LES FIEFS NOBLES DE LA BARONNIE DE COSSONAY
VI
FIEFS NOBLES DU CHATEAU DE COSSONAY SITUÉS HORS DE LA BARONNIE.

BUSSIGNY, ST. GERMAIN ET ÉCUBLENS.
Les seigneurs de Cossonay avaient possédé, dans les lieux que nous venons de nommer, des biens assez considérables. Toutefois, nous doutons qu’ils fussent procédés des anciennes dépendances de la seigneurie de Cossonay, puisque les censes dues à raison d’iceux se payaient à la mesure de Lausanne. Ces biens parvinrent, sans que l’on sache à quel titre, ainsi que d’autres parties du domaine des seigneurs de Cossonay, à Iblet, seigneur de Challant, qui les vendit à noble François de Russin, sous le laud du duc (plutôt comte) de Savoie (sans doute en qualité de seigneur de Cossonay). Le donzel /700/ François, fils de feu noble François de Russin 1 , reconnut ce fief sur les mains des provides d’Etoy et Grillion, commissaires des extentes de Cossonay. Sous l’année 1474 (15 juillet), noble Jacques de Russin, fils du prédit François, vendit, sous grâce de rachat et pour le prix de 455 livres et 3 sols, les biens qu’il possédait à Bussigny, Ecublens et dans les lieux circonvoisins, au révérend Nicolas de Gruffy, abbé du Lac-de-Joux, et au donzel Louis de Bettens, à chacun d’eux pour la moitié. Cette vente, laudée par Jean Chapuys, procureur de Vaud, comprit:
A Ecublens, six hommes et hommages, tant libres que taillables, avec les censes dues par les prédits hommes et les assignaux de celles-ci.
A Bussigny, huit hommes et hommages, tant libres que taillables, les autres censiers et emphytéotes, ainsi que les censes et les rentes dues rière ce lieu.
Les censes vendues dans cette circonstance s’élevaient à la quantité suivante:
Froment, 38 coupes et 1 1⁄2 quarteron (le sieur Gimel, de Lausanne, tenait 12 de ces coupes, à titre de gage);
Avoine, 7 bichets et le tiers d’un autre bichet;
Vin, quatorze setiers et demi;
Huile (de noix), 12 pots et demi;
Noix, 4 quarterons.
Le tout à la mesure de Lausanne.
Chapons, douze, la moitié et le tiers d’un autre chapon;
Deniers, 12 livres et 11 sols, lausannois.
Avec tous les fonds pour lesquels ces censes étaient dues et tous les autres droits et possessions du vendeur rière /701/ Ecublens, Bussigny et St. Germain. Plus encore, le mère et mixte empire et l’omnimode juridiction, haute moyenne et basse, et l’exercice d’icelle, avec le domaine direct et utile, sur toutes les choses vendues. Le noble vendeur réserva, à l’égard des prédits hommes taillables, liges et emphytéotes, le ressort à son château d’Allaman, ainsi que le dernier supplice. (Il remit aussi aux acheteurs tout ce qui lui était dû par droit, usage, coutume, soit de fait, sur les hommes et les biens vendus.) Tous ces biens étaient procédés de noble Iblet, seigneur de Challant, et précédemment de noble Anne (lisez Jeanne), dame de Cossonay, fille de noble Louis de Cossonay 1 .
Les hommes de Bussigny et d’Ecublens, que noble Jacques de Russin avait aliénés, appartenaient ou devaient appartenir au ressort de la ville de Cossonay. Peu de temps après cette vente, le 11 décembre de l’année où elle avait eu lieu, ces hommes promirent, sous serment, d’appartenir désormais au ressort et à la fortification de Cossonay, d’être fidèles au comte de Romont et à ses successeurs, ainsi qu’à la prédite ville de Cossonay, de servir, obéir, ressortir, fossalier, veiller, bâtir, contribuer, et de faire tout ce qui concernait la fortification de cette ville, en cas de nécessité, tout comme ses autres ressortissants. Et le 5 mai 1477, le donzel Louis de Bettens et les frères Augier et Gabriel de Gruffy, neveux de l’abbé Nicolas, approuvèrent l’engagement qu’avaient pris leurs hommes et sujets de Bussigny et d’Ecublens 2 . Dix de ces hommes assistèrent, le 24 septembre 1475, aux « monstres de guerre » qui eurent lieu à Cossonay 3 . /702/
Noble Gabriel de Gruffy, héritier de son oncle l’abbé du Lac-de-Joux, assigna, le dernier jour de décembre de l’année 1488, à sa fille Cathérine et à son gendre noble Louis de Bettens, 450 florins, de petit poids, de dot, sur cette moitié des biens de Bussigny et d’Ecublens, que le prédit défunt seigneur abbé avait acquise. Le duc Philibert de Savoie lauda cette assignation 1 .
Ce même Louis, fils de feu noble Pierre de Bettens, agissant tant en son propre nom qu’en celui de noble Cathérine, sa femme, fille de feu noble Gabriel de Gruffy, prêta quernet, le 22 avril 1494 2 , sur les mains de Quisard, en faveur du duc de Savoie. Il reconnut qu’il était homme lige-noble, avant tous seigneurs, de ce prince, réservant toutefois les autres fidélités qu’il lui devait, tant à cause du mandement de Morges, qu’à cause du même mandement de Cossonay, et confessa tenir de lui, sous son prédit hommage lige, à savoir: lui, en particulier, pour la moitié, et sa femme Cathérine pour l’autre moitié, les hommes, censes, rentes, juridiction, mère et mixte empire, ban, clame, saisine, directe seigneurie, biens et possessions qu’ils avaient aux territoires de Bussigny et d’Ecublens, précédemment reconnus, sur les mains des commissaires d’Etoy et Grillion, par le donzel François de Russin. Cette reconnaissance nous présente le détail du fief des confessants. On trouve, parmi ceux qui leur devaient des censes, des hommes censiers, des hommes liges, des hommes francs, des hommes libres et francs, des hommes liges-taillables 3 et de /703/ simples emphytéotes. Quelques-uns de leurs hommes devaient moudre à leur moulin et cuire à leur four, s’ils en avaient. Les censes étaient en général minimes, comparées aux assignaux pour lesquels elles étaient dues, ce qui était surtout le cas pour les censiers qui les devaient sous hommage. Les confessants avaient la directe seigneurie, le mère et mixte empire et l’omnimode juridiction sur leurs hommes, tant de Bussigny que d’Ecublens, et sur les biens que ceux-ci tenaient, ainsi que sur divers autres biens tenus d’eux à cense. Ils possédaient, entre autres, ces prééminences sur une faucherée de pré et un morcel de terre que tenait d’eux noble Jean d’Ecublens, sous l’hommage et la cense que supportaient François Grant (soit Groz) et sa femme Johannette Sadoz 1 . Bien des assignaux de ce fief étaient chargés de censes envers la chapelle fondée par les seigneurs de Cossonay dans l’église de la ville de ce nom, et plusieurs d’entre eux en devaient aussi au clergé de Cossonay pour feu Jaquet (soit Jaquette) de Senarclens. Deux hommages, l’un dû par un mari et l’autre par sa femme, avaient été réduits, sous un seul hommage, moyennant 6 livres une fois payées, parce que ces jugaux faisaient seulement un feu, mais si par la suite ils en faisaient deux, ils seraient alors tenus à deux hommages. La réserve du dernier supplice en faveur du château d’Allaman (voyez à la page 701) est passée sous silence dans la reconnaissance de noble Louis de Bettens et de son épouse, d’où nous inférons que cette réserve qui, selon nous, portait atteinte aux droits du seigneur de Cossonay, dont elle /704/ amoindrissait le fief, resta une lettre morte. Selon la reconnaissance dont nous venons de nous occuper, tous les biens qui s’y trouvaient mentionnés avaient été jadis reconnus en faveur des seigneurs de Cossonay, puis ensuite vendus à noble François de Russin, par le sire Iblet de Challant, chevalier.
La destinée ultérieure de ce fief, que les rénovations postérieures à celle de Quisard ne mentionnent pas, nous est inconnue. Des délégués de Bussigny et d’Ecublens assistèrent, le 15 mars 1703, à l’assemblée tenue à Cossonay, des députés des villages de la baronnie astreints à la maintenance des tours de la ville 1 .
On apprend par la reconnaissance que noble Jean de Cossonay passa, le 9 décembre 1496, sur les mains de Quisard 2 , que le confessant tenait à ses mains, à Bussigny, en fief noble, environ 3 poses de vignes, en deux pièces, procédées de la donation de 20 livrées de terre jadis faite au bâtard Aymon de Cossonay, donzel, son aïeul, par le sire Louis de Cossonay. Ces vignes sont passées sous silence dans le quernet prêté, sur les mains de Mandrot, par noble Rose de Cossonay, veuve de noble Guillaume de Bionnens, quoique le traité de partage, fait sous l’année 1522 entre elle et sa sœur Claudine, eût attribué à chacune d’elles la moitié des vignes et des censes de Bussigny. Rose de Cossonay vendit ses biens, ainsi que nous l’avons rapporté, aux nobles Claude et Gaucher Farel, puis ils furent acquis par les nobles Charrière, de Cossonay. Sous l’année 1582 (3 avril), noble Pierre Charrière donna, entre autres, en prérogative, à /705/ Georges-François, son fils aîné, ses droits et titres sur certaines vignes, sises à Bussigny, qui furent de dame Rose de Cossonay. Le prédit noble Georges-François Charrière, seigneur de Mex, acquit, le 6 février 1597, de noble Marthe Farel, femme de noble Claude de Bretigny, pour le prix de 50 florins, sa part aux vignes de Bussigny, procédées de noble Rose de Cossonay et indivises entre l’acquéreur, la venderesse et noble Elisabeth Farel, sa sœur 1 . Par l’échange que ses petits-fils, les seigneurs de Mex, firent, en 1652, avec noble Jeanne de Crousaz, dame de Corcelles et veuve de noble Sébastien de Praroman, ils lui remirent, entre autres, environ 3 poses de vignes, sises au village de Bussigny 2 . D’un autre côté, noble François Charrière, frère du susnommé Georges-François, avait remis à LL. EE. de Berne, par l’échange qu’il avait fait avec Elles le 24 mai 1597, le fief et les revenus qu’il possédait à Bussigny et à Villars-Ste. Croix, procédés des nobles Farel et précédemment de dame Rose de Cossonay 3 . /706/
BREMBLENS.
Le village de ce nom, voisin de celui de Romanel, appartenait (si nous ne nous trompons pas) à la châtellenie de Morges.
Dans le nombre des biens du fief lige avant tous seigneurs que Clémence de St. Oyen, femme du donzel Girod de Conay, tenait du seigneur de Cossonay et qu’elle reconnut en sa faveur sur les mains de Deloës, se trouvaient, à Bremblens, deux hommes libres de la confessante, Perret et Mermet Gober, fils de feu Jaquier Arsilliex, lesquels tenaient d’elle 29 assignaux, sous la cense de 50 sols et de 3 chapons, dont 20 sols de taille acensée pour leur propre ténement et 30 sols pour celui de feu Jaquier Arsilliex, taillable de la confessante 1 .
Ce fief fut peut-être celui que noble Cathérine, veuve de noble Hudric d’Avenches, reconnut, sur les mains des commissaires d’Etoy et Grillion, en qualité de tutrice d’Antoinaz et de Johannette, ses enfants, et qui se trouvait, lors de la rénovation de Quisard, pour une moitié dans les /707/ mains de noble Jean de Colombier, seigneur de l’endroit de ce nom, et pour l’autre moitié dans celles de noble Rodolphe, fils de feu noble Henri de Praroman, de Fribourg. Le premier le reconnut à cause du château, de la châtellenie, du mandement et du ressort de Cossonay, le 13 septembre 1498 1 , et le second le reconnut (à cause des dits château et mandement) le 17 mai 1500. Celui-ci tenait sa moitié de ce fief en vigueur de vente à lui faite par noble Antoine, fils de feu noble Antoine (Antoinaz?) d’Avenches. Les censes du fief reconnu, qui se partagaient, s’élevaient à 5 bichets et 13 quarterons de froment, à la mesure de Morges, et 7 sols en deniers; elles étaient dues, en directe seigneurie, à raison de 19 assignaux: de plus, une cense, non spécifiée, était due pour un morcel de pré, au Poysat, tenu par Henri Thorens, de Morges, et noble Jean de Colombier percevait en son particulier une cense de 6 deniers pour une petite pièce de terre. Noble Marguerite de Colombier, héritière de son oncle, reconnut la part que celui-ci avait possédée du fief d’Avenches à Bremblens, sur les mains de Mandrot, à cause des château, ressort, châtellenie et mandement de Cossonay. La confessante percevait la moitié des censes de ce fief avec les cause-ayants de noble Anthoenne d’Avenches pour l’autre moitié. De ces censes, six quarterons de froment, à la mesure de Morges, étaient perçus par moitié avec les hoirs de noble Bertrand du Solier, de Morges. La confessante tenait à ses mains le morcel de pré, procédé des nobles Thorens 2 . /708/
On apprend par le quernet prêté par Isaac d’Alinges pour la seigneurie de Vuillerens, que le confessant avait remis, en augmentation de fief noble et lige, à noble et prudent Bernard de Pesmes, seigneur de St. Saphorin, en censes directes, rière Bremblens, à savoir: 2 coupes, 3 et 1⁄2 quarterons de froment, à la mesure de Morges, et 9 sols lausannois, comprises au quernet prêté sur les mains de Mandrot. Cette remise avait eu sans doute pour objet la moitié, reconnue par Marguerite de Colombier, du fief d’Avenches. On apprend encore par le même quernet que, dans le nombre des biens de la chapelle, fondée, à Colombier, par Jean, seigneur de ce lieu, se trouvaient des prés à Bremblens, acquis par ce seigneur de Colombier de Vincent Thorens, de Gex. LL. EE. de Berne avaient cédé, entre autres, sous l’année 1542, les biens de cette chapelle au seigneur de Montfort et à Marguerite de Colombier, son épouse. Nous sommes sans lumières quant à l’autre moitié du fief d’Avenches, reconnue par Rodolphe de Praroman, sur les mains de Quisard.
Les nobles de Lutry avaient possédé à Bremblens une censière directe 1 que noble Pierre Crinsoz, seigneur de Cottens, avait vendue, en 1661 (31 décembre), à égrège et vertueux François Forel, lieutenant baillival de Morges, duquel elle fut acquise, en 1674, par M. le ministre Polier, seigneur de Vernand 2 . Le quernet prêté, sur les mains de Mandrot, par noble François de Lutry pour le fief qu’il tenait sous la mouvance de la baronnie de Cossonay, ne mentionne pas cette censière. /709/
BIERRE, BALLENS, MOLLENS ET YENS
SOIT LE FIEF DES NOBLES DE MONT.
Girard de Mollens et Etienne de Mont, son frère, fils, tous deux, de Jean des Monts, donzel 1 , avaient reconnu qu’ils tenaient divers biens du seigneur de Cossonay, en fief et sous hommage lige. Leur reconnaissance paraît avoir été passée sous l’année 1300 2 . La rénovation de Deloës, en mentionnant le fait de cette reconnaissance, rapporte la spécification des biens reconnus par eux, lesquels étaient pour lors tenus par noble Jean de Mollens, absent du pays, et par noble Jean de Mont, en faisant observer que ceux-ci seraient tenus de les reconnaître. Voici en quoi consistaient ces biens:
Le prédit Girard de Mollens avait tenu:
A Bierre, 37 articles de domaine (prés, champs, bois, chesaux et oches, entre autres la condemine de Crot /710/ contenant environ 16 poses, la moitié du bois de Ruery, tout le bois de Fay et la terre contiguë, jouxte le bois et la terre du feu chevalier Pierre, que tenait Louis de Bierre, etc.). Les hoirs de Jean Boudraul, hommes du confessant, et 6 sols lausannois annuels, qu’ils lui devaient. En général tout ce qu’il avait possédé dans le village et le territoire de Bierre, sauf l’acquisition qu’il avait faite de Perronet, fils du feu seigneur Nicolas, miles de Bierre.
Le prédit noble Etienne de Mont avait tenu:
A Bierre, 24 articles de domaine. Plus, 17 autres articles (prés, en majeure partie), procédés de l’abergement de Jean ou delor. La moitié du bois de Ruery, jouxte le bois des seigneurs de Mont. Certaine partie de la redîme des nascents et des chanvres, valant par année environ 3 sols lausannois. Dix deniers lausannois, de cense, dus par Jean, dit Cru, pour le chésal de sa maison, et 18 des mêmes deniers, dus par Aymon de Leydeffour pour le chésal de sa maison et l’oche contiguë (ce chésal paraît avoir été situé à Bierre).
A Mollens, 15 sols lausannois, annuellement dus par Johannod Bocton, pour 30 assignaux (4 de ces assignaux étaient situés à Ballens. La quarte part d’environ 20 poses de terre et de bois, sises soz loz deven de Malagny et se partageant avec le seigneur de Montricher, appartenait à ces assignaux, ainsi qu’un assignal sis à Bierre). Pour certains de ces articles, qu’il ne savait pas déclarer, le censier Bocton devait annuellement au seigneur prieur de Romainmotier 19 deniers et 1 obole, plus 2 ras d’avoine, et, à l’hôpital d’Aubonne, 2 coupes de froment. Ce censier assurait devoir seulement 10 sols lausannois à noble Etienne de Mont, au lieu de 15 sols, ainsi que celui-ci le prétendait.
A Yens, dix articles de terrain, tenus en domaine. /711/
Le fief de Mont ne paraît pas avoir été reconnu sur les mains des commissaires d’Etoy et Grillion. Il le fut, en revanche, sur celles de Quisard, le 5 octobre 1495, par les nobles Jean de Mont, l’aîné (fils de feu noble Jean), bourgeois de Payerne, et Jean de Mont, le jeune (fils de feu noble Claude), d’Aubonne. Le premier en tenait le tiers, et le second les deux autres tiers. Ces confessants reconnurent qu’ils étaient hommes liges avant tous seigneurs du duc de Savoie, à cause de son château de Cossonay et déclarèrent tenir de lui, sous leur prédit hommage lige et noble, par succession de leurs pères, les choses, biens, possessions, hommages, censes, rentes, services et tributs, spécifiés dans leur quernet et précédemment reconnus, en faveur des jadis seigneurs de Cossonay, par leurs antécesseurs les nobles Girard de Mollens et Etienne de Mont, frères, avec les ban, clame, barre, saisine, directe seigneurie et mixte empire que les confessants avaient sur leurs prédits hommes, choses et possessions. Nous avons vu ci-dessus quels étaient les biens de ce fief et où ils se trouvaient situés. Les nobles Jean de Mont, l’aîné, et Jean de Mont, le jeune, tenaient, entre autres, en domaine, la moitié du bois de Ruery. L’autre moitié de cette forêt, tenue par le seigneur Pierre de Bionnens, bientenant du donzel Pierre de Mont 1 , appartenait au fief qu’ils reconnaissaient, ainsi que toute la forêt de Faye, sise jouxte les rispes de Bérolles, avec la terre contiguë et ses appartenances. Celles-ci (forêt et terre) étaient possédées, en vigueur de partages, /712/ par les hoirs des nobles Pierre et Etienne de Mollens, soit par noble Amédée de Chissey. Outre les biens, procédés de la reconnaissance des nobles Girard de Mollens et Etienne de Mont, que les confessants spécifièrent, ceux-ci reconnurent en général tous les biens que le susnommé Girard de Mollens, frère du prédit Etienne (celui-ci était le bisaïeul des feu François et Jean de Mont, frères) avait possédés à Bierre, sauf ceux qu’il avait acquis de Perronet, fils du chevalier Nicolas de Bierre.
Les confessants (soit l’un d’eux) tenaient 7 coupes de froment et un setier de vin, à la mesure d’Aubonne, de cense, que leur devaient les hoirs de Girod Golliex, de Yens, pour 10 assignaux situés au territoire de ce lieu. Plus, noble Jean de Mont, le jeune, tenait dans le même endroit, une autre cense de 8 coupes de froment, à la même mesure, que lui devaient les prédits hoirs Golliex, pour 9 assignaux. Cette cense-ci fut acquise, avec le temps, par égrège Jean Pastor, notaire de Vufflens-le-Château, qui la reconnut, en faveur de LL. EE., en fief noble et lige, à cause de la baronnie et de la châtellenie de Cossonay, le 20 janvier 1601, sur les mains d’égrège Jean Barral 1 .
Noble et égrège Pierre de Bionnens, cause-ayant de noble Pierre de Mont, avait reconnu, en 1493, sur les mains de Quisard et sous l’hommage lige dû au château de Cossonay, /713/ par noble Jean de Mont, d’Aubonne, et par son oncle, certain bois, sis au territoire de Bierre, en Ruyre, jouxte le bois des hoirs de noble François de Mont. Procédée de noble Jean de Mont, cette forêt avait été reconnue par le prédit noble Pierre de Mont. Noble François, mayor de Lutry, cause-ayant de Pierre de Bionnens, la reconnut sur les mains de Mandrot. Le confessant la tenait à ses mains, ainsi que Pierre de Bionnens et Pierre de Mont l’avaient tenue 1 . Enfin noble et prudent Abraham Crinsoz, coseigneur de Cottens, acquéreur du fief des nobles de Lutry, reconnut, en 1628, sur les mains de Bulet, cette même forêt de Rueyre. Quant aux autres biens, procédés dans le principe des frères Girard de Mollens et Etienne de Mont et situés à Bierre et à Mollens, les rénovations postérieures à celle de Quisard n’en font plus mention. Le fief des nobles de Mont, dispersé, ne fut jamais réintégré. /714/
DAILLENS.
Le village de Daillens, peu distant de Cossonay, n’appartenait pas néanmoins à la baronnie de ce nom. Les milites de Daillens avaient su garder, à peu d’exceptions près, leur immédiateté pour leurs biens situés au village de leur nom et ils relevaient, sous la maison de Savoie, du bailliage de Vaud 1 . /715/ Sous le régime bernois, Daillens et Bettens formèrent une enclave du bailliage de Moudon.
Toutefois les seigneurs de Cossonay avaient, à Daillens, des indominures, des revenus féodaux et la mouvance de quelques fiefs nobles. On apprend par la grosse Deloës que Jordane de Daillens, femme de noble Pierre de Bottens et fille de feu Pierre, qui était fils du donzel Jean de Daillens, tenait, dans le lieu de ce nom, en fief lige avant tous seigneurs, du sire de Cossonay, le moulin, dit de Leyderrier, avec ses fonds, droits, revenus et appartenances, plus quelque terrain. Le même moulin, soit son chésal, fut reconnu sur les mains de Quisard, en 1493, par noble Louis de Russin et par Jeanne de Bottens, sa mère, fille de feu Pétrimand (soit Pierre) de Bottens et de la prédite Jordane de Daillens.
Le donzel Jean de Senarclens avait confessé, sur les mains de Deloës (1377, avril), qu’il tenait en fief lige, de son seigneur Louis, sire de Cossonay, et sous l’hommage lige avant tous seigneurs qu’il lui devait, les choses, possessions, hommes, censes, rentes, tailles et tout ce qu’il possédait, tant par lui que par d’autres, au village et dans le territoire de Daillens, en vertu d’acquisition faite par ses prédécesseurs de ceux de son prédit seigneur de Cossonay (et aussi à d’autres titres). Ces biens, précédemment allodiaux, furent repris en fief par Jean de Senarclens, en compensation de huit vingt et quatre (164) livres lausannoises qu’il était tenu de placer en acquisition de biens qui deviendraient alors mouvants du fief du seigneur de Cossonay. Celui-ci pourrait toujours réemptionner par 140 livres lausannoises, ces possessions de Daillens, estimées valoir environ 8 livrées annuelles de terre, et si cette réemption avait lieu Jean de Senarclens serait tenu d’acquérir, pour cette somme, des biens allodiaux situés /716/ dans la terre et dans la juridiction de son seigneur de Cossonay et de les assujettir au fief de celui-ci. Et s’il s’établissait, par la suite, que ces biens de Daillens, reconnus par Jean de Senarclens, appartenaient déjà au fief de son seigneur, le confessant (soit les siens) les remplacerait par des biens allodiaux de la valeur des prédites 164 livres 1 . Voici maintenant ce que devint ce fief à Daillens. Après le décès du donzel Jean de Senarclens, le duc de Savoie, auquel les biens des seigneurs de Cossonay étaient parvenus 2 , l’avait inféodé au donzel François de Bettens, sous réserve de pouvoir le réemptionner pour 140 livres. François de Bettens le laissa à Jean de Bettens, son bâtard, et celui-ci étant décédé sans enfants, ce fief fit retour au château de Cossonay. Or Gillet Paillard, de Morges, maître cuisinier du duc Louis de Savoie, supplia humblement son maître qu’il daignât, en considération de ses longs services, lui concéder ces 8 livrées annuelles de terre, moyennant le payement d’une cense modérée pour la sufferte, vu qu’il n’était pas habile à desservir l’hommage noble et lige dû à raison du fief, ni capable de tenir celui-ci. Et le duc Louis, en considération des longs services de Gillet Paillard et pour l’engager d’autant mieux à les continuer, lui remit, par acte daté de Moncalier, le 9 octobre 1449, les prédites 8 livrées annuelles de terre, pour lui, ses enfants des deux sexes et leur postérité légitime, en droite ligne, jusques à l’infini, en abergement et /717/ emphytéose perpétuelle, sous le paiement annuel, pour la sufferte, de 3 florins, de petit poids, à effectuer entre les mains du châtelain de Cossonay. Après la mort de Paillard, Jaquette, sa veuve, céda, en 1452, au duc Louis, pour le prix de 200 florins (de petit poids), ce fief assufferté, situé, est-il observé dans l’acte de cette cession, dans la seigneurie et châtellenie de Cossonay (quoique Daillens n’appartînt pas à la baronnie de ce nom) 1 .
Dans le nombre des biens du fief lige avant tous seigneurs que Nicole de Rumillier (Rumilly), femme de Gothofred de Penthéréa, tenait du seigneur de Cossonay et qu’elle reconnut sur les mains de Deloës, se trouvait tout le droit qu’elle avait et pouvait avoir rière Daillens et nommément: sa part à la dîme de ce village, qui se percevait avec le vénérable chapitre de Lausanne, Johannet Carrel et Nicolet Guynaz, de Cossonay. Cette part lui rapportait environ 12 muids de blé, par année, moitié froment et avoine. Plus, 14 articles de terrain, que la confessante tenait en domaine, outre certaine chentre de pré, sise jouxte la Venoge, détruite et submergée par l’inondation de cette rivière.
Le donzel Johannod Carrel acquit bientôt le fief de Nicole de Rumillier. Il acquit encore de Clémence, fille de feu Johannod Roleta de Daillens, les choses, possessions, censes, rentes et dîmes que son père avait possédées à Daillens (aussi à Cossonay et dans les lieux voisins) sous un hommage avant tous seigneurs dû à celui de Cossonay. Le sire Louis de Cossonay, nous l’avons déjà fait observer, réduisit, sous l’année 1379, ces deux acquisitions et d’autres fiefs, procédés des nobles de Disy, sous un seul hommage lige /718/ avant tous seigneurs 1 . Ce fief fut reconnu, sur les mains des commissaires d’Etoy et Grillion, par le donzel Amédée de Lucinge, au nom de ses enfants, nés de sa défunte femme Philippaz, fille du donzel Johannod Carrel; puis, sur les mains de Quisard, en 1493, par noble Jacques Gruz, de Lutry, tant en son propre nom que comme administrateur de ses enfants Claude et Anne, nés de Coline, sa défunte femme, fille de feu noble Guillaume Mestral et d’Altaude de Lucinge, fille du prédit donzel Amédée. Jacques Gruz reconnut, entre autres, la dîme de Daillens, estimée valoir, par année commune, 24 muids, moitié froment et avoine, 34 articles de terrain, tenus en domaine et situés rière ce lieu 2 et deux censes, l’une d’un chapon et l’autre de 6 deniers. Noble Jeanne de Monthey, veuve de noble Jean Gruz (celui-ci était fils de Claude, nommé ci-dessus), passa reconnaissance, en 1543, sur les mains de Mandrot, pour le fief de ses enfants mineurs, les nobles Georges et François Gruz 3 . Le fief de ceux-ci, dans la baronnie de Cossonay, passa, nous l’avons déjà rapporté, pour deux parts, à noble Claudine Cerjat (fille de Jacques, seigneur de Dénezy et d’Allaman), veuve de noble François Gruz, laquelle se remaria avec noble Pierre de Dortans, seigneur de Bercher, et pour la troisième part à noble Pernette Gimel, parente du prédit François. Ce fief fut reconnu, dans la proportion que nous venons d’indiquer, le 6 juillet 1592, sur les mains d’Etienne /719/ Favre, en faveur de LL. EE. de Berne, à cause du château de Cossonay, par les nobles François et Pierre de Dortans, fils de la prédite défunte Claudine Cerjat 1 , et, le 10 mai 1599, sur les mains de Jean Pastor, par les égrèges Pierre-Antoine et Jean-Benoît Richard, de Grandvaux, frères, cause-ayants de noble Pernette Gimel, leur parente. L’hommage noble et lige, dû pour le fief reconnu, serait supporté par ces divers confessants, dans la proportion qu’ils tenaient celui-ci 2 .
Le 20 décembre 1627, noble et puissant Esaïe de Chandieu, seigneur de Chabottes, agissant comme mari de Marie de Dortans, dame de l’Isle, reconnut, sur les mains de Bulet, qu’il était homme lige de LL. EE. de Berne, à cause de leur baronnie de Cossonay, et confessa tenir d’Elles, sous le prédit hommage lige, à savoir: les deux tiers du tiers de la dîme de Daillens, par indivis avec noble et prudent Christophe Manlich, seigneur de ce lieu, droit-ayant des Richard, de Grandvaux, pour l’autre tiers du tiers, et avec le même seigneur de Daillens, de son paternel, pour les deux autres tiers de la dîme totale. Cette part du confessant, qui rapportait, par année commune, 30 coupes, moitié froment et avoine, à la mesure de Lausanne, appartenait à son épouse, par succession de son père (Albert de Dortans), qui l’avait acquise de LL. EE., auxquelles elle était parvenue, ainsi que cela apparaissait par un acte scellé de leur sceau et portant la date du 18 novembre 1590. Cette date est sans doute celle de l’échange que firent LL. EE. avec le seigneur /720/ de Bercher et dont il a déjà été parlé 1 . Le tiers de la dîme totale de Daillens appartenait ainsi au fief des nobles Gruz. Nous ne trouvons pas de mention ultérieure de cette part.
Le fief que le donzel Henri d’Oulens tenait à Penthalaz et qu’il reconnut sur les mains de Deloës comprenait quelques censes en deniers à Daillens (3 sols lausannois dus pour certaine oche et 3 deniers lausannois, avec la pièce de pré pour laquelle ils étaient dus 2 ).
Le sire Jean de Cossonay avait concédé, sous l’année 1358, en augmentation de fief, au donzel François de Bettens, son vassal, deux pièces de terrain, appartenant à ses indominures et situées à Daillens. La reconnaissance des nobles Louis et Jean de Bettens, sous l’année 1493, mentionne encore ces trois poses de terrain.
Enfin, diverses censes à Daillens, avec la directe seigneurie des assignaux, avaient été assignées, en 1387, par le sire Louis de Cossonay, à son prieuré de ce lieu 3 . /721/
ÉCHICHENS.
Nous avons été plusieurs fois appelé, dans le cours de ce Mémoire, à mentionner le fief lige avant tous seigneurs que le chevalier Jean de Disy tenait de Louis, seigneur de Cossonay, et qu’il reconnut sur les mains de Deloës. Au nombre des biens de ce fief se trouvaient:
La maison forte d’Echichens, avec ses fossés, ses droits et ses appartenances.
Une condemine de terre, dite dou Chano douz Verney, de 25 poses, environ.
Toute la juridiction que le prédit chevalier avait, pouvait et devait avoir dans le village d’Echichens, et dans son territoire, ses fins et ses appartenances, à savoir: les clames de 3 sols, les bans de 60 sols et tous les autres bans inférieurs à ceux-ci.
Ces biens et ces prééminences furent reconnus, sur les mains des égrèges d’Etoy et Grillion, par noble Jacques de Cully, héritier testamentaire de sa femme Etiennaz, petite-fille du défunt chevalier Jean de Disy 1 . /722/
Noble Jean, seigneur de Colombier, tuteur des nobles Girard, Louis et Aymon de Vuippens, frères (ses neveux), petits-fils et cause-ayants de Jaquette, fille du susnommé noble Jacques de Cully 1 , reconnut, en leur nom, en 1498, sur les mains de Quisard, à cause du château de Cossonay: la maison forte d’Exichent, avec ses chesaux, places et curtines; toute la juridiction et la seigneurie que ses pupilles possédaient et que leurs prédécesseurs avaient eue, dans le territoire du dit lieu, avec ses appartenances singulières et universelles, à savoir: les clames de 3 sols, etc. (voy. à la page précédente); plus la condemine dou Chanoz de Verney, de 25 poses.
Sous le régime bernois, la baronnie de Cossonay perdit cette mouvance, qui fut attachée au château de Morges. Selon le dénombrement des fiefs nobles, déjà souvent cité, noble et généreux Théodore Du Gard, seigneur d’Echichens, cause-ayant des nobles de Vuippens, tenait, sous l’année 1674, de LL. EE. de Berne, à cause de leur château de Morges, les bans, clames, saisine, mère et mixte empire et omnimode juridiction, haute, moyenne et basse, excepté le dernier supplice, soit la punition corporelle, sur tout le territoire, le village et la messeillerie du dit Echichens. Item, la maison seigneuriale, avec ses fossés et le domaine dépendant de cette maison. Item, les censes directes, etc.
Noble et vertueux Antoine Du Gard, père du prédit noble Théodore, avait acquis la seigneurie d’Echichens, à titre d’échange, le 23 mai 1610, des honorables André et Jacques Guibert, frères, et de leurs cousins François et Moïse /723/ Guibert, auxquels elle appartenait par succession de noble Claude, fils de noble Jean Alaman, qui avait eu droit et cause de damoiselle Françoise, fille de noble Girard de Vuippens, l’un des confessants, sous l’année 1498, entre les mains de Quisard. /724/
LUINS.
Le village de Luins, à la Côte, faisait partie des possessions des dynastes de Cossonay dans l’ancien comté des Equestres. Elles passèrent, lors du partage que les fils du sire Jean (I) de Cossonay firent de leurs terres, à Guillaume, le second d’entre eux, et comprenaient les seigneuries de Nyon, de Prangins et de Mont (le-Vieux). Luins, situé dans une contrée fertile, fournissait le vin nécessaire aux besoins du château de Cossonay; aussi les ressortissants de ce château étaient-ils astreints à la corvée appelée le charriage de Luins, soit d’amener à Cossonay le vin de leur seigneur; obligation convertie, avec le temps, en une rente fixe en deniers. Ce charriage de Luins et d’autres circonstances encore, nous avaient conduit à la supposition que, lors du partage de biens fait entre les deux branches de la maison de Cossonay, l’aînée avait gardé le village de Luins, à cause de son vignoble 1 , supposition qui n’est peut-être pas entièrement conforme à la vérité. Toutefois, si les sires de Cossonay ne possédaient plus la seigneurie de cet endroit, il est /725/ certain qu’ils avaient à Luins des indominures, des censes et des mouvances, ainsi que nous allons le montrer.
Selon la grosse Deloës, le donzel Jean de Senarclens, homme lige avant tous seigneurs du sire Louis de Cossonay, tenait, dans le fief qu’il reconnut, tant en son propre nom qu’en celui de son frère Pierre, absent du pays, les biens suivants, sis à Luins:
Certaine vigne, située au-dessus de l’église, jouxte la vigne de son seigneur de Cossonay.
Une autre vigne, en Faveres, tenue à tiers vin par Etiennet, bâtard du feu père du confessant.
Huit sols lausannois de cense, dus par les hoirs d’Humbert Casilliex, pour et sur leur ténement déclaré et limité dans les extentes du seigneur de Cossonay.
Dix sols lausannois de cense, dus par Perret Feyat et sa femme.
Un setier et demi de vin, de cense, due par Jean de Sous-l’Eglise et Jean de St. Yvroz.
Et, généralement, tout ce que le confessant et son frère possédaient à Luins et dans le territoire de ce lieu.
La branche cadette de la famille de Senarclens tenait pareillement des biens à Luins, en fief lige des seigneurs de Cossonay, ainsi qu’on l’apprend par la reconnaissance des donzels Guillaume et Girard de Senarclens, passée, sous l’année 1377, sur les mains du même Deloës. Voici la spécification de ces biens:
Une pièce de vigne, de 3 poses, sise en la Chenaux, dont les prédits Guillaume et Girard tenaient chacun la moitié.
Demi-pose de vigne, sise sous le chemin de la chapelle de Luins, tenue par le prédit Guillaume, ainsi que deux autres vignes sises sous lo Denen./726/
Une pose de vigne, située sous les Combes de Luins, tenue par le prédit Girard.
La dîme, tenue par le prédit Guillaume, des vignes sises sous le chemin tendant vers Combe.
La cinquième partie de la tierce part de deux poses de vigne et toute la dîme que le même Guillaume percevait dans ces deux poses.
Six poses de terre, en Marsolay, et deux autres poses de terre, au même lieu, le tout tenu par le prédit Girard.
La moitié de la dîme des vignes de la Tuchiaz (2 poses), tenue par le prédit Guillaume en indivision avec son seigneur de Cossonay.
Une faucherée de pré tenue par le prédit Girard, ainsi que la tierce part de deux autres faucherées de pré, plus une oche au territoire d’Alloginaz 1 jouxte le chemin tendant de Bignins à Luins.
Ces divers fiefs à Luins ne sont plus mentionnés dans les rénovations ultérieures des fiefs nobles du château de Cossonay, du moins dans celles qui nous restent.
Lorsque, sous l’année 1387, le sire Louis (III) assigna à son prieuré de Cossonay 60 livrées de terre, d’annuelle rente, il ajouta à ce don huit setiers de vin, à la mesure de Nyon, de cense, que lui devaient divers censiers de Luins. /727/
MEX
(MAIS, MAY, MEY.)
L’antique famille des milites de Mex apparaît au XIIe siècle. Le cartulaire de l’abbaye de Montheron cite, sous l’année 1154, en qualité de témoins soit de garants de donations faites à ce monastère et aussi de participants à ces dons, Aimard, miles de Mais, Guillaume, fils d’Uldric de Mais et Berevuard de Mais 1 .
Les milites de Mex paraissent, dans le principe, avoir tenu en alleu leurs possessions au village de leur nom. Avec le temps et sans que l’on connaisse l’époque où cela eut lieu, ils les soumirent à la mouvance du château d’Echallens, d’où il résulta que, sous la domination de Berne et de Fribourg, le territoire de Mex forma une enclave du bailliage d’Echallens. Toutefois la maison forte de Mex fut pendant longtemps fief du château de Cossonay, ainsi que nous allons le montrer.
Le 7 mai de l’année 1377, sur les mains de Deloës, Jean de Mey, fils de feu Etiennet, dit Hora de Mey, donzel, /728/ reconnut qu’il était homme lige avant tous seigneurs de Louis, seigneur de Cossonay, sous réserve de la fidélité qu’il devait au sénéchal de Lausanne 1 , et confessa tenir de son prédit seigneur, en fief d’hommage lige, entre autres, sa maison forte, située dans le village de Mey, avec les fossés existant autour, un pré et verger et une oche, sis jouxte les prédits fossés 2 . Il reconnut encore 60 solidées de terre (d’annuelle rente) sur les revenus des battoirs des moulins de Cossonay et de Penthalaz (40 solidées sur le battoir de Cossonay et 20 solidées sur celui de Penthalaz), assignées au père du confessant par les prédécesseurs du seigneur de Cossonay. Ce seigneur pourrait toujours réemptionner cette assignation pour le prix de 50 livres lausannoises, que le confessant placerait alors incontinent en acquisition de biens qui deviendraient mouvants du fief lige du prédit seigneur de Cossonay. Nous ne mettons guère en doute que l’assignation susmentionnée n’ait été le prix de l’assujettissement à fief de la maison forte de Mex, tenue jusqu’alors en alleu. Le cas prévu de réemption eut lieu. (Voyez l’article Disy.)
Noble Amédée de Chissey, citoyen de Lausanne, bientenant de noble Jean de Mex confessant sur les mains de Deloës 3 , reconnut, sur les mains de Quisard, le 25 septembre 1496, en faveur du duc de Savoie, à cause du château, de la châtellenie et du mandement de Cossonay et sous /729/ hommage lige avant tous seigneurs, la maison forte de Mex, jadis reconnue par le donzel Jean de Mex, avec ses fossés et une pièce d’oche et de curtil, de demi-pose, qui était attenante. Le confessant ne réserva pas la fidélité d’un autre seigneur, quoique vassal, pour sa terre de Mex, de la seigneurie d’Echallens. La baronnie de Cossonay perdit la mouvance de la maison forte de Mex à la suite de quelque transaction qui nous est inconnue, puisque, sous l’année 1518, Jean de Senevey, en qualité de tuteur des enfants de feu noble Louis de Chissey, reconnut, en faveur du château d’Echallens, cette même maison forte, avec ses fossés 1 .
C’est peut-être ici le cas, en terminant cet article, de tracer un rapide aperçu des destinées de la terre de Mex. Dès le XIVe siècle on la trouve partagée, quoique inégalement, entre deux branches de la famille féodale qui en portait le nom. Lors du quernet prêté, en 1403, par Marguerite de Montbéliard 2 , en faveur du comte de Savoie (sur les mains de Baley) pour la seigneurie d’Echallens et ses dépendances, cette dame reconnut, entre autres, les hommages nobles que lui devaient: 1° Jaquette, fille de feu Jacques Ora (Hora) de May, pour le fief qu’elle tenait de la confessante, et 2° celui de Jean de May, pour son fief 3 . Ce fief-ci, plus considérable que l’autre, passa au donzel Nicod de Mex, frère de Jean; puis, après lui, à sa fille Marguerite, épouse de François de Mollens, donzel d’Aubonne. Leur fils Etienne de Mollens, possesseur du fief de Mex, le laissa à sa fille unique, Claudine, épouse de noble Antoine d’Illens, seigneur /730/ de Billens, dont elle n’eut pas d’enfants. Claudine de Mollens laissa sa succession (sous l’année 1487) à Amédée de Chissey, donzel de Sallanches et citoyen de Lausanne, qui nous est déjà connu, auquel succéda son fils noble Louis de Chissey. Les enfants de celui-ci (soit leur tuteur) reconnurent leur fief de Mex, en 1518, sur les mains du commissaire Krumenstoll, en faveur de LL. EE. de Berne et de Fribourg, à cause de la seigneurie d’Echallens. Il ressort de leur reconnaissance qu’ils avaient la directe seigneurie sur leur fief, mais pas la juridiction, qui appartenait au château d’Echallens. Péronne de la Fleschière (de la branche savoisienne de la famille de ce nom), veuve de noble Georges de Chissiez (soit de Chissey), l’un des fils de Louis, remariée avec noble Bénoît Comte, citoyen de Lausanne, apporta le fief de Mex à ce second mari 1 , puis il fut tenu après eux par leur fils noble Hugues Comte, auquel LL. EE. des deux Etats inféodèrent, sous l’année 1581, leurs droits de juridiction à Mex, sous la réserve du dernier supplice 2 . Très dérangé dans ses affaires, noble Hugues Comte vendit, le 18 février 1585, sa terre et seigneurie de Mex, avec les biens qui en dépendaient 3 , pour le prix de 4800 écus d’or au soleil (outre les vins), à noble Georges-François Charrière, banderet de la ville et baronnie de Cossonay (et à son frère François), /731/ lequel avait déjà sur cette terre des droits d’hypothèque, hérités de son père. Le baillif d’Echallens le mit en possession de la seigneurie de Mex, le 24 septembre de la même année, et lui en donna l’investiture au nom des deux Etats.
Voici maintenant ce qu’il advint de l’autre fief de Mex, tenu, sous l’année 1403, par Jaquette (aussi nommée Johannette), fille de Jacques Hora de Mex, donzel (et de Johannette, fille de Jordan de Daillens, donzel). Cette Jaquette épousa François de Bussy, donzel (puis chevalier), de Romont. Leur fille Isabelle de Bussy apporta à son mari, noble Antoine de Montagny, seigneur de Brissoigne (val d’Aoste), ce fief, qu’elle avait hérité de sa mère. Tenu après eux par noble Humbert de Montagny, seigneur de Brissoigne, leur fils, probablement, il passa aux nobles de Genève, seigneurs de Lullin, par le mariage de Claudaz de Montagny (fille d’Humbert?) avec Aymon de Genève. Le 19 avril 1518, sur les mains des commissaires Krumenstoll et Domayne, noble et puissant Aymon de Genève, seigneur de Lullin et coseigneur de Mex, agissant tant en son propre nom que comme administrateur légitime de Marguerite, sa fille, par lui eue de dame Claudaz de Montagny, sa défunte femme, prêta quernet, en faveur de LL. EE. des deux Etats, pour le fief qu’il tenait à Mex, sur lequel il avait, selon cette reconnaissance, l’omnimode juridiction, à la réserve du dernier supplice, du ressort, de l’appel et de la fortification 1 . /732/ Ce fief était possédé par les fils de ce confessant, les nobles Guy et François-Prosper de Genève, lors de la rénovation des fiefs nobles d’Echallens, faite par les commissaires Vuarnéry et Panchaud, et ils le reconnurent sur les mains de ces commissaires, le 11 février 1557. Ces mêmes nobles de Genève, seigneurs de Lullin, vendirent leur coseigneurie de Mex à noble Sébastien Loys, seigneur de Denens. Les hoirs de celui-ci l’aliénèrent, et noble Hugues Comte, postérieurement à la vente qu’il avait faite à noble Georges-François Charrière (voyez ci-dessus), en acquit la moitié, tandis que l’autre moitié de cette coseigneurie passa à Isbrand de Crousaz, seigneur de Prilly. Hugues Comte s’étant rendu traître et perfide à LL. EE. de Berne (on connaît la part active qu’il prit, en 1589, à la conspiration ourdie par le bourgmestre d’Aulx), Elles se saisirent de ses biens, qui furent mis en discussion par leur ordre, puis colloqués, le 4 août 1590, aux hoirs de damoiselle Susanne Loys, défunte épouse du prédit Hugues Comte, pour le bien matrimonial de celle-ci. Les tuteurs de ces hoirs remirent ces biens, en 1595, à Georges-François Charrière, seigneur de Mex, qui acquit de cette manière une moitié de la coseigneurie de ce lieu. Quant à l’autre moitié de celle-ci, soit du fief Lullin, ainsi qu’on l’appelait, damoiselle Jeanne de Crousaz, dame de Corcelles, petite-fille d’Isbrand de Crousaz (voy. plus haut) et veuve de noble Sébastien de Praroman, la céda, le 2 juin 1652, à titre d’échange, aux seigneurs de Mex, petits-fils de Georges-François Charrière, lesquels réunirent ainsi dans leurs mains la totalité de cette terre et seigneurie. Celle-ci demeura dans /733/ leur famille, et, lors de la révolution de 1798, elle était possédée par noble Guillaume-Benjamin-Samuel Charrière, qui était aussi seigneur de Sévery 1 . /734/
MONNAZ.
Des hommes libres et taillables, à Monnaz, des hommages, des censes et d’autres revenus, avec la juridiction et la directe seigneurie, avaient été acquis, cela a déjà été rapporté, par le chevalier Henri de Colombier, d’Iblet de Challant, seigneur de Montjouvet. Ces biens, procédés du domaine des seigneurs de Cossonay, furent tenus, par les successeurs de l’acquéreur, avec d’autres biens, de même espèce, à Préverenges, aussi acquis du même Iblet de Challant et pareillement procédés des seigneurs de Cossonay, sous la mouvance du château de Morges et l’hommage dû pour une portion de la terre de Colombier.
Le donzel Johannod Carrel ayant hérité, entre autres, du donzel Henri de Disy, certaine pièce de vigne, sise au vignoble de Monnaz, et que le chevalier Jean de Disy pouvait réemptionner pour 50 livres lausannoises, avait prêté hommage lige au sire Jean de Cossonay, tant pour cette vigne que pour 13 livrées de terre, d’annuelle rente, qu’il tenait aussi de la succession du même donzel Henri de Disy. Les successeurs du donzel Johannod Carrel abergèrent la vigne de Monnaz. Noble Jacques Gruz, en 1493, et noble Jeanne /735/ de Monthey, en 1543, reconnurent, entre autres, une cense de 16 deniers lausannois, qui leur était due pour 2 poses de vigne à Monnaz (et pour un autre assignal à Aclens), le premier faisant observer dans sa reconnaissance que les cause-ayants du chevalier Jean de Disy assuraient pouvoir réemptionner cette vigne pour 50 livres lausannoises. Monnaz est encore indiqué dans les reconnaissances générales des bientenants du donzel Carrel, sur les mains de Pastor, dans le nombre des localités où ils tenaient des fiefs. /736/
MONTRICHER.
Noble et puissant Henri, seigneur de Montricher, s’était reconnu, sur les mains des commissaires d’Etoy et Grillion, homme lige du seigneur comte de Savoie, à cause de son château de Cossonay et du mandement de celui-ci, et avait confessé tenir de ce prince, en fief et sous son prédit hommage lige, le donjon du château et de la forteresse (fortalici) de Montricher, avec ses fonds, droits et appartenances universelles. Le 7 mai 1495 (indict. XIIIe), noble Amédée, bâtard de Clermont, agissant en qualité de procureur du magnifique, puissant et vaillant chevalier, le sire Guillaume de Vergy, seigneur de l’endroit de ce nom, de Champlite, Champvent et Montricher, passa, sur les mains de Quisard, une reconnaissance semblable ayant pour objet le même donjon du château de Montricher, reconnaissance que le sire de Vergy ratifia à Genève, dans l’hôtel du Lion rouge, le 28 mars 1498. Ce seigneur tenait la seigneurie de Montricher en vigueur de donation (testamentaire?) jadis faite à feu son oncle, noble et puissant Jean de Vergy, dit le jeune, seigneur de La Mothe et de Montfort, par le susnommé noble et puissant Henri, seigneur de Montricher, donation que le /737/ duc Louis de Savoie avait laudée et confirmée 1 . Par leur quernet, prêté sur les mains de Bulet, le 21 décembre 1627, les nobles et puissants Jean et Gabriel de Vuillermin, seigneurs de Montricher, fils de feu noble et puissant Wilhelm de Vuillermin, reconnurent tenir cette seigneurie, de LL. EE. de Berne, sous hommage lige et noble, à cause de leurs châteaux de Cossonay et de Morges. Une déclaration pareille fut faite par noble Jean-Baptiste de Vuillermin, dans le dénombrement de sa seigneurie de Montricher, remis par lui à LL. EE., sous l’année 1675.
L’hommage dû pour le donjon du château de Montricher avait été probablement acquis par les derniers seigneurs de la maison de Cossonay, des sires de Monnet et de Montsaugeon, vicomtes de Salins, auxquels il appartenait encore en 1377 et que Jaquette de La Sarraz avait fait passer à leur famille par son mariage avec Simon de Monnet 2 . Nous avons fait observer, dans notre Introduction à ce Mémoire, que, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, les seigneurs de Montricher avaient été vassaux de ceux de Cossonay, à raison de fiefs qu’on ne saurait désigner. /738/
OULENS.
Dans le nombre des biens du fief lige avant tous seigneurs que le donzel Henri d’Oulens reconnut sur les mains de Deloës en faveur du seigneur de Cossonay 1 , se trouvaient 4 pièces de terrain, sises au territoire d’Oulens et que le confessant tenait en domaine. Avec le temps ce fief passa aux nobles Cuénet, de Gumoëns-la-Ville. Selon la reconnaissance des nobles Pétremand et Jean Cuénet, oncle et neveu, sur les mains de Quisard, ces confessants tenaient une cense de 3 et 1⁄2 sols que leur devait Claude Brugnens pour 9 assignaux situés à Oulens. Sous l’année 1600, leurs cause-ayants percevaient encore cette même cense, alors due pour 8 assignaux 2 . /739/
PRÉVERENGES.
On apprend par le quernet prêté sous l’année 1620, sur les mains de Bulet, par noble et prudent Samuel d’Aubonne, châtelain de Morges, pour la terre et seigneurie de Préverenges, qu’en vertu de l’acquisition qu’il avait faite, le 15 octobre 1613, de noble François de Vaudan, administrateur des biens et des revenus de l’hoirie de noble et puissant Bernard d’Alinges, vivant baron de Coudrée, pour le prix de 1200 florins, le confessant tenait de LL. EE. de Berne, en fief noble, antique, paternel et avique et sous hommage lige, les droitures seigneuriales et les revenus suivants, à savoir: 3 hommages taillables et 5 hommages francs, avec 13 coupes et 1 bichet de froment, à la mesure de Cossonay, 4 florins, 8 sols et 3 deniers lausannois en argent, et 5 chapons, de cense perpétuelle, payable à la St. Michel et due à raison de divers biens situés rière Préverenges, amplement limités aux précédents quernets. Item, le droit de directe seigneurie, celui de juridiction et les autres autorités qu’il tenait au même lieu en vertu de son prédit acquis, et généralement tout ce qu’il possédait des biens jadis acquis par noble Henri de Colombier, seigneur de Vufflens, de noble Iblet /740/ de Challant, seigneur de Montjouvet, procédés des jadis barons de Cossonay, ainsi que cela se trouvait rapporté dans les précédents quernets.
Lorsque, par son testament, daté du 17 juillet 1383, Louise de Montbéliard, veuve de Jean, seigneur de Cossonay, avait fondé une chapellenie, de 20 livres annuelles et perpétuelles de terre, dans la chapelle de la Vierge Marie de l’église de Cossonay, la testatrice avait assigné 4 livres, 9 sols et 6 deniers, des prédites 20 livres, sur des censes que lui devaient des tenanciers de Préverenges pour leurs ténements 1 . /741/
SAINT-SAPHORIN-SUR-MORGES.
Le 15 juin 1377, sur les mains de Deloës, Jaquet, fils de feu Pierre Vionnet, dit de Villar, de St. Saphorin, donzel, qui était fils de feu Pierre de Villar, chevalier, reconnut qu’il était homme lige avant tous seigneurs de Louis, sire de Cossonay, confessant tenir de lui, sous son prédit hommage lige: 1° 12 articles de terrain, sis dans le village et le territoire de St. Saphorin (quelques-uns d’entre eux sont situés à Villar, sous St. Saphorin), que tenaient de lui Johannette, veuve de Jaquet Robyn et ses enfants, sous la cense de 20 coupes de blé (moitié froment et avoine), mesure de Morges. 2° Un chésal sis dans le village de St. Saphorin, tenu par les frères d’Octrens, sous la cense d’une coupe de froment, mesure prédite et d’un chapon. Le seigneur de Cossonay avait le mère et mixte empire et l’omnimode juridiction sur ces divers biens féodaux.
Ces nobles Vionnet de Villar n’auraient-ils pas été issus des milites de St. Saphorin? R., miles de St. Saphorin avait été, sous l’année 1218, un des témoins de l’épouse et des enfants de Jean, sire de Prangins (et de Cossonay), lorsqu’ils avaient approuvé une donation de biens faite par ce seigneur /742/ au couvent de Bonmont 1 . Ce miles tenait peut-être le fief reconnu plus tard par le donzel Jaquet Vionnet, dit de Villar. Ce fief passa aux nobles de Bettens. Le 19 novembre 1493 (indict. XIe), sur les mains de Quisard, noble Louis, fils de feu noble Pierre de Bettens, reconnut sous hommage lige, en faveur du duc de Savoie, à cause du château et du mandement de Cossonay, les censes, rentes et services, procédés de Jaquet, fils de feu Pierre Vionnet, dit de Villar, fils du feu seigneur Pierre de Villard, militis de St. Saphorin. Ces censes avaient été données à feu Rolet de Bettens, aïeul du confessant, par le prédit Jaquet, en rémunération de beaucoup de services qu’il lui avait rendus, et elles étaient parvenues au père du confessant en vigueur de partages faits avec son frère Jaquet de Bettens. Elles s’élevaient, selon la reconnaissance de Louis de Bettens, à 20 coupes de blé (moitié froment et avoine), mesure de Morges, outre une coupe de froment, mesure prédite, 1 chapon et 2 deniers coursables. Le confessant reconnut les bans, clame, barre et directe seigneurie qu’il avait sur le fief reconnu, à teneur des reconnaissances précédentes 2 . Cette censière et celle dont nous allons nous occuper entrèrent dans le domaine des seigneurs de St. Saphorin, et ne se trouvent plus mentionnées dans les rénovations ultérieures des fiefs nobles de Cossonay.
Dans le nombre des biens du fief lige avant tous seigneurs que le donzel Girard Ogneys tenait du seigneur de Cossonay et qu’il reconnut le 23 décembre 1377 sur les mains de Deloës 3 , se trouvaient 20 articles de terrain, situés à /743/ Saint-Saphorin, que le confessant tenait alors en domaine, mais qui furent depuis acensés. Ce fief, reconnu, sur les mains des égrèges d’Etoy et Grillion, commissaires des extentes de Cossonay, par noble Claude Bourgeois, fils du défunt chevalier Lancelot Bourgeois, de Gex, était tenu, lors de la rénovation de Quisard, par Etiennette, fille de feu noble Bertrand Marval, de Gex, femme de noble et puissant Amédée de Duin, seigneur de Château-Vieux et coseigneur de Vufflens, lequel le reconnut, au nom de son épouse, le 19 mars 1494 (indict. XIIe), sous l’hommage lige et noble dont les bientenants du prédit Girard Ogneys devaient supporter la charge. Les censes de ce fief s’élevaient alors à 5 coupes de froment et 5 coupes d’avoine, le tout à la mesure de Morges, dues à raison de 13 assignaux procédés de l’acensement jadis fait par feu Girard Ogneys à Pierre Soujon.
Les prédécesseurs du chevalier Pierre de Sévery ayant aliéné quelques portions du fief qu’ils tenaient du seigneur de Cossonay 1 , ce chevalier, en compensation, assujettit au fief de ce seigneur et reconnut tenir de lui, sous l’hommage lige qu’il lui devait, certaine vigne, de 2 poses, de son propre alleu, sise à St. Saphorin, au lieu dit en Champet, s’engageant à la faire valoir annuellement 34 sols, ainsi que cela avait été convenu entre lui et son prédit seigneur de Cossonay 2 . Cette même vigne fut acquise, en 1474, pour le prix de 20 livres, bonne monnaie, de noble Louis de Sévery, par noble Pierre, fils de feu noble Nicod de St. Saphorin. /744/ L’acquéreur la reconnut, en 1500, sur les mains de Quisard, à cause du château et du mandement de Cossonay, sous l’hommage lige dû par les nobles de Livron, cause-ayants des nobles de Sévery. La vigne de Champet n’est plus mentionnée dans les rénovations subséquentes. /745/
CHAVANNES-SUR-LE-VEYRON.
Le château de Cossonay percevait dans ce village, de chaque focager (soit faisant feu) tenant bêtes tirantes à la charrue, une coupe villageoise, à comble, d’avoine, mesure de Cossonay, pour la permission de faire paître son bétail, chaque fois qu’il le voulait, cependant sans faire aucun dommage, sur les pasquiers publics de Grancy et les terres de ceux de Dullit 1 .
LL. EE. de Berne inféodèrent ces focages de Chavannes-sur-le-Veyron (et d’autres fiefs encore), sous la mouvance du château de Cossonay, à noble Jean-François Charrière, seigneur de Penthaz 2 , qui les vendit, le 25 mars 1675, pour le prix de 17 pistoles d’or, soit de 425 florins, à noble Daniel de Chandieu, seigneur de La Chaux et de Grevilly 3 . On comptait alors à Chavannes 15 focages payant la redevance désignée. Elisabeth de Chandieu, dame de La Chaux, fille de l’acquéreur, reconnut ces focages dans son /746/ quernet, prêté sous l’année 1689, pour la terre et seigneurie de La Chaux.
Les nobles Girard, Guillaume et Pierre de Pierrefleur, cause-ayants de noble Guillaume de Bionnens, avaient reconnu, par leur quernet prêté sur les mains de Mandrot, diverses censes directes en grains (froment et avoine), deniers et chapons, qu’ils tenaient à Chavannes-sur-le-Veyron et qui étaient procédées de la généralité que le susnommé noble de Bionnens avait confessée par son quernet prêté sur les mains de Quisard (à cause du château de Cossonay). Le nobles de Pierrefleur avaient aussi reconnu, au même titre, une cense en deniers qu’ils percevaient rière L’Isle, ainsi que la quarte part de la dîme de Mont-la-Ville, par indivis avec noble François de Lutry pour les trois autres quarts, lequel avait pareillement cause de noble Guillaume de Bionnens 1 .
Du reste le village de Chavannes-sur-le-Veyron n’appartenait pas à la baronnie de Cossonay, mais formait une terre et seigneurie, qui, procédée dans le principe de la maison de Joux, avait ensuite passé aux nobles de Gléresse. Ceux-ci la tenaient, lors de la rénovation de Mandrot, sous la mouvance du souverain, sans qu’elle fût attachée à aucun château. Cette terre, lors du dénombrement des fiefs nobles du bailliage de Morges, était possédée, en indivision, par noble et généreux David d’Aubonne, bourgeois de Berne, cause-ayant de noble Michel de Gingins, seigneur de Moirier, et par les nobles Jaqueline et Salomé, filles et héritières de noble /747/ Jean-Jacques de Lavigny 1 . Le premier en tenait la moitié et chacune des deux prédites dames en tenait le quart 2 /748/.
ÉCHANDENS
(ESCHAGNENS.)
Selon la reconnaissance du chevalier Pierre de Sévery, passée sur les mains de Deloës, les prédécesseurs de ce chevalier avaient aliéné, à Echandens, les biens suivants, qui appartenaient au fief qu’ils tenaient du seigneur de Cossonay: cinq coupes et demie de froment, 6 coupes bourgeoises d’avoine, le tout à la mesure de Lausanne, 4 pains blancs et 2 setiers de vin, de cense, que devait Humbert d’Echandens, dit de la Couz. Plus, les hoirs de Jacques de Romans, dits de St. Maurice, hommes des prédécesseurs du susnommé chevalier Pierre, avec leurs possessions, pour lesquelles ils devaient annuellement 4 pains blancs, une réception (unum gietum) et 20 sols au changement de seigneur. Nous avons indiqué, à l’article St. Saphorin, quelle compensation le seigneur de Cossonay reçut pour ces aliénations. /749/
FERREYRES, MOIRY ET CUARNENS.
Le chevalier Girard de Cuarnens et auparavant Girard de Moërie (Moiry), son père, avaient reconnu, entre autres, en faveur des seigneurs de Cossonay, neuf articles de terrain (principalement des prés), sis à Ferreyres et que tenait Perrod Parix (entre autres une pièce de pré sise derrière la maison de Girard de Ferreires 1 , tenue à 20 sols et 2 chapons de cense). Trois faucherées et demie de pré et 7 et 1⁄2 poses de terre, en 5 articles, situés à Moërie. Et, à Cuarnens, certain chésal sur lequel était édifiée la maison de Porchet. Selon l’observation faite par le commissaire Deloës, dans la reconnaissance du donzel Louis de Bierre, ce confessant aurait dû reconnaître ces divers biens. /750/
ÉTANIÈRES.
Une particule du fief lige avant tous seigneurs que Girard Charpit tenait de Louis, sire de Cossonay, et qu’il reconnut sur les mains de Deloës 1 , était située à Etanières. Elle comprenait les biens suivants:
Trois poses de terre et 2 faucherées de pré que tenait, du prédit Charpit, Girard, fils d’Aymonet Bussens, sous la cense de 4 coupes de froment, mesure de Lausanne, avec les deux parts de la quarte part du foin qui se recueillait dans certaines prairies, indivises avec le donzel Jaquet de Bussens et les nobles de Crissier (quant aux prairies mêmes, elles étaient tenues par Perrod Chambaz et les hoirs d’Aymonod Ralen). Enfin, 8 poses de terre et 1 et 1⁄2 faucherée de pré, sises ou bos Andreyr, tenues par les hoirs d’Aymonod de Ralent et Michod de Ralent, sous la cense de 7 coupes de froment, mesure de Lausanne. Cette cense et d’autres encore du même fief étaient perçues, au nom de Girard Charpit, par Johannod ly Ryvit, de Cheseaux, à titre d’assignation de dot 2 . Les rénovations ultérieures ne nous apprennent rien à l’égard du fief de Girard Charpit. /751/
SURPIERRE.
La seigneurie de Surpierre, antique propriété des dynastes de Cossonay, avait ses milites particuliers 1 . Toutefois quelques-uns des vassaux de la seigneurie de Cossonay tenaient des fiefs à Surpierre, sous l’hommage qu’ils devaient au château de Cossonay. C’était, entre autres, le cas de Clémence de St. Oyen, femme du donzel Girod de Conay, laquelle tenait, en domaine, 8 articles de terrain, soit dix poses et demie de terre, plus le pré dou petit bruyl, de 4 faucherées. Celui-ci était situé jouxte la condemine du seigneur et l’eau de la Broye. Aymonod Guichard de Cossonay, qui devint chevalier, se trouvait dans le même cas. Lorsque, sous l’année 1496, Pierre de Bionnens et son fils Guillaume reconnurent, sur les mains de Quisard, le fief de ce chevalier dont ils avaient /752/ droit, ils désignèrent, à Surpierre: la moitié dou petit brit, contenant environ 3 et 1⁄2 faucherées, sises jouxte le grand brout et sous la condemine du seigneur, dix poses de terre qu’avait tenues feu Girod Argilliex, plus, encore, cinq autres pièces de terre. Noble François de Lutry, cause-ayant de Guillaume de Bionnens, reconnut ces mêmes biens, sur les mains de Mandrot. /753/
SOLENS ET BRETIGNYONS
(BRETIGNY-SOUS-MORRENS.)
Noble Claude, fils de feu noble Pétrimand de Bottens, reconnut, sous hommage lige, sur les mains des égrèges d’Etoy et Grillion, en faveur du duc de Savoie (à cause du château de Cossonay), à savoir: la sixième partie du bois de Fayolla (des Fayoulles), ainsi que la sixième part de la panaterie, de l’avoinerie et des corvées des villages de Solens 1 et de Bretignyons, dues par chaque tenant feu de ces lieux et procédées d’Agnelette, fille de feu Pierre de Bottens. Ces mêmes biens furent reconnus, sous l’année 1493, sur les mains de Quisard, par noble Louis de Russin de Bottens, demeurant à Lausanne, fils de noble Bernard de Russin, ainsi que par sa mère Jeanne, fille de feu noble Pétrimand de Bottens et de Jordane de Daillens. Le seigneur d’Echallens tenait alors la moitié, tant de la forêt de Fayolla 2 que des prédites /754/ panaterie, avoinerie et corvées de Solens et de Bretignyons, tandis que noble Claude d’Arnay, d’Orbe, et les hoirs de Girard Grasset, de Yens, en tenaient chacun une sixième part. L’année suivante (1494, 9 mai), noble Pierre, fils de feu noble Jaquet d’Arnay, agissant comme procureur de noble Claude d’Arnay, son frère, reconnut, sur les mains de Quisard, sous l’hommage lige dû par noble Louis de Russin, cause-ayant des nobles Pierre (Claude, plutôt) et Pétrimand de Bottens, à savoir: la quatrième partie (sic) de la même forêt de Fayolla et de la panaterie, de l’avoinerie et des corvées de Solens et de Bretignyons, avec toute la seigneurie qu’ils avaient dans ces villages 1 . Le confessant et ses frères Pierre et Guillaume d’Arnay avaient précédemment reconnu, sur les mains des commissaires d’Etoy et Grillion, ces mêmes biens, qu’ils tenaient par succession de leur père Jaquet d’Arnay et de feu Agnelette de Bottens (leur mère?). Ce fief, dont les biens provenaient évidemment de la maison de Bottens, n’est plus rappelé dans les rénovations ultérieures des fiefs nobles de la baronnie de Cossonay.