PROCÈS-VERBAUX 1876-1890
FAISANT SUITE A CEUX PUBLIÉS DANS LES TOMES VIII, XII, XVIII, XXI ET XXXIV
Séance d’été 1876.
Conformément à une décision prise à la séance précédente, la réunion d’été de la Société d’histoire de la Suisse romande s’est jointe à celle de la Société générale d’histoire suisse qui a eu lieu à Lausanne les 28 et 29 août 1876. Il n’y a donc pas eu de séance particulière de la Société d’histoire de la Suisse romande.
Séance du 7 juin 1877,
au Musée industriel à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL
M. le président lit un rapport de M. Morel-Fatio, absent, à Paris, sur l’élaboration du Glossaire patois. M. Morel-Fatio propose la formation d’une société spéciale du patois pour avancer et achever l’œuvre commencée. Après discussion l’assemblée décide qu’elle approuve l’idée de la formation d’une Société du patois et qu’une liste d’adhérents à cette idée sera faite immédiatement. Ceux-ci se réuniront aujourd’hui encore pour s’entendre et se constituer si possible.
M. le président annonce le décès de M. Sigismond de Sévery, et la démission de MM. Mestral, pasteur, à Nyon; Correvon, /410/ pasteur, à Ependes; G. Jaccard, juge cantonal, à Lausanne; Aviolat, à Aigle.
M. ROUX lit un mémoire sur les antiquités romaines de Nyon et sur quelques faits historiques relatifs à cette ville.
M. le professeur H. CARRARD lit un mémoire sur la procédure inquisitoriale dans le pays de Vaud au moyen âge, d’après les chartes.
M. le colonel de MANDROT présente à la Société :
1° Un fragment d’une carte murale historique de la Suisse, faisant partie d’une série de cartes semblables au nombre de six et qui la représenteront aux différentes phases de notre histoire. Le prix de ces cartes sera calculé de sorte que même les écoles de village pourront se les procurer.
2° Une carte faite à la main des districts d’Aubonne et de Rolle, échelle 1/50 000, spécimen d’une publication d’un album géographique du canton de Vaud.
3° Une carte du cercle de la Sagne (canton de Neuchâtel) comme spécimen de la manière dont seraient exécutées les cartes de districts ci-dessus.
M. AMÉDÉE ROGET lit une notice sur les adversaires vaudois de Calvin.
M. l’abbé JEUNET lit un mémoire sur quelques erreurs des historiens, au sujet d’une religieuse d’Orbe, Louise de Savoie.
M. VUY lit un travail sur les origines des idées politiques de J.-J. Rousseau, dans lequel il expose que Rousseau a emprunté les idées fondamentales du Contrat social dans la charte de Genève de 1387.
Séance du 13 septembre 1877,
à Avenches.
PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL
M. le président ouvre la séance en déplorant la perte de M. le professeur Pidou, l’un des fondateurs de notre Société. Il exprime ensuite les motifs qu’avait la Société d’histoire de se /411/ réunir à Avenches pour visiter l’antique capitale de l’Helvétie et il remercie les personnes qui s’occupent de recueillir les antiquités de cette ville, en particulier M. Caspari le conservateur du musée.
M. HAGEN, professeur à Berne, lit des extraits d’un mémoire sur l’histoire d’Avenches et sur les objets d’antiquités réunis au musée de cette ville.
M. HAGEN offre à la Société quelques exemplaires d’un mémoire sur la légende relative à l’origine suédoise des Schwytzois et des gens de l’Oberhasli, par Ferdinand Petter.
M. le professeur WIENER fait une communication sur les noms de plusieurs localités d’Avenches.
M. de BUDÉ fait une communication sur un ancien bréviaire du Ier siècle.
M. WILLIAM CART lit une notice de M. Charles Morel sur une pierre milliaire des environs de Nyon.
La séance de la Société d’histoire, à Avenches, ne pouvait pas être longue. Le but de la réunion était surtout de voir le musée et les environs de la ville. Le matin les membres ont visité avec un vif intérêt la collection des objets d’antiquités. L’après-midi, ils ont parcouru les environs et examiné sur place les derniers vestiges d’Aventicum. M. Caspari, conservateur du musée d’Avenches, a bien voulu accompagner les visiteurs et leur donner les renseignements nécessaires.
Séance du 6 juin 1878,
au Musée industriel, à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL.
M. le président annonce les décès de M. Bretagne, reçu membre à la dernière séance, et de M. Sclopis, membre honoraire, ainsi que les démissions de MM. Charles Secretan, professeur, et Frossard.
Sur la proposition du Comité, M. Morel, juge fédéral, est reçu membre honoraire. /412/
L’ordre du jour porte l’élection du bureau pour les années 1878 et 1879. M. F. Forel et M. Duperrex préviennent la Société qu’ils ne peuvent pas accepter une réélection. Après une courte discussion, l’assemblée décide de renvoyer l’élection du bureau à la séance d’été.M. DUPERREX informe la Société que la Société du patois s’est constituée.
M. MOREL-FATIO fait une communication sur la Société archéologique de France qui demande une réunion dans la Suisse romande. Renvoi au Comité.
M. le docteur BRIÈRE fait une communication de la part de M. de Mandrot, qui se propose de publier une nouvelle édition de l’armorial vaudois et il rappelle la publication des cartes géographiques annoncées dans la séance du printemps 1877 par M. de Mandrot.
M. BRIÈRE annonce encore qu’il va publier un supplément au dictionnaire de Martignier, et il demande des communications à tous ceux qui s’intéressent à cette entreprise.
M. le président informe la Société que sur la demande de M. le professeur Eugène Rambert, le Comité a décidé de faire figurer la collection de nos mémoires à l’exposition universelle de Paris.
M. le président propose la ville d’Estavayer pour lieu de réunion de la séance d’été. Approuvé.
La Société entend les lectures suivantes :
M. LE FORT lit un essai sur les caractères du droit en vigueur dans le moyen âge dans le diocèse de Lausanne, Genève et Sion. Ce travail, digne de prendre place dans un de nos volumes de mélanges, intéresse vivement la Société.
M. VUY lit une communication sur la Regiquina et cite un passage d’un travail de M. Alfred Maury relatif au principe de la torture qui devait être non une peine, mais un moyen d’instruction et de procédure.
M. VUY fait ensuite une communication relative à des lettres du duc Charles-Emmanuel.
M. WIRZ lit une étude archéologique sur les stalles à sujets /413/ religieux. Il fait circuler deux dessins de stalles, l’un de l’église de Moudon, l’autre de Hauterive.
M. DELESSERT lit des notes relatives au travail que prépare M. Piccard sur les noms propres dans le pays de Vaud.
Séance du 29 août 1878, à Estavayer.
PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL
M. le président ouvre la séance en témoignant la satisfaction que nous éprouvons d’être réunis dans la ville d’Estavayer qui présente un si grand intérêt historique.
Il exprime les remerciements de la Société pour l’accueil qui nous est fait par les autorités communales.
Sur la proposition de M. Gremaud, appuyée par M. Louis Vulliemin, la nomination du comité est renvoyée à la séance du printemps 1879. Le bureau et la commission de publication continueront leurs fonctions jusqu’à ce moment.
La Société entend les communications suivantes :
M. GREMAUD lit une notice sur la ville d’Estavayer et sur son passé historique.
M. le président F. FOREL lit des fragments d’une chronique de la guerre de Bourgogne relative à la prise d’Estavayer en 1475.
M. GREMAUD fait remarquer qu’il y a des exagérations dans ce récit, vu que les registres contiennent après la prise de la ville les mêmes employés qu’avant. Il est donc probable que si la garnison a été massacrée, il n’en a pas été de même de la bourgeoisie.
M. DAGUET ajoute qu’une chronique raconte que les employés de la ville se sont refugiés dans un monastère et que du reste beaucoup de bourgeois se sont enfuis et ont ainsi échappé.
M. MOREL-FATIO fait un rapport verbal sur les antiquités lacustres trouvées dans le lac de Neuchâtel après l’abaissement des eaux de ce lac. Il démontre que la station de Corcelette /414/ appartient à l’âge du bronze. De même la station de Chevroux, connue jusqu’ici comme étant de l’âge de la pierre, est aussi de l’âge de bronze.
M. le professeur GRANGIER exhibe divers objets d’antiquités (pétrifications, moules de haches, bracelets, etc.).
M. AMÉDÉE ROGET lit une communication sur la liberté de la presse, à Genève, au XVIIIe siècle, à propos des arrêtés rendus contre les écrits de Rousseau.
M. le docteur CHARLES MARCEL expose des dessins d’armes antiques nationales, sur lesquelles il donne des explications. Il recommande de ne pas laisser sortir du pays ces précieux souvenirs des temps anciens.
M. FAVROD-COUNE lit une communication envoyée de Turin par M. l’abbé Jeunet, relative à l’état des fortifications d’Estavayer et des châteaux voisins.
M. WIRZ propose que la Société d’histoire de la Suisse romande fasse faire un tirage des planches relatives à la rose de la cathédrale de Lausanne publiées à Zurich, ainsi qu’une traduction du numéro de M. Rahn sur ce sujet.
La proposition de M. Wirz est renvoyée au comité, avec recommandation.
Séance du 6 juin 1879, au musée industriel, à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. F. FOREL
M. le président annonce les démissions de MM. A. Daguet, à Neuchâtel; Aloys De Loës, à Aigle; Ch. Ritter, à Morges, ainsi que le décès de M. le professeur Gilliéron.
L’ordre du jour appelle l’élection du bureau et du comité de publication. M. le président rappelle à l’assemblée que le président actuel et le secrétaire n’accepteront pas de réélection.
M. Morel-Fatio propose de surseoir à l’élection du président jusqu’à la séance d’été. Cette proposition étant admise, la Société procède à /415/ l’élection des deux secrétaires; sont élus au premier tour de scrutin M. Morel-Fatio et M. Favey.
M. LOUIS VULLIEMIN ayant fait savoir qu’il ne pourrait plus faire partie du comité de publication, l’assemblée confirme la nomination des trois autres membres : MM Ch. Le Fort, l’abbé Gremaud et F. Chavannes. M. F. Forel est désigné pour remplacer M. Vulliemin.
M. le président expose le diplôme de la médaille d’or obtenue par la Société d’histoire de la Suisse romande à l’exposition universelle de Paris, en 1878.
La Société entend les communications suivantes :
M. MOREL-FATIO expose le dessin d’un vitrail de l’église de Saint-Saphorin, vitrail que la municipalité de Saint-Saphorin se proposait de vendre, quand il a été sauvé par l’intervention du Département de l’Instruction publique et des Cultes. La Société, sur la proposition de M. Morel-Fatio, vote à ce sujet des remerciements à M. Boiceau, chef du département.
M VUY fait une communication au sujet de lettres du duc de Savoie, Charles-Emmanuel, qui jettent du jour sur l’histoire de notre pays à la fin du XVIe siècle.
M. DE BUDÉ lit des extraits d’une biographie de J.-H. Turrettini (1671-1737).
M. DE MURALT fait une communication sur quelques évêques de Lausanne.
M. GABEREL entretient la Société de documents nouveaux sur l’escalade de Genève, entre autres d’une lettre de Henri IV. A ce propos, M. Vuy exprime des doutes sur l’intérêt réel qu’Henri IV portait à Genève.
M. GROSS, de la Neuveville, expose divers objets d’antiquités, armes et instruments en silex, en bronze, ossements humains, etc., il donne à leur sujet quelques explications.
M. DE MANDROT fait circuler un spécimen de l’armorial du Pays de Vaud dont il prépare la publication.
M. NEF propose que la Société vote un subside pour la restauration de la tour de Gourze. M. le président fait remarquer qu’il n’est pas dans les usages de la Société de fournir des subsides de ce genre, vu qu’elle a à peine les moyens de subvenir /416/ aux frais de ses publications. La proposition de M. Næf est renvoyée au Comité.
L’heure étant avancée et la Société désirant se rendre au musée cantonal pour voir les nouvelles acquisitions faites par M. Morel-Fatio, pour le musée d’antiquités, la séance est levée.
Séance du 21 août 1879,
à la salle du tribunal de district à Payerne.
PRÉSIDENCE DE M. MOREL-FATIO
M. le président exprime les regrets de la Société pour la perte de M. Vulliemin, président honoraire de la Société, décédé peu de jours avant la réunion; puis il montre l’intérêt que présente au point de vue archéologique l’église de Payerne et fait des vœux pour sa restauration.
L’ordre du jour appelle l’élection du président, renvoyée à la séance d’été. M. Carrard professenr est élu par 22 suffrages sur 31 votants. M. Forel, président sortant, est nommé par acclamation président honoraire de la Société.
L’assemblée entend les communications suivantes :
M. ROGET expose les démêlés de Viret et de la classe de Lausanne avec le gouvenement bernois en 1558. Encouragé par Calvin, Viret affirmait le droit des pasteurs d’exclure les indignes de la communion; congédiés par LL. EE. les ministres furent reçus à Genève.
M. CARRARD compare les dispositions des statuts de Pierre de Savoie et de nos chartes communales, et plus spécialement de la charte de Moudon, et montre que l’opposition que l’on remarque entre ces documents est voulue, cette position privilégiée de certaines de nos communes urbaines rend de plus en plus vraisemblable l’existence encore controversée des Etats de Vaud.
M. le Dr BRIÈRE étudie la tradition relative à la Selle de la reine Berthe déposée au musée de Payerne. Les premières relations de voyageurs attribuent cet informe attirail à César; ce /417/ n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle que la légende de Berthe prend naissance. M. Th. Dufour ajoute que le prétendu sceau de la reine Berthe ne date que du XIIIe siècle et a été imité d’un sceau du chapitre de Lausanne dans le seul but de donner plus d’authenticité à une copie du XIe siècle.
M. EUG. SECRETAN donne quelques renseignements sur les publications de M. Louis Vulliemin dispersées dans un grand nombre de revues et d’ouvrages divers.
M. l’abbé GREMAUD après avoir parlé de la vente de la bibliothèque d’un ecclésiastique valaisan du XVe siècle, entretient l’assemblée des différends entre les habitants de Cugy et d’Estavayer, terminés à la satisfaction générale, le verre en main.
M. DE MANDROT établit, à l’aide des documents, que le gouverneur de Neuchâtel, Georges de Rive, dont l’origine était inconnue, était de Payerne.
M. AD. BLANCHET fait don à la Société d’un coutumier manuscrit de Grandson retrouvé dans la bibliothèque de son père M. Rodolphe Blanchet.
M. le professeur LEHR rappelle qu’au nombre des manuscrits détruits dans l’incendie de la bibliothèque de Strasbourg se trouvait le précieux ouvrage de Herrade de Landeberg. Grâce aux efforts de quelques archéologues, on est arrivé à réunir aujourd’hui les calques de presque toutes les miniatures et à établir ainsi la plus grande partie de ce document important.
Sur la proposition du comité, M. Daguet, professeur à Neuchâtel, est nommé membre honoraire.
La séance est levée afin de permettre aux membres de la Société de visiter avant leur départ le musée de Payerne et l’église abbatiale. /418/
Séance du 2 juin 1880,
au Musée industriel à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. H. CARRARD
M. le président ouvre la séance en rappelant le souvenir des membres de la Société décédés depuis la dernière réunion; ce sont : MM. Léonce Grand d’Hauteville, Frédéric Rambert, Jaques Vallotton, et de Bons, l’un des fondateurs de la Société; deux membres honoraires sont morts également : MM. Spach, archiviste, à Strasbourg, et Schneller, président de la Société d’histoire des cinq cantons, à Lucerne. En outre, deux membres ont donné leur démission : MM. Michaud, à Vevey, et Payot, à Lausanne.
Sur la proposition du comité, la Société confère le titre de membre honoraire à M. Gabriel Monod, directeur de la Revue historique à Paris.
Le comité actuel est ensuite confirmé pour une nouvelle période réglementaire.
M. MOREL-FATIO fait rapport sur la bibliothèque de la Société, actuellement déposée au musée archéologique; le local devient de plus en plus insuffisant et il est nécessaire de trouver une installation plus vaste et plus facilement accessible. Le comité a déjà fait de nombreuses démarches dans ce but; les pouvoirs qu’il demande pour régler la question sont accordés par l’assemblée.
M. FAVEY donne connaissance des comptes de l’exercice écoulé qui sont approuvés après rapport des commissaires vérificateurs, MM. Roguin et Dutoit.
M. le président donne lecture d’une lettre de M. Daguet annonçant que la Société d’histoire de Neuchâtel se réunira prochainement à Avenches et invitant les membres de la Société romande à assister à cette réunion.
M. MOREL-FATIO annonce également que la Société française d’archéologie, réunie à Besançon, fera une excursion à /419/ Neuchâtel, Estavayer, Payerne, Avenches et Morat et engage les membres de la Société à se joindre à cette excursion.
Sur la proposition de M. CLAPARÈDE, l’assemblée décide que la réunion aura lieu à Genève; la fixation du jour est laissée au bureau.
M. MOREL-FATIO donne quelques détails sur les tombes découvertes à Chamblandes, près Lausanne. Cinq tombeaux ont été fouillés; ils contenaient chacun un squelette dont la position accroupie la face contre terre semble indiquer un mode particulier de sépulture. Nulle part on n’a trouvé vestige de métal, mais seulement des lamelles de défenses de sanglier percées de trous, et des coquillages marins formant sans doute des ornements.
M. LEFORT lit une étude sur un traité conclu en 1350 entre les villes de Berne et Fribourg d’une part, l’évêque de Lausanne, les comtes de Savoie et de Genevois, et les dames de Vaud d’autre part. Cette alliance présente de nombreux points de ressemblance avec celles conclues à la même époque dans la Suisse orientale; on y retrouve en particulier l’institution des arbitrages, avec des dispositions très minutieuses sur la composition du tribunal arbitral et le lieu de réunion de ce tribunal suivant les diverses éventualités qui peuvent se présenter.
M. ROUX donne quelques renseignements sur les antiquités romaines de Vich et particulièrement sur un milliaire dont Levade avait donné l’inscription mais que l’on avait cru disparu. Ce milliaire servit longtemps de borne frontière entre deux communes, puis fut brisé par un entrepreneur de route, précipité dans un ruisseau par des jeunes gens et retrouvé enfin en très mauvais état. L’inscription a été restituée par M. Ch. Morel.
M. A. DE MONTET étudie l’histoire des troupes suisses au service de France dès 1788 à leur licenciement; il montre l’organisation intérieure des troupes capitulées sous les différents régimes qui se sont succédé et rappelle les campagnes et les faits d’armes auxquels nos compatriotes ont assisté, en insistant surtout sur les faits les moins connus. /420/
M. DE MURALT recherche l’origine de l’anti César Rodolphe de Rheinfelden; la similitude du nom et la nature des possessions de l’adversaire d’Henri IV dans nos contrées engagent l’auteur à rattacher Rodolphe à la dynastie des rois de Transjurane.
M. DE MANDROT fait circuler un plan d’Aventicum à l’échelle du 1 : 5000, qu’il a l’intention de publier. Il annonce, en outre, que l’on a découvert un canal qui pouvait amener les bateaux au pied des murs de la ville, à l’endroit où, d’après la tradition, se trouvaient des anneaux servant à amarrer les navires; c’est sans doute cette circonstance qui a accrédité l’idée que le lac baignait autrefois les murs de la cité.
M. le professeur WIENER annonce que l’on a retrouvé au musée une inscription que l’on avait crue perdue; certains recueils la donnaient comme l’œuvre d’un faussaire. Elle a été pendant longtemps à la Borde d’où elle a été transférée au musée.
M. GREMAUD fait connaitre à l’assemblée le dominicaire Jaques de Lausanne, prieur provincial de France au XIVe siècle, et qui a laissé des sermons souvent imprimés et d’autres œuvres théologiques manuscrites. Jaques de Lausanne était sans doute originaire de cette ville d’où il se rendit à Paris, il fut reçu bachelier en 1316, licencié en 1317 et mourut en 1321 ou 1322 dans le diocèse de La Rochelle. A la même époque on trouve au nombre des chanoines de Paris un Jean de Lausanne mort en 1334, mais sur lequel on ne possède aucun détail.
M. le professeur LEHR donne quelques renseignements sur M. l’archiviste Spach, membre correspondant de la Société, décédé récemment. M. Louis-Adolphe Spach, né à Strasbourg en 1800, fit d’abord des études de théologie et de droit, mais ne tarda pas à les abandonner pour se consacrer à la littérature. Nommé en 1840 archiviste du Bas-Rhin, il se voua plus spécialement aux études archéologiques et historiques. Son nom est attaché à l’inventaire général du riche dépôt dont il était le gardien, chaque fonds spécial a fait l’objet d’une monographie où le littérateur émérite savait dissimuler sous la forme la plus agréable une érudition du meilleur aloi. En même temps /421/ il a composé des biographies des Alsaciens éminents. Ses œuvres principales sont une excellente histoire de la Basse Alsace, puis trois volumes intitulés : Moderne Kulturzustände des Elsasses, publiés après l’annexion pour faire connaître au vainqueur les titres d’honneur de l’Alsace et une série de drames historiques sur les époques les plus importantes de l’histoire du pays.
Président de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace pendant une quinzaine d’années, il dut, tant à ce titre qu’à ses nombreuses publications, d’être admis comme membre d’honneur dans les principales Sociétés historiques de la Suisse, notamment en 1862 dans celle de la Suisse romande. M. Spach est mort en 1879 à l’âge de 80 ans, il avait le titre de professeur honoraire à l’université de Strasbourg.
M. le Dr BRIÈRE rectifie quelques erreurs accréditées depuis longtemps sur l’identification de certains noms anciens avec des localités actuelles. Ainsi : Vilaret, mentionné dans le cartulaire de Lausanne comme paroisse en 1226 n’est point le Villaret, comme on l’a cru, mais Villars-le-Terroir. Sancta-Crux donné en 1177, à l’abbaye du lac de Joux par Huser et Grandson n’est point Sainte-Croix mais Villars-Sainte-Croix.
M. l’archiviste DE CROUSAZ fait connaître que la charte constatant la rencontre du pape Grégoire X et du roi Rodolphe à Habsbourg lors de la consécration de la cathédrale de Lausanne est apocryphe; les nombreux seigneurs indiqués comme ayant assisté à cette cérémonie n’y ont point figuré, leur présence n’a été mentionnée que pour donner plus d’authenticité à un acte civil.
Séance du 13 septembre 1880,
dans la salle de l’aula de l’Université, à Genève.
PRÉSIDENCE DE M. H. CARRARD
M. le président ouvre la séance en montrant ce que Genève a fait pour les sciences historiques et en rappelant le souvenir des membres de la Société décédés depuis la dernière réunion. /422/
M. HORNUNG communique quelques vues sur la preuve en histoire comparée à la preuve juridique. Il fait le parallèle du rôle du jury en matière criminelle et de la critique historiqne et montre que leur tâche à tous deux est de résoudre un problème d’après les preuves qui leur sont soumises. Il insiste ensuite plus particulièrement sur les sources de notre histoire contemporaine; la tendance du jour est de tout imprimer et on voit disparaître de plus en plus les mémoires écrits par les contemporains. Il convient donc de conserver autant que possible tous les imprimés qui voient le jour et qui seront un jour les véritables sources de notre histoire.
M. BOUTILIER DE BEAUMONT appelle l’attention de la Société sur les ruines d’Avenches, en demandant qu’on s’intéresse à la conservation des monuments qui subsistent, et si possible qu’on aide aux fouilles nouvelles.
M. le Dr BRIÈRE parle des relations entre Yverdon et Genève; il montre les citoyens de ces villes quittant l’une pour l’autre, et fait la statistique de leurs professions depuis celle de pasteur ou médecin à celle de bourreau.
M. ERNEST CHAVANNES fait l’histoire de la combourgeoisie de Lausanne avec Fribourg et Berne. La première mention des négociations entre Lausanne et les villes de Fribourg et Berne remonte à 1522 ou 1523; en 1525, les députés de Lausanne chargés d’exposer les réclamations de la ville contre l’évêque, avaient probablement pour mission de continuer les négociations. L’évêque se doutait du reste des projets des Lausannois qui craignaient de leur côté une intervention armée du duc de Savoie. Ce ne fut qu’au mois de novembre que les délégués de Berne, Fribourg et Soleure rendirent leur jugement sur les griefs réciproques de l’évêque et de la ville. Les délégués restèrent à Fribourg pour mener à chef les négociations relatives à l’alliance projetée; la combourgeoisie fut enfin admise par Fribourg et Berne, malgré la vive opposition des ambassadeurs de Savoie qui prétendaient que Lausanne ne pouvait conclure de traité de ce genre qu’avec l’assentiment du duc, vicaire général de l’empire.
M. VUY lit au nom de M. le comte de Foras une notice sur /423/ un chevalier de l’Annonciade que le pays roman peut revendiquer comme sien. Il s’agit d’un nommé Musard, qualifié de gentilhomme anglais dans les catalogues des chevaliers de l’ordre; mais les documents découverts par M. de Foras permettent d’établir que ce chevalier appartenait à la famille Musard, bourgeois de la Tour-de-Peilz.
M. CH. MOREL présente un travail sur Genève cité romaine et les origines de la Savoie. Il recherche d’abord à quelle époque a eu lieu la transformation du vicus en civitas; passant ensuite à l’étendue du territoire de la cité, il arrive à la conclusion qu’il faut identifier la civitas genavensium à la Sapandia, malgré certaines difficultés; quant au diocèse de Genève il ne correspond pas exactement à la civitas.
M. ROGET, dans une étude sur Genève et la conjuration d’Amboise, recherche la part que Calvin peut avoir eue dans cette entreprise. Calvin et de Bèze ont été souvent accusés d’avoir été les instigateurs de ce coup de main; mais si le premier reconnaît avoir eu connaissance des projets des conjurés, il paraît les avoir désavoués; il considère la conspiration comme une croisade des chevaliers de la Table ronde qui étaient ensorcelés, et aurait prédit dès le début l’issue tragique de l’expédition. Il est permis de croire cependant que si la conspiration eût réussi, le mécontentement de Calvin ne se serait pas traduit aussi vivement, bien que d’une manière générale il n’approuvât pas les entreprises armées.
Séance du 9 juin 1881,
au Musée industriel, à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. H. CARRARD
M. le président ouvre la séance en retraçant le tableau de la vie intellectuelle de la Société pendant l’année dernière, et en rappelant les souvenir des membres décédés : MM. Cart, docteur; Nicollier; S. Boiceau; Tallichet, pasteur; Bonard, président du tribunal de Nyon; Amiel; Heinzen; Matile, et Mélegari. /424/
M. VUY lit une notice sur l’origine des idées politiques de Rousseau. Après avoir cherché à établir qu’il faut retrouver les origines du Contrat social du citoyen de Genève dans les franchises d’Adhmard Fabri, l’auteur insiste sur les controverses qui eurent lieu au dernier siècle à Genève et montre que le parti qui discutait contre Tronchin invoquait toujours les franchises de Fabri et les principes qu’elles renferment sur la perpétuité et l’imprescriptibilité de la liberté.
M. DAGUET, membre honoraire, présente une étude sur Georges de Rive, sire de Prangins et gouverneur de Neuchâtel, et sur ses relations avec l’avoyer Faucon de Fribourg.
M. EUGÈNE SECRETAN consacre à la mémoire de M. le professeur Amiel que la Société à perdu récemment, une notice rappelant le rôle de l’histoire dans l’œuvre du poète.
M. FAVEY donne connaissance d’une pièce retrouvée dans un recueil manuscrit de la Bibliothèque cantonale et qui fournit des détails assez complets sur la condition des personnes et des terres dans les domaines du couvent de Romainmôtier.
M. DE MANDROT offre à la Société, de la part de M. l’avocat Pellis, un ancien acte de partage de biens communaux à Château-d’Œx, et signale à cette occasion l’existence des Allmends dans nos communautés romandes.
M. l’archiviste de CROUSAZ donne quelques détails sur la reconstruction du collège de Lausanne, qui, suivant certains projets, devait être installé dans le chœur de la cathédrale.
M. DE MURALT signale une inscription récemment découverte en Tunisie et cherche à démontrer par analogie que le conventus helveticus n’était pas seulement une réunion de citoyens romains, en Helvétie, mais aussi du peuple helvétien.
M. A. ROGET présente une communication sur l’origine et l’établissement des loges maçonniques à Genève.
M. l’abbé JEUNET rappelle la publication partielle de la visite pastorale du diocèse de Lausanne en 1453, et émet le vœu qu’on publie aussi la visite pastorale de 1417, qui donne des détails intéressants sur l’état des églises du diocèse au commencement du XVe siècle.
M. LE FORT attire l’attention sur une publication de M. Nani /425/ consacrée aux statuts de Pierre de Savoie, et dans laquelle l’auteur rattachant ces statuts à l’ensemble du mouvement juridique du moyen âge, recherche les points sur lesquels ont prévalu les principes du droit germanique et ceux sur lesquels les principes romains ont conservé un rôle prépondérant.
La séance est levée à 2 heures.
Séance du 1er septembre 1881,
à l’Hôtel de ville d’Orbe.
PRÉSIDENCE DE M. H. CARRARD
M. le président ouvre la séance en rappelant les titres nombreux de la ville d’Orbe à une visite de la Société d’histoire.
M. le président donne connaissance d’une publication anonyme, signée Helvétie, et relatant l’ouverture d’un tumulus; M. Mabille complète cette communication en présentant différents objets découverts dans les environs de Baulmes.
M. OGUEY, Syndic d’Orbe, fournit quelques détails sur l’incendie qui, en 1688, le 4 août, détruisit une partie de l’église paroissiale, et sur la reconstruction de l’édifice. En 1773, il s’agissait de choisir un ornement pour la flèche, on hésite entre le coq traditionnel et la simple girouette, le premier obtint la préférence comme étant l’emblème de la vigilance, tandis que la girouette est le symbole de l’inconstance.
M. le Dr BRIÈRE fait connaître les inscriptions des cloches d’Orbe, dont l’une est due au Dr Antoine Drelincourt qui fit aussi une élégie sur le naufrage arrivé sur l’Orbe, le 4 juin 1703. Cet accident qui coûta la vie à quarante personnes est rapporté en détail dans les mémoires de M. Carrard, un contemporain, dont M. le président lit quelques extraits.
M. E. RITTER donne lecture d’une notice sur Mme Huber et les controverses auxquelles son nom a été mêlé. Dutoit-Membrini prétend que ce fut dans les écrits de cette femmelette orgueilleuse, pour nous servir de ces expressions, que Rousseau tira /426/ ses idées sur la religion naturelle. Certains passages de Rousseau présentent, il est vrai, une certaine analogie avec les idées de Mme Huber, mais M. Ritter ne voit pas dans les écrits de celle-ci l’origine de l’Emile ou du Vicaire savoyard; il faut croire plutôt à un mouvement semblable dans l’esprit de deux écrivains, causé, semble-t-il par leur vie dans un même milieu.
M. FAVEY fait, d’après les documents des archives cantonales, le récit d’une conspiration peu dangereuse ourdie, en 1735, par un sieur Crinsoz, ancien seigneur de Collombier, et tendant à remettre le pays de Vaud sous la domination du roi de Sardaigne.
M. l’abbé JEUNET entretient l’assemblée du couvent des Clarisses d’Orbe fondé en 1428, peu après celui de Vevey, et des femmes distinguées qui ont passé leur vie dans ces établissements religieux. Les Clarisses réfugiées à Evian après la réformation y conservent encore certains objets qui ont appartenu à Louise de Savoie.
M. A. ROGET présente une communication sur les représentations dramatiques à Genève depuis la période épiscopale jusqu’au moment où le voisinage de Voltaire mit à une sérieuse épreuve l’antipathie des autorités pour le théâtre public, et même pour les représentations privées.
La séance est levée à 2 heures.
Séance du 1er juin 1882,
au Musée industriel, à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. H. CARRARD
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le président entretient l’assemblée de l’activité de la Société pendant l’année écoulée, des travaux présentés aux réunions familières et des publications entreprises; il exprime les regrets que cause à la Société le décès de plusieurs membres : Desor, Charles, Vautier, Brière. /427/
M. LE FORT consacre quelques paroles à la mémoire de notre membre honoraire M. le chevalier de Stürler et indique les divers travaux qu’il a entrepris.
Sur la proposition au comité, l’assemblée admet à l’unanimité comme membres honoraires MM. Meyer de Knonau, professeur à Zurich, et Antonio Manno, à Turin.
M. ERNEST CHAVANNES expose les négociations qui ont amené la rupture de la combourgeoisie de Lausanne avec Fribourg. Après avoir fait des difficultés pour accepter la largition, Lausanne présente de nombreuses réclamations à Berne, sur différents points. Après la conquête, la combourgeoisie avec Fribourg était bien compromise; déjà en août 1536, le Conseil de Berne avait laissé entendre à Lausanne qu’il ne souffrirait pas que Lausanne fit aucune combourgeoisie; dès lors l’abandon de la combourgeoisie de Fribourg fait l’objet de nombreuses négociations. Les Lausannois essayent de rester fidèles à leurs alliés, mais ils finissent par comprendre qu’il est inutile de résister et qu’en refusant de se soumettre ils risqueraient de perdre les avantages matériels qui avaient payé leur soumission.
C’est le 25 février 1538 que la rupture se fit solennellement à Fribourg; les sceaux de Berne et Fribourg arrachés des originaux furent échangés entre les députés de Lausanne et le Conseil de Fribourg.
M. E. RITTER montre l’importance des généalogies, non seulement pour les familles souveraines et nobles, mais aussi pour les familles bourgeoises, tout d’abord au point de vue des intérêts personnels et matériels, mais surtout pour servir à étudier un homme à fond et déterminer l’influence de l’hérédité sur un personnage donné; M. Ritter montre par l’exemple de Mme de Staël tout l’intérêt que présentent ces recherches.
M. le président annonce que le bureau a été réélu à l’unanimité.
M. MOREL-FATIO fait l’histoire de la Société militaire de Saint-Jacques d’Etoy fondée en 1716 en souvenir de la bataille de Villmergen, et fournit des détails curieux sur les règlements de cette société, dont la mémoire ne se perdra pas, car elle a frappé une médaille assez rare aujourd’hui. /428/
M. Morel-Fatio donne en outre quelques renseignements sur les dernières découvertes archéologiques.
M. FAVEY présente les comptes qui ont été approuvés par le comité et visés par deux commissaires verificateurs. Ils soldent en faveur de la Société par 759 fr. 10 c. et sont approuvés par l’assemblée.
M. A. ROGET présente une étude sur les négociations relatives à la rétrocession par Berne d’une partie des territoires conquis, et particulièrement sur les efforts faits par Genève pour détourner Berne de consentir à la cession opérée par elle par le traité de Lausanne.
M. FOREL revenant sur la question de l’origine de Morges, montre qu’on a mal lu la date d’une pièce aujourd’hui perdue, mais dont on possède une copie figurée. L’écrivain a écrit la date conformément à l’usage français et on a pris 1290 pour 1230. En 1250, du reste, Morges ne devait pas exister, car un acte de cette époque mentionne Jolens et non Morges. M. l’archiviste DE CROUSAZ ajoute quelques renseignements sur le même sujet.
M. DE MANDROT donne lecture d’une intéressante étude sur Avenches, et passe en revue les voies publiques, les murailles, les monuments et les différents objets découverts sur l’emplacement de l’ancienne Aventicum. La Société se joint aux vœux exprimés par M. de Mandrot de voir épargner les derniers débris qui nous restent de la civilisation romaine.
M. VUY communique un fragment d’un troisième mémoire sur l’origine des idées politiques de Rousseau.
Séance du 14 septembre 1882
à l’Hôtel de ville d’Yverdon.
PRÉSIDENCE DE M. H. CARRARD
M. le président ouvre la séance en rappelant quelques traits de l’histoire d’Yverdon et le patriotisme de ses habitants sous la période de Savoie.
M. l’abbé GREMAUD présente une étude sur un membre peu /429/ connu de la famille de Grandson : Barthélemy dit de Vir évêque de Laon; au moyen des sources contemporaines, et particulièrement des chroniques d’Hérimann de Laon et d’Albert de Troisfontaines il montre que cet évêque est le fils de Fatio de Grandson, dont les chroniqueurs rapportent le mariage un peu romanesque avec la fille du sire de Roncy, allié lui-même de la famille d’Henri l’Oiseleur et des capétiens. M. Gremaud retrace le voyage de Barthélemy à la cour d’Espagne, la fondation de l’Abbaye de Prémontré sous son épiscopat, etc.
M. le professeur DAGUET fournit d’intéressants détails sur l’activité pédagogique de Pestalozzi à Yverdon, tirés essentiellement des enquêtes officielles faites sur ce pensionnat par les autorités vaudoises d’abord, puis sur ordre de la diète fédérale.
Les délégués vaudois n’avaient pu tomber d’accord. Tandis que les uns admiraient sans réserves, d’autres émettaient certaines critiques sur la méthode; et il faut le dire, on s’était déjà écarté à Yverdon de l’institution primitive. Une véritable passion de célébrité s’était emparée du personnel enseignant qui réclama une enquête officielle de la part de la diète. Cette mission, confiée à Merian, Treschsel, et le père Girard, ne tourna pas complètement à la gloire des collaborateurs de Pestalozzi et la commission dut signaler la faiblesse de certaines branches et surtout la discorde qui régnait entre les professeurs et le manque d’égards qu’ils témoignaient à leur vénérable et modeste chef.
M. MARCEL fait circuler une lettre adressée le 15 juin 1555 par Henri II, roi de France, à l’avoyer de Berne par laquelle il prie LL. EE. de Berne de faire saisir leur combourgeois, le fameux baron de la Renaudie qui avait été banni de France et s’était enfui des prisons de Dijon les armes à la main.
M. FAVEY après avoir donné quelques détails sur les peintures qui ornent la salle de la municipalité, présente le tableau de l’organisation judiciaire de l’ancien bailliage d’Yverdon qui ne comptait pas moins de 36 justices avec 439 fonctionnaires judiciaires.
M. DE MURALT rappelle quelques épisodes de l’histoire d’Yverdon tirés de documents authentiques et discute /430/ principalement, ainsi que M. Piccard, l’origine d’Yverdon et les étymologies de ce nom.
M. MABILLE présente un grand nombre d’antiquités diverses recueillies par lui dans les environs de Baulmes. Après la séance les membres de la Société visitent le musée et la bibliothèque de la ville, gracieusement ouverts par les autorités auxquelles la Société adresse ses vifs remerciements pour leur obligeance et l’intérêt qu’elles portent aux souvenirs de notre histoire nationale.
Séance du 7 juin 1883
au Musée industriel, à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. H. CARRARD
M. le président ouvre la séance en rappelant le souvenir des membres que la Société a perdus depuis la dernière réunion, et en retraçant l’activité de la Société pendant les séances d’hiver.
Le comité de publication est réélu dans la personne de M. F. Forel, Gremaud, Le Fort, et E. Chavannes, qui sont adjoints au comité d’administration.
M. ALBERT DE MONTET recherche l’origine des tapisseries dites de Bourgogne, conservées aujourd’hui à la bibliothèque de Berne, et que l’on croit généralement provenir du butin des confédérés dans les guerres de Bourgogne. Si quelques pièces entre autres certains fragments de drapeaux peuvent avoir cette origine, il n’en est point de même des pièces les plus importantes, comme les tapis dits de César et de Trajan. Si l’on compare ces belles tapisseries avec l’inventaire du trésor de Notre Dame de Lausanne, on est frappé des analogies que présente cette description avec les tapisseries de Berne sur lesquelles on remarque en outre les armoiries des familles de Saluces et de la Baume, bienfaiteurs connus de l’église de Lausanne. M. de Montet en arrive à conclure que ces beaux spécimens de l’art du tapissier proviennent très probablement /431/ du trésor de Lausanne, et n’ont jamais orné, comme le veut la tradition, la tente du Téméraire.
M. GALIFFE donne quelques détails sur l’institution des Allmends; il étudie tout spécialement le mode de copropriété et de jouissance des Allmends dans le contour de la Suisse primitive, où l’institution s’est le mieux conservée, et il expose les modifications qu’elle a subies suivant les temps dans les différents cantons; il rapproche enfin l’Allmend suisse des institutions du même genre qui se montrent ailleurs et en faisant ressortir les caractères distinctifs.
M. A. ROGET entretient l’assemblée des démêlés de Viret avec LL. EE. de Berne, et donne d’intéressants détails biographiques sur les cinq professeurs de l’académie de Lausanne qui abandonnèrent leurs fonctions et durent se retirer à Genève et à l’étranger.
M. WIRZ attaque la tradition d’après laquelle Vespasien serait né et aurait passé les années de sa jeunesse à Avenches, où son père aurait fait sa fortune. Aucun auteur classique ne mentionne ces circonstances. Si le père de l’empereur a résidé en Helvétie à certaine époque de sa vie, nous savons par Suétone que Vespasien est né dans le pays des Sabins, et qu’il y fut élevé sous les yeux de sa grand’mère.
M. EUG. RITTER fournit quelques détails sur les relations de Rousseau avec Isaac-Ami Marcet de Mézières. Marcet qui joua un certain rôle politique dans les troubles de Genève de 1734 à 1738, s’était allié d’amitié avec Rousseau, mais le littérateur et le philosophe furent bientôt brouillés, et Rousseau en vint à dire que son ancien ami « devint ridicule avant sa mort. » Cette appréciation se rapporte aux œuvres de Marcet, entre autres à la comédie de Diogène à la campagne; on en retrouve les échos dans les auteurs d’aujourd’hui. Les recherches de M. Ritter permettent d’effacer cette impression défavorable; les contemporains parlent au contraire du succès qui accueillit l’œuvre du littérateur genevois.
M. PICCARD, complétant une communication précédente, cherche à rétablir la série complète des patrices de Vaud.
M. DE CROUSAZ, archiviste donne des renseignements inédits /432/ sur l’éboulement qui engloutit le village d’Yvorne le 4 mars 1584. Il périt dans ce désastre 122 personnes, 166 vaches, 81 jeunes bêtes, 17 bœufs, 59 chevaux, 181 brebis; les dommages matériels furent de 69 maisons, 126 granges, 5 moulins, 2 battoirs, 86 celliers avec 318 chars de vin, 62 poses de vignes et 66 de champs et 112 de prés. LL. EE. ordonnèrent une collecte générale en faveur des malheureux habitants d’Yvorne.
M. GREMAUD dit quelques mots d’une découverte de M. Castan, qui permet de compléter et de rectifier une inscription restituée par Mommsen.
Après la séance, la Société va admirer le buste de l’un de ses membres fondateurs M. Louis Vulliemin, actuellement exposé au musée Arlaud, et consacre quelques instants à la visite des archives de Lausanne installées depuis peu dans un nouveau local et dont M. E. Chavannes opère un nouveau classement.
Séance du 19 août 1883
au Château de Grandson.
PRÉSIDENCE DE M. H. CARRARD
Ensuite de l’aimable invitation de M. Gustave de Blonay, la Société d’histoire, au nombre d’environ cent membres, est réunie dans la grande salle du Château de Grandson. M. de Blonay souhaite la bienvenue à ses hôtes; M. le président Carrard, au nom de la Société, remercie notre collègue de son accueil cordial et lui adresse nos félicitations pour la conservation et la restauration de l’antique demeure des Grandson qui rappelle tant de souvenirs historiques.
M. FAVEY donne, d’après les notes de M. Brière, notre regretté collègue quelques détails inédits sur les combats livrés en 1798, à Vugelles et Novalles, par les volontaires vaudois aux troupes restées fidèles à Berne.
M. WAVRE annonce à l’assemblée la publication d’une carte des stations lacustres du lac de Neuchâtel. /433/
M. TH. DE MEURON donne lecture d’une étude sur le siège et la bataille de Grandson et fournit d’intéressants détails sur la topographie du champ de bataille.
A la suite de cette communication, M. le Dr V. BRIÈRE, fait circuler les ouvrages de deux chirurgiens : Hans de Gersdorff et Gerôme Braunschweig, qui accompagnaient les troupes suisses dans les campagnes de 1475 et 1476.
M. l’abbé JEUNET relève aussi à cette occasion la confusion qu’on fait quelquefois entre Louis de Châlons et son frère Hugues, seigneur de Château Guyon, qui trouva la mort à Grandson.
M. l’abbé GREMAUD donne le résultat de ses recherches sur Arnolf de Grandson qui figure en tête de la généalogie des comtes de Chigny. D’après certains récits, cet Arnolf de Grandson aurait été privé de ses biens et forcé de s’expatrier à la suite d’un homicide. Il se serait réfugié en Lorraine, aurait combattu avec l’empereur Othon contre les Hongrois et serait mort le 15 juillet 982 en Calabre en guerroyant contre les Sarrazins. Cette descendance des Chigny n’est pas certaine; elle pourrait cependant expliquer pourquoi on voit plus tard Falcon de Grandson aller rechercher en mariage une femme de la maison de Roncy, alors surtout qu’un comte de Chigny devient beau-frère de Falcon de Grandson.
M. DAFFLON parle des relations qui existaient entre Grandson et Estavayer et donne connaissance d’un traité de combourgeoisie du 24 septembre 1583 entre ces deux villes.
M. BUGNION présente un sceau qui se trouvait en possession d’un notaire du village de Fey. L’écu porte un demi-vol qu’on retrouve comme crinier d’un casque de forme antique. Ces armes dont le sceau n’indique pas les émaux peuvent être celles de la famille des de Loys ou des Allamand. L’inscription qui entourait le sceau a été enlevée.
M. de MURALT donne quelques détails sur la seigneurie du Châtelard et ses propriétaires successifs.
M. CARRARD fait connaître une pièce retrouvée par M. E. Chavannes; c’est un acte de janvier 1266 par lequel un nommé Besson de Féterne fait hommage lige à Aimon de Blonay, à /434/ condition que celui-ci lui conférera la chevalerie dans un délai de trois mois dès sa réquisition. Cette pièce fort curieuse donne lieu à une intéressante discussion, à laquelle prennent part MM. de Muralt et Le Fort.
Enfin M. PICCARD discute quelques hypothèses sur l’étymologie du mot Blonay. Après la séance et le banquet offert par M. de Blonay aux membres de la Société dans la cour du château, ceux-ci rendent encore visite avant leur départ à l’église romane de l’ancien prieuré de Saint-Jean-Baptiste, dont M. le pasteur Combe fait les honneurs.
Séance du 5 juin 1884,
au Musée industriel, à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. H. CARRARD
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le président ouvre la séance en rappelant le souvenir des membres décédés et déplore tout spécialement la perte de M. Amédée Roget.
Sur la proposition du comité, l’Assemblée confère la qualité de membre honoraire à MM. Bollati de Saint-Pierre, à Turin; Castan, à Besançon, et Herminjard, à Lausanne.
L’Assemblée procède au renouvellement du Comité d’administration. M. le président Carrard déclinant toute réélection est remplacé par M. G. Favey. Sont désignés comme secrétaires MM. Morel-Fatio et Ernest Roguin.
M. GALIFFE fait un tableau historique et géographique des vallées vaudoises du Piémont; il discute l’étymologie du nom de Vaudois et donne d’intéressants détails sur la vie sociale et politique de la population.
M. MARCEL présente à l’assemblée un drapeau français, fort bien conservé, perdu dans les petits cantons par la 104me demi-brigade, probablement en 1799.
M. EUGÈNE GAULIS retrace les péripéties d’un procès entre M. de Warens et son père M. de Willardin, quelques pièces de /435/ cette procédure jettent un jour particutier sur les négociations qui précédèrent l’union de M. Warens et de Mlle de la Tour et sur le règlement des intérêts civils des époux.
M. FAVEY fait connaître une inscription retrouvée à Grandson par M. le pasteur Combe, et se rapportant au réformateur Jean Le Comte d’Etaples.
M. LOUIS DUFOUR rappelle quelques traits de la carrière du pasteur genevois Jean Jaquemot, connu par ses démêlés avec les magistrats de Genève.
M. DEMOLE fait l’histoire d’une frappe de monnaie entreprise en 1722 par le gouvernement de Neuchâtel et entravée par le conseil de Genève qui voyait déprécier son numéraire.
Enfin M. VUY donne le résultat de ses dernières recherches sur les origines de la commune de Genève.
La séance est levée à 1 h. 1⁄2.
Séance de 18 septembre 1884,
à l’Hôtel de ville de Martigny.
PRÉSIDENCE DE M. G. FAVEY
La séance est ouverte à 10 heures dans la grande salle de l’Hôtel de ville de Martigny gracieusement mise à la disposition de la Société par les autorités locales. On remarque dans l’assistance Mgr l’évêque de Bethléem, abbé de Saint-Maurice, MM. Roten et de Torrenté, représentants du gouvernement du Valais, M. le préfet du district et M. le président de la commune de Martigny-Ville.
M. le président souhaite la bienvenue aux invités de la Société, en regrettant l’absence de Mgr l’évêque de Sion auquel son grand âge a empêché de répondre à notre invitation.
Est admis comme membre de la Société, M. Charles Perret, docteur-médecin à La Tour-de-Peilz.
M. GALIFFE donne lecture d’un intéressant travail sur les récompenses et les distinctions accordées en Suisse au XIXme siècle par les autorités fédérales et cantonales pour service militaire. /436/
M. GREMAUD fournit quelques renseignements sur l’histoire de Martigny au XIIIe et au XIVe siècle, et étudie plus spécialement les rapports de ville avec la Savoie.
M. RITTER entretient l’assemblée de quelques correspondants de Suzanne Curchod; il s’agit des lettres publiées en 1756 et 1757 dans le Mercure helvétique que les soupirants prenaient comme leur confident.
M. LE FORT Communique de nombreux détails sur les institutions du Valais à l’époque féodale, qui sont tirés pour la plupart du recueil des chartes publié par M. l’abbé Gremaud.
M. CHARLES MOREL donne quelques renseignements sur le Valais à l’époque romaine.
Enfin M. RITZ expose à l’assemblée le résultat des fouilles entreprises à Martigny depuis l’année dernière, et décrit l’aspect du grand bâtiment qui a été mis au jour. Le gouvernement du Valais qui fait faire les fouilles avait bien voulu faire transporter à Martigny et faire déposer dans la salle de la séance les magnifiques fragments de statues en bronze découverts sur l’emplacement de l’ancien Octudure. Cette exposition, et les conclusions de M. Ritz donnent lieu à une intéressante discussion. Avant et après la séance, les membres de la Société vont visiter les fouilles et le Vivier, emplacement d’un ancien amphithéâtre, ainsi que la tour de la Bâtie, où les autorités locales ont bien voulu nous offrir une collation.
Séance du jeudi 11 juin 1885,
au Musée industriel à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. G. FAVEY
La réunion s’ouvre à 10 heures du matin, par un discours du président qui passe en revue les plus récents travaux de la Société, ceux de l’étranger; fait un tableau du mouvement historique contemporain et appelle l’attention de tous sur les recherches ayant pour objet notre pays à l’époque romaine, /437/ spécialement sur les fouilles d’Avenches. Ce discours complet et intéressant est fort applaudi.
M. GALIFFE lit un mémoire sur la question controversée de l’antique évêché de Nyon. Conformément à la légende et à certaines inférences générales, ainsi qu’à la pratique suivant laquelle chaque civitas avait un évêché, M. Galiffe conclut à l’existence de celui de Nyon. Plus tard et en tout cas avant l’année 552 ce siège épiscopal fut transféré à Belley.
Une discussion à laquelle prennent part MM. Le Fort, de Muralt et l’auteur s’engage à ce sujet. M. le président fait remarquer que des auteurs récents entre autres M. Longnon, ne mettent pas en doute l’existence de l’évêché de Nyon.
M. EUGÈNE SECRETAN donne des renseignements verbaux sur le résultat des investigations poursuivies pendant les cinq dernières années à Avenches. Après quelques observations de M. de Beaumont sur le niveau du lac de Morat, M. Secretan développe les motifs qui ont dicté une lettre adressée au président de la Société par MM. Morel, Daguet et lui, et concluant à recommander la formation d’une association pour s’occuper des fouilles d’Avenches.
M. VULLIET propose à la Société de nommer à cet effet une commission. Adopté. Le comité est chargé d’en désigner les membres.
On confirme ensuite dans leur mission les membres du comité des publications.
La question du choix d’un lieu de réunion pour l’été est abandonnée au comité.
M. RITTER fait une communication sur de récents travaux concernant la poésie du moyen âge. Il parle spécialement de la chanson d’Ayol, où il est parlé du siège de Lausanne, ville située au bord du Rhône.
M. LE FORT traite de quelques travaux italiens relatifs à la maison de Savoie et concluant à son origine savoisienne et nullement étrangère. /438/
Séance du 11 septembre 1885,
dans la salle de la Grenette, à Fribourg.
PRÉSIDENCE DE M. G. FAVEY
La séance est ouverte à 10 heures en présence d’un nombreux public. On remarque dans l’assistance les représentants du gouvernement du canton de Fribourg et Mgr Mermillod, évêque de Lausanne et Genève, ainsi que M. Aepli, ministre de la confédération, à Vienne.
M. le président retrace, en ouvrant la séance, les efforts faits par les historiens fribourgeois pour établir l’histoire de la patrie, et rappelle les anciennes alliances conclues entre Fribourg d’une part, Lausanne et Genève de l’autre, qui ont fait de Fribourg le trait d’union entre la Suisse romande et la Suisse allemande.
M. de SCHALLER donne lecture d’un travail sur la prise de Fribourg par les Français en 1798. Rédigée essentiellement d’après les mémoires inédits du père de l’auteur, cette notice fournit des détails intéressants et nouveaux sur l’état des esprits à Fribourg et sur l’attitude des autorités à la veille de la chute de l’ancienne confédération.
M. WIRZ Continuant ses recherches sur les anciennes stalles d’église, entretient l’assemblée des stalles de la chapelle de Géronde en Valais, qui présentent une réelle valeur artistique et ont des traits de ressemblance avec les stalles de Valère.
M. ROUX communique un travail étendu sur Nyon, particulièrement à l’époque romaine, et dont le présent procès-verbal ne peut rendre un compte détaillé, en raison de questions diverses qu’il soulève. Cette lecture donne lieu à une discussion nourrie à laquelle prennent part MM. Ch. Morel, Jurgensen; Mgr Mermillod, Jeunet, Gremaud et le président.
La charmante vallée du Gotteron, aux sites si variés, a inspiré à M. l’abbé RAEMY une étude des événements dont ce vallon a été le théâtre, et particulièrement des hostilités entre Berne et Fribourg dans le cours des XIVe et XVe siècle. /439/
M. l’abbé, GREMAUD communique à l’assemblée des statuts valaisans de 1571, accompagnés de nombreux commentaires.
M. le président fait part des décisions prises par le comité ensuite du vote de la Société du 11 juin 1885, relatif à la création d’une association pro Aventico. M. Carrard, président de commission désignée à cet effet, présente un rapport détaillé sur la question. A la suite de cet exposé, l’assemblée adopte le projet de statuts qui lui est présenté et désigne les membres du comité de la nouvelle association.
Après la séance, la société visite les salles du musée Colonna dont nos collègues fribourgeois nous font les honneurs; puis un banquet, honoré de la présence des délégués du gouvernement de Fribourg et de Mgr l’évêque, de Lausanne, termine la réunion.
Séance du 10 juin 1886,
au Musée industriel, à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. G. FAVEY
Le président entretient l’assemblée, formée d’une trentaine de membres, de la question des publications de la société. Interrompues pour des raisons diverses, elles seront reprises le plus tôt possible. M. Favey constate ensuite avec regret la diminution du nombre des membres de la Société; il encourage les membres à recruter de nouveaux adhérents, et à faire de nombreuses communications historiques sans trop se soucier de leur imperfection relative.
M. l’abbé GREMAUD donne des détails sur la personne et le rôle de l’abbé Hucbert de Saint-Maurice, figure du neuvième siècle, et dont semble parler Pierre d’Amiens dans un passage où aucun nom cependant n’est cité.
M. DE BUDÉ présente une communication sur Neuchâtel et le roi de Prusse, en 1707, époque de l’avènement de ce dernier au gouvernement de cette principauté. D’Aneillon, théologien et diplomate prussien, a joué un rôle à cette occasion. M. de Budé lit des extraits de sa correspondance avec différents personnages, /440/ spécialement avec le genevois Tronchin. Elle est précieuse pour l’histoire de cette époque.
M. GALIFFE dit quelques mots d’un portrait de M. de Prusse, premier souverain de Neuchâtel.
L’assemblée s’occupe ensuite de la revision des comptes de l’exercice 1884-1886. Ils se bouclent par un solde en caisse de 1915 fr. 28 c. au 1er juin 1886. – A la suite du préavis de MM. Demole et de Montet, commissaires-vérificateurs, ces comptes sont approuvés.
Il est ensuite donné lecture d’un certain nombre d’invitations venues de l’étranger, de la société française d’archéologie, dont le congrès doit avoir lieu à Nantes en 1886, et des sociétés savantes de la Savoie, dont la réunion aura lieu à Thonon, dans le mois d’août.
M. FAVEY présente la première livraison du supplément au dictionnaire historique du canton de Vaud, travail commencé par le docteur Brière et achevé par lui. Cette communication est accueillie avec intérêt et félicitations par l’assemblée.
M. EUGÈNE SECRETAN entretient la société de la bataille de Sempach, à propos du 500e anniversaire de ce glorieux fait d’armes, et du travail de M. de Liebenau, archiviste de Lucerne. Il expose spécialement les derniers résultats des investigations entreprises à propos de l’épisode de Winkelried. C’est seulement plus de 70 ans après la bataille que la première mention connue actuellement est faite de ce personnage. Mais, dès le commencement du XVIe siècle jusque vers 1860, son action héroïque est admise par nos sources sans contestation. Depuis le milieu de ce siècle jusqu’à nos jours les opinions les plus diverses se sont fait jour sur l’existence et l’identité du héros suisse. Il est fort difficile de conclure nettement. Il est permis de croire à l’existence du héros, mais il ne faut pas oublier que sans le courage de plusieurs inconnus le dévouement d’un seul homme n’aurait pas suffi pour donner la victoire aux Suisses.
Plusieurs membres font des remerciements à M. Secretan en le félicitant de son important travail; et le désir est exprimé de le voir publier avec l’appui de la société. Ce serait une marque d’intérêt et de sympathie donnée à nos confédérés de la /441/ Suisse allemande. Le Comité est chargé de s’entendre à cet effet avec M. Secretan.
Le choix du lieu de la réunion d’été est abandonné au Comité, qui a en vue Moudon et Aubonne.
M. ROUX fait une communication sur les localités de Pellans, près de Nyon et sur la découverte d’un ancien cimetière à Chéserex.
M. TH. CLAPARÈDE dit quelques mots du passé de cette dernière localité.
Après quoi le Comité est confirmé pour une nouvelle période de deux ans, conformément aux statuts, en la personne de MM. Favey, président, Morel-Fatio et Roguin, secrétaires.
La séance étant levée entre midi et une heure, un gai diner a lieu au cercle de l’Arc. Une vingtaine de membres y assistent.
Séance du 26 août 1886,
à l’Hôtel de Ville de Moudon.
PRÉSIDENCE DE M. GEORGES FAVEY
La séance est ouverte à 11 1⁄4 heures. Une cinquantaine de personnes y assistent, au nombre desquelles figurent plusieurs membres des autorités de Moudon, M. le comte de Foras, l’éminent généalogiste de la Savoie, et M. le baron Manno, de l’académie de Turin.
M. le président remercie les autorités de Moudon de leur cordial accueil, et il retrace à grands traits l’histoire de la ville à grand renom depuis l’époque romaine, où Moudon recevait déjà des libéralités. La charte communale de cette ville, acte bien connu, qui a inspiré nombre d’autres franchises au pays, date de 1285; mais il est à noter qu’elle n’est que la confirmation plus ou moins développée de franchises antérieures, car des chartes plus anciennes se réfèrent expressément à celle de Moudon. Les états de Vaud objet de tant de discussions se tinrent à Moudon et cette antique commune, gardienne alors comme auparavant des libertés vaudoises, fit entendre sa protestation /442/ lors de la conquête bernoise de 1536. – Plusieurs édifices de Moudon, le château, l’église de Saint-Etienne, datant probablement du XIIIe siècle, offrent un intérêt archéologique. – Le président a en terminant le profond regret d’annoncer à l’assemblée la mort, survenue la veille, de M. Favrod-Coune, l’un des membres les plus anciens de la Société et les plus attachés à ses travaux. L’assemblée s’associe au chagrin que cause ce deuil.
M. le comte DE FORAS donne lecture d’un travail sur le fameux droit du Seigneur. Il discute contradictoirement avec M. Havet, qui tendrait à ne pas admettre l’existence historique des textes relatifs à cette question à privilège féodal.
Cinq passages du moyen âge sont particulièrement à considérer; mais un seul mis au jour par M. Léopold Delisle et relatif au seigneur de la Rivière Bourdet lui accorde le droit de coucher avec les épouses de sa seigneurie si certaines redevances ne sont pas acquittées. Le droit ne serait donc que subsidiaire et n’aurait qu’une valeur en quelque sorte comminatoire. Beaucoup d’autres textes présentés souvent comme décisifs n’ont qu’une signification encore moindre. En tout cas, il faut se garder de croire à de simples traditions vagues et ne pas confondre le droit avec des abus. M. le comte de Foras conclut à la non-existence du droit du seigneur.
Un échange d’observations sur ce travail se produit entre MM. Favey, Aigroz, de Foras, et de Muralt.
M. le pasteur THÉLIN fait une communication sur les emplacements d’antiquités romaines existant aux environs de Cheseaux, près de Lausanne. Il rattache ce fait à l’établissement d’une route ancienne allant des bords du Léman à la vallée de la Broie, et décrit différents objets trouvés le long de cette voie.
MM. FAVEY, DE MURALT et ROGUIN ajoutent quelques observations.
M. l’abbé JEUNET parle de deux sources étrangères importantes pour l’histoire du pays de Vaud : celle des archives de Turin et celle des archives de la maison de Châlons à laquelle appartenaient 30 seigneuries environ sur les deux côtés du Jura. /443/ Les archives de la maison de Châlons se trouvent dans les dépôts d’Arley et de Besançon en France. M. Jeunet donne quelques extraits d’une lettre déposée à Turin et dans laquelle un espion du duc de Savoie décrit les châteaux du pays de Vaud.
M. DAGUET pose une question à laquelle aucune réponse précise ne peut malheureusement être donnée dans l’assemblée, celle de savoir pourquoi la tour de la Molière reçoit dans les documents la qualification d’oculus Helveticæ.
M. Th. DUFOUR lit deux lettres écrites au milieu du XVIe siècle par le Conseil de Payerne à la Seigneurie de Genève.
M. l’abbé GREMAUD traite du fief de Rue à l’époque savoisienne. La première mention du château de Rue se trouve dans un acte du milieu du XIIe siècle. Rattaché plus tard aux domaines du duc de Savoie par l’effet d’une hypothèque et sous prétexte de dommages causés par son seigneur, le fief de Rue appartint au duc jusqu’en 1536.
La séance officielle se termine par un échange d’explications entre MM. Gremaud et Favey à propos d’une mention de la turma merdensis ou meldrensis lors de la fondation de l’abbaye de Saint-Maurice au VIe siècle. S’agit-il d’une participation de Moudon? M. Gremaud ne le croit pas. Toutes les autres turma mentionnées viennent de couvents; or, aucune fondation religieuse ne pouvait avoir existé à Moudon à cette époque. En tout cas l’existence n’en est pas démontrée. M. Gremaud expose encore d’où venait cette turma meldrensis.
Les membres de la Société se rendent ensuite dans l’église et au château de Moudon bienveillamment guidés par plusieurs personnes de la ville.
Séance du 2 juin 1887,
au Musée industriel à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. GEORGES FAVEY
La séance est ouverte à 10 heures; une trentaine de membres sont présents.
M. le président énumère les pertes que la Société a subies /444/ dans les derniers mois : MM. Favrod-Coune, Adert, Fischer, Jaïn, Dapples, Fidèle Joris, Recordon, Alexandre Lombard, Paul Chappuis, notaire, sont récemment décédés. M. E. Rambert a également disparu. Ce professeur éminent, auteur de la biographie de Vinet, et de monographies sur Montreux, Bex, etc. M. Rambert, dont le canton de Vaud et la Suisse entière regrettent la perte, était avant tout un littérateur et un moraliste; mais il a touché à beaucoup de questions historiques, et son œuvre même fait partie de l’histoire de notre pays. Un autre départ, que la Société regrettera longtemps et vivement, est celui de M. François Forel, son ancien président, et son président honoraire. Il a dirigé nos discussions, présidé nos réunions, fourni une part considérable à nos travaux pendant vingt-cinq ans. M. Favey lui consacre une longue et fort intéressante notice biographique dans laquelle il dépeint successivement l’homme si sympathique, le président si judicieux et surtout le travailleur si érudit, si passionné pour les études historiques et juridiques. On doit à M. Forel le regeste, et la collection des chartes communales, son dernier grand travail.
Poursuivant son discours, M. le président est obligé de constater le grand nombre de départs qui affectent la Société, particulièrement quelques démissions. Il espère que cette diminution du nombre de nos membres ne sera que momentanée et fait un éloquent appel à tous les hommes de science et de bonne volonté, surtout aux jeunes gens. Quant aux publications de la Société elles sont un peu en retard, par suite de diverses circonstances; mais un travail de M. Chavannes sur Lausanne est sous presse, d’autres sont en préparation; ils formeront le volume I de la nouvelle série. La nécessité de faire des économies s’est d’ailleurs renforcée. L’augmentation du chiffre des membres est une condition de l’abondance et de la régularité des publications. Bientôt, la Société, fondée en 1837, comptera un demi-siècle d’existence. Nous irons cet automne à Chillon célébrer cet anniversaire, et constituer notre 99e réunion.
Le procès-verbal de la précédente séance est ensuite lu et adopté.
Il est vaqué en outre à diverses opérations administratives. /445/
M. Morel-Fatio, gravement malade, donne sa démission comme membre du Comité. Son remplacement est remis à une prochaine séance. Le comité de publication, composé de MM. Gremaud, Chavannes et Le Fort, comme membres indépendants du Comité de direction, tous réélus, est complété par la nomination de M. le professeur Henri Carrard, en remplacement de M. Forel. Chillon est adopté comme lieu de la réunion d’automne. Quatre candidats sont admis. Ce sont : MM. Paul Rochat, professeur, à Lausanne; Jordan, licencié en théologie, à Lausanne; Cordey, notaire, à Aubonne; l’abbé François Pahud, professeur au collège Saint Michel, à Fribourg, et Rigoni, professeur à Lausanne.
M. ADAM VULLIET lit un intéressant travail sur la part des étroitesses dogmatiques dans les premiers désastres de la guerre de Trente ans. L’intolérance qui dominait à cette époque – aussi bien chez les réformés que chez les catholiques – était telle qu’une réaction s’ensuivit contre la Réforme et que chaque parti usait de contrainte armée ou brutale contre ses adversaires partout où il parvenait à dominer.
M. FAVEY remercie et ajoute quelques observations.
M. RITTER exprime le vœu qu’il soit établi des tables des matières du Journal helvétique, de Neuchâtel (1733-1782), et de la Revue suisse (1838-1861); dans le genre de celles du Journal des savants et de la Revue des Deux-Mondes, modèles qu’on gagnerait à imiter.
M. le président apprécie ce voeu ainsi que MM. Eugène Secretan et Henri Carrard. Ils suggèrent à M. Ritter la pensée de s’occuper personnellement de ces travaux.
M. RITTER ne peut s’en occuper de cette façon. Il a voulu émettre un vœu dont la réalisation lui semble facile moyennant l’appui de différentes sociétés savantes, qui pourraient s’y intéresser.
M. EUGÈNE SECRETAN entretient l’assemblée des papiers de Vinet, déposés à la bibliothèque de la Faculté libre de théologie de Lausanne. Ce précieux dépôt se compose de lettres, de manuscrits de cours, de sermons et d’agendas (1830-1847). Il sortirait de l’étude de ces documents un Vinet différent de celui /446/ qui est connu, mais un Vinet plus complet et plus familier. Il n’y a pas de pages d’histoire proprement dite; mais l’œuvre du penseur vaudois tout entière est intimement unie à notre histoire nationale.
CINQUANTENAIRE DE LA SOCIÉTÉ
Séance du 15 septembre 1887,
à Chillon.
PRÉSIDENCE DE M. G. FAVEY
La séance est ouverte à 10 heures du matin dans la grande salle du Château, où une nombreuse assemblée de 130 à 150 personnes se trouve présente. On y remarque entre autres, MM. Ruchonnet, conseiller fédéral; de Schaller, représentant le gouvernement de Fribourg; Roten, conseiller d’Etat, celui de Valais; et Carteret, conseiller d’Etat, celui de Genève. Au dernier moment M. Debonneville, conseiller d’Etat vaudois, et le corps lui-même se font excuser à raison d’affaires et d’absences. Le gouvernement de Neuchâtel a également été empêché de se faire représenter à cause d’une exposition d’agriculture. Deux des vénérables membres fondateurs de la Société, MM. Daguet et Du Mont, sont présents.
M. le président retrace l’historique de notre association. La première idée en vint à M. de Gingins, en 1836. Après le rejet d’une proposition de créer une section d’histoire dans la Société vaudoise d’utilité publique, la fondation d’une Société d’histoire indépendante fut décidée. L’assemblée constitutive eut lieu le 8 septembre 1837, sous la présidence effective de M. Vulliemin et sous celle honoraire du doyen Bridel. Tel fut le commencement de notre association, qui compte aujourd’hui environ 300 membres. M. Favey, dans son discours complet et détaillé, que nous analysons seulement d’une façon sommaire, parce que certainement il sera publié in-extenso, parle ensuite des principaux membres de la Société, puis il passe en revue les pertes cruelles de dernières années. Nous avons à regretter /447/ le décès récent de M. le pasteur Théophile Rivier, de M. Perret, instituteur à Aubonne, et de M. Morel-Fatio. M. Favey rappelle les beaux travaux, la générosité de ce dernier, et lui fait le tribut des souvenirs reconnaissants et d’éloges qui lui est dû. M. de Mulinen, l’un de nos honoraires, est également décédé.
M. le président s’attache ensuite à donner le tableau de la situation actuelle et de l’activité de la Société. Il constate de fréquentes et amicales relations avec l’étranger, surtout l’Italie et la France, l’enrichissement de la bibliothèque, grâce surtout à de fréquents dons gracieux, et à l’échange de certains documents. Malheureusement, notre effectif, qui ne varie guère demeure insuffisant pour pourvoir aux dépenses occasionnées par les travaux publiés. Nos recueils ne peuvent être aussi fréquents et aussi volumineux qu’autrefois. La Société ne jouit plus d’aucun subside d’Etat quelconque, ce qui, au point de vue pécuniaire, est fort regrettable.
M. FAVEY continue par un résumé des principales publications de la Société. Nous renvoyons pour cette partie du discours au texte intégral de celui-ci. Il mentionne ensuite la création de deux associations sœurs ou filles de la nôtre, l’association Pro Aventico et celle pour la Conservation et la restauration de Chillon. Aujourd’hui, après cinquante ans, d’activité certainement féconde s’ouvre une nouvelle période de vie pour la Société d’histoire qui continuera à consacrer ses forces, comme dans le passé, à des travaux utiles à la patrie et et propres à augmenter l’amour que lui doivent ses enfants. Tel est le vœu final exprimé par M. Favey, dont le discours est très applaudi.
Il est donné lecture d’une lettre par laquelle la Société d’histoire suisse s’excuse ne n’être pas représentée, et d’un télégramme de la Société d’histoire du canton de Thurgovie dans le même sens. L’académie de Besançon, la Société d’histoire et d’archéologie de Bâle envoient enfin leurs excuses et leurs vœux.
M. VUY exprime les félicitations de la députation royale des études historiques de Turin et de l’institut national genevois, association dont il fait partie. /448/
Un certain nombre de membres ou amis de la Société, entre autres le comte de Foras font aussi parvenir leurs excuses et leurs félicitations individuelles.
M. ALBERT DE MONTET, à Vevey, est nommé membre du comité de la Société en remplacement de M. Morel-Fatio. Il déclare accepter avec reconnaissance.
M. HENRI CARRARD est également nommé par acclamation président honoraire. Il en exprime ses vifs remerciements à l’assemblée. Sur la proposition du comité, sont nommés membres honoraires Mgr Fiala; M. Hilty, professeur, à Berne; M. Kaiser, archiviste fédéral; M. de Segesser, de Lucerne; M. Wartmann, de Saint-Gall; ce dernier est membre du comité de la Société générale d’histoire suisse.
M. ROTEN, conseiller d’Etat, représentant le gouvernement du Valais, offre à la Société, au nom de celui-ci, un bel album de vues photographiques intitulé le Vallais historique. De vifs remerciements lui sont adressés. Le catalogue général des membres de notre association est mis en distribution.
M. DAGUET lit ensuite un travail sur l’élection des évêques de Lausanne, depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours. Dans les premiers temps ils étaient choisis par le peuple et le clergé réunis, puis ils furent quelquefois désignés par des souverains, comme le duc de Savoie. De nombreuses compétitions et des luttes politiques avaient naturellement lieu. Finalement le pape nomma l’évêque sur les propositions transmises par le nonce pour la Suisse.
M. le président remercie M. Daguet de son instructive étude.
M. DEMOLE lit une notice intéressante sur M. Morel-Fatio et ses travaux. Il met en relief les nombreux services rendus par le sagace numismate à la science des monnaies et médailles.
M. EUGÈNE RITTER a profité de fragments d’écrits déposés à la bibliothèque de Neuchâtel pour faire un travail sur un amour inédit de J.-J. Rousseau, et en donne lecture. L’objet de la flamme momentanée du célèbre citoyen de Genève était une demoiselle Serre. /449/
M. MAX DE DIESBACH traite des Otages fribourgeois détenus à Chillon en 1799 par ordre de la diète helvétique.
M.GOSS parle de certains tombeaux trouvés en Suisse, France, Allemagne et Angleterre et remontant probablement à la période comprise entre le VIe et le Xe siècle de notre ère. Il conteste les théories émises à cet égard par des érudits et défend l’idée que ces monuments dont les ornements sont très analogues à ceux de certains chapitaux d’églises ont été construits sous l’influence chrétienne et romaine. Une discussion s’engage à ce propos entre plusieurs membres.
M. DUBOIS-MELLY rend compte des derniers volumes des Miscellanées de Turin (tome XXVe) publiés par les soins de la députation royale.
La séance longue et fort bien remplie est ensuite levée et les assistants se rendent par petits groupes, après avoir visité le château, à Veytaux, où un banquet est préparé à l’hôtel des Alpes. De nombreux discours y sont prononcés entre autres par MM. Ruchonnet, Daguet et Carteret. Il serait trop long d’en faire l’analyse. Disons seulement que M. le conseiller fédéral Ruchonnet assure la Société de toute sa sympathie et fait entrevoir qu’il appuierait auprès du gouvernement de la confédération, une demande d’allocation financière périodique, si notre association croyait devoir en formuler la demande. M. Ruchonnet évite d’ailleurs, avec une discrétion fort courtoise, de se prononcer sur l’opportunité d’une semblable démarche. Il félicite vivement la Société d’avoir mis au jour tant de travaux avec les seules ressources scientifiques et pécuniaires de l’initiative privée.
Finalement, les membres de la Société quittent la salle du banquet, pour regagner leurs domiciles, qui en chemin de fer, qui en bateau, satisfaits, sans doute, de la réussite d’une fête d’anniversaire à laquelle s’étaient rendus beaucoup de participants, et favorisée d’un temps magnifique. Espérons qu’en 1937 la Société d’histoire vivra encore et qu’elle pourra célébrer son centenaire dans le même château de Chillon restauré grâce aux efforts provoqués dans ce sens ! /450/
Séance du 21 juin 1888,
au Musée industriel, à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. G. FAVEY
Une trentaine de membres assistent à la réunion. M. le président entretient l’assemblée des pertes nombreuses qu’a dernièrement subies la Société. Il mentionne successivement le décès de M. le professeur Faure, qui a légué conditionnellement sa fortune à la ville de Lausanne, de M. Pictet de Sergy, doyen d’âge de la Société d’histoire; de M. Jacques Larguier; M. Huber-Thorin, ancien conseiller d’Etat de Fribourg; M. Ferderer, professeur au gymnase de Lausanne; M. l’ancien pasteur Théodore Claparède, de Genève, toujours si assidu à nos réunions; M. Michot, président du tribunal d’Echallens, et M. Ferdinand Reverdin. La Société a aussi perdu deux de ses honoraires, M. le R. P. Schubinger d’Ensiedeln et Mgr Fiala. Elle compte encore aujourd’hui 313 membres, sauf erreur, mais l’agrégation de nouvelles personnes est fort à désirer, afin de combler les vides qui nous éprouvent en si grand nombre.
M. FAVEY mentionne ensuite le résultat de travaux entrepris par M. Gisy, d’après lequel la reine Berthe, de si pure mémoire jusque aujourd’hui, aurait été une femme adultère et aurait eu un fils illégitime, ce dernier serait devenu la souche de la maison de Savoie. Son père aurait été un Suisse ou un Saxon, venu pour prendre des reliques à Saint-Maurice.
La série des travaux commence par un exposé de M. BERTHOLD VAN MUYDEN, sur deux documents inédits relatifs à l’entrée des alliés en Suisse en 1815; ces pièces, conservées à la bibliothèque d’Aarau, témoignent des rivalités qui existaient entre l’Autriche et la Russie, chacune cherchant à faire prévaloir sa politique.
MM. DE MURALT, SECRETAN, HENRI CARRARD, FAVEY et VAN MUYDEN, lui-même, ajoutent quelques observations à ce travail. /451/
M. EUGÈNE RITTER prend texte d’une lettre du pasteur Louis Manuel en 1811 pour donner quelques détails sur cet homme marquant.
M. GAUTIER, professeur, dit quelques mots à ce sujet.
M. ROGUIN communique avec quelques commentaires l’original d’une pièce, d’ailleurs déjà connue, et relative aux troubles de Genève dès 1782. C’est une protestation et demande d’intervention adressée aux puissances garantes par un groupe de Genevois du parti aristocratique habitant Paris.
M. THEOPHILE DUFOUR ajoute quelques explications.
M. DE MURALT fait une communication relative à une chronique inédite touchant l’histoire de Bâle à la fin du XVIIIe siècle.
M. THELIN entretient pareillement l’assemblée d’une chronique inédite, mais celle-ci inscrite sur une bible et relative à l’histoire du Pays-d’Enhaut entre les années 1554 et 1580.
M. MOREL lit un travail spirituellement intitulé l’alcoolisme il y a cent ans; il traite d’une pétition qui circula en 1785, dans les quatre paroisses de Lavaux, à l’effet d’obtenir l’interdiction de la fabrication de l’eau-de-vie, cela bien entendu dans l’intérêt des producteurs de vin de cette contrée.
M. MOTTAZ parle des banquets commémoratifs de la prise de la Bastille à Yverdon.
L’examen et l’approbation des comptes sont ensuite renvoyés à la séance d’automne, faute de quelques renseignements nécessaires.
Puis MM. Favey, de Montet et Roguin sont réélus comme membres du bureau. M. Roguin, déclare accepter seulement provisoirement cette nomination, et vouloir donner à la séance d’automne sa démission de secrétaire, à cause de ses travaux juridiques, qui l’entraînent de plus en plus dans une autre direction que celle de l’histoire nationale.
La réunion d’automne est fixée aux 12 et 13 septembre à Morat, où, de son côté, se réunit la Société générale d’histoire suisse, ainsi que peut-être la Société suisse pour la conservation des monuments historiques.
Le comité est chargé de l’organisation de cette réunion. /452/
Séances des 12 et 13 septembre 1888.
La Société d’histoire de la Suisse romande se réunit à Morat avec la Société d’histoire suisse sous la présidence de M. de Wyss.
Le procès-verbal de la séance figure au registre de la Société suisse. Il relate une étude de M. Albert de Montet sur Mme de Warens et le Pays de Vaud (fragment d’un travail plus considérable qui parait dans le présent volume) et un mémoire de M. Daguet sur la période de l’histoire de Fribourg qui suivit immédiatement celle des guerres de Bourgogne.
Durant le cours de l’année 1889 la Société n’a pas eu de séance ni au printemps ni en automne, M. Favey indique dans le discours qu’il prononce au début de la séance du 12 juin 1890 les motifs de ce défaut de convocation.
Séance du 12 juin 1890
au Musée industriel à Lausanne.
PRÉSIDENCE DE M. FAVEY
La séance s’ouvre à 10 h. 20 du matin; une trentaine de membres sont présents.
M. le président, dans son discours d’ouverture, expose qu’à la suite de diverses circonstances, qu’il est le premier à regretter profondément, aucune séance de la Société n’a pu avoir lieu depuis près de deux ans. Ses occupations professionnelles et militaires, la mission de juge d’instruction fédéral qu’il a reçue, plusieurs contretemps fâcheux, ont été les causes multiples de cette absence de convocation. Avec beaucoup de bonne grâce, M. Favey veut bien décharger de leur part de responsabilité ses collègues du comité d’administration, et il se déclare la cause involontaire du sommeil apparent de l’association. Celle-ci n’est cependant point morte; le nombre de ses membres est de 299, chiffre normal, et, moyennant un appui plus général /453/ de la jeunesse, la Société romande pourra avoir encore des jours prospères.
M. le président paie ensuite un juste tribut de regrets et d’éloges à ceux de nos membres que la mort a enlevés depuis notre dernière réunion. La Société a à déplorer entre autres le départ de M. Doxat de Champvent, qui, l’avait un jour gracieusement accueillie dans son antique manoir, de M. le docteur Recordon, de MM. Edouard Humbert, professeur à Genève, Georges Dumur, et Georges Bridel. Ce dernier a été depuis un grand nombre d’années l’éditeur consciencieux des travaux de la Société et son décès laissera à cette dernière, comme à une foule de nos compatriotes les regrets les plus sincères. Nous avons perdu également M. Gaberel, le toujours jeune historien de l’escalade de Genève; M. Godefroid de Charrière, l’auteur érudit de plusieurs travaux qui resteront, entre autres d’une étude sur la guerre du Toggenbourg et d’une brochure importante sur la question de Savoie. Nous souffrirons aussi du départ de M. l’avocat Pellis, auteur d’un livre élégant et pittoresque sur la ville des Clées, son lieu d’origine; de M. Théodore de Meuron; et de M. Galiffe, dont nous venons de publier le savant mémoire sur l’Evêché de Nyon. M. Galiffe était un de nos amis les plus fidèles, un de nos travailleurs les plus consciencieux. Il a laissé beaucoup de travaux, quelquefois assez vivement attaqués et toujours savamment et vivement défendus. La perte de cet historien de mérite sera particulièrement sensible à nos amis de Genève, ville dont il avait pris le passé pour sujet préféré d’étude. La Société a, en outre, à déplorer le départ de M. Henri Carrard, son ancien président effectif, et son président honoraire. Le rôle de cet homme de bien, à l’esprit original, aux connaissances si variées, a été grand, non seulement dans notre Société, mais dans le canton de Vaud, et, on peut le dire, dans la Suisse entière. Il a eu une sérieuse influence sur l’élaboration du code fédéral des obligations; et comme professeur de droit public à l’académie de Lausanne, il n’a cessé d’étudier la législation politique et d’en inspirer le goût à ses nombreux auditeurs. Ce n’est point dans le cadre d’un simple procès-verbal que l’on pourrait faire /454/ comme il conviendrait le récit de la carrière si belle de notre ancien président. Bornons-nous à rappeler avec quel entrain, quelle conscience il dirigeait nos travaux, et avec quelle bonté il stimulait l’ardeur de nos jeunes membres. Signalons quelques-uns au moins de ses travaux, celui sur le combat de Chillon, le tombeau de la cathédrale de Lausanne, étude qui a paru dans notre dernier volume, après la mort de l’auteur, à côté de celui de M. Galiffe. Le souvenir de M. Carrard vivra longtemps dans notre Société, comme dans notre patrie. Puisse l’exemple de sa carrière encourager nos jeunes membres.
En terminant, M. FAVEY croit devoir faire mention de deux événements, qui ne manqueront pas d’exercer une grande et sérieuse influence sur la vie de la Société d’histoire. La création de l’université de Fribourg, et la transformation de l’académie de Lausanne en université. Il est à désirer que ces deux établissements augmentent le nombre, malheureusement souvent bien restreint, de nos jeunes historiens et érudits.
M. le professeur VULLIET exprime, de même que l’avait fait M. Favey, le regret de l’absence de convocation depuis deux ans. Comme lui aussi, il espère que l’activité de la Société ne se ralentira pas, et il fait un chaleureux appel à la jeunesse, l’encourageant à travailler avec ardeur et régularité, à la science de l’histoire nationale et par là même au bien du pays pour lequel notre vénérable membre a toujours entretenu un amour aussi vif que la vie a été laborieuse.
M. le président s’associe de tout son cœur aux sentiments exprimés par M. Vulliet. Il réitère ses regrets du retard inusité de la réunion, et soulève la question de savoir s’il ne conviendrait pas de reviser et de compléter les statuts de la Société. Ils datent de 1837, et sont complètement imparfaits. On devrait, sans trop tarder, entreprendre ce travail et donner, à cette occasion, plus de solidité et de développement à l’organisation de la Société d’histoire.
Cette opinion paraît rencontrer une approbation assez générale dans l’assemblée.
On passe ensuite à une série d’opérations statutaires; en premier lieu au renouvellement du comité. /455/
M. FAVEY, déclare d’entrée, décliner toute réélection, et cela à raison de ses très nombreuses et astreignantes occupations. C’est pour lui un très grand et très vif regret; absolument empêché de consacrer à la Société le temps qu’il faudrait comme président il n’en mettra pas moins au service de l’association ses efforts et ses inaltérables sympathies.
La Société se rend à ces raisons, et nomme président M. BERTHOLD VAN MUYDEN, puis secrétaires MM. ALBERT DE MONTET et WILLIAM CART. — M. Roguin avait déclaré, pour des raisons personnelles tirées de ses travaux professoraux et privés, maintenir la démission déjà donnée par lui en été 1888.
M. B. VAN MUYDEN ne s’attendait pas à l’honneur qui lui est fait. Il déclare l’accepter avec reconnaissance en exprimant l’espoir d’être soutenu par tous et particulièrement assisté dans la publication des travaux de la Société par les érudits distingués qui constituent le comité de publication.
M. William Cart, n’assistait pas à la séance.
Sont élus ensuite membres du comité de publication MM. l’abbé GREMAUD, E. CHAVANNES, THÉOPHILE DUFOUR, et enfin M. FAVEY qui est choisi par acclamation. Ces deux derniers remplacent MM. Le Fort et Carrard.
MM. VIRET et AIGROZ Sont nommés vérificateurs des comptes, qui leur sont remis. Ils feront rapport à la prochaine séance. Pendant une partie de ces opérations et ensuite, différents travaux sont présentés.
M. DE BUDÉ fait une communication sur une lettre inédite de J.-J. Rousseau.
M. l’abbé JEUNET lit un travail sur la vie de M. Thorin, ancien conseiller d’Etat de Fribourg.
M. EUGÈNE SECRETAN remercie M. Jeunet de cette communication et trouve bon que la même sympathie réciproque qui anime les membres catholiques et protestants de la Société s’affirme par de pareils travaux.
M. DE MURALT lit un mémoire sur la numismatique romaine de la Suisse.
M. EUGÈNE SECRETAN, à ce propos, insiste sur le grand /456/ intérêt qu’il y a à connaître l’emplacement exact des trouvailles. Il en a fait l’expérience à Avenches.
M. MOTTAZ lit un travail sur la chronique due à M. Pichard, pasteur et professeur à l’Académie de Lausanne, sur l’époque de la révolution de 1798. Ce journal contient une foule de détails intéressants et curieux. Le récit des ours de Berne enlevés de cette ville par les Francais dans des caisses passant par Lausanne à destination de Paris, affublés des armoiries de membres du gouvernement aristocratique de Berne déride un moment l’assemblée.
M. l’abbé DESCOMBAZ exprime le vœu que ce travail soit publié.
M. GOLLIEZ exprime le très vif regret d’avoir entendu non pas comme une opinion de M. Mottaz, mais comme celle de M. Pichard l’affirmation que le général de La Harpe aurait été un homme immoral. Toute la vie de ce grand citoyen proteste contre cette accusation.
M. DE MURALT ajoute quelques mots dans le même sens que M. Golliez.
M. FAVEY signale l’importance de cette chronique Pichard pour la détermination des auteurs des nombreuses brochures inédites de l’époque révolutionnaire.
M. EUGÈNE SECRETAN donne quelques détails sur les dernières fouilles d’Avenches et présente une statuette absolument intacte, mais malheureusement d’une exécution médiocre, au point de vue artistique, qui a été trouvée récemment. Il est possible qu’elle figure Bacchus; mais cela n’est pas absolument certain. L’étude qu’en ont faite des hommes experts de Genève et d’ailleurs n’a pu aboutir à des conclusions sûres.
La série des travaux se termine à 1 h. 1⁄4 et un banquet, interrompu un instant par une chute de grêle, a lieu au cercle de l’Arc. Il s’y échange de nombreux toasts. L’ancien et le nouveau président particulièrement boivent à la santé l’un de l’autre, adressant aux assistants l’expression de leurs sentiments d’entier dévouement à l’association, pour laquelle ils font les vœux les plus ardents de longue vie et de prospérité. /457/
Séance du 18 septembre 1890,
salle du Théâtre de Saint-Maurice.
PRÉSIDENCE DE M. B. VAN MUYDEN
La séance est ouverte à 10 h. 1⁄2 en présence d’environ 60 membres.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. le président, après avoir communiqué l’ordre du jour de la séance, remercie derechef la Société pour les fonctions qu’elle lui a confiées, et dit qu’en cette qualité il a assisté récemment avec MM. Ritter et de Montet, au Congrès des sociétés savantes de la Savoie réunies à Chambéry.
Il souhaite la bienvenue à M. Mugnier, président de la Société savoisienne d’histoire et d’archéologie, à Mgr Paccaulat, évêque de Bethléem, abbé de Saint-Maurice, à M. le conseiller d’Etat Roten, délégué du gouvernement du Valais, et à M. le président de la commune de Saint-Maurice, qui, tous les quatre, sont au nombre des assistants.
M. le président aborde ensuite les origines et l’histoire de l’antique abbaye de Saint-Maurice.
Fondée vers l’an 360 par saint Théodule, premier évêque du Valais, en résidence à Martigny, en l’honneur de Maurice et des soldats de la légion Thébéene, qui, d’après la tradition, auraient subi le martyre en ce lieu, à la fin du IIIe siècle (en 285 ou en 302), l’abbaye fut restaurée et très agrandie en 515 par le roi Sigismond. Au IXe siècle, les moines furent remplacés par des chanoines séculiers, qui à leur tour cédèrent la place, en 1128, à des chanoines réguliers. L’abbé qui est à la tête du chapitre de Saint-Maurice porte depuis 1840 le titre d’évêque de Bethleem.
Après avoir exposé les différentes étymologies mises en avant pour le nom d’Agaune et rappelé que la plus ancienne relation du martyre de saint Maurice et de ses compagnons ne date que de l’an 435, M. le président passe en revue les principaux événements qui ont fait époque dans l’histoire du monastère /458/ durant cette longue série de siècles; puis il décrit, d’après l’ouvrage de M. Edouard Aubert, publié en 1872, quelques-unes des belles pièces d’orfèvrerie qui composent le remarquable trésor de l’Abbaye. Quant aux bâtiments, ils sont relativement modernes, sauf le clocher, qui, selon Blavignac remonterait au Xe siècle.
Arrivé au terme de son discours d’ouverture, M. le président annonce qu’il va être procédé à la revision des statuts. Ceux que possède la Société datent de 1837 et plusieurs de leurs dispositions sont vieillies. Le Comité nommé le 12 juin dernier, a préparé un projet, qui a été envoyé à tous les membres et sur lequel la discussion va s’ouvrir. On peut y relever, entre autres, la réunion, en un comité unique, du Bureau et du comité des publications, qui jusqu’ici étaient distincts aux termes du règlement, bien qu’en fait les membres du comité des publications fussent également consultés sur les questions d’administration.
Il est donné lecture de l’article 1er du projet des statuts présenté par le Comité, puis des articles 2, 3 et 4. Ils sont ainsi conçus :
« ARTICLE PREMIER. La Société d’histoire de la Suisse romande a pour but de grouper les amis de l’histoire, habitant les cantons romands, de provoquer des recherches dans les archives publiques ou privées, et d’encourager l’étude des monuments ou des faits propres à jeter du jour sur l’état passé du pays.
» ART. 2. La Société publie des mémoires et des documents.
» Elle entretient des relations avec les sociétés historiques de la Suisse et de l’étranger.
» ART. 3. La Société a son siège à Lausanne; sa durée est illimitée.
» ART. 4. La Société se compose de membres effectifs et de membres honoraires. »
Ces quatre articles sont successivement mis aux voix et adoptés sans discussion.
« ART. 5. Pour devenir membre effectif, il faut être présenté en séance par deux membres; la présentation doit être communiquée préalablement au Comité. L’assemblée vote au bulletin /459/ secret; pour être admis, le candidat doit réunir la majorité des voix des membres présents. Si la candidature est appuyée par quatre membres outre les deux parrains, il peut être procédé au vote à main levée.
» La Société peut prononcer l’exclusion d’un membre qui serait jugé indigne d’en faire partie. »
M. AIGROZ propose la suppression de la phrase qui termine l’alinéa premier de cet article 5 et qui concerne la possibilité du vote à main levée pour les candidatures des membres effectifs.
Cette proposition n’est pas adoptée.
M. MARCEL propose la suppression du second alinéa de l’article 5. Après une discussion à laquelle prennent part MM. Golliez, l’abbé Gremaud et Th. Dufour, cette proposition est adoptée. L’article 5, ainsi amendé, est mis aux voix et adopté.
« ART. 6. Les membres effectifs paient, à leur entrée dans la Société, un droit de 6 francs, et, chaque année, une contribution fixée par l’assemblée générale sur la proposition du Comité.
» Le fonds social ou fonds de réserve est constitué au moyen des dons recueillis par la Société et des excédents de ses recettes sur ses dépenses.
Adopté sans discussion. »
« ART. 7. La Société peut conférer, sur la proposition de son Comité, le titre de membre honoraire à des savants suisses ou étrangers, connus par des travaux historiques importants.
» Les membres honoraires ne paient pas de contributions; ils prennent part aux séances de la Société et à ses délibérations, mais sans droit de suffrage. »
M. LEHR propose la suppression des cinq mots qui terminent cet article « mais sans droit de suffrages. »
Cette proposition est adoptée.
L’article 7 ainsi amendé est mis aux voix et adopté.
« ART. 8. La Société se réunit deux fois par an, au moins, en assemblée ordinaire.
» La séance du printemps a lieu dans la règle à Lausanne; la séance d’automne a lieu dans une autre localité désignée par /460/ l’assemblée générale, à moins que la Société ne charge son Comité d’y pourvoir.
« ART. 9. Les convocations et autres notifications aux membres de la Société sont faites par lettres ou par cartes envoyées à chaque sociétaire.
» Toutes les décisions de la Société sont valablement prises par la majorité des membres présents à la séance. »
Ces deux articles sont adoptés sans discussion.
« ART. 10. La Société est dirigée et administrée par un comité de 7 membres, nommés pour trois ans par l’assemblée générale du printemps et immédiatement rééligibles.
» Le Comité est composé d’un président, d’un vice président, d’un secrétaire, d’un bibliothécaire-trésorier et de trois autres membres.
» Le président est désigné par l’assemblée générale. Les autres membres du comité se répartissent les fonctions. »
M. LEHR propose de porter à neuf le nombre des membres du comité fixé par le § 1 de cet article, et de remplacer, par conséquent, dans le § 2, le chiffre de trois par celui de cinq.
Cette proposition est adoptée par 17 voix contre 16.
En son nom personnel, M. le président propose d’ajouter à l’article 10 un § 4, ainsi conçu :
« Lorsqu’une vacance se produit dans le sein du comité, celui-ci peut y pourvoir provisoirement, jusqu’à la réunion de printemps de l’assemblée générale. »
Ce paragraphe additionnel est mis aux voix et adopté.
L’article 10 ainsi amendé est adopté.
« ART. 11. Le Comité convoque les séances de la Société. Il pourvoit à la publication des mémoires et des documents prévue à l’art. 2, choisit les travaux qui devront y figurer et surveille leur impression.
» Il est chargé de l’entretien de la bibliothèque et fixe par un règlement l’usage qui peut en être fait.
» Il rend compte chaque année de sa gestion à l’assemblée générale de printemps.
» Son bureau est chargé de l’expédition des affaires courantes. »
Adopté sans discussion. /461/
« ART. 12. Les comptes sont soumis chaque année à l’examen d’un commissaire-vérificateur, nommé par la Société. »
M. GOLLIEZ propose que les comptes annuels soient soumis à l’examen de trois commissaires-vérificateurs.
Cette proposition, mise aux voix, n’est pas adoptée. L’article 12 est adopté.
« ART. 13. Toute proposition tendant, soit à la revision partielle ou totale des statuts, soit à la dissolution de la Société, doit être indiquée sur les convocations envoyées aux membres effectifs pour la séance où elle sera discutée. »
M. l’abbé GREMAUD propose de supprimer les mots : aux membres effectifs.
Cette proposition, mise aux voix, est adoptée.
« ART. 14. La dissolution de la Société ne pourra être prononcée qu’en vertu de décisions conformes prises par deux assemblées générales, convoquées à un mois au moins d’intervalle.
» La décision de la seconde de ces assemblées ne sera valable que si la dissolution est votée par les deux tiers au moins des membres présents.
» ART. 15 et dernier. En cas de dissolution, l’actif de la Société, ne sera pas partagé entre ses membres, mais il sera effecté par l’assemblée générale à quelque but d’utilité publique. »
Ces deux articles sont adoptés sans discussion.
Il en est de même du préambule ainsi conçu :
« Le règlement du 6 septembre 1837 est abrogé et remplacé par les dispositions suivantes. »
Les nouveaux statuts, tels qu’ils viennent d’être amendés, sont mis aux voix dans leur ensemble et adoptés à l’unanimité.
Sur la proposition de M. le président, l’assemblée décide que les deux nouveaux membres du comité ne seront nommés qu’à la réunion de printemps.
M. le président donne quelques détails sur la situation financière de la Société, dont l’actif s’élève actuellement à la somme de 3444 francs, et il lit un court rapport de MM. Aigroz et Viret, commissaires-vérificateurs, qui déclarent avoir /462/ reconnu l’exactitude des comptes et proposent d’en donner décharge au trésorier et au comité sortant de charge.
Cette proposition, mise aux voix, est adoptée.
M. le président annonce la mort de M. Frédéric Roux, ancien pharmacien à Nyon, auteur de quelques recherches historiques ou archéologiques sur sa ville natale et ses environs.
Trois membres ont envoyé leur démission, ce sont : MM. Louis Butticaz, à Tavel; Gremaud, ingénieur, à Fribourg; Emile Jaccard, pasteur à Zurich.
M. Aigroz est nommé commissaire-vérificateur des comptes pour l’année courante.
Au nom du comité, M. le président propose :
1° De conférer le titre de membre honoraire à M. François Mugnier, conseiller à la cour d’appel de Chambéry, président de la Société savoisienne d’histoire et d’archéologie, auteur de plusieurs travaux historiques très appréciés.
2° De reconnaître comme membres honoraires tous les savants ayant actuellement le titre de membres correspondants, les nouveaux statuts ne faisant plus mention de membres correspondants. Ces deux propositions sont adoptées.
Il est passé ensuite aux travaux et communications.
M. EUGÈNE RITTER communique un aperçu sur la frontière des langues en Suisse. Après la chute de l’empire romain, des idiomes germaniques avaient envahi tout le pays qui forme actuellement la Suisse romande et s’étaient avancés jusqu’au Vuache. Plus tard, ils ont reculé. Aujourd’hui, nous assistons, tout au moins dans les villes, à une nouvelle immigration allemande, mais, dès la seconde génération, ces familles d’immigrés s’assimilent aisément la langue françaises. Celle-ci est même en progrès dans certaines parties du territoire romand, par exemple en Valais et dans le canton de Fribourg.
M. AIGROZ donne lecture d’un travail sur le droit d’asile en Suisse de 1815 à 1848. Il a été amené à s’occuper de ce sujet au cours d’une étude sur la vie d’Henri Druey, qui, à plusieurs reprises, eut l’occasion de se prononcer en faveur des réfugiés /463/ politiques, nombreux dans nos contrées depuis la Restauration. Dès 1823, ils furent l’objet des réclamations de la sainte alliance. En 1834, 1836 et 1845, des conflits de même nature se produisirent et il est malheureusement certain que la question peut toujours redevenir actuelle.
M. MARCEL présente un fer à marquer aux armes de l’Etat du Valais, qu’il se propose de donner au musée de Sion. Il entre ensuite dans quelques détails sur les pierres druidiques du Val d’Anniviers et profite de l’occasion pour recommander au gouvernement du Valais les nombreuses pierres du même genre qui se trouvent répandues dans ce canton. Récemment deux d’entre elles ont été débitées, et il aimerait que le conseil d’Etat prit des mesures pour la conservation de celles qui subsistent encore.
M. ROTEN, conseiller d’Etat, dit que la recommandation de M. Marcel ne sera pas stérile et que la Société peut compter sur la sollicitude du gouvernement valaisan.
M. GOLLIEZ, après avoir parlé de la selle dite de la reine Berthe conservée à Payerne, lit quelques pages consacrées à une pierre votive trouvée dans la même ville et sur laquelle on lit : FORTUNÆ REDUCI. Il pense qu’elle a été érigée en souvenir du retour des troupes helvétiques qui avaient accompagné Vespasien dans la guerre de Judée.
Faute du temps nécessaire, les autres communications annoncées sont ajournées et la séance est levée à 1 heure pour permettre aux membres de se transporter à l’abbaye, où M. le chanoine Bourbaz fait passer sous leurs yeux les pièces qui constituent le trésor et qui, pour la plupart, ont une grande valeur artistique ou archéologique.
A deux heures, un banquet servi à l’hôtel Grisogono réunit 67 convives. De nombreux toasts y sont portés, entre autres par MM. B. van Muyden, président; Roten, délégué du conseil d’Etat du Valais; l’abbé Gremaud; le chanoine Bourbaz; le préfet du district; et le président de la commune de Saint-Maurice, etc.
SUPPLÉMENT
au Catalogue des membres de la Société.
1877-1890
Le signe † indique les membres décédés. Le signe * les membres démissionnaires.
MEMBRES EFFECTIFS
Admis le 7 juin 1877, à Lausanne.
Bonnard, Albert, rédacteur, à Lausanne.
De Charrière de Sévery, William, à Lausanne.
De Coppet, Louis, à Lausanne, † 9 août 1884.
De Freudenreich, Gustave, à Monnaz, * 1881.
De Molin, Georges, à Lausanne.
Dénéréaz, C.-C., professeur, à Lausanne.
Grivel, Frédéric, à Aubonne, * 1884.
Magnenat, Jules, professeur, à Lausanne, * 1885.
Marcel, Charles, docteur-médecin, à Paris.
Mengis, Ignace, curé-doyen, à Ernen (Valais) † 1879.
Roguin, Ernest, professeur à l’Université de Lausanne.
Schmid, Joseph, professeur, à Brigue.
Le 13 septembre 1877, à Avenches.
Bretagne, Charles-Victor, à Aubonne, † 20 février 1878.
Genoud, Louis, instituteur, à Remauffens (Fribourg), * 1879
Payot, Fritz, libraire, à Lausanne, * 1880.
Schairer, Auguste, député, à Donatyre, † 16 octobre 1883.
Tissot, Eugène, archiviste, à Neuchâtel, * 1883. /466/
Le 6juin 1878, à Lausanne.
Boutilier de Beaumont, Henri, à Genève.
Chapuis, Paul, pasteur, à Chexbres.
Le marquis de Ripert-Monclar, consul général de France à Amsterdam.
Gilliéron, Alfred, professeur à l’Académie de Lausanne, †.
Montandon, James, à Lausanne, †.
Rambert, Frédéric, professeur, à Lausanne, † 3 février 1880.
Vuilleumier, Henri, professeur à l’Université de Lausanne.
Le 5 juin 1879, à Lausanne.
Chabloz, Fritz, gérant, à Lausanne.
Joris, Fidèle, député au Conseil national, à Orsières (Valais), †.
Monvert, professeur, à Neuchâtel.
Secretan, Théod., dir. de l’Asile des Aveugles à Lausanne, * 1887.
Le 23 août 1879, à Payerne.
Champion, Théodore, directeur du collège, à Payerne.
Frossard de Saugy, Emile, à Lausanne, * 1884.
Gilliéron, Alfred, avocat, à Moudon, * 1883 †.
Le 2 juin 1880, à Lausanne.
Am Herd, Paul, capucin, administrateur de la paroisse d’Ulrichen (Valais), * 1884.
Baudat, Emile, professeur à l’Université de Lausanne.
Bertolini, Emile-Baptiste, archit., à Lausanne, † 10 mai 1883.
Bischoff, Charles, docteur-médecin, à Lausanne, †.
Carrard, Charles, banquier, à Lausanne.
Carrard, Jules, architecte, à Lausanne.
Chavannes, Julien, banquier, à Lausanne, * 1885.
Cossy, Robert, avocat, à Aigle.
Couvreu, Eugène, à Vevey.
De Cérenville, Edouard, docteur-médecin, à Lausanne.
De la Harpe, Charles, banquier, à Lausanne.
De Mestral, Armand, pasteur, à Saint-Imier.
De Mestral, Léo, ancien avocat, à Genève. /467/
De Palézieux, Charles-Dolben-Emile, à Berne.
De Palézieux, Maurice, à la Doge, près Vevey.
De Senarclens, Arthur, professeur à l’Université de Liège.
DuBochet, Eugène, avocat, à Montreux, †.
Dufour, Marc, docteur-médecin, à Lausanne.
DuMartheray, Fernand, secrétaire de légation, à Vienne.
Im Sand, Félix, curé à Loëche-les-Bains.
Marcel, Charles, banquier, à Lausanne, * 1883.
Mottaz, Edmond, avocat, à Lausanne, † 21 septembre 1885.
Piccard, Jules, ancien commissaire-général, à Lausanne, †.
Taillandier, Léon, curé, à Grolley (Fribourg).
Van Muyden, Berthold, avocat, à Lausanne.
Viret, Henri, directeur du Gymnase, à Lausanne.
Vuichoud, Emile, avocat, à Montreux.
Weith, Emmanuel, à Lausanne.
Le 16 septembre 1880, à Genève.
Bellamy, Charles, ancien juge, à Genève, †.
Curchod, Adolphe, pasteur, à Bercher.
De Weiss, Emile, greffier du Tribunal fédéral, à Lausanne.
Divorne, Louis, professeur au collège de Château-d’Ex, †.
Dutoit, Daniel, caissier, à Lausanne *.
Favre, Edouard, à Genève.
Gautier, Lucien, professeur, à Lausanne.
Menn, Charles, bibliothécaire de l’Institut, à Genève.
Picot, Théodore, licencié en droit, à Genève, † 22 avril 1884.
Porret, Charles-Edouard, instit., à Aubonne, † 20 août 1887.
Ritter, Eugène, professeur à l’Université de Genève.
Secretan, Edouard, cand. théol., à Lausanne, †
Secretan, François, avocat, à Lausanne.
Turrettini, François, à Genève.
Uldry, Octave, instituteur, à Aubonne, * 1883.
Vaucher, Pierre, professeur, à Genève.
Verrey, Jules, architecte, à Lausanne.
Le 9 juin 1881, à Lausanne.
Aigroz, Alfred, chef du service des cultes, à Lausanne.
Buscarlet, pasteur, à Lausanne. /468/
Defforel, Romain-Fortuné, curé, à Avry-devant-Pont (Fribourg).
Demole, Eugène, conservateur du cabinet des médailles, à Genève.
De Muralt, Jean, avocat, à Montreux.
Poudret, Emile, ancien président du tribunal de Moudon, à Lausanne.
Le 1er septembre 1881, à Orbe.
Duperrex, Albert, à Orbe.
Dupraz, Emmanuel, curé, à Echallens.
Narbel, Henri, ancien pasteur, à Lausanne.
Oguey, David, syndic, à Orbe.
Pellis, Jules, avocat, à Lausanne, †
Recordon, Frédéric, docteur-médecin, à Lausanne, †
Rod, Jules, à Orbe, * 1883. †
Rott, Edouard, secrétaire de la légation suisse à Paris.
Sandoz-Luya, à Lausanne, † 6 juillet 1883.
Voruz, Philippe, rédacteur de la Semaine, à Lausanne, †.
Wuille, Werner, à Valeyres-sous-Rances, * 1885.
Le 1er juin 1882, à Lausanne.
Bürcher, Jacques, curé à Zermatt, * 1885.
Chatelanat, Rodolphe, à Lausanne, * 1885. †
Dafflon, Louis, à Saint-Maurice.
De Loës, Hugues, à Lausanne.
De Riedmatten, Léon, à Sion, * 1883.
Le chanoine Escher, Adolphe, à Sion.
Gibsten, Jean-Baptiste, vicaire, à Fiesch (Valais), * 1885.
Le chanoine In Albon, Xavier, à Sion, * 1883.
Jaccard, Emile, pasteur, à Zurich, *.
Joller, François, curé, à Gondo (Valais).
Kalbermatten, Joseph, curé-doyen, à Loëche-la-Ville, * 1883.
Lagger, Antoine, curé-doyen, à Rarogne (Valais).
Lagger, François, curé, à Ausserberg (Valais).
Meichtry, Camille, professeur, à Brigue, * 1887.
Monay, Louis, notaire, à Morges.
Monod, Gustave, à Morges.
Monod, Henri, à Morges. /469/
Ogay, Philippe, à Lausanne, * 1885. †
Rambert, Eugène, professeur à l’Académie de Lausanne, †.
Schinner, Matthieu, professeur, à Brigue, * 1887. †
Schmid, Camille, curé, à Simplon.
Schopfer, Edouard, à Morges, * 1885. †
Schopfer, Gustave, à Morges.
Thélin, Henri, pasteur à Morrens.
Walpen, Théodore, curé-doyen, à Münster (Valais), *.
Zen-Clusen, Joseph, curé-doyen, à Gliss, près Brigue.
Le 14 septembre 1882, à Yverdon.
Brière, Victor, docteur-médecin, à Genève.
L’abbé Pettex, Jean-Marie, curé, à Saint-Gingolph.
Taramarcaz, Etienne, pharmacien, à Saint-Brancher (Valais).
Le 7juin 1883, à Lausanne.
Blanchard, André, ancien pasteur, à Lausanne, * 1887.
Bornand, Ami, dir. de la Caisse hypothécaire, à Lausanne, †.
Guisan, Henri, juge au Tribunal cantonal, à Lausanne.
Lecoultre, Henri, professeur, à Lausanne.
Maurice, Frédéric, à Aubonne.
Le 13 août 1883, au château de Grandson.
Buttin, Auguste, pasteur, à Saint-Maurice, près Grandson.
Châtelain, pasteur, à Cernier (Neuchâtel).
Combe, Ernest, professeur à l’Université de Lausanne.
De Coulon, Albert, à Neuchâtel.
De la Harpe, Edmond, à Genève, *.
De Stoutz, Frédéric, avocat à Genève.
Van Muyden, Théophile, architecte, à Lausanne.
Wavre, William, professeur, à Neuchâtel.
Le 5juin 1884, à Lausanne.
Crinsoz de Cottens, Edgar, à Genève.
Francillon, Maurice, docteur-médecin, à Lausanne.
Stræhlin, Paul, à Genève.
Nicati, Paul, architecte, à Vevey. /470/
Le 18 septembre 1884, à Martigny.
Perret, Charles, docteur-médecin, à la Tour-de-Peilz.
Le 11 juin 1885, à Lausanne.
Chappuis, Paul, notaire, à Lausanne, † 1er juin 1887.
Dulon, Eugène, consul du Mexique, à Vevey.
Rogivue, Adrien, docteur-médecin, à Lausanne. *
Le 11 septembre 1885, à Fribourg.
Cornaz-Vulliet, Charles, journaliste, à Berne.
De Castella, Aloys, colonel, à Fribourg.
De Diessbach, Max, à Fribourg.
De Sainte-Colombe, Rodolphe, à Fribourg.
De Schaller, Henri, conseiller d’Etat du canton de Fribourg.
De Techtermann, Arthur, colonel, à Fribourg.
Gremaud, Amédée, ingénieur cantonal, à Fribourg, *.
Le 26 août 1886, à Moudon.
De Claparède, Arthur, à la Boisserette, près Genève.
Du Plessis-Gouret, Emile, à Vernier (Genève).
L’abbé Genoud, professeur au collège Saint-Michel, à Fribourg.
Le 2 juin 1887, à Lausanne.
Cordey, Paul-Louis, notaire, à Nyon.
Jordan, Daniel, licencié en théologie, en Angleterre.
L’abbé Pahud, François, professeur au collège Saint-Michel, à Fribourg.
Rigoni, Jules, professeur, à Lausanne.
Le 15 septembre 1887, au château de Chillon.
Anet, Henri, juge, à Montreux.
Aubort, Edouard, à Territet.
Baup, Albert, à Nyon.
Borel, Frédéric, archiviste paléographe, à Pressy (Genève).
Bridel, Auguste, éditeur, à Lausanne.
Buffat, Benjamin, instituteur, à Lausanne. /471/
Colomb, Gustave, à Saint-Prex.
Currat, Léonard, professeur, à Fribourg.
de Blonay, Etienne, Vevey.
Decollogny, Ernest, avocat, à Lausanne.
de Meuron, Aloïs, avocat, à Lausanne.
De Riedmatten, Armand, avocat, à Paris.
Descombaz, Edouard, ancien pasteur, à Nyon.
Doge, François, à la Tour-de-Peilz.
Emery, Alexandre, à Montreux.
Golliez, Fréd., pharmacien, à Morat.
Greyloz, Alexis, président du tribunal, à Ollon.
Jaques, Edouard, pasteur, à Villeneuve.
Mayor, Jacques, à Genève.
Millioud, David, pasteur, à Montreux.
Millioud, Maurice, pasteur, au Lieu.
Mottaz, Eugène, professeur, à Yverdon.
Narbel, Charles, à Aigle.
Naville, Théodore, à Lausanne.
Pelet, François, notaire, à Echallens.
Pasche, Charles, ancien syndic, à Oron.
Redard, Théophile, pasteur, à Ecublens.
Rogivue, Samuel, directeur du Collège, à Montreux.
Schopfer, Jean, à Morges.
Soldan, Charles, juge fédéral à Lausanne.
Troillet, François, avocat, à Orsières (Valais).
Van Berchem, Victor, à Crans.
Le 21 juin 1888, à Lausanne.
Bachelin, Léopold, professeur, à Bucharest.
Bischoff, Théophile, peintre, à Lausanne.
De Lessert, Gaston, à Vincy.
De Bosset, Frédéric, à Neuchâtel.
De Perrot, Henri, pasteur, à Morges.
De Palézieux, Gérard, à Vevey.
De Saussure, Théodore, colonel, à Genève.
De Schaller, Romain, architecte, à Fribourg.
Grellet, Jean, à Colombier (Neuchâtel). /472/
Le 12 juin 1890, à Lausanne.
Bonnard, Jean, professeur à l’Université de Lausanne.
De Molin, Aloïs, professeur, à Lausanne.
Jambé, Evariste, pharmacien, Châtel-Saint-Denis.
Maillard, Benjamin, professeur, à Montreux.
Piaget, Arthur, à Yverdon.
Piguet, Francis, à Morges.
Vodoz, Charles, chef d’institution, à Yverdon.
Le 18 septembre 1890, à Saint-Maurice.
Bourban, archiviste du couvent de Saint-Maurice.
Chavannes, Sylvius, à Aigle.
De Kartéry, Adrien, ingénieur, à Saint-Maurice.
Emery, Charles, instituteur, à Aigle.
Franc, Léon, à Monthey.
Galiffe, Aymon, substitut du procureur général, à Genève.
Golliez, Benjamin, ancien pasteur, à Lausanne.
Herminjat, Louis, professeur, à Vevey.
Larguier, J.-J., docteur-médecin, à Lausanne.
Métraux, Eugène, avocat, à Lausanne.
Moret, Louis, instituteur, à Aigle.
Testuz, Charles, à Aigle.
Le 20 mai 1891, à Lausanne.
Erman, Henri, professeur de droit à l’Université de Lausanne.
Bettex, Aimé, instituteur au collège d’Yverdon.
Schuckardt, Gustave, instituteur au collège de Montreux.
Payot, Edouard, directeur du collège cantonal, à Lausanne.
Maillefer, Paul, instituteur au collège cantonal, à Lausanne.
Mestral, ancien pasteur, à Préverenges. /473/
MEMBRES D’HONNEUR
Jahn, Albert, professeur à l’Université de Berne.
Maury, Alfred, directeur général des archives, à Paris.
Morin-Pons, Henri, à Lyon.
De Wyss, Georges, président de la Société générale d’histoire suisse, à Zurich.
Hidber, Basilius, professeur à l’Université de Berne.
Le comte de Foras, Amédée, château de Thuiset, près Thonon.
L’abbé Chevalier, Ulysse, chanoine honoraire de Valence, à Romans (Drôme).
Baumgarten, Hermann, professeur à l’Université de Strasbourg.
Cantu, César, surintendant des archives lombardes.
Heusler, André, professeur à l’Université de Bâle.
Morel, Joseph-Charles-Pancrace, juge au Tribunal fédéral suisse, à Lausanne.
Daguet, Alexandre, professeur à l’Académie de Neuchâtel.
Monod, Gabriel, professeur à l’Ecole des hautes études, directeur de la Revue historique, à Paris.
Le baron Claretta, Gaudenzio, secrétaire de la Députation royale des études historiques, à Turin.
Le baron Manno, Antoine, secrétaire de la Députation royale des études historiques, à Turin.
Meyer de Knonau, Gérold, professeur à l’Université de Zurich, secrétaire de la Société générale d’histoire suisse, à Zurich.
Le baron Bollati de Saint-Pierre, Frédéric-Emmanuel, surintendant des archives du Piémont, membre de la Députation royale des études historiques, à Turin.
Castan, Auguste, correspondant de l’Institut, conservateur de la bibliothèque de Besançon.
Herminjard, Aimé-Henri, professeur, à Lausanne.
Pingaud, Léonce, professeur à la Faculté des lettres, secrétaire perpétuel de l’Académie de Besançon.
Le baron Carutti di Cantogno, Dominique, président de la Société royale des études historiques, à Rome. /474/
Delisle, Léopold, administrateur général de la Bibliothèque nationale, membre de l’Institut, à Paris.
Hilty, Charles, professeur à l’Université de Berne.
Kaiser, Jacques, archiviste de la Confédération, à Berne.
Wartmann, Hermann, docteur, à Saint-Gall.
Ceresole, Victor, consul de la Confédération suisse, à Venise.
Rossi, Girolamo, membre correspondant de la Députation royale des études historiques, à Vintimille.
Le baron de Gallier, Anatole, président de la Société archéologique de la Drôme, à Tain.
De Jussieu, Alexis, archiviste du département de la Savoie, à Chambéry.
L’abbé Ducis, Claude-Antoine, archiviste du département de la Haute-Savoie, à Annecy.
Gauthier, Jules, archiviste du département du Doubs, à Besançon.
Aubert, Edouard, membre de la société des antiquaires de France, à Paris.
Brun-Durand, à Crest (Drôme).
Cornu, Jules, professeur à l’Université de Prague.
Mugnier, président de la Société d’histoire et d’archéologie de Savoie, conseiller d’appel de Chambéry.
Comité pour la période 1890-1893.
Président : M. B. VAN MUYDEN, à Lausanne.
Vice-président : M. J. GREMAUD, à Fribourg.
Secrétaire : M. A. DE MONTET, à Chardonne.
Bibliothécaire-trésorier : M. A. DE MOLIN, à Lausanne.
Membres :
MM. G. FAVEY, à Lausanne.
W. CART,
Th. DUFOUR, à Genève.
MAX DE DIESBACH, à Fribourg.
ED. FAVRE, Genève.
/475/
STATUTS
DE LA SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE LA SUISSE ROMANDE
Fondée à Lausanne le 6 septembre 1837.
Adoptés par l’assemblée générale, tenue à Saint-Maurice le 18 septembre 1890.
Le règlement du 6 septembre 1837 est abrogé et remplacé par les dispositions suivantes :
ARTICLE PREMIER. La Société d’histoire de la Suisse romande a pour but de grouper les amis de l’histoire habitant les cantons romands, de provoquer des recherches dans les archives publiques ou privées, et d’encourager l’étude des monuments ou des faits propres à jeter du jour sur l’état passé du pays.
ART. 2. La Société publie des mémoires et des documents. Elle entretient des relations avec les sociétés historiques de la Suisse et de l’étranger 1. /476/
ART. 3. La Société a son siège à Lausanne; sa durée est illimitée.
ART. 4. La Société se compose de membres effectifs et de membres honoraires.
ART. 5. Pour devenir membre effectif, il faut être présenté en séance par deux membres; la présentation doit être communiquée préalablement au comité. L’assemblée vote au scrutin secret; pour être admis, le candidat doit réunir la majorité des voix des membres présents. Si la candidature est appuyée par quatre membres outre les deux parrains, il peut être procédé au vote à main levée.
ART. 6. Les membres effectifs paient, à leur entrée dans la Société, un droit de six francs, et, chaque année, une contribution fixée par l’assemblée générale sur la proposition du Comité.
Le fonds social ou fonds de réserve est constitué au moyen des dons recueillis par la Société et des excédents de ses recettes sur ses dépenses.
ART. 7. La Société peut conférer, sur la proposition de son Comité, le titre de membre honoraire à des savants suisses ou étrangers connus par des travaux historiques importants.
Les membres honoraires ne paient pas de contribution; ils prennent part aux séances de la Société et à ses délibérations.
ART. 8. La Société se réunit deux fois par an, au moins, en assemblée ordinaire. /477/
La séance du printemps a lieu, dans la règle, à Lausanne; la séance d’automne a lieu dans une autre localité désignée par l’assemblée générale, à moins que la Société ne charge son comité d’y pourvoir.
ART. 9. Les convocations et autres notifications aux membres de la Société sont faites par lettres ou par cartes envoyées à chaque sociétaire.
Toutes les décisions de la Société sont valablement prises par la majorité des membres présents à la séance.
ART. 10. La Société est dirigée et administrée par un Comité de neuf membres, nommés pour trois ans par l’assemblée générale du printemps et immédiatement rééligibles.
Le Comité est composé d’un président, d’un viceprésident, d’un secrétaire, d’un bibliothécaire-trésorier et de cinq autres membres.
Le président est désigné par l’assemblée générale. Les autres membres du Comité se répartissent les fonctions.
Lorsqu’une vacance se produit dans le sein du Comité, celui-ci peut y pourvoir provisoirement jusqu’à la réunion de printemps de l’assemblée générale.
ART. 11. Le Comité convoque les séances de la Société.
Il pourvoit à la publication des mémoires et des documents prévue à l’article 2, choisit les travaux qui devront y figurer et surveille leur impression. /478/ Il est chargé de l’entretien de la bibliothèque et fixe par un règlement l’usage qui peut en être fait.
Il rend compte chaque année de sa gestion à l’assemblée générale de printemps.
Son bureau est chargé de l’expédition des affaires courantes.
ART. 12. Les comptes sont soumis chaque année à l’examen d’un commissaire-vérificateur nommé par la Société.
ART. 13. Toute proposition tendant soit à la revision partielle ou totale des statuts, soit à la dissolution de la Société, doit être indiquée sur les convocations envoyées pour la séance où elle sera discutée.
ART. 14. La dissolution de la Société ne pourra être prononcée qu’en vertu de décisions conformes prises par deux assemblées générales, convoquées à un mois au moins d’intervalle.
La décision de la seconde de ces assemblées ne sera valable que si la dissolution est votée par les 2/3 au moins des membres présents.
ART. 15. En cas de dissolution, l’actif de la Société ne sera pas partagé entre ses membres, mais il sera affecté par l’assemblée générale à quelque but d’utilité publique.
Le président, B. VAN MUYDEN.Pour le secrétaire, TH. DUFOUR.