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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Jean GREMAUD

Catalogue des Evêques de Sion

Dans MDR, 1863, tome XVIII, pp. 462-524

© 2022 Société d’histoire de la Suisse romande

NÉCROLOGES DE L’ÉGLISE CATHÉDRALE DE SION
ET DE L’ÉGLISE PAROISSIALE DE GRANGES

SUIVI DE

CHARTES SÉDUNOISES

ET D’UN

CATALOGUE DES EVÊQUES DE SION

PAR
L’ABBÉ JEAN GREMAUD
professeur d’histoire au collège de Fribourg.

 


 

/462/

IV.

CATALOGUE DES ÉVÊQUES DE SION

 


 

/463/

INTRODUCTION

L’histoire ne peut devenir sérieuse que pour autant qu’elle est basée sur une critique sévère des faits. Cette critique doit nous faire distinguer les faits certains de ceux qui ne sont que probables, ainsi que de ceux qui sont invraisemblables ou faux. Admettre les assertions des historiens ou les traditions des peuples sans les discuter, sans peser la valeur des témoignages, c’est accorder la même autorité à la vérité et à l’erreur. Si ce travail est nécessaire pour toutes les parties de l’histoire, il l’est encore plus spécialement pour les origines des sociétés et des institutions. L’expérience nous prouve que c’est là surtout que se rencontrent les erreurs et les fictions. Chaque société, chaque institution a voulu ennoblir son origine.

Si de nos jours la critique historique a déjà fait disparaître un grand nombre d’erreurs, il en est cependant encore /464/ qui se sont perpétuées, même dans des ouvrages justement estimés. C’est que trop souvent l’historien croit pouvoir se fier aux travaux de ses prédécesseurs et qu’il néglige de remonter aux sources. Une citation incomplète, un texte mal interprété, un témoignage douteux sont acceptés sur la foi d’un premier écrivain et l’erreur se propage ainsi de livre en livre. C’est ce que j’ai eu l’occasion de constater plus d’une fois dans l’histoire des premiers siècles de l’évêché de Sion, et c’est aussi ce qui m’a engagé à rédiger le travail que je publie. J’ai divisé ce travail en deux parties: dans la première je cherche à élucider quelques points obscurs et à relever quelques erreurs de l’histoire ecclésiastique du Vallais; la seconde contient un catalogue des évêques de Sion basé sur les recherches de la première partie pour les temps anciens et sur les catalogues modernes pour les temps postérieurs.

Dans ce travail je n’ai eu qu’un but, trouver la vérité; qu’une règle, la dire, lorsque je crois y être parvenu. Je ne veux pas plus démolir que construire par simple plaisir. Si je me suis trompé, je désire que l’on redresse mes erreurs par des raisons solides et non par des assertions gratuites et des phrases vagues. Ce sont les discussions sérieuses qui font naître la vérité.

 

I

Malgré l’antiquité et l’importance de l’évêché du Vallais, il ne nous est parvenu aucun document de quelque étendue sur son histoire primitive 1 . Tout ce que nous pouvons en /465/ savoir se puise dans les actes des conciles et quelques autres pièces, dans lesquelles les évêques du Vallais sont mentionnés incidemment.

Les plus anciens catalogues des évêques conservés aujourd’hui à Sion et à l’abbaye de St.-Maurice ne remontent pas au delà du XVIe siècle. Les Bollandistes mentionnent, il est vrai, un catalogue très ancien, pervetustus, qui se trouvait, en 1668, aux archives de Valère 1 . Mais un fragment qu’ils en citent, prouve que son ancienneté n’est pas grande. L’évêque St. Garin y est mentionné comme ayant vécu au commencement du Xe siècle, tandis qu’il n’occupa le siège de Sion que vers 1138, et il y est dit qu’il fut enseveli dans l’abbaye d’Aulps, qui ne fut fondée que deux siècles plus tard. Un écrivain très ancien, et par conséquent voisin des événements n’eût pas fait de pareils anachronismes. On y donne à cet évêque, comme au prétendu Théodule contemporain de Charlemagne, le titre de comte du Vallais, comes Vallesiæ, titre qu’aucun évêque ne prit avant Guichard Tavelli (1342-1375), comme le prouvent les actes publics. Remarquons encore que pendant tout le moyen âge le Valais est appelé en latin Vallesium et jamais Vallesia; Simler le premier employa cette seconde forme dans sa description du Vallais, publiée en 1574. Ce catalogue pervetustus ne serait ainsi que du XVIe siècle. Les annales et les catalogues cités par Briguet, dans son Vallesia christiana, ne paraissent ni plus anciens ni plus exacts; on y trouve les mêmes bévues et les mêmes anachronismes.

Les Bénédictins, dans le Gallia christiana, citent un /466/ ancien catalogue qui leur fut envoyé de l’abbaye de St. Maurice et qui serait précieux si son authenticité était démontrée; mais différentes raisons nous la font rejeter. A St. Maurice même il est resté inconnu et on n’en retrouve ni l’original ni aucune copie. Plusieurs catalogues faits à l’abbaye, à la fin du XVIe et dans le cours du XVIIe siècles, ne font pas même mention de certains évêques propres au catalogue communiqué aux Bénédictins. Quelques-uns de ces prétendus évêques n’ont pas siégé en Vallais, comme je le prouverai pour St. Florentin en particulier. Il faut donc rejeter ce catalogue, aussi bien que certaines légendes des trois évêques Théodore ou Théodule transmises aux Bollandistes comme extraites des anciens bréviaires de Sion, et cependant deux de ces légendes ne se trouvent dans aucun des nombreux bréviaires soit manuscrits, soit imprimés, conservés dans les archives de Valère. Dans ces bréviaires, comme encore dans l’Ordo ou directoire du diocèse de Sion de 1664, on ne trouve que la fête du St. Théodule contemporain de Charlemagne, le 16 août, tandis que l’Ordo de 1675 indique en outre les fêtes de deux Théodore, le 26 et le 27 août. C’est vers cette époque qu’il faut placer la rédaction des trois légendes ci-dessus, puisque c’est alors qu’on introduisit leur culte public.

Quant aux chartes, bulles, diplômes et autres pièces d’archives relatives à l’évêché de Sion, on n’en connaît pas d’antérieures à la fin du Xe siècle. Vers l’an 1200 elles deviennent nombreuses, quoique les archives épiscopales proprement dites aient péri dans l’incendie des châteaux de la Majorie et de Tourbillon, en 1788. Les riches archives du chapitre, conservées à Valère, renferment les documents les plus précieux pour l’histoire du diocèse. /467/

Il existe différents travaux, soit imprimés, soit manuscrits, sur l’histoire des évêques de Sion. Le premier en date est celui de Stumpf, qui, dans sa chronique suisse, publiée en 1546, a consacré six chapitres de son XIe livre au Vallais; ce qu’il dit des évêques de Sion lui fut, en partie, communiqué par l’évêque Adrien Ier de Riedmatten. Dans sa Vallesiæ descriptio (1574) Simler le suivit en grande partie. Deux ans plus tard, un chanoine de Sion, Pierre Branschen rédigea un catalogue accompagné de quelques notices, le tout puisé aux archives de Valère et de St. Maurice. Ce travail inédit est le plus sérieux qui ait été fait avant celui des Bénédictins.

Nous trouvons d’autres catalogues du même genre, mais moins critiques, dans la Chronologica historia cardinalium, archiepiscoporumæ, episcoporum et abbatum Pedemontanæ regionis auctore Fr.­Aug. ab Ecclesia, episcopo salutiensi (Turin 1645); dans le Gallia christiana des frères Sainte-Marthe (1656) et à la fin de l’Histoire de St. Sigismond par le P. de St. Sigismond, capucin (1666), sans parler d’autres catalogues de la même époque qui se reproduisent presque mot pour mot.

Le siècle suivant vit paraître trois travaux plus importants: le Vallesia christiana du chanoine Sébastien Briguet (1744), ouvrage qui témoigne de beaucoup de recherches, mais de peu de critique; la série des évêques de Sion par les Bénédictins dans le XIIe volume du Gallia christiana (1770), et enfin les Eclaircissements sur le martyre de la légion thébéenne par P. de Rivaz (1779). Le travail des Bénédictins est bien supérieur à ceux qui l’ont précédé, mais il laisse encore beaucoup à désirer pour les premiers temps. Les Eclaircissements de P. de Rivaz sont un ouvrage rempli d’érudition et de /468/ critique et renferment l’histoire des premiers évêques du Vallais. Cependant si l’ensemble en est très remarquable, il s’y rencontre pourtant plus d’une inexactitude dans les détails. Dans son désir de tout élucider, P. de Rivaz trouve quelquefois dans les textes plus qu’ils ne contiennent réellement et transforme trop facilement les vraisemblances en réalités.

P. de Rivaz communiqua à son fils le chanoine Anne-Joseph son goût pour l’histoire. Après avoir recueilli de très nombreux documents sur l’histoire de sa patrie, le chanoine de Rivaz rédigea une histoire complète et très détaillée des évêques de Sion, formant trois grands volumes in-folio. Pour l’époque primitive il suit ordinairement son père, sans accepter cependant toutes ses assertions; plus d’une fois il émet des doutes et se réserve de vérifier plus tard des textes qu’il n’a pas sous la main. Malheureusement il ne put pas faire ces vérifications et ainsi nous n’avons pas son dernier mot. Le chanoine de Rivaz cherche avant tout la vérité et fait preuve d’une véritable impartialité. Ses manuscrits sont un riche recueil de tout ce qui concerne le Vallais; mais les matériaux y sont entassés sans méthode et l’art de l’écrivain en est complétement absent. Si ces qualités ne lui eussent pas manqué, comme, au reste, il en convenait lui-même, le Vallais eût été doté d’une véritable histoire. Malgré ces défauts on peut dire qu’il est le père de l’histoire de sa patrie, et c’est dans ses manuscrits qu’ont puisé abondamment les écrivains plus récents.

De nos jours plusieurs travaux intéressants sont venus compléter l’histoire des évêques de Sion; je me borne à indiquer ceux de MM. de Gingins, Boccard, Furrer, de Mulinen et Gelpke. /469/

 

II

Octodure (Martigny), cité de la province des Alpes Pennines fut d’abord le siége des évêques du Vallais, comme le prouvent les souscriptions de ces évêques à différents conciles, où ils prennent toujours le titre d’évêques d’Octodure, Episcopus Octodorensis, civitatis Octodorensis 1 . Le premier qui prend le titre d’évêque de Sion est Héliodore, dont un délégué souscrivit au deuxième concile de Mâcon, en 585: Missus Heliodori episcopi a Sedunis 2 . La translation du siége d’Octodure à Sion aura probablement été causée par la dévastation de la première de ces villes, lorsque les Lombards envahirent le Vallais, en 574.

On prétend que le siége épiscopal fut fixé à Agaune pendant une partie du Ve siècle. C’est une assertion gratuite; pour la prouver, il faudrait citer un évêque qui ait porté le titre d’évêque d’Agaune, ce qui n’a jamais eu lieu. Le simple séjour d’un évêque dans une ville ne suffit pas pour qu’on puisse dire que le siége y ait été fixé.

 

III

De quelle métropole dépendait le diocèse du Vallais? C’est là une question dont la solution présente de sérieuses difficultés. Pierre de Rivaz a émis à ce sujet des idées qui ont /470/ été suivies par plusieurs historiens. D’après lui, le premier évêque connu d’Octodure, St. Théodore, aurait été suffragant de Milan; ses successeurs jusqu’à Constance, qui paraît en 517 au concile d’Epaone, auraient reconnu le métropolitain de Vienne, et enfin, depuis lors, celui de Tarentaise. Pour prouver le premier point, de Rivaz cherche à établir que, jusque en 390, le Vallais fit partie de l’Italie 1 . S’il est certain qu’après la conquête romaine le Vallais fut réellement réuni à l’Italie, il l’est beaucoup moins que ce fut précisément en 390 que ce pays fut séparé de l’Italie pour être réuni à la Gaule, avec la Tarentaise, sous le nom de province des Alpes Graies et Pennines. Dans son abrégé d’histoire terminé en 369, Sextus Rufus énumère les provinces de la Gaule, parmi lesquelles il place les Alpes Graies 2 . Quoique les Alpes Pennines ne soient pas nommées, comme elles ne formaient qu’une province avec les premières, il est évident qu’elles sont comprises sous cette dénomination 3 ; autrement il faudrait admettre un partage de la province, ce que rien ne peut faire supposer, surtout si on remarque que dans le cas d’une séparation la province n’eût eu qu’une seule cité. Ammien Marcellin, dont l’histoire va jusqu’à l’année 378, et qui écrivit peu après cette époque, place également les Alpes Graies et Pennines parmi les provinces de la Gaule 4 .

P. de Rivaz objecte l’inscription de Sion, de l’an 377, /471/ dans laquelle paraît le prêteur Asclepiodotus, qu’il regarde comme gouverneur des Alpes Pennines. Or, selon lui, les gouverneurs des provinces de la Gaule portaient le nom de présidents et non celui de prêteurs. Mais, d’abord, rien ne prouve qu’Asclépiodotus ait été gouverneur des Alpes Pennines, et ensuite s’il est vrai que les gouverneurs des provinces gauloises portaient ordinairement le nom de præsides, il n’est pas certain que cette règle ait été sans exceptions 1 . Au reste, dans les souscriptions du concile d’Aquilée (381), l’évêque Théodore d’Octodure figure non parmi les évêques italiens, mais entre deux évêques gaulois. Nous pouvons donc conclure que, dès le temps de St. Théodore, les Alpes Pennines faisaient partie de la Gaule.

Lors de sa réunion à la Gaule, le Vallais fut-il placé dans la province ecclésiastique de Lyon, comme le prétend P. de Rivaz? Voici les raisons sur lesquelles il appuie son assertion:

1° Le Vallais ne relevait ni de l’archevêché de Vienne, ni de celui d’Arles, puisque St. Léon le Grand, qui fixa les limites de ces deux archevêchés, n’attribue les Alpes Pennines à aucun d’eux; le pape Symmaque en fit de même en 513.

2° Si le Vallais avait relevé de l’une de ces métropoles en 462, le pape Hilaire aurait-il nommé l’évêque du pays, Maurice, pour juger un procès où il aurait été lui-même partie intéressée, s’agissant de se donner un métropolitain? Il faut donc dire que le Vallais suivit les destinées de l’Helvétie, qui, comme partie de la Grande Séquanaise, relevait de l’évêché de Lyon.

3° Il paraît d’ailleurs assez évidemment par la lettre de St. Eucher à Silvius, en lui envoyant la /472/ relation du martyre de la légion Thébéenne, que le Vallais relevait de sa métropole; il lui dit: Je vous envoie l’histoire de nos martyrs. Pouvait-il nommer les Thébéens nos martyrs, n’étant pas le dyocésain, à moins d’être le métropolitain?

4° St. Eucher accompagna Silvius en Vallais pour l’installer dans son évêché 1 .

Examinons ces raisons. Pour répondre à la première il suffit de faire observer que le pape soumit la Tarentaise, ou les Alpes Graies, au métropolitain de Vienne et que les Alpes Pennines durent suivre le sort de la cité principale de la province.

La seconde raison est sans force, puisque nous prouverons que Maurice ne fut pas évêque d’Octodure. Quant à la province Séquanaise, il est démontré qu’elle ne releva jamais de Lyon 2 . En eût-elle relevé, il faudrait encore prouver que le Vallais en fit partie, et rien ne peut même le faire supposer.

La troisième raison nous paraît nulle; car quel rapport y a-t-il entre cette expression nos martyrs et la conséquence qui en est tirée?

Enfin la dernière raison ne repose que sur une assertion gratuite. Aucun historien, aucun document ne mentionne cette installation de Silvius par St. Eucher. Si on admettait le sentiment de P. de Rivaz, il s’en suivrait que la province de Lyon comprenait une enclave qui aurait été complétement séparée de la partie principale par le diocèse de Genève, qui a toujours dépendu de Vienne. Ce serait une contradiction avec l’organisation ordinaire des provinces romaines.

Nous avons vu que la Tarentaise et le Vallais constituaient la province des Alpes Graies et Pennines; mais cette /473/ province, formée de deux cités seulement, ne jouissait pas de toutes les prérogatives attachées au titre de province; ainsi elle n’avait pas de métropole; par le fait même elle devait dépendre de la métropole d’une autre province. On est d’accord à reconnaître que depuis le commencement du VIe siècle ce fut l’archevêque de Vienne qui exerça les droits de métropolitain sur la Tarentaise et le Vallais; l’hypothèse de la dépendance de Lyon étant rejetée, il faut admettre que la province des Alpes Graies et Pennines fut soumise à Vienne dès sa séparation de l’Italie. Plus tard, les droits de l’évêque de Tarentaise s’accrurent et il commença à exercer une véritable juridiction sur les évêques de Sion, de Maurienne et d’Aoste, tout en reconnaissant encore l’archevêque de Vienne comme son primat. On ne connaît qu’imparfaitement l’histoire et l’époque de cette transformation; les uns la placent au VIIe siècle et d’autres vers l’an 793 1 .

L’évêché de Sion appartint à la métropole de Tarentaise jusqu’en 1513. Le cardinal Mathieu Schiner, évêque de Sion, obtint alors du pape Jules II que son siége fut détaché de la Tarentaise, et l’évêché de Sion releva, dès lors, directement du pape.

 

IV

Nous ignorons quand et comment le christianisme pénétra dans le Vallais. Voisin de l’Italie, à laquelle il fut longtemps réuni par l’administration civile, ce pays dut recevoir de bonne heure des prédicateurs de l’Evangile. Cependant, /474/ ce n’est que dans la seconde moitié du IVe siècle que nous trouvons des monuments positifs pour l’histoire chrétienne du Vallais. Le premier est la célèbre inscription de Sion de l’an 377, sur laquelle figure le monogramme du Christ, avec l’α et l’ω. Elle nous apprend que le prêteur Pontius Asclepiodotus rétablit un bâtiment auguste, augustas ædes, beaucoup plus remarquable que celui qui existait précédemment 1 . Si, comme tout porte à le croire, par ces mots ædes augustæ il faut entendre une église, il faut aussi admettre que, déjà avant l’an 377, Sion possédait un édifice consacré au culte chrétien.

On a dit que le premier évêque du Vallais fut établi par l’archevêque de Milan; c’est un fait probable, mais qu’aucun document ne prouve. On est allé plus loin; on a fixé des dates, donné les noms des personnages; ici la probabilité cesse. Ce ne sont que des suppositions plus ou moins ingénieuses, mais dénuées de tout fondement historique.

 

V

Le premier évêque du Vallais connu d’une manière certaine est St. Théodore, qui assista au concile d’Aquilée, en 381 et à celui de Milan, vers 390 2 . Son titre d’évêque d’Octodure prouve, comme nous l’avons vu, qu’il siégeait dans cette ville. La relation du martyre de la légion Thébéenne par St.­Eucher 3 nous apprend que c’est ce saint évêque /475/ qui découvrit les corps des martyrs Thébéens et fit construire à Agaune la première église en leur honneur. Nous voyons par cette même relation que, à cette époque, le paganisme n’avait pas encore entièrement disparu du Vallais. Voilà tout ce que nous savons de certain sur St-Théodore, et nous ignorons la date du commencement de son épiscopat, comme celle de sa mort. Il a toujours été regardé comme saint, et il est très probable que c’est lui qui était honoré, le 16 août, dans le cours du XIe et du XIIe siècles. On célèbre encore depuis le XIVe siècle, le 4 septembre, une fête sous le titre de Révélation de St.-Théodule; les leçons de l’office de cette fête prouvent qu’il s’agit de la révélation des corps des Thébéens faite à St.-Théodore.

Il règne beaucoup d’incertitudes sur les successeurs de ce premier évêque pendant tout le Ve siècle. On les trouve dans l’ordre suivant dans les catalogues récents:

S. Elie, vers 400.
S. Florentin, † 407.
Maurice I, 419.
S. Silvius, 432-448.
Prothais I, vers 450.
Léonce, 463.
Dominique?

Quelques écrivains du XVIIe siècle 1 racontent que Saint Elie, Vallaisan d’origine, fut évêque de Sion, qu’ensuite il déposa sa dignité, se retira dans une île du lac d’Orta, auprès de St. Jules, qui y vivait en solitaire, et qu’ayant succédé à ce saint, il y mourut. Ils ajoutent que dans l’église de St. Jules, en la même île, on voyait sur un autel un /476/ tableau de St. Elie, sous le costume de pèlerin, avec une mitre à ses pieds et l’inscription suivante: S. Elias episcopus Sedunensis. Ce tableau, dit Charles de Basilica Petri, évêque de Novarre, qui écrivait vers 1600, peut avoir deux cents ans d’antiquité 1 , ce qui le ferait remonter au commencement du XIVe siècle. On en fit une copie, qui fut envoyée à Sion, en 1626, et placée dans l’église de Valère, où elle se trouve encore. A Sion même ces faits paraissent être restés inconnus jusqu’au commencement du XVIIe siècle. Un chanoine de Novarre écrivit alors à Sion à ce sujet et attira l’attention sur cet évêque. Dans les anciens catalogues on trouve, il est vrai, un évêque de ce nom, mais au Xe siècle seulement, tandis que le St. Elie, contemporain de St. Jules aurait été évêque à la fin du IVe siècle, puisque ce dernier saint mourut vers l’an 400 2 . Aucun des anciens calendriers ecclésiastiques de Sion ne contient le nom de St. Elie, et il ne nous reste aucune ancienne biographie de lui. Il en est seulement parlé dans une histoire de St.­Jules, écrite sur parchemin et conservée autrefois dans l’église de ce saint à Orta; mais St.­Elie n’y paraît que comme simple prêtre « presbiterii fungebatur honore ». Briguet, qui cite ce passage, ajoute un extrait d’un rituel sur parchemin, de la même église: « Festum S. Heliæ presbyteri et episcopi Sedunensis, ut alibi habetur, qui immediate successit beato Julio, » etc. Mais ces mots « et episcopi Sedunensis, ut alibi habetur » n’appartiennent évidemment pas à la rédaction primitive; autrement ce « ut alibi habetur » serait un non-sens. Dans l’église de St. Jules on honorait St. Elie comme /477/ confesseur non pontife 1 . Si on ne tient compte que de ces textes et de l’office, il faut dire que le St. Elie qui succéda à St. Jules dans l’île d’Orta, fut un simple prêtre. Reste le tableau où il est appelé évêque de Sion. Seul et postérieur de mille ans au personnage qu’il représente, ce tableau nous semble une autorité bien faible pour attester l’épiscopat de St. Elie 2 . Peut-être doit-on distinguer deux saints Jules, l’un ermite dans l’île d’Orta au Ve siècle, et l’autre évêque de Sion au Xe, selon quelques catalogues. En l’absence de documents plus anciens et plus positifs nous sommes réduits à laisser la question indécise.

Le successeur de St. Elie aurait été St. Florentin, qui, avec son diacre Hilaire, aurait été mis à mort, en 407 ou 411, par les Vandales, à St. Pierre-de-Clages. Comme preuves de ce fait on cite différents martyrologes et les chroniques de St. Jérôme et de Sigebert 3 .

Plusieurs martyrologes mentionnent, en effet, St. Florentin et St. Hilaire, au 27 septembre (v. kal. octobris), et ils indiquent le lieu où ces saints furent martyrisés, de la manière suivante: Le martyrologe d’Usuard, d’après les différents manuscrits: Castro Pseuduno; — In territoire Augustodunensi; — Castro Seuduno; celui de St. Jérôme: /478/ In territorio Aedue civitate;— In territorio Augustoduno 1 ; celui de Gellone: Aeduis; le Romain: Seduni in Gallia. Un seul martyrologe, celui de du Saussay, dit: Castro Seduno ad Rodanum. Comme on le voit, les anciens martyrologes placent le lieu du martyre à Pseudunum, soit Seudunum, ou dans le territoire d’Autun; aucun ne mentionne le Vallais. Du Saussay seul, qui a publié son ouvrage en 1638, le place à Sion sur le Rhône; mais le témoignage d’un auteur si récent est nul en opposition avec des témoignages beaucoup plus anciens et nombreux.

D’après les martyrologes le martyre a donc eu lieu au château de Pseudunum ou Seudunum, dans le territoire d’Autun. Mais y avait-il dans ce territoire un lieu qui portât ce nom? Oui, et nous pouvons en apporter des preuves irréfragables. Dans un fragment d’un pouillé du diocèse d’Autun., du XIe siècle, une paroisse porte le nom de Sedunum; c’est maintenant Suin, dans le Charolais. Six chartes de l’abbaye de Cluny, des années 904 à 946, mentionnent l’ager Seudonensis, Seotunensis, la Vicaria Sedunensis, Sidunensis et placent ce pays, les unes in pago Augustodunensi, et les autres in pagu Matisconensi. Suin se trouve dans le diocèse d’Autun, mais sur les confins de celui de Mâcon; ce qui a amené la confusion des scribes 2 . Il y avait donc un Seudunum ou Sedunum dans le territoire d’Autun, et puisque les martyrologes désignent celui-ci et non celui du Vallais, il serait absurde de les contredire. /479/

S’il pouvait rester encore quelques doutes à ce sujet, ils seraient levés par la lecture des actes du martyre, publiés par les Bollandistes 1 . Là les lieux habités par St. Florentin et ceux qui ont été parcourus par les Vandales sont si bien déterminés que l’ombre même d’un doute n’est plus possible. On voit par ces mêmes actes que St. Florentin n’a pas été évêque; aussi les différents martyrologes lui donnent seulement la qualification de martyr.

Le passage de la Chronique de St. Jérôme, sur lequel on s’appuie, est relatif à un autre Florentin qui était moine, et il n’y est nullement question de Sion 2 . La chronique de Sigebert rapporte le martyre de St. Florentin, mais ne contient rien qui puisse prouver que ce saint ait été évêque de Sion 3 . L’épiscopat de St-Florentin en Vallais est donc basé sur une confusion de noms, que l’on s’explique facilement. Les premiers catalogues indiquent cet évêque en s’appuyant sur la Chronique de Sigebert 4 , dont le texte est moins complet que les martyrologes et les actes, et comme le Sedunum Vallaisan était plus connu que celui du Chablais, on a attribué le martyre au premier.

Après avoir examiné les témoignages que nous avons cités, le Chanoine de Rivaz convient qu’un St. Florentin et un St. Hilaire ont été martyrisés dans le pays d’Autun, et cependant il prétend qu’un autre St. Florentin fut martyrisé /480/ en Vallais à la même époque et par les mêmes Vandales, et il invoque la tradition du pays à l’appui de son assertion. Mais comment prouver que cette tradition est ancienne dans un diocèse où aucun culte religieux n’a été rendu à ce saint pendant tout le moyen-âge, comme le prouve l’absence de son nom dans le martyrologe, les calendriers, les bréviaires et les missels Sédunois? Pour attester un fait aussi invraisemblable que celui du martyre de deux personnages du même nom, par les mêmes Vandales, à la même époque, dans les mêmes circonstances, dans deux pays différents, ne faudrait-il pas, dans tous les cas, autre chose qu’une simple tradition? Nous devons ainsi retrancher de l’histoire du Vallais l’épiscopat de St. Florentin et l’invasion des Vandales en ce pays, en 407 ou 411.

Après St. Florentin on place l’évêque Maurice, qui, avec d’autres évêques fut chargé par le pape Boniface de juger l’évêque de Valence. Il est vrai que ce pape adressa, le 12 juin 419, une lettre aux évêques de la Gaule à ce sujet 1 ; mais ces évêques ne sont désignés que par leurs noms de baptême, sans que celui du siége soit indiqué. Maurice y est nommé le dernier et comme le diocèse des Alpes Pennines est rangé le dernier dans les énumérations des diocèses, on en conclut que l’évêque indiqué le dernier doit être celui des Alpes Pennines. Pour que cette conclusion fût exacte, il faudrait que tous les évêques fussent nommés et toujours dans l’ordre des provinces. Dans le cas présent le pape n’en nomme que quatorze, et après cette énumération il ajoute: « et aux autres évêques de la Gaule. » Si, ensuite, on compare l’ordre dans lequel les noms des /481/ mêmes évêques sont indiqués en tête des bulles papales, on voit que cet ordre est loin d’être toujours le même et que par conséquent on ne peut tirer aucune conclusion de la place que le nom d’un évêque occupe. Rien ainsi ne prouve que Maurice ait été évêque du Vallais plutôt que d’un autre diocèse.

Lorsque St. Eucher écrivit sa relation du martyre de la légion Thébéenne, il l’adressa à l’évêque Salvius ou Silvius, sans indiquer quelle église cet évêque gouvernait 1 ; ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’on en a fait un évêque du Vallais, car son nom ne se trouve dans aucun des catalogues antérieurs. On le trouve, il est vrai, dans le martyrologe de Sion, noté en marge, avec la qualification d’évêque, mais sans désignation de son siége, tandis que deux autres évêques de Sion qui y sont mentionnés, sont dits: episcopus Sedunensis. La seule raison sur laquelle on se fonde pour le faire évêque du Vallais, c’est que St-Eucher lui adresse sa relation du martyre de la légion Thébéenne, dans laquelle il dit que ce même Silvius est dévoué au culte de ces saints, « sanctorum officiis inhærentes. » Cette preuve ne nous paraît pas péremptoire, et la seule conséquence rigoureuse qu’il nous semble possible de tirer des paroles de St. Eucher, c’est que Silvius vénérait d’une manière particulière les martyrs Thébéens. Ces différentes raisons nous font regarder l’épiscopat de Silvius en Vallais comme douteux.

Les Bollandistes ont publié un calendrier, intitulé Laterculus et composé par un personnage appelé Polemeus Silvius 2 , qui dédie son ouvrage à l’évêque Eucher; il est très /482/ probable que c’est le Silvius auquel St. Eucher adressa sa relation; mais le Laterculus ne nous apprend rien sur ce Silvius.

Nous arrivons enfin à un évêque plus authentique, c’est Prothais I. Le moine anonyme d’Agaune qui écrivit, au VIe siècle, l’histoire du martyre des Thébéens 1 raconte la découverte du corps de l’un de ces martyrs, que l’on appelle St. Innocent, et il dit que la translation de ses ossements dans l’église d’Agaune fut faite par Domitien, évêque de Genève, Grat, évêque d’Aoste, ou Prothais, évêque de ce lieu, c’est-à-dire du lieu où la translation se fit. Le moine anonyme ne donne pas la date de l’événement, mais nous savons que les deux autres évêques cités vivaient vers le milieu du Ve siècle, époque où il faut ainsi placer l’épiscopat de Prothais à Octodure.

P. de Rivaz lui donne pour successeur l’évêque Léonce. « Le pape Hilaire, dit cet auteur, ayant député en 462 les évêques des provinces Lyonnoise, Narbonnoise, Viennoise et des Alpes Pœnines pour terminer le différent qui agitoit depuis longtemps les Eglises de Vienne et d’Arles touchant la Primatie, ces prélats ont souscrit leur réponse dans le même ordre que le pape avoit nommé les provinces où ils siégeoient; ceux de la Lyonnoise ont souscrit avant ceux de la Narbonnoise et ceux-ci avant ceux de la Viennoise: ainsi Léonce qui a souscrit après tous les autres, étoit évêque des Alpes Pœnines 2 . » Ce Léonce n’est jamais nommé évêque d’Octodure; pour lui donner ce titre, P. de Rivaz a eu recours, comme on le voit, au raisonnement /483/ que nous avons indiqué en parlant de l’évêque Maurice, et qui n’a pas plus de force en cette circonstance. Au reste, en examinant de près les pièces dans lesquelles son nom paraît, on voit que ce Léonce était archevêque d’Arles.

Le catalogue envoyé de St. Maurice aux Bénédictins contient le nom de l’évêque Dominicus, qui ne se trouve dans aucun autre catalogue et dans aucun document. Son existence ne peut ainsi pas être admise.

En résumant ce qui précède, nous voyons que des sept évêques que les catalogues récents placent au Ve siècle, un seul peut être regardé comme véritablement authentique; c’est Prothais I; deux autres, St. Elie et St. Silvius doivent être envisagés comme très douteux, et les quatre autres n’ont pas été évêques du Vallais. On sera surpris de ce résultat; mais cette surprise cessera, si on examine les catalogues des évêques de Sion écrits au XVIe et au XVIIe siècles. On n’y trouve aucun des évêques que j’ai signalés comme douteux ou supposés, à l’exception de St. Florentin. Ce n’est que vers le milieu du XVIIIe siècle qu’ils commencent à figurer dans les nouveaux catalogues. Le P. Jos. de l’Isle, dans sa Défense de la vérité du martyre de la légion Thébéenne, publiée en 1737, dit d’abord (page 52) que Salvius était évêque de Genève, puis plus loin (p. 234) qu’on ne sait pas précisément de quel siége il était évêque, mais qu’il est assez vraisemblable que c’était d’Octodure. Briguet, en 1744, le place parmi les évêques douteux (p. 65 et dernière). Ce même auteur range Elie parmi les évêques dont le temps ou le siége est incertain; des cinq autres il ne mentionne que St. Florentin. Les Bénédictins (1770) omettent Léonce. P. de Rivaz (1779) est le premier qui les admette tous. Nous avons vu que les preuves avancées par ces derniers /484/ auteurs ne sont pas solides. En éliminant ces évêques, nous sommes donc simplement revenus aux anciens catalogues.

 

VI

A partir du commencement du VIe siècle, les documents relatifs aux évêques du Vallais deviennent plus nombreux et le catalogue peut ainsi en être dressé plus facilement. Dans la suite de cette discussion préliminaire nous nous bornerons aux points qui demandent un examen particulier.

Quelques catalogues placent entre Héliodore et Leudemond, vers la fin du VIe siècle, l’évêque Honorius; rien n’atteste son existence, car il ne paraît dans aucun document. Nous devons faire la même remarque au sujet d’Aluborge, placé vers 700, de Calmus ou Calinus, vers 900, et Othon ou Odon, vers 1100. En l’absence de toute preuve, nous ne pouvons pas les admettre parmi les évêques positifs.

Dans la seconde moitié du VIIe siècle vivait un évêque Amé, Amatus, que quelques auteurs placent à Sens, Senonensis, et d’autres à Sion, Sedunensis. Il paraît comme évêque de Sens dans la Chronique de Sigebert 1 , dans sa biographie, ainsi que dans celle de Ste. Rictrude, publiées par les Bollandistes 2 . Cette dernière biographie a aussi été publiée par Mabillon 3 d’après un très ancien manuscrit, où l’on trouve Sion, urbs Sidunensium, au lieu de Sens, urbs /485/ Senonensium. Ce sujet a été traité par l’abbé Lebeuf dans deux dissertations 1 , dans lesquelles il prouve que St. Amé n’a pas été évêque de Sens, et qu’il faut, par conséquent, le placer à Sion. Pour établir son assertion, il cite deux catalogues des évêques de Sens, du Xe siècle, l’un qu’il a vu lui-même à l’abbaye de St. Vandrille (Fontenelle, diocèse de Rouen), et l’autre conservé dans la bibliothèque du Vatican, à Rome; aucun ne contient le nom de St. Amé. Bien plus, Sigebert parle de cet évêque sous l’année 672; or, à cette époque, le siége de Sens était occupé par Emmon, qui ne mourut qu’en 675 2 . D’un autre côté, les livres liturgiques du diocèse de Sion mentionnent St. Amé comme évêque de cette église. Il est cité, au 13 septembre, dans le martyrologe de Sion, du XIIe siècle, et dans les calendriers ecclésiastiques postérieurs, toujours avec la qualification d’évêque de Sion. Sa vie se trouve dans le légendaire de Valère. Mais là, comme dans le martyrologe, il a été confondu avec un autre St. Amé, qui, d’abord moine à Saint-Maurice, devint plus tard abbé de Remiremont. La vie de ce dernier se trouve aussi dans la collection des Bollandistes 3 . L’époque où ces deux saints vécurent suffit pour prouver que ce n’est pas le moine de St.-Maurice qui devint évêque de Sion. Il naquit vers 570, embrassa la vie religieuse, et après avoir passé 33 ans à St.-Maurice, il quitta ce lieu pour suivre St. Eustase à Luxeuil, vers 614; il devint enfin abbé de Remiremont et mourut vers 625. Cette dernière date n’est pas certaine; mais lors même qu’il serait mort /486/ plus tard, sa vie ne peut pas s’être prolongée au delà de 650 à 660. Or, Sigebert dit que l’évêque Amé fut exilé en 672 par le roi Thierry (III) et l’Auctarium Aquicinense 1 place la mort d’Amé en 690. Il y a donc eu deux St. Amé, l’un moine à St.-Maurice et abbé de Remiremont, et l’autre évêque de Sion.

A l’époque de Charlemagne on place St. Théodule, dont l’épiscopat a donné lieu à une longue controverse. Nous ne pouvons pas consacrer ici à cette question tous les développements qu’elle demanderait; ce serait dépasser les bornes fixées à cette introduction. L’existence d’un St. Théodule contemporain de Charlemagne ne repose sur aucun témoignage de cette époque; elle n’a pour garant qu’une légende composée au XIIe siècle, selon toute apparence, par un moine inconnu appelé Ruodpertus monachus peregrinus, et dont il existe un grand nombre de copies. P. de Rivaz dit en avoir vu une à la bibliothèque du roi, à Paris, écrite vers 1150; les Bollandistes citent les copies qui se trouvaient dans des manuscrits de la bibliothèque de Thou et de St. Etienne de Besançon et dans le légendaire de St. Anatole de Salins, mais sans indiquer l’âge de ces manuscrits. La copie du légendaire de Valère paraît être du XIIIe siècle, ainsi qu’une autre qui se trouve dans un manuscrit de la bibliothèque cantonale de Fribourg et qui provient de l’abbaye de Hauterive. Ces copies ne sont pas d’accord sur la forme du nom du saint. Si plusieurs l’appellent Theodolus, d’autres, en particulier celles de la bibliothèque du roi, à Paris, et de Fribourg, le nomment Theodorus. On voit que les deux formes désignent le même personnage. Les Bollandistes ont publié l’œuvre du /487/ moine Ruodpert d’après le légendaire de St. Anatole de Salins, en y joignant les variantes des autres copies 1 .

Cette légende contient deux points principaux: 1° Le miracle opéré par St. Théodule en faveur de Charlemagne, qui en reconnaissance lui donne le comté du Vallais. Ce miracle a lieu à l’occasion d’un concile général, auquel assista St. Théodule, sur l’invitation de Charlemagne. Sans parler du miracle en lui-même, qui nous paraît assez singulier, nous ferons observer qu’il est également attribué à St. Egidius, contemporain de Charles Martel ou de Charlemagne 2 . Quant au concile, aucun autre auteur n’en parle. Reste la donation du comté du Vallais. Le moine Ruodpert est seul garant de cette donation. Ce qui est certain, c’est que les évêques de Sion n’en jouirent pas sous les premiers successeurs de Charlemagne. Charles le pieux, qui est loin d’avoir dépouillé les églises, était en possession de ce comté, puisque, en 839, il le donna à son fils Lothaire; celui-ci le céda à son frère Louis, en 859 3 . Les évêques de Sion ne devinrent comtes du Vallais qu’à une époque postérieure; ils obtinrent cette dignité du dernier roi de Bourgogne, Rodolphe III, en 999 4 . Il est vrai que le diplôme de ce roi semble rappeler une donation antérieure, « Comitatum Vallensem … Sanctæ Mariæ, sanctoque Théodule Sedunensi, cujus tamen studio primum eo loci acquisitus erat, donavimus; » mais ces termes sont si peu clairs qu’il est impossible d’en tirer une conclusion rigoureuse, surtout en présence des faits que nous venons de citer. Il faut encore noter que nous n’avons de ce diplôme /488/ qu’une copie vidimée en 1490, et qu’il est fort possible que la phrase en caractères italiques ait été interpolée, comme le soupçonne le chanoine de Rivaz. Enfin constatons bien que Charlemagne n’est pas nommé dans ce diplôme et que l’époque de cette donation primitive, si on doit l’admettre, n’est nullement précisée.

2° D’après la légende de Ruodpert, St. Théodule a découvert et placé dans un édifice honorable les ossements des martyrs de la légion Thébéenne; il nous représente leurs corps sans sépulture, exposés aux bêtes féroces et aux oiseaux de proie, etc. C’est, ajoute-t-il, parce que ce saint évêque les a vus dans le ciel, sous l’autel de Dieu, qu’il les a cherchés avec patience, etc. 1 . A l’époque de Charlemagne il y avait plus de quatre siècles que cette découverte avait été faite par St. Théodore Ier et qu’existait l’église où les reliques de ces martyrs avaient été transportées et où elles étaient conservées avec le plus grand soin. Qui ne voit ici le plus grossier anachronisme? Ruodpert recule jusqu’à la fin du VIIIe siècle un fait accompli dans le IVe. Peut-on accorder quelque confiance à un semblable écrivain?

Ce que nous venons de dire s’applique aux légendes que l’on trouve dans divers bréviaires des diocèses de Sion, Lausanne, Genève, etc., car elles sont extraites textuellement de celle de Ruodpert et se reproduisent dans les mêmes termes. Il faut encore étendre ces mêmes observations à la /489/ légende de Charlemagne qui se trouve dans le légendaire de Valère. L’auteur n’en est pas connu, mais le texte prouve qu’elle a été composée à Zurich, comme on peut le voir par l’extrait que les Bénédictins en ont publié 1 . A côté de détails exacts, elle contient les fables les plus absurdes, et ne mérite ainsi aucune confiance pour les faits qu’elle est seule à raconter.

L’existence du Théodule contemporain de Charlemagne est démentie par un document écrit dix à quinze ans après la mort de cet empereur. C’est le catalogue des abbés de St. Maurice d’Agaune rédigé vers 830 2 . Ce catalogue, deux bulles papales 3 et l’histoire de l’évêque Villicaire 4 prouvent qu’à cette époque les évêques de Sion étaient en même temps abbés de St. Maurice; or le catalogue les énumère dans l’ordre suivant: XXVIIII Vuilicharius abbas. XXX Domnus Abteus (al. Alteus) episcopus et ab. Tempore domni Karoli imperatoris accepit privilegium. XXXI Domnus Adalongus episcopus et ab. XXXII Heyminus (al. Heyminius) episcopus et ab. et ipse novissime a fratribus est electus. Le catalogue ne donne pas de date; mais d’autres documents prouvent que Villichaire gouverna l’abbaye au moins de 765 à 780. Son successeur, l’évêque-abbé Altée vécut du temps de Charlemagne (768—814) et reçut une bulle du pape Adrien Ier (772—795). Altée fut remplacé par l’évêque-abbé Abdalong, contemporain de Louis-le-pieux (814—840); Abdalong eut pour successeur l’évêque-abbé Heyminius; c’est très probablement l’évêque Heiminus désigné comme /490/ missus dominicus dans un capitulaire de Louis-le-pieux, de l’an 825. Comment entre ces évêques-abbés placer l’évêque Théodule à l’époque de Charlemagne?

Plusieurs écrivains d’un grand poids, après avoir examiné cette question, se sont prononcés pour la négative. Les Bollandistes terminent leur article sur St. Théodule par ces mots: « Vides hic undique intricatos nodos; quibus dissolvendis nos fatemur impares; » et ils renvoient la solution de la difficulté aux Bénédictins, qui ont complétement éliminé St. Théodule III de leur liste des évêques de Sion. C’est ce qu’ont fait également P. de Rivaz, son fils le chanoine de Rivaz, qui a traité cette matière dans une dissertation de plusieurs centaines de pages, MM. le chanoine Boccard, de Mulinen et Gelpke.

Mais, objecte-t-on, la tradition généralement admise en Vallais, ainsi que le culte religieux attestent l’existence d’un évêque Théodule à l’époque de Charlemagne. Pour qu’une tradition fasse autorité il faut qu’elle soit ancienne et qu’elle concorde avec les faits connus par des témoignages contemporains; or nous ne pouvons pas constater l’existence de celle qui nous occupe avant le XIIe siècle, et nous avons vu que les détails qu’elle contient sont en contradiction avec les faits de cette époque; elle est donc sans valeur, d’après les principes de la saine critique.

Quant au culte religieux, il est facile, nous semble-t-il, de s’en rendre compte. Nous voyons par le missel de Granges qu’au XIe siècle on honorait, le 16 août, St. Théodore, évêque, et par le martyrologe de Sion que, au XIIe siècle, on honorait, le même jour, le même St. Théodore, évêque de Sion; dans les livres liturgiques postérieurs, le nom est modifié en celui de Théodole ou Théodule. Quoique le sens de ces deux noms /491/ ne soit pas le même, ils ont cependant été employés l’un pour l’autre, comme nous l’avons déjà remarqué. L’évêque Théodore qui vivait dans la seconde moitié du IVe siècle a toujours été regardé comme saint en Vallais, et tous les écrivains qui en ont parlé lui donnent cette qualification. Il est naturel d’admettre qu’on lui a, en conséquence, rendu un culte public dans son propre diocèse et cependant à partir du XIIe siècle, nous ne trouvons de culte public rendu qu’au Théodule contemporain de Charlemagne. Cela étant, n’est-il pas encore naturel d’admettre que ce dernier a pris la place du premier? La tradition sur Théodore Ier se sera modifiée peu à peu à travers les siècles d’ignorance et ces modifications auront formé un nouveau personnage qui a fait oublier le premier. Autrement comment expliquer l’absence de tout culte en Vallais en l’honneur de l’évêque le plus ancien du diocèse, regardé comme saint par tous les écrivains? La même transformation a eu lieu à l’occasion de la fête de la Révélation de St. Théodule; l’office se rapporte à Théodule III, et la légende qui se trouve dans le légendaire de Valère pour cette fête, ne contient que le récit de la révélation faite à Théodore Ier.

Walafrid Strabon a composé en l’honneur des martyrs Thébéens un hymne qui se termine par la strophe suivante:

Bis si servicium fidele cures,
O Chonrade pater mi colende,
Totis viribus exhibere, jugis
Te per grandia facta pax sequetur 1 .

Se fondant sur ces mots « Pater mi colende, » on a fait de ce Conrad un évêque de Sion; une pareille conclusion est plus que hasardée. /492/

La plupart des catalogues placent en 929 l’évêque Vilencus et disent qu’il paraît dans une charte datée de l’an X du roi Henri. Il existe en effet une charte qui porte cette date et dans laquelle cet évêque est nommé. Nous l’avons publiée parmi nos Chartes Sédunoises, n° 9. C’est un acte par lequel Amédée comte et abbé de Saint-Maurice donne Louèche et Naters à Vilencus, évêque de Sion. Il ne peut être question ici que du comte Amédée III de Savoie, contemporain de l’empereur (rex Romanorum) Henri V, dont la dixième année du règne correspond à l’an 1116, et nous savons par d’autres documents que l’évêque Vilencus vivait en effet à cette époque 1 . Il paraît, en 1115, au concile de Tournus sous le nom de Gulencus 2 et dans le nécrologe de Sion sous celui de Gillengus. On sait que la permutation du V et du G est très fréquente. C’est à tort qu’on a fait de ce Gillengus un évêque distinct de Vilencus et qu’on l’a placé entre Amizo et Hugues. Parmi les membres de la famille de Faucigny cités dans une charte de l’an 1083 3 il en est un qui s’appellait Vilentius; on a cru que c’est lui qui fut le Vilencus, évêque de Sion. Cela nous semble très difficile; dans la charte citée Guy de Faucigny, évêque de Genève, donne l’église de Contamine à l’abbaye de Cluny pour le salut de l’âme de son oncle Vilencius, entre autres. Comment admettre que l’oncle ait été évêque de Sion en 1116, lorsque le neveu siégeait à Genève depuis vers l’an 1078?

Dans son histoire de l’abbaye d’Einsiedlen, le P. Hartman 4 raconte que, en 952, Othon, roi de Germanie, la reine /493/ Adélaïde et St. Ulric, évêque d’Augsbourg, en revenant d’Italie, traversèrent les Alpes Pennines et passèrent à Saint-Maurice, où St. Ulric obtint du prévôt de l’abbaye des reliques des martyrs Thébéens, du consentement de Mainfroid, évêque de Sion. Aucun historien ancien ne mentionne ce passage par le Vallais, et dans un diplôme du 28 décembre 955 1 Othon dit qu’en revenant d’Italie il a vu (experimento didicimus) les ravages causés par les Sarrazins sur les terres de l’évêché de Coire; ce qui prouve que le retour s’effectua par les Alpes de la Rhétie. Gérard, biographe contemporain de St. Ulric, raconte un voyage de ce prélat à Saint-Maurice, en 940, et dit qu’il y obtint de nombreuses reliques, mais il ne parle pas de l’évêque de Sion 2 . Les Bénédictins font vivre l’évêque Mainfroid en 921, d’après Simler, qui lui-même ne cite pas de source.

Le chanoine Branschen, dans son catalogue des évêques de Sion, cite les vers suivants qui se lisaient en tête d’un volume manuscrit, conservé alors à Valère, contenant le sacramentaire de St. Grégoire, « in pervetusto libro, antiquis bene exaratis characteribus conscripto. »

Hunc tibi, Stella maris perlucida Virgo perennis,
Scribere precepit devota mente libellum
Ille Sedunensis dominator episcopus urbis,
Eberhardus enim regali germine natus
Rudolphi regis dare certissima proles. Etc.

Le manuscrit ne se retrouve pas et il est ainsi impossible de constater l’époque où ces vers ont été écrits, ainsi que leur authenticité. Ils nous apprennent que Eberhard, fils de /494/Rodolphe (IIIe probablement), roi de Bourgogne, fut évêque de Sion, mais ils sont le seul document qui parle de ce personnage, inconnu à tous les historiens anciens.

 


 

Après avoir cherché à éclaircir les principales difficultés, nous allons établir la série des évêques de Sion à l’aide des documents authentiques parvenus jusqu’à nous. Les dates jointes, sans autres indications, à chaque nom, sont celles des années où l’évêque paraît dans les documents. Lorsqu’il s’en rencontre plusieurs nous donnons la première date et la dernière, en les séparant par un tiret. Nous imprimons en caractères italiques les noms des évêques dont l’existence est douteuse.

Malgré nos soins et nos recherches nous ne pouvons pas espérer d’avoir évité toutes les erreurs. Un travail dans le genre de celui que nous publions n’arrive que peu à peu à une exactitude complète.


/495/

ÉVÊQUES DE SION

  • SIÉGE A OCTODURE.

  • S. Théodore I, ou Théodule, assiste aux conciles d’Aquilée, en 381 et de Milan, vers 390, † 16 août.

  • S. Elie, vers 400?

  • S. Silvius, 448.

  • Prothais I, v. 450.

  • Théodore II, assiste au concile d’Agaune, 516.

  • Constance, assiste au concile d’Epaone, 517 1 .

  • Rufus, assiste aux conciles IVe et Ve d’Orléans, 541 et 549, et au IIe d’Auvergne, v. 549.

  • Agricola, 565.

  • SIÉGE A SION.

  • Héliodore, représenté par un délégué au IIe concile de Mâcon, 585.

  • Leudemond, v. 612-617. /496/

  • Protais II, assisté au concile de Châlons, v. 650.

  • S. Amé, 672, † 690.

  • Villicaire, d’abord archevêque de Vienne, en Dauphiné, puis abbé de St-Maurice d’Agaune et évêque de Sion, 765-780.

  • Athée, contemporain du pape Adrien I (772-795) et de Charlemagne (768-814).

  • Abdalong, 824.

  • Heiminius, 825 840.

  • Aimoinus, 858 1 .

  • Walter I, 877-895, † 16 mars.

  • Asmundus, 932 2 .

  • Wilfin, ... † 11 février.

  • Mainfroid, v. 940?

  • Amizo, 983-985.

  • Hugues, 998-1017, † 12 octobre.

  • Eberhard, fils de Rodolphe III, roi de Bourgogne.

  • Aymon I (de Savoie ?) 1037, † 13 juillet 1054.

  • Ermanfroi, 1055-1088, † 10 décembre.

  • Gausbert, † avant 1092.

  • Villencus, ou Gillengus, 1107-1116, † 6 octobre.

  • Boson I, avant 1138, † 30 janvier, en revenant de Jérusalem.

  • S. Guérin, 1138, † 27 août, v. 1150.

  • Louis (de Granges?), 1150-1160, † 13 mai.

  • Amédée (de la Tour), 1163-1168.

  • Conon, 1179-1181, † 22 juin.

  • Guillaume I d’Ecublens 1184, † 9 ou 10 juillet 1196. /497/

  • Nantelme, ou Antelme d’Ecublens, 1196, † 12 mai 1203.

  • Guillaume II de Saillon, 1203, † 3 juillet 1205.

  • Landri de Mont, 1206, † 10 avril 1237.

  • Boson II de Granges, 1237, † 2 juillet 1243.

  • Henri I de Rarogne, 1243, † entre le 20 avril et le 22 juillet 1271.

  • Rodolphe de Valpelline, 1271, † 24 mai 1273.

  • Henri II de Rarogne, 1273, † 14 octobre 1274, sans avoir été sacré.

  • Pierre d’Oron, 1274, † 13 février 1287.

  • Boniface de Challant, 1290, † entre le 31 mars et le 9 décembre 1308.

  • Aymon II de Chatillon (Val d’Aoste), 1308, † 16 juillet 1323.

  • Aymon III de la Tour, élu vers le 17 novembre 1323, † 24 avril 1338.

  • Philippe I De Gastons, nommé le 8 juin 1338, transféré à l’évêché de Nice en 1342, après le 26 mai.

  • Guichard Tavelli, élu le 14 septembre 1342, † 8 août 1375.

  • Edouard de Savoie, d’abord évêque de Belley, puis de Sion, 1375, et transféré à l’archevêché de Tarentaise, en mars 1386, † 4 novembre 1395.

  • Guillaume III de la Beaume, 1386, † vers la fin de cette année.

  • Robert Camerarius, chanoine de Genève et de Sion, fut élu par le chapitre, le 6 janvier 1387; mais le pape Clément VII (à Avignon) refusa de confirmer ce choix, et nomma lui-même

  • Humbert de Billens, le 7 février 1388 -24 novembre 1392.

  • Henri III de Blanches de Vellate, 1392; le 16 juillet 1393, il résigne en faveur de /498/

  • Guillaume IV de Rarogne, le bon. Les Hauts-Vallaisans refusèrent de reconnaître Humbert de Billens, nommé par le pape d’Avignon et s’adressèrent au pape de Rome (Urbain VI, † 18 octobre 1389, ou Boniface IX, élu le 2 novembre 1389), qui nomma Guillaume de Rarogne; il ne fut reconnu que par les Hauts-Vallaisans et ce n’est que par la résignation de Henri de Blanches que son autorité fut acceptée dans le Bas-Vallais et à Sion. Il fit son testament le 27 mai 1402 et mourut peu après.

  • Guillaume V de Rarogne, le jeune; nommé par le pape Boniface IX, le 12 juillet 1402, il ne fut jamais sacré. Pendant la guerre de Rarogne, Guillaume dut quitter le Vallais et se réfugia à Berne, en 1417. Le concile de Constance nomma André de Gualdo, de Florence, archevêque de Colocza, en Hongrie, administrateur du diocèse de Sion, le 6 juin 1418, et le 11 août suivant Martin V ratifia cette nomination. Guillaume mourut vers 1431 et Eugène IV conféra alors l’évêché de Sion au même

  • André de Gualdo, par bulle du 20 avril 1431; † 17 avril 1437.

  • Guillaume VI de Rarogne, élu le 24 avril 1437 par le clergé et par le peuple et confirmé par le pape Eugène IV le 2 juin suivant; † à Palanza, en revenant de Rome, le 11 janvier 1451.

  • Guillaume VII Huhn, d’Etain, au diocèse de Verdun, créé cardinal par l’anti-pape Félix V, en 1444, nommé par Nicolas V, administrateur du diocèse de Sion, le 13 mars 1451, quoique le chapitre eût élu Henri Esperlin, auquel il céda cependant ses droits, en 1454, † 28 octobre 1455.

  • Henri IV Esperlin, de Rarogne, élu le 22 janvier 1451, † 15 décembre 1457. /499/

  • Walter II Supersax (Auf der Flue), élu le 20 décembre 1457, confirmé par le pape le 28 février 1458, sacré le 4 mars 1459, † 7 juillet 1482.

  • Iodoc de Silenen, de Lucerne, évêque de Grenoble, transféré à l’évêché de Sion en juillet 1482, exilé du Vallais le 15 avril 1496, † à Rome, probablement en 1497.

  • Nicolas Schiner, élu le 27 août 1496, résigne en faveur du suivant, son neveu, en septembre 1499, † 1510.

  • Mathieu Schiner, confirmé par Alexandre VI, en octobre 1499, sacré le 13 du même mois, à Rome, créé prêtre-cardinal du titre de Ste. Pudentiane par Jules II, le 20 mars 1511, † 30 septembre 1522, à Rome.

  • Philippe II de Platéa, élu le 20 octobre 1522, ne fut jamais confirmé par le pape, qui nomma successivement les cardinaux Jean Piccolomini (29 octobre 1522) et Paul-Emile Césio, sans qu’ils aient été reconnus en Vallais. Philippe résigna en 1528 ou 1529 et mourut le 22 avril 1538.

  • Adrien I de Riedmatten, élu le 30 août (d’après d’autres, le 8 septembre) 1529, confirmé par le pape le 10 mai 1532, sacré le 21 juillet 1532, † 17 mars 1548.

  • Jean Jordan, élu le 22 mars 1548, † 12 juin 1565.

  • Hildebrand I de Riedmatten, élu le 22 juin 1565, confirmé le 5 novembre, † 14 décembre 1604.

  • Adrien II de Riedmatten, élu le 17 décembre 1604, confirmé le 20 janvier 1606, sacré le 28 mai 1606, † 7 octobre 1613.

  • Hildebrand II Jost, élu le 18 octobre 1613, sacré le 29 novembre 1614, † 28 mai 1638.

  • Barthélemi Supersax, élu le 6 juin 1638, † 16 juillet 1640, sans avoir été sacré. /500/

  • Adrien III de Riedmatten, élu le 30 août 1640, confirmé en octobre 1642, sacré le 21 décembre, † 19 septembre 1646.

  • Adrien IV de Riedmatten, élu le 1 octobre 1646, confirmé le 20 août 1650, sacré le 22 septembre, † 13 août 1672.

  • Adrien V de Riedmatten, élu le 25 août 1672, sacré le 28 janvier 1673, † 20 mai 1701.

  • François-Joseph Supersax, élu le 2 juin 1701, sacré le 1 octobre, † 1 mai 1734.

  • Jean-Joseph Blatter, élu le 18 mai 1734, sacré le 21 novembre, † 19 janvier 1752.

  • Jean-Hildebrand Roten, élu le 31 août 1752, sacré le 24 février 1753, † 19 septembre 1760.

  • François-Frédéric Ambuel, élu le 18 décembre 1760, confirmé le 25 mai 1761, sacré le 30 novembre, † 11 avril 1780.

  • François-Melchior Zen Ruffinen, élu le 26 mai 1780, préconisé le 18 septembre, sacré le 18 novembre, † 14 juin 1790.

  • Joseph Antoine Blatter, élu le 3 août 1790, préconisé le 29 novembre, sacré le 13 février 1791, † 19 mars 1807.

  • Joseph-Xavier de Preux, élu le 24 mai 1807, préconisé le 3 août, sacré le 8 novembre, † 1 mai 1817.

  • Augustin-Sulpice Zen Ruffinen, élu le 25 mai 1817, préconisé le 28 juillet, sacré le 12 octobre, † 21 décembre 1829.

  • Maurice-Fabien Roten, élu le 21 mars 1830, préconisé le 5 juillet, sacré le 24 août, † 11 août 1843.

  • Pierre-Joseph de Preux, élu le 8 novembre 1843, préconisé le 25 janvier 1844, sacré le 30 juin.

 


 

NOTES:

Note 1, page 464: Parlant des archives de Valère, le chanoine de Rivaz dit: « La bonne foi demande de moi que j’avoue qu’en fait de chroniques et de catalogues, je n’y ai rien découvert de bien ancien. » Opera hist. II, 85. [retour]

Note 1, page 465: Acta SS. tom. III aug. pag. 273. [retour]

Note 1, page 469: V. concilia Aquileiæ, a° 381; Epaonense a° 517; Aurelianense IV, a° 541; Aurelianense V, a° 549, etc. [retour]

Note 2, page 469: Sirmond, Concilia Galliæ, I, 390. [retour]

Note 1, page 470: Eclaircissements, pag. 111 et suiv. [retour]

Note 2, page 470: « Sunt in Gallia cum Aquitania et Britanniis decem et octo provinciæ ... Alpes Graiæ ... » Breviarium de victoriis et provinciis populi romani, cap. VI. [retour]

Note 3, page 470: On voit cette province désignée tantôt sous son nom complet, Alpes Graiæ et Penninæ, tantôt sous celui de Alpes Graiæ, comme dans le cas présent, tantôt aussi sous ceux de Alpes Penninæ, ou provincia Alpina, dans les lettres du pape Hilaire, ap. Sirmond, I, 129 et 134. [retour]

Note 4, page 470: Lib. XV, cap. 11. [retour]

Note 1, page 471: Voy. Dio Cassius, L. LIII, circa medium; — Adam, Antiquités romaines, I, 233 et seq. [retour]

Note 1, page 472: Eclaircissements, etc., p. 41 et 42. [retour]

Note 2, page 472: Voy. sur ce sujet la dissertation de M. Dey dans le 1er vol. des Archives de la Société d’histoire de Fribourg. [retour]

Note 1, page 473: Voy. Besson, Mémoires, 189; ­ Gall. Christ. XII, 700; — Dey, Questions relatives à l’histoire du Vallais, ap. Mémorial de Fribourg, I, 431. [retour]

Note 1, page 474: Mommsen, Inscript. n° 10. [retour]

Note 2, page 474: Labbe, Coll. conc. I, 833, 834, et 855. [retour]

Note 3, page 474: Apud de Rivaz, Eclaircissements, p. 314; — Gall. Christ. XII; — Bolland. T. VI sept., etc. [retour]

Note 1, page 475: Voy. Briguet, Val. Christ. 50 et seq. [retour]

Note 1, page 476: Cité par Briguet, p. 52 et les Bollandistes, t. III martii, p. 360. [retour]

Note 2, page 476: Bolland. ad 31 januarii, II. 1104. [retour]

Note 1, page 477: De Rivaz, Opera hist. II, h. art. [retour]

Note 2, page 477: Voici le sentiment du chan. de Rivaz sur ce saint: « Je ne prétends point ici nier l’existence d’un St. Elie prêtre, contemporain et successeur de St. Jules, dont on fait de temps immémorial le culte en l’île d’Orta, mais seulement je lui conteste la qualité d’évêque de Sion, ou du moins elle ne me paraît pas suffisamment prouvée. » Opera hist. II, 77. — Un peu plus loin (p. 146) il ajoute: « A l’existence duquel je crois très peu, pour ne pas dire point du tout. » [retour]

Note 3, page 477: Briguet, p. 60; P. de Rivaz, Eclaircissements, p. 40, etc. [retour]

Note 1, page 478: Il est probable que cette inscription n’appartient pas à la rédaction primitive de St. Jérôme, mais elle se trouve intercalée déjà dans les anciennes copies. [retour]

Note 2, page 478: Bernard, Cartulaire de l’abbaye de Savigny, II, 1052, 1096 et 1100. — Voy. aussi Ch. Barthélemy, Vies des saints de France, III, 311 et 508. [retour]

Note 1, page 479: T. VII sept., p. 404-427. [retour]

Note 2, page 479: A° 381. Florentinus et Bonosus et Rufinus insignes monachi habentur: e quibus Florentinus tam misericors in egentes fuit ut vulgo pater pauperum nominatus sit. [retour]

Note 3, page 479: A° 411. Inter multos martyrizantur Sedunenses Florentinus et Hilarius, Desiderius Lingonensis cum Vincentio archidiacono, Antidius Besontionensis episcopus. Ap. Pertz, Monum. hist. Germ. SS. VI, 305. [retour]

Note 4, page 479: Voy. Stumpf, Branschen, etc. [retour]

Note 1, page 480: Sirmond, Concilia Gall. I, 48. [retour]

Note 1, page 481: Donmo sancto et beatissimo in Christo Salvio (vel Silvio) episcopo Eucherius. P. de Rivaz, Eclaircissements, 314. [retour]

Note 2, page 481: T. I jan. 43-5 et t. VII jun. 178-184. [retour]

Note 1, page 482: Ap. P. de Rivaz, Eclaircissements, 323; — Boll., t. I sept. 345. [retour]

Note 2, page 482: Eclaircissements, p. 19. — Voy. les pièces relatives à ce differend ap. Sirmond, I, 129 et seq. [retour]

Note 1, page 484: Ad an. 672; ap. Pertz, SS. VI, 324. [retour]

Note 2, page 484: T. IV sept., p. 128; et t. III maii, p. 81. [retour]

Note 3, page 484: Acta sanct. O. S. B. II, 938. Cette vie a été écrite par Hucbaud, moine de St. Amand. en 907. [retour]

Note 1, page 485: Ap. Mémoires pour l’histoire des sciences et des beaux arts (Journal de Trévoux), juin 1753, p. 1338. et mai 1754, 1235. [retour]

Note 2, page 485: Odoranni Chronicon, apud Du Chesne, Hist. franc. script. II, 636. [retour]

Note 3, page 485: T. IV sept., p. 103. [retour]

Note 1, page 486: Pertz, SS. VI, 393. [retour]

Note 1, page 487: T. III augusti, p. 278. [retour]

Note 2, page 487: V. Bolland. T. I sept., p. 284. [retour]

Note 3, page 487: Ann. Bertin. ap. Pertz, , SS. I, 434 et 453. [retour]

Note 4, page 487: Furrer, III, 30. [retour]

Note 1, page 488: Ubi (in planitie) dum multorum annorum circulis evolutis corpora eorum inhumata jacent, assidua ferarum et volucrum direptione corrosa et Rhodani discurrentis abluvione perrosa ... Sub ara Dei eos contemplative vidisti, et idcirco super terram eos active quæsisti ... Locum habitationis eorum honorifice præparasti et ossa eorum in pace aquiescere præcepisti. Bolland. T. HI Sept., p. 279 et 280. [retour]

Note 1, page 489: Gallia Christ. XII, instr. 448 et 449. [retour]

Note 2, page 489: Il est publié dans le Mémorial de Fribourg, IV, 344. [retour]

Note 3, page 489: Ibid., 350, 353. [retour]

Note 4, page 489: Voy. Hist. patriæ monum. Ch. II, 1; Pertz, SS. I, 149, et Legum I, 30, etc. [retour]

Note 1, page 491: Ap. Bolland. T. VI sept., p. 896. [retour]

Note 1, page 492: Furrer, III, 35. [retour]

Note 2, page 492: Hauréau, Gall. Christ. XV, instr. 22. [retour]

Note 3, page 492: Indicateur d’hist. et d’antiq. suisses, 1862, p. 6. [retour]

Note 4, page 492: Ann. heremi Deiparæ matris, p. 55 et 56. [retour]

Note 1, page 493: Eichhorn, Episcop. Curiensis, codex probat. p. 26. [retour]

Note 2, page 493: Ap. Pertz, SS, IV, 404, et Boll. T. II julii, p. 113. [retour]

Note 1, page 495: A la même époque il y avait aussi un évêque du même nom à Gap. C’est lui et non l’évêque du Vallais, qui assista à divers conciles tenus dans des villes du midi de la Gaule qui faisaient alors partie du royaume Goth d’Italie. [retour]

Note 1, page 496: Il pourrait être le même que le précédent; les noms ont beaucoup de rapport. [retour]

[retour]Note 2, page 496: Gallia Christ. fratrum Sanmarth. I. 122. [retour]

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