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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Victor VAN BERCHEM

Jean de la Tour-Châtillon
un grand seigneur vallaisan au XIVe siècle

Dans MDR, Seconde série, 1902, tome IV, Mélanges, pp. 3-91

© 2024 Société d’histoire de la Suisse romande

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JEAN DE LA TOUR-CHATILLON

UN GRAND SEIGNEUR VALLAISAN AU XIVe SIÈCLE

PAR

VICTOR VAN BERCHEM

 


 

Parmi les familles féodales du Vallais, aucune n’a joué un rôle plus considérable dans l’histoire de ce pays que celle de la Tour 1 La majorie épiscopale de Sion, qu’elle tenait en fief de l’évêque dès le XIIme siècle, semble avoir été le berceau de sa puissance; mais elle reconnaissait en même temps la suzeraineté de la Savoie et de l’abbaye de Saint-Maurice pour une partie de ses possessions, dispersées dans le Vallais et dans l’ancien Chablais 2. /4/

Elle doit probablement son nom à la tour qui s’élève encore aujourd’hui sur le dernier contrefort de la colline du Tourbillon 1; cette tour servait alors de résidence au major.

Les la Tour ont formé plusieurs branches; l’une d’elles, par l’importance des charges et des droits seigneuriaux réunis entre ses mains, par de riches alliances et grâce aux talents personnels de ses membres, se distingue bientôt entre toutes et se crée, dans le cours du XIIIme siècle, une position particuliérement élevée 2. Pierre de la Tour, qui en devint le chef en 1276, ajouta le premier à son nom le titre de seigneur de Châtillon, bien que cette terre appartînt depuis plusieurs générations à sa famille 3. Les /5/ sires de Châtillon, intimement mêlés pendant un siècle à l’histoire vallaisanne, sont restés, non sans raison, dans la tradition populaire, le type par excellence d’une féodalité turbulente et oppressive.

A côté du village de Châtillon, dans le haut Vallais, se voient encore sur une éminence les ruines de l’ancien château; elles témoignent de l’importance de la seigneurie dont dépendait aussi la vallée de Lœtschen. Pierre de la Tour possédait en outre le vidomnat de Conthey avec sa maison forte, un château à Ayent, fief savoyard, et d’autres terres au val d’Hérens, dans les paroisses de Granges, de Saxon, d’Ollon, etc. Cette richesse territoriale faisait de lui, sans conteste, le premier seigneur du pays. C’était à l’évêque de Sion qu’il devait hommage en première ligne, et après lui au comte de Savoie 1, double vassalité fréquente dans la noblesse vallaisanne et qui n’a pas peu contribué aux relations troublées des deux Etats 2. /6/

Ambitieux autant qu’actif, Pierre prit de bonne heure une part prépondérante aux affaires de l’Etat épiscopal; puis il entra au service de la Savoie où nous le rencontrons comme bailli de Vaud en 1291, et deux ans après, au siège de Nyon; le 26 janvier 1294, il reçoit d’Amédée V le commandement du château de l’Ile à Genève. Peu après, il rentre en Vallais et la guerre éclate presque aussitôt entre l’évêque de Sion, Boniface, et son trop puissant vassal; elle se termine au bout de cinq années par la soumission complète du sire de Châtillon 1.

Les causes de cette guerre ne sont pas bien connues. Plusieurs écrivains la regardent comme un contre-coup de la lutte qui divisait l’Empire 2. Nous pensons qu’il faut plutôt en chercher l’origine dans l’état intérieur du Vallais : la noblesse féodale, menacée par la puissance croissante de l’évêque, se soulève dans un suprême effort de résistance sous la direction de son principal représentant, le /7/ sire de Châtillon. Sur le versant septentrional des Alpes, le même principe faisait combattre les dynastes de l’Oberland contre Berne; la communauté des intérêts les rapprocha de Pierre de la Tour; ils lui prêtèrent le secours de leurs armes et s’assurèrent en échange son appui.

Deux mariages furent la conséquence de ces relations nouvelles et servirent à les resserrer plus étroitement : le sire de Châtillon donna sa fille Elisabeth à Pierre de Weissembourg 1, et Jean, son fils aîné, obtint la main d’Elisabeth de Wædiswyl 2. En faisant passer aux la Tour une partie de l’héritage des Wædiswyl dans l’Oberland, ce dernier mariage devait exercer une profonde influence sur les destinées de la famille vallaisanne.

Nous aurons l’occasion de revenir sur la guerre du Vallais, et de voir dans quelle mesure elle est liée aux événements de l’histoire générale. La défaite de Pierre de la Tour avait porté un coup sensible à sa situation politique /8/ et financière; il paraît s’être retiré bientôt après à Châtillon et mourut en 1307 1. Jean succéda à son père comme seigneur de Châtillon et vidomne de Conthey 2.

De son union avec Guyonne de Rossillon 3, Pierre laissait deux autres fils : l’un d’eux, Aymon, entra dans les ordres, devint chanoine de Notre-Dame à Sion, puis curé de Louèche, et monta, en 1323, sur le siège épiscopal qu’il occupa pendant plus de quatorze ans 4; le cadet, Albert, suivit probablement la carrière des armes 5.

La position dont Jean de la Tour venait d’hériter en Vallais ne suffisait pas au génie actif qu’il tenait de ses ancêtres; il rêvait de poursuivre la fortune et la gloire sur un théâtre plus vaste que l’étroite vallée; l’occasion ne se fit pas attendre longtemps.

Henri de Luxembourg, élu roi des Romains en 1308, se préparait à passer les Alpes pour recevoir à Rome la /9/ couronne impériale et faire reconnaître son autorité en Italie 1. Plus que jamais, ce pays était en proie aux luttes des factions locales qui se disputaient le pouvoir sous les anciens noms de guelfes et de gibelins. Les vaincus de ces sanglantes querelles attendaient Henri comme un sauveur, et Dante rêvait en lui le pilote qui ressaisirait le gouvernail abandonné sur le vaisseau battu par la tempête.

L’année 1310 presque entière fut consacrée par le roi aux préparatifs de cette expédition. Dans les pays de Bourgogne, une brillante cohorte s’apprêtait à le suivre; c’étaient, pour ne citer que les plus haut placés, Amédée V, comte de Savoie, son neveu Louis, seigneur de Vaud, le seigneur Hugue de Faucigny et son frère le dauphin Guy, le comte de Forez, chacun amenant à l’armée royale un contingent plus ou moins nombreux de chevaliers 2. La noblesse belliqueuse de l’Oberland ne pouvait manquer de répondre à l’appel aux armes. Pierre, comte de Gruyère, et Guillaume de Montagny s’engagèrent à passer les Alpes à la suite du duc Léopold d’Autriche, avec huit destriers et /10/ deux arbalétriers 1; dès le 8 juin, Jean et Pierre de Weissembourg, vassaux immédiats de l’Empire, avaient promis à Henri VII de l’accompagner en Italie et de l’y servir pendant un an, avec le même nombre de chevaux et d’hommes de pied 2. Nous savons que Jean de la Tour a pris aussi part à la campagne; malheureusement l’acte qui le liait est perdu. Peut-être a-t-il suivi la bannière du comte de Savoie; mais nous pensons plutôt que, vassal de l’Empire pour la portion du Frutigen qu’Elisabeth de Wædiswyl lui avait apportée en dot, il est entré directement au service d’Henri VII, comme son beau-frère, Pierre de Weissembourg.

L’obligation d’accompagner le roi dans son expédition romaine pesait, en principe, sur tous les vassaux de l’Empire; dans la pratique, la règle souffrait des exceptions nombreuses. En outre, cette obligation était loin d’être, à cette époque, entièrement à la charge du vassal; non seulement le roi le dédommageait, plus ou moins largement, de ses propres frais, mais il soldait régulièrement les hommes d’armes de sa suite 3. De là, la nécessité d’engagements stipulant, pour chaque cas, les obligations réciproques des parties contractantes. Cependant les conditions du service étaient assez uniformes, dans une même /11/ campagne, pour que nous puissions nous représenter ce que dut être l’engagement de Jean de la Tour 1. C’est du moins ce qui résulte de la comparaison des contrats qui nous sont parvenus. A ceux dont nous avons déjà parlé, ajoutons celui de l’évêque de Genève qu’une publication, peu connue jusqu’ici de nos historiens, a mis au jour depuis quelques années 2. Aymon du Quart devait être, pendant la première partie de l’expédition, l’un des conseillers habituels du roi Henri. Lors du passage de ce prince à Genève, il s’engage à le servir au delà des monts pendant un an, avec quatorze chevaux. Le roi lui remet, sur-le-champ, cent marcs d’argent auxquels il promet d’ajouter, lorsque l’évêque l’aura rejoint en Italie dans le terme d’un mois, telle somme que fixera son maréchal, le comte de Flandre (et à défaut, Hugue de Faucigny), assisté de l’archevêque de Trêves. De plus, le roi s’engage à lui fournir la solde habituelle, c’est-à-dire, par mois, quatre marcs d’argent pour chaque chevalier et trois pour chaque écuyer. /12/

Les ressources du roi en argent liquide étant loin de suffire à de telles dépenses, Henri dut mettre en gage une bonne partie des terres et des revenus que l’Empire avait conservés dans la Bourgogne helvétique 1.

Henri traversa la Bourgogne dans l’automne de 1310; il passa le Mont-Cenis, et, le 23 décembre, il faisait son entrée à Milan 2. Pendant sa marche à travers la plaine du Pô, il recevait l’hommage des seigneurs et des villes, et, selon la coutume 3, il établissait dans celles-ci des vicaires qui prenaient dans la commune la place des magistrats ordinaires. Il faisait rentrer dans leur patrie les bannis, guelfes ou gibelins, et imposait, dans chaque cité, un traité de paix aux partis vis-à-vis desquels il s’efforça de rester neutre au début.

C’est à Milan que nous rencontrons pour la première fois Jean de la Tour dans l’armée royale; et c’est pendant le séjour du roi dans cette ville, qu’il fut nommé vicaire impérial de Côme. Examinons dans quelles circonstances.

A Côme aussi bien qu’ailleurs, deux partis se disputaient le pouvoir 4 : les Vitani, — c’est ainsi que l’on y désignait les guelfes, — s’en étaient emparés, et avaient expulsé les principaux chefs des Rusconi, leurs adversaires gibelins. Cependant la commune, répondant sans retard à /13/ l’appel adressé aux villes lombardes, avait envoyé ses représentants à Milan pour faire hommage au roi et remettre solennellement entre ses mains la cité et son territoire. Cet acte de soumission eut lieu le 25 décembre 1310 1; la nomination du vicaire le suivait généralement de près. Le 5 janvier suivant, Henri reçoit encore l’hommage des gibelins exilés de Côme; puis il fait accepter par l’évêque de cette ville et par les représentants des deux partis un traité de paix analogue à celui qu’il venait de donner à Milan 2.

Jean de la Tour est au nombre des témoins de ces deux actes. Il est mentionné à la suite des premiers seigneurs de la cour, et ce fait prouve suffisamment qu’il n’était pas un spectateur désintéressé de ces négociations; on peut en conclure que si sa nomination n’était pas déjà faite, elle était du moins décidée. En effet, un document inédit des archives d’Etat à Turin nous apprend que le 27 janvier, Jean est installé à Côme au palais communal, où il habite en sa qualité de vicaire 3.

Représentant direct de l’autorité impériale dans la ville et dans son territoire, le vicaire réunissait entre ses mains les deux offices du podestat et du capitaine suspendus par l’arrivée du roi sur terre italienne; et bien qu’il fût assisté /14/ par le conseil de la commune, les privilèges de celle-ci ne mettaient pas des bornes infranchissables à son pouvoir. Il exerçait le commandement militaire et levait les contingents réclamés par l’empereur; il avait l’administration civile, en particulier celle de la justice, et nommait aux offices inférieurs; il percevait enfin les revenus impériaux et rendait compte de sa gestion. A son entrée en charge, il prêtait à l’empereur un serment spécial de fidélité 1.

Le document mentionné tout à l’heure est la reconnaissance, passée par Jean de la Tour en faveur de l’évêque Aymon de Genève, d’une somme de 1050 livres mauriçoises que ce prélat lui a prêtée. Jean s’engage à la rendre en trois termes annuels, et donne en garantie une hypothèque sur tous ses biens, spécialement sur le château de Châtillon et sur les droits et revenus qui en dépendent; il promet d’obtenir pour ce gage la ratification de l’évêque de Sion, celle de ses frères et celle de sa femme 2.

On pourrait croire que la nomination au vicariat de Côme avait été pour Henri VII une manière de s’acquitter envers Jean de la Tour des frais de son service; ce mode de paiement aurait été l’équivalent des gages donnés sur /15/ terres d’Empire, de l’autre côté des Alpes. En effet, les fonctions de vicaire n’étaient pas seulement recherchées pour l’honneur et l’influence politique qu’elles procuraient; cet officier recevait de la commune confiée à son gouvernement un traitement fixe qui, dans les riches cités lombardes, était assez élevé 1. Mais, l’emprunt fait par Jean à l’évêque de Genève au moment où il venait d’être nommé, et après deux ou trois mois de campagne seulement, nous induit à penser que le seigneur vallaisan dût acheter sa charge; ce procédé fiscal constitue l’une des sources les plus rémunératrices du trésor royal au cours de l’expédition 2. En outre, c’était l’usage que pour obtenir quelque emploi il fallait se procurer, à beaux deniers comptants, l’appui des principaux conseillers de la cour 3.

Il serait intéressant d’étudier dans ses actes l’administration de Jean de la Tour; malheureusement, les faits connus sont rares et trop généraux pour permettre un jugement en connaissance de cause. La présence du roi n’avait fait qu’assoupir les vieilles rivalités, et la lourde charge qu’imposait au pays l’entretien de la cour et de /16/ l’armée réveillait le mécontentement un peu partout. Une émeute éclata à Milan, le 12 février; elle eut son contrecoup dans toute la Lombardie où plusieurs villes chassèrent leur vicaire 1. Côme n’échappa pas à cette effervescence, mais les troubles y revêtirent un caractère moins grave, et l’évêque de Genève, aussitôt dépêché par le roi, réussit à les apaiser 2. Dès lors, la ville resta fidèle à la cause d’Henri VII et soumise à son vicaire 3, jusqu’au jour où la mort de l’empereur (24 août 1313) vint suspendre toutes les fonctions impériales en Italie et livrer de nouveau ce pays à lui-même.

Jean de la Tour a-t-il conservé le vicariat de Côme jusqu’à ce moment ? Nous n’osons rien affirmer en l’absence de documents décisifs sur ce point 4, mais nous /17/ croyons plus probable qu’il avait repassé les Alpes à la fin de sa première année de service. Ainsi firent les sires de Weissembourg et l’évêque de Genève 1. Tandis que ce dernier regagnait sa ville épiscopale, la maladie le força de s’arrêter à Ivrée. Là, peu de jours avant sa mort, il fit don à son neveu Jacques, seigneur du Quart au val d’Aoste, de sa créance sur Jean de la Tour et des droits qu’elle lui conférait sur la seigneurie de Châtillon 2. C’était, disait-il, une restitution des sommes que Jacques et son père lui avaient avancées pour l’obtention de ses bénéfices ecclésiastiques, et pour le service de l’empereur en Italie. Il semble que Jean de la Tour ne put se libérer entièrement, aux termes convenus, de la lourde dette qu’il avait contractée pendant sa campagne en Lombardie, car, en 1339, Henri, seigneur du Quart, fait encore apposer, par le juge du Genevois et du Chablais, le sceau de sa cour à l’acte du 27 janvier 1311 3. /18/

 

II

De retour en Vallais, Jean de la Tour se consacre à l’administration de ses biens et met au service de l’évêque de Sion, Aymon de Châtillon, l’expérience des affaires acquise à l’étranger en remplissant, de 1315 à 1317, les fonctions de bailli épiscopal 1. Cette charge avait été créée dans la seconde moitié du XIIIme siècle; elle répondait à un besoin de centralisation dans l’Etat. Les anciens offices des vidomnes et des majors étant devenus partout héréditaires, leurs possesseurs étaient moins les officiers de l’église que de petits seigneurs féodaux. Le bailli fut nommé pour deux ans et reçut un salaire fixe; sa compétence, à la fois administrative, judiciaire et militaire, s’étendit à tout le territoire épiscopal.

Par son mariage avec Elisabeth de Wædiswyl, Jean avait accru ses domaines héréditaires des seigneuries immédiates de Frutigen et de Mulenen dans le Kanderthal; il les partageait avec l’oncle de sa femme, le chevalier Vautier de Wædiswyl. Ce mariage est aussi l’origine des possessions des la Tour dans la vallée de Lauterbrunnen 2. /19/

Ces nouveaux intérêts amenaient fréquemment le sire de Châtillon dans l’Oberland 1; ils le conduisirent, par la force des choses, à embrasser la politique des dynastes, ses parents ou ses voisins. Depuis longtemps, la crainte que le développement de la puissance bernoise inspirait à ces seigneurs, les poussait à chercher un appui dans l’Autriche; ils allaient ainsi au-devant des efforts que faisait cette maison pour se tailler une puissance territoriale dans la haute Allemagne 2. L’antagonisme entre Jean de la Tour et Berne fut encore augmenté par l’acquisition que Jean fit des droits d’Othon de Grandson sur le château et sur la ville de Laupen. Ces droits, sorte d’avouerie impériale, avaient été donnés à Othon par l’empereur Henri VII en gage d’une somme de quinze cent marcs d’argent; après la mort de Jean de la Tour, son fils, Pierre (V), les revendit trois mille livres à la ville de Berne 3. Or, la possession de ce château était, dès cette époque, un objectif de la politique bernoise, et depuis 1301, Berne était l’alliée de la ville de Laupen 4. /20/

A côté du but d’extension territoriale traditionnel dans sa famille, le duc Léopold, qui dirigeait alors la politique autrichienne en Suisse, cherchait à faire reconnaître comme roi des Romains son frère, Frédéric, qu’une double élection avait mis en rivalité avec Louis de Bavière (1314) 1. Ni Soleure, ni Berne ne s’étaient encore prononcées entre les deux prétendants, lorsque, pour les y contraindre, le duc vint au mois d’août 1318 mettre le siège devant Soleure 2. De toute la Suisse, les clients des Habsbourg étaient accourus à son appel; l’on voyait parmi eux les Weissembourg et Jean de la Tour qui dès lors ne cessera plus de graviter dans l’orbite des intérêts autrichiens.

Malgré sa défaite au Morgarten (15 novembre 1315), Léopold n’avait pas renoncé à soumettre les Waldstætten 3; au contraire, il cherchait durant le siège à recruter les forces nécessaires à l’exécution de ses projets contre eux et contre Berne. La noblesse féodale de l’Oberland était l’auxiliaire naturel de cette double entreprise.

Le 24 septembre 4, Jean de la Tour fait serment d’assister le duc et ses frères contre les Waldstætten avec trois mille hommes. Il devra les leur amener toutes les fois qu’il en sera /21/ requis par Léopold, ou de sa part. L’entretien de ces trois mille hommes sera à la charge du duc, et, pour le fixer, on s’en remettra au dire de ses maréchaux ou bien au serment de Jean lui-même. De quelque côté que l’attaque des Waldstætten ait lieu 1, l’obligation restera la même pour Jean; elle subsistera aussi longtemps que Léopold et les Waldstætten n’auront pas fait la paix. Par le même serment, Jean s’engageait à servir le duc contre les Bernois avec dix lances et avec toutes les forces de ses possessions en deçà des Alpes 2, à toute réquisition, jusqu’à la fin de la guerre qui régnait en ce moment entre eux; toutefois, cette obligation ne devait pas valoir au delà de quatre années à compter de la Saint-Martin prochaine [24 septembre 1318-11 novembre 1322]. Il se réservait aussi la faculté de porter secours à Jean de Weissembourg et aux enfants d’Elisabeth sa sœur, veuve de Pierre de Weissembourg 3, pour la défense de leurs terres.

Deux jours auparavant, les sires de Weissembourg s’étaient liés par un engagement analogue, mais ne visant que les Waldstætten 4. Le principal intérêt de ces documents est sans doute de nous révéler quels étaient les desseins de Léopold : l’attaque de l’Unterwalden par le /22/ Brunig, qui avait échoué en 1315, devait être tentée de nouveau, cette fois avec plus de garanties de succès puisque l’Oberland presque entier y prendrait part 1. Aussi bien ces projets n'eurent pas de suite; au mois d’octobre, le duc Léopold découragé levait le siège de Soleure et, peu après, il quittait la Suisse 2. Il n'a jamais, à notre connaissance, réclamé, ni contre Berne ni contre les Waldstætten, l’exécution des engagements pris envers lui.

Celui de Jean de la Tour mérite d’être examiné à un autre point de vue, car il jette quelque lumière sur les mœurs militaires de cette époque en Suisse, et sur la figure de notre héros dans lequel il nous montre un côté nouveau, celui du condottiere formé à l’école italienne. En effet, quelque étendus que fussent ses domaines, Jean pouvait-il songer à leur imposer l’énorme contingent de trois mille hommes? Nous ne le pensons pas. Il ne faut pas oublier que la coutume réglait très exactement l’obligation féodale du service militaire; cette obligation n’était pas imposée à tous les tenanciers roturiers sans exception, et pour eux, la coutume circonscrivait ce service dans un territoire strictement délimité, en dehors duquel il n’était dû que sous certaines conditions. Dans la coutume du /23/ Vallais épiscopal 1, ce territoire paraît avoir été très généralement le diocèse de Sion, ou même la terre de l’évêque proprement dite. Dans tous les cas, en dehors du territoire ainsi fixé, c’était aux frais du seigneur que ses vassaux ou tenanciers le suivaient. Ce fait explique en partie l’importance de la clause stipulant que les frais de sa petite armée seront remboursés à Jean de la Tour 2. En admettant même que celui-ci ait pu forcer ses sujets vallaisans à le suivre contre les Waldstætten, il ressort des termes de l’acte que ses soldats ne seront pas tous de ses vassaux, qu’au contraire il les prendra partout où il en pourra trouver 3. C’était donc au recrutement de volontaires que Jean comptait avoir recours pour compléter l’effectif fourni par ses propres domaines, et le chiffre des /24/ hommes à mettre en ligne montre avec quelle facilité un chef ayant fait ses preuves pouvait en réunir. Dans la lutte qui déchirait alors l’Empire, les deux rivaux recrutaient leurs armées par des traités semblables à celui-ci 1. Insensiblement, l’ancienne armée féodale se désagrégeait; une organisation nouvelle naissait dans laquelle le service soldé prenait toujours davantage la place de la stricte obligation, et qui, par plus d’un point, se rapprochait déjà de celle des armées permanentes.

Le sire de Châtillon était d’une race qui se faisait rare en Suisse, sans que pour cela le goût des armes se perdît. Ce goût avait gagné peu à peu les couches profondes de la population. Le service à l’étranger était depuis longtemps introduit dans les mœurs, grâce surtout aux guerres italiennes, et les cantons suisses allaient bientôt, en le régularisant, l’élever à la hauteur d’une institution nationale 2. Le XIVme siècle nous offre aussi les premiers exemples connus de Vallaisans, — non plus de chevaliers seulement comme Jean de la Tour, mais de simples bourgeois ou paysans,— s’engageant à la solde étrangère. On nous permettra de les citer ici. Le pape Jean XXII, qui d’Avignon dirigeait la ligue des forces guelfes contre les Visconti de Milan, faisait prêcher la croisade contre eux par ses fidèles alliés, les Dominicains, et les soldats accouraient de tous les pays d’Occident. L’appel retentit dans une des parties les plus reculées du Vallais 3 : le 6 juin 1325, /25/ le frère Pierre d’Anniviers prêchait dans l’église paroissiale de sa vallée natale contre Galéas, Marc et Luchino de Milan, « hérétiques convaincus et détestables, » et contre tous leurs partisans. Plus d’un robuste montagnard y répondit sans doute, joyeux d’aller chercher fortune sous la bannière de l’Eglise.

Vers le milieu du siècle, une lutte héroïque assura pour un temps au Vallais son indépendance menacée par le comte de Savoie; elle contribua à répandre au dehors le renom de bravoure des Vallaisans. Aussi voyons-nous, en 1372, alors que la guerre avait recommencé entre la papauté et les maîtres de Milan, Grégoire XI écrire à la commune de Sion pour lui demander de le secourir 1. La commune céda, sans grand enthousiasme semble-t-il, à ses instances et envoya auprès de lui l’un de ses bourgeois pour négocier les conditions de ce secours 2. Il est possible que Grégoire ait adressé la même demande à d’autres communes vallaisannes 3; de leur côté, les Visconti réussissaient à gagner l’appui des cantons suisses 4. C’est ainsi que l’on vit probablement Suisses et Vallaisans combattant en Italie dans les camps opposés.

Mais il est temps de revenir à notre héros. Allié de l’Autriche /26/ par nécessité politique, Jean de la Tour a dû l’être aussi par sympathie et par instinct. Grand seigneur féodal, il partageait, sans doute, la haine de la plupart des nobles pour ces communautés de paysans dont les succès accroissaient l’audace, et sa prudence lui faisait craindre l’exemple de voisins tels que les Waldstætten pour ses sujets de l’Oberland et du Vallais. On ne saurait effectivement nier l’influence des Confédérés sur le développement parallèle, bien que plus lent, de la démocratie vallaisanne.

Or, dans cette même année 1318 si menaçante pour l’avenir des cantons suisses, les historiens placent une expédition des dynastes de l’Oberland dans le Vallais 1. Entreprise, selon eux, à l’instigation des la Tour, elle se serait terminée par un désastre pour les envahisseurs. Ils peignent cet événement comme une brillante victoire remportée sur la féodalité par les communes, réunies sous la bannière épiscopale, et l’on pourrait croire, à première vue, qu’il existe un rapport entre cette entreprise et les préparatifs exécutés en 1318 par les dynastes contre les Waldstætten. Toutefois, en examinant les documents contemporains du Vallais et de l’Oberland, on est surpris de ne rencontrer aucune trace de l’expédition en Vallais. Pour qui connaît les nombreuses lacunes que les chartes encore rares de l’époque laissent subsister dans nos annales, ce silence, à lui seul, ne permet pas de mettre en doute le récit des chroniqueurs. Mais, si l’on observe qu’une invasion pareille ne s’explique par rien, ni dans les /27/ relations des deux pays entre eux, ni dans celles de Jean de la Tour avec l’évêque de Sion ou avec ses compatriotes, on jugera qu’il convient d’examiner comment les faits nous ont été transmis. Tels qu’ils nous sont présentés, ne sont-ils pas exagérés par la tradition populaire, ou bien y aurait-il erreur dans la date qui leur est attribuée 1 ?

L’expédition des dynastes est mentionnée, pour la première fois, par le chroniqueur bernois Justinger qui écrivait en 1420 2. « En ce temps là, dit-il, une grande guerre éclata entre les Wædiswyl, seigneurs du Frutigen, les Weissembourg et leurs alliés d’un côté, et les Vallaisans de l’autre. Ces seigneurs passèrent en Vallais avec leurs hommes et avec ceux de Thoune qui les suivaient en qualité de sujets de la seigneurie de Kibourg; leur but était de s’emparer du pays et de le mettre à feu et à sang. Ils atteignirent ainsi Louèche, et l’occupèrent; mais ils furent /28/ chassés du village et refoulés au dessous, dans une prairie au bord du Rhône. Alors, des deux côtés, on chercha à négocier, et l’on finit par convenir que les seigneurs et leurs gens auraient la vie sauve et garantiraient à leur tour aux Vallaisans une entière sécurité; qu’ensuite les premiers déposeraient leurs armes et leur équipement et les livreraient aux Vallaisans. Cette dernière clause à peine exécutée, les Vallaisans se jetèrent sur leurs adversaires désarmés et en firent un tel massacre que bien peu réussirent à échapper. De là vient qu’on nomme encore ce pré « le pré des soupirs » (Süftzmatte).

Les historiens suisses du XVIme et du XVIIme siècle reproduisent ce récit sans y apporter de changement notable 1. Il est évident que les premiers l’ont emprunté à Justinger, ou plutôt à ses continuateurs, Tschachtlan et Schilling, et qu’ils l’ont transmis plus ou moins textuellement à leurs successeurs. Cependant, la chronique de Stumpf contient une variante qui n’est pas sans intérêt. Cet historien a fait, en 1544, un voyage en Vallais au cours /29/ duquel il a recueilli tout ce qu’il a pu trouver sur l’histoire du pays 1. Son récit du combat de Louèche, dont quelques traits témoignent que l’auteur connaissait personnellement les lieux, est, pour le fond, identique à celui de Justinger. Stumpf remarque seulement, en le terminant, que les chroniques des deux pays ne sont pas d’accord entre elles sur le fait de la trahison imputée aux Vallaisans: ceux-ci repoussent énergiquement l’accusation et ils affirment qu’attaqués sans motif, ils se sont loyalement défendus, et que vainqueurs, ils ont relâché de leur plein gré les survivants du massacre. Stumpf a donc trouvé dans la tradition locale la confirmation du combat de Louèche, au moins dans ses traits essentiels.

Les chroniques vallaisannes rapportent, elles aussi, l’expédition des seigneurs de l’Oberland; quelques-unes évaluent leur armée à quarante mille hommes. Mais la date relativement récente de leur composition, et les erreurs manifestes dont elles fourmillent ne permettent pas de chercher chez elles des renseignements un peu précis sur une époque aussi reculée, ni surtout des dates exactes 2. La chronique de Brigue, la seule exception que l’on connaisse jusqu’ici à cette règle, ne contient avant 1352 que de rares notices dont une partie ne concerne même pas le /30/ Vallais 1; le silence qu’elle garde sur l’expédition de 1318 n’a donc pas grande signification. Si, par suite de cette pauvreté des sources locales, le témoignage de Stumpf acquiert plus de valeur pour nous, on ne saurait cependant se dissimuler que ce qu’il y a d’original en lui, repose sur la tradition orale bien plus que sur des sources écrites 2.

Dans le récit de Justinger et dans ses dérivés, il n’est pas question des la Tour. Le chroniqueur bernois pouvait à la rigueur ignorer le rôle qu’ils avaient joué dans ces événements, mais la tradition vallaisanne, toute remplie des dangers que cette famille a fait courir aux libertés du pays, n’a pas hésité à faire d’eux les promoteurs de l’invasion 3. Un point curieux à noter, c’est qu’elle fait périr sur le champ de bataille de Louèche, Pierre de la Tour qui était mort dix ans auparavant 4. /31/

Quoi qu’il en soit des incertitudes et des désaccords des deux traditions parallèles de l’Oberland et du Vallais, le fait de l’entreprise des dynastes et celui de leur défaite près de Louèche peuvent être considérés comme acquis avec une assez grande certitude.

Or, en 1338, la commune de Louèche s’adresse au vicaire général d’un évêque nouvellement élu pour obtenir la confirmation écrite de ses anciens privilèges. Ses représentants affirment qu’elle avait autrefois des lettres de franchise, mais que ces lettres ont été perdues dans l’incendie qui détruisit Louèche « à l’époque de la guerre de l’église de Sion 1. » Ces mots font allusion à un fait d’assez fraîche date pour que le souvenir en soit encore vivant; ils ne devraient, semble-t-il, faire naître aucune confusion sur l’événement qu’ils rappellent. Cependant, à nos yeux, l’hésitation est permise. L’incendie de Louèche doit il être mis au compte de l’invasion de 1318, racontée par Justinger, ou bien faut-il l’attribuer à la guerre que Pierre de la Tour soutint dans les dernières années du XIIIme siècle contre l’évêque Boniface de Challant et dont il a été question plus haut 2 ? En effet, l’église de Sion est également en cause dans ces deux occurences. L’hésitation cesse si l’on réussit à prouver que ces deux guerres se confondent en réalité en une seule et que nous sommes en présence de l’une de ces erreurs chronologiques dont l’écrivain bernois est loin d’être exempt 3. /32/

Remarquons d’abord que Justinger n’a pas indiqué l’année 1318 comme une date absolue. Après avoir raconté la prise de Kerrenried par les Bernois, la plaçant avec raison en 1318, il passe à l’expédition du Vallais en disant : « En ce même temps. » Ce rapprochement n’a, dans sa pensée, qu’une valeur approximative 1, mais les écrivains qui ont copié son récit ont attaché à ces mots un sens littéral. Nous saisissons ce fait dans l’un des manuscrits de l'Anonyme Stadtchronik, écrit en 1452, où les mots in den selben ziten sont remplacés par ceux-ci : do man zalt 1318 jar 2. Plus tard, cette date se retrouve, ainsi précisée, chez tous les historiens suisses 3.

La meilleure preuve que Justinger manquait de toute base chronologique certaine, est, suivant nous, le caractère même de son récit. On ne saurait, en effet, s’y tromper; le chapitre de l’expédition en Vallais n’a pas été composé sur des documents empruntés aux archives bernoises, archives dont cet auteur fait un si fréquent usage; l’absence de toute date positive et de tout nom de personne, l’allure générale de la narration, tout démontre que Justinger a puisé son récit dans la tradition orale, vieille déjà de plus d’un siècle. On peut, en quelque sorte, /33/ comparer ce chapitre à celui que le même chroniqueur a consacré aux origines de la Confédération suisse 1.

Si maintenant nous plaçons en regard de ce récit ce que des documents assez nombreux nous apprennent de la guerre du XIIIme siècle, on sera frappé de la concordance des faits provenant de ces deux sources. Au début de la lutte, en 1294, Pierre de la Tour a dû rechercher l’appui de Berne dont il était combourgeois; mais l’évêque de Sion obtint de l’avoué impérial de Berne, Jacques de Kienberg, la neutralité de cette ville ainsi que celle de ses alliés, Soleure et le Hasli. Quelque temps après, Boniface concluait lui-même un traité de combourgeoisie avec Berne, à qui il promettait son secours et celui de sa terre contre Rodolphe de Weissembourg, Vautier et Arnold de Wædiswyl et les Rarogne de Mannenberg. Le comte Jocelin de Blandrate et la commune de Louèche figurent dans ce traité aux côtés de l'évêque. L’alliance entre Berne et Sion eut, sinon pour cause, du moins pour conséquence naturelle celle de Pierre de la Tour avec les seigneurs de l’Oberland, et le traité de paix conclu en 1299, par l’intermédiaire du roi Albert, entre l’église de Sion d’une part, les deux frères de Wædiswyl et Pierre de la Tour de l’autre, /34/ nous fournit la preuve que les hostilités ont réellement éclaté entre les seigneurs coalisés et le Vallais 1.

Ces faits ne forment-ils pas exactement le cadre qui convient au combat de Louèche de Justinger ? Au moment où celui-ci écrit, la tradition bernoise ne se souvient que de la sanglante défaite des dynastes; elle a oublié les causes de leur entreprise, la durée et les péripéties de la lutte. La date de 1318, d’abord approximative, se fixe et se transmet de chronique en chronique; puis elle pénètre en Vallais avec un récit tout fait, et s’impose sans peine à une tradition locale très confuse. Ni Stumpf, ni aucun autre chroniqueur suisse ne parle de la guerre de Pierre de la Tour contre l’évêque Boniface. De son côté, la tradition vallaisanne ne paraît pas se douter du rôle que les dynastes de l’Oberland ont joué dans cette guerre, bien que ce /35/ rôle soit prouvé par des documents contemporains parfaitement authentiques; c’est que, sous l’influence de la date de 1318, elle a dédoublé les faits qui, suivant nous, doivent être fondus en un seul tout, et placés à la même époque.

A propos de la guerre du XIIIme siècle, les chroniques vallaisannes parlent d’un combat livré près de Louèche entre les troupes épiscopales et Pierre de la Tour, chef d’une armée de rebelles 1. Nous pensons que ce combat est le même que celui dont Justinger nous a conservé le souvenir, et que l’on doit effacer l’expédition de 1318 des annales du Vallais en même temps que de l’histoire de Jean de la Tour.

 

III

L’engagement que Jean de la Tour avait contracté contre les Waldstætten, devait durer aussi longtemps que la paix ne serait pas rétablie entre eux et l’Autriche 2. Or, la trêve conclue en 1318 avait été prolongée à plusieurs reprises; la tranquillité qui régnait en Suisse ne laissait guère au sire de Châtillon l’espoir de déployer là ses talents et son activité au service des Habsbourg.

Le 2 juillet 1321, Jean envoie de Brigue aux fonctionnaires de ses domaines à Hérens, à Ayent et à Granges, l’ordre de remettre dorénavant, sans retard, les revenus qu’ils percevront à son vidomne de Conthey, et de suivre les /36/ instructions que cet officier ou son autre mandataire, Jean de Grimisuat, leur transmettra de sa part, comme s’il les leur donnait lui-même 1. Il semble qu’à la veille d’une nouvelle entreprise, Jean prît ses mesures pour l’administration de ses biens pendant son absence. A cette époque, Brigue était déjà ce qu’il est aujourd’hui, le point de départ du Simplon, l’une des routes internationales les plus fréquentées entre la France ou l’Allemagne occidentale et l’Italie. Jean de la Tour allait-il porter encore une fois ses pas vers l’Italie ? Pour répondre à cette question, il est nécessaire de jeter un rapide coup d’œil sur la situation politique de ce dernier pays.

La papauté d’Avignon, qui s’appuyait sur le parti guelfe, aspirait à la direction politique de la péninsule; elle allait jusqu’à prétendre exercer l’autorité impériale dans tout l’Empire aussi longtemps que le trône en resterait vacant 2. Or, l’Eglise n’avait reconnu ni Frédéric d’Autriche, ni Louis de Bavière 3. Jean XXII, élu en 1316, n’avait pas tardé à ouvrir les hostilités contre les Visconti qui, maîtres de Milan et de neuf autres villes de la Lombardie, formaient le principal centre gibelin 4. /37/

D’autre part, les deux prétendants à l’Empire avaient cherché, chacun de son côté, à étendre leur influence en Italie 1. Sur ce terrain, Frédéric avait devancé de beaucoup son adversaire; ce que voyant, le pape s’était rapproché de lui, lui laissant entrevoir qu’au prix de secours suffisants contre les Visconti, l’Eglise consentirait peut-être à se prononcer en sa faveur. Des négociations furent engagées; conduites du côté de l’Eglise par le roi Robert de Sicile, elles aboutirent, en 1320, à un traité d’alliance en Lombardie 2. Ce traité, conclu entre les deux princes, liait aussi les ducs d’Autriche, et l’on sait positivement qu’en 1321, Frédéric entretenait à sa solde un corps dans l’armée pontificale 3. Il y a tout lieu de supposer que Jean de la Tour s’apprêtait à rejoindre cette armée, lorsqu’en juillet il donnait, à Brigue, l’ordre dont il vient d’être parlé; du moins, on le trouve d’une façon certaine en Italie l’année suivante, au service des Habsbourg.

La lutte se poursuivait en Lombardie avec des succès divers, lorsqu’en 1322, la politique de Frédéric d’Autriche changea subitement. Au printemps, il avait envoyé son frère Henri en Italie; et bientôt, 2000 cavaliers s’étaient trouvés réunis à Brescia autour de ce prince. Jamais l’horizon n’avait été si menaçant pour les Visconti; mais Matteo, en fin diplomate qu’il était, réussit à rompre la coalition /38/ formée contre lui. Il persuada à Frédéric que c’était combattre sa propre cause que de s’allier à la papauté dans la question italienne 1. Frédéric rappela son frère, et, résolu à reprendre une politique indépendante et vraiment impériale en Italie, il nommait, le 18 juin 2, trois plénipotentiaires choisis, dit leur brevet, parmi ses secrétaires et familiers : Rodolphe de Hewen, Jean de la Tour, seigneur de Châtillon en Vallais et maître Hermann de Stocka. Il leur donnait pour mission de recevoir au nom de l’Empire l’hommage des villes, des communes, des nobles et des vassaux de la Lombardie, et leur conférait des pleins pouvoirs pour traiter avec eux tous de la confirmation de leurs privilèges, promettant d’observer les engagements que ses représentants prendraient à cet égard.

Jean de la Tour jouissait on le voit comme diplomate aussi bien que comme soldat, de la confiance des ducs d’Autriche; ceux-ci savaient trouver en lui l’expérience des affaires italiennes auxquelles il s’était initié sous le dernier empereur 3.

L’historien florentin Villani rapporte qu’au mois d’août 1322, des ambassadeurs du roi Frédéric arrivèrent en Lombardie 4. Ils étaient chargés d’excuser auprès du /39/ cardinal-légat Bertrand, représentant du pape en Italie, le brusque départ du duc Henri d’Autriche, et de négocier un accord entre l’Eglise et les fils de Matteo Visconti. Celui-ci venait, en effet, de mourir (juin 1322) en léguant à son fils aîné, Galéas, une situation politique assez ébranlée.

On pourrait croire, à première vue, qu’il s’agit d’une ambassade distincte de celle que Frédéric envoyait aux villes lombardes 1. Cependant, Villani ajoute que Galéas reçut les ambassadeurs de Frédéric à Milan avec de grands honneurs, et que les autres cités dépendant des Visconti les accueillirent aussi et se donnèrent au duc d’Autriche, dans l’attente qu’il les réconcilierait avec l’Eglise ou qu’il les défendrait contre elle 2. Cela s’applique parfaitement à la mission confiée à Jean de la Tour et à ses collègues.

Nous avons du reste la preuve de l’arrivée de ceux-ci en Italie précisément à l’époque indiquée par Villani, et des relations qu’ils nouèrent avec les villes lombardes pour la reconnaissance de leur maître. Le 4 septembre 1322, nous rencontrons Rodolphe de Hewen et Jean de la Tour à Verceil, traitant avec cette commune dans laquelle le parti fidèle au Saint-Empire romain était alors le maître 3. /40/ Dans une adresse écrite, qui leur est présentée, sont réunis les vœux de la commune : confirmation de ses coutumes et de ses droits; révocation de la sentence prononcée contre elle par Henri VII, alors qu’elle était gouvernée par le parti rebelle à l’Empire; protection royale, garantie de l’immédiateté, etc. Ces demandes dépassaient sans doute en plusieurs points les limites de leur compétence, mais ils s’engagent à faire tout leur possible pour obtenir l’adhésion du roi.

Quelque temps après, le 23 septembre, les deux ambassadeurs sont à Crémone, promettant, cette fois en vertu de leurs pouvoirs, de faire confirmer par leur maître tous les privilèges de la ville 1.

Notons, en passant, qu’Albert de la Tour, le frère cadet de Jean, accompagnait celui-ci à Verceil 2.

S’il faut en croire Villani, et rien n’est plus vraisemblable, le véritable but des villes lombardes en reconnaissant le roi Frédéric était d’obtenir son intervention dans leur lutte avec l’Eglise; dès lors, les négociations entamées, d’après cet auteur, avec le cardinal-légat s’imposaient aux ambassadeurs de Frédéric comme la conséquence naturelle de leur mission, et l’on ne doit pas être surpris de n’en trouver aucune mention dans les lettres de créance du 18 juin. On peut, croyons-nous, sans hésitation, identifier l’ambassade de Rodolphe de Hewen et de Jean de la Tour avec celle dont parle Villani. /41/

Suivant cet auteur, les envoyés de Frédéric allèrent chercher à Valenga le cardinal Bertrand, et lui firent accepter une trêve entre les belligérants. Cette trêve devait durer jusqu’au 1er octobre; ils espéraient, dans l’intervalle, conclure un accord définitif; mais ce terme s’écoula sans qu’ils aient pu y parvenir 1.

On vient de voir comment, pendant ce temps, l’autorité de Frédéric d’Autriche s’affermissait dans la Lombardie. Sans doute, c’était en Allemagne que la lutte pour l’Empire devait trouver son dénouement, mais là aussi la fortune paraissait pencher en faveur des Habsbourg contre Louis de Bavière; Frédéric espérait venir bientôt lui-même poursuivre en Italie l’œuvre commencée par ses ambassadeurs 2, lorsque le 29 septembre 1322, la bataille de Muhldorf vint briser en quelques heures toutes ses espérances 3. C’était en même temps le coup de mort pour la mission de Jean de la Tour et de Rodolphe de /42/ Hewen; représentants d’un prince vaincu et captif, ils voyaient s’anéantir les résultats qu’ils avaient obtenus, et perdaient en un instant tout crédit.

Toutefois, le sire de Châtillon ne quitta pas la Lombardie. La connaissance qu’il avait acquise des hommes et des choses de ce pays et les nombreuses relations qu’il s’y était créées, lui réservaient un rôle assez inattendu dont il nous reste à parler maintenant.

Le désir de la paix devenait chaque jour plus général à Milan 1; les souffrances que la guerre et les anathèmes de l’Eglise faisaient peser sur la ville, soulevaient les murmures de plus en plus forts des citoyens, même de ceux qui appartenaient au parti gibelin. Après la mort de son père, Galéas Visconti ne réussit à s’emparer de la seigneurie que par surprise 2. Les essais de négociation avec le légat, tentés à plusieurs reprises dans le cours de l’année 1322, ayant tous échoué 3, les Milanais en vinrent à considérer le gouvernement des Visconti comme l’unique obstacle au rétablissement de la paix. Alors, un certain nombre de citoyens /43/ notables du parti gibelin complotèrent la chute de Galéas 1. Ce projet, auquel les nombreux mercenaires de la seigneurie avaient été gagnés à prix d’argent, fut mis à exécution le 8 novembre; le peuple s’ameuta autour du palais aux cris de : la paix, la paix ! Vive l’Eglise ! Et Galéas, battu à trois reprises dans les rues, dut s’enfuir à Lodi.

Aussitôt, rapporte un témoin oculaire très digne de confiance, Bonincontro Morigia, dans sa chronique de Monza, aussitôt, les promoteurs de la révolution firent proclamer capitaine de Milan un Bourguignon nommé Jean de la Tour 2. Son témoignage est confirmé par celui d’un frère mineur, Gualvaneo de la Flamma, qui était aussi sur les lieux. D’après ce dernier, ce choix avait été convenu à l’avance entre les chefs milanais du complot et les principaux capitaines mercenaires, et il avait également reçu l’approbation du cardinal-légat qui était dans le secret de la conjuration 3. Il est probable, en effet, que la diplomatie pontificale n’était pas demeurée étrangère à la trame ourdie contre les Visconti.

Mais ce Jean de la Tour est-il bien le sire de Châtillon? Ce titre ne lui est donné que dans une source assez postérieure, les Annales Mediolanenses 4. Toutefois la qualification /44/ de Bourguignon, jointe à la présence en Lombardie du seigneur vallaisan, ne laisse guère de doute sur l’identité des deux personnages. En outre, Gualvaneo de la Flamma ajoute dans sa narration que Jean de la Tour était venu à Milan pour faire la paix, faisant allusion par là aux efforts tentés dans ce but par les envoyés de Frédéric d’Autriche.

Sous quelles influences le nom de Jean de la Tour fut-il mis en avant ? C’est ce qu’il est difficile de dire. Le prestige dont il avait joui comme représentant de l’Empire, n’a peut-être pas été étranger au choix de sa personne; c’était, en quelque sorte, une satisfaction donnée au sentiment gibelin. D’autre part, l’Eglise n’avait plus les mêmes raisons de s’opposer à sa candidature, depuis la défaite de Frédéric d’Autriche. Enfin, si le choix d’un étranger surprend au premier abord, il faut reconnaître qu’il avait l’avantage de couper court aux compétitions qui n’auraient pas manqué de surgir entre Milanais, et qu’il flattait la vanité des mercenaires ultramontains dont la nouvelle seigneurie ne pouvait se passer. N’était-ce pas une singulière /45/ destinée que celle de ce chevalier vallaisan mis à la tête de la fière cité lombarde ?

Jean de la Tour était élu capitaine ou seigneur de Milan pour un an 1. Nous ignorons quelles furent les attributions de sa charge; mais il ne faudrait pas s’en exagérer l’importance, car le nouveau régime, dans la pensée de ses fondateurs, devait être, semble-t-il, un retour aux institutions républicaines. Dans la république réformée, la direction politique, le pouvoir effectif appartinrent aux nobles milanais qui avaient fait la révolution; ils formèrent le conseil tout-puissant de l’Etat dont Jean ne fut que le chef nominal. C’est du moins l’impression très nette qui ressort de l’examen des sources contemporaines 2. Tout au plus avait-il le commandement militaire.

Quoi qu’il en soit, Jean ne devait pas jouir longtemps de ses fonctions. Le parti qui venait de triompher manquait d’unité; ses chefs étaient gibelins et prétendaient gouverner la cité au nom de l’Empire 3; mais, tandis que les uns souhaitaient avant tout la paix, prêts à l’acheter au prix de /46/ larges concessions à l’Eglise 1, d’autres redoutaient encore plus que celle-ci ne ramenât au pouvoir les della Torre, les anciens maîtres de Milan sous le régime guelfe 2. Ces craintes n’étaient pas chimériques. A peine la révolution était-elle accomplie, que les partisans des della Torre occupèrent en armes Monza; pour les en déloger, les Milanais durent faire le siège de cette ville dont ils s’emparèrent le 16 novembre 3.

D’autre part, les négociations engagées de nouveau avec le cardinal Bertrand étaient sur le point d’aboutir. Le 20 novembre, Jean XXII donnait à son légat la faculté de révoquer l’interdit qui pesait sur Milan, si la ville persévérait dans la soumission et le dévouement à l’Eglise dont elle avait fait preuve en secouant le joug tyrannique de Galéas 4.

Mais cette mesure ne reçut pas son accomplissement; grâce à la désunion de ses chefs, la nouvelle république milanaise était déjà condamnée. Le parti Visconti ne pouvait accepter l’idée d’une soumission complète à l’Eglise et relevait la tête 5. Il racheta le concours des mercenaires /47/ allemands mécontents de ce que les promesses qu’on leur avait faites n’étaient pas remplies 1 et rappela clandestinement Galéas. Celui-ci rentra à Milan le 12 décembre à l’aube; peu après, il parvenait à se faire rendre la seigneurie 2. Alors, la plupart des nobles qui avaient poussé à la réconciliation avec l’Eglise, craignant le ressentiment de Galéas, quittèrent la ville, et, pour nous servir des termes de Morigia, « l’Allobroge qui avait été fait capitaine après l’expulsion de Galéas, fut chassé de Milan. »

Ainsi se termina ce brillant mais court chapitre de la carrière aventureuse de Jean de la Tour. Il ne survécut pas longtemps à ce nouveau revers de la fortune 3, mais on ignore quelle a été sa fin. Une clause du testament de son fils, Pierre (V), imposant à ses héritiers l’obligation de respecter l’accord qu’il a fait pour son père avec les moines de Saint-Maire de Milan, permet de supposer, avec quelque vraisemblance, que Jean de la Tour est mort à Milan, ou tout au moins qu’il a été inhumé dans cette ville 4.

 


 

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APPENDICE

Notes historiques sur quelques possessions de Jean de la Tour.

 

CHÂTILLON

On ignore à quelle époque et à quel titre les la Tour ont acquis cette seigneurie; cependant, on admet généralement qu’ils la tenaient en fief du comte de Savoie 1.

Leur possession est prouvée à partir de Girold (I), arrière-petit-fils de Guillaume (I), qui, en 1233, fait don à l’abbaye d’Abondance de l’église de Lœtschen 2. Or, la vallée de Lœtschen, aussi haut que l’on peut remonter, fait partie de la terre de Châtillon. Il est probable que Girold avait hérité cette terre de son père, Pierre (II), mort en 1233.

Il ne serait pas impossible que le fief d’Anselme de Châtillon, concédé, vers 1179, gratuitement mais « salvo feudi jure » par l’évêque Conon à Guillaume (I) de la Tour, ait été l’origine, si ce n’est unique du moins partielle, de la seigneurie de /50/ Châtillon 1. Toutefois, nous croyons plutôt voir dans le fait de cette concession l’indice que Châtillon appartenait aux la Tour dès cette époque. Cette terre ne faisait-elle pas partie des domaines étendus que les seigneurs de Bex possédaient au XIIme siècle dans le Vallais et dont une fraction importante a passé aux la Tour par l’alliance d’Aymon (I) avec Clémence († avant 1206), fille et héritière de Girod, sire de Bex ? On constate en effet qu’au XIIme et encore au XIIIme siècle, les de Bex ont des possessions dans le territoire de Châtillon 2.

Quoi qu’il en soit de cette hypothèse, Châtillon ne relevait pas alors du comté de Savoie. Le traité d’échange conclu en 1260 entre Pierre de Savoie et l’évêque Henri énumère toutes les possessions savoyardes dans le Vallais en amont de la Morge, et stipule en particulier que l’évêque concédera à Girold de la Tour le fief que celui-ci tenait de la Savoie à Ayent 3. Comment le fief bien plus important de Châtillon serait-il passé sous silence ?

En 1311, l’évêque Aymon de Genève ayant prêté à Jean de la Tour 1060 livres mauriçoises, ce dernier lui donne une hypothèque sur le château de Châtillon et s’engage à la faire ratifier par l’évêque de Sion 4. Malheureusement cette ratification ne nous est pas parvenue. L’évêque était-il appelé à la donner à titre de suzerain de Châtillon ou simplement comme prince temporel du Vallais ? /51/

On pourrait enfin supposer que Châtillon, tout au moins le château et une partie de la seigneurie qui en dépendait, était une terre allodiale ne relevant en théorie que de l’Empire.

Il existe plus d’un argument à l’appui de cette hypothèse. Ainsi dans un traité conclu (avant 1293) 1 entre Amédée V et l’église de Sion au sujet des régales du Vallais épiscopal, le comte appuie ses réclamations sur une prétendue vente des régales opérée par l’évêque Landri (probablement le traité de 1224). Pierre (IV) de la Tour, qui joue dans cette occasion le rôle de procureur des diocésains de Sion, cherche à prouver la nullité de cette vente. L’un des arguments dont il se sert est celui-ci : « non valet venditio … pro eo quod dicta regalia non est propria dicti domini L. episcopi, quodque habent plures domini diocesani Sedun. partem et proprie per manus imperatoris. » Or, cette prétention, justifiée ou non, ne peut s’appliquer à personne mieux qu’au sire de Châtillon. Pierre (IV) et son fils Jean usaient de leurs propres sceaux pour sceller les contrats perpétuels et les testaments de leurs ressortissants, malgré le privilège qui appartenait au chapitre de Sion dans toute l’étendue de l’ancien comté vallaisan. Seul, le comte de Savoie partageait ce droit avec le sire de Châtillon, sans contestation de la part du chapitre 2.

Le titre même de sire de Châtillon en Vallais que Pierre (IV) et ses successeurs portent à l’exclusion de tout autre, n’est-il pas le signe du caractère particulier inhérent à cette /52/ terre ? L’apparition de ce titre coïncide avec l’accroissement de la puissance des la Tour-Châtillon 1. L’allodialité, ou mieux encore la prétention à l’immédiateté impériale du château de Châtillon, expliquerait le haut rang des alliances contractées par les chefs de la famille 2; elle donnerait la clef de la lutte de Pierre (IV) contre l’évêque Boniface, et plus tard, de celle de son petit-fils, Pierre (V), contre l’évêque Guichard Tavelli. Car les évêques ont travaillé sans cesse à faire disparaître les restes des anciennes seigneuries allodiales dans leur territoire.

Cependant, il est certain qu’Amédée VI, qui acquit en 1376 les biens des la Tour en Vallais, prétendait avoir la suzeraineté de Châtillon 3. Il résulte effectivement des comptes du bailli du Chablais, François, seigneur de la Serraz 4, que dans les premiers mois de 1356, à la suite de négociations qui eurent lieu à Genève entre Amédée VI et Pierre (V) de la Tour, et grâce à l’intervention du dit bailli ainsi que du comte de Gruyère et d’Aymon de Pontverre, tous les deux beaux-frères de Pierre de la Tour, ce dernier fit hommage lige au comte Amédée, et reconnut tenir de lui en fief son château de Châtillon. Il est évident qu’il s’agit ici d’une innovation; car, si Châtillon avait de tout temps relevé du comté, comment Pierre aurait-il tant tardé à en rendre hommage à son puissant suzerain, et pourquoi ces négociations ?

Les motifs de cette innovation sont aisés à découvrir dans l’état de troubles profonds où se trouvait alors le Vallais. Depuis 1351, Pierre de la Tour était en guerre ouverte avec /53/ l’évêque Guichard auquel il contestait le droit de suzeraineté sur un certain nombre de ses biens 1. D’autre part, Amédée VI avait profité de la condescendance de l’évêque, son protégé, pour se faire donner le titre de bailli épiscopal (1352) 2. Il détenait en cette qualité la plupart des châteaux de l’église de Sion et il faisait exercer les droits temporels de celle-ci par ses propres officiers 3.

Fort de sa double autorité, Amédée moyenna, le 26 juillet 1356, entre Pierre de la Tour et l’évêque Guichard une convention qui rétablit la paix entre eux pour un certain temps. Nous ne connaissons que quelques clauses de cet accord 4; l’une d’elles obligeait Pierre de la Tour à prendre en fief de l’évêque ses possessions allodiales sises entre Louèche et la Morge jusqu’à concurrence d’un revenu de 70 livres.

D’autre part, il se pourrait qu’Amédée eut des droits positifs sur la terre de Châtillon lorsqu’il força Pierre (V) à lui en rendre hommage. Tous les actes concernant la créance de l’évêque de Genève, Aymon du Quart, sur Jean de la Tour (1311), se trouvent aux archives d’Etat à Turin. Nous avons dit ailleurs 5 que cette créance ne paraît pas avoir été libérée au terme fixé; on peut se demander si la Savoie n’avait pas acquis des héritiers de l’évêque de Genève les droits qu’elle leur donnait sur Châtillon. /54/

 

VIDOMNAT DE CONTHEY

Conthey a fait autrefois partie des domaines de l’abbaye de Saint-Maurice qui, au Xme siècle, y exerce une certaine juridiction par l’organe de son prévôt 1. En 1002, l’abbé inféode la terre comprise entre la Morge et la Lizerne 2. C’est probablement à l’abbaye que le vidomnat de Conthey doit son existence; car, dans la Suisse romande, cet office relève toujours, à l’origine, d’un établissement ecclésiastique, et il n’existe, à notre connaissance, aucun rapport entre Conthey et l’église de Sion 3.

La maison de Savoie, qui acquit au XIme siècle une sorte d’avouerie sur les possessions de l’abbaye dans la vallée du Rhône, fit de Conthey son boulevard avancé contre le Vallais épiscopal. Elle y plaça plus tard un châtelain 4.

Vidomne et châtelain exercèrent parallèlement leurs droits à Conthey. Les relations de vassalité du premier avec Saint-Maurice semblent s’être perdues de bonne heure, mais il n’est pas prouvé que le vidomnat ait jamais relevé du comte de Savoie; nous savons qu’au XIVme siècle, Jean de la Tour, héritier du vidomnat, possédait avec ses frères des biens allodiaux considérables dans la châtellenie de Conthey 5. /55/

La famille des vidomnes de Conthey s’était en effet éteinte dans la ligne masculine vers le milieu du XIIIme siècle. Le 13 novembre 1255, Jacques, vidomne de Conthey, donne en hypothèque les possessions qu’il a en amont de la Morge à l’évêque Henri de Sion qui l’a cautionné pour une somme de 500 livres impériales 1. Peu après, le vidomnat a dû passer, probablement par héritage du dit Jacques 2, entre les mains d’Aymon (III) de la Tour, aïeul de Jean. Nous ignorons quels étaient les liens de parenté entre Jacques de Conthey et Aymon.

Le besoin se fit alors sentir de fixer les droits respectifs de la Savoie, représentée par son châtelain, et du vidomne à Conthey. Un accord fut conclu entre le comte Pierre et Aymon (III) de la Tour. Mais, son application ayant fait naître de nouvelles difficultés, le comte Philippe et Aymon (III) remirent la solution de celles-ci à l’arbitrage 3. La sentence fut prononcée à Evian, le vendredi 17 mars 1274 4.

Il est probable que les biens importants des vidomnes de Conthey en amont de la Morge passèrent également aux la Tour. On peut voir en eux l’origine partielle des possessions de Jean de la Tour soit à Granges, où il avait un métral, soit à Louèche et peut-être à Sion 5.

Lorsque Amédée VI revendit à l’église de Sion les biens qu’il avait acquis d’Antoine de la Tour, il garda tous ceux qui étaient situés au-dessous de la Morge, en particulier le château du vidomnat de Conthey 6. /56/

 

SAXON

Il ressort de l’un des documents annexés à ce mémoire que Pierre (IV) de la Tour avait des possessions allodiales dans les paroisses de Saxon et de Riddes, et qu’il les reconnut en fief lige du comte Amédée V moyennant une somme de 160 livres mauriçoises 1.

Quelle était l’origine de ces possessions ? Charrière a supposé que la mère de Pierre (IV), Isabelle, appartenait à la maison de Saxon parce qu’après la mort d’Aymon (III), le donzel Anselme de Saxon fut le curateur de son fils, Pierre (IV) 2. La chose nous paraît d’autant plus vraisemblable que la famille de Saxon soutint activement Pierre de la Tour dans sa lutte contre l’évêque Boniface. Le traité de 1299 contient en effet cette clause: « Petrus et Amedeus de Saxon a carceribus episcopi relaxentur 3. » En outre, il résulte d’un acte de l’année suivante que le chevalier Anselme de Saxon avait été mis à mort pour crime de lèse-majesté, et ses biens à Sion confisqués 4.

Isabelle aurait donc apporté aux la Tour une partie de la seigneurie de Saxon que nous voyons en effet se démembrer au XIIIme siècle. C’est ainsi qu’en 1276, Aymon de Saxon prend en fief du comte Philippe de Savoie, moyennant 53 livres, 10 sols, son alleu sis entre le pont de Martigny et Sion et comprenant en particulier la neuvième partie du domaine, juridiction et mandement de Saxon 5. Une autre fraction de /57/ cette seigneurie était échue à la famille d’Ayent. Deux acquisitions successives firent passer les droits de cette famille, en tout ou en partie, entre les mains de la Savoie 1. Enfin, un tiers de la seigneurie de Saxon était parvenu à Aymon de Lucinge qui le vendit au comte Philippe pour le prix de 356 livres, 12 sols (mai 1278) 2.

Malgré la reconnaissance de 1287, Jean de la Tour vendit ces possessions de Saxon et de Riddes, en son nom et au nom de ses frères, Aymon et Albert, à Amédée VI, comme si elles eussent été allodiales, et cela pour le prix de 385 livres mauriçoises. Le revenu annuel de ces terres avait été estimé à 19 livres, 5 sols; leur prix était donc calculé sur la base d’un intérêt de 5 %. Pour compenser le tort causé au comte de Savoie par cette opération, Jean de la Tour s’engage (31 mai 1320), à prendre en fief d’Amédée une valeur égale de ses terres ou droits allodiaux dans la châtellenie de Conthey 3.

 

OLLON

En 1157, Guillaume (I) de la Tour est vidomne à Ollon pour l’abbé de Saint-Maurice 4. Telle est l’origine des possessions de sa famille dans cette localité. Le vidomnat se transmet de père en fils pendant quatre générations; puis il est porté /58/ dans la famille de Greysier par Béatrice, fille de Girold (I) de la Tour 1. Cependant la branche des la Tour-Châtillon conserva des biens assez importants à Ollon 2 jusqu’en 1314 ou 1315 que Jean de la Tour les vendit, tant en son nom qu’au nom de ses frères, Aymon et Albert, et pour le prix de 600 livres, à Guillaume de Pontverre, chevalier, seigneur de Saint-Triphon. Il s’était réservé le droit de rachat pendant 8 ans à partir de Noël 1314. Le 4 février 1315, Jean vend ce droit à Guillaume de Châtillon pour le compte d’Amédée VI de Savoie, moyennant 200 livres mauriçoises qui sont spécialement destinées à rembourser les dettes des frères de la Tour envers Jean Bonivard, bourgeois de Chambéry 3.

 

AYENT ET HÉRENS

Ayent fait aujourd’hui partie du district d’Hérens. De tout temps, il y a eu entre la vallée de ce nom et Ayent une étroite relation, et l’on peut se demander si ces deux territoires ne formaient pas primitivement une même seigneurie.

Au XIme siècle, la moitié de la seigneurie et du bourg fortifié, castellum, d’Ayent avait passé du comte Ulric de Lenzbourg à son neveu, Aymon de Savoie, évêque de Sion. Ce prélat acquit en outre d’autres membres de sa famille la moitié de la tour de ce castellum et il fit don du tout à son chapitre, en 1052 4. Mais on peut observer que la plupart des biens que cette donation garantissait au chapitre sont tombés dans les mains de la maison de Savoie; ils forment une partie /59/ notable de ses possessions vallaisannes 1. Tel paraît avoir été aussi le sort de la moitié de la seigneurie d’Ayent.

En effet, nous retrouvons, au XIIIme siècle, deux parts dans la seigneurie d’Ayent : l’une d’elles appartient en alleu à la famille de ce nom; l’autre est possédée, à titre de fief savoyard, par les la Tour.

Ces deux parts sont en principe égales entre elles; chacune représente une moitié de l’ancienne seigneurie. C’est ce qui ressort très clairement d’un acte de 1342 réglant les droits de la métralie épiscopale à Ayent 2; l’évêque avait acquis dans l’intervalle la part des sires d’Ayent 3. Il doit y avoir, dit cet acte, deux métraux à Ayent : l’un, le métral d’Ayent, qui est celui de l’évêque et de la mense épiscopale; et l’autre, le métral de Bex, qui est celui du noble Pierre de la Tour, seigneur de Châtillon en Vallais.

Cet acte nous indique en même temps quelle a été l’origine de la seigneurie des la Tour à Ayent. On voit qu’elle provenait des sires de Bex; elle a dû par conséquent leur échoir, au début du XIIIme siècle, par suite du mariage d’Aymon (I) avec Clémence de Bex († avant 1206) 4. Dès 1229, Pierre (II), fils de Clémence, est effectivement possesseur d’une partie de la seigneurie d’Ayent 5. Il tient cette possession en fief de la Savoie, car l’échange de 1260 stipule que l’évêque concédera à Girold de la Tour, le fils de Pierre II, son fief d’Ayent dont Pierre de Savoie cède le domaine éminent à l’église de Sion 6. /60/

Il est dit également que Girold pourra construire une maison forte à Ayent; les la Tour y élevèrent en effet un château qui fut détruit par les patriotes en 1375. L’échange de 1260 ayant été annulé huit ans après, la seigneurie des la Tour redevint fief savoyard. Elle fut vendue, en 1376, à l’église de Sion par Amédée VI qui venait de l’acquérir avec les autres biens d’Antoine de la Tour.

A Hérens, il semble que les la Tour aient eu de très anciennes possessions 1. La coutume du plaît général de la vallée, dont nous avons une rédaction du XIIIme siècle, nous apprend que la seigneurie principale se partageait également entre les seigneurs d’Hérens et ceux d’Ayent 2. Nous ne connaissons pas la première de ces familles; mais on peut constater que dès le XIIme siècle, les sires de Bex sont en possession de la part des sires d’Hérens dans la seigneurie de ce nom 3. Ils conservèrent jusqu’au XIVme siècle des droits dans cette vallée, et probablement l’une des deux anciennes métralies 4. Une partie des possessions des sires de Bex à Hérens passa, semble-t-il, aux la Tour 5. La vallée d’Hérens relevait du moins en partie du comte de Savoie 6.

Le métral des la Tour à Ayent était en même temps leur percepteur dans la vallée d’Hérens 7; ils y avaient aussi un sautier, officier dont la position n’est pas très claire 8. Nous possédons un document intéressant sur la seigneurie des la Tour /61/ à Hérens; c’est la note de perception d’une taille levée par Jean de la Tour en 1322. Elle se monte à 56 livres, 13 sols, 7 deniers, répartis sur 39 fiefs ou ténements d’importance très variée 1.

Jean de la Tour était aussi coseigneur de Mage, autre paroisse de la vallée d’Hérens 2. Il est probable que cette possession lui venait également de l’héritage des sires de Bex, car une reconnaissance, sans date, indique comme seigneur du plait général de cette localité les sires de Bex et ceux de Grion 3.

Les droits des la Tour à Mage furent acquis de Pierre (V), en 1363, par le chapitre de Sion pour le prix de 300 florins d’or 4.

 


 

/62/

Depuis l’impression du présent mémoire, nous avons trouvé aux Archives d’Etat à Turin (Trattati coi Vallesani, paquet 2, no 41) un document qui nous avait échappé lors d’une première visite. C’est la sentence par laquelle Jean Albi de Boteria, juge en Chablais et en Vallais pour le comte Aymon de Savoie, condamne Perrod de la Tour, seigneur de Châtillon en Vallais, comme héritier de Jean de la Tour et en vertu de l’obligation passée par ce dernier le 27 janvier 1311, à payer à Henri, seigneur du Quart, la somme de 1050 livres mauriçoises. Cette sentence est prononcée à Saillon, « in assisiis publicis, » le jeudi 20 septembre 1341. — Voyez plus haut, p. 17.

D’autre part, M. Emile Motta, directeur de la bibliothèque Trivulziana à Milan, a bien voulu nous communiquer l’analyse d’un document inédit (Bibl. Trivulziana, Codex 1507), l’acte par lequel Rodolphe de Hewen, chevalier, et Jean de la Tour, seigneur de Châtillon en Vallais, confirment, au nom de Frédéric d’Autriche, les privilèges de la ville de Treviglio (Treviglio, 14 septembre 1322). Au nombre des témoins figure Albert de la Tour, frère de Jean. — Voyez plus haut, p. 39 et 40.

 


 

/63/

PIÈCES JUSTIFICATIVES

 

1

Sentence arbitrale d’Aymon, évêque de Genève, d’Aymon de Prés et d’Humbert de la Baume, réglant les droits réciproques de Philippe, comte de Savoie, et d’Aymon de la Tour dans le territoire de Conthey.

Evian, 1273, 17 mars
(Archives d’Etat à Turin, Trattati coi Vallesani, paquet 2, no 10.)

Nos frater Aymo, Dei gratia Gebennensis episcopus, et nos Aymo de Pres et Humbertus de Balma, castellanus Avillanie, milites, notum facimus universis presentes litteras inspecturis quod cum illustris vir dominus Philippus, Sabaudie et Burgundie comes, ex una parte, et Aymo de Turre, domicellus, ex altera, in nobis compromiserint tamquam in amicos, arbitros, arbitratores seu amicabiles compositores, de questione seu contentione suborta invicem inter ipsos occasione cujusdam pacis seu concordie facte, ut dicitur, inter illustrem virum dominum Petrum, comitem quondam Sabaudie, et dictum Aymonem super pluribus rebus in poderio Contesii existentibus nec non et super omnibus aliis discordiis usque ad hanc diem inter ipsos vertentibus, pro bono pacis et concordie dicimus et pronunciamus quod de hominibus habitatoribus apud Contesium, habeat dictus comes decem quos vel ipse dominus comes aut nuncius suus duxerit eligendos vel /64/ acceptandos. Et si homines quos dominus comes aut nuncius suus elegerit teneant terram a dicto Aymone, ipsi Aymoni de toto servicio et usagio quod debet terra, excepta fidelitate et homagio, respondeant. Et si res alicujus hominis domini comitis de dictis decem cadant in commissum, qui quidem homo teneat aliqua a dicto Aymone, tota escheitia sit domini comitis; ita tamen quod dominus comes tenetur dicto Aymoni constituere aliquem qui de censibus, serviciis et usagiis, pro rebus quas tenebat is cujus bona in commissum ceciderint, Aymoni predicto debitis, fidelitate et homagio exceptis, Aymoni respondeat antedicto. Dicimus etiam et arbitramur quod omnes bastardi apud Contesium et in poderio Contesii commorantes, sint homines domini comitis. Et si aliquis bastardus aliquid deliquerit propter quod bona sua cadant in commissum, aut alia causa ad manum domini comitis devenerint, et is bastardus aliqua a dicto Aymone teneat, dominus comes constituat aliquem qui dicto Aymoni de censibus, serviciis et usagiis, fidelitate et homagio exceptis, respondeat, prout superius de aliis hominibus est expressum. Preterea dicimus quod in bonis usurariorum apud Contesium et in poderio Contesii decedencium, habeat dominus comes duas partes, et Aymo predictus tertiam partem tanquam vicedominus, sive sint de hominibus domini comitis, sive de hominibus dicti Aymonis. Item dicimus et pronunciamus quod domus quam tenet dominus comes apud Contesium sua sit, et eam habeat pacifice et quiete; et domus quam habet idem Aymo et tenet eodem modo sua sit, ipsamque teneat et habeat pacifice et quiete. Item dicimus et pronunciamus quod dictus Aymo fidejussores conquerencium de aliis recipiat, tanquam vicedominus; quo facto, castellano domini comitis, qui pro tempore fuerit, negocium referat ut dictus castellanus, coram se aut coram judice domini comitis, querelantibus diem assignet ad quam dictus Aymo, vel nuncius ejus, intersit si voluerit. Si vero /65/ castellano domini comitis querimonia ab aliquo deferatur, castellanus a conquerente cautionem non recipiat, sed ad Aymonem predictum pro cavendo remittat. In condempnationibus autem capiat dictus Aymo partem suam, prout actenus extitit consuetum. Sane in causis inter aliquos vertentibus que non excedunt summam decem solidorum maurisiensium, potest dictus Aymo interponere partes suas sine castellano; verumptamen si dictus castellanus in causis hujusmodi interesse voluerit, intersit. Dicimus etiam et pronunciamus quod in insulis et nemoribus in poderio Contesii existentibus, ponantur banna et custodes de communi consensu castellani et Aymonis predicti. Item dicimus quod pascua in poderio Contesii existencia debrolientur per bonos viros, prout actenus extitit consuetum. Et si forte aliquid de dictis pascuis de consensu dictorum virorum remanxerit indebroliatum, et exinde detur aliquod intragium, dictus Aymo terciam partem percipiat de eodem; si vero aliquis census inde detur, ille census totaliter sit domini comitis. Preterea si albergum Petri quondam de Conteys, domicelli, quod Willelmus, filius dicti Petri, canonicus Sancti Mauricii Aganensis, tenet ad manum suam, ob decessum dicti Willelmi vel alia ex causa ad manum domini comitis venire contingerit, dicimus et pronunciamus quod compositio, si qua facta est inter dictum Aymonem et dictum canonicum super albergo predicto de feudo dicti Aymonis et augmento ejusdem feudi, per dictum dominum comitem dicto Aymoni inviolabiliter observetur et attendettur. Item dicimus et pronunciamus quod omnes adventicii seu habitatores qui venerint apud Contesium, vel in poderio Contesii moraturi, vel jam sunt ibi, qui a dicto Aymone non tenent terram, sint domini comitis; quos si castellanus domini comitis repudiaverit et retinere noluerit, dictus Aymo ex tunc ipsos valeat retinere. Nos autem Philippus, Sabaudie et Burgundie comes, et Aymo de Turre predicti laudantes, ratificantes et /66/ approbantes omnia suprascripta, confitentes etiam predicta universa et singula esse vera, promittimus nos comes bona fide et ego Aymo per juramentum super sancta Dei evvangelia corporaliter prestitum, predicta omnia attendere inviolabiliter et servare, et contra non venire in totum vel in parte. Renunciantes nichilominus nos comes bona fide et ego Aymo per idem juramentum omni exceptioni deceptionis seu circonventionis, doli, metus, in factum, et generaliter omni beneficio et auxilio juris canonici et civilis quod ad venendum contra predicta vel aliquod de predictis posset nobis competere vel prodesse; item juri dicenti generalem renunciationem non valere. In quorum omnium testimonium, nos episcopus predictus et nos Philippus comes et Aymo predicti sigilla nostra duximus presentibus apponenda. Datum et actum apud Aquianum, die veneris ante dominicam qua cantatur letare Jherusalem, anno Domini millesimo ducentesimo septuagesimo tercio.

 

2

Pierre de la Tour, seigneur de Châtillon en Valais, reconnaît en fief d’Amédée V, comte de Savoie, toutes ses possesions du mandement de Saxon et de la paroisse de Riddes, moyennant une somme de 80 livres mauriçoises.

Sembrancher, 1287, 7 décembre.
(Archives d’Etat à Turin, Trattati coi Vailesani, paquet 2, no 19.)

Ego Petrus de Turre, dominus Castellionis in Valeysio, notum facio universis presentes litteras inspecturis quod ego ab illustri viro domino Amedeo, comite Sabaudie, recipio in perpetuum et recognosco in feudum et tenere volo, per me succesoresque meos, quicquid habeo, teneo et possideo, per me vel per alium, in mandamento seu districtu castri de Sasson et in parrochia dicti loci; item in parrochia de Rida, in quibuscumque rebus existat, terris, possessionibus, redditibus, serviciis, usagiis, obventionibus, homagiis, hominibus, /67/ juridicionibus, dominiis quocumque nomine censeantur vel censeri possint. Et pro hiis rebus et feudo, facio eidem domino comiti homagium ligium, excepto uno domino, volens et precipiens quod heredes mei illud iddem dicto domino comiti, heredibusque suis, perpetuo facere teneantur, et recognoscere feudum supradictum. Promitto insuper eidem domino comiti, pro me et heredibus, per juramentum super sancta Dei evvangelia a me corporaliter prestitum, ipsum dominum comitem et ejus heredes, excepto uno domino, juvare et deffendere toto posse meo viriliter contra omnes, et jura sua et comoda eidem et heredibus suis ubique procurare, et erga ipsos semper fideliter me habere. Pro receptione vero et recognitione feudi, et ratione dicti homagii facti et in posterum, ut predictum est, faciendi, confiteor me habuisse et recepisse ab ipso domino comite octoviginti libras maurisiensium in bona pecunia numerata. In cujus rei testimonium, sigillum meum duxi presentibus apponendum, et rogavi apponi sigillum venerabilis patris domini G., Dei gratia abbatis Sancti Mauricii Aganensis. Nos vero dictus abbas Sancti Mauricii Aganensis, ad preces et requisitionem dicti Petri, ad majus robur et testimonium veritatis, sigillum nostrum presentibus duximus apponendum. Datum apud Sanctum Brancherium, die dominica ante conceptionem beate Marie virginis, anno Domini millesimo ducentesimo octogesimo septimo.

 

Amédée V, comte de Savoie, notifie l’hommage prêté ci-dessus.

1287, 15 décembre.
(Archives d’Etat à Turin, paquet 2, pièce annexée au no 19.)

Nos Amedeus, comes Sabaudie, notum facimus universis presentes litteras inspecturis quod nos habemus a nobili viro Petro de Turre, domino Castellionis in Valeysio, dilecto /68/ fideli nostro, quandam litteram sigillo suo et sigillo domini G., abbatis Sancti Mauricii Aganensis, sigillatam, cujus tenor talis est: Ego Petrus de Turre, dominus Castellionis … (voir le document publie ci-dessus) … In cujus rei testimonium, nos dictus comes sigillum nostrum huic presenti transcripto, nichil addito vel remoto per quod mutetur sentencia, duximus apponendum. Datum in octava conceptionis beate Marie predicte, anno Domini millesimo ducentesimo octuagesimo septimo.

 

3

Jean de la Tour, vicaire de Côme, reconnaît avoir reçu à titre de prêt d’Aymon du Quart, évêque de Genève, la somme de 1050 livres mauriçoises; il lui donne, en garantie de cette dette, une hypothèque sur tous ses biens, et en particulier sur son château de Châtillon en Vallais.

Côme, 1311, 27 janvier.
(Archives d’Etat à Turin, Trattati coi Vallesani, paquet 2, no 27.)

In Dei nomine, amen. Anno Domini millesimo trecentesimo undecimo, indictione nona, die vicesimo septimo mensis januarii ejusdem nonæ indictionis, in presentia mei Nicolai, notarii, et testium infrascriptorum, nobilis vir Johannes de la Turre, vicarius Cumanus, fuit solempniter confessus et contentus se ex causa mutui habuisse et recepisse ac sibi integre numeratas fuisse mille et quinquaginta libras bonorum morisiensium a domino Sanctio de Riparolio, comite de Sancto Martino, dante, numerante et mutuante nomine reverendi in Christo patris Aimonis de Quarto, Dei gratia episcopi Gebennensis. Exceptioni non numerate pecunie et non tradite vel solute, et spei future numerationis, et omni exceptioni doli et in factum omnino renuntians, et quod non dicet vel opponet dictam pecunie quantitatem integre non fore acceptam, datam, solutam et numeratam non esse, neque in ipsius utilitatem non fore commissam. Quas quidem /69/ mille et quinquaginta libras morisiensium, predictus Johannes, per se suosque heredes, michi notario infrascripto tanquam publice persone et nomine dicti domini Aimonis heredumque suorum et ab eo causam habentium solempniter stipulanti, dare et solvere per infrascriptos tres terminos, scilicet a festo beate Marie kandelarie proxime venturo usque ad unum annum, libras trecentas bonorum morisiensium, et a predicto termino usque ad alium annum, medietatem residui dicte quantitatis, et a predicto secundo termino usque ad alium annum, medietatem residui dicte quantitatis. Hoc solempniter acto quod predictus dominus Aimo possit solempniter petere, convenire et exigere, pro (sic) se suosque heredes ut supra, predictum Johannem suosque heredes realiter et personaliter, in quocumque loco et foro voluerit et sub quocunque judice maluerit, supponens se dictus Johannes et suos heredes jurisditioni cujuscumque judicis, tam ecclesiastici quam secularis, et specialiter domini episcopi Sedunensis, prout melius et solempnius potuit et ex certa scientia, quia sic fiat solempniter actum inter dictas partes. Quam quidem pecunie quantitatem, ad terminos superius declaratos, predictus Johannes ut supra michi notario infrascripto ut supra tanquam publice persone stipulanti, cum omnibus dampnis et expensis et interesse que vel quas predictus dominus Aimo fecerit vel sustinuerit in judicio vel extra vel alio quocumque modo pro ipsa pecunia exigenda, dare et solvere promisit, et de hiis credere simplici verbo sine sacramento et alia probatione. Pro quibus omnibus et singulis firmiter observandis et adimplendis, predictus Johannes michi notario tanquam publice persone recipienti generaliter omnia sua bona, tam presentia quam futura, pignori obligavit, et specialiter castrum Castellionis, situm in Valesio, cum omni jurisditione, honorantia et dominio, et cum omnibus juribus, fictis, redditibus et rationibus ad dictum castrum pertinentibus seu que pertinere possent; ita quod per /70/ predictam obligationem specialem non derogetur in aliquo supradicte generali obligationi. Et econverso que omnia, et specialiter predictum castrum Castellionis, precario jure, nomine predicti domini Aimonis et pro predicto domino Aimone, tenere et possidere constituit usque ad integram solutionem predicti debiti et satisfactionem omnium predictorum; ita quod licitum sit predicto domino Aimoni, excepto pacto, sua propria auctoritate et sine incursione alicujus pene, sine curie proclamatione aut aliqua denuntiatione, ingredi possessionem dicti castri et omnium jurium pertinentium ad dictum castrum, et ipsum castrum retinere donec tam de dampnis et expensis quam de predicto debito fuerit sibi plenarie satisfactum. Insuper solempniter promisit dictus Johannes, per se suosque heredes, michi notario infrascripto tanquam persone publice nomine quo supra stipulanti, quod predictus dominus episcopus Sedunensis et fratres predicti Johannis et ejus uxor omnia supradicta et singula et infrascripta simul separatim laudabunt, approbabunt, ratificabunt et confirmabunt, et quod predicti sui homines de Castellione de fictis, redditibus et fodris respondebunt predicto domino Aimoni vel ejus certo nuncio. Item quod dabit sibi illos defensores et fidejussores de Valesio quos predictus dominus Aimo voluerit nominare, per se vel per alium, per publica instrumenta ad dictamen sapientum. Et ad majorem cautelam, et firmitatem omnium predictorum, predictus Johannes corporaliter juravit ad sancta Dei evangelia contra predicta vel aliquod predictorum nullam restitutionem impetrare pretextu minoris etatis vel cujuscunque alterius rationis vel cause, nec in aliquo contravenire in totum vel in partem, per se vel submissam personam, nec de jure nec de facto; et generaliter dictus Johannes renuntiavit omni exceptioni et omni auxilio juris canonici et civilis quo se juvare vel defendere posset contra predicta vel aliquod predictorum; et dictum instrumentum refici et meliorari possit semel vel /71/ pluries, ad consilium unius vel plurium sapientum, prout melius et firmius pro dicto domino Aimone episcopo stare poterit. Actum Cumis, in palatio communis ipsius civitatis Cumarum, in domibus in quibus dictus Johannes vicarius morabatur, presentibus domino Andrea, de domino Andrea de Iporegia, judice, Jacomecto de Bolza, familiare dicti vicarii, Thomaso de Iporegia, Fomasio Lavizario et Delaiolo Bordotino, notario Cumano, testibus ad predicta vocatis. Et ego Nicolaus Angeli, domini Berardi de Balneo de Aquila publicus imperiali auctoritate notarius, predictis omnibus et singulis presens interfui, eaque scripsi et publicavi, meoque solito signo signavi rogatus. Ego Fomasius Lavizarius, publicus Cumanus notarius, tradictioni hujus instrumenti et predictis omnibus interfui, meumque signum apposui et scripsi. Ego Delayollus Bordotinus, publicus Cumanus notarius, tradictioni hujus instrumenti et predictis omnibus interfui, meumque signum apposui et scripsi.

Nos vero Johannes Albi de Boteria, judex in Gebennesio et Chablasio pro illustri principe domino Aymone, comite Sabaudie, huic presenti publico instrumento, ad majorem roboris firmitatem, sigillum curie predicte ad requisitionem viri nobilis et potentis Henrici, domini de Carto, duximus adponendum. Datum, quo ad nos, in assisiis Sancti Brancherii, die vicesima quinta mensis augusti, anno Domini millesimo trecentesimo tricesimo nono.

 

4

Aymon, évêque de Genève, donne procuration à son frère, Henri du Quart, prévôt d’Aoste, pour le règlement de sa créance sur Jean de la Tour, vicaire de Côme.

Milan, 1311, 12 février.
(Archives d’Etat à Turin, Trattati coi Vallesani, paquet 2, no 28.)

In Dei nomine, amen. Anno Domini millesimo trecentesimo undecimo, indictione nona, die decima secunda mensis /72/ februarii ejusdem none indictionis, in presentia mei Nicolai, notarii, et testium infrascriptorum, reverendus in Christo pater dominus Aimo, Dei gratia episcopus Gebennensis, fecit, constituit et ordinavit suum verum et legitimum procuratorem, actorem, factorem et nuntium specialem, providum et sapientem virum dominum Henricum de Quarto, prepositum Augustensem, fratrem ipsius, presentem et mandatum suscipientem, ad petendum, exigendum ac recuperandum a nobili viro Johanni de Turre, vicario Cumano, mille et quinquaginta libras bonorum morisiensium in quibus et pro quibus michi notario infrascripto, solempniter stipulanti tanquam publice persone nomine episcopi supradicti, ex causa mutui, se suosque heredes principaliter et etiam castrum Castellionis, situm in Valesio, cum omni jurisditione, honorantia et dominio, ac juribus, fictis, redditibus et rationibus ad dictum castrum pertinentibus, jure pignoris obligavit. Et promisit dictus Johannes, pro (sic) se suosque heredes, quod venerabilis pater dominus episcopus Sedunensis et fratres predicti Johannis et uxor ipsius omnia supradicta simul vel separatim laudabunt, approbabunt, ratificabunt et confirmabunt, et quod sui homines de Castellione de fictis, redditibus et rationibus supradictis respondebunt domino Aimoni episcopo supradicto, vel ejus nuncio, et quod dabit sibi illos fidejussores et defensores de Valesio quos predictus dominus Aimo voluerit nominare, prestito per dictum Johannem super hec corporaliter juramento, prout in instrumento publico inde confecto, scripto manu mei Nicolai, notarii infrascripti, plenius continetur. Et ad vocandum sibi fore solutum et satisfactum de predicta pecunie quantitate, et ad faciendum finem, remissionem et pactum de ulterius non petendo, et ad liberandum et absolvendum predictum Johannem suosque heredes, castrum, jura, pertinentias ac homines ipsius, et predictum dominum episcopum Sedunensem ac fratres dicti Johannis et ejus uxorem et fidejussores, /73/ si qui dati sunt vel dari debeant occasione predicta, per acceptilationem et Acquilianam stipulationem, de omnibus obligationibus, promissionibus, juramentis et stipulationibus factis hinc inde occasione predicta. Promittens idem dominus Aimo michi notario infrascripto, tanquam publice persone stipulanti et recipienti vice et nomine dicti Johannis et omnium quorum interest vel intererit, firmum, ratum et gratum habere quicquid per dictum suum procuratorem factum fuerit in premissis et quolibet premissorum, sub ipotheca et obligatione omnium bonorum suorum. Actum et datum Mediolani, in domibus Gerardi de Aliatis de Mediolano, presentibus domino Sanctio supradicto, presbitero Martino, rectore beate Marie Magdalene Gebennensis, et Clemente, rectore ecclesie de Bazena, Gebennensis diocesis, et pluribus aliis testibus ad predicta vocatis. Et ego Nicolaus Angeli, quondam domini Berardi de Balneo de Aquila publicus imperiali auctoritate notarius, predictis omnibus presens interfui, ipsaque scripsi et publicavi, meoque solito signavi signo rogatus.

 

5

Aymon, fils de Pierre de la Tour, seigneur de Châtillon en Vallais, ratifie l’hypothèque donnée par Jean, son frère, sur le château de Châtillon, à Aymon, évêque de Genève, en garantie d’un prêt de 1050 livres mauriçoises.

Sion, 1311, 28 février.
(Archives d’Etat à Turin, Trattati coi Vallesani, paquet 2, no 29.)

In nomine Domini, amen. Anno ejusdem millesimo trecentesimo undecimo, sumpto millesimo in circoncisione Domini, indictione nona, tertio kalendas marcii, in civitate Sedunensi, ante capellam sancte Trinitatis domus episcopalis, in mei notarii et testium subscriptorum presencia, propter hoc specialiter constitutus nobilis vir Aimo, clericus, filius quondam Petri de Turre, domini Castellionis in Valesio, idem Aymo, spontaneus et ex certa scientia, nec vi nec dolo ad hoc /74/ inductus et nullo imperio ipsum ad hoc cogente, laudavit, approbavit, ratificavit et etiam confirmavit, prout melius potuit et prout intelligi potest firmius et dictari, totalem obligationem et assignationem qualem seu quales fecit vel faciet Johannes de Turre, frater ipsius Aymonis, in manu reverendi in Christo patris domini Aymonis, divina provisione episcopi Gebennensis, vel alterius nomine ipsius domini episcopi recipientis, de mille et quinquaginta libris monete maurisiensis super castello Castellionis in Valesio, quod est ipsorum fratrum, et super hominibus, appendiciis, dominio, jurisditione et pertinenciis omnibus ipsius castelli, vel alibi ubicumque obligavit aut obligabit, seu assignavit vel assignabit dictus Johannes de Turre predictam pecunie quantitatem predicto domino episcopo Gebennensi, aut mandato vel assignato seu assignatis ejusdem; eodem modo, forma et conditione quibus dictus Johannes de Turre obligavit, posuit et assignavit, seu obligabit vel assignabit prefato domino episcopo Gebennensi, vel mandato seu assignato ipsius, summam pecunie supradictam. Promittens idem Aymo de Turre, bona fide manualiter prestita in manu mei notarii stipulantis et recipientis nomine et ad opus prefati domini episcopi Gebennensis, dictam obligationem dicte pecunie quantitatis factam vel faciendam per ipsum Johannem de Turre erga dictum dominum episcopum vel alterum nomine suo recipientem, ratam, gratam et firmam habere totaliter et servare; et quod contra ipsam obligationem vel assignationem non veniet, per se vel per alium, aliquatenus nec consentiet alicui contravenire volenti. Testes fuerunt ad hoc vocati et rogati dominus Franciscus Derdes, canonicus Sedunensis, dominus Jacobus de Contez, capellanus, Jacobus de Boza, Willelmus de Grimisua, domicelli, Aymo Derdes et plures alii. Et ego Amedeus de Reyna, clericus Sedunensis diocesis, auctoritate imperiali publicus notarius, predictis omnibus presens fui, et ea propria manu scripsi rogatus, signoque meo signavi in testimonium veritatis. /75/

 

6

Ratification de la même hypothèque par Isabelle, femme de Jean de la Tour.

Châtillon, 1311, 4 mars.
(Archives d’Etat à Turin, Trattati coi Vallesani, paquet 2, no 30, annexe 1.)

In nomine Domini, amen. Anno ejusdem millesimo tercentesimo undecimo, indicione nona, quarto nonas marcii, in castro Castellionis, in presencia mei notarii et testium subscriptorum, constituta nobilis domina domina Ysabella, uxor nobilis viri domini Johannis de Turre, domini castri predicti ac etiam vicarii civitatis Cumarum, sciens, prudens ac spontanea, considerata sua et dicti Johannis mariti sui utilitate evidenti, laudavit, ratificavit et approbavit in manu mei notarii stipulantis et recipientis, obligacionem seu assetamentum quam fecerat dictus Johannes, maritus ejus, reverendo in Christo patri ac domino domino Aymone de Quarto, episcopo Gebennensi, de castro predicto ac etiam de redditibus, proventibus et exitibus seu fructibus dicti castri, ac etiam pertinenciis universis, pro quantitate mille et quinquaginta librarum bonorum maurisiensium quas dictus dominus Johannes de Turre recepit, nomine et ex causa mutui, a prefato domino episcopo Gebennensi, ac etiam promisit solvere dicto domino episcopo, vel ejus certo mandato, terminis infrascriptis. Videlicet ad festum purificationis beate Marie virginis proxime venturum, trecentas libras, et a predicto termino usque ad alium annum, medietatem residui dicte quantitatis, et a predicto secundo termino usque ad alium annum, aliam medietatem residui dicte quantitatis. Quam obligationem seu ypothecationem vel assetamentum predicta domina ratificando ut supra, promisit bona fide et per juramentum suum ad sancta Dei evvangelia corporaliter prestitum, in manu mei notarii stipulantis et recipientis nomine et ad opus prefati domini episcopi Gebennensis, predictam obligationem ratam, gratam et firmam habere perpetuo et tenere, nec contra /76/ facere vel venire in judicio et extra, per se vel per alium, aliqua machinatione vel quovis quesito colore, donec de predictis mille et quinquaginta libris prefato domino episcopo Gebennensi fuerit integre satisfactum. Renuncians in hoc facto dicta domina Isabella, per juramentum suum corporaliter prestitum ut supra, omni exceptioni doli, mali, metus et in factum, condicioni sine causa vel ex injusta causa, omnique beneficio juris canonici et civilis, scripti et non scripti seu etiam consuetudinarii, omni foro (sic) privilegio, ac etiam, certificata de jure suo per me notarium infrascriptum, omni juri ypothecario, legi Julie de fundo dotali, ac etiam privilegio pro dotibus seu mulieribus introducto, quibus mediantibus possent venire contra predicta vel aliquod predictorum, et specialiter juri dicenti generalem renunciacionem non valere nisi precesserit specialis. Ad hoc fuerunt testes vocati et rogati qui sic vocantur : dominus Franciscus de Herdes, canonicus Sedunensis, Willermus de Grimisua, Johannes filius ejus, Jacobus de Boza, Marquetus de Vesbia, domicelli, Aymo de Herdes, frater dicti domini Francisci. Et ego Johannes de Basilea, auctoritate imperiali publicus notarius, hiis omnibus interfui, et de mandato dicte domine hanc cartam feci et scripsi, signoque meo signavi rogatus in testimonium omnium premissorum.

 

7

Jean de la Tour fournit trois cautions à l’évêque Aymon de Genève et, à cette occasion, il renouvelle ses précédents engagements.

Côme, 1311, mars.
(Archives d’Etat à Turin, Trattati coi Vallesani, paquet 2, no 30, annexe 2.)

Anno dominice nativitatis millesimo CCCo XIo, indictione VIIIIa, die dominico XIIIIo mensis marcii, in civitate Cumana, presentibus testibus Bonefacio de Toyri, Johanne de Thoyri et Petro Nigro de Valexio. Cum dominus Johannes de la Turre, /77/ dominus Castellioni in Valexio, teneretur dare et solvere, in terminis infrascriptis et denotatis in quodam instrumento, venerabili in Christo domino Aymoni de Quarto, Dei gratia episcopo Gebennensi, prout in ipso instrumento per dictum dominum Johannem dicebatur contineri, libras mille et quinquaginta morisiensium bonorum, et dictus dominus Johannes promisisset, prout ipse dicebat, eidem domino Aymoni episcopo dare et prestare bonas et ydoneas cautiones et fidejussores de predictis denariis in dictis terminis persolvendis, ipse dominus Johannes infrascriptos fidejussores denotatos et nominatos Jacometo de Boza, dicto nomine, presentavit, et ad majorem firmitatem se de novo obligavit. Unde dominus Johannes predictus de la Turre convenit et per stipulationem promisit dare et solvere Jacometo de Boza, de valle Augustensi, recipienti vice et nomine dicti domini Aymonis de Quarto, Dei gratia episcopi Gebennensis, vel suo certo nuntio qui dictum instrumentum haberet et portaret ac redderet, libras mille quinquaginta bonorum morisiensium in infrascriptis terminis. Videlicet hinc ad festum sancti Michaelis proxime venturum, libras CCCL morisiensium; et a dicto termino usque ad unum annum sequentem proximum, alias libras CCCL morisiensium; et postea, de predicto festo sancti Michaelis usque ad unum annum subsequentem, alias libras CCCL bonorum morisiensium, cum omnibus dampnis et expensis, interesse a quolibet termino in antea, et cum restitutione omnium dampnorum, interesse et expensarum factarum et faciendarum exinde; quos denarios dictus dominus Johannes fuit confessus et contentus se recepisse et habuisse a dicto domino Aymone, episcopo Gebennensi. Renunciando omni exceptioni non receptorum et non habitorum dictorum denariorum, et omni spei future receptionis et numerationis. Et inde pro predicto domino Johanne de la Turre versus dictum Jacometum de Boza, predicto nomine, et insolidum, Hanricus de Rarogny, Ricardus de /78/ Sempiono et Guigliermo de la Plaza se constituerunt et fecerunt principales debitores et pagatores, observatores et adtentitores. Renunciando quod non possint dicere vel opponere principalem debitorem prius fore conveniendum, et renunciantes legi dicenti plures debenti (sic) reos pro parte fore conveniendos, et alteri legi dicenti ne quis ex reis conveniatur in solidum donec alter sit presens ac solvendo; ita quod ubique, cum omnibus eorum bonis et rebus, et sub quolibet judice et foro, ecclesiastico et civili, realiter et personaliter, possint et debeant conveniri; et promittentes non dicere vel opponere dictam pecunie quantitatem in utilitatem dicti domini Johannis non fuisse conversam. Et pro sic attendendo et observando et contra non veniendo, dictus debitor et fidejussores, et in solidum, obligaverunt eidem Jacometo de Bolza, predicto nomine, omnia eorum bona pignori que habent et habuerint. Et ad majorem firmitatem, juraverunt ad sancta Dei evvangelia, corporaliter tactis sacris scripturis, predicti fidejussores, scilicet Hanricus de Rarogny, Ricardus de Sempiono et Guigliermo de la Plaza, quod si dicti denarii in dictis terminis suprascriptis non fuerint soluti et satisfacti cum expensis inde factis dicto Jacometo, predicto nomine, postquam denunciatum fuerit eis per ipsum Jacometum de Bolza, predicto nomine, vel per eorum certum nuncium ad hoc constitutum, per unum mensem ante quod ab illo mense in antea, promiserunt tenere ostagia personaliter in civitate Sedunensi, et de ipsa civitate sub debito juramenti non recedere, nec de ipsa exire sive se absentare donec eidem Jacometo, predicto nomine, aut eorum certo nuncio de dictis quantitatibus suprascriptis et expensis predictis fuerit solutum et satisfactum; de quibus dampnis et expensis credatur simplici verbo, sine juramento vel aliqua alia probacione, dicti Jacometi, dicto nomine, vel ipsius domini episcopi. Renunciaverunt itaque debitor et fidejussores predicti fori privilegio, novarum constitutionum et epistule divi Adriani /79/ beneficio, exceptioni doli, conditioni sine causa, in factum actioni et omni alii auxilio. Et inde preceptum est mihi Raynerio de Marchato, notario infrascripto, civi Yporregie, fieri et tradi publicum instrumentum sicut melius poterit dictari, ligari et firmari una vice et pluribus vicibus ad dictamentum unius sapientis, ad majorem firmitatem dicti Jacometi, predicto nomine. Et florinos quinque boni auri et recti ponderis pro factura hujus carte. Ego Raynerius de Marchato, notarius Yporregie, interfui rogatus et hanc traditi cartam et scripsi, meoque signo consueto signavi et apposui et me subscripsi.

Nos vero Johannes Albi de Boteria, judex in Gebennesio et Chablasio pro illustri principe domino Aymone, comite Sabaudie, huic annexo instrumento, ad majorem roboris firmitatem, sigillum curie predicte ad requisitionem viri nobilis et potentis Henrici, domini de Quarto, duximus apponendum. Datum, quo ad nos, in assisiis Sancti Brancherii, die XXV mensis augusti, anno Domini millesimo CCCo tricesimo nono.

 

8

L’évêque Aymon de Genève fait don à son neveu, Jacques, seigneur du Quart, des droits que lui confère sa créance sur Jean de la Tour, seigneur de Châtillon en Vallais.

Ivrée, 1311, 5 octobre.
(Archives d’Etat à Turin, Trattati coi Vallesani, paquet 2, no 30.)

Anno dominice nativitatis millesimo tricenteximo undecimo, indicione nona, die quinto mensis octobris, in civitate Yporregie, in domo domini Andree de domino Andrea, jurisperiti, presentibus testibus ad hec vocatis et rogatis domino Andrea predicto, Martino, fratre suo, et domino Gotefredo de Septimo, civibus Yporregie, et pluribus aliis. Constitutus ibidem reverendus in Christo pater dominus Aymo de Quarto, episcopus Gebennensis, confessus fuit et publice recognovit /80/ tamquam in judicio, in presentia mei notarii et testium predictorum, se recepisse et habuisse a Jacobo, ejus nepote de Quarto, et ab ejus patre, fratre ipsius domini episcopi, per manum dicti Jacobi, ejus nepotis, plures quantitates denariorum ad ejus benefitia impetranda et otinenda, et ad serviendum in Italia altissimo domino imperatori, et etiam ad ejus alia negotia peragenda. Volens sub hiis dicto Jacobo de Quarto, nepoti suo, resarcire et remonerare, non vi, non dolo, non metu, sed prudens, ex spontanea et ex certa sciencia et non per errorem, donavit pure, mere et specialiter, inter vivos et ex causa donationis pure, mere et inrevocabilis, et inrevocabiliter inter vivos dedit, cessit, transtulit atque mandavit Jacobo, domino de Quarto, nepoti suo, pro se et fratribus suis et heredibus suis recipientibus, omnia jura et actiones reales et personales, directes et ypothecarias et in factum, que et quas prefactus dominus episcopus habebat, habet et habere potest et debet adversus nobilem virum Johannem de Turre, dominum Castelionis in Valexio, dyocesis Sedunensis, et heredes ejus, ac principales scidarios ejusdem et heredes et bona eorum, nomine et occasione debiti videlicet mille et quinquaginta librarum bonorum morisiensium. Quas libras mille et quinquaginta monete predicte, idem dominus Johannes, dominus de Turre supradictus, et ejus scidarii principales debitores, dare et solvere tenentur, ex causa legitimi mutui et de pura sorte, predicto domino episcopo, ut patet publicis instrumentis, uno facto et recepto per manum Reynerii de Merchato, notarii Yporregie, sub anno Domini millesimo CCCo XIo, indicione VIIIIa die dominico XIIIIo mensis marcii, alio vero recepto et scripto et facto manu Nicolai Angeli, domini Berardi de Barnio de Aquilla publici notari, cujus incarnatio talis est : « In nomine Domini, amen. Anno dominice incarnationis millesimo CCCo XIo, indicione VIIIIa, die XXVIIa mensis januarii », asignatum per manum Fomaxi Lavissari, publici notarii curie, etiam per manum Layoli Bertoldini, /81/ publici Comani notarii. Que infrascripta idem dominus episcopus prefacto Jacobo, domino de Quarto, nepoti suo, dedit et tradidit, ibidem ipsum constituens dominum et procuratorem in rem suam, et ponens ipsum in locum suum ita quod deinceps ipse dominus de Quarto, recipiens nomine quo supra, et heredes ejus predictis omnibus et singulis juribus et actionibus adversus prefactos debitores seu scidarios principales et quemlibet ipsorum insolidum et eorum heredes et ipsorum loco, nomine et occasione predicti debiti, agere, experiri, replicare, deffendere, excipere et se tueri possint, petere illud (sic) sortem quecumque penas, dampnas, expensas, et interesse et bona obligata et omnia alia et singula que et quemadmodum prefactus dominus episcopus facere poterat ante presentem donationem, datum et cessionem. Paciscens et conveniens quod ipse dominus episcopus nulli alii cessit actiones et jura predicta, quodque tempore hujus donationis, dati et cessionis, vere erat creditor debiti pretassati; nec non promitens dictus episcopus dicto Jacobo, domino de Quarto, nomine suo et fratrum et heredum suorum stipulanti, predictas donationes, datum et cessiones, omnia et singula supra et infra scripta grata, racta et firma perpetuo habere et tenere, et in nullo contrafacere vel venire aliqua ratione vel causa, de jure vel de facto, et predicta omnia et singula jura, actiones sibi deffendere ac tueri et espedire; nec non sibi restituere et refficere omnia et singulla dampna, expensas et interesse, litis et extra. Obligando pro hiis omnibus et singulis firmiter attendendis et observandis dicto domino de Quarto, recipienti nomine quo supra, omnia bona sua presentia et futura. Renunciando omni exceptioni doli et in factum actioni, condictioni sine causa vel ex injusta causa, omni exceptioni gratitudinis et sinuationis, et cujuslibet alterius sollempnitatis omisse, et quod non possit dicere vel opponere hujusmodi donationem, datum et cessionem fuisse vel esse simulatam, nec aliter in presenti instrumento plux vel /82/ minus fuisse scriptum quam dictum, et e converso, et omnibus aliis exceptionibus, deffensionibus et juribus quibus modo aliquo contrafacere vel venire posset. Actum est quod presens instrumentum dictetur, corrigetur et refficiatur semel vel pluries, estenso in judicio vel non estenso, in favorem domini de Quarto vel ejus causam habentum, consilio sapienum. Et ego Jacobus Grogneti, civis Yporregie, auctoritate imperiali notarius publicus, interfui, et hanc cartam rogatus scripsi.

 

9

Jean de la Tour, seigneur de Châtillon en Vallais, vend à Guillaume de Châtillon, agissant pour le compte d’Amédée, comte de Savoie, moyennant la somme de 200 livres mauriçoises, le droit de rachat de divers hommes et biens, sis dans la paroisse d’Ollon, qu’il avait vendus autrefois à Guillaume de Pontverre, seigneur de Saint-Triphon.

Conthey, 1320, 4 février.
(Archives d’Etat à Turin, Trattati coi Vallesani, paquet 2, no 31.)

In nomine Domini, amen. Anno a nativitate ejusdem millesimo tercentesimo vicesimo, indicione tertia, quarta die mensis februarii, apud Contegium, in castro Johannis de Turre, domini Castellionis in Valesio, coram me notario et testibus infrascriptis, propter infrascripta personaliter et specialiter constituti vir nobilis predictus Johannes de Turre ex una parte, et Guillermus de Castellione, familiaris illustris viri domini Amedei, comitis Sabaudie, ex altera. Cum prefatus Johannes de Turre, nomine suo, Aymonis et Alberti fratrum suorum, olim vendiderit perpetue domino Willermo de Pontevitreo, militi, domino castri Sancti Triphonis, precio sexcies centum librarum maurisiensium, omnes homines, res, omniaque bona et jura ac etiam actiones quos, quas et que idem Johannes et dicti fratres ejus habebant, sive habere poterant et debebant, in tota villa, terratorio et parrochia de Olono, et specialiter et expresse ac nominatim /83/ homines infrascriptos cum abergamentis et tenementis eorum, videlicet Michaelem de Salsa, Anthonium de Valpelina, Bosonem, fratrem ejus, Willermum Radini, Perretum, filium a la Pontiliessa, Johannem, filium a la Vitta, Jaquemolam, uxorem Petri a la Vitta, Bosonem Riortom, Brunetum Aymonis, Johannem, fratrem ejus, Martinodum, filium Petri Martin, Martinum Album, Willermum, filium Petri Duverii, Rodolphum dou Putys, Martinum dou Pustys, Perretum Rivillioz, Johannem Comparaz, Willermum Comparaz, Udricum, filium Umberti Comparaz, Brunetum de Planavilla, Petrum Chevalier, Album Chevaleir, Jaquemetum de Prato, Martinum, filium a la Ponty, Anthonium de Platea, Brunetum de Tresplaci, Cristinam, relictam Petri de Tresplaci, Agnetem, uxorem Petri Alaneys, Jordanum de Lamerina, Petrum de Lamerina, Humbertum, filium Girodi de Ormont, Johannem, fratrem ejus, Bosonem lo Torqueis, Johannem Ruphi, abergamentum Petri Ansermi, Agnetem quondam de Vilar, Hugonem, fratrem dicti Johannis Ruphi, Jaquemetum Porquet, Johannem Bonicolam, Willermum et Michaelem, fratres ejus, abergum a la Chamosseta, Petrum Gauz, Johannolam, filiam Jaquemeti de Prato, Willermum lo Valeton, liberos Ytan, Jaquemetum de Palvery, Johannem lo Patilliac, abergum Mauricii de Canali, et Bosonem de Canali, homines talliabiles ad misericordiam domini, ut dicitur, cum abergamentis et tenementis eorum. Item Jaquemetum, filium Petri Thome, item Petrum, filium Raymondi de Vilar, Bosonem Novelli, abergum Girodi ou dou Vibert, liberos Jaquemeti ou Besson, Petrum de Omunt, de Verthreseri, Johannem lo Duc, de Vilar, Humbertum Corna, feodum de Cojonay, Michaelem de Panaes, Petrum Mistralem, de Vilar, liberos ejusdem, Willermam, relictam Petri de Curia, de Vilar, Rodolphum, fratrem dicti Petri de Curia, homines liberos; videlicet quatuor homines supra proximo scripti debent unum homagium tantum, prout asserunt. Item Udricum, filium Willermi Generi. Petrum Humberti antenatum. Petrum, /84/ fratrem ejus, Perretum, filium Udrici Generi, Willermolam la guidressa, Jaquemetum Nivet, Humbertum de Larnaz, Vuillermum, filium Jaquemeti de Lietery, Brunetum Cochare, Michaelem, filium Raymondi, Willermum de Super viam, Jaquemetum Currel, Perrussodum de Lietery, abergum Borquardi Darvey, Johannem lo Nas, Maurilium de Alyo, Perretum de Alyo, Jaquemetum Juliane, Hugonem, fratrem ejus, Brunetum de Sala, Martinum de Sala, Johannem de Petris et Willermolam, filiam quondam Udrici Lambeir, feodatarios. Et postea, ex pacto expresso inter predictos emptores et venditorem habito in contractu vendicionis, prefatus dominus Willermus, emptor, concesserit eidem venditori, nomine suo et dictorum fratrum suorum, quod ipsi Johannes, Aymo et Albertus, fratres, aut alter ipsorum, seu heres vel assignati eorumdem aut alterius ipsorum, possint et eis liceat vendicionem predictam reemere et rehabere pro precio supradicto, infra octo annos continuos et completos inceptos in nativitate Domini qua incepit currente millesimo tercentesimo quintodecimo; videlicet quandocumque infra dictos octo annos eisdem fratribus aut alteri eorum, seu assignatis ipsorum vel alterius eorundem, placuerit et videbitur expediri, prout hec omnia pacta dicte reempcionis in quodam publico instrumento per manum Perrodi de Melduno, olim notarii publici, super predictis confecto, plenius continentur, cujus quidem instrumenti tercia linea incipit: « Viris nobilibus, » et peneultima finit : « presentibus. » Hinc est quod prefatus Johannes de Turre, sciens, prudens et spontaneus, considerata utilitate sua et dictorum fratrum suorum evidenti, dat, donat, cedit, vendit, transfert et concedit, pro se et dictis suis, prefato Guillermo de Castellione et michi notario infrascripto stipulantibus et recipientibus vice, nomine et ad opus predicti domini comitis Sabaudie, jus et actionem reemendi res predictas et homines venditos ut supra, prout superius continetur, et hoc pro precio ducentarum librarum bonorum maurisiensium /85/ quas dictus Johannes, ex causa predicta, confitetur habuisse et recepisse a predicto domino comite, per manum predicti Guillermi de Castellione, in bona pecunia numerata, et in evidentem utilitatem et causam neccessariam ipsius Johannis et fratrum suorum totaliter fore versas, specialiter in exonerationem debitorum in quibus ipsi fratres tenebantur Johanni Bonivardi, burgensi Chambariaci. Et ad majorem hujus venditionis et cessionis firmitatem, idem Johannes reddidit et tradidit prefato Guillermo de Castellione et michi notario infrascripto, stipulantibus ut supra, predictum instrumentum reemptionis predicte. Cedens idem Johannes prefato domino comiti, et in ipsum transferens, omne jus, omnesque actiones reales et personales, utiles et directas, contrarias atque mixtas, pretorias et civiles, quod et quas ipse Johannes et fratres sui predicti habent, habebant seu habere poterant et debebant in omnibus rebus et hominibus et tenementis eorum ut supra venditis, tam ex vi reemptionis predicte quam ex causa alia quacumque, seu quocumque nomine nuncupentur. Nichil juris, dominii, possessionis vel quasi proprietatis seu reclamationis cujuscumque pro se et dictis fratribus suis vel ipsorum altero, seu heredibus eorundem, in predictis penitus retinendo; ita quod ex nunc predictus dominus comes, aut alter nomine ipsius, possit et debeat predicta reemere et rehabere, et omnibus actionibus predictis et quocumque jure alio uti, agere, excipere, replicare, triplicare, consequi, se tueri, tam adversus dictum dominum Willermum quam quoslibet alios detentores rerum predictarum, quemadmodum idem Johannes facere posset ante presentem venditionem et cessionem, si personaliter interesset. Et sic devestiens se dictus Johannes et fratres suos predictos de omnibus supradictis cessis et venditis, et predictum Guillermum de Castellione et me notarium infrascriptum, stipulantes ut supra, per traditionem instrumenti predicti investiens, promisit per juramentum suum tactis sanctis Dei evvangeliis corporaliter prestitum, et sub /86/ obligatione omnium bonorum suorum mobilium, immobilium, presentium et futurorum, presentem venditionem et cessionem dicto domino comiti manutenere et deffendere contra omnes, suis propriis sumptibus et expensis, et nullo tempore per se vel per alium contrafacere vel venire. Et insuper se facturum et curaturum cum effectu, omne exceptione juris et facti remota, quod predicti fratres sui, Aymo et Albertus, omnia predicta rata habebunt et tenebunt, et nullo tempore contrafacient vel opponent. Et hoc sub pena restitutionis precii supradicti, dampnorum, expensarum et interesse que, quas et quod idem dominus comes aut mandatum suum diceret et assereret, solo suo simplici verbo tantum, fecisse, sustinuisse vel incurrisse occasione predictorum non attenditorum et observatorum. Renuncians in predictis et circa predicta dictus Johannes, sub vi prestiti juramenti, omni exceptioni doli, mali, vis et metus, non numerate pecunie et spei numerationis future, actioni in factum, conditioni sine causa vel ex injusta causa, libelli oblacioni, littis contestationi copie presentis, restitucioni in integrum, implorationi judicis officium, legi ob es alienum, juri dicenti promictentem factum alienum non posse obligari, exceptioni minoris precii et omni auxilio juris canonici et civilis, facti, consuetudinis et usus, per quod ipse vel fratres sui aut alter eorum possent aliquid contrarii attentare contra predicta vel aliquod predictorum, jurique dicenti generalem renunciationem non valere nisi in quantum precesserit specialis. Testibus presentibus ad hec vocatis et rogatis domino Johanne de Bagniolo, milite, Guillermo de Arbignyon, domicello, Johanne Bonivardi, de Chambariaco, et domino Jacobo de Melduno, capellano. Et ego Girodus de Necuday, clericus, auctoritate imperiali notarius publicus, qui predictis omnibus vocatus et rogatus a dictis partibus interfui, hoc instrumentum publicum recepi, scripsi et in formam publicam redegi, signoque meo consueto signavi in testimonium veritatis, tradidi et complevi. Datum ut supra. /87/

 

10

Jean de la Tour, seigneur de Châtillon en Vallais, reconnaît en fief d’Amédée V, comte de Savoie, un certain nombre d’hommes, de terres et de droits qu’il possédait jusqu’alors en alleu dans la châtellenie de Conthey.

Sion, 1320, 31 mai.
(Archives d’Etat à Turin, Trattati coi Vallesani, paquet 2, no 32.)

In nomine Domini, amen. Anno ejusdem millesimo tercentesimo vicesimo, indicione tercia, ultima die mensis maii, apud Sedunum, in domo nobilis viri Johannis de Turre, domini Castellionis in Valesio, coram me notario et testibus infrascriptis, propter infrascripta personaliter constitutus Johannes de Turre predictus. Cum idem Johannes, prout asserit, nomine suo et nomine Aymonis et Alberti fratrum suorum, perpetuo vendiderit illustri viro domino Amedeo, comiti Sabaudie, plures res, homines talliabiles et censitos, census, redditus, decimas et juriditionem quas et quos ipsi fratres habebant in castellania Saxonis, et quamvis ipse res essent et tenerentur in feodum per fratres predictos a domino comite supradicto, ipsas vendiderit dictus Johannes tanquam allodiales pro precio tercentarum quater viginti et quinque librarum maurisiensium, que quidem res vendite, una cum juriditione et dominio ipsarum, extimate sunt valere decem novem libras et quinque solidos maurisiensium annui redditus; et actum fuerit inter dictum dominum comitem, ex una parte, et dictum Johannem nomine quo supra, ex altera, quod idem Johannes pro recumpensacione et equipollencia feodi predicti, ut supra per ipsum venditi, accipere debeat in feodum a dicto domino comite tantumden in castellania Contegii de rebus suis et fratrum suorum allodialibus quantum ascendit extimatio supradicta; hinc est quod dictus Johannes, nomine suo et fratrum suorum predictorum, in recumpensationem et supplementum rerum predictarum ut supra venditarum, accipit et recipit vel quasi in feodum ligium a dicto domino comite, me /88/ notario infrascripto stipulante et recipiente tanquam persona publica vice, nomine et ad opus domini comitis supradicti et heredum seu successorum suorum, res omnes et singulas, homines talliabiles et non talliabiles, prata, terras, vineas, decimas, tallias, exitus et proventus, merum et mixtum imperium que et qui inferius continentur. Videlicet Vuillermum dou Morer, de Dallion, Severinum, fratrem ejus, Severinum, generum ejus, Johannem, Udricum et Michaelem dou Moreir, consortes eorum, homines talliabiles ad misericordiam. Item Perretum des Nez, de Dallion, Martinum Severinum et Bertholetum, fratres ejus, Jaquetum dou Cumbey, Valterum, Johannem, Rudulphum, Perretum et Humbertum, ejus filios, Bertholetum, filium Berthodi dou Cumbey, Antonium et Perretum, fratres ejus, Bertodum des Nez, de Dallion, Germanum, fratrem ejus, Udricum des Nez, albergum Cristine des Nez, Severinum, filium Martini Luis, de Dallion, Johannem dou Moreir, Petrum et Severinum, fratres ejus, Severinum Agnete, de Dallion, Johannem Blanchodi, Laurenciam et Vuillermolam, sorores ejus, Berthodum Ruphi dou Cumbey et octo filios suos, Martinum de Prato, de Dallion, Perretum et Vuillermetum, fratres ejus, Severinum Rapilliardi, heredes Johannis Rapilliardi quondam, Severinum, Anthonium et Mabilliam, fratres dictos Dus, homines suos talliabiles ad misericordiam. Item Petrum et Vuillermum, filios quondam Johannis Chapuis, Anthoniam, sororem eorum, Vuillermum Grivat, Johannem dictum Duc, Petrum, fratrem ejus, Johannem, Johannolam et Ceciliam, liberos Vuillermi Duc quondam, Martinum Berno, Perretum, nepotem ejus, et Avetam, filiam Agnetis Escofferi, de Dallion, omnes homines suos talliabiles, cum omnibus albergamentis, tenementis, liberis et posteritatibus omnium predictorum, et cum omnibus talliis, censibus, serviciis, placitis, usagiis et omnibus et singulis aliis ad que dicti homines, et eorum quilibet, eidem Johanni aut suis predictis fratribus quomodolibet tenentur. Item quandam suam decimam de /89/ Neinda, que decima valere extimatur, quolibet anno in annis communibus, sex modios siliginis ad mensuram Contegii. Item viginti solidos maurisiensium annui redditus quos dictus Johannes percipit et percipere debet, per annum, in hominibus et super homines talliabiles quos nobiles de Blonay habent apud Dallion. Item quandam vineam continentem sexdecim fossores, sitam in terratorio de Contegio, in loco dicto en Chadro, inter vineam Vuillermi de Ventona ex una parte et vineam Udrici dou Resat ex altera. Item quandam aliam vineam, sitam in eodem terratorio, continentem duodecim fossores, inter vineam heredum Aymonis de Herdes ex una parte et vineas heredum Esguerrat de Contegio ex altera, cum pertinenciis et appendenciis ipsarum vinearum. Item totum merum et mixtum imperium, juriditionem et superioritatem quamcumque, quod et quas ipse Johannes aut fratres sui predicti habent vel sibi competunt in hominibus, rebus, et decima supradictis. Preterea cum vir nobilis Petrus de Turre, pater dicti Johannis, quondam perpetue vendidisset viro venerabili domino Johanni, olim preposito Montis Jovis, quoddam pratum vocatum de Escona, situm in castellania Saxonis, tanquam allodiale quamvis illud pratum a dicto domino comite in feodum teneretur, hinc est quod dictus Johannes, nomine quo supra, in recumpensationem et supplementum feodi prati predicti, accipit et recognoscit in feodum ligium a dicto domino comite, me notario infrascripto stipulante et recipiente, quoddam pratum continens circa sexdecim seitoratas, situm in terratorio de Contez, subtus Chamarei, inter vias publicas superius et inferius et juxta pratum Stephani Remondan ab occidenti, cum pertinenciis et appendenciis dicti prati. Quos quidem homines supra scriptos, census, tallias, decimas, vineas et pratum, merum et mixtum imperium supradictum dictus Johannes, nomine quo supra, asserit, per juramentum suum supra sancta Dei evvangelia corporaliter prestitum, esse de suo et fratrum suorum predictorum libero allodio atque puro, /90/ ante confectionem presentis instrumenti; et ex nunc in antea confitetur et publice recognoscit omnia predicta se et suos heredes tenere et velle tenere in feodum nobile et ligium a dicto domino comite et ejus heredibus, sub homagio ad quod ipse tenetur dicto domino comiti pro rebus aliis quas ipse et fratres sui predicti tenent a domino comite supradicto. Transferens idem Johannes, nomine quo supra, per presens instrumentum, me infrascripto notario stipulante ut supra, omne jus, actionem et directum dominium in dominum comitem predictum que quilibet dominus feodi habere debet in feodo nobili quod ab eodem tenetur, et talem superioritatem qualis dicto domino comiti competebat in rebus ut supra venditis per predictos Johannem et patrem ejus, ante venditiones predictas. Promittens idem Johannes, per juramentum suum tactis evvangeliis corporaliter prestitum, et sub expressa speciali et generali obligatione et ypotheca omnium bonorum suorum, mobilium, immobilium, presentium et futurorum, omnia predicta et singula rata, grata et firma habere perpetuo et tenere, et nullo tempore, per se vel per alium, contrafacere vel venire; et se facturum et curaturum cum effectu quod predicti fratres sui omnia et singula in hoc contractu contenta rata, grata et firma habebunt perpetuo et tenebunt, et huic contractui consentient et ipsum ratificabunt, et nullo tempore contrafacient vel opponent. Promisitque idem Johannes, pro se et suis heredibus, sub juramento et obligatione quibus supra, non dicere vel opponere in futurum quod indebite vel sine causa sive alieno facto fuerit obligatus. Renuncians predictis et circa predicta idem Johannes, sub vi prestiti juramenti, omni exceptioni doli, mali, vis, simulationis et metus, actioni in factum, condicioni sine causa vel ex injusta causa, juri dicenti subicientem se alieni juriditioni ante litem contestatam penitere posse, juri dicenti quod si dolus inciderit in contractu, vel si dederit causam contractui, contractum, ipso jure, nullum esse et traditionem ex eo subsecutam infirmandam esse, omnique /91/ auxilio juris canonici et civilis, legum, statutorum, indulgentie, consuetudinis et usus per quod idem Johannes, nomine quo supra, posset contra predicta vel aliquod de predictis facere vel venire; jurique dicenti generalem renunciationem non valere nisi in quantum precesserit specialis. Testes ad predicta presentes fuerunt vocati et rogati, videlicet Cono de Chastel, domicellus, Symondus de Senis, Lumbardus et Guillermus dictus de Agniano, de Contegio, et plures alii. Et Ego Girodus de Necuday, clericus, auctoritate imperiali notarius publicus, qui predictis omnibus presens fui vocatus et rogatus a dicto Johanne, hoc presens instrumentum publicum recepi, scripsi, me subscripsi et signis meis consuetis signavi, in formamque publicam redegi. Anno, die, loco et indicione quibus supra.


NOTES :

Note 1, page 3 : Voyez L. de Charrière, Les sires de la Tour, mayors de Sion, seigneurs de Châtillon, en Vallais et leur maison, M. D. R., t. XXIV, p. 177, avec deux suppléments, M. D. R.,t. XXVI, p. 127 et t. XXXIV, p. 141.— On trouve aujourd’hui la plupart des actes concernant cette famille dans les Documents relatifs à l'histoire du Vallais, publiés par M. l’abbé Gremaud, M. D. R., t. XXIX-XXXIII. [retour]

Note 2, page 3 : Le Chablais primitif comprenait la vallée du Rhône, de Martigny au lac; il formait un comté distinct de celui du Vallais, qui seul appartenait à l’évêque de Sion. — Guillaume (I), le premier ascendant certain des la Tour, était major de Sion vers 1179 (Chartes sédunoises, N° 17, M. D. R., t. XVIII, p. 366), mais il n’est pas le premier de la famille qui ait exercé cet office (Charrière, M. D. R., t. XXIV, p. 185). A propos de l’origine des la Tour, il n’est pas sans intérêt d’observer que le major est, au début, simple percepteur des revenus d’une seigneurie ecclésiastique. Il est habituellement choisi parmi les tenanciers de cette seigneurie; mais il jouit de bonne heure de certaines attributions de basse justice qu’il ne cesse d’étendre, et dont l’exercice relève peu à peu le niveau social de sa famille; car son office est bientôt devenu héréditaire, et il a été assimilé à un fief à partir du XIIme siècle. À cette époque, le major de Sion est l’un des principaux officiers de l’évêque, grâce au rang qu’occupe Sion parmi les terres épiscopales. Sur l’histoire de la majorie de Sion, voyez Gremaud, op. cit., Introd., M.D. R., t. XXXIII, p. lxii. Guillaume (I) était déjà vassal du comte de Savoie (Gallia christiana, t. XII, Instr., col. 493) et vidomne de Saint-Maurice à Ollon et à Vouvry en 1157 (Hist. patr. mon., Chartae, t. II, col. 379). [retour]

Note 1, page 4 : Gremaud, op. cit., Introd., M. D. R., t. XXXIII, p. lxii. Charrière, M. D. R., t. XXIV, p. 185. [retour]

Note 2, page 4 : Charrière, loc. cit., p. 230 et suiv. [retour]

Note 3, page 4 : Ce titre se trouve pour la première fois dans une charte du 9 février 1286 (M. D. R., t. XXX, p. 346): « P. de Turre, domicellus, dominus Castellionis in Valesio. » Les seigneuries de ce nom n’étaient pas rares; il y en avait en particulier une dans le val d’Aoste; aussi la forme ci-dessus est-elle invariablement usitée. Châtillon est aujourd’hui Niedergesteln, dans le district de Rarogne. Voyez sur Châtillon et sur les autres possessions de Jean de la Tour les Notes historiques réunies à la suite de ce mémoire. [retour]

Note 1, page 5 : Hommage de Pierre (IV) de la Tour au chapitre de Sion (M. D. R., t. XXX, p. 540), Valère, 2 oct. 1299 : « Salvis tamen fidelitatibus quas dicebat se debere primo … domino episcopo Sedun. et subsequenter domino … comiti Sabaudie. » Du reste, ces rapports ont pu varier plus d’une fois. Une partie des possessions de Pierre (IV) dans le Vallais relevaient effectivement de l’évêque; l’hommage au comte était dû pour le fief d’Ayent et pour certaines terres du Vallais savoyard et du Chablais. Voyez les Notes historiques, p. 49 et suiv. — Pendant quelques années (1286-1294), le fief savoyard, du moins en partie, releva de Louis, seigneur de Vaud (M. D. R., t. XXX, p. 344 et 464). Il fit retour au comté en 1294. Dans l’intervalle, Pierre (IV) avait pris en fief d’Amédée V tous ses biens allodiaux de Saxon et de la paroisse de Riddes (Pièces justificatives, n° 2). Pierre devait encore hommage au chapitre et au sacristain de Sion (M. D. R., t. XXX, p. 540 et 541), et à l’abbaye de Saint-Maurice (Gall. christ., t. XII, Instr., col. 524). [retour]

Note 2, page 5 : Voyez par exemple les cas de Pierre (II) de la Tour, en 1220, et de Rodolphe de Conthey, ancêtre lui aussi de Pierre (IV) de la Tour, en 1227 (M. D. R., t. XXIX, p. 223 et 265). [retour]

Note 1, page 6 : Sur Pierre (IV), voyez Charrière, loc. cit., p. 255 et suiv. Encore mineur en 1277 (M. D. R., t. XXX, p. 266), il représente, en 1286, les communes du Vallais épiscopal (ibid., p. 346); il paraît avoir joué le même rôle dans le traité conclu, quelques années après, à Saint-Maurice, entre Amédée V et l’église de Sion (ibid., p. 445). Voyez encore ibid., p. 406 et les Comptes de Chillon, 1286-87 (Arch. de la Cour des comptes, à Turin). Bailli le 10 août 1291 (fontes rer. Bern., t. III, p. 516, 517), il est devant Nyon le 5 juillet 1293 (Grenus, Documents sur le pays de Vaud, p. 1, et Fontes rer. Bern., t. III, p. 554). Le 25 janvier 1294, à Montmelian, avec le comte de Savoie (M. D. G., t. XIV, p. 440, n° 372); il reçoit l’Ile le jour suivant (ibid., t. VIII, p. 252). Pour la guerre avec l’évêque Boniface, voyez plus bas, p. 34, n. 1. [retour]

Note 2, page 6 : Voyez Gingins, Documents pour servir à l'histoire des comtes de Biandrate, p. 27 et 28; Boccard, Histoire du Vallais, p. 73 et les objections présentées par Charrière, loc. cit., p. 263. — Il est curieux d’observer que dans les chartes de la chancellerie de Sion, l’Empire est indiqué comme vacant jusque dans le mois d’août 1293, soit plus d’une année après l’élection d’Adolphe de Nassau. Mais, lorsque la guerre éclata en Vallais, ces chartes portaient depuis assez longtemps le nom du roi Adolphe. [retour]

Note 1, page 7 : M. D. R., t. XXXI, p. 586, n° 1605. Voyez Mülinen, Schweiz. Geschichtforscher, t. I, p. 30. [retour]

Note 2, page 7 : Suivant Mülinen (Schweiz. Geschichtforscher, t. VIII, p. 30), elle était la fille du chevalier Arnold de Wædiswyl. Wattenwyl (Geschichte der Stadt und Landschaft Bern, t. I, p. 260), la nomme Marguerite (voyez Fontes rer. Bern., t. IV, p. 91). Nous avons trouvé la femme de Jean de la Tour mentionnée seulement deux fois dans les documents: le 4 mars 1311, sous le nom d'Ysabella (Pièces justificatives, n° 6); et le 19 décembre 1314, sous celui d'Elsebeta (M. D. R., t. XXXI, p. 247). Enfin il ressort d’un acte du 23 avril 1312 que, dès cette époque, Jean de la Tour était l’époux d’une Wædiswyl (Fontes rer. Bern., t. IV, p. 498). Y aurait-il eu confusion entre ces deux noms, et désigneraient-ils une seule et même personne ? Quant au mariage de Jean de la Tour avec Elinode Tavelli (Charrière, loc. cit., p. 279, d’après Galiffe, Notices généal., t. I, p. 244, et Furrer, Geschichte v. Wallis, t. III, p. 155), il n’en existe aucune preuve à notre connaissance, et l’on doit se demander s’il n’y a pas eu confusion avec Eliénarde Tavelli, femme de Pierre de Châtillon en 1362 (M. D. R., t. XXXIII, p. 219). [retour]

Note 1, page 8 : Plus exactement entre le 10 février 1307 et le 21 janvier 1308 (M. D. R., t. XXXI, p. 131 et 147). Les derniers actes de Pierre sont datés de Châtillon (ibid., p. 103, 107, 109, 129). Nous le voyons, et après lui ses fils, vendre des terres pour d’assez fortes sommes, une fois entre autres pro clamoribus nostris persolvendis (ibid., p. 129, 175, 191, 196; Pièces justificatives, nos 9 et 10). [retour]

Note 2, page 8 : M. D. R., t. XXXI, p. 147. — Toutefois les deux frères de Jean paraissent à differentes reprises comme copossesseurs du château de Châtillon (ibid., p. 196; Pièces justificatives, nos 3 et 5) ainsi que des terres de Saxon et d’Ollon (Pièces justificatives, nos 10 et 9). [retour]

Note 3, page 8 : Guyonne paraît en 1294 et en 1302 (M. D. R., t. XXX, p. 458 et t. XXXI, p. 62). La famille de Rossillon était originaire du pays de Gex. [retour]

Note 4, page 8 : Aymon paraît pour la première fois en 1307 (M. D. R., t. XXXI, p. 129); clerc en 1311 (Pièces justificatives, n° 5); chanoine et curé de Louèche le 23 janvier 1323 (M. D. R., t. XXXI, p. 369); évêque le 21 novembre 1323 (ibid., p. 456). Il sert de tuteur à son neveu Pierre (V) après la mort de Jean de la Tour (ibid., p. 474 et 510); † avril 1338 (ibid., t. XXXII, p. 137). [retour]

Note 5, page 8 : Albert cité pour la première fois en 1307 (ibid., t. XXXI, p. 129); encore impubère en 1310 (ibid., p. 196); il paraît pour la dernière fois en 1322 (voir plus bas, p. 40, n. 2). [retour]

Note 1, page 9 : Nous avons consulté sur l’expédition d’Henri VII en Italie : Böhmer, Regesta imperii, 1246-1313; — G. Dœnniges, Acta Henrici VII, Berlin, 1839; — F. Bonaini, Acta Henrici VII, Florence, 1877; — Kopp, Eidgenöss. Bünde, t. IV, Abtheil. 1, p. 120 et suiv. [retour]

Note 2, page 9 : On trouve dans Dœnniges (t. II, p. 221), les noms et les armes des chevaliers qui accompagnaient le comte de Savoie et les seigneurs de Vaud et de Faucigny lors du couronnement d’Henri à Rome. A ce moment, les chevaliers du comte sont au nombre de 20; Louis de Vaud en a 4 et Hugue de Faucigny, 6. Dès janvier 1311, Amédée de Savoie reçoit du roi la solde mensuelle pour 20 chevaliers et 52 écuyers (Bonaini, t. I, p. 349). Voyez un autre compte, ibid., p. 350. — Les pays bourguignons ont joué un rôle particulièrement important dans cette expédition (voyez Dœnniges, t. I, p. 6, et la notice sur la cour royale, dans Mon. Germ. hist., Leges, t. II, p. 510). Pour la part de la noblesse de la Bourgogne alémanique, voyez Wattenwyl, op. cit., t. II, p. 6-8. [retour]

Note 1, page 10 : Fribourg, 7 novembre 1310, Recueil diplom. de Fribourg, t. II, p. 44. Les armati in dextrariis pouvaient être chevaliers ou écuyers. [retour]

Note 2, page 10 : Luxembourg, 7 juin 1310, Fontes rer. Bern., t. IV, p. 415. [retour]

Note 3, page 10 : On trouve une assez grande uniformité dans les engagements qui nous sont parvenus de cette campagne (cités ici, n. 1 et 2; p. 11, n. 2; voyez encore Bonaini, t. I, p. 173). Tous contiennent une somme stipulée une fois pour toutes en faveur du vassal, et payée soit en espèces soit au moyen d’un gage, ne suis stipendiis militare cogantur, dit l’un de ces actes. Le vassal recevait probablement la solde pour sa troupe depuis son entrée en Italie; cette solde paraît avoir été invariable (p. 11, n. 2, — Bonaini, t. I, p. 349; Dœnniges, t. I, p. 141). Sur la solde payée par l’empereur, consultez F. Prowe, Die Finanzverwaltung am Hofe Heinrichs VII wahrend des Römerzuges, Berlin, 1888, p. 61-74. Les villes et les seigneurs italiens, par contre, servaient à leurs frais (Dœnniges, t. I, p. 5 et t. II, p. 169; Bonaini, t. I, p. 11, n° 7; Prowe, op. cit., p. 65). La durée du service est généralement fixée à un an; ce terme écoulé, s'il n’y avait pas réengagement, le vassal obtenait souvent du roi des dédommagements ou une récompense pour les services rendus; ainsi les Weissembourg, le 3 novembre 1311, Fontes rer. Bern., t. IV, p. 474; l’évêque de Genève, Bonaini, t. I, p. 200, n° 128. [retour]

Note 1, page 11 : Voyez plus haut, p. 10, n. 3. Les deux Weissembourg d’une part, Gruyère et Montagny de l’autre, qui devaient fournir le même nombre d’hommes, reçurent une fois pour toutes, les premiers 184 marcs d’argent, du roi, les seconds 200, du duc Léopold. [retour]

Note 2, page 11 : Diplôme en date de Genève, le 12 octobre 1310, Bonaini, p. 50, n° 39. Sur le séjour d’Aymon en Italie, voyez Mallet, dans M. D. G., t. IX, p. 183 et suiv. [retour]

Note 1, page 12 : C’est ainsi qu’Amédée de Savoie reçut Grasburg et Morat; Othon de Grandson, Laupen; les Weissembourg, le Hasli, etc. (voyez Wattenwyl, op. cit.,t. II, p. 4-8). [retour]

Note 2, page 12 : Pour l’itinéraire et les actes du roi en Italie, on consultera principalement Böhmer, Regesta, p. 283 et suiv. [retour]

Note 3, page 12 : Le seul fait de l’arrivée du roi sur territoire italien suspendait toutes les magistratures communales (Kopp, t. IV, 1, p. 134, n. 4). [retour]

Note 4, page 12 : Cantu, Storia della città et della diocesi di Como, t. I, p. 382; Rovelli, Storia di Como, parte II, p. 278. [retour]

Note 1, page 13 : Dœnniges, t. I, p. 20. Le 21 décembre, la commune réunie en conseil général avait donné procuration à 4 de ses membres, Bonaini, t. I, p. 106. Voyez aussi la lettre d’Henri VII à l’évêque de Strasbourg, 25 décembre 1310, dans Böhmer, Regesta, p. 285, n° 348. [retour]

Note 2, page 13 : Dœnniges, t. I, p. 26, nos 32 et 33 : Johanne (de) Turre domino Castellionis in Valesio. [retour]

Note 3, page 13 : « Nobilis vir, Johannes de Laturre, vicarius Cumanus. » (Pièces justificatives, n° 3). On trouve aussi dans la Noticia vicariorum positorum per imperatorem in terris infrascriptis Lombardiæ (Mon. Germ. hist., Leges, t. II, p. 510): « in Comio, dominum Joanem Torinum de Vales. » [retour]

Note 1, page 14 : Dœnniges, passim (voir en particulier le registre du conseil d’Henri VII, t. I, p. 45-97). Le 5 mars 1311, Henri VII inféodait à deux citoyens de Côme, Joh. de Lucinis et Franchino Ruscha, à chacun 200 livres impériales à prélever, leur vie durant, sur les régales de la cité et du diocèse de Côme (Bonaini, t. I, p. 171). A Milan, Matteo Visconti obtint le produit des régales, en même temps que le vicariat, moyennant une somme annuelle de 25 000 florins (ibid., p. 190). [retour]

Note 2, page 14 : Pièces justificatives, n° 3. Nous possédons deux des ratifications promises: 1° celle d’Aymon, clerc, l’un des frères de Jean, en date de Sion, 28 février 1311. Il ratifie le gage donné « super castello Castellionis in Valesio quod est ipsorum fratrum, et super hominibus, etc.; — 2° celle d’Isabelle, femme de Jean de la Tour, seigneur du dit château et vicaire de la cité de Côme, datée de Châtillon, 4 mars 1311 (Pièces justificatives, nos 5 et 6). [retour]

Note 1, page 15 : Dans la règle, le vicaire recevait les salaires réunis du podestat et du capitaine. Il avait, comme eux, à sa charge la rétribution d’un certain nombre de fonctionnaires, juges, notaires, etc. (Voyez le registre du conseil d’Henri VII dans Dœnniges, t. I, p. 66, n° 47; p. 58, n° 26; p. 68, n° 61, etc.) Le traitement annuel du vicaire de Côme peut être évalué à environ 2000 florins d’or si l’on considère qu’à Piacenza il était de 2100, et que ces deux villes payaient comme contribution au vicaire général de la Lombardie, la première 8280 florins, la seconde 9020, sommes calculées sur la richesse relative des différentes communes (ibid., t. II, p. 141). [retour]

Note 2, page 15 : Matteo Visconti paya 50 mille florins le vicariat de Milan (Bonaini, t. I, p. 189, n° 121). Celui de Trévise fut payé 16 000 florins d’or. (Böhmer, Reg., p. 290, n° 391). [retour]

Note 3, page 15 : Voyez le livre de comptes de l’archevêque Balduin de Trêves, propre frère du roi, publié par Prowe, op. cit., p. 94. [retour]

Note 1, page 16 : Ainsi Cremona, Crema. Voyez Alb. Mussati, De gestis Henrici VIIi Cœsaris, lib. II, cap. 3 (apud Muratori, t. X, col. 346). [retour]

Note 2, page 16 : Ibidem. [retour]

Note 3, page 16 : Suivant Cantu, loc. cit., Côme prit part au siège de Brescia. Ses députés assistèrent, en octobre 1311, à la diète de Pavie convoquée par Henri VII (Mussati, loc. cit., col. 396); le triomphe définitif des gibelins amena l’exil des Vitani (ibid., col. 515). Voyez aussi Dœnniges, t. I, p. 64. — En 1313, Côme demande à élire elle-même de un à trois recteurs parmi lesquels l’empereur en choisirait un pour le confirmer. Henri VII renvoie le règlement de cette affaire au moment où il sera de retour en Lombardie (Dœnniges, t. I, p. 106). — Sur l’expédition que les gens de Côme firent dans le Val Bormio, qui appartenait en partie à l’évêque de Coire, voyez ibidem, p. 107. Le 23 mai 1313, Henri adresse à ce sujet un ordre aux vicaire, conseil et commune de Côme (Bonaini, t. I, p. 286). [retour]

Note 4, page 16 : Nous rencontrons pour la dernière fois avec certitude Jean de la Tour à Côme au mois de mars 1311 (Pièces justificatives, nos 6 et 7). Le vicaire était nommé quelquefois pour un an ou même 6 mois, le plus souvent il est vrai pour un temps indéterminé. D’autre part, nous avons vu que les engagements des seigneurs ultramontains avaient généralement la durée d’un an. Un document daté de Burg Wediswyl (Oberland), 23 avril 1312 (Fontes rerum Bern., t. IV, p. 498), est muni du sceau de Jean de la Tour; c’est une donation faite par son vassal, Rodolphe de Scharnachtal. Toutefois nous ne pensons pas que ce fait prouve nécessairement la présence de Jean de la Tour sur les lieux. Enfin, d’après P. Giovio (Hist. patriæ, éd. 1887, t. I, p. 66), Branchinus Brusamantica aurait été nommé vicaire impérial de Côme en 1311. Si la chose est exacte, il faut admettre que Jean avait repassé les Alpes avant la fin de cette même année. [retour]

Note 1, page 17 : Voyez plus haut, p. 10, n. 3. [retour]

Note 2, page 17 : Ivrée, octobre 1311, Pièces justificatives, n° 8. [retour]

Note 3, page 17 : Pièces justificatives, n° 3. Voyez plus bas, p. 53. — Le 12 février 1311, à Milan, l’évêque Aymon de Genève avait donné sa procuration à son frère Henri, prévôt d’Aoste, pour faire valoir sa créance contre Jean de la Tour, vicaire de Côme (Pièces justificatives, n° 4). — Par un acte daté de Côme, mars 1311 (die domenico), Jean de la Tour donne à l’évêque de Genève, comme cautions de sa dette, Henri de Rarogne, Richard de Simplon et Guiglo de la Plaza. A cette occasion, il s'oblige à nouveau et modifie les termes de paiement (Pièces justificatives, n° 7). [retour]

Note 1, page 18 : Jean paraît deux fois en qualité de bailli : le 24 sept. 1315, et le 8 juillet 1317 (M. D. R., t. XXXI, p. 264 et 281). Cet officier est nommé pour la première fois en 1277; il ne paraît pas être beaucoup plus ancien (M. D. R., t. XXX, p. 255). On consultera sur ses fonctions, ibid., p. 408, t. XXXI, p. 516, t. XXXII, p. 453, 589, t. XXXIII, p. 46, 80, 223, 296, 299, 375, etc.; Gallia christ., t. XII, Instr., col. 440; enfin Heusler, Rechtsquellen des Kantons Wallis dans Zeitschr. für Schweizer. Recht, neue Folge, B. VIII, p. 140. [retour]

Note 2, page 18 : Schweiz. Geschichtforscher, t. VIII, p. 30-32. Vautier de Wædiswyl, frère d’Arnold, vivait encore en 1327. Son petit-neveu, Pierre (V) de la Tour, hérita probablement de sa part du Kanderthal. Sur les biens des la Tour dans la vallée de Lauterbrunnen, voyez Charrière, loc. cit., p. 292 et 324. [retour]

Note 1, page 19 : Fontes rerum Bern., t. IV, p. 583, 616; voyez aussi, ibid., p. 498, 588; t. V, p. 218, 236. [retour]

Note 2, page 19 : Kopp, t. IV, passim; Wattenwyl, op. cit., t. II, p. 9 et 76. Les Wædiswyl étaient depuis longtemps les clients des Habsbourg (ibid., t. I, p. 263). [retour]

Note 3, page 19 : La donation est du 15 septembre 1310 (Fontes rer. Bern., t. IV, p. 431); l’acte de vente est daté d’août 1324 (ibid., t. V, p. 422; Justinger, éd. Studer, p. 55, n° 98). On ignore la date et le mode de leur acquisition par Jean de la Tour (Charrière, loc. cit., p. 283). [retour]

Note 4, page 19 : Cette alliance, du 23 mai 1301 (Fontes rer. Bern., t. IV, p. 62), était notamment dirigée contre les vexations éventuelles du possesseur du château de Laupen vis-à-vis de l’une ou de l’autre des deux villes. Elle fut renouvelée le 9 juin 1310 (ibid., p. 415). Après la mort du roi Albert (mai 1308), Berne avait occupé pendant quelque temps le château de Laupen au nom de l’Empire vacant (ibid., t. IV, p. 323; Justinger, p. 40 et 42). La possession de ce château devait être l’une des principales causes de la guerre de Laupen. [retour]

Note 1, page 20 : Wattenwyl, op. cit., p. 26, 30 et suiv. [retour]

Note 2, page 20 : Kopp, t. IV, 2, p. 231 et suiv. [retour]

Note 3, page 20 : Avant d’entreprendre le siège de Soleure, Léopold avait conclu avec eux, le 19 juillet, une trêve qui devait durer jusqu’à la fin de mai 1319 (ibid., p. 225; Eidgenöss. Abschiede, t. I, p. 244, Beilagen, n° 4). [retour]

Note 4, page 20 : « Bi Solotren uf dem Velde » (M. D. R., t. XXXI, p. 585). Suivant l’interprétation de Kopp (loc. cit., p. 232), l’effectif de 3000 hommes pourra être porté à 6000, si le duc l’exige (voyez aussi Fontes rer. Bern., t. V, p. 92). C’est en effet le sens que l’on obtient si l’on traduit darzu par en outre; mais nous croyons qu’ici le sens de ce mot est : dans ce but, c’est-à-dire pour l’attaque des Waldstætten. [retour]

Note 1, page 21 : « Alz er [Léopold] die Walstet an andern steten den von minem Lande nœtten wolte. » D’après Kopp, ces mots désigneraient le Vallais; nous croyons qu’il s’agit plutôt de l’Oberland. L’attaque des cantons forestiers par le Vallais n’était guère possible sans l’accord de l’évêque de Sion et de ses communes, accord qu’on ne pouvait se flatter d’obtenir. Léopold se réservait de porter sur un autre point que sur le Brunig le contingent de Jean de la Tour. [retour]

Note 2, page 21 : « Mit zehen helmen und mit aller macht und ich hie derhalb dez gebirges han, » c’est-à-dire de ses possessions de l’Oberland. [retour]

Note 3, page 21 : Voyez plus haut, p. 7, n. 1. Pierre de Weissembourg était mort peu après son retour d’Italie et avait laissé deux fils, Rodolphe et Jean. [retour]

Note 4, page 21 : Fontes rer. Bern., t. V, p. 90. [retour]

Note 1, page 22 : Outre les engagements cités plus haut, voyez celui des comtes Hartmann et Eberhard de Kibourg, du 8 avril 1318, Kopp, t. IV, 2, Beilagen, n° 31. Tschudi affirme sans aucune preuve, qu'en 1315 les gens de Frutigen, du Simmenthal et du Hasli ont pris part à l’attaque de l’Unterwalden par le comte de Strassberg (Wattenwyl, op. cit., t. II, p. 27). Quoi qu’il en soit, Jean de la Tour, alors bailli de l’évêque de Sion, ne s’y trouvait certainement pas. [retour]

Note 2, page 22 : Wattenwyl, op. cit., t, II, p. 33. Les deux villes reconnurent plus tard Frédéric comme roi. Quant à la trêve avec les Waldstætten, elle fut prolongée et renouvelée à plusieurs reprises, pour la dernière fois le 6 octobre 1322; voyez Eidgenöss. Abschiede, t.I, Beilagen, p. 246-252. [retour]

Note 1, page 23 : Il est vrai que la plupart des documents que nous possédons se rapportent aux sujets de l’église de Sion qui jouissaient peut-être, à cet égard, d’une situation quelque peu privilégiée (voyez les franchises de Sion et de Louèche de l’année 1338, M. D. R., t. XXXII, p. 165 et 149). Cependant la coutume paraît avoir été assez uniforme dans tout le Vallais épiscopal (ibid., p. 251 et t. XXXIII, p. 171). Dans une reconnaissance en faveur de Pierre (V) de la Tour (t. XXXI, p. 480), plusieurs personnes, représentant l'albergamentum des Syncyblins, reconnaissent devoir « inter se… unum clientem munitum quotienscumque itur ad cavalcatam, per electionem. Et dicunt quod dictus Petrus de Turre debet expensas ministrare dicto clienti, quotienscumque exiret de Vallesio, et dare dicto clienti sotulares et caligas… » Voyez encore ibid., n° 1516 et M. D. R., t. XVIII, p. 423; t. XXXI, p. 206. [retour]

Note 2, page 23 : Voyez plus haut le mode d’évaluation de ces frais. Nous l’avons déjà rencontré lors de l’expédition d’Henri VII en Italie dans l’engagement de l’évêque de Genève (p. 11). Ici, toutefois, aucune somme n’est payée ni fixée d’avance. [retour]

Note 3, page 23 : « Driu tusent mannen miner lut… si sien min oder miener dienere; » mais il est dit d’eux plus loin « wez die sint oder wa ichs gewinne. » La contradiction n’est qu’apparente; Jean se réserve toute liberté dans la composition de son armée. Toutefois nous devons reconnaître que l’interprétation dont nous avons parlé plus haut (p. 20, n. 4) détruit cette contradiction : Jean s’engagerait à fournir 3000 hommes de ses gens et en outre 3000 volontaires, au cas où le duc Léopold le lui demanderait. [retour]

Note 1, page 24 : Wattenwyl, op. cit., t. II, p. 23. [retour]

Note 2, page 24 : W. F. von Mülinen, Geschichte der Schweizer Söldner bis zur Errichtung der stehenden Garde, 1497 (Bern, 1887), p. 1-16. [retour]

Note 3, page 24 : M. D. R., t. XXXI, p. 486. [retour]

Note 1, page 25 : Avignon, 9 décembre 1372 (M. D. R., t. XXXIII, p. 386). [retour]

Note 2, page 25 : Pleins pouvoirs donnés par la commune de Sion, réunie en conseil général le 3 avril 1373, à Willermod Burrot, citoyen…. « Cui domino nostro [pape] supplicant humiliter et devote, quatenus eis nimium onerosam et intollerabilem sarcinam imponere non dignetur … » (ibid., p. 365.) La date de 1370, qui est indiquée ici, ne peut être exacte, Grégoire XI ayant été élu le 30 décembre 1370. Du reste la 11me indiction correspond à l’année 1373. [retour]

Note 3, page 25 : Il écrit à Sion « cum itaque vos … sitis subditi et vassalli episcopi et ecclesie Sedun, » etc. [retour]

Note 4, page 25 : Sur les efforts de Grégoire pour attirer à lui les Suisses et enlever leur appui aux Visconti, voyez Mülinen, Geschichte der Schweizer Söldner, p. 4. [retour]

Note 1, page 26 : Boccard, Histoire du Vallais, p. 75; Furrer, Geschichte von Wallis, t. I, p. 119; Gay, Histoire du Vallais, t. I, p. 94. — Voyez aussi Charrière, loc. cit., p. 276. — Jean de Müller, trad. Monnard-Vulliemin, t. II, p. 323; Mülinen, dans Schweiz. Geschichtforscher, t. I, p. 33. [retour]

Note 1, page 27 : Müller, Charrière et Studer (Studien über Justinger, dans Arch. d. hist. Vereins d. Kant. Bern, t. V, p. 576) ont déjà remarqué que les causes de l’entreprise sont inconnues. D’après les historiens vallaisans (Furrer, Boccard), une tour élevée près des bains de Louèche aurait suscité des démêlés entre le Frutigen et le Vallais, et les la Tour auraient saisi ce prétexte pour appeler leurs alliés de l’Oberland. Le fait suivant a peut-être donné lieu à ce récit arrangé après coup : Le 13 août 1318, peu avant son départ pour Soleure, Jean de la Tour avait mis fin à la querelle de deux de ses vassaux dont l’un était du Frutigen, et l’autre de Louèche. La querelle avait pour cause les droits que chacun d’eux prétendait avoir sur un pâturage sis à la limite des deux pays, partie sur le versant vallaisan, partie sur celui de l’Oberland, ainsi que sur un hospitalis qui se trouvait sur le versant vallaisan. Pour les accorder, Jean fit cesser l’indivision et leur partagea ce pâturage en plaçant des bornes qui coïncidaient avec la frontière des deux pays (M. D. R., t. XXXI, p. 292). [retour]

Note 2, page 27 : Berner Chronik, n° 89 (éd. Studer, p. 50). Nous acceptons ici, pour la composition de la chronique dite de Justinger, la date admise par M. Studer. Voyez sur ce point une note de M. le professeur P. Vaucher dans l'Anzeiger für Schweiz. Geschichte, 1891, n° 1, à propos de la brochure de M. de Stürler, Der Laupenkrieg, Berne, 1890. [retour]

Note 1, page 28 : L’Anonyme Stadtchronik (Königshofen-Justinger), éd. Studer, p. 342, n’a pas d’autre variante que cette phrase finale, « doch so was von Bern niemand daselbs, » remarque qu’elle a eu soin d’introduire aussi dans son récit de la bataille de Morgarten (ibid.., p. 341). Les variantes des versions Tschachtlan et Schilling n'ont pas d’importance (voyez Justinger, éd. Studer, loc. cit., notes); on remarque seulement qu’en parlant du massacre, les mots « daz wening jeman davon kam » sont remplacés par « daz nieman davon kam. » — Joh. Stumpf, Eidgenöss. Chronic, lib. XI, cap. 9 (éd. 1546, p. 614). Jos. Simler, Vallesiæ descriptio, lib. I (Thesaurus hist. helvet., p. 16). Mich. Stettler, Annales (Bern, 1627), p. 43 (version empruntée directement à Justinger-Schilling). Tschudi (éd. 1734), t. I, p. 287. L’éditeur renvoie en note à Schodeler (W.), manuscrit dont la version est identique à celle de Stettler et à Rahn (J. H.), également manuscrit, qui semble avoir suivi Stumpf. Tchudi a fait quelques additions à l’énumération des seigneurs coalisés et, suivant son habitude, il a donné plus de précision au récit. [retour]

Note 1, page 29 : Stumpf, loc. cit. — Voyez Ein Reisebericht des Chronisten Joh. Stumpf aus d. Jahre 1544, her. v. Dr H. Escher dans Quellen zur Schweizergeschichte, t. VI, p. 240-274 et Nachwort, p. 304. [retour]

Note 2, page 29 : Nous renvoyons au jugement porté sur elles par M. l’abbé Gremaud (M. D. R., t. XXXIII, Introd., p. xxii). Il faut reconnaître que nous ne connaissons ces chroniques, à une exception près, que par l’intermédiaire d’historiens modernes, Boccard et Furrer. Ce dernier en indique quelques-unes parmi ses sources (t. I, p. xii), mais il ne les cite jamais avec précision au cours de son ouvrage. [retour]

Note 1, page 30 : Cette chronique a été recueillie par Stumpf dans son journal de voyage et publiée avec celui-ci par Escher (loc. cit., p. 242 et suiv.). Si Stumpf ne l’a pas copiée intégralement, il en a pris l’essentiel et n'aurait certainement pas négligé une notice sur l’expédition de 1318. L’auteur du Livre du Val d’Illiez, écrit au XVIIme siècle et dont l’abbé Gremaud a publié des extraits (voyez M. D. R., t. XXIX, Avant-propos, p. xii), s’est servi de cette chronique. [retour]

Note 2, page 30 : Il est vrai que Stumpf parle de chroniques vallaisannes, mais d’une façon toute générale et sans en nommer aucune. La chronique de Brigue est la seule qu’il ait jugée digne, par son ancienneté, d’être insérée dans son récit de voyage. En outre il convient de remarquer que tandis qu’à Saint-Maurice Stumpf pénétra dans les archives de l’abbaye et y prit les analyses d’actes nombreux, les archives épiscopales de Sion lui restèrent fermées. Dans son catalogue des évêques de Sion au XIIIme et au XIVme siècle, la chronologie est extraordinairement confuse. [retour]

Note 3, page 30 : Voyez Boccard et Furrer, loc. cit. Il est impossible de dire depuis quelle époque cette accusation pèse sur les la Tour; peut-être ces deux auteurs se sont-ils simplement emparés de l’hypothèse émise par Jean de Müller et Mülinen (loc. cit.). Stumpf ne fait pas mention des la Tour. [retour]

Note 4, page 30 : Furrer, p. 120. Les seigneurs de Weissembourg et de Wimmis (?) auraient également péri. [retour]

Note 1, page 31 : M. D. R., t. XXXII, n° 1719, p. 147. [retour]

Note 2, page 31 : Voyez plus haut, p. 6. [retour]

Note 3, page 31 : Ces erreurs ont été relevées dans de nombreux cas par Studer (Studien über Justinger, loc. cit., t. V et VI, passim. La confusion est particulièrement grande dans les guerres entre Berne et les Weissembourg. Voyez Wattenwyl, t. II, p. 79; Stürler, Der Laupenkrieg, p. 68 et suiv. [retour]

Note 1, page 32 : Les mêmes mots forment le début de nombreux paragraphes de sa chronique et souvent plusieurs années séparent en réalité les faits que Justinger avait rapprochés, les croyant contemporains. Voyez les nos 49, 68, 79, 82, 83, 100, 101, etc. et les études correspondantes de Studer (loc. cit.). [retour]

Note 2, page 32 : Justinger, éd. Studer, p. 343, variantes. [retour]

Note 3, page 32 : Tschachtlan et Schilling, ainsi que les autres manuscrits de l'Anonyme Stadtchronik, ont encore in denselben ziten (notes de l’éd. Studer). L’année 1318 est indiquée par Stumpf, Simler, Tschudi, Suicerus (Chronologia helvetica, ad. a. 1318, apud Thesaurum hist. helvet., p. 33). La date exacte manque par contre dans Stettler. Suivant Furrer, le combat aurait été livré par une chaude journée d’août. [retour]

Note 1, page 33 : Justinger parle d’une manière générale des seigneurs de Weissembourg, des seigneurs de Wædiswyl, seigneurs du Frutigen. Nous avons vu qu’en 1318 une partie du Frutigen, la moitié apparemment, appartenait à Jean de la Tour. Il est curieux que le rôle des la Tour soit passé sous silence, d’autant que, pendant tout le XIVme siècle, cette famille a compté parmi les adversaires de la ville de Berne. Nous nous sommes demandé si la tradition bernoise n’avait pas transformé die von Turn en die von Thuno ? Justinger aurait cherché à expliquer la présence de ceux-ci : « die von ir herschaft wegen von Kyburg, » etc. Comparez avec le chapitre suivant où des secours sont envoyés par le comte de Kibourg à l’évêque de Bâle. [retour]

Note 1, page 34 : Nous renvoyons à ce qui a été dit plus haut (p. 6) sur cette guerre; elle éclata avant la fin de 1294 (M. D. R., t. XXX, p. 454). Pierre était combourgeois de Berne en 1293 (Fontes rer. Bern., t. III, p. 554). Le 5 juillet 1295, Boniface, évêque de Sion, promet 100 livres mauriçoises à l’avoué J. de Kienberg, en reconnaissance de l’engagement pris par celui-ci (M. D. R., t. XXX, p. 473). Traité de combourgeoisie et d’alliance pour 10 ans entre Berne et l’évêque de Sion, du 4 avril 1295 (M. D. R., t. XXX, p. 486). Il est malheureux que nous ne possédions pas la contre-partie de cet acte, car Berne a dû prendre aussi certains engagements vis-à-vis de l’évêque de Sion. Il existe à coup sûr un rapport très intime entre la guerre du Vallais et celle que Berne soutenait à la même époque contre Fribourg et ses alliés, les dynastes de l’Oberland. Dès 1294, Berne avait fait une expédition dans le Frutigen sur les terres des Wædiswyl (Fontes rer. Bern., t. III, p. 640, N° 651). Selon Justinger (éd. Studer, N° 64, p. 37), Pierre assistait à la bataille du Dornbühl en 1298. Est-ce là qu’il fut fait prisonnier ? En tout cas, il était entre les mains de l’évêque lorsque le traité de paix fut conclu entre eux (15 septembre 1299, M. D. R., t. XXX, p. 538). Sur le rôle de médiateur que joue ici Rodolphe de Weissembourg, voyez la trêve conclue, le 31 mai 1298, entre Fribourg et Berne, précédée d’une trêve séparée Berne-Weissembourg (Fontes rer. Bern., t. III, p. 707). [retour]

Note 1, page 35 : Voyez Furrer, p. 115; Boccard, p. 72. Ce combat aurait eu lieu en 1294; ces écrivains le font suivre du siège du château du Roc de Naters, et de la paix. Mais nous savons que celle-ci n’a été conclue qu’en 1299. [retour]

Note 2, page 35 : Voyez plus haut, p. 21; pour la trêve et sa prolongation, p. 20, n. 3; p. 22, n. 2. [retour]

Note 1, page 36 : M. D. R., t. XXXI, p. 327, n° 1430. Charrière, loc. cit., p. 273. Nous avons vu que Jean de la Tour était lui-même vidomne de Conthey; l’officier dont il est question ici est son représentant dans l’exercice de cette charge. — On a conservé la note de perception de la taille levée en 1322 sur les hommes de l'albergamentum de Turre dans la paroisse de Saint-Martin d’Hérens. Le montant de cette taille avait été fixé par Jean de la Tour; dans ce cas, la taille paraît être une contribution extraordinaire des tenanciers à l’occasion d’une expédition militaire de leur seigneur. Voyez M. D. R., t. XXXI, p. 365, et plus bas, p. 61. [retour]

Note 2, page 36 : Cette prétention, proclamée par Clément VIII aussitôt après la mort d’Henri VII (Kopp, t. IV, 2, p. 3), fut maintenue par Jean XXII (ibid., p. 405, 419). [retour]

Note 3, page 36 : Elus tous les deux rois des Romains en 1314. [retour]

Note 4, page 36 : Ibid., p. 402 et suiv. [retour]

Note 1, page 37 : Ibid., p. 421-427. [retour]

Note 2, page 37 : Ibid., p. 427-430. Le traité fut négocié par les représentants des deux rois, à Avignon, et par conséquent sous les yeux du pape. Le roi Robert avait été nommé vicaire impérial en Italie par Clément VIII et confirmé dans ce poste par Jean XXII (ibid., p. 2 et 412); d’autre part, son fils Charles, duc de Calabre, avait épousé en 1316 Catherine, sœur des ducs d’Autriche; Robert était donc l’intermédiaire naturel entre le pape et l’Autriche. [retour]

Note 3, page 37 : Ibid., p. 429, n. 3. [retour]

Note 1, page 38 : Ibid., p. 431-433. [retour]

Note 2, page 38 : Diplôme daté de Schaffhouse, 18 juin 1322 (Böhmer, Acta imperii selecta, n° 1111, p. 799). [retour]

Note 3, page 38 : Des deux collègues de Jean de la Tour, Rodolphe de Hewen était un ancien serviteur de la maison d’Autriche (Kopp, t. IV, 1, p. 104, et t. IV, 2, p. 276, n. 1); Stocka, chanoine de Constance, avait été secrétaire de l’empereur Henri, qui l’avait employé dans plusieurs missions de confiance (ibid., t. IV, 1, p. 227, n. 6). Rodolphe de Hewen paraît avoir seul accompagné Jean de la Tour en Italie. [retour]

Note 4, page 38 : Giov. Villani, lib. IX, cap. 162, apud Muratori, Rerum Italicarum scriptores, t. XIII, col. 521. [retour]

Note 1, page 39 : Voyez Kopp, t. IV, 2, p. 435, n. 8; mais il ignorait l’existence des deux actes qui attestent la présence en Italie des envoyés du 18 juin (voir plus bas). Par contre, au moment où son frère Henri quittait Brescia, Frédéric envoyait une ambassade au Saint-Siège (25 mai 1322), ce qui prouve son désir de ne pas rompre ouvertement avec l’Eglise. Cette ambassade reçut l’accueil le plus froid (ibid., p. 433). [retour]

Note 2, page 39 : Villani, loc. cit. [retour]

Note 3, page 39 : Winkelmann, Acta imperii inedita, t. II, p. 785, n° 1123 « Rodolphus de Hewen et Johannes de Turri, dominus de Castellionis in Vallexio, legati, ambaxatores et nuncii serenissimi principis domini Friderici … in partibus Lombardie. » Verceil reconnaissait depuis 1320 l’autorité des Visconti (Kopp, loc. cit., p. 414). Quant à la date de l’arrivée de Rodolphe de Hewen et de Jean de la Tour à Milan, elle correspond bien à celle donnée par Villani; avant d’atteindre Verceil, les deux envoyés de Frédéric avaient dû passer à Milan. [retour]

Note 1, page 40 : F. Böhmer, Acta imperii selecta, p. 719, n° 1026. Galéas Visconti s’était emparé de Crémone au mois de janvier 1322 (Kopp, loc. cit., p. 418). [retour]

Note 2, page 40 : Albert est l’un des témoins de la charte citée, p. 39, n. 3. « Presentibus … et Alberti de Turri, fratre dicti domini Joh. de Turri. » [retour]

Note 1, page 41 : Villani, loc. cit. Lors de la conclusion de la trêve, l’armée pontificale confia à la garde des ambassadeurs de Frédéric le bourg de Bassignano qui, étroitement assiégé par les gibelins, était dans une position presque désespérée. Leurs adversaires en firent autant de la Rocca di Basignano qui était entre leurs mains. Mais, la trêve écoulée, les ambassadeurs remirent les deux places à Marc Visconti disant que si les assiégés voulaient qu’on leur rendît le bourg, ils devraient le recevoir exactement en l’état où la place se trouvait à la cessation des hostilités; « onde il legato e messer Ramondo (Raymond de Cordona, lieutenant du roi de Sicile) si trovarono traditi e ingannati da detti ambasciadori. » Ce fait prouve la ferme résolution du roi Frédéric et de ses ambassadeurs de soutenir le parti gibelin contre l’Eglise. [retour]

Note 2, page 41 : Dans l’adresse présentée à Verceil aux ambassadeurs de Frédéric (voir plus haut), cette commune prévoit l’arrivée du roi en Italie et l’établissement de vicaires dans les villes lombardes. Le but de l’ambassade était de préparer les voies au futur empereur. En 1310, Henri VII s’était fait précéder en Italie par une ambassade tout à fait analogue (Bonaini, Acta Henrici VII, pars I). [retour]

Note 3, page 41 : Kopp, loc. cit., p. 438 et suiv. [retour]

Note 1, page 42 : On consultera sur l’état de Milan et sur les événements qui vont suivre, Giov. Villani, loc. cit., passim; en particulier cap. 179-182 (Muratori, Rer. Italic. scriptores, t. XIII, col. 526). — Gualvan. de la Flamma, Chronica Mediolanensis seu Manipulas florum, ad. ann. 1322 (apud Muratori, t. XI, col. 727). — Bonincontro Morigia, Chronicon Modætiense, lib. III, cap. 2, 7 et suiv. (apud Muratori, t. XII, col. 1125). — Voyez aussi Muratori, Annali d'Italia, t. VIII, p. 115 et suiv. [retour]

Note 2, page 42 : Et, d’après Villani, pour une année seulement (loc. cit., cap. 154, col. 517). [retour]

Note 3, page 42 : Matteo, poussé par le mécontentement grandissant, avait engagé dès le printemps des négociations que sa mort interrompit. (Morigia, cap. 2; G. de la Flamma, loc. cit.) Galéas paraît avoir été, plus que son père, opposé à toute réconciliation avec l’Eglise, mais il ne put empêcher les intrigues des partisans de la paix. (Morigia, cap. 2 et 7; Villani, cap. 179.) Villani est seul à parler des négociations des ambassadeurs de Frédéric avec le cardinal-légat. [retour]

Note 1, page 43 : D’après Morigia (loc. cit., cap. 2), Lodrisio Visconti qui, par ambition sans doute, était l’adversaire de Galéas, s’écriait : « Quis est Galeaz ut serviamus ei. » Suivant le Chronicon Astense, cap. 109 (apud Muratori, t. XI, col. 263), les conjurés étaient « tam de majoribus quam de popularibus Mediolanensibus. » [retour]

Note 2, page 43 : Chronicon Modætiense, lib. III, cap. 7 (col. 1125). [retour]

Note 3, page 43 : G. de la Flamma, loc. cit. Onze citoyens de Milan « omnes concordaverunt cum Amuanth Deunch et Rogerio de Arpensi, contestabilibus genere theutonicis, ut Galeaz dominio civitatis privaretur et Johanni de la Turre traderetur, qui Mediolanum venerat ut pacem faceret. Consensuit legatus prædicto tractatui. » [retour]

Note 4, page 43 : Cap. 95, ad an. 1323 (apud Muratori, t. XVI, col. 700). « Tunc temporis erat in Mediolano quidam Johannes de la Turre Valesii de Castelliono, ambasciator legati summi pontificis, etc. » Nous ignorons à quelle source les Annales ont puisé l’origine de Jean de la Tour. Quant au titre d’ambassadeur du légat pontifical, n’ont-elles pas mal interprété les mots de G. de la Flamma : « consensuit legatus prædicto tractatui » (voir note précéd.). Il ne faut pas oublier que Jean de la Tour avait, comme ambassadeur de Frédéric, servi d’intermédiaire entre Milan et le cardinal-légat. — Voyez la relation de l’écrivain très postérieur Georg. Merula (Muratori, t. XXV, col. 79). — Les Annales de Milan sont citées à propos de Jean de la Tour par Müller (trad. Monnard-Vulliemin, t. II, p. 323, n. 341). Le chanoine Furrer a, d’après Müller, intercalé dans son cartulaire vallaisan (p. 106), à la date erronée de 1323 qui est celle des Annales, « Joannes de Turre postulatur ut gubernator Mediolani. » Voyez Charrière, loc. cit., p. 275. [retour]

Note 1, page 45 : Morigia emploie le terme de capitaneus; G. de la Flamma celui de dominus. D’après ce dernier auteur, Ravigia de Rusconibus aurait été créé, le même jour, 196me podestat de Milan (loc. cit., col. 728). [retour]

Note 2, page 45 : G. de la Flamma rapporte les noms des onze chefs milanais du complot et plus loin il les appelle : « supradicti nobiles de Mediolano qui civitatis fastigia gubernabant. » D’après Morigia (cap. 9, loc. cit., col. 1126), un messager fut envoyé de Monza à Lodrisio Visconti et aux autres milanais « qui secum in factis erant. » Villani ne mentionne pas le nom de Jean de la Tour, mais seulement ceux de deux ou trois des « duodeci rettori » qui forment à ses yeux le nouveau gouvernement (cap. 179, loc. cit., col. 526). L’un des principaux auteurs de la révolution paraît avoir été Lodrisio Visconti (Morigia, loc. cit.). [retour]

Note 3, page 45 : « Per li detti 12 (rettori) si reggea la citta a parte d’imperio e non di Chiesa. » (Villani, can. 180, loc. cit., col. 527.) [retour]

Note 1, page 46 : C’est ce qui résulte des négociations engagées avec le cardinal Bertrand (voir plus bas, n. 4); voyez aussi Villani, cap. 182 (loc. cit., col. 528). [retour]

Note 2, page 46 : G. de la Flamma, loc. cit., dit que Lodrisio Visconti et les autres chefs du gouvernement « timentes ne pisces quos insequebantur in retia Turrianorum devenirent, corde compuncti, » rappelèrent Galéas et ses frères. [retour]

Note 3, page 46 : Voyez les relations citées. Lodrisio Visconti fut créé podestat de Monza (Morigia, cap. 14, loc. cit., col. 1129). [retour]

Note 4, page 46 : Raynaldi, t. XV, a° 1322, n° 10. Voyez Villani, cap. 182, et Chronicon Astense, loc. cit. [retour]

Note 5, page 46 : Il ressort des relations citées que ce fut Lodrisio Visconti qui, mécontent de la tournure que prenaient les choses, rentra en négociations avec Galéas et prépara le retour de celui-ci et de ses frères; le gouvernement milanais était loin de désirer unanimement ce retour. [retour]

Note 1, page 47 : Morigia, cap. 14, loc. cit. [retour]

Note 2, page 47 : La date de la rentrée de Galéas à Milan varie, suivant les relations, du 9 au 12 décembre. D’après Villani, il fut proclamé seigneur le 29 du même mois. Voyez Manipulas florum, a° 1322 (in fine), et a° 1323 (loc. cit., col. 729); et les Annales Mediolanenses (loc. cit., a° 1324). [retour]

Note 3, page 47 : Dans une charte datée de Berne, 1er février 1323, Jean de la Tour se constitue caution de Jean de Wædiswyl (son beau-frère), pour une somme de 20 livres, monnaie courante à Berne, que celui-ci reconnaît devoir à Jacques de Grasbourg (Fontes rer. Bern., t. V, p. 319). Au mois d’août 1324, Pierre V de la Tour a succédé à Jean, son père (M. D. R., t. XXXI, p. 474). La mort de Jean de la Tour doit donc être placée entre ces deux dates extrêmes. Dans un acte du 16 novembre 1323, paraît « Johannes, clericus nobilis viri Perrodi de Turre » (ibid., p. 455). [retour]

Note 4, page 47 : Ce testament est daté du 15 octobre 1350 (M. D. R., t. XXXII, p. 546). — Jean quitta Milan soit immédiatement après la rentrée de Galéas Visconti, soit quelque temps après, lorsque celui-ci obtint de nouveau la seigneurie. Sur ce point, le témoignage de Morigia nous paraît péremptoire. Il se peut qu’avec la plupart des Milanais qui s’exilèrent à ce moment, il se soit retiré à Monza auprès du cardinal-légat (Morigia, loc. cit., cap. 15). Lorsque les della Torre eurent rejoint l’armée pontificale, beaucoup de ces Milanais regagnèrent Milan où Galéas les accueillit bien. Il n’est pas impossible que Jean de la Tour les ait suivis et qu’il ait trouvé la mort soit au siège de Milan (juin 1323), soit dans l’un des nombreux combats qui signalèrent l’année 1323 (Morigia, cap. 19 et suiv.) Mais ce n’est qu’une simple hypothèse; la découverte de documents nouveaux pourrait seule conduire à quelque certitude. Quant à la présence de Jean de la Tour à Berne, le 1er février 1323 (voyez note précédente), elle ne nous semble pas ressortir nécessairement de l’acte en question; en outre, rien n’empêcherait que Jean n’ait regagné l’Italie peu après cette date.[retour]

Note 1, page 49 : Charrière, M. D. R., t. XXIV, p. 191, 260; Gingins, dans Arch. für Schweiz. Gesch., t. II, p. 6. Voyez par contre Müller (trad. Monnard-Vulliemin), t. I, p. 359. [retour]

Note 2, page 49 : M. D. R., t. XXIX, p. 306. — La veuve de son père, Pierre II, se remarie avec Vautier, dit Loup, de Châtillon. [retour]

Note 1, page 50 : Ibid., t. XVIII, p. 368. Il est dit que « si canonici tamen vel alii de terra dicti Anselmi contra Willermum agere voluerint, per manum episcopi Willermus eis de jure respondeat. » Toutefois, ce fief pouvait, à la rigueur, être situé ailleurs qu’à Châtillon. Au XIIIme siècle, la famille des chevaliers de Châtillon est vassale des la Tour (M. D. R., t. XXIX, p. 306 et Charrière, loc. cit., p. 237, 238). [retour]

Note 2, page 50 : M. D. R., t. XVIII, p. 385; t. XXIX, p. 462. La famille des chevaliers de Châtillon a par contre des possessions à Bex et à Grion (Charrière, ibid.). Sur Clémence de Bex, voyez Charrière, p. 217. [retour]

Note 3, page 50 : M. D. R., t. XXX, p. 47. [retour]

Note 4, page 50 : Voyez plus haut, p. 14, et Pièces justificatives, n° 3. [retour]

Note 1, page 51 : M. D. R., t. XXX, p. 445. Nous ne connaissons ce traité que par un vidimus de 1481. A cettte époque, on a certainement altéré le contenu du traité dans un but politique. Néanmoins, il nous paraît hors de doute que ce vidimus repose sur un document authentique et nous croyons que l’on peut l’utiliser avec certaines précautions. [retour]

Note 2, page 51 : M. D. R., t. XXXI, p. 378, et les nombreuses pièces du procès intenté en 1323 par le chapitre au vidomne d’Anniviers à propos du droit de chancellerie (ibid., passim). [retour]

Note 1, page 52 : Charrière, p. 192 et 255, suppose que Pierre (IV) a le premier porté ce titre parce qu’il avait fait construire le château de Châtillon. Toutefois, il existait un château bien avant lui. Un châtelain est mentionné en 1233, M. D. R., t. XXIX, p. 307; voyez aussi ibid., p. 463. [retour]

Note 2, page 52 : Charrière, op. cit., tableaux généalogiques. [retour]

Note 3, page 52 : Furrer, t. III, p. 159. [retour]

Note 4, page 52 : Arch. de la Cour des Comptes à Turin, Comptes de Chillon. [retour]

Note 1, page 53 : M. D. R., t. XXXIII, p. 20, 26. [retour]

Note 2, page 53 : Ibid., p. 80. [retour]

Note 3, page 53 : Arch. de la Cour des Comptes à Turin, Comptes de Chillon et Comptes de Tourbillon. [retour]

Note 4, page 53 : Elles sont rappelées dans une sentence arbitrale prononcée par le comte Amédée entre les la Tour et l’évêque Guichard, le 27 octobre 1368 (M. D. R., t. XXXIII, p. 344). [retour]

Note 5, page 53 : Voyez plus haut, p. 17. [retour]

Note 1, page 54 : Voyez le document attribué au roi Sigismond et à l’année 515 (Mémorial de Fribourg, t. IV, p. 337); et pour Nendaz, qui dépend de Conthey, M. D. R., t. XXIX, p. 47. — Hist. patr. mon., Chartæ, t. II, col. 65. [retour]

Note 2, page 54 : Boccard, p. 385, n. 1. [retour]

Note 3, page 54 : Gremaud, Introd., dans M. D. R., t. XXXIII, p. xviii. Suivant Menabrea, Origines féodales dans les Alpes occidentales (p. 368, n. 7), le vidomnat de Conthey aurait relevé de l’église de Sion; mais cet auteur n’apporte aucune preuve à l’appui de son affirmation. [retour]

Note 4, page 54 : Conthey est qualifié d’oppidum vers 1100 (M. D. R., t. XVIII, p. 350). Le château de Conthey est cité pour la première fois en 1255 (ibid., t. XXIX, p. 494); le châtelain en 1273 (Pièces justificatives, n° 1). La châtellenie de Conthey paraît avoir été habituellement réunie avec celle de Saillon dans les mains d’un même châtelain. [retour]

Note 5, page 54 : Pièces justificatives, n° 10. [retour]

Note 1, page 55 : M. D. R., t. XXIX, p. 503. [retour]

Note 2, page 55 : Ibid., t. XVIII, p. 290 et t. XXX, p. 266. [retour]

Note 3, page 55 : Le pouvoir conféré aux arbitres est daté d’Evian, le jeudi 2 mars 1274 (Arch. de la Cour des Comptes à Turin, Inventaire des titres et écritures… du pays de Valey, paquet 15, n° 1). [retour]

Note 4, page 55 : Pièces justificatives, n° 1. [retour]

Note 5, page 55 : Comparez M. D. R., t. XXIX, p. 503; t. XXX, p. 266; t. XXXI, p. 327, etc. [retour]

Note 6, page 55 : Gallia christ., t. XII, Instr., col. 555-560. [retour]

Note 1, page 56 : Pièces justificatives, n° 2. [retour]

Note 2, page 56 : Charrière, p. 254. [retour]

Note 3, page 56 : M. D. R., t. XXX, p. 539. [retour]

Note 4, page 56 : Ibid., p. 554. [retour]

Note 5, page 56 : Arch. d’Etat à Turin, Trattati coi Vallesani, paq. 2, n° 13. La somme payée à Aymon de Saxon est exactement le tiers de celle que Pierre de la Tour reçut, onze ans plus tard, pour la même opération. En outre, le prix du tiers de la seigneurie de Saxon vendu par Aymon de Lucinge (voyez plus bas) est, à peu de chose près, égal au prix de la vente effectuée par Jean de la Tour. On peut en conclure que les la Tour avaient hérité d’un tiers de la seigneurie de Saxon. [retour]

Note 1, page 57 : En 1263, de Rodolphe, fils de Conon, donzel d’Ayent (M. D. R., t. XXX, p. 87); et en 1279, d’Aymon d’Ayent, chevalier (Arch. de la Cour des Comptes à Turin, Inventaire des titres et écritures… du pays de Valey, paq. 15, n° 1). [retour]

Note 2, page 57 : Arch. d’Etat à Turin, Trattati coi Vallesani, paq. 2, n° 15. [retour]

Note 3, page 57 : Pièces justificatives, n° 10. [retour]

Note 4, page 57 : Hist. patr. mon., Chartæ, t. II, col. 379. [retour]

Note 1, page 58 : Charrière, p. 248. [retour]

Note 2, page 58 : Ils sont mentionnés en 1294 (M. D. R., t. XXX, p. 459). Voyez aussi l’inféodation faite, en 1291, par l’abbé de Saint-Maurice à Pierre (IV), Charrière, p. 257. [retour]

Note 3, page 58 : Pièces justificatives, n° 9. Le comte de Savoie ne paraît pas avoir utilisé ce droit (Charrière, p. 276). [retour]

Note 4, page 58 : M. D. R., t. XVIII, p. 342. [retour]

Note 1, page 59 : Ainsi Orsières, Saillon, Grengiols (Moerel). [retour]

Note 2, page 59 : M. D. R., t. XXXII, p. 328. Voyez aussi t. XXXIII, p. 8. [retour]

Note 3, page 59 : Ceci résulte du premier acte cité à la note précédente. En 1294, Rodolphe d’Ayent avait vendu à l’évêque Boniface tout ce qu’il possédait dans le district du château d’Ayent, en particulier le 13 de la tour du dit château (ibid., t. XXX, p. 452). [retour]

Note 4, page 59 : Voyez plus haut, p. 50, n. 2. [retour]

Note 5, page 59 : M. D. R., t. XVIII, p. 416. [retour]

Note 6, page 59 : Ibid., t. XXX, p. 47. [retour]

Note 1, page 60 : M. D. R., t. XVIII, p. 374, 378. [retour]

Note 2, page 60 : Ibid., t. XXXIII, p. 448. [retour]

Note 3, page 60 : C’est ce qui ressort de la comparaison du plait général avec M. D. R., t. XXXIII, p. 314, N° 2118. Voyez aussi ibid., t. XVIII, p. 378. [retour]

Note 4, page 60 : Ibid., t. XXXI, p. 513 et t. XXXIII, p. 314. [retour]

Note 5, page 60 : En 1224, Aymon (I) de la Tour fait don au couvent du Grand-Saint-Bernard de sa dîme à Hérens : « videlicet terciam partem tocius vallis que est de feudo ligio. » [retour]

Note 6, page 60 : Voyez le traité d’échange de 1260, ibid , t. XXX, p. 47. [retour]

Note 7, page 60 : M. D. R., t. XXXI, p. 367; t. XXXII, p. 83. [retour]

Note 8, page 60 : Ibid., t. XXX, p. 448, et t. XXXIII, p. 314. [retour]

Note 1, page 61 : Ibid., t. XXXI, p. 365; le montant total de cette taille est fixé par Jean à 80 livres, mais un tiers de cette somme concerne ses ressortissants de la paroisse d’Ayent. [retour]

Note 2, page 61 : Ibid. XXXIII, p. 109. [retour]

Note 3, page 61 : Ibid., p. 454; et aussi t. XXX, p. 391 et 402. [retour]

Note 4, page 61 : Ibid. XXXIII, p. 109. [retour]


 

 

 

 

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