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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Frédéric de GINGINS-LA-SARRAZ

Histoire de la cité et du canton des Équestres

Dans MDR, 1865, tome XX, pp. 1-156

© 2022 Société d’histoire de la Suisse romande

 

/1/

HISTOIRE DE LA CITÉ ET DU CANTON DES ÉQUESTRES

 

PÉRIODE GALLO-ROMAINE

 

§I.

Situation géographique du canton des Equestres.

Au nombre des divisions territoriales et politiques, établies dans la Transjurane, sous les rois de Bourgogne de dynastie Rodolphienne, les chartes du Xe et XIe siècles font souvent mention soit d'un pays, soit d'un comté d'Equestre (pagus, comitatus Equestricus). Cependant les auteurs qui se sont occupés de la topographie ancienne de l'Helvétie ne s'accordent ni sur la véritable situation de ce pagus, ni sur son étendue. Les uns, comme le jésuite Dunod, soutenaient que l'Equestris des Romains était la ville Francomtoise de Poligny 1 . D'autres supposaient deux localités du même nom: /2/ l'Equestris séquanaise nommée aussi Olinum, et l'Equestris Helvétienne, nommée Nevidunum (Nyon) en langage gaulois 1 . Quant à nos anciens auteurs nationaux, l'incertitude la plus complète existait chez eux, au sujet de la situation de la ville et du district d'Equestris. Les uns confondant ce district (pagus) avec une portion du Chablais, appelée quelque part Ager cabaillcus, ou pays de Gavot, plaçaient Equestris à Thonon, sur la rive méridionale du lac Léman 2 . D'autres, mieux renseignés, disent, au contraire, que ce pagus était situé sur le bord septentrional du lac; qu'il formait un district du pays de Vaud et qu'il se prolongeait depuis Rolle le long de la côte du Léman jusqu'au village de Satigny, qu'un diplôme du Xe siècle place in pago Equestrico 3 .

Quoique ce dernier auteur, justement placé parmi nos historiens les plus exacts, soit dans le vrai en ce qui concerne la situation géographique de ce pagus, néanmoins il ne lui attribue pas toute l'étendue que comportent les documents du moyen âge et les monuments de la période romaine qui ont été découverts dans ce quartier de pays depuis deux ou trois siècles 4 .

Ces monuments, qui lèvent tous les doutes qui pouvaient encore exister sur la situation géographique de cet ancien pagus, dont l'étendue a varié suivant les époques, nous donnent les moyens de déterminer ses différentes limites /3/ dans ses phases diverses. Mais si les écrivains suisses diffèrent entre eux sur l'étendue du pays Equestre, cependant tous sont d'accord pour reconnaître que ce pagus tirait son nom de l'ancienne colonie ou cité romaine appelée Colonia Julia Esquestrium, civitas Equestris ou Noviodunum; aujourd'hui Nyon 1 .


/4/

§2.

Origine de Noviodunum ou Nyon.

Une autre question, sur laquelle nos auteurs diffèrent de sentiment, c'est celle de savoir quel est le véritable fondateur ou restaurateur de la Cité Equestre qui, selon toute apparence, a été construite sur les ruines de la bourgade celtique de Noviodunum, l'une des douze villes (oppida) que les Helvétiens livrèrent aux flammes, en prenant la fatale résolution d'abandonner leurs foyers, pour chercher de nouveaux établissements au delà du mont Jura et du Rhône, dans la Gaule ultérieure 1 .

Les motifs de cette résolution extrême indiqués par les historiens de l'antiquité, et notamment par Jules César dans ses Commentaires, sont: d'un côté, l'augmentation croissante de la population helvétienne resserrée dans les limites étroites du Rhin, du mont Jura, du lac Léman et du Rhône; et de l'autre, l'esprit guerrier et aventureux de la nation, poussée par l'ambition et les intrigues d'Orgétorix, l'un des personnages les plus populaires de l'Helvétie par la noblesse de sa naissance et ses grandes richesses 2 .

Cependant, en rapprochant de ces considérations ce que /5/ les mêmes historiens nous disent des événements qui depuis quelques années s'étaient passés sur les bords du Rhin, aux frontières de l'Helvétie, événements qui avaient eu pour résultat le passage de ce fleuve par les bandes germaniques d'outre-Rhin, sous la conduite d'Arioviste, et l'irruption de ces bandes dans le pays habité par les Séquanes entre le mont Jura et la Saône 1 , on serait plutôt conduit à en inférer que la pression exercée sur la rive du Rhin par le flot de ces hordes étrangères fut une des causes principales de la détermination prise par les cantons helvétiques d'émigrer en masse dans l'intérieur de la Gaule, pour se mettre à l'abri du péril dont ils étaient menacés du côté du nord et de l'ouest 2

Arioviste, après avoir remporté plusieurs victoires sur les Eduens et leurs alliés, et obligé les Séquanes à lui céder la meilleure partie de leur territoire, s'était rendu formidable même aux Romains, dont il avait obtenu, avec le titre de Roi, celui d'Ami de la république 3 .

Dès lors rien n'empêchait ce chef des hordes germaniques /6/ d'étendre ses conquêtes au delà du mont Jura et de faire subir aux Helvétiens le même sort qu'aux Séquanes, leurs plus proches voisins du côté du couchant 1 . Il y a toute apparence que ce fut uniquement la crainte de perdre leur liberté et leur indépendance qui décida les Hélvétiens à abandonner leur ancienne demeure, pour en chercher une nouvelle assez éloignée des Germains, pour n'avoir plus rien à redouter de ce dangereux voisinage, d'autant plus que cette opinion était répandue parmi les autres nations gauloises, même après la défaite des Helvétiens par J. César.

Le motif réel de cette malheureuse tentative d'émigration est clairement indiqué dans un discours de l'Eduen Divitiac 2 , implorant l'assistance du proconsul et du peuple romain contre Arioviste et son armée envahissante, qui s'était successivement élevée de 15 mille à 120 mille combattants 3 .

Ce motif est en même temps l'explication la plus naturelle d'une résolution qui semblerait folle si elle n'eût été commandée par les circonstances.

Après deux années entières, employées en préparatifs de départ, le rendez-vous général des émigrants avait été fixé à la pointe méridionale du lac Léman pour les premiers jours de janvier de la troisième (soit au 28 mars) de l'an 58 avant la naissance de Jésus-Christ, selon l'ancien calendrier de la République romaine, qui avançait d'environ trois mois sur le nôtre 4 . /7/

Leur plan était de traverser de gré ou de force la province romaine pour gagner les bords de l'Océan, en passant le Rhône sur le pont de Genève qui reliait le territoire des Helvétiens à celui des Allobroges, se flattant que ce peuple, mal disposé pour les Romains, favoriserait leur entreprise 1 . A ce rendez-vous se trouvèrent plus de 360 mille émigrants, y compris les Rauraques et d'autres peuplades des bords du Rhin, que la crainte de l'oppression avait décidés à se joindre aux Helvétiens et à partager leur sort 2 .

Cette multitude d'émigrants, composée d'hommes valides, de vieillards, de femmes et d'enfants, qui s'avançait du nord au sud, en détruisant derrière elle toutes les provisions qu'elle ne pouvait emporter et livrant aux flammes, de ses propres mains, les bourgades, les villages et tous ses établissements, soit pour rendre toute velléité de retour impossible 3 , soit plutôt pour ôter aux hordes transrhénanes l'envie de poursuivre les fugitifs ou d'occuper les cantons que ceux-ci laissaient vacants, cette masse vivante dut mettre un certain temps à se transporter des bords du Rhin et du lac de Constance aux rives du Léman, où elle /8/ fut obligée de s'arrêter avant de franchir les limites extrêmes du sol helvétien et de s'aventurer sur la terre étrangère.

A l'endroit où ce grand rassemblement eut lieu, la chaîne méridionale du Jura forme un arc, dont la partie inférieure se rapproche graduellement des bords du Léman et du Rhône, en sorte que le pays, resserré entre le pied des hautes montagnes et les eaux du lac et du fleuve, ne présente plus qu'une zone d'une à deux lieues de largeur. Cette zone se termine brusquement, vers le sud-ouest, par une gorge étroite formée par deux montagnes escarpées, entre lesquelles le Rhône roule ses eaux profondes, ne laissant sur la rive droite qu'un passage où deux chariots pouvaient à peine se croiser 1 .

De ce défilé limitant, d'une part, le territoire des Helvétiens, et de l'autre le pays habité par les Séquanes, on compte en droite ligne quatre lieues en remontant le Rhône jusqu'au pont de Genève, où le lac se convertit en un fleuve rapide. Entre cette ville (oppidum), bâtie sur la rive gauche à l'extrémité du territoire des Allobroges, occupé par les cohortes romaines 2 , et l'endroit où la masse des émigrants se trouvait campée, sur la côte septentrionale du Léman, la distance était d'environ quatre à cinq lieues.

Le camp des émigrants, formé d'une double rangée de chariots, se prolongeait en arrière d'une hauteur qui s'étendait transversalement sur une longueur d'environ une lieue, depuis le bord du lac jusqu'aux pieds de la Dole, l'une des sommités les plus élevées du Jura. Cette colline, qui /9/ domine le bassin du Léman, portait la bourgade helvétienne nommée anciennement Noviodunum 1 (aujourd'hui Nyon), et protégeait le camp comme un rempart naturel contre toute surprise de l'ennemi. — Le nom, évidemment gaulois, de cette bourgade, est composé de deux mots celtes ou helvétiens, savoir: de l'adjectif novio, nouveau, novus 2 , et du substantif dûnum, ou plus exactement dûnon, qu'on interprète mal à propos par hauteur, colline, et dont le sens propre est un lieu rendu défendable par la nature, ou par l'art, munitus, un retranchement, un rempart, une fortification (munitio) 3 , un camp, castrum. En sorte que Noviodunum peut se traduire en français par: Nouveau retranchement, nouveau fort.

Le nom de Noviodunum semble dénoter que l'existence de cette localité fortifiée 4 était plus ou moins récente comparativement aux établissements du même genre formés par /10/ les Helvétiens, que d'antiques traditions font venir des contrées trausrhénanes 1 ; ceux-ci s'étant avancés du nord au midi, les bourgs (oppida) fondés par ce peuple dans l'Helvétie orientale dateraient d'une époque beaucoup plus reculée que ceux qu'ils ont fondés sur les bords du Léman. A l'appui de cette conjecture, on fera remarquer que les produits de l'industrie humaine recueillis jusqu'ici dans les dépôts lacustres et tourbeux des deux rives du Léman, appartiennent essentiellement à l'âge du bronze, tandis que ceux de l'âge de la pierre manquent presque totalement. Par contre ceux-ci abondent dans les dépôts analogues, découverts dans d'autres contrées de la Suisse, où les instruments en pierre se rencontrent souvent mêlés à des objets en bronze 2 . On serait porté à en inférer que le quartier de pays qui confinait au territoire des Allobroges, ne fut occupé qu'assez tard par les Helvétiens relativement aux autres cantons (pagi) de l'ancien territoire habité par ce peuple d'origine gauloise.

On pourrait, avec une grande probabilité, faire remonter l'occupation de la rive droite du lac Léman et du Rhône par les Helvétiens, à l'époque de la guerre des Cimbres et de la défaite du consul L. Cassius (107 ans avant Jésus-Christ, l'an de Rome 647 3 ). La tribu des Tigurins, l'une des plus nombreuses de la nation helvéto-gauloise 4 , séduite par l'appât du butin conquis sur les Romains dans la Gaule méridionale /11/ par les Cimbres teutons, s'était séparée de ses confédérés pour se joindre aux ennemis de la république 1 . Des bords marécageux de la Broye, que dominait leur principale bourgade nommée jadis Aventia 2 et plus tard Aventicum Helvetiorum, les Tigurins s'avancèrent sur les rives du Léman, sous la conduite du jeune Divicon, chef entreprenant de cette expédition 3 .

Cachés dans les clairières des hautes forêts de chênes et de châtaigniers qui tapissaient alors les bords du lac et qui les dérobaient aux regards des habitants de la rive opposée, les Tigurins épiaient le moment favorable pour attaquer l'armée romaine du consul L. Cassius, campée aux environs de Geneva, à l'extrême frontière du territoire des Allobroges et de la province transalpine.

Il était sans exemple jusqu'alors, et longtemps après, que les gouverneurs des provinces consulaires dépassassent ces limites pour porter la guerre sur une terre étrangère 4 . Cette circonstance expliquerait pourquoi le consul Cassius, se tenant sur la défensive dans le pays des Allobroges, les Tigurins furent obligés de franchir le Rhône et de chercher l'ennemi sur son propre territoire 5 . » /12/

Profitant des basses eaux, Divicon passa sur la rive gauche du fleuve aux endroits où il était guéable, suivi de ses hardis compagnons d'aventure, attaqua la légion romaine à l'improviste et lui fit éprouver une sanglante défaite, dans laquelle le consul Cassius perdit la vie, ainsi que L. Pison, son principal lieutenant. Les survivants de l'armée battue, à laquelle l'ennemi avait coupé la retraite, durent subir les conditions ignominieuses que leur imposèrent les vainqueurs pour racheter leur vie et leur liberté; c'est-à-dire passer sous le joug des Tigurins, après avoir livré la moitié de tout ce qui fut trouvé dans le camp et donné des ôtages 1 .

Contents d'avoir remporté sur les armées de la République une victoire que Divicon rappelait, avec orgueil, quarante-neuf ans plus tard à Jules César, au moment où ce dernier s'apprêtait à tirer de la défaite du consul Cassius une terrible vengeance 2 , les Tigurins n'avaient pas jugé prudent de poursuivre leurs succès. Ils étaient revenus sur leurs pas en repassant de la rive gauche du Rhône sur la rive droite, ayant hâte de mettre leur butin en sûreté, et de se garantir eux-mêmes d'un retour offensif des Romains ou des Allobroges. Dans ce but ils ont dû faire choix d'un emplacement convenable sur la rive septentrionale du lac Léman, pour y construire une enceinte fortifiée, qu'ils désignèrent dans leur propre langue sous le nom de Novio-Dûnon 3 , nom appellatif qui avait rapport à l'origine et à la destination spéciale de cette nouvelle station. /13/

A l'abri de l'enceinte et des retranchements construits par les Tigurins, il se forma bientôt une bourgade qui conserva le nom de Noviodunum donné primitivement par ce peuple à cette enceinte.

Cette bourgade fortifiée (oppidum) servit plus tard, comme on l'a dit, de point de rassemblement aux tribus helvétiennes, lorsque celles-ci eurent pris la fatale résolution d'émigrer.

Le projet formé par les émigrants de traverser le territoire des Allobroges et la province romaine, pour aller fonder quelque nouvel établissement dans le pays des Santons (Saintonge), avait rencontré des obstacles insurmontables, par suite des mesures aussi promptes qu'énergiques prises par Jules César, pour leur barrer le passage. Ce futur conquérant des Gaules, qui venait d'échanger les faisceaux consulaires contre le gouvernement des provinces Cis- et Trans-alpines 1 , était accouru à la première nouvelle du rassemblement des tribus helvétiennes sur les bords du Léman. Après avoir fait rompre le pont sur le Rhône, qui reliait la rive gauche du fleuve à la rive droite 2 , il chercha, par des espérances décevantes données aux Helvétiens, à gagner du temps qu'il employa à faire construire par ses troupes, à la limite du territoire des Allobroges, une suite de retranchements prolongés sur un espace de 4 à 5 lieues, tout le long de la rive gauche du Rhône, depuis sa sortie du lac Léman jusqu'à l'extrémité de la chaîne du mont Jura 3 .

Ces retranchements étaient faits pour empêcher les émigrants /14/ de franchir le fleuve de vive force, ou de profiter de la saison des basses eaux, qui était celle où l'on se trouvait alors, pour les passer à gué 1 .

Les Helvétiens, se voyant forcés d'abandonner leur espoir de faire route par le pays des Allobroges, durent changer leurs plans. Ils s'étaient ôté la possibilité de revenir sur leurs pas, en brûlant et détruisant tout derrière eux. Restait le défilé du Pas de l'Ecluse conduisant chez les Séquanes méridionaux; défilé où l'immense convoi des émigrants n'osait pas s'engager 2 sans le consentement des Séquanes et d'Arioviste, qui, avec ses bandes germaines, occupait déjà une partie du pays et dominait en maître sur le reste 3 . Les émigrants dépêchèrent secrètement des envoyés vers l'Eduen Dumnorix, qui avait épousé la fille d'Orgétorix. Dumnorix favorisait les Helvétiens à cause de cette alliance et dans le dessein de faire tourner l'émigration au profit de ses projets ambitieux et de contrecarrer les vues de César et des Romains, qu'il haïssait 4 . Son crédit était grand, non-seulement chez les Eduens, mais aussi auprès des peuples avoisinants. Par son influence Dumnorix obtint des Séquanes que ceux-ci permettraient aux Helvétiens d'emprunter leur territoire, sans commettre ni dégâts ni violences dans les lieux où les émigrants étaient obligés de passer pour atteindre les bords /15/ de la Saône et de là continuer leur route vers les riches contrées de l'Aquitaine. Pour garantie de ces conventions, les deux peuples se donnèrent mutuellement des ôtages 1 .

Les émigrants étaient pressés de profiter du seul chemin que venait de leur ouvrir l'Eduen Dumnorix et de reprendre leur marche fatalement interrompue. Ils avaient perdu inutilement deux mois, soit en tentatives vaines pour surmonter les obstacles que les Romains opposaient à leur passage sur la rive gauche du Rhône, soit par le temps écoulé en allées et venues des messagers envoyés chez les Séquanes. En abandonnant leurs foyers, ils ne s'étaient pourvus de vivres que pour trois mois 2 , et les ressources que le pays environnant, alors couvert de bois, pouvait leur offrir, se trouvaient insuffisantes ou épuisées. Cette multitude d'hommes, de femmes et d'enfants, rassemblés dans un coin de pays resserré entre le lac et les montagnes, se sentait menacée de la famine, pour peu que sa situation misérable se prolongeât encore quelque temps.

Ce ne fut que vers é'équinoxe du printemps que l'immense colonne des émigrants commença son mouvement par les défilés du Pas de l'Ecluse 3 . En quittant les bords du Léman, les Helvétiens ont dû prendre la précaution d'incendier derrière eux l'oppide de Noviodunum, comme ils l'avaient fait en quittant les autres localités habitées de leur pays. Cette précaution leur était d'ailleurs commandée dans la prévision que les Allobroges ne manqueraient pas de profiter du départ /16/ des émigrants pour s'emparer des établissements formés par les Tigurins sur la rive droite du lac et du Rhône depuis la guerre des Cimbres, ou que les Romains tenteraient d'attaquer le convoi, pendant que l'arrière-garde des Helvétiens se trouvait encore engagée dans les défilés des hautes montagnes du Jura.

Si cette dernière éventualité, dont l'histoire ne parle pas, ne se réalisa pas, il est assez probable que les Allobroges occupèrent le bourg ruiné de Noviodunum à cause de sa position stratégique et des retranchements de terre et de troncs d'arbres abattus que les émigrants n'auront pas eu le temps de détruire. Quoi qu'il en soit, il est certain que la côte occidentale du Léman, qui forma plus tard le pays des Equestres (pagus Equestrium), fut détachée du territoire du peuple helvétien et cessa, dès lors, d'en faire partie.

Nous ne suivrons pas ce malheureux peuple dans sa course aventureuse, depuis les bords du Rhône aux rives de la Saône (Arar), au travers du pays des Séquanes et des Ambarres 1 , dont les territoires étaient contigus. Les dévastations commises par les émigrants sur les terres des Allobroges qui avaient des établissements au delà du Rhône et chez les Ambarres, clients des Eduens, furent le prétexte dont Jules César se servit avec empressement pour quitter l'attitude, plutôt défensive, qu'il avait observée jusqu'alors à l'égard des Helvétiens, et pour se mettre à leur poursuite avec ses cinq légions, appelées en toute hâte de la /17/ Cisalpine, et un nombreux corps de cavalerie auxiliaire 1 .

César atteignit les émigrants au moment où leurs longues colonnes étaient occupées à effectuer le passage de la Saône, sur des radeaux, dont la construction leur avait coûté vingt jours de pénible travail 2 .

Les trois quarts du convoi s'étaient déjà transportés sur la rive droite du fleuve, dans le pays des Eduens, lorsque l'armée romaine fondit à l'improviste sur le quart restant, demeuré sur la rive gauche en attendant son tour pour passer à l'autre bord. Ce quart était composé du canton des Tigurins, qui fut taillé en pièces ou dispersé dans les bois environnants 3 .

Après cette première victoire remportée sur les Helvétiens. César passa la Saône avec son armée et se mit à la queue des émigrants. Ceux-ci, effrayés de la rapidité des mouvements de l'ennemi, qui contrastait avec la lenteur de leur marche, embarrassée par la quantité de bagages et de chariots qu'ils traînaient à leur suite, envoyèrent vers César des députés pour lui demander la paix et leur admission dans l'alliance du peuple romain. Le chef de la députation des Helvétiens était ce même Divicon, pour lors presque octogénaire, qui commandait l'armée des Tigurins à la défaite /18/ du consul L. Cassius. L'intrépide vieillard, encore tout plein du souvenir glorieux de ses succès passés, et méconnaissant la situation bien différente où se trouvait sa nation, entourée d'ennemis, au milieu de peuples dont elle s'était aliéné les sympathies par ses récentes déprédations, osa rappeler au fier proconsul romain la défaite de Cassius et l'humiliation infligée à sa légion par les Tigurins. A ce discours présomptueux du chef de la députation, la pitié chez César fit place à des sentiments moins généreux. Il se réveilla en lui l'ardent désir de venger du même coup l'insulte de la République et sa propre injure, en apaisant en même temps les mânes de ce consul et de Pison, l'aïeul de son beau-père 1 . C'est ainsi que le langage hautain de Divicon fit évanouir tout espoir d'obtenir de César la paix qu'il offrait aux Helvétiens 2 à des conditions bien moins dures que celles qu'ils furent contraints de subir plus tard.

Après la rupture des négociations, les émigrants cherchèrent pendant quinze jours à échapper à la poursuite de César et de son armée, tantôt en changeant brusquement de route pour le lasser, tantôt en se retournant contre l'ennemi et lui faisant face pour l'intimider. Quelques succès remportés sur la cavalerie auxiliaire enflèrent le courage téméraire des Helvétiens 3 ; mais ces succès partiels, bientôt suivis d'une bataille générale et décisive, n'eurent d'autre effet que de retarder de quelques jours une défaite où ceux-ci furent presque anéantis par l'armée romaine.

On combattit avec une opiniâtreté et un acharnement égal /19/ de part et d'autre, depuis le milieu du jour jusque bien avant dans la nuit, et l'intrépidité des vaincus arracha au vainqueur le témoignage consolant que pendant tout le combat « nul ne put voir aucun des adversaires tourner le dos à l'ennemi 1 . »

Cette bataille fut livrée à quatre ou cinq lieues de Bibracte (Autun), chef-lieu des Eduens, entre cette ville et la Saône, vers la fin d'avril. Deux mois environ s'étaient écoulés depuis que les émigrants avaient quitté leur dernière station sur les rives du lac Léman 2 . Les survivants, au nombre d'environ cent trente mille 3 , profitant des ténèbres de la nuit qui avait mis fin au massacre, se retirèrent, marchant jour et nuit dans la direction du nord-est sans prendre de repos. Parvenus le troisième jour dans le territoire des /20/ Lingons (Langrois), ces malheureux fugitifs, épuisés par la fatigue et par le manque de vivres 1 , furent forcés de s'arrêter et bientôt rejoints par l'armée victorieuse des Romains. Dans cet état de dénuement et de détresse, le reste de l'émigration helvétienne dut s'abandonner à la merci du vainqueur 2 .

Après s'être fait livrer des otages, les armes et les transfuges, César reçut la soumisssion absolue et sans condition des Helvétiens et de leurs compagnons d'infortune 3 .

Dans le trouble et la confusion inséparables du désarmement général, un corps de six mille personnes environ, appartenant à la peuplade helvétienne des Verbigènes 4 , tenta de s'échapper du camp à la faveur de la nuit et se dirigea du côté des Vosges et du Rhin; mais César ayant fait suivre les fugitifs, ceux-ci furent promptement ramenés au camp romain et passés par les armes comme déserteurs, ou réduits en eslavage 5 .

Tel fut le dernier épisode du mémorable drame de l'Exode helvétienne. Il jette une ombre sinistre sur le triomphe du grand capitaine.

César ordonna à ses officiers de faire le recensement des débris de l'émigration. Il se trouva que le nombre de ceux qui avaient survécu à la catastrophe, et qu'il reçut à discrétion, était de cent dix mille âmes, tant Helvétiens que Tullingiens et Latobriges, restant de trois cent treize mille /21/ hommes, qui étaient sortis de leur pays 1 . Ensuite il commanda aux Helvétiens de regagner tranquillement le pays qu'ils avaient abandonné et de relever les bourgades (oppida) et les villages qu'ils avaient incendiés. Et comme toutes leurs terres étaient restées en friche depuis l'année précédente, qu'ils avaient consommé leurs provisions et qu'ils se trouvaient menacés de mourir de faim après avoir échappé au fer de l'ennemi, César y pourvut en ordonnant aux Allobroges, dont les Helvétiens devaient côtoyer le territoire pour regagner leur pays, de fournir à ceux-ci du blé en quantité suffisante pour les faire vivre jusqu'à la prochaine récolte 2 . Ces mesures furent dictées au proconsul romain, moins par un sentiment de pitié pour les malheureux qui en étaient l'objet, que par un calcul de politique. César avait compris que si les fertiles contrées abandonnées par les Helvétiens restaient incultes et inhabitées, elles deviendraient bientôt la proie des peuplades germaniques qui se pressaient sur la rive gauche du Rhin et dont il redoutait le voisinage pour la province gallo-romaine et pour ses habitants 3 .

C'est sans doute par suite d'une confusion des temps et des circonstances, qu'on a supposé à tort qu'un traité ou une capitulation était intervenue entre Jules César et les Helvétiens, et curieusement recherché quelles pouvaient avoir été les conditions de ce prétendu traité. Dans l'hypothèse d'un traité d'alliance (fœdus), conclu entre le sénat romain et les Helvétiens antérieurement à la guerre de l'émigration 4 , /22/ cette guerre aurait rompu l'alliance, qui dès lors restait comme nulle et non avenue. La détresse des Helvétiens, après leur défaite de Bibracte, était telle que ceux-ci durent se rendre à discrétion et se soumettre sans condition aux exigences du vainqueur 1 .

Le nombre des émigrants qui rentrèrent dans leur pays se trouvait réduit au tiers de la population que ce pays nourrissait quoique médiocrement avant l'émigration. Sur deux cent soixante mille Helvétiens, il n'en revint qu'environ quatre vingt-dix mille de tout âge et de tout sexe 2 . Les hommes valides, capables de porter les armes, avaient succombé pour la plupart dans les combats livrés aux Romains; six mille Verbigènes avaient été passés au fil de l'épée, ou perdu la liberté, et la plus grande partie des Tigurins avaient péri au passage de la Saône 3 .

Ainsi réduite, la population helvétienne était insuffisante pour occuper toute l'étendue de son ancien territoire; elle dut nécessairement en abandonner une grande partie et se concentrer dans les cantons de l'est et du nord pour pouvoir défendre efficacement les passages du Rhin contre les Germains, selon la volonté de César 4 . C'est grâce à cette circonstance /23/ politique que les Helvétiens conservèrent leur liberté, leurs usages et la faculté de se gouverner suivant leurs propres lois, même après une expédition dont l'issue avait été si désastreuse pour ce peuple plus courageux que prévoyant.

Quant aux districts occidentaux de l'Helvétie, la population s'y trouva d'autant plus clair-semée qu'elle était plus fortement agglomérée dans les cantons du nord et de l'est, et cet état de choses se prolongea vraisemblablement jusqu'à l'époque où les Romains, s'étant rendus définitivement maîtres des deux bords du Rhin, depuis Basel Augst (Rauricum) jusqu'à Cologne (oppidum Ubiorum), se chargèrent eux-mêmes de la défense des frontières du nord contre les peuples transrhénans 1 . Cette circonstance permit à la population helvétienne de se répandre, de proche en proche, dans les districts du centre et d'occuper de nouveau une partie de l'ancien canton des Tigurins, auquel, depuis leur entière défaite au passage de la Saône, il n'était resté que le nom géographique de Pagus Tigurinorum 2 . Plus tard ce pagus perdit même ce nom lorsqu'Aventicum (Avenches), qui avait été le bourg (oppidum) principal des Tigurins, devint le chef-lieu (caput) de toute la nation helvétienne (civitas Helvetiorum) 3 . Néanmoins cette nation ne paraît pas être devenue assez nombreuse pour avoir pu de nouveau s'étendre jusqu'au bassin du Léman, dont la côte occidentale, comprise entre les cimes du mont Jura et la rive droite du lac et du Rhône, forma dès lors un territoire séparé et /24/ indépendant de l'Helvétie proprement dite et du canton d'Avenches en particulier 1 .

Le bourg de Noviodunum (Nyon), incendié par les Helvétiens au moment de leur sortie du pays, ne se releva de ses ruines que pour prendre un nom et un aspect tout nouveaux et pour recevoir une population latine. En attendant, pendant les neuf années qui s'écoulèrent entre la première et la dernière campagne de Jules César dans les Gaules, ce quartier de pays fut traversé par de nombreux détachements des armées romaines, dont les légions campaient sur les deux versants opposés du Jura, les uns prenant leurs quartiers d'hiver dans le pays des Séquanes, les autres dans le pays des Allobroges sur la rive méridionale du Léman 2 .

L'emplacement occupé par les ruines de Noviodunum réunissait toutes les conditions que les Romains exigeaient pour y établir soit un poste militaire ou une vigie (excubias), soit un camp provisoire (temporaneum castrum), et même une castramétation régulière et permanente (stativa castra 3 ). Cette bourgade primitive était assise sur la crête du plateau que couronnent aujourd'hui la ville vaudoise de Nyon et son château féodal, d'où la vue embrasse les deux rives du Léman et la vieille cité des Allobroges. Ce plateau, terminé d'un côté par un escarpement dont les eaux du lac baignent le pied, se prolonge entre deux cours d'eau, du levant au couchant, sur un espace d'une lieue et demie, et se rattache aux pentes rapides et tapissées de bois de la Dôle, l'une des croupes les plus élevées du mont Jura. Les torrents de l'Asse /25/ et du Corjon 1 venant de la montagne, qui se précipitent vers le lac dans des canaux profondément encaissés, l'un à l'orient, l'autre à l'occident de la colline, complètent la force défensive naturelle de cette position. Ajoutez à tout cela les avantages d'un climat plus tempéré que celui de la plupart des autres cantons de l'ancienne Helvétie, un sol fertile bien qu'alors généralement couvert de forêts séculaires de chênes et de châtaigners, entremêlées de clairières et de pâturages 2 , sans compter les produits abondants de la pêche du lac et de la chasse.

Tous ces avantages réunis n'ont pu échapper à l'expérience consommée des lieutenants de César. Ceux-ci n'auront eu garde de les négliger et surent tirer parti de la position stratégique de Noviodunum, soit pour contenir les tribus helvétiennes dans leurs cantons respectifs et leur ôter les moyens de se joindre aux tentatives de soulèvements des Gaulois, leurs congénères, soit pour assurer la liberté de leurs communications entre les deux versants du mont Jura.

L'expédition de Sergius Galba, envoyé par César avec la 12e légion et un corps nombreux de cavalerie contre les Nantuates et les Véragres 3 , habitant l'extrémité opposée du bassin du Léman, la plaine du Rhône et le revers /26/ septentrional des Alpes pennines 1 , indique suffisamment la volonté bien arrêtée du général romain de compléter la conquête de la Gaule orientale, en se rendant maître des deux bords de ce large bassin, et d'ouvrir une communication directe entre la Cisalpine qui faisait partie de son gouvernement et la Transjurane, en occupant les passages des Alpes pennines (Saint-Bernard) déjà très fréquentés par les marchands italiens qui trafiquaient avec les Belges et les Gaulois 2 .

Bien que le pays des Allobroges (la haute Savoie) fût très voisin de celui qu'habitaient les Nantuates et les Véragres 3 , cependant les premiers étaient séparés des deux derniers peuples par un massif de hautes montagnes qui, d'un côté, plonge dans les eaux du Léman, et s'appuie de l'autre à la chaîne centrale des Alpes, en sorte qu'il n'existait alors aucun moyen de se transporter avec une armée directement du pays des Allobroges, soit chez les Nantuates, soit chez les Véragres 4 . Pour exécuter l'entreprise contre ceux-ci dont il était chargé, le lieutenant de César n'avait d'autre alternative que de se servir de la voie d'eau qui présentait de grandes difficultés pour le transport d'un corps de cavalerie, ou de suivre la route de terre qui longe la côte /27/ septentrionale du lac Léman d'une extrémité à l'autre 1 . C'est cette route par terre que S. Galba a dû suivre avec son armée soit en allant hiverner chez les Véragres, soit en revenant de chez les Nantuates prendre ses cantonnements chez les Allobroges. Or il est expressément dit dans les Commentaires, au sujet de cette expédition, que, dans ce double trajet, Galba ne fit aucune rencontre de nature à entraver la marche de sa légion 2 ; d'où il faut conclure que les Romains étaient, de fait, déjà en possession de la côte septentrionale du Léman et de la rive droite du Rhône, comme de la rive opposée.

Dès lors la colline de Noviodunum dut être occupée par des détachements des légions romaines cantonnées chez les Allobroges aux environs de Genève. Ces détachements étaient chargés de maintenir la liberté des communications entre les pays du nord de la Gaule conquis par César et les provinces du midi; entre la Transalpine et la Cisalpine. Des retranchements formés d'abattis d'arbres avec leurs branches pour contenir la terre des fossés qu'on y entassait, furent construits sur les côtés abordables du plateau; une double rangée de hautes palissades, élevées du côté du lac, complétait cette enceinte fortifiée, destinée à devenir plus tard une colonie romaine.

Cette transformation du camp retranché de Noviodunum /28/ fut retardée de quelques années, d'abord par le soulèvement presque général des peuples de la Gaule 1 , répondant au patriotique appel de Vercingétorix, qui compromit de nouveau toutes les conquêtes des Romains entre le Rhin et la Garonne; ensuite par la guerre civile qui éclata entre César et Pompée 2 . Cette guerre, qui divisa les Romains en deux camps ennemis, obligea le premier à rappeler en Italie les légions qu'il avait laissées dans la Gaule celtique, et notamment celles qui étaient cantonnées sur les bords du Léman 3 . Ces événements contraignirent César à ajourner jusque dans les dernières années de sa dictature les plans qu'il avait formés pour l'organisation des provinces conquises par ses armes, ainsi que le projet d'établir sur les ruines de Noviodunum une colonie de vétérans romains, pour récompenser les guerriers qui l'avaient accompagné dans toutes ses campagnes et avaient contribué à toutes ses victoires./29/

 


 

§ III.

Origine de la colonie romaine d'Equestris ou de Nyon.

Ainsi que l'opinion commune, d'anciennes traditions locales faisaient remonter l'époque de la fondation de la colonie romaine d'Equestris à la dictature de Jules César, et cette opinion était partagée par la plupart des historiens suisses 1 . Elle s'appuyait, non sans raison, sur le nom de Col. Julia Equestris, que les inscriptions romaines des deux premiers siècles trouvées à Nyon et dans ses environs donnent à cette colonie. Or on sait que ce nom sert généralement à distinguer les établissements formés par le dictateur 2 de ceux qui devaient leur existence à Auguste, et qui par contre portent le nom de cet empereur 3 . Cette attribution a donné lieu à des doutes de la part du savant Firmin Abausit, qui se fonde principalement sur la circonstance /30/ que Jules César n'aurait jamais mis le pied sur le sol helvétique 1 .

Mais cette objection n'est rien moins que concluante: le dictateur n'avait nullement besoin de se trouver en personne sur les lieux pour décréter la fondation d'une nouvelle colonie 2 . D'ailleurs qui pourrait affirmer que dans les voyages rapides que César fit, à plusieurs reprises, pour se transporter de sa personne, de la Gaule Belgique dans la Cisalpine, et vice versa, ce conquérant fameux par la rapidité de ses mouvements n'ait jamais traversé la partie méridionale du pays des Helvétiens, soit pour déconcerter les manœuvres des nombreux adversaires qu'il avait à Rome, soit pour rejoindre ses légions cantonnées sur les bords de l'Escaut 3 ? Dans la dernière année de son proconsulat « César, qui venait de repasser de la Grande-Bretagne dans la Belgique avec ses troupes, les laissa dans leurs cantonnements et traversant, avec une escorte de trois cents chevaux, la partie de la Gaule qui longe le Rhin et les Alpes, il se rendit en toute hâte à Ravenne, ville située sur l'Adriatique, à la limite de la province Cisalpine. 4

Ces détails sommaires, qui nous ont été transmis par les écrivains classiques, grecs ou latins, permettent de supposer /31/ avec beaucoup de vraisemblance que, dans cette circonstance urgente, si ce n'est dans les autres, Jules César avait pris le chemin le plus direct pour se transporter des bords de la mer du Nord aux rives de l'Adriatique; c'est-à-dire qu'il traversa le pays des Séquanes, les défilés du mont Jura, et franchit la chaîne centrale des Alpes pour descendre dans les plaines qu'arrose le Pô, lesquelles faisaient partie de son gouvernement proconsulaire.

La même route paraît avoir été suivie, en sens inverse, trois ans plus tard, par Decimus Brutus, l'un des meurtriers du dictateur, lequel proscrit par les triumvirs, et pourchassé dans la Cisalpine par leurs satellites, s'engagea dans le pays des Salasses (val d'Aoste), où il fut rançonné par les habitants 1 . Puis franchissant sous un déguisement les Alpes pennines, il atteignit heureusement, par le défilé du mont Jura, le revers occidental de cette chaîne de montagnes.

Brutus avait pris part à la guerre des Gaules sous Jules César. Plus tard, il fut chargé par le dictateur, en qualité de légat, du gouvernement de la Belgique 2 . Decimus Brutus, arrivé dans le pays des Séquanes, fut trahi par le chef gaulois auquel il s'était confié, lequel, sur l'ordre d'Antoine, lui donna la mort 3 .

Quoique les peuplades barbares qui tenaient les passages du Grand et du Petit Saint-Bernard n'eussent point encore été incorporées à l'empire, néanmoins ces passages étaient /32/ déjà très fréquentés du temps de Jules César, si ce n'est par les légions, du moins par les convois et les trafiquants romains et cisalpins, moyennant une rançon ou des droits de passage onéreux prélevés par les habitants de ces hautes vallées 1 . On ne serait donc nullement fondé à prétendre que César n'a jamais traversé le territoire méridional de l'ancienne Helvétie.

Les doutes du savant bibliothécaire genevois ont été rappelés de nos jours par d'autres historiens suisses non moins justement estimés. Cependant les arguments que ces derniers opposent à l'opinion ancienne sont tirés principalement de l'histoire de l'Helvétie orientale. Ils ne s'appliquent pas positivement aux contrées situées entre le Jura et les Alpes 2 . Or la fondation d'une colonie militaire dans la partie occidentale du territoire occupé par les Helvétiens, avant leur tentative d'émigration, ne doit pas être envisagée seulement au point de vue de l'histoire de ce peuple vaincu, mais aussi par rapport aux mouvements des Allobroges et à la défense de la province romaine.

Le savant auteur du Recueil des inscriptions latines de l'ancienne Helvétie, M. Th. Mommsen 3 , dont le sentiment forme une autorité imposante dans la science épigraphique, a émis en dernier lieu, sur l'époque de la fondation de la colonie Equestre, une troisième opinion intermédiaire entre les deux précédentes, qui sans clore tout à fait la discussion /33/ sur cette question, la réduit à des termes beaucoup plus rapprochés de l'opinion commune.

Considérant le simple nom de Julia Equestrium donné à cette colonie romaine comme un argument positif et un témoignage direct de l'époque de sa fondation 1 , M. Mommsen en conclut « qu'elle a été fondée ou par Jules César lui-même ou sous le dernier triumvirat, mais, en tout cas, avant qu'Octave César eût prit le titre d'Auguste, » qui lui fut décerné par le Sénat, au mois de janvier l'an de Rome 727, soit 27 ans avant l'ère chrétienne 2 .

On s'est prévalu à tort d'une phrase de Dion Cassius pour contester les inductions tirées du nom imposé aux colonies romaines par le Sénat 3 . Mais le passage en question, loin de s'appliquer aux établissements fondés du temps de Jules César et d'Auguste, fait supposer tout au plus que l'usage suivi sous les premiers Césars de donner leur nom aux villes fondées sous leur empire, ne fut guère observé sous leurs successeurs. Nous avons d'ailleurs le témoignage positif d'un auteur plus ancien, qui, en parlant des colonies civiles établies sous la république par le Sénat, dit « que les colonies militaires fondées sous les dictateurs (tels que Sylla et Jules César) prenaient généralement le nom illustre de leur fondateur 4 . » /34/

M. Mommsen estime que la colonie Equestre de Nyon a dû être fondée à la même époque, à peu près, que la ville romaine de Lugdunum, aujourd'hui Lyon 1 , bâtie, comme on sait, par L. Munatius Plancus, au confluent du Rhône et de la Saône 2 . Dans une savante Dissertation sur la fameuse inscription de Gaëte, consacrée à la mémoire de ce même Plancus, le docteur C. L. Roth, de Bâle, a démontré que le gouvernement de ce personnage consulaire dans la Gaule celtique commença avant la mort de César, qu'il n'a duré que deux ans, savoir pendant les années 710 et 711 de Rome, et que par conséquent la fondation de la colonie de Lyon, que cette inscription attribue à Plancus, ne peut avoir eu lieu que dans la première année de son gouvernement 3 . Dans cette remarquable dissertation, M. le docteur Roth, parlant de la colonie Equestre de Nyon, attribue sans hésiter à Jules César la fondation de cette colonie romaine sur le sol de l'Helvétie et lui assigne même une date un peu plus ancienne, en faisant remonter cette fondation à l'avant-dernière année du proconsulat de ce dictateur dans les Gaules 4 , après la guerre de Vercingétorix et la chute d'Alesia (l'an 703 de Rome). /35/

C'est ainsi que nous sommes ramenés par l'érudition de MM. Mommsen et K. L. Roth, qui s'accordent tous deux sur le point principal 1 , à l'opinion traditionnelle et commune contre laquelle des objections purement négatives, comme celle du savant bibliothécaire genevois, pourraient d'autant moins se soutenir qu'on aurait à leur opposer le témoignage des anciens 2 . Du reste, cette opinion est de tout point conforme à ce que l'histoire et les monuments anciens nous apprennent du système suivi par Jules César pour consolider la conquête des Gaules, et pour la rendre définitive. Ce système consistait principalement à étendre un réseau de colonies militaires sur les provinces nouvellement conquises, et dont les légions romaines occupaient déjà les pnsitions stratégiques les plus importantes.

Pendant les neuf années de son gouvernement des Gaules, César, dans les intervalles que lui laissait la guerre, avait employé ses troupes à fortifier ses positions, et à ouvrir entre elles des voies de communication par eau et par terre, dans tous les pays arrosés par le Rhône, la Saône et la Loire, la Meuse et la rive gauche du Rhin 3 , qu'il avait franchis deux fois à la tête de ses légions. Les camps retranchés (præsidia, castra stativa) pouvaient suffire a maintenir les cités gauloises dans le devoir et les peuples dans l'obéissance aussi longtemps que ces camps étaient garnis de nombreuses cohortes romaines qui y prenaient leurs quartiers d'hiver; mais lorsque la guerre civile entre César et Pompée eut obligé le premier à rappeler de la Gaule la /36/ meilleure partie de ses légions 1 pour les conduire aux victoires de Pharsale, de Thapsus et de Munda, le système des garnisons et des camps permanents se montra insuffisant pour assujettir les populations gauloises à la domination romaine. Le dictateur résolut d'étendre à la Gaule transalpine le système des colonies militaires, appliqué depuis peu d'années avec un plein succès à la Gaule cisalpine 2 . Ce système devait d'autant mieux lui convenir, que ces nouveaux établissements lui procuraient en même temps les moyens de récompenser les légionnaires qui avaient fini leur temps de service.

En subjuguant les peuples de la Gaule par la force des armes, Jules César avait suivi l'usage des Romains de s'approprier une partie du territoire du peuple vaincu, soit pour y bâtir de nouvelles villes, soit pour établir dans les villes déjà existantes une colonie de citoyens romains 3 . L'application de ce système avait déjà reçu un commencement d'exécution dans la province Narbonnaise et Viennoise 4 . Lorsque la guerre civile éclata, elle obligea César à /37/ ajourner ses plans de colonisation dans la Gaule ultérieure. Il y revint avec ardeur, dans les dernières années de sa vie, après avoir triomphé de tous ses rivaux. Pour encourager les légions qui l'avaient fidèlement servi dans ses campagnes, et pour se concilier celles qui s'étaient rangées dans le parti contraire, l'habile dictateur avait promis aux légionnaires qui auraient fini leur temps de service de leur distribuer les terres conquises sur l'ennemi ou confisquées sur ses adversaires. Non content d'avoir distribué, pendant sa dictature, quatre-vingt mille citoyens romains dans les villes et établissements maritimes de la Grèce, de l'Afrique, de l'Espagne et de la Narbonnaise 1 , Jules César avait assigné à d'autres légionnaires des terres situées dans la Gaule ultérieure et dans l'île de Bretagne, pour y fonder de nouvelles colonies 2 .

Au moment d'entreprendre une nouvelle campagne contre les Parthes, le dictateur avait nommé pour deux ans les gouverneurs des Gaules cisalpine et transalpine, ainsi que les chefs chargés de conduire les colons à leur destination et de présider à leur installation dans les nouvelles colonies 3 . Huit ou dix mille de ces nouveaux colons se trouvaient à Rome au moment où César fut assassiné en plein Sénat par les conjurés 4 .

Les uns, après être allés prendre possession des terres qui leur avaient été assignées par le dictateur, étaient revenus /38/ à Rome pour faire cortége au triomphateur avant son départ pour la guerre des Parthes; les autres, récemment licenciés du service militaire, étaient venus se faire inscrire pour de nouvelles colonies 1 . La présence de ces vétérans dans la ville éternelle contribua à augmenter la perplexité du Sénat ainsi que la confusion où ce sinistre événement jeta la République 2 . Ajournant la vindicte du meurtre de César, son bienfaiteur et son collègue dans le consulat, Marc Antoine obtint du Sénat un décret par lequel la République ratifiait tous les actes administratifs du dictateur. En même temps un second décret fut rendu par cette assemblée pour les chefs des colonies, afin de leur confirmer les concessions qui leur avaient été faites par Jules César 3 .

Ces particularités de l'histoire romaine, qu'il était nécessaire de rappeler ici, servent à expliquer comment plusieurs établissements coloniaux fondés dans la Gaule sous le 2e triumvirat, et dans les premières années de l'empire d'Auguste, peuvent cependant faire remonter leur fondation à la dictature de Jules César. Le cas s'applique particulièrement aux colonies qui portent le nom de famille ou de tribu (gentis nomen) de ce dictateur 4 . Octavius, l'héritier de son nom et de sa puissance, avait à peine atteint sa dix-neuvième année 5 , lorsque César mourut sous le poignard de Brutus et /39/ de ses complices. Octave ne possédait pas le génie créateur et hors ligne qui immortalisa le nom du célèbre dictateur, mais il était doué d'une prudence et d'une sagesse précoces qui lui en tinrent lieu 1 .

Dans les premières années de son triumvirat, il n'eut rien de plus à cœur que de venger le meurtre de César, de suivre les plans qu'il lui avait tracés et de faire exécuter ses engagements envers ses amis et les légionnaires, compagnons de ses nombreuses et brillantes victoires 2 .

Quoi qu'il en soit, il résulterait, d'un simple rapprochechement de circonstances et de dates, que si Jules César ne présida pas lui-même à l'installation des colonies militaires établies à Nyon (Equestris), à Lyon (Lugdunum) et dans le pays des Rauraques 3 , l'initiative de ces fondations doit être attribuée à ce dictateur, plutôt qu'à son successeur, qui ne fut que l'exécuteur des dernières volontés de son père adoptif. Autre chose, en effet, était le décret des consuls ou du sénat qui assignait des terres conquises aux vétérans, ou qui prescrivait la fondation de nouvelles colonies militaires dans les provinces, et autre chose l'installation de ces colonies par des magistrats délégués à cet effet (ad colonias deducendas). Entre ces deux actes un laps de temps plus ou moins long pouvait s'écouler par suite de circonstances fortuites, telles qu'une guerre civile ou un soulèvement dans les provinces.

Ce fut ce qui arriva du temps de Jules César, lorsque ce lui-ci eut quitté le gouvernement des Gaules, pour la dictature. /40/ Profitant de son départ et du retrait successif de la majeure partie des légions 1 que le dictateur avait rappelées en Italie pour les opposer à ses adversaires, les Gaulois se livrèrent à divers mouvements insurrectionnels. Feignant d'embrasser le parti de Pompée, les Marseillais fermèrent leurs portes à César 2 . Les peuples des Alpes maritimes d'un côté, et de l'autre ceux qui habitaient sur la rive droite du Rhône 3 embrassèrent le même parti et interceptèrent les convois venant du nord ou de l'est.

L'esprit de révolte et d'indépendance gagna les Allobroges, dont les belliqueuses tribus vivaient dispersées dans les hautes vallées du Graisivaudan et de la Savoie 4 . Ils descendirent de leurs montagnes, se jetèrent dans la plaine du Rhône, chassèrent de leurs demeures les colons romains et finirent par s'emparer de la ville de Vienne, d'où ils expulsèrent les partisans du dictateur 5 . Cette prise d'armes des Allobroges entraîna plus tard la défection d'un corps de cavalerie gauloise commandé par deux princes allobroges que César avait emmenés avec lui en Orient et qui, sous un prétexte frivole, passèrent de son camp dans celui de Pompée, à la veille de la bataille de Pharsale 6 . /41/

Le contre-coup de ces mouvements insurrectionnels des populations de la Gaule méridionale paraît avoir été ressenti plus ou moins fortement par celles de la Gaule ultérieure ou rhénane. Tandis que César poursuivait en Afrique les débris de la faction pompéienne, les Bellovaques (peuple belge du nord-est de la Gaule) avaient ouvertement levé l'étendard de l'indépendance; la révolte se serait étendue de ce côté aux peuplades gauloises et semi-germaines des bords du Rhin si D. Brutus, lieutenant de Jules César, n'eût promptement réprimé par la force des armes l'insurrection des Bellovaques 1 . Les succès de Brutus dans la Gaule orientale répandirent une terreur salutaire parmi les populations de ces contrées; elles se hâtèrent d'envoyer des députations aux gouverneurs des provinces transalpines pour les assurer de leur soumission aux volontés du dictateur 2 . Dans les intervalles de la guerre civile, et après avoir triomphé de tous ses rivaux, César avait en passant infligé un châtiment rigoureux aux populations de la Transalpine qui s'étaient livrées contre lui ou ses lieutenants à des actes d'hostilité; la cité de Marseille, réduite à se mettre à son entière discrétion, avait déjà reçu dans ses forts deux légions romaines 3 . Il décréta en même temps l'établissement, dans la Gaule méridionale, de plusieurs colonies de vétérans qui furent installées pendant sa dictature 4 . Enfin, il voulut qu'un monument dressé sur une des /42/ places publiques de Nîmes perpétuât la mémoire du nouveau triomphe remporté par ses armes sur les Gaulois insoumis, et sur les Allobroges en particulier 1 .

C'est à la suite de ces mouvements, et pour en prévenir le retour, que le dictateur paraît avoir décidé la fondation des nouvelles colonies militaires dont nous avons parlé plus haut, et entre autres celle de la colonie Equestre de Nyon 2 .

Si l'on pouvait s'en rapporter à un monument commémoratif qui paraît avoir existé jadis à Versoix 3 , sur la rive septentrionale du lac Léman, dans le voisinage de Nyon, on serait conduit à fixer la fondation de cette colonie à l'an 45 avant la naissance de Jésus-Christ, sous le 4e consulat de Jules César, soit à l'an 709 de Rome.

Ce monument lapidaire, érigé en mémoire d'une victoire remportée sur les Allobroges par le consul Quintus Fabius Maximus, portait une inscription latine de trois lignes 4 : /43/ Les auteurs modernes, tels que l'illustre J. Gasp. Orelli et M. Th. Mommsen 1 , qui rapportent cette inscription d'après Grüter (406), la tiennent pour très suspecte. Ils supposent qu'il est question du célèbre Quintus Fabius Maximus Aimilianus, qui fut élevé au consulat l'an de Rome 633 2 et qui reçut le surnom d'Allobrogique pour avoir triomphé de Bituit, chef des Arvernes et des Allobroges; il réunit le territoire de ce dernier peuple au territoire de la République 3 .

Cependant, en rapprochant l'inscription de Versoix du monument de Nîmes cité plus haut, où il est fait mention d'une victoire remportée sur les mêmes Allobroges par Jules César ou par ses lieutenants, au retour de sa dernière campagne en Espagne (an 709 de Rome) et en se rappelant les circonstances qui provoquèrent ce nouveau fait d'armes accompli par les Romains contre les Allobroges et les Arécomiques révoltés, on serait fondé à en conclure que le Quintus Fabius Maximus dont il est fait mention dans l'inscription de Versoix est un personnage fort différent de celui qui reçut du Sénat le surnom d'Allobrogique et qu'il s'agit d'un autre Fabius, moins célèbre dans l'histoire romaine et vivant environ un siècle plus tard sous la dictature de Jules César.

Les Fastes consulaires nous apprennent, en effet, que le dictateur, ayant déposé la charge de consul qu'il occupait pour la quatrième fois, se donna pour successeur dans le consulat Quintus Fabius, fils de Quintus et petit-fils de Quintus Maximus 4 . Ce nouveau consul, qui paraît avoir /44/ été le petit-fils du premier conquérant des Allobroges, mourut dans l'exercice de sa magistrature, et César lui substitua Caius Canninus Rebillus 1 . Il suivrait de là que les objections qui ont été faites contre la sincérité de l'inscription de Versoix ne sont pas suffisantes pour la faire rejeter parmi les monuments supposés et il faudra du moins reconnaître que les circonstances auxquelles cette inscription semble se rapporter s'accorderaient assez bien avec les données positives de l'histoire. En effet, le monument de Nîmes nous apprend que les Allobroges, toujours disposés à se révolter contre la domination romaine 2 , essuyèrent de nouvelles défaites sous la dictature de Jules César.

L'inscription de Versoix indiquerait que ce fut le futur consul Quintus Fabius que le dictateur chargea de châtier cette rébellion et que, dans l'entrefaite, Fabius s'était acquitté de cette tâche avec un succès qui lui valut les honneurs du consulat et du triomphe 3 .

La défection des Allobroges, dont le territoire s'étendait jusqu'à Genève 4 sur la rive méridionale du Léman, avait /45/ compromis l'existence même de la colonie romaine de Nyon arrêtée dans les plans de Jules César, en remplacement des légions qui depuis la défaite des Helvétiens occupaient ce canton.

Le monument élevé par les légionnaires sur la rive septentrionale du Léman en mémoire du vainqueur des Allobroges, Q. Fabius Maximus, était un témoignage public de reconnaissance envers ce personnage consulaire, dont les succès militaires assuraient la tranquillité et le développement paisible de la future colonie.

La malheureuse issue de la tentative faite, cinquante ans auparavant, par les Helvétiens, d'abandonner leur pays pour chercher une nouvelle patrie, fut, comme on sait, l'occasion qui s'offrit à l'ambition de Jules César pour étendre la conquête de la République romaine sur la Gaule entière 1 .

Nommé pour cinq ans par le Sénat proconsul ou gouverneur de la province Cisalpine et de la Narbonnaise 2 , César, informé de l'expédition des Helvétiens, sortis en masse de leurs foyers, s'était mis a leur poursuite avec ses légions, et les ayant rejoints dans le pays des Eduens, il leur avait fait essuyer, non loin de Bibracte (Autun), une sanglante défaite, dans laquelle les deux tiers de cette peuplade belliqueuse autant qu'imprévoyante avaient péri ou avaient été réduits en servitude 3 . Ceux qui échappèrent à ce désastre furent /46/ renvoyés dans leurs foyers, comme un misérable troupeau, contraint par son pasteur de rentrer dans ses étables 1 .

César, prévoyant que si les cantons abandonnés par les Helvétiens demeuraient inoccupés, ils deviendraient bientôt la proie des hordes germaniques qui se pressaient sur la rive droite du Rhin et du lac de Constance, avait mis pour principale condition à la rentrée des émigrants dans leur pays, qu'ils défendraient le passage du Rhin contre les Germains occupant le bord opposé du fleuve 2 .

Il suit de là que les Helvétiens, dont la population se trouvait réduite au tiers de ce qu'elle était avant leur émigration, furent, par le fait de cette réduction et des injonctions du vainqueur, refoulés dans le nord et dans l'est du pays qu'ils occupaient naguère, lequel s'étendait auparavant du Rhin au Rhône et du lac Léman au mont Jura 3 . La partie méridionale et occidentale de ce pays, confinant à celui des Allobroges et des Nantuates, resta pour un temps privée d'habitants et à la disposition des conquérants.

Tel était, du reste, l'usage des peuples de l'antiquité, et des Romains en particulier, que les vaincus devaient abandonner une portion (le tiers) de leur territoire au vainqueur 4 .

L'expédition bien connue de Sergius Galba, lieutenant de César, avec la 12e légion et un corps de cavalerie contre /47/ les Véragres et les Sédunois, peuples du Bas-Valais qui interceptaient le passage du Grand Saint-Bernard dans les Alpes pennines, déjà fréquenté par les marchands Italiens 1 suppose nécessairement que l'une et l'autre rive du lac Léman étaient ouvertes aux libres mouvements des légions romaines 2 .

Le récit détaillé que Jules César nous a laissé de cette expédition dans les Commentaires sur les guerres des Gaules, ne permet guère de doute sur ce point. Ce récit nous apprend que S. Galba, après avoir vaincu les Véragres et les Sédunois, et mis le feu à la bourgade d'Octodurum (Martigny), n'avait pas voulu tenter de nouveau la fortune des armes. Il se retira prudemment, d'abord chez les Nantuates qui habitaient plus bas dans la plaine du Rhône à la tête du lac Léman 3 , d'où il ramena sa légion chez les Allobroges, sans avoir rencontré, dans sa retraite, aucun ennemi qui s'opposât à sa longue marche 4 de plus de cinquante milles romains.

Quoique les cantons habités par les Véragres et les Nantuates fussent limitrophes du pays des Allobroges, néanmoins ceux-ci étaient séparés des premiers par une chaîne de hautes montagnes, qui se prolonge du sud au nord /48/ depuis le massif du mont Blanc jusqu'au lac Léman 1 , de manière à empêcher, dans les mois d'hiver, toute communication directe entre les habitants du Valais et ceux de la haute Savoie; même en été ces communications ne peuvent avoir lieu que par des sentiers tracés au bord des précipices, traversant des cols plus ou moins élevés et couverts de neiges pendant six mois de l'année. Avant l'ouverture de la route moderne du Simplon, aucun chemin praticable pour une légion, composée d'infanterie et de cavalerie, n'existait alors sur la rive méridionale du Léman. Il ne restait donc au général romain d'autre voie à prendre, pour ramener sa légion chez les Allobroges où il hiverna, que celle qui suit le contour de la côte helvétique ou septentrionale de ce vaste bassin, depuis son extrémité orientale jusqu'au pont jeté sur le Rhône à sa sortie du lac vis-à-vis de l'ancienne bourgade allobrogique de Genève, par laquelle S. Galba rentra dans la province romaine 2 .

Au milieu de la fermentation qui régnait parmi les peuples vaincus, mais non entièrement soumis, de la Gaule Belgique 3 , les lieutenants de César, dont l'un, T. Labienus, était cantonné avec plusieurs légions dans la Franche-Comté (Apud Sequanos) 4 , tandis que l'autre, S. Galba, était campé avec la 12e aux environs de Genève (in Allobrogibus) 5 , n'auront pas négligé le soin d'assurer la liberté de leurs communications, en établissant quelque poste militaire /49/ au revers oriental du mont Jura pour garder les passages conduisant du pays des Helvètes dans celui des Séquanes.

La ville ruinée de Noviodunum offrait par sa situation des avantages stratégiques qui ne pouvaient pas avoir échappé au coup d'œil exercé des capitaines romains.


/50/

§ IV.

Installation d'une colonie de vétérans ou Equestris, à Nyon.

L'établissement à Noviodunum, ou Nyon, d'une colonie romaine à la place du camp retranché qui paraît avoir existé auparavant dans cette localité, se liait évidemment, dans les plans de Jules César, à la fondation d'autres établissements militaires, plus ou moins rapprochés du premier, tels que les colonies de Vienne, de Lyon et des Rauraques.

La colonie militaire de Vienne subsistait déjà sous la dictature de ce grand homme 1 . Celle de Lyon (Lugdunum) située au confluent du Rhône et de la Saône, fut fondée l'an 710 de Rome sous le proconsulat de L. Munatius Plancus, dans l'année même de la mort du dictateur, et en même temps que la colonie de Raurica, poste avancé des Romains bâti sur la rive gauche du Rhin, près de Bâle, aux confins des territoires des Séquanes et des Helvétiens, et à l'intersection des chaînes du mont Jura et des Vosges.

La fondation presque simultanée de ces différentes colonies militaires établies sur un sol étranger 2 fut, selon toutes les probabilités, l'effet d'un système arrêté d'avance dans la pensée des chefs de la République; soit pour consolider les conquêtes de Jules César dans la Gaule Chevelue, soit pour /51/ prévenir un retour offensif des peuples vaincus de la Belgique et de l'Helvétie orientale.

Par leur situation plus ou moins rapprochée les unes des autres, ces nouvelles colonies de vétérans pouvaient se secourir mutuellement en moins de deux ou trois journées de marche accélérée 1 , ou se réunir pour la défense des frontières de la province transalpine en cas de soulèvement des Gaulois, qui, bien qu'alliés du peuple romain, se montraient impatients du joug qu'ils avaient dû subir sans l'accepter définitivement. Les Helvétiens réduits au tiers de leur population, après leur défaite par Jules César, avaient abandonné aux Romains la partie de leur ancien territoire située à la frontière occidentale du pays, entre le mont Jura, le lac Léman et le Rhône qui séparait l'Helvétie du pays des Allobroges et de la province romaine 2 .

Genève, l'une des principales villes allobrogiques (oppidum Allobrogum), dominait la rive gauche du Rhône 3 .

Le peuple belliqueux des Allobroges était toujours prêt a se soulever contre la domination des proconsuls de Rome 4 , auxquels ils n'obéissaient qu'à regret. Il importait aux Césars de mettre entre eux et les peuples voisins indépendants des barrières infranchissables. Ce qu'était la colonie romaine de Lyon (Lugdunum) établie par L. Munatius Plancus (43 ans avant Jésus-Christ), entre les Ségusiaves et les Allobroges, /52/ la colonie Equestre de Nyon, fondée un peu plus tard, le fut entre ceux-ci et les Helvétiens. — Cette nouvelle colonie romaine eut une double destination, savoir de retenir les Allobroges dans la soumission, et de prévenir de la part des Helvétiens domptés, mais non encore incorporés à la République romaine, toute tentative nouvelle d'émigration. — En obligeant ceux-ci, après leur défaite, à rentrer dans leurs anciens cantons, Jules César, prévoyant que si ces cantons restaient déserts, ils seraient bientôt occupés par les Germains, avait imposé aux Helvétiens, entre autres conditions, celle de défendre leur territoire contre les peuples d'outre-Rhin 1 . La colonie Equestre ou de Nyon, formée de cavaliers (Equites) romains émérites, comme semble l'indiquer l'épithète d'Equestrium que portent les inscriptions du haut empire, fut, dans l'origine, un établissement militaire indépendant de l'autorité civile, ayant son territoire propre et ne se rattachant en aucune façon aux provinces voisines, tandis que Genève et les Allobroges ressortissaient civilement de la Narbonnaise, comme le montrent évidemment les colonnes milliaires trouvées à Genève et sur la rive gauche du Rhône, qui portent la distance de Vienne, tandis que celles qu'on trouve sur la rive droite du fleuve portent la distance de la colonie Equestre 2 .

Dans l'organisation primitive de la Gaule romaine en quatre grandes divisions politiques ou régions, faite par Auguste (an. 27 avant Jésus-Christ), l'Helvétie, ainsi que la colonie Equestre, fit partie de la Belgique 3 , et, lorsque, /53/ plus tard, sous l'empereur Gratien, vers la fin du IVe siècle de notre ère, la Gaule fut divisée en dix-sept provinces, cette colonie, de même que toute l'Helvétie, fut réunie à la grande Séquanaise (Maxima Sequanorum); tandis que Genève et la rive gauche du lac Léman et du Rhône continuèrent de dépendre de la Viennoise. En effet, les notices de l'empire placent la colonie Equestre ou de Nyon (Colonia Julia Equestrium, sive Niviodunum) et le pagus du même nom (Civitas Equestrium), dans la Séquanaise, dont Besançon (Visuntio) était la métropole 1 . La ville même d'Equestris (Noviodunum, aujourd'hui Nyon) figure dans les Itinéraires romains et dans la Table théodosienne comme station intermédiaire entre Genève (Genava) et Lausanne (Lausonna) 2 . — Par contre, la ville de Genève et son territoire (Civitas Genavensium) est rangée dans ces mêmes notices parmi les cités qui dépendaient de la province et de la métropole de Vienne 3 , d'où il suit que, jusqu'à la chute de l'empire romain en Occident, les rives opposées du lac Léman et du Rhône restèrent constamment séparées sous le rapport de la hiérarchie ecclésiastique et civile.

Un grand nombre d'inscriptions latines, remontant au Ier siècle de l'ère chretienne 4 , et plusieurs pierres milliaires /54/ trouvées à Nyon et dans les environs de cette petite ville, prouvent que le territoire propre (territorium, pagus) de la colonie romaine d'Equestre s'étendait sur le versant oriental du Jura, tout le long du Rhône et du lac, depuis le village de Collonges au pays de Gex 1 en remontant vers le nord, jusqu'à la rivière de l'Aubonne et même au delà, entre cette rivière et la Venoge. Des monuments lapidaires de cette dernière espèce, recueillis à Prevessin, à Versoix et à Lavigny, sur la rive gauche de l'Aubonne, portant la distance du chef-lieu, soit de la colonie Equestre 2 , ne permettent guère de restreindre à une moindre étendue le territoire démembré de l'ancienne Helvétie, et assigné par les Romains à cette colonie naissante.

On sait que les colonies romaines, constituées par le Sénat, à l'image de Rome, dont elles étaient un essaim transporté sur un sol étranger, recevaient leurs lois civiles et religieuses de la métropole et en relevaient directement. Elles jouissaient de tous les priviléges de la mère-patrie, à l'exception des droits politiques, qui ne pouvaient être exercés qu'à Rome même. A cela près, les colonies, de même que les municipes, formaient des corporations libres (ordo, curta) qui se gouvernaient par des magistrats élus dans leur propre sein 3 .

La colonie ou le municipe romain avait des duumvirs 4 , /55/ magistrats élus dans l'assemblée de la curie chargée de la gestion des biens et des revenus de la communauté, et de l'administration de la cité et de son territoire; un préfet de police judiciaire (prefectus municipalis) 1 ; un édile (ædilis) 2 ou maisonneur, qui présidait à l'entretien des édifices publics et à la salubrité de la ville; un avoué (causidicus civitati) 3 défenseur des droits et des intérêts de la communauté; enfin des flamines ou prêtres 4 , chargés du culte public et de l'entretien des édifices religieux. — C'est à cause de ces priviléges municipaux et de la dignité de sa magistrature, que la colonie Equestre fut, plus tard, rangée dans la catégorie des cités (civitates) transalpines, et qu'elle fut désignée dans les monuments publics sous le nom de Civitas Equestrium site Noviodunum 5 , après que toutes les différences qui existaient auparavant entre les municipes, les colonies et les préfectures eurent disparu dans l'empire romain. Cette qualification de Civitas, attribuée à l'ancienne Equestris, a fait supposer que la ville de Nyon avait été autrefois le siége d'un évêché particulier, transféré plus tard à Bellay, supposition qu'on examinera.


/56/

NOTE ADDITIONNELLE

sur une inscription latine recueillie au XVIe siècle à Versoix, sur les bords du lac Léman

.

Parmi les inscriptions romaines ou latines de la Confédération helvétique, consignées dans les recueils de J. G. Orelli et de M. Th. Mommsen, il s'en trouve plusieurs qui avaient été découvertes aux environs de Versoix, sur la rive septentrionale du Léman. Quelques-unes ont été transportées à Genève où elles figurent parmi les antiquités romaines conservées dans cette ville 1 ; d'autres ont entièrement disparu. Au nombre de celles-ci on doit compter un monument lapidaire consacré à la mémoire d'une victoire remportée sur les Allobroges par un personnage de la famille consulaire des Fabius.

L'inscription gravée sur ce monument portait, sur trois lignes:

Q. FABIO MAXVM:
ALLOBROG. VICTOR..
R. C. 2

Elle avait été recueillie au XVIe siècle par J. Grüter (mort /57/ en 1627), qui la tenait du savant jurisconsulte allemand, M. Freher, son contemporain 1 . Ce monument, signalé par le savant Orelli, comme supposé, a été, en dernier lieu, rejeté par M. Mommsen parmi les inscriptions fausses.

Cependant les raisons alléguées par ces savants, dont le jugement fait, à juste titre, autorité dans ces matières, ne nous ont pas paru assez décisives pour ne pas mériter un nouvel examen.

L'illustre Orelli, rendu défiant par son savoir et par l'expérience, dit, à propos du monument de Versoix, « qu'il paraît être du nombre de ceux qui ont été subtilement composés, au XVIe et au XVIIe siècle, par des érudits d'une sincérité douteuse 2 . — M. Mommsen, adoptant le sentiment d'Orelli, et supposant que les mots Allobrogum Victori ne peuvent concerner que le célèbre consul Q. Fabius, bien connu dans l'histoire par la victoire qu'il remporta sur les Allobroges l'an 633 de Rome 3 , victoire qui lui valut, par la suite, l'épithète d'Allobrogicus, n'admet pas qu'il puisse être question, dans l'inscription de Versoix, d'un autre personnage du même nom, aussi vainqueur des Allobroges, et ne voit dans ce monument qu'un grossier anachronisme, qui décèle la fiction.

Mais, en rapprochant l'inscription en question d'un autre monument élevé dans le forum de Nîmes sous la dictature de Jules César 4 , et de diverses autres données de l'histoire /58/ de la Gaule méridionale de la même époque, on serait conduit peut être à revenir sur le jugement des savants qui condamnent l'inscription de Versoix, et à la restituer parmi les monuments épigraphiques véritables et sincères de la Confédération helvétique.

Malgré le triomphe éclatant remporté par Q. Fabius Maximus sur les Allobroges (121 ans avant Jésus-Christ), ce peuple guerrier et remuant avait, depuis lors, tenté, à diverses reprises, de secouer le joug de la domination romaine 1 . Une première fois, peu de temps après la découverte de la conjuration de Catilina sous le proconsulat du préteur C. Pontinius, qui triompha de cette rébellion, 61 ans avant Jésus-Christ (l'an de Rome 692) 2 . C'est celle dont César fait mention dans ses Commentaires, en parlant de la guerre des Helvètes (58 ans avant Jésus-Christ) et de leurs voisins les Allobroges, « qui, dit-il, étaient depuis peu rentrés dans la soumission 3 . »

Cette première révolte fut suivie, au bout de douze ans, d'une nouvelle insurrection des Allobroges, et d'autres peuplades de la Gaule méridionale, qui, à l'exemple des Massaliotes, se déclarèrent contre Jules César, pendant la guerre civile entre le dictateur et les Pompéiens (49 ans avant Jésus-Christ).

Cette prise d'armes des Allobroges contre César, quoique moins connue dans l'histoire que les précédentes révoltes, est cependant indiquée par divers épisodes des guerres civiles; /59/ tels que la défection de deux des principaux chefs de cette nation, à la veille de la bataille de Pharsale 1 ; la surprise de la métropole de Vienne et l'expulsion des colons latins par les nationaux 2 .

Mais le soulèvement des Allobroges, ainsi que la victoire remportée sur ce peuple rebelle 45 ans avant Jésus-Christ, est constaté, en outre, par l'inscription latine érigée dans l'antique Nemausus (Nîmes), dont on a fait mention plus haut. — Cette inscription, recueillie par les Bénédictins, porte textuellement: « C. Jul. Cæsar, de Galleis et Allobrogibus et Arecomicis triumphavit 3 . » La sincérité de cette inscription n'a pas été mise en doute par les écrivains français. Elle nomme expressément les Allobroges parmi les peuplades de la Gaule méridionale que l'armée de César eut à réprimer au retour de sa dernière campagne d'Espagne.

Cependant, ce monument n'implique pas nécessairement que César ait présidé en personne à cette répression.

Le contraire est tout aussi probable, puisque nous voyons deux de ses principaux compagnons de guerre triompher à Rome, presque en même temps que lui 4 , à l'occasion des victoires remportées dans cette campagne tant en deçà qu'au delà des Pyrénées 5 .

Il n'y aurait donc rien d'extraordinaire à ce que Q. Fabius /60/ Maximus, l'un des collègues du triomphateur, eût été chargé par le dictateur, qui sans doute avait hâte de retourner à Rome, de faire rentrer les Allobroges dans la soumission et de venger l'insulte faite à son autorité. Ce même Quintus Fabius Maximus fut élevé au consulat, l'an 709 de Rome 1 , au retour de cette expédition, lorsque le nouveau dictateur résigna la charge de consul qu'il occupait pour la quatrième fois. Ce Q. Fabius paraît avoir été un petit-fils de l'Allobrogique, avec lequel il semble qu'on l'ait confondu; il mourut dans l'exercice de sa magistrature, vers la fin de la même année 709 (45 ans avant Jésus-Christ) et fut remplacé (suffectus) par C. Caninius Rebilus 2 . Le dernier soulèvement des Allobroges qui occupaient, comme on sait, la rive méridionale du lac Léman jusqu'à Genève 3 , avait compromis l'avenir des vétérans qui, selon les promesses de César, devaient être récompensés de leurs services, par une distribution de terres sur le rivage septentrional du même lac aux environs de Noviodunum (Nyon), où le dictateur projetait, selon toute probabilité, la fondation d'une nouvelle colonie militaire. La victoire remportée sur ce peuple rebelle et le rétablissement de l'autorité romaine sur l'un des bords du lac et du Rhône assuraient la sécurité de l'autre bord, et, par suite, celle des vétérans qui étaient destinés à peupler la nouvelle colonie. Pourrait-on s'étonner que, dans de telles circonstances, ceux-ci eussent érigé un monument au vainqueur de leurs dangereux voisins? /61/

L'inscription de Versoix (Versoya), érigée au consul Q. Fabius Maximus, avait été communiquée dans la seconde moitié du XVIe siècle au philologue J. Gruter, par Fréher, qui lui même en avait probablement reçu le texte de Genève 1 ; avec plusieurs autres qui existaient naguère, dans cette cité, et dont l'authenticité n'est pas mise en doute.

Le recueil de J. Gruter, auquel M. Mommsen rend le témoignage que les inscriptions helvétiques qu'il rapporte sont, en général, suffisamment correctes 2 , avait également reçu mainte communication de nos historiens nationaux, tels que J. Simler et Franç. Guilliman. On se demande quels motifs peuvent avoir porté le savant J. G. Orelli à confondre les érudits que nous venons de citer avec ceux dont il croit pouvoir suspecter la bonne foi 3 .

Quoi qu'il en soit, nous avons cru utile, dans l'intérêt de l'histoire, d'exposer les raisons qui militent en faveur de la sincérité de l'inscription rapportée par J. Gruter 4 . Si cette inscription se trouvait encore à Versoix ou aux environs, la question serait aisément tranchée par la seule inspection du monument. Malheureusement elle a dès longtemps disparu. Cette disparition s'explique du reste très naturellement, par le bouleversement de la localité où elle a été vue.

L'ancien bourg muré et le château de Versoix, aujourd'hui St. Loup, hameau de la commune genevoise de Versoix, étaient situés à un quart de lieue au-dessus de la ville moderne du même nom. /62/

A l'époque des guerres entre le duc de Savoie, Charles Emmanuel, et les Genevois (1582-1593), le duc avait fait élever, à Versoix, une forteresse 1 pour la construction de laquelle on se servit des matériaux de démolition de l'antique château féodal bâti par le comte Pierre au XIIIe siècle. Ce fort fut pris et rasé par les Genevois, qui incendièrent le bourg, au mois de novembre 1589.

Par cette suite de démolitions, de reconstructions et de ruines éprouvées par le vieux bourg de Versoix, plusieurs inscriptions antiques ont pu, tour à tour, être mises au jour et disparaître de nouveau, à l'exception de quelques-unes qui ont été transportées à Genève, où elles se trouvent encore aujourd'hui 2 .

Je ne sais si les conclusions auxquelles j'ai été conduit, sans idées préconçues, par mes recherches sur le comté des Equestres ou de Nyon, l'antique Equestris des Romains, paraîtront de quelque poids aux yeux de juges bien plus compétents que moi en matières d'inscriptions latines. Mais j'ai cru utile de leur exposer ces conclusions, dans le but de provoquer un nouvel examen de la question.

F. de G.


 

/63/

MOYEN AGE.

 

§ I.

La Cité Equestre ou de Nyon a-t-elle été le siège d'un Evêché particulier?

D'après une tradition accréditée par quelques auteurs en renom, la ville de Nyon aurait été dans les derniers temps de la domination romaine le siége d'un évêché particulier qui fut transféré, au Ve siècle, à Belley 1 . Ces auteurs disent que la colonie des Equestres ou de Nyon étant qualifiée de cité (civitas) dans les notices de l'empire, cette cité a dû avoir son évêque suivant la règle générale de la concordance des divisions civiles avec les divisions ecclésiastiques 2 . On explique cette translation du siége épiscopal de Nyon à Belley par l'invasion des barbares qui ravagèrent l'Helvétie sur la fin du IVe siècle et au commencement du Ve, et par la ruine de la cité d'Equestris, qui perdit dans ce désastre jusqu'au nom qu'elle avait reçu des Romains; mais cette explication ne suffit pas pour rendre raison d'une circonstance qui ne s'accorderait guère avec les règles canoniques invoquées par ces auteurs à l'appui de leur opinion. Si le siège /64/ épiscopal de Nyon eût été transféré à Belley à une époque quelconque, l'évêque de cette dernière ville aurait dû conserver l'autorité ecclésiastique sur la ville de Nyon et sur son territoire, comme les évêques de Vindonisse, de Rauricum, d'Aventicum et d'Octodurum, qui, malgré la translation de leur siége à Constance, à Bâle, à Lausanne et à Sion, continuèrent à compter les lieux de leur résidence primitive au nombre de ceux qui restèrent soumis à leur autorité épiscopale. Bien loin de là, il est positif que le territoire de Nyon et la rive droite du lac Léman appartenaient, dès la fin du Ve siècle, au diocèse de Genève; or on sait que l'évêché de Genève relevait de la métropole de Vienne, tandis que l'évêque de Belley a été de tout temps suffragant du métropolitain de Besançon. Il est tout aussi inadmissible de supposer un échange de territoire entre les évêques de Genève et de Belley. Un tel échange aurait eu pour effet de distraire une portion de la province métropolitaine de Besançon pour la faire passer dans le ressort de la province métropolitaine de Vienne, ce qui aurait été absolument contraire aux prescriptions de tous les conciles, à commencer par celui de Calcédoine tenu en 451 1 .

L'histoire des premières fondations monastiques faites dans le Bugey et le mont Jura nous apprend que, sous les rois burgondes et francs de la première race, ces contrées étaient des solitudes incultes et inhabitées (heremus) qui appartenaient au domaine public (fisci dictionis). La légende de St. Domitien, le premier apôtre du Bugey, qui vivait sous l'empereur Valentinien III (450 à 455), mentionne Belley /65/ sous le nom de Bellicensis Castrum 1 . Il nous semble que si cette ville eût été alors le siége d'un évêché, elle aurait été désignée autrement. L'absence d'un évêque de Belley, ou d'un représentant de ce siège aux conciles provinciaux d'Epaone (517), de Lyon (517) et d'Agaune (523) 2 , tenus sous la présidence des métropolitains de Vienne, de Besançon et de Lyon, où assistèrent tous les évêques du premier royaume de Bourgogne, formerait, sinon une preuve, du moins une forte présomption qu'à cette époque cet évêché n'existait pas encore. Le premier évêque de Belley, mentionné aux actes de conciles, est Vincentius, qui souscrivit à ceux de Paris en 552, et à ceux de Lyon en 567 3 .

Les légendes monastiques des Ve et VIe siècles, et entre autres celles de la fondation du monastère de Nantua (Nantoacum), qui eut lieu dans la seconde moitié du VIIe siècle, sous les auspices de St. Amand (Amandus) 4 , nous rappellent qu'il y avait dans ces temps reculés des évêques régionnaires ordonnés par les papes, qui, à l'exemple des apôtres, parcouraient les contrées incultes et sauvages, dont les habitants étaient encore plongés dans le culte de l'idolâtrie ou dans les erreurs de l'arianisme, pour y porter les lumières de la vraie foi. Avant de devenir abbé de Nantua, St. Amand était du nombre de ces évêques (antistes) régionnaires qui n'avaient aucun siège fixe. Il se pourrait qu'un de ces prélats ambulatoires, séjournant à Nyon dans les premiers siècles de l'introduction du christianisme dans l'Helvétie, /66/ ait donné lieu à la tradition dont nous cherchons l'origine.

Suivant l'opinion des auteurs francomtois les plus compétents, tels que MM. Chifflet, D. Ferron, Ed. Clerc et l'abbé Richard, la tradition qui fait de Nyon le siége d'un évêché particulier reposait sur une confusion et sur une erreur populaire 1 . Depuis l'invasion d'Attila en 451 jusqu'à l'épiscopat de Nicet en 590, les évêques de Besançon furent forcés, par la ruine de cette cité, d'abandonner leur métropole et de transférer leur siège ailleurs sans en changer le nom, comme l'attestent les actes des conciles du VIe siècle, où ces évêques continuèrent à souscrire 2 avec le titre canonique d'évêques de Besançon. Amantius, qui, d'après les auteurs que nous venons de citer, a dû occuper le siége de Besançon dans les vingt dernières années du Ve siècle 3 et qui ordonna prêtre St. Lothin, fondateur de plusieurs petits monastères dans la Franche-Comté 4 , s'était, à ce qu'il paraît, retiré sur les bords du lac Léman, à Nyon, où il avait transféré son siége, sans cesser pour cela d'être véritablement évêque métropolitain de Besançon 5 . Il mourut dans cette nouvelle résidence, et son nom fut inscrit dans les anciens martyrologes /67/ où on lit à la date du 6 juillet: « Pridie Nonas Julii Niveduno Amantii antistitis 1 . »

Telle est, à ce que nous pensons, l'explication la plus naturelle d'une tradition ancienne et fort accréditée, mais qui n'a d'ailleurs aucun fondement véritablement historique. Ces explications s'appuient sur des exemples tirés de l'histoire ecclésiastique d'autres contrées de la Gaule. Quintianos, évêque orthodoxe de Rodez, persécuté par les Visigoths ariens, se réfugia à Clermont en Auvergne, où l'évêque reçut le fugitif avec bonté. Il lui donna des maisons, des terres, des vignes, et le retint près de lui en lui disant: « Le bien de cette église suffit pour nous entretenir tous les deux, etc. 2  » Dans une époque moins reculée du moyen âge, à la fin du IXe siècle, les Sarrasins, qui occupaient les Alpes maritimes, ayant pris et saccagé la cité de Grenoble, l'évêque Isaac, suivi de son clergé, dut abandonner son siége épiscopal, et se réfugia dans le diocèse voisin de Vienne, au bourg de St. Donat, dont l'empereur Louis l'aveugle et l'archevêque Barnoin lui cédèrent la propriété 3 . Quand, après plus d'un demi-siècle d'exil, les évêques de Grenoble, qui avaient continué à porter ce titre, purent rentrer dans leur ville épiscopale, ils n'en conservèrent pas moins, pendant fort longtemps, le bourg de St. Donat avec les églises et les terres qui en dépendaient 4 . /68/

Les évêques métropolitains de Besançon n'ont pas dû rencontrer, pendant leur exil sur les bords du lac Léman, un accueil moins favorable de la part des rois burgondes qui régnaient alors sur ces contrées. Il y a donc toute apparence que les archevêques de Besançon tenaient de la libéralité de ces rois ou des évêques de Genève 1 les possessions que ces prélats ont eues de temps immémorial à Nyon et dans ses environs et dont l'origine est inconnue. Elles consistaient dans la propriété de la ville de Nyon et de son territoire immédiat, avec le village autrefois considérable de Promenthoux et des droits de pèche dans le lac Léman, ainsi que la dîme sur une étendue de plus de trois lieues de pays au nord et au sud de la ville de Nyon, depuis le mont Jura jusqu'au lac. Lorsque le régime féodal eut prévalu dans ces contrées, c'est-à-dire à la fin du XIe ou au commencement du XIIe siècle, les propriétés de l'archevêque de Besançon, en deçà du mont Jura, devinrent des fiefs dont les tenanciers prêtaient hommage à l'archevêque 2 .

Ajoutons, pour l'intelligence des renseignements qui précèdent, que dès la fin du Ve siècle, ou plus positivement dès le commencement du VIe, Nyon et ses environs étaient du ressort ecclésiastique de l'évêque de Genève, dont le diocèse se prolongeait sur la rive septentrionale du lac Léman et du Rhône jusqu'aux sommités du mont Jura; l'autorité spirituelle de cet évêque s'étendait sur l'ancien territoire de la colonie des Equestres, comme le prouve la charte de fondation /69/ du monastère de St. Maurice d'Agaune par Sigismond, roi des Burgondes en 516. Cette charte fameuse indique deux endroits, savoir: le village de Commugny entre Nyon et Coppet, sur le bord septentrional du lac, et celui de Marin sur le bord méridional, près de Thonon, comme appartenant l'un et l'autre au diocèse (pagus) de Genève 1 .

L'histoire de la vie de St. Romain et Lupicin, fondateurs de plusieurs monastères dans les déserts du mont Jura au Ve siècle, et entre autres de celui de St. Claude (Contadiscensis), le plus célèbre d'entre eux, peut servir à rendre compte de cette extension du diocèse de Genève sur la rive droite du lac et du Rhône aux dépens du territoire helvétien et des bornes naturelles du diocèse d'Avenches. On raconte 2 qu'après avoir essayé pendant quelques années de pourvoir par eux-mêmes à leurs besoins et à ceux des nombreux acolytes que les malheurs de ces temps calamiteux et les incursions des peuplades germaniques poussaient dans ces retraites désertes et incultes, St. Lupicin se rendit au près de Hilperic, chef ou roi des Burgondes et patrice romain, qui résidait à Genève, et sollicita sa bienfaisance. Ce patrice (père de Clotilde, reine des Francs, et de Sedeleube, première fondatrice du prieuré de St. Victor de Genève) 3 , octroya au nouvel abbé de Condat ou St. Oyans, une rente annuelle de trois cents muids (modios) de blé, de trois cents mesures de vin et de cent deniers d'or, pour la subsistance et le vêtement des religieux de son couvent. Les rentes en /70/ nature et en argent se prélevaient encore sur les terres du fisc (ex fisci ditionibus) vers la fin du VIe siècle, sous les rois mérovingiens, ainsi que l'affirme le célèbre auteur de l'histoire ecclésiastique des Francs 1 . Suivant toute apparence, les terres du fisc, dont il est parlé dans le passage ci-dessus de Grégoire de Tours, étaient situées sur les pentes fertiles soit en blé soit en vin 2 qui du mont Jura descendent vers le lac Léman et le Rhône. Cette conjecture s'appuie, d'un côté, sur le voisinage de Condat, et de l'autre sur les propriétés considérables que le monastère de St. Oyans ou de St. Claude avait dans ces quartiers. Les rentes assignées sur le fisc royal par les premiers rois burgondes furent sans doute converties par leurs successeurs en terres, dont se composèrent plus tard les prieurés de Prengins, de Nyon, de Genollier, de Divonne et de Sessy dans le pays de Gex 3 , appartenant naguère à l'abbaye de St. Claude.

Parmi les disciples les plus fervents de St. Romain et Lupicin se trouvaient deux jeunes citoyens de la cité des Equestres ou de Nyon, qui, après la ruine de leur ville natale, s'étaient retirés dans ce nouveau monastère 4 .

Il est très probable que ce fut dans les 50 ou 60 années qui s'écoulèrent entre les dernières invasions germaniques et la restauration de la cité de Genève par le roi Gondebaud, vers la fin du Ve siècle 5 , que les évêques de cette cité /71/ étendirent leur autorité spirituelle sur une partie de la rive droite du lac Léman et du Rhône. D'un autre côté, Prothasius, évêque d'Avenches (Aventicensis) sur la fin du même siècle ou dans les premières années du VIe, entreprit de rebâtir l'église de Lausanne, et se transporta à cet effet dans les forêts du Jura, sur les confins du diocèse de Genève, sous le motif apparent de faire marquer les bois nécessaires pour cette reconstruction 1 , ou plutôt, à ce que nous croyons, pour faire acte de possession et empêcher les évêques de Genève de s'étendre davantage aux dépens de son propre diocèse. Dès lors la petite rivière de l'Aubonne (qui prend sa source près du village de Bière [Bieri], au pied des montagnes du Jura, et qui coule dans le lac Léman, après avoir passé sous le bourg d'Aubonne, qu'elle laisse à sa droite), forma la limite des deux évêchés limitrophes de Genève et d'Avenches ou de Lausanne.

L'assignation de rentes foncières en blé et en vin faite aux monastères du mont Jura par le patrice Hilperic, ainsi que la charte de dotation de la célèbre abbaye de St. Maurice d'Agaune par le roi Sigismond en 516, nous autorise à admettre comme un fait démontré que le territoire de l'ancienne colonie des Equestres ou de Nyon avait passé en majeure partie dans le domaine des rois burgondes, après la destruction de cette colonie romaine dont les débris paraissent avoir servi à la restauration de la cité de Genève par le roi Gondebaud 2 . Ce territoire tomba du domaine de ces rois dans celui des ducs et des patrices de Bourgogne /72/ qui gouvernaient les contrées ultra-juranes au nom des rois francs de la première race 1 . Sous la seconde race qui substitua aux ducs institués par les Mérovingiens, des comtes (comites) dont l'autorité civile et politique s'étendait, concurremment avec l'autorité spirituelle des évêques, sur tout un diocèse épiscopal, le petit pays (pagus minor, vicaria, pagellus) des Equestres a dû faire partie du grand comté (pagus, comitatus) de Genève 2 .


 

/73/

§ II.

Le comté des Equestres, subdivision civile du diocèse de Genève; sa situation, son étendue.

Après la dissolution de l'empire carlovingien et la fondation du troisième et dernier royaume de Bourgogne par les Rodolphiens 1 , le pays des Equestres ou de Nyon fut détaché du grand pagus ou comté de Genève, pour former une préfecture ou un comté (comitatus) particulier. Les souverains de cette nouvelle dynastie, éclairés par l'expérience du passé, suivirent une politique qui tendait à restreindre le pouvoir des grands vassaux de la couronne. Dans ce but ils multiplièrent le nombre des divisions politiques et administratives (ministeria, comitatus) dans leurs états, aux dépens des anciens comtés carlovingiens. Ceux-ci furent partagés, et leurs subdivisions territoriales (vicariæ, centenæ) élevées au rang de préfectures ou de comtés (comitatus), gouvernées par des comtes (comites) particuliers 2 , investis des mêmes attributions que les grands comtes institués par Charlemagne.

C'est ainsi que le diocèse de Lausanne (pagus Ultrajuranus ou Waldensis) forma, sous les Rodolphiens, au moins /74/ trois comtés distincts: le comté de Vaud (comitatus Waldensis) proprement dit; le comté d'Avenches ou de Vully (comitatus Vuisliacensis), et le comté de Bargen (comitatus Bargensis) sur la rive gauche de l'Aar 1 .

Quant au grand comté carlovingien de Genève, le comte Manassès, qui vivait sous l'empereur Charles le Gros (mort en janvier 888) et sous le roi Rodolphe Ier décédé en 893, paraît avoir été le dernier de ces comtes qui ait gouverné le comté dans son ancienne étendue. Après sa mort, survenue dans les dernières années du IXe siècle 2 , le comté de Genève fut divisé en deux comtés, savoir, le comté de Genève proprement dit (comitatus Gebenensis) sur le côté méridional du lac Léman, et le comté des Equestres (comitatus Equestricus) sur la côte septentrionale de ce lac et sur la rive droite du Rhône.

Ces démembrements des comtés carlovingiens s'effectuèrent sans toucher à l'autorité spirituelle des évêques sur leurs diocèses respectifs dont la circonscription ne fut point changée, en sorte que le territoire du comté des Equestres continua à faire partie du diocèse de Genève comme auparavant 3 . Si l'on demande pourquoi ce nouveau comté reçut la dénomination romaine de la cité des Equestres, plutôt que celui de la ville de Nyon (Nividunum), nous répondrons que cette ville n'était pas encore sortie de ses ruines, /75/ et ne fut rebâtie que deux siècles plus tard sous son nom primitif 1 .

L'existence du comté des Equestres comme division civile et politique du diocèse de Genève est prouvée par de nombreux documents depuis les premières années du Xe siècle, entre autres par une charte du roi Rodolphe II de l'année 926, sur laquelle nous reviendrons plus loin 2 . La situation géographique de ce comté sur le versant méridional et oriental du mont Jura, à l'extrémité du bassin inférieur du Léman, indique assez clairement quelles étaient ses bornes naturelles. Puisqu'il faisait partie du diocèse épiscopal de Genève, on ne peut pas admettre que, du côté du nord et du nord-est, le comté des Equestres se prolongeât au delà des limites du diocèse de Genève, que l'Aubonne séparait de l'évéché de Lausanne 3 . On peut encore moins supposer que ce comté se prolongeât au delà des cimes élevées du mont Jura, dont le versant opposé dépendait du diocèse de Besançon. Il est moins aisé de déterminer l'étendue du comté des Equestres du côté de Genève et au sud-ouest, le long du Rhône depuis la sortie du lac Léman. Il semble que l'extrémité de la chaîne du Jura, qui forme avec le mont du Wuache une gorge étroite appelée le pas de l'Ecluse (Clusa /76/ de Jais), au travers de laquelle le Rhône coule entre deux hautes parois de rochers, constituait une borne naturelle que ce comté n'a pas dû franchir. Mais ces indications générales ne suffisent pas pour fixer les bornes et la circonscription territoriale de cet ancien comté, d'autant moins que ces bornes ont disparu sous l'action du régime féodal, qui a eu pour effet d'effacer les traces des divisions civiles et politiques des âges précédents.

On a vu par la charte de Rodolphe II, de l'année 926, que le pays (pagus) Equestris formait un comté (comitatus) séparé, gouverné par des comtes particuliers.

Cette charte, remarquable a plusieurs égards, nous montre qu'Anselme, comte des Equestres (comes de pago Equestrico), tenait régulièrement les assises publiques (mallum, placitum) de son comté, dans le bourg (vicus) de St. Gervais, hors des murs de la cité de Genève 1 . On doit en conclure que ce quartier de la ville, qui est situé sur la rive droite du Rhône, appartenait alors au comté des Equestres, quoique plus tard ce faubourg ait été compris dans l'enceinte de Genève. Le Rhône à sa sortie du lac séparait donc les deux comtés limitrophes de Genève et des Equestres, et il en était vraisemblablement de même jusqu'au pas de l'Ecluse 2 .

La charte de dotation du prieuré de St. Pierre de Satigny (Satinialis) par la comtesse Eldegarde, nomme, entre autres localités comprises dans le comté des Equestres (in pago /77/ Equestrico), Collonges (Calaoige ou Calaonge), Logras (Logratis), Felgeres (Felgerias), etc. 1 , villages de l'arrondissement actuel de Gex, qui tous sont situés sur la rive droite du Rhône et à quelques kilomètres seulement du défilé de l'Ecluse. La même charte nomme encore Satigny (Satiniatis), Chouly (Cauliaco) et Peicy (Pelciaco) 2 , dans le ci-devant mandement de Peney, qui formait, sur la rive droite, dans le pays de Gex, une enclave appartenant à la république de Genève.

Parmi les documents des Xe et XIe siècles qui nomment le comté des Equestres, on n'en trouve aucun qui fasse mention d'une seule localité située soit sur la rive gauche du Rhône, soit au delà du pas de l'Ecluse.

Suivant la charte de donation du comte Albitius au monastère de Nantua, faite vers l'an 933 environ 3 , de ses propriétés allodiales dans la Michaille (in Vallom Michaliæ); à Saint-Germain de Joux (Sanctus Germanus), à Echallon (Escalonem), ces localités sont indiquées comme étant dans le diocèse de Lyon (in pago Lugdunensis) et non dans celui de Genève. Il suit de là que la Michaille jusqu'à la petite rivière de la Semine, qui sépare l'arrondissement de Nantua de celui de Gex, appartenait au comté de Varey (comitatus /78/ Varesinus), subdivision politique du Lyonnais 1 . On en conclut que ces solitudes désertes ne faisaient point partie intégrante du comté des Equestres, quoique plus tard on trouve des seigneurs de Châtillon, de Michaille, au nombre des vassaux de la baronnie de Gex.

Quant à la vallée de Chèzery (Vallis Cesarea ou Chesarea) et à la vallée de Mijoux (de Medio Jure) 2 , arrosée par la Sérine (Serona), qui coule dans un vallon resserré entre les hautes montagnes séparant le comté de Bourgogne du pays de Gex et se jette dans le Rhône à Bellegarde au-dessous du défilé de l'Ecluse, elles étaient encore incultes et inhabitées au XIe siècle, et comme telles ces vallées étaient censées dépendre du domaine public de l'état. Cependant elles faisaient virtuellement partie du diocèse de Genève et conséquemment du comté des Equestres.

En remontant les bords du Rhône et du lac Léman, on trouve, sur la rive droite et au pied du Jura, les localités suivantes appartenant au comté des Equestres aux Xe et XIe siècles: Dardagny, Russin, St Jean de Gonville, Versoy (castrum vocatum Versoi), Ecogne, Commugny, Mouret près Grilly, Crans, Avenex et Eysins près de Nyon, la Rippe, Cheserex près de Gingins, Bursins près de Rolle, Gimel, et enfin le village de Bougy (villa Balgello) près d'Aubonne, à la limite du comté. /79/

En résumé, le comté des Equestres ou de Nyon avait pour limites, au nord la rivière de l'Aubonne, au sud le pas de l'Ecluse 1 , à l'est le lac Léman et le Rhône, et à l'ouest la seconde chaîne du mont Jura. Ce comté confinait à celui de Vaud (comitatus Valdensis) d'un côté, et de l'autre au comté de Genève (comitatus Genevensis). Le mont Jura séparait le comté des Equestres du comté de Scoding 2 dans le diocèse de Besançon, et du canton de Nantua (comitatus Varesinus) 3 dans le diocèse de Lyon. Enfin, en comparant le comté civil des Equestres aux subdivisions ecclésiastiques de l'évêché de Genève, dont il dépendait pour le spirituel, on trouve que ce comté répondait au décanat d'outre-Rhône (decanatus Ultra Rhodani) appelé plus tard décanat d'Aubonne ou de Gex, à l'exception de quelques paroisses de ce décanat situées au delà du pas de l'Ecluse dans la Michaille 4 . La petite ville d'Aubonne, sur la rivière du même nom, était du diocèse de Genève, tandis que le village de Lavigny, qui est sur la rive gauche, appartient au diocèse de Lausanne 5 .


 

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§ III.

Comtes ou préfets du comté des Equestres, sous les Rodolphiens.

Le comté des Equestres existe sous ce nom, comme subdivision civile et politique du royaume de Bourgogne Jurane, jusqu'à la fin du XIIe siècle 1 . Il fut gouverné, jusqu'à l'extinction de la dynastie royale des Rodolphiens, par des comtes ou préfets particuliers. Ces comtes, dont la dignité était devenue peu à peu héréditaire de fait, mais non de droit, pouvaient être révoqués de leurs fonctions publiques par le souverain 2 et remplacés par d'autres fonctionnaires du même rang. On ne peut donc pas conclure de la succession chronologique de ces comtes dans un même pagus à la succession dynastique de personnages appartenant à une même lignée, à moins d'avoir des preuves directes de leur parenté, telles que celles qu'à défaut des noms de familles on peut tirer de la possession des bénéfices héréditaires ou des alleux. /81/

Les chartes nous ont conservé les noms de quelques-uns des comtes qui ont gouverné le comté des Equestres sous les Rodolphiens.

Le premier en date est, suivant nous, le comte Ayrbert dont la veuve Eldegarde fonda et dota en 912 1 le prieuré de St. Pierre de Satigny, à deux lieues de Genève, dans le comté des Equestres (« Ecclesia ac domus Beati Petri apostoli sita apud villam Satiniatis que est in pago Equestrico »), pour s'acquitter du vœu et des dernières volontés de son mari (post votum et fideicommissum jugalis mei quondam) surpris peu de temps auparavant par une mort prématurée.

La donatrice eut soin de se réserver, sa vie durant, la jouissance des biens et des serfs qu'elle donnait au prieuré de Satigny, et s'engagea à en payer un cens de cinq sols à l'église de St. Pierre de Genève, à laquelle elle soumit à perpétuité le prieuré, soit à l'évêque Riculphus, qui succéda à Franco sur le siége épiscopal de Genève, entre les années 908 et 912 2 . /82/

Quelques auteurs, entre autres Guichenon et Levrier, ont cru qu'Ayrbert était comte de Genève, mais il est à remarquer que tous les biens que la comtesse Eldegarde, sa veuve, donna au prieuré de Satigny et qui lui avaient été assignés pour son douaire par le comte Ayrbert, son mari, étaient situés sur la rive droite du Rhône, in pago Equestrico, qui formait un comté particulier comme le montre le plaît tenu à St. Gervais dont on parle plus haut. Ajoutons que le comte Ayrbert fut enseveli dans l'église de Satigny, où sa veuve choisit elle-même sa sépulture 1 , et non dans l'église cathédrale de St. Pierre, où ce comte aurait eu sans doute son tombeau s'il avait été comte de Genève.

Ayrbert eut pour successeur dans le comté des Equestres un comte Anselme (Anselmus comes de pago Equestrico) 2 , qui rendit comme comte du pays, conjointement avec Hugues, comte du Palais (Hugo, comes palati regis), un jugement solennel au bourg de St. Gervais, hors des murs de Genève, dans la cause d'une veuve nommée Bertagia et de son fils Alteus, que d'avides collatéraux avaient dépouillés de leur héritage, situé au village d'Avenex près de Nyon, /83/ dans le comté des Equestres 1 , sous le prétexte que cette femme n'avait pas été légalement mariée au père de son enfant et que celui-ci n'était qu'un bâtard. Dans sa détresse elle avait imploré la justice du roi Rodolphe II, pendant qu'il faisait sa résidence au manoir royal de Kerzers (Castris villa) près de Morat. Sur quoi le monarque avait ordonné à Anselme, comte des Equestres, ainsi qu'à Hugues, comte du palais 2 , de mettre le séquestre sur les biens en litige et d'ajourner les parties à comparaître aux prochaines assises du comté des Equestres 3 . Au jour fixé pour les plaîts aux assises, les comtes Hugues et Anselme se transportèrent au bourg de St. Gervais, alors séparé de la ville de Genève et l'un des endroits du comté des Equestres où les juges et les jurés de la cour des plaîts avaient coutume de s'assembler pour rendre publiquement la justice 4 . Le comte palatin Hugues siégeait en qualité de juge des causes portées devant le roi, et le comte Anselme comme juge du ressort dans lequel les propriétés contestées se trouvaient situées. Les parties ajournées ayant comparu, on procéda au jugement de la cause touchant l'héritage de Bertagia d'Avenex suivant les formes usitées dans ces temps reculés. Le procès-verbal du jugement rendu à cette occasion rappelle sommairement les /84/ formalités suivies dans ce curieux procès digne de l'attention des jurisconsultes qui s'occupent de la jurisprudence du moyen âge. Il nous suffira de dire que le jugement rendu par les comtes Hugues et Anselme fut tout à l'avantage de la veuve et de l'orphelin, et que ceux-ci furent remis en possession de leur héritage par le juge inférieur résidant à Avenex, délégué à cet effet par le comte Anselme 1 , ensuite de la sentence prononcée à St. Gervais.

Anselme, comte des Equestres, qu'il ne faut pas confondre avec un autre Anselme, à la même époque évêque et comte de la cité d'Aoste 2 , assista en 928 à l'élection de l'évêque Libon, qui succéda sur le siége de Lausanne à l'évêque Boson, mort l'année précédente 3 . Cette élection eut lieu dans une grande assemblée de prélats et de comtes de la Transjurane, convoquée à Chavornay par le roi Rodolphe II. Dans cette assemblée figuraient parmi les prélats, l'archevêque de Besançon et l'évéque Adalgandus de Genève 4 , et parmi les seigneurs, les comtes Widdo, Anselme et Engelsac. Le comte Anselme jouit de la faveur du roi Conrad le pacifique comme il avait joui de celle du roi Rodolphe II, son père, mort en 937 5 .

Dans une assemblée des comtes cis et transjurains que le jeune monarque tint dans le Viennois au printemps de /85/ l'an 943, notre comte Anselme se trouva présent avec son frère Odolric, qui porte aussi le titre de comte (comes) 1 . Cette circonstance est une nouvelle preuve que le comte Ayrbert fut le prédécesseur d'Anselme dans le comté des Equestres ou de Nyon, et non pas son successeur, comme on l'avait supposé.

Nous voyons encore un comte Anselme paraître comme avoué de Magnerius, évêque de Lausanne, qui occupa le siége épiscopal de cette ville dès l'an 947 à l'an 968 2 . Il assista en cette qualité à une donation que cet évêque fit à son chapitre du village de Tolochenaz, dans le mois de février de l'année 961 3 . On sait que les évêques étaient dans l'usage de se choisir un avoué (advocatus) parmi les seigneurs puissants d'un comté voisin, pour protéger leur indépendance à l'égard des comtes du pays, avec lesquels ils ne vivaient pas toujours dans la meilleure intelligence. Le comté de Vaud, dans lequel se trouvait le village de Tolochenaz (près de Morges), était alors gouverné par un comte Henry, qui signa comme témoin la donation de l'évêque Magnerius 4 . Nous n'hésitons pas à reconnaître dans le comte Anselme le comte des Equestres dont nous venons de parler. Ce comte décéda vraisemblablement dans la même année (961) ou au commencement de la suivante; car son /86/ nom ne se trouve point parmi ceux des comtes transjurains qui souscrivirent en grand nombre les actes de la fondation du monastère de Payerne par la reine Berthe, datés de Lausanne, du premier d'avril (962) 1 .

Plus tard, mais toujours sous le règne de Conrad le Pacifique, ce roi de Bourgogne qui disposait des biens de l'abbaye royale de St. Maurice comme des domaines de sa couronne, cette abbaye fit un échange de fonds situés à Gimel, dans le comté des Equestres 2 , contre d'autres fonds situés dans le même comté, ou dans un quartier voisin situé dans le comté de Vaud 3 . Cet échange porte la souscription de deux comtes transjurains, dont le premier est nommé Annon (Anno comes) et le second Adalbert (Adalbertus comes). De ces deux comtes l'un devait être, selon l'usage, comte du pagus où les fonds aliénés par l'abbaye de St. Maurice étaient situés; et comme on a lieu de croire qu'Adalbert était comte du pays de Vaud, Annon, dont le nom véritable, qui se trouve comme beaucoup d'autres altéré par les compilateurs ou copistes du cartulaire d'Agaune, paraît être Aymon (Aimo), aurait été comte des Equestres ou de Nyon. La date de la charte en question manque dans le Cartulaire, mais on y supplée en observant qu'elle fut stipulée avec le consentement du roi Conrad, par l'archevêque de Lyon, /87/ Burchard II, son fils naturel 1 , pendant que ce prélat faisait provisoirement les fonctions de prévôt (prepositum) d'Agaune, mais avant qu'il eût été formellement investi, par le roi son père, de la prévôté (prepositura) de ce monastère, ce qui n'eut lieu que dans l'année 982 ou 983 2 . Quoi qu'il en soit, nous pensons que, tandis que le siége épiscopal de Genève était occupé par l'évêque Gérold ou Bérold, qui figure comme chancelier du roi Conrad en 961 3 et dans les années suivantes, qu'Adalgaldus était comte de Genève 4 et Adalbert, comte de Vaud, Aymon était apparemment comte des Equestres.

Le roi Conrad mourut en 993, après avoir tenu pendant plus d'un demi-siècle le sceptre de la Bourgogne cis et transjurane. Rodolphe III, son fils et son successeur, dominé par les évêques et les ecclésiastiques alliés à la famille royale, que le roi son père avait enrichis sans leur laisser prendre un ascendant trop décidé dans le gouvernement de l'Etat, voulut diminuer les prérogatives des seigneurs laïques au profil des ecclésiastiques 5 . Tout son règne fut rempli par des intrigues de cour et des révoltes. L'impératrice Adélaïde, tante du roi, fut obligée d'intervenir pour rétablir la paix, en ménageant un accommodement entre le roi son neveu et les grands vassaux 6 . Il en résulta plusieurs changements /88/ dans le personnel des comtes transjurains, comme dans l'étendue de leur juridiction et de leurs prérogatives. Néanmoins la circonscription territoriale des pagi et des comtés resta telle qu'elle était auparavant.

Sur la fin du Xe siècle le pays des Equestres était gouverné par un comte Amalric, qui paraît avoir été chef de l'ancienne et noble maison des seigneurs de Mont (de Montibus) à la Côte. Cette conjecture s'appuie sur deux chartes concernant une donation faite par le prêtre Marin au couvent de Romainmotier en 996 et confirmée plus tard par le roi Rodolphe 1 . Le prêtre Marin, voulant disposer de ses biens-fonds au village de Bougel (Villa Balgedelo), dans le comté des Equestres (in comitatu Equestrico) 2 , se présenta, avec son avoué nommé Milon, au château de Mont (Vico S. Mariæ que dicitur Castello Mont), en déclarant son intention d'en faire don au couvent de Romainmotier, soit à St. Odillon, nouvellement élu abbé de Cluny; ajoutant qu'il fait cette donation pour le remède de l'âme de son seigneur (le comte) Almaric (pro remedio anime senioris mei Amalrici) 3 . Le prêtre Marin ne donne pas à Amalric le titre de comte, mais il le qualifie de senior, titre qui n'appartenait alors qu'aux comtes, et nous verrons tout à l'heure qu'il l'était réellement; pour le moment, nous nous bornons à /89/ constater qu'il faisait sa résidence au château de Mont, d'où la charte en question est datée 1 .

A 5 ou 6 ans de là le roi Rodolphe résidait dans sa ferme d'Eysins, au comté des Equestres (in comitatu Equestrico, in villa Osineo); le prêtre Marin se présenta avec son avoué, pour confirmer devant le roi et toute sa cour la donation 2 qu'il avait faite naguère au couvent de Romainmotier. Le roi ayant fait lire la charte de donation par Hugues, évêque de Sion, la confirma en présence des évêques et des seigneurs de sa cour, qui se trouvaient rassemblés en grand nombre autour de sa personne, et dont les noms sont mentionnés au pied de la charte royale 3 .

Le comte Amalric (Amalricus comes) et son frère Adalgandus sont nommés les premiers après les évêques, le comte du palais Adalbert et son neveu Robert de Genève. Ce comte Amalric avait alors deux fils, Robert et Vuibert ou Vmbert, qui figurent dans l'acte de donation du prêtre Marin après les comtes, parmi les seigneurs non titrés du pays 4 .

Ces circonstances réunies et la présence de toute la famille d'Amalric au plaît royal d'Eysins ne pourraient guère s'expliquer autrement qu'en admettant, avec nous, /90/ qu'Amalric était comte des Equestres. Le village d'Eysins (Osineo) 1 est situé à trois quarts de lieue à l'ouest de la ville de Nyon, qui a été rebâtie plus tard sur les ruines de l'ancienne colonie des Equestres.

Le comte Manassès qui figure avec Robert, son neveu, parmi les comtes assistant au plaît d'Eysins 2 , est considéré par quelques auteurs comme comte de Savoie, sur le fondement d'un échange que le comte et la comtesse Ermengarde, sa femme, firent vers l'an 994 avec l'évêque Humbert de Grenoble, d'un territoire situé dans le comté de Savoie (in comitatu Savoyensi), contre un autre situé dans le Genevois (in pago Genevense) autour de la montagne des Voirons, entre la rivière de Menoge au levant, le lac Léman au couchant, la Drance au septentrion et l'Arve au midi 3 . Mais il n'est guère probable qu'un comte de Savoie eût abandonné à l'évêque de Grenoble ses domaines dans le comté de ce nom, pour d'autres situés dans le comté de Genève. Ce comte Manassès paraît plutôt appartenir à la dynastie des sires de Coligny, dont le premier du nom, qui vivait en 974, sous le roi Conrad le Pacifique, est titré de comte (comes) du pays de Revermont (pagus Reversimontis) 4 . Quoi qu'il en soit, le comte Manassès paraît avoir été privé d'enfants mâles, et ce fut son neveu (nepos) 5 , Robert, fils /91/ de Conon, qui hérita de ses possessions dans le comté de Genève. Ce comte Robert est bien connu dans les annales de Genève comme bienfaiteur du prieure de Pellionex, fondé par l'évêque Girold dont on a parlé. Les domaines dont il dota ce prieuré en 1019 ou 1020 1 étaient situés entre le Môle et les Voirons, c'est-à-dire dans le voisinage de ceux dont le comte Manassès avait acquis l'usufruit de l'évêque de Grenoble, environ 25 ans auparavant.

Quant au comté de Vaud (C. Vualdensis), il était gouverné, dans les dernières années du Xe siècle et au commencement du XIe , par un comte Teudon, qui paraît déjà dans une charte de l'an 990 environ, par laquelle l'abbaye de St. Maurice d'Agaune fit un échange de biens-fonds dans le comté de Vaud 2 . Il assista au plaît d'Eysins en 1002, où il est nommé après le comte Amalric 3 , et ce comte Teudon pourrait bien être le même personnage qu'un certain Tuto dont il est parlé dans une charte du roi Rodolphe III, de l'an 1009, comme ayant encouru le bannissement et la confiscation de ses biens pour crime de rébellion et de complot contre la vie du roi 4 . Quoi qu'il en soit, le comte Teudon eut pour successeur dans le comté de Vaud un comte Lambert qui figure avec Adalbert, son frère, au plaît d'Eysins de l'an /92/ 1002 sans aucun titre, mais qui en 1009 paraît avec le titre de comte (Lambertus comes) dans une charte du roi Rodolphe concernant le prieuré de Romainmotier 1 .

Dans l'entrefaite, le comte Amalric avait eu pour successeur dans le comté des Equestres ou de Nyon, un comte Ambert, entre les mains duquel un nommé Ratcherius promit de restituer à l'abbé Odillon de Cluny, soit au couvent de Romainmotier, les biens que le prêtre Marin lui avait donnés en 996, à Bougel, dans le comté des Equestres 2 , et reçut en échange d'autres biens de ce couvent situés à Germagny et à Tartegnin, dans le même comté 3 . On a cru reconnaître dans ce comte Umbert le célèbre Humbert aux blanches mains, souche de la maison de Savoie 4 . Rodolphe III, privé d'enfants légitimes, venait de reconnaître pour son successeur à la couronne de Bourgogne l'empereur Henri II, son neveu, en l'associant au gouvernement de ses états 5 . Cette démarche avait excité un grand mécontentement parmi les grands de la Transjurane; plusieurs d'entre eux eurent recours aux armes pour obliger le roi à révoquer la donation qu'il avait faite à l'empereur 6 .

Dans ce conflit, où le parti du vieux roi fut appuyé par une armée allemande 7 , plusieurs seigneurs du pays romand /93/ furent dépouillés des dignités et des offices qu'ils tenaient de la couronne et remplacés par d'autres personnages du même rang.

Dans ces circonstances, le gouvernement du comté des Equestres peut avoir été confié momentanément au comte Humbert aux blanches mains, qui aurait reçu le désistement de Ratcherius 1 ; mais il n'en est pas moins certain que les fils du comte Amalric succédèrent à leur père, si ce n'est dans le gouvernement du comté, au moins dans les grands domaines qu'il possédait dans le pays des Equestres. Robert, l'un des fils de ce comte 2 , fut la souche des puissants seigneurs ou dynastes de Mont (de Montibus), dont les domaines s'étendaient aux pieds du Jura, sur les riches vignobles de la Côte, dans la partie septentrionale de l'ancien comté des Equestres ou de Nyon.

Robert, dynaste ou seigneur dominant (Vassus dominicus), dominus des Monts de la Côte, vivait dans les dernières années du règne de Rodolphe III, qui prit fin en 1032. Il eut plusieurs fils, dont l'un nommé Amalric ou Amaury, comme son aïeul, fit avec le couvent de Romainmotier un échange de vignes et de champs à Bursins (in comitatu Equestrico) contre d'autres situés dans le même vignoble 3 . Il se pourrait donc que, dans l'acte de l'an 1018 cité plus /94/ haut, on dût lire: Vuibertus au lieu de Umbertus 1 , ou que ces noms pris l'un pour l'autre dussent s'entendre du même personnage. Dans ce cas probable, ce serait le comte Vuibert, frère de Robert de Mont et fils du comte Amalric, qui aurait succédé à son père dans le gouvernement du comté des Equestres. Si ce comté se fût trouvé en la possession du comte Humbert aux blanches mains en 1018 et au moment de l'extinction de la dynastie royale des Rodolphiens, il s'y serait sans doute maintenu, ce personnage ayant joui également de la faveur du vieux roi Rodolphe III, de la reine Ermengarde sa veuve, de l'empereur Henri II et de Conrad le Salique, héritiers du royaume de Bourgogne; mais loin de là il s'écoule un laps de temps de plus de deux siècles avant que la maison royale de Savoie acquière aucune possession entre le Jura et le lac Léman.


 

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§ IV.

Démembrement du comté des Equestres ou de Nyon.

Après la mort du dernier roi de Bourgogne de la dynastie des Rodolphiens (6 septembre 1032), plusieurs prétendants disputèrent sa succession à l'empereur Conrad le Salique, que le roi défunt avait désigné pour son successeur au trône de la Transjurane 1 .

Odon ou Eudes II, dit le Champenois, fils de Berthe, sœur aînée du roi Rodolphe III, et d'Eudes Ier, comte de Blois, son premier mari, s'empara d'une partie de la Bourgogne transjurane et se maintint pendant deux ans dans le château de Morat 2 . Le prince Gérold, fils d'une autre Berthe, nièce du feu roi Rodolphe, et l'archevêque de Lyon Burchard III, dit le Jeune, qui était en même temps abbé de St. Maurice d'Agaune, refusèrent de reconnaître Conrad comme roi de Bourgogne, se fortifièrent dans les murs de Genève 3 et se rendirent maîtres de tout le pays entre le Rhône, le lac Léman et les Alpes. La plupart des seigneurs du pays romand se rangèrent sous la bannière de ces chefs et opposèrent, pendant quelques années, à l'empereur Conrad le Salique une résistance que ce monarque ne put vaincre qu'avec /96/ l'aide des armées allemandes et lombardes. Eudes le Champenois ayant été tué dans un combat livré au duc de Lorraine en 1037 1 , la mort de ce prince délivra Conrad du seul concurrent qui, par son degré de parenté plus proche avec le feu roi, pût sérieusement lui disputer la couronne. L'année suivante l'empereur, ayant assemblé à Soleure les prélats et les seigneurs de la Transjurane, fit couronner son fils Henri à peine âgé de 21 ans, comme roi de Bourgogne 2 , par sa mère l'impératrice Gisèle, fille de Gerberge, seconde sœur de Rodolphe III 3 . Le jeune Henri était petit-neveu du dernier roi et la plupart des seigneurs transjurains le reconnurent pour leur souverain dans cette assemblée.

L'avénement de cette nouvelle dynastie, étrangère au pays, auquel elle s'était imposée en quelque sorte par la force des armes, fut suivi de changements nombreux et importants, tant sous le rapport du gouvernement intérieur de la Transjurane qu'à l'égard des personnes qui étaient en possession des principaux emplois de l'Etat sous les souverains de la dynastie nationale 4 .

Les anciennes divisions civiles et politiques du royaume en comtés (comitatus) subsistèrent, mais les liens administratifs et judiciaires qui existaient auparavant entre les comtes (comites) et les habitants du même comté, furent dissous ou changèrent de nature.

Ce changement entraîna à sa suite des modifications /97/ importantes dans la condition des personnes et des propriétés.

L'empereur Conrad II, après avoir dompté la résistance des grands vassaux et des seigneurs de la Bourgogne romande, avait consacré, par une loi générale, l'hérédité des bénéfices et des offices 1 , qui jusqu'alors étaient demeurés révocables en droit, et ne passaient aux héritiers que sous le placet ou le bon plaisir du prince qui les avait concédés 2 . Cette loi célèbre, rendue par l'empereur en 1037, opéra une véritable révolution dans la constitution de la propriété territoriale et devint la base fondamentale du régime féodal qui bientôt prévalut dans la plupart des états continentaux.

A côté des possessions de l'Eglise, des monastères et des grands propriétaires laïques, la Transjurane comptait beaucoup de propriétés allodiales de moyenne étendue, dont les possesseurs, hommes libres et francs, étaient en pleine possession de tous les droits civiques (homines ingenui et suæ potestatis) et constituaient le fond de la population active de chaque canton. C'est ce que démontrent un grand nombre d'actes de ventes, d'échanges et de donations pieuses librement faites aux églises et aux couvents par cette classe de propriétaires dans les Xe et XIe siècles 3 . En décrétant l'hérédité des bénéfices de toute nature, la nouvelle loi impériale mise en vigueur d'abord dans la Bourgogne allemande /98/ et plus tard dans la Bourgogne romande, fit disparaître insensiblement la différence essentielle qui existait naguère entre les propriétés concédées et les biens allodiaux. Peu à peu les petits alleux disparurent et les seigneurs concentrèrent dans leurs mains tous les pouvoirs sociaux, publics et privés. L'autorité du souverain absent devint purement nominale. Morcelés par les grandes seigneuries ecclésiastiques et dynastiques à peu près totalement indépendantes qui s'étaient élevées dans leur sein, les anciens comtés provinciaux furent dissous et ne subsistèrent plus que de nom et comme expression purement topographique. Tous ces changements s'accomplirent dans l'intervalle qui s'écoula entre la mort du dernier roi de la dynastie rodolphienne et la fin du XIe siècle.

C'est de cette époque que date le démembrement du comté des Equestres ou de Nyon, ainsi que l'origine des grandes seigneuries féodales ou baronnies d'Aubonne (Albonæ), de Mont (de Montibus), de Prangins (de Pringino), de Divonne (de Divonna) et de Gex (de Jaz ou Jais), formées aux dépens de son ancien territoire. Les donjons qui donnèrent leur nom à ces différentes baronnies, s'élevèrent à l'ombre des clochers des églises et des abbayes qui tenaient de la munificence des rois et de la piété des fidèles de nombreuses possessions dans ces quartiers plantureux.

Outre les possessions de l'abbaye de St. Oyans de Joux, ou de St. Claude, et du monastère royal de St. Maurice d'Agaune, dont nous avons parlé, et qui remontaient au temps des premiers rois burgondes, l'église épiscopale de Lausanne et les prieurés de Romainmotier et de Payerne possédaient aussi des domaines plus ou moins considérables dans l'ancien comté des Equestres, domaines qu'ils devaient /99/ en majeure partie aux bienfaits des rois rodolphiens. A ces diverses possessions il faut ajouter celles du chapitre de St. Pierre et de l'évêque de Genève, dont l'autorité spirituelle s'étendait sur le bord septentrional du lac jusqu'à la rivière de l'Aubonne, ainsi que les domaines de St. Victor dépendants de l'abbaye de Cluny.

Toutes ces possessions ecclésiastiques et monastiques, qui jouissaient sous les rois et les empereurs du privilége de l'immunité, soit de l'exemption de l'ordinaire diocésain, soit de la juridiction comitale, devinrent, sous le régime féodal, de petites seigneuries indépendantes, enclavées dans le territoire des Equestres, où les abbés et prieurs exerçaient par leurs officiers une sorte de justice volante sur leurs sujets respectifs, à l'exclusion de toute justice séculière et des pouvoirs publics du pays.

L'empereur Henri III, dit le Noir, mourut en 1056, laissant son fils Henri IV, âgé de six ans, sous la tutèle de l'impératrice Agnès, sa mère, veuve de l'empereur défunt. Cette princesse, à laquelle on disputait le gouvernement de l'état pendant la minorité de son fils, chercha un appui dans la personne du duc de Souabe ou d'Allemanie, Rodolphe de Rheinfelden. Elle fiança à ce prince sa fille Mathilde, sœur cadette du jeune empereur, et lui donna pour dot le gouvernement de la Transjurane avec le titre de duc et de recteur du royaume de Bourgogne 1 .

Ce prince, ainsi que ses successeurs, le duc Berthod de Souabe, son fils, et Berthod de Zæhringen, son gendre, rencontra parmi la plupart des seigneurs et des prélats transjurains, une opposition tout aussi forte et tout aussi /100/ persévérante que celle qu'ils avaient faite naguère contre la dynastie impériale d'Allemagne 1 . Par contre, l'évêque et les comtes de Maurienne, l'évêque et les comtes de Genève, ainsi que les dynastes de Faucigny qui avaient contracté des alliances matrimoniales avec le duc de Souabe, embrassèrent le parti du nouveau recteur de Bourgogne. Ils lui restèrent fidèles ainsi qu'à sa famille lorsque la guerre eut éclaté, à l'occasion des investitures, entre l'empereur Henri IV et le pape Grégoire VII, et que le duc Rodolphe, qui se déclara pour le pape contre l'empereur, eut été tué sur un champ de bataille en 1080 2 .

On donne au duc Rodolphe trois femmes, dont la dernière Adélaïde, fille d'Odon, comte de Maurienne, et d'Adélaïde, marquise de Suze, lui survécut 3 . De sa première femme, dont le nom est incertain, il avait eu une fille nommée Tiedberge 4 , mariée en premières noces à Louis, premier dynaste de Faucigny, et en secondes noces à Gérold, premier comte héréditaire de Genève 5 . Le service que ces princes rendirent à l'anti-César en interceptant à l'empereur Henri les passages des Alpes, leur valut un accroissement de territoire et de puissance qui se soutint plus ou moins pendant toute la durée du rectorat de la maison de Zæhringen, /101/ héritière de celle de Rheinfelden. Tandis que les comtes de Maurienne étendaient leur domination dans la province d'Agaune et dans les vallées d'Aulps et d'Abondance, et que les sires de Faucigny se rendaient indépendants dans leurs domaines, le comte de Genève faisait reconnaître son autorité dans la partie occidentale du comté des Equestres qui, dès lors, fut virtuellement annexé au comté de Genève, tout en demeurant cependant un territoire distinct, connu par la suite sous le nom de pays de Gex.

L'autorité ecclésiastique que l'évêque de Genève Guy de Faucigny, frère utérin du comte Aymon, exerçait sur la rive droite du Rhône et du lac Léman jusqu'à la rivière de l'Aubonne, procura à ce comte, fils et successeur de Gérold Ier, de grandes facilités pour consolider le pouvoir qu'il tenait des recteurs dans l'ancien comté des Equestres, dont le territoire se trouvait fractionné entre un grand nombre de seigneurs ecclésiastiques et laïques.

Dès la fin du Xe siècle la suprématie du comte Aymon paraît complétement établie dans le pays de Gex, depuis le Pas de l'Ecluse jusqu'à la Versoye, à en juger par une charte de ce comte en faveur de l'abbaye de St. Oyans de Joux ou de St. Claude, de l'an 1091 1 . Guy (Widdo), évêque de Genève, à la recommandation du comte Aymon (rogante Aymone Genevensium comes), ayant donné à cette abbaye le patronage et les bénéfices de l'église de Cessy (Seyssicencis ecclesia) 2 , ce comte concéda à l'abbé Hunald Ier la faculté /102/ de recevoir les donations que les possesseurs libres et ingénus (quos ab ingenuis hominibus) habitants dans le ressort de la juridiction de Cessy (in potestate Seyssiacensi) avaient faites ou pourraient faire à l'avenir de leurs alleux (alodis) à son abbaye, sous la réserve que si les moines de St. Claude faisaient cultiver leurs domaines par des hommes de condition libre (rusticanis), ces hommes seraient tenus de se présenter avec leurs bœufs et leurs charrues aux assemblées des plaids généraux (in placito generali) que le comte tiendrait selon l'ancienne coutume dans le voisinage 1 .

On sait que l'obligation principale des hommes libres et francs (ingenui) de chaque canton (comitatus) était d'assister aux plaids du comte (comites) et de garnir sa cour. Cette réserve faite à l'égard des habitants de Cessy, sujets de l'abbaye de St. Claude, par le comte Aymon, devient une preuve presque certaine que ce prince jouissait dans l'ancien comté des Equestres de toute l'autorité et de tous les droits des anciens comtes du pays. Aymon s'intitule, dans l'acte que nous venons de citer, comte par la grâce de Dieu, « Aymo Dei gratia Genevensium comes, » et l'évêque Guy de Genève qualifie le comte de la même manière dans la charte de donation de l'église de Cessy, dont on a parlé plus haut.

Mais la preuve directe de l'autorité régulière que le comte de Genève exerçait au nom de l'empereur et roi de Bourgogne dans le comté des Equestres ou de Nyon, se déduit d'un rescrit d'Henri V, daté du 28 décembre 1124 2 , adressé /103/ au comte Aymon de Genève (Aymoni comiti Genevæ) pour lui ordonner par la fidélité qu'il doit à l'empire (per fidem quam nobis debes) de donner aide et protection au couvent de Romainmotier, dont les possessions s'étendaient, non-seulement dans le diocèse de Lausanne, mais aussi dans le décanat d'Aubonne dépendant de l'évêché de Genève. Les termes gracieux et même affectueux dont l'empereur se sert en s'adressant au comte Aymon 1 ne permettent pas d'admettre comme bien fondée l'opinion de certains historiens, qui veulent que le pouvoir civil et féodal que ce comte exerçait incontestablement sur l'un et l'autre côté du lac Léman et du Rhône, fût un pouvoir usurpé au préjudice de l'empire et de l'évêque de Genève 2 . Au contraire, il résulte clairement de tout ce qui précède que les comtes de Genève avaient succédé en fait et en droit dans le comté des Equestres ou de Nyon aux pouvoirs et à l'autorité publique des anciens comtes de ce territoire, et que cette autorité était pleinement reconnue par l'empereur lui-même. En effet, les expressions 3 dont Henri V s'est servi dans sa lettre au comte Aymon, prouvent qu'il existait entre le monarque et /104/ le comte de Genève un rapport légal et avoué, qui exclut toute idée d'un pouvoir usurpé.

Dans l'ancien comté des Equestres l'autorité du comte Aymon était cependant limitée par les prérogatives des seigneurs laïques qui affectaient l'indépendance, sinon de l'empire, du moins de tout pouvoir intermédiaire, comme les dynastes de Prangins, de Mont et d'Aubonne. Cette autorité était, en outre, gênée par les priviléges et les immunités des seigneurs ecclésiastiques, dont quelques-uns tendaient plus ou moins ouvertement à conquérir une sorte d'autonomie dans les domaines de leur église. Tels étaient les archevêques de Besançon, les évêques de Lausanne et de Genève, et les abbés ou prieurs de St. Claude, de Romainmotier et de St. Maurice d'Agaune, qui avaient des possessions plus ou moins considérables dans ces quartiers. C'est sans doute la raison pour laquelle les comtes de Genève n'ont pas relevé le titre de comte des Equestres, bien que ce pays ait continué à porter le titre particulier de comté (comitatus Equestricus) jusqu'au commencement du XIIe siècle 1 . Mais ce nom purement géographique avait perdu toute son ancienne signification politique, et le titre de comte (comes) lui-même, qui, sous les rois de Bourgogne jurane, avait servi à désigner les plus hauts fonctionnaires civils et militaires du royaume (principes regni), n'était plus qu'un titre dynastique, impliquant cependant dans les propres domaines et dans le ressort patrimonial ou féodal du titulaire, la possession ou le plein exercice de tous les droits honorifiques et de toutes les prérogatives réelles et personnelles attribuées aux anciens comtes provinciaux (comitates pagorum). Ce ne /105/ fut que dans le cours du XIIe siècle, à l'aide des formes hiérarchiques du régime féodal et des pouvoirs qui leur avaient été conférés par les empereurs et les ducs de Zæhringen, recteurs de la Bourgogne transjurane 1 , que les comtes de Genève étendirent leur suprématie sur les seigneurs indépendants du comté des Equestres; sur les propriétaires de francs alleux et même sur les biens des couvents situés dans cet ancien comté.

Ce fut l'œuvre du comte Aymon de Genève, et de son fils et successeur le comte Amédée Ier, qui poursuivirent l'accomplissement de cette entreprise politique, avec autant de persévérance que de succès.


 

/106/

§ V.

Suite du démembrement du comté des Equestres.

Aymon II, comte de Genève et du pays des Equestres, mourut en 1129 ou 1130, ne laissant pour lui succéder qu'un seul fils, Amédée Ier; les deux frères aînés de celui-ci, Gérold et Guillaume, étant morts avant leur père 1 . Amédée, premier fils et successeur du comte Aymon, était né vers l'an 1100, du mariage de son père avec Itha, seconde fille de Pierre de Glane, dont la famille possédait de vastes domaines situés entre la Sarine, la Broye et les monts de la Vaux dans le diocèse de Lausanne 2 .

Itha, comtesse douairière de Genève, était propre nièce et héritière de Guillaume de Glane, le fondateur de l'abbaye d'Hauterive près de Fribourg, où ce seigneur se fit moine, après la mort tragique de Pierre de Glane, son frère, tué en 1127 dans le couvent de Payerne, en même temps que son élève et pupille Guillaume IV dit l'Enfant, comte de Bourgogne 3 . Amédée, premier comte de Genève, hérita, du chef /107/ de sa mère, une partie des riches domaines de la maison de Glane 1 , et ajouta à l'autorité que son père le comte Aymon avait exercée dans le pays de Vaud en qualité d'avoué (advocatus) de l'évêque de Lausanne et de haut justicier (Reichsvogt) dans les domaines de cette église épiscopale 2 , le pouvoir qui découlait des grandes possessions et des nombreux vassaux qui lui étaient échus en partage dans ce pays.

Divers changements survenus dans l'entrefaite faillirent compromettre les acquisitions des comtes de Genève sur la rive septentrionale du lac Léman et dans le pays de Vaud. La dynastie des empereurs et rois de Bourgogne de la maison de Franconie s'était éteinte dans la personne d'Henri V, mort sans enfant mâle le 23 mai 1125. Son successeur à l'empire, Lothaire, duc de Saxe, élu et couronné à Aix-la-Chapelle le 13 septembre de la même année, ne descendait pas des rois de Bourgogne et n'avait aucun titre héréditaire à faire valoir sur les dépendances de cet ancien royaume; mais il revendiquait l'héritage de ces rois, et entre autres l'Helvétie romande comme partie intégrante de l'empire germanique. Sur ce fondement contesté par les seigneurs du pays qui soutenaient que la réunion de la Bourgogne à l'empire n'était qu'une union personnelle et dynastique, le nouvel empereur, dans une diète tenue à Spire au printemps de l'an 1127, avait investi Conrad, fils du duc Berthold II de Zæhringen, du gouvernement de la /108/Transjurane, avec le titre de duc ou recteur de Bourgogne 1 .

Le duc Conrad de Zæhringen trouva un dangereux compétiteur dans la personne de Rainaud III, comte de haute Bourgogne, qui revendiquait l'héritage de Guillaume IV dit l'Enfant, son proche parent, traîtreusement assassiné à Payerne. La guerre qui éclata entre ces deux puissants rivaux dura plus de 20 ans avec des alternatives de succès et de revers qui se balancèrent 2 .

La plupart des seigneurs transjurains prirent le parti de Rainaud, dans l'espoir d'échapper à la domination allemande représentée par le duc Conrad, et de reconquérir leur indépendance et leur ancienne nationalité bourguignone 3 . A la tête de ces seigneurs se trouvait le comte de Genève Amédée Ier, qui se montra l'un des partisans les plus actifs et les plus puissants du comte de haute Bourgogne 4 , dont la cause était identique à la sienne.

Le comte Aymon de Genève était revêtu au moment de son décès de l'avouerie épiscopale et du vicariat impérial dans les évêchés de Genève et de Lausanne 5 . Le comte Amédée Ier, son fils, était appelé à lui succéder dans ses dignités et ses offices héréditaires. Ce droit, dont l'exercice était subordonné à l'investiture du nouvel empereur, se /109/ trouvait compromis par suite du refus du comte de reconnaître Lothaire comme légitime souverain des deux Bourgognes, et le duc Conrad de Zæhringen comme recteur.

Le siége épiscopal de Lausanne était encore occupé par Gérold de Faucigny, lorsque le comte Amédée Ier de Genève succéda au comte Aymon II, son père. Ce prélat, proche parent de ces comtes 1 , avait été investi, sous l'empereur Henri V, du titre honorifique de chancelier du royaume de Bourgogne 2 . Soit qu'il craignît de se compromettre vis-à-vis de l'empire, dont il tenait d'ailleurs les régales de son évêché, soit qu'il entrevît dans la guerre qui avait éclaté entre le parti bourguignon et le duc de Zæhringen, une occasion favorable pour rendre son église tout à fait indépendante du pouvoir séculier, il évita de se déclarer entre les deux partis opposés et refusa au comte Amédée de Genève l'entrée des villes et des châteaux que le comte avait coutume d'occuper à titre d'avoué de l'église épiscopale de Lausanne. Dans l'ardeur de la lutte engagée contre le duc Conrad, le comte Amédée Ier, sans s'arrêter aux protestations et aux menaces de l'évêque, s'était rendu maître de la ville et du château de Moudon, dominant la longue vallée de la Broye, et avait détruit le château de Lucens 3 appartenant à l'évêque; il faisait en outre construire sans la permission de l'évêque, /110/ sur les terres de l'église, un autre château mieux approprié à la défense du pays.

Sur ces entrefaites l'évêque Gérold de Faucigny mourut, et sa mort fut suivie d'une assez longue vacance du siége. Le clergé et le peuple, divisés en deux factions, ne pouvaient tomber d'accord pour l'élection d'un nouvel évêque 1 . Pendant cette vacance l'église de Lausanne fut gouvernée par le prévôt du chapitre épiscopal (Arducius), propre neveu de l'évêque défunt. Ce personnage, qui par la suite devint plus ou moins célèbre comme évêque de Genève 2 , était fils de Rodolphe, sire de Faucigny, frère aîné de l'évêque de Lausanne. Il fut élevé à la cour de ce prélat, qui le pourvut dès l'enfance d'un canonicat et le fit nommer grand prévôt (prepositus) du chapitre de sa cathédrale, dignité qu'il occupa, dit-on, pendant 80 ans 3 et qu'il retint jusqu'à sa mort, en cumulant les bénéfices de cette charge aussi lucrative que distinguée, avec le titre d'évêque de Genève 4 . Arducius avait été de bonne heure initié aux vues ambitieuses de son oncle Gérold. Elles ne tendaient à rien moins qu'à profiter des troubles qui agitaient le pays, pour concentrer dans les mains du prélat et du haut clergé les /111/ pouvoirs publics qui jusqu'alors avaient été partagés entre les évêques et les comtes 1 .

Arducius de Faucigny, fier de sa haute naissance et de l'influence que donnaient à sa famille les grands biens et les nombreux vassaux qu'elle possédait des deux côtés du lac Léman, paraît avoir poursuivi les plans de son oncle avec non moins d'habileté que d'ardeur, soit comme prévôt du chapitre de Lausanne, sur lequel il exerça pendant toute sa vie un ascendant plus ou moins prépondérant, soit comme évêque de Genève, dont il occupa le siége pendant près de 50 ans 2 ; il observa vis-à-vis du comte de Genève une attitude ambiguë, plus embarrassante pour ce dernier qu'une hostilité ouverte. Il ménagea les deux partis qui se disputaient la suprématie dans la Transjurane, en s'appuyant tour à tour sur l'un ou sur l'autre, selon qu'il paraissait disposé à faire des concessions et à entrer dans ses vues.

Dans les premières années de la lutte entre les partisans de Rainaud, dit le franc comte et le duc Conrad de Zæhringen, la fortune des armes sembla se déclarer pour les Bourguignons. Ils en profitèrent pour porter sur le siége de Lausanne, resté vacant, un ecclésiastique de ce parti.

L'archevêque de Besançon, métropolitain de cet évêché, s'entendit avec St. Bernard, le célèbre abbé de Clairvaux, pour y faire monter Guidon ou Guy de Merlen 3 , archidiacre de Varais ou de Pontarlier et chanoine du chapitre de St. Jean /112/ de Besançon 1 . Le prévôt Arducius, soutenu par une partie du clergé de Lausanne, à qui cette nomination ne convenait guère, refusa d'abord de recevoir le nouvel évêque; mais l'élection de Guy de Merlen ayant été confirmée par le pape Innocent II, qui le décora du pallium, et qui avait en outre adressé au clergé et au peuple de Lausanne une invitation pressante pour qu'il eût à reconnaître l'élu 2 , toute résistance cessa, et l'éveque Guy prit possession de son siége 3 , et s'y maintint au milieu des troubles qui agitaient son diocèse.

Le siége épiscopal de Genève étant devenu vacant dans l'année suivante par le décès de l'évêque Humbert de Grandmont 4 , le prévôt du chapitre épiscopal de Lausanne, Arducius de Faucigny, frustré de l'espoir qu'il avait nourri de succéder à son oncle Gérard sur le siége de Lausanne, employa l'influence de sa puissante famille dans le pays, pour se faire élire évêque de Genève par le clergé et le peuple de cette ville 5 . Ce choix, qui fut confirmé par l'archevêque métropolitain de Vienne, paraît avoir été fait en vue de donner à la cité de Genève un chef temporel capable de rivaliser avec le pouvoir civil et politique des comtes de Genevois, plutôt qu'un pasteur spirituel.

Quoi qu'il en soit, la nomination d'Arducius fut blâmée par le pieux abbé de Clairvaux, comme il paraît par deux lettres que ce célèbre abbé lui écrivit à l'occasion de son élection et de son sacre. Dans ces lettres St. Bernard exhorte /113/ amicalement, mais sérieusement, le nouvel élu à réformer sa conduite passée, « afin que la régénération de son âge mûr effaçât les fautes de sa jeunesse 1 . »

Si rien n'indique dans sa conduite, comme pasteur d'un nombreux troupeau, que le jeune prélat n'ait pas profité des sages leçons de St. Bernard, tout prouve au contraire qu'il porta sur le siège épiscopal de Genève l'esprit remuant et l'ambition toute mondaine dont il avait déjà donné des preuves comme prévôt de Lausanne. L'histoire nous apprend que, dans le cours de sa longue carrière, il saisit avec ardeur toutes les occasions favorables pour étendre les priviléges temporels de son église, au préjudice de l'autorité que les comtes tenaient des rois de Bourgogne et des empereurs, et pour procurer à la cité de Genève un degré d'indépendance qu'elle ne possédait pas auparavant.

Les droits respectifs de l'évêque et du comte dans la cité épiscopale de Genève et dans les terres du chapitre de St. Pierre, avaient été réglés à l'amiable par le compromis conclu à Seyssel en 1124 2 , sous la médiation un peu suspecte de partialité du fameux Pierre de Lune, archevêque de Vienne 3 , légat du pape Calixte II. Bien que ce traité imposé à la vieillesse du comte Aymon par le pouvoir clérical n'eût reçu aucune sanction de l'autorité souveraine, à laquelle seule appartenait la disposition des droits temporels que ce compromis de Seyssel adjugeait à l'évêque de Genève 4 , néanmoins le comte Amédée Ier, fils et successeur du /114/ comte Aymon, paraît avoir eu la ferme intention de respecter ce compromis, et d'éviter toute querelle sérieuse avec l'évêque Arducius et son église. Cependant la fortune des armes, qui s'était d'abord déclarée pour le parti national, semblait vouloir se tourner contre lui. Le duc Conrad de Zæhringen, qui disposait de toutes les milices féodales du Brisgau et de l'Helvétie allemande, menaçant le comte Rainaud de Bourgogne d'une invasion au delà du Jura, s'était porté en deçà contre le comte de Genève, auquel il avait fait subir une défaite, dans laquelle ce comte avait perdu un grand nombre de ses gens 1 . Obligé de battre en retraite devant les forces supérieures de l'ennemi, Amédée tenta la voie des négociations. St. Bernard de Clairvaux, auquel il avait fait part de ses intentions pacifiques 2 , s'entremit avec zèle pour amener entre les deux princes une transaction amiable. L'illustre abbé écrivit, vers l'an 1132, au duc Conrad de Zæhringen, pour l'engager à se prêter aux propositions d'accommodement que le comte de Genève lui faisait. Dans sa lettre il représente au duc que le Tout-Puissant donne la victoire à /115/ qui il veut, et qu'elle peut se retourner contre son armée quelque nombreuse que soit celle-ci 1 ; qu'il sera bien plus honorable pour lui de se rendre aux sollicitations des médiateurs, que de se voir obligé de céder à la force de ses ennemis 2 . On ne connaît pas l'issue de ces négociations. Il paraît toutefois qu'elles aboutirent à un compromis par lequel le duc de Zæhringen, tout en maintenant son droit sur le rectorat de Bourgogne, abandonna au comte de Genève le gouvernement direct de la partie romande de ce rectorat, renfermée entre le mont Jura et les Alpes 3 .

Connaissant la répulsion des seigneurs et du peuple romand pour la domination allemande, le duc Conrad, à l'exemple de ses prédécesseurs de la maison de Rheinfelden, jugea prudent de déléguer au comte Amédée une autorité qu'il n'aurait pu imposer à ces peuples que par la force des armes.

Quoi qu'il en soit, une suspension d'armes générale pour dix ans ayant été décrétée sous les auspices de St. Bernard par l'empereur et le pape, dans la diète de Bamberg (17 mars 1135) 4 , toutes les hostilités entre le duc de Zæhringen /116/ et ses adversaires cessèrent, et la paix fut rendue à la Transjurane.

L'accommodement fait entre le duc de Zæhringen et le comte Amédée par la médiation de St. Bernard, ne paraît pas avoir troublé les rapports existants, pour le moment, entre le comte et l'évêque de Genève 1 . L'ascendant religieux et politique que le célèbre abbé de Clairvaux exerçait sur les affaires de son temps, retenait l'évêque Arducius dans une prudente réserve, que le comte Amédée observait de son côté à l'égard de ce prélat. La doctrine de St. Bernard n'était nullement favorable à l'extension du pouvoir temporel des évêques 2 . Il voulait que ceux-ci se renfermassent dans le cercle de leurs devoirs spirituels et pastoraux, en laissant au pouvoir séculier le soin d'administrer la justice dans les terres de l'Eglise 3 . Les funestes dissensions qui naquirent, après la mort de l'illustre abbé de Clairvaux 4 , entre l'évêque et le comte de Genève, au sujet du gouvernement temporel de cette cité et de sa banlieue, eurent pour cause principale la question des régales (regalia) qui, d'Italie où elle avait été soulevée par les docteurs de Bologne, fut introduite dans les provinces bourguignones dans la seconde moitié du XIIe siècle 5 . /117/

En l'absence du comte Amédée, occupé sur les frontières de la Bourgogne allemande, à faire la guerre aux partisans du duc de Zæhringen, ses officiers et ses vassaux avaient molesté les ressortissants du prieuré de St. Victor, dont les comtes de Genève étaient les avoués héréditaires 1 . Amédée, profitant de la trève générale pour rétablir dans ses domaines l'ordre troublé pendant la guerre, voulut mettre fin à ces abus et assurer la paix de cette communauté dont le monastère formait avec ses dépendances l'un des faubourgs de la cité de Genève. Il se rendit en personne dans ce prieuré, accompagné de ses barons, le 2 de juillet 1137, et par une charte qui nous a été conservée, il ordonna que toute personne justiciable du comte, qui causerait quelque dommage aux hommes de St. Victor, et qui, dans les sept jours, ne l'aurait pas réparé, serait tenue, passé ce terme, de l'indemniser au double. Si c'était un chevalier qui avait fait l'offense, il serait, en outre, puni d'une amende de 100 sols, pour avoir méprisé la sauvegarde du comte 2 .

Au début de son règne, Amédée avait eu des différends avec Adon, abbé de St. Oyans de Joux ou de St. Claude, au sujet des services qui étaient dus au comte (ad comitis potestatem) par les cultivateurs de la terre de Cessy (Sessiaci), au mandement de Gex, donnée vers la fin du siècle /118/ précédent, sous certaines conditions, à l'abbaye de St. Claude, par le comte Aymon de Genève, son père 1 . Dans une entrevue qui eut lieu vers l'an 1137, entre l'abbé Adon et le comte Amédée Ier, ce dernier consentit, pour gain de paix, à se relâcher de la rigueur des services qui lui étaient dus par les cultivateurs et les censitaires de Cessy, moyennant une somme de 250 sols que l'abbé paya au comte, qui consentit, en outre, à ce que les services des habitants de Cessy, ressortissants de la seigneurie de Gex, fussent réglés à l'amiable par des arbitres communs (virorum fidelium intellectu) 2 .

Ces actes et plusieurs autres, faits par le comte de Genève dans la plénitude de son pouvoir, sans le concours de l'évêque de cette ville, en présence et avec l'approbation des principaux seigneurs du pays, ses vassaux, tels qu'Aymon de Ternier, Pierre de Villette, Rodolphe de Nangi, Gaucher de Divonne, Hugues, vidomne de Gex, etc.; ces actes, disons-nous, sont loin d'annoncer, de la part du comte Amédée Ier, des projets hostiles à l'égard du clergé et des possessions épiscopales de la ville et du diocèse de Genève. L'indépendance réciproque du comte et de l'évêque de cette ville était complète, comme le prouvent surabondamment les donations qu'Amédée Ier fit, vers le milieu du XIe siècle, aux congrégations d'Aulps et d'Abondance, et à la chartreuse /119/ d'Oujoo, du droit de parcours 1 dans toutes les terres de son comté de Genève, situées sur la rive gauche du lac et du Rhône, depuis le mont de Salève et l'Arve jusqu'au château de Chaumont.

Sur ces entrefaites, l'empereur Lothaire II avait succombé aux fatigues de la guerre contre les Sarrasins de la Pouille (décembre 1137), et Conrad III, duc de Souabe, ayant réuni la majorité des suffrages des électeurs de l'empire, fut couronné à Aix-la-Chapelle au mois de mars de l'année suivante 2 . Ces événements changèrent la face des affaires dans la Transjurane. Par sa mère Agnès, Conrad était petit-fils de Henri IV et neveu de Henri V, dernier prince de la maison impériale de Franconie 3 .

Le comte de Genève et les seigneurs transjurains n'avaient plus de motifs suffisants pour refuser de reconnaître le nouveau roi de Germanie comme l'héritier naturel et légitime de la couronne de Bourgogne; mais, d'un autre côté, ce nouveau roi avait reconnu Conrad de Zæhringen en qualité de duc ou de recteur des deux Bourgognes 4 , dignité que /120/ ce duc exerçait effectivement et sans opposition depuis une dizaine d'années dans la Bourgogne Allémanique, où le droit et les coutumes de l'empire germanique avaient dès longtemps prévalu 1 . Par contre, dans la Bourgogne romande et provençale, les comtes et les grands feudataires du pays ne refusaient pas de reconnaître la suzeraineté du roi Conrad III, mais ils n'étaient point d'humeur à se soumettre à l'autorité intermédiaire du duc de Zæhringen, soit à se laisser médiatiser comme on dit aujourd'hui, et à déchoir ainsi du haut rang de princes et de seigneurs immédiats de la couronne, pour être réduits à l'état de simples vassaux d'un duc ou recteur étranger.

Du reste, Conrad III ne paraît pas avoir fait de grands efforts pour faire revivre l'autorité des empereurs germaniques sur l'ancien royaume de Bourgogne. Il se contenta d'une souveraineté nominale, qu'il ne manifesta que par l'expédition bénévole de quelques diplômes en faveur des archevêques et évêques de la Bourgogne jurane et provençale qui se présentèrent à sa cour pour lui demander la confirmation des immunités et des possessions de leur église. En invitant d'une manière générale les princes laïques de ces provinces à respecter ces actes purement confirmatifs des propriétés et priviléges épiscopaux 2 , ce monarque obligea le duc Conrad de Zæhringen à observer vis-à-vis de Rainaud III, comte de Bourgogne, la trêve de 10 ans, jurée en /121/ 1135 dans l'assemblée de Bamberg; il paraît même avoir prolongé cette trêve 1 jusqu'à la mort de ce vaillant comte, qui arriva vers l'an 1148. Rainaud III laissait pour unique héritière de ses vastes domaines une fille, nommée Béatrix, placée sous la tutèle de son oncle Guillaume, comte de Vienne et de Mâcon, qui confina sa pupille dans un château fort, et s'empara pour lui-même du gouvernement du comté de Bourgogne 2 .

Quant à la Transjurane, l'influence que St. Bernard, l'illustre abbé de Clairvaux, conserva pendant toute sa vie sur les souverains et les princes de l'empire, suffit pour maintenir le duc de Zæhringen et le comte de Genève en paix dans leurs limites respectives.

Le duc Conrad de Zæhringen mourut au mois de janvier 1152, laissant à son fils aîné, Berthold IV, ses prétentions sur la vice-royauté ou le rectorat des deux Bourgognes 3 . Il fut bientôt suivi dans la tombe par Conrad III, roi des Romains (février 1152), auquel succéda immédiatement dans l'empire son neveu paternel, le célèbre Frédéric Ier, surnommé Barberousse (en mars 1152).

Ce nouveau roi des Romains, bien résolu à ressaisir l'autorité relâchée de l'empire et à étendre plutôt qu'à restreindre les limites de son pouvoir, avait besoin pour cela de réunir sous sa bannière toutes les forces des princes allemands. A cet effet il fit, dans les premiers mois qui suivirent /122/ son couronnement, un traité avec le duc Berthold de Zæhringen (mai 1152), par lequel Frédéric s'engageait à joindre ses armes à celles de Berthold, pour mettre, dans le délai d'une année, ce duc en possession du gouvernement de la Bourgogne jurane et provençale, à condition que le duc de Zæhringen l'aiderait avec toutes ses forces à conquérir la couronne impériale en Italie. Frédéric se réservait la puissance suprême sur les provinces cédées au duc de Zæhringen, et en outre l'autorité directe sur le temporel des archevêchés et des évêchés, à l'exception de ceux qui avaient coutume de recevoir l'investiture de ce temporel d'un autre prince ou comte du pays 1 .

Il avait à lutter dans ses propres états contre la puissante maison des Guelfes, rivale dangereuse de celle des Hohenstauffen et de son élévation à la couronne d'Allemagne. Cependant il obligea aussi le duc Conrad de Zæhringen à observer vis-à-vis du comte de Bourgogne, Rainaud III, la trêve de dix ans jurée en 1135 dans l'assemblée de Bamberg 2 .


 

/123/

§ VI.

Possessions des couvents étrangers dans le comté des Equestres

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Les comtes de Genève étaient avoués et défenseurs héréditaires (advocati et defensores) de l'Eglise épiscopale de St. Pierre et des évêques de Genève 1 , ainsi que du prieuré de St. Victor, de l'obédience de Cluny, fondé dans le faubourg méridional de cette cité 2 . En cette qualité, le comte Aymon avait la haute juridiction séculière ou le droit de glaive, non-seulement dans la ville de Genève et dans sa banlieue, mais en outre dans les possessions de l'Eglise épiscopale et du couvent de St. Victor, situées dans l'ancien comté des Equestres, sur la rive droite du lac et du Rhône. Ces possessions consistaient alors dans les villages dépendants du prieuré de Satigny, soumis à l'évêque et au chapitre de St. Pierre par la comtesse Eldegarde, fondatrice de ce prieuré conventuel 3 , et dans les terres et les hommes du prieuré de Russins, comprenant les églises des villages de Russins, /124/ de Dardagny, de St. Jean de Gouvelle, d'Alemogne et de Feigières, avec leurs appartenances qui dépendaient du prieuré conventuel de St. Victor 1 . Ces localités plus ou moins voisines les unes des autres, ou du moins la majeure partie d'entre elles, ont formé plus tard la seigneurie ecclésiastique appelée la terre de Mortier ou le Mandement de Peney, appartenant à l'évêque de Genève. Ce mandement fut l'occasion de graves difficultés entre les seigneurs de Gex et les évêques de Genève, à cause du château fort que l'évêque Aymon de Grandson avait fait construire à Peney, près de Satigny, vers le milieu du XIIIe siècle, au préjudice de droits du sire de Gex et du château de ce nom 2 . Ce lieu appelé Gaz, — Gais, — Gayo, dans les chartes latines du XIIe siècle, Gaix, — Jas, — Jais, — Jay, — Jayz, dans celles du XIIIe, aujourd'hui Gex, paraît ancien, quoiqu'on ne le trouve point nommé dans les documents d'une date plus reculée. Placé sur la voie romaine dont les vestiges subsistent sous le nom de chemin d'Etraz (Via Strata), conduisant de la colonie des Equestres, ou de Nyon, au pas de l'Ecluse, en longeant le pied du Jura, Gex paraît avoir été, sous les Romains, une étape militaire (statio militum) entre cette colonie et le défilé du mont Jura, que cette voie traversait pour atteindre la ville de Lyon 3 . /125/

L'évêque Guy et le comte Aymon de Genève, ayant cédé à l'abbaye de St. Claude le patronage de l'Eglise et le village de Cessy 1 , chef-lieu d'une seigneurie (potestas) plus ou moins étendue, le comte transféra le siège de cette seigneurie à Gex, qui n'est qu'à deux kilomètres de Cessy. Cette translation doit avoir eu lieu pendant la vie du comte Aymon, entre les années 1091 et 1124, attendu qu'à cette dernière date, Dalmace de Gex paraît déjà parmi les officiers ou vassaux du comte Aymon de Genève 2 . Dès lors Gex devint le chef-lieu des possessions du comte de Genève dans l'ancien comté des Equestres et le siège de la judicature du comte sur la rive droite du Rhône et du lac Léman. — Le comte Aymon avait délégué l'exercice héréditaire de cette judicature à un officier appelé Vidomne (vice-dominus) 3 , titre qui se donnait aux officiers du comte de Genève, comme à ceux de l'évêque et des autres seigneurs ecclésiastiques 4 . Le titre de vicomte (vice-comes), très fréquent au delà du mont Jura, était totalement inconnu en deçà et dans tout le bassin du Léman. Les comtes de Kibourg et de Neuchâtel, ainsi que les princes de Savoie, n'ayant jamais fait usage de ce titre pour désigner leurs ministériaux (ministeriales) ou leurs officiers fieffés (milites).

Après la mort du comte Aymon de Genève, vers l'an /126/ 1130, le comte Amédée Ier, son fils et son successeur, eut de grands démêlés avec l'abbé de St. Claude, au sujet de la terre de Cessy, que son père et son oncle l'évêque Guy avaient donnée, sous certaines réserves, à cette abbaye 1 . On a vu que ces réserves consistaient dans certains services dus au comte par les cultivateurs et censitaires (censuariis et cultoribus) de la pôté (potestas) de Cessy. Le comte renonça à perpétuité à ces services moyennant deux cent cinquante sols, que l'abbé de St. Claude lui paya, outre les gratifications stipulées en faveur du sénéchal (dapifer) et du vidomne (vice-dominus) du comte, et de deux seigneurs (optimatum) de sa suite, savoir: Aymon de Ternier et Gaucher de Divonne 2 , qui souscrivirent la charte avec Aymon de Marval, le sénéchal, et Hugues, vidomne de Gex.

L'évêque Guy de Faucigny avait confirmé à l'abbaye de St. Claude le patronage des églises que cette abbaye possédait dans le comté des Equestres, dès les temps les plus reculés; soit que ces églises eussent été construites par les abbés dans les localités dépendantes de cet antique monastère, soit que ce patronage lui eût été donné par les évêques de Genève prédécesseurs de Guy. Ce dernier y avait ajouté celui de l'église de Cessy, en réservant les /127/ droits diocésains de l'église et du chapitre de St. Pierre 1 .

La charte de confirmation de l'évêque Guy, munie de l'approbation du comte Aymon, mentionne entre autres les églises baptismales de Nyon (Nividunum), de Divonne, de Genoley, de Cessy, de Pouilly, de St. Genis et de Sergy, lieux situés sur la rive droite du Rhône, entre le mont Jura et le lac Léman.

Pierre-le-Vénérable, abbé de Cluny, auteur presque contemporain de l'évêque Guy de Genève, nous dépeint celui-ci comme un prélat fastueux, plus occupé de soutenir l'éclat de sa haute naissance et de sa dignité que son église 2 . Appauvri par les calamités et les guerres intestines de la période précédente, le chapitre de St. Pierre manquait peut-être des moyens nécessaires pour pourvoir aux besoins religieux d'une population croissante dans les campagnes; c'est sans doute par ce motif, plutôt que par reconnaissance de l'hospitalité donnée à l'évêque Guy, que ce prélat aliéna, en faveur de l'abbaye d'Ainay (Athanacensis) près de Lyon, l'église de St. Jean de Genève (Ecclesia Sancti Johannis Genevensis 3 ). Bâti sur une hauteur escarpée dominant la rive droite du Rhône à sa sortie de la ville de ce nom, le bourg voisin de St. Gervais, qui faisait partie de l'ancien territoire (comitatus) des Equestres, appartenait à cette célèbre abbaye de bénédictins, ce bourg avait été ruiné par les bandes allemandes de l'empereur Conrad le Salique qui assiégèrent la /128/ cité de Genève en 1034; dès lors, il paraît avoir été rebâti sous les auspices de l'abbaye d'Ainay, qui possédait déjà l'église paroissiale de St. Gervais, située dans le quartier 1 , avec les droits de juridiction temporelle qui, plus tard, passèrent au comtes de Genève et à la branche apanagée des sires de Gex 2 . Quant à l'église et au prieuré de St. Jean, fondé dans la première moitié du XIIe siècle 3 , il comprenait plusieurs églises et villages de la rive droite du Rhône, entre autres ceux de Bourdignin, de St. Genix, de Grelly, de Collonges, de Choully et d'Essertines.

Les communications journalières entre le monastère de St. Oyans de Joux, ou St. Claude, situé dans le comté de Scoding 4 , au revers occidental du mont Jura, et ses possessions au versant oriental, dans le comté des Equestres ou de Nyon, s'effectuaient alors, comme de nos jours, par la vallée de Mijoux (Comba de Medio-Juræ), et la montagne de St. Cergues qu'on appelait au XIIe siècle Mons-Greponis. Le village de St. Cergues, bâti dans la gorge de la montagne qui s'ouvre du côté du lac Léman, se nommait Villa Pistiingionis /129/ au XIIIe siècle, et l'église paroissiale de ce village était sous le vocable de St. Cirice 1 ou St. Cergues.

Cette paroisse, ainsi que les montagnes environnantes formant la première chaîne du Jura, dépendait du diocèse de Genève et du décanat d'Aubonne. Les possesseurs de l'abbaye de St. Claude, leurs serfs et leurs nombreux troupeaux s'étaient déjà emparés des hauts pâturages de ces montagnes et des vallons où l'Orbe, d'un côté, et de l'autre la Serine ont leurs sources 2 , en vertu du droit de premier occupant et des franchises du mont Jura 3 .

Les disciples de St. Robert, abbé de Molesme (en Bourgogne), ayant fondé le monastère d'Aulps (de Alpis) dans le Chablais, avec le consentement du comte Humbert II de Savoie et de Guy de Faucigny, évêque de Genève (1094), les religieux de ce nouveau monastère entretenaient de fréquentes communications avec l'abbaye-mère dont ils dépendaient; ce qu'ils ne pouvaient faire qu'en traversant le mont Jura par tous les temps et en toute saison. Pour faciliter ces communications, l'évêque Guy donna à St. Garin (Garinus), deuxième abbé d'Aulps, qui fut plus tard élevé au siège épiscopal de Sion (en 1136), l'église de St. Cergues et tout le territoire dépendant de cette église paroissiale, avec permission d'y construire une habitation pour les moines et les pauvres voyageurs 4 . L'abbaye d'Aulps ayant obtenu, /130/ en 1120, du pape Calixte II, son émancipation complète de celle de Molesme, elle n'eut plus d'intérêt à conserver le patronage de l'église de St. Cergues, et elle remit ce patronage à l'abbaye de St. Claude, qui possédait les montagnes environnantes. Plus tard, dans les dernières années du XIIIe siècle, cette abbaye associa les sires de Thoire et de Villars à la possession de la montagne de St. Cergues, à condition d'y bâtir, pour la défense du couvent, un château fort 1 , dont on voit encore les ruines dans la gorge près du village de St. Cergues. La vallée déserte de Chézery (vallis Chesarea), arrosée par la Serine (Serona), qui coule derrière le Grand-Crédos et se jette dans le Rhône au-dessous du fort de l'Ecluse, faisait nominalement partie du diocèse de Genève et du décanat d'Aubonne.

Lambert, religieux de Tamie (Stamedii), qu'on dit avoir été frère de St. Pierre II, archevêque de Tarentaise (1138), stimulé par le zèle monastique de St. Bernard de Clairvaux, fut chargé par le comte Amédée III d'accomplir le vœu que ce prince avait fait de bâtir plusieurs couvents, s'il obtenait la victoire sur ses ennemis. Lambert passa le Rhône, et, remontant le cours de la Serine, s'arrêta dans la vallée déserte de Chézery, où il jeta, vers l'an 1140, les fondements d'une nouvelle abbaye de l'ordre de Citeaux 2 . Il sollicita, et obtint pour cela l'autorisation de l'évêque de Genève, dans le ressort duquel cette vallée solitaire se trouvait comprise. /131/ On ne saurait en douter en voyant l'abbé Etienne de Chézery, successeur de Lambert, figurer parmi les abbés du diocèse de Genève convoqués par l'évêque Ardutius pour être témoins de l'accord fait à Graisier entre cet évêque et le comte de Genève en 1155 1 .

Les religieux cisterciens de Chézery, généreusement assistés par les princes de Savoie, et fortement protégés jusque dans les temps modernes, rivalisèrent d'activité et de zèle pour défricher et peupler la partie inférieure de l'étroite vallée de la Serine, tandis que les bénédictins de l'abbaye de St. Claude, leurs voisins, s'établissaient définitivement dans la partie supérieure, depuis la Rivière jusqu'aux sources de la Valserine, dans la vallée de Mijoux. La possession exclusive de cette vallée fut, pendant deux siècles, un sujet de guerres continuelles entre les puissants abbés de St. Claude et les comtes de Genève ou leurs vassaux du comté des Equestres, et resta indivise entre les deux souverainetés limitrophes jusque dans les temps modernes 2 .

L'ancien fisc de Commugny (fiscus qui dicitur Communiacus) 3 , que l'abbaye de St. Maurice d'Agaune tenait de la /132/ libéralité des premiers rois burgondes, dans le comté des Equestres, était très étendu, à en juger par les seigneuries qui se sont formées plus tard aux dépens de ce fisc. Il paraît avoir renfermé dans son ressort tout le territoire compris entre la Versoie et le Boiron, le lac Léman et la Dôle.

Dès la fin du XIe siècle, l'archevêque de Lyon, Burchard II, prévôt, puis abbé de St. Maurice d'Agaune, avait fait construire un château fort à Versoix (Castrum vocatum Versoi) 1 , dans la paroisse de St. Loup, pour la protection et la défense du fisc de Commugny et des nombreuses possessions de son abbaye dans le comté des Equestres; dès lors le château de Versoix devint le chef-lieu de ce fisc. Le domaine de la royale abbaye d'Agaune se trouvant confondu avec celui de la couronne sous les rois de la Bourgogne Transjurane, Rodolphe III, le dernier de ces rois, avait détaché du fisc de Commugny ou de Versoix la terre de Crans, pour la donner à son fils naturel Hugues, évêque de Lausanne, qui fut promu à ce siège en l'année 1019 ou 1020 2 .

Ce prélat, à son tour, avait légué cette terre au chapitre de Notre Dame de Lausanne. Elle comprenait, entre autres, les villages de Céligny, de Bogis, de Borex et partie de celui d'Eysins, entre la Divonne et le Boiron 3 .

L'autorité temporelle, ainsi que la supériorité attachée à la prévôté et au titre d'abbé laïque du monastère de St. Maurice d'Agaune, était passée, vers la fin du XIe siècle, des /133/ rois de Bourgogne dans les mains de recteurs de la Transjurane, et de ceux-ci aux comtes de Maurienne ou de Savoie 1 . Dès lors la terre de Commugny et le château de Versoix formèrent, dans le comté des Equestres, une enclave étrangère, tout comme la terre de Crans. Le comte Amédée III de Savoie, dont le comte de Genève, Aymon, avait été le tuteur, ayant rendu à l'abbaye de St. Maurice la prévôté (prepositura), c'est-à-dire l'autonomie temporelle 2 , il s'ensuivit des conflits de juridiction assez sérieux entre cette abbaye et le comte de Genève Amédée Ier, qui avait succédé au comte Aymon son père, et qui prétendait exercer dans les possessions de l'abbaye enclavées dans le comté des Equestres les droits souverains qui lui avaient été cédés sur ce comté par les ducs de Zæhringen, investis du rectorat de la Transjurane par l'empereur Frédéric Ier 3 .

Ce conflit fut apaisé par une transaction survenue en 1179, entre l'abbé et le couvent de St. Maurice d'Agaune et le fils puîné du comte Amédée Ier de Genève, qui venait de mourir, savoir Amédée de Genève, sire de Gex 4 .

Cette transaction régla pour l'avenir les droits respectifs de l'abbaye et du comte, soit des seigneurs apanagés du pays de Gex, sur la terre de Commugny et le château de Versoix, qui était tombé en ruine pendant le conflit dont on /134/ vient de parler. Ce château fut rebâti dans la seconde moitié du XIIIe siècle, par le prince Pierre de Savoie, surnommé le petit Charlemagne, qui, après avoir conquis une suprématie décidée sur le pays de Vaud et sur les comtes de Genève, s'était fait céder à perpétuité, en 1257, par l'abbé et le couvent de St. Maurice d'Agaune, toutes leurs possessions dans la terre de Commugny, dans la paroisse de St. Loup et à Versoix, en échange des revenus de ce prince à Bagne et à Orsières, dans le Bas-Valais 1 . Bientôt après, en 1265, le même prince acquit, des religieux hospitaliers du St. Bernard, le patronage de l'église paroissiale de St. Loup et de ses dépendances à Versoix, en échange du patronage de l'église de St. Livres (Sancti Liberii), sur la rive gauche de l'Aubonne, dans le diocèse de Lausanne 2 .

Le comte Pierre de Savoie mourut au mois de mai 1268, et, dès le mois d'août de la même année, sa veuve Agnès de Faucigny fit un testament par lequel elle disposa du douaire que le comte Pierre son mari lui avait constitué en mourant, et qui était situé, en partie, dans l'ancien comté des Equestres 3 . Elle légua au seigneur de Gex, son parent par alliance 4 , le château de Versoie (Castrum Versoyæ), avec toutes ses appartenances dans la paroisse de St. Loup, à l'exception du village de Commugny (excepta villa Cuminiaci), /135/ que la testatrice destina, avec la plus grande partie de ses autres biens, à sa fille unique, Béatrix de Savoie, veuve du dauphin Guigues, comte d'Albon 1 . Depuis ce moment, la terre de Commugny fut détachée de celle de Versoix et forma une seigneurie particulière que la dauphine Béatrix céda en 1271, avec la seigneurie d'Aubonne, à sa tante maternelle, Béatrix de Faucigny 2 . La seigneurie de Commugny, qui forma plus tard la baronnie de Coppet, comprenait, outre le village paroissial de Commugny, les villages de Founex, de Chatagnerey, de Taney, de Mie, de Bossey et de Chavannes-de-Bogis. C'est ainsi que l'ancien fisc ou domaine royal de Commugny, dont l'existence remontait au Ve ou VIe siècle, fut peu à peu morcelé et finit par former dans le moyen âge trois baronnies ou terres seigneuriales importantes, savoir: celles de Crans, de Coppet et de Versoix. Cette dernière fut, plus tard, réunie au pays de Gex, soit au Bugey, cédé par la Savoie à la France en 1601 3 , tandis que les deux premières terres passèrent, en 1536, sous la domination bernoise et firent dès lors partie du pays de Vaud et de la Confédération suisse.

Après la destruction de l'ancienne colonie des Equestres ou de Nyon par les Barbares au Ve siècle, cette ville paraît avoir été rebâtie au VIe, puis derechef paraît avoir été saccagée au VIIe siècle par les Allemani. Cette localité demeura, dès lors, dans une obscurité telle qu'il n'en est pas fait /136/ mention une seule fois dans les chartes des siècles suivants, qui sont parvenues jusqu'à nous, et qui cependant nomment plusieurs endroits des environs de la ville actuelle de Nyon, comme Eysins, Avenex et Rupala, qui n'en sont éloignés que d'une demi-lieue au plus. Il faut descendre jusque vers la fin du XIe siècle pour découvrir les traces d'une restauration de cette ville. Elle était restée dans le domaine des archevêques de Besançon, qui, pendant longtemps, avaient, à ce qu'il paraît, négligé leurs possessions dans l'ancien comté des Equestres. Ils se contentaient apparemment de recueillir dans leurs celliers la dîme du vin récolté dans les vignobles de Nyon et des environs. C'est, du moins, ce qu'on peut inférer du formulaire appelé vulgairement le Livre de la règle du chapitre de Besançon, confirmé par le pape Calixte II, en 1122. Ce livre fait mention d'une distribution de vin aux chanoines qui se faisait après les vendanges du pays de Vaud 1 ; par où on ne peut guère entendre que les quartiers de La Côte, les vignobles de La Vaux et entre autres ceux de Cully, où le chapitre de St. Etienne posséda des terres, n'ayant été plantés que dans la seconde moitié du même siècle 2 .

L'archevêque et le chapitre métropolitain de Besançon n'étaient guère à même, à cause des distances et de la triple chaîne de montagnes qui sépare cette ville des localités situées sur les rives du Léman, de pourvoir aux besoins du culte religieux de ces localités éloignées. Ils s'en étaient déchargés sur les moines bénédictins de l'abbaye de St. Claude, /137/ auxquels les archevêques de Besançon avaient cédé le patronage de plusieurs églises dans le Jura 1 , et entre autres celui de l'église paroissiale de Nyon.

Cette église, située dans le haut de la ville, était, sous le vocable de St. Jean l'évangéliste, qui fut aussi le patron de la cathédrale de Besançon, jusqu'au XIe siècle, où le titre de métropole fut transféré à l'église de St. Etienne par le pape Léon IX 2 . On peut conclure, de là, que la première fondation de l'église de St. Jean à Nyon est due aux archevêques de Besançon, et qu'elle remonte à une époque antérieure à la translation dont on vient de parler. Cette église était en grande vénération parmi les fidèles de la contrée, qui considéraient St. Jean l'évangéliste comme le patron de tout le pays, et, quand elle eut été restaurée par les religieux de l'abbaye de St. Claude 3 , elle se trouva bientôt assez richement dotée, ainsi que ses succursales, les chapelles de Prangins et de Promentoux, pour engager cette abbaye à fonder à Nyon un prieuré conventuel et à y incorporer l'église patronale de St. Jean 4 , avec toutes ses /138/ annexes. Ce prieuré, qui subsista sous ce nom jusqu'à l'époque de la réforme, réunissait les bénéfices et les droits curiaux et paroissiaux aux priviléges conventuels de l'abbaye de St. Claude 1 .

En aliénant, en faveur de l'abbaye de St. Claude, l'église paroissiale de Nyon et ses dépendances, les archevêques de Besançon n'avaient point abandonné leurs droits temporels sur cette petite ville et son territoire; cette concession avait été faite en vue d'augmenter l'importance de leurs possessions dans le canton des Equestres en général, et en particulier celle de Nyon.

La vénération des habitants de ce canton pour l'église de St. Jean devait avoir pour résultat d'attirer de plus en plus la population environnante dans la ville; ce qui eut lieu en effet.

Les possessions de ces archevêques étaient de deux sortes. Les unes consistaient dans la propriété de la ville de Nyon et de son ancien territoire, y compris le village de Promentou; dans le péage perçu dans la ville de Nyon sur l'ancienne voie romaine appelée chemin de l'Etraz (via Strata); dans la pêche du lac pendant trois jours de chaque semaine dès l'embouchure de la Promentouse à celle du Boiron, depuis le rivage jusqu'au milieu du lac 2 .

Le territoire de la ville de Nyon ne paraît pas avoir été au XIIe et XIIIe siècles aussi étendu qu'il le fut plus tard /139/ sous la domination de la maison de Savoie. A l'époque dont nous venons de parler, ce territoire s'étendait, du nord au sud, depuis la fontaine du milieu de Chêne jusqu'à la maladière de Nyon 1 , soit depuis le lieu appelé aujourd'hui le Bois de Chêne, près de Begnins, jusqu'à la grange de Calevoz, où se trouvaient, dit-on, anciennement, cette maladière et sa chapelle.

Les archevêques de Besançon possédaient en outre le droit de prélever la dîme (decima) sur une certaine étendue de pays aux pieds du Jura, depuis le chenal de Bursins, soit le ruisseau de la Dulive jusqu'à la roche de Maurex 2 , et depuis cette roche jusqu'au village actuel de Pérons, près de Collonges, au pays de Gex 3 .

Le régime féodal qui, depuis la réunion à l'empire germanique du royaume de Bourgogne Jurane, avait prévalu et remplacé le régime bénéficiaire dans l'ordre laïque, fut bientôt suivi par les principaux chefs de l'ordre ecclésiastique. Les évêques et les métropolitains, ainsi que les abbés et les prieurs des corporations monastiques, convertirent leurs propriétés et leurs droits temporels en fiefs 4 ; principalement ceux qui se trouvaient plus ou moins éloignés du lieu de leur résidence ordinaire. /140/

Dans le premier quart du XIIe siècle, les archevêques de Besançon inféodèrent à Humbert, fils d'Ulrich, fondateur de la baronnie de Cossonay, au pays de Vaud, la plus grande partie de leurs propriétés dans l'ancien comté des Equestres, savoir la ville de Nyon et ses appartenances, avec les dîmes, sur les territoires compris entre le chenal de Bursins et la roche de Maurex 1 .

A la vérité, le document qui constate cette première inféodation n'est pas parvenu jusqu'à nous. Mais les reconnaissances et les hommages prêtés, pour le fief de Nyon, aux archevêques de Besançon, par les seigneurs de la maison de Cossonay, dans la première moitié du XIIIe siècle, ainsi que d'autres documents datant du siècle précédent indiquent clairement qu'elle remontait à Humbert Ier du nom, qui figure sous les noms de Cossonay de Prangins, dans plusieurs chartes de l'an 1096 à 1144 2 . A l'appui de ces indications, on citera un plaid tenu à Nyon, par le sire Humbert de Prangins (coram Humberto de Pringins), où les délégués du prieur de Romainmotier et de l'abbé d'Aulps (en Chablais) comparurent pour faire vider, par voie arbitrale, un ancien différend qui s'était élevé entre eux au sujet de l'héritage d'un chevalier nommé Otton d'Eclépens, décédé à Romainmotier 3 . D'un autre côté, les archevêques de Besançon inféodèrent aux nobles de Rossillon de Gex, dans les dernières années du même siècle, ou dans les premières /141/ décades du XIIIe, les dîmes que ces métropolitains prélevaient dans les quartiers voisins de cette petite ville, savoir, depuis la roche de Maurex jusqu'au village de Pérons 1 . Ces inféodations faites par les archevêques de Besançon, et d'autres aliénations plus importantes, qui eurent pour objet des domaines situés de l'autre côté du Jura, paraissent avoir soulevé des objections de la part de la cour de Rome, à en juger par une bulle du pape Lucius II, de l'an 1er de son pontificat (1144), qui défendait aux archevêques de Besançon de distraire ou aliéner aucun bien de leur église sans l'autorisation du saint siége 2 . Dans l'entrefaite, Humbert, seigneur de Prangins et de Nyon, s'était rendu à Rome, soit par dévotion pour le tombeau des apôtres St. Pierre et St. Paul, soit plutôt pour obtenir du saint siége la confirmation des concessions à lui faites par les archevêques de Besançon. Il avait fait hommage de sa personne et de toutes ses possessions au prince des apôtres et au pape Lucius II, qui, par une bulle datée du palais de Latran, le 14 mai 1144, l'admit, lui et ses successeurs, au nombre des vassaux du saint siége, à charge de payer annuellement au pape un besant, en signe de sujétion 3 . /142/ C'est ainsi que les seigneurs de Prangins et de Nyon échappèrent pour un temps à la suzeraineté des comtes de Genève. Mais les sires de Prangins ayant acquis par la suite, dans l'ancien comté des Equestres, diverses possessions qui ne faisaient pas partie du fief des archevêques de Besançon, et construit un château fort à Prangins 1 , ils durent reconnaître la supériorité territoriale (Landeshoheit) des comtes de Genève 2 , en qualité de cessionnaires des droits du vicariat impérial conférés aux ducs de Zæhringen par les empereurs.


 

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§ VII.

Fondation de l'abbaye de Bonmont et de la chartreuse d'Oujon, dans le comté des Equestres.

Indépendamment des nombreux établissements religieux ou prieurés conventuels formés dans l'ancien comté des Equestres par des corporations étrangères, dont on a indiqué l'origine dans les pages précédentes, la première moitié du XIIe siècle vit naître et fleurir deux nouveaux monastères de différents ordres, fondés et dotés par des seigneurs du pays. Nous voulons parler de l'abbaye des bénédictins de Bonmont et de la chartreuse d'Oujon, situées l'une et l'autre au pied du versant oriental du Jura, dans le district actuel de Nyon.

L'abbaye cistércienne de Bonmont 1 , fille de Clairvaux (filia Clarisvallis), doit son origine au réveil religieux imprimé par le zèle et l'apostolat de St. Bernard, abbé de Clairvaux 2 , le grand réformateur des congrégations monastiques de l'ordre de St. Benoit. Ce réveil se manifesta dans la Transjurane par la fondation de plusieurs abbayes de Citeaux auxquelles St. Bernard prit une part plus ou /144/ moins directe. Qu'il ait été le promoteur principal de la fondation de Bonmont, c'est ce qu'on peut induire avec une grande vraisemblance d'une lettre qu'il écrivit, vers l'an 1135, à l'évêque de Genève, Ardutius, pour lui recommander « ses pauvres frères du couvent de Bonmont 1 . »

L'époque de la fondation du monastère de Bonmont, ainsi que le nom de ses fondateurs, ayant donné lieu, parmi les érudits, à des erreurs et à des opinions différentes, il est à propos d'entrer à cet égard dans quelques détails précis et circonstanciés. Ce nouveau monastère, fondé dans l'ancien comté des Equestres ou de Nyon, au pied de la montagne de la Dôle, était situé dans un quartier de pays qui portait jadis le nom de territoire de Peslens, et qui, aujourd'hui, fait partie du cercle vaudois de Gingins 2 . Ce territoire comprenait, sur la fin du dernier royaume de Bourgogne, plusieurs villages, entre autres ceux de Chéserex et de Pellens, et s'étendait dans le Jura, depuis le pied de cette montagne jusqu'aux sources de la Valserine dans le vallon des Dappes 3 .

Au commencement du XIe siècle, c'est-à-dire à une époque où les noms de famille ou de race n'étaient point encore en usage, les villages de Chéserex et de Pellens, avec leurs territoires, formaient le patrimoine allodial (terram /145/ sui juris) d'un personnage noble nommé Jean (Johannes), auquel l'abbaye de St. Maurice d'Agaune avait donné en précaire (per prestarie firmitatem), c'est-à-dire en fief, une partie du territoire et du village de Maurex (villa que dicitur Mauraz) démembrée du domaine royal de Commugny, appartenant à cette abbaye.

Après la mort de ce personnage, son fils, nommé Jean (Johannes) comme son père, succéda à celui-ci, non-seulement dans la possession allodiale de Pellens, Chéserex et autres lieux circonvoisins, mais aussi de la terre provenant de l'abbaye de St. Maurice, à la condition de joindre à celle-ci une certaine portion de son propre alleu (terra de sua divisione), et de reconnaître le tout ensemble comme mouvant de l'abbaye.

Cette nouvelle convention fut faite avec le consentement exprès du roi Rodolphe III de Bourgogne (per consensum serrenissimi regis Rodulphi) 1 , dans les dernières années de son régne.

C'est ainsi que le territoire qui se prolonge aux pieds du Jura, depuis le village de Chéserex dans le cercle de Gingins, jusqu'au village de Maurex dans le pays de Gex, devint l'apanage d'une famille de dynastes qui, dès le commencement du XIIe siècle, figure dans l'histoire de l'ancien comté des Equestres et du pays de Gex, avec le prénom de Divonne 2 ; nom qui était celui du lieu principal où le chef /146/ de cette noble maison fixa sa demeure après y avoir fait construire un château fort dont il est fait mention dans plusieurs chartes de la première moitié du même siècle 1 .

Ce sont les sires de Divonne et les seigneurs issus de cette ancienne maison qui furent les vrais fondateurs de l'abbaye de Bonmont, quoi qu'en disent les écrivains modernes qui l'attribuent sans preuves à un comte de Genevois 2 .

Les auteurs des Annales de Citeaux et de la Gaule chrétienne 3 , et, à leur exemple, M. Besson dans son Histoire du diocèse de Genève, disent que cette abbaye, fille de Clairvaux, fut fondée le 7 des ides de juin 1131 4 ; cette date doit être celle de la consécration de l'église du couvent, qui est nécessairement postérieure de quelques années à l'époque de sa fondation; c'est pourquoi Ruchat, l'historien de la Suisse, recule la date de la fondation de Bonmont jusqu'à l'an 1124 5 , tandis que M. Ed. Mallet, le critique judicieux des annales de Genève, sa ville natale, prouve, par les chartes authentiques qu'il a publiées, qu'elle remonte déjà à l'an 1123 6 . Ces chartes, qui sont évidemment postérieures à la /147/ date de la fondation de l'abbaye, puisqu'elles rappellent les diverses donations faites à ce monastère jusqu'à l'époque de l'avénement de l'évêque Ardutius au siége de Genève 1 , ont fait penser à M. Mallet que cette fondation pouvait remonter encore plus haut que l'année 1123, mais nous ne trouvons pas que le texte de ces chartes puisse autoriser une telle supposition. En ce qui touche le comte Aymon de Genève, qui vivait encore en 1124, aucun document ancien, à nous connu, ne le désigne comme fondateur du monastère de Bonmont; ni les chartes de confirmation des évêques de Genève, ni la bulle du pape Alexandre III, de l'an 1164 2 , où les noms de tous les donateurs sont soigneusement rappelés; ni l'Obituaire de Bonmont, où les anniversaires des bienfaiteurs de cette abbaye sont marqués, ne font mention de ce comte 3 . Nous ne voulons pas dire pour cela que les comtes de Genève n'aient eu aucune part à cette fondation; comme suzerains du territoire où l'abbaye fut érigée, ces comtes ont dû approuver les donations des seigneurs du pays, si ce n'est par des actes formels, du moins par leur consentement verbal ou tacite. Quoi qu'il en soit, cette intervention des comtes de Genève dans la fondation de l'abbaye de Bonmont ne paraît dans aucun titre public ou privé de cette abbaye, dont un grand nombre ont été conservés dans /148/ les archives du pays 1 . Nous en concluons que c'est à tort que l'on a fait honneur de cette fondation aux comtes de Genève, et que cet honneur revient principalement aux sires de Divonne et à leur maison.

Le chef de cette noble maison venait de mourir, laissant deux fils, Gaucher et Etienne de Divonne, et leur mère, nommée Helvide. Frappés de componction et de douleur de cette perte prématurée, ils résolurent d'ériger un monument durable de leur piété et de leurs regrets, en fondant, selon les idées du temps, un nouveau monastère dans leur patrimoine 2 .

Les sires de Divonne avaient quelques motifs de se méfier de l'ambition de l'abbaye de St. Claude, dont les possessions dans le pays des Equestres avaient déjà donné lieu à de sérieuses difficultés entre cette antique abbaye et les comtes de Genève, ainsi qu'avec les principaux vassaux de ces comtes 3 .

Stimulés d'ailleurs par les ardentes prédications des missionnaires que St. Bernard, premier abbé de Clairvaux, avait envoyés dans les pays voisins pour prêcher la réforme des couvents, les seigneurs de Divonne appelèrent à leur aide, pour présider à la fondation projetée, une colonie de moines de Citeaux conduits par un disciple du réformateur, nommé Moïse, qui, plus tard, devint le premier abbé de ce /149/ nouveau monastère de son ordre. Le couvent, qui fut placé sous la protection de la bienheureuse vierge Marie, s'élève au pied de la Dôle, dans le territoire de Pellens, en un lieu appelé Bonmont (Boni Montis), situé au milieu des bois, à peu de distance du village de Gingins, lequel n'était alors qu'une localité dépendante de la seigneurie de Divonne.

Le territoire de Pellens donné aux religieux du couvent de Bonmont (fratribus Boni Montis) par Gaucher et Etienne, seigneurs de Divonne, avec le consentement de Helvide, leur mère, comprenait le village de Pellens et tout le versant oriental de la montagne de la Dôle, depuis ce village jusqu'aux sources de la Valserine 1 .

Cette donation eut lieu dès l'année 1123. Elle fut faite oralement, en présence de nombreux témoins, nobles et non nobles, habitants des environs 2 . Ainsi qu'il est positivement dit dans une charte postérieure d'au moins dix années, par laquelle Ardutius, nouvel évêque de Genève, suppléant, par un document écrit, à la donation orale (Scripto ad memoriam posterorum volumus), confirma les dons faits au couvent de Bonmont et à Moïse, son premier abbé, sous l'épiscopat de son prédécesseur 3 .

Les seigneurs de Divonne, qui n'avaient pas encore fait entre eux le partage de l'héritage paternel, permirent, par ce premier acte, de l'an 1123, à tous leurs vassaux et /150/ tenanciers de résigner, en faveur du nouveau couvent, tout ou partie de ce qu'ils tenaient d'eux, soit en fief, soit en abergement, dans l'étendue du territoire de Pellens, ne se réservant, disaient-ils, sur ce territoire, aucun service ni profit temporel, et n'attendant d'autre rémunération que les prières et les récompenses divines 1 .

Gaucher de Divonne, l'aîné des deux frères fondateurs de l'abbaye de Bonmont, était compté parmi les principaux seigneurs du pays (optimatum). Il est qualifié d'homme illustre (vir illustris) dans les chartes du temps 2 , titre qui ne se donnait alors qu'aux personnages de très haute naissance. Cette circonstance viendrait à l'appui de l'opinion qui veut que les sires de Divonne fussent apparentés aux comtes de Genève, soit par leur mère Helvide, soit par la femme de Gaucher, dont le nom n'est pas parvenu jusqu'à nous. Quoi qu'il en soit, Gaucher de Divonne fut l'un des seigneurs garants du traité de paix et d'accommodement conclu vers l'an 1137 entre Amédée Ier, comte de Genève, et Adon Ier, abbé de St. Claude, traité qui mit fin aux longs démêlés que ce prince et son père le comte Aymon avaient eu avec l'abbaye au sujet de l'église et de la terre de Cessy, dans le pays de Gex 3 .

Après avoir jeté en commun les fondements du monastère /151/ de Bonmont et pourvu à ses premiers besoins, par une ample dotation de terres et de colons, Gaucher et Etienne de Divonne firent entre eux le partage de leur vaste héritage 1 . Gaucher, l'aîné des deux frères, garda dans sa part le château de Divonne, avec les domaines et les fiefs qui ont formé, dès lors, la baronnie de ce nom, l'une des plus importantes du pays de Gex.

Etienne, le puîné, eut pour son partage les domaines situés au nord de la Versoie, et entre autres la terre de Gingins, dont il prit le nom 2 , qu'il transmit à ses descendants. Cette terre comprenait, outre le village paroissial de Gingins, ceux de Grens, d'Avenex, de Signy, d'Arnex, de Borex, de Trélex et de Givrins 3 .

Les vassaux et chevanciers des seigneurs de Divonne et de Gingins usèrent largement de la faculté qui leur avait été accordée d'abandonner au couvent de Bonmont tout ou partie des biens qu'ils tenaient en fief ou en chevance (in prestaria) dans le territoire de Pellens et dans les finnages voisins. L'abbaye de St. Claude, qui prétendait avoir des droits sur la montagne, à cause de l'église de St. Cergues qui lui appartenait, s'en désista en faveur du nouveau couvent.

L'évêque Humbert de Genève 4 lui avait donné l'église de Chéserex avec le domaine (grangiam) qui en dépendait, /152/ et le prieur de St. Victor, auquel appartenaient la garde et le personnel de cette église, l'abandonna aux religieux de Bonmont. Il en fut de même de certains fonds que le chapitre de Notre Dame de Lausanne possédait dans le village de Chéserex 1 , et qu'Ardutius, prévôt de ce chapitre, puis évêque de Genève, donna au couvent.

C'est ainsi que, dès le milieu du XIIe siècle, l'abbaye de Bonmont se trouva en possession d'un territoire arrondi, et presque d'un seul tenant, confinant au nord et au midi aux territoires des seigneuries de Gingins et de Divonne, et au levant, à la seigneurie de Nyon soit de Prangins. Ce fait résulte des indications contenues dans plusieurs chartes confirmatives, émanées des évêques Ardutius de Genève et Amédée de Lausanne, ainsi que de la bulle du pape Alexandre III, de l'année 1164 2 , en faveur de Bonmont, où les noms des premiers bienfaiteurs du couvent sont rappelés, avec l'indication sommaire de l'objet donné par chacun d'eux.

Cependant Gaucher de Divonne, privé d'héritier mâle 3 et n'ayant que des filles pour lui succéder, avait renoncé au monde en prenant l'habit de moine dans le couvent qu'il avait fondé 4 . Après avoir fait à l'abbaye de nouveaux dons pour son entretien et sa réception à l'abbaye de Bonmont, il partagea le reste de ses biens disponibles entre ses deux /153/ filles Mabilie et Bonnette. Mabilie, la plus jeune, mariée à Pierre, fils de Humbert, seigneur de Cossonay et de Prangins, porta dans la maison de son mari plusieurs terres et mouvances, détachées de la seigneurie de Divonne 1 .

Bonnette (Boneta), l'aînée des filles de Gaucher de Divonne, et sa principale héritière, fut mariée à un seigneur du Chablais, nommé Dalmace, de l'antique et noble maison de Rovéréa 2 , bienfaitrice de l'abbaye d'Aulps. Ce mariage, conclu sous les auspices de l'un des plus fervents disciples de St. Bernard de Clairvaux, St. Garin, abbé d'Aulps 3 , donna naissance à la seconde maison de Divonne. Dalmace de Rovéréa, qui, après la retraite de son beau-père, releva le nom de Divonne, du chef de sa femme 4 , reçut du comte Amédée Ier de Genève, l'investiture du château et de la baronnie de ce nom, qui, dès la troisième génération, passèrent, par les femmes, dans la branche apanagée de ces comtes, les seigneurs de Gex, et de ceux-ci dans la maison de Joinville 5 .

Dalmace de Divonne, peu satisfait des donations indiscrètes de son beau-père au couvent de Bonmont, eut d'emblée /154/ plusieurs différends avec ce couvent. La coutume voulait que les fondateurs d'un monastère et leurs héritiers, en fussent par droit de naissance gardiens, et que les hommes qui cultivaient les terres du couvent s'acquitassent, envers l'avoué, de certaines obligations fixées par les lois féodales. Dalmace se plaignait que l'abbé de Bonmont empêchait les habitants du village et du territoire de Pellens de remplir leurs obligations envers lui 1 . Il reprochait, en outre, à l'abbaye de lui débaucher ses propres tenanciers, en acquérant, sans permission, des terres et des hommes de ses fiefs 2 .

Dans ce conflit les moines de Bonmont poussèrent la violence jusqu'à chasser du village de Pellens tous les ressortissants de la seigneurie de Divonne, et à détruire ce village 3 , qui ne s'en releva plus. Les habitants de Pellens, expulsés de leurs demeures, se réfugièrent dans une localité voisine, où ils fondèrent le village de La Rippe. Ces violences amenèrent l'intervention de l'évêque de Lausanne Amédée d'Hauterive 4 , dont la voix était écoutée dans toute la Transjurane, avec un religieux respect. Il ménagea entre l'abbé de Bonmont et les seigneurs de Divonne un accommodement par lequel ces derniers se désistèrent pour l'amour /155/ de Dieu 1 de leur prétention à l'avouerie du couvent, tandis que l'abbaye, de son côté, s'engagea à ne plus recevoir, sans son consentement exprès, des ressortissants des fiefs du seigneur de Divonne.

Gaucher de Divonne, qui vivait encore sous l'habit de moine du couvent, et Etienne de Gingins, son frère, ratifièrent, par leur présence, l'engagement pris par Dalmace, en qualité de seigneur de Divonne 2 .

Plus tard, le traité de paix et d'accommodement, conclu par l'évêque de Lausanne, fut confirmé par l'évêque de Genève, Ardutius de Faucigny 3 .

Ce traité eut pour effet d'assurer, pour un temps, à l'abbaye de Bonmont, une sorte d'indépendance de toute autorité laïque. Cette indépendance lui valut de nouveaux dons de la part des seigneurs de Prangins, de Mont et d'Aubonne, ainsi que de leurs nombreux vassaux. Ces nouvelles acquisitions, dont quelques-unes furent faites à titre onéreux, sont consignées dans une charte de l'évêque diocésain, Ardutius 4 , qui gouverna l'église de Genève jusqu'en l'année 1186. Mais, dès le milieu du siècle suivant, l'abbaye, entourée de seigneurs laïques plus ou moins puissants, dont aucun n'avait l'obligation spéciale de protéger ses ressortissants contre de turbulents voisins, se vit dans la nécessité de renoncer à son indépendance et de se choisir un protecteur /156/ et un défenseur parmi les seigneurs du pays. Elle s'adressa au sire de Gex, Simon de Joinville, qui possédait aussi les seigneuries de Versoix et de Divonne, du chef de sa seconde femme Léone de Genève, dame de Gex.

Par un traité fait après l'Ascension l'an 1269 1 , l'abbé de Bonmont 2 et son couvent associèrent le seigneur de Gex à leur juridiction, avec le titre de gardien et défenseur de leurs droits; en abandonnant à celui-ci le jugement de tous les crimes commis dans les domaines du couvent et la punition des coupables, c'est-à-dire, en lui remettant la haute juridiction et le droit de glaive tel que les seigneurs de Divonne l'avaient possédé jadis, comme avoués et fondateurs de l'abbaye.

En échange de la protection du sire de Gex, l'abbaye s'engagea à lui payer une redevance annuelle d'une coupe d'avoine pour chaque chef de famille demeurant dans les possessions du couvent 3 .


 

NOTES:

Note 1, page 1: Le P. Dunod, Méprises des auteurs de la critique d’Antre, pag. 164. (Voir les Mém. et Docum. inéd. de Franche-Comté, tom. I, pag. 55.) [retour]

Note 1, page 2: Chevalier, Hist. de Poligny, tom. I, pag. 38 et passim. [retour]

Note 2, page 2: Münster, Cosmographie, lib. III. — Tschudi, Gallia comata, pag. 91 et 173. — Guillimann, De rebus Helvet., lib. I, cap. 9. — Plantin, Helvet. antiq. et nova, pag. 239. [retour]

Note 3, page 2: Watteville, Hist. de la Conféd. helvét. Yverdon, 1768, tom. I, pag. 18, à la note. [retour]

Note 4, page 2: Voir Levade, Diction. du canton de Vaud, art. Nyon, pag. 218 à 227. — T. Mommsen, Inscript. confed. Helveticæ. Turini, 1854, pag. 18 et seq. [retour]

Note 1, page 3: Voir Butini, Dissertation sur la colonie Equestre. — Spon, Hist. de Genève, tom. II, pag. 300, in-4°. — J. de Muller, Hist. de la Conféd. suisse, liv. I, chap. IV, traduction Monnard, tom. I, pag. 38. [retour]

Note 1, page 4: Sous le consulat d’Aulus Gabinius et de L. Pison, en l’an 696 de Rome (Ere Varrona), 58 ans avant Jésus-Christ. (César, de Bello Gall., lib. I, cap. 5.) [retour]

Note 2, page 4: Cæsar, de Bell. Gall., lib. I, cap. 2; Florus, lib. III, cap. X, N° 2; T. Livius, Epitom., lib. ciij: « Cæsar in provinciam Galliam profectus Helvetios vagam gentem domuit quæ sedem quærens, etc. » [retour]

Note 1, page 5: L’invasion du pays des Séquanes (Franche-Comté) par les Germains, sous la conduite d’Arioviste, avait eu lieu plusieurs années avant l’émigration des Helvétiens: « Se (Ariovistus) prius in Galliam venisse, quam populus Romanus. » Cæsar, Bell. Gall., Lib. I, cap. 44.

Cette invasion coïncidait avec les complots d’Orgétorix pour se faire roi, et ces faits se placent l’un et l’autre sous le consulat de M. Pison et Messalla (61 ans avant Jésus-Christ). (Ibid. lib. cit., cap. 2 et 35. ) [retour]

Note 2, page 5: Voir la lettre de Cicéron à Allicus du 15 mars (Idus Martii), l’an de Rome 694, qui fait allusion aux mouvements belliqueux qui avaient lieu des deux côtés du Jura, et aux mesures prises par le Sénat pour en prévenir les suites. (Lib. I, epist. XIX.)

Voir, en outre, Orosii, hist., lib. VI, cap. 7: « Ea maxima causa quod perpetuo pene cum Germanis bello altercabuntur. » [retour]

Note 3, page 5: Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 31-35. « Rex et Amicus Senatu adpellatus esset. (Sous le consulat de Julius César et de Bibulus, l’an 696 de Rome. [retour]

Note 1, page 6: « Altera ex parte Monte Jura altissimo qui est inter Sequanos et Helvetios. » (Ibidem, lib. I, cap. 2.) [retour]

Note 2, page 6: « Locutus est … Divitiacus Æduus … nisi sit in Cæsare auxilii, omnibus Gallis idem esse faciendum, quod Helvetii fecerint, ut domo emigrarent, … alias sedes remotas a Germanis petant. » ( Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 31.) [retour]

Note 3, page 6: Ibidem. [retour]

Note 4, page 6: « Omnibus rebus ad perfectionem comparatis, diem dicunt, qua die ad ripam Rhodani omnes conveniant; is dies erat a. d. V. kal. Aprilis, L. Pisone, A. Gabininio Coss. » ( Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 6. )

L’ancien calendrier Romain avançait de 90 jours sur le calendrier Julien, en sorte que le temps des moissons ne tombait pas sur les mois de l’été, ni celui des vendanges sur ceux de l’automne. (Sueton. in Cæsare, cap. 40.) Cet ancien calendrier fut réformé par J. César sous son troisième consulat, l’an de Rome 708 (46 avant J. C.), soit douze ans après la guerre des Helvétiens.

(Voir la Chronologie histor. de M. Savagnier. (Paris, 1837, chap. XIII, pag. 132 et suiv.) [retour]

Note 1, page 7: « Extremum oppidum Allobrogum est Geneva, … ex eo oppido pons ad Helvetios pertinet. » (Ibid.) [retour]

Note 2, page 7: Ibidem, lib. I, cap. 5, 6 et 39. [retour]

Note 3, page 7: Ibidem, lib. I, cap. 5. [retour]

Note 1, page 8: Cæsar, Bell. Gall. , lib. I, cap. 2, 6. C’est le passage qui porte aujourd’hui le nom de Pas de l’Ecluse, sur la route de Genève à Lyon, rive droite. [retour]

Note 2, page 8: Ibidem, lib. I, cap. 2, 6, 7. [retour]

Note 1, page 9: Plusieurs villes de la Gaule celtique portaient le nom de Noviodunum, savoir: Noviodunum Bithurigum, Noûan; Noviodunum Eduorum, Nevers; Noviodonum Suessionum, Soissons ou Noyans. (Dom J. Martin, Hist. des Gaulois, tom. II, pag. 324, 325.) [retour]

Note 2, page 9: A. Pictet, Inscriptions gauloises. Genève, 1859, pag. 20. [retour]

Note 3, page 9: « Le Dûnum des noms de lieu gaulois n’est pas exactement rendu par hauteur ou colline. C’est là évidemment l’ancien Irlandais Dûn, expliqué par Castrum, Arx dans les Gloses de St. Gall (d’après Zeuss, Gram. Celtica, pag. 29). La racine est Dunaim, obsero, obstruo; en irlandais Dûn a fortified place a Forteress; Dûnanda a Camp, a Closing (un camp, une clôture), en sorte que l’identité de ce mot irlandais avec le mot gaulois Dûnum, ou plus exactement Dûnon, est certaine. » (Communication de M. Adolphe Pictet.)

Les dunes des bords de la mer étant composées d’une suite de collines de sables, on a conclu, à tort, que le mot gaulois Dûn, dûnum signifiait colline, tandis qu’il signifie réellement un rempart contre les flots de l’Océan. [retour]

Note 4, page 9: La Notice (authentique) des Gaules, publiée par le jésuite Sirmond, porte Civitas Equestrium, Noiodunum; l’apocryphe adopté par Plantin (Helv. ant., pag. 52) porte Novidunum: ces différences proviennent de la prononciation. [retour]

Note 1, page 10: Tacitus, Germania, cap. 28. [retour]

Note 2, page 10: F. Troyon, Habitations lacustres, Mém. et Docum. de la Société d’hist. de la Suisse romande, tom. XVII, pag. 77, 120 et suiv. [retour]

Note 3, page 10: Ex Fastis consul. (Baïter, Cicer. opera. Ed. Orelli, tom. VIII, pag. XLVIII.) [retour]

Note 4, page 10: T. Livius, Epitomæ, lib. 66: « Tigurinis Gallis pago Helvetiorum. » [retour]

Note 1, page 11: Tigurini qui a civitate secesserant. (Ibidem.) [retour]

Note 2, page 11: Voir les inscriptions d’Avenches (Mommsen, Inscript. helvet. Dea Aventia, N° 154. Genio pago Tigorino, N° 159.) [retour]

Note 3, page 11: Hic pagus (Tigurinus) quum domo exisset, … L. Cassium consulem in terferat … (Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 12.) [retour]

Note 4, page 11: « Usque ad nostram memoriam Romani sic habuere cum Gallis pro salute, non pro gloria certare. » (Salustius, Bell. Jugurt., cap. 114.) [retour]

Note 5, page 11: « L. Cassius consul a Tigurinis … in finibus Allobrogum cum exercitu cæsus est. » (Tit. Livius, Epitom. LXV.)
Ce passage de l’historien romain ne laisse aucun doute sur ce point. Ainsi c’est à tort qu’on a prétendu (Hist. de la Suisse, tom. I, pag. 18) que le consul L. Cassius avait porté la guerre dans l’Helvétie. C’est le contraire qui eut lieu. [retour]

Note 1, page 12: Tit. Livius, Epitom. LXV. — Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 7-12. [retour]

Note 2, page 12: Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 12 et 13. [retour]

Note 3, page 12: Ou Noviodunum, suivant la prononciation latine. [retour]

Note 1, page 13: L’an de Rome 696, 58 ans avant Jésus-Christ. [retour]

Note 2, page 13: Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 7. [retour]

Note 3, page 13: « Millia passuum decemnovem murum producit quo facilius, si transire conarentur, prohibere possit. » Ibidem, lib. I, cap. 8. [retour]

Note 1, page 14: « Qua minima altitudo fluminis erat » (ibidem), c’est-à-dire depuis le mois de décembre à la fin d’avril. [retour]

Note 2, page 14: Du temps de Jules César le territoire des Séquanes se prolongeait au midi jusqu’au bord du Rhône. « Cum Sequanos a Provincia nostra Rhodanus divideret. » (Bell. Gall., lib. I, cap. 33.) [retour]

Note 3, page 14: « Sequanis … quorum oppida omnia in potestate (Ariovisti) essent. » (Ibidem, cap. 32. [retour]

Note 4, page 14: « Favere et cupere Helvetiis propter eam affinitatem: odisse etiam Cæsarem et Romanos. » (Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 18.) [retour]

Note 1, page 15: Ibidem, lib. I, cap. 9 et 18. [retour]

Note 2, page 15: Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 5. [retour]

Note 3, page 15: « Helvetii jam per angustias et fines Sequanorum suas copias transduxerant. » (Ibidem, lib. I, cap. 11.) Avant la réforme du calendrier par J. César, l’équinoxe du printemps tombait sur le mois de janvier des Romains, et ainsi de suite, jusqu’à l’an 709 de Rome. [retour]

Note 1, page 16: Les Ambarres, placés entre les Séquanes à l’est, les Ségusiaves à l’ouest et les Allobroges au sud, habitaient la Bresse et la Dombes, dans le département de l’Ain. (Voir A. Bernard, Descript. du pays des Ségusiaves, pag. 47. Paris, 1858, in-8°.) [retour]

Note 1, page 17: Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 11 et passim. [retour]

Note 2, page 17: Ibidem, cap. 12, 13.

Le point où les Helvetiens passèrent la Saône est controversé. Suivant M. Auguste Bernard (loco citato, pag. 46) le passage aurait eu lieu entre Toissay et Mâcon. Suivant M. de Saulcy (Campagnes de Jules César dans les Gaules, Paris 1862, pag. 291), ce serait entre Mâcon (Matisco) et Châlons-sur-Saône (Cabillonum). [retour]

Note 3, page 17: « Certior factus quartam partem citra flumen Ararim reliquam esse, eos impeditos et inopinantes adgressus, magnam eorum partem concidit, etc. — Is pagus appellabatur Tigurinus. » (Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 12.) [retour]

Note 1, page 18: Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 13, 14, 15. [retour]

Note 2, page 18: César accordait la paix, à condition que les Helvétiens donneraient des indemnités aux Eduens et aux Allobroges, et à lui des otages. (Lib. I, cap. 14.) [retour]

Note 3, page 18: Ibidem, lib. I, cap. 19, 24. [retour]

Note 1, page 19: Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 23, 25, 26. [retour]

Note 2, page 19: M. F. de Saulcy, membre de l’Institut, dans l’ouvrage intitulé: Campagnes de Jules César dans les Gaules (Paris, Didier et Comp., édit. 1861 ), a consacré un chapitre tout entier à la guerre des Helvètes. Il a été conduit, par une série de raisonnements et d’inductions tirées des Commentaires de ce grand capitaine, à placer dans les plaines de Cussy-la-Colonne, arrondissement de Beaune (département de la Côte d’or), la bataille où César détruisit l’armée des Helvétiens l’an 58 avant Jésus-Christ. (Voir le vol. cité ci-dessus, pag. 227 et suiv.)

J. de Muller (Hist. de la Conféd. suisse, tom. I, pag. 34 et suiv.) s’accorde assez sur ce point avec l’auteur cité, en mettant le champ de bataille entre Autun et Châlons-sur-Saône.

Quant aux dates indiquées par M. de Saulcy, cet auteur n’a pas tenu compte de la différence entre l’ancien calendrier romain qui avançait d’environ 90 jours et le calendrier Julien, qui n’était pas encore en usage à l’époque de la guerre des Helvètes. Il suppose que la bataille fut livrée aux environs du 7 juillet, quoique César lui-même ait fait remarquer (cap. 16) que « propter frigora … non modo frumenta in agro matura non erant, sed ne pabuli quidem satis magna copia suppetebat; » ce qui montre qu’on était tout au plus à la fin d’avril. [retour]

Note 3, page 19: Ibidem, cap. 26. [retour]

Note 1, page 20: César menaça les Lingons de toute sa colère, s’ils accordaient des vivres ou aucun secours aux émigrants. (Ibidem.) [retour]

Note 2, page 20: Ibidem, cap. 27, 28. [retour]

Note 3, page 20: Ibidem, cap. 28. « Helvetios in deditionem accepit. » [retour]

Note 4, page 20: Peuple qui occupait l’Argovie. Tschudi, Gall. Com., pag. 138. [retour]

Note 5, page 20: « Reductos in hostium numero habuit. » (Ibid., cap. 27, 28.) [retour]

Note 1, page 21: Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 19. [retour]

Note 2, page 21: Cæsar, lib. cit., cap. 28. [retour]

Note 3, page 21: Ibidem, lib. I, cap. 28, 31 et passim. [retour]

Note 4, page 21: J. de Muller, Hist. de la Suisse, liv. I, chap. IV, tom. I, pag. 38 (d’après les manuscrits de Jos. Simler, Antiq. helvét., f°. 63). Notre grand historien cite à cette occasion le discours de Ciceron (pro Balbo, chap. 14) où il mentionne les Helvétiens, en parlant des peuples avec lesquels les Romains avaient fait des traités d’alliance; mais ce discours du célèbre orateur est postérieur à l’an 702 de Rome; et suivant Tschudi (Archiv. für Schweizer-Geschichte, tom. IV, pag. 193) aucun traité antérieur à cette date n’aurait existé entre les Romains et les Helvétiens. [retour]

Note 1, page 22: Voy. Florus, lib. III, cap. 10, qui compare les Helvétiens à un troupeau que le pasteur aurait fait rentrer au bercail. [retour]

Note 2, page 22: Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 29. [retour]

Note 3, page 22: Ibidem, cap. 12, 27, 28. [retour]

Note 4, page 22: Ceci est la conséquence plus ou moins forcée de ce que dit César dans ses Commentaires (lib. I, cap. 28). [retour]

Note 1, page 23: C’est-à-dire jusqu’au 1er et 2e proconsulat d’Agrippa dans les Gaules, sous Octave Auguste. (Années 15 et 19 avant Jésus-Christ.) [retour]

Note 2, page 23: T. Mommsen, Inscript. Conf. helvét., N° 159. [retour]

Note 3, page 23: Idem, pag. 26 et 33. — Inscript., N° 178. [retour]

Note 1, page 24: Voyez T. Mommsen, loc. cit., pag. 29. [retour]

Note 2, page 24: « Cæsar … in hiberna in Sequanos exercitum deducit: hibernis T. Labienum præposuit. » (Bell. Gall., lib. I, cap. 54.) — « S. Galba … legionem in Allobrogibus perduxit, ibique hiemavit. » (Ibid., lib. III, cap. 6.) [retour]

Note 3, page 24: Végèce, Instit. milit. des Romains, liv. III, chap. 2. [retour]

Note 1, page 25: L’Asse prend sa source près du couvent de Bonmont et se jette dans le lac près de la porte orientale de Nyon, et le ruisseau du Corjon près de la porte occidentale. [retour]

Note 2, page 25: Les noms de Bogis ou Bougy, de Bois-Bogis et de Bossey, dérivent du latin Boscus; — Brussin et Brutagny (aujourd’hui Bursins et Burtigny) dérivent de Brustum Dumetum. Ces noms, ainsi que Chatagneria, Castanetum, villages ou hameaux des districts de la Côte, indiquent suffisamment l’état ancien de la contrée. [retour]

Note 3, page 25: L’an 56 avant Jésus-Christ, soit deux ans après la rentrée des Helvétiens dans leur pays. [retour]

Note 1, page 26: Le Bas-Valais; le chef-lieu des Véragres était Octodurum ou Martigny. [retour]

Note 2, page 26: « Causa mittendi fuit quod iter per Alpes quo mercatores ire consueverant patefieri volebat. » (Cæsar, Bell. Gall., lib. III, cap. 1.) [retour]

Note 3, page 26: Ibidem, lib. III, cap. 1 et 2. [retour]

Note 4, page 26: Avant l’ouverture de la route du Simplon, il n’existait aucun chemin le long de la rive méridionale du lac. Lorsque au printemps de 1800, Bonaparte, 1er consul, franchit le Grand-Saint-Bernard, il fut obligé de faire passer son année par le canton de Vaud depuis Genève à Villeneuve, en suivant par la rive septentrionale; l’artillerie seule, les munitions et les vivres furent transportés par le lac. (Verdeil, Hist. du canton de Vaud, tom. III, pag. 369, 370.) [retour]

Note 1, page 27: La 12e légion venait de faire la guerre en Belgique; la campagne finie, elle avait été détachée du corps d’armée de T. Labienus, qui commandait les troupes romaines cantonnées chez les Séquanes, et envoyée, sous les ordres de S. Galba, contre les Véragres. Elle entra donc en Suisse par le pas de l’Ecluse. (Voir César, Bell. Gall., lib. II, cap. 23, et lib. III, cap. 1 et passim.) [retour]

Note 2, page 27: « In Provinciam reverti contendit; nullo hoste prohibente aut iter demorante, incolumen legionem in Nantuates inde in Allobrogibus perduxit, ibique hiemavit. » (Cæsar, Bell. Gall., lib. III, cap. 6.) [retour]

Note 1, page 28: Voir la septième campagne de Jules César, année 52 avant J. C. (Bell. Gall., lib. VII et passim.) [retour]

Note 2, page 28: L’an 49 avant J. C. (Cæsar, Bell. civili, lib. I et passim.) [retour]

[retour]Note 3, page 28: « Sparsas per Gallica rura cohortes evocat
Et Romani motis petit undique signis:
Deseruere cavo tentoria fixa Lemanno. »
(Lucan., Pharsal., lib. I.)

Note 1, page 29: Voir Guilliman, De rebus Helvet., lib. I, cap. 9. — J. de Muller, liv. cit., tom. I, pag. 38. — L. v. Haller, Helvetien unter den Römern (Berne 1811, tom. I, pag. 3). — Levade, Dictionnaire du canton de Vaud, pag. 318. [retour]

Note 2, page 29: S. Noris, Cenotaph. Pisan, Dissert. I, cap. 2, pag. 27 … « Quædam coloniæ a Julio Cæsare deductæ ut ab Augustæis discernerentur Juliæ Paternæ nuncupatæ sunt. » Exemples: Colonia Julia Paterna decumanorum (Narbonne); Colonia Julia Paterna Arelate (Arles). Le nom de Paterna fut ajouté après l’adoption d’Octave par Jules César. (Hist. du Languedoc par D. Vaissette, tom. I, pag. 91. Inscript., pag. 5, N° 16. — Orelli, Inscript., N° 2489. [retour]

Note 3, page 29: Colonies fondées sous l’empire d’Auguste: Augusta Prætoria, Aoste. — Augusta Rauracorum, Augst. — (Am. Thierry, Hist. des Gaules, tom. III, pag. 280.) [retour]

Note 1, page 30: F. Abausit, Dissert., etc., ap. Spon, Hist. de Genève, tom. II, pag. 385. [retour]

Note 2, page 30: Néron Claudius, père de l’empereur Tibère, fut chargé, sous la dictature de Jules César, d’établir plusieurs colonies dans la Gaule (in Galliam), entre autres, celles de Narbonne et d’Arles. — (Suetonius in Tiberio, N° IV.) [retour]

Note 3, page 30: Cæsar, Bell. Gall., lib. VIII, cap. 49. « Cum in Belgio hiemaret … » Cap. 50: « Ipse Cæsar, hibernis peractis … in Italiam quam maximis itineribus est profectus. » Cap. 53: « Cum omnes regiones Galliæ Togatæ Cæsar percurrisset, summa celeritate ad exercitum Nemetocennam (Arras) rediit. » [retour]

Note 4, page 30: Appien, Guerres civiles des Romains, liv. II, chap. 5, § 32. (Traduction française de Combes-Dounous, tom. I, pag. 304. Paris, 1801.) [retour]

Note 1, page 31: Strabon (liv. IV, pag. 205), parlant des Salasses, et Appien, liv. III, chap. 14 (loc. cit., tom. II, pag. 211, 212). [retour]

Note 2, page 31: Cæsar, de Bell. Gall., lib. VII, cap. 9. Bell. civil., lib. I, cap. 36; II, cap. 3, 5. — T. Livius, Epitom., lib. CXIV. [retour]

Note 3, page 31: « Cum D. Brutus … perfugisset, jussu Antonii … et Lapeno Sequano interfectus est. » (T. Livius, Epitom., lib. CXX.) [retour]

Note 1, page 32: « Iter per Alpes (Summas), quo … mercatores ire consueverant … » Cæsar, Bell. Gall., lib. III, cap. 1. — Strabon, liv. IV, loc. cit. [retour]

Note 2, page 32: G. de Wyss, über das Röm. Helvetien. (Archiv. f. Schweizer-Gesch.) Zurich 1851, tom. VII, pag. 63, 64. — Gaullieur, Bulletin de l’Instit. Genève, tom. I, pag. 278 et suiv. [retour]

Note 3, page 32: Inscriptiones Helvetiæ. Edit. Th. Mommsen. Turici 1854, in-4°. [retour]

Note 1, page 33: Suivant en ce point l’opinion de Sigonius de Antiquo jure Rom., lib. III, cap. 4, et du cardinal H. Noris, Cenotaphia Pisana, Dissert. I, cap. 2, pag. 23. [retour]

Note 2, page 33: Sive ab ipso Cæsare, sive a triumviris, sive ab imperatore C. Octaviano, ante an. 727, an. U. c., quo Augusti nomen adsumpsit, inter fines Helvetiorum et Allobrogium interposita est colonia Julia Equestrium sive Noviodunum. (Th. Mommsen, loc. cit., pag. 18.) [retour]

Note 3, page 33: Sur le passage de Dion (lib. LIV, pag. 23), voyez Schöpflin, Alsat. Illustr., tom. I, pag. 157, 158. [retour]

Note 4, page 33: « Nam militarium (coloniarum quales instituit Cæsar et Augustus) et caussæ et auctores ex ipsarum præfulgent nomine. « Velleius Paterc, Hist. rom., lib. I, cap. 14. [retour]

Note 1, page 34: « Ad exemplum Lugdunensis coloniæ, ejusdem fere ætatis … constitutam. » (Th. Mommsen, loc. cit., pag. 18.) [retour]

Note 2, page 34: Dion Cassius, lib. XVI, pag. 50. Schöpflin, Alsatia Illustr., tom. I, pag. 152. [retour]

Note 3, page 34: Dr K. L. Roth, L. Munatius Plancus, Erklär. der Inschrift in Gaëta; Mittheilungen der G. fur. Vaterl. Alterthümer in Basel, IVe livr., pag. 1 à 27. (Basel 1852, in-4°.) [retour]

Note 4, page 34: Ebenso fällt noch in die Zeit von Cæsars Proconsulat die Gründung der Colonia Julia Equestris Nevidunum auf dem Boden der jetzigen Schweiz. (Dr K. L. Roth, loc. cit., pag. 15.) [retour]

Note 1, page 35: On sait que César passa immédiatement du proconsulat des Gaules à la dictature. [retour]

Note 2, page 35: Velleius Paterc., loc. cit., lib. I, cap. 14. [retour]

Note 3, page 35: Dion Cassius, lib. XLIV. Cité par Amédée Thierry, Hist. des Gaulois, tom. III, pag. 267, 268. [retour]

Note 1, page 36: Ne, quum exercitum deducturus esset, bellum, etc. (Cæsar, De Bell. Gall., lib. VIII, cap. 49.)
Par exemple la 12e légion, qui avait fait l’expédition contre les Véragres (Cæsar, De Bell. Gall., lib. III, cap. 1) et qui plus tard, dans la 7e campagne, était dans le pays de Trêves, sous les ordres de Labiénus, fut envoyée dans la Cisalpine (ibidem, lib. VIII, cap. 24) et passa l’année suivante le Rubicon avec César. (De Bell. civile, lib. I, cap. 15.) [retour]

Note 2, page 36: Fondation des colonies militaires d’Aquilée, l’an de Rome 565; Tit. Livius, Histor., lib. XL, cap. 34, et d’Ivrée an. 654; Vell. Paterc., lib. I, cap. 15, N° 5. [retour]

Note 3, page 36: Multas autem urbes per Italiam et extra eam refecisse Cæsarem, partim novas condidisse colonias vero plures finitis bellis constituisse, testatur Dio, lib. XLIII. (Guillimani, De rebus Helvet., lib. 1, cap. 9.) [retour]

Note 4, page 36: Vers l’an 708 ou 709 de Rome, Jules César fonda dans la Narbonnaise les colonies militaires de Narbonne et d’Arles (Suetone, In Tiberio, cap. 4), et celles de Valence et de Vienne (Colonia Julia Viennensis) sur le Rhône. (Duchâlais, Médailles gauloises, pag. 19.) [retour]

Note 1, page 37: Cæsar … octoginta millibus civium in transmarinas colonias distributis. (Sueton., J. Cæsar, cap. 42, pag. 9.) [retour]

Note 2, page 37: Voir Appien, De Bellis civil., lib. II, cap. 18. (Suivant la traduction française de Combes-Dounous, tom. I, pag. 506. Paris 1808, in-8°.) [retour]

Note 3, page 37: Ibidem, lib. II, cap. 17 et 18; loc. cit., tom. I, pag. 482, 483, 506. [retour]

Note 4, page 37: César fut poignardé, dans le Sénat, le jour des ides de mars, l’an 710 de Rome, soit 44 ans avant Jésus-Christ. [retour]

Note 1, page 38: Appien, lib. II, cap. 17. (Loc. cit., tom. I, pag. 482.) [retour]

Note 2, page 38: Ibidem, lib. II, cap. 18. (Loc. cit., tom. I, pag. 499 à 508.) [retour]

Note 3, page 38: Ibidem, lib. II, cap. 18 in fine. (Loc. cit., tom. I, pag. 508.) [retour]

Note 4, page 38: Julius Cææsar, omnem Galliam quæ, a saltu Pyrenæo Alpibusque et monte Gebena fluminibus Rheno et Rhodano continetur … præter socios ac bene meritas civitates, in provinciæ formam redegit. (Suctonius, in Julio Cæsare, cap. 25.) [retour]

Note 5, page 38: Vell. Paterc, lib. II, cap. 65. — Cic., Ad famil., lib. XI, ep. 7: « Adolescentem, vel puerum potius (Octavianum) Cæsarem. » [retour]

Note 1, page 39: Amédée Thierry, Hist. de la Gaule rom., tom. I, pag. 124. [retour]

Note 2, page 39: Nihil convenientius ducens, quam necem avunculi vindicare tuerique acta. (Sueton., Octavius, cap. 10.) [retour]

Note 3, page 39: Voyez la Dissertation de M. C. L. Roth, citée plus haut, pag. 10, 14, 15, qui prouve (contre l’opinion de Schöpflin) que la Colonia Raurica a été fondée l’an 710 de Rome, l’année même de la mort de César. [retour]

Note 1, page 40: Cæsar … sub dicessum suum … cum exercitum deducturus esset. (De Bell. Gall., lib. VIII, cap. 49.) [retour]

Note 2, page 40: Massilienses portas Cæsari clauserunt. (Cæsar, Bell. civil., lib. I, cap. 34.) [retour]

Note 3, page 40: Albicos … qui montes supra Massiliam incolebant. (Ibid., cap. 34.) Valcarum, Arecomicorum, et Helviorum (gentes). Ibid., cap. 35. [retour]

Note 4, page 40: Allobrogum metropolim Viennam … Reliqui sane vicatim ætatem agunt. (Strabo, Geogr., lib. IV.) [retour]

Note 5, page 40: Dion Cassius, lib. XLVI. — Am. Thierry, Hist. des Gaulois, tom. III, pag. 227-261. [retour]

Note 6, page 40: Erant apud Cæsarem ex equitum numero, Allobroges duo fratres Roscillus et Ægus, etc … ad Pompeium transierunt, etc. (Ibid., Bell. civil., lib. III, cap. 59, 60.) [retour]

Note 1, page 41: A. U. c. 708, ante J.-C. 46. « Brutus legatus Cæsaris in Gallia Bellovacos rebellantes prælio vicit. » (T. Livius, Epitom., lib. CXIV.) [retour]

Note 2, page 41: « Balbus meliora de Gallia. XXI die litteras habebat; Germanos illasque nationes, re audita de Cæsare, legatos misisse … , se quod imperatum esset, esse facturos. » (Cic. ad Attic., lib. XIV, ep. 9.) [retour]

Note 3, page 41: Cæsar, Bell. civil., lib. II, cap. 22. [retour]

Note 4, page 41: Nero Claudius ad deducendas in Galliam colonias, in queis Narbo et Arelate erant, a Cæsare missus est. (Sueton., in Tiberio, cap. 4.) — Amédée Thierry, Hist. des Gaulois, tom. III, pag. 261. [retour]

Note 1, page 42: Inscription de Nîmes. « Julius Cæsar, de Gallis et Allobrogibus, et Arecomicis triumphavit. » (Hist. du Languedoc, preuves, pag. 6. Inscript. 15.) [retour]

Note 2, page 42: Dans sa Dissertation sur le mausolée de Plancus, M. C. L. Roth (loc. cit., pag. 15) fait remonter la fondation de la colonie Equestre aux dernières années du proconsulat dans les Gaules. Mais si cette colonie avait déjà existé à cette époque, elle aurait probablement éprouvé le sort que les Allobroges venaient de faire subir à la cité de Vienne. [retour]

Note 3, page 42: Cette inscription, rapportée par Gruter (mort en 1601) comme existant de son temps dans l’ancien bourg de Versoix, situé dans la paroisse de St. Loup, au-dessus de la ville actuelle, a disparu vers la fin du XVIe siècle, lorsque ce bourg et son antique château furent pris, livrés aux flammes et rasés par les Genevois, en 1589. (Gaudy-Lefort.) [retour]

Q. FABIO MAXVM.
ALLOBROG. VICTOR.
… R. C.

Inscription rapportée par Levade, Dict. du canton de Vaud, pag. 226, N° 16, et par J. G. Orelli (Inscript. helvet., Turici, 1844, pag. 34, N° 107.) Versoix prope Genevam. [retour]

Note 1, page 43: Inscript., Cons. helvet., Turici, 1854, pag. 111, N° 14. [retour]

Note 2, page 43: Ex Fastis consular., ad ann. 632 (633 Var.) (Apud Orelli, Cicer. opera, tom. VIII, pag. 47.) [retour]

Note 3, page 43: Vellei. Paterc., lib. II, cap. X, N° 2. [retour]

Note 4, page 43: Ex Fastis consularibus, an. 708 (709 Var.) (an. 45 ante Christ), C. Julius Cæsar consul IIII sine conlega. Eodem anno, Q. Fabius Q. f. q. n. Maximus in magist. mortuus est. (Apud Orellius, loc. cit., tom. VIII, pag. 54.) [retour]

Note 1, page 44: Il est certain que, pendant les neuf premiers mois de l’an 709 (45 ans avant Jésus-Christ), César fut consul IV (pour la 4e fois) sine collega, et que ce ne fut qu’après son retour à Rome et après son triomphe d’Espagne et celui de Q. Fabius (c’est-à-dire après le 13 octobre 709) qu’il déposa le consulat et fit nommer consuls Q. Fabius et C. Trebinus pour le reste de l’année. Q. Fabius mourut le 31 décembre de la même année. (Voir Suet., Cæsar. cap. 76; Dion Cass., XLIII, 33; Cicer., ep. ad Fam. VII, 30; Plin. H. M. VII, 54. (Communic. de M. le prof. J. J. Hisely.) [retour]

Note 2, page 44: « Novisque rebus infidelis Allobrox. » (Horat., Epist. XVI, 6.) [retour]

Note 3, page 44: « Triumphi Romanor. an. 708, 3 Idus octob. (709 Var.) » Q. Fabius q. s. q. N. Maximus (apud Orellius, Cicer. opera, tom. VIII, pag. 141.) [retour]

Note 4, page 44: « Extremum oppidum Allobrogum est … Geneva. » (J. Cæsar, de Bell. Gall., lib. I, cap. 6.) [retour]

Note 1, page 45: « Primus Galliæ motus ab Helvetiis cæpit … » (Florus, epit., lib. III, cap. 10.) [retour]

Note 2, page 45: Vell. Paterc, lib. II, cap. 44. [retour]

Note 3, page 45: Julius Cæsar, Comment., de Bell. Gall. lib. I, cap. 7 ad 27. La guerre des Helvètes vient d’être de nouveau élucidée par M. le sénateur J. de Saulcy, membre de l’Institut, dans une savante dissertation publiée à Paris, 1860. [retour]

Note 1, page 46: « Cæsar bellicosissimam gentem Helvetiorum sic in sedes suas, quasi greges in stabula pastor reduxit. » (Florus, lib. III, cap. 10.) [retour]

Note 2, page 46: Cæsar, De Bell. Gall., lib. I, cap. 28. [retour]

Note 3, page 46: Idem, loc. cit., lib. I, cap. 2. [retour]

Note 4, page 46: Tit. Livius, Histor., lib. II, cap. 41; — Appian, de Bell. civil., lib. I, cap. 7. — César usa des mêmes procédés à l’égard des villes maritimes de la Bretagne. (Venetos, etc., Bell. Gall., lib. II, cap. 33, 34.) [retour]

Note 1, page 47: « Quum in Italiam profisceretur Cæsar, Sergium Galbam cum legione duodecima et parte equitatum in Nantuates, Veragros, Sedunosque misit. » (Cæsar, De Bell. Gall., lib. III, cap. 1.) [retour]

Note 2, page 47: L’expédition de Galba dans le Bas-Valais eut lieu dans l’automne de l’an 698 de Rome, 56 ans avant la naissance de Jésus-Christ, deux ans après la défaite des Helvétiens. (Amédée Thierry, Hist. des Gaulois, tom. II, pag. 374 et suiv.) [retour]

Note 3, page 47: C’est le pays qui forme aujourd’hui le district d’Aigle au canton de Vaud. [retour]

Note 4, page 47: « Galba … nullo hoste probibente, incolumen legionem … in Allobrogibus perduxit. » (Cæsar, Bell. Gall., lib. III, cap. 6.) [retour]

Note 1, page 48: Cette chaîne de montagnes qui aboutit aux rochers de Meillerie près d’Evian, coupés par la route du Simplon, interceptait le passage sur une longueur de deux lieues avant l’établissement de cette route militaire. [retour]

Note 2, page 48: Cæsar, Bell. Gall., lib. II, cap. 6. [retour]

Note 3, page 48: Ibidem, lib. III, cap. 1. [retour]

Note 4, page 48: Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 54; V, cap. 24, 37, 57. [retour]

Note 5, page 48: Ibid., loc. cit., lib. III. cap. 6. [retour]

Note 1, page 50: Vienne avait reçu une colonie de vétérans en 709. (Voyez Duchalais.) [retour]

Note 2, page 50: Th. Mommsen, Inscript. Helvet., pag. 18, § 9. Col. Equestrium. [retour]

Note 1, page 51: Equestris, ou Nyon, est à environ 30 lieues de Lyon et de Vienne (par Chambéry) et à peu près à la même distance de Basel-Augst (Raurica). [retour]

Note 2, page 51: Lacu Lemano et flumine Rhodano, qui provinciam nostram ab Helvetiis dividit. (Cæsar, De Bello gallico, lib. I, cap. 2.) [retour]

Note 3, page 51: « Inter fines Helvetiorum et Allobrogum Rhodanus fluit, extremum oppidum Allobrogum est proximumque Helvetiorum fines Geneva. » (Ibid., cap. 6.) [retour]

Note 4, page 51: (Allobrogum) … qui nuper pacati erant. [retour]

Note 1, page 52: Cæsar, De Bello Gallico, lib. I, cap. 28. Voir aussi G. de Wyss, Uber das Römische Helvetien, pag. 43. [retour]

Note 2, page 52: Voir Th. Mommsen, loc. cit., pag. 70, Nos 324, 325. [retour]

Note 3, page 52: Plinius, Hist. natur., IV, 17. Belgica … incolunt Helvetii Coloniæ Equestris, etc. [retour]

Note 1, page 53: Prov. Maxima Sequanorum metropolis civitas Vesontiensium; civitas Equestrium, sive Noiodunus. (Guérard, loc. cit., pag. 21.) [retour]

Note 2, page 53: Itinéraire d’Antonin, route de Milan à Strasbourg:

GenevaM. P.
Equestribus16.
Lacu Lausonio20.

(Voir Walkenaer, Géographie des Gaules, tom. III, pag. 29.) [retour]

Note 3, page 53: Prov. Viennensis metropolis civitas Viennensium, civitas Genavensium. (Guérard, loc. cit., pag. 24.) [retour]

Note 4, page 53: On en connaît au moins une quarantaine très authentiques, suivant Mommsen, loc. cit., pag. 18 et suiv. [retour]

Note 1, page 54: Inscriptions de Collonges et de Thoiry. (Voir La Teissonière, Recherches sur le département de l’Ain, tom. I, pag. 112 et 113.) [retour]

Note 2, page 54: Th. Mommsen, loc. cit. (Milliarii) Nos 321-324, 325 et 326, pag. 69 à 71. [retour]

Note 3, page 54: Voyez Guizot, Essais sur l'histoire de France, du régime municipal romain, pag. 8 et suiv. [retour]

Note 4, page 54: Th. Mommsen, Inscript. Helvet., Nos 83, 84, 118, 119, 120, 122, pag. 14 à 22. [retour]

Note 1, page 55: Ibidem, N° 119, pag. 20. [retour]

Note 2, page 55: Ibidem, N° 120, pag. 20. [retour]

Note 3, page 55: Ibidem, N° 117, pag. 20. [retour]

Note 4, page 55: Ibidem. Flamen Augustalis, Nos 118, 119, 120, pag. 20. [retour]

Note 5, page 55: Ibidem, N° 115, pag. 19. An. p. Chr. 218. [retour]

Note 1, page 56: Voir Th. Mommsen, Inscript. Helvet., pag. 21, N° 121. [retour]

Note 2, page 56: J. G. Orelli, Inscript. Helvet., Turici 1844, N° 107.

« Quinto Fabio Maximo
» Allobrogum Victori
» Reipublicæ Causa. » [retour]

Note 1, page 57: Voyez J. Gruteri, Corpus Inscript., ex recensione J. G. Grævii, P. Ia, pars 11, pag. 406, N° 6. (Amsterdam 1707.) [retour]

Note 2, page 57: J. G. Orelli, loc. cit., pag. 34, note N° 107. [retour]

Note 3, page 57: Th. Mommsen, Inscript. Confœd. Helvet. latine. (Turici 1854, in-4°, pag. 111, N° 14. [retour]

Note 4, page 57: Voir l’Histoire du Languedoc., par les Bénédictins, tom. I, preuves, pag. 6. Inscription, N° 15. — Amédée Thierry, Hist. des Gaulois, tom. III, pag. 261, note 1. [retour]

Note 1, page 58: « Novisque rebus infidelis Allobrox. » (Horatius, Epod. XVI, 6.) [retour]

Note 2, page 58: Voyez Triumphi Roman., ad ann. U. c. 692. C. Pontinius, proconsul, de Allobrogibus. [retour]

Note 3, page 58: Allobroges, « qui nuper pacati erant, etc … quod nondum bono anirao in populum romanum viderentur. » (Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 6.) [retour]

Note 1, page 59: Cæsar, Bell. civil., lib. III, cap. 59, 60. [retour]

Note 2, page 59: Dio Cassius, lib. XLVI, pag. 323. [retour]

Note 3, page 59: Inscript. XV, pag. 6. Preuves de l’Hist. du Languedoc, par D. Vaissette, etc., tom. I, in-fol. [retour]

Note 4, page 59: L’an de Rome 709 (suivant l’ère de Varron), soit 45 ans avant Jésus-Christ. [retour]

Note 5, page 59: Voir Baïter, Triumphi Roman., an. U. c. 708 (vel 709 Varron): III Idib. octobr. Quintus Fabius Maximus consul. Idib. decemb. Quintus Pedius proconsul. — T. Ciceronis, Opera. Edit. J. G. Orellius, tom. VIII, pag. 161. [retour]

Note 1, page 60: Voir Baïter, Fasti consulares, sub an. 708 (vel an. 709, Varroniano). C. JuliusCæsar consul IIII, sine conlega. Eodem anno Q. Fabius, Q … f … Q … n … Maximus … in mag. mortuus est. (Loc. cit., tom. VIII, pag. 54.) [retour]

Note 2, page 60: Idem, loc. cit. 3 . [retour]

Note 3, page 60: Extremum oppidum Allobrogum est … Geneva. » (Cæsar, Bell. Gall., lib. I, cap. 6.) [retour]

Note 1, page 61: Voir Th. Mommsen, Inscript. Conf. Hetvet., pag. 14, N° 85. (Gruter, liv. cit., tom. II, pag. 572, N° 11.) Idem, N° 88. (Gruter, loc. cit., tom. I, pag. 385, N° 4.) [retour]

Note 2, page 61: Th. Mommsen, loc. cit., præfat., pag. 12. [retour]

Note 3, page 61: Voir J. Orelli, Inscript. Helvet., pag. 34. (Ad. N° 107.) [retour]

Note 4, page 61: La 1re édit. des Inscript. antiques de Gruter parut à Heidelberg en 1603. [retour]

Note 1, page 62: Le fort de Saint-Maurice de Versoix, qui fut pris d’assaut et rasé par les Genevois, en novembre 1589. (Spon, Hist. de Genève, édit. in-4°, 1730, tom. I, pag. 361 et suiv.) [retour]

Note 2, page 62: Entre autres les Inscriptions N° 117 et N° 121 qui ont été portées à Genève en 1590. (Voir Th. Mommsen. Inscript. Conf. Helvet., pag. 20 et 21.) [retour]

Note 1, page 63: Guichenon, Hist. de Bresse, 2e part. Continuation, pag. 20 (d’après le père J. Chifflet, qui n’en rapporte aucune preuve.) [retour]

Note 2, page 63: Dunod, Hist. du comté de Bourgogne, tom. I, part. 2e; — Hist. de l’Eglise de Besançon, pag. 78. [retour]

Note 1, page 64: Canon 12. (Voyez Harduin, Concil., tom. II, col. 605, et d’autres preuves citées par M. Guérard, Divisions de la Gaule. (Paris 1832, pag. 80.) [retour]

Note 1, page 65: Voir la légende de St. Domitien, dans Guichenon. (Histoire du Bugey, preuves, pag. 228, 231.) [retour]

Note 2, page 65: Harduin, Concil., tom. II, pag. 1059. [retour]

Note 3, page 65: Gall. Christ., tom. II, pag. 357. [retour]

Note 4, page 65: Voyez la légende de St. Amand de Nantua, rapportée par Guichenon, Hist. de Bresse et de Bugey, preuves, pag. 210. [retour]

Note 1, page 66: Chifflet, Vesontio, pars II, pag. 117. — D. Ferron, Dissertation (couronnée) sur la Chronol. des évêques de Besancon. (Documents inédits de Franche-Comté, tom. II, pag. 77.) — Ed. Clerc, Hist. de Franche-Comté, tom. I, pag. 112. [retour]

Note 2, page 66: Entre autres Claude Ier, qui signa au concile d’Epaone: « Claudius episcopus vesontionensis suscripsi. » (Harduin, Conc., loc. cit.) [retour]

Note 3, page 66: Dissertation sur les archevêques de Besançon, par D. Ferron. (Documents inédits de Franche-Comté, tom. II, pag. 77 et 162. [retour]

Note 4, page 66: M. Richard, Hist. des diocèses de Besancon et de St. Claude, tom. I, pag. 56 et 57. [retour]

Note 5, page 66: On ne doit pas confondre St. Amand (Amandus) qui mourut le 6 février 671, avec Amantius qui vivait environ 100 ans auparavant et dont l’anniversaire tombe sur le 6 juillet, comme on l’a fait dans le savant Essai de M. Dey, sur les commencements du christianisme en Suisse. (Fribourg 1857, pag. 56.) [retour]

Note 1, page 67: Voir, entre autres, l’ancien martyrologe d’Epternach, cité par Dunod, tom. I, pag. 78, et par Dom Ferron, loc. cit., pag. 168. — Dans l’Essai du vénérable ecclésiastique fribourgeois, dont nous avons parlé ci-devant, on objecte (pag. 34) contre l’opinion du père Labbé, de Chifilet et Dunod, que le Nividunum des martyrologes est une ancienne ville de la Mœsie du même nom, et non pas Nyon en Suisse!! [retour]

Note 2, page 67: Gregorio Turonensis, Hist. Francor., lib. III, cap. 36. [retour]

Note 3, page 67: Chorier, Etat politique du Dauphiné, tom. II, pag. 69 et 109. [retour]

Note 4, page 67: Chorier, loc. cit., pag. 109 et suiv. [retour]

Note 1, page 68: Voyez ce qu’il est dit plus loin sur l’étendue du diocèse de Genève. [retour]

Note 2, page 68: Voyez Fiefs de l’archevêque de Besançon au XIIIe siècle. (Dunod, Hist. de l’Eglise de Besançon, tom. I, pag. 116, et L. de Charrière, Hist. des sires de Cossonay et de Prangins, dans les Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. V, pag. 5 et suiv. [retour]

Note 1, page 69: (Charta fund. monast. Agaunensis, an. 516. « In pago Genevensi, curtos ita nuncupatas, Communiacum, Mariniacum. » Gallia Christ. XII, preuves, pag. 421.) [retour]

Note 2, page 69: Greg. Turon., in vitis Patrum, cap. 1. (Edit. de la Société d’histoire de France. Paris 1838, tom. IV, pag. 304.) [retour]

Note 3, page 69: Spon, Hist. de Genève, tom. I, pag. 23, in-4°. [retour]

Note 1, page 70: « Quod usque nunc a fisci ditionibus capere referuntur. » (Greg. Turon., loc. cit., pag. 305.) [retour]

Note 2, page 70: Les vignobles de la Côte sont beaucoup plus anciens que ceux de la Vaux. [retour]

Note 3, page 70: Pouillé de l’abbaie de St. Claude. (Dunod, loc. cit., tom. I, preuves, pag. 69 et 76.) [retour]

Note 4, page 70: Anonym. in vita St. Romani: « Duo juvenes Nugdunensis municipii » (Dunod, loc. cit., pag. 95.) [retour]

Note 5, page 70: Voir l’inscription de l’arcade de Bourg-de-Four à Genève. (Mém. et Docum. de Genève, tom. IV, pag. 308.) [retour]

Note 1, page 71: Cartul. de Lausanne, Hist. des évêques. (Mém. et Docum. de la Suisse rom., tom. VI, pag. 28.) [retour]

Note 2, page 71: Voyez Dissertation sur la colonie des Equestres, dans Spon, loc. cit., pag. 303. [retour]

Note 1, page 72: Voir Frédegaire, Hist. Francor., cap. 22 et 42. [retour]

Note 2, page 72: Sur l’existence de ce grand comté carlovingien, voyez les lettres d’Eginhard. (Epistolæ, 16 et 17.) [retour]

Note 1, page 73: Rodolphe Ier était fils de Conrad II, duc de la Rhétie et comte de l’Ultra—jurane, et petit-fils de Conrad Ier, comte de Paris, propre frère de Judith, seconde femme de l’empereur Louis le Débonnaire, et fille d’Ethicon Welf, duc des Bavarois. (Voir l’Art de vérifier les dates, tom. II, pag. 430.) [retour]

Note 2, page 73: Watteville, Hist. de la Conf. helvét., tom. I, pag. 11 de la 3e édit. [retour]

Note 1, page 74: Voir Monum. hist. Patriæ, Chartar., tom. II, pag. 86, N° 103, et pag. 87, N° 104. [retour]

Note 2, page 74: Donation du comte Manassès à l’église de Lausanne des terres de Montigni, de Lugrin près d’Evian, etc. « in pago Genevense, » datée de la sixième année du règne de Rodolphe Ier, roi de Bourgogne, c’est-à-dire de 893. (Raph., Monum., pag. 28, N° 14.) [retour]

Note 3, page 74: Charte du Xe siècle. « In pago Genevense et in comitatu Equestrico. » (Hist. Patriæ Monum. Chartarum, tom. II, pag. 77, N° 67.) [retour]

Note 1, page 75: Nyon ne reparaît dans nos chartes qu’au commencement du XIIe siècle, tandis que les villages environnants, comme Eysins (Ozinco), Avenex (Avenaco) et Crans (Crano) sont mentionnés dans les Xe et XIe. [retour]

Note 2, page 75: Charte de Rodolphe II, roi de Bourgogne Jurane, datée de la 15e année de son règne (926), où il est fait mention d’Anselmus comes de pago Equestrico. (Cibrario e Promis, Documenti, pag. 1.) [retour]

Note 3, page 75: M. L. Cibrario prenant la villa Balgello in pago Equestrico (Hist. Patriæ Monum. Chartarum, tom. I, col. 500, N° 289, note 3) pour le village de Ballaigue, dans le diocèse de Lausanne, sur la route d’Orbe à Pontarlier, M. Mallet en a conclu que le comté Equestre s’étendait jusqu’à ce dernier village. (Mém. et Doc. de Genève, tom. I, part. 2, pag. 149, note 2.) [retour]

Note 1, page 76: « Plaît d’Anselme comes de pago Equestrico in vico St. Gervasii in urbe Genevensi extra ejus muros, in mallo publico ad justicias faciendas. » (Cibrario e Promis, lib. supra cit., pag. 1.) [retour]

Note 2, page 76: Les seigneurs de Gex, successeurs des comtes des Equestres, revendiquaient les droits de juridiction féodale sur le faubourg de St. Gervais et sur le pont du Rhône au XIIIe siècle et les cédèrent moyennant finances aux évêques de Genève en 1261. (Spon, Hist. de Genève, tom II, pag. 54.) [retour]

Note 1, page 77: Donation de la comtesse Eldegarde au prieuré de Saligny, datée du 20 février, 23e ou 24e année du règne de Rodolphe. (Guichenon, Bibliot. Sebus., pag. 71, 75; Mallet, Mém. et Docum. de Genève, tom. II, part. 2, pag. 16, N° 1; Hist. Patriæ Monum., tom. VI; Chartarum, tom. II, col. 3, N° 92.) [retour]

Note 2, page 77: Ibidem. [retour]

Note 3, page 77: Voyez cette charte publiée par Guichenon, Hist. du Bugey, 4e part., preuves, pag. 215. Alran, évêque de Mâcon et abbé de Nantua, qui figure dans cet acte, ne siégea que trois ans, depuis 931 à 934. [retour]

Note 1, page 78: « In comitatu Varesino Abbatia St. Amandi (Nantuacensis) an. 960. » Voyez la charte de Lothaire, roi de France, par A. Bernard. (Cartul. de Lavigny, tom. II, pag. 1086.) [retour]

Note 2, page 78: La vallée de Mijoux, occupée par les moines de St. Claude, appartenait par moitié au comté de Bourgogne ou de Scoding, subdivision du grand comté, et au comté des Equestres, soit au pays de Gex. (Voir J. Baud, Réunion du Bugey à la France (Bourg 1852). Pièces justific., pag. 129, note 1.) [retour]

Note 1, page 79: Tel est aussi le sentiment de M. Ed. Mallet, consigné dans une simple note qu’il se proposait sans doute de développer à loisir. (Voir Mém. et Doc. de Genève, tom. II, part. 2, pag. 4.) [retour]

Note 2, page 79: Arrondissement de St. Claude et de Lons-le-Saunier, département du Jura. [retour]

Note 3, page 79: Ce comté tirait son nom du château de Varey, qui était situé dans la commune de Saint-Jean-le-Vieux (Vicus Varey), arrondissement de Nantua, département de l’Ain. [retour]

Note 4, page 79: Voyez Besson, Hist. du diocèse de Genève (Nancy 1759, in-4°), pag. 1 à 127.— Mallet, Pouillé du diocèse de Genève, du XIVe siècle. — Mém. et Doc. de Genève, tom. IX, pag. 223 et suiv. [retour]

Note 5, page 79: Cartul. de l’évêché de Lausanne.Mém. et Docum. de la Société d’histoire de la Suisse romande, tom. VI, pag. 21. [retour]

Note 1, page 80: Chartes de Guy, évêque de Genève, des années 1091 à 1119: « in pago Genevensi et in comitatu Equestiico, etc. » — (Mallet, Mém. et Docum. de Genève, tom. I, part. 2, pag. 148, N° 5; pag. 150, N° 6, et pag. 154, N° 8.) — Bulle de l’empereur Frédéric Ier pour l’abbaye de St. Claude de l’an 1184: « In Equestrico comitatu et in Genevensi episcopatu. » (Dunod, tom. I, pag. 69.) [retour]

Note 2, page 80: Hepidanus ad an. 995: « Rodulphus, qui patri Conrado successit in regnum, quosdam (comites) suorum paterna hereditate privare conatus, bello lacessitus est. » (Pertz, Mon. Germ., tom. I, pag. 81.) [retour]

Note 1, page 81:. La charte de dotation du prieuré de St. Pierre de Satigny que Guichenon (Bibliot. Sebus., Cent. I, N° 32) date de la 24e année de Rodolphe Ier, et que d’autres datent du règne de Rodolphe II et même de Rodolphe III, a été publiée sur l’original des archives de Genève par M. Ed. Mallet. (Mém. et Docum., tom. II, part. 2, pag. 16, N° 1.) Elle est réellement datée de la 23e année du règne de Rodolphe, du vendredi (die veneris) (X kal. Martii). Le 21 février, année bissextile, tombant sur un vendredi (litt. Dominicales E D), se rencontre exactement avec la 23e année du règne de Rodolphe Ier, qui mourut le 25 octobre suivant dans la même année 912. — Le lévite Mayeul, qui stipula la charte de Satigny en présence du chancelier Wideric, dont il était le secrétaire en 912, avait succédé à celui-ci comme chancelier du roi, et stipula en cette qualité une charte de 926 dont nous avons parlé. Tout concourt donc à fixer la charte de la comtesse Eldegarde à l’an 912 plutôt qu’à l’an 935. [retour]

Note 2, page 81:. Riculfus, évêque de Genève, succéda, selon le Catalogue de St. Pierre de Genève et suivant Besson, Hist. du diocèse de Genève, pag. 10, à Franco, qui siégeait en 908 (Cartul. de Savigny, N° 30, pag. 30), et précéda l’évêque Adalgaudus, que nous voyons assister en 927 à l’élection de Libon, évêque de Lausanne. (Cartul. de Lausanne, pag. 56.) Il y a donc une transposition dans le Catalogue des évêques de Genève, publié par M. Ed. Mallet dans les Mém. et Doc. de Genève, tom. V, pag. 358, d’après les manuscrits de Bonnivard . [retour]

Note 1, page 82: Charte de la comtesse Eldegarde: « Ad sepulturam ipsius (Ayrberti), ubi et ego tumulari opto. » (Mallet, loc. cit., tom. II, pag. 16.) [retour]

Note 2, page 82: Plaît tenu par les comtes Hugues et Anselme à St. Gervais, dans le comté des Equestres en 926. (Ce curieux document a été publié naguère avec d’amples commentaires de M. le baron Zurlauben, dans le recueil périodique intitulé Schweizerische Annalen, 1784, septembre, pag. 257 et suiv.; et plus récemment avec quelques variantes, par M. L. Cibrario, Documenti e sigilli, pag. 1, Turin 1833, in-8°.) [retour]

Note 1, page 83: Ibidem … « De res quæ sunt sitas in pago Equestrico et in curte Avenace. » Avenex, village du cercle de Gingins, district de Nyon, à une demi-lieue de cette petite ville. [retour]

Note 2, page 83: Ibidem … « Dum residisset venerabilis rex Rodulphus in Castris Villa, etc … jussit … Anselmum comitem de pago Equestrico atque Ugonem comite Palatio, etc. » [retour]

Note 3, page 83: Ibidem … « Ipse Ugo banum domini regis misit, ut in primo placito quod ipsi tenuerint legibus inquirant vel finiant in eadem provincia. » [retour]

Note 4, page 83: « In vico Sancti Gervasii, urbe Genevensi extra ejus muros, in mallo publico ad justicias faciendas. » (Ibidem, pag. 2.) [retour]

Note 1, page 84: Comes (Anselmus) misit suum missum ibi (Avenaco) residenti, ut supra scriptis res ipsis femina reddat sicuti et fecit. » (Ibidem, pag. 3.) [retour]

Note 2, page 84: En 923. (Monum. hist. Patriæ, Cartarum, tom. II, col. 28, N° 16.) [retour]

Note 3, page 84: Cartul. de Lausanne. (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. VI, pag. 56.) [retour]

Note 4, page 84: Adalgandus episcopus (Genevensis) presens et conlaudans consensit. (Ibidem.) [retour]

Note 5, page 84: Cartul. de Lausanne. (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. VI, pag. 9.) [retour]

Note 1, page 85: Anselmus comes presens fuit; Odolricus comes, frater Anselmi. (Charte de 943; D. Bouquet, Hist. Franc. script., tom. IX, pag. 696.) [retour]

Note 2, page 85: Cartul. de Lausanne (loc. cit., pag. 35). [retour]

Note 3, page 85: Charte de Magnerius, évêque de Lausanne, de la xxvij (lisez xxiij) année du règne de Conrad le Pacifique, soit du 3 février 961 . « Magnerius episcopus et advocatus suus Anselmus comes. » (Cartulaire de Lausanne, loc. cit., pag. 96.) [retour]

Note 4, page 85: « In comitatu Vualdense inter Albunam et Venobiam, in villa Tolochina. » (Ibidem.) [retour]

Note 1, page 86: Guichenon, Bibliothèque Sébusienne, Cent. I, N° 1; Zeerleder, Urkunden der Stadt Bern, tom. I, pag. 8, N° 8. [retour]

Note 2, page 86: « Villa Gemella, Hist. Patriæ Monum., tom. VI; Cartarum, tom. II, col. 65, N° 47; Gimel, grand village du district d’Aubonne, qui est nommé Villa Vimelles (lege Gimellis) in comitatu Equestrico dans une autre charte de 1051. (Cibrario e Promis, Docum., pag. 29.) » [retour]

Note 3, page 86: Villa Muciatis. Le Muids ou Muiz, cercle de Begnins, district de Nyon, ou Maciatis (in comitatu Vualdensis), Marsy, près de St. Prex, district de Morges. [retour]

Note 1, page 87: Elu archevêque de Lyon an. 978. (Gall. Christiana, tom. IV, pag. 76.) [retour]

Note 2, page 87: Gallia Christiana, tom. XII, cot. 794, pag. 426. [retour]

Note 3, page 87: Charte du Cartulaire de Vienne, de la 25e année de Conrad. (P. de Rivas, Diplom.) [retour]

Note 4, page 87: Adalgadus comes (in comitatu Genevense) dès l’an 983 à l’an 993. Hist. Patriæ Monum., Cartarum, tom. II, col. 68, N° 53, et col. 75, N° 64.) [retour]

Note 5, page 87: Hepidanus ad an. 995 (apud Pertz,, loc. cit.). — Les sièges de Lyon, de Vienne, de Genève et de Lausanne étaient occupés par des parents du roi. [retour]

Note 6, page 87: Odillonis, vita Ste Adelheides, imperat. (Ap. Pertz, loc. cit. Script., tom. IV, pag. 642, 643.) [retour]

Note 1, page 88: Voir deux chartes: l’une du prêtre Marin du 4 mars 996, l’autre du roi Rodolphe III de l’an 1002 (Archives de Lausanne), publiées par Cibrario et Promis, Documenti, pag. 4 et 7. [retour]

Note 2, page 88: On trouve à la Côte les deux villages de Bougy (cercle d’Aubonne), de Bougy Milon (cercle de Rolle), et un troisième détruit, appelé Bangol ou Bougol (en latin Balgeolo, Balgedolo, Balgei), dont le nom subsiste dans un clos de vignes près de Bursins (cercle de Gilly). [retour]

Note 3, page 88: Ibidem. [retour]

Note 1, page 89: Au XIIIe siècle il y avait trois châteaux de ce nom à la Côte: 1° Mont-le-Vieux, qui est sans doute le Castello de Mont de la charte; 2° Mont-le-Grand, qui est peut-être le vieux St. Murico, ou le bourg que domine le château de Mont, et 3° le château des Dudos ou des Monts, dont les ruines se voient au-dessus du village de Bugnau. [retour]

Note 2, page 89: An. 1001-1002. (Cibrario e Promis, Docum., pag. 7.) [retour]

Note 3, page 89: Charte de la 9e année de Rodolphe III, soit de l’an 1002. (Cibrario e Promis, loc. cit., pag. 7.) [retour]

Note 4, page 89: Ibidem. « Robertus et frater ejus Vuitbertus filii Amalrici. » Comme il n’y a pas d’autre Amalric que le comte de ce nom, mentionné dans la charte, on doit en conclure que c’est bien lui dont il s’agit ici. [retour]

Note 1, page 90: Oyssins an. 1228. (Cartul. de Lausanne, pag. 393.) [retour]

Note 2, page 90: Plaît royal d’Eysins de l’an 1002. « Manassens comes, Rolbertus, nepos ejus. » [retour]

Note 3, page 90: Echange entre Humbert, évêque de Grenoble, et le comte Manassès, de l’an 994 environ. (Salvaing, De l’usage des fiefs, dernière édit. 1731, pag. 192.) [retour]

Note 4, page 90: Du Bouchet, Hist. de Coligny. pag. 32. — Voyez les observations de M. de la Peissonnière sur les premiers sires de Coligny. (Recherches sur le département de l’Ain, tom. II, pag. 34, art. VI.) [retour]

Note 5, page 90: Le mot nepos signifie aussi petit-fils (nepos ex filio vel filia), et l’on pourrait admettre qu’Aniana, fille du comte Manassès, qui souscrivit la charte de ce comte dont nous venons de parler (S. Anianæ filie comitis, (voy. Salvaing, loc. cit.), fut la mère de Robert de Genève.) [retour]

Note 1, page 91: Charte de Robert, comte de Genève, en faveur du prieuré de Peillonex. (Guichenon, Bibl. Sebus., Cent. I, N° 40.) [retour]

Note 2, page 91: S. Teudonis comitis, Cartul. de St. Maurice, (Hist. Patriæ Monum., tom. VI. — Chartarum, tom. II, col. 72, N° 60.) [retour]

Note 3, page 91: Plaît d’Eysins de l’an 1001 ou 1002. » Principes regni Teudonus comes. (Cibrario e Promis, loc. cit., pag. 7.) [retour]

Note 4, page 91: Charte de Rodolphe III, de l’an 1009, où les crimes de Tuto sont rappelés. (Cartul. de Lausanne, pag 237.) [retour]

Note 1, page 92: Voyez Cibrario e Promis, Documenti, pag. 7 et 13. [retour]

Note 2, page 92: Voyez plus haut la donation du prêtre Marin, pag. 88. [retour]

Note 3, page 92: Charte de Ratcherius pour Romainmotier, de l’an 1018, 20 mars. (Cibrario e Promis, loc. cit., pag. 25.) Germaniaco, le clos de Germagni; Tritigniaco, Tartegniens, deux endroits du district de Rolle, à la Côte. [retour]

Note 4, page 92: Cibrario, loc. cit. Rapporto, pag. 61 et 62. [retour]

Note 5, page 92: Piethmari Cronicon ad an. 1016. (Apud Pertz, M. Germ., tom. III, pag. 845.) [retour]

Note 6, page 92: Ibidem. [retour]

Note 7, page 92: Ibidem. « Imperator … cum exercitu in Burgundia properat, etc. » [retour]

Note 1, page 93: « Ratcherius werpivit per manum Umberti comiti. » (Charte de 1018 citée plus haut.) [retour]

Note 2, page 93: Voir le plaît d’Eysins de l’an 1002 ci-dessus. « Rotbertus et frater ejus Vuibertus fllii Amalrici. » [retour]

Note 3, page 93: Echange de vignes rière Bursins (in comitatu Equestrico) entre le couvent de Romainmotier et Amaldricus filius domini Roberti de Montibus, sans date, mais du règne de Rodolphe III. (Arch. cant. de Lausanne. Invent, analyt., paq. N° 15.) — Le nom d’Amaury (Amaldricus) est demeuré très fréquent dans la maison des anciens sires de Monts. [retour]

Note 1, page 94: Il est très facile de confondre ces deux noms propres, quand le point sur l’i est peu apparent, comme dans la charte dont il question. [retour]

Note 1, page 95: Hermann Contr. Annales, ad an. 1034.— Wiponis, Vita Conradi II. (Apud Pertz, scriptor., tom. XI, pag. 269.) [retour]

Note 2, page 95: Wiponis, Vita Conradi II. (Apud Pertz, loc. cit.) [retour]

Note 3, page 95: Wiponis, Vita Conradi II, loc. cit., pag. 270. [retour]

Note 1, page 96: Voyez l’Art de vérifier les dates, tom. II, pag. 616. [retour]

Note 2, page 96: Dans l’automne de 1038. (Wiponis, Vita Conradi, loc. cit., pag. 273.) [retour]

Note 3, page 96: Gerberge de Bourgogne avait eu pour mari Hermann II, duc de Souabe, mort en 1004. [retour]

Note 4, page 96: Nous citerons l’exemple des descendants de Lambert, dernier comte (comes) du pays de Vaud, qui perdirent ce titre et devinrent simples dynastes ou sires de Grandson. [retour]

Note 1, page 97: Constitutio Conradi II de beneficiis de an. 1037. (Apud Pertz, Legum, tom. II, pag. 38.) [retour]

Note 2, page 97: Voir le passage d’Hepidanus cité plus haut, et la lettre d’Eudes II, comte de Champagne, de l’an 1019, rappelée dans l’Art de vérifier les dates, tom. II, pag. 615 de l’édition de 1784. [retour]

Note 3, page 97: Voyez les actes de cette nature qui nous ont été conservés dans les Cartulaires de l’église de Lausanne et des couvents de Romainmotier et de St. Maurice en Valais. [retour]

Note 1, page 99: Gerberti, de Rodolpho Sueviro, pag. 3, § III. — Mémoire sur le Rectorat de Bourgogne. (Mém. et Doc. de la Suisse romande, tom. I, pag. 23, 25.) [retour]

Note 1, page 100: Voyez Mém. sur le Rectorat, loc. cit., pag. 38 et suiv. [retour]

Note 2, page 100: Gerbert, loc. cit., pag. 78, § 11. [retour]

Note 3, page 100: Ibidem, pag. 116, 118; tom. l4 et 15. [retour]

Note 4, page 100: Suivant le temps, Tiedberge était plutôt la sœur du duc Rodolphe; Guy, évêque de Genève, ayant dû naître vers l’an 1050 au plus tard pour pouvoir être évêque en 1070. [retour]

Note 5, page 100: Voyez Besson, Hist. du diocèse de Genève, pag. 12, et aux preuves, pag. 350, N° 13. — De son premier mari Tiedberge eut Guy de Faucigny, évêque de Genève, de 1070 environ à 1119, Wuillelme, etc. Du second lit, elle eut Aymon, comte de Genève, qui succéda à son père Gérold vers l’an 1080. [retour]

Note 1, page 101: Sous l’abbé Hunald Ier, qui gouverna cette abbaye de 1084 à 1093, auquel succéda Humbert, puis Hunald II, de 1106 à 1112. (Dunod, Hist. du comté de Bourgogne, tom. I; Hist. de St. Claude, pag. 117.) [retour]

Note 2, page 101: Charte de Guy, évêque de Genève, en faveur de St. Claude, de l’an 1091. (Guichenon, Bibl. Sebus., cent., II, N° 1.) [retour]

Note 1, page 102: Charte du comte Aymon de Genève en faveur de l’abbaye de St. Claude. (Guichenon, Bibl. Sebus., cent. II, N° 46.) [retour]

Note 2, page 102: Rescrit de l’empereur Henri V adressé au comte de Genève Aymon, sans date, inscrit dans le Cartulaire de Romainmotier, à la suite d’un diplôme de cet empereur en faveur de ce couvent, daté de Strasbourg. A° 1125, ind. tertia, V kal. Januarii, ce qui revient au 28 décembre 1124, le commencement de l’année pris à Noël suivant l’usage de l’Allemagne. (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. III, pag. 439.) L’empereur Henri V mourut le 23 mai suivant. [retour]

Note 1, page 103: « Imperator Augustus, Aymoni comiti Genevæ gratiam suam et dilectionem. (Ibidem.) [retour]

Note 2, page 103: Voir Levrier, Chronologie des comtes de Genevois, tom. I, pag. 80. Cette supposition a été solidement réfutée dans le savant mémoire de M. le prof. J. J. Hisely, intitulé: Les comtes de Genevois, pag. 19 et 20. (Mémoires de l’Institut genevois.) [retour]

Note 3, page 103: « Per fidem (ou fidelitatem) quam nobis debes. » (Voir lettre d’Henri V citée plus haut, et le mémoire de M. J. J. Hisely, intitulé: Les comtes de Genevois, pag. 20, note 1.) [retour]

Note 1, page 104: Voir Mém. et Docum. de la Société de Genève, tom. I, part. 2; pag. 148, N° V; pag. 150, N° VI. [retour]

Note 1, page 105: Voyez Spon, Hist. de Genève, tom. I, pag. 43, et les Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. I; Rectorat, pag. 70 et suiv. [retour]

Note 1, page 106: Voir les Mém. et Docum. de la Société d’histoire de Genève, tom. II, part. 2, pag. 24, note 1, de M. Ed. Mallet. [retour]

Note 2, page 106: Voyez le Mém. sur le Rectorat. (Mém. et Docum. de la Société d’histoire de la Suisse romande, tom. I, pag. 60.) [retour]

Note 3, page 106: Il était fils de Guillaume III et d’Anne de Zæringen, fille du duc Berthold II, auquel celui-ci avait cédé en dot le Rectorat de l’Helvétie romande vers l’an 1097. (Ibidem, pag. 48 et 51.) [retour]

Note 1, page 107: Ibid., pag. 61, note 119. [retour]

Note 2, page 107: Il présida en cette qualité la cour de l’évêque de Lausanne, Gérold de Faucigny, où Ebald, dynaste de Grandson, fut condamné à restituer au couvent de Romainmotier certaines terres qu’il retenait. (Voir les Comtes de Genevois par M. J. J. Hisely, loc. cit., pag. 20.) [retour]

Note 1, page 108: Voyez Mém. sur le Rctorat. — (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. I, pag. 54, 55.) [retour]

Note 2, page 108: Ibidem, pag. 55. [retour]

Note 3, page 108: Rainaud III s’était déclaré le champion de cette nationalité, en refusant de reconnaître Lothaire en qualité de roi de Bourgogne. (Ibidem.) [retour]

Note 4, page 108: Le comte de Savoie, Amédée III, avait aussi refusé de reconnaître l’empereur Lothaire II, qui s’en vengea en ravageant ses domaines du Piémont. (Annal. Saxo, ad an. 1136.) [retour]

Note 5, page 108: Voir Spon, Hist. de Genève, tom. II; preuves, N° 1, pag. 3, et la lettre de l’empereur Henri V. (Hisely, les Comtes de Genevois, pag. 20.) [retour]

Note 1, page 109: Gérold, évêque de Lausanne de 1103 à 1130, était fils de Guillaume le Sage, sire de Faucigny, lequel était frère utérin du comte Aymon II de Genève. [retour]

Note 2, page 109: Trouillat, Mon. de l’Evêché de Bâle, tom. 1, N° 166, pag. 245. [retour]

Note 3, page 109: Voyez Amedei episcopi epistola ad Lausannenses (Mémorial de Fribourg, année 1854, pag. 182, 186), où cette circonstance est rappelée, comme ayant eu lieu sous l’épiscopat de Gérold de Faucigny. Le château de Lucens, rebâti vers le milieu du XIIe siècle par l’évêque Landric, fut de nouveau détruit par un incendie et restauré par l’évêque Roger. [retour]

Note 1, page 110: Guy de Merlen (de Marlaniaco),qui succéda sur le siège de Lausanne à l’évéque Gérold, ne fut élu qu’à la fin de l’an 1132 ou au commencement de 1133. (Voir Mémorial de Fribourg.) [retour]

Note 2, page 110: Voyez les lettres que St. Bernard de Clairvaux écrivit à ce prélat. (Spon, Hist. de Genève, tom. I, pag. 40.) [retour]

Note 3, page 110: Voyez le Cartul. de Lausanne, où il est dit qu’Arducius, évêque de Genève, fut pendant 80 ans prévôt du chapitre de Lausanne. — (Mém. et Doc. de la Suisse romande, tom. VI, pag. 428.) Il mourut en 1185. [retour]

Note 4, page 110: Selon l’abus du temps, Gérold de Faucigny, évêque de Lausanne (1103 à 1130), fut en même temps prévôt du chapitre de St. Pierre de Genève. (Besson, Hist. du diocèse de Genève, pag. 83.) [retour]

Note 1, page 111: Voyez le Mémoire sur les comtes de Genevois, par M. J. J. Hisely, pag. 10 et suiv. [retour]

Note 2, page 111: Dès l’an 1135 à 1185, date de sa mort. [retour]

Note 3, page 111: Appelé Guido de Marlaniaco dans le Cartulaire de Lausanne. (Loc. cit., pag. 42.) [retour]

Note 1, page 112: Voyez Notice sur quelques évêques de Lausanne au XIIe siècle. — (Mémorial de Fribourg, tom. II, pag. 359 ct 360.) [retour]

Note 2, page 112: Voyez le Cartul. de Lausanne. (Loc. cit., pag. 42.) [retour]

Note 3, page 112: En 1134. (Mém. de Fribourg, tom. II, pag. 360.) [retour]

Note 4, page 112: Il mourut le 31 octobre 1135. (Voir Besson, loc. cit., pag. 15.) [retour]

Note 5, page 112: « Cleri populique consensu. » (Voir Ed. Mallet, Election d’Arducius de Faucigny. — Mém. et Doc. de Genève, tom. II, pag. 141. [retour]

Note 1, page 113: « Bonas fac vias tuas … delicta juventutis tuæ deleat vespertina correctio. » (S. Bernardi Opera (édit. 1719), litteras 27 et 28, tom. I, pag. 42, 43.) [retour]

Note 2, page 113: Accordium, etc., ou Traité de Seyssel de 1124. (Spon, Hist. de Genève, tom. II, preuves, N° 1.) [retour]

Note 3, page 113: Le même qui fut élu antipape sous le nom d’Anaclet, en 1130. [retour]

Note 4, page 113: Par le célèbre concordat de Worms, du 8 septembre 1122, l’empereur Henri V, réconcilié avec l’Eglise, avait renoncé à l’investiture de bénéfices ecclésiastiques, en se réservant le droit exclusif de disposer des droits régaliens, c’est-à-dire de la justice, de la monnaie, des foires et marchés, etc. (Voir l’Art de vérifier les dates, tom. I, pag. 187 et 284 de l’édit. de 1783.) [retour]

Note 1, page 114: Il est parlé de cette défaite du comte Amédée par le duc Conrad de Zæhringen dans la lettre de l’évêque de Lausanne St. Amédée, citée plus haut. Après avoir parlé des démêlés du comte Amédée avec l’évêque Gérold, il ajoute: « Emerso brevi spatio cum nobili viro duce Conrado confligeret veritus faciem ejus, — terga daret non sine multo damno. » (Mémorial de Fribourg, loc. cit.) [retour]

Note 2, page 114: Sancti Bernardi Opera, epist. 97. — « Ad ducem Conradum. » — « Comes Gebennensis (Amedeus) accepimus per os ejus ad justitiam se obtulit et offert de omnibus quæ te dicis habere adversus eum. » (Edit. Mabillionii, tom. I, pag. 101.) [retour]

Note 1, page 115: « Nihil intererit apud Omnipotentem in multis an in paucis cui volet dare victoriam. » (Ibid.) [retour]

Note 2, page 115: « Sciens tibi honorificentius humilibus consentire, quam hostibus cedere. » (Ibid.) [retour]

Note 3, page 115: Le compromis entre le duc Conrad de Zæhringen et le comte de Genève explique les démêlés qui surgirent par la suite entre l’évêque de Lausanne Amédée de Clermont, successeur de l’évêque Guy, et le comte Amédée, au sujet de l’avouerie et des régales, dont il n’est fait aucune mention dans la charte que l’empereur Conrad III accorda en 1145 à l’évêché de Lausanne. (Voyez Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. VII, pag. 13, N° 6.) [retour]

Note 4, page 115: Annales de Hildesheim, ad an. 1135. — « Totius regni conventus fit apud Babenberg, imperatore presente, ubi firmissimam pacem domi forisque ad decem annos (principes regni) juraverunt.» — Otton de Freising, VI, cap. 19. « Babenberg intervente Bernardi Claralensis pace in Gallia et Germania composita. » [retour]

Note 1, page 116: En 1148, l’évêque de Genève datait encore ses actes épiscopaux: « Actum est hoc … Amedeo comite Gebenensi. » — (Mém. et Docum. de Genève, tom. II, part. 2, pag. 33, 31, N° 12.) [retour]

Note 2, page 116: Voyez le traité de Saint Bernard: De Consideratione, lib. I, cap. 6 … « Non tam episcopis quam principibus judiciariam potestatem competero. » (Opera, édit. Mabillonii, tom. I, pag. 417, 418.) [retour]

Note 3, page 116: « Nemo militans Deo implicat se negotiis secularibus. » (Ibidem.) [retour]

Note 4, page 116: St. Bernard mourut à Clairvaux le 20 août 1153. [retour]

Note 5, page 116: C’est ce que prouvent d’une part la charte de Conrad III pour l’évêque de Lausanne de l’année 1145, et de l’autre, le diplôme de Frédéric Ier pour l’évêque Arducius de Genève de l’an 1153, qui sont de simples confirmations des possessions territoriales de leur église. (Voyez Spon, loc. cit., tom. II, preuves, N° 2.)

Note 1, page 117: Voir la déclaration du comte Aymon de Genève et de son fils Amédée, comme avoués (advocati) du prieuré de St. Victor. (Mém. et Docum. de Genève, tom. II, part. 2, pag. 23, N° 7.) [retour]

Note 2, page 117: Charte du comte Amédée Ier pour St. Victor, « Volens dare tranquillitatem hominibus terræ Sancti Victoris, » du 2 juillet 1137. (Ibidem, loc. cit., pag. 25, N° 8.) [retour]

Note 1, page 118: Voir la donation de la terre de Cessy, par le comte Aymon. (Supra.) [retour]

Note 2, page 118: Transaction entre le comte de Genève Amédée Ier et Adon, abbé de St. Claude, au sujet des hommes de l’Eglise et de la terre de Cessy (pays de Gex), de l’an 1137 environ. (Charte inédite sans date, tirée des titres du séminaire diocésain de Besancon.) L’abbé Adon Ier gouverna l’abbaye de St. Claude de 1112 à 1147. (Voir Dunod, tom. I, pag. 117, Hist. de St. Claude.) [retour]

Note 1, page 119: Charte du comte Amédée Ier, en faveur de l’abbaye d’Abondance, de l’an 1153. « Per totam illam partem mei comitatus quæ ex hac parte Rhodani continetur. » (Guichenon, Bibl. Sebus., cent., II, N° 52.) — Charte du même comte en faveur de la Chartreuse d’Oujon, du même temps environ: « Pascua a Rhodano usque ad Salevum, et ab Arva usque ad castrum de Chaumont; exceptis locis qui domui Alpensis et domui Abundantiæ ante concesserat. » (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. XII, pag. 2 et 54.) [retour]

Note 2, page 119: Voyez Böhmer, Régestes, pag. 113 et 114.) [retour]

Note 3, page 119: Conrad III était issu du mariage d’Agnès, fille de l’empereur Henri IV et sœur d’Henri V, avec Frédéric de Stauffen, premier duc de Souabe, mort en 1105. (Voir l’Art de vérifier les dates, tom. II, pag. 21.) [retour]

Note 4, page 119: Conrad de Zæhringen figure avec le titre de Dux Burgundiæ dans une charte du roi Conrad III, datée de Bamberg, du mois de juin 1138. (Dumge, Reg. Bad., 38.) [retour]

Note 1, page 120: Voyez Mém. sur le Rectorat. (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. I, pag. 57 et suiv.) [retour]

Note 2, page 120: Diplôme de Conrad III en faveur d’Amédée, évêque de Lausanne, de l’an 1145. (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. VII, pag. 13.) Diplôme adressé à l’archevêque de Vienne et à ses suffragants les évêques de St. Jean de Maurienne et de Genève, en 1146. (Charvet, Hist. de l’église de Vienne, pag. 340.) [retour]

Note 1, page 121: Cette trêve fut renouvelée par le roi Conrad III, comme il paraît par une charte de ce prince du 28 mai 1139 pour l’abbaye du Lieu Croissant en Franche-Comté, qui, dit l’acte, est situé in comitatu comitis Rainaldi (de Burgundia). (Gollût, édit. 1846, col. 1824, note 1, de Ch. Duvernoy.) [retour]

Note 2, page 121: Voyez Dunod, Hist. du comté de Bourgogne, tom. II, pag. 170. — Clerc, Hist. de Franche-Comté, tom. I, pag. 355. [retour]

Note 3, page 121: Schöpflin, Hist. Zæhringo-Baden, tom. I, pag. 118-123. [retour]

Note 1, page 122: Voir le traité fait au mois de mai 1152 entre Frédéric Ier et Berthold de Zæhringen (Pertz, Monum. Germ., tom. IV. [Legum II] pag. 91) et le Mém. sur le Rectorat (loc. cit., tom. I, pag. 65). [retour]

Note 2, page 122: Voyez la note ci-devant, Nos 35 et 51, loc. cit. [retour]

Note 1, page 123: Voyez Spon, Hist. de Genève, tom. II, pag. 3 et 12, Nos 1 et 2, chartes des années 1124 et 1155. [retour]

Note 2, page 123: Voyez la charte de Guy, évêque de Genève, pour St. Victor (Beati Victoris sitium in suburbio Genevensis urbis), de l’an 1099. — (Mém. et Doc. de Genève, tom. I, part. 2, pag. 136, N° 1), et celle du comte Aymon, de même date environ. (Ibidem, tom. II, part. 2, pag. 23, N° 7.) [retour]

Note 3, page 123: Voir la charte de fondation de Satigny (Mém. et Doc. de Genève, tom. II, part. 2, pag. 16, N° 1), où ces villages sont indiqués sous leur dénomination ancienne et moderne par M. Ed. Mallet. [retour]

Note 1, page 124: Voyez les titres du prieuré de St. Victor de Genève, du XIe et XIIe siècles. (Mém. et Doc. de Genève, tom. I, part. 2, pag. 136 et suiv.) [retour]

Note 2, page 124: Voyez la transaction de 1261 entre l’évêque de Genève et Simon de Joinville, sire de Gex, au sujet du château de Peney (Castrum Pineti), nouvellement bâti par le prédécesseur de l’évêque Henri. (Spon, Hist. de Genève, tom. II, preuves, pag. 54, N° 22.) [retour]

Note 3, page 124: Voyez la Notice sur les routes du pays de Gex, par M. Pr. Poncet de Gex, (Mém. et Doc. de Genève, tom. VIII, pag. 435) et l’inscription Statio militum, découverte en 1845 dans la façade d’une maison de Gex-la-ville. [retour]

Note 1, page 125: Voir, plus haut, les chartes de 1091. (Guichenon, cent. II, Nos 1 et 46.) [retour]

Note 2, page 125: Traité de Seyssel de 1124, « Ex parte comitis (juraverunt) Dalmatius de Gayo. » (Spon, loc. cit., tom. II, pag. 5.) Ce Dalmace de Gex était de la maison de Rovéréa, dans la vallée d’Aulps en Chablais. (Voyez Mém. et Doc. de Genève, tom. II, part. 2, pag. 27, N° 9.) [retour]

Note 3, page 125: Hugo, vice-dominus de Gaix, signe une charte du comte Amédée de Genève de l’an 1137 environ. (Vide infra.) [retour]

Note 4, page 125: Voyez ci-après la charte de 1137 environ, où le vidome de Gex est désigné comme officier du comte Amédée. [retour]

Note 1, page 126: Accommodement entre le comte Amédée Ier de Genève et l’abbé de St. Claude, Adon Ier (qui gouverna ce monastère de 1112 à 1147), au sujet de l’église de Cessy (Sessiaci) et de ses dépendances, de l’an 1137 environ. (Pièces justificatives.) [retour]

Note 2, page 126: La présence de Gaucher de Divonne, qui paraît comme bienfaiteur du couvent de Bonmont dans la charte de l’évêque Ardutius de Faucigny de 1131 (Mém. et Doc. de Genève, tom. II, part.), pag. 27), combinée avec celle de l’abbé Adon Ier, mort en 1147, sert a fixer à peu près la date de la charte du comte Amédée Ier. [retour]

Note 1, page 127: Charte de Guy, évêque de Genève, en faveur de Hunald II, abbé de St. Claude, de l’an 1110 environ. (Guichenon, Biblioth. Sebus., cent. I, N° 82.) [retour]

Note 2, page 127: Voir Besson, Diocèse de Genève, pag. 13. [retour]

Note 3, page 127: Charte de Guy, évêque de Genève, pour l’abbaye d’Ainay, diocèse de Lyon, de l’an 1113. (Mém. et Doc. de Genève, tom. IV, 2e part., N° 1, et pag. 88, note 1.) [retour]

Note 1, page 128: Voyez la bulle du pape Innocent IV qui confirme les possessions de l’abbaye d’Ainay, datée de Lyon de l’an 1250: « Confirmamus … villam quæ Sancti Gervasius appellatur, jurisdictionem temporalem, ac Ecclesiam Sancti Gervasi (S. Germani) quas habetis ibidem, cum omnibus pertinantiis earumdem. » (Vidimus du pape Félix V, de l’an 1448. — Besson, preuves, pag. 466-469, N° 101.) [retour]

Note 2, page 128: Voir Guichenon, Biblioth. Sebus., cent. II, N° 47. [retour]

Note 3, page 128: Ce prieuré existait déjà en 1143. (Besson, preuves, N° 20, pag. 353, et N° 113, pag. 480.) [retour]

Note 4, page 128: La Bourgogne comtale formait, sous les Rodolphiens, quatre comtés (comitatus), ceux de Port (Portensis), d’Ammous, de Warasch et de Scoding. Les deux premiers occupaient au delà du Doubs la partie septentrionale du diocèse de Besançon; les deux derniers, la partie méridionale qui longe la chaîne du mont Jura. [retour]

Note 1, page 129: St. Sirice ou St. Cirice, pape mort en 398. (Voir le Catalogue des saints, dans l’Art de vérifier les dates. [retour]

Note 2, page 129: Voir Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. I, pag. 183, pièces Nos 18 et 19 des années 1155 et 1157. [retour]

Note 3, page 129: « Quasi de franco-jure, sicut se habet Jurensis consuetudo. » (Charte de 1126. Guillaume, Hist. de Salins, tom. I, preuves, pag. 36. [retour]

Note 4, page 129: Charte de Guy, évêque de Genève, pour l’abbaye d’Aulps, de l’an 1113. (Voir Besson, loc. cit., preuves, pag. 350, N° 14.) [retour]

Note 1, page 130: Anno 1299. Mons qui dicitur St. Cyrici, cujus terræ Gebennensis aspectibus se presentat. — Traité entre l’abbé de St. Claude et le sire de Thoire pour la construction du château de St Cergues. (Guichenon, Hist. de Bresse, pag. 223.) [retour]

Note 2, page 130: Voyez Depéry, Hagiologie de Belley. (Bourg 1834, tom. I, pag. 358 et suivantes.) [retour]

Note 1, page 131: Spon, Hist. de Genève, tom. II, pièces N° 3, pag. 11. — « In presentia … Abbatum totius episcopatus Gebennensis … Stephanus Cheyssiriocensis, etc. » [retour]

Note 2, page 131: La communauté de possession de la vallée de Mijoux occasionna, pendant plusieurs siècles, des guerres continuelles entre les sires de Gex et les abbés de St. Claude. Ces guerres furent cependant assoupies par un traité de paix intervenu le 20 mars 1334, qui laissa subsister l’indivision de ce territoire, mais établit un mode de vivre, lequel a subsisté jusqu’au partage de cette vallée qui fut fait en 1612 entre l’Espagne et la France. (Voir J. Baud, Réunion du Bugey, etc., loc. supra cit.) [retour]

Note 3, page 131: En 1026, l’abbaye de St. Maurice d’Agaune donna en précaire à l’un de ses fidèles, nommé Pierre, pour lui et sa femme Adèle et un de leurs héritiers, l’église de Commugny avec quatre manses « in fisco Communiaco. » (M. H. P. Cartæ,, tom. I, fol. 449, N°263.) [retour]

Note 1, page 132: An. 1022. « Castrum vocatum Versoi. » (Monum. hist. Patriæ, Cartarum, tom. II, col. 114, N° 95.) — Ce château fort était situé sur l’emplacement de celui dont on voit encore les restes dans le hameau de St. Loup, au-dessus du bourg de Versoix-la-ville. [retour]

Note 2, page 132: Voir le Cartulaire du chapitre de Lausanne. (Mém. et Doc. de la Suisse romande, tom. VI, pag. 38.) [retour]

Note 3, page 132: Ibidem, pag. 390-392. [retour]

Note 1, page 133: Voir L. Cibrario, Docum. e Sigilli, pag. 45. — Storia della Monarchia di Savoia . tom. I, pag. 99, 105 et 117. [retour]

Note 2, page 133: An. 1143. (Voir Cibrario e Promis, Documenti, pag. 60.) [retour]

Note 3, page 133: Voir le Rectorat aux années 1153 et 1160. (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. I, pag. 63 et 73.) [retour]

Note 4, page 133: An. 1179 (vieux style). Traité entre l’abbaye de St. Maurice d’Agaune et Amédée, frère du comte (Guillaume II) de Genève, au sujet de leurs droits respectifs sur Commugny et Versoix. (Inventaire des titres de la Crotte de Chambéry, copie ancienne aux archives de Morges.) [retour]

Note 1, page 134: Guichenon, Hist. de Savoie, tom. I, pag. 281. — Wurstemberger, Hist. de Pierre de Savoie. — Régestes, Nos 468, 469, 29 septembre, et 470, 1er octobre 1257. [retour]

Note 2, page 134: 1265, août. (Wurstemberger, loc. cit., pag. 383, N° 691.) [retour]

Note 3, page 134: Voir Guichenon, loc. cit., pag. 286. [retour]

Note 4, page 134: Simon de Joinville avait été marié, en première noce, à Eléonore, sœur puînée d’Agnès de Faucigny; cette première femme étant morte sans lui donner d’enfants, Simon épousa en secondes noces Léone, fille et héritière d’Amédée II, sire de Gex. (Voyez Guichenon, loc. cit., pag. 287.) [retour]

Note 1, page 135: Voir le testament d’Agnès, veuve du comte Pierre de Savoie, du 9 août 1268. (Wurstemberger, loc. cit., tom. IV, pag. 443, N° 264.) [retour]

Note 2, page 135: Charte de Beatrix de Savoie, fille du comte Pierre, de l’an 1271. (Ibidem, pag. 462, N° 806.) [retour]

Note 3, page 135: Par le traité de Lyon, qui fit passer la Bresse et le Bugey, y compris le pays de Gex, sous la souveraineté de la France, en échange du marquisat de Saluces. (Voir J. Baud, loc. cit.) [retour]

Note 1, page 136: Voyez Richard, Histoire des diocèses de Besançon et de St. Claude, tom, I, pag. 320, note 2. [retour]

Note 2, page 136: Cartulaire de Haut-Crêt, Nos 3 et 5; Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. XII. [retour]

Note 1, page 137: Dunod, Hist. de l’église de Besançon, tom. I, pag. 142. Chartes des archevêques Guillaume et Anseric, 1110 et 1119. [retour]

Note 2, page 137: An. 1049. Ibidem, tom. I, pag. 95. [retour]

Note 3, page 137: Voyez la charte de confirmation de l’empereur Frédéric Ier pour St. Claude, de l’an 1184. « Eclesiam de Nividuno, cum prioratu et capellis de Prengino, et de Promenors, et de Collouray. » (Dunod, tom. I, Hist. de St. Claude, preuves, pag. 70. — Il ne saurait être ici question de Colovrex près Versoix (commune de Collex, canton de Genève), mais plutôt de Colovoz ou Colovoex, hameau du cercle de Nyon, sur le Boiron, entre Changin et Trélex, près duquel se trouvait l’ancienne maladière de Nyon. [retour]

Note 4, page 137: Voyez le Chroniqueur par M. Louis Vulliemin, feuilleton, pag. 173, 174. L’église et le prieuré de St. Jean étaient situés dans le haut de la ville, du côté du levant, l’église et le couvent des sœurs de Notre Dame, fondés en 1471, se trouvaient du côté du couchant ou de Genève. [retour]

Note 1, page 138: Après la conquête du pays de Vaud par les Bernois, l’église paroissiale de St. Jean fut rasée (1537), et celle de Notre Dame devint paroissiale. La paroisse de Nyon comprenait au XVe siècle les villages de: Eysins, Grens et Avenex. (Voir Grenus, Documents du pays de Vaud, N° 35 [an. 1439] pag. 63.) [retour]

Note 2, page 138: Voir Dunod, Hist. de l’église de Besançon, tom. I, pag. 116; et L. de Charrière, Sires de Cossonay, Pièces justificatives, N° XII. (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. V, pag. 226, 227.) [retour]

Note 1, page 139: « A fonte de medio Quercu usque ad Malateriam de Nyons. » (Ibidem, loc. cit.) [retour]

Note 2, page 139: Reconnaissance du sire de Cossonay de l’an 1246. « Decimas a canali de Brussins usque ad lapidem de Moray. » — Le village de Maurex est situé sur une colline rocailleuse entre Divonne et Gex. [retour]

Note 3, page 139: Reconnaissance d’Etienne de Rossillon du XIIIe siècle. « Omnes decime a Petra de Moray usque ad villam que dicitur Pirum. » (Ibidem, loc. cit., pag. 228.) [retour]

Note 4, page 139: Pour la définition du fief, voyez l’Essai sur la féodalité, chap. III, par Ed. Secretan. (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. XVI, pag. 303 et suiv.) [retour]

Note 1, page 140: Voyez les Sires de Cossonay et de Prangins, par M. L. de Charrière. (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. V, pag. 13, note 48.) [retour]

Note 2, page 140: Ibidem, Pièces justificatives, loc. cit., pag. 226, 227, Nos 12 et 13. [retour]

Note 3, page 140: « Die placitandi … coram Humberto de Pringis (Prangins) constituto, apud Nivedunum convenerunt. » (s. d.) — (Arch. canton de Vaud, Invent. vert, pag. litt. B.) [retour]

Note 1, page 141: Voyez Hommage d’Etienne de Rossillon à l’archevêque de Besançon, (s. d.), pour les dîmes: « omnes decime que sunt a Petra de Morey usque ad villam que dicitur Pirum. » (Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. V, pag. 228, Pièces justificatives, N° 13.) — Etienne de Rossillon fut témoin d’une charte d’Amédée II, sire de Gex, du 20 avril 1236. (Spon, Hist. de Genève, tom. II, preuves, N° 21, pag. 53, 54.) [retour]

Note 2, page 141: Bulle du pape Lucius II, adressée à l’archevêque Humbert, du 17 des kalendes d’avril (16 mars), l’an 1er de son pontificat (1144). (Titre du chapitre métropolitain, communiqué par M. Duvernoy.) [retour]

Note 3, page 141: Bulle du pape Lucius II, en faveur de Humbert de Prangins, du V des Ides de mai (1144). (Mallet, Mém. et Docum. de Genève, tom. II, part. 2, pag. 32, N° 11.) — Lucius II, élu le 12 mars 1144, mourut le 23 février 1145. [retour]

Note 1, page 142: Le château de Prangins (ou Pringins), bâti dans la première moitié du XIIe siècle, par Humbert, seigneur de Cossonay, est mentionné comme existant déjà, dans une charte de Pierre, fils de Humbert, de l’an 1164. — (L. de Charrière, Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. V, pag. 19, preuves, N° 4.) [retour]

Note 2, page 142: Dans les prestations d’hommages aux archevêques de Besançon, les sires de Prangins et de Cossonay réservent « fidelitatem dominorum de Gays, et feudum comitatus Gebennensis. » (Ibidem, loc. cit., preuves, N° 12.) [retour]

Note 1, page 143: Appelées dans les chartes latines Abbatia de Bonomonte, Bonimontis, et en langue vulgaire Bonmont, et non Beaumont. [retour]

Note 2, page 143: St. Bernard, abbé de Clairvaux dès l’an 1115, mort en 1153, fut le promoteur de plus de 50 couvents de son ordre, fondés dans la première moitié du XIIe siècle; dont plusieurs, tels que ceux de Bonmont, de Hauterive, de Hautcrêt et de Montherond, étaient situés dans la Suisse romande. [retour]

Note 1, page 144: Sancti Bernardi, epist. 28a ad episcopum Gebenensim Arducium. [retour]

Note 2, page 144: Pellengs (an. 1020) ou Peslens (an. 1164) était le nom d’un village détruit entre Bonmont et la Rippe. Une terre située entre ces deux localités porte encore le nom de Pellens. [retour]

Note 3, page 144: On a vu, plus haut, qu’en 1113, la montagne de la Dole, située au midi de la gorge de St. Cergues, et ce village lui-même, portaient le nom de Villa Pistilingione; tandis que les monts d’Arsier, qui se prolongent au nord de cette gorge, portaient le nom de Mons Greponis. (Besson, loc. cit., preuves, N°14.) [retour]

Note 1, page 145: Cartulaire de St. Maurice en Valais. Charte de Burchard II, archevêque de Lyon et abbé de St. Maurice, en faveur de Jean, seigneur de Pellens et de Chéserex (s. d.), entre les années 1002 et 1025. — (Mon. hist. patriæ, tom. VI; Cartar., tom. II, col. 77, N° 67.) [retour]

Note 2, page 145: (Divona en 1123.) — Divonne, arrondissement de Gex, département de l’Ain, grand village près des sources de la Divonne et de la Vorsoie, qui surgissent du pied du Jura et se jettent dans le lac; la première près de Crans, et la seconde près de Versoix. — Divonne est devenu célèbre par les cures hydropatiques qui s’y font depuis que cette médecine est pratiquée. [retour]

Note 1, page 146: Castellum de Divona, an. 1131. (Mém. et Docum. de Genève, tom. II. part. 2, pag. 26, N° 9.) — Le château est placé sur le revers oriental du coteau de Maurex, au-dessus du village de Divonne. [retour]

Note 2, page 146: Entre autres le savant L. Baulacre, dans ses Recherches sur l’abbaye de Bonmont. (Journal helvétique, mars 1750, œuvres de L. Baulacre, publiées par E. Mallet (1857), tom. I, pag. 1 et suivantes. [retour]

Note 3, page 146: Gallia Christ., tom. IV, pag. 185. « Bonus Mons, ordini Cisterciensis diocesis Genevensis, filia Claris-Vallis erigitur septimo Julii anno 1131. » [retour]

Note 4, page 146: Besson, Hist. du diocèse de Genève, pag. 139. [retour]

Note 5, page 146: Ruchat, Abrégé de l’hist. ecclés. du pays de Vaud, pag. 35. [retour]

Note 6, page 146: Voyez Mém. et Docum. de la Société d’histoire de Genève, tom. II, part. 2, pag. 9 et 26, preuves, N° 9. [retour]

Note 1, page 147: Ardutius de Faucigny succéda sur le siège épiscopal de Genève à l’évêque Humbert de Grandmont, qui vivait encore le 21 mars 1134. (Voy. Idem, loc. cit., pag. 18, N° 2.) [retour]

Note 2, page 147: Voyez Monumenta Hist. patriæ (Taurini 1836), Cartar, tom. I, col. 831, N° 525. — On trouve, dans cette bulle, parmi les bienfaiteurs du couvent de Bonmont: « Humbertus Brutinus comitis Gebenensis. » — Il s’agit évidemment d’un officier du comte de Genevois et non du comte lui-même. Ce surnom de Brutinus paraît dans d’autres chartes comme nom de famille. [retour]

Note 3, page 147: Obituaire de Bonmont, manuscrit de la bibliothèque publique de Genève, cité par Baulacre dans sa dissertation. (Loc. cit., tom. II, pag. 3.) [retour]

Note 1, page 148: Les Archives cantonales de Lausanne renferment plus de quatre cents chartes concernant l’abbaye de Bonmont, du XIIe au XVIe siècle. [retour]

Note 2, page 148: Walcherius de Divona et Stephanus frater ejus, et mater eorum Helvidis dederunt deo et Beate Marie de Bonomonte, etc. (Charte d’Ardutius, évêque de Genève, de 1131.) E. Mallet, loc. cit., pag. 26, N° 9. [retour]

Note 3, page 148: Voir, plus haut, la charte d’accommodement du comte Amédée Ier avec l’abbé de St. Claude, au sujet du prieuré de Cessy, où ces anciennes difficultés sont rappelées. [retour]

Note 1, page 149: Totum territorium de Pellens et montana usque ad vallem Serronam. (Bulle du pape Alexandre III, de l’an 1164. Monum. hist. Patr. Chartarum, tom. I, col. 831, N° 525.) [retour]

Note 2, page 149: Sicut nobis testimonia nobilium et circumanentium perhibuerunt. (Charte d’Ardutius, évêque de Genève, Mém. et Docum. de Genève, tom. II, 2e part., N° 9, pag. 27.) [retour]

Note 3, page 149: E. Mallet, Mém. et Docum. de Genève, tom. II, part. 2, pag. 5 et 26, N° 9. [retour]

Note 1, page 150: Ibidem, loc. cit., pag. 27. « Et quidquid feodorum ab eis (D. de Divona) tenebat et fratres acquirere possent, in toto territorio de Pesslens, nihil temporalis sibi reservantes; sed sola divinam retributionem præstolantes. » [retour]

Note 2, page 150: Presentes, illustres viri Walcherius de Divona, etc. (Charte de Humbert de Saleneuve en faveur de Moyse, premier abbé de Bonmont. Ibidem, loc. cit., N° 10, pag. 31.) [retour]

Note 3, page 150: Traité entre le comte Amédée de Genève et l’abbé Adon de St. Claude. « Signum … (decorum optimatum) Aymonis de Terni, Galcherii de Divonna, etc. » (Titre inédit du séminaire diocésain de Besançon.) [retour]

Note 1, page 151: Fait après la mort de Helvide leur mère, entre les années 1123 et 1131. [retour]

Note 2, page 151: Etienne, frère de Gaucher de Divonne, dans la charte de 1123, paraît dans celle de 1131 sous le nom d’Etienne de Gingins. (Mém. et Docum. de Genève, tom. II, part. 2, N° 9, pag. 26, 27.) [retour]

Note 3, page 151: Titre touchant les droits de juridiction des seigneurs de Gingins, dès l’an 1211, 1317 et 1511, dressé par le commissaire-général S. Gaudard, en 1658. (Archives cantonales de Lausanne, N° 454.) [retour]

Note 4, page 151: Humbert de Grandmont, qui vivait encore le 24 mars 1134 (nouv. st.), prédécesseur immédiat de l’évêque Ardutius. (Mém. et Docum. de Genève, tom. 2, part. 2, pag. 18, N° 2.) [retour]

Note 1, page 152: Voyez, ci-après, la bulle du pape Alexandre III, de l’an 1164. [retour]

Note 2, page 152: Bulle du pape Alexandre III, datée de Bourges, du mois de mai 1164, en faveur du couvent de Bonmont. (Monum. hist. Patriæ, Cartarum, tom. I, col. 831, N° 525.) [retour]

Note 3, page 152: Dans la bulle du pape Alexandre III (loc. cit.) on lit: « ex dono Walcherii et filiorum ejus, » mais c’est par erreur, il faut lire filiarum, filles, au lieu de filiorum, fils. [retour]

Note 4, page 152: Walcherius de Divona monachus. (Charte d’Amédée, évêque de Lausanne.) (Voir plus loin.) [retour]

Note 1, page 153: Mém. et Docum. de la Suisse romande, tom. V, part. I, pag. 23. [retour]

Note 2, page 153: Charte de 1131. « Mabilia et Petrus maritus ejus. — Boneta et maritus ejus Dalmatius de Rovoreia. » (Mém. et Docum. de Genève, tom. II, part. 2, pag. 26, N° 9.) [retour]

Note 3, page 153: Voir la charte de 1131, ci-dessus. [retour]

Note 4, page 153: Dans une charte de Bonmont, de l’éveque Amédée de Lausanne (de l’an 1144 à 1150), il est encore appelé Dalmatius de Rovoria, puis Dalmacius de Divona, dans une charte d’Arducius, évêque de Genève, de l’année 1164, où Dalmace figure avec sa femme Bonnette et leurs trois fils, Pierre, Gaucher et Etienne. (Mém. et Docum. de Genève, tom. IV, part. 2, pag. 77, N° 71.) [retour]

Note 5, page 153: Association du couvent de Bonmont avec Simon de Joinville, seigneur de Gex, de l’an 1269. (Grosse de Bonmont, N° 1, fol. 35, aux archives de la commune de Gingins.) [retour]

Note 1, page 154: Charte d’Amédée, évêque de Lausanne, S. A. « domines et villam de Pellens quas dominus Walcherus Divonnensis et mater et frater contulerat, de quæ (Dalmatius) advocatus erat. » (Archives cantonales de Lausanne, Invent, analyt. vert, N° 151.) [retour]

Note 2, page 154: Ibidem: « Quod feoda sua et hominibus suis, sine concessione sua reciperent. » [retour]

Note 3, page 154: Ibidem: « Villam de Pellens destruexissent et hommes ejecissent. » [retour]

Note 4, page 154: Elu en 1144, mort en 1159. (Voyez la charte de cet évêque, citée plus haut.) [retour]

Note 1, page 155: Ibidem. « Rogatu meo, amore Dei premisso, has columpnias omnino deposuit. » [retour]

Note 2, page 155: Presentes adfuerunt « Walcherius de Divona, etc., — monachi. — Stephanus de Gingins, etc. » (Ibidem.) [retour]

Note 3, page 155: Charte d’Ardutius, de l’an 1164. (Mém. et Docum. de Genève, tom. IV, part. 2, pag. 77, N° 71.) [retour]

Note 4, page 155: Chartes d’Arducius, évêque de Genève, pour l’abbaye de Bonmont, de l’an 1177. (Mém. et Docum. de Genève, tom. II, part. 2, pag. 58, N° 15.) [retour]

Note 1, page 156: Association du sire de Gex, seigneur de Versoix et de Divonne, à la juridiction de l’abbaye de Bonmont, du samedi après l’Ascension, de l’an 1269. [retour]

Note 2, page 156: L’abbé était Humbert de la maison de Gingins, auquel succéda, dès l’année suivante, l’abbé Conon. (Mulinen, Helvet. sacra, tom. I, pag. 181.) [retour]

Note 3, page 156: Voyez l’association de l’an 1269, ci-dessus. « Sub conditione … quod quilibet hominum habens domum et familiam, solveret Domino de Jaiz unam cupam avene ad mensuram Nyviduni. » (Grosse de Bonmont, loc. cit., ibid.) [retour]

 

 

 

 

 

 

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