LES PREMIERS SEIGNEURS DE MONT
Le sire Louis de Mont, l’ancêtre des dynastes de Mont ou des Monts, et le fondateur, vers le milieu du XIIe siècle, de la chartreuse d’Oujon, était-il le descendant des seigneurs de Mont, apparaissant vers la fin du Xe siècle et dans le siècle suivant ? Cette question ne saurait être définitivement résolue ou éclaircie sans la découverte de documents nouveaux. Toutefois, nous présumerions que le prénommé Louis, sans appartenir à la race de ses prédécesseurs, avait néanmoins recueilli leur héritage, parce qu’il descendait d’eux dans la ligne féminine, ainsi que nous l’exposerons plus loin.
Amalric (I) est l’auteur de la famille de ces anciens seigneurs de Mont. Il occupait un rang élevé. Lorsque, en l’année 996, le prêtre Marin donna au couvent de Romainmotier ses biens situés à Bougel, dans le comté Equestre, sa donation eut lieu, en première ligne, pour le remède de l’âme de son sénieur Amalric (pro remedio scilicet senioris mei Amalrici, dit-il). Elle est datée du bourg de Sainte-Marie, dit le châtel de Mont (Actum vico sancte Mariæ, que dicitur Castello mont) 1. Ce château servait sans doute de résidence au sénieur Amalric. Le titre de sénieur dénotait une /460/ position sociale élevée chez la personne à laquelle il était attribué. On se rappelle qu’il est donné à Adalbert, primat du château de Grandson, fils du comte Lambert, dans la supplique que les religieux du couvent de Romainmotier adressèrent au pape Léon IX, pour se plaindre des violences exercées par ce seigneur dans leurs terres. On voit encore de nos jours, sur les hauteurs qui dominent le grand village de Mont, à la Côte, quelques débris du bourg de Sainte-Marie, appelé le châtel de Mont, ancienne résidence des sires des Monts. L’église paroissiale du lieu, placée sans doute sous le vocable de Sainte Marie, était construite auprès du château. Il est probable que quelques habitations se trouvaient aussi dans l’enceinte de celui-ci et motivaient le nom de bourg (vicus) donné à l’ensemble de cette résidence seigneuriale d’un des primats du royaume de Bourgogne. Avec le temps, une autre église fut construite dans un lieu plus accessible, et l’ancienne église fut abandonnée 1.
Un comte Amalric apparaît avec son frère Adalgaud, au plaid d’Eysyns, où le roi Rodolphe et les primats de son royaume, dans la neuvième année du règne de ce roi, confirmèrent la donation faite par le prêtre Marin en faveur du couvent de Romainmotier 2. Feu M. de Gingins voyait le sénieur Amalric dans le comte précité, présumant /461/ qu’il était comte du canton des Equestres, dans lequel était situé le lieu d’Eysins 1. Il nous semble, toutefois, que, dans ce cas, le titre de comte eût été donné au sénieur Amalric dans la donation du prêtre Marin 2.
En revanche, Rotbert et Vuitbert, fils d’Amalric (Rotbertus et frater ejus Vuitbertus, filii Amalrici) sont nommés parmi les primats du royaume qui assistèrent au plaid d’Eysins précité 3.
Plus tard, sur l’injonction du roi Rodolphe et de ses primats (per iussionem domni Rodulfi regis et optimatum ejus), un échange de terres, à Bursins, au lieu dit Combes, se fit entre Odilon, abbé de Romainmotier, et certain chevalier, nommé Amalric, fils de Rodbert de Mont (inter domnum Odilonem abbatem de Romano monasterio et quendam militem 4 nomine Amalricum filium Rodberti de Monte), petit-fils, par conséquent, du sénieur Amalric. Les terres remises en échange par Amalric, deux vignes et un champ, appartenaient à l’église de Saint-Vincent. Le couvent de Romainmotier lui paya quatre livres en deniers à raison de cet échange. Le roi Rodolphe, l’archevêque Burchard, /462/ Amalric qui échangeait et Amalric, fils d’Errand, apposèrent leur signet à la charte non datée de cet échange 1 . Ce dernier (Errand), ainsi que nous l’apprendrons, était un proche parent d’Amalric, fils de Rodbert de Mont. — Faisons observer que, par l’échange précité, Amalric disposait des terres de l’église de Saint-Vincent, dont il était sans doute l’avoué.
Le même Amalric (II), du moins on doit le supposer, pour l’amour de Dieu soit pour le remède de son âme, et pour l’amour de l’apôtre St. Pierre, afin que celui-ci intercède auprès de Dieu tout-puissant pour qu’il daigne lui remettre ses péchés, donne au monastère romain une vigne qui lui appartient en propre, située à Bursins, au lieu dit Naldevert, laquelle limite d’un côté la terre de Rodbert. Le donateur, le témoin Errand, puis Dodon, Vuibert, Amalric et Rotbert, tout à la fois témoins de cette donation et y consentant, apposent leur signet à la charte qui la constate. Celle-ci n’est pas datée, mais son étiquette antique peut faire présumer qu’elle avait été écrite à Bursins 2.
Les témoins consentants que nous venons de nommer étaient sans doute des parents du donateur. Nous présumons que Vuibert était son oncle, frère de son père Rodbert (voyez ci-dessus); qu’Amalric, qui nous est apparu dans la charte de l’échange de terres fait entre le couvent de Romainmotier et Amalric, fils de Rodbert de Mont, était le fils d’Errand; et nous voyons dans Rotbert, possesseur de terres à Bursins, le fils de Vuibert. Quant à Errand lui-même, nommé le premier parmi les témoins, il paraît avoir été le beau-père du donateur Amalric; et Dodon, dont /463/ le nom suit le sien, doit avoir été, de son côté, un proche parent de ce donateur. Nous le tenons pour Dodon d’Aubonne, le frère de Turumbert, l’ancêtre de l’antique maison d’Aubonne.
Nous rapporterons, maintenant, une autre donation d’Amalric, en faveur du couvent de Romainmotier, gouverné par le vénérable abbé Odilon. Se souvenant de l’énormité de ses péchés, il donne à Dieu, à ses saints apôtres Pierre et Paul et au monastère romain, quatre serfs et deux serves, avec leurs enfants et tout leur héritage. Ces serfs, qui se nomment Erchimar, Jean, Girold, Gislebert, Fasburge et Elène, sont les enfants du serf Arduin. Amalric fait sa donation pour le remède de son âme, de celles de son père, de sa mère et de son frère, afin que le Seigneur leur accorde la vie éternelle. En retour de cette donation, qui eut lieu publiquement à Bursins, le donateur Almaric reçut soixante sols du couvent de Romainmotier, et tant lui que Cotiscalche et Amalric (fils d’Errand ?) en signèrent la charte 1. Il est probable que le donateur Amalric est, ici, le fils de Rodbert de Mont, quoiqu’il y eût à cette époque d’autres Amalric dans la même contrée. Ainsi, ce fut à la prière de son frère, nommé Amalric, que Conrad, en l’année 1026 de l’Incarnation, fit une donation importante en faveur du couvent de Romainmotier, comprenant des biens à Montanicus (Montagny, dans les environs d’Apples) et à Lussy, avec deux serfs et deux serves 2. Ce même Amalric avait fait don de sa cuirasse au couvent de Romainmotier 3. Nous supposons qu’il y a identité de personnes entre lui et un certain Amaldric /464/ (Amalric et Amaldric sont le même prénom, se rendant aussi en français par Amauri), qui, de concert avec l’abbé Odilon, échangea, dans la quinzième année du règne du roi Rodolphe et du consentement de celui-ci, un manse qu’il tenait à Sévery, en bénéfice du couvent de Romainmotier, contre un autre manse, situé à Erplens (Apples ?), que lui remirent le clerc Enguezon et Cotilende (sa femme ?) 1. Enfin, nous connaissons déjà Amalric, fils d’Errand, qui est probablement celui qui apposa son signet à la charte de la donation faite en faveur du couvent de Romainmotier, des fils et des filles du serf Arduin. (Voir cidessus.)
Chonon de Mont et Rodbert sont, avec Morand, Girold et Dodon, les témoins et les fidéjusseurs de la mise en gage faite aux environs de l’année 1040, suppose-t-on, par Ornadus, dit Payen, et sa femme Ancila, pour la somme de cent sols, du manse de Renaud, situé à Vincy 2. — Chonon de Mont nous paraît être le fils d’Amalric (II) et le petit-fils de Rodbert de Mont, fils lui-même du sénieur Amalric (I), et nous voyons dans le témoin et fidéjusseur Rodbert le personnage que nous avons déjà mentionné comme possédant des terres à Bursins et étant l’un des témoins consentants de la donation de la vigne de Naldevert en faveur du monastère romain. Nous avons fait observer que nous présumions que ce Rodbert était le fils de Vuitbert, fils du sénieur Amalric 3. /465/
La charte suivante, datée de Genève, le 30 septembre de l’an 1052 de l’Incarnation, la onzième année du règne du roi Henri, se rapporte évidemment à des personnages appartenant à la famille de Mont. Par ce document, Ponce, à la prière de son oncle maternel (avunculi mei, dit-il) Amaldric, ci-devant prévôt de l’église de Genève, fait donation, par les mains de l’avoué Gothescalche, de divers biens en faveur du couvent de Romainmotier, dans lequel son frère Conon est inhumé, et cela pour l’âme de celui-ci. Ces biens, que ce dernier avait destinés de son vivant au dit monastère et qui sont procédés de son héritage, sont les suivants : un manse intégral, dans le village (in villa) de Bullo (Bugnoux ? endroit situé au-dessus et à l’ouest de Mont), un serf 1 , à Germagny, avec sa femme et ses enfants, nés et à naître, avec chésal, maison existante dessus, et tout ce que le donateur peut posséder dans le dit village de Germagny; enfin ses biens patrimoniaux à Bougel (in villa Balgehello), dont il excepte la particule de ceux-ci qu’il a remise à Gothescalche 2. Tous ces biens sont situés dans le comté Equestre. La charte de cette importante donation fut signée par ses auteurs, Amaldric et Ponce, qui demandèrent qu’elle fût confirmée, puis par Gothescalche, avoué de la prédite donation, par Dalmace, son parent, et par Aylod, Vinisus et Umbert 3.
Nous tenons Conon et Ponce pour fils d’Amalric (II), le donateur de la vigne de Naldevert au couvent de Romainmotier. Conon nous est apparu portant le nom de Mont, en /466/ qualité de témoin et de fidéjusseur, lors de la mise en gage du manse de Renaud, à Vincy, faite en faveur du monastère romain, par Ornadus et sa femme Ancila, aux environs de l’an 1040. Il serait décédé sans postérité et son frère aurait été son successeur. Quant à Amaldric (soit Amalric), oncle maternel de Ponce et qui fut prévôt de l’église de Genève, il nous paraît être le fils d’Errand, qui nous est précédemment apparu. Errand aurait été alors le beau-père d’Amalric (II), et l’épouse de celui-ci la sœur du prévôt Amaldric.
Vers la fin du même siècle, Alwide de Mont et ses fils Isiliard, dit Allaman (cognomento Allamannus), Bertrand (Bertrannus) et Ulrich donnèrent à Dieu et à St. Pierre de Romainmotier, en vue de leurs âmes, tout leur alleu dans le village (in villa) de Mont, en champs, bois et prés, dès le chemin public par lequel passent les voitures, avec tous les revenus de la prédite terre. Le tenancier qui y résidera aurait l’usage de la forêt pour tout ce qui lui serait nécessaire. Alwide de Mont et ses fils se désistèrent pacifiquement, en faveur du couvent de Romainmotier, de leurs prétentions sur une certaine femme, nommée Rotrude et ses enfants; et ils ordonnèrent que leur donation, faite sur l’autel, fût constatée par une charte, dont ils donnèrent pour témoins : le chapelain Constantin, Marin de Quarnens, Bencelin d’Agiez et Humbert et Béroard, serviteurs (du couvent). Cette charte est datée du 5 des ides de mai, sous le priorat d’Etienne 1. Or, il y a eu trois Etienne, prieurs de Romainmotier; l’un de 1075 à 1087, au moins; l’autre de 1097 à 1108; et le troisième en /467/ 1111 1. D’un autre côté, Marin de Quarnens (de Cuarnens) apparaît en l’année 1095, en qualité de témoin lors d’une donation faite par Leutfroi du château de Fruence, en faveur du couvent de Romainmotier, de serfs à Villars-Boson 2. Il est donc probable que la donation d’Alwide de Mont et de ses fils eut lieu sous le prieur Etienne II. Quant au témoin Bencelin d’Agiez, il était sans doute le père ou l’aïeul de Bencelin, miles d’Agiez, lequel, aux environs de l’année 1160, changeant de demeure à raison des embûches que lui tendaient ses ennemis, se retira dans le couvent de Romainmotier, pour y vivre sur le pied des serviteurs de ce couvent 3.
Voici maintenant les suppositions que nous suggère la lecture du document dont nous venons de rapporter les dispositions; nous les donnons ici à ce simple titre : Alwide de Mont aurait été l’héritière des seigneurs de ce nom et la fille de Ponce, qui fit une donation importante, en faveur du couvent de Romainmotier, en l’année 1052, pour l’âme de son défunt frère Conon (de Mont). Alwide aurait épousé quelque noble d’origine germanique, ce que ferait supposer le surnom d’Allaman, porté par Isiliard, son fils aîné. Le sire Louis de Mont, fondateur de la chartreuse d’Oujon, aurait eu pour père l’un des fils d’Alwide de Mont, l’aîné de ceux-ci, peut-on supposer, et la dite Alwide aurait ainsi formé le chaînon intermédiaire rattachant la seconde race des seigneurs de Mont à la première. Il ne faut pas perdre de vue que le fils aîné de /468/ Louis de Mont se nomma Conon et le second Amalric soit Amauri 1 , deux prénoms que l’on retrouve chez les anciens seigneurs de Mont.
Une circonstance de la donation d’Alwide de Mont et de ses fils, qui doit être relevée, est celle que, donnant tout leur alleu, à Mont, dans la limite indiquée, au couvent de Romainmotier, il en résulterait que ce qu’ils y tenaient en dehors de cet alleu aurait été de nature féodale. Toutefois, nous croyons qu’il ne faut pas donner un sens trop absolu à ces expressions de la charte, et qu’elles indiquent plutôt l’intégrité de la propriété allodiale donnée au couvent de Romainmotier. Probablement que la terre de Mont relevait de la couronne de Bourgogne, portée alors par l’empereur Henri. Cette terre, dans le XIIIe siècle, était devenue fief de la maison de Savoie 2.
Le défaut de documents nous a empêché de mieux éclaircir le sujet bien obscur que nous avons traité dans ce petit Mémoire. En effet, il ressort de tout ce que nous y avons rapporté, que trois degrés seulement de l’ancienne dynastie de Mont sont certains et prouvés, savoir : le sénieur Amalric I, Rodbert et Vuitbert, ses fils, et Amalric II, fils de Rodbert. Aurions-nous réussi à assigner aux autres membres de cette famille apparaissant dans les documents que nous avons cités, leur véritable place ?
/469/
PIÈCES JUSTIFICATIVES
1
Odilon, abbé de Romainmotier, et Amalric, fils de Rodbert de Mont, font un échange de fonds de terre à Bursins, dans le comté Equestre.
Sans date, entre les années 994 et 1032.
Arch. cant., Invent. analyt. vert, paquet 115, N° 17.
Placuit atque convenit per iussionem domni Rodulfi regis et optimatum eius inter domnum Odilonem abbatem de romano monasterio et quendam militem, nomine Amalricum filium Rodberti de Monte quod debuissent aliquas terras scanniare in comitatu equestrico in uilla Brucins in loco vocabulo Cumbis. Videlicet uineam unam, ad sanctum Vicentium, et habet in transverso perticas quatuor et dimidiam, in longo perticas duodecim et habet terminationes de omnibus latis terra sancti Petri. Et in eodem loco campum vnum et de omnibus latis habet terminationes terra sancti Petri, excepto de vno fronte terra sancti Mauricii, et habet in trausuerso perticas XI et duos poedes, et in longo perticas decem et octo, infra istas terminationes scanniauit nobis Amalricus de terra sancti Vincentii. Similiter ego frater Odilo damus ei in ipsa villa vnam vineam qui adiacet super ecclesiam sancti Vincentii et habet in transuerso similiter perticas quatuor et dimidiam, in longo perticas XII. Et in alio loco in ipsa villa vnum campum tantum similiter sicut ipsi nobis dederunt, habetque terminationes de vno latus via publica et de alio latus terra sancti Petri Monte iovis, itemque de tercia parte terra sancti Vincentii, et de quarta parte de ipsa terra. Item donamus ei vnum campum habentem in latitudine perticas VII et tres pedes, in longitvdine vero habet perticas VIIII. Econtra ipse Amalricus dat nobis de terra sancti Vincentii vineam vnam habentem inter longum et latus perticas quindecim. Amalricus vero accepit quatuor libras de denariis. S(ignum) Rodulfi regis. S(ignum) Burchardi archiepiscopi. /470/ S(ignum) Amalrici qui fieri et firmare rogauit. S(ignum) Amalrici filii Errandi.
Etiquette antique : Carta concambii de Brvcin.
Cette charte a été imprimée dans les Mém. et Doc. publiés par la Société d’histoire et d’archéol. de Genève, XIV, pag. 2, N° 3.
2
Amalric fait donation, en faveur du couvent de Romainmotier, d’une vigne, située à Bursins, au lieu appelé Naldevert.
Sans date, première moitié du XIIe siècle.
Arch. cant., Invent. analyt. vert, paquet 115, N° 18.
In Christi nomine. Ego Amalricus pro amore Dei uel pro remedium anime meæ et pro amore sancti Petri apostoli ut intercedat ad Deum omnipotentem ut dignetur mihi facinora mea dimittere, propterea dono de res meas proprias sancti Petri Romanensi mouasterii, que sunt sitas in pago equestrico et in uilla qui dicitur Bruciniaco siue in loco qui nominatur Naldevert uinea una qui terminat de uno latus terra sancti Petri romanensi, de alio latus terra Rodberti, de duobus frontibus uia publica. Infra istas terminationes dono sicut supra conmemorat, ligo, trado adque transfundo perpetualiter habead atque possideat. Si quis uero quod fieri minime credo quod si ego aut ullus de eredibus meis qui donatione ista infrangere uoluerit ne noc ualeat euindicari quod repetit tunc sit culpabilis et impleturus tantum et alium tantum quantum ipsas res emelioratas ualuerint et donatio ista omnique tempore firma et stabilis permaneat cum stipulatione pro omni firmitate supnixa. S(ignum) Amalricum qui donatione ista fecit scripbere et firmare rogauit. S(ignum) Errando, t(estis). S(ignum) Dodoni, t(estis) et consentiens. S(ignum) Wuiberto, t(estis), qui consensit. S(ignum) Amalrico, t(estis), qui consensit. S(ignum), Rotberto, t(estis), qui consensit.
Etiquette antique: Carta Amalrici quam fecit sancto Petro in uilla Brucins.
La charte ci-dessus a été imprimée dans le tome XIV des Mém. et Doc publiés par la Soc. d’histoire et d’archéol. de Genève, pag. 4, N° 7.
/471/3
Amalric fait donation, en faveur du couvent de Romainmotier, de divers serfs et serves, enfants d’Arduin.
Sans date, entre les années 994 et 1049.
Arch. cant., Invent. analyt. vert, littera B., Romainmotier, N° 21.
In nomine Verbi incarnati. Notum sit omnibus christianis tam presentibus quam futuris, quod ego Amalricus reminiscens enormitatem peccatorum meorum dono Deo et sanctis eius apostolis Petro et Paulo et ad locum romanensis monasterii, ubi preesse videtur domnus Odilo abbas veuerabilis, servos et ancillas et omnem hereditatem eorum filios et filias videlicet Arduini, his nominibus vocatis : Erchimarus, Iohannes, Giraldus, Gislebertus, Fasburgem, Elenam, cum infantibus eorum. Facio autem hanc donationem pro remedium anime mee et patris mei et matris mee et fratris mei vt Dominus det eis vitam eternam. Dederunt autem mihi monachi pro eis sexaginta solidos. S(ignum) Amalrici qui fieri et firmare rogauit. S(ignum) Cotiscalchi. S(ignum) Amalrici. Actum publice in uilla Brucins. Vgo monachus rogatus ad vicem cancellarii scripsit.
Etiquette antique: Donatio Amalrici.
Charte imprimée dans le tome XX des Mém. et Doc. publiés par la Soc. d’hist. de la Suisse romande, pag. 190.
4
Ponce, à la prière de son oncle Amaldric, ci-devant prévôt de l’église de Genève, fait donation, en faveur du couvent de Romainmotier, pour le remède de l’âme de son défunt frère Conon, de divers biens situés à Bullo (Bugnoux ?), Germagny et Bougel, procédés de l’héritage de celui-ci.
Anno 1052 de l’Incarnation, dimanche, 2e des kal. d’octobre, indiction Ire, à Genève.
Arch. cant., Invent. vert, paquet B, N° 16.
Sapientis uiri sententia commonemur ne obliuiscamur amicorum in animo et ne inmemores simus illorum in operibus /472/ nostris, quod ego Poncius non in uacuum fratris mei Cononis animae etiam post obitum seruare desiderans iuncta manu auunculi mei Amaldrici quondam Geneuensis prepositi dono aliquid de eius hereditate monasterio quod dicitur romanum sanctisque apostolis Petro et Paulo apud quos corpus illius tumulatum requiescit pro remedio eius sicut ipse uivens destinauerat per manum advocati Gothescalchi, hoc est in uilla que dicitur Bullo mansum unum omni integritate liberum et in uilla Germaniaco seruum unum nomine Teudinum cum uxore et filiis natis et nascendis cum casale, casa superstante et quicquid in eadem uilla habuisse videbatur, terris videlicet aratiuis, uineis et pratis cultis et incultis, siluis, arboribusque pomiferis atque castaneis, cum omnibus appendiciis, quesitis et inquirendis; nec non et in villa uocabulo Balgehello quodcumque ei iure hereditario aduenit, excepta illa particula quam Gothescalcho possidendam tradidit. Dono autem supradictas res cum usamento omni legali id est exitibus et reditibus, uiis et inuiis, aquis aquarumque decursibus. Iacent autem ipse res in pago Geneuensi et in comitatu equestrico. Si quis autem hanc donationem calumpniare uoluerit, in ira onnipotentis incurrat et cum Dathan et Habiron sit pars eius in inferno, et postea donatio ista firma et stabilis permaneat. Signum † Amaldrici et Poncii qui hanc cartam fieri fecerunt et firmari rogauerunt. Signum † Gothescalchi aduocati huius donationis. Signum † Dalmacii consobrini eius. Signum † Aylodi. Signum † Vinisi. Signum † Vmberti. Actum Geneuensi publice, anno ab incarnatione Domini millesimo quinquagesimo II, indictione prima, die dominico, II kalendas octobris, regnante Heinrico rege anno XImo.
Charte publiée dans les Historiæ patriæ Monumenta, à Turin, I, pag. 573.
5
Alwide de Mont et ses fils Isiliard, dit Allaman, Bertrand et Ulrich font donation, en faveur du couvent de Romainmotier, de tout leur alleu, situé à Mont, dans une limite indiquée, et ils lui abandonnent leurs prétentions sur la femme (serve) Rotrude et ses enfants.
Probablement entre les années 1097 et 1108.
Collection de Mulinen, à Berne.
Notificamus omnibus fidelibus quod Alwidis de Monte et filii /473/ ejus Isiliardus cognomento Allamannus, Bertrannus et Ulricus dederunt Deo et sancto Petro romani monasterii pro animabus suis alodum suum totum quod habebant in ipsa villa in campis, silvis et pratis a via publica per quam carri veniunt, cum omni usu quem ipsa terra debet et homo qui in ea sederit habeat usum in silva ad cuncta sibi necessaria. Calumpniam vero quam habebant in quadam muliere nomine Rotrude et filiis ejus dimiserunt in pace. De hac donatione mater cum filiis levaverunt cartam super altare et scribi jusserunt. Testes hos dederunt Constantinum capellanum, Marinum de Quarnens, Bencelinum de Aziaco, Humbertum et Beroardum famulos. Actum sub priore Stephano, V. Idus maij.
L’original de cette charte devrait se trouver dans nos archives cantonales, mais il est égaré, et cela probablement depuis le transport des archives du canton de Vaud, de Berne à Lausanne. Feu M. l’avoyer de Mulinen en avait pris une copie pendant que ce document se trouvait à Berne. Une courte analyse de cette charte importante se lit dans le tome XX des Mém. et Doc. publiés par la Société d’histoire de la Suisse romande, pag. 191, avec indication, comme source, de l’Invent. alph., lettre A, N° 13. Voy. awssi Schwezerisches Urkundenregister, I, pag. 416, N° 1501.
La charte qu’on va lire, tirée du Cartulaire de Romainmotier, ne se rapporte pas au sujet que nous avons traité dans le présent Mémoire. Elle a été déjà imprimée dans le tome III des Mém. et Doc. publiés par la Société d’histoire de la Suisse romande, pag. 475, mais d’une manière imparfaite, par suite d’erreurs commises par le copiste du cartulaire précité. De notre côté, nous l’avons fidèlement reproduite, d’après cette publication, dans notre ouvrage sur les dynastes de Grandson, N° 40, pag. 118. Or, M. le professeur Hidber, qui a donné l’analyse de ce document, dans la publication intitulée: Schweizerisches Urkundenregister, tome II, pag. 104, N° 2014, fait suivre, en note, l’indication qu’il fait de sa publication, dans les Mém. et Doc. précités et dans notre volume, de l’observation, entre parenthèses, que l’impression n’en est pas correcte (Fehlerhaft abgedruckt). Il nous semble donc à propos de reproduire ici la charte précitée, d’après la copie fidèle qui en a été faite, à notre prière, par M. l’abbé Gremaud, sur le manuscrit original du cartulaire de Romainmotier, aux archives de l’Etat de Fribourg. On se convaincra, en la lisant, qu’elle offre quelques divergences avec l’analyse que M. le professeur Hidber en a donné. /474/
Le sire Falcon et Conon de Grandson, frères, avec l’approbation de l’épouse du premier, se désistent, en faveur de l’église de Romainmotier, de leurs droits et prétentions sur divers serfs et serves.
Anno 1154, à Grandson.
Cartulaire de Romainmotier, aux archives de l’Etat de Fribourg, folio 29.
Nouerint etiam omnes tam futuri quam presentes quod donnus Falco et Cono frater eius Grancione querimoniam quam in quibusdam hominibus et feminis habebant Deo et ecclesie Romani monasterii dimiserunt et quicquid iuris in eis habebant dederunt et scriptum fieri iusserunt. Laudauit et hoc uxor Falconis. Sunt autem hi homines et femine Petrus filius Mabili et fratres eius cum uxoribus filiis et filiabus, Marchera de Girone et frater eius cum filiis et filiabus, Valerius uxor eius frater et sorores cum filiis et filiabus suis, Iohannes faber et frater sorores cum filiis et filiabus, Johannes Gtinx (?) et frater eius cum filiis et filiabus, Constantius frater et soror cum filiis et filiabus, Vxor decani et soror eius et fratres, filii Berardi et filie cum filiis et filiabus, Vxor Andree Follet cum filiis et filiabus, Aymo pilosus et sorores eius cum filiis et filiabus suis, Bretari de Bretoneres et frater eius et soror cum filiis et filiabus suis.
Factum est autem hoc apud Grantionem anno M. C. LIIII in manu Gvidonis prioris in presentia donni Emguizonis Clun. camarl. et dnorum Grantionis Bertolomei, Gaucherii, Cononis filiique eius Willelmi qui huius rei testes sunt. Testes etiam sunt Gvillencus prior Paterniaci, Hugo de Beuillar, Lambertus de Castell(o), Humbertus Brutinus, Aymo de Rupe.
Observation. — Une main postérieure a ajouté dans la marge du cartulaire manuscrit les mots suivants: « in terra romani monasterii. »
/475/
Essai d’un Tableau généalogique des premiers seigneurs de Mont
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