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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Frédéric de GINGINS-LA-SARRAZ

Histoire de la cité et du canton des Équestres
suivie de divers autres opuscules

Préface

Dans MDR, 1865, tome XX, pp. V-XI

© 2022 Société d’histoire de la Suisse romande

 

HISTOIRE DE LA CITÉ ET DU CANTON DES ÉQUESTRES

SUIVIE DE DIVERS AUTRES OPUSCULES

PAR

F. DE GINGINS-LA-SARRA

LAUSANNE
IMPRIMERIE GEORGES BRIDEL
1865
/V/

PRÉFACE

 


 

M. Frédéric de Gingins-La-Sarra, décédé à Lausanne, le 27 février 1863, ordonna, par son testament, que ses manuscrits fussent déposés à la bibliothèque cantonale et laissa à la Société d'histoire de la Suisse romande, dont il avait été l'un des fondateurs, le soin de publier la portion de ses écrits qu'elle jugerait convenable.

Une commission fut chargée de voir ce qu'il y avait à faire à cet égard. C'était un devoir pour la Société d'histoire de ne pas tarder à livrer à la publicité une partie du moins des richesses que venait de lui léguer l'homme qui lui donna l'impulsion principale pendant sa vie, et de répondre à une telle marque de confiance avec un religieux empressement.

On s'est donc mis à l'œuvre aussitôt. Nous ne pouvons pas nous flatter d'avoir dépouillé jusqu'au bout /VI/ les nombreux manuscrits de M. de Gingins; nous nous sommes cependant rendu compte de ce qu'ils renferment. On a formé le présent volume des travaux les plus achevés. Beaucoup de manuscrits sont la copie conservée par l'auteur d'ouvrages publiés par lui, de son vivant. Notre collègue M. le professeur Hisely a placé à la suite de sa notice biographique sur Frédéric de Gingins la liste complète de ces publications.

D'autres manuscrits ne sont encore que des notes recueillies, ou des ébauches qu'une main étrangère ne pourrait se hasarder à terminer.

Le volume que nous publions aujourd'hui a été composé en entier par M. de Gingins. Les trois cinquièmes, environ, sont entièrement inédits.

Le principal morceau inédit est l'Histoire de la cité et du canton des Equestres. — Nos lecteurs en apprécieront sûrement l'importance. Il a été, avec le mémoire sur l'Avouerie de Vevey, publié dans l'un de nos plus récents volumes, le dernier travail du savant historien dont nous regrettons la perte. On verra que l'âge n'avait diminué en rien sa vigueur intellectuelle.

Ce mémoire termine la série des études spéciales par lesquelles M. de Gingins élevait pièce à pièce l'édifice laborieux d'une histoire diplomatique de la Suisse romande au moyen âge, et plus spécialement encore l'histoire de notre patrie vaudoise. Dans le Rectorat de Bourgogne, était tracé le dessin général du sujet. Dans les travaux publiés ensuite sur le Cartulaire de /VII/ Lausanne, sur Romainmotier et l'Abbaye du lac de Joux, sur la ville d'Orbe et les possessions de la famille de Montfaucon; dans l'Avouerie de Vevey, enfin dans l'Histoire du comté des Equestres, M. de Gingins reprenait son sujet en sous-œuvre pour en examiner successivement les principaux détails. Les possessions ecclésiastiques, d'un côté; les contrées situées aux deux extrémités du bassin du Léman, de l'autre, étaient incontestablement les portions de notre pays dont l'histoire se séparait le plus de l'histoire générale du pays de Vaud. C'étaient, par conséquent, celles-là qui exigeaient le plus impérieusement qu'on en fit le sujet d'une attention toute spéciale.

Les travaux exécutés dans ce champ-là, par M. de Gingins, sont complétés aujourd'hui par l'histoire de quelques-unes de nos principales seigneuries laïques. Le comté de Gruyère, objet des études approfondies de M. Hisely; la baronnie de Cossonay, objet d'études non moins patientes et approfondies de M. Louis de Charrière; la baronnie de Grandson, qui, à ce que nous apprenons, n'attendra plus bien longtemps son historien; voilà tout autant de fragments qui commencent déjà à former un ensemble.

L'Histoire du canton et du comté des Equestres n'a pas un intérêt uniquement local. Depuis le moment où M. de Gingins publia son Histoire du rectorat de Bourgogne, il s'est écoulé un quart de siècle. Les découvertes faites, les ouvrages exécutés dans le domaine de l'histoire romande durant cet intervalle, ne pouvaient /VIII/ être perdus pour l'homme qui en fut comme le centre et qui ne les avait jamais abandonnés un seul instant. Dans le mémoire que nous publions, M. de Gingins a eu l'occasion d'apporter de nouvelles lumières sur beaucoup de questions intéressantes et difficiles; entre autres sur ce qui concerne les rapports des comtes de Genève avec les deux diocèses épiscopaux dans lesquels s'étendaient leurs propriétés et leurs droits féodaux.

Le Tableau généalogique et historique des sires de Gex est le complément du précédent mémoire; il est probable que l'auteur voulait retracer, non-seulement l'histoire des sires de Gex de la maison de Savoie, mais aussi celle des sires de Gex de la maison de Joinville; mais il ne l'a pu faire.

Au point où il s'arrête, ce travail peut cependant être envisagé comme terminé; l'époque de Pierre de Savoie étant pour notre pays un de ces moments critiques où une période finit, où une nouvelle période commence.

Après l'histoire du canton des Equestres, le morceau le plus important est celui qui a pour sujet l'Origine de la maison de Savoie. Ce mémoire avait été composé, dans le temps, pour l'académie royale de Turin; mais le système qui prévalait en Italie sur cette question, tant controversée, n'était pas celui de notre savant compatriote. L'écrivain de ces lignes croit cependant que des trois systèmes en présence, l'origine saxonne, l'origine italienne et l'origine bourguignonne, celui qui est développé par M. de Gingins est aussi celui qui /IX/ se défend par les arguments les plus considérables. Cette opinion est fort peu de chose, sans doute, mais on peut l'appuyer d'une autorité beaucoup plus respectable, celle du digne marquis de Costa dont l'histoire de Savoie avait été la constante préoccupation. La Note sur l'origine de la maison de Blonay touche un objet intéressant, soit par l'importance historique de la maison dont il s'agit, soit par l'obscurité dont sont encore entourées les relations de la partie orientale de notre rive du lac avec les dynastes de la rive opposée. L'histoire des Faucigny, des Blonay, des d'Oron est une matière sur laquelle il serait à désirer qu'on entreprît prochainement une étude approfondie. Nos deux notices sur les Blonay et Guy de Faucigny sont déjà des jalons pour celui qui voudrait s'y mettre.

A la suite des manuscrits inédits sur lesquels s'est porté notre choix, on a placé quelques opuscules publiés en général hors de la Suisse et qu'il était difficile de se procurer. Ces opuscules appartiennent tous à l'histoire de la Suisse romande dans les limites du IXe au XIIIe siècle. Quelques-uns se rattachent plus ou moins directement aux précédents mémoires. Les plus considérables sont ceux relatifs au Lyonnais, à trois Burcard, successivement archevêques de Lyon, tous trois proches parents de nos rois de Bourgogne, et enfin une notice sur l'histoire des comtes de Biandrate, seigneurs puissants tout à la fois en Italie et en Valais.

Avec notre volume, tout ce que M. de Gingins a publié sur l'histoire de notre patrie se trouvera dans les /X/ recueils du pays, destinés à l'histoire nationale 1 , à une seule exception près, le mémoire qui fut inséré en 1837 dans les archives de l'académie de Turin sur l'établissement des Burgondes dans la Gaule.

Si nous n'avons pas reproduit ce dernier écrit fort savant et rempli de vues nouvelles, cela tient à diverses causes. La principale est celle-ci: nous croyons savoir que M. de Gingins avait l'intention de le retoucher sur des points importants. En outre, notre volume ne traite en général pas de l'époque barbare; tous les morceaux qu'il contient sont relatifs à l'époque intermédiaire et aux premiers temps féodaux.

Nous avons d'un autre côté réuni, dans ce volume, afin de les grouper ensemble, attendu leurs rapports avec d'autres mémoires qui y sont insérés, quelques courts articles de l'Indicateur et un article de la Revue suisse, sur la Trêve de Dieu dans la Suisse romande.

Bien que les manuscrits employés fussent tous achevés, sauf ce qui a été dit plus haut à l'endroit des sires de Gex, l'œuvre de la publication n'a point été sans présenter quelques difficultés; difficultés qui pourraient avoir occasionné çà et là des défectuosités que l'auteur aurait évitées. Ainsi, par exemple, dans l'Histoire du canton des Equestres, le dernier paragraphe de la période romaine a dû être entièrement composé au juger, avec de petits fragments de papier mêlés ensemble /XI/ sans aucune numérotation; une autre cause d'embarras était l'impossibilité où l'on s'est trouvé maintes fois de vérifier sur les textes mêmes où elles avaient été prises les nombreuses citations de l'auteur. Dans la règle, cependant, les citations ont toujours été contrôlées, lorsqu'elles paraissaient présenter un sens douteux et qu'on en avait le moyen.

E. SECRETAN, professeur.


 

NOTES:

Note 1, page X: Archiv für Schweizerische Geschichte, Mémorial de Fribourg, Indicateur d'histoire et d'antiquités suisses, Revue suisse et Mémoires de la Société d'histoire de la Suisse romande. [retour]