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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Louis DE CHARRIÈRE

Les fiefs nobles de la baronnie de Cossonay:
VI. Seigneurie de L’Isle

Dans MDR, 1858, tome XV, pp. 559-606

© 2022 Société d’histoire de la Suisse romande

/559/

LES FIEFS NOBLES DE LA BARONNIE DE COSSONAY

 

IV

SEIGNEURIE DE L’ISLE

COMPRENANT

L’ISLE, CHABI SOIT CHABIE OU CHABLIE, VILLARS-BOSON ET LA COUDRE.

Carte de la baronnie


 

La terre et seigneurie de L’Isle, après avoir été fort longtemps dans les mains des seigneurs de Cossonay, puis dans celles des ducs de Savoie, leurs successeurs, fut remise, à titre d’échange et sous la mouvance du château de Cossonay, par Jacques de Savoie, comte de Romont, seigneur du Pays de Vaud, à François de Glérens, seigneur de Bercher. Toutefois cette inféodation ne comprit pas la mouvance, appartenant au château de Cossonay, de divers fiefs nobles, situés dans la seigneurie de L’Isle. Ainsi, avant de nous occuper de cette seigneurie même, nous passerons successivement ces fiefs en revue.

Fief de Bretigny (Bretignier, Britigny). Déjà, sous l’année 1291, Aymonet Frélions, donzel, avait prêté hommage lige /560/ à Jean, sire de Cossonay, pour la tierce part de la dîme de Villars-Boson et pour d’autres fiefs 1 .

Sous l’année 1377, Aymonet, fils de feu Jacques qui était fils du chevalier Girard, dit Freylion de Cuarnens, se reconnut, sur les mains de Deloës, homme lige avant tous seigneurs de Louis, seigneur de Cossonay et de Surpierre, confessant tenir de lui, sous son prédit hommage lige, à savoir:

La sexte partie de la dîme de L’Isle et de Chablie, qui se percevait avec l’église de Chablie et d’autres compartionniers et était estimée valoir (cette sixième part) 6 muids de blé par année.

La sexte partie de la dîme de Villars-Boson, qui se partageait avec les religieux de Romainmotier et l’église de Chablie.

Au territoire de L’Isle et de Chablie: la moitié de l’abergement, comprenant 17 articles, des défunts Frillet, tenue par Marguerite, femme d’Humbert Guyon, sous la cense de 7 sols lausannois. Ces jugaux tenaient en outre du confessant, par acensement, quatre autres assignaux, sous 3 sols annuels.

Douze poses de terrain, en deux pièces, tenues en domaine.

Neuf articles, tenus en domaine, procédés de l’abergement de Vuillelme de la Chauz et du nommé Dro.

Quatre autres articles, procédés de celui de Nicod de Villars-Boson et de Johannette Grassa. /561/

Une oche et une faucherée de pré, procédées de l’abergement de la Chauz.

Le confessant reconnut en général tout ce qu’il pouvait et devait posséder dans le territoire de L’Isle, déclarant que tout ce qui pourrait se retrouver en sus des choses indiquées appartenait au fief de son seigneur de Cossonay, lequel avait sur tous ses prédits biens féodaux le mère et mixte empire et l’omnimode juridiction. Il prit l’engagement de maintenir son fief à son prédit seigneur.

Ce fief fut reconnu, sur les mains des commissaires d’Etoy et Grillion, par Nicod de Conex (Conay), donzel, demeurant à Cuarnens 1 . Celui-ci, sous l’année 1452 (22 avril), vendit, sous grâce de rachat perpétuel et pour le prix de 90 livres, bonne monnaie, au révérend Guillaume de Bettens, abbé du couvent du Lac de Joux, la sexte part, tant de la dîme de L’Isle et de Chabie que de celle de Villars-Boson. Marguerite, sœur du prédit Nicod, qui paraît avoir été l’héritière de sa famille, épousa noble Pierre de Bretignier alias de Baulmes 2 . Leur fils Pierre reconnut le fief de Conex (jadis fief Freylion), sur les mains de Michel Quisard, le 13 septembre 1496.

Sa reconnaissance comprit:

Le rachat perpétuel de la sexte part des dîmes de L’Isle et de Chabie et de Villars-Boson, tenue (cette sexte part) par /562/ le révérend père et seigneur Jean de Tornafol, abbé du Lac de Joux. La sexte part de la dîme de Villars-Boson rapportait jadis un muid de blé (mesure de Cossonay). Le prieuré de Romainmotier percevait la moitié de cette dîme et le curé de Chabie percevait les deux tiers de l’autre moitié.

Le champ de Corbaz-Leschiery, contenant environ dix poses, sis rière Cuarnens.

Plusieurs articles de terrain situés rière L’Isle et tenus en domaine.

Diverses censes en deniers, dues rière L’Isle, entre autres 13 sols annuels que devait le notaire Jean Sustargin, cause-ayant des Guyon, pour 16 assignaux 1 .

La directe seigneurie (sans indication de censes) sur plusieurs pièces de terrain situées rière L’Isle.

Demi-coupe de froment, 2 sols et 8 deniers, monnaie, de cense, due rière Villars-Boson pour 4 assignaux.

Et généralement tout ce que le confessant tenait rière L’Isle, Chabie, Villars-Boson et Cuarnens, des biens procédés du susnommé Nicod de Conex et ce qui, outre les choses reconnues et spécifiées, pourrait se retrouver appartenir au fief du seigneur de Cossonay. Il confessa que le duc de Savoie, à cause de son château de Cossonay, avait le mère et mixte empire et l’omnimode juridiction sur tous les biens de son fief.

Les nobles Jean et Guillaume, fils et héritiers de noble Pierre de Britignier alias de Baulmes, de L’Isle, reconnurent ce même fief sur les mains de Mandrot, le 2 juin 1546, en faveur de LL. EE. de Berne, à cause de leur château de Cossonay, sous hommage lige avant tous seigneurs. Si leur /563/ reconnaissance ne mentionne pas leur droit de rachat perpétuel des parts des dîmes de L’Isle et de Villars-Boson reconnu par leur père, c’est parce que, l’année précédente, par traité daté du 13 mai, LL. EE. leur avaient cédé la dîme dite d’Iplens qu’Elles percevaient au territoire de L’Isle à cause de leur maison du Lac de Joux, et que, par le même traité, les nobles de Britignier avaient abandonné à LL. EE. leur droit de rachat de la dîme de L’Isle (et de celle de Villars-Boson) 1 .

Les nobles Claude et Jean de Bretignier, fils du susnommé Jean, reconnurent, le 2 mars 1586, sur les mains du commissaire Claude Gaudin, le fief que leur famille possédait à L’Isle et dans les lieux voisins, reconnu précédemment par leur père et leur oncle sur les mains de Mandrot, et de plus, sous le même hommage, la dîme appelée d’Iplens. Dans le décret des biens de noble Jean de Bretigny, noble et puissant Albert de Dortans, seigneur de L’Isle, acquit, le 5 août 1594, la moitié de la dîme d’Iplens. Noble et puissant Esaïe de Chandieu, en qualité de mari de Marie de Dortans, dame de L’Isle, la reconnut, le 20 décembre 1627, sur les mains de Bulet, en faveur de LL. EE., à cause de la baronnie de /564/ Cossonay. L’autre moitié de la dîme d’Iplens fut acquise, le 2 juillet 1673, par les nobles seigneurs de L’Isle (fils des susnommés Esaïe de Chandieu et Marie de Dortans), dans la discussion des biens de noble Jacob de Bretigny, de Morges, pour le prix de 1300 florins 1 . Le fief de Bretigny à L’Isle fut vraisemblablement acquis par les seigneurs de ce lieu, dans la même circonstance. Il leur appartenait sous l’année 1675, lorsqu’ils remirent à LL. EE. le dénombrement de leur terre. Toutefois ce document ne nous apprend pas à quelle quantité s’élevaient les censes directes de ce fief, les seigneurs de L’Isle n’ayant pu encore alors en retirer les titres du sieur de Bretigny. Les nobles de ce nom s’éteignirent dans la pauvreté et l’obscurité 2 . Etaient-ils réellement issus de l’ancienne famille féodale de Baulmes, ainsi que leur nom semblerait l’indiquer 3 ? Dans tous les cas les deux familles portaient des armoiries différentes.

Fief Mestral. Au mois de juin de l’année 1377, Clémence de St. Oyen (fille de feu Girard, dit Chyevra, qui était fils de Nicolet de St. Oyen, donzel), femme de Girod de Conay, donzel, reconnut et spécifia, de l’autorité de son mari, sur les mains de Deloës, le fief lige avant tous seigneurs qu’elle tenait de Louis, sire de Cossonay. Dans le nombre des biens /565/ de ce fief se trouvaient, à Villars-Boson, une cense de 6 sols lausannois, d’une coupe de froment et d’une géline, due par la veuve de Perret Paradis et ses enfants, pour une maison avec une oche, deux poses et demie de terre et une faucherée de pré; et encore une autre cense de 60 des mêmes sols, due par deux censiers pour 15 assignaux. Agnès de Châtillon, petite-fille de la susnommée Clémence et femme de noble Claude Mestral de Cottens, reconnut ce fief sur les mains des commissaires d’Etoy et Grillion. Et son fils, noble Jacques Mestral, le reconnut à son tour, le 12 septembre 1496, sur celles de Quisard. Celui-ci (Jacques Mestral) tenait alors, à Villars-Boson, 12 coupes de froment (mesure de Cossonay), 2 bons chapons et 50 sols, bonne monnaie, de cense directe, que lui devait, au terme de la St. Michel, Guillaume Chaillet pour 36 assignaux. Noble Pierre Mestral de Cottens, fils de Jacques, reconnut ce même fief, sur les mains de Mandrot, le 16 septembre 1542. Dans la discussion de ses biens, il fut acquis, le 13 février 1558, par noble et puissant Pierre de Dortans, seigneur de L’Isle 1 , et annexé dés lors à la terre de ce nom. Toutefois Esaïe de Chandieu, en qualité de mari de Marie de Dortans, dame de L’Isle, reconnut ce fief, à cause de la baronnie de Cossonay, le 20 décembre 1627, par un quernet spécial prêté sur les mains de Nic. Bulet.

Fief du donzel Louis de Bierre. La rénovation du commissaire Deloës renferme la reconnaissance inachevée, passée par le donzel Louis, fils de feu Girard de Bierre, pour le fief lige avant tous seigneurs qu’il tenait de Louis, seigneur de /566/ Cossonay. La spécification des biens de ce fief nous offre, à Chabie, la côte, soit le bois que feu le seigneur Jean de Cossonay avait remis à titre d’échange, à Girard de Moërie (Moiry), limitant la côte (ou le bois) de feu Jean de Moërie, Le donzel Louis de Bierre tenait, paraît-il, le fief procédé de Girard de Cuarnens, reconnu, tant par celui-ci que par Girard de Moërie, son père, en faveur des seigneurs de Cossonay 1 . Dans le nombre des biens reconnus par le père et par le fils et dont le commissaire Deloës a ajouté la spécification à la reconnaissance du donzel Louis de Bierre, se trouve entre autres une cense de trois coupes et demie de froment, que le susnommé feu Girard de Cuarnens avait jadis perçue sur la part de la dîme de Chablie qui était procédée de son oncle Guy (de Moërie). Ce Girard de Cuarnens avait été revêtu de la dignité de chevalier 2 . Son père Girard de Moërie était le frère de Guy de Moërie que, sous l’année 1296, le sire Jean de Cossonay avait exempté de l’hommage, du service et de l’usage qu’il lui devait pour les fiefs (non spécifiés) /567/ qu’il tenait de lui 1 . Guy et Girard de Moërie étaient les fils du donzel Jacques de Chabie, vivant en 1278 2 . Ainsi trois noms de famille divers en trois générations! Les rénovations postérieures à celle de Deloës ne nous apprennent pas ce que devint le fief du donzel Louis de Bierre, mais on sait que les biens de cette ancienne famille passèrent par mariage aux seigneurs de Vaumarcus, de la maison de Neuchâtel.

Fief de la montagne du pré de L’Haut. Le duc Louis de Savoie voulant sans doute récompenser les services de Mermet Christine, jadis son procureur de Vaud, lui inféoda, le 27 juillet 1444, (acte daté du château de Morges), le pré appelé de L’Haut, situé dans les monts sur L’Isle et Montricher, ainsi qu’il s’étendait en long et en large. Ce pré appartenait aux propres anciennes indominures du château de Cossonay soit de la tour de L’Isle. Mermet Christine le reçut du duc de Savoie en fief direct, noble, lige, antique, paternel et avique 3 , sous la condition que, dans le terme d’une année, il réemptionnerait, pour le prix de 40 livres, bonne monnaie, d’Antoine Possioux, bourgeois de Cossonay, 39 sols, monnaie, 3 coupes de froment et 7 combles d’avoine, de cense, qu’il (Possioux) percevait en vertu de vente jadis faite, sous grâce de rachat, le 16 mai 1404, par Jeanne, dame de Cossonay, à Rolet dou Rux, bourgeois des Clées, et que cette cense serait incorporée dans les extentes de la châtellenie de Cossonay. Le pré de L’Haut rapportait au duc de Savoie de 36 à 40 sols de ferme annuelle. La réemption /568/ imposée à Mermet Christine avait précédé l’inféodation de cette montagne, ainsi qu’en témoignent des lettres dominicales, datées de Genève, le 27 janvier 1444 1 .

Le 12 mars de l’année 1500, sur les mains de Michel Quisard, noble Pierre de St. Saphorin, en qualité de mari de noble Françoise Christine (fille du susnommé Mermet) et noble Claude-François, fils de feu Jean de Gento (de Genthod) et de défunte Jaquemette Christine (sœur de Françoise), reconnurent qu’ils tenaient le pré de L’Haut, du duc de Savoie, en fief direct, noble, lige, antique, paternel et avique, en augmentation de fief et sous l’hommage lige et noble dû et reconnu ailleurs par le confessant Claude-François de Gento 2 . A la mort du chevalier François de St. Saphorin, fils de Pierre, le pré de L’Haut parvint, pour la moitié, aux nobles François et Claudaz Chalon, et pour l’autre moitié à noble François Ponthey, petits-neveux, les uns et les autres, de ce défunt chevalier. (Voyez plus bas.) Lors de la rénovation de Pastor, cette montagne appartenait, indivisément, pour un tiers à noble Jean-François de Gruyère, seigneur de Sévery, pour un second tiers à noble André de Pesmes et à damoiselle Elisabeth d’Alinges, sa femme, coseigneurs de St. Saphorin, et pour le tiers restant aux nobles Crinsoz, seigneurs de Cottens, fils et petits-fils de feu noble Nicolas Crinsoz, qui l’avait acquis, le 27 décembre 1586 3 , du seigneur de Montricher, pour le prix de 102 écus d’or au soleil. Les seigneurs de Cottens reconnurent cette part du pré de L’Haut, le 9 juillet 1600, sous l’hommage /569/ noble, dû et reconnu par le seigneur de Sévery et sans préjudice de la réintégration de cet hommage lorsqu’il plairait à LL. EE. de l’ordonner. Elle était procédée, ainsi que les deux autres parts, des biens reconnus dans le temps, sur les mains de Mandrot, par les nobles François et Claudaz Chalon, pour la moitié, et par noble François Ponthey pour l’autre moitié, et précédemment, sur les mains de Quisard, par noble Pierre de St. Saphorin au nom de son épouse.

Les possesseurs du pré de L’Haut, à savoir: noble Pierre de Gruyère, seigneur de Sévery, noble Bernard de Pesmes, seigneur de St. Saphorin, et les nobles Crinsoz, seigneurs de Cottens, ensemble, chaque partie pour un tiers, prêtèrent quernet, en 1628, pour ce fief, sur les mains de Nicolas Bulet, à cause de la baronnie de Cossonay 1 . Noble Isaac de Gruyère, seigneur de Sévery, fils de Pierre, vendit, le 19 mai 1648, son tiers du pré de L’Haut, à noble Jean Polier, seigneur de Chasteau-Gumoëns, pour le prix de 3000 florins 2 . A cette époque noble et généreux Bernard de Pesmes, seigneur de St. Saphorin, tenait encore un tiers de cette montagne, et le tiers restant était possédé par le baron de Coudrée, seigneur de Vuillerens, et par noble Nicolas Crinsoz, ensemble.

Le dénombrement de la terre et seigneurie de Vuillerens, sous l’année 1675, nous apprend que le seigneur de ce lieu tenait une montagne, au pré de L’Haut, de l’herbage de 35 /570/ vaches. Et selon le dénombrement de la terre et seigneurie de Sévery, la part de cette montagne qui avait précédemment appartenu au domaine de cette terre, se trouvait alors dans les mains du seigneur de Grevilly, c’est-à-dire de noble et généreux Daniel de Chandieu, gendre de noble Jean Polier, qui l’avait acquise du seigneur de Sévery, en 1648. De nos jours deux belles montagnes contiguës sont connues sous le nom de pré de L’Haut; l’une d’elles appartient au domaine du château de Vuillerens et l’autre au domaine de celui de L’Isle 1 .


 

Nous abordons maintenant l’histoire de la terre et seigneurie de L’Isle.

Lorsque, sous l’année 1096, Uldric, sire de Cossonay, donna l’église de ce lieu, avec tous ses biens, au couvent de Romainmotier, il ajouta à ce don considérable l’usage de ses forêts et celui de l’eau de la Venoge pour autant que cette rivière se trouverait dans ses possessions et dans celles du sire Conon de Bansins, son parent, concession approuvée par celui-ci. L’année précédente Leutfroy de Châtel-Fruence avait donné au même monastère tout ce qu’il possédait de terres et de serfs à Villars-sous-Quarnens, et cela en présence de Conon, dit Blanc de Bassins, son frère 2 . La rivière de la Venoge prend sa source à L’Isle et traverse la terre de ce nom. Or, nous pensons que les possessions du sire Conon /571/ de Bansins ont formé la seigneurie de L’Isle, qui comprenait Villars-sous-Cuarnens (soit Villars-Boson 1 ), où son frère Leutfroy avait des biens qu’il donna au couvent de Romainmotier, et que ces possessions passèrent aux dynastes de Cossonay en vertu, peut-être, de leur consanguinité avec le sire Conon. Quoiqu’il en soit, ces dynastes sont les premiers seigneurs connus de L’Isle.

Il y avait dans cette seigneurie une ancienne famille de milites portant le nom de Chabie (soit Chablie), qui est encore celui d’une portion du grand village de L’Isle, de celle où se trouve située l’église du lieu 2 . Cette famille pourrait avoir pour souche Witbert, qui donna, vers l’année 1040, des biens situés à Chablie, au couvent de Romainmotier et que l’étiquette ancienne de la charte de cette donation nomme Witbertus de Cabliaco 3 . Willelme de Chablie (nommé parfois de Chabie), fut, à diverses reprises, l’un des témoins de Jean (I), sire de Cossonay et de Prangins, dans les transactions de ce dynaste, ce qui laisse présumer qu’il lui était attaché par quelque lien de vassalité 4 . Il était miles de Chablie et frère d’Anselme, qui apparaît aussi comme témoin du même seigneur 5 . Nous avons vu ci-dessus deux des fils du donzel /572/ Jacques de Chablie porter le nom de Moërie (Moiry) 1 . Ce donzel Jacques est vraisemblablement celui qui prêta hommage, en 1278, au couvent de Romainmotier, pour des biens situés à Vufflens-la-Ville, tout en réservant la fidélité qu’il devait au sire de Cossonay. Il était le fils, nous l’avons vu, du donzel Henri de Chablie et de Jordane, qui avait aussi été l’épouse du chevalier Vuillerme de Vufflens-la-Ville. Nous avons trouvé les descendants du donzel Jacques de Chablie tenant un fief considérable à Vufflens-la-Ville. Quant aux biens que les nobles de Chablie possédaient à Chablie et à L’Isle, ils passèrent, pour la majeure partie, à l’abbaye du Lac de Joux, par suite de donation de leur part, et comme on ne voit pas les sires de Cossonay intervenir dans ces donations, on doit en inférer que ces biens n’étaient pas mouvants de leur fief. Bien plus, un document de l’année 1357 nous apprend que les biens légués à cette abbaye par le donzel Mermet de Chabie, étaient mouvants du fief du comte de Savoie 2 . Il paraît donc que si, dans le principe, les milites de Chablie avaient tenu leurs biens, à Chablie, en alleu, ce qui nous paraît probable, ils les avaient soumis, avec le temps, à la mouvance de la maison de Savoie. /573/

La convention soit le traité d’alliance que les nobles hommes Jean, sire de Cossonay, et Jean, sire de La Sarraz, firent, au mois de décembre de l’année 1292, en présence de Guillaume de Champvent, évêque de Lausanne, nous fait connaître les limites de la seigneurie de L’Isle, en ce sens, du moins, que le sire de La Sarraz y prit l’engagement de ne réclamer aucun droit sur certaine joux, depuis le Mont-Tendre vers la Chardena, ni d’exercer aucune seigneurie dans ces limites, et que le sire de Cossonay, de son côté, s’engagea à ne réclamer aucun droit dans le territoire de Cuarnens, ni dès le village de la Coudre vers l’abbaye du Lac de Joux, ni depuis le Mont-Tendre vers cette abbaye (à l’exception cependant de la Chaux de Coliat), ni, enfin, dans l’avouerie de la même abbaye 1 .

Ce fut dans la maison de L’Isle de Chablie que Jean (II), sire de Cossonay et de Bercher, soumit en 1299 cette dernière seigneurie, tenue par lui jusqu’alors en franc-alleu, au fief de l’évêque de Lausanne et prêta hommage à ce prélat 2 . Cette maison ne saurait être l’antique tour de L’Isle, qui ne paraît pas avoir été habitée, mais bien plutôt le château fort (castrum) de L’Isle et de Villars-Boson, situé dans cette dernière localité. Nous avons fait observer, lorsque nous avons rapporté l’inféodation faite par le duc Louis de Savoie à Mermet Christine, du pré de L’Haut, que cette montagne appartenait aux propres antiques indominures du château de Cossonay soit de la tour de L’Isle. C’est donc à cette tour que la seigneurie était attachée et c’était aussi à raison de la même tour que les ressortissants de L’Isle payaient la guette. /574/ L’existence de la tour de L’Isle remonte très haut. Si elle ne date pas de la période romaine, ce que l’extrême solidité de ses débris pourrait peut-être faire supposer, il est du moins probable qu’elle fut construite sous les rois Rodolphiens, à l’époque des incursions des Hongrois, alors que plusieurs tours du même genre furent élevées dans notre pays. Plus tard, lors de la dislocation des fiscs royaux, on attacha volontiers à ces tours la seigneurie des localités voisines. Celle de L’Isle était ronde et située à l’extrémité sud-ouest du bourg, près de la source principale de la Venoge appelée anciennement (cette source) Belle-bouche 1 . On apprend, par la rénovation de Quisard, qu’en l’année 1498, déjà, cette tour se trouvait depuis longtemps découverte, c’est-à-dire ruinée. De nos jours on en voit encore les restes, qui diminuent à la vérité chaque année.

Sous l’année 1302, le sire Jean de Cossonay reçut un bourgeois et juré de sa ville de L’Isle 2 . Cette expression de bourgeois nous indique que L’Isle était devenu un bourg doté de quelques franchises. Le sire Louis (I) de Cossonay, fils et successeur du sire Jean, concéda, en 1324 (jeudi après la St. Martin d’hiver), à la communauté de L’Isle, l’ohmgeld (le longuelt) qu’il percevait à raison de son château de ce lieu (c’est-à-dire à cause de la tour de L’Isle ) 3 . Le produit de ce droit était sans doute destiné à l’entretien, par la communauté, des murs qui entouraient le bourg. On trouve d’assez fréquents exemples de concessions de ce genre, faites dans ce but. Le bourg de L’Isle avait des portes dont /575/ l’ouverture et la clôture, ainsi que les soins qui en étaient la suite, regardaient celui qui était investi de l’office héréditaire de la porterie 1 .

La seigneurie de L’Isle devint le partage soit l’apanage de Girard de Cossonay, chevalier, l’un des fils de Louis I, seigneur de Cossonay et d’Isabelle de Grandson. Ce seigneur de L’Isle acensa, le 15 février 1355, un chésal à L’Isle, sous son propre sceau et celui de la châtellenie de Cossonay, et cet abergement fut laudé, en décembre 1362, en faveur du fils de l’abergataire et moyennant 4 florins d’or, de bon poids, par Jean (III), seigneur de Cossonay, chevalier, frère du susnommé Girard 2 , et qui avait succédé aux biens de ce dernier 3 .

Ce même sire Jean de Cossonay ayant reçu du comte de Montbéliard, son beau-père, la somme de 2600 petits florins de Florence, de bon or, à compte de la dot de Louise de Montbéliard, son épouse, lui et son oncle Aymon, coseigneur de Cossonay, assignèrent cette somme, soit celle de 260 des prédits florins, d’annuelle rente 4 , entre autres sur la terre et seigneurie de L’Isle, à savoir: sur leur « chastel de Lile près de Cossonay et Villars-bosons (c’est-à-dire sur le château de L’Isle et de Villars-Boson, près de Cossonay) ensamble la seigneurie tote, ensamble les rantes, yssues, appendances, pertinences, revenus et émolumens. » Et /576/ d’abord sur le moulin de L’Isle et sur toutes les autres censes et rentes en blé, s’élevant à 53 muids et 3 et 12 coupes de froment, à la mesure de Cossonay. Cette quantité de grain valait 40 livres et 10 sols d’annuelle rente, estimée sur le pied de 35 sols le muid, mesure de Lausanne, « à assise de terre, » toutefois il y avait à diminuer, de cette somme, 35 sols pour les meules de moulin. Item, sur 9 livres, 3 sols et 7 deniers lausannois, de cense, que devaient les hommes de la châtellenie de L’Isle pour leurs ténements et leurs maisons sises au prédit L’Isle. Item sur 20 livres lausannoises, de perpétuelle rente, due sur le four de L’Isle. Item sur 4 des mêmes livres, de perpétuelle rente, due sur la raisse (la scie) de L’Isle. Item, sur 20 sols lausannois, d’annuelle rente, sur « les bans du vin » de L’Isle. Item, sur 10 sols et 10 deniers lausannois, de cense, que devaient les hommes de Chablie pour leurs ténements 1 . Les autres articles de cette assignation, dont malheureusement la charte, dépourvue de date, est incomplète, portent sur des revenus que les seigneurs de Cossonay avaient à Bérolles et à Mollens. Elle doit être, nous semble-t-il, d’une date postérieure à celle du décès de Girard de Cossonay, sire de L’Isle 2 .

Après la mort de Jean, seigneur de Cossonay, sa veuve, en vertu de l’assignation que nous venons de rapporter, devint dame de L’Isle et le resta jusqu’à sa mort. Et comme sa dot avait été de 5000 florins, son fils, le sire Louis (II) de /577/ Cossonay, ajouta, à l’assignation précédente, le village de Gollion, dans la seigneurie de Cossonay, avec le mixte empire. Ce village fut seulement réintégré, en 1409, dans la châtellenie de Cossonay. A l’époque où Louise de Montbéliard fit son testament, c’est-à-dire en 1383 (17 juillet), Girold de Conay était son châtelain de Lisle. Cet office avait été précédemment rempli, sous l’année 1371, par le donzel Jean de Senarclens 1 . Les héritières de Louise de Montbéliard furent ses petites-filles, Louise, Jeanne et Claudine, filles de feu, de bonne mémoire, Louis, seigneur de Cossonay, son fils, et Nicolette, fille du feu noble homme Guillaume, seigneur de Montagny-les-Monts, et de défunte Isabelle de Cossonay, fille de la testatrice 2 . Ces nobles jeunes dames eurent pour tuteur leur grand-oncle, le sire Louis (III) de Cossonay et de Bercher, chevalier, qui avait succédé à son neveu Louis comme seigneur de Cossonay. Agissant tant en son propre nom qu’en qualité de tuteur de ses petites-nièces, il acensa perpétuellement, sous l’année 1386 (15 mai), sous hommage lige (rural) et réserve de toute seigneurie, du mère et mixte empire et de l’omnimode juridiction, à Jean, dit Braillon, d’Arsier, une grange, sise à Villars-Boson, devant le château, une prairie, une pose d’oche et 8 poses de terre en trois pièces, sous la cense, payable à la St. Michel, de 10 coupes de froment, (mesure de Cossonay), 50 sols lausannois, bons, et 4 chapons. Le censier et les siens auraient l’obligation de résider personnellement dans la grange acensée, sous peine, en cas de contravention, de devenir hommes /578/ taillables à miséricorde des nobles abergateurs 1 . Cet abergement, fait en commun par le seigneur de Cossonay et ses petites-nièces, indiquerait que la possession de la seigneurie de L’Isle était indivise entre eux.

Cette seigneurie suivit le sort de celle de Cossonay et passa, à l’extinction de la famille des dynastes de ce nom, au comte Amédée VIII de Savoie. Lorsque ce prince confirma (1414, 11 septembre), tout en y apportant cependant quelques légers changements, les franchises que Jeanne, dame de Cossonay, femme du chevalier Jean de Rougemont, avait concédées, sous l’année 1398, à la ville et à toute la châtellenie de Cossonay, il les étendit aussi à ses sujets de L’Isle. Sous la maison de Savoie, Cossonay et L’Isle formèrent une seule châtellenie, sous la dénomination de châtellenie de Cossonay et de L’Isle. Nous croyons que cet état de choses était nouveau et que, sous les seigneurs de Cossonay, L’Isle avait formé une châtellenie particulière alors même que Girard de Cossonay et ensuite Louise de Monbéliard n’en avaient pas été les seigneurs. L’Isle, bourg fermé de murailles, ne ressortissait pas à Cossonay quant à la fortification de cette ville, mais depuis que Jacques de Savoie, comte de Romont, eut inféodé la seigneurie de L’Isle à François de Glérens, elle a toujours été reconnue par ses possesseurs sous la mouvance du château de Cossonay.

Les habitants de L’Isle ne se contentèrent pas de l’extension que le comte Amédée avait faite en leur faveur des franchises de Cossonay: ils voulurent en avoir de spéciales, que le même prince leur concéda le 2 juin 1431, et pour lesquelles il lui payèrent la somme de 40 florins. A quelques /579/ modifications près, ce code est semblable à celui de Cossonay 1 . Bientôt après, (1437, 16 mars,) Louis de Savoie, prince de Piémont et lieutenant-général du duc Amédée, son père, inféoda, au donzel Rodolphe d’Illens, l’office de la mestralie dans les villes de Cossonay et de L’Isle et dans leur châtellenie, ainsi que nous l’avons rapporté ailleurs 2 .

Sous l’année 1427, le duc Amédée de Savoie avait inféodé à Anselme de La Sarraz et à sa femme Louise de Blonay le château (castrum) de Villars-Boson et ses murailles, avec une certaine quantité de terrain contigu 3 . Noble Claude Bourgeois était alors châtelain de Cossonay et du prédit château de L’Isle 4 , c’est-à-dire de celui que le duc inféodait. Parfois désigné sous cette dernière dénomination, ce château, que nous avons déjà mentionné plusieurs fois 5 , était le manoir seigneurial de la terre de L’Isle, quoique la seigneurie fût proprement attachée à l’antique tour de cet endroit. Et ce qui nous confirme dans cette opinion, c’est que nous verrons bientôt Jacques de Savoie remettre, entre autres, à François de Glérens, le château fort (castrum), la ville (c’est-à-dire le village) et le mandement de Villars-Boson. Or l’expression de mandement indique une supériorité soit un ressort. Le château inféodé à Anselme de La Sarraz et son épouse avait alors fait retour au domaine ducal.

La seigneurie de Surpierre avait fait partie des vastes possessions des dynastes de Cossonay dans le Pays de Vaud. /580/ Jeanne, dame de Cossonay, leur héritière, l’avait vendue, en 1399, à Iblet, seigneur de Challant 1 . Le comte Amédée de Savoie, qui prétendait à la possession de cette seigneurie parce qu’elle avait appartenu aux seigneurs de Cossonay, avait passé en 1414 (7 juin), une transaction à son sujet avec le fils de l’acquéreur, François, alors seigneur et depuis comte de Challant, transaction par laquelle elle était demeurée à celui-ci, sous certaines conditions. Le comte de Challant avait vendu avec le temps la seigneurie de Surpierre à Humbert de Glérens, chevalier, seigneur de Virieu-le-Grand et conseiller du duc de Savoie, auquel ce prince l’avait inféodée, le 10 novembre 1434, en vertu des droits que la transaction du 7 juin 1414 lui assurait sur cette seigneurie en cas d’extinction de la descendance masculine et légitime du comte François de Challant 2 . Après la mort d’Humbert de Glérens, qui avait été aussi seigneur de l’endroit de ce nom et de Bercher 3 , la seigneurie de Surpierre avait passé à son fils François, qui fut aussi seigneur de Bercher. Celui-ci, par un échange accompli au château des Clées, le 2 juillet de l’année 1472 (indict. Ve prise à la même année) et qui avait été traité par le comte de Gruyère, maréchal de Savoie, le seigneur de Valangin et le chevalier Guillaume de la Baume, remit à Jacques de Savoie, comte de Romont et seigneur du Pays de Vaud, la seigneurie de Surpierre et ses appartenances contre celle de L’Isle et d’autres biens, que Jacques de Savoie lui céda à titre d’inféodation 4 . Celle-ci comprit:

Le château fort, la ville (villam) et le mandement de /581/ Villars-Boson, avec 3 muids, 2 coupes et 3 et 12 quarterons de froment-messel, 2 muids, 2 coupes et 1 quarteron d’avoine, le tout à la mesure de Cossonay, 3 chapons, 4 livres, 13 sols et 6 deniers lausannois en argent, de cense perpétuelle, ainsi que la dîme (dite des Novalles), le pré contigu au château et les appartenances de celui-ci.

La ville (villam) de L’Isle, avec 21 muids, 7 coupes, et 1 et 12 quarteron de froment-messel, mesure prédite, 26 et 16 chapons, 14 livres, 3 sols, 1 denier et poyse lausannois en argent, de cense perpétuelle, la dîme des Novalles de L’Isle, les moulins, la raisse (scie), le péage, les vendes, l’ohmgeld 1 et les focages ainsi qu’ils se percevaient d’habitude.

Le village de La Coudre (villagium de laz Coudraz), avec 9 coupes de froment-messel, mesure prédite, 1 chapon, 54 sols, 2 deniers et 1 obole lausannois, de cense perpétuelle, et la dîme qui se levait dans ce village.

La ville (villam) de Gollion, avec etc. Nous avons déjà indiqué, dans notre article Gollion, quels furent les revenus remis, avec ce lieu, à François de Glérens.

La ville (villam) de Rueyres, au mandement de Moudon, avec les censes qui y étaient dues et dont nous n’indiquerons pas ici la quantité puisque ce lieu n’appartenait pas à la baronnie de Cossonay 2 . Ces prédits château, villes et village /582/ furent remis à François de Glérens avec leurs appartenances universelles et particulières, les hommes et les hommages ruraux, les corvées, usages, eaux, étangs (aquariciis) et cours d’eaux, la chasse (et la pêche?), les édifices et artifices et l’omnimode juridiction, excepté, quant à celle-ci, le dernier supplice, que l’illustre comte de Romont réserva à son château de Cossonay pour Villars-Boson, L’Isle, La Coudre et Gollion, et à son château de Moudon pour Rueyres.

François de Glérens reçut de plus, du comte de Romont, les censes que le château de Cossonay percevait à Sullens et à Bournens, avec leurs assignaux et la simple directe seigneurie, sous faculté néanmoins de faire gager les censiers pour le payement de ces censes 1 . — Jacques de Savoie se réserva les hommages nobles dans les lieux qu’il cédait, tout comme François de Glérens, de son côté, se réserva les fidélités nobles du château de Surpierre (ainsi que la dîme de Cherrie et certains rachats de choses qui avaient été aliénées). Les contractants feraient ratifier et approuver l’échange qu’ils avaient fait, à savoir: le comte de Romont par le très révéré seigneur duc de Savoie, et François de Glérens par son épouse, noble Marie (de Neuchâtel-Vaumarcus). L’instrument de cette transaction fut stipulé par Pierre de Quarro, notaire public et secrétaire du comte de Romont, en présence de nombreux témoins (dans le nombre le susnommé comte de Gruyère, Antoine d’Avenches, gouverneur de Vaud, Jean d’Estavayé, Martin de Gilarens, Girard de Chabie, Guillaume de Bonvillars, etc.) 2 .

François de Glérens, seigneur de L’Isle et de Bercher, /583/ testa au mois de juin de l’année 1474 et mourut bientôt après, laissant un fils mineur, nommé, comme lui, François, qui vivait encore lorsque Marie de Neuchâtel-Vaumarcus, sa mère, testa le 1er juillet 1476 1 . Mais bientôt après, par suite de son décès prématuré, les seigneuries de L’Isle et de Bercher passèrent à son oncle paternel Louis, seigneur de Glérens 2 . Celui-ci assigna, le 1er octobre 1477, à sa parente, spectable dame Madelaine de Glérens, veuve du vaillant chevalier Nicod, sire de La Sarraz, la somme de 2400 florins, bonne monnaie coursable au Pays de Vaud, de capital, soit 120 des mêmes florins, de cense annuelle, sur la seigneurie de L’Isle et village de Gollion. En vertu de cette assignation, faite sous faculté de rachat, cette dame perçut les revenus qui lui avaient été spécialement affectés, tant à L’Isle qu’à Gollion 3 . Nous verrons les seigneurs de L’Isle faire avec le temps la réemption de cette assignation.

Louis de Glérens, seigneur de L’Isle et de Bercher, laissa seulement deux filles, qui furent ses héritières 4 . Celles-ci prêtèrent quernet, le 28 octobre 1498, sur les mains de Michel Quisard, pour la terre et seigneurie de L’Isle, en faveur du duc /584/ de Savoie, à cause de son château et mandement de Cossonay. Noble et puissant Claude de Dortent (Dortans), seigneur de Villars, époux d’Antoinaz de Glérens, s’acquitta de ce devoir, tant en son propre nom qu’en qualité de procureur de son épouse et de Louise de Glérens, sœur de celle-ci 1 .

Les indominures des confessants étaient alors les suivantes:

Certaine tour ronde, dès longtemps découverte, sise « sur » et dans les murs de fortification de la ville de L’Isle (supra et in meniis fortificationis ville de Insule), » jouxte l’eau, dite Ballabochy, du côté de Joux, etc., pour laquelle tour et à raison de la gueyte d’icelle, les confessants percevaient de chaque focage de L’Isle un quarteron de froment, mesure de Cossonay. Cette gueyte rapportait alors 15 coupes de froment 2 . — Remarquons la priorité de cet article du quernet sur les autres. Nous la retrouverons dans tous les quernets subséquents.

Le four de L’Isle, qui s’amodiait communément 60 sols par année. Le curé de Chabie percevait 45 sols sur cette ferme.

Le péage de L’Isle rapportant environ 4 livres et qui s’amodiait jadis environ 36 livres par an. (Cette diminution du revenu du péage indique une fréquentation beaucoup moins grande de passage à L’Isle.)

Certains bois, sis au-dessus de L’Isle, contenant 100 poses, appelés bois du seigneur. /585/

La dîme, dite des Novalles, qui se levait à L’Isle, Villars-Boson et La Coudre et s’amodiait tantôt plus, tantôt moins. Elle rapportait alors environ un muid de blé (moitié froment et avoine). Son rapport était jadis de 2 muids de blé, outre 2 livres de cire.

La dîme de La Coudre, qui valait pour lors 7 muids de blé et rapportait précédemment 2 livres de cire de plus.

Les murailles et les bâtiments du château de Villars-Boson, avec les fossés de ce château et un pré contigu qui contenait environ 18 poses et s’amodiait 8 livres par année.

Le four de Villars-Boson, qui valait environ 18 sols par an.

Le moulin et la raisse de L’Isle, sis proche de l’église, rapportant environ 18 florins d’or, de petit poids et 4 sols.

Madelaine de Glérens percevait alors cette rente, au titre indiqué plus haut.

Certaine autre raisse, sise eys Mosses, au territoire de L’Isle, tenue jadis par Pierre Golly sous la cense perpétuelle de 20 sols. La prédite dame Madelaine de Glérens tenait aussi cette raisse.

Le quernet rapporte, après les indominures, la spécification des hommes, hommages, censes, toises, rentes, services et tributs annuels que les nobles confessants tenaient à L’Isle, Villars-Boson et La Coudre. L’inféodation faite à François de Glérens nous a appris quelle était la quantité de ces censes dans chacun de ces trois lieux. Le tribut appelé les toises se payait à L’Isle à raison des maisons soit plutôt de la place que celles-ci occupaient. La majeure partie des censes était due sous hommage lige. Les hommes liges devaient les usages, à savoir: moudre au moulin et cuire au four de L’Isle, suivre la chevauchée, veiller et bâtir en temps de guerre. Les confessants avaient sur eux et sur leurs biens, /586/ ban, barre, clame, saisine, directe seigneurie, mère et mixte empire, et omnimode juridiction à la réserve du dernier supplice. Plusieurs des censiers des confessants sont désignés comme bourgeois de L’Isle 1 .

Diverses censes leur étaient simplement dues en fief et directe seigneurie. Dans le nombre des assignaux des censes que leur devaient les hoirs de Jaquet Troua, leurs hommes liges, se trouvait l’office de la porterie de la ville de L’Isle, avec ses appartenances et ses droits. Ceux-ci consistaient dans l’usage de percevoir de chaque laboureur (agricola) semant et recueillant du blé dans la châtellenie (de L’Isle), une gerbe de blé au temps de la moisson, et de chaque tenant feu dans la ville, un denier, le lendemain de la fête de Noël, les nobles confessants exceptés 2 . En retour de ces avantages les hoirs Troua devaient, de nuit, fermer et ouvrir les portes de la ville, selon qu’il était d’usage; en temps de guerre, fermer ces portes de jour et de nuit et en garder les clefs; les ouvrir fidèlement au seigneur et à ses gens, et en remettre les clefs au prédit seigneur chaque fois qu’ils en seraient requis. Les confessants reconnurent le droit de rachat qu’ils avaient des censes que Madelaine de Glérens percevait dans la seigneurie de L’Isle en vertu de l’assignation précédemment mentionnée et qui s’élevaient,
pour L’Isle, à:
Froment, mesure de Cossonay, 11 muids, 11 coupes, 1 quarteron et 112 d’autre quarteron. /587/
Chapons, 9 chapons, 13 et 14 d’autre chapon.
Deniers, 13 florins, 1 sol, 7 deniers et 34 de denier,
pour Villars-Boson, à:
Froment, mesure prédite, 20 coupes.
Avoine, mesure pareille, 7 coupes et demie.
Chapons, 2 chapons.
Deniers, 2 florins, 10 sols, 7 deniers et 1 obole,
pour La Coudre, à:
Deniers, 3 florins d’or, de petit poids (valant chacun 12 sols) et 7 deniers.

Dans le nombre des censiers des confessants à Villars-Boson se trouvaient les hoirs de Jean Devivaz et de sa femme Nicolette Mugnier, leurs hommes francs et libres, qui tenaient les biens que feu noble Jeanne, dame de Cossonay, femme du noble et puissant homme Jean de Rougemont, chevalier, avait jadis abergés à ces jugaux, le 28 mars 1406, sous la condition que ni eux ni leurs hoirs ne pourraient résider hors de sa seigneurie, et, sans sa permission, contracter de bourgeoisie sinon celle de L’Isle, ni entrer dans la garde d’aucune ville soit d’aucun château. Il est remarquable que le quernet prêté par Claude de Dortans ne mentionne aucun taillable dans la seigneurie de L’Isle, puisqu’à la même époque il y avait encore bien des personnes de cette condition dans la baronnie de Cossonay et même au village de Gollion, que l’échange de l’année 1472 avait annexé à la seigneurie de L’Isle 1 . Dame Madelaine de Glérens, veuve du sire de La Sarraz, reconnut aussi de son côté, sur les mains du même Quisard, la part de la seigneurie de L’Isle qu’elle tenait en vertu de l’assignation qui avait été /588/ faite en sa faveur. Gette assignation fut rachetée de Michel, baron de La Sarraz, le 7 novembre 1528, par noble Louise de Glérens et ses neveux les nobles Claude, Pierre et Henri de Dortans, fils du noble et vaillant chevalier Claude de Dortans et d’Antoinaz de Glérens, sœur de la susnommée Louise. Le baron de La Sarraz avait déjà reçu du chevalier Claude de Dortans la somme de 1200 florins à compte de ce rachat (c’est-à-dire la moitié du prix de celui-ci) 1 . C’est ici le cas de faire observer que les de Glérens et de Dortans étaient deux familles distinguées du Bugey. La première tirait son origine, par bâtardise, de la grande et puissante maison des sires de Thoire et de Villars, qui avait dominé sur une partie de cette province 2 . Le mariage de Claude de Dortans avec Antoinaz de Glérens fit passer les seigneuries de L’Isle et de Bercher à sa maison. Selon l’historien Guichenon, Claude de Dortans aurait été conseiller et chambellan du duc de Savoie et lieutenant au gouvernement du Pays de Vaud 3 , aussi ses sympathies furent-elles toutes savoisiennes lorsque, au mois de janvier de l’année 1536, les Bernois entrèrent dans ce pays pour en faire la conquête. Il s’enferma dans la ville d’Yverdon, avec le baron de La Sarraz et le capitaine de St. Saphorin, pour la défendre contre les ennemis de son maître, et parvint à s’échapper lors de sa reddition 4 . Le capitaine bernois Zumbach mandait, le 17 mars, à ses supérieurs, qu’il avait traité avec la dame de Bercher 5 et les /589/ ressortissants de la seigneurie de L’Isle et que le seigneur de ce lieu avait demandé un sauf-conduit, qui lui fut accordé, pour se rendre dans dix jours auprès des Bernois. Les vainqueurs ordonnèrent aux gens de L’Isle de venir tous ensemble, le dimanche suivant (à Cossonay?), apportant leurs armures, sans exception 1 .

On n’apprend pas quelle rançon le seigneur de L’Isle dut payer aux Bernois; toutefois il resta en possession de ses terres de Bercher et de L’Isle, pour lesquelles il leur prêta hommage. Quelques années plus tard, lors de sa mort, son fils Pierre et le frère (non nommé) de celui-ci, obtinrent des seigneurs de Berne, sous la date du 9 février 1541, des lettres de reprise pour les seigneuries de Bercher et de L’Isle, qui leur étaient échues par le décès de leur père. Ils avaient demandé à LL. EE. de les accepter pour vassaux à cause de ces seigneuries, au lieu de leur père, selon le contenu de leurs titres et quernets, offrant de leur faire fidélité et hommage, ainsi qu’ils y étaient tenus et que leur défunt père l’avait fait. LL. EE. firent droit à leur requête et reçurent leur serment solennel, « comme en tel cas appartenait 2 . »

Le 26 août 1546, sur les mains du commissaire Mandrot, noble et puissant Pierre, fils de feu noble Claude de Dortans, agissant tant en son propre nom qu’en celui de noble Henri de Dortans, son frère, prêta quernet pour la seigneurie de L’Isle (y compris Gollion et les censes directes de Sullens et de Bournens), en faveur de LL. EE. de Berne, à cause de /590/ leur château de Cossonay. La reconnaissance des confessants est basée tant sur celle que leur défunt père avait passée sur les mains de Quisard, que sur la reconnaissance de dame Madelaine de Glérens, sur les mains du même commissaire, pour la part de la seigneurie de L’Isle qu’elle tenait alors à titre d’assignation et qui avait été dès lors réemptionnée, ainsi que nous l’avons fait observer 1 . Le premier article des indominures concerne la tour ronde, située au carré de la ville de L’Isle devers vent et occident, « pour laquelle tour et à raison de la guette d’icelle » les confessants percevaient et devaient percevoir de chaque focager au mandement et dans la châtellenie de L’Isle, un quarteron de froment, à la mesure de Cossonay, par année; toutefois la communauté de L’Isle tenait cette guette, sous la rente de 15 coupes de froment, en vigueur de la vente que les seigneurs de Cossonay lui en avaient jadis faite. Le péage de L’Isle rapportait alors aux confessants trois florins, par année (nous avons vu qu’il rapportait 4 florins lors de la précédente reconnaissance). Le four de L’Isle s’amodiait 20 florins par an, tandis que le moulin et la raisse s’amodiaient environ 85 florins. La petite dîme de Villars-Boson rapportait 2 muids, moitié froment et avoine, mesure de Cossonay. Le produit de celle des Novelles de L’Isle était pareillement de deux muids des mêmes graines, tandis que la dîme au territoire de La Coudre ne rapportait plus que 4 muids. Le four de Villars-Boson valait 3 florins par année. Les confessants tenaient en domaine plusieurs chesaux de maisons à L’Isle; un de ceux-ci, disait-on, était, avec ses appartenances, à l’hôpital de /591/ L’Isle 1 . Ils tenaient aussi en domaine les biens jadis tenus des seigneurs de L’Isle par les hoirs de Jaquet Troua, entre autres l’office de la porterie du lieu (voy. à la page 586), plus, faute de tenanciers, un grand nombre d’articles. Le quernet des nobles Pierre et Henri de Dortans contient la désignation des hommages, censes, tributs et autres redevances que les confessants tenaient à L’Isle, Villars-Boson, La Coudre et Gollion, avec la directe seigneurie et la juridiction, à la réserve du dernier supplice, qui appartenait au château de Cossonay. Les hommes liges devaient en général les usages; ceux de Villars-Boson, tenus de moudre au moulin de L’Isle et de cuire au four de Villars-Boson, devaient paver, veiller, bâtir et ressortir à L’Isle. La reconnaissance des nobles frères de Dortans se termine par une confession de généralité pour tout ce qui, à L’Isle, Villars-Boson, La Coudre, Gollion, Sullens et Bournens et dans les environs de ces lieux, était procédé de l’inféodation faite à noble François de Glérens sous l’année 1472.

Il est surprenant que, soit dans le quernet dont nous venons de rapporter les dispositions, soit dans les lettres de reprise des seigneuries de Bercher et de L’Isle mentionnées plus haut, il soit seulement parlé de deux des fils du défunt seigneur de L’Isle et que le troisième y soit passé sous silence. Celui-ci, nommé Claude comme son père, et que nous croyons avoir été l’aîné des trois frères, apparaît, nous l’avons fait observer, sous l’année 1528, dans la réemption qu’il fit alors, de concert avec ses frères et leur tante Louise de Glérens, de l’assignation passée, en 1477, en faveur de dame Madelaine de Glérens. Sous l’année 1532 étant en /592/ volonté d’aller au service de l’Empereur, pour combattre les infidèles et païens, il fit divers avantages à son épouse, noble Claudine de Cossonay (veuve en 1res noces de noble Bénoît de Monthey, coseigneur et mestral de Boussens) 1 . Postérieurement au quernet prêté par ses frères, il eut part à la possession de la terre et seigneurie de L’Isle, ce qui nous conduit à la supposition qu’il tint la portion de cette terre, qui avait appartenu à son frère Henri, celui-ci n’étant plus mentionné depuis la prestation de ce quernet. Quoi qu’il en soit, Claude de Dortans, qui devint chevalier, fut coseigneur de L’Isle et sa fille unique hérita de cette coseigneurie, qu’elle vendit à noble Albert de Dortans, son cousin germain. Selon Guichenon, Claude de Dortans aurait testé le 7 décembre 1570 2 .

La sécularisation de l’abbaye du Lac de Joux avait fait passer les biens de ce monastère dans le domaine de l’Etat et partant les dîmes de L’Isle, de Villars-Boson et de La Coudre, c’est-à-dire celles qui dépendaient tant de cette abbaye que de la cure de L’Isle. Sous l’année 1557 (14 juillet), LL. EE. de Berne les remirent, à titre d’échange, à noble Pierre de Dortans, contre les censes directes que les seigneurs de L’Isle tenaient à Sullens et à Bournens, lesquelles rentrèrent ainsi dans le domaine du château de Cossonay dont elles étaient procédées 3 . Cet échange arrondit la terre de L’Isle.

Des deux fils de noble Pierre de Dortans, l’aîné, nommé /593/ aussi Pierre, fut seigneur de Bercher, et Albert, le second, le fut de L’Isle.

Le 26 juillet 1599, sur les mains du commissaire Pastor, noble et puissant Albert de Dortans, fils de feu noble et puissant Pierre de Dortans, seigneur de L’Isle, reconnut qu’il était homme noble, lige et vassal des très redoutés et très puissants seigneurs de Berne, à cause de leur château de Cossonay, confessant tenir d’eux en fief et sous le prédit hommage noble, à savoir: la seigneurie, le mandement et la châtellenie de L’Isle, avec tous leurs droits et leurs autres dépendances, les châteaux, édifices, péages, fiefs, rière-fiefs, hommes, censes, revenus et dîmes, cours d’eaux, bois, terrages, usages, terres, prés, pasquiers, moulins, raisses, fours, lauds, échutes, obventions, porterie, garde, gerberie et généralement tout ce qu’il tenait vers L’Isle, Villars-Boson, La Coudre, Gollion et dans les environs de ces lieux, en vigueur de l’inféodation soit de l’échange daté du 2 juillet 1472, avec aussi la moyenne et la basse juridiction, le mère et mixte empire et toutes les autres propriétés et dépendances de ces seigneurie, mandement et châtellenie, selon le contenu des précédents quernets et à forme des nouvelles et des anciennes fidélités prêtées par ses antécesseurs. Albert de Dortans reconnut encore les dîmes de L’Isle, de Villars-Boson et de La Coudre et aussi la sixième part qui se levait sur la dîme de la cure de L’Isle, procédées de l’abbaye du Lac de Joux et de la cure de L’Isle et remises, à titre d’échange, à son défunt père. (Voy. à la page précédente.) Le confessant tenait les biens qu’il reconnut, aux titres suivants: 1° en vertu de succession légitime de son père; 2° en vertu de l’acquisition faite par lui (le confessant) de damoiselle Mathée de Dortans et de son mari noble Hugues de Martines, dit de Curtilles, pour le prix de 4000 écus d’or sol, /594/ de la coseigneurie de L’Isle (acte reçu par égrège Claude de Bretigny, le 4 novembre 1595, laudé par LL. EE. le 7 février suivant) 1 ; et 3°, en vertu de l’acquisition faite par lui, de LL. EE., du coseigneuriage de Gollion 2 .

De son mariage avec noble Dorothée de Loriol, Albert de Dortans ne laissa qu’une fille, nommée Marie, qui fut dame de L’Isle et épousa, en 1614 (1er avril), Esaïe de Chandieu, écuyer, seigneur de Chabottes, l’un des fils d’Antoine, baron et coseigneur de Chandieu, seigneur de Poule, Proprières, Chabottes, Grivilly, Vieillecourt, La Roche et Folleville, aumônier du roi Henri de Navarre 3 , personnage historique connu sous le nom de Saadel dans le monde savant. Ce mariage fit passer la terre et seigneurie de L’Isle à la maison de Chandieu, illustre et appartenant aux plus anciennes de la noblesse dauphinoise 4 .

Le 20 décembre 1627, sur les mains du commissaire-général Nicolas Bulet, noble et puissant Esaïe de Chandieu, écuyer, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi Très-Chrétien, seigneur de Chabottes, en Mâconnais, et de L’Isle, au bailliage de Morges, prêta quernet pour cette dernière seigneurie (y compris Gollion) en qualité de mari de la très vertueuse dame Marie, fille de feu noble et puissant Albert de Dortans, vivant seigneur du prédit L’Isle et d’autres lieux, en faveur de LL. EE. de Berne, à cause de leur baronnie de /595/ Cossonay. Le noble confessant tenait à L’Isle une ancienne tour ronde réduite en masures, sise jouxte l’eau de la Venoge, etc., et il solait percevoir annuellement pour la guette de cette tour un quarteron de froment, mesure de Cossonay, de chaque faisant feu au mandement et dans la châtellenie de L’Isle, toutefois le revenu de cette guette avait été abergé dès longtemps, à la commune de L’Isle, sous une cense annuelle. Le confessant tenait le péage de L’Isle, qui rapportait de 25 à 30 florins par année. Item, un mas de bois, sis au-dessus de L’Isle, en Chariolaz, dont la propriété lui appartenait nûment, pouvant en aberger pour faire des prés et des champs seulement, sans que les habitants de L’Isle, de Villars-Boson et de La Coudre y eussent aucun droit de coupage ni de bocherage: toutefois le pâturage et la passion (du gland) de ce bois appartenaient nûment à la communauté de ces lieux, qui payait annuellement, à la St. Michel, au seigneur de L’Isle, un muid d’avoine, mesure de Cossonay, pour cette passion, ce seigneur ayant aussi de son côté le pâturage et la passion pour son bétail, dans la même forêt, le tout aux termes d’un traité fait le 7 novembre 1580 entre les seigneurs de L’Isle et les communiers de ces villages. Le noble confessant tenait à ses mains la petite dîme de Villars-Boson, celle, dite des Novallies, de L’Isle, et une autre dîme qui se levait rière La Coudre. Plus toutes les dîmes qui avaient appartenu à LL. EE. dans ces trois localités et qui étaient procédées de l’abbaye du Lac de Joux et de la cure de L’Isle, avec le sexte qui se levait sur la dîme de la prédite cure. Pour faciliter la perception de ces diverses dîmes, un arrangement avait été fait entre feu noble Albert de Dortans et le seigneur de Montricher. Le noble confessant tenait le four de L’Isle (nouvellement construit près de son château), /596/ lequel lui rapportait 40 florins par année, indépendamment de ce qu’il retirait de quelques-uns de ses hommes pour la faculté d’avoir des fours dans leurs maisons. Item, le moulin et la raisse de L’Isle 1 , dont il retirait environ 200 florins par année. Item, le revenu qu’il percevait pour le four de Villars-Boson, chaque focager lui payant alors une cense annuelle pour la permission d’avoir un four dans sa maison. Item, le pré, appelé de Laud (de L’Haut), de 40 seyturées, qui solait rapporter 20 florins par année 2 . Item, l’office de la porterie de L’Isle, duquel le noble confessant ne retirait rien pour lors 3 . Item, le forage, sur le pied de 4 pots par char, sur tous ceux qui vendaient vin, soit dans la ville soit hors de celle-ci « et voulaient prévaloir du privilége de bourgeoisie du dit lieu ». Le noble confessant tenait son château de L’Isle « naguères construit, » avec les granges, étables et autres bâtiments, les jardins, verger et autres commodités contiguës à ce château 4 . Item, 4 pièces de record, contenant ensemble environ dix seyturées. Item, à Villars-Boson, une pièce de record, d’environ 30 seyturées, contiguë aux vieilles masures du château de ce lieu. Item, 24 pièces de terrain, en /597/ domaine, dont plusieurs étaient considérables 1 . Il tenait encore à ses mains la fruictière nommée Escherdenaz, de laquelle il retirait un notable revenu annuel. Elle consistait en terres arables, prés, bois et pâturages, dont une partie avait été jadis tenue par des particuliers. Le noble confessant avait plein pouvoir de tenir ordinairement son bétail dans ses possessions rière les confins de L’Isle, Villars-Boson et La Coudre, soit en Escherdenaz soit ailleurs, et de faire pâturer « son commun de vaches et de génisses » à part rière les pasquiers et pâturages de ces lieux, sans toutefois porter perte ni dommage à personne, le tout au plus ample contenu d’un acte pour ce dressé, sous la date du 6 novembre 1587. Il tenait de plus, en domaine, quelques prés rière La Coudre, dont la contenance n’est pas indiquée. Le noble confessant tenait tous et un chacun ses hommes à L’Isle, Villars-Boson et La Coudre: les uns étaient ses hommes bourgeois et liges, d’autres ses hommes censiers, justiciables et bourgeois, d’autres ses hommes sujets et d’autres enfin ses hommes justiciables et liges. Chacun d’eux reconnaissait tenir de lui son droit et sa part aux pasquiers communs des prédits lieux et qu’il devait moudre à son moulin et cuire à son four, sinon qu’il n’en eût obtenu l’exemption. Ces hommes devaient veiller, « guester, » bâtir, ressortir à L’Isle et suivre la chevauchée en temps requis et nécessaire. Le confessant tenait, de cense annuelle et perpétuelle, payable à la St. Michel et due par ses prédits hommes et autres censiers de L’Isle, Villars-Boson et La Coudre, à savoir: /598/
Froment, mesure de Cossonay, 14 muids, 7 coupes et 3 quarterons.
Froment, mesure de Morges, 3 coupes, 3 quarterons, demi et un douzième d’autre quarteron.
Messel, mesure prédite, 1 quarteron.
Avoine, mesure de Cossonay, partie à ras, partie à comble, 2 muids, 8 coupes et 2 quarterons.
Deniers, 57 florins, 11 sols et 2 deniers, bonne monnaie coursable.
Chapons soit poules, vingt-neuf et demi.

Aux termes d’un convenant fait le 7 novembre 1580, entre le seigneur de L’Isle et ses sujets, la recouvre de ces censes devait se faire de la manière suivante: Le seigneur (soit ses receveurs) faisait publier, à l’issue du prêche, que dans 8 jours, chaque censier eût à tenir ses censes prêtes; et, au jour fixé, les receveurs allaient les recouvrer et mesurer les graines dans les maisons des sujets, puis ceux-ci les rendaient au château. Passé ce terme les censiers devaient les apporter au château à leurs dépens et les y mesurer.

Le noble confessant tenait les ban, barre, clame, connaissance, saisine, directe seigneurie, mère et mixte empire et omnimode juridiction qu’il avait sur ses prédits hommes et fiefs et sur les charrières publiques et les pasquiers communs de L’Isle, Villars-Boson et La Coudre, à la réserve du dernier supplice appartenant à LL. EE. à cause de leur baronnie de Cossonay. Enfin il tenait de LL. dites EE., généralement, tout ce qu’il possédait à L’Isle, Villars-Boson, La Coudre, Gollion et dans les environs de ces lieux, en vigueur de l’inféodation jadis faite par Jacques de Savoie à François de Glérens, en domaine, censes, autorités seigneuriales et autres choses quelconques. /599/

Par une reconnaissance spéciale, datée du même jour, le noble confessant reconnut tenir de LL. EE., à cause de leur château de Morges, en fief et sous hommage lige, la dîme de toutes graines et de tous fruits décimables, qui se percevait aux villages et confins de Villars-Boson et de Mauraz, et qu’il avait acquise dans la discussion des biens du défunt seigneur de Montricher, pour le prix de 2605 florins, constant acte signé Barral, en date du 21 août 1616, laudé par le seigneur baillif de Morges 1 .

Le dénombrement de la terre et seigneurie de L’Isle (y compris Gollion) se trouve dans le volume des fiefs nobles du bailliage de Morges. Les seigneurs de L’Isle, fils et héritiers d’Esaïe de Chandieu et de Marie de Dortans, le remirent à LL. EE. de Berne conformément à l’ordre qu’ils en avaient reçu 2 . Ce document complètera nos notions sur la terre de L’Isle. Voici ce que nous y lisons:

Les seigneurs de L’Isle possédaient sur le lieu de ce nom, Villars-Boson et La Coudre (aussi Gollion) l’omnimode juridiction, haute, moyenne et basse, ainsi que sur les charrières publiques et les pasquiers communs, à la réserve du dernier supplice qui appartenait à LL. EE. à cause du château de Cossonay. Item, les droits d’eaux et de cours d’eaux, les usages, les corvées, les chasses, les hommes et les hommages ruraux (les hommages nobles exceptés). Ils avaient à L’Isle 46 hommes et sujets soit hommages ruraux, ils en avaient 19 à Villars-Boson et 20 à La Coudre (plus 45 à Gollion). Ces hommes reconnaissaient, en faveur des prédits seigneurs, l’obligation de veiller, bâtir, ressortir à L’Isle et de suivre la /600/ chevauchée en temps requis, et confessaient tenir d’eux leur droit, part et usage de tous les pasquiers communs des prédits lieux.

Les seigneurs de L’Isle possédaient le péage de ce lieu, qui leur rapportait annuellement de 80 à 90 florins. Item, le forage du vin qui se vendait en détail à L’Isle, Villars-Boson et La Coudre, pour lequel ils retiraient 4 pots pour chaque char. (Quant à l’ohmgeld, remis à François de Glérens par l’échange qui avait eu lieu sous l’année 1472, il s’était trouvé avoir été concédé anciennement à la communauté de L’Isle 1 .) Ils avaient le moulin, la scie et le battoir de L’Isle, situés dans la proximité de l’église et de la cure et en retiraient environ 500 florins annuellement, par amodiation. Les sujets de L’Isle, de Villars-Boson et de La Coudre étaient tenus à la suite de ce moulin. Item, le four de l’Isle, banal pour les sujets du dit lieu, lequel pouvait rapporter environ 100 florins par année 2 . A l’égard du four de Villars-Boson et de son revenu, les sujets de ce lieu, par arrangement, payaient chacun un quarteron de froment, de cense annuelle, ce qui revenait à 17 quarterons, non compris le droit précédemment concédé à quelques-uns d’entre eux d’avoir des fours dans leurs maisons.

Les prédits seigneurs tenaient la dîme de L’Isle, en vigueur, pour une partie, de l’inféodation faite à François de Glérens (en 1472), pour une seconde partie, qui était la plus considérable, en vigueur de l’échange fait le 14 juillet 1557 entre LL. EE. et feu noble Pierre de Dortans, et pour une autre /601/ partie, appelée la dîme d’Iplens, en vigueur d’acquisition faite dans la discussion des biens des nobles de Bretigny. Ces diverses dîmes réunies rapportaient environ 13 coupes de froment, 55 coupes de messel et 30 coupes de « caresmage », à la mesure de Morges. Item, la dîme de Villars-Boson, procédée, pour une partie, de la prédite inféodation (de l’année 1472), pour une autre particule de l’échange de l’année 1557, et, pour le reste, avec la dîme de Mauraz, d’acquisition faite, en 1616, dans la discussion des biens des seigneurs de Montricher. La dîme de Villars-Boson rapportait aux seigneurs de L’Isle environ 7 coupes de froment, 26 coupes de messel et 16 coupes de « caresmage », à la mesure de Morges. Item, la dîme de La Coudre, procédée des susmentionnés inféodation et échange. Elle s’amodiait et rapportait par année commune 5 coupes de froment, 20 coupes de messel et 12 coupes de « caresmage », à la mesure susdite.

Les seigneurs de L’Isle percevaient annuellement, de cense perpétuelle et directe, en vigueur tant de la prédite inféodation que d’abergements faits par leurs prédécesseurs et aussi à raison de pièces de terrain qui jadis étaient bois communs de L’Isle et que la commune avait remises à des particuliers (par traité fait avec cette commune les seigneurs de L’Isle percevaient pour ces pièces-ci un sol par pose), à savoir:

1° A L’Isle:
Froment, mesure de Cossonay, 365 quarterons.
Avoine, mesure prédite, 4 quarterons.
Messel, mesure de Morges, 1 quarteron.
Deniers, 30 florins.
Chapons, 13 et 12.
Ces censes étaient affectées sur environ 394 poses de terre /602/ arable, 10 poses vacantes, 117 seyturées de records et de prés, 67 pièces d’oches et de curtils, 46 maisons, pareil nombre de granges et d’étables, 2 forges et 1 foule.

2° A Villars-Boson:
Froment, mesure de Cossonay, 117 quarterons.
Avoine, mesure prédite, à ras, 22 quarterons.
Deniers, 8 florins et 6 sols.
Chapons et poules, 3 et 12.
Affectées sur environ 130 poses de terre (c’est-à-dire de champs), 24 seyturées de records et de prés, 18 oches et curtils, 16 maisons et autant de granges et d’étables et 8 poses de buissons.
Les sujets de Villars-Boson, résidant sur l’ancien fief des seigneurs de L’Isle, avaient reconnu devoir, par focage, pour l’avoinerie, 5 quarterons d’avoine, à comble, mesure de Cossonay. Mais pour lors cette redevance ne se payait pas et il y avait contestation à son sujet. Ces seigneurs percevaient de plus, au même lieu de Villars-Boson, les censes directes, dites de Cottens, acquises en 1558, dans la discussion des biens de noble Pierre Mestral 1 et s’élevant à 21 quarterons de froment, mesure de Cossonay, 3 florins en deniers et 2 chapons. Elles étaient affectées sur environ 21 poses de terre, 14 seyturées de prés et de records, 10 oches et jardins, 4 maisons et autant de granges et d’étables.

3° A La Coudre:
Froment, mesure de Cossonay, 35 quarterons.
Deniers, 7 florins.
Chapons, la moitié d’un.
Affectées sur environ 125 poses de terre, 27 seyturées /603/ de prés et de records, 14 oches et curtils, 7 maisons avec leurs granges et étables, 9 poses vacantes de terre et 10 poses de bois 1 .

Les seigneurs de L’Isle percevaient de la commune de ce lieu 24 quarterons d’avoine, de cense, pour la permission accordée aux communiers de L’Isle, Villars-Boson et La Coudre de faire paître leurs pourceaux au gland des bois des dits seigneurs.

Il leur était dû, pour la montagne de Mollendruz, dont une partie était de leur fief, 14 sols, 5 deniers et maille, de cense directe.

Ils percevaient annuellement de la commune de L’Isle, par (ancien) traité fait avec elle, 30 quarterons de froment, de cense, « pour la guette occasion l’ancienne tour de la ville du dit L’Isle, » ruinée.

Ils possédaient, à teneur de leurs droits, 40 seyturées au pré de L’Haut, en fief et juridiction, mais pour lors ils n’en retiraient rien.

Ils devaient percevoir, en fief et directe seigneurie, les censes procédées des nobles de Bretigny, du dit L’Isle. La quantité n’en est pas indiquée, les seigneurs de L’Isle n’ayant pu encore retirer les titres de ces censes du sieur de Bretigny 2 .

Enfin le même dénombrement nous offre la spécification de l’indomaine de L’Isle, qui était considérable et dont le /604/ premier article indique la maison seigneuriale, avec les granges, étables et autres bâtiments, le jardin et le verger, le tout contenant environ 4 poses. Plus, le record de Villars-Boson, d’environ 30 seyturées, sur lequel, du côté de vent, était anciennement un château appelé de Villars-Boson. La montagne et fruitière de Chardenaz, avec les terres, prés et bois contigus, contenant en tout environ 200 poses. Un grand mas de bois, sur L’Isle, au lieu dit en la Charjoulaz, contenant plus de 100 poses. Un autre bois contigu au précédent, du côté de bise, procédé des nobles de Bretigny, etc., etc. Les seigneurs de L’Isle tenaient encore le domaine de La Coudre, consistant en maison, grange, étables et appartenances, record, chenevier et onze autres articles soit pièces de terrain. Une partie seulement des terres de ce domaine était du fief de ces seigneurs, le reste dépendait de celui de LL. EE. à cause de l’abbaye du Lac de Joux et du fief du seigneur de Crans, droit-ayant du feu sieur docteur Bulet.

Lorsque les fils d’Esaïe de Chandieu et de Marie de Dortans remirent à LL. EE. le dénombrement de leur terre et seigneurie de L’Isle, ils la possédaient, paraît-il, en commun. Elle devint le partage exclusif de noble Paul de Chandieu, le second d’entre eux 1 , qui fut aussi seigneur de Corcelles (le-Jorat). Il laissa une nombreuse postérité de sa femme, noble Louise Polier. Bénigne, l’une de ses filles, épouse de noble Henri de Senarclens, seigneur de Grancy, apporta Gollion à /605/ la famille de son mari 1 . Dès lors ce village ne fit plus partie de la seigneurie de L’Isle.

Les nobles de Chandieu, français d’origine, prirent volontiers du service militaire en France. Paul de Chandieu, seigneur de L’Isle, eut une compagnie aux Gardes suisses. Messire Charles (I) de Chandieu, son fils, qui lui succéda dans la possession de la seigneurie de L’Isle et qui fut aussi seigneur de Chabottes, fournit une brillante carrière sous Louis XIV, puisqu’il fut lieutenant-général, colonel d’un régiment suisse et capitaine aux Gardes (suisses). C’est lui qui fit bâtir, d’après les plans et les dessins du célèbre Le Notre, le château actuel de L’Isle, très belle demeure, entourée de magnifiques promenades et pourvue de dépendances analogues. Ce château, bâti, croyons-nous, sur l’emplacement du précédent, rappelle la splendeur du règne du grand roi. Charles de Chandieu laissa, entre autres, de Cathérine de Gaudicher, dame d’Aversé (en Anjou), son épouse, deux fils: Esaïe (II) et Benjamin. Le premier fut seigneur de L’Isle, brigadier en France et capitaine aux Gardes (suisses). Il épousa Angélique-Henriette de Pélissari. Leur fils Charles (II)-Barthélemy de Chandieu, seigneur de L’Isle et brigadier en France, mourut dans un âge peu avancé, le octobre 1773, laissant, de Louise-Elisabeth de Sacconay, son épouse, une fille en bas âge, nommée Henriette-Renée-Pauline, héritière de L’Isle. Cette enfant décéda en 1779 à l’âge de dix ans et sa succession fut dévolue à sa mère. Cependant la seigneurie de L’Isle fut contestée alors à celle-ci par messire Benjamin de Chandieu, oncle paternel du défunt seigneur de L’Isle 2 , /606/ en vertu de précédentes substitutions. Mais une sentence souveraine donna gain de cause à Mme la veuve de Chandieu, qui resta dame de L’Isle 1 et l’était encore lors de la révolution de 1798 (elle mourut seulement en 1808).

 


Notes:

Note 1, page 560: Cette part de dîme avait été précédemment reconnue en faveur des seigneurs de Cossonay, par Aymonet, fils de Girard d’Eclépends, chevalier. (Voy. Recherches sur les sires de Cossonay, etc., page 73.) [retour]

Note 1, page 561: La rénovation de ces commissaires n’existant plus, les cause-ayances du donzel Nicod de Conex au fief d’Aymonet Freylion ne sont pas connues. On doit présumer qu’il en était devenu possesseur en vertu de quelque alliance matrimoniale des nobles de Conex soit Conay avec les Freylion. [retour]

Note 2, page 561: Nicod de Conay et sa sœur Marguerite étaient les enfants d’Humbert de Conay, de Cuarnens, donzel. Pierre de Bretignier, soit de Baulmes, mari de la prédite Marguerite, était fils de Jean de Bretignier, donzel de L’Isle. (Tit. du baill. de Morges, coté n° 475.) Nicod de Conay était encore vivant en 1452. (Ibidem.) [retour]

Note 1, page 562: Dans le nombre de ceux-ci se trouvaient deux bucelles de pain de fleur de froment, d’une coupe, dues au censier par les hoirs de Jaquet de Chabie, pour 2 faucherées de pré. [retour]

Note 1, page 563: LL. EE. ignoraient probablement que, sous l’année 1481, Pierre de Bretignier avait vendu à l’abbaye du Lac de Joux son droit de rachat de la dîme de L’Isle et de Villars-Boson, pour dix livres lausannoises. (Tit. du baill. de Morges, coté n° 475.) Noble Jean de Baulmes, autrement de Bretigny, donzel de L’Isle, reconnut la dîme d’Iplens, le 27 février 1550, en faveur de LL. EE., sur les mains d’égrège Abel Mayor. Le 24 mai 1568, LL. EE. confirmèrent aux nobles Jean et Guillaume de Bretigny la cession de la dîme d’Iplens. Quoique cette dîme se levât au territoire de L’Isle, elle était, paraît-il, indépendante de la dîme de ce lieu et de celle de Villars-Boson et ne se reconnaissait pas en faveur des seigneurs de Cossonay. Noble Pierre de Britignier et Marguerite de Conex, son épouse, l’avaient jadis vendue, sous grâce de rachat, à l’abbaye du Lac de Joux, pour le prix de 300 florins d’or, de 12 sols chacun. (Tit. du baill. de Morges, coté n° 487.) [retour]

Note 1, page 564: Dénombrement des fiefs nobles du bailliage de Morges. [retour]

Note 2, page 564: Le dernier de Bretigny doit avoir été berger à L’Isle, dans le siècle passé. [retour]

Note 3, page 564: Nous apprenons, par les titres de l’abbaye du Lac de Joux, que les nobles de Baulmes et les nobles de Conay issus d’eux étaient possessionnés à Cuarnens. Par son testament, daté de l’année 1349, le chevalier Nicolas de Disy légua à l’abbaye du Lac de Joux, entre autres choses, une maison à L’Isle, qu’il avait acquise d’Aymon, dit de Baulmes (de Balmis), donzel de Cuarnens. (D’Estavayé, généalogie des nobles de Disy, manusc.) [retour]

Note 1, page 565: Cette acquisition fut laudée par le baillif de Morges, le 1er mars de l’année suivante. [retour]

Note 1, page 566: Par son testament daté de l’année 1367, Girard de Moyrie, dit de Cuarnens, chevalier, avait institué son fils Jacques héritier de ses biens, avec substitution, si celui-ci décédait sans enfants ou s’il récusait sa succession, à ses filles Françoise et Jeannette. Dans le cas où ces dernières refuseraient son héritage, il passerait alors à Girard de Bierre, dit Gruar, donzel, neveu du testateur. (Tit. du baill. de Romainmotier.) Sous l’année 1378, Jaquet, donzel, fils de feu Girard de Cuarnens, chevalier, avait, du consentement de sa femme Jaquette, fille de feu Nicolet Barthélemy de Gumoëns-le-Châtel, donzel, vendu à l’abbaye du Lac de Joux toutes ses possessions à Cuarnens, sauf, etc. (Ibidem.) Ce Jaquet de Cuarnens décéda, paraît-il, sans enfants et avec lui s’éteignit cette seconde famille féodale de Cuarnens issue de celle de Chablie soit de Chabie. Il est probable que sa succession passa au donzel Louis de Bierre, fils de Girard, et que les biens reconnus par lui sur les mains de Deloës en étaient procédés. [retour]

Note 2, page 566: Recherches sur les sires de Cossonay, etc., page 96. [retour]

Note 1, page 567: Ibidem, page 73. [retour]

Note 2, page 567: Ibidem, même page, note 202. [retour]

Note 3, page 567: Voy. ce qui a été rapporté des fiefs de cette espèce dans notre Introduction au présent Mémoire. [retour]

Note 1, page 568: Grosse Quisard. Ainsi Mermet Christine acquit le pré de l’Haut pour le prix de 40 livres, bonne monnaie. [retour]

Note 2, page 568: Sans doute pour la moitié de l’ancien fief de Pampigny. [retour]

Note 3, page 568: Acte reçu par le notaire Claude Vulliamoz, dûment laudé. [retour]

Note 1, page 569: Cette mouvance est exprimée dans les reconnaissances du seigneur de St. Saphorin et des seigneurs de Cottens. Celui de Sévery reconnut tenir sa part du pré de l’Haut, de LL. EE., en fief et sous hommage noble. [retour]

Note 2, page 569: Y compris la part du vendeur à la Combaz de la Nas, à teneur des reconnaissances passées par ses prédécesseurs en faveur des seigneurs de L’Isle. (Arch. du chât. de L’Isle.) [retour]

Note 1, page 570: Il y a bien loin du revenu actuel de ces deux montagnes aux 40 sols que le duc de Savoie percevait annuellement pour la ferme du pré de L’Haut. [retour]

Note 2, page 570: Arch. cant., invent. analyt. verts, n° 1, intitulé: Inventaires, paquets par alphabet, n° 464; Hautcrêt. [retour]

Note 1, page 571: Il est fait mention de Vilar-Boson, in pago Lausonense, in comitatu Waldense, dans une charte, datée de la 23e année du règne du roi Rodolphe. (Invent. analyt. verts, n° 1, paquets par alphabet.) [retour]

Note 2, page 571: Chabie est situé sur la rive droite de la Venoge et L’Isle sur la rive gauche. [retour]

Note 3, page 571: Collect. de Gingins. [retour]

Note 4, page 571: Recherches sur les sires de Cossonay, etc., page 215 et 223. Cartulaire d’Oujon, page 62. [retour]

Note 5, page 571: Recherches sur les sires de Cossonay, etc., page 215. Nantelme et Pierre de Chable (Chablie) apparaissent comme témoins du même Jean, sire de Cossonay, sous l’année 1202. ( Ibidem, page 218.) [retour]

Note 1, page 572: Voy. ci-dessus le paragraphe intitulé: Fief du donzel Louis de Bierre. [retour]

Note 2, page 572: Le comte Amédée de Savoie confirma, sous l’année 1357, les legs que le donzel Mermet, fils de feu Perronet de Chabie, avait faits à l’abbaye du Lac de Joux, à titre d’aumône perpétuelle, à savoir: de sa part à la dîme Chabie, de ses oches, de ses prés sous Echardinaz et de ses terres arables, le tout étant situé au territoire de Chabie. En retour de ces legs le couvent célébrerait chaque semaine trois messes, outre les autres messes, pour le salut du donateur, de ses parents et de ses prédécesseurs. Cette donation comprit encore une cense de 3 sols et de 2 chapons, etc. Les biens légués appartenant au fief du comte de Savoie, celui-ci abandonna à l’abbaye les droits qu’il y avait. (Tit. du baill. de Morges, coté n° 181.) [retour]

Note 1, page 573: Recherches sur les sires de Cossonay, etc. page 64 et suivantes. [retour]

Note 2, page 573: Ibidem, pages 72 et 73. [retour]

Note 1, page 574: Ballabochy. Voy. la grosse Quisard. [retour]

Note 2, page 574: Collect. Sterki. [retour]

Note 3, page 574: Ibidem. [retour]

Note 1, page 575: Nous reviendrons plus tard sur cet office. [retour]

Note 2, page 575: Le sire Jean de Cossonay réserva ses droits dans les choses abergées, ainsi que la cense qui lui était due à raison d’icelles. (Arch. du chât. de L’Isle.) [retour]

Note 3, page 575: Il est vraisemblable que, lors de la laudation que nous venons de rapporter, Girard de Cossonay n’était plus vivant. [retour]

Note 4, page 575: L’intérêt de la somme reçue était ainsi calculé sur le pied du dix pour cent, quoique, dans tout le moyen âge, l’intérêt légal fût seulement le cinq pour cent. [retour]

Note 1, page 576: Recherches sur les sires de Cossonay, etc., page 270 et les deux suivantes. [retour]

Note 2, page 576: Déjà au mois de juin de l’année 1346, Aymon et Jean, oncle et neveu, seigneurs de Cossonay, avaient donné quittance, au comte Henri de Montbéliard de la somme de 14 cents florins d’or, de Florence, qu’ils avaient reçus à compte de la dot de Louise de Montbéliard. (Arch. roy. de Stuttgart, dossier de Montbéliard.) [retour]

Note 1, page 577: Titres de la famille de Senarclens. [retour]

Note 2, page 577: Recherches sur les sires de Cossonay, page 272 et les suivantes. [retour]

Note 1, page 578: Ibidem, page 370 et les suivantes. [retour]

Note 1, page 579: Tit. du baill. de Morges, coté n° 447. [retour]

Note 2, page 579: Voy. l’article Cossonay, fief Marchand, du présent Mémoire. [retour]

Note 3, page 579: Tit. du baill. de Morges, coté n° 445. [retour]

Note 4, page 579: « Castellanus de Cossonay et ipsius castrique de Insule. » (Ibidem.) [retour]

Note 5, page 579: A l’occasion tant de l’assignation de la dot de Louise de Montbéliard que de l’acensement fait à Jean Braillon. [retour]

Note 1, page 580: Kuenlin, Dict. géog., histor. et statist. du canton de Fribourg. [retour]

Note 2, page 580: Arch. du château de L’Isle. [retour]

Note 3, page 580: Il ne vivait plus à la date du 5 déc. 1455. (Ibidem.) [retour]

Note 4, page 580: Les conditions de cette inféodation furent celles de l’inféodation jadis faite par le duc Amédée de Savoie, à Humbert de Glérens, de la seigneurie de Surpierre. A teneur de ces conditions, cette seigneurie-ci devait retourner au suzerain à défaut de la descendance masculine de l’inféodé, et ce même suzerain s’était réservé le droit de rachat de la seigneurie remise pour le prix de 4000 florins. (Arch. du château de L’Isle.) [retour]

Note 1, page 581: L’ohmgeld de L’Isle avait été concédé à la communauté de ce lieu. Voy. plus bas. [retour]

Note 2, page 581: Le village de Rueyres fut annexé à la seigneurie de Bercher. [retour]

Note 1, page 582: Voy. les articles Sullens et Bournens. [retour]

Note 2, page 582: Grosse Quisard. [retour]

Note 1, page 583: Arch. du chât. de L’Isle. [retour]

Note 2, page 583: Il paraîtrait, d’après les comptes de la communauté de Cossonay, qu’au printemps de l’année 1475, ainsi à la veille des guerres de Bourgogne, le seigneur de Glérens aurait été le capitaine de la baronnie de Cossonay. (Chronique de la ville de Cossonay, page 95.) [retour]

Note 3, page 583: Cette assignation avait eu lieu, à la suite d’une sentence arbitrale, pour satisfaire les prétentions de la veuve du sire de La Sarraz aux biens de sa famille. Madelaine était la fille du chevalier Claude de Glérens, fils lui-même de André de Glérens, frère de Humbert, seigneur de Surpierre et de Bercher. (Arch. du château de L’Isle.) [retour]

Note 4, page 583: Elles étaient nées de son mariage avec Théobalde d’Arberg-Valangin. (Grosse Quisard.) [retour]

Note 1, page 584: La procuration des nobles donzelles de Glérens, datée de St. Sauveur, le 15 septembre 1498, fut passée par devant le grand cellérier et juge du monastère de St. Oyen-de-Joux et sous le sceau de la cour de ce couvent. [retour]

Note 2, page 584: Nous verrons que le revenu de la guette avait été abandonné à la communauté de L’Isle, sous la cense de 15 coupes de froment. [retour]

Note 1, page 586: Aux termes de l’abergement que lui avait passé le confessant noble Claude de Dortans, Nicod Etienne, habitant de L’Isle, devait « parere, obedire, facere et prestare omnia ea ad que tales dicti loci Insule tenentur nec non molere in molendino et quoquere in furno dicti loci de Insule. » [retour]

Note 2, page 586: Selon les quernets subséquents, les nobles étaient exempts de cette redevance, ce qui implique un sens différent. [retour]

Note 1, page 587: Voy. l’article Gollion. [retour]

Note 1, page 588: Arch. du château de L’Isle. [retour]

Note 2, page 588: Guichenon, Hist. de Bresse et de Bugey. [retour]

Note 3, page 588: Ibidem, généal. de Dortans. [retour]

Note 4, page 588: Mém. de Pierrefleur, page 151. [retour]

Note 5, page 588: La dame de Bercher n’était pas Antoinaz de Glérens, épouse de Claude de Dortans, seigneur de L’Isle, déjà décédée en 1529, mais sans doute la belle-fille de celle-ci, Claudine de Cossonay, épouse de Claude de Dortans, le jeune. Louise de Glérens, sœur d’Antoinaz, vivait encore en 1529. Celle-ci était peut-être la dame de Bercher désignée ici. [retour]

Note 1, page 589: Chronique de la ville de Cossonay, page 120. [retour]

Note 2, page 589: Grosse Mandrot. [retour]

Note 1, page 590: Selon Guichenon, noble Claude de Dortans aurait aussi prêté quernet pour la terre de L’Isle en 1521. [retour]

Note 1, page 591: Ce chésal était probablement celui de cet hôpital même. [retour]

Note 1, page 592: Manuscrits de Ruchat. Le document cité le nomme seigneur de L’Isle, fils de noble et puissant Claude de Dortans, chevalier. [retour]

Note 2, page 592: Hist. de Bresse, etc., généalogie de Dortans. [retour]

Note 3, page 592: Elles s’élevaient alors à 16 muids, 7 coupes, 3 et 12 quarterons et le tiers du douzain d’une coupe de froment, 20 sols et 2 deniers en argent. [retour]

Note 1, page 594: Mathée était la fille de noble Claude de Dortans, coseigneur de L’Isle, et de Bénoîte Thomasset, sa seconde épouse. Elle avait épousé en premières noces André de Neuchâtel, seigneur de Vaumarcus. (Titres divers.) [retour]

Note 2, page 594: Avec celui de Bercher. Voy. l’art. Gollion. [retour]

Note 3, page 594: Titres de la famille de Chandieu. [retour]

Note 4, page 594: Elle descendait de Nantelme, miles de Chandieu, vivant dans la seconde moitié du XIe siècle. (Ibidem.) [retour]

Note 1, page 596: Avec la place qui se trouvait au-dessus de la rive de la Venoge, auprès de l’église. [retour]

Note 2, page 596: S’agit-il ici d’un démembrement du pré de L’Haut, inféodé jadis à Mermet Christine? [retour]

Note 3, page 596: Il est observé dans le quernet que cet office était de fermer et d’ouvrir les portes de la ville, de les tenir closes en temps de guerre et de garder les clefs bien et décentement. A raison de cet office, le seigneur de L’Isle solait percevoir de chaque labourier semant et recueillant du blé dans la terre et châtellenie de L’Isle, une gerbe de froment en temps de moisson et de chaque faisant feu dans la ville, les nobles exceptés, un denier, bonne monnaie, le lendemain de Noël. [retour]

Note 4, page 596: Jouxte l’eau de la Venoge, le chemin public entre deux, du côté d’orient. C’était, paraît-il, l’emplacement du château moderne. [retour]

Note 1, page 597: Il se trouvait dans ces pièces quelques parcelles qui étaient du fief de LL. EE. à cause de l’abbaye du Lac de Joux et du fief des nobles de Bretigny. [retour]

Note 1, page 599: Grosse Bulet. [retour]

Note 2, page 599: Le dénombrement de la terre et seigneurie de L’Isle ne porte pas de date, mais il doit avoir été expédié en 1674 ou l’année suivante. [retour]

Note 1, page 600: Cette concession était émanée de Louis I, sire de Cossonay. Voy. à la page 574. [retour]

Note 2, page 600: Y compris la cense payée par quelques particuliers qui avaient obtenu la permission d’avoir des fours chez eux. [retour]

Note 1, page 602: Pour le prix, y compris les censes de Gollion, de 129 écus d’or sol. [retour]

Note 1, page 603: Sur quelques particules de ces assignaux, LL. EE., à cause de l’abbaye du Lac de Joux, percevaient certaine cense en pension, ainsi que sur d’autres pièces ici non comprises, lesquelles étaient néanmoins du fief des seigneurs de L’Isle, comme leurs reconnaissances en faisaient foi. [retour]

Note 2, page 603: Cette observation, dans le dénombrement, est signée Villars. Les nobles de Chandieu de L’Isle portaient volontiers ce nom. [retour]

Note 1, page 604: Albert, l’aîné, seigneur de Chabottes, dans le Mâconnais, ne se maria pas et Daniel, le troisième, seigneur de Grevilly, en Bourgogne, était devenu seigneur de La Chaux, par son mariage avec Anne, fille et héritière de noble Pierre Du Gard. (Tit. de la famille de Chandieu.) [retour]

Note 1, page 605: Voy. l’art. Gollion. [retour]

Note 2, page 605: Voyez ci-dessus. Benjamin de Chandieu, qui est qualifié de coseigneur de L’Isle, sous l’année 1766, dans le contrat de mariage de sa fille aînée, Cathérine, avec noble Salomon Charrière de Sévery, avait été capitaine au service de France, dans le régiment de Bettens. Il mourut en janvier 1784, laissant quatre filles. Avec lui s’éteignit la lignée masculine des nobles de Chandieu de L’Isle. Lors de cet événement l’autre branche de cette ancienne maison, celle des seigneurs de La Chaux, était seulement représentée par noble Charles-Esaïe de Chandieu, dit de Chabottes, qui mourut en 1787 très âgé, le dernier mâle de sa famille, laissant une fille. Voy. l’art. La Chaux. [retour]

Note 1, page 606: Communication faite à l’auteur par les descendants de messire Benjamin de Chandieu. [retour]

Note 1, page 608: Lorsque le donzel Nicolet de Senarclens, frère de Jaquet, reconnut son fief sous l’année 1332, il tenait à Vuillerens

 


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