, Sanona, Senona, et suffixe collectif germain etsch, comme Gradetsch, Salgetsch : prairies, pâturages de la San. En français Senin, Senenz, 1243, 1252, Senens, 1379, M. R. XXII, 215, même racine San, Sen. /414/
- Sanfleuron ou Zanfleuron, pâturage et glacier au Sanetsch, Valais, Chaufleuron, 1379, M. R. XXII, 215, Chamfloron, 1440; de zan, san = champ ou de chaux, de calma, pâturage, et fleuron, employé adjectivement, champ ou pâturage fleuri.
- Sangla (gl mouillé), arête rocheuse sur le glacier d’Otemma, Valais; la Sengla, chaîne de rochers entre les glaciers d’Otemma et d’Olon; Senglioz, pâturage, alpes de Bex; la Roche du Sangle ou du Singlliou à Vallorbe (que Vallotton-Aubert dérive de sanglier); Pas du Single, sentier en écharpe au Creux du Van, Neuchâtel; Senlioz ou Sinlioz, loc. à Vex, Valais; Scinglioz, petit pâturage dans les gorges du Trient, sous Salvan et en face à Gueuroz; en Sengloz, loc. à Massongex, Cengloz à Evionnaz; Singline, alpe vallée d’Anniviers. S permute avec f dans la vallée du Rhône; de là les Feinlles, rochers bordant le Torrent Sec à Morcles, et Feinlleney, corniches herbeuses sous le rocher de Dailly à Morcles; les Fingles, les Cengles, vieux plan de Vérossaz, XVIIIe s., lisières herbeuses ou boisées sur les corniches de rochers de Saint-Maurice, le Fenlioz à Vionnaz, Fenllioz, 1775, Cengloz, 1723. Du latin cingula, sangle, ceinture. En Dauphiné, sangle = corniche herbeuse entre deux parois; les Schaingel des Grisons, les Tschingel de la Suisse allemande ont la même origine. Un ancien château près d’Annecy, Seingle ou Single, est appelé Cingulum dans une charte de 1291, Rég. gen. 333.
- Sangsuy, loc. à Combremont; ruisseau, affl. de la Sonnaz, Frib.; Sensuis à Rossens, id. ou Sensuy, ham. de Praratoud; loc. à Barberêche, en patois Sansuvâ; Sansui, prés à Payerne, les Sensuys, Chavannes-le-Chêne, Sansuy à Eysins, à Pully; au Censui à Renens; Sansuet à Marchissy; Sansuvy, m. à Grolley; et dans les chartes : lo Sansuiler à Vufflens-la-Ville vers 1260, M. R. III, 538, campus du Sansuyer à Sullens, 1287, chan dou Sansuier à Ecuvillens vers 1280; de sangsue, patois sangsuie, et suff. ier : sangsuyer, marais à sangsues, comme les Prés des Sangsues à Bogis-Bossey, correspondants des nombreux Egelsee de la Suisse allemande. /415/
- Sapay à Plan-les-Ouates, Sapey, ham. de Bagnes, Valais, Sappay, 1720; m. à Marsens, Frib.; Sapis, Romanens, Sapy à Provence, Sap(p)i à Charmey, Sapex, Montreux, Sappex, Charmey, Sapet, Val-de-Ruz, Sapaye, Vuisternens, etc.; du v. fr. sap, celtique sap, sapin, et collectifs ey, ex, y, aye, latin etum; un Sapey au pied du Salève est appelé Sapetum au XIIIe s. Nombreux diminutifs : Sapel, crêt, Jura neuch., Sapallaz, Sapellaz, Sappelet, Sapelet, Sapalé, Sapalez, Sapaley, Sépley pour Sépeley; en Valais Zappalaz, Chapelet et Zapelletta, voir aussi Sépey.
Plusieurs auteurs rattachent au celte sap, sapin, le nom de Sapaudia, mentionné pour la première fois par Am. Marcellin vers 360, puis Sabaudia, aujourd’hui Savoie. - Sapino, atlas Siegfried, ham. de Saxon, Valais, fausse orth. pour Sapinhaut, Feuille off. du Valais : l’h de haut est muet dans beaucoup de noms locaux.
- Sarine, rivière, all. Sane, Sanona, 1039, 1150, 1160, 1228, Sanuna, 1079, Senona, 1270, Sarona, 1333, 1392, 1406, Sarina, 1425, M. R. et Rec. dipl. V, VI, VII; Sana, 1668, carte v. der Weid; formé de la racine san, sar, et ona, rivière. La racine sanscrite sar, aller vite, couler, adj. sarnos, qui se hâte, se retrouve dans de nombreux noms de rivières : le Saren, Sarn ou Saar, rivière près Sargans, la Saar, affl. de la Moselle, le Sarno, fleuve près Naples, Sarnen, pluriel, à la jonction de deux torrents, etc., en romanche sar, tschar = torrent.
La forme Seroye de ce passage d’une charte de 1259 citée par Würstemberg, 267, « locum situm inter villas nostras de Berna et de Murato super aquam Seroye qui Contamina (Guminen) nuncupatur » est tout à fait isolée et nous paraît étrange. - Le Sarjeu, loc. à Saint-Maurice, le même que Chargeux, Fully et Chargiau, Alpes vaudoises; voir Chargeoir.
- La Sarouche, forêt et rochers, Château-d’Œx; voir Charoutze.
- Sarra, La —, prés à Etoy, Sarraux ou Serraux, écart de Begnins, Sarraul, 1493, et Sarraulx, 1597, 1627; peut-être du bas latin sarra, serra, clôture, enceinte; un bois de Sarroul /416/ près du Landeron, 1356, 1373, serait-il le Serroues d’aujourd’hui sur Lignières ?
- Sarrayer ou Serrayer, village de Bagnes; du bas latin sarra, serra, et ayer, du latin acer, érable : clos des érables.
- La Sarraz, D. Cossonay, Sarata, 1158, Sarrata, 1186, la Sara, 1235, M. R. VI, 624, la Sarrée, 1227, 1250, VII, 49, cellam de Serra, 1286, M. G. XV, 24, villa Serrata, 1379, etc. D’après Gatschet, du bas latin sarra, scierie, ce qui n’explique pas Sarrata. Nous le dérivons plutôt, vu la position du bourg, d’un adj. serratus : villa serrata, du latin serras, défilé, passage, en romanche serra, défilé, ville resserrée dans un défilé. Rien de commun non plus avec les Sarrasins, comme Studer le pense, sur le simple fait que les habitants de la Sarraz s’appellent Sarrasins et qu’on y fabrique du fromage appelé sarrasin (sic), p. 37.
- Sarzens, D. Moudon, Sarsens, 1261, M. F. IV, 218, Sarsens, 1277, M. R. VII, 69 = chez les descendants de * Sarizo, n. pr. germain, dérivé de Saro, du v. h. all. saro, armure, comme Chunizo de Chuono, Godizo de Godo, Oppizo de Oppo, Hugizo de Hugo, etc.; rien de commun non plus avec les Sarrasins, comme Studer le suppose.
- Sassel, D. Payerne, Saselz, 1168-1171, Arch. Fr. VI, Sasel, 1166, Sassez, 1215, 1341, Sasses, 1226, 1228, F. B. II, 83, G. de Saisel, 1228, M. R. VI, 100, Saisses, 1242, etc., Sassel, 1368; autre, ham. de Fleurier; loc. à Lignières et à Baulmes; forêt à Concise; un Sassel à Puidoux, 1215; de saxellum, petit rocher.
- Sassalaz à Albeuve, Sassalas à Rossinières, Sassélaz à Conthey, aux Saxelles, aussi le Saxellaz, m. sur Vouvry; on dit aussi les Sasilles du Flon, du Vézenant à Vouvry; de saxella, pluriel de saxellum pris pour un s. f., en romanche sassella, amas de pierres.
- Au Sacellard, Sassellard, 1556, Port-Valais, le Sasselet, pl. loc., le Saisseli à la Hütte, Berne, doubles diminutifs.
- La Sasse, sommet Entremont, et Grône, loc. à Dorenaz, Valais; de saxa, plur. de saxum, pris pour un f. s.
- Sasseneire, de saxa, roche, et noire, sommet, val d’Hérens. /417/
- La Sarse à Corbeyrier, et loc. à Morcles; le même que Sasse avec épenthèse d’un r.
- Saxé à Fully, Sassey à Morgins, Montreux, Ocourt, Jura bernois, racine sax, rocher et suffixes é, ey, collectifs.
- Sasset, 4 loc. Ormont et ailleurs, diminutif de Sasse.
- La Chasse, pâturage, val Ferret; pente rocheuse sur Vionnaz, les Châsses, pâturages au Sanetsch, de saxa, voir Sasse, et permutation s-ch, les Sachets à Vionnaz, Chachet à Savièse, diminutifs. Il y a un chemin du Sachet à Cortaillod, mais nous ignorons si ce nom peut se rattacher à ce groupe.
- Sassore, voir Saxore.
- Sasvouet, chalets sur un point saillant des alpes d’Ayent, Valais; de sas, rocher, et vouet, point de vue, de vouaiti, du v. h. all. wahtân, veiller, regarder : le rocher d’où l’on a une belle vue.
- Satigny, Genève, villa Satiniatis, 901, 934, M. G. II, 16, pour Satiniacis; Satiniacum, XIIe s., et 1163, M. G. I, 20, XIV, 10, ecclesia satiniensis, 1134, Satinnie, 1235, Satignie, 1287, Satignier, 1305, M. G. I, XIV, etc.; de Satiniacum (fundum), domaine d’un Satinius, gentilice dérivé du cognomen Satinus, Holder, II, 1375.
- Le Sau, au Sau, en Saux, m. et loc., une 10e, C. Vaud; en Sahu, loc. à Auvernier, syn. des Sau vaudois; de sau, sahu, noms patois du sureau, du latin sabucus, endroits où les sureaux abondent. De là les composés en Saumont, 7 loc. Alpes et Jura, en Saumon à Combremont = mont des sureaux. Une loc. à la Croix du Sceau à Villarlod doit être encore un Sau.
- Saubraz, D. Aubonne, Saubra, 1251, M. R. XII, 144, 1278, 1344, Salubra, XIIIe s., M. R. III, 563, Salbrum, 1237. Ces deux derniers sont des essais de latinisation du mot romand : au venant généralement de al, le chartiste de 1237 a traduit Salbrum; l’autre a cherché un sens et a pensé que Saubra devait signifier Sal’bra, Salubra. Mais si l’on considère que le patois dit sobra, saubra, au-dessus, du latin supra, on y reconnaîtra l’origine du nom de Saubraz, qui est sur un gradin supérieur.
- Saucens, ham. de Vuadens, Frib., villa Socxingus, id est /418/ Soucens, M. R. VI, 5, Solcens, 1145, M. F. II, 329, Souceins, 1248, F. B. II, Soucens, 1252, 1277, Sucens, 1256, M. R. XII, 283, Souceng, 1258, Succens, 1278, Arch. Fr. III, 71, Souceyns, 1340, Saucens, 1426 = chez les descendants de Salacho, Salecho, Salicho, Salocho, Salacho, Salcho, n. pr. germain, dérivé de salo, noir.
- Saucy, Saulcy, voir Sausse. [Voir Additions et corrections : Saulcy, p.547]
- Saudannaz, pâturage à Blonay; d’après M. Isabel (in litt.), serait le fém. de l’adj. patois saudan, seul, l’alpe isolée, retirée; il faudrait peut-être rattacher à ce mot saudan quelques noms locaux de la vallée du Rhône : en Saudan, prés à Illarse, Chaudan, 1696, Seudan à Dorenaz, Sudan ou Seudan à Vérossaz, Derbé Saudan à Ormont-dessus, Praz Saudan à Châtel-Saint-Denis.
- Sauderan, chalets, vallée de la Baie de Montreux, au-dessus de profonds ravins; de chaudière, patois tsaudeira, équivalent de Chauderon, nom du vallon plus bas.
- Saudettaz, en la —, à Vérossaz, Valais; probablement autre forme de Saudzettaz ou Saugettaz, nom fréquent = lieu couvert de saules; v. fr. sauge, permutation j-d, comme dans Oujon, Ouzon, aujourd’hui Oudon, Audon (alpes du Sépey), Ougine-Audena; Chage-Chaude.
- Sauge ou Sauges, plus. villages et hameaux, du v. fr. sauge : les Sauges entre Landeron et Neuveville, Salices, 1185, 1121, Sales, 1246, Trouillat, un pratum des Sauges à Vétroz, 1250, patois saudze = saule; forme une nombreuse famille, 1o des diminutifs : Saugealles, loc. Lausanne, Sageleys, 1142, Sogelez, 1182, Sajales et Sageles, 1184, Sougeles, 1199, et Souzeles, XIIe s., Cart. Month., et ailleurs, Saugettes, Sauzettaz, Saugeon, Saugeau; 2o des collectifs Saugiaz, Salgia vers 1150 dans une charte de Haut-Crêt, Saudziaz, Saugey (Saudzay), Saugy(is), Saulgy, Seuzey = lieux couverts de saules, et suffixes ia, ey, y, voir aussi Seujet; peut-être faut-il y rattacher les Songy, Sondgy, Sionge : le Saulgy, bois au Gibloux, se dit en patois Chondzi.
- Saule, ham. de Bernex, Saules, com. D. de Moutier, /419/ Sales, 1148, 1294, 1401, Saules, Val-de-Ruz, Sales, 1269, F. B. II; loc. à Vétroz et Luins; Saulesses, mayens d’Evolène, Salice vers 1280; probablement aussi Sales, domaine à Granges d’Attalens, Sales, 1166, Saulas, 1167, etc.; du germanique salaha, contracté en sala = saule; se compose avec moille, voir Mollie.
- Au Sauley, à Monthey, de saule et suffixe coll. ey, était un Saujay en 1696, même sens.
- Sauquenil, promontoire rocheux entre Roche et Villeneuve, Trucce de Socquenin, 1214 (limite des franchises de Villeneuve), Socceny et Soquenil, 1792, Rôle des signaux; nous paraît renfermer la racine gauloise socc, provençal soc, fr. souche; voir Suche.
- Saussaz, Sausses, Sauces, nombr. loc. = salices, les saules, pl. du latin salicem. Sauley, com. D. Delémont, Saucy à Tramelan, Courtetelle et Develier, Saussey, ham. de Féchy, collectifs; de salicetum, taillis de saules.
- Cependant sauss- peut avoir une autre origine, ainsi :
- Saussivue, 3 loc. Gruyère, l’une Salsa aqua, 1235, 1296 = eau salée.
- Aigue Saussaz, loc. à Salins sur Aigle, où se trouvait jadis une source salée exploitée jusqu’à la fin du XVIIIe s.; la Saussaz, ham. de Rougemont, Solsa dans Lutz, all. in der Sulz; Commun de la Saussaz et Aigue Saussaz près Salins, alpes d’Ollon; un Michael de Salsa à Ollon, 1320, M. R., 2e s., IV, 83; ruisseau de Saussouye à Bex. L’all. Sulz et Salsa indiquent la dérivation du latin salsus, salé, — en celte salusa = source salée, Zeuss, 122, — et les montagnes d’Ollon avaient plusieurs sources salées, aujourd’hui douces comme celle de Salins.
- Le Saut, loc. à Valangin et à Saxon; les Sauts, bois à Liddes et 2 pâturages Charmey; Sur les Sauts à Botterens, Frib., le Saut de Serroue à Peseux, le Sault à Neuchâtel, Pertuis du Soth, 1377, du Soc vers 1800. Probablement aussi Crétaz du So sur Saxon; du latin saltus, bois. Quant à Serroue, voir ce mot.
- Sauterot, ham. au torrent d’Useigne, près Hérémence, Valais; Sauteruz, ruisseau, affl. de la Mentue, Vaud; de ruz, ruisseau, /420/ et l’impératif de sauter : saute, bondis, ruisseau ! même formation que Chantemerle.
- Sautery, prés à Panex et aux Ecovets sur Ollon, à Châtel-Saint-Denis, Saltery, loc. à Fully, un loco de loz Souteryt entre Sion et Savièse, 1224; une terra Sauterii à Jussy, 1226, M. G. XIV; probablement ancienne propriété d’un sautier, latin salterius, saltarius, magistrat municipal aux fonctions variables, primitivement chargé des forêts, saltus. D’après Littré, saltarius = messier, celui qui garde les moissons, du bas latin, saltus, fonds de terre, extension de sens de saltus, forêt. On trouve aussi psalterius, « mistrales et psalterii, » 1228, Rég. gen., de là la singulière étymologie de Matile qui dérive sautier de psautier, celui qui lit les psaumes !
- Sauvabelin, forêt sur Lausanne, Savaberlin vers 1230, Silva belini, 1227, M. R. VI, 416, 546; généralement expliqué par forêt — silva — consacrée à Belenos ou Belinus, l’Apollon des Gaulois. Gatschet, se basant sur la forme de 1230, l’explique par forêt de Berilo, n. pr. germain. Nous préférons la première étymologie : 1o La forme de 1230 est isolée, probabl. faute d’orth.; 2o Les localités dont le nom dérive de Berilo ont gardé le r jusqu’à aujourd’hui; voir Berlens, Berlin, Berlincourt; 3o La forme de 1227, presque contemporaine de l’autre, rattache nettement ce nom à Belinus. Nous savons que des montagnes, des sources et nombre de localités lui étaient consacrées.
- Sauvage, Grand —, Petit —, Gros —, à Semsales et Vaulruz, Fribourg = terrain, fond sauvage, c’est-à-dire boisé (fundum) Silvaticum, nom datant de l’époque où le pays était encore couvert de vastes forêts.
- Sauveillame ou Soveillame, ham. de Gollion et de Senarclens, D. Cossonay, Savaglames, 1344, Sauvaglames, 1377.
- Sauverny, ham. de Versoix, voisin de la commune française de ce nom, Soverney, 1164, M. G. IV, 78, Sovernay, 1225, Rég. gen., 164, Sauvernier, 1317, Sovernier, 1371, M. G. IX et XVIII; probablement de sub verneto, sous le Verney, sous le taillis de vernes. /421/
- Savagnier, 2 vill. Neuchâtel, Savaignier, 1143, Sauvegnez, Savagny, 1179, Sauvagnie, 1276, Savagnier, 1309, Savaignie, Savagniei, 1349, Savigny, 1453; de silvaniacum (locum), lieu boisé, ou, comme les Savigny, de Sabiniacum (fundum), domaine d’un Sabinius; les formes en au, de al font prévaloir la première explication. Savagnière, 2 pâturages près Saint-Imier, et Suvagnier, 2 pâturages sur Buttes; de silvanariam (regionem) silvanarium (locum), contrée boisée.
- Savagnier, all. Safneren, près Nidau, Berne, Savenières, 1251; même origine, ou de sabinaria, de sabina, voir le mot suivant.
- Savenay, ham. de Salvan, Valais; du latin sabinetum, endroit où abonde le Genévrier Sabine, Juniperus Sabina, patois savena, abondant dans tous les environs.
- Savalena, pâturage sur Vouvry, Valais, Chavorina, 1402, M. R., 2e s., II, 40.
- Saves, ès, aux Saves, nom fréquent dans la vallée du Rhône : prés marécageux à Yvorne, Roche, Saint-Triphon, Ollon, Colombey, Muraz, Vouvry; loc. à Troistorrents, Gryon, Ormont-dessus et dessous; Saviez, collectif, prés marais à Villeneuve; Savioz, loc. à Chesières, D. Aigle, et Vex, Valais; Commun des Saviaux à Morlon, Frib. (fausse orth. probable); Savettes à Ollon et les Savolaz à Illarse, dim.; les Savietes à Lens, Valais, vers 1250; les Sevis à Nods et Douanne, Jura bernois. Probablement nom dérivé du latin saevus, sauvage, mauvais; le provençal a savoi, mauvais, de saevacus, ces terrains sont des marais peu productifs, entrecoupés de buissons qui gênent la faulx et ne donnent qu’une litière rare. En Champagne on appelle savarts, même racine et suffixe augm. ard, de mauvais terrains incultes.
- Savièse, Valais, Savisia, 1001, Saviesi(y), 1217, 1250, etc., Savesia, 1306, Saveysie, 1425, Saviesia, 1476, en 1801 Bridel écrit Saviège; peut-être de la racine précédente.
- Savigny, D. Lavaux, Savinie, 1228, Savignie, 1267, Saguignie (v-g), 1274 = (praedium) Sabiniacum, domaine d’un Sabinius, gentilice romain dérivé du cognomen Sabinus. Par contre /422/ Savigny, mont et pâturage de Rougemont, nous paraît plutôt dériver de (montem) Silvaniacum, mont boisé. On trouve pour le village de Lavaux la forme exceptionnelle Savignietum, M. R. VII, 78; le suffixe etum ne s’ajoute dans la règle qu’à des noms d’arbres ou de plantes.
- Les Savoises, quartier de Plainpalais, Genève, anciennement les Servoises, soit les (prairies, les fermes) des bois; du latin silvensis, voir Servais.
- Savolayre, pâturage de Rossinières; 2 ham. et ruisseau à Cerniat, Gruyère, Savoleri, 1295, M. F. II, 87, Savolayre ou Cervolaire, pâturage au S. de Morgins, Valais, ès Savoleyres à Troistoirents, XVIIIe s.; Saolyre, pâturage, alpe de Cleuson, vallée de Nendaz, Valais; diminutifs de silva, selva, sauve, forêt; la forme Cervolaire : permutation l-r comme dans Servan : Saolyre, apocope du v fréquente entre voyelles : tsavo, tsao, tschavon, tsaon, etc.; quant à olaire, olyre, c’est un composé de deux suffixes : le dim. ula, ola, et le collectif aria, silv-ula-aria; ces noms désignent de petits taillis d’aunes et de saules des Alpes, qui forment, pour ainsi dire, des forêts minuscules.
- Savonnaz, sommet, alpes de Champéry, et Savonnettes, mayens à Vionnaz, Valais, Chavonnettaz, 1775, dim.; permutation ch-s; forme féminine de chavon, tschavon, extrémité, bout, dim. de chef; localité située à l’extrémité d’un territoire, voir Chavonnes.
- Savorex, loc. à Aubonne, Savoret à Saint-Livres, à Pampigny; m. à Saint-Gingolph, Savoireux, chalets sur Monthey, Plan Savouyreux sur Chesières, alpes d’Ollon, la Saveure ou Savoret ou Seveyreux à Port-Valais, en Savoroux à Préverenges; probablement champs, terrains secs ou chauds, où croissent des Labiées, des plantes répandant une odeur épicée agréable; du verbe v. fr. savorer, exhaler une odeur agréable; de là le nom patois de la savorette, la sarriette des jardins.
- Savougny, loc. à Bex, au pied du Montet; lieu où abonde le cornouiller sanguin, en patois savougnon, de la racine savougn et suff. collectif y. /423/
- Les Savouyes, ou les Sauges, près marais, à Vionnaz, en la Savouye, 1723. Paraît un dimin. de Saves.
- Au ou Es Savuaz, ham. de Cugy et 3 autres loc. Frib.; peut-être le même que Saves.
- Savuit, ham. de Lutry, Savuist, XIVe s., Savit ou Sawit, 1390, Sawit, 1509, Savuy, Dict. de Lutz. Paraît encore renfermer la racine sav, et peut-être le suffixe y, collectif.
- Saxey ou Saxé, ham. de Fully, Valais; de saxetum, collectif, endroit où les rochers abondent, de saxum, rocher.
- Saxiéma ou Saziémaz, Saximaz (pron. Saz), pâturage au fond de l’Etivaz, à la limite des Ormonts, Sasema, 1276, Château d’Œx, etc., p. 13, Sesema, 1287, Corthésy, op. cit., 149; dérivé par Bridel et Hisely de saxa ima, les rochers supérieurs, étymologie rejetée par M. Bonnard (in litt). Toutefois il nous paraît que ce nom se rattache également à saxum, rocher.
- Saxon, D. Martigny, Sessun, 1195, Sassun, 1200, 1230, Saxuns, 1235; autre dérivé, diminutif sax-on, de saxum, rocher, ainsi que Saxonna, ham. d’Ayent, Valais, Seson-na en patois, Saxona, 1250, Sessona, 1250, 1342, Seissonne, Dict. Lutz, Seisonne, carte Club alpin, forme fém. du précédent.
- Saxore, ou Sachière, atlas Siegfried, alpe de Riddes, Valais; on trouve aussi Sassore, Sacheur, Sachère, Chassoure; de saxum, rocher, et un suffixe collectif, alpe où abondent les rochers.
- Sceut (ou Seut), 2 ham. de Glovelier, D. Delémont, rupem de Zuc, 1210, Sut, 1239, villula de Sceut, 1337, la roiche de Seuth, 1436; Sur le Sceut à Cœuve, Prés du Sceut à Fontenay, Montagne du Sceut à Montmelon, tous Jura bernois. La forme primitive du premier, Zuc de 1210 paraît rapprocher ces noms de suc, montagne élevée en Dauphiné, du patois soutze, souche, rocher, et en fait un parent de Suche, voir ce mot. [Voir Additions et corrections : Sceut, p.547]
- Schachtalar, loc. à Salgetsch, Valais, est un Châtelar déguisé à l’allemande, comme presque tous les lieux-dits de cette commune jadis romande, voyez Salquenen.
- La Scheulte, all. Schelte, rivière, affl. de la Birse, D. Delémont; /424/ probablement subst. verbal de l’all. schelten, gronder, injurier = la grondeuse, correspondant de la Mionnaz, D. Oron.
- Schinjeren, ham. entre Louèche et Albinen, Valais; c’est le nom germanique de Sinieres, 1224, Signeres, 1367, Signyeres, 1375, Signières, 1460, des Documents sur le Valais, M. R. XXIX et suiv. que M. Gremaud n’a pas identifié. Ce texte ne laisse pas de doute : « apud Sinieres … supra Albignun. »
- Schuenda, loc. à La Roche, Gruyère, Swendy, 1408, all. Schwende et la Bischuende, pâturage, même loc.; du v. h. all. swentan, brûler = lieu défriché par le feu. Beaucoup de noms germains à La Roche, limite des langues.
- Sciaz ou Siaz, nom très fréquent dans les Alpes, Alpes vaudoises : la Siaz ou la Chaz d’Encex, Sur la Siaz, col de la Croix, Hauta-Siaz sous Chamossaire, les 3 alpes d’Ollon; la Sciaz aux Voëttes d’Ormont-dessous, la Sciaz de Marnex, Ormont-dessus, Sya de Marneix, 1287, Sur la Sciaz au Rocher du Midi, Château-d’Œx; la Schiaz, haute croupe et chalets au Monteiller de Château-d’Œx, — dim. Schiettaz, et 3 pâtur. de Gruyère, Longchiat à Charmey; la Sciaz près Chambéry, 1582, aujourd’hui La Chat, voir Chaz; Entre deux-Sciets à l’Etivaz, dim. masculin. S’employait comme nom commun comme le montrent de nombreux textes : « Ad Arberium par la Sya usque a la Sya de Nancrues … per la Sya de Bellagarda et per la Sya des Gets, » délimitation, vallée d’Abondance, M. G. XIV; un cabula (chable) de la Sya et une Sia Udry à Louèche-Bains, 1510, 1527. Il est à la fois n. propre et n. commun dans ce texte : a Monte Ordeo (Montorge) usque a la Sya de la Seya et a la Sya de la Seya ulterius, etc., 1269, M. R. XXX. Cette variante Seya se rencontre encore : la Seya, pâturage avec chalet sur l’arète, entre le vallon de Lousine et celui de la Salenze, alpes de Saillon, et Plan-Sayaz ou Seyaz, petit plateau sur une arête, alpes d’Ollon. En 1355 une Seya de Beaeux (Bévieux) sur Montreux = scie, v. fr. soie, ital. sega, au sens d’arête dentelée, puis d’arête quelconque. De la forme soie vient le Château de la Soie près Sion, Castrum de Seta dans les chartes, fausse traduction latine due à une confusion /425/ facile entre soie, scie et soie de porc. Remarquons toutefois que scie se dit seita en Dauphiné.
- La Schiettaz, prés à Château-d’Œx; dim. de Schiaz, voir Sciaz.
- La Schuantz, croupe à l’extrémité des Monts Chevreuils, Château-d’Œx; de l’all. Schwantz, queue; c’est le correspondant des Cuaz, etc., nombreux ailleurs.
- La Sèche, pâturage du Jura, D. Aubonne, chalme Siccaz, XIIe s., M. R. XII, 72, la Seiche, 1208, calma de Sicca, 1380; de (alpem) siccam, l’alpe, la prairie sèche. Il y a aussi la Chaux sèche, frontière franç. au Risoux.
- Séchard, ham. à Vuadens, Séchaud, forêt à Aigle, Souschaud en 1618, loc. à Chardonne; le Séchon à Orbe; aux Séchons, Belmont-Yverdon; Sécheron, ham. à Genève, Sécheron, 1310, et une 12e de loc.; dans les chartes un Setchiron à Hauterive, 1275, Séchiron à Neyruz, Frib., XIIe s., etc. Sécherannaz, loc. à Montcherand, Séchey, ham. du Lieu, Vallée de Joux, ou Séchei, 1525 = lieux exposés à la sécheresse. Sécheron est n. c. dans le Berry pour pré dans un lieu sec.
- Secroux ou Secrouz, Combe de —, à Courgenay, Jura bernois, gorge étroite et profonde = Sex-Croux, le rocher creux.
- Sedeilles, D. de Payerne, Sideles, XIIe s., Sedilles, 1336, M. R. XII et VII, 115; du v. h. all. sedal, siège, parent du celtique sedo, sido, siège, demeure, résidence, Holder, II, et du latin sedes, siège. La Suisse allemande a de nombreux Sedel.
- Seedorf, ham. de Prez, D. Sarine = village du lac (du petit lac voisin). Nom germanique curieux par sa position en plein pays romand. Les formes Sedors, Seidor, Seidos, Saidors, 1142-1162, des Cartulaires de Montheron, Haut-Crêt et Hauterive, Seidor, 1668, carte v. der Weid, sont des corruptions du nom allemand.
- Segray, lac —, dans un endroit reculé derrière la Tour de Mayen, alpes d’Aigle; autre forme de ségrais ou secret, pr. jadis segrès (Bridel écrit Secret).
- En Séguelaire, champs à Agiez, Bofflens; du v. fr. et provençal /426/ seguel, du latin secale, seigle, et suff. collectif aire, comme Blevalaire de blef. Segalas en Languedoc = champs de seigle.
- Seigneux, D. Payerne, Sinius, 1221, 1228, M. R. VI, villa de Siniez versus Suprapetram, 1316, aussi Sinuez et Signuouz (notes dues à l’obligeance de M. A. de Seigneux), di Signiodo, 1453, M. F., Seigneus, 1668, v. der Weid, Seignoux, Dict. Lutz. Dans l’édition de 1861, on y rapporte un Siginiacum de 1014, C’est une erreur reproduite de Guichenon, corrigée par Cibrario e Promis, p. 23, 24; la charte dont il s’agit avec le nom de Sigiciacum est de 1017 et ce nom doit se rapporter à Signy; d’après les formes de 1221, 1228, ce serait un (fundus) Sinius, variante de Sunius, n. pr. romain, gentilice pris adjectivement, voir d’autres cas à Granges, et Servion.
- Seillon ou Seilon, voir Chillon.
- Seimaz, Seime ou Saime, affl. de l’Arve, Genève, Sayma aqua, 1227, 1301, M. G. IV et XIV.
- Seiry, D. Broye, Frib., Seirie, XIIe s., Donat. Haut., Serie, 1276, Serye, 1317, Seirie, 1400, Seyriez, 1532, et Dict. Lutz, Seirie, 1668, v. der Weid, Seiry, 1734; de (fundum) Seriacum, domaine d’un Serius, gentilice romain.
- Seleute, D. Porrentruy, Celute, 1180, Celeutte, 1200. [Voir Additions et corrections : Seleute, p.548]
- Sembrancher, bourg Entremont, Valais, corruption de Saint-Branchier, Sanctus Brancherius, 1177, 1228, 1296, Sancto Brancacio, 1217, métathèse pour Sancto Pancratio, 1251, Ponte Sancti Pancratii, 1219, ecclesia Sancti Pancratii de Branchi, 1177. Ce dernier texte montre que l’endroit s’appelait primitivement Branchi, soit Branche. Il y a encore plus haut dans la vallée un Branche d’Issert que ce second nom semble devoir distinguer d’un premier Branchi. Puis il y a eu plus tard, grâce à la métathèse Brancace pour Pancrace, confusion entre le nom de l’endroit et celui du saint sous le vocable duquel l’église était construite. Quant à Branche, Branchi au XIIe s., il vient du bas latin branca, branche, dérivé du celtique : anc. gaélique brac, cornique brech, bras. Branchi ou Sembraneher, et Branche d’Issert /427/ se trouvent tous deux au confluent de deux torrents où la rivière semble se partager en bras ou en branches.
- Semeleys, Pointe des —, dans la chaîne de Chaussy et pâturage au-dessous; pourrait être une autre forme de Sex Melly, nom d’une autre pointe voisine; ce qui fait hésiter, c’est que nous trouvons un autre pâturage de Semelly alpes d’Evolène, Valais, en 1280, M. R. XXX, et le nom de famille Melly n’y est pas connu.
- Semorailles, champs à Mathod, n. com. = défrichements nouvellement ensemencés, dit Bridel, dérivé collectif du verbe patois semorrâ, v. fr. somarer, labourer; en Samoret à Chardonne, ès Semores, prés à Bullet, même origine. « En Savoie, sommarâ signifie labourer sans ensemencer, sommâr, champ labouré non ensemencé, v. fr. somart, jachère, terre labourable en friche. Origine inconnue. » Note de M. Bonnard.
- Semsales, Fribourg, Setsales, 1160 et 1247, Cart. Haut-Crêt, Sessales, 1170, Septem salis, 1177, Satsales, 1220, 1228, 1265, Septsales, 1560 (Dellion), Sempsales, 1857; de septem, sept, et sala, du v. h. all. sal, maison, demeure = sept maisons (et non du latin cella).
- Senarclens, D. Cossonay, Senerclens, 1011, 1049, Sunarclens, 1180, Sonarclens, 1190, 1228, Sonarcleins, 1238, M. R. VI, 659, Sinarclens, 1279, 1315, 1453. La première voyelle est indécise e, o, i, u, la seconde a, e, nous avons Sv-nv-rcl. Fôrstemann nous donne, racine Suni, les noms Sunher ou Sunhar qui répondent à la première partie. Il donne aussi le composé Sunichilo en ajoutant cette seconde partie au premier nom, nous avons le composé Suner-chilo qui donne Sunerchilingis d’où Sunerclens ou Senarclens = chez les descendants de Sunerchilo, n. pr. germain.
- En Sendaux à Vérossaz, Valais, autre forme du suivant
- Sendey, 8 loc. Valais, Vaud et Fribourg, Sandey à Pully, fausse orth., Sendier à Conthey, Sendy sur Montreux et à Arzier, Seindi, chalets entre Bramois et Vex, Cindey ou Seinday, loc. à Saint-Maurice, sentier de Vérossaz; du patois seindai, /428/ bourguignon sentei, Engadine senda, sentier, dérivé de sente, du latin semita, parent du celtique sent (Zeuss) et send (Holder), même sens.
- Senèdes, D. Sarine, Frib. D’après J. Dey (Mémorial de Frib.), le nom all. de cette localité, jadis germanique suivant lui, serait Schönheide, belle lande, et le nom fr. ne serait que ce nom modifié par le patois. Mais ceci n’est qu’une hypothèse fantaisiste et sans fondement. Toutes les anciennes formes et tous les noms de lieux-dits montrent une origine romande : Senaide, 1233, Senaidi, 1251, F. B. II, 129, 344, Synaide, 1443, Synaidy, 1449, Arch. Fr. V, 431, Sinayde, 1508, Sinedi, 1644, le nom était donc le même au XIIIe s. qu’aujourd’hui. Quant à l’origine vraie, il est difficile de se prononcer. Peut-être un dérivé de senâ, semer.
- Seneires, plateau au-dessus d’Orsières, 900-950 m., couvert de champs de seigle; de senâ, semer, et suff. coll. eires : les terres qu’on sème.
- Sénevel, Sénevet, maison à Vuisternens-devant-Pont; du patois senève, moutarde des champs, dérivé du latin sinapis.
- Senserens, loc. à Valeyres-sous-Ursins; chez les descendants de Sinthar, Sinthari, n. pr. germain. Förstm., p. 1106.
- Sensine, ham. de Conthey, Valais, villa Sisinna, 1050, M. R. XVIII, Sisinna, 1100, Sinsina, 1227, 1308, Synsyna, 1238, Sinsinnaz, 1442, M. R. XXIX et suiv., Senzine, Lutz. Paraît être, d’après les formes primitives, un cognomen gallo-romain employé comme adjectif.
- Sensuis-uit-uy, voir Sangsuy.
- Les Senties, pâturage à la Chaux-de-Fonds; les Sentiers, partie du pâturage du sommet du Chasseral, Jura. Dans les pâturages en pente rapide, les vaches paissent en travers en y établissant de nombreux sentiers parallèles étagés les uns au-dessus des autres, de là ces noms. Le premier, de sente, sentier, et suff. coll. ie. C’était un n. commun. Un vieux plan de l’Arpille d’Ollon vers 1720 (Archives de l’Abbaye de Saint-Maurice) nomme les « senties tendant en Chatillon. » Peut-être peut-on rattacher à sente la /429/ forêt de Sentuis, lieu de passage entre Panex et Plambuit, montagnes d’Ollon.
- Séon à Savièse, Valais, autre nom donné aux ruines du château de la Soie et maisons voisines; voir Sciaz.
- Sépéaz, loc. à Concise, et Seipée à Corcelles-Grandson. On pourrait à première vue y voir une fausse orth. pour cépée. Plus probablement forme féminine de sépey, de sap, sapin, et collectif fém. ée, bois de sapins; ce serait une forme féminine, correspondante des nombreux Sépey.
- Sépey, chef-lieu d’Ormont-dessous, Sapey, 1231, Sappey, 1315, puis Seppetum au XVe s.; ham. de Vulliens; loc. sur Villars d’Ollon, à Morgins; loc. à Gryon, m. à Porsel, Fribourg, bois à Cossonay, Baulmes, Ballens; Seppey, alpe d’Hérémence, ham. d’Evolène, Valais. Dérivé par Gatschet de sepetum, clos, de sepes, haie, clôture. C’est bien là le sens qu’attachaient à ce mot les notaires des Ormonts au XVe s., mais les formes anciennes montrent qu’il vient plutôt du v. fr. sap, celtique sap, sapin, et collectif ey, donc bois de sapins. D’ailleurs les nombreuses forêts de Sépey n’ont jamais été entourées de clôtures, voir Sapey. Un pratum del Sepez à Praroman, XIIe s., Arch. Fr. VI.
- Seprais, village près Boécourt, D. Delémont, Cespraiz, 1260, villa que Pratum nuncupatur, 1264, Pratis, 1289, Cespreys, 1329 = ces prés.
- Seraulaz, forêt à Mathod, D. Yverdon, dans le vallon du Mujon, assez resserré dans cet endroit; devrait s’écrire Serraulaz, du bas latin serra, défilé, et suffixe dim. ola dont aula n’est qu’une variante, fréquente en patois, voir Argnaulaz, Fayaulaz, Peraulaz. Le Seroliet, Grand et Petit —, pâturages dans une combe du Jura de Bonvillars, D. Grandson, ont probablement la même racine serra avec un double diminutif oill-et.
- Serbach, ruisseau à La Roche, Gruyère, nom allemand formé par pléonasme de la racine sar fréquente dans les noms de rivière, voir Sarine, et bach, ruisseau. [Voir Additions et corrections : Serbache, p.548]
- Serdin, loc. à Lessoc, Gruyère, fausse orth. pour Serdens, /430/ Sestardens, Sertardens, Serandens, 1420 = chez les descendants d’un Germain, dont le nom est à déterminer.
- Séré, Sex du — à Salvan; Serey ou Séry, pâturage de Bagnes, nom dû au sommet arrondi (2419 m.) qui s’élève au-dessus, les deux par comparaison avec la forme d’un séré ou sérac; de même la Tête à Séry, mamelon, contrefort de la Tête Noire, alpes de Saillon. Dans le val Grisanche, vallon latéral de la vallée d’Aoste, il y a aussi une Becca du Céré, ou Séry ou Sérac (Guide de la vallée d’Aoste de Gorret, p. 395).
- Les Sereux, deux sommets jumeaux sur Vouvry, aussi nommés les Jumelles; du patois sereux, les sœurs.
- Les Sergères, maison à Saint-Livres; de Sergey, n. d’homme.
- Sergey, D. Orbe, Sergy, 1275, comme Sergy, pays de Gex, Sergiacum, 1100, Hidber, I, 439; de (praedium) Sergiacum, domaine d’un Sergius, gentilice romain. Un L. Sergius Domitinus est connu par une inscription de Nyon.
- Le Sergillou, m. à Bossonens, Fribourg; probablement aphérèse pour l’Essert-Gilloud, voir une semblable à Sex Tardent. Il y en a encore une dans Sertenoz, nom au XIVe s. des Esserts, h. de Leysin, « les villages et territoires de Leysin, de Veyges, de Sertenoz (aussi Sertenod, 1327) et de Ponty » et ailleurs Jaquemet de Sertan, 1438, chartes d’Aigle. La forme Sertenoz rappelle le nom français Sartines, dim. de sart, de sartus, et correspondant d’Essertines. La graphie Sertan montre que la dernière syllabe de Sertenoz, Sertenod était atone et que l’accent tombait sur le second e. Cette forme française sart, Sartines est inconnue chez nous où l’on ne rencontre que le composé essert et ses dérivés.
- Sergna à Ollon, Sergnaz à Champéry et les dim. masc. Sergnieux à Martigny, Sergnoux à Ollon, Sergnion à Courtelary, ou fém. Sergnetta à Ollon, Sergniaulaz à Albeuve, Sergnaulaz à Rougemont, Sernioules à Enney, voir Cergnat.
- Sergnemeint ou Serniemin, chalets sur Gryon, forme patoise du subst. verbal cernement, de cerner, clore.
- Séri, territoire à Conthey; un Séry du Luxembourg dérive de Suriacum, du gentilice Surius, Holder, 1670. Celui du Valais /431/ pourrait avoir la même origine, il faudrait des formes anciennes. On ne peut le rattacher à séré, voir plus haut, rien dans l’aspect de ce coteau doucement incliné ne pouvant justifier ce nom.
- Sérin, pâturage d’Ayent, Sereyn, 1309, Seren, 1418; peut-être même racine que Sérine, rivière, un des bras de la Promenthouse, D. de Nyon, Sorona, 1164, M. R. V, 214, 338, et 1259, Dict. hist. Vaud, parent de Sarona, Sarine, de la Sar, etc., racine sanscrite sar, couler, et ona, rivière, eau courante.
- Sermuz, ham. de Gressy, Yverdon, Semmurs, 1177, M. R. XXIX, fluvius Sinmurius, 1177, Cart. Month., M. R. XII, Semmurus, 1184, Hidber, Semurs, 1228, M. R. VI, Sentmur, 1317, Sermutum, 1343, Sermur, 1385, Cermuz, 1453, M. F. IV. D’après Gatschet, de semd, contraction du v. h. all. semida, jonc et muor, marais : marais de joncs, jonchère. La forme sent mur de 1317 justifie l’étymologie de Gatschet; celles de 1177, 1184, 1343 sont des latinisations du nom romand. Hidber rapporte par erreur la cella Semmurs, 1177, II, 262 à Sémur, Côted’Or.
- Sernanty, ham. d’Ormont-dessus, Sernenty, 1531, Cernenti, 1659, Cierne anti, Bridel; probablement dérivé de Sierne et d’un n. propre.
- Sernet, loc. à Conthey, diminutif de cerne; Sernie, s, plus. loc.; les Serniers à Monthey, Sernies, 1696, autres formes de sergne, voir Cergnat.
- Sernon, clos de vignes à Aigle, Serno, 1332, Corthésy, 159; peut-être autre forme diminutive de la racine cern, clôture, voir Cergnat.
- Seron, grand pâturage à l’Etivaz, Syron, 1276, Château-d’Œx, etc., p. 13, et Sex rond, croupe arrondie près des Granges, Ormont-dessous; de saxum rotundum, rocher rond.
- Serrai, lac —, ou, moins bien Serai, ancien nom du lac des Chavonnes, alpes d’Ollon; pourrait se rattacher à l’adjectif serratus, racine serra, défilé; il est situé dans un étroit vallon resserré entre une haute paroi de rocher et une forêt en pente rapide.
- La Serra Neire, arête de rochers, vallon de Ferpècle, Hérens, /432/ et Serra Plannaz à Vétroz; de serra, scie, au sens d’arête de montagne comme les Sierras d’Espagne.
- Serraux, Serrayer, voir Sarraux, Sarrayer.
- Les Serres, forêt à Vionnaz; du latin serras, défilé, lieu étroit.
- Serrières, ham. de Neuchâtel, Sarreres, 1178, 1228, Sarrieres, 1198, Serreres, 1258; de sarra ou serra, scie, scierie, et collectif ière.
- Ès Serroues, 2 loc. C. de Neuchâtel sur Corcelles et sur Lignières, Sarrue, 1531, M. N. XXXIV, 216, Sarrueux, 1537, Boyve, II, 368. Ès Serroues doit probablement être rapproché de Sarraux, voir Sarra.
- Servais, alpes, vallées de Nendaz et de Bagnes, entourées de forêts; du latin silvensis, alpe des bois.
- Servaison, loc. Ormont-dessus; diminutif du précédent.
- Servan, campagne à Lausanne; pâturage à Albeuve, Gruyère; du latin silvanum (locum), lieu boisé, comme Salvan, jadis Servan. Dans le Berry on a un adjectif servin, cervin qui a le même sens.
- La Servaz, loc. à Massongex, Vionnaz, Bex, Gryon, Montreux, Serve à Saint-Gingolph, Russin et Meyrin, Genève; de silva, forêt; Servaplana, alpes d’Ardon = silva plana, forêt plane; Servette, faubourg de Genève, diminutif = petite forêt, permutation l-r; le Cerveusel, pâturage à demi boisé à Saint-Imier, de cerveux ou serveux, autre forme de silveux, et suffixe dim. el : lieu un peu boisé.
- Servion, D. Oron, Salviacum, XIIe s., Sarviacum, 1155 (l-r), Salvion, 8 fois de 1141-1293, Salvium, 1147-1174, Sarvion, 1236; les formes 1-2 de (praedium) Salviacum, domaine d’un Salvius, gentilice romain, Holder, II, 1332; les formes 3, 5 et la forme actuelle d’une forme en io, Salvio, dérivée du gentilice Salvius et employée conjointement, puisque Salviacum et Salvion sont contemporains. D’Arbois de Jubainville, p. 511-518, op. cit., cite un grand nombre d’exemples du même cas; enfin la forme 4 n’est autre que le gentilice luimême employé adjectivement /433/ (fundum) Salvium, comme Jubainville en cite une 30e p. 344-417. Nous trouvons à la même époque, chez nous, un exemple de ces doubles terminaisons dans le nom d’un abbé de Haut-Crêt nommé Manno, Magno et Mannus, 1177, Cart. de Haut-Crêt et de Montheron. Ajoutons que l’étymologie de Gatschet, de silvianum, est impossible.
- Sésegnin (Sézegnin), ham. d’Avusy, Genève, Sizignins, 1302, Sisignyns, 1326, M. G. XIV et XVIII = chez les descendants de Sisingo, n. pr. germain; de Siso et suff. ingo dont Förstemann donne 207 ex. en ajoutant que le nombre de ces composés est beaucoup plus considérable. Dans une charte de 1411, M. R. XXII, 308, figure un Joh. de Seysigniaco, châtelain d’Aubonne. Serait-ce aussi Sésegnin, affublé du suffixe iacum ?
- Sésenove, ham. de Bernex, Genève, Chisinova, 1256, M. G. XIV, Chissinove, 1542, Bull. Inst. Genev. XXIV, 369 = chisa nova ou casa nova, maison neuve.
- Sésille (Sézille), voir Césille.
- En Sétaz, chalets ruinés prés du col de Chaude, sur Villeneuve, prata de Sexta, 1276, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 114.
- Les Seudières, bois à Vionnaz; serait difficile à interpréter sans la forme de 1776 : la Fiaugère, soit la fougeraie.
- Au Seuillet, territoire à Fahy, Jura bernois, élevé de quelques mètres au-dessus de la plaine voisine; dim. de seuil.
- Seujet, quai et rue à Genève, carriera dou Sougey, 1468, 1475, M. G. III, 256 et VII, 375. Saugey, de salicetum = terrain couvert de saules, patois sauge. Le Rhône était alors bordé de saules dans ce faubourg. On dit encore Soujet, rives de l’Arve à Veyrier, Plan seujet, ham. sur Bex, Mont-sujet sur Diesse, D. Neuveville = Plan, Mont des saules.
Humbert (Gloss, genev., II, 182), remarquant qu’il y avait au Seujet des teinturiers et dégraisseurs, tire ce nom du languedocien Sugé ou sujier, teinturier. D’un autre côté Galiffe, (op. cit. I, 172), dérive ce nom de celui d’un ancien syndic, Jean du Sougey. A notre avis, c’est celui du syndic qui vient de celui de la rue. La présence du même nom dans plusieurs autres localités plaide en faveur de notre opinion. /434/ - Seuzey ou Seuzay, prés à Bagnes, permutation j-z = Saugey, endroits où abondent les saules.
- Sévai, 2 m. isolées au milieu des bois à Montmelon, Jura bernois, et Sevey, pâturage boisé sur Morgins; comme Servais, de (domus, fundus) silvensis, maison, propriété des bois. La disparition totale de la consonne l, qui peut étonner, se constate dans Sévaz et dans Suscévaz déjà au XIVe s.
- Sévaz, D. Broye, Silva, 1056, Arch. Fr. IV, 192; 1142, 1167, 1177, Selva, 1230, M. R. XII; 1286, M. G. XV; Seyva, 1337, Matile, Syva, 1668, v. der Weid, etc.; à la Sévaz ou Sivaz, h. de Remaufens; Seyvaz, ruisseau à Dompierre; Grand-Ceyvaz à Colombier, Morges; de silva, forêt.
- Sévelin, loc. à Lausanne, Seveli, 1475, Sevelyn, 1533, M. R. XXVIII, 259, VII, 754; du v. fr. sevelee, s. f., ou sevil, s. m., haie, du latin sepile. Un sentier de ce nom, semita Sevelim dans l’acte de fondation de Fontaine-André, 1143, Jeunet, 229, ruelle Sévellin, 1526, ib., p. 115.
- Séveresse, pâturage à Albeuve, Gruyère; de silva, forêt, et suffixe adj. eresse = l’alpe des bois.
- Sévery, D. Cossonay, Syvirie et Severiacum, 1007, villa Severiaco, 1008, Sivirie, 1223, Syvirier, 1228, Sivrie, 1235, 1242, Sivirier, 1377. — Siviriez, Fribourg, Severiacum et Sivriei, XIIe s., M. R. XII, Arch. Fr. VI, Sivrie, 1228, 1342, Sivirie, 1247, M. R. XII, Syvrie, 1262, Würstbg. et 1285, etc.; de (praedium) Severiacum, domaine d’un Severius, gentilice romain dérivé du cognomen Severus.
- Sex (ou quelquefois Scex), du latin saxum, rocher : le Sex à l’Aigle sur Bex, Porte du Sex (ou Scex) près Vouvry, Saxum de Wurie, 1265, le Scé, m. à Orvin, D. Courtelary; au Saix à Grône et Sous le Saix, Port-Valais; ès Aussays et ès Bassays, ham. de Vérossaz, Valais; le Siaix à Veytaux et Scier, loc. vignoble de Sion, en Sciez ou Vers Ensier à Monthey, formes diphtonguées; avec la permutation e-i, Six, une 12e de sommets dans le Bas-Valais, par exemple Six-Jeur à Finhaut = le sex de la forêt; deux Six-Neir à Chamoson et val Ferret, deux Six-Carro, /435/ etc. Six-long, atlas Siegfried, alpes de Conthey, écrit Silon par Renevier, etc.; avec la permutation s-ch, fréquente Valais et Fribourg : Praz du Chet à Villars-sous-Mont, Petit Chex, alpes d’Albeuve, les Chets à Enney, les 3 en Gruyère; le Ché à Grimisuat, Cholochy ou Cholochex à Ayent, vineam de Seloussy, 1294 = Sous-le-Sex. Voir aussi Chet.
- Sex Tardent, m. près le Sépey, Ormonts, aphérèse pour Essert Tardent, n. pr., Sertardent, 1436, d’après Corthésy, Vallée des Ormonts, p. 110.
- Seya, Sayaz, sommets; voir Sciaz.
- Les Seyes, prés à Liddes, loc. à Fully; Seyaz à Orsières, y (= ès) Seyes à Grimisuat et à Savièse, Seyère, partie du pâturage de Salanfe près Salvan; du v. fr. seyer, patois seihi, latin secare, faucher, cette partie, en pente trop rapide pour être pâturée, est fauchée.
- Au Seylaz, écart d’Attalens et m. à Montbovon, Frib.; probablement du patois seyla, seigle, lieu où l’on cultive cette céréale.
- Seyon, rivière de Neuchâtel, Seion, 1268, Seon, 1402; peut aussi être dérivé de seyer, seihi, à cause de ses gorges étroites, comme un trait de scie dans la montagne.
- Seyte, nom des divisions des communes d’Ormont, 4 à Ormont-dessous et 3 à Ormont-dessus. Non point de septem, sept, mais de secta, participe de seco, je coupe, en patois seyi, faucher, d’où seytor, faucheur, seytorée, fauchée. De là encore Seyte ou Seythe, bois à Concise, Seytis, 1308. (Matile donne nemus Sertis, 1194, sans doute fausse lecture pour Sectis), Seyti ou Setis et Seyte, 1317, Seyty, prés à Conthey; Seyton à Corseaux, les Seytours, prés sur Allières, Fribourg, Seytoraz à Rossens, Seytorées à Ependes et Montagny, D. Yverdon.
Corthésy, p. 96, tire les Seytes des Ormonts de sexta : « pour la perception de la dîme, le versant N. de la vallée était divisé en régions qui embrassaient toutes les terres cultivables. Il y en avait six dans la partie basse et six dans la partie supérieure. Chaque région représentant la sixième partie du territoire soumise à la dîme se nommait pour cette raison sexte ou seyte, sexta /436/ pars decime. » Il n’y a là, à notre avis, qu’une simple coïncidence; la présence du mot seyte dans toutes les parties du pays, où le système d’imposition de l’abbaye de Saint-Maurice était inconnue, plaide pour notre étymologie. - Sézeaux, champs à Lussery, prés à Oron, Seseaux à Arzier, Sezau, m. à Oulens, Ciseaux (orth. d’arpenteur), loc. à Gillarens, Frib., les Ceseaux à Vionnaz, les Sisaux, 1723; Sezin à Montricher, Sézines à Ependes et à Corcelles-Payerne, en Sézelion à Chessel; diminutifs divers de sisa, haie, voir Sisa.
- Siaix, Dessus le —, loc. à Veytaux; autre forme diphtonguée de sex, rocher.
- Sierne, ou Scierne, voir Cergnat.
- Sierre, Valais, all. Siders, Sidrium, 516, Sidrum, 1052, Sidrio, 1100, Sidro, 1131, M. R., Sierres, 1260, F. B. II; on trouve aussi Siero, Sieroz, Siroz, les 3 même charte de 1358, Jahrbuch Schw. Gesch. XXIV, 360, puis Sirro. D’après Studer, de serra, scie; mais toutes les formes anciennes sont contre cette étymologie; le même auteur en donne une autre au choix : du celte sed, seit, paix, lieu de paix, ce qui nous paraît également peu vraisemblable. Paraît plutôt dérivé d’un nom propre.
- Signeronde, forêt tourbeuse à la Vraconnaz, Sainte-Croix; autre forme de saigne et l’adj. ronde, la sagne ronde.
- Siette, loc. à Venthône, Valais; la Siétaz, chalet à Cuves, Pays-d’Enhaut, sur une croupe de la montagne; probablement dim. de Siaz ou Sciaz, arête.
- Signèse ou, patois Segnèse (Lutz), ham. d’Ayent, Valais, Sinies, 1200, Synneysi, 1250, Syniesi, 1276, Sygnyesy, 1454, etc. Origine inconnue.
Le Symesi, 1381, de M. R. XXXVII, p. 216, doit être lu Syniesi. - Signy, D. Nyon, Signei, 1166, M. G. XIV, Suniacum vers 1200, Signiacum, Signie, 1235, 1253, M. R. V. et M. G. XIV, Signier, 1439 = (fundum) Signiacum, domaine d’un Signius, gentilice romain, Holder, 1544.
Faut-il y rapporter le Sigiciacum, 1017, localité inconnue, M. F. IV, 358, et M. R. XXII, 215, probablement fausse lecture ou erreur de /437/ copiste : c pour n ? Le Dict. hist. Vaud et le Rég. gen. penchent vers cette opinion. Dans ce cas ce serait un Siginiacum, domaine de Siginius. On trouve aussi Signeum. Cette forme vient directement du gentilice pris comme adjectif : (fundum) Signeum. - Simplon, village et col, Valais, ital. Sempione, Semplon, Semplun, 1235, 1246, Xemplon, 1285, curatus Simploni, 1474; probablement de (montem, vicum) Sempronium, du n. pr. Sempronius employé adjectivement, permutation pr-pl. Quant au nom italien, Sempione, il s’est formé postérieurement par le changement régulier en cette langue de plo en pio : piombo, piuma, pioggia.
- Singe, le —, loc. à Lausanne, Lucinjoz, 1502, Lous Singio, 1518, clos de vignes qui appartenait autrefois à la famille de Lucinge du Faucigny. Note de M. E. Chavannes, M. R. XXVIII, 248. Voir aussi B. Dumur, Les Sénéchaux de Lausanne, p. 14. Quant à Lucinge, c’est une autre forme de Lucens.
- Singine, rivière, affl. de la Sarine, all. Sense, Sensuna, 1076, Sensun, 1268, F. R. II. Studer le tire du bas latin saliciana, de salix, saule, mais salic ne peut donner sens, sing. Il y a là, comme dans toutes nos rivières, une racine celtique, avec una = ona, rivière, eau courante.
- Sinièse, ou Ziniège, torrent près Sierre, la Segnèse, Ziniège ou Ziniegy, Feuille off. du Valais, — nouvel exemple d’y atone, — Gyniesy, Gyniesy, 1267, 1436, etc., curieux par le balancement des g-z, Origine inconnue. Giniesse, marais sur Ayent, paraît être le même mot.
- Sion, Valais, Sedunum au IVe s., territ. Sidonense, Grég. de Tours, VIe s., renferme, outre la racine celtique dun, dunum, colline, forteresse, une racine sed, difficile à interpréter. Studer le traduit par le celte sed, seid, paix, fort de la paix ?
Le Mont de Sion, près Saint-Julien, front. de Genève, mont de Syons, 1418, Duval, Ternier et Saint-Julien, XVIII, paraît plutôt se rattacher à sya, arête; voir Sciaz. - La Sionge, ruiss., affl. de la Sarine et ham. sur ses bords, Syonsi, Sionsy, 1315, 1316, etc., Sionse, 1381, 1524, Arch. Fr. III, /438/ le hameau Sionzys en 1508; peut-être autre forme diphtonguée de sauge, saule; au permute avec ou, on, voir Sauge.
- En Sisaz, ès Sizes, les Sises, 7 loc. Vaud; non point de sepes, comme le dérive Bridel, mais du patois sisa, haie, « de scisa pour scissa; l’espagnol a un verbe sisar = scisare, couper. » (Bonnard, in litt.)
- Sisetsch, ham. près Viège, se rattache à la même racine Sisiez, 1250, de sisa, haie, et suffixes collectifs iez, etsch : aux haies. Justement Sisetsch est un hameau de Zeneggen, qui signifie en all. aux Haies.
M. Gremaud écrit Sizych, Sizics, 1282, Sysics, 1297, M. R. XXX, p. 309, 506, 507, Sisilz, 1339, Sizicz, 1332. Nous supposons qu’il faut remplacer le c par e. La terminaison ics, ych, n’a pas de sens, tandis que iez, autre forme de ier, est le correspondant de l’all. etsch. Voyez Promey, devenu Prommetsch. - Sivaz, ham. de Remaufens, m. à Châtel-Saint-Denis, loc. à Lovatens; en Sivaz à Cudrefin et Champs-Civaz à Villarzel, pour Sivaz; de silva = la forêt, Champs-(de la)forêt.
- Siviriez, Frib., voir Sévery.
- Six, montagnes; voir Sex.
- Socret ou Socray, Socrettaz, plus. loc., Socrestaz à Aigle, 1718, sous Cretaz, XVIIIe s.; du latin sub cristo, sub crista, sous le crêt, la crête.
- Sodoleuvroz, alpe à Gryon, ou Sous les Leuvres, Lutz; probablement autre forme de Leyvraz, nom fréquent de pâturages.
- La Soie, arête rocheuse avec ruines d’un château près Sion, castrum de Seta chartes XIIIe et XIVe s., et Seya, 1233, 1312, etc. Soix, chalets sur une arête en face du Val d’Illiez; de scie, v. fr. soie, picard soye, wallon soie, etc.; voir Sciaz. Le latin Seta n’est qu’une fausse traduction du v. fr. soie.
- Solady, aussi Soladier et Soladiez (pron. i), chalets au-dessus des sources de la Baye de Montreux = sor la dy, de sol, sor, sur et diez, dy, source; voir Diaz.
- Solalex, alpes de Bex = sous la Lex, sous la paroi de rochers; voir Lex. /439/
- Solavy, chalets sous Panex, loc. à Bex, D. Aigle = sous la route.
- Solepraz, groupe de chalets au N. du Sépey, claus. soubs le Pra et Solipraz, 1464. Corthésy, op. cit. = sous le pré.
- Sollaissex, petit sommet à Château-d’Œx, en Sollaussex à Massongex = Sur le Sex, le rocher.
- Solliat, ham. Vallée de Joux, anciennement Solliar(d); Solliet, Sollier à Saint-Cergues et Sainte-Croix; Soliat, pâturage au sommet du Creux du Vent, Jura vaudois; au Soliau, aux Thioleyres; du latin solarium, lieu élevé, exposé au soleil.
- Solomon, pâturage à Lessoc, — écriture phonétique, = sous le mont.
- Solosex, loc. à Rossinières = sous le Sex, comme Solchex à Frenières de Bex et Cholochy à Ayent, Valais; patois ch pour s.
- Som, Son, v. fr. som, s. m., en romanche som, sum, du latin summum, le sommet, le haut; de là
- Somaitres (ou Samaîtres, Siegfried), arête de rochers à Soubey, et les Somêtres, arête près Muriaux où se trouvait le château de Spiegelberg; on trouve aussi Sommêtres. Trouillat, II, 223, écrit : « le château des Sots-Maîtres; » pur calembour. Ce mot nous paraît renfermer la racine som sans que nous puissions expliquer le second élément.
- Sombacour(t), ham. à Colombier, Neuch., Sumbacord, 1268, Sumbecor, Sonbecort, 1280; de summam curtem, la ferme du sommet.
- La Sombaille, ham. à la Chaux-de-Fonds; probablement de summa et suffixe collectif aille, les propriétés, les fermes du sommet, le b représentant le second m comme dans Sombacour et Sombeval; voir ces mots.
- Sombayna, alpe, vallée de Moiry, Valais; de bayna, autre forme de biegno, glacier = au-dessus du glacier, — de Moiry, — qu’elle domine de 200 m.
- Sombeval, D. Courtelary, Summa vallis, 866, 884, 962, Sunbavalle, 1148, Summevalle, 1179, Trouillat, Sombevaulx, 1461, Arch. Schw. Gesch. VI = sommet de la vallée. /440/
- Som la Proz, ham. d’Orsières, et Som de Proz à Riddes, Valais; sommet des prés.
- Sommavilla à Albinen, Valais; il y avait une Sumbavilla à Crans, D. Nyon, au XIIIe s., M. R. VII, 394; ferme du sommet, du haut.
- Sommentier, D. Glâne, Frib., Somentier, 1247, Cart. Haut-Crêt, Somentier (et Somensier), 1262, Würstbg., évidemment de la même racine, 2e élément incertain. D’après Gatschet, de sum pour sub montorium, au pied du mont, mais « ier ne peut représenter orium » (Bonnard).
- Les Sommes, prés à Conthey et à Nendaz, Valais; du latin (pratas) summas, les prées (s. f. = prés) d’en haut, du sommet.
- Som Poirier à Corcelles = le haut de la poireraie.
- Som Rozé(ts), derniers gazons au pied de l’Arpille au Sanetsch : sommet des rochers.
- Les Sons, nom collectif des sommets du Mont Damin ou d’Amin, Neuch.
- Sonchaux, mont près Montreux : le sommet de la Chaux 1.
- Son Crettaz à Saint-Martin, Valais : le sommet de la Crête.
- Son-les Foux à Cuves près Rossinière : sommet des hêtres; Çon les Foux ! Siegfried qui fait la même faute dans Çon-l’Haut, Rossinière, pour Son-l’Haut, sommet de la colline.
- Son le mont, col à Château-d’Œx et pâturage à Rossinière : sommet du mont; l’atlas Siegfried écrit celui-ci Çon-le-Mont.
- Son la Ville à Montbovon, Sonville à Orvin, Son, Som Villa ou Vellaz à Suen, Grône, Nendaz, Riddes, Isérables, Saxon, Valais = sommet de la ville, village.
- Son Nax à Nax, Valais : le haut de Nax.
- Son Tor ou Theur, à Isérables, Valais : au haut du Tor ou Theur, soit de la colline. Voyez Teurre.
- Sonvilliers, D. Courtelary, Sonvelier, 1314, Sumvellier, 1337 : le village du sommet.
- Sonceboz, D. Courtelary, Suntzelbo, 1326, Tr., Sunsebols, 1461, /441/ Arch. Schw. Gesch. VI; d’après Gatschet, de Sundalbolt, n. pr. germain.
- Songeon du Bourg, patois Sondzon, quartier d’Aigle, Songeon du Liaugex, loc. à Aigle, Songeon d’Etrées en Chalex, Aigle, en 1442; Champs du Songeon à Morcles; Grand et Petit Songeon, sommets de l’arête qui domine Roche, au Songeon de Pré à Saint-Maurice, Songeon de la Praille au Bouveret, tous vallée du Rhône; du v. fr. sonjon, sommet, patois sondzon, mot que nous trouvons dans une charte valaisanne qui parle d’une vigne située apud Comba Somjon, environs d’Ayent, 1292, M. R. XXX, et dans ce texte latin « usque ad summitatem seu sonjonum molarii predicti, et ab ipso sonjono descendendo usque ad aquam de Thez, 1358, M. G. XVIII : jusqu’au sommet, soit sonjon du prédit molar, et de ce sonjon en descendant jusqu’à l’eau de Thez. » Et dans Matile, 1359, « ainsi que les aigues chusent dès le songeon 1 de la dite montaigne » (de Chaumont); enfin une charte d’Aigle parle de « certain édifice existant au Sumet ou Songeon du Bourg d’Aigle, 1539. » Le sens est bien net. Evidemment dérivé du latin summum, sommet, mais par quel intermédiaire ? « Sumnionem donnerait bien sonjon, mais le suffixe ionem est aussi rare que le suffixe onem est fréquent. » (Bonnard.)
- Sonnailley(ay), 3 pâturages du Jura sur Nyon; Sonallon, pâturage de Bagnes; semblent dérivés de sonnaille, sans qu’on s’explique pourquoi ce nom à ces pâturages plutôt qu’à d’autres. Est-ce que des circonstances particulières, des échos peut-être, y rendent les sonnailles plus bruyantes qu’ailleurs ? Sonadon, col et glacier au fond de l’Entremont, paraît être le même mot avec la permutation ll-d, commune dans la vallée, gollie y devient gode.
- Sonnaz, ruisseau, affl. de la Sarine et 3 ham. sur son cours, la Sonne, v. der Weid, 1668, Bridel, Cons. suisse, V, 1801, all. Suhn, Sun. /442/
- Sonnaz, loc. à Essertines, D. Rolle; vignes à Bursins; 3 pâturages aux Mosses d’Ormont, mons de Suna, 1329, Sonna, 1315, Sonne, 1464. Ceux-ci peut-être du celtique sonno, gothique sunno, v. h. all. sunna, soleil; ils sont exposés au midi, en plein soleil.
- Sonzier, ham. de Montreux, Sunsie, 1215, 1250, Syonsie, 1317, Sionziex, 1457, Songy, Dict. Lutz; les formes diphtonguées par une permutation fréquente en patois, siau-seau. Songy près Saint-Julien s’appelait de même Sunzio, 1263, Sonzier, 1335, Syonzier, 1542; peut-être un (fundum) Suniciacum, domaine d’un Sunicius, gentilice cité par Holder, p. 1669.
- Soral, C. Genève, ou Sorral, Sorraz, 1236, M. R. XII, 170. Lutz donne aussi Saural. Il y a un adj. fr. et provençal saur, sor, jaune tirant sur le brun, qui pourrait peut-être s’appliquer à la nuance de la terre comme Blachoz, Rosset.
- Sor, Sore, préfixe du latin supra, sur, au-dessus de, en composition dans
- Sorebennaz, alpes de Veytaux, au-dessus du ruisseau, celte boinn, voir Bennaz.
- Sorebois ou Sorbois, alpe d’Anniviers, au-dessus des bois du Ziroug.
- Sorecort à Vufflens, Sorecoz(cort) à Conthey, Soremont, Ecoteaux, Sormont, Soulce, Sormoulin, Châtel-Saint-Denis, Sorneirivue à Neirivue, Soresévaz (forêt), et Soreplan, Attalens, Sorepont, Ollon, Sorevy et Sorvy, via, route, à Ollon et Gryon, Sorvillard et Sorvilly à Ollon, au-dessus des ham. de Villard et de Villy, Soreussex à Frenières, Serossex, carte Rovéréa, et Sorressex à Bex, Sores Saix, 1307; de saxum, Sex, s’expliquent d’eux-mêmes. Se trouve aussi en romanche : Soremont, Sorevie.
- Sorbier, loc. à Veyrier, à Myes, au Sorby à Crans; du sorbier domestique, arbre rare, cultivé jadis, et dont nous avons vu encore quelques exemplaires aux environs de Myes, 1862-65
- Sorbiers à Chardonne; peut-être d’une autre espèce, thymier ou alisier. /443/
- Sorens, Gruyère, constamment Sorens du XIIe au XIXe s., sauf un Sorans vers 1150, Hidber, II, all. Soring; Sorrens, loc. à Villars-Sainte-Croix, Vaud = chez les descendants d’un Germain au nom parent de Sorulf. Le nom du village tessinois de Sorengo en est l’équivalent italien.
- En Sorent, loc. à Aigle; probabl. le même nom que sorans, s. m. pl. (Bridel) = terrain inculte, ingrat.
- Sorge, affl. de la Chamberonne près Lausanne, et ruisseau, affl. du Seyon, à Valangin, — aussi appelé Sauge, — comme la Sorge de la célèbre Vaucluse, subst. verbal du provençal sorger, latin surgere, jaillir, source jaillissante. Sorgereux, plaine du —, loc. à Valangin; dérivé du nom du ruisseau, en Seurgereux, 1618.
- Sornard, ham. de Nendaz, Valais, Surnach, 1250 = (fundum) Surinacum, domaine de Surinus, cognomen gallo-romain donné par Holder.
- Sorne, rivière du Jura, affl. de la Birse, une autre en Alsace, Sorna, 690; probablement forme contractée de Sarona, et l’équivalent de la Sarn saint-galloise; de sar et ona, voir Sarine.
- Sornetan, D. Moutier, Sornetan 1161, Dict. Attinger, Sornetain, 1179, Sornetan, 1181, Tr.; le nom allemand Sornethal, 1461, Arch. Schw. Gesch. VI, 87, en donne le sens : vallée de la Sorne.
- Les Sors, loc. à Marin, Neuchâtel; les Sorts, prés à Orbe; de sors, s. m., ancien participe pris substantivement de sourdre, syn. du v. fr. sourse, sorse, s. f. = source.
- Sorvilier ou Sorvilliers, D. Moutier, Sorurvilier, 1148, Sororviler, 1179, Sororvilier ou Sorovilier, 1308, même charte, Sorunvilier, 1317, Sorvelier, 1461 = village de Sorulf d’après la forme de 1148 (permutation l-r et chute de f), n. pr. germain. Quant au nom all. Surbelen, c’est une corruption du nom fr. moderne.
- Sorzettaz, prés au Châtelard, D. Vevey; dim. du v. fr. sorse, source; voir Sors.
- Sot-Plat, loc. aux Clées, pour Sor-Plat, sur le Plat, sur le /444/ plateau, fausse orth. de l’atlas Siegfried, due à l’habitude vaudoise de ne pas articuler l’r final.
- ès Sots, ham. de Châbles, D. Broye, Frib. probablement autre forme de Sauts, voir ce mot.
- Sottens, D. Moudon, Sotens, 1147, Cart. Month., 1154, 1160, Sothens, 1161, Setens, XIIe s., Soutens, 1453 = chez les descendants de Soto, n. pr. germ. Förstm., p. 1117.
- Souaillon, loc. près Cornaux, Neuchâtel, dans un vallon marécageux, Suallon, 1526 (Jeunet); Soueillon à Chandolin. M. Alfr. Godet définit le premier abreuvoir aux porcs, aux bestiaux, du latin suilia, M. N. XXX, 288.
- Soubey, aussi Soubez, village sur le Doubs, Berne, Subeis, 1340 = Sous bey ou Sous-bief, au-dessous du bief, latin sub bevio, comme Clarbey aujourd’hui Clairbief.
- Souboz, D. Moutier, Berne = sous (le) bois, sub bosco.
- Souchon, crêt près Montricher; dim. de souche, voir Suche.
- Soud, loc. alpes d’Ollon; En Sout à Préverenges, D. Morges; forme masculine du v. fr. soute, s. f., partie inférieure, et de la locution en soute, au-dessous.
- Soulce, D. Delémont, all. Sulz; Sulza, 1148, Sulce, 1238, M. R. VI, 655, Souz, 1262, Sultze, 1389, etc. Tire sans doute son nom d’anciennes sources salées ou minérales, aujourd’hui disparues, comme Sulzbrunnen, Appenzell, anciennement salée, et Sulzthal, Argovie, source salée (contrairement à l’opinion de Gatschet qui en fait des salicetum). Un autre Soulce, en France, frontière de Porrentruy, avait des salines : Salinas de Sulcea, 1179. De la racine germanique sult, forme parallèle du v. goth. salt, parent du latin salsus, salé.
- Les Soules, ham. et bois à Montherod, D. Aubonne; pourrait être une autre forme de sole, portion de terre dans l’assolement.
- Souplas, loc. alpes de Château-d’Œx = sous le plat.
- Soupliaz, en Mont —, loc. à Ecublens, Supliaz, Ormont-dessus, Suplia à Châtel-Saint-Denis; de soupplla, brûlé, grillé, endroit très exposé au soleil; du verbe patois suppllâ, roussir. /445/
- La Sourde, source vauclusienne près Fleurier; subst. verbal de sourdre, jaillir.
- La Souste, ham. sous Louèche, Valais, all. Susten; de l’all. sust, ital. susta, entrepôt, douane; c’était jadis le principal entrepôt de la vallée sur la route du Lac à Milan.
- Souvy à Remaufens, Frib., Soz-via = subtus viam, sous la route. On trouve un Amodric de Souiz, Sozui, Sozvi, 1220, 1237, 1243, à Genollier, Cart. Oujon, M. R. XII, 26, 30, 33, 132.
- Soyères ou Soyhières près Delémont, all. Saugern. Nom fr. Sougere, 1102, Sohires, 1136, Soeres, 1139, Soires, 1148, Sujeres, 1170, Soyris, 1188, Soieres, 1388, — nom all. Sugron, 1170, Sogeron, 1207, Sogren, 1212, Sogron, 1238, Sougern, 1335, Trouillat et F. B. D’après Gatschet, de socaria, soqueria, collectif du bas latin soca, souche, tronc, lieu défriché par abatage, où les troncs restent en terre. M. le prof. Bonnard y voit plutôt secarias, dérivé de secare, scier, v. fr. soyer. Paraît être le même mot que sequière, route dans une forêt, de secare.
Aug. Quiquerez, M. N. VIII, 69, veut que le n. all. Sogren soit une contraction du nom de Sornegau, dont l’avouerie appartenait au château de Soyhière jusqu’en 1278. Cette contraction nous paraît impossible, étymologiquement. Sogren est simplement la traduction allemande de secarias : C devient g, ière-en, comme Gampière, Gampenen, Savenière, Safneren. - Sublage, sommet au Sanetsch; peut-être de subllâ, siffler, du latin sibilare, mont où le vent souffle, v. fr. subler, encore employé par Rabelais et Marot.
- Subriez, clos de vignes à Vevey, Souvrue, 1228, M. R. VI, 351, Subrus, 1525; de supra, au-dessus : partie supérieure du vignoble.
- Succor, ham. de Bossonens, D. Veveyse, 715 m. = sub cortem, sous la court, sous le village, 753 m.
- La Suche, sommet, paroi taillée à pic au N. de Vouvry, Valais; Suchet, sommet du Jura, sommet à Leysin, loc. à Champvent, Châtel-Saint-Denis; Sucheron, ancien nom du Chasseron, d’après Lutz; sommet principal de la Roche Blanche, au N. O. du /446/ Chasseron; Suchel, dim., lieu-dit à Pully, 1226, M. R. VII, 251, Suchaud, loc. à Vaulion; la Souche, presqu’île rocheuse dans une boucle de la Sarine, Frib., au Soutzet à Rossinière; un perier a la Suque, environs de Vinzel, 1284, M. R. III, 540; une Suche ou Sotzé, vallée d’Aoste vers 1770, la carte des 4 Mandements d’Aigle, de Rovéréa, donne le nom de la Susse au grand rocher de Dailly qui domine à pic les bains de Lavey; de souche, soutze, souche, bûche, pointe de rocher; suc en Dauphiné = sommet, montagne élevée. Motdis cuté : du latin soccus, d’après Dietz et Littré. D’après Körting, d’origine germanique, dérivé du m. h. all. schok, monceau, ou de stock. Holder rattache de nouveau ces mots avec le gaulois soccos, v. h. all. sech, et avec Diefenbach il rapproche le m. latin socca, soccus, zoccus, l’italien zocco, le provençal soc, soca, souc, souca, le fr. souche, fr. et gaélique, soc, anglais sock, kymrique et breton swch, cornique soch, breton souch, romanche tschücha, tschocca, souche; à Suche se rattachent les nombreux Tschuggen des Grisons (11) Saint-Gall (4) Berne (8), Valais, vallée de la Viège (6), les Zocco, Zocca du Tessin et partie italienne des Grisons (9); voir Brandstetter, Der Ortsname Tschuggen.
- Suchy, D. Yverdon, présente dans ses formes primitives deux groupes distincts : Suzchie, 885, M. R. VI, 132, Suichie, 1218, Souchie, 1219, Sochy, 1226, F. B.; Suchie, 1227, Suschie, 1233, Suchiez, 1270, M. R. VI et XIV, Suchye, 1317, et Solpiacum, 885, M. R. VI, 182, et 888, Hidber, I, 170. Ce Solpiacum voisin d’Epautheires, de Gravaz, de Corcelles, etc., ne peut être que Suchy. La première série de formes en ferait un (fundum) Succiacum, domaine d’un Succius (comme Achy de Accius), mais la seconde interdit cette traduction. Il ne reste qu’une ressource, c’est de considérer la première comme étant simplement le nom romand qui présentait la forme actuelle dès le IXe s. En effet, le texte de la charte paraît donner les deux noms latins et vulgaires Solpiaco et Suzchie, … Clingerio et Clendie, Gravato et Grava, M. R. VI, 132; c’est donc un (fundum) Solpiacum, domaine d’un Sulpius, gentilice romain. Un autre Suchy, loc. à /447/ Concise, et Suchiez, ham. de Neuchâtel, ont probablement la même origine.
Zimmerli, II, 37, rapporte les formes Suzchie, Suchie à Sugiez, D. Lac, Frib.; c’est une erreur : sans parler des difficultés linguistiques d’un tel rapprochement, au XIIe s. Sugiez s’appelait Solzie; voir Sugiez. - Le Sucre, ruisseau à Couvet, jadis le Secreux d’après F. Berthoud, M. N. IX, 167.
- Suen, ham. de Saint-Martin d’Hérens, Suanis, 1052, Suen, 1131, Suaig, 1200, Sueg, 1267, Suens, 1231, 1327, Suegn, 1250, Sueng, 1252, 1276, Suein, 1268, Soen, 1320, Suench, 1331, Sueyn et Suyn, 1417. On peut sans doute y rapporter le Giroldus de Xyens, 1287, et le Perrussodus de Syens, civis Sedun, 1333, M. R. XXX et XXXII. Gatschet, s’attachant à la forme isolée Suaig, le dérive du mot Sweig encore employé dans le Tyrol pour chalet, métairie, et cite 3 Schweik à Zurich et 2 à Berne; mais les formes en ens, Suens, Syens rattachent avec évidence Suens aux noms en ingis, ens, patronymiques germains, et en font un homonyme de Syens, Vaud, dit aussi Suens, voir Syens, ou un dérivé du n. germain Sucho qu’on peut déduire du nom de lieu Suchesdorf, Förstm., II, 186. Quant au suffixe aig, il n’a aucun rapport avec le mot cité par Gatschet, c’est une simple graphie, employée surtout en Valais à cette époque pour rendre le son nasal, Ragdogny (1250) pour Randogne, Neigda (1200), Nendaz; Salaig, 1200, Salins; Meiteg, 1272, Meitein; Duig, 1208, Duin; Buyg, 1250, Buin ou Binn. Cette graphie se retrouve exceptionnellement dans le Cart. laus., Pagpignie, 1235, M. R. VI, 314. Ajoutons enfin Pigpignet, 1476, soit Pépinet à Lausanne, qui se prononçait (et aujourd’hui encore) Pimpinet.
- Sugnens, D. Echallens, Sugnens, 1177, 1182 et 1228, M. R. XII et VI, Sunens, 1203, Suneins, 1225, Sugneins, 1238, M. R. VI, 138, 656, Sugnyens, 1453, Arch. Fr., Sugnens, 1668, v. der Weid = chez les descendants de Sunno, n. pr. germain, de la racine sunna, soleil. Förstm., 1129.
- Sugiez ou Sugy, village D. Lac, Fribourg, Solzie, 1162, Arch. Fr. VI, Sougy, Sougiez, 1445, Sugi, 1668, v. der Weid, /448/ Saugy, 1788; un autre à Bevaix, Neuch.; très probablement de (fundum) Soldiacum, propriété d’un Solidius, gentilice romain dérivé du cognomen Solidus, voir Stadelmann, p. 41. Ajoutons que Holder, p. 1604, donne le fém. Solidia. Zimmerli rapporte par erreur à ce village les Suzchie, Suchie du Cart. Laus. qui concernent Suchy; voir ce mot.
- Sullens, D. Cossonay, Sollens, 1180, 1273, M. R. V, 216, Soulens, 1228, 1251, 1260, Sullens, 1287, Sulens, 1387, 1453, 1574, M. R., 1668, v. der Weid = chez les descendants de Solo ou de Sullo, n. pr. germain. Förstm., 1115 et 1126.
- Sully, m. et vignes à La Tour; probablement, comme les Sully de France, un (fundum) Sulliacum, domaine d’un Sollius ou Solius, gentilice romain. Holder, 1602.
- Surpierre, D. Broye, Fribourg, Suprapetra, 1142, Superpetra, 1147, Sereperra, 1184, Cart. Month. = sur la pierre : au sommet d’un rocher dominant la Broye.
- Suscévaz, D. Yverdon, Sub Silva, 1141, 1147, Suceve, 1315, Souceva, 1368 = sous la forêt.
- Suse, rivière du vallon de Saint-Imier appelée vallem Susingum, 610, Susinch, 1161; d’après Gatschet, du n. pr. germain Suso qui avait donné le nom primitif de la vallée, avant l’établissement de saint Imier; le nom aurait passé à la rivière.
- Sussagnes, loc. à Bevaix, Neuch. = au-dessus des sagnes; voir ce mot.
- Syens, D. Moudon, Ciens, Xe s., Ciens in comitatu Wald, 1001, Siens, 1228, Suens, 1453 = chez les descendants de Sico, Sigo ou Sicho, variantes du même n. pr. germain; de la racine sigu, victoire. Förstm., p. 1086.
- Sylveux, bois à Courtedoux, Jura bernois; adjectif du latin sylva, forêt, et suffixe eux = lieu boisé; au Cerveusel, pâturage plus ou moins boisé à Saint-Imier; de cerveux pour serveux, autre forme de sylveux, — comme servan de silvanus, — et suff. dim. el : lieu un peu boisé. /449/
- T
- La Table, loc. à Bure, D. Porrentruy = terrain plat, nommé ailleurs Trablaz, Taulaz ou Tollaz; voir ces mots.
- Tabor ou Thabor, Mont —, autre nom de la Dent d’Hérens; corruption du nom valdôtain Montabert ou Montabel, de mont et n. pr.
- Tabornaires, loc. à Orbe; propriété du tabornei, du tambour; les noms Taborin, Tabornaz et la Taborenaz, maisons à Savigny et Forel, paraissent avoir la même origine.
- Tabousset, ferme, vallée de l’Hongrin; pâturage près Gérignoz, Château-d’Œx; loc. à Echallens; chemin du Tabusset, ruelle à Saint-Maurice, plan de 1722; d’après Bridel, tabousset = lieu où l’on se réunit pour causer, de taboussâ, babiller, faire du bruit; le provençal a tabustar, tabussar, frapper à la porte, troubler. Le Tabousset de l’Hongrin est à un carrefour où se croisent les chemins de Villeneuve à Château-d’Œx et des Ormonts dans la Gruyère; ce pourrait être l’endroit où les pâtres se réunissaient pour causer et les passants y frappent souvent à la porte.
- Le Tâche, rocher escarpé sur Vouvry, Valais; le Tache, pâturage de Gruyère, le Tatzo, pâturage de Rossinières; le Taque ou Tatchiet (dim.), ham. de Trient, sur un crêt très escarpé, Tazet (ts) à Conthey. De la famille de tache, clou de soulier, patois tatche, s. m., clou, gaélique tac, clou, irlandais tag, pointe, etc. d’un radical tac dont l’origine est discutée. Le sens ici est d’abord celui de rocher escarpé, pointu, comparé à un clou, tatche, et le pâturage a pris le nom du rocher qui le domine. La Tache, pâturage, et les Taches, m. Vallée de Joux, même origine.
- Taconnet, Crêt —, à Neuchâtel, aujourd’hui à peu près rasé. Pourrait bien être le crêt (du) Taconnet, nom vulgaire du Tussilage, Tussilago Farfara. Les Neuchâtelois pourraient dire si cette plante, fréquente dans les terrains argilocalcaires, y était particulièrement abondante.
- La Taillat, m. et source dans les bois à Salvan, bois à Servion, source et m. près Bière; la Taillaz, m. à Cerniaz près Moudon, /450/ ham. de Corpataux et 4 autres loc.; les Tailles, ham. de Curtilles et nombreuses forêts, Ollon, Etoy, Berolle, Yens, Mauraz, Donneloye, etc.; à la Talia à Monthey, Talliaz, 1696; Tallo, bois sur Montreux; Tayaz, loc. à Vétroz, ès Tayes, prés et bois à Bonfol et les Toyes, prés et bois à Courtedoux, D. Porrentruy; subst. verbal de tailler. L’orth. Taillat est une transcription du cartographe et il faut lire Taillaz = Tailles, v. fr. tail s. m. bois taillis; les Toyes donnent les dérivés Toyers, prés à Vicques, et le diminutif les Toyerats, bois à Soulce, Jura bernois.
- Taillières, lac des —, aussi, faussement, Etalières, Jura neuchâtelois, la chaul de Estaleres, 1306; même racine avec suffixe collectif ière.
- Taillisse, s, 5 loc. C. de Fribourg; forme fém. de taillis.
- Tairèche, côte boisée à Delémont; pourrait être, nous suggère M. Isabel, tay = toit, pente, rêche, patois rêtse, rude, raboteux, pente rude et raboteuse.
- Talent, rivière du Jorat, le même nom que celui de Toile ou Thièle (Thielle), de Thela ou Tela, XIIe s., M. R. XII, Teyla, 1265, Würstbg., Toyle, 1300; ces derniers dérivent du cas sujet et Talent du cas régime, comme le démontre M. le prof. Bonnard dans la Revue hist. vaud., 1894, p. 92, 93. Ce nom de Toile est aussi donné au Nozon dans la partie inférieure de son cours, en amont du confluent avec le Talent. Citons encore la Theilaz, ancien bras du Rhône à Chessel, la Toile, près Roche, carte Rovéréa, ruisseau naissant à la George, aujourd’hui Grand Fossé; la Teylaz à Vouvry, plan de 1720 environ, la Teylaz, source à Colombey; non loin de là, au territoire de Vionnaz, il y avait une Tela en 1345; les trois désignent le même cours d’eau qui naît sur le territoire de Colombey et allait jadis se jeter dans le Rhône sous Vouvry; la Thièle est en all. Zihl : flumen quod dicitur Cilae, 1212, F. B. II, 22. Mot d’origine celtique, comme tous nos noms de rivières. Cette racine tel, teil est fréquente; Holder y rattache le Tel-avius, fl. de Dalmatie, Tella, Seine-Inférieure, /451/ le Toulon, jadis Tel-os, Dordogne, le Teil-is, aujourd’hui le Théols, Indre, et un autre Tel-is dans les Pyrénées orientales.
- La Tannaz, loc. à Yvorne, ham. de Flendruz, ruisseau à Provence, ham. aux Pommerats; la Tanna à l’Or (l’ours) à Yvorne, la Tanna à l’Oura (vent), et la Tanna aux Chues (choucas), cavernes à Naye sur Montreux (voir description Cons. suisse VI, 159, 168); la Tanne, ham. de Tavannes, à la Thanna à Zénauva, Frib.; les Tannes, Ormont-dessus et Lessoc, etc.; de tanna, caverne, italien tana, origine inconnue. Dérivés Tanay (Tanney), ham. et lac sur Vouvry, entouré de parois de rochers; Tanney, pâturage de Corbeyrier, dominé par de grandes parois de rochers, Tannet, alpes de Conthey et de Savièse, les Tannets, rochers à l’Haut de Vouvry; Tanny, combe sous Dullit, Tany, pâturage d’Ormont-dessous, Taney, 1355, Taneys, 1439; Tanaire, pâturage sur Mex, Valais; de tanna et suffixes collectifs ey, y, aire et dim. et.
- Tannay, D. Nyon. Ni paroi de rochers, ni caverne dans cette localité de la plaine; on ne peut donc rapporter ce nom à tanna. Il faut sans doute le rapprocher d’une autre racine celtique : tann, chêne, bas breton tanu (d’où vient le fr. tan, écorce de chêne). Ce serait alors un tannetum, soit, avec le suffixe collectif ay, endroit où abondent les chênes, l’équivalent des Chaney et des Rovray. Holder cite deux Tannetum. Pourrait aussi être, comme dans Tannay de France, un Taniacum, domaine d’un Tanius, nom dérivé du cognomen Tanio, Holder, 1719. Le manque de formes anciennes ne permet pas de décider.
- La Taouna ou Tauna, ou Thaouna, rivière de la Gruyère, affl. de la Sarine, la Tonnaz, 1419, la Thonne et Tauna, Dict. Lutz.
- Les Tardis, m. et prés à Monthey, loc. à Massongex, la Tardive, alpe à Monthey; de tardivus, tardif, Berry tardi, provençal tardiu = (terrains) tardis, tardifs, où la végétation est tardive; f disparu comme dans bailli, jadis baillif.
- Le Tarent, 2551 m., et le Taron, 2481 m., deux sommets voisins dans la chaîne de Chaussy, aux Ormonts; paraissent appartenir /452/ à la racine celtique taro, taureau, pour tarvos. On connaît déjà le nom celtique du Taurodunum, latinisé Tauretunum, vallée du Rhône, environs de Saint-Maurice, le château du taureau. Ce nom est encore employé aujourd’hui, par exemple le Grand ou Gros Taureau, 1324 m., à la frontière neuchâteloise à l’O. des Verrières.
- Tartegnins, D. Rolle, villa Tritiniaco, XIe s., Tritigniaco, 1018, Tertinnie, Tertignie, XIIe s., Tertinins, 1214, 1237, Tertinnins, 1220, M. R. V, 223, et XII, 24, 26, Tertignins, 1252, 1309, M. R. XII, M. G. IX, Tertygnens, 1265. D’après les formes primitives, de (praedium) Tritiniacum, domaine d’un Tritinius, gentilice gallo-romain, dim. familier du cognomen Tritos, latinisé Tritus. Holder, 1959; les formes Tertinnia-gnie, peut-être par confusion avec le gentilice Tertinius, assez fréquent. Curieux par le changement de suffixe, qui à en juger par les 3 dernières formes en ferait un nom d’origine burgonde. On pourrait voir dans les formes en acum une transcription de notaire et considérer le nom comme d’origine germanique. Mais il n’y a là qu’une apparence. Nous avons ici quelque chose de semblable à ce que nous verrons à Trévelin. De Tritinius dérive, avec la métathèse de r, l’adjectif Tertininus, d’où Tertinin, faussement écrit Tertinins par une assimilation facile avec les suffixes des localités voisines Bursins, Luins. On a de même Bourdigny, de Burdiniacum, et Burdignin de Burdininum (fundum).
- Le Tarteroux, pâturage à Vionnaz; — en Bas Valais, tartouri, s. m. tartoule, s. f., désigne un terrain de peu de valeur, — probablement pâturage ou pré où abonde le tarteri, en français Cocriste, Rhinanthus Cristagalli, tartave en Dauphiné, plante parasite qui vit aux dépens du fourrage : tartari est à Villeneuve le nom du Cirse des champs, autre mauvaise herbe trop fréquente.
- Tassonnières, ham. de Fully, de Chardonne; loc. à Saint-Livres, à Vallamand; Tassonnaire (eyre), nombreuses loc. Vaud et Fribourg; Tachonire à Vernamiège, Tassony à Fully, Taxoneyre à Troistorrents, Tachenoire à Choëx, Monthey, /453/ ès Taxonneyres, 1696; de taxonaria et taxonetum, terrier, de tasson, du latin taxonem, fr. taisson, blaireau.
Nous pensons qu’il faut lire es Tassoneres la localité es Cassoneres circa torrentem (à Varone, Valais), 1249, M. R. XXIX, 415; de même Tassonaine à Ollon, atlas Siegfried, doit être lu Tassonaire. - Tatroz, ham. de Remauffens, Fribourg, Tartro, 1223, 1233, Tartrout vers 1230, M. R. VI, 207, 591, Tartraud, 1456, puis Tartraux, Tatrox, 1573, Tatrau, 1668, v. der Weid, et enfin Tatraux, 1715, Tattraux pour arriver à Tatroz, orth. actuelle. Peut-être parent de tertre et du mot tuarte, employé en Brie = chemin escarpé dans une côte. Il y a une rude montée de la Broie au hameau, 706-750 m., et du hameau au village, 750-799 m.
- Tatte ou Tataz, Tattaz, dim. Tattettes, Tattets à la Côte-aux-Fées, une 30e de lieux-dits de Genève à Cossonay : les Tattes de Saint-Paul à Genève, Tactas S. Pauli, XIVe s. Le mot romand tatte, patois tatta, tacta, tacte dans les vieux textes, lieu en friche, lande, terrain maigre, improductif, parent par le sens de teppe, employé dans le Jura et les Alpes, est d’une origine encore inconnue. Serait-il possible de le rattacher à tactas (terras), du p. p. tactus, de tangere, qui signifie parfois tromper, duper, dépouiller ? des (terras) tactas seraient ainsi des terres dépouillées de valeur, stériles, tactas devient tattes par la permutation italienne ct-tt comme factum-fatto, tractum-tratto, lactem-latte.
- Taule, voir Tola.
- Tavannes, D. Moutier, all. Dachsfelden, champs des blaireaux; le nom français actuel ne paraît pas avoir de rapport, mais bien les formes anciennes; citons Theisvenna, 866, Tr. I, Tehisvenna, 885, F. B. I, Thesvenna, 967, Tasveno, 1147, Tasevenna, 1241, Tasvanne, 1258, Tavannes, 1296, Tavennes, 1301, F. B. IV, Tavagnes, 1364. Theis, Thes, Tas paraissent se rapporter à Taxo, Dachs, venna est le mot venna, haie, clôture, donc clos des blaireaux. Aux Tavannes, loc. à Bofflens, Tavanny, m. à Bossonens, pourraient avoir la même origine.
- Tavé, voir Tavis.
- Tavel, près Fribourg, all. Tafers, Tabernae vers 1150, /454/ Tabernis, 1255, Tavels, 1228, M. R. VI, Tavel, 1453, etc.; 2o ham. de Montreux, Tavelz, 1250, 3o anc. nom d’un faubourg d’Orbe, vicus qui dicitur Tavel ou Tabernae, 1190, et de la ville même, villa Tavellis alio nomine Urbam, d’un bas latin * tabellum, dim. de taberna, taverne.
- Tavé, le Grand —, sommet, alpes de Bagnes, Valais; de tavé, planchette, du bas latin tavellum. Tavis, chalets sur un petit plateau sous Champéry, Valais; du patois tavi, planchette, autre forme de tavé.
- Les Tavernes, D. Oron, autrefois Froideville, prit son nom actuel à la suite d’une concession de taverne accordée par LL. EE. de Berne en 1542 (voir Pasche, Contrée d’Oron, p. 463, 599, 492.
Les deux noms continuèrent assez longtemps à être employés; si nous trouvons « les granges devant l’abbaye d’Aucrêt, à présent appelées les Tavernes, » 1633, d’autre part on voit que les habitants désignent encore leur commune sous le nom de Froydevillaz en 1679. - Taveyannaz, village de chalets sur Gryon, Taviglianaz, carte Rovéréa, XVIIIe s., encore en 1861 (Lutz); de la famille de tavé, tavi, planchette, du bas latin tavella, diminutif probable de tabula, et de tavillon, bardeau. Le pâturage présente un petit plateau, plat comme une planche; de même Tavallion, loc. à Sion en 1224, et Tavidon, loc. à Conthey, d pour ll.
- Taxerex (pr. tasseré), loc. vignoble d’Ollon; au Taxeroz à Blonay; de taxeretum et taxaria, fr. taissière, terrier de blaireau, du latin taxus, du v. h. all. dahs; synonymes de tassonnière.
- Les Tèches (ou Tesches), loc. à Lavey, partie haute du village où les maisons, les toits sont comme entassés les uns sur les autres; du vaudois tèche, patois tètsé, s. f., tas, piles de bois, de foin, etc., mot d’origine celtique, celte tegos, v. irl. et breton teg, plus tard tech, toit, maison, parent du latin tectum.
- Teck ou Thec, Fin du —, ham. d’Epauvillers, Jura bernois, ancien fief qui appartenait au XIVe s. à la famille allemande des ducs de Teck. /455/
- Teis, e, racine fréquente dans le pays, surtout dans nos Alpes romandes, tantôt s. m. ou f. : Teisaz, forêt et chalets sur Isérable; les Tays, bois sur Vionnaz et Massongex; en Teys, Vérossaz et Ormonts, They (Tay) à Monthey, les Teys, pâturage à Estavanens, Tésets à Vionnaz, Tézet, bois à Muraz, D. Monthey, diminutifs; Thésex(é, ez), une 12e de loc. des Alpes, Valais et Vaud, Tésex à Dorenaz, Thésailles, plateau près des Mosses, Château-d’Œx, collectifs; — tantôt adjectif : Luy Taysa à Leytron, Luex Teise à Corbeyrier, Joux Teisaz à Ollon et Villeneuve, Teisesjeurs, forêt à Rougemont, ham. à Château-d’Œx; Jortèse ou Jorteise, autre nom du plateau d’Ayerne, alpes de Corbeyrier; Places Teysaz à Ollon, Teysachaux, alpes de Châtel-Saint-Denis, au Tey Vernay à Ollon, Flanthey, ham. de Lens et Plantey à Venthône, Valais; les Champteys à Leysin, Prauthey à Châtel-Saint-Denis, Pratey à Monthey, Prautey, 1696, Preuthey à Vionnaz, Prautey, 1723. Rare en dehors des Alpes, cependant nous trouvons des Chantey à Moiry, Chardonne, des Champs Teys à Ferreyre, D. Cossonay, le Theycrêt à Boudry. Paraît représenter le latin tensus, tensa, participe passé de tendere, au sens de étendu, vaste, donc la pente rocheuse, la forêt, la place, la chaux, la vernaie, le flanc, le plan, le pré, les champs, le crêt étendus, vastes. Voir aussi Thé.
Ce mot est aussi employé aux Grisons. Tens, Tais, s. m. sous-entendu god, waul (forêt). M. Parmentier, dans son Vocabulaire des noms géographiques des Grisons, traduit par « forêt dont l’exploitation est interdite, » soit forêt à ban. Cela ne contredit pas notre étymologie : il est naturel qu’une forêt en défens soit plus étendue que celle où l’on peut faire des coupes en toute liberté. D’ailleurs on voit que tais s’applique non seulement aux forêts, mais aux prés, aux champs, etc., où le sens de interdit ne saurait s’appliquer. - Les Temayres ou Temaires, loc. pâturage de Ferret, Valais; endroit où abondent les temei, temé, fr. thymier, sorbier des oiseleurs; voir aussi Thoumalay.
- Temporeyre, torrent à Savièse, Valais, atlas Siegfried. Est-ce une faute pour Temporeyve ? les chartes parlent d’une loc. Temporiva à Savièse, 1250, et 1274, 75, 78, 95, M. R. XXIX, XXX. /456/ On trouve vol. XXX, p. 142, Tempurina, sans doute coquille, n pour u.
- Tenade et Tenada, 2 loc., gazons élevés, val Ferret, Valais; peut-être de la racine celtique ten, irlandais tene, tened, feu. Holder, p. 1794 : endroits exposés à l’ardeur du soleil.
- La Tenda(z), pâturage à Salvan et champs à Ayer, Luc et Dorenaz, Valais; subst. verbal de tendere, étendre.
- Tendronnaires, prés à Ecublens, D. Morges, la Tendronière à Grancy et Tendronney à Boussens, Etagnières; prés où abondent les tendrons, un des noms populaires de la Bugrane épineuse, Ononis spinosa (Littré, Suppl., donne tendon); tendron s’emploie au même sens dans le Berry et y dénomme 2 loc. du Cher.
- La Tène, loc. au lac de Neuchâtel près Marin, station lacustre célèbre. D’après Desor, du latin tenuis : « dans le patois local on dit l’eau est tène = peu profonde; » l’eau y avait, avant l’abaissement des eaux du Jura, 60 à 70 cm. de profondeur. Le subst. ténevière, lagune, employé sur les deux rives du lac, a la même origine : M. N. XVI, 222; du v. fr. tenve, mince, ténu — u consonifié, — et suffixe coll. ière.
- Les Teppes, pâturage pierreux au Saint-Bernard, les Teppaz à Fully, Ollon, les Tepes à Vionnaz, la Tépaz, Ormont-dessus, la Têpe, deux pâturages au Lieu, les Tappes à Valeyres-sous-Rances; les Tiépettes, derniers gazons sur le pâturage de Derbon, alpes de Conthey, diminutif des précédents; les mêmes que le dauphinois têpe, coteau gazonné, l’italien tepe, tepa, motte de gazon, espagnol, provençal et portugais tepe, gazon; origine douteuse.
- Ter, lac —, Vallée de Joux; dérivé habituellement de lacus tertius, troisième lac (ainsi Dict. géog. suisse, 1788, Bridel, Lutz, 1861, Dict. hist. C. Vaud, 1867). S’appelait au XIVe s. Laytel = tout petit lac; layt-el, dim. de layt, contracté de layet, petit lac, d’où par corruption layter, puis lac Ter, M. R. I, 2e livr., p. 78.
- Tercier, ham. de Blonay, Estercie, 1250, M. R. XXIX, 437. Cette forme de 1250 est embarrassante. Sans cela on pourrait /457/ rattacher Tercier à Terciacum, domaine de Tertius; Jubainville cite deux villa Terciaco. D’un autre côté on ne peut lire es Tercie : es = dans les et ne s’emploie qu’avec des n. pl. Il faudrait supposer une faute d’orthographe et lire es Tercies, ce qui signifierait (villas) Tertias, aux fermes de Tertius. D’autres formes anciennes pourraient aider à résoudre cette difficulté.
- Termine, Tête de —, alpes de Saillon, limite de Leytron; Termine, loc. à Mage et à Chandolin d’Anniviers; Termine Rosse, rocher sur Hérémence, limite de Vex; du v. fr. termine, s. m., borne, limite; désigne des localités à la limite d’un territoire. Bec Termin, rocher au bout de l’arête S. du Mont Fort, Bagnes, forme adjective.
- Le Terrage, loc. à Montreux; pâturage de Vaulruz, Gruyère; v. fr. terrage, territoire, du bas latin terraticum.
- Terraillet à Bulle, Genève, aux Agettes, Valais; le Terraillon à Golombey, les Terraillats à Vionnaz, Terraillaz à Vouvry, Terrailly, loc. à Vulliens; dérivés de terrail, amas de terre. Tarreau, terreau a signifié canal, ruisseau : un petit Russeaulx ou terraulx (à Lutry), 1536, délimitation de la Grande Largition, M. R. VII, 780. Il s’emploie encore de Martigny au Lac pour désigner les levées de terre qui bordent les canaux et, par extension, les canaux eux-mêmes : les Grands Terreaux à La Bâtiaz, le Grand Terreau à Dorenaz; le Terraillon, les Terraillaz (ats) sont donc les petits canaux.
Une supplique des bourgeois d’Aigle, de 1372, adressée au comte de Savoie, parle de « certains terraux situé (sic) entre les possessions de ceux d’Aigle et ceux de Saint-Triphon, par lequel court certaine eau appelée le Riesen, lequel terraux ceux de Saint-Triphon sont tenus de maintenir » — ce qu’ils ne font pas, — de sorte « que la ditte eau appellée le Riesen court par les prés des dits d’Aigle … partant qu’il vous plaise … de mander a vostre Chastellain de Chillion soit a votre Vicedom d’Aigle … qu’ils commandent a ceux de Saint-Triphon a faire le dit terraux, le maintenir aveq un ou plusieurs ponts et de conduire la ditte eau appellée le Resin par le dit terraux. » Chartes d’Aigle, p. 24. Une autre de 1519 parle du Terraux appelé de la Teylaz près Chessel.
Le Risen ou Resin, Rezin, 1734 est appelé le Resent dans la carte Rovéréa vers 1750 qui désigne ainsi un ruisseau formé par la réunion /458/ du ruisseau de Chalex et d’un autre venant du territoire d’Ollon pour aller se jeter dans le Rhône à travers les marais du Duzillet. Les canaux creusés au XIXe s. ont changé toute la topographie : il n’en reste plus qu’un lieu-dit au Resent (pr. in). Ce nom de Risent, parent de reuse dont il semble un diminutif, se retrouve dans des chartes des Ormonts qui citent une source, « fontem Risens 1315, fons Risen 1464 marquant un point de la limite entre Leysin et les Ormonts. Les plans cadastraux n’ont pas conservé ce nom. - Terraulaz, la —, deux pâturages d’Albeuve, Theraulaz, atlas Siegfried; en la Terraulaz, ham. de La Roche, Gruyère; sous leur forme actuelle, de terre et suffixe dim. ola, soit petite terre, petit domaine. Le dernier est l’origine du n. de famille fribourgeois Theraulaz : Petrus de la Tiroulaz, 1308, P. de la Teroula, 1438, Hansa de la Tiroulaz, 1518, Michel Tiroulaz, 1541, Peter Theroulaz, 1586, Michel Theraula de la Theraula, 1594. Zimmerli, II, 129. Les anciennes formes montrent que les terminaisons aula, aulaz, oula, oulaz ne sont que des variantes du même suffixe ola. Quant à l’r unique, au i et au th, qui pourraient faire hésiter à dériver de terre, il n’y a qu’à comparer pour le r et le i avec Piraz, p. 346, Pirules, Pyroule, p. 341, de pierre, et pour le th avec de nombreux mots où l’h est parasite.
- Territet, quartier de Montreux, Taritet, Lutz, 1861, sur les apports de terrain de la grève; diminutif irrégulier du v. fr. terris, terrain.
- Terroche, alpe de Gruyère; de terre et suff. augm. oche.
- Tertre, ou au plur. Tertres, plus. loc. à la Côte, Vaud et Neuchâtel : Bôle, Auvernier, Epagny, Marin; l’un d’eux, Terto, Terte, 1270, 1280 dans Matile; un autre à Neuchâtel, Tertoz, 1374; du latin termitem; d’après Ducange, de l’armoricain tertr, même sens.
- Tétzés, Crêt des —, forêt à Tour de Trème, Gruyère; forme patoise de tèche, voir ce mot.
- Teule, la Barma —, au Muveran = la barme à Theulaz, l’abri, sous le roc, du nommé Theulaz, qui s’y réfugiait ou qui possédait le fauchage voisin. Theulaz, nom de famille bourgeoise de Bex (note de M. Isabel). /459/
- Le Teurre (Theure ou Theurre), 2 ham. de Saignelégier, Theureux, ham. de Soubey, Theurillatte, colline et maison aux Breuleux, Teurillon à Bure, les 4 Jura bernois; les Theux, 3 crêts arrondis voisins à Pâquier, Neuchâtel; Teureaux, loc. à Bex, Toré, colline arrondie sur Pleigne, D. Delémont, en Tauré à Reclère, le Tauré, colline arrondie à Saint-Ursanne; au Turé, loc. à Conthey; dans le Berry ture, dim. tureau, en provençal tor, éminence; dérivés divers et diminutifs, permutation o-eu-u, du latin torus, tore, au sens de localité élevée, crêt arrondi; pourrait aussi se rattacher au celtique : gaélique torr, monticule, éminence, irlandais tor ou thor.
- A la Thanna, ham. de Zénauva, D. Sarine, voir Tanna.
- Thau ou Tau, bois à Chillon, loc. à Vernex-Montreux, m. à Blonay; de thau ou tau, nom patois du houx.
- Thé à Roche-d’Or, Eclépens et 4 autres loc. Frib.; au They, bois et loc. à Puidoux, Veytaux, Corbeyrier, Morgins, Semsales; les Theys et au Thay, Ormonts; la Joux des Theils, forêt à Ollon, Grandty, ham. de chalets, Val d’Illiez, le Té à Dorenaz; du patois té, ty et du v. fr. teil, latin tilia, tilleul. Voir cependant Teis, car pour certaines formes il est difficile de décider entre les racines teis et teil.
- Theilaz, voir Talent.
- Théodoncourt, ham. de Chevenez, D. Porrentruy = cour de Thiodo, Theodo, n. pr. germain, de la racine gothique thiuda, nation, famille. Förstm., p. 1159.
- Theraulaz, 3 pâturages sur Montbovon; probablement du nom de famille Theraulaz, voir Terraulaz.
- Thermen, D. Brigue, fausse orth. pour Termen, — comme Bridel l’écrivait en 1820, — Terman, 1233, 1267, 1290, nom d’origine romane; non point de thermes, mais du fr. terme, limite, il est à l’extrémité du territoire de Brigue auquel il se rattachait autrefois. A la même racine se rattache Terminun, Terminon, XIIIe s., etc., du v. fr. termine, que M. Gremaud, M. R. XXIX, p. 597, attribue à Termen, mais qui désignent Visperterminen, aujourd’hui Visperterbinen. /460/
- Au Thet, ham. d’étables sur Finhaut, Valais, Tey, atlas Siegfried; de tectum, Berry tet, étable.
- Thévenon, Lutz, ou Tévenon, carte top. vaud., chalet et mont sur Mauborget, D. Grandson. M. Isabel nous signale la famille Thévenaz, bourgeoise de Bullet; c’est là l’origine probable, le chalet du « petit Thévenaz. »
- They, voir Teis.
- Thièle, voir Talent.
- Thierrens, D. Moudon, Tierens vers 1150, Tyerens et Thyerens, 1154, Cart. Month., Tyerrens et Tierrens, 1228, Tierreins, 1238, M. R. VI, 17, 661 = chez les descendants de Theodari, n. pr. germain, de thiuda, famille, et hari, guerrier.
- Le Thieu, Champ de Thieu à Evionnaz, champ de Queue, de Queux, 1736, de Thiaux, 1760; autres formes du patois Kieu, Keu = col, voir Cœur.
- La Thiole, pâturage sur Lignerolle, Thyollaz, loc. à Salins, Valais = patois thiole ou tiole, tuile, du latin tegula, au fig. pour petite plaine, petit plateau, figure analogue à celles de Tavis, de Planche, etc.
- Thioleyres, voir Tioleyre.
- Au Thomassey ou les Thomassays, ham. d’Ormont-dessus, en la Thomassière, 1608; du n. pr. Thomas, famille qui y existait en 1402 (renseignement donné par M. Isabel.)
- Thonex, C. de Genève, Thonnay, 1203, Tonnay, 1225, Thonay, 1330, Thongnay, XIVe s., M. G. IV, 15, VII, 294, XVIII, 129, XXI, 124, Thonney, 1418, etc. D’un dérivé en acum d’un cognomen gallo-romain. D’après Gatschet, autre forme du bas latin teloneum, péage, fr. tonlieu, difficile à admettre, le l ne paraissant nulle part.
- Thoumalay (ou Toumalay), pâturage de l’Etivaz, Pays-d’Enhaut, Tymalé, 1276; Tomeley, chalets et forêt près de la Forclaz, Ormonts, Themaley, 1489; le Temeley ou Tumelay, loc. à Salvan, au Temelley à Troistorrents; le Tumelet, loc., alpes de Liddes, Valais; dérivés de themala, s. f., ou thema, s. m., fr. /461/ thymier, ou sorbier des oiseleurs, et suffixe collectif ey = pâturage où le thymier abonde.
- Thyon, pâturage et sommet à Vex, Valais, Tyons, 1260, Tyon, 1269, Thions, 1340, Tion, Lutz, probablement d’origine celtique; rappelle le nom de Teone, aujourd’hui Thiant, dép. Nord, cité par Holder, 1791, sans étymologie.
- Tierdoz, le, au —, 15 loc. Vaud et 7 Fribourg; variantes : le Terdoz, Croy et Provence, Vaud, et Gletterens, Villargiroud, Frib.; au Terdeaux à Vufflens-la-ville (orth. d’arpenteur), le Tiedoz à Chandolin, Valais, et à Eclagnens, Vaud, Tierdzoz à Eclépens et Villariaz, Tierzou à Praz, D. Sarine; Tridoz à Saint-Martin d’Hérens; formes primitives : ou Terdo à Ecuvillens, XIIe s., Theyrdo à Sion, 1300, Treydo à Hérémence, 1341, loz Triedoz, 1375, ou Tierdo, 1408, à La Roche, los Thierdos, 1479, à Praroman. Les formes les plus anciennes montrent que la diphtongue est postérieure. C’était jadis un n. commun; « un tierdoz en Race Martin » à Autigny, 1441, le Rionterde, nom en 1413 de la Petite Ronde, fermes aux Verrières; d’après le Dict. géog. suisse d’Attinger = le Riond Terde. Probablement substantif verbal de l’infinitif v. fr. terdre ou tierdre, du latin tergere, proprement essuyer, puis purifier, nettoyer en essuyant, qui a pris ici le sens de nettoyer d’une manière quelconque, terrains nettoyés, débarrassés de broussailles, de tout ce qui les rendait impropres à l’agriculture, le patois dit par métathèse tredre, tirer dehors, arracher. Terdoz correspond donc à peu près à Essert.
- Tiers, ham. de chalets en face de Champéry, la Tierce et dim. Tiercette, champs à Vionnaz, ès Tierces, champs à Vérossaz, Valais; les Tercets, à Villars-sous-Mont, dimin.; part. passé du verbe v. fr. tierdre, nettoyer, au sens de défricher, (prés) tiers, (terres) tierces; voir le mot précédent.
- Tieudray, loc. à Bagnes = Cœudray; permutation k-t et diphtongaison eu-ieu, lieu où abondent les noisetiers.
- La Tille, torrent de —, à Troistorrents, Valais; loc. à Fey, Vaud; les, aux Tilles à Rennaz, Provence, Péry; de tille, s. f. du latin tilia = tilleul. Les dictionnaires, même celui de /462/ Godefroy (Dict. du vieux français), ignorent le mot tille = tilleul. Godefroy donne tille, bois de tilleul, la matière ligneuse. Il est employé chez nous au sens d’arbre et nous trouvons dans Kuenlin, Dict. géog. Frib. I, p. 300, « le Tilleul (de Morat, à Fribourg), vulgairement la Tille, » Tille a de nombreux dérivés, Tilly, — ey, — ay, — ex, — iez, — iex, Teilly, Teley, Teliay, de tilietum, bois de tilleuls; Tillots, Tillets, Tillats (Jura), Tillettes, Telliétaz, Berolle, diminutifs; Tellyres à Iserables, Tileriaz à Eclépens, Tilleries à Ependes, Tillery à l’Abergement; de tiliaria, tilleraie.
Peut-être certains Tilly (— ay — ey) pourraient-ils être d’anciens Tilliacum, propriété d’un Tillius, gentilice assez fréquent. Holder en cite 36 (villages) en France. Nous n’en avons pas reconnu jusqu’ici dans le pays romand. - La Tine, ham. de Rossinières, la Tina, Tinaz, 1256, Zeerl. I, la Tyna, 1294, M. R. XXII, 441, Tinaz, XVe s.; de tine, cuve, à cause de sa position dans un bassin arrondi; à côté est le ham. de Cuves; de même un ham. d’Ormont-dessous sur la Grande-Eau; la Tine de Conflens (confluent), profond bassin au confluent de la Venoge et du Veyron; la Tinaz, torrent, alpes d’Ardon; les Tines, ravin du Boiron de Nyon; la Tinière, torrent à Villeneuve, Tyneres, 1150 (Tineries dans Cibrario, I, p. 62), Tigneria, 1239, M. R. XII, 5, 68, Tigneriz, 1276, Tignieria, 1402; même racine tine, avec le collectif ière : rivière formant de nombreuses tines.
- Tinterin, D. Singine, Frib., all. Tentlingen, 1434, Rec. dipl. VIII, Tentlichon, 1449, Arch. Fr. V, 423, 28, Tentenens vers 1200, Donat. Haut., 1324, M. R. XXII, Tenterens, 1445, Tenterin, 1861, Lutz, permutation l-n-r = chez les descendants de Dandil, Dindil, n. pr. germain.
- Tioleyre — aire ou Thioleyre, Tiollire, etc., nombreuses localités, hameaux et une commune vaudoise : les Thioleyres, D. Oron, Thiolere, 1267, M. R. XII = tuilerie; du patois tiole ou thiole, v. f. tieule, tuile, du latin tegula et suffixe patois eyre. (Studer fait de Thioleyre un dérivé de Thièle, rivière); /463/ la Tiolerette à Bevaix, loc., emplacement d’une ancienne tuilerie, diminutif.
- Tissiniva (z), 3 pâturages au N. et 2 au S. de Charmey, Gruyère, Trissiniva, 1146, dans Matile, I, 10, Tissinia, même acte, Hidber, II, fautes d’impression ? Le P. Dellion rapporte ce nom de Tissiniva à Zenauva : erreur manifeste.
- Les Toches, loc. à Saint-Georges, m. à l’isle; les Tochettes, diminutif; n. commun v. fr. toche, s. f., bouquet de bois; à la Côte, Vaud = parcelle de forêt vendue aux enchères, que l’acquéreur est chargé d’exploiter, ou de terrain communal qu’on reçoit en loyer ou gratuitement, pour la mettre en culture.
- La Tofa, petit ham. de Dorenaz, Valais; probablement le même que le précédent = toche, bouquet de bois, avec permutation ch-f, usitée dans la localité : tout près Ouffettes pour Ouchettes, Salanfe pour Salanche.
- Toffeyre, ham. à Corpataux, Treyvaux, Hauteville, Toveyre (Tho), 8 loc. Vaud; Touvière, 3 loc. Genève; les Tovayriers, collectif à Vionnaz; Toffière, Convers et Brenets, Jura = tufière, carrière de tuf, du latin topharia, de tophus, tuf, de l’osque tofus d’après Körting. Le Tové (ex), torrent des Evouettes, Tovex à Leysin, Monthey, Sierre, Thoveria, 1376, et Ormont, Thoveria, 1332; un Toves à Sion, 1250, un Jo dol Toves à Saxon, 1267; Thovex (ey) à Lens, Corbeyrier, Blonay, Toffé à Lessoc; de tofetum, même origine. Tovassières (et Tovachire), 5 ou 6 loc. Valais; Tovassire à Ollon, Tovasson à Port-Valais; même racine avec le suffixe dépréciatif asse, localités où se trouve du mauvais tuf, de la corgneule, roche qui ressemble au tuf sans en avoir les qualités.
Corbeyrier a une famille Duthovex, dou Thovex, 1402, faussement lu dou Thonex dans M. R., 2e s., II, 129. - Les Toises, plus. loc.; du bas latin tesa, teisa dans Ducange, du participe fém. tensa, de tendere, pris substantivement; voir Teise.
- Le Toleure, affluent de l’Aubonne, Tolore, 1597. /464/
- La Tollaz à Estavanens, en Thola au Châtelard, Frib., les Toules à Bourg-Saint-Pierre, Rougemont, Saint-Légier et 3 loc. Frib., la Thoulaz, prés à Saxon, Toulaz aux Agettes et à Mage; sommet aplati sur Liddes, prés à Vernayaz, m. à Bulle; les Tholes, Jorat de Lausanne, chalet des Toles, 1476, aujourd’hui Chalet de la Ville; les Thoules à Moudon, la Tola, crêt aplati à Thierrens, ès Taules à Remaufens, la Bella Tola, sommet d’Anniviers, et les diminutifs Tollettaz à Enney, Frib., Toulette à Salins, Valais, Toulin à Saxon et peut-être les collectifs Toulière, ham. de Charmoille, et Toulayes, écart de Corsier, Vevey; du latin tabula, d’où les mots patois taula et fr. tôle; ès Tola à Prez, XIIe s., tolam de Gyrundaz, 1376, plateau de Géronde, Valais, toula dans Bridel = planche de jardin; a été employé au moyen âge pour désigner les terrasses de vignes appelées aujourd’hui raisses de Vevey à Bex. « Ricardus possidet tolam vinee en Pois, » Cart. Laus., M. R. VI, 361. En Taulan, loc. sur Montreux, Taulard, m. à Romanel-Lausanne, les Toulards, alpe d’Anzeinde à Bex, même famille.
- Tolléron, Canal —, grand canal d’assèchement de la vallée du Rhône, collecteur des eaux de marais entre Saxon et Fully; du v. fr. tollir, toloir, du latin tollere, enlever, supprimer.
- Tolochenaz, D. Morges, Tolochina, 10 fois de 561 à 1453, Tolochene, 593, Tolochino, 1173, M. R. VII, 21, Tolozzina, 1221, M. R. VI, 293, Tholochinaz, 1313. Gatschet le tire de teleonagium, dérivé de toloneum, nom d’une sorte d’impôt, de péage; ç’aurait été le lieu où l’on percevait le péage des marchandises arrivant par le lac, mais ni la forme du mot ni la position de la localité ne se prêtent à cette étymologie.
- Le Toloveau, ham. de Puidoux, Lavaux, Tolonval, 1215, M. R. I, 2e livr., 148; cette forme montre qu’il faudrait écrire Tolo(n)vaux; probablement nom composé, vallée de Tollo, n. pr. germain. Förstm., p. 1202.
- Tombey, ham. à Grône, Valais et loc., à Ollon, Moiry, Féchy, Echandens.; Tombay à Yens, Chardonne, Romanel; Tombex, ham. à Neyruz et 5 autres loc. Fribourg; Tombé (ex) à Champagne /465/ et Corcelles, D. Grandson; les Tombettes à Aigle; Tombet à Auvernier, Tombey, 1280, Tomba, m. à Thierrens, Tumbay à Neuchâtel, 1374; un Tumbai, 1218, ou Tombei, 1232, lo Tomboie, 1238, près Joulens, Morges, M. R. VI, 592, 662; un Tombey à Chalez, Valais, 1271; probablement partout emplacement d’anciens cimetières helvéto-burgondes (Verschiez) ou burgondes, Féchy, Champagne et Corcelles; du latin tumba, tombe.
- Tommaz, loc. à Nendaz, Valais, Tommes, chalet à l’Etivaz. Probablement le romand tomme, employé au sens d’éminence arrondie. Le romanche emploie également tomma pour désigner une colline arrondie, ainsi Tom, Toma, monticules arrondis près Ems, Grisons, et Tomma à Flums, Saint-Gall.
- Tor, loc. à Vercorin, Sustor, Sutor, Sus Tor (sus, au-dessus), loc. près Vex, Tors, mayens à Iserable, Som Tor (som = au sommet de), au-dessus de la localité précédente; la Grand Toz, saillie rocheuse près du col de Cheville; du v. fr. tor, tour.
- La Torche, ham. de Vaulion; ham. de Vallorbe au Saut du Day; m. à Vaulruz, Gor de la Torche à Fribourg; parent du n. c. torche ? Nous penchons plutôt à le rattacher à Tourche et à Truche, voir ce mot.
- Torbesse, Pointes de —, sommité à 2 pointes sur Fionnay, vallée de Bagnes; de tor, tour, et besse, jumelle = tours jumelles.
- Torclens, loc. au-dessous de Montricher, emplacement d’un ancien village dès longtemps ruiné, Turquens en 1139 d’après le Dict. de Lutz, Torclens, paroisse en 1228, M. R. VI; les plans de 1706 désignent un terrain « ancien cimetière de Torclens »; les terres voisines s’appellent aujourd’hui en Troclens. Nom dérivé d’un n. pr. germain. Les graphies de 1139 et de 1228 viennent de deux formes différentes. Turquens = chez les descendants de Turicho, qu’on peut déduire de la forme latinisée Turicus donnée par Jornandès, Ve siècle. Torclens vient d’un diminutif * Torichilo du même nom, dérivé de Toro, Turo, Thuro. Förstm., p. 1200-1206. /466/
- Torins, ham. d’Ormont-dessus; Thorins ou Torrins, ham. de Marsens, Fribourg; Thorin, ham. de Praroman; Turin ou Thurin, ham. de Salins près Sion, Torins, 1250, Tourins entre 1245 et 1276, Thourins, 1278, Thuryn, 1376, Thourin, 1414, Thurins, 1424 = chez les descendants de Toro, n. pr. germain. Förstm., p. 1202. Faut-il y joindre Torens, loc. à Bremblens ?
- La, les Tormaz, loc. à Troistorrents, Monthey, ès Tormes, 1696, Bex, Gryon, Ollon, Aigle, Tormaz, 1425; les Tormes à l’Etivaz, les Thormes à Chessel; peut-être de turma, italien = troupeau, voir Turme; endroit où paissent les troupeaux.
- La Torneresse, rivière, affl. de la Sarine, Pays-d’Enhaut; Tornayre, loc. à Fully, de tourner, et suffixes adjectifs eresse, ayre = ière, tournière.
- Tornettaz, sommet aux Ormonts, rocher sur Vionnaz et à Grandvillard; dim. de tour.
- Torny, D. Glâne, Fribourg, Taurniaco, 766, Taurniaco, 930, Hidber, I, 220 (Taurmaco par fausse lecture), Tornei, 1142, Tornie, 1224, 1228, M. R. XII et VI, Torniey lo Pitit, 1248, Tornye, 1320, Tornier, 1668, v. der Weid, etc.; autre, ham. de Liddes, Valais; de (fundum) Tauriniacum, domaine d’un Taurinius, gentilice romain. Holder, p. 1892, le rattache à Torniacum, de Turnius, mais les formes primitives montrent une autre origine.
- Torrembey (bé, bec), pâturage au fond de la vallée de Bagnes, Valais; serait-ce un nom formé par pléonasme de torrent et bey, bach, ruisseau ? [Voir Additions et corrections : Torrembé, p.548]
- Torry, ham. à Fribourg et Granges-Paccot, Thorel, 1300, 1322, Torel, 1431; d’après ces formes = v. fr. torel, petite tour, au fig. pour éminence arrondie. Torry est aussi le nom de 5 pâturages à Cerniat, Gruyère; il y a encore le Nant du Torry à Myes, D. Nvon; même racine ? voir aussi Teurre.
- Tortin (ou Tortain), grand pâturage, vallée de Nendaz, Valais, Torteyns, 1270; Lœx Tortay aux Diablerets; de la famille du v. fr. tort, détour; l’alpe de Tortin est dans un vallon latéral, à l’entrée tortueuse. /467/
- Au Tot, prés sur une croupe à Vionnaz, Valais; les prés du Tout, 1775, du Tour, 1775, au Tord, 1723; de tour, s. m., endroit où l’on tourne la croupe du mont.
- Touille, En la —, loc. à Féchy, la Toille à Chandolin et Ayer, la Tueille (ou Tuille) à Vex et Hérémence; en Tollion à Arnex-Orbe, diminutif; subst. verbal du verbe v. fr. tooiller, touiller, salir, souiller, patois toulhi; à Genève, touillon, personne repoussante par sa saleté; les Etouyères, loc. à Ollon où arrivent les ruisselets boueux de Panex et de Confrêne, soudure de l’article pour ès Touyères. M. Isabel nous signale l’Eau des Touilles, ruisseau au Cenis employé à irriguer les prés.
- Tourbillon, colline escarpée à Sion, Turbillion, 1268, 1287, Turbillon, 1276, 1287 (c’est aussi le nom de prés à Ayer, Anniviers). Gatschet le dérive de derbi, pin, et lô, forêt, soit forêt de pins. Mais 1o derbi a gardé sa forme primitive, voir Darbelaz; et 2o cette colline qui montre le roc partout n’a jamais pu être couverte d’une forêt de pins : étymologie impossible. Turbillon nous paraît un diminutif de turbil, du latin turbiculum, dim. de turbo, toupie, cône, au fig. colline plus ou moins conique; tel paraît Tourbillon vu de la Planta à Sion; le Berry a aussi turbé, colline, même origine.
- La Tourme de Bouque, en valdôtain la Trouma des Boucs, sommet isolé, au S. du glacier d’Otemma, vers la frontière italienne; de l’italien turma, s. f., escadron, troupeau : endroit où se trouvaient jadis des tourmes, des troupeaux de bouques, soit de bouquetins.
- Tournay, ham. et château à Pregny, Genève; comme 4 Tournay de France, de Turnacum (praedium), domaine d’un Turnus, cognomen (surnom) romain.
- La Tourne, col du Jura neuchâtelois; subst. verbal de tourner. Ès Tornelles à Chéserex, D. Nyon, paraît en être un diminutif.
- Tournelon blanc, sommet neigeux, vallée de Bagnes; dim. de tournelle, petite tour.
- Tournille, rocher en forme de tour sur Verbier de Bagnes; syn. de tournelle. /468/
- Tourtemagne, Valais, Curtmannonis, 1050, M. R. XVIII, 337. Cette localité indéterminée du Haut Valais nous paraît être la même que Thortemanei, 1210, Tortemaigny, 1245 et 1276, Togmagny, 1250, Comagni, 1250, Tomagny, 1267, Tortemagny, cinq fois 1322-1357, Tortomanie, 1378, Turtemagny et Turtimagnia, 1424, Turtamagna, 1449, etc. Furrer l’explique par tour des Téméniens, Turris temenica, nom supposé que nous n’avons rencontré nulle part, étymologie fantaisiste qu’on voit reparaître encore, par exemple Guide du Valais de J. Monod. Holder cite, article Lemannus, un mot Lemenicum (Temenicum) et à Temenius il renvoie à Lemannus. Temenicus serait donc une fausse leçon de Lemenicus. Pour Bridel, Lutz = turris magna, grande tour; mais aucune forme ancienne ne présente un rapport quelconque avec cette étymologie. Pour Gatschet et Studer = la tour des maignies, « turris de maneriis, » la tour des maisons. Pour nous, d’après la forme de 1050 = court, ferme de Manno, n. pr. germain fort répandu; nn est devenu gn au XIIIe s., peut-être sous l’influence d’une confusion entre les noms Mann et Magn, souvent employés l’un pour l’autre, voir Mannens; la permutation c-t est connue en Valais, paquier, patier, et dans le français tabac, — tière. On peut objecter que nous n’expliquons pas le maintien du t final de Court qui devrait disparaître devant une consonne. Nous répondons qu’il est tombé dans trois des formes ci-dessus; il paraît et disparaît pour se maintenir définitivement depuis 1276. Cela peut s’expliquer par une confusion avec un autre nom germain commençant par a, comme Amano, très ressemblant avec Manno.
- Touze, Touzo, loc. à Conthey, aujourd’hui vignes; dérivé probablement de tonsas, tondu, ras, (bois) taillé; il y a un verbe v. fr. touser, tondre, tailler.
- Le Trabandan, m. à Lausanne. D’après le Dict. hist. vaud., de tru à Bandan, le pressoir à Bandan, n. pr. D’après M. B. Dumur (comm. verbale), ce serait plutôt le Tru à Bender.
- La Trablaz, pâturage, Ormont-dessous; plaine de Vouvry, la Table, plan de 1722; la Trable, vignes à Conthey; la Trablettaz, /469/ pâturage à Morcles, dim.; du patois trablle, table, avec épenthèse d’un r.
- Les Tracouets, alpes de Nendaz, Tracui, pâturage sur Vercorin, D. Sierre, Tracuiez, 1264, Tracoil, 1307; Tracuit, pâturage sur Ayer, D. Sierre, Tracuyz, 1305; on dit aussi Cracuit, permut. t-c. Si nous rapprochons ces noms de Quay, pron. Couai ou Coui, voir p. 371, haie, barrière, nous pensons qu’on peut les considérer comme formés de ce mot Quay et du préfixe tra, latin trans, au delà, soit pâturage au delà de la barrière.
- Traimure à Corsier; de trans, au delà, au delà de la Mure.
- Trainant, ham. de Cologny, Genève, Tresnant, 1188, M. G. IV, 84, Treynanz, 1309; de trans, au delà, au delà du nant.
- Le Trait, ham. de Montreux, entre Territet et la Baye de Montreux, Tray de Baye, 1312, Tractus de Bay, 1335; du latin tractus, part. de trahere, pourrait signifier simplement cours d’une rivière (tractus est pris dans ce sens par Q. Curce), terrain parcouru par la Baye. Mais Gatschet, p. 292, nous indique un autre sens. Citant les localités de Tracht au bord du lac de Thoune, Tracht, ham. de Brienz, et un autre du XIIe s., concernant le lac de Zug où tractus signifie droit de pêche, de tirer le filet : « in lacu Zugersee habemus duos tractus et dimidium; nomina lacus, ubi pisces debent capi, sunt ista, » etc.; il conclut que partout où ce nom désigne une localité au bord d’un lac, il s’agit d’un lieu ayant droit de pêche. L’un des textes concernant le Trait de Montreux parle justement du droit de pêche dans cette localité. D’après de Gingins, Recherches, p. 46, le Tractus de Bay serait « le quartier du bey de Noville. »
- Trame, affl. de la Birse; peut-être le même que le s. trame, du latin trahere, et la Trême, affl. de la Sarine, Tremaz, Treme, 1478; de trème ou traime, autre forme de trame; ce dernier a pour dérivé Tremettaz, pâturage et sommet vers les sources de la Trême.
- Tramelan, 3 com. sur la Trame, affl. de la Birse, all. Tramlingen, Trameleins, 1178, Tr. I, 363, Tramelans, 1297, Trimellingen, 1325, Tremolin, 1384. Non point dérivé d’un /470/ n. d’homme, comme tous les noms en ingen, mais, — exceptionnellement, — du nom de la rivière, la Trame, comme en Allemagne Thüringen, la Thuringe, les habitants des rives de la Tyra, rivière, d’après Förstemann, Ortsnamen, p. 245.
- Tramont, ham. de Perrefitte, D. Moutier, Berne; Tr. I, 371, y rapporte la localité terram Amazonis, 1179. Malgré cette affirmation, nous croyons que Tramont = trans montem, au delà du mont; nous ne voyons pas comment terram Amazonis pourrait devenir Tramont. Un autre Tramont, ham. de Boécourt, séparé du village par un crêt, même sens.
- Trapatron, loc. à Bramois, Valais, Trapatron, 1639. C’est le Torpaton souvent nommé dans les chartes valaisannes du XIIIe s. Turpatun, 1215, Torpaton, 1227, 1264, 1267, 1278, Turpaton, Turpatons, 1250, Torpatons, 1250, 1277, M. R. XXIX et XXX, pratum situm in territorio de Bramosio, juxta mugnieriam tendentem versus Torpatons, 1320, M. R. XXXII, 300. La métathèse de la 1re syllabe est fréquente et l’addition d’un r dans la 3e s’explique facilement.
- Travers, Val de —, C. Neuchâtel, Vallis transversa, 1049, 1228, etc., Vallis traversa, 1320 = vallée transversale; Traversin, forêt sur Roche, Vaud, marais à Sévery, les Traversins, prés à Buix, Berne; de l’adj. v. fr. traversain, transversal, forêt, marais, prés occupant le travers d’un coteau, d’un territoire.
- Les Trèches, champs et vignes Boudry; d’après M. Isabel in litt., « trèches = mamelons plus ou moins boisés à l’origine. » Ce serait une variante de truche, voir pour le sens ce mot où l’on trouvera le diminutif trechon.
- Trélex, D. Nyon, Trailai, 1145, 1164, M. R. V, 213, 474, Trelai et Tralai, 1177, M. G. II, 39, Trelai, 1210, Treslai, 1218, M. R. V, 350, 225, id. 1236, 1246, M. G. XIV et IV, Tresley, 1235, M. G. XV, Trellay, 1272, Trelay, 1244, 1296, 1303, M. R. XXVIII, Treylay, Nécr. Laus., Treley, 1299, M. G. XIV; de tra, tre, tres, du latin trans, au delà et lay, forêt, bas latin legia, laya; lai ou lay comme dans Bellelay(lai).
- Le, les Tremble, s, plus. ham. et m., par exemple à Chaux-de-Fonds; /471/ les collectifs sont plus fréquents : Trembley, 10 loc., h. ou m. isolées, Tremblez à Villars-le-Terroir, Tremblex à Montreux et 3 loc. Frib., Trembliex à Cottens et Neyruz, Frib., Tremblier à Lovatens, Tremblets à Cernier, Tremblat à Arnex-Orbe; du latin tremuletum, lieu couvert de trembles, latin tremula. Tremblaies, Neuchâtel, Tremaulaz à Arnex, Gumefens, Seigneux, du fém. tremuleta; le Trembia à Seleute, Tremblies à Meinier, Genève; de tremula, tremulas, le, les trembles; Etrembières près Genève, article soudé pour ès Trembières, aux Trembières, 1682, M. G. XXIII, 276; de tremularias; le Tremelly ou Tremehlli, fauchages sous Chaussy, Tremelli au Pillon, Ormont-dessus (ll mouillé), sont encore des dérivés collectifs de tremula, tremble, où le e, représentant le u, l’intercalation du b n’a pas eu lieu.
- Tré, Trai, Tra, Trey, Tri, formes diverses du même préfixe; dérivé de trans, au delà de, souvent mal interprété et confondu avec tré, trois :
- Trébuit, loc. à Corbeyrier, au delà du bois.
- Tréchaux (Treis Chaux, carte Dufour), au delà de la chaux, de l’arête.
- Tréchêne à Yvorne, Tré-le Chêne, Jussy, au delà du chêne.
- Trécor à Borrex, Coinsins, Trécort, Ollon, au delà de la cour, de la ferme.
- Trécouluire à Savièse, au delà de en Couluire.
- Trécrettaz à Vétroz, au delà de la crête.
- Tréfayes ou Treyfayes, ham. de Rueyres-Tréfayes, Fribourg, au delà des fayes ou fays, des hêtres.
- Tréflon à Puidoux, Trefflion à Remaufens = au delà du Flon.
- Tréjeu à Port-Valais, au delà de la forêt 1.
- Trélechamp à Argentières, au delà du champ.
- Tré les Proz, Leysin, Tré-le Bois, Jussy, au delà des prés, des bois. /472/
- Trélu, loc. à Ayent, Valais, au delà du ham. de Luc.
- Tremalley à Ollon, au delà de Malley, de la pommeraie.
- Trémalmont, ham. à Couvet, au delà du ham. de Malmont.
- Trémazière, vignes à Grimisuat, au delà des murailles, des maisons.
- Trémoille à Emosson, alpes de Finhaut, au delà de la moille, du marais.
- Trémont, Châtel-Saint-Denis et Lessoc, au delà du Mont.
- Trémoulin à Meinier, au delà du moulin.
- Tressod, alpes d’Ollon, au delà du lieu-dit en Soud.
- Tressaulaz à Fiaugères, Fribourg, au delà du ruisseau la Saulaz.
- Trétorrent, Ormont-dessous, au delà du torrent le Troublon.
- Trévigne à Conthey, au delà des vignes.
- Tré chez Mathey, Trélex; Tré chez Roget, Genollier; Tré chez Guéry, Founex; Tréchillonel (chez Lionel), Châtelard; Tréchipérat (chez Pérat), Trésibolliet à Troinex (chez Bolliet), = au delà des maisons de ces familles.
- Treycovagnes, D. Yverdon, Trescovanes, 1228, M. R. VI, Trecovagnes, 1364, Matile, Trescovaignes, 1453 = au delà des vieux sapins, patois covagne.
- Trey Faux à Etagnières, Treyfayes, ham. de Rueyres, Frib., au delà des hêtres.
- Trey-la Vaux à Collombier, Morges, au delà de la vallée.
- Trey-le Mont, Chavannes-sur-Moudon, au delà du mont.
- Treymonnaz, m. à Monnaz, Vaud, au delà de Monnaz.
- Treymont, loc. sur Boudry, Treymont, 1325, au delà du mont.
- Treymonts, ham. de Fontaines, Neuch., au delà de Tête de Rang.
- Treytorrens, loc. à Gressy, D. Yverdon, au delà du torrent le Buron. Quant à Treytorrens, Payerne, et Treytorrent, ham. de Puidoux, ils ont une autre origine; enfin Treyvaux, Fribourg, a une origine indécise; voir ces mots plus loin.
- Treyvaux près Boudry, Tresvauz, 1282, Matile, au delà de la vallée. /473/
- Trez les Craz à Satigny, au delà des crêts.
- Le Trésex, loc. à Saint-Prex, nom très fréquent avec de nombreuses graphies : au Trésy, loc. à Villars-sous-Yens, Villars-Sainte-Croix, Vufflens-le-Château, Aclens, le Chenit, Premier, Pompaples (Trésil), Montcherand, Mathod, Rances, l’Abergement; Trésis à Eclagnens, Lavigny; Trésys des Amoureux, ravin de la Venoge à Chevilly, Trésit à Goumœns-la-Ville; Treisy à Bournens, Treyzy à Lussery, Trézy, Préverenges, les Treisis, La Praz et Ferreyre, Treisils à Clarmont, au Traisil à Gressy, le Trésil aux Clées, les Trésils à Croy; les Trésillets à Premier, les Traisieux 1 à Boudevilliers, diminutifs, Trésey à Bex, au Tréjex à Yvorne (permutation z-j). Nous le dérivions de transitus, passage, et en faisions la forme populaire du mot savant transit; mais M. le prof. Bonnard nous a fait observer que dans transitus le i est bref et tombe. Pour lui « la forme primitive doit être trésil : on pourrait supposer un subst. transilium, nom verbal de transilire, sauter par dessus, franchir. »
- Treuil, voir Truel.
- Trévelin, ham. d’Aubonne, villa Triviliaco, 1008, Trivelino, 1141, Trivillino, 1157, Trivillin, 1177, Trivillins, 1204, Trivilins, 1234, M. G. IV, 15, 51, Trivilynz, 1235, Trevellino, 1376 — (fundum) Triviliacum, domaine de Trivilius ou Trebellius, gentilice romain. Ce mot est curieux par le changement de suffixe; ce devrait être aujourd’hui, semble-t-il, Trévilly. C’est la même modification que dans Tartegnins. Comment l’expliquer ? Trivelino nous paraît être le datif-ablatif sing. d’un adj. Trivelinus, (fundum) Trivelinum, formé sur Trivelius comme Leontinus de Leontius, Quintinus de Quintius, Terentinus de Terentius, Tertullinus de Tertullius, Camerinus de Camerius, etc. On comprend qu’on a pu désigner ainsi indifféremment la propriété de Trivellius par le nom Triviliacum, ou par l’adjectif Trivelinum, sous-entendu fundum, en français Trivilin, puis est venue en 1204 la confusion avec le suffixe germain ins : Trivillins. Quant à /474/ l’étymolojie de Tre Belin, maison de Bel, d’après Levade, Schmitt, opinion adoptée par Blanchet, Martignier, elle n’est pas soutenable en face des formes anciennes.
- La Trex, ham. d’Ormont-dessus, la Tray, 1614, la Trey, 1673, fausses orthographes pour l’Atrait, voir Malatrait.
- Trey en composition; voir Tré.
- Trey, D. Payerne, Trais, 1142, Treis, 1146, Matile, Trais, 1161, Treis, 1218, M. R. VI, 117, Treys, 1254, Treyz, 1311; probablement forme plurielle de trait, s. m., de tractus.
- Treytel, loc. à Bevaix, bord du lac de Neuchâtel; dim. de trait, comme le Trait de Baye à Montreux, localité avec droit de pêche; voir Trait.
- Treytorrent, ham. de Puidoux, D. de Lavaux : t fautif, c’est le même que Treytorrens, D. Payerne, Troiterens, Troyterens, 1174, 1177 et 1230, Cart. Month., M. R. XII, Troterens, 1194, Matile, Troiterains, 1217, Donat. Haut., W. de Troutereins, 1251, F. B. II, Troterens, 1337, Matile, Tretorens, 1437, 1453, Treitorens, 1668, v. der Weid = chez les descendants de Truthari, n. pr. germain; de trut, ami, et hari, guerrier; rien de commun avec territorium, comme le veut Gatschet. Le terme factice torrens, avec double rr, paraît avoir été introduit chez nous par les commissaires du duc de Savoie, rédacteurs des grosses féodales dont les préoccupations d’orthographe et d’étymologie ont laissé des traces dans plus d’un des noms de lieux du pays de Vaud. (Rem. de M. le prof. Stadelmann, op. cit., p. 94.)
- Treyvaux, D. Sarine, Frib., all. Treffels, Tribus vallibus, 1169, etc., Tresvaux, 1235, 1251, Trevaux, 1246, Tresvals, 1260, F. B. II, Trevauz, 1378, Trevoul, 1423, 1476, en outre Treyvaul, Treyvas, Trevas au XIIIe s., Petrus de Travaut, 1357, Jahrbuch für Schw. Gesch. II, 242. La forme de 1169 = aux trois vallées, ou vallons creusés sur les flancs de la Combert et du Cousinbert. Mais d’autres formes paraissent le rapporter à trans vallem, au delà de la vallée (de la Sarine). « A l’origine l’église (de Saint-Pierre) était au fond de la vallée, au-dessus de la Sarine; la tradition porte qu’un pont jeté sur la Sarine près de Saint-Pierre /475/ reliait les deux rives de la rivière. Au XIIIe ou XIVe s., la population avait abandonné Saint-Pierre pour s’établir dans la partie supérieure de la vallée. » P. Dellion, Dict. XI, 227. Ces détails, le fait que le centre de la population était primitivement sur la rive droite de la Sarine, nous paraissent plaider pour trans vallem.
- Triaudes, aux —, m. à Ecublens, Vaud; Sur le Triaux, chalets à Ormont-dessus, ès Trious, 1332; au Triot, loc. à Grandvillard, Frib.; Triotteries, s. f. pl., terres maigres (Berry). « Triau est en Champagne le nom de mauvais terrains dits aussi savarts. » Littré Suppl., sans étymologie.
- Triège, loc. et torrent entre Salvan et Finhaut, Valais; du v. fr. triège, endroit où se croisent trois chemins, de Salvan, Finhaut, Emaney; le torrent avait jadis un autre nom : le peti Trient. La Grande largition de Lausanne parle d’un pré le triege, triujoz à Lutry, M. R. VII, 781, 82.
- Trient, rivière du Valais et village, Triens, 1298, Trien, 1810, Murith. Ne serait-ce pas le même mot que le s. m. trient = trident, le Berry dit trient, le patois vaudois trein, treun (Bridel); la rivière est formée de trois bras, l’Eau noire ou Nant de Bérard, la Barberine et le Trient proprement dit et de la hauteur de Finhaut on voit très bien les 2 vallées principales et la 3e se dessine entre le Six Jeur et le Perron. Paraît en tout cas renfermer la racine latine et celtique tri, trois, à laquelle Holder (p. 1951) rattache Tridentum, all. Trient, Tyrol italien, fr. Trente, ville fondée par les Gaulois Cénomans.
- Trierettaz, loc. à Conthey; de tri ou tré, au delà, et Airettaz, petite aire; voir ce mot.
- Trijande ou Trésendes, Tréjandes, Trisande, loc. à Venthône, la Trisanda, 1274, M. R. XXX, Veyras, Trijanda à Saint-Martin; la Treysandaz, chable à Evionnaz; peut-être de tré, tri, au delà, et sende, sentier, de semita, au delà du sentier.
- Trimont, loc. à Sottens = tré, au delà du mont, du crêt qui s’élève à l’E. du village. /476/
- Au Triolet, ham. à Mézières, Fribourg; prés à Genollier, Gilly, Vaud; de triolet, trèfle rampant.
- Trionaz, écart de Lens, Valais, la Triona, XIIIe s.; paraît être une (villa) Triona, du cognomen gallo-romain Trio, onis cité par Holder, 1956.
- Triponts (atlas Siegfried), loc. à Conthey, fausse orth.; le cartographe a mis un s plur. expliquant par trois ponts ce nom qui signifie au delà du pont (de la Rogne); de tré, tri, du latin trans et pont.
- Triquent, ou mieux Tretien, ham. de Salvan, Valais; Outre-Quint dans Lutz, fausse orth. pour au Trequin, Trequin dans Lutz, qui est une corruption de Outre-Trient, in pago d’Ultra-trien, Ultra-Trien apud Salvan, Rentier de Salvan vers 1782, Arch. Saint-Maurice, au delà du (petit) Trient, aujourd’hui le Triège.
- Triqueut, Val — ou, faussement Très Cœur et Treis Cœurs, versant droit de la vallée de la Lizerne, opposé au chemin du col de Cheville; de tre, au delà, et queut = col; cœur est une fausse traduction du patois tieu, kieu qui signifie à la fois col et cœur; voir Cœur.
- Trivellaz, ham. d’Attalens, Frib.; de tri ou tré, latin trans, au delà = au delà de la vellaz, du village.
- La, les Troches, fermes au pied de la Berra et à Gruyère; m. à Echarlens; Troche-Bellon, m. à Vuadens; aussi nom d’un ancien château près Divonne, castrum Trochiarum, 1418, Duval, op. cit. XIII; une Trochi à Illens, 1252, M. F. I, 263. Peut-être du v. fr. troche, assemblage, faisceau; peut-être se rattache-t-il à la racine celtique trok, kymri trwch, brisé, coupé, armoricain trouch, coupe, parent du latin troncus, truncus. Ce serait encore des endroits défrichés, comme les Troncs et les Tronches.
- Troclens, loc. à Montricher, emplacement d’un village ruiné, Turquens, 1139, Troclens, 1148, M. R. III, 582, 487, Torclens, 1177, 1228, Torcleins, 1288 = d’après la forme de 1139, chez les descendants de Turico, n. pr. germain, que /477/ Förstemann, p. 1205, donne sous la forme latinisée Turicus, Ve s. ou, d’après les formes postérieures, de son diminutif familier * Turichilo.
- Trogne ou Trogny (y atone), ham. de Saint-Martin d’Hérens, Valais, Trogny, 1250, 1267. Origine douteuse; peut-être de la famille de tron, tronçon, dim. trognon; peut-être syn. de trogne, museau, du cornique tron, nez.
- Troinex, C. Genève, Triuniacum vers 1100, M. G. I, 151, Tronacum, Trosnay, Troisnacum, 1200, ibid. II, 54, puis Troynay, 1266, et Troignay, 1302, etc. Ne peut signifier endroit où abondent les troènes, bas latin tronus, comme l’admet Gatschet. (Un juge de Saint-Julien le pensait sans doute en 1770 en écrivant Troënnex, Du val, LXXXVI); les formes primitives l’excluent; en outre ce mot est inconnu chez nous où cet arbuste s’appelle fresillon. Vient évidemment d’un n. pr. gallo-romain, comme * Trionius; il y a Trio, onis et Holder donne Trionacum.
- Troisrods, ham. de Boudry, aussi Troirod; de trans, au delà, et du celtique rod, gué, passage, chemin, parent du v. h. all. rôd, défrichement; voir Alf. Godet dans M. N. XXII, 42.
- Troistorrents, D. Monthey, Valais, Tretorren et Trestorren, 1263, M. R. XXX, 83, 84. Une charte de 1283, p. 314, dit homines de Trestorrentibus, Trestorrent, 1352, Rev. hist. vaud., avril 1906; de tres, latin trans, au delà de = la localité au delà du torrent de la Vièze de Morgins, ou des torrents, soit des deux Vièzes qui se rejoignent au-dessous. D’autres chartes, 1283, 1286, disent Tribustorrentibus; comme la commune est entourée par les deux Vièzes et le torrent de Fayot, les notaires ont pris parfois la préposition tres, trans pour l’adjectif tres, trois. Cette seconde étymologie serait possible, mais la première est bien plus vraisemblable; elle est prouvée par l’existence de deux autres Troistorrents, l’un, alpe au delà de la Reuse de Saleinaz et l’autre alpe sur Bourg-Saint-Pierre, au delà du torrent de Perche.
- En Trois-Villes, loc. à Baulmes, « d’où l’on peut voir les trois villes d’Orbe, Yverdon et Grandson. » (M. Pérusset, in litt.)
- Le Tronc, les Troncs, une 40e de hameaux et loc., Vaud 19, Fribourg 17 et Valais 3, par exemple les Troncs à Bottens, /478/ Troncus vers 1200; diminutifs Tronchet, 6 loc., Dronchet à Curtilles, Trontzés à Mannens, Trontzec à Ayer, Valais (pour le c, voir Biolec), les Tronchats à Bourrignon, Berne, suff. jurassien at = et; en la Tronchiaz à Vérossaz, collectif Troncheré à Bonfol; composé Tronche-Bélon à Riaz, Fribourg; un nemus de Trunco dans une charte de Vuarrens, 1236, M. R. VI, 110. Dérivés de l’adj. latin truncus, coupé, désignant des défrichements par abatage de la forêt, où la souche reste en terre, par opposition aux Esserts, défrichés par arrachage, et aux Breuleux, Burlatey, etc., défrichés par le feu. Ce mot s’emploie au figuré dans les Alpes du Valais pour désigner des rochers en forme de souche : Tronchey, crêt, alpes de Vionnaz, Tronzey ou Trontzey, rochers, alpes de Leytron, Tronchet, crête rocheuse au Saint-Bernard.
- Tru, Crêt du — à Concise, Combe au Tru à Valeyre-sous-Rances = crêt, combe du pressoir, v. fr. tru; les dim. truel, truet, sont plus fréquents, voir Truel.
- Truche, nom de nombreux rochers, de sommités des Alpes, quelquefois dans le Jura et même sur le plateau, présente des formes variées : Truche du Lapiaz à Bex, autre sur Chesières, 1594, une 3e sommet au N. du col de la Croix, 1898 m., Truche-Fardel, rocher entre Yvorne et Roche, les Truches noires, vallée de la Gryonne, aux Belles-Truches, loc. à Monthey et à Port-Valais; le château des Belles-Truches à Vevey, du nom d’une famille de Chambéry (Dict. hist. Vaud, 913), Trucce de Socquenin, 1214, aujourd’hui Sauquenil, entre Roche et Villeneuve; diminutifs Truchet à Provence, D. Grandson, et à Pleigne, Jura bernois, Truchaud, rocher, Ormont-dessus, et Druchaux, sommet du Jura sur Berolle, Vaud (fausses orth. pour Trucheau). En Valais, avec la permutation ch-ts, il devient Trutze, rocher à Levron, les Troutz à Nendaz, Troutze à l’Aigle, 1990 m., à Trient, Treutze, alpes de Vionnaz, Trouss(e) ou Treutze de Servais, sommet rocheux vallée de Bagnes, Trouss Bouc, val Ferret, Troutz, chaîne de rochers au Valsorey, Entremont; diminutifs, le Trotzon, rocher sur Revereulaz de Vionnaz, le Trechon, sur /479/ Vionnaz, Turchon, 1723, Trotzon et Tretzon, 1775, Trotzard à Saint-Léonard, dépréciatif. Avec la métathèse de l’r que nous trouvons dans Turchon, nous avons la Tourche, sommet sur Morcles, la Tourtze à Dorenaz, le Tortzon, rocher sur Riddes, la Torche au Saut du Day à Vallorbe, une autre à Vaulion, le Gord de la Torche à Fribourg, le Tourchet, crêt à Lucens et à Montagny-les-Monts, Frib.; il y faut probablement joindre Dorchaux, sommet à Ormont-dessous; en patois trutze, truche, truchau, « cavité, fissure de rochers où nichent les corneilles, » Bridel. Paraît dérivé du celtique truccos, gallois truch, mutilé, coupé, incisé, de là son application à des rochers escarpés; peut-être ce mot est-il parent du latin trochus, toupie; en Dauphiné truc, sommet rocheux. Aussi dans la Vallée d’Aoste : le Truc Chaveron, vallée de Challant. Ce sont en général dans les Alpes des rochers très découpés, de là le sens que le mot a pris en patois. Dans certains cas, où il n y a pas de tels rochers, pour les localités du plateau, on n’a considéré que le sens de sommité dont il est synonyme dans certains actes, ainsi : « truchetum seu summitas Margeriae, » le truchet, soit la sommité de Margerie, aujourd’hui Mont Margeriaz près Chambéry. Mém. Sav. IV, 252.
- Le Truel ou Truet à Coppet, Signy, Monthey; le Truit, les Truits, ham. et loc. à Gilly, Mont, Bursins, Saint-Livres, Tolochenaz, Blonay; le Treuil à Vufflens-le-Château; le Truey des Bercles (treilles) à Saillon; du v. fr. truel, pressoir, dim. de tru, fr. treuil, du latin torcular; un acte de 1542 parle de « 5 poses de vigne avec le truel » (à Lonay). En la Troille, forme féminine, à Chardonne; dim. Troillet (Trolliet), loc. à Vouvry et Port-Valais, la Trolliettaz, vignes à Monthey; Troyères, vignes à Lens, Troilleresse, loc. à Lens, forme adjective; tru devient trou à Neuchâtel : le Trou des Nonnes à Saint-Blaise, l’ancien pressoir du couvent de la Maigrauge à Fribourg (Musée Neuch., 1865).
- Ès Truffières, bois à Novalles, D. Grandson; endroit où l’on trouve des truffes. La truffe se rencontre çà et là dans les bois de chênes du pied du Jura; ès Truffeyres, champs à Molondin, forme patoise. /480/
- Le Tsapi (ou Tzapi), pâturage et sommet à Bourg-Saint-Pierre, Valais, le même en patois que le Chapeau à Chamounix, le Chapiu ou Chapieu au S. du Mont-Blanc, petits plateaux couronnant une pente escarpée.
- Tsarvo, voir Charvaz.
- Tsavas ou Tzavas, deux pâturages et sommet, Vanil, sur Grandvillard, Gruyère : pâturage, Vanil des choucas; du patois tsava, tsavoua, autre forme de tschuva, choucas ou corneille des Alpes.
- Tschalmet, sommet gazonné à Louèche-Bains; nom germanisé de Chalmet ou Charmet, fréquent dans la Suisse romande, diminutif de Chaux, voir ce mot. On parlait français à Louèche jusqu’au XVIe s.
- Tsermu à Ormont-dessus, « colline qui permet aux deux hameaux de Chevril d’être préservés de l’avalanche du Taron; du patois tsermu, rempart, monticule en terre, massif triangulaire de maçonnerie qui charme, arrête l’avalanche, du verbe patois tsarmâ, tsermâ, charmer, ensorceler, puis arrêter. » Isabel. Sermu se dit à Lavaux des murs qui retiennent la terre des vignes sur ces coteaux escarpés : « les dits abergataires … maintiendront les charmuz des dites vignes, » 1418. Répertoire de Montheron cité par Blanchet, p. 174. Chermieux, m. à Saint-Légier, même origine.
- La Tsouma(z), forêt à Evionnaz, loc. à Nendaz, mayens de Riddes, mayens sur Montagnier de Bagnes et sur Ayent, aussi Zoumaz, Chouma, 1250; Joux des Tsoumes ou Choumes à Salvan, la Choumaz à Saint-Maurice, la Chaumaz, m. à Ecotteaux, loc. à Cossonay, Chômoz, loc. à l’Isle, Premier, Mont-la-Ville, Vufflens-la-ville; diminutifs Tzomettaz à Hérémence, Choumets à Château-d’Œx, Zoumieux à Saxon; du patois tsouma, s. f., ou tsaumo, s. m., cioumou (pr. choumou), vallées vaudoises du Piémont, tguma (pr. chouma), choma, cauma aux Grisons), correspondant des nombreux Reposoir, en patois Reposieux, par exemple à Monthey = place où le bétail se repose à l’ombre ou lieu de halte à la montée au pâturage. Subst. verbal /481/ de chômer, qu’on dérivait, d’après Littré, du celtique, bas breton choum, s’arrêter, gaélique coum, cesser. « On rattache maintenant chômer au latin cauma, chaleur = se reposer dans le temps chaud. » Bonnard in litt.
- Au Turé, prés à Conthey, Valais, Turri, Tourralet, l’Etivaz et Rougemont, autres formes de turel ou turet, colline; syn. Berry et Yonne tureau, tertre, éminence, dim. de ture, Berry, colline; turé de turel, comme Rosé de Rosel; voir Teurre.
- Tusinge(s), ham. de Blonay = chez les descendants de Tuzo, Teuzo, n. pr. germain. Förstm., p. 1164. Un Tucingio, 1262, est aujourd’hui Toisinge près Bonneville en Faucigny.
- Tusy, ham. d’Avry-devant Pont, Tugy, 1832, Thusys à Pont-la-Ville, Tuzy, maison à Saint-Légier, D. Vevey; de (fundum) Tossiacum, domaine de Tutius ou Tusius, gentilice romain. Au XIIIe s. un Joh. de Tossiaco était chanoine de Lausanne.
- Tzallan, pâturage de Saillon, Tzalland, alpe d’Ayent, Dent de Tsallan, Bridel, 1820, ou Challant, nom de la plus haute pointe de la Dent du Midi, Tschallan, carte Dufour; voir Challant.
- Tzancolon à Vex, Valais = champ (de) Colomb, n. pr.
- Tzedon, champs à Conthey; tz = ch, d = ll mouillé = Chellon, chillon, champs pierreux, comme l’alpe de Cheillon; de chille, caillou, voir Chille et Chillon. Chedonnaz ou Tsedon-naz, forêt versant N. O. de Bovonnaz, alpes de Bex, même origine.
- La Tzintre, ham. de Charmey, Tzindre (ou Tzendre) à Nendaz, autres formes de Chentre.
- Tzo y bots, pâturage de Château-d’Œx, près de la Gummfluh; de bot, crapaud, la Chaux aux crapauds. Une autre Tzô y Bots sur la paroi E. du lac Lioson. « Ce nom de bot est incompréhensible, nous écrit M. Isabel, à des hauteurs alpines où ni grenouilles ni crapauds ne se rencontrent. » Il faut lire sans doute Bau, bœuf, bétail bovin, comme Crêt di Bau à Glion et Bex, Plan y Bœuf à Orsière.
- Tzouatzo ou Tzuatzaux, Suacho carte Dufour, deux pâturages au Moléson, Gruyère, monte de Chievachaul, 1480; de /482/ chuva, tschuva, tsua, freux, choucas et aussi chouette, du v. h. all. kouva, corneille, et de chaul, tsô, chaux, pâturage = la Chaux des freux. Pierra Tzuva ou Chua à Dorenaz, pierre des freux. D’après M. Isabel (in litt.), pourrait être simplement la pierre chue, tombée.
- U
- Ugeon ou Uzon, col sur Vouvry, dans un bassin entre les sommets du Velan et des Bovardes, autre forme d’Oujon (Ouzon), Oudon, voir ces mots; dim. de auge, du latin alveus, au sens de bassin fermé.
- L’Ugine ou Eugine, ruisseau, bras du torrent de Saint-Barthélemy, Augine vers 1740; l’Eugine, bras du torrent de Mauvoisin à Saint-Maurice, l’Eugine ou Augine, bras dérivé du Fossau à Vouvry, formes valaisannes de Augine, « l’Augine du moulin, soit la Monneyre, » plans de Monthey = canal, bief de moulin; voir Auge.
- Undervelier, D. Delémont, all. Underswiler, Undreviller, 1179, Underswilre, 1184, 1196, 1441, Undrevilier, 1243 = village d’Underich, n. pr. germain, Förstm., p. 1216, ou de quelque autre nom de la même racine Und. L’étymologie de Gatschet, qui le tire de Untarn, le midi, village éclairé seulement vers midi, est inadmissible, tous les noms en velier, wiler sont composés avec un nom d’homme. D’ailleurs Undervelier n’est nullement perdu ainsi dans l’ombre.
- Ursins, D. Yverdon, Ursingio, 1009, M. R. XIX, 90, Ursi, 1174, Cart. Month. 26, Ursins, 1228, Ursens, 1382, 1435, Ursin, 1376, Orsens, 1453, — ferme et bois à Montherod, bois à Gimel. Le 1er = chez les descendants d’Urso ou d’Orso, n. pr. germain, du mot latin ursus, traduction du v. h. all. bera, l’ours. Les Germains ont quelquefois latinisé leurs noms. Förstemann suppose aussi, vu la fréquence du nom Urso, Orso qu’il vient parfois du v. h. all. hors, cheval.
- Ursy, Glâne, Fribourg, Ursei vers 1160, de Urseio, 1190; de (fundum) Ursiacum, domaine d’Ursius, gentilice romain, dérivé de Ursus, cognomen tiré de ursus, l’ours. Le nom gaulois de /483/ l’ours a donné aussi un nom d’homme Artos, d’où le gentilice romain Artius, origine des noms de localités Arcis, Arçay, etc.
- Uschioux, forêt des —, à Bex = ussioux, passage de sortie pour le bétail d’un pâturage, rigole, chemin (Isabel). Ce mot rappelle singulièrement l’italien uscire, sortir, dérivé comme le v. fr. issir du latin exire, sortir.
- Useigne ou Euseigne, ham. du val d’Hérens, Usegni, Usogny, 1200, Osogny, 1352. D’après Gatschet, endroit où l’on payait, livrait la soignie, sognie, redevance d’avoine due par le vassal à son seigneur, bas latin sunnia, sonia. Ceci conviendrait assez. Euseigne est la seule localité sur le chemin de la vallée, de Vex à Evolène, mais, nous observe M. Bonnard, dans Useigne l’accent est sur ei, dans soignie sur le second i; en outre comment expliquer u ? donc origine incertaine. La difficulté grave qui empêche d’adopter sans réserve l’explication de Gatschet, c’est (d’après M. Bonnard, in litt.) que l’accent dans sognie, soignie est sur la voyelle qui suit gn, tandis que dans Useigne et toutes les anciennes formes il est sur la voyelle précédente; or le déplacement de l’accent serait une chose si exceptionnelle qu’il n’est pas à supposer.
- L’Usement, les Usements, nom de plus. bois, D. Avenches et ailleurs, où les habitants avaient des droits d’usage; v. fr. usement. Lusement à Etoy, fausse orth.
- Ussières, ham. de Ropraz, D. Oron; racine uss, qu’on retrouve dans les Usses, torrent de Savoie près Genève; peut-être de la famille de huis, porte, sortie, du latin ostium; le comte Jaubert, op. cit. I, 536, cite des noms semblables en France : Huisseau, Usseau, Ussiau.
- Uttins, voir Hutins. (Le domaine du château de Beaulieu à Lausanne a porté ce nom.) Le château des Uttins près Rolle aurait une autre origine si la forme Uttingis donnée par Studer, p. 259, sans date ni origine, était authentique. Ce serait alors un correspondant de Uttigen ou Uttingen, Berne = chez les descendants de Uto, Uoto, n. pr. germain. Mais nous soupçonnons que c’est une simple supposition de Studer. Nous n’avons nulle part trouvé cet Uttingis dans tout ce qui a été publié sur la Suisse romande.
- Les Utzets, m. à Cerniat, Fribourg = Uchets; serait-ce un correspondant de ouchets, ouchettes, diminutif plur. de ouche, voir Oche ?
- Uvrier ou Ouvrier, ham. près Saint-Léonard, Valais, Woures, 1200, /484/ Wurie, 1250, 1281, Vurie, Wurye, 1267, Huvrie, 1333, 1380, Huwrez, Ufrez, Ufreyz, même charte, 1447; d’après les formes primitives, du v. h. all. waura, bas latin vouria, champ en friche, curieux par la permutation de w en u et d’u en v, facilitée sans doute par l’écriture Uvvrie, Uuurie. Plus probablement il y aura eu apocope du v initial comme dans une localité de Savièse, Vercoma, Vercomma, 1100, 1224, 1430, qui s’appelle maintenant Ercomma ou Ercomaz, plus de v; le romanche offre également des exemples d’apocope du v initial; comparez Ernayaz.
- V
- Vabenoz, fermes à Courgenay, D. Porrentruy, Val Bruno, 1347, Val Berno, 1358, Vabenô, 1354 = vallée de Bruno, n. pr. germain.
- Vache, à la Vieille —, prés marais à Vionnaz, corruption de « à la Vy y Vatsé », au chemin des vaches (d’après le président Bressoud).
- Vacheresse, patois Vatzeresse, Vatseret, une 10e de loc. Valais, et Morcles, Cronay, Estavannens, pâturage pour le gros bétail; v. fr. vacheresse, s. f., du bas latin vaccaritia, alpage à vaches. Ce mot a pour correspondant Vacherie dans le Jura bernois (7 loc.). Praz Vacherin, aux Thioleyres, adjectif.
- En Vacins ou Vassin(s), loc. à la Tour-de-Peilz, emplacement de la villa Vacins, 1005, M. R. XVIII, chef-lieu d’un territoire fort étendu, de la Veveyse à Chillon, et du lac jusqu’au N. d’Attalens; comme le montre ce passage : villa Attalenges … sita … in fine Vacinianense, 1068, M. F. II, 343, in fine Vacianense, 1236, M. R. VI, 377 = chez les descendants de * Wasso, n. pr. germain, qu’on peut déduire de Wassing, donné par Förstemann, p. 1271. L’étymologie de Gatschet, de (campum) vaccinum, de vache, est fausse.
- Vaisevay (Vesevay, Vésevey, Veisevet, Vesvet), rochers aux maigres gazons, au glacier du Trient; Vasevay, alpe de Bagnes; Veysevey, partie des pâturages de Perche et de Couche, Ormonts, et de l’Arpille d’Ollon; Veisivi (Visevi, Végevis dans Lutz), alpe et sommet, vall. d’Hérens; Veisivic, alpe d’Anniviers; Voisif, /485/ territoire, « parchet » à Lens, Valais; au Vésy à Ormont-dessus; Vasy, terres vagues à Fully, Plan Veisi ou Veysy, alpes d’Ollon, Champ Vaisi, Saint-Maurice, peut-être aussi Cour-de-Vaz, ham. de Saignelégier, Jura bernois; de vaisi, jeune bétail, adj. patois vaisi, fém. vaisiva, Berry vaisif, fém. vassive, du bas latin vacivus; vaisi est pour vassif, avec chute de l’f, comme dans tardi, bailli; le f s’est maintenu dans Voisif. Veisivei, suff. ei = ier, est donc pour (pâturage) vaisivier, pâturage destiné au jeune bétail; c’est ainsi qu’au pied du Mont-d’Or (Auvergne) se trouve la chapelle de Vassivière, au milieu de pâturages réservés au jeune bétail. Quant au c de Veisivic, voir Biolec. Les, la Vasilière à Montévraz, D. Sarine, Frib., et Vasilière de la Générale à Charmey, sont des dérivés irréguliers, formés dans la supposition d’un l final comme fourmi-l-ière.
- Vaizon, petit ruisseau, affl. de la Venoge, près Chevilly; diminutif du v. fr. vais, s. m., bourbier; ruisseau aux eaux bourbeuses.
- Valais. L’orthographe a singulièrement varié et dans les documents on trouve à peu près en nombre égal les formes avec deux ll et un seul l. (Territorio Vallensi, 563, comitatus Vallissorum, 839, Vallensis, 999. M. Gremaud, M. R. XXXIII, Introduction, écrit avec deux ll, le dérivant de vallis, vallée. M. Léon Franc, dans une brochure intéressante sur l’Origine du mot Valais, le dérive de val, vallée, et des suffixes collectifs ay, ey, ex. Valay, Valey, Valex, Valexium, 1291, réunion de vallées.) Valais est la francisation de pagus Valensis, 515, comitatus Valensis, 1025, M. R. XXIX, 5, 58, et 9, 25, 51, etc.
- Valangin, Neuchâtel, Vilagium de longitudine vers 1143, Valengiz, 1242, de Valengino, 1245, Vaulengins, 1280, puis Vaulangins, Vaullengins, all. Wallendis, 1150, pour Boyve = vallis angina, vallée étroite, mais ce serait en français Valangine, vallée étant fém.; d’après Gatschet, qui reproduit Matile, de val et de langen, long, lengie, en roman, dit Matile = langue de terre.
- Valanvron, ham. et vallon à la Chaux-de-Fonds, Wallauron, 1531, M. N. XXXIV, 217. /486/
- Valbert, ham. d’Ocourt, D. Porrentruy, Berne = Val de Bert, n. pr. germain comme Praz-Bert; le Cart. Laus., M. R. VI, p. 538, parle en 1226 d’un jardin « in vallibus Berte », loc. inconnue, mais qui montre bien l’origine de ce nom.
- Valavran (Valavrans dans Lutz), ham. de Bellevue, Genève, Valavrens, 1257, M. G. XIV, 40, J. de Valaurens, chan. de Genève, XVe s. Ce Valaurens, Obit. de Genève, M. G. XXI, 137, est évidemment le même, et le u doit être lu v = chez les descendants de Walafrid, n. pr. germain. Förstm., 1232. Le nom primitif Walafridingum a subi la même contraction que Leudfridingum — Lieffrens, Fribourg. Reste la permutation f-v; on peut voir à Uvrier qui dans la même charte est écrit Uwrez et Ufrez que la prononciation du groupe fr, vr était flottante.
- Valençon, ham. de Lens, Valais, Valensun, 1200, Valanczon, 1299, 1453; dérivé à laide du suffixe io, ionis du gentilice Valentius, comme les deux Valençon de France. Jubainville, p. 527.
- Valency ou Valancy, à Lausanne. Nous ne savons si la localité est ancienne. Ce serait alors un (fundum) Valentiacum, domaine d’un Valentius, gentilice romain.
- La Valévaz, ruisseau, affl. de la Venoge à Ferreyre; peut-être est-ce val et ève, eau, l’eau de la vallée.
- Valère, colline de la cathédrale à Sion, Valeria dans les chartes; Valeyres, 3 communes vaudoises : — sous Ursins, — sous Montagny, Valeres, 1184, Cart. Month., 1217, M. R. VI, 118, Waleres, 1254, et — sous Rances, écrit aussi, mais moins bien, Valleyres, Valieres, 1272, Vallieres, 1485; ham. de Villeneuve; les 4 avec de nombreuses antiquités romaines : anciennes villa Valeria, villas Valerias, du gentilice Valerius pris adjectivement. Par contre Vallaire(eyre) à Vérossaz, Valère, Valeire, Valeyres et le dim. Valerette, pâturages sur Monthey, Valleyre, combe boisée sur Veytaux et m. à Siviriez, en Valaires à Yens, Valieres, 1295, la Valeyre à Cronay, en Vallaire à Ecublens; de val et suffixe romand aire, eire, correspondants du v. fr. valiere qu’on trouve à Tannay, Vaud, aux Va(l)lières, petite vallée; Vallerettes, écart de Saint-Prex, double diminutif. /487/
- Vallamand, D. Avenches, Valaman, 1668, v. der Weid; pas de formes anciennes pour se guider; peut-être par une syncope naturelle pour Val-Allamand.
- Vallettes ou Valettes, ham. de Bovernier; fém. du v. fr. vâlet, petit val, Valeten ou Valleten à Agarn, Valais, forme germanisée.
- Vallimoz, chalet à Val d’Illiez; c’est évidemment l’alpe de Valyemo vendue et achetée par des d’Arbignon en 1272, M. R. XXX, p. 190.
- Vallon, ham. de Chêne-Bougeries, Genève; comm. D. Broye, Valons, 1342, Valens, 1343, Matile; dim. de val; la forme Valens nous paraît une fausse lecture.
- Vallorbe, Valle urbanensi, 1139, Valle Orbe, 1148, Valorbes, 1219, Valorbe, J. Olivier, 1887; vallée de l’Orbe, s final fautif.
- Vally, ham. de Bernex, Genève, un Raym. de Vallie, 1213, 1218, M. R. VI, 435, 464, Vallie, 1315, Vallye, 1319, Vallier, 1362, M. G. XVIII, 15, 31; de (praedium) Valliacum, domaine d’un Vallius, gentilice romain. Holder a le fém. Vallia.
- Valpelline, col de —, frontière de la vallée italienne de ce nom; de vallis pennina, la vallée pennine par excellence.
- Valserine, rivière du Jura à la frontière vaudoise; le nom du val s’est annexé à celui de la rivière, jadis une Serine, comme sa voisine du district de Nyon. En effet elle s’appelait Sanona en 1165 : charte où le pape Alexandre III garantit à Bonmont toute la montagne jusqu’à la vallée de la Sanona, Hidber, II, 204. Peut-être la rivière a été appelée Val Serine, Serine du Val, pour la distinguer de l’autre.
- Valyse ou Vahyse, clos de vignes à Aigle, Vallise, 1669, Valize, 1718; ancienne propriété des Vallise ou Vallèse, François de Vallesia, 1442, Valleysia, 1446, Vallyesi, 1491, chartes d’Aigle; nom d’une famille seigneuriale du duché d’Aoste, héritière des Pontverre; Vallèse de val Lesa, ou du Lys, ou Valleise, autre nom de la vallée de Gressoney au S. du Lyskamm et du Mont-Rose. Vaillèze, prés à Saxon, a peut-être la même origine. /488/
- Valsorey, vallon latéral supérieur de l’Entremont, Valais, val Serrat et val Sorrey, 1820, Bridel, Essai statistique sur le Valais. « Sorey représente peut-être une forme saperarium, » nous suggère M. Bonnard, ce serait donc le val Supérieur. Quant à la forme Serrat, elle dérive évidemment de serratus, resserré; le vallon est en effet fort étroit. Mais il faudrait avoir une forme plus ancienne que cette mention de Bridel qui n’est peut-être qu’une interprétation.
- Van, nom de quatre pâturages : 1 à l’Etivaz, 2 à Salvan, Vant, 1732, un autre alpes de Trient, combe arrondie au N. de la Croix de Fer, et à côté le Vannelot, diminutif; le Van, cirque de rochers, alpes de Grandvillard, Gruyère; le Van de la Glaivaz à Ollon, le Gros Van, sommet aux Ormonts, les Vans, rochers avec couloirs au col de Fenêtre, le Creux du Van au Jura (souvent faussement écrit Vent); de même encore les Grands Vans, alpes du Faucigny; est aussi employé en romanche, par exemple Vans, alpe de Flums, Saint-Gall; de van, s. m., du latin vannum, par l’analogie de la forme, pâturages creusés en bassins arrondis, sommets présentant des cirques rocheux en forme de van.
- Vandœuvres, C. de Genève, Vandovre, 1225, M. G. IV, puis Vendovres, six fois de 1280 à 1475, M. G. I, XIV, IX et VII (souvent imprimé Vendoures, u pour v). Probablement, comme les 4 Vandœuvre de France, du gaulois Vindobriga, château de Vindos, d’après A. de Jubainville, XI, dont l’un (Vienne) s’appelait Vindobria, 973, Vindovria vers l’an 1000.
- Vanel, ancien château et défilé près Rougemont; défilé près Travers, Neuchâtel, entre un rocher et l’Areuse; loc. à Cully, Féchy; au Vanel ou Vannet près Corbière, entre le rocher et la Sarine; le Vanex, gorge étroite d’un torrent, affluent de la Grande-Eau; les Vannés(ez), rochers et couloirs au col de Couz, Valais; les Vannés d’Ayerne, alpes d’Aigle et alpes d’Ormont-dessus; les Vannés Nicolet, Ormont-dessus; les Vanels, longue corniche entre deux parois de rochers près Charmey; les Vanalets, dim., couloirs herbeux sous le Tarent, Pays-d’Enhaut; enfin /489/ les Vanils ou Vanys, nom générique de tous les sommets de la Gruyère, aux flancs souvent coupés de couloirs étroits; le nom des couloirs a passé par extension aux sommets eux-mêmes; tous ces divers mots de venella, ruelle, défilé, gorge, dim. de vena, veine. La permutation e-a peut être sous l’influence de la racine voisine, vannum, van, aussi employée dans la topographie alpine.
- Vangeron (Vengeron), ham. et ruisseau, Genève, Vingeron, 1355, M. G. XVIII, Veygeyron, 1376; peut-être du nom du poisson, vangeron ou vengeron (gardon) dont le nom populaire est fort ancien, déjà dans la taxe des poissons à Villeneuve, 1376; c’était aussi un n. d’homme, en 1227 vivait à Lutry un Martinus Vingirons, M. R. VI, 414; on trouve aussi un Vengeron, vignes à Port-Valais.
- Vaque, plus. loc. en Valais, les Vaccoz à Martigny, Vaquoz, vignes à Conthey, Leytron, Saxon. C’est plutôt un n. commun désignant un terrain inculte, vague; on lit très souvent dans la Feuille officielle : « A vendre un vaque, vaquoz, vaccoz, » etc.; du latin (fundum) vacuum, terrain vide.
- Varaille, loc. à Bonfol et Damphreux, Varoille à Chevenez et Varoche à Alle, les 4 D. de Porrentruy, Vareille à Venthône, Valais; d’une racine vare, qui pourrait se rattacher au dauphinois vaire, voir ci-après, et suffixes augm. aille, oille, oche.
- La Varaz (orth. de J. Olivier), pâturage de Bex, la Varraz, carte top. vaudoise, l’Avare, cartes Rovéréa, Dufour et atlas Siegfried; Tête de Vare, sommet, val Ferret, Valais; peut-être autre forme de vaire, mot du Dauphiné, employé pour désigner des terrains pauvres, de mauvaise qualité.
- Vard, Château —, loc., ruine à Aubonne, au-dessus du château, appelée aussi Château Vert; c’est sans doute une corruption de Châtel vey, château vieux, confusion due à l’habitude vaudoise de ne pas prononcer l’r final des mots. « Le sentier tendant de la porte de Vaunaise à celle de Chatelvey, » 1700. Procès entre les bourgeois d’Aubonne et le marquis Du Quesne, baron d’Aubonne (manuscrit).
- Varembé, ham. du Petit Saconnex, Genève, aussi Varambé et /490/ Varembert dans Lutz. Probablement dérivé d’un n. propre. Une Blaisine de Vuarembert était religieuse Clarisse à Genève à la Réformation, Galiffe, I, 212. D’après ce nom du XVIe s., — en supposant qu’on puisse l’identifier avec le hameau, — ce serait le Vuaz de Rembert ou Rambert. Pour Vuaz, voir ce mot.
- Varandin, ferme à Courtedoux, D. Porrentruy, Vaulrandin, 1326 = vallée de Randin, n, pr. germain.
- Varin, Combe —, Jura neuchâtelois = combe de Warin, n. pr. germain, aujourd’hui Garin; Champ Vuarin à Botterens, Gruyère, même origine.
- Varone, D. Louèche, Valais, all. Varen, Varona, XIIe s. et XIIIe s., Varuna, 1352, Waronaz et Varonnas, 1366, Verona, 1415. Gatschet et, d’après lui, Studer le tirent de l’all. farn, fougère; mais 1o pas d’endroit où il y ait moins de fougères que ce coteau brûlé du soleil; 2o tous les noms anciens sont d’origine romane dans cette contrée où l’on parlait français jusqu’au XVIe s., d’ailleurs le mot all. farn n’a pas passé en français. Nom plutôt d’origine gauloise, comme le Verona de la Haute Italie.
- La Varraz, maison au Chenit, Vall. de Joux, Varraz, 1610; sans doute dérivé du nom des nobles Varro, de Genève, seigneurs du Brassus dès 1576, de la racine germanique Waro, latinisée en Varro.
- Vas, ham. de Lens, près Sierre, Valais, en patois Az (le patois y supprime le v initial des mots). C’est évidemment le lieu « apud Syrro … Rodulfus de Az, » 1267, dans M. R. XXX, 113.
- Vatelin, combe à Fontenais, D. Porrentruy, probablement pour Vaux-Thélin, vallée de Thélin, n. pr. Va pour vaux, comme dans Varandin, voir plus haut. On a aussi Champ Thélin à Valeyres-sous-Rances.
- Vatzeneire, arête rocheuse dominant l’alpe de Cleuson sur Nendaz, Valais = Vache noire, figure, comme le Cheval Blanc, les Grands Mulets, etc.
- Le Vaubaz, ruisseau affluent de la Venoge, Wuaba, 1278, M. R. III, 495; aussi forêt à Bussigny-Morges.
- Vaucens, ham. de Bulle, Walcenges, Wocens, 1237, /491/ M. R. VI, 208, 217, Voucens, 1461, Vaucens, 1832, Kuenlin; chez les descendants de Waliko (Walicho, Walecho), n. pr. germain. Förstm., p. 1280.
- Vauche, ham. sur un ruisseau à Porrentruy; les Vauches, m. sur l’Allaine, à Porrentruy; dim., la Vauchatte, ham. sur le Doubs à Goumois; du v. fr. vaiche, roue hydraulique, « une wayche et un batiour (foulon) avec, » 1332. Godefroy a vache, s. f., grue.
- Vauclos, petite combe à Alle, D. Porrentruy; ancien génitif : vaux (du) clos; on ne peut supposer clos, adj., vaux étant fém. il faudrait Vauclose, comme Vaucluse en France.
- Vaud, Canton, Pays de —, pagus Waldensis, 516, 881, 908, etc., comitatus Waldensis, 839, 1025, M. R. XXIX, 25, 58; souvent Patria Waudi (Vuaudi); in Vaudo, 1260; on trouve aussi Waud, Waut au XVe et XVIe s., quelquefois Vaulx, enfin une forme curieuse : Vals, Villarper in Vals, XIIe s., Arch. Fr. VI, 310. Etymologie très discutée. D’après F. de Gingins, dont nous adoptons l’étymologie, comté, pays des forêts, de l’all. wald. D’après d’autres, Ruchat, J. Olivier, Moratel, de Wal, nom par lequel les Germains désignaient les Gaulois. Seulement cette étymologie n’explique pas 1o pourquoi ce nom ne s’applique pas à toute la Suisse romande, dont les habitants étaient aussi des Wales pour leurs voisins; 2o surtout il n’explique pas le d, constant dans toutes les formes anciennes et qui ne se trouve nulle part ailleurs dans les dérivés de Wal. J. Olivier prétend l’expliquer « plusieurs dialectes germaniques, entre autres le dialecte suisse, dit-il, en citant Ruchat, font sonner une sorte de d après la lettre l dans le mot wælsch qu’ils prononcent à peu près comme wældsch, » etc. Le Canton de Vaud, p. 137. Mais nous ne voyons pas trace de ce d dans d’autres mots du dialecte suisse, Walensee, Walenstadt, ni dans la prononciation actuelle du mot wälsch. Le d fait également rejeter à priori la dérivation de vaulx, vallées, dont Olivier dit (Ibid., p. 1191) : « J’ai bien de la peine à ne pas revenir à cette étymologie si jolie et si naturelle. » Studer de son côté, rejetant avec raison vaux et wales, dérive Vaud du nom du patrice /492/ Waldelene, « v. einem Patricius Waldelene oder Wald in Orbe, » ou bien de la charge dont ce patrice et ses successeurs étaient revêtus. Waldensis viendrait ainsi de walten, « das heisst, entweder v. Namen des Verwalter oder von der Gauwürde. » Mais le nom paraît antérieur aux patrices et surtout à Wendelene nommé en 610, sans parler des difficultés étymologiques et de l’invraisemblance de faire dériver le nom du pays de celui d’un administrateur qui l’a régi pendant 3 ans à peine, 610-613. Il faut donc s’en tenir à l’étymologie de F. de Gingins, bien qu’elle n’explique pas le nom allemand Waadt, que ne résoud du reste aucune des étymologies proposées.
- Vaud, la Fin de —, ham. de Riaz, Gruyère; de fin, limite, et Vaud, ce hameau étant à la limite de la Gruyère et du Pays-de-Vaud.
- Vaud, Le —, D. de Nyon, commune sur un plateau; probablement fausse orthographe pour Leveau; du v. fr. livel ou liveau = niveau; voir Levaux.
- Vaud, ham. de Mossel, Fribourg, Od. de Valle vers 1150, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, y Vaud, loc. à Fully, Valais, Champ de Vaud, ham. de Penthéréaz près du Buron, et le Bois de Vaud voisin, nemus vallis, 1447, M. R. XIV, 179, bois de la vallée; fausses orth. pour Vaux : les vallons, les champs, le bois de la vallée.
- La Vaudaisaz, ruisseau à Pâquier-Frib.; fém. de vaudai, sorcier, la sorcière, la diablesse, sans doute torrent aux crues dangereuses; un ruisselet à Orzens s’appelle de même la Diablaz.
- La Vaudale ou Veudale, alpes de Finhaut, Valais, la Vaudallaz, pâturage à l’Etivaz, Pays-d’Enhaut, Vodalla, 1801, Conserv. suisse, V, 111, Laudallaz, atlas Siegfried (le Pays-d’Enhaut dit et écrit : Vaudallaz; dans les Ormonts on dit l’Audallaz); autre à Lavigny, à Prez, D. Glâne; les Vaudales, bois à Gilly; Veudallaz, col et cascade sur Champéry, Vaudallaz, loc. à Morcles, Vudalles, loc. à Villarzel et à Dompierre, la Vudallaz, pâtur. à Enney, Gruyère. Ce mot se retrouve dans la province d’Aoste, au Valsavaranche, où il y a les alpes de Vaudale et de /493/ Valdalette. De la famille de vaudai, sorcier, diable, racine vald, et suffixe dim. ala, comme saudje-saudjalla, sapé-sapala, temé-tamala. Localités malfamées, auxquelles s’attachait jadis quelque superstition, où se tenait la chette, le sabbat des sorciers, ou pâturages dangereux pour le bétail.
- Vauderens, D. Glâne, Frib., Waldenens, XIIes., Voudenens, 1215, Donat. Haut., Woudunens, 1256, M. R. XII, 283, Vauderens, 1668, carte v. der Weid = chez les descendants de Waldan. n. pr. germain.
- Vaudijon, ham. de Colombier, Neuchâtel, Vauxdijon, Dict. de Lutz, ancien génitif : vaux, vallée (de) dijon; quant à dijon, il a sans doute la même origine que le nom de Dijon, Bourgogne; d’après d’Arbois de Jubainville, c’est une forme en io d’un gentilice pris adjectivement, Divio-nis, du gentilice Divius, donc vallée de Divio ou Divius, gentilice romain.
- Vauffelin, D. Courtelary, Berne, all. Füglisthal, et Wölflingen d’après Zimmerli, Walfelim, 1228, Waffelin, 1448, Fuglisdal et Valle Volucrum, même charte de 1311, Fuglistal, 1349. Cette traduction latine du nom allemand fait un joli pendant à celle d’Arconcié en Arcum cœli. Le chartiste, ignorant ce que pouvait signifier ce nom, l’a pris pour Vögelisthal, all. suisse, vallée des petits oiseaux, étymologie adoptée par Studer. Ce nom est formé de vau, val, all. tal, et d’un n. pr. germain, tel que Fugal ou Fukelin, noms donnés par Förstemann à la racine Fug, donc vallée de Fukelin, nom qui s’est contracté en français en Félin.
Zimmerli pense au contraire que Fuglisdal est la traduction allemande de Vallis volucrum. Voici son texte : « Wölflingen ist jedenfalls die älteste Form des Namen, aus welcher dann durch Romanisierung Vauffelin hervorging, während Fuglisthal ist lediglich die deutsche Uebersetzung der später von Klerikern aufgebrachten Bezeichnung Vallis Volucrum. » Comment les clercs auraient-ils eu l’idée de traduire Vauffelin ou Walfelin par Vallis Volucrum ? Il n’y a aucun rapport, aucune ressemblance extérieure, tandis que Fuglistal appelait tout naturellement la fausse traduction latine vallis volucrum. Pour nous, il est certain que le latin est la traduction de l’allemand et non l’inverse. Quant à Wölflingen, c’est une traduction du n. fr. Vauffelin et c’est donc la forme la plus récente et non la plus ancienne du nom. /494/ - Vaugiray, combe à Courtemaiche, Jura bernois = Vaux de Giray ou Girard.
- Vaugondry, D. de Grandson; pas de formes anciennes à notre connaissance; de vaux, vallée, et d’un n. pr. germain tel que Gundrich, du v. h. all. gund, guerre, et rich, puissant : vallée de Gundrich, puissant à la guerre.
- Vauladrais aux Brenets, Neuchâtel = vau (de) l’adrait, vallée de l’adroit, le côté tourné au soleil.
- Vaulaneux, loc. à Boudry, entre la ville et le pont de l’Areuse. L. Favre écrit Vaux-la-neu et ajoute « on sait que vau désigne un gué. » M. N. XX, 28. Est-ce une coquille, un lapsus, ou vraiment vaux signifiet-il un gué dans la contrée ? Nous aurions traduit vau par vallon, neu par bac, voir nau (au devient souvent eu à Neuchâtel, oche y devient œuche) et le tout par : vallon du bac.
- Vaulengines, vignes à Boudry; comme les Valangines à Neuchâtel, anciennes propriétés des Valengin, Vaulengin en 1280.
- Vaulion, D. Orbe, Vallem Leonis, 1097, 1177, Valiom, 1263, Vaullion, 1467; de val et Lion, ancien nom du Nozon, du celte gllon, eau courante = vallée du ruisseau.
- Vaulruz, D. Gruyère, Valle Rodulphi, 1115, M. R. XXII, 9, Vaulrux, 1303 = vallée de Rodolphe, souvent écrit Rol dans les chartes de Gruyère; même contraction et même origine que Val-de-Ruz, voir Ruz. A été écrit aussi Vaulrupt, 1453, M. F., par fausse interprétation. Le nom allemand Thalbach date également d’une époque où l’on ne comprenait plus le sens primitif.
- Vaumacon, combe aux environs de Porrentruy; de vaux et Maco ou Macco, n. pr. germain : vallée de Maco.
- Vaumarcus, Neuchâtel, Vallis Margult, 1194, Valmarcuel, 1228, M. R. VI, 538 et 1276, Matile, puis Vaux ou Vaul Malcuel, 1242, Val Marcul, 1256, Val Marcui, 1266, Vaulxmarcus, 1310, et 18 autres orth. Citons encore Valle Mercurii, 1346, Matile, 594. De val, vallée, et Marcold, n. pr. germain, Förstm. 914, contraction du v. h. all. marah, le cheval, et wald, du gothique waldân, gouverner = le maître des chevaux, le connétable. /495/ L’étymologie de Junod (Hist. de Neuchâtel) et de Chabloz, qui en font une « vallée de Mercure », d’après la fausse traduction latine de 1346, et celle de Benoît, vallée frontière (Esq. Neuch.) ne sont pas défendables.
- Vaunaise, voir Vounaise.
- Vaurillon, loc. à Denezy; du bas latin vauria, champ en friche, et suffixe diminutif; voir Vuavre.
- Vauroux, loc. sur Boudry, Vauroue (Dubois-de Montperreux), probablement Vau-Rou : vallée de Rodolphe. C’est ainsi que les Châteauroux de France, Indre et Hautes-Alpes, sont d’anciens Castrum Rodulfi; voir Ruz.
- Vauseyon, gorge du Seyon à Neuchâtel, Vaulx-Seyon, 1454, 1614, vallée (du) Seyon, ancien génitif; on disait de même pont seyon.
- Vaussivaz, loc. à Courtion, Fribourg = vaux, vallée (de la) sivaz, silva, forêt : vallée de la forêt; comparez Sivaz, Sévaz.
- Vautenaivre, ham. de Goumois, Jura bernois, dans la vallée du Doubs. On pourrait supposer Vaux-tenaivres, de tenebras, ancien génitif (comme Six Jeur, Châteaupré) = vallée sombre, « très séduisant, nous dit M. Bonnard, mais le mot tenebrae ne se rencontre jamais que sous la forme savante où le b est resté. », Cette objection est forte, mais le sens et la dérivation s’appliquaient si bien ici que nous avons de la peine à renoncer à notre explication.
- Vauthelin, loc., vignoble de Suchy; comme les mots voisins, de vaux, vallée, et un n. pr., vaux (de) Thelin, n. pr.
- Vauvilliers, loc. à Boudry; de vaux et villiers, village = vallée du village.
- Vaux, D. Morges, terra de Vallibus, 1230, Vallibus jaxta Wfleins, 1238 = les vallées; de même les Vaux à Gilly, Mex, Pomy, Rovray; la Vaux, pâturage à Mauborget, écart de Travers, Lavaux ou la Vaux à Aubonne, la Vaux, Ormonts, la Vaul, 1287, Bois de Vaux, villa près Lausanne. Souvent mal orthographié Vaud à Mossel et Penthéréaz, les Vauds, combe sous Chesières, avec ancienne mine de sel, les Veaux, vallon de la Trème /496/ à Vuadens et ferme aux Genevez, Jura bernois, les Grands Veaux, bois aux Clées (en v. fr. grand est des deux genres), la Combe de Vos, atlas Siegfried, ou de Voos pour Vaux à Ayent, Valais, Vauz, 1282, Vers la Vos, prés à Saint-Gingolph. Pour Le Vaud, D. Nyon, les Vauds, val d’Illiez, le Vaux, m. à Travers, voir Levaux. Les mots Vaulaneux, loc. à Boudry, Vaugueny, ruisseau près Lausanne, Vatelin, combe à Fontenais, nous paraissent aussi des composés de Vaux, voir à leur ordre alphabétique.
- Vegney, Vegnasse, etc., voir Vigny.
- Veichalet dessus et dessous, alpes de Charmey : v. fr. veil, vieux, et chalet.
- Veichatel, métairies à Châtel-Saint-Denis et Avry-devant-Pont, Frib. = château vieux.
- Veiges, ham. de Leysin, D. Aigle, feudum Viegi, 1232, Veges, 1315, 1402, M. R. XXIX, XXX et 2e s., II, 59.
- Veisonnaz, près Sion, in Visinado, 983, Cart. Saint-Maurice, Veisona vers 1200, Vesona, 1243, Vesonna, 1299, Vysona, 1321, Veysona, 1322, Visona, 1352, etc. Lutz donne aussi Vaissonaz; du latin vicinatus, territoire d’un vicus, village.
- Velan, Mont et Aiguille, vallée d’Entremont; le Velan, atlas Siegfried, ou Vilan, carte Dufour, Viland, carte franç., 2 sommets voisins, 2118 et 2156 m., alpes de Vouvry. Studer les tire d’un adjectif bas latin vilanus (n’est pas dans Ducange), de vilis, au sens de mauvais, de faible valeur, allusion aux maigres gazons situés à leur pied; plutôt du patois velan, lourd, pesant (Bridel), le romanche emploie le même mot vilan, vilaun, grossier, et le Prättigau a un Mont Vilan.
- Velard, plus. loc., chalets, Ormonts, alpes d’Ollon, Vellard, XVIIIe s., les Vellards, pâturage au Suchet, et ailleurs, forme patoise de villars. Le chalet peut avoir disparu, ainsi en Velard, alpes de Vionnaz, pas de chalet.
- Vellaz, chalets à Vex, ham. à Ayent, etc.; forme patoise de villa, ferme. Quant à la Vellaz, pâturage de Vérossaz, c’est une fausse orth. pour Vellar. /497/
- Vellerat, D. Moutier, Berne; at = et dans le Jura bernois, donc autre forme de Villaret, petit village.
- En Venayre, bois à Massongex, Valais; voir Véneresses.
- Vence, ham. de Vollège, Valais (pron. Vince), Vens, 1212, 1216, Venze, mayens à Bagnes; Vens, ham. de Conthey, F. off. Valais, 1903-1906, Vin, atlas Siegfried, et Vent, Dict. Lutz, fausses orth., Vens vers 1100, Veins, 1200, noms probablement dérivés d’un n. pr. germain. Si l’on rapproche Veins, 1200, de Weins, nom en 1220 de Voëns, Neuch., — voir ce mot, — on admettra volontiers que ces deux localités signifient également chez les descendants de Woco, Wogo, n. pr. germain. Förstm., p. 1332. Une charte de Saint-Maurice parle d’une loc. de Vens à Lavey, « in feudo de Laveto a loco dicto Vens ad Avansonet de Morcles ».
- Vendelincourt, all. Wendlinsdorf, Wandeleincurt, 1136 = court, ferme de Wendelin, n. pr. germain.
- Vendôme, ham. de La Rippe, D. Nyon; Lutz donne Ventidomus sans date ni origine; c’est sans doute une étymologie qu’il propose, mais elle est peu vraisemblable; ce serait une construction germanique, chez nous le déterminatif est toujours le second. A plutôt la même origine que le Vendôme de France, de Vendocinum.
- Les Véneresses, ham. et bois à Bex; de l’adj. v. fr. véneresse, sous-entendu (terres) véneresses, propres à la chasse.
- A, en Venise, loc. à Monthey, vient de son voisinage de la Venèze, bras de la Vièze; voir Vounaize.
- Vennes, ham. de Lausanne, Vennas, 907, Venes, 1224, 1238, 1476, M. R. VI, 170, 244 et XXVIII, 264; les Vennes, bois à Cudrefin; les Vuennes, bois à Belmont, D. Lausanne. D’après Bridel, de venna, s. f., haie, clôture, clayonnage : loc. entourée de haies.
- Venoge, rivière, Vaud, Venobia, 814, 1005, 1017, Venubia, 937, Vinogiâ, XIIe s., M. R. XII, Venopia, 1313, M. R. XXVIII, Venogy, 1316 (y atone), M. R. VII; nom probablement celtique, comme la plupart de ceux de rivières. /498/
- Vent, souvent employé comme déterminatif. Grandes Roches du Vent, Vallée de Joux, Rochers du Vent, alpes de Gryon, Aiguilles du Vent au S. -O. de l’alpe d’Emosson, Finhaut, etc., roches, aiguilles situées à vent, c’est-à-dire au sud-ouest par rapport à ceux qui les ont dénommées, comme on dit Dent du Midi, Dôme du Goûter. Quant à Creux du Vent, il nous paraît être une fausse orthographe et celle de Creux du Van la véritable; voir Van.
- Venthône, D. Sierre, Valais, Ventona, 1202, Ventonnaz, 1210, Ventuna, 1268, Venthonna, 1305, Venthone, 1438, etc.
- Ver, le —, ruisseau, affl. de la Venoge près Penthaz; Vert, maison sur Boudry; moulin et bois à Confignon; autre près Cartigny, Genève, nemus de Ver, 1301, territ. de Ver, 1371, M. G. XVIII; Ver ou Vers, loc. au Landeron, 1374; Vers, m. et loc. à Rolle, Ver, 1493, Vers, 1597, Vert, 1627, M. R. XXXIV, Praz de Vers à Crans. Nous inclinons à voir ici le part. du v. fr. vertir, tourner, part. passé vers, vert; endroit où le chemin, la vallée fait un détour. Le moulin de Vert est à un coude prononcé du Rhône. Dans le même sens on trouve beaucoup de « Crochet. »
- La Verasse, la Veresse, torrents; voir Verre.
- Le Veratroz, pâturage à Vallorbe; de veratrum, vératre ou varaire, plante vénéneuse trop abondante dans maint pâturage; le Véraray, alpe de Salvan, même racine avec collectif ay.
- Veraye, torrent, Vereyaz, loc.; voir Verre.
- Verbier, grand village de Bagnes, Valais, Verbyer, 1271, Verbiez, 1287, Verbyez, 1290, Verbie, 1294; Verbi, chalets à Nendaz. D’après Gatschet, du romanche ver, vallée, et biez, bief, bach, soit vallée du bief. Mais ce mot romanche en Valais nous étonne, biez = bevium, puis Verbiez n’est pas dans la vallée, mais sur un plateau élevé. Il est plus simple d’y voir Vers-biez, vers les canaux, les ruisseaux : le village est traversé par un ruisseau et ses prairies par quatre autres ruisseaux et un grand bisse.
- Verchaux, 2 ham. de Villarvolard et Villarbeney, Gruyère; du bas latin vervecale, bercail, de vervex, bas latin, de berbex, bélier, qui a pris le sens de brebis dans les langues romanes. /499/
- Verchère, loc. à Thonex, Genève; ham. de Liddes, Valais; loc. à Duilier; les Verchères, Onnens, D. Grandson, la, les Verchières, Vercheire, patois Vertsires à Yvorne, Attalens, Granges, Belfaux, Ursy; la Verchire à Montet, Mossel, Blessens, Werchiery, 1271, Arconciel, Verchiery, 1441, la Vertschire à Charmey; du v. fr. verchière, verchère en Dauphiné, bas latin vercheria, bercheria, verceria; une Verceria à Vevey, 1220; dérivé de berbex, brebis = fonds de terre sur lequel on élève des brebis.
- Vercome ou Ercoma, Ercomma, loc. à Savièse, Vercoma, 1100 (M. Gremaud a lu Verconia), 1223, 73, etc., Vercomma, 1217, 1224. Probablement un composé de la racine germanique Vere et quuma, étranger, employée comme suffixe : Förstemann donne 8 composés en coma, par exemple Hilticoma, Zitcoma.
- Vercorins, ham. de Chalais, Valais, Vercoreins, 1241, Vercorens, 8 fois 1249-1476, et encore au XIXe s., Vercoren, 1806. Gatschet le tire, — et Studer en fidèle copiste, — de verracaria, nom italien, dit-il, et latin de l’héliotrope d’Europe, fr. verrucaire, herbe aux verrues. Mais cette plante des régions chaudes ne monte pas à Vercorins, 1370 m., et n’est pas de celles qui par leur nombre font donner leur nom à une localité; en outre verrucaria ne saurait donner Vercorens. Le suffixe ens, eins indique une origine germanique. Peut-être est-ce Vers-Coreins : il y a près de là 2 villages appelés Corin, jadis Corens, Coreins. Förstemann n’a pas de racine Cor.
- Verdaz, la —, pâturage de Rougemont; du v. fr. verd = la verte. A la même racine verd se rattachent la forme adjective Verdan, nom valaisan du Petit Muveran; m. à Bossonens, féminin Verdannaz à Vugelles, et plus. loc.; Verdaux, m. à Pampigny; Verdeil à Bulle; Verdex à Morrens, Verdy à Vaux, Verdiz(y), pâturage à Bellegarde, collectifs; Verdet à La Sarraz, Saint-Aubin, Frib., en Verdat à Fontenais et Reclère, et Vardat à Beurnevesin, Jura bernois (at = et), Verdette à Liddes, Verdeau, ham. à Faoug (Verdau) et Autigny, Verdillon à Rances, diminutifs; Verdeuse, pâturage de Liddes, Valais = pleine de verdure. /500/
- Verdière(s), ham. d’Aumont, Fribourg, Verderes, 1226, M. R. VI, 327, 1341, etc., Verdieres, 1368, Matile; du v. fr. verdière, latin viridaria, forme fém. de viridarium, verger.
- Verdonnaz, ham. d’Orsières, Valais, Verdonnet, loc. à Cronay, m. à Lausanne; autres dim. de verd.
- Verenaz, ruisseau à Dizy; peut-être un dérivé de veré, tourner, ruisseau qui fait des méandres (Isabel).
- La Verevenaz, torrent temporaire et ravine descendant du Grammont sur la Morge à Saint-Gingolph, fausse orth. pour la Vey-Revenaz; v. fr. veil, vieux, vieille, et Revenez, ravine, la vieille ravine.
- Vermala, loc. alpes de Sierre, Valais. Ce mot a une ressemblance frappante avec les noms romanches Vermal, ham. des Alpes de Mels, Saint-Gall, Vermol près Lavtina, Grisons, l’alpe Fermal dans le Vorarlberg, les fermes Formal et Vermale dans le Tyrol, loc. citées par Schlatter, op. cit., p. 86, dérivés avec le suffixe al du latin forma, et désignant des chalets où l’on prépare le fromage.
- Vermelliay, pâturage et forêt à Arzier, D. Nyon; dérivé (collectif) du v. fr. vermillis, lieu fouillé par les sangliers, où ces animaux vermillent, fouissent la terre.
- Vermes, D. Delémont, Berne, cella Verteme, 769, Vertima, 849, 866, 884, Vernmont, 1317, Vertemon, 1325. Quant aux n. all., Vertmen est une corruption et Pferdmund une interprétation de Vertemon due au fait que l’allemand ajoute un p devant f (varrich, pfarrich, fadôn, pfad, Faoug, Pfauen, Fabaris, Pfäfers); le nom patois all. actuel Färdme est presque la reproduction de la plus ancienne forme Verteme.
- Vermondens, quartier de Boudry, Neuchâtel, antérieur à la ville, fondée en 1343, Wilmundens, 1156, Hidber, II, Warmondens, 1282, 1313, Guarmondins, 1309, Matile = chez les descendants de Willimund (ou de Warmund), n. pr. germain.
- En Vermont, vignes à Yverdon = vers Mont.
- Vernamiège, patois Vernamièse, Lutz, D. Hérens, Valais, Vernamesia vers 1100, Vernamiesi, 1203, Vernimiesi, 1224, /501/ Vernamiesia, 1227, Vernamyesy, 1250, Vernameisi, 1255, Vernamiesa, 1300, Vernamisia, 1476; de verne; quant à miesi, myesy, si l’on considère 1o i, y final atone = e, s doux = g doux, on y retrouvera la forme actuelle miège; c’est le fém. de l’adjectif mi, au milieu de, fém. v. fr. mège, ici diphtongué miège, donc Vernamiège = la Vernaie du milieu.
- Vernand, 4 loc., ham. et forêts de Lausanne, Vernant, 1184, 1190, Cart. Month., 44, 52, 1217, Cart. Laus., M. R. VI, 453, nemus d’Yvernan, 1546 (aussi Vernens d’après Hisely); d’après la forme primitive de 1184-1217, vers-nant, vallée, ruisseau, ces localités lausannoises sont toutes sur les pentes du vallon de la Mèbre (encore 3 autres Vernand et 1 Vernandes dans le canton, d’après Brandstetter). Quant à en Vernan, maison sur Mont-la-Ville, peut-être un dérivé de verne.
- Vernayaz, village, ham. de Salvan, Valais; de verne, aune, et suff. collectif aye, voir le mot suivant. Vernayaz est l’ancien Octanellum, Actunellum, 516, M. F. IV, M. R. XXIX, Athonellum, Othonellum, Ottonellum, 1138, Cibrario, I, 48, 49, Verneye, 1279, Verneya seu Octanez, Vernayaz sive Octanez, 1732, Arch. Abb. Saint-Maurice. Voir p. 322.
- Verne, nom vulgaire de l’aune, dérivé du celtique guern, aune, et marais. Ce nom a une nombreuse famille et désigne des centaines de localités. D’abord le simple Verne (5), — es (41), — a, 2, — az, 26, Vergnaz. Puis les collectifs masculins avec les suffixes — ay, 8, — ey, 39, — et, 5, — ets, 3, — ex, 28, — y, 3, — ez, 3, Vernez à Fey, Vernetum, 1250, Vernois, 2 Jura bernois, Varnet à Delémont, Vernek à Evolène, voir Biolec. Varnay à Evionnaz, dérivés de vernetum, vernaie; les collectifs féminins Vernaya(z), 4, Vernaie(s), 3, Verniaz, 8, Vernéaz, ham. Neuchâtel, Vernea, 1195, Vernee, 1296, Verneyse, du fém. verneta; — ensuite Vernard, Fribourg, Vernier, 4, Verniez, Frib., de vernarium; dim. Verneret à Chavornay, Verneyre, Ollon, et Vernière, de vernaria. Verneresse à Bex, forme adjective; les diminutifs Vernette, s, — az, n, Ver(g)niaulaz, 2, Vernon, — elet, — iolet, — illaz, Saillon; Verninche à Chatillens; /502/ les augm. Vernasse à Lens, dim. Vernasson, Vernaux, 3 Frib. et 6 Vaud, — aud, 7, — ausaz, 26, Vernaugiz à Poliez-Pittet, permut. s-j, Vernoux à Lovens, ès Vernousses à Corserey; diminutifs des précédents : Vornausettes à Romanel-Morges, Vernozet, — el à Henniez, Thierrens.
- Vernier, Genève, Vernier, 1208, Acad. Sav. II, 2, 280, Verneyer, 1305, 1344, Vernier, 1311, M. G. IX, 235, 244, et XIV, m. à Echichens, Vaud; de vernarium, bois de vernes, voir Verne.
- Verolliez, atlas Siegfried, Verolliaz, carte Dufour, ham. près Saint-Maurice, Valais, Virolley, de Gingins, Recherches, p. 10, Verolley, 1760, plans de St.-M. D’après Boccard, de verum locum, le vrai lieu (du massacre de la légion thébéenne), étymologie forgée pour la cause. Les formes anciennes terra Viroleti, Vie de S. Sigismond, Viroletum, 1317, en sont bien loin et nous ramènent au v. fr. virolet, moulin. Mais celles-ci encore nous paraissent de fausses traductions latines. Ce nom n’est pas isolé : il y a une loc. les Vérollies, forêt et prés à Monthey, Verollies, 1696, une combe de Verolliers, 1500-1900 m., au-dessus de l’alpe de la Tanne à Lessoc. Ces deux derniers endroits tournés au N. ont l’altitude et l’exposition propice aux taillis d’aunes verts et l’aune blanchâtre devait abonder dans les graviers du Vérolliez de St.-M. Nous croyons donc qu’il s’agit de lieux où abonde l’aune, verne, qui devient aussi verre, voir Verre.
- Verouet ou Virevoy (vo-ï), Vrivoy (vo-ï), pâturage alpes d’Ardon, avec chalets sur une arête; de vire, s. f., du verbe veri, tourner, et ouet ou voy (vo-ï), subst. verbal de regarder, ouaiti, comme Voy (vo-ï), Voëx, Guettes, etc., vire, corniche où l’on a une belle vue, sur la vallée de la Lizerne, le massif des Diablerets et le vallon de Derbon.
- Verpilière, voir Vulpilière.
- Verres, le bois des —, à Champmartin, D. Avenches; syn. de verne, permutation n-r. Ce mot a un diminutif, verrau, litt. petit verne, nom patois de l’aune nain, aune vert ou aune des Alpes; de là les Verraux, arête de rochers et vallon au N. de Montreux /503/ où cet arbrisseau est abondant; du primitif dérivent la Verraz à Rougemont, les Verrats, pâturage boisé à Cernier, les collectifs ès Verrais à Estavenens, Verreyre à Ropraz, Verrey, village de Nendaz, Valais, Vernetum, 1214, M. R. XVIII, d’autres à Prévonloup, Lovatens, toutes localités avec de nombreux aunes. La forme vernetum du Verrey de Nendaz prouve notre étymologie. Souvent écrit avec un seul r : en Véroz, loc. et torrent à Troistorrents, Veraux vers 1720, en Verey, Verex ou Veret, loc. à Allaman, rives de l’Aubonne, Veré à Russin-Genève et Conthey, Veraye, torrent et ham. de Veytaux, Verey, 1402, et à Marly, Frib., Vereyaz à Lens, Valais, Very ou Véry à Ecoteaux, la Verasse, ruisseau, affl. de la Sarine, r. g. et la Veresse, affl. de la Veveyse de Châtel. Voir aussi Verrière. On peut encore y rattacher Voraire, rives de la Broye à Moudon, et Voiret, ruisseau affl. de l’Aire, Genève.
- La Verrière, Combe de la —, à Moutricher, la Verrière à Paudex, id. ou Verrerie à Vernayaz et loc. à Chippis, Valais, en Verreyres à Massongex et à Evionnaz, Valais, Verrière, 1743, les Verrières, Neuchâtel, Verreyres, 1344, autre, ham. de Berolle, Vaud. Peut-être l’une ou l’autre ancienne verrerie, mais la plupart sont encore des vernaies, noms dérivés de la forme verre, voir ci-dessus. Les Verrières du Valais sont au milieu des vernes, Verrey de Nendaz, forme masc., s’appelait Vernetum en 1214 et un texte de Matile semble indiquer la même origine pour les Verrières, Neuchâtel : le testament d’Isabelle de Neuchâtel, année 1394, page 1124, parle du « locus qui dicitur Vernene, — sans doute Verneire avec un i sans point, — sive Vereria. »
Le Dr Guillaume (M. N. XII, 187) supposerait, en note, qu’il y aurait eu une verrerie, et, en texte, que Verrières serait « une corruption de ferrières qui viendrait des hauts-fourneaux existant jadis dans le canton. » M. Sauser, M. N. XIII, 91, émet les mêmes suppositions. Mais cette permutation v-f serait bien étrange, quand dans le voisinage Ferrière s’est maintenu (près Jougne et val Saint-Imier); en outre elle est formellement contredite par le texte cité plus haut de 1394. Amiet en 1692, Etrennes Neuch. II, 66, et Boyve, Annales, I, 228, racontent une légende sur des verriers qui auraient habité la contrée, mais aucun document quelconque ne vient la confirmer. /504/
Le comte Jaubert, Glossaire du centre de la France, II, 424 et 632, constatant la fréquence du nom Verrerie (et Verrière), l’estime « trop commun pour dériver souvent de la fabrication du verre. » Mais il le rattache faussement à verrat. - Versan, voir Vert-Champ.
- Vers Chiez, Dufour et Siegfried, en patois Vertchî, ham. très ancien d’Ollon, Verchy, plans d’Ollon, 1835, Verchi, Lutz, 1861; écrit aussi Verchiez, Verschiés, Verchier. Cette dernière orthographe paraît d’abord la vraie; elle en fait une forme masc. de verchière, de berbicarium, lieu où l’on garde les brebis. Mais on trouve aussi Chiez tout court : une charte d’Aigle de 1734 parle des contestations sur les limites entre Aigle et Ollon, « le long des bois de la Chenaux, des Planches et de Verschiex (plus loin Vers Chiez), et de quelques abbatis de bois que des particuliers du dit Ollon et Chiex ont fait dans les endroits contestés. Plus loin : « nous nous sommes portés proche des maisons de Chiez … dernier les Batimens de Chiex … la fontaine couverte de Chiex. » Ce serait donc vers et chiez, de casa, vers les cases, les chaumières. C’est un correspondant masc. des divers Chiesaz du pays, voir ce mot. Nous avons vu au mot Chez, dérivé également de casa, que celui-ci, aujourd’hui préposition, a gardé son sens de subst. dans le Berry; les Prés-Verschiez, au-dessous du village d’Ollon, montrent encore mieux le sens, les Prés-vers les maisons, vers la cour, la ferme.
- Vers-Cort, ham. de Corbeyrier, D. Aigle, Vercor, Lutz, 1861 = versus cortem, vers la cour, la ferme.
- Verségère, ham. de Bagnes, Valais, Verchicheire, Dict. de Lutz, transformation par métathèse de Vercheseres, 1228, Verchisiri, 1235, Verchisieri, 1338 = Vers Chesières, versus casarias, vers les cheseyres, les chalets, cheyserias dans les chartes, casarias, de casa, chaumière.
- Versney, loc. à Noville, Vaud. On serait tenté d’y voir une fausse orth. pour Verney, taillis de vernes. Il n’en est rien, c’est un composé de vers et ney, prairie humide, inondée; voir Naye.
- Versoix, C. de Genève, et Versoie, rivière, castrum qui vocatur /505/ Versoi, 1022, Hidber, I, Versoya, 1264, Würstbg., Berseya, 1277, M. R. V, 377, castrum de Versoya, 1278, M. G. I, 31, Versoy, 1291, 1296, Rég. gen., Versoya, 1305, Versoie, 1344. Pour Studer, de vers, vert, et oye, aqua, eau verte. Mais vers = vert et oye = eau sont inconnus. Pour Gatschet, de verdze, verge, broussailles : l’un et l’autre inadmissibles. Berseya, Versoye sont sans doute des substantifs verbaux du v. fr. bersoier, chasser, et signifient territoire de chasse, bas latin bersa, forêt enclose, parc; le castrum de Versoye aurait été d’abord la maison de chasse du seigneur. En Versoix, m. à Granges, Vaud, même sens. Versoix, quartier à la Chaux-de-Fonds, au pied des collines de Pouillerel; d’après M. G. Huguenin, Description de la mairie de la Chaux-de-Fonds, c’est là que « Claude d’Aarberg († 1617), qui aimait la chasse, venait poursuivre le chevreuil et fit construire une maison où il se reposait de ses fatigues … il voulut que son héritier y fît construire une chapelle à Saint-Hubert, à l’usage des sept habitations qui entouraient sa maison de chasse. » Etrennes Neuch., II, 88, 89. Le rapprochement de ce pavillon de chasse et du nom de Versoix donné à l’endroit où il s’élevait nous paraît prouver notre étymologie.
- Vert champ, vallon à Rougemont, Vaud; Versan ou Vertzan ou Verzan, pâturage d’Ardon, Valais, — ch-s ou tz, — = champ, pâturage vert. Le curé de Conthey écrivait Vers Champ en 1681.
- Vervey ou Vers-Vey, ham. d’Yvorne, D. Aigle, près de la route, Vervay, châtaigneraie près de la vieille route à Colombey; probablement de versus viam, vers la route. Versvey est sans doute le même que le village de Verhuit mentionné dans le vol. Procédure contre la Bourgeoisie d’Aigle (voir Bibliographie), p. 142 « les habitants du village de Vershuit, bourgeois d’Aigle (1735) et p. 148, Vershuit rière Aigle (1671) ». (Yvorne faisait alors partie de la commune d’Aigle.) Ces formes, prononcées sans doute ver-ui, peuvent-elles se rattacher aussi à viam ? C’est probable : on a vuide = vide, on aurait de même vui = vi; quant à la disparition du v initial, elle est fréquente devant une diphtongue : viadzo-iadzo, vu-iu, vouipa-ouipa, vouatte-ouates. /506/
- Vesenand, prés à Miex sur Vouvry, Valais, et Rio Vesenand à Semsales = voisinant, d pour t.
- La Vesenaye, loc. à Vouvry; de vicinata (terra), terre voisine.
- Vésenaz, C. Genève, Vézenaux à Dorenaz, Vesenaux, chalets sur Monthey et ham. de Vérossaz, Valais, Vesenaz dans Lutz, Visinaux vers 1720, aussi appelé Vésenaz; de vicinatus, voisinage, territoire d’un vicus, village, en romanche vischinadi, village; en la Visinaye à Vouvry; de vicinata. Un hameau des Ponts, Neuch., s’appelle le Voisinage. Il se peut toutefois que dans Vésenaz la syllabe finale, aujourd’hui accentuée, ait été atone, et qu’il y ait là un déplacement d’accent comme celui qui se produit actuellement pour de nombreux noms en az, voir Introduction. Dans ce cas Vésenaz ou Vézenas viendrait de vicinas (casas, domus) vicinas, les (maisons) voisines.
- Vesin, Granges de —, D. Broye, Fribourg, Visins, 1223, M R. VI, 496, Vesin, 1668, v. der Weid; Vesin, loc. à Montagny-Yverdon; Visine, loc. à Lens, Valais; du latin vicinus, patois vesin, fr. voisin. .
- Vessy, ham. de Veyrier, Genève, Vessiacum ou Vesciacum (Rég. gen.), 1303, Vessier, 1368, M. G. XIV et XVIII; dérivé d’un gentilice gallo-romain, peut-être un * Vetius, de vetus. Il y aussi Vescia, nom de ville qui semble indiquer un gentilice Vescius.
- Vétroz, D. Conthey, Valais, Vertriacum vers 1100, Vertres, 1146, Vertro, 1170, Vertroz, 1178, Vertru, 1269, Vertrey, 1272; d’après Gatschet, de viridarium, verger, ce qui est absolument impossible, viridarium donnant régulièrement verdier, verger; d’après le suffixe iacum, probablement d’un n. pr. gallo-romain.
- Veudallaz, voir Vaudale.
- Veurze, voir Vorze.
- Veusil, voir Vuse.
- Vevey, Bibiscum, Vibiscum dans les itinéraires romains, Viviscum, Table de Peutinger, Bibiscon env. Ve s., Géogr. de Ravenne /507/, Viviscum, 1011, Vivesium, 1017, Vivois, 1163, M. R. XII, Vives, 1177, Vivex, XIIe s., Viveis, 1225, aussi Viviacum dans les chartes; d’après M. de Gingins, contraction de bivis, deux routes, et vicus, bourg : bourg à la bifurcation de deux routes, de Lyon et d’Avenches; fort douteux. Il faut préférer l’étymologie de d’Arbois de Jubainville : dérivé avec le suffixe gaulois iscos, qui sert à former des noms de lieux, du gentilice Vibius, variante Vivius, très fréquent en Gaule sous l’empire romain. Dérivé, la Veveyse, aquas que Vivesia et Baia dicuntur, 1257, Würstbg., 222, Viveysiz, 1536, Blanchet, Vivaise, 1668, v. der Weid.
- Vex, D. Hérens, Valais, Vies, Ves, Vœs, Veiz vers 1200, Necr. de Sion; Ves, 1204-1250, Vico, 1239, 1246, 1250, Vex, 1302-1380; du latin vicus, village.
- Au Véy, le Gros Véy (plan), sommets sur l’alpe d’Ayerne, Ormont-dessus, ou Vey (vé-i), atlas Siegfried; ès Veys, loc. à Monthey; subst. verbal de veyre, voir = aux Vues, endroits d’où l’on a une vue étendue.
- Veyras (aussi Veyraz ou Veirasse), D. Sierre, Valais, Veras, Verace, 1612, 1655, Zimmerli. Quant au Veraces d’une charte de 1291, désignant une loc. sous Vétroz, nous croyons à une fausse lecture ou une faute de copiste; voir Vuaz.
- La Veyre, 2 ham. de Saint-Légier, et Veyraz (az atone), loc. à Aclens, Vaud; peut-être des (villa) Varia, ferme de Varius, voir le mot suivant.
Ce mot de veyre, vaire est fréquemment employé au XIVe et XVe s. (Rec. dipl. Fribourg) au sens de lisière de drap; le texte allemand d’une de ces ordonnances sur les drapiers le traduit par liste. Ce mot vaire des drapiers doit être un adj. dérivé du latin varius, bigarré, la lisière formant une bordure de couleur variée. Il est encore usité aujourd’hui dans le patois fribourgeois avec le même sens : dè manti a vérè, des nappes à raies, à liteaux. (Bulletin du glossaire des patois, 1904, p. 10.) Si Veyre en dérivait, ce seraient des propriétés à la lisière de quelque territoire. Enfin en Dauphiné on emploie un mot vaire, s. f., d’origine inconnue, pour désigner des terrains de mauvaise qualité. Il est peu probable que ce soit le cas de nos Veyre et entre les trois nous préférons la première étymologie. /508/ - Veyrier, C. Genève (pron. Veyri), Vayrie, 1201, Voyriey, 1257, Veyrier, 1273, Veyrie, 1290, Vairie, XIVe s., M. G. II, 54, XIV, 134, 391, I, 122, XXI, 78, Veyry, 1650, etc., Veiri, 1817; de (fundum) Variacum, domaine d’un Varius, gentilice romain, du cognomen Varus.
- Veyron, rivière, affluent de la Venoge, li Voirons, 1257, M. R. XXVIII et III, 499; peut-être parent de voiran, voiranne, vuarenne = vernaie, aunaie. Paraît avoir porté jadis un autre nom : la donation de Cossonay à Romainmôtier en 1096 parle de l’« ecclesiam de Cochoniaco … inter Venobiam et Alburiam. », M. R. V, 210, or Cossonay est entre la Venoge et le Veyron.
- Veytaux, D. Vevey, Veytour, 1402, M. R., 2e S., I, 27, II, 13. D’après cette forme, pourrait signifier vieille tour, du v. fr. veil, vieux, et tour, voyez Veyvellaz. Veytaux a une tour dans ses armoiries; veil était sans doute des deux genres, comme l’est encore une autre forme, viez en Normandie. Les Veytours, pâturage à Bellegarde, même mot veil, et tours, probablement au sens de contours, lacets.
- Veytay, écart de Myes, D. Nyon, Veitey, 1564. Sans doute encore vey = veil, vieux; quant à tey, tay, c’est difficile; peut-être le v. fr. teil, patois té, tilleul, le vieux tilleul. Cet arbre a servi à dénommer de nombreuses localités.
- En la Veyvellaz ou Voyvellaz, Vivela, loc. près de la Sarine, sous Corbières, Fribourg; du v. fr. veil, vieux = en la vieille ville. Là aurait existé l’ancien bourg de Corbière, suivant des traditions qu’aucun document ne vient confirmer.
- Viannaz, à la —, écart du Mont-Lausanne; aux Viannes, loc. à Charrat, Valais. M. Isabel (in litt.) y voit une forme adjective vian, de via, chemin, localité près de la voie.
- Les Viaux, ham. d’Ormont-dessus, les Vioz, plan cadastral et La Vallée des Ormonts, de Busset et de la Harpe, de Vial et Viaux, 1575, nom de famille, les Yaux, 1613, les Viaux, 1663, famille éteinte aujourd’hui. Les Grands et les Petits Viaux, loc. à Ormont-dessous, sans doute même origine. (Note fournie par M. Isabel.) /509/
- Vich, D. Nyon, eccl. de Vizo, 1165, Hidber, II, Viz, 1204-1234, M. R. V, Vyz, 1303, M. R. XXVIII, 203, et 310, etc.; de vicus, bourg.
- Vicques, D. Delémont, Berne, all. Vix, Vicum, 866, 884, Vich, 1148, 1179, Vichs, 1179, Vix, 1308, Vic, 1317; également du latin vicus, bourg; s’emploie aussi en romanche : vich, vitg (prononcez vitch).
- Vichères, ham. de Liddes, Valais, Vescheria, 1259, Vechieres, XVIe s., Veschiere vers 1720, en la Vechiere à Troistorrents, XVIIIe s.; de vescière, lieu où croissent, où l’on cultive des vesces, permutation ss-ch connue dans la vallée : Chasse pour Sasse, Frachais pour Frassais. Au reste on a aussi écrit vesche, voir dans Littré un ex. du XIVe s.
- Vichon, quartier de vigne à Neuveville, Berne. C’est sans doute le Velcon, 1185, casale de Volchun, 1195, Vochunz, 1246, Vouchon, 1310, Tr.; origine inconnue. Paraît dériver d’un n. pr., comme semble l’indiquer la forme de 1195.
- Vidy, ham. sous Lausanne, jadis paroisse, curiam de Vitis, 1148, M. F. I, 375, Vizi, 1227, Viti, 1228, M. R. VI, 319, 22, Vizi, 1285, F. B. III, 388, 1453, 1476, 1476, M. R. XXVIII, 258, 268, et M. F. IV, Vizy, 1488, M. R. XXXV. Nous paraît être un (villis) Vitis, datif-ablatif pluriel du nom gaulois Vitus attesté par une marque de potier trouvée à Vienne (Isère), et Vitodurum, Winterthur = forteresse de Vitus; villis Vitis = aux fermes de Vitus.
- Vie, Vy, de via, route, nom très fréquent de lieux-dits situés le long des routes : la forme Vie dans le Jura bernois : les Vies de Bâle, la Vie de Bure, Vie d’Alle, etc.; Vy dans le C. de Vaud : Vy de Moudon, Vy d’Echallens; la Grand’vy à Grandcour, la Vineuve à Bovernier, à Aigle; la Neuve Vie à Saignelégier; Sur Lavy à La Corbaz, Frib., etc.
- Les Vies forches, ferme à Montsevelier; voir Vifourches.
- Viège, Valais, Vespia, 1100, Vesbia, 1213, 1234, Vespia, 1224 à 1392, M. R., Vyes, 1348, Jahrbuch Schw. Gesch. XXIV, 333, all. Vispach ou Visp. D’après Gatschet, de Wies-bach, /510/ ruisseau des prés; mais cela est faux : le nom est primitivement romand comme celui de toutes les localités voisines et le nom allemand en est une corruption; origine inconnue.
- Le Viez, ham. sur Nyon, loc. à Arnex, et Viex, loc. à Duilier; peut-être le v. fr. viez = veil, de vetus; il faut sous-entendre un nom masc. hospitale, villare : maison, hameau. Viez se dit encore d’après Littré dans les campagnes de Normandie.
- Vièze, rivière du Val d’Illiez, jadis aussi Viège, 1696, 1819, aqua Viesie, 1352; pour Gatschet, de wiese, prairie; probablement faux, : tous les noms de nos rivières sont celtes ou romands.
- Aux Vifourches ou Viffourches, loc. au Lieu, Vallée de Joux; les Vies forches, ferme à Montsevelier, D. Delémont; de vies, voies, et fourches, adj. verbal formé sur fourcher, chemin bifurqué.
- En Vignan, loc. à Venthône, Valais; de vigne et suff. locatif an, comme Islan, Pomeran, lieu planté de vignes.
- Vigneules près Bienne, all. Vingelz, Wingelies, 1181, Vinils, 1275, Vinguolz, 1289, Viniols, 1339, Vignols, 1436; m. à Saint-Saphorin, Morges, champs à Senarclens, loc. à Montreux, Vignules à Sullens et à Gollion, Vignoles, ham. de Saint-Gingolph, Valais; loc. à Payerne; du v. fr. vignoles, s. f., latin vineolas, petites vignes.
- Vigny, ham. de Surpierre, Fribourg, Viniacum, 1177, 1231 = (fondum) Viniacum, domaine d’un Vinius, gentilice romain. De même à Crissier Vinie, Vinnie, 1232, M. R. VI, 227, Vignye, 1275. Vigny, en patois Vegney, désigne de très nombreuses localités du vignoble, par exemple Vigny à Lavey, Vigniez, 1255; de vinetum, lieu planté de vignes; un Vinetum à Bex, 1245, et d’autres aujourd’hui champs ou prés, par exemple La Chaux, Belmont sur Yverdon, Essertines, Echallens, Chénens, Vegny, champs à Granges et Marnand dont quelques-uns sont probablement des Viniacum.
- En la Vignassy, prés à Colombey, la Vignace à Bex et Vegnasse à Aigle, le même avec suffixe dépréciatif asse (vignes les plus élevées à Fontaney). Outre les Vigny, Vegny, aujourd’hui /511/ champs, on trouve plusieurs Vignettes, Vigne dans des endroits où cette culture est aujourd’hui inconnue, à Mannens, Montévraz, Léchelle, Frib.; Sur la Vigne à Sullens, Champs de la Vigne à Noréaz, Creux de la Vigne à Avenches, Vignette au Bouveret, à Saubraz, Sergey, Lucens, et Fribourg; Vignettaz, champs et bois à Yvonand, Vigne Girard à Fahy, Côte des Vignes à Saint-Ursanne, la Vigne et la Vignette à Asuel, Jura bernois, à Essertes, D. Oron, vineas de Sartis, 1179, à Bettens, 1377; en 1624 il y avait des vignes à Cossonay, Dizy, Senarclens et Penthaz, il y en avait, d’après le Musée Neuchâtelois (IX, 180) à Plancemont, Val-de-Travers, au XVIIIe s., et en 1765 J.-H. Clerc de Môtier-Travers écrivait sur Boveresse : « La tradition a apporté jusqu’à nous que l’on cultivait la vigne dans sa côte; il y a même encore un champ que l’on appelle A la Vigne, » M. N. XVI, 296.
- Vilars, ham. de Fenin, Neuch., fausse orthographe pour Villars.
- Villa, 4 ham. valaisans, Villaz, 5 loc. Frib., Villaz-Saint-Pierre : Villa, XIIe s.; La Ville, ham. d’Ormont-dessus et dessous; La Ville, en patois la Vella, nom en Valais du groupe principal de maisons d’un village, celui où est l’église, à Salvan, Orsière, Ayent, Vétroz, etc.; — la Ville, surnom de villages, jadis fermes dépendant d’un château, pour les distinguer de celui-ci : Mont —, Goumœns —, Oron —, Vufflens-la-Ville, en opposition à Mont-le-Châtel, etc.
- La Villaire, loc. à Echallens, Boussens et nom de 11 hameaux, et écarts C. de Fribourg, aussi Villeyre; la Velayre à Colombey; d’un adjectif bas latin * villarius, de fermes, de campagne.
- Villangeaux, D. Glâne, Frib., villa que dicitur Willangas, 1161, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII. Serait-ce le Villare Elingerio, 855, du Cart. Laus., M. R. VI, 202 = village d’Elanger, n. pr. germain. L’interprétation du P. Dellion : Villa in jugo n’est pas soutenable.
- Villard ou Villars, Velard en patois, très nombreuses localités de la Suisse romande, mot souvent suivi d’un nom propre ou composé avec ce nom, celui du fondateur ou premier possesseur, /512/ généralement un colon germain; du latin villare, réunion de villas, de fermes, le d et le s sont des lettres parasites qui apparaissent de bonne heure, ainsi on trouve un Willelmus de Villard en 1255, Zeerl., I, 455, Villars Luczon, 1177; Villarey, D. Broye, Frib., Villare, 1377, Villarey, 1668, v. der Weid; Villaret, ham. de Moudon, Belmont, Cormondrèche et 4 loc. Frib., diminutifs. Villars devient Villiers dans le Jura bernois; voir plus loin.
- Villaraboud, D. Glâne, Frib., Villarrabot, 1228, Vilar Rabor, 1262, Würstbg., 297, Villaraboth, 1291, Villaraboz, 1453, M. F., Villarabou, 1668, v. der Weid = village de Ratbold ou Rabold, n. pr. germain (de rad, conseil, et bold, audacieux et fidèle = homme de fidèle conseil ou audacieux dans le conseil).
- Villaranon, D. Glâne, Frib., jadis Villarranon, Villarnon, 1668, v. der Weid; c’est à notre avis le Rantuvico, Randonvico, 855, du Cart. Laus., M. R. VI, 202, 203. Le texte imprimé a Randouuico : nous croyons à une fausse lecture. Randonvico = le village de Rando, n. pr. germain. Un chef alamane s’appelait Rando au Ve s.
- Villardens, ham. et anc. château, D. Glâne, Frib., Walardens, XIIIe s., Valardens, 1314, Cart. Month., 73, Villardin, XVIIe s. M. Isabel nous indique une loc. du même nom à Pully = chez les descendants de Walhard, n. pr. germain.
- Villardgerman, ham. près La Joux, D. Glâne, Villars German, Lutz = village de German, n. pr. germain.
- Villarepos, Lac, Frib., all. Ruppertswil, Villarrepot, 1332, Villa Rippoz, 1396, Villarippo, 1560, Villars Repos, Kuenlin, 1832 = village de Roppert ou Rotpert, moyen haut all. Ruppert, forme primitive Hrodbert, n. pr. germain.
Rien de commun avec « Villarem Repositum, » comme l’explique M. Marchot, op. cit., voir Bibliogr. - Villargiroud, Glâne, Frib., Villargerod, 1668, v. der Weid = village de Gerold, n. pr. germain.
- Villariaz, Glâne, Frib., Villar Roart, 1148, Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Vilare Rohardi et Villar Rohart, 1154, Villar Ruar, 1174, 1177, Cart. Month., Villarriard, 1255, Villarriat, /513/ 1668, v. der Weid = village de Rohard, n. pr. germain, racine hroc, de rohôn, rugir. Förstm., 714. Hisely, M. R. XII, rapporte Villar Roart à Rueyres et Zimmerli à Villar Volard. La série des anciennes formes prouve leur double erreur.
- Villarimboud, Glâne, Frib., Villarrimolth, 1142, M. F. II, 220, Vilarrenbout, 1145, Vilar Rembolt et Vilar Reinbold, XIIe s., Arch. Fr. VI, Villarraymboz, 1453, Villarremboz, 1490, Villarimbo, 1668, v. der Weid = village de Rimolt ou Rimbold, 2 formes du même n. pr. germain, racine onomastique Rim. Förstm., p. 1056.
- Villarlod, Sarine, Frib., Vilar Aloz, 1231, Cart. Laus., M. R. VI, 608, Villarlod, 1668, v. der Weid = village de Alo ou Allo, n. pr. germain. Förstm., 39.
- Villarsel, 2 com. D. Sarine, en Villarset, m. à Sâles, Gruyère; diminutifs de Villars.
- Villarsiviriaux, Glâne, Frib., Villar Severor, XIIe s., Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Villar Sewrioz, 1233, Vilarseverice, 1238, M. R. VI, Villar Siverioux, 1278, Dellion, Villar siviriaux, 1668, v. der Weid = village d’un Germain dont le nom appartient à la racine onomastique Sew, tel que Sewerit.
En tout cas rien de « Villarem superiorem, Villar supérieur, » comme le veut M. Marchot, Revue suisse cath. - Villarvassaux, ham. de Gumefens, Gruyère, Villarvassaux, 1453 = village (du) vassal. Le x est probablement fautif et il faudrait vassau, accusatif sing. un vassau, comme un chevau léger et, en patois, un chevau, tsavô.
- Villarvolard, Gruyère, Villar Vollar et Vilarwalar, 1228, 1285, F. B. III, 391, Villarvaular, 1453= Villar volard, 1668, v. der Weid = village de Walhard, n. pr. germain.
- Villars-Beney, Gruyère, Villarbene, XIIIe s., Villarbeney, 1325, M. R. XXII, 457, Villarbegney, 1492, Villar benoit, 1668, v. der Weid. C’est sans doute à ce village que se rapporte le Vilar Bonet, XIIIe s. du Cart. Laus. Un nom qui a quelque ressemblance c’est celui de Willar Abonoio, 1001, Hidber, I, 283, Cart. Saint-Maurice, Vilare Abonoy du Cart. de Haut-Crêt, p. 9, /514/ avec les formes suivantes, Villari de Boneul, 1162, p. 20, Villare Abonoi, 1179, p. 39, Villare ad Bonoy, première moitié du XIIe s., p. 175, Willare Ebonol, XIIe s., p. 180, Willare Abonoil, XIIe s., p. 188. Gatschet identifie cette localité avec Bouloz (p. 271), ce qui nous paraît une erreur manifeste; p. 190 du Cartulaire il est dit Villare Ebonol in grangia de Pineto; c’est donc à Peney-le-Jorat ou aux environs qu’il faut le chercher, à moins que ce ne soit encore Villars-Beney comme la forme de 1668 le ferait supposer.
- Villars-Bozon, ham. de L’Isle, Vaud, Vilar boson, 1015, Willare Bosono, 1018, Hidber, I, 308, Vilar Bosun, 1278, M. R. III, Villar Bozon, 1386 = village de Boso, n. pr. germain; du v. h. all. bôsi, méchant.
- Villars-Bramard, D. Moudon, Villa balmal, 1155, Villar Bremar vers 1180, Donat. Haut., Villars Bramar, 1394 = village de Ballomar, n. pr. germain, Förstm., p. 211, d’où par contraction Balmar, puis Barmar, puis Bramar, permutation l-r et métathèse Bar-Bra.
On peut rapprocher de ce nom, celui d’une localité des Highlands d’Ecosse, Braemar ou Bramar, située dans la même vallée que le château royal de Balmoral (renseignement dû à M. G.-A. Bridel). - Villars-Epeney, D. Yverdon, Espiney, 1177, Cart. Month., Villars Espiney, 1549; de spinetum, fourré d’épines.
- Villars-le-Comte, D. Moudon, Vilario Comitis, 1147, Cart. Month., Villari Comite, 1182, M. R. VII, 28, Vilar le Conte, XIIIe s. = village du comte. Hidber, II, identifie avec Villars-le-Comte le Villar Cotoita — Cottonum — Cothonoi, XIIe s., du Cart. de Haut-Crêt, M. R. XII.
- Villars-les-Friques, Broye, Frib.; v. fr. frique, prov. fric, dérivé du gothique friks, v. goth. frec (all. frech), joyeux, hardi, gaillard = village des (hommes) hardis, joyeux.
- Villars-Gramon, loc. près Oron, souvent mentionné dans le Cart. Haut-Crêt. M. R. XII. Villare Gramonis, 1134, p. 2, Villaris Gramonis, 1141, p. 4, Vilario Gramonis, 1154, p. 6, /515/ Viler Gramon vers 1150, p. 147, terr. Villarii Gramonis, 1155, 1179, p. 270, 38, probablement d’un n. pr. germain indéterminé.
- Villars-Jorens, ham. de Mont-la-Ville, Vilar Jorens, 1219, M. R. I, 150, et Vilariorem, autre copie du même acte, Cart. Rom., M. R. III, 514. C’est sans doute encore iorens, mal lu, ou faute de copie = village des descendants de Jor…, n. pr. germain. Förstm., p. 811, donne le nom Jorannus qui a la même racine. (Juriens, D. Orbe, est de la même famille.)
- Villars-l’Eperd, carte Siegfried, Villars le Perd, Carte top. vaudoise, Dufour et Dict. Lutz, ham. de Chesalles, D. Moudon. C’est probablement la localité mentionnée dans ce texte « in Larenies per viam que vadit à Villarper in Vals, » XIIe s. Donat. Haut., Arch. Fr. VI, 310; ne faudrait-il pas lire Villar-Pers ou l’Epers, de l’ancien participe passé pers, épers, des verbes perdre, éperdre = le village écarté, isolé, perdu ?
- Villars-le-Terroir vers 1180, Arch. Fr. VI, Vilaret, 1226, Cart. Laus., d’après Dr Brière, Villar le Terriouz, 1438, Villar le Terreux et Villar loz Terrour, 1453, Villar le terricor, 1536, Villar le Terriau, 1668, v. der Weid, Villard le Terreau, 1794, Struve; de territorium, territoire et terroir.
- Villar-Luczon, ancien nom de la Robellaz, ham. d’Essertines, Echallens, Vilar luccum, 1141, — que M. de Gingins rapporte à tort à Villars-Lussery, — Grangia de Buyron dicta Villar Lucyon, 1323 (y lu pour z ?), Villars Luczon, 1177, M. R. I, 186, etc. = village de Luzo, n. pr. germain. Förstm., p. 874.
- Villars-Lussery, voir Lussery.
- Villars-Mendraz, D. Moudon, Vilar Mundri, 1235, M. R. VI, 207, Villarmendra, 1453 = village de Munderich, n. pr. germain. Förstm., p. 940.
- Villars-sous-Mont, Gruyère, Vilare sis Mont, 1235, Vilarsimont, 1269, M. R. VI, 207, XXII, 63 = sous le mont. Cette forme, mal interprétée, a donné lieu à une variante pendant deux siècles, Villar Symon, 1335, 88, Vilarsymont, 1359, Villardsymon, 1514, 1523, Villarsimont, 1555, Villar sur mont, 1668, /516/ v. der Weid. Kuenlin le dérive du patron de l’église, Saint-Simon; mais, comme le fait remarquer le P. Dellion, le premier édifice religieux est du XVIIe s.
- Villars-Tiercelin, D. Echallens, Vilar Tiezelin, Vilar Tiecelin, 1225, 1230, M. R. VI, 165, 187, Villar Thiercelin, 1668, v. der Weid = village de Tiezelin. n. pr. germain, Förstm., p. 1165; de la racine gothique thiudo, famille, nom connu dans le pays : terra Tiecelini, 1235, M. R. VI, 207. L’r s’est introduit par confusion avec l’adj. tiercelet.
- Villars-Vuarney, loc. Corcelles-le-Jorat = village de Warner, n. pr. germain.
- Villarzel, D. Moudon, Vilarsel, 1228, Villarzel, 1316, M. R. VII, 97; dim. de Villar.
- Ville, hameaux, voir Villa. Ville, ruisseau de —, au Landeron, ad rivum qui Vilo influit in lacum, 1185, Vilo, 1209, Vilie, 1316, Ville, 1328. L’orthographe primitive semble prouver que celle de 1328 et de l’atlas Siegfried est fautive.
- Villeneuve, Vaud, Pennolucos, carte Peutinger, 1231, Villanova, 1214, 1231, que olim dicebatur Compesie, 1248, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 80, 81; l’ancien nom Compengie était donc tombé en désuétude.
- Villeret, val Saint-Imier, Velleret, 1330, et Vellerat, D. Moutier, dim. de Villiers.
- Villette, D. Lavaux, Vileta, XIIe s.; ham. de Chêne, Genève, Vileta, 1201; celui-ci peut-être le Villula juxta civitatem Gebennicam d’une charte de 891, Rég. gen., 34, et 5 autres; dim. de villa = petite ferme.
- Villeureuse, m. aux Eaux-Vives, « ancienne chapelle où l’évêque de Genève officiait quand il habitait au Pré l’Evêque » (Lutz). Serait peut-être formé de villa et d’un adj. * eureus, e, dérivé de orare, orer, prier = maison de prière.
- Villiers, commune, Neuchâtel; forme jurassienne de villar, de villare. S’emploie très fréquemment dans le Jura en composition avec le nom du colon germain, fondateur, mais, tandis que dans nos Villars de Vaud et Fribourg le déterminatif suit, dans le Jura /517/ la construction germanique a prévalu et le déterminatif forme le premier élément du composé : Develier, Mervelier, Sorvilier, etc.; voir ceux-ci à leur ordre alphabétique.
- Villy, ham. d’Ollon, Vaud, Villiacum, 515, 1157, Villier et Villiey, même charte, 1131; autre, ham. de Riddes, Valais, Villye, 1262, Würstbg., 293; en Vily, m. à Ursy et à Vuarmarens, D. Glâne, Frib.; de (fundum) Villiacum, domaine d’un Villius, — aussi Vilius, — gentilice romain assez fréquent.
- Vin à Conthey, voir Vence.
- Viney, ham. de Gilly, villa qui dicitur Vinciacus, 1040, Vynciel, 1145, Vincei, 1179, Vinsie, 1265, Vinsye, 1276, M. R. III, Vinsiez, 1284, Vinsier, 1365, M. R. XXVIII, Vinsyer, 1436; de (prædium) Vintiacum, domaine d’un Vintius, gentilice romain (nom également d’une divinité des Gaules, le Mars gaulois, dont le culte était très répandu).
- Viney, loc. à Gilly, D. Rolle; de vinetum, lieu planté en vignes.
- Vinzel, D. Rolle, Vinzels, 1145, M. G. XIV, Vinset ou Vincet, 1219, Vinseyz, 1224, Vinzeus, 1224, 1244, Vinsel, 1299, Vinsez, 1335; probablement dérivé irrégulier de Vintius, voir Viney.
- Violaz, En la —, loc. à Corbeyrier, la Planche des Violes à Champvent, la Viole à Delémont, en Violat à Courroux; du v. fr. viole, s. f., violette; le dim. Violettaz est assez employé, Viollettaz à Aigle, Fontaney, 1718.
- Vion, Sur le — à Tavannes, le Vion Tripet, sentier sur Dombresson, Neuch.; dim. de via, route = sentier.
- Vionnaz, Valais, Viano ? 1177, Furrer, III, Viona, 1282, Viana, 1342, Vyona et Viona, même charte, 1345, Vione, 1436, Viona, 1723. Il nous semble y retrouver le celtique ona, source, eau courante : il y a de nombreuses et belles sources au pied de la montagne autour du village et 5 ou 6 ruisseaux en sillonnent le territoire; un autre Vionnaz ou Vionna, ham. d’Arbaz, D. Sion, en patois Onnaz (le patois supprime le v initial dans la région : atse, eni, entro, ela), même hypothèse. /518/
- Vionnet, écart de Bière; v. fr. vionnet, double diminutif de vie, route, vie, vion, vionnet.
- La Vipérerie, loc. sur Baulmes, D. Orbe, où les vipères étaient si nombreuses au XVIIIe s. que la chasse en était, parait-il, affermée. Il y en avait une à Neuchâtel au XVIIIe s. au Crét du Tertre, d’après le Mus. Neuch. VII, 297, qui cite des textes de 1717, 1719.
« Il y avait jusqu’au milieu du siècle dernier (XVIIIe), dit Victor Fatio, (Faune des vertébrés de la Suisse, III, 297) à Baulmes un parc aux vipères ou vipérie (sic) tenu par un certain médecin nommé Gout qui vendait 10 batz la vipère. » On sait qu’on en faisait alors un certain usage en médecine. - Vire, nom des sentiers qui suivent les corniches de rochers de nos Alpes : la Grandvire, la Vire aux Bœufs, aux Chèvres, etc.; du verbe virer, tourner, à cause des fréquents contours. Viret ou Virettes, vignes à Saint-Léonard; Virottes, loc. à Saillon, diminutifs.
- Viry, Côtes de —, bois, D. Rolle; tire son nom de la famille savoisienne de Viry, seigneurs de Mont-le-Grand au moyen âge. Quant à Viry, c’est un (fundum) Viriacum, domaine d’un Virius, gentilice romain d’où dérivent également les Viré, Virieux, etc., de France (Jubainville).
- La Viseulaz, loc. à Colombey, Valais, la Vedeulaz, la Visaullaz, 1696.
- La Vissenche, m. isolée entre Gilly et Tartegnins, la Vesenchy, 1493, M. R. XXXIV, 72. C’est à cette maison que se rapportent sans doute les noms de Steph. de Vicencie, Visincie, Will. de Visincie, domicellos, intervenant dans un acte pour des terres de Gilly, M. R. III, 517 = (villa) Vicentia, de Vicentius, gentilice romain d’où est venu le nom de Vesancy au Pays de Gex, Visincie au XIIIe s. Probablement les donzels de Vesancy possédaient une terre à Gilly, d’où le nom de cette maison.
- En Visse ou Vissigen, loc. à Sion, atlas Siegfried, les Visses, plans de Sion, les Vuissoz, plans de 1782, Wissigen dans les chartes du moyen âge, le même que Wissigen sur le lac d’Uri /519/ près Bauen = chez les descendants de Wizo ou de Wiso, noms pr. germains donnés par Förstemann.
- Vissoie, ham. d’Ayer, Anniviers, Vyssoy, 4 fois 1250-1312, Vissohi, 1327. Le nom de Visonis, 1052, M. R. XVIII, rapporté par Hidber (I, 357) et Gatschet à Vissoie (un Johannes Visonis en 1296) doit être écarté et par suite l’étymologie de Gatschet qui le tire de bisont ou visent, bison, endroit où se trouvaient jadis des bisons.
- Vivier ou Vivy, all. Vivers, 2 châteaux près Barberêche, Frib., Vivirs, 1153, Vivers, 1203, Viviers, 1173, 1203, 1441; au Vivier, La Rippe, D. Nyon et Estavayer-le-Gibloux; le Vivier, bras de la Reuse à Cortaillod; du n. commun vivier.
- Voens, ham. de Saint-Blaise, Neuch., Win, 1143, en Voens, 1178, 1185, « romana lingua Weins, theotonica Vohens » vers 1220, Woins, 1294, Voin, 1345, Voing dans Boyve, XVIIe s. = chez les descendants de Woco, Wogo, n. pr. germain. Förstm., 1332 (chute de la gutturale médiane).
- Voëson, loc. à Miécourt, D. Porrentruy; du v. h. all. waso (d’où gazon), patois vouazon, « oison, nom de l’herbe qui repousse dans un pré après que les vaches l’ont broutée, » Bridel.
- Les Voëtes ou Vœttes, ham. d’Ormont-dessous, Veytes, 1310, sans doute à l’époque féodale poste de guet), d’où le regard plonge dans les 3 vallées qui l’entourent; ham. sur le mont de Châtel à Bex; aux Voëttes à Onnens-Grandson; Voète, maison de campagne à Delémont, la Voite, forêt à Tavannes; Bonnevouette, chalets sur une croupe à Troistorrents; Vuétaz à Montherod : en Vuète à Corcelles, Grandson, Sur la Vouète à Vallorbe, aux Vuittes à l’Etivaz, ès Vuettes, ham. de Pont et de Corserey, Frib.; Vuettaz, loc. à Aigle (Drapel), plans de 1718, Ouettes, mayens en face de Sembrancher, Guettes, Bull. off. Valais : subst. verbal de vouaiti, regarder, wallon waiti, lorrain ouaitter, du v. h. all. wahtân, veiller. De la même racine dérivent
- Voëx, Sur le —, crêt à Vaulion, vue sur les 2 vallées de l’Orbe et du Nozon; Voÿ, chalets, Voyex, Bridel, 1820, alpes de Vouvry, alpes de Ouys, 1272, M. R. XXX (peut-être l’alpe de Vuaz, /520/ 1402, M. R., 2e S., II, 39), vue étendue et chalets sur une croupe entre les vallées d’Illiez et de Morgins.
- Voigière, voir Vuagère.
- Les Voirannes, loc. à Develier, Lugnez, Varannes, 1331, Voirenne à Montignez, Varonnes à Beurnevesain, Voirnais à Courroux, Voirnets à Bassecourt, Varennes à Bévilard, ès Varennes à Tavannes, 1349, tous Jura bernois; les Voirans à Dombresson, Neuchâtel; Vuarenaz à Lignerolles; Vuarennes, ham. de Montreux et loc. à Granges, D. Payerne, ès Varennies, 1226; la Vuarenayre à Suscévoz, collectif; du patois vouaraine, aunaie, taillis de vernes.
- Voivre, le —, loc. à Lugnez et Damphreux, D. Porrentruy, Waivre, 1332, les Voivres à Courroux, Delémont, Lucelle, Waevra, 1237, la Voavra, alpe de Vollèges, Valais; du v. h. all. waura, bas latin vauria, champ en friche; voir aussi Vuavre.
- Au Voix à Daillens, voir Vuaz.
- Volavy, ham. de Grolley, Fribourg, fausse orth. pour Vaux-la-Vy = vallée de la route : 15 m. plus bas que le village.
- Vollège, vallée de Bagnes, Valais, Villezo, 1178, Vullegio, 1179, 1196, Hidber, II, Willegio, 1196, Vilueio, 1215, Vilogio, 1249, Vilagio, 1272, Vileogio, 1280, Vologium, 1296, Veluegi, 1328, Villugio, 1428, Wollegii, 1425, Vollegiz, XVIIIe s., Arch. Saint-Maurice; parent du v. fr. viloi = village.
- Volluz, prés à Monthey, ès Volluez, 1696, Volues, 1819; Voluet, terrains incultes à Lens, Valais; dérivés probables de l’adj. veule, jadis vole, vain, vide, inculte, veule bourguignon, stérile, terres vaines, improductives. A Ormont-dessus, nous écrit M. Isabel, sapin vaolu = sapin coupé entier et laissé fruste avec ses branches, sèches ou non, pour fermer provisoirement une ouverture dans une clôture ou fermer à la diable certains points du pâturage. ?
- Volovron, mayens près Evolène, Valais, Voluvron, 1250, Voloruns, 1267, Valovron, 1293, 1327, Volovron, 1346, 1381, Volevron, 1352.
- Voraire à Moudon, voir Verre. /521/
- Vorgneux, colline et bois à Lignières, Neuch., Vaux Regneux en 1702, M. N. XXXV, 26; de vaux, vallée, et un n. pr., probablement Régnault, avec permut. neuchât. o-eu, comme oche-œuche.
- Vorpillay à Cartigny, Genève; du v. fr. vulpil et suffixe collectif ay, de etum, endroit où abondent les renards; plus souvent Vulpilière.
- Vorze, Vaurze, Vourze, Vouerze, Veurze, Vurze, nom patois du saule marceau, Salix Caprea. Littré, Suppl., donne vordre, le wallon dit woisir, osier, et Godefroy a waurisse, noms parents du nôtre. Forme les noms d’un grand nombre de lieux-dits; outre les noms simples ci-dessus, nous avons compté plus de 80 collectifs variant à l’infini avec permutation de voyelles o, ou, oi, eu, u, de consonnes s, z, g et finales ie, y, ey, ay, ier : Vorsiaz ou Vorgeaz, 7, Vursiaz, 4, Vorgier, 4, Vorsier, 5, Voursier, Vionnaz, Vorzier, 4, Vorsiet, Vorzey, Vorsy, 3, Vorsi, Vorzi, 4, Vursy, Vurzy, Vurziers, Veurzy, Voirzy, Voirtzy à Vétroz, Vourgy à Leysin, Vorzairie, loc. et ruisseau à Gland et 2 autres, Vorsellay à Vouvry, Voursellai, 1696, dim. Parfois l’r tombe, de là une série d’autres noms, voir Vosel, Vuge, Vusy, ou permute avec l, ainsi au Vulsy à Forel, une Volselaz à Suchy, 1430 : diminutifs Veurs —, Vurs —, Vors —, Vorz —, Vourzette, endroits humides où ce saule abonde. Les chartes nous donnent encore d’autres formes : la Voirsi à Neyruz et la Vorsi à Cottens-Frib., XIIe s., ou Vursuil à Illens, 1252, M. F. I, au Wersi, Vuersi, Uirsi à Ecuvillens, XIIIe s. En 1158 Barth. de Grandson donne des terres à Romainmôtier, « tam in pratis et pascuis et vorsis, » M. R. III, 476; mot d’origine inconnue.
- Au Vosel, m. et champs à Daillens, au Vozy à Berolle, à la Vauzettaz, loc. à Troistorrents, plans du XVIIIe s., collectifs, avec chute de l’r, de vorze, saule marceau; endroits où abonde cet arbrisseau.
- Vouardaz, loc. à Chalais, ham. à Riddes, Nendaz, vignes à Conthey; Vouardetta (aussi Vuardette), loc. alpes d’Orsières et beau point de vue à Salvan, diminutif; Benevardaz, loc. à Colombey : du v. h. all. warta, signal, voir aussi Garde. /522/
- La Vouasse, alpe d’Entremont, Vouasson, alpe, vallée d’Hérens; Vuasson, loc. à Sorens, Fribourg, et à Montagny; le double ss empêche de le dériver de waso, gazon, à rattacher plutôt à Vuaz.
- Vouis ou Vuis ou Vuisse, ham. de Savièse, Valais, Veiz, 1200, Vois, 1216, Vex de Chadroz, 1432, Vuyt, Vuys, 1446; d’après la forme Vex, de vicus, village.
- La Vounaize, commune, D. Broye, Fribourg, Vounezi, 1325, Vonnaise, 1668, carte v. der Weid, aussi Vonayse, Vounise, d’après le P. Dellion, Dict. VIII, 542, qui traduit vallis laeta ! Vaunaise, loc. à Pompaples; chalets et ruisseau à Montreux; loc. à Aubonne, nom d’une ancienne porte de la ville; Veunèze, lieu-dit à Arveye, alpes d’Ollon; Venèze, ruisseau à Monthey; du patois vouenézi, « vase de marais, sol spongieux, plein d’eau et de mousse, souvent bordé d’aunaies fangeuses; aunaie très humide, sens dérivé du premier » (définition de M. Isabel).
- Le Voune, ruisseau à Yverdon, Ruo davonoz, 1477, le Ruz d’Avonoz, 1508. Ce nom, qu’il faut peut-être lire l’Avoune, rappelle les Avon d’Angleterre, nom celtique; on y retrouve le ona, rivière.
- Vounetz, pâturage et sommet, alpes de Charmey; autre forme de Vounaise, avec suffixe etz, ainsi écrit par l’atlas Siegfried et spécial à Charmey (frontière allemande) où l’on trouve encore Planfretz, Ferredetz.
- Vouvry, Valais, Wouregium, 516 (document douteux), villa Woureia, 921, Vobreium, 1017, Vouverium, 1157, Wuriez, 1220, Wurie, 1241, Wuvrie, 1248, Wuriey, 1250, Vuvrier, 1272, Wuriacum, 1282, Vuvriaco, 1286, ces deux — acum, transcriptions de notaires, etc., Vauvris et Vauvry, plans de 1720, Vauvrier, 1861, Lutz; du v. h. all. waura, bas latin vauria, wurie, etc., champ en friche; voir Wuavre.
Une difficulté : les formes primitives n’ont qu’un w initial; les plus récentes un v médian en plus. C’est sans doute que les mots des chartes Woureia, Wurie ou Vuurie, etc., doivent être lus /523/ Wovreia, Vuvrie et le n. commun waura, vauria, vuavra, vavria.
La carte Rovéréa des 4 Mandements d’Aigle (vers 1750) indique à Bex, au pied de la Tour de Duin, une localité Vauvrise, devenue Vaugrise dans la carte topogr. vaud.
Vouvry a été dérivé de vuivre, serpent fabuleux, et la légende est attestée par les armoiries du bourg, d’après le Cons. suisse, X, 387. - Vria, Monta —, ravin rocheux au Catogne, Valais = montagne renversée, participe passé du verbe patois veri, renverser, tourner. Jadis un riche pâturage, dit la légende, transformé en désert pour punir les bergers de leur orgueil. Praviriaz à Venthône est peut-être formé du même mot veria, qui signifie aussi labouré.
- Vuabley, bois à Oulens, D. Echallens, et à Cheiry, Frib.; Vaubloz, bois à Bussigny, D. Morges, et peut-être le Vaubelay, ruisselet à Boudevilliers; de vouablla, nom patois de la clématite, du latin vitalba (vigne blanche).
- La Vuachère, m. à Monnaz, D. Morges; loc. et ruisseau près Lausanne, Warcheria, 1223, hospitale Walcheri, 1228, Warchiri, 1233, Warchieri, 1238, M. R. VI = (villa) Walcheria, du n. pr. germain latinisé Walcherius, de Walicho et hari, guerrier, fr. Vaucher, Gaucher.
- Vuacon, loc. à Neyruz et Villars-le-Comte; probablement le même que le v. fr. wacon, cailloux, gravois (Godefroy).
- Vuadens, D. Gruyère, Wadingum, 516, Aubert, I, 206, Vuadingis, 930, Vadengis, 1017, M. R. (Vuadengis dans Cibrario), XXII, 215, Wadens, 1145, Vadens, 1247, M. R. XII, Wadin, 1471, M. G. XII, 50, Gadens, XIIe s., Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 151 : permutation w-g régulière dans les noms communs, ici exceptionnelle. De Wad(d)ingis = chez les descendants de Wado, Wato, n. pr. germain avec un ou deux d, t, du v. h. all. watan, aller, latin vadere. Même origine pour un groupe de chalets sur Villeneuve, Vuaden, 1402, Vadens, 1242, 1252, /524/ Waddens, 1276, Cart. Haut-Crêt, M. R. XII, 69, 84, 115. M. Hisely la confondu, M. R. XII, 258, avec le Vuadens fribourgeois.
- Vuaffiaux, marais à Pampigny, prés à l’Isle, sans doute prés humides, où l’eau vient sous le pied; du patois vouaffâ, marcher dans l’eau.
- La Vuagère à Port-Valais et 4 loc., la Vuagière à Colombey, la Vuagire, 6 loc. Vaud et Frib., Vuadires, prés à Ormont-dessus; les Vuadières, pâturage à Estavannens, ès Vuagères, ham. à Châble, D. Broye; la Voigière, prés à Vendlincourt; les Voigières, prés à Orvin, Jura. Le Cart. de Laus., M. R. VI, 112, 50, parle d’une Wageriam apud Warens et p. 502 d’une autre tenue par le mayor de Lutry. M. le prof. Bonnard (in litt.) y voit plutôt « un pré engagé, servant de gage; on trouve gagière en ce sens en ancien français. » La fréquence de ce nom nous fait conserver notre opinion. D’ailleurs notre patois dit gadzi pour gager, le v ne saurait s’être maintenu pour ce sens seulement; du v. h. all. weida, prairie, d’où le v. fr. waidier, paître, vuadis, pré, avec suffixe collectif ère, ière.
- Vuarat, ham. d’Attalens, Frib., Vuarat, 1668, v. der Weid, la Vuarat, m. à Cottens et à Sâles, Frib.; Vuaraz, loc. à Puidoux; peut-être parents du v. fr. warat, fourrage de féveroles, pois, vesces; origine inconnue.
- Vuardaz, crêt avec signal (868 m.), sur Saxon, Valais; du v. h. all. warta, signal, tour de garde, le fr. garde a la même origine.
- Vuarennes, voir Voirannes.
- Vuargne, — oz, — az, Vuarnoz, Vuergnoz, nombreuses loc.; de vuargne, nom romand du sapin blanc, warnio, 1251, M. R. XII, 155; collectifs : Vuargnia à Vionnaz, Vuarnire à Vex, Vuargnay et Vuargny, écart d’Aigle, Vuarner, Vuarnei, Vuarnier, Vuarnie et Vuarney, même charte de 1332, Vuarnier, 1718, Vuargnolet à Vionnaz, diminutif.
- Vuarmarens, D. Glâne, Fribourg, villa Walmarengi, 996, Walmarens, 1334, Varmarans, 1668, v. der Weid = chez les descendants de Wallmâr, n. pr. germain. /525/
- Vuarnerens, loc. près Sugnens, Naz, au moyen âge Warnerens, 1212, 1216, M. R. VI, 143, 148, 168; du n. pr. germain Warner. Warner est en 916 le nom d’une terre donnée à Romainmôtier, dans le territoire d’Orbe. Hidber, I.
- Vuarrengel, ham. de Vuarrens, Warrengel, 1184, 1250, M. R. XII, Warenjel et Warengel, 1236, M. R. VI, 110, ce diminutif a conservé le eng primitif de Waringis. Un Warin est signataire de la charte de donation de Combremont en 881.
- Vuarrens, D. Echallens, Warens, 1147, 1228, 1453, Wareins, 1234, 1238, M. R. VI, M. F. IV, Vuarans, 1668, carte v. der Weid = chez les descendants de Waro, n. pr. germain. Une loc. Varrens à Bex, probablement même origine.
- Vuary, faubourg de Payerne, Warre, 1278, M. R. VI, 310, Warye, 1438; semble se rattacher à la même racine que Vuarat.
- Vuasu, Mont — à Agiez, D. Orbe; de vuas, voir plus bas Vuaz, et suffixe adjectif u, mont herbeux.
- Vuat(t)es, quelquefois Ouates, loc. à Orbe, Crassier, Champmartin, Avenches, et Lentigny, Fribourg; Vattaz à La Rippe; Vuataz à Dompierre-Fribourg, Vuat(t)y, collectif, ham. de Léchelles, Frib., Plan-les-Ouates, Genève, Plan-des-Vuattes, XVIe s., aux Uates, 1700; de vouatte, prairie gazonnée, qui dérive peut-être du gothique wato, eau, d’où wat, gué, aussi terrain bas, herbage, bas latin vadum, allemand watt. Les noms Gwad, Gwatt, Gewad, qui désignent quelques localités de la Suisse allemande (Berne, Zurich) sont le même mot, avec le préfixe collectif ge et s’appliquent à des terrains plus ou moins marécageux.
- Vuavre, Vuavra — az, une 12e de loc. Vaud et Fribourg, aussi moins bien Vuavrat; les Vuavres (ou Voivres) à Palézieux, Weuria vers 1142, prata de Waure vers 1150, M. R. XII; Wavre, commune de Neuchâtel, allodium que vocatur Vafron, 1146, F. B. I, 421, Vavra, 1179, Wavra, 1248, Wawra, 1350, Vuavre, 1373, Vaivres, fermes à Courroux et Crémine, Jura bernois; du v. h. all. waura, bas latin vauria, champ en friche, nom qu’on retrouve dans le Cart. de Haut-Crêt, M. R. XII, avec les variantes wirra, wirres, wuerie, wurie, wuurie, Vaures à /526/ Loveresse, 1267, F. B. II, vouavre, vavre, vivre, s. f., est n. c. dans le Berry, Indre, Cher, Nièvre, pour désigner des lieux incultes, friches. Joubert, II, 427, 429. Toutes les formes modernes montrent qu’à moins de supposer une consonification du u médian, il faut lire toutes les anciennes formes avec un v avant l’r, les Waure de Palézieux, 1150, Vaures de Loveresse sont des Wavre, Vavres.
- Vuaz, le, au —, une 20e de loc. Vaud et Fribourg, en outre de nombreuses variantes : au Voix, prés à Daillens, au Waz à Boussens, Vas à Cuves, ham. de Rossinières, Vaz ou Vas, ham. de Lens, et Vasse ou Wasse à Grimisuat, Valais; diminutifs : Vuassons à Montagny, D. Yverdon, et Vuasset à Préverenges, Vaud, et Hérémence, Valais; composés : au Vuaz Vauchy à Payerne, Vuaz que brit, Dompierre, Fribourg, le Vuaclioux (clos) à Grandvillard, Fribourg. Ce mot vuas, was, Uuas dans les chartes nous paraissait être le nominatif du mot germain waso dont gazon est l’accusatif. Mais M. Bonnard (in litt.) n’y voit « autre que le français gué, au sens de terrain bas, herbage, du germanique wat, de watan, all. moderne waten. » Ce sens convient bien à ces localités qui toutes sont des terrains plus ou moins humides, quelquefois marécageux, seulement le bas latin dit toujours vadum pour gué, tandis que tous les textes anciens que nous avons recueillis ont toujours vuas, was, Uuas. Il faut rattacher à la même racine Vouasse, Vouasson, Valais; voir ces mots.
Nous croyons que c’est à cette racine Vuaz qu’il faut rapporter les deux loc. suivantes, non identifiées jusqu’ici. Dans le vol. XXX des M. R., il est question, p. 207, année 1271, des réparations de la route du Valais sous Vétroz « subtus Vertro in loco qui dicitur Guaces », et en 1291, p. 422, « pro reparacione vie subtus Vertro in loco qui dicitur Veraces. » Du rapprochement de ces deux textes nous concluons d’abord que Guaces = Vuace, suivant la règle que w germanique devient g dur; on trouve Wido-Guido, Wilenus-Guilenus, etc., pour les mêmes personnages; puis que Veraces, qui désigne en toute évidence le même lieu, est une fausse lecture pour Vuaces ou Wasse. On sait que sous Vétroz la route traverse le haut des « Prés pourris », vaste marais qu’on dessèche en ce moment. Ce nom Vuaces ou Guaces a disparu à Vétroz /527/ et toutes nos recherches à Vétroz et à Sion ont été infructueuses. La localité où la route traverse la partie supérieure des Praz pourris s’appelle aujourd’hui « les Evêquesses », soit les terres de l’Evêque. Ce nom est significatif. Il est probable qu’à la suite des conventions conclues au XIIIe s. entre les marchands milanais et l’évêque de Sion, celui-ci est devenu possesseur des terrains que traversait la section de route qu’il s’agissait d’améliorer. - Vucherens, D. Moudon, Wisserens, 1215, Wicherens, 1364, Matile, Will. Wicherens, XIIIe s., Cart. Month., 60, les F. B. II, 129, 343, nomment un Will. de Wisserens, 1233, et Will. Wichereins, 1251 = chez les descendants de Wisshari, n. pr. germain; de wiso, chef, ou wîs, sage, et hari, guerrier. Förstm. Une forme de 1319 donne Woucherens, elle se rapporte peut-être à une autre localité; ce nom paraît formé de Walicho et hari, contracté Walcher, en français Vaucher ou Gaucher.
Le Livre des Donations d’Hauterive, Arch. Fr. VI, 25, 26 passim, fait souvent mention d’un Wisserens, Wiserens, Guissirens. Pour Hidber, Urk. II, 197, il s’agirait d’un village détruit près Marly. M. Gremaud, ibid., p. 168, en fait également une localité du territoire de Marly. En effet, le P. Dellion (Dict. VIII, 315) nous apprend qu’un petit ruisseau aux environs de Marly s’appelle Vuicherens. - Vuettes, voir Voëttes.
- Vuey, ham. de Treyvaux, pâturage à Lessoc, Gruyère, Vuey, 1396, M. R. XXII, 528, Vueiz, 1456, Vuye, 1546, probablement le même que Voëx et Voy (pron. Vo-ï); voir Voëtes.
- Vufflens, D. Morges, Wuolflinges, 1011, Wolflens, 1096, 1108, Vorflens, Volflens, 1142, Cart. Month., 5, 8, Wuolflens, 1175, Vorflens, 1216, M. R. VI, 260, Wulflens, Woflens, 1228, Wfleins, 1238, M. R., Wfleyns, 1282, Würstbg., et — la-Ville, D. Cossonay, Vuolflinges, 1002, ville de Vulflens, 1154, Wofflens li vila, 1228, Wlflens la vila, 1233, M. R. VI = chez les descendants de Wulfilo, n. pr. germain; de la racine Wulf, le loup; connu dans le pays : un Wulfino, évêque de Sion au Xe s. Le Villare Wolferii, 1094, Hidber, II = Villare Wolferio vers 1200, M. R. III, 579, est probablement Vufflens-la-Ville.
- Vugelles, D, Yverdon, Vouzela, 1228, Wouzala, 1260, /528/ Vougala, 1370, Chambrier, 591, Vougella, 1403, M. R. XIV, Vougellaz, 1453. Vouzela, Vougella nous paraissent être des diminutifs de vouze, vouge, autres formes de vorze, vourze, nom patois du saule marceau dont les variantes sont extrêmement nombreuses; voir Vorze, Vosel, Vuse et Vugy. D’un autre côté Vauzelle, s. f., est dans le centre de la France le nom de la Viorne obier et a donné son nom à trois localités de la Nièvre et de l’Indre. Ce nom aurait-il existé chez nous ? Nous penchons pour la première étymologie.
- Vugy, loc. à Corcelles-Grandson; autre forme de Vurzy, avec chute de r et permutation z-g, endroit où abondent la vurze ou vorze, nom patois du saule marceau; voir Vorze.
- Vuibroye, D. Oron, Wibra, 516, Walbroia, Valbroia, Vaubroia, etc., au XIIe s., M. R. XII, Walbroie, 1213, M. R. VI, Wobrui, 1273. Les formes du XIIe et du XIIIe s. indiquent vallis Broiae, Val (de la) Broye; Lutz, se fondant sur celle de 516, traduit par Vicus Broiae, « forme bien singulière, remarque M. Bonnard (in litt.), car l’accent ne peut porter sur l’a »; au reste cette forme vient d’un document douteux. Voyez article Conthey. Origine indécise.
- Vuidèche, Vanil et pâturage, Gruyère; peut-être de vuide, au sens de inculte, désert, et suff. augm. èche, rare, mais connu : flammèche, chevêche.
- Vuillebrandaz, forêt et m. à Bursins, D. Rolle; de Vuille, n. pr. (du germain Willi) et de brande, s. f., bruyère, lieu inculte = la brande de Vuille.
- Vuillonnex, ham. de Berney, Genève, Willonai, 1113, M. G. IV, 12, Viloneracum (barbarisme !), XIIe s., M. R. XII, 72, Veillenay, 1264, Villionay, 1289, Vuillonnay, 1303, Wullenay, 1306, Vulyonay, Vilionacum, Vulliniacum, Avulunay, XIVe s., M. G. XXI, 128, 198, etc. = (fundum) Willonacum, domaine de Willonus, latinisation du n. pr. germain Willo.
- Vuilly, voir Vully.
- Vuipaz, Praz à la — à Semsales; Vuipay, 2 chalets, alpes de Châtel-Saint-Denis; peut-être du patois vuipa, la guêpe, latin vespa. Vuipay, endroit où elles abondent. /529/
- Vuippens, Gruyère, Wipedingus, 855 (non 851 : 1re ann. de Louis II), M. R. VI, 203, Wippens, 1228, Wippiggin, 1245, F. B. II, Wipens, 1266, Wippingen, 1255, Wippeins, 1378, Rec. dipl. IV, 137, Vuipens, 1668, v. der Weid, etc. = chez les descendants de Witpot, n. pr. germain.
- Vuissens, D. Broye, Fribourg, Guicens, XIIe s., Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Vicens, XIIIe s., Vuicens, 1403, Wicens, 1453, Wissens, 1464, Vuycens, 1668, v. der Weid; 2o maison près Motiers-Travers, = chez les descendants de Wisso, n. pr. germain. Förstemann ne le donne pas, mais il a le collectif Wissing.
- Vuisternens-devant-Romont, Winterningis, 929, Wisternegus, XIIe s., Cart. Haut-Crêt, Wistarnens, 1198, 1228, Wisternens, 1453; — en Ogoz, Wistarneins, 1142, M. F. II, Wisternens, 1162, 66, M. R. XXII, Wistarnens, 1177, Guisternens vers 1170, Wisternans, 1223, Donat. Haut., Arch. Fr. VI, Vuisternens, 1668, v. der Weid, en all. Winterlingen. Au XIIe s. il y avait un alleu de Wisterlin(s) ou Guisterlin dans la commune de Lussy, Frib., Arch. Fr. VI passim = chez les descendants de Winistaril (ou rin), n. pr. germain (Stadelmann).
Cette étymologie, mise en doute par le continuateur du P. Dellion, est la seule qui puisse s’appliquer aux formes primitives du nom, condition que ne remplissent aucunement les diverses explications proposées par cet auteur. - Vuitebœuf, D. Orbe, ou Vuittebœuf, Lutz, Vaitibo, 1023, 1300, M. R. V, 238, Voytibau, 1336, Matile, Vuitebo, 1403, M. R. XIV, Vuetibouf, 1446, Vitebœuf, 1668, v. der Weid.
- Aux Vuittes, m. à l’Etivaz; voir Voëtes.
- Vuivra, Roche de la — à Saint-Sulpice, Neuchâtel, Wivre, 1372, Matile; du nom d’un serpent fabuleux ou dragon qui y habitait suivant la légende, Etr. Neuch. II, 65, Boyve, Annales, I, 363; v. fr. wivre, voivre, guivre, Berry, et bourg. vouivre, patois vuivra, du latin vipera, vipère. Un passage de la Guivre, à la descente des cols du Genévrier et du Grenairon (alpes de Finhaut) sur les Fonds, doit sans doute son nom à quelque légende analogue. /530/
- Vulliens (ou Vuillens), D. Oron, Wilens, 1142, Cart. Month., Willegns vers 1160, M. R. XII, 155, Villeins, 1184, Wulens, XIIe s., Vulleins, 1220, Willens, 1154, 1181, 1228, Joh. de Willayns, 1264, Würstbg., Vylliens et Wyliens, 1331, M. R. VII, 102, 103, Williens ou Vuilliens, XIVe s., etc. = chez les descendants de Willi ou Willo, n. pr. germain; de la racine vilja, volonté. Förstem., 1302.
- Vullierens (ou Vuillerens), D. Morges, Wilerens, 1049, Willerens, 1221, 1228, Willereins vers 1250, Wulierens, 1263, Willierens, 1345; un autre, ham. de Bonvillars, D. Grandson = chez les descendants de Willihari (de Willi et hari, guerrier), n. pr. connu chez nous : un Williharius (Villicaire), évêque de Sion, 765, Willerius, témoin en 965 d’une donation à Renens et en 974 donation de Chevressy, M. R. VI, 131, etc.
- Vully ou Vuilly, contrée, Vaud et Fribourg, all. Wistenlach, pagus Wisliacensis, 961, M. R. VI, comitatu vuisliacense, 1011, M. R. III, 428, Williex, 1192, M. G. IV, 14, Willie, 1228, M. R. VI, 14, P. de Wistillacho, 1266, hom. de Villiaco, F. B. II, Williey, 1330, M. F. IV, 82, Vuillie, 1334, Wuilliacum, 1453. etc. = domaine de Vistilius, gentilice romain. Tacite a le fém. Vistilia (Stadelmann). La Vaux Vully, m. à Orbe (aussi Vauvully), la Mollie Vully à Corcelles-le-Jorat ont peut-être la même origine.
- Vulpil(l)ière, ham. de Puidoux et 7 autres loc. Vaud et Fribourg, Vulpilieri à Lussy, 1147, Vurpillière, Bottens, Cugy; Vuarpilière à Sion, Wirpilliery, 1332, Walpilliery, 1453, Vuarpilière, Massongex, Nyon; Valpillère, champs à Orsières, Verpil(l)ière, ham. de Lussy, Frib., de Choulex, Genève, loc. à Fully, etc.; du v. fr. vulpil, renard, et suffixe collectif ière = endroit où abondent les renards.
- Vurpes, Planches —, bois à Remaufens, Frib. = planches (des) vurpes; v. fr. vulpe, volpe, renard, planches des renards.
- La Vuse, m. à Prévondavaux, D. Broye; autre forme de vurze, vorze, saule marceau, avec chute de l’r; collectifs : au Vulsy, m. à Forel et ham. à Mézières, Fribourg, permutation r-l; ès Vusils, m. à Molondin, au Vusy ou Vuzy à Chesalles sur Moudon, /531/ Villars-le-Grand; m. à Servion; ès Vusys à Bioley-Magnoud, Arconciel, au Vursil, 1644, et à Rossens et Posât, D. Sarine; le Cerneux ès Veusils, écart de Muriaux, Jura bernois = le clos aux vurzes.
- La Vusery ou Vuzéry, bois à Thierrens; de vuse, saule et suffixe collectif ery = ière, voir aussi Vorze.
- Vussie, ham. à Mézières près Romont, et Grand Vussy, ham. à Rossens, D. Sarine, avec le double s, paraissent avoir une autre origine que les précédents et pourraient dériver d’un nom propre. Il faudrait des formes anciennes pour se prononcer.
- Wavre, Neuchâtel, voir Vuavre.
- Y
- Yens, D. Morges, Hiens, 1059, Hyens, 1223, Iens, 1228, Yens, 1232, Hyenz, 1234, Hyens, 1263, Würstbg., correspondants de l’all. Ichingen = chez les descendants de Icco, n. pr. germain (variantes Icho, Iko, Igo). Förstem., 770.
- In Ygouasse, prés à Grimentz, D. Sierre; de in, en, yg — aigue, eau, et suffixe augm. asse : localité aux eaux abondantes, au sol imbibé d’eau.
- Yonnet, Pré —, loc. à Aigle; de pré et patois yonnet ou vionnet, sentier, — apocope du v assez fréquente dans les patois, — pré du sentier.
- Youkre, Praz au —, à Provence, forme demi francisée de Pré au, du Junker (au Chevalier), ancienne qualification des familles patriciennes bernoises.
- Ypresse, Yprès, Lutz, Valais, fausse orthographe = y soit ès Presses.
- Yverdon, Eburodunum, Ebrodunum à l’époque romaine, in pago everdunense, 971, M. R. VI, lacus Euerdunensis, 998, Matile, Everdun, 1228, Yverdunum, 1340. Plusieurs étymologies : 1o D’après Loys de Bochat, de Aber-dun, colline sur la rivière; 2o D’après Lutz, le Dict. hist. Vaud. et Crottet, Histoire d’Yverdon, colline, fort du Buron; 3o D’après d’Arbois de Jubainville, la forteresse d’Eburos, n. pr. gaulois, connu par 6 inscriptions; 4o D’après Studer, du celte eburo, sorbier (ou if) et dun, colline /532/ = colline des sorbiers. Nous écartons la 4e, le sorbier étant rare ou inconnu dans ces régions inférieures et Yverdon n’ayant pas de colline; la 1re, parce qu’elle ne concorde pas avec les formes primitives; enfin la 2e qui ne justifie pas le e initial et qui nous donne un mot hybride formé d’un élément germain bûr, maison, et d’un celtique dunum; nous adoptons la 3e, forteresse d’Eburos, qui explique le é initial, ce qui la rend la plus plausible, et qui s’applique à tous les composés. Ce nom propre Eburos se retrouve en effet dans de nombreux composés : Eburodunum (Embrun), Ebrovicum pour Eburovicum (Evreux), Evrogilum, primitivement Eburogilum, Ebreuil, Allier; Eburobrica, Gaule lyonnaise, Eborolacum, Aquitaine, noms cités par Diefenbach.
- Yvonand, D. Yverdon, Evonant, 1009, 1011, Matile, 1142, 1177, etc., Ivonant, 1100 et 1403, M. R. I, 165 et XIV, 374, P. de Evonant, 1215, M. R. VI, 147, R. de Vonant, XIIe s., M. R. XII, Eyvonant, 1437, Yvonant, 1453, 1538. D’après Gatschet, de eve et de nant, l’eau du ruisseau ou le ruisseau d’eau : nom bien étrange et étymologie à rejeter. Vient d’un n. pr. germain Evo, racine ewa, du v. h. all. ewa, temps, et de nant, ruisseau = le ruisseau, le nant d’Evo. Förstem., 398.
- Yvorne, D. Aigle, Evurnum in pago capitis laci, 1020, Yvorna, 1332, extentes de Chillon, Yvorna, Yvornia, M. R., 2e s., II, Yvornaz, 1588, chartes d’Aigle. D’après Lutz et Studer, endroit où les troupeaux hivernent, mais l’ancienne forme s’y oppose. Vient plutôt du celtique eburos, if, sorbier, irlandais ibur, if, breton evor, bourdaine. Comme le latin ebur, ivoire, a fait l’adj. eburnus, d’ivoire, le subst. eburos a pu donner naissance à un adjectif analogue (vicum) eburnum, village de l’if, des ifs (ou des sorbiers); l’if est commun dans les forêts du voisinage. Gysi, Indic. hist. suisse, 1885 (et Holder d’après lui) fait d’Yvorne l’Ebodouron de Ptolémée.
- Z
- Z en Valais, — comme dans la vallée d’Aoste, — remplace ch (prononcé ts) et j (pr. dz, z) des autres régions romandes, on trouvera donc ces mots étudiés avec les formes en ch-j. /533/
- Za-de-Zan(ts), Zardezan ou Cia de Cian, orth. italienne, glacier au pied N. de la Dent d’Hérens = Chaux de Champ.
- Zâ, Zô, nombreux pâturages en Valais, alpes d’Ardon, de Conthey, d’Hérens, etc., correspondants des Chaux des Alpes et du Jura.
- Zablire, Zablo, Zablotet = Chablière, Châble.
- Zablounou, mayen, Saint-Martin d’Hérens = Châble neuf.
- Zabona, alpes de Lens = bonne chaux, bon pâturage.
- Zallain, Zallan, voir Challant.
- Zalazou, pâturage sur Conthey. Za = Châ ou Chaux, Zou = Joux : donc Chaux, pâturage de la joux, de la forêt.
- Zamarey, voir Chamarey.
- Zammaya, loc. à Conthey : Zan, champ, maya, meule de foin = champ des meules.
- Zampetroz, lieu-dit à Fang, Saint-Luc, autre à Randogne, Valais = champêtre.
- Zampex(é, ey, y, i), nombr. loc. en Valais = Champey; Zampelet, Savièse, Zampon, Ayent, Conthey, Zampillon à Savièse, diminutifs.
- Zamporchan, prés à Savièse = champs des porcs.
- Zanchouvaye, loc. à Savièse; z = ch, ch = s : champ-sous-voie.
- Zandimo, champs à Conthey = champ (du) dîmo, s. m. = dîme, champ de la dîme.
- Zandogney, loc. à Conthey; probablement un dérivé du v. fr. dongne, dogne, seigneur, du latin dominus, champ du seigneur.
- Zanfleurier, prés à Chalais, Zanfleuris à Mage = champs fleuris. Voir aussi Sanfleuron.
- Zanlong à Conthey = Champ long; Zans longs, alpe de Fully.
- Zanoz ou Zannoz, Conthey = Chanoz, chêne; Zanioz, Grimisuat, Zenaie ou Zenée, Lens = chênaie.
- Zanpedon, prés à Conthey; d = ll mouillé, donc = Champillon, petit champ.
- Zanperron à Conthey = champ perron, de petronem, pierreux.
- Zanreza à Conthey = champ richard.
- Zantemerle à Granges et ailleurs = Chantemerle. /534/
- Zanzafrey aux Agettes, Valais = Champ de Chafrey, n. pr. : la famille de Chafrey est connue, il y en a à Aigle.
- Zanzellan, vignes à Conthey = Champ-chillan, champ où abondent les chilles, les pierres brisées; voir Chille.
- Zapal(l)az à Conthey = Sapala, petit sapin.
- Zardonec ou Zardonnet, Vercorin; de cardonetum, lieu où abondent les chardons.
- Zarmant, Plan —, sur le plateau du Sanetsch = plan charmant.
- Zarmine, alpe val d’Arolla, Hérens = charmine, de calma, et suffixe dim. ine : petit pâturage.
- Zappuisaz, loc. à Miège; propriété d’un Chappuis ou charpentier, comme les Chappuises, vallon de Nant sur Bex. (Note de M. Isabel.)
- Zararogne, voir Rarogne.
- Zarrire à Saint-Luc, Grimentz; Zerreyre(aire) à Conthey = charrière.
- Zarvaz, Crettaz —, à Chamoson; de calvus, crête chauve, nue.
- Zarvettaz ou Zervettaz à Sierre, dim. du précédent; voir Charvaz, Chervettaz.
- Zaté, alpe d’Evolène, Chastel, XIIIe s., et Zaté, loc. à Lens = château.
- Zatelet-Praz, alpe d’Anniviers = Châtelet-Pré, soit Pré du Châtelet.
- Zatonnires à Vex, es Chatoneres, 1255 = aux Châtaigneraies.
- Zaudery, 2 pâturages, vallée d’Hérémence (y atone) = Chaudière, à cause de leur position enfoncée entre de hauts rochers.
- Zavanne, loc. à Chamoson, Lens = Chavannes.
- Zéjo, loc. à Arbaz, Valais = chesal, chesaux, tsèjô en patois valaisan (interprétation de M. Isabel).
- Zenal ou Zinal et Tzinal, chalets dans une combe sur Conthey, Canali et laz Chinal, 1304, Chinals, 1417, Zéna à Ormona de Savièse, Zenat à Chandolin d’Anniviers, Zenaz, torrent, vallée d’Hérens, Zina à Granges, Venthône, Ziné à Saint-Martin, et les diminutifs Zenali, loc. au Sanetsch, Zenalettes, Valais, et /535/ La Roche et Treyvaux, Fribourg; les mêmes que le vaudois chenau, du latin canalem, au sens de vallée étroite, en couloir.
- Zenauva ou Chenauvaz, D. Sarine, Fribourg, Chinauva, 1217, Arch. Fr. VI, Chienova, 1228, 1282, Chinowa, 1393, Zinowa, 1445, Schönauwo, 1644, Chenouvaz, 1861, Lutz, etc. D’après J. Dey, M. F. « jadis Schönau, avant que la langue allemande qu’on y parlait autrefois en eût disparu. » Mais les formes du XIIIe s. infirment cette explication. D’abord Zenauwa a été romand dès l’origine. Dey a été sans doute induit en erreur, comme le remarque Zimmerli, par la forme allemande Schönauw de 1644 qui n’est qu’une fausse interprétation du nom romand. La vraie étymologie est celle que donne M. Stadelmann (op. cit., p. 133), de Ca(sa) nova, maison neuve, qui a donné Chiez, Chienova. « Dans les Font. rer. Bern. il est fait mention sous les dates 993-996 d’un Casa nova qu’on n’a pas localisé et qui pourrait être identique à notre Zenauva. » Le P. Dellion, Dict. IX, 181, rapporte par une erreur singulière à Zenauva le nom de Tissiuiva, 1200, qui concerne un des pâturages de ce nom, alpes de Charmey.
- Zendra, Zandro ou Zandra, loc. à Conthey, au confluent de la Morge et de l’Eau de la Lex (faussement appelée Nettage par l’atlas Siegfried), Zandre à Erdes de Conthey, autre à Varone. Paraît d’abord se rapprocher de chantre ou chentre, terrain en bordure, d’un chemin, d’une rivière, ce qui est bien le cas par exemple du premier. Mais en Valais ce mot devient généralement zintre. Zandra aurait-il une parenté avec le romanche zondra = broussailles de conifères, de pins nains ?
- Y Zeneilles, Combe d’ — à Savièse, Valais = combe des gélines, des poules, patois dzenelhe, du latin gallina, avec métathèse l-n.
- Zeneppi ou Dzenepi, sommet près du glacier du Trient; de génépi, nom romand de l’Armoise Mutelline, fréquente dans ces rochers.
- Zenevriller et Zenevrille (aussi Zenouvrille), loc. à Savièse = Genévrier, Genévrie.
- Zeppes, les — ou Tseppes, loc. alpes de Trient, Zeppi à Bagnes, /536/ collectif, Zeppelet, chalets à Bagnes, et Tseppelets, mayens à Salvan, diminutifs; correspondants du v. fr. sepe, branche, souche, du latin cippus. Cette racine se retrouve en romanche, tschep, tscheppa, morceau de tronc, souche; de là le Tschepp, sommet frontière entre Grisons et Saint-Gall, la Tscheppa, sommet dans l’Oberhalbstein, etc.
- Les Zerbazières, fausse orth. de l’atlas Siegfried pour les Herbagères, pâturage sous le col de Balme, Valais.
- Zerdil ou Zerdy(dz), plus. loc. en Valais, forme valaisanne de Jordil, jardin, voir ce mot.
- Zériet(dz), alpe d’Ayent, alpe de Jargez, 1228, puis Jérié; Zérier à Isérable, Zériet ou Cherier sur Vétroz, un Jerys à Colombey; probablement dérivés de jeur, forêt; voir Gérit.
- Zermiau, m. à Bossonens, Frib. = charmeur, rempart de terre, mur de soutènement; voir Tsermu.
- Zermillon, plus. loc. en Valais; voir Charmille.
- Zerney, pâturage sur Conthey, montem de Sernyz, 1304, Sernix, 1440, un autre à Veyras, Zerni à Venthône = Cerney, Cernil; voir Cergnat.
- Zerreire (Zerraire) à Conthey et ailleurs = charrière.
- Zervettaz, loc. à Vionnaz, Chervetes, 1775 = petite forêt; voir Chervettes.
- Zesse, gazons rapides sous la Pointe d’Aufallaz, alpes de Leytron; une des sources de la Raspille; dérivés du verbe patois tsesi, tomber; gazons, rivière qui tombent, se précipitent.
- Zessetta(z) ou Tzessetta, petit pâturage escarpé et glacier au fond de la vallée de Bagnes, même racine avec suffixe dim. ette : petite alpe qui semble prête à tomber des sommets; de même, probablement, la Tzissettaz, chalet, alpe de Liddes.
- Zevédi, chalet au col de Cheville, atlas Siegfried; prononciation contheysanne de Cheville, permutation ch-z (ts) et ll-d.
- Zeur, Zour, nombr. loc. = jeur, jour, soit joux, forêt. Plenazeur, mayens à Bagnes, entourés de forêts = Pleine-joux.
- Y Zévouettes à Levron de Vollège, Valais = ès Evouettes, aux petites sources. /537/
- Zeytettaz, pâturage à Vex = Gitette, petite Gîte.
- Ziettes à Ayent et à Saint-Jean, Zites (ou Zite ou Ziettes), pâturage à Chalais = Gîte.
- Zigeroula, petite alpe sur Chippis = Chiseroulaz, le petit chalet, diminutif de Chesières; du bas latin casaria et suffixe dim. ola, ula. Chesière en Valais est n. commun au XIVe s. pour désigner un chalet de pâturage. Le plus souvent on trouve j devenu z et non j pour z. Mais si une première syllabe a z, la seconde remplace z par j, ainsi ys Izière sur Ardon est devenu Izigières.
- Zillon, loc. à Lens, et Zilong à Arbaz; voir Chillon.
- Zinal, ham. de mayens, val d’Anniviers; voir Zenal.
- Zinareffien, au fond du vallon d’Arolla, vallée d’Hérens, arête de rochers profondément sillonnés, en partie glaciaires. Renferme d’abord zina, chenal, couloir — voir zenal — quant à refien, M. Isabel nous signale le patois rèfiƏ (e retourné = e sourd : le, je) ou rèfiā : de fi rèjiƏ, du fil retors, très fort, résistant. Ce seraient alors des couloirs tortueux, d’un difficile accès.
- Zintre, s, plusieurs lieux-dits = Chentres.
- Ziroug, mayens près Zinal = mayens de Giroud, n. pr.; pour le g final, adjonction spéciale à la vallée, voir Biolec.
- Ziserache, mayen à Saint-Martin d’Hérens, ou Ciserache; de chesière, avec suffixe dépréciatif ache.
- Zita(z), pr. Dz, forme patoise de Gitaz ou Giète; voir ce dernier.
- Zo en Zon et En Zon, 2 pâturages très élevés sur des croupes des alpes d’Ardon; pointes de Proz-Zon, alpes du Trient; zon = v. fr. som, sommet, donc Chaux-en Som, en Som, Pré (du) Som, Chaux, Pré du sommet.
- Au Zoc, loc. à Grône, Chandolin = au Choc, comme le moulin du Choc à Cossonay; Zoche ou Zoché (pr. Tsóchè, ou encore Jossé, carte Dufour), loc. au sommet du monticule qui s’élève au N. du Sépey, Ormont-dessous; probablement les uns et les autres dérivés du latin soccus, qui a donné le français souche, soc et socque, en patois choka, soulier de bois; pour le surplus, voyez Suche. /538/
- Les Zons(dz), prés à Conthey = les Joncs; ès Zonnaires à Colombey; voir Jonchères.
- Zorettaz, plus. loc. en Valais; pâturage à Cerniat, Gruyère= jorette, petite joux.
- La Zorzière, fausse orth. de l’atlas Siegfried, à Saint-Jean d’Anniviers; y Zorzières à Randogne = ys, Orzières, soit aux Orgières, champs d’orge.
- Aux, y Zoucles à Champsec de Bagnes; d’après M. Isabel (in litt.), pour ys-Oucles, comme l’Oucle à Panex; autre forme de ouche.
- Zoumaz à Ayent; autre orth. de Tsouma.
- Y Zousses, loc. à Lens, pour ys Ousses = ès Ouches ou Oches.
- Zoza, Praz — à Hérémence, correspondant de Chauchai, Chauchey.
- Zozane, pâturage et lac au col de Torrent, vall. d’Hérens; probablement tsô-sane, chaux saine, bon pâturage.
- Zuchuat(ts), territoire à Granois de Savièse, Valais. M. le prof. E. Muret, qui nous a indiqué ce lieu-dit, l’identifie très heureusement avec une localité indéterminée jusqu’ici du territoire de Savièse, souvent nommée dans les chartes du XIIIe s., Cosuech et Chosuech, Chosua, Choussuel, 1250, Clausua, 1260, Chousuehc, 1267, M. R. XXIX et XXX. Ce village aurait été détruit, d’après R. Ritz, en même temps qu’un autre village de Savièse, Malerna, 1100, Malterna, 1260, par les Savoyards en 1475. Le souvenir en est resté dans le n. de famille Zuchuat, famille bourgeoise de Savièse. Zuchuat a été incendié avec Malerna par l’armée savoyarde le 10 nov. 1475, trois jours avant la bataille de la Planta. Les villages actuels de la commune de Savièse n’existaient pas encore. Malerna était au-dessus de Granois, au pied du château de la Soie; Zuchuat un peu plus bas que Saint-Germain.
/539/
ADDITIONS ET CORRECTIONS
- NB: Les simples corrections (errata) contenues dans les pages 539 à 548 ci-après ont été intégrées au texte principal ci-dessus, et ne figurent pas ici.
De même, les nombreuses corrections relatives à cet ouvrage, parues ultérieurement dans le Tome IX des MDR, ont été reportées dans le texte principal. - L’Allegretz, dessus et dessous, alpes de Charmey, Gruyère; rien de commun avec allégresse. Si l’on rapproche ce nom de celui de ès Egretzes, autre pâturage de Charmey, appelé par d’autres cartes ès Egras, on voit que l’Allegretz est une fausse transcription de à l’Egretz ou à l’Egras, soit aux degrés, à l’escalier, patois égras.
- Aux Arenas à Baulmes; voir Arenaz.
- A l’Argileuse à Baulmes, sous-entendu terre, terrain argileux, comme les nombreux Arzilier.
- Arnayaz, loc. à Grône, Valais; probablement avec apocope d’un v initial, assez fréquente dans la contrée, et permutation e-a, pour Vernayaz, taillis de vernes; voir Ernayaz.
- L’Avary, chalets près Praz de Fort, atlas Siegfried, édition 1901, Lavarit, édition de 1891, l’une et l’autre sans doute de fausses orthographes pour la Vare; non loin de là, au S. E., se trouve le sommet appelé Tête de Vari, 1891, et Tête de Vare, 1901; voir la Varaz.
- La Bérallaz, ham. du Jorat de Lausanne; de beralla, un des noms patois de la bruyère commune, Calluna vulgaris, endroit où cette plante abonde.
- Berneuse, pâturage à Leysin, et Barneuse, alpe d’Ayer; permutation e-a, que nous rattachions p. 25 au celtique bern, monceau, fourré, nous paraissent aujourd’hui plutôt un adj. berneux, se, par métathèse du v. fr. breneux, boueux, fangeux. Dans l’Orne, France, on dit de même bernous, boueux, bernousi, sali, souillé par des excréments.
- Le Bibrelèque, loc. au revers de Rougemont; nom purement germain, Biberlegg, comme Biberegg, canton de Schwytz, de biber, dim. biberli, castor, v. fr. bièvre, et egg, coin, quartier, coin des bièvres, des castors. /540/
- En Bochaton, plus. loc.; dim. de bochat, petit bois.
- Boëllaire, loc. des Alpes de Bex, au col des Essets, entre la Varaz et Anzeinde, aussi Bouel(l)aire. Ainsi nommé d’après la légende (voir J. Olivier, C. de Vaud, 2, LXXI, et A. Ceresole, Légendes des Alpes) de bouel, entrailles, et de bouailâ, pousser des cris d’effroi et de douleur, à la suite d’un combat sanglant entre pâtres valaisans et vaudois. Peut-être simplement à cause du défilé comparé à un boyau, comme la rue étroite et tortueuse de la Tour de Boël à Genève; du v. fr. boël, bouel, de botellus, boyau, au sens de rue étroite. Littré en a plusieurs exemples à boyau, Dict. et Suppl.
- Boene. Boënne est encore employé indifféremment avec borne dans les « Loix du Pays de Vaud », Berne, 1724.
- Bonmont. A propos de ce que nous disions de l’ancienne prononciation, citons : « Bonmont, ou comme l’on prononce ordinairement, Beaumont, 1778, Délices de la Suisse, I, 366; » en 1794, Struve, Itin., écrit Beaumont, et ailleurs, « Bonmont que l’on prononce ordinairement Beaumont, » p. 62; Costa de Beauregard dit de même en 1816.
- Bouattaz, Tête de la —, sommité aux Plans, alpes de Bex; le Tsené (chenal) de la Boatte, couloir rocheux, alpes d’Ardon; du patois bouatta, caverne, antre (Bridel), autre forme de boîte, du bas latin buxidam, du latin pyxidem.
- Brache, m. à Crissier, Brachet, loc. à Penthalaz, aux Brachères, m. et vignes à Lavigny, Braccon, m. à Echallens; serait-il possible de rattacher cette famille à l’all. brache, jachère, friche ?
- Aux Brenlettes, loc. à Baulmes; voir Branlettes.
- La Brévine, com. et vallon C. de Neuchâtel, fausse orth. pour l’Abrevine, en patois l’abrevna, de * ad biberina, fontaine pour abreuver, d’après L. Gauchat (Bull. gloss. des patois romands, 1905, p. 6).
- Buitona, ham. de Fully, Valais; de buit, autre forme de boët, petit bois, et suffixe dim. on, fém. ona.
- Chaufferossaz, noms de quelques fermes à l’O du lac de Bret, territoires de Puidoux et de Forel, dont l’une fut la propriété du /541/ major Davel. Les anciens documents montrent une autre orthographe. « Dans les manuaux XVIe siècle, on lit Chausserosse : dans les plans de Graffenried 1710, on lit Chausserossaz » nous écrit obligeamment M. H. Voruz, inst. qui ajoute : « comme dépouillement des archives — j’en suis à 1630 — je ne crois pas avoir vu encore Chauffe. » D’après cette forme ancienne, on aurait ici la permutation s-f comme dans l’Essert, le Fer. chaufferossaz, 1736, Répertoire d’anciens plans de Villette. Quant à Chausserossaz, il paraît composé de Rossaz, Rosse, du latin russus roux, allusion sans doute au terrain plus ou moins roussâtre — ou jaunâtre, c’est suffisant pour une telle désignation — et chausse de la racine calciare, fouler, qui a donné les nombreux Chaussia, voir Chauchey.
- Chaux. L’article de M. le prof. Gauchat sur le mot Chaux dans le Bulletin du glossaire des patois de la Suisse romande, 1906, p. 1-15, où il est question à plusieurs reprises de nos modestes articles (Gazette de Lausanne, juin 1901, et dans ce volume), nous suggère quelques brèves observations.
1o D’abord le mot chaux ne s’est pas conservé seulement dans la Gruyère comme appellatif et quelques localités des Alpes vaudoises, il l’est encore ailleurs et l’on entend assez souvent dans les alpes d’Aigle, d’Ollon, de Bex et en Bas-Valais, dire que le bétail est sur les chaux.
2o Le mot provençal caume, caumo, s. m., le vaudois chaumaz que M. Gauchat rattache à Chaux (p. 11) nous paraissent appartenir à une famille différente, celle de chômer; voir Tsouma, p. 480.
3o Outre les formes citées dans l’article Chaux, p. 80, nous avons encore rencontré la forme calmes, f. s., ab aquilone terminus est calmes rotunda, Cart. Oujon, p. 2 et 5, et calmas au plur., calmas de Ambrunex, 1380 (nous n’avons malheureusement pas noté le volume).
4o Il nous semble qu’il n’y a pas de doute que les Charmet ne soient de la même famille, permutation l-r. Charmey de Gruyère s’appelait Chalmeis, 1202, 1228, M. R. VI, et Charmey du D. du Lac Chalmitis, 1242. Fontes Rer. Bern. II, Charmoille, /542/ Jura bernois, all. Kalmis, Calmillis, 1136, Calmilis, 1139, Chalmillis, 1145. - Chézerond, pr. Chétseron, forêt sur Lens, — coteau très sec, — forme valaisanne de Sécheron; permutation s-ch et ch-ts.
- La Cibe, loc. à Vionnaz, endroit où l’on s’exerce au tir; de l’all. scheibe, vaudois cibe, plus correct que cible.
- Le Cœur, passage entre l’alpe de la Za et Zo-en-Zon, alpes d’Ardon, et Plan Cœur, petite plaine au col du Sanetsch = plan (du) col; voir Cœur.
- En Corba Rua à Baulmes, à peu près synonyme de Corbaraye; de corba et du bas latin ruga, rua, ride, sillon; terrain où les sillons font des lignes ondulées; voir Corbaz et Roua.
- En Cornalettes, plus. lieux-dits; double dim. de Cornaz.
- La Croix y Proz, lieu-dit à Vionnaz, Valais, corruption de es Crouyoz Proz, cadastre de 1775; crouïo, mauvais, du latin crudelis, et proz, pré = aux mauvais prés.
- En Cudeaux, clos de vignes à Cormondrèche, Neuch., Codal, Codaul, 1280.
- Le Dah, ruisseau descendant en rapides, à Estavannens, Gruyère; le même que dard, transcription de la prononciation romande qui élide le r final.
- Dame, Bois à la — à Baulmes, jadis propr. de l’église, consacrée à Notre-Dame (renseignement dû à l’obligeance de M. Alf. Pérusset).
- Désaures, Sierne —, à Rougemont; fausse orth. de l’atlas Siegfried pour Sierne des Aures, aure ou oura, vent, Sierne des vents.
- La Dierdaz, carte top. Vaud, ou Guerdaz, m. à l’Etivaz; pourrait venir de d(i)erda, dartre, pour désigner un terrain rocailleux où le roc perce par place. On emploie ce mot à Ormont-dessus, nous écrit M. Isabel, pour désigner des places fauchables çà et là seulement.
- Dixme, s. m.; le recueil des Loix et statuts du Pays de Vaud, Berne, 1724, fait ce mot généralement masc. Nous l’avons trouvé une seule fois au fém., au chapitre des Dîmes où dans les 2 premiers articles il est 7 fois au masc., puis au fém. à l’art. 3 avec la dîme des légumes. /543/
- Les Eccovayes, orth. de l’atlas Siegfried, à Pâquier, D. Gruyère, Frib; voir Ecovets.
- L’Ecortchia, pente boisée en face des chalets de Derborence; sans doute, par figuré, forêt, bois écorché : c’est un bois clairsemé coupé de rochers.
- Es Epetaux, loc. paroisse de Villette 1736, voir Hotau.
- Esserdes, m. à Vaux, D. Morges, autre forme de Essertes ou Esserts.
- Es Esserpis, champs, paroisse de Villette 1736, voir Eterpas.
- Etreiteruvaz, m. à Gruyère, resserrée entre la Sarine et la route; de ruvaz, v. épenthétique = ruaz, de ruga, sillon, et v. fr. étreit, terrain où les sillons sont étroits.
- Evêquesses, prés à Vétroz; adjectif de évêque et suff. esse, terres appartenant à l’évêque. Voir la note de l’article Vuaz.
- Fieux, ruisselet à Conthey, autre à Cergniat, Ormont-dessous, Fiouz au XVIIe s., Fiuz en patois, autre à Monthey; Fieux ou Fioux, petit torrent à Muraz de Colombey; nom commun, d’après M. Isabel, pour désigner un ruisseau à sec en été. Fieux est une autre forme de filiol, dim. de fil, employé au moyen âge pour désigner un cours d’eau. Fiolet, prés à Saint-Braix, Jura, diminutif. A ce mot se rattachent le Parfieu, grand dévaloir, torrent temporaire à la fonte des neiges à Saint-Gingolph, au Filliolage à Colombey et à Vérossaz, au Fiolage, mayens à Collonge; même racine filiol et suff. collectif age, terrains parcourus par plusieurs ruisselets temporaires. Fillinaz, ham. de Val d’Illiez, forme diminutive; enfin la source de la Fille, vallée de la Sionne, qui alimente les fontaines de Sion. /544/
- Les Gémines, deux bandes de gazon séparées par une paroi rocheuse, au Sanetsch; fém. du v. fr. gémins, s. m. pl., jumeaux, donc les jumelles, à cause de leur disposition parallèle.
- Getty, ham. d’Evolène; voir Jetty.
- Gliss, orth. de la carte Dufour; l’orth. officielle est aujourd’hui Glis.
- Grasseye à Montcherand; voir Grassiaz.
- Gressins, ham. de Belprahon, D. Moutier, Berne; serait-il parent du v. fr. gressin, engrais ?
- Au Grettel, bois à Noville; autre forme de cretel, petit crêt; la permutation c-g se retrouve pour la même racine dans le patois gretzon; voir Gretsch.
- A la Grevellaz, loc. à Valeyres-sous-Rances; dim. de grève et syn. de gravelle; lieu graveleux.
- Ès Grous, loc. à Vétroz, en Gruy, champs à Chamblon, le Gruz, sommet sur Ardon; de grou, s. m., terre argileuse mêlée de pierres (Litt.), v. fr. groucé, terrain pierreux; grou, syn. de gru du germ., anglo-saxon grut, v. h. all. gruzi, même sens.
- Le Guffre, loc. vallon des Fenils à Rougemont; mot allemand guffer, en romanche cafura, qui signifie éboulis, amas de terre ou de pierres tombées.
- Hautabonna, loc. vallée de l’Hongrin; de haut et v. fr. bonne, borne, la haute borne.
- Herberuet, pâturage élevé, alpes de Bex, où les pierres abondent plus que le gazon; dim. de herbier, qui est pauvrement herbu.
- Hermettaz, loc. à Veyrier; le Porteur Hermet, passage de rocher sous la Quille des Diablerets ou Tour Saint-Martin, Hermoleyre, loc. à Vétroz; dim. du v. fr. herme, adj. et s. m., lieu inculte.
- Isenau. MM. Busset et de la Harpe traduisent ce nom (Vallée des Ormonts, 2e éd., p. 155) par Es-en haut, interprétation que les formes primitives ne permettent pas d’admettre.
- Jerys, prés à Muraz, D. Monthey, Jurit, prés et forêts à Huémoz d’Ollon, en patois in Dzéré; voir Gerit.
- Lausé, chalet au pied O. de Chaussy, sans doute fausse orth. /545/ pour le patois l’Osé, l’oiseau, à cause de sa position élevée où il plane comme un oiseau; l’Osalet, chalets au N. de la Lécherette, Pays-d’Enhaut, diminutif. D’après des renseignements pris sur place, le pâturage de Vozé, atlas Siegfried, au Gex, carte Dufour, alpes de Conthey, au pied des Diablerets, serait aussi un Ozé.
- Au Maidillon, loc. dans le ravin près Orbe; c’est le romand médillon = rigole, de la racine latine medius, au milieu, parce que le médillon était au milieu de la rue.
- Meidje, sommet du Dauphiné, article Maya, p. 268, que nous rattachions à Maya, doit en être séparé et réuni à Miège, Meye, etc.; de l’adj. v. fr. mège, qui est au milieu, allusion à la position et non à la forme.
- Mex, Sur la —, loc. à la Siaz d’Ormont-dessus; les Mex, chalets à Ormont-Dessous; de mé, s. f., pétrin, bassin de fontaine, de planches assemblées en forme de pétrin, mai et met, s. f., Berry, du latin magidam, grand plat, vase.
- Nevedet, petit pâturage, alpes d’Ardon; d = ll dans le patois d’Ardon-Conthey, équivaut à Nevelliet, dim. de l’adj. nevi, neigeux, pâturage où la neige demeure tard et forme de petits névés
- Le Néziaux, ruisselet à Romanel-Morges; du v. patois nézi, rouir, et suffixe patois iaux = oir, donc syn. de routoir ou rouissoir, endroit où l’on fait rouir le chanvre. Nézot, ham. de Grône, Valais, probablement même racine.
- Les Ouillons à Baulmes; dim. de ouille, aiguille, voir Ouille.
- Le Pallon, loc. à Neirivue, Gruyère; dim. de Palle ou Pale, voir ce mot. /546/
- Parimbot, p. 331; on écrit aussi Parimboz, Parimboux et Parimbois, l’orth. Parimbol de l’atlas Siegfried est fautive, dit le Dict. géog. d’Attinger.
- La Peccaz, petit pâturage dans la forêt sur Martigny-Bourg, parent des le Pecca, le Peccau, voir ces mots; mais tandis que ceux-ci, s. m. avec l’accent sur la syllabe finale, viennent de pascuale, la Peccaz, avec l’accent sur la première syllabe, a nécessairement une autre origine; sans doute de pascua, pâturages, n. neutre pl. pris pour un f. s.
- Au Pequeu, loc. à Vétroz, autre forme de Pâquier; voir ce mot et le groupe Peccau.
- Piamont, probablement Plat Mont, disions-nous; ajoutons : le bois du Piamont à Mex entre la Sorge et la Covatannaz présente en effet de trois côtés des pentes escarpées au haut desquelles on arrive sur un assez large plateau.
- Planty, loc. à Vétroz; syn. de Plantey, avec le suffixe collectif valaisan y = ey.
- Pronmay, loc. à Vétroz, Valais; autre forme du patois prumei, de pranetum, pruneraie.
- Ravoire. Le Dict. de Godefroy a un v. fr. ravoir, s. m., ravine, inondation, dont quelques-uns de nos Ravoire ou Raveyre pourraient être des formes féminines.
- Reuland, loc. parmi les blocs erratiques de Colombey; à rapprocher de la Pierra Rauland de Burtigny et du Palet Roulant au Vully, pierre qui, à l’heure de midi, tourne trois fois sur elle-même (J. Olivier, C. de Vaud, 333, 34).
- En Revelin, loc. à Grandson; probablement autre forme de ravelin, diminutif de ravin dans le Berry, avec permutation a-e. Revedin et Combe Revedin, deux loc., larges couloirs gazonnés s’élevant entre deux parois de rochers, alpes d’Entremont, le même mot avec permutation l-d, comme, dans la même vallée, Brudon pour Brulon, Gode pour Goille.
- Le Richard, pâturage près les Viaux, Ormonts; autre, vallon des Plans sur Bex, pâturages fertiles, au sol riche; par contre les Siernes Richard près Gérignoz, Pays-d’Enhaut, sont les Siernes /547/ de Richard, n. pr. comme les Siernes Yaux, fam. de Rougemont.
- Le Rot, m. à Prévonloup; voir Rots.
- Roxes, Bec des —, sommet, alpes de Finhaut, Valais, peut-être autre forme de Rosses ou Rousses, sous-entendu roches. Ducange dit « hispanis Roxo dicitur ruber, rufus. »
- Le Russon, ruisseau à Vuadens, Frib.; dim. de ruz, ruisseau.
- La Sajœur, loc. à Rossinières, corruption de l’Arsa-jeur, la forêt brûlée; voyez ars et jeur. Une corruption identique dans la Charoutze.
- Salay, alpe d’Hérens, le Saley, m. et ruisseau aux Tavernes, au Saley, champs à Palézieux, Saly, loc. à Arbaz; de sala, saule, et suffixe collectif ey, ay, y, endroits où abondent les saules, voir Saule.
- Salettes, voir l’article; le romanche a salett = saussaie; notre pays romand a sale = saule, voir Saules; peut-être nos Salettes seraient-ils, en partie du moins, comme les Salett des Grisons, des saussaies.
- Saudy, écart de Grésuz, Gruyère; permutation j-d, comme dans Saudettaz, donc autre forme de Saugy, de sauge, saule, et collectif y, lieu où abondent les saules.
- Saulcy, D. Delémont. La forme actuelle du nom ne laissait pas à hésiter pour le dériver de salicetum, saussaie. Le Dict. géog. d’Attinger nous fournit des formes anciennes, Sasis, 1327, Sassy, 1411, qui sembleraient le rattacher plutôt à saxetum, lieu rocheux, mais le latin salicem a aussi donné des formes analogues, ainsi le normand sas, saule; nous continuons donc à dériver ce nom de salicetum.
- La Savignière, m. à Crésuz, Gruyère, forme f. de Savagnier = (villa) silvanaria, ferme silvanière, des forêts.
- Sceut en 1210, Saxumen d’après le Dict. géog. suisse d’Attinger. /548/
- Le Schaffaz, m. à la Tour de Trême, Fribourg; voyez Chaffard.
- La Schetta, pâturage à Charmey, et Lachettaz ou la Chette à Lessoc, formes féminines de Chet, fréquent en Gruyère; pour Sex, voir Chet.
- Schoumets, atlas Siegfried, alpes de Château-d’Œx; orth. allemande pour Choumets, voir Tsouma.
- Seleute, D. Porrentruy. Le Dict. géog. d’Attinger donne encore les formes Celute, Hugo de Celeute, 1180, Celeute, 1200, Celeutte, 1398, et traduit par hutte de pâture.
- Serbache. D’après le Dict géog. d’Attinger, serbache, sarbache serait dans la contrée le nom du peuplier noir qui aurait passé au ruisseau. Sous toutes réserves.
- Servi, mayen à Vétroz, syn. de Servais; du latin silvensis, pâturage des bois.
- Le Stef ou aux Steffes, rochers, vallée de l’Etivaz, Pays-d’Enhaut; pourrait se rattacher au v. h. all. stoph, stuf, rocher; ces vallées ont de nombreux noms germaniques. Quant à la permutation ou-e, on la retrouve dans la famille de truche : troutze, — trochon, — trechon.
- Torrembé (pron. Torinbé). Une seconde localité de ce nom en fournit peut-être l’explication. Dans le val Triqueut, rive droite de la Lizerne, deux torrents descendent du Haut-de-Cry et se rejoignent avant d’atteindre la Lizerne (en aval des mayens de l’Airette). ce sont les Torrembés; de torrent et bés, fém. besse, jumeau. Cet adjectif est bien connu par son féminin, Torbesse, Pierre Besse, etc. Le Torrembé de Bagnes pourrait bien avoir la même origine. Il y a à Finhaut, un torrent Besson, formé de deux ruisseaux qui se rejoignent près de la route, en amont du village.
/549/
RÉPERTOIRE
des noms actuels qui ne se trouvent pas à leur ordre alphabétique.
Aller directement à :
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P
Q
R
S
T
U
V
W, Y, Z
A
l’Achat, 219.
Adannes, 19.
Adgé-ze, 3.
Aget, 22.
Agittes, 3, 187.
Agy, 3.
Aitroz, 158.
Allaux, 8.
Allegretz, 539.
Aller, 232.
Alliages, 7.
Angolat-lliau, 148.
Anneyres, 306.
Antoz, 149.
Aprily, 22.
Arainaz, 12.
Arbalet-ey, 11.
Arborier-ex, 11.
Arenas, 539,
Areuses, 384.
Argileuse, 539.
Arnayaz, 539.
Arpalle, 14.
Arrenay-y, 13.
Artzenoz, 11,
Artzès, 12.
Audallaz, 492.
Audannes, 19.
Auffes, 314.
Augine, 482.
Au(g)lion, 21.
Auillie, 10.
Autans, 322.
Autraigue, 4.
l’Avare, 489.
Avary, 539.
Avériaux, 1.
Avril, 22.
Avullion, 21.
B
Bahyse, 28.
Balaaux-oz, 308.
Ballalui, 29.
Ballaly, 8.
Bame-az, 24.
Bandarrey, 14.
Baptiaux, 26.
Barneuse, 539.
Barnia, 23.
Battoncourt, 105.
Baume, 24.
Bédeaux, 28.
Bellesson, 28, 30.
Bellin, 29.
Belluard, 39.
Belvaux, 30.
Benevardaz, 521.
Benfarçon, 162.
Bérallaz, 539.
Berboleuse, 25.
Bergère, 31.
Berneuse, 25, 539.
Berroulet, 33.
Bertigny, 53.
Beseiri, 28.
Besson, 548.
Beuchille, 56.
Beugnat, 57.
Beunaz, 39.
Bey, 27.
Bez, 35.
Bibrelèque, 539.
Bi-crets-gitoz, 28.
Bischuende, 424.
Blécherette, 37.
Blouvignoux, 38.
Boatte, 540.
Bluch, 38.
Boël-laire, 540.
Boene, 540.
Bolossat-y, 30.
Bonaudon, 18.
Bondet-ex-alet, 41.
Bonnevouettes, 519.
Borgne, 43.
Borsuat, 48.
Borzeau, 43.
Botzat-et, 39.
Bouattaz, 540.
Bouchet, 39.
Bouet, 40.
Bougnon, 57.
Bouloie, 47. /550/
Bouratier, 42.
Bourloz-atzon, 58.
Bournet, 43.
Boussine, 44.
Boveyre-eret, 49.
Brache, 540.
Braihire, 50.
Braseleyre, 52.
Bray, 52.
Brayaz, 49.
Bréchets, 33.
Brelincourt, 32.
Brenlettes, 540.
Brentien, 50.
Brequettaz, 50.
Brevire-yre, 56.
Brévine, 540.
Breyaz, 49.
Brey-en, 54.
Brezon, 54.
Bria, 54.
Brolliet, 53.
Brouillet, 53.
Brozet, 55.
Bruet, 53.
Brus, z, 53.
Bry-on, 54.
Buet, 40.
Buiron, 58.
Buit-ix, 40.
Buitona, 540.
Bulles-et-oz, 40.
Bulliet, 46.
Burnens, 48.
Buz, 40, 59.
C
Carbole-oule, 60.
ès Cartesy, 371.
Caudraz-ey, 112.
Cauvatte, 97.
Cavues, 62.
Céleyre, 411.
Cengloz, 414.
Censui-y, 414.
Cercenet, 63.
Céré-i, 430.
Cern…, 62.
Certoux, 154.
Cerveusel, 432, 448.
Cervolaire, 422.
Ceseaux, 436.
Ceyvaz, 434.
Chachet, 417.
Chacrau, 78.
Chaffournière, 403.
Chagniaz, 72.
Chamblioux, 38.
Champalet-in, 327.
Champblande, 68.
Champsabet, 70.
Champdolan, 71.
Chanay, 72.
Chantre, 84.
Chanzabel, 70, 402.
Chapelet, 415.
Chapiu, 480.
Charfaz, 76.
Charmontel, 79.
Chasse, 417.
Chassoure, 423.
Chatonnaire- eyre, 7 7.
Chaud, 80.
Chaufferossaz, 541.
Chaux, add., 541.
Chaumaz, 480.
Chaussie-y, 78.
Chavril, 88.
Chaz-at, 424.
Chedonnaz, 481.
Cheillon, 91.
Cheiny, 72.
Chenet, 72.
Chepis, 92.
Chercenay, 63.
Cherdon, 74.
Chergeau, 74.
Chermet-ey, 74.
Chermieux, 480.
Chermillon, 75.
Chessenaires, 76.
Chéteillon, 77.
Chételat, 77.
Chevalet, 82.
Chevry, 89.
Chex-ez, 87, 435.
Cheynatte, 72.
Chézard, 86.
Chezerond, 541.
Chilling, 83.
Chilloux, 91.
Chintres, 84.
Chisaz, 90.
Chizéré, 86.
Chogny, 93.
Cholaire, 411.
Cholochy, 435.
Chomoz, 480.
Choume-oz, 480.
Cibe, 541.
Cindey, 427.
Cintre, 84.
Ciseaux, 436.
Cisille, 63.
Civaz, 438.
Clagnens, 144.
Clairmont, 94.
Claivaz, 95.
Clarivue, 4.
Clausillon, 96.
Cleivaz, 95.
Clermont, 95.
Cleuson-y, 96.
Cliben, 95.
Clie-az, 95.
Clivaz, 95.
Clo(u)si-y, 96.
Cluds, 96.
Coard, 123.
Cœur, add., 541.
Colayre-eyre, 99.
Collen, s, 113.
Coluire, 99. /551/
Collondaz-aire, 99.
Combire, 400.
Çon, 440.
Contamine, 102.
Contze-ze, 102.
Conzor, 102.
Coque-elle, 62.
Cornalettes, 542.
Cornettes-illon, 108.
Cornioley, 107.
Corsalles, 106.
Corsy, 110.
Cotset-ze, 97.
Coty, 111.
Couard, 123.
Coue-asse, 124.
Couchon, 125.
Couenyon, 125.
Couluire, 99.
Couperie, 104.
Courbillon, 105.
Courtenaux-az, 116.
Courtille, 127.
Covet, s, 97, 117.
Cratat, 119.
Crénées, 119.
Cretabesse, 34.
Cretalonge, 239.
Creuzas-ier, 120.
Crevatsevau, 118.
Crey, 118.
Crie, 123.
Croix y Proz, 542.
Crotte, 123.
Croux, 120.
Cudeaux, 542.
Cuessire, 124.
Cueudray, 112.
Cugnet-on, 125.
Culleyte, 126.
Culuiry, 99.
Cunay, 125.
Cuntzette, 102.
Curbit, 106.
Curnilles, 108.
Curtinaux, 116.
Cuvaz, 124.
Cuvigne, 118.
D
Dah, 542.
Daouda, 129.
Dayes, 128.
Dame, 542.
Demenche, 136.
Denèse, 130.
Derbé-y, 128.
Derbélaz, 128.
Derèse, 130.
Ders, 153.
Désaures, 542.
Deuvaz, 138.
Dey, 138.
Dézaley, 133.
Dierdaz, 542.
Diez, 134.
Divonne, 134.
Dix, 134.
Dixme, 542.
Djète, 187.
Djeux, 214.
Dodaz, 130.
Dœy, Doix, 138.
Domène, 316.
Domont, 137.
Dontzire, 136.
Dorchaux, 479.
Douay, 138.
Doudes, 130.
Doux, 138.
Douzillet, 142.
Doy, 138.
Doza, 138.
Dozerce, 137.
Drassy, 139.
Drauzine, 140.
Drochex-tzé, 140.
Droges, 140.
Druchaux, 478.
Druchet, 140.
Dui-s, 138.
Durnant, 140.
Dzaou, 214.
Dzéman, 214.
E
l’Eau, 207.
Eccovayes, 543.
Echampille, 70.
Echarvaz, 76.
Echerche-tze, 84, 143.
Echerté, 154.
Echies, 91.
Ecortcia, 146, 543.
Ecoumandons, 132.
Ecuessires, 124.
Efflot, 171.
Effondras, 172.
Eirettaz, 5.
Elévays, 7.
Eley, 153, 231.
Eloyes, 242.
Emayes, 267.
Emetteneux, 251.
Enfleuries, 170.
Enfondras, 172.
Entrèves, 5.
Envuissel, 222.
Epautes, 333.
Epeluves, 336.
Epéralles, 339.
Epesses, 150.
Epetaux, 543.
Epignat, 151.
Epinassey, 151.
Episses, 150.
Eponveys, 354.
Epouilleux, 357.
Equayes, 371.
Equennaz, 144.
Erberey, il.
Ercomma, 499.
Erzenze, 132.
Escherin, 143. /552/
Escot, 145.
Esparsillier, 154.
Espersier, 154.
Esserches, 84, 143.
Esserdes, 543.
Esserpes-is, 157, 543
Essy-is, 160.
Esterpis-oz, 157.
Etelayelle, 156.
Etôt, 210.
Etouyères, 467.
Etreiteruvaz, 543.
Etrembières, 471.
Engine, 482.
Eusannaz, 19.
Evêquesses, 543.
Evouettes, 159, 213.
Evuex (z), 5, 159.
Exergillod, 154.
Exertimont, 154.
Eydiez, 159.
F
Faël, 161.
Fahy-yn, 161.
Faiguière, 163.
Fan, 169.
Faoug, 160.
Farcounet, 162.
Farvage, 163.
Faug, 160.
Faugère, 164.
Faux, 161.
Faye-ay-ey, 161.
Faz, 161.
Fée, 164.
Fegière-uire, 164.
Feinlles, Fenlioz, 414.
Fenalet-eliet, 165.
Fenive, 169.
Fereyre, 167.
Fermai, 500.
Fet, 161.
Feu, 161.
Feulataire, 171.
Fey-ère, 161.
Feya, 163.
Fia, Fie, 169.
Fiache, 170.
Fiaudière-gère, 164.
Fiauzi, 164.
Fidera, 164.
Fieudière, 164.
Fieux, 543.
Fiez, 170.
Fille-inaz, 543.
Fingles, 414.
Finneln, 169.
Fiolage-et, 543.
Fiongère, 164.
Fioux, 543.
Flaugy, 164.
Flochet-quet, 171.
Flore-iettaz, 170.
Flougère, 164.
Flumi, 170.
Fochaux, 175.
Foigière-eret, 164.
Foillatire, 171.
Foillerat-et, 172.
Folla-z, 175.
Forbuey, 167.
Forches, 176.
Forclaz, 173.
Foretallaz, 173.
Forez, 174.
Formai, 500.
Fornache, 174.
Fortzon, 176.
Fouéraie, 161.
Fougère, 164;
Foulie-y, 172.
Four, 167, 176.
Fournet-aise, 174.
Fous, Foux, 161.
Foyaulaz, 161.
Fracettes, 177.
Frache-eret, 178.
Fragnire, 177.
Fragnolet-ey, 177.
Fregnoley, 177.
Freney-oy, 177.
Frey de Fond, 172.
Fritaz, 178.
Frossaux, 179.
Frotzé, 179.
Froumillet, 178.
Fueyrauses, 171.
Fulateyre, 171.
la Fully, 172.
Fy-ay, 170.
Fya, 169.
G
Galaz, 181.
Gamsen, 69.
Géminés, 544.
Genavrières, 184.
Gericton, 186.
Géteillon, 77.
Getty, 544.
aux Gex, 545.
Gibet, 176.
Gifrisch, 89.
Giniesse, 437.
Gissaz, 187.
Gittioux, 142.
Glaivaz, 95, 189.
Glappin, 189.
Gleise, 189.
Glerrier, 190.
Gleyre, 190.
Gleysi, 189.
Golat, 192.
Golisse, 98, 192.
Golieri, 99.
Golliez, 192.
Gollry, 99.
Gomma, 100.
Gorrhes, 193.
Gorzou, 194.
Gotteyres, 194.
Goulèze, 192.
Goumois, 196. /553/
Gour, 193.
Gourse, 194.
Goursenaz, 196.
Goz, 193.
Gracellire, 199.
Grächen, 198.
Grandsivaz, 196.
Grandty, 459.
Grandvire, 518.
Graneret, 201.
Greïs, 202.
Greny, 200.
Greppon-illon, 198.
Gressins, 544.
Grésy, 201.
Grétery, 199.
Grettel, 544.
Greveliaz, 544.
Grevire, 200.
Greysier, 202.
Grions, 205.
Grippons, 198.
Groins, 201, 203.
Grous, Gruy, 544.
Guerraz, 205.
Gueurge, 194.
Gueyres-az, 195.
Guffre, 544.
Guivre, 529.
Gumœns, 196.
Gurzenaz, 196.
Gy, 187.
H
Hache, 3.
Hadze, 3.
Harmont, 14.
Hart, 206.
Haudères, 207.
Hausseys, 19.
Hautabonnaz, 39, 544.
Hautaudon, 18.
Hautigny, 19.
Heptau, 210.
Herberuet, 544.
Hermet-taz, 544.
Herse-attes, 152.
Hopital, 210.
Hotau, 210.
I
Icogne, Icône, 144.
Ieizenen, 211.
Ilettes, 235.
Illarisse, 191. liions, 213.
Increna, 148.
Infinive, 169.
Infleuries, 170.
Isellions, 213.
Isenau, 544.
Isières, 214.
Itroz, 158.
J
Jardits, 217.
Jéman, 214.
Jérys, 185, 536.
Jieu, 218.
Jochet, 216.
Jolens, 217.
Jossé, 537.
Jurit, 544.
K
Keu, Kieu, 97.
Kevegne, 118.
Kliwen, 95.
Kluschetten, 96.
Kummen, 100.
L
Lac, 223.
Laci, 192.
Ladernier, 229.
Laissalet, 246.
Laissus, 230.
Laithalet, 246.
Laivra(z), 232.
Laly, 220.
Lanfieux, 221.
Lanze, 221.
Lapalud, 329.
Larenaz-ey, 13.
Large-ette, 224.
Largillier, 16.
Larmont, 14.
Larsaz, 15.
Lary, 223.
Lasse, 16.
Latachat, 219.
Laudemorge, 207.
Laudallaz, 492.
Lausé, 544.
Lave, 220.
Lavarit, 539.
Layen, 22.
Lazay-aire, 224.
Leidefrout, 232.
Lepes, 223.
Lesette, 231.
Létrivaz, 158.
Let(t)e, 235.
Levoz, 231.
Levraz, 232.
Leyaz, 227.
Leyrettaz, 5.
Leys, 227.
Leyte, 220.
Leythet-el, 246.
Leyty, 246.
Leyzay, 224.
Liamont, 228.
Liape-ey, 222.
Liarey-y, 190.
Liaz, 227.
Libert, 33.
Lichière, 228.
Lidedain-derrey, 229.
Lière-ry, 190.
Liez, 227.
Lintillier, 230.
Linvuex, 5, 212.
Lirette, 5.
Lischera, 228.
Liserabloz, 212.
Liseraz, 213.
Liss, 228.
Lissalet, 245. /554/
Livoez, 5, 214.
Lix, 231.
Loëche, 240.
Loite, 220.
Longecuve, 124.
Looz, 207.
Lortier, 321.
Lotachat, 82, 219.
Lottafon, 19.
Lotze, 236.
Loucette, 313.
Louche, 236.
Louchet-ez, 245.
Loudze, 236.
Louex-és, 231.
Louf-fe, 314.
Louze, 18, 237.
Lousse, 313.
Loussel, 245.
Louverain, 242.
Louge, 236.
Luchet, 245.
Luchelet, 230, 236.
Lucinge, 437.
Luex, 231.
Lui-sin, 231, 245.
Luit(t)e, 230.
Lusement, 483.
Luvery, 242.
Luy, 231.
Lye, 227.
Lyrette-az, 5, 235.
Lyss, 228.
M
Maborzet, 253.
Magnens, 255.
Magrappe, 198.
Maidillon, 545.
Maigne, 269.
Maja, 267.
Malanchière, 279.
Maley, 254.
Mallatreys, 252.
Maltière, 251.
Manfonnes, 256.
Mannens, 255.
Manschet, 268.
Maoulaz, 266.
Mapraz, 254.
Marcet, 258.
Marché-et-ez, 258.
Marcheulin, 259.
Marcot-olet, 258.
Maretzon, 258.
Marique, 258.
Mars, Maroz, 258.
Martinet, 262.
Martolet-oray, 263.
Martray, 263.
Martschen, 259.
Mas, 258.
Masserey, 248.
Mattelon, 265.
Mauleivra, 232.
Maurion, 296.
Mayonèche, 251.
Maze, 266.
Méchière, 248.
Méhyre, 248.
Meidje, 545.
Méléret, 269.
Mély, 270.
Memorey, 276.
Merenaz, 259.
Mereniaux, 256.
Meretschy, 259.
Merien, 302.
Mergier, 301.
Mériez, 276.
Merlet, 270.
Mett(e)neux, 251.
Meurgier, 301.
Meyaz, 267.
Meyes, 275.
Meynaz, 269.
la Mex, 545.
Milleret-it-y, 269.
Millière, 269.
Mintze, 271.
Miollaz, 279.
Misonette, 251.
Mivis-vy, 275.
Moaye, 267.
Moerel, 302.
Moeveran, 302.
Molaire, 280.
Mollard, 279.
Molley-eyre, 278, 280.
Molliau, 278.
Momin-ing, 281.
Momont, 253.
Monin-od, 282.
Montauban, 284.
Montbrenloz, 286.
Monteilly, 289.
Montessingeoz, 153.
Montlaçon, 279.
Montoisey, 146.
Montougy, 291.
Montoz, 283.
Montzet, 292.
Mopraz, 254.
Morenzes, 294.
Morgex-ier, 301, 302.
Morimont, 267, 296.
Morisson, 293.
Mormotey, 261.
Mornet, 283.
Monnaye-éaz, 281.
Mouneyre-erèche 282
Mouniaz, 281.
Mourache, 293.
Mouraz, 301.
Mouriaux, 276.
Mouron-illon, 296.
Mourtey-ty, 297.
Mourzet, 302.
Mouti-ier, 298, 299.
Moyes, 267.
Murache-asse, 293.
Murty, 297.
My, Mye, 274. /555/
N
Naies, 304.
Nansioret, 302.
Naires, 306.
Nairigue, 305.
Naz, 304.
Neplay, 307.
Nervaud-veau, 305.
Nessert, 154.
Neureux, 311.
Neuvilles, 310.
Nevedet, 545.
Nevrona, 326.
Nex, Nez, 304.
Neziaux-ot, 545.
Niolin, 306.
Niziere, 214.
Noïret, 310.
Noirvaux, 305.
Noua, 317.
Nosche, 308.
O
Odei, Odes, 207, 324.
Odon, 18.
Oeillons, 324.
Ouillons, 545.
Oeuche, 312.
Oeuvannaz, 49.
One, 225.
Ordières, 318.
Orsens, 322.
Orsivaz, 318.
Orzeire, 321.
Orzival, 318.
Osalet, 545.
Ouates, 525.
Ouche, 312.
Oucle, 538.
Oudon, 18.
Ouettes, 519.
Ouffe, 312.
Ouides, 207.
Ourtié, 321.
Oussannaz, 322, 325.
Outans, 322.
Ouvrier, 483.
Ouyé, Oye, 315.
Oyonnaz, 314.
P
Paccais, 330.
Pacouret, 330.
Paganaz, 333.
Paissailles, 332.
Païen-in-ins, 327, 328.
Pallaz, 327.
Pallazuit, 328.
Palley, 327.
Pallon, 545.
Paney, 330.
Pantheire, 337.
Parfieu, 543.
Parimbot, 546.
Part, 330.
Patelliaud, 333.
Pateré-in, 330.
Pat(h)iers, 330.
Patoret, 330.
Pattier, 332.
Pau, 344.
Paujeat, 358.
Payraboz, 338.
Paz, 344.
Peccaz, 546.
Pecheux-oux, 347.
Peffés, 344.
Pegnat-az, 345.
Pei, 344.
Peireivuat, 340.
Pensec, 327.
Pény, 336.
Péqueu, 546.
Péquis-ie, 330.
Péraille, 339.
Péralaz-aulaz, 341.
Péraousa, 339.
Peray-ey, 340.
Péroles-olles, 341.
Perrabot, 338.
Perris-y, 340.
Péruet, 341.
Pervuit, 340.
Pessaulaz, 347.
Pessot, 347.
Peudex, 333.
Peu, Peute, 357.
Peutet, 358.
Pey, 344.
Peyroules, 341.
Pezay, 347.
Pezot, 342.
Pfauen, 160.
Phare, 162.
Phayen, 161.
Piamont, 546.
Piauliause, 357.
Piaulliet, 357.
Picolet, 334.
Pierrabesse, 34.
Pignets, 336.
Piney, 336.
Pirrogière, 340.
Piry, 346.
Plamachaux, 348.
Planaize, 349.
Planiu-nuit, 347.
Planlerman, 365.
Plantey-y, 455, 546.
Pléauc, 351.
Poays, 344.
Pobloz, 369.
Poche, 356.
Poches, 163.
Pocheresse, 354.
Pœgeaz, 355.
Poffeyre, 344.
Poirchet, 339.
Poisiau, 356.
Pojat, 355.
Pomy, 352.
Ponsec-ez, 354.
Ponty, 353.
Porjux, 319. /556/
Porrades, 355.
Posetta, 358.
Pouja, 358.
Pouterlaz, 356.
Poutet, 353.
Poutex, 333.
Poy, 344.
Poype, 352.
Prabert, 33.
Pradefort, 362.
Prafalcon, 162.
Prafenne, 164.
Prajoux, 362.
Praire, 363.
Pral(l)azette, 359.
Pralie-y, 359.
Pralion-oux, 359.
Prâprins, 367.
Pra-Prauthey, 455.
Pravirioz, 523.
Praye-on-ys, 359.
Prayel-eux, 359.
Préel, 359.
Preides, 358.
Prély, 364.
Prémanon, 107.
Prénoud, 360.
Prenze, 367.
Préondavaux, 366.
Preuthey, 455.
Prilet-taz, 364.
Prins, 367.
Prolet, 369.
Pronmay, 546.
Proulin, 360.
Pu, Puta, 356.
Q
Quaz, 124.
Quequenerie, 372.
Queud, 97.
Quoyes, 371.
R
Rache, 375.
Raché, 373.
Rachenne, 394.
Rachevy, 378.
Rameul, 374, 376.
Rancenaire, 394.
Ranges, 383.
Ransonière, 394.
Rassenaz, 374.
Rauland, 546.
Raulens, 397.
Ravoinet, 401.
Rèche, 375.
Recollan, 381.
Regolles, 386.
Reille, 379.
Rein, Ren, 375.
Renolliez-y, 382.
Roposieux, 480.
Repousaz, 358.
Reschy, 375.
Resent, 458.
Retsenaz, 380.
Reuland, 546.
Reusille, 399.
Reuvroz, 397.
Revedin-lin, 546.
Revenaz-aux, 401.
Reveyres, 398.
Revoerre, 379.
Rhammes, 375.
Rhin, 384.
Rialet, 386.
Riandettaz, 387.
Riau, 386.
Richard, 546.
Rimbloz, 382.
Rin, 375.
Ripaz-aille, 377, 388.
Roa, 395.
Rochet, 394.
Roellaz-ettes, 395.
Roget-in-enet, 396.
Ronco, 392.
Ronsy-zier-zy, 387.
Rossinières, 547.
Roucelin, 394.
Rouennaz, 400.
Rougève, 389.
Roujolaine, 396.
Roulant, 546.
Rousaz, 393.
Roussillon, 394.
Route-oz-y, 395.
Rouvenaz-oz, 400.
Rouvret, 397.
Roux, 395.
Roxes, 547.
Royes, 379.
Rozaigue, 389.
Ru-z, Ruau, 384, 386.
Ruge-et-enet, 396.
Ruinaz, 400.
Ruptet-it, 395.
Ruptures, 547.
Russet, 394.
Rutte-et-y, 395.
S
Sacellard, 416.
Sachère-ière, 423.
Sahu, 417.
Saime, 426.
Saix, 434.
Sajœur, 547.
Salay-ey-y, 547.
Salence, 411.
Salettes, 547.
Salgetsch, 413.
Saltery, 420.
Samoret, 427.
Sandey, 427.
Saolyre, 422.
Sarfaz-vaz, 76.
Sauces, 419.
Saudy, 547.
Saudzey-iaz, 418.
Saulcy, 547.
Sauzette, 418.
Savignière, 547.
Savioz, 421.
Savolaz, 421. /557/
Saxelaz, 416.
Schaffaz, 548.
Scé-ex, Sciez, 434.
Schetta, 548.
Schiaz, 424.
Schoumets, 548.
Scierne, 63.
Scinday-i, 427.
Scinglioz, 414.
Segnèse, 437.
Seigne-ette-oie, 403.
Seipée, 429.
Seleute, 548.
Seleyre-yre, 411.
Sengla-ioz, 414.
Senin, 413.
Sepley, 415.
Sérac-rai, 430, 431.
Serbache, 548.
Seroliet, 429.
Servi, 548.
Seudan, 418.
Seugey-zey, 418.
Sent, 423.
Sevis, 421.
Seveyreux, 422.
Seya-z, Siaz. 424.
Sierne, 63.
Single-ine, 414.
So, 419.
Soie, 424.
Sommêtres, 439.
Sonadon, 441.
Songy, 418.
Souche, 446.
Soujet, 433.
Sont, 444.
Soutzet, 446.
Stef-fes, 548
Suacho, 481.
Sudan, 418.
Sudanne, 78.
Sujet, 433.
Suplia-z, 444.
Su(s)tor, 465.
Suvagnier, 421.
Sya, 424.
T
Tachenoire, 452.
Tachonire, 452.
Taise, 455.
Talent, 548.
Tallo, 450.
Tappes, 456.
Taque, 449.
Tatzo, Tazet, 449.
Tau, 459.
Taule-an, 464.
Tauna, 451.
Tauré, 459.
Taxoneire, 452.
Tays-a, 455.
Té, 459.
Teilly, Teliay, 462.
Temeley, 460.
Tercets, 461.
Terdoz-eaux, 461.
Tereisi, 130.
Tévenon, 460.
Tevent, 133.
Teylaz, 450.
Teys-a, 455.
Tézet, 455.
Thabor, 449.
Thaouna, 451.
Thec, 454.
Theilaz, 450.
Theur(r)e, 459.
Thésailles, 455.
Thola, 464.
Thorin, 466.
Thormes, 466.
Thoule-az, 464.
Thovex, 463.
Thurin, 466.
Thusy, 481.
Tiépettes, 456.
Tiercelin, 372.
Tieudray, 112, 461.
Tioly, 134.
Törbel, 137.
Toile, 450.
Toille, Tollion, 467.
Tomelay, 460.
Tornelles, 467.
Toré, 459.
Torrembé, 548.
Toule-in-ard, 464.
Tourche-tzo, 479.
Tourralet, 481.
Touvière, 463.
Tové-ayre, 463.
Tovassire-on, 463.
Toye-er, 450.
Toz, 465.
Traisil-ieux, 473.
Trebache, 23.
Trechon, 478.
Treisy-ils, 473.
Tréjandaz, 475.
Tréjex, 473.
Trême, 469.
Tressalaire, 411.
Trésendes, 475.
Tretien, 476.
Treutze, 478.
Tridoz, 461.
Triot, 475.
Trisande, 475.
Troille-et, 479.
Trotzard, 479.
Trou, 479.
Trouss-tz, 478.
Troyères, 479.
Trutze, 478.
Tsallan, 481.
Tsaponaire, 73.
Tsaraire, 85.
Tsarvo, 76.
Tschabel-n, 64.
Tschalmet, 75.
Tschenevieren, 84. /558/
Tschetroz, 87.
Tschiesaz, 90.
Tsémé, 84.
Tseppes-elet, 536.
Tserdonnet, 74.
Tsintre, 84.
Tso, 80.
Tu(e)ille, 467.
Tumelay-et, 460.
Turé, 459, 481.
Turin, 466.
Tzau, 80.
Tzessetta, 536.
Tzeudane, 78.
Tzintre, 84, 481.
Tzissettaz, 536.
Tzomettaz, 480.
U
Urqui, 321.
Uzon, 482.
V
Vahyse, 487.
Vaillèze, 487.
Vaivres, 525.
Valancy, 486.
Valangines, 494.
Valbert, 33.
Valdalette, 493.
Valiaire, 487.
Valpillière, 526.
Vannés, 488.
Varennes, 520.
Vari, 539.
Varoche-oille, 489.
Varonnes, 520.
Varraz, 489.
Vas, 490, 526.
Vasevay, 484.
Vasilière, 485.
Vasy, 485.
Vasse, 526.
Vassin, 484.
Vatseret, 484.
Vattaz, 525.
Vaubelay, 523.
Vaubloz, 523.
Le(s) Vaud(s), 231.
Vaurze, 521.
Vauzettaz, 521.
Vaz, 485, 526.
Veaux, 495.
Vedondoz, 362.
Veisevet-ivi, 484.
Velayre, 511.
Vengeron, 489.
Vens-enze, 497.
Veret-ex-ey, 503.
Véroz-y, 503.
Vertsire, 499.
Verzan, 505.
Vésy, 485.
Veudale-az, 492.
Veunèze, 522.
Veusils, 531.
Veysy-evey, 484.
Vidondoz, 362.
Vilan(d), 496.
Vin, 497.
Vinie, 510.
Vioz, 508.
Virevoy, 502.
Visevi, 484.
Visine-aye, 506.
Vivela, 508.
Voavre, 520.
Voiret, 503.
Voisif, 485.
Voraire, 503.
Vorgeaz, 521.
Vos, Voos, 496.
Vourgy-sier, 521.
Voÿ, 519.
Voyvellaz, 508.
Vozé, 544.
Vozy, 521.
Vrivoy, 502.
Vuaclioux, 526.
Vuarin, 490.
Vuarnoz, 524.
Vuarpilière, 530.
Vuasset-on, 522, 526.
Vudalles, 492.
Vuennes, 497.
Vuet(t)e-az, 519.
Vuis, 522.
Vulsy, Vursy, 521, 530.
Vurzey-ier, 521.
Vy, 509.
W
Wasse, Waz, 526.
Yvoettes, 159.
Zandolet-ulin, 71.
Zandra-o, 535.
Zanfleuron, 414.
Zapellaz-etta, 415.
Zapoude, 357.
Zermette, 74.
Zettieux, 142.
Zeu d’Anni, 78.
Zeudannc, 78.
Zina-é-al, 84, 535.
Ziniège, 437.
Ziserache, 94, 537.
Zoudan-e, 78.
Zoumieux, 480.
Zudanne, 78.