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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Rodolphe BLANCHET

Mémoire sur les monnaies des pays voisins du Léman

Dans MDR, 1853, tome XIII, pp. 173-396

© 2021 Société d’histoire de la Suisse romande

[ Voir la Table des matières ]

Mémoire sur les monnaies des pays voisins du Léman,

par M. Rod. Blanchet

Vice-président du Conseil de l'Instruction publique du canton de Vaud

 


 

/173/

Période celtique

M. le comte de Kergariou est le premier qui ait recueilli et déterminé les pièces gauloises du bassin du Léman. Le Musée de Genève en possède un exemplaire, qu’il doit à l’obligeance de ce numismate; il en considère le coin comme indigène et propre aux premiers habitants de nos contrées. M. Soret a figuré cette pièce Pl. XXIII, No 1, de la Revue numismatique de 1841;pièce à la tête casquée nous l’avons aussi figurée Pl. V, No 1.

D’un côté est une tête à gauche surmontée d’un casque écailleux; au revers, un cheval marchant à gauche. La pièce est en argent.

Dans ses Mémoires critiques sur l’histoire ancienne de la Suisse (Lausanne, in-4o, 1746; 1er volume, page 584), Loys de Bochat a donné le dessin d’une pièce d’argent que cet écrivain indique comme frappée par les Helvétiens à l’honneur de leur chef Orgetorix, contemporain de Jules César. Cette pièce, que nous reproduisons Pl. V, No 2, pièce Orgetorix se rapproche beaucoup de la précédente: le buste regarde à droite, la tête porte un casque couvert d’écailles; au revers, un cheval court à droite. Légende autour de la tête: coios; autour /174/ du cheval: orgitirix. Les caractères sont latins. M. Levade croit qu’une de ces pièces a été trouvée à Avenches. (Voyez les documents à la fin du Mémoire.)

M. le docteur Keller, de Zurich, que nous avons consulté sur ce sujet, a eu l’obligeance de nous donner les renseignements suivants. Il n’y a pas de monnaie d’Orgetorix à Zurich; il y en a une à Bâle. M. le professeur Wilhelm Vischer de Bâle a publié il y a quelques années un mémoire sur les ruines romaines de Frick dans le canton d’Argovie et sur des monnaies celtiques trouvées à Nunningen, canton de Soleure. L’auteur a figuré dans ce cahier une pièce d’Orgetorix; on ne sait pas où elle a été trouvée.

[Voir la note supplémentaire 1]

On ne met pas en doute que cette pièce ne concerne pas le chef helvétien qui, du temps de Jules César, conduisit ses concitoyens hors de leur pays; il paraît que cette pièce doit être attribuée à un autre chef gaulois du même nom. Le professeur Mommsen a développé ce point de vue dans son mémoire: Die nordetruskischen Alphabete auf Inschriften und Münzen, page 241.

On n’a jamais trouvé de pièce d’Orgetorix dans la Suisse ou dans son voisinage.

Tel est le résultat des dernières recherches.

Nous signalons dans le Catalogue de la collection des médailles de M. R. Tissot, de Moudon, (Lausanne 1853), les indications suivantes de pièces trouvées aux environs de Moudon:
Gaule Belgique. Eburones. Tête de Pallas. Rev. ebyro. Cavalier, A 4.
Chefs gaulois. — Tête jeune. Rev. figure dans un char à un cheval, O 2.
— Tête casquée. Rev. coma. Cavalier, A 4. /175/
— Tête imberbe. Rev. Taureau, B 4.
— Incertaine des Gaules, B 4.

monnaie à tête casquéeNous donnons à la planche V, No 3, la figure de la monnaie à tête casquée.

Le Musée de Lausanne possède environ dix pièces gauloises, dont cinq ont été trouvées à Bruyères dans les Vosges; elles ont été remises par M. B. Blanchet. Les autres ont été données, à ce que nous croyons, par M. Giral de Nyon.


 

MONNAIES DES THASIENS.

En 1826, on exploita des pierres sur un monticule situé au pied du Maurmont, près de la route romaine et d’Entreroches. On trouva sous de grands blocs de rochers plusieurs médailles antiques; les ouvriers, ne les croyant que de vieux sols sans valeur, les laissèrent disperser, ou bien les éprouvèrent à coups de marteau ou en les mettant au feu. On a pu en recueillir trois ou quatre, qui sont toutes du même métal: de cuivre rouge en dedans, noirci en dehors; elles ont les mêmes empreintes. D’un côté on voit un buste reconnaissable pour celui de Bacchus; les traits du visage sont très bien dessinés, la figure est couronnée de pampre; on ne lit de ce côté aucune inscription. De l’autre côté se voit une figure d’Hercule en pied appuyé de la main droite sur une massue, et portant de la gauche un animal qui ressemble à un poisson. Aux deux côtés et au-dessous de la figure, il y a des inscriptions qui vont en ligne droite, ne suivant pas le contour de la pièce; ces inscriptions sont de caractère grec. A droite il y a: ΗΡΑΚΔΕΟΥΣ; à gauche, ΣΩΤΗΡΟΣ; au bas, ΘΑΣΙΩΝ; Hercule, /176/ sauveur des Thasiens. (Thasos était une petite île de la mer Egée, près de l’Ionie.) Entre la jambe droite et la massue se trouve un Σ — Il n’est pas probable que ces médailles ou monnaies aient été placées auparavant sous ces blocs de rochers; elles se trouvaient plutôt dans des fissures, et, lors de l’exploitation, elles auront glissé à la place qu’elles occupaient quand on les a trouvées. Il est à présumer que ce monticule était un lieu consacré aux dieux, avant la domination romaine en Helvétie, lorsque les habitants du pays étaient en relation avec les colonies grecques du midi de la France. Ces médailles ou ces monnaies auraient, dans ce cas, été des offrandes faites par les fidèles. (Extrait du Mémoire sur une tradition populaire de La Sarraz, par G. Favey; Lausanne 1844.)

monnaie à l’effigie d’HerculesOn trouvera le dessin de cette pièce à la planche V, No 4.

Nous avons revu avec le plus grand soin toutes les monnaies du Musée cantonal: il ne nous a pas été possible de retrouver les pièces dont parle M. Favey.

M. R. Tissot, de Moudon, nous a fait voir une pièce de Thasus en argent, qui appartient a sa collection; il nous a affirmé qu’elle a été trouvée dans les environs de Genève.

Ces diverses monnaies nous indiquent que les anciens Helvétiens avaient des relations avec les habitants des îles de l’Archipel; ils ont probablement échangé des produits par l’intermédiaire des Phocéens établis à Marseille.


 

MONNAIE CELTIBÈRE.

M. Poncet, docteur-médecin à Monthey, m’a fait offrir en 1852 une pièce d’or trouvée par un carrier au roc de la Balme, à dix minutes du village de Collombey, en exploitant des blocs pour les digues du Rhône.

Nous avons consulté à ce sujet M. F. Keller, de Zurich, qui nous a donné la réponse suivante, « La pièce d’or que /177/ vous m’avez communiquée est une monnaie celtibère. Caronni, dans son ouvrage: Ragguaglio del viaggio di un dilettante antiquario, dit qu’il avait vu plusieurs de ces pièces dans la collection de l’Hospice du St.-Bernard. Il croit que ce sont des monnaies de l’ancienne Espagne. En supposant qu’Annibal ait passé par le Valais, elles seraient arrivées avec le général carthaginois sur le mont Pœninus ou dans les alentours. Le mot mdikov, entre les deux lignes, est le nom du chef de la tribu à laquelle la monnaie appartient, ou peut-être celui (du bâtiment) de la monnaie.

Les signes figurés sur le revers n’ont pu être expliqués par personne. Caronni a figuré deux pièces.

Il y a quelques années, j’ai vu moi-même à Sion, chez M. Odet, sous le mont Valérie, une empreinte en gypse d’une pièce semblable. Sur l’un des côtés on lit kfsilo, et sur l’autre on voit des figures semblables à celles que nous venons d’indiquer.

Nous possédons dans la bibliothèque de Zurich tous les bons ouvrages de numismatique en langues anglaise, française, allemande et italienne; mais la description de ces pièces ne se trouve dans aucun de ces ouvrages. »

D’après les conseils de M. Keller, nous avons fait l’acquisition de cette pièce; nous venons de la remettre au Musée cantonal.

La Société des antiquaires de Zurich a publié cette monnaie, avec les pièces celtibères connues en Suisse, dans ses Mémoires de l’année 1853. Elle a figuré, de plus, trois autres pièces analogues, trouvées, à ce que l’on croit, dans le canton du Valais, et plusieurs monnaies découvertes à Conters, dans les Grisons. /178/

M. Charles Le Normand a publié, dans la Revue numismatique de l’année 1840, un alphabet celtibérien.

Cette pièce a-t-elle été trouvée à Collombey? y avait-elle été perdue récemment? Nous mettons sérieusement la localité en doute, n’ayant pu obtenir aucun renseignement précis. Il est impossible d’en tirer aucune conséquence historique.

monnaie celtibèreNous figurons cette pièce remarquable Pl. V, No 5.

Elle pèse 5 deniers 6 grains; son titre est de 16 karats 1/2, soit 2/3 d’or et 1/3 d’argent. Il n’y a pas de cuivre.

 


 

/179/

PÉRIODE ROMAINE.

 

Nous publions la note suivante, que nous trouvons à la suite du Mémoire d’Abram Ruchat sur les monnaies du Pays-de-Vaud.

« Très peuplées sous la domination romaine, nos contrées ont fourni, et fournissent encore de nos jours, quantité de médailles et monnaies, tant consulaires qu’impériales, dont quelques-unes en or, la majeure partie en argent et en bronze, de ces dernières dans les trois modules usités, du haut et du bas empire, c’est-à-dire depuis les Césars jusqu’aux Valentiniens et même Honorius, époque où les légions romaines quittèrent notre Helvétie. On en a déterré une quantité incroyable, soit isolées, soit réunies dans quelque vase ou urne, à Avenches, à Moudon, à Yverdon, à Orbe, à Nyon, à Aubonne, à Vidy sous Lausanne, à Vevey, à Villeneuve, au hameau de Baugy ou Bougiez, à Chanivaz, aux environs du lac de Bret, au Treytorrens, à Promasens, à Ursins, à Valeyres; enfin dans divers lieux des cantons actuels de Berne et d’Argovie, surtout à Windisch. Beaucoup de ces pièces, parmi lesquelles il y en a d’une certaine rareté, sont conservées dans le médaillier de la bibliothèque de Berne; d’autres, dans celui de la bibliothèque vaudoise, à Lausanne; d’autres enfin, dans quelques collections particulières. »

Le gouvernement vaudois a acheté dans le temps la collection /180/ de monnaies faite par feu le docteur Levade, de Vevey; elle renferme beaucoup de pièces trouvées dans le canton. M. A. Baron, archiviste, en a remis un grand nombre à la collection cantonale. — M. Tissot, notaire à Moudon, s’est fait une magnifique collection de pièces romaines trouvées dans le canton. D’après ses indications, les pièces romaines déterrées à Moudon sont en majeure partie consulaires; les impériales s’arrêtent à Trebonianus Gallus; du moins il n’en a pas découvert de date postérieure.

On peut consulter sur ce sujet Haller: Helvetien unter den Römern, 2 volumes; Bern, 1811 et 1812; — Levade, Dr: Dictionnaire géographique du canton de Vaud, Lausanne 1824; en particulier à la page 417; — Haller: Catalogus veter. Græcor. et Latinor.; Bernæ, 1829.

monnaie de Jules CésarPour caractériser cette période, nous avons figuré à la planche VII, No 14, une monnaie de Jules César en argent. D’un côté est la figure en profil de l’auteur des Commentaires, et de l’autre un arc de triomphe. C’est une des premières pièces frappées en l’honneur de J. César.

[Voir la note supplémentaire 2]

 


/181/

 

PÉRIODE MÉROVINGIENNE.

 

LES BURGONDES.

Le Musée ne possède pas de monnaies de cette époque. On n’en a pas trouvé, à notre connaissance, dans notre pays. M. Troyon a recueilli et publié en partie le résultat de ses fouilles à Cheseaux: Description des tombeaux de Bel-Air, près Cheseaux sur Lausanne, par frédéric troyon; Lausanne, 1841. Ce mémoire est accompagné de six planches représentant des armes, des agrafes, des perles de collier, des vases, etc. — On a aussi recueilli au Musée des ornements d’hommes et de chevaux trouvés dans plusieurs parties du canton. Nous espérons que notre honorable collègue M. Troyon publiera un jour l’ensemble du résultat de ses recherches sur ce sujet.

M. Blavignac, de Genève, qui a fait une étude spéciale du bassin du Léman, et qui vient de publier son important ouvrage sur l’Histoire de l’architecture sacrée, du quatrième au dixième siècle, dans les évêchés de Genève, Lausanne et Sion, nous a signalé une pièce qu’il croit appartenir à cette période. triens d’AnastaseIl a eu l’obligeance de nous en envoyer un cliché, ce qui nous permet de la figurer Pl. VII, No 13. C’est un triens d’or d’Anastase Ier, qui régna dès 491 à 518, et qui porte le mot sigismvndvs écrit en un monogramme où toutes les lettres du Roi se retrouvent. /182/ Les légendes sont:

Avers, Buste impérial: dni anastasivs imavg. Revers, victoire. victoria ...it ...vn. Exergue: conob. Le monogramme est à droite, sous la main de la victoire.
monogramme

M. Blavignac pense que les rois des Burgondes imitaient les pièces romaines et se bornaient à y placer leur monogramme.

M. Cartier a décrit dans la Revue numismatique, année 1847, un triens d’or de Théodebert qui a un certain rapport avec la pièce que nous venons de représenter.

Sur une face est une tête diadémée regardant à droite; lég.: d. n. theodebertus. Au revers, une Victoire ailée marchant à droite et portant une Victoire; dans le champ, une étoile et les deux lettres l v en monogramme lv (gdunum) à l’exergue conob. (Page 20; Planche I, No 8.)

 

LES FRANCS.

M. Lohner, de Thoune, ancien landamman, a eu l’obligeance de nous confier un tiers de sol d’or mérovingien. La Revue numismatique de l’année 1840 donne les légendes de neuf cent-cinq pièces de ce genre; celle-ci n’y paraît point: c’est ce motif qui nous a engagé à la figurer (Pl. III, No 18).monnaie mérovingienne Le profil regarde à droite; la tête est ornée d’une chevelure autour de laquelle se voit la légende: agavno fit. Au revers est une croix de forme latine, avec le chiffre VII partagé dans les deux cantons inférieurs. La légende est séparée de la croix /183/ par un grenetis; elle a disparu à moitié; on lit dans la partie inférieure: ....sis roma; un petit ornement en forme d’anneau sépare les deux mots. D’après des renseignements fournis à M. Lohner, cette pièce aurait été découverte dans le canton de Bâle.

J’ai prié M. de Gingins de me donner son opinion sur cette pièce. Il croit qu’elle doit être attribuée à Gontran. Voici la note qu’il a eu l’obligeance de me communiquer sur ce prince:

« Gontran, l’un des quatre fils du roi Clotaire, ayant eu dans son partage la majeure partie des Etats des anciens rois bourguignons, releva le titre de roi des Burgondes, éteint depuis la réunion de ces Etats au royaume des Francs. Gontran commença à régner en 563. Il s’attacha à rétablir l’ordre et la paix dans la Cisjurane et la Transjurane. Il entreprit de réparer les grandes routes romaines au travers des Alpes et du mont Jura, et fonda sur ces routes des hospices pour les voyageurs et les pélerins, depuis Agaunum ou St.-Maurice, en Valais, jusqu’à Dijon. Il faisait sa résidence ordinaire à Châlons-sur-Saône, où il mourut en 593. — Il eut pour successeur Childebert, son neveu, sous la tutèle de la célèbre Brunehaut, sa mère. »

A la page 69 du Traité des monnaies de France par Leblanc, nous trouvons une monnaie de Gontran avec les légendes: ervevs. es: mvdvlenas mon. Dans les cantons de la croix, c a.

La planche II de l’Atlas numismatique de Lelewel renferme les Nos 1, 3 et 4, qui portent la légende c a dans les cantons inférieurs de la croix; l’auteur les rapporte aux fils de Clovis et de Clotaire. L’ensemble de la fig. 3 rappelle notre pièce de Châlons.

Un certain nombre de pièces mérovingiennes en or ont /184/ été frappées en Suisse. Voici ce que nous trouvons dans l’ouvrage sur les Bractéates de la Suisse par H. Meyer (Mittheilungen der antiquarischen Gesellschaft; Zürich, 1845):

 

I. Genève.

1. La tête d’un roi. L’inscription est illisible.
Une croix. Légende: genava fit.
(Combrouse, Pl. xxvi, 1.)

2. La tête d’un roi. genava fit.
Une croix. Légende: valirino mvni, pour munetarius. Dans le champ de la croix, le chiffre VII.
(Revue numismatique 1839, p. 425; 1844, p. 108.) — Beaucoup de monnaies mérovingiennes, qu’on trouve dans les collections suisses, ont ces chiffres. (Combrouse, Pl. xxvi, 2; — Soret, Lettre IX, p. 16, et Lettre à M. Zardetti, p. 13; — Revue Num. 1840, p. 241.)

3. Une troisième pièce contient l’inscription genavinsivm civit.
(Notice de M. Fr. Soret, à Genève.)

4. Mader parle d’une variété avec l’inscription ginivis, dans ses Critiques des monnaies du moyen âge, III, p. 18.

II. Lausanne.

1. La tête d’un roi. cvggilomv, c’est-à-dire Cuggilo monetarius.
Une croix. lavsonna fit.
(Combrouse, Pl. xxvii, 4. — Revue Num. 1840, page 223.)

III. Vevey.

1. La tête d’un roi. vivati.
Croix entre le chiffre vii. La légende est illisible.
Mader (III, 16) et Combrouse (Table xlviii, 34) ont expliqué Vivati par Vevey. /185/

IV. Yverdon.

1. La tête d’un roi. eberdvno fit.
Croix entre le chiffre vii. domaricvs mvn.
(Combrouse, Pl. xxiv, 2.) On n’est pas très sûr s’il faut entendre par là la ville d’Yverdon, ou bien la ville d’Embrun en France, qui porte un nom semblable (Ebrodunum).

V. Sion.

1. La tête d’un roi. vndericv mvnitaris.
Une croix, † sidvninsivm civitati.
(Soret, Lettre à M. de Saulcy, p. 5. — Combrouse, xlii, 2.)

2. Légende: toto.
Légende: sidvnis.
(Revue Num. 1840, p. 240.)

3. totvs nonetarivs.
Croix entre le chiffre VII. sidvnis civitate.
(Revue Num. 1840, p. 240.)

4. aietivs mvi.
sidvnis civet fit. Croix entre le nombre VII.
(Revue Num. 1840, p. 216.)

5. La tête d’un roi. sidvni cive fi.
Une croix, aietivs mvi ... Variété de la précédente.
(Combrouse, Pl. xlii, 3.)

6. sidvnis civis fit. La tête d’un roi.
asetivs mvnitari. Une croix entre VII.
(Bibl. de Bâle.)

7. La tête d’un roi. smevs monitarivs.
Une croix dans le chiffre VII. sidvnis civitate fit.
(Combrouse, Pl. xlii, 1.)

8. La tête d’un roi. sidvnis fit.
Une croix dans le chiffre VII. aecvs mo.
(Mader, iii, p. 13, No 29; Combrouse, Pl. xlii, 4.) /186/

9. La tête d’un roi. La légende illisible.
Une croix, † sidvninisivm civitate.
(Combrouse, Pl. xlii, 5.)

10. La tête d’un roi. Légende illisible.
Une croix, sidvninsi in civiva.
(Combrouse, Pl. xlii, 6.)

11. gracvs monitarivs.
Une croix dans le chiffre romain VII. sidvnis civitate fit.
(Revue Num. 1840, p. 229.)

12. Une pièce (I, p. 81), où il ne reste pour le nom du monétaire que ....verivs.

13. Une tête avec diadème. sidvnis fit.
Une croix avec monogramme. .h..c.icvs.
(Haller, Monn. et Méd. de la Suisse, T. II, p. 358; Mader, iii, 13.) 1

VI. Saint-Maurice en Valais.

Il se présente deux variétés de ces monnaies: la première porte le nom d’Agaunum, qui est l’ancien nom de St-Maurice, comme on le trouve sur les inscriptions romaines; la seconde variété porte le nom actuel de S. Mauricius, le patron du couvent fondé déjà en 516 par Sigismond, roi de Bourgogne.

1. La tête d’un roi. agavno fit.
Une croix. ....io mon.
(En la possession de M. Schmidt, à Augst.)

2. La tête d’un roi. agav... fit.
Une croix. ...atalsv.
(Combrouse, Pl. i, 1.)

3. La tête d’un roi. agavno fit.
Une croix dans les chiffres romains VII. rosanos mv. /187/
(Mélanges de Numism., Médailles inédites, par le marquis de Lagoy; Aix, 1845.)

4. La tête d’un roi. agvninis.
Deux croix, piperone.
Cartier, dans la Revue Num. (1836, p. 409), considère le mot Aguninis comme une corruption d’Agaunum (St.-Maurice).

5. La tête de roi. sci. mavrici.
Une croix. nicasio monit.
(Combrouse, Pl. xli, 10.— Revue Num. 1840, p. 235.)

VII. Vissoie (en Valais).

1. Mader (iii, 15) assigne à ce lieu les monnaies qui ont l’inscription suivante: ..sinvtvs; au revers, la légende: visvong †. Mais Cartier (Revue Num. 1840, p. 238) laisse le lieu sans le déterminer.

VIII. Bâle.

1. La tête d’un roi. basilia fi.
Un homme debout, peut-être un ange; légende illisible: ca... (Bâle devait appartenir à la même province que Châlons; voyez plus loin.)
(Combrouse, Pl. xii, 12.)

2. Une tête de roi. bas...a fit.
Une croix, gv.ivono.
(Combrouse, Pl. xii, 13.)

3. gvnso m..
basilia fit.
(Revue Num. 1840, p. 229.)

4. adalberto. Dans le milieu un calice, et au-dessus la croix.
bas. ci. réunis en monogramme (pièce en argent).
(Mader, iv, p. 2; — Lelewel, T. I, p. 54; Pl. xvii, 3; Combrouse, Table ii, 9; — Revue Num. 1840, p. 216.) /188/

IX. Windisch.

1. La tête de roi. vindonisse fitvr.
La croix, tvta monetarivs.
(Soret, Lettre à M. de Saulcy, p. 5; — Combrouse, Pl. xlviii, 24.)

X. Zurich
.

1. La tête d’un roi. ...mon...
La croix, tvriaco.
(Mader, III, 18; — Combrouse, Pl. xlvi, 12.)

XI. Elgg (dans le canton de Zurich).

Mader (III, p. 8) décrit la monnaie suivante:
can (peut-être careso) mo.
elenntops.
Il déchiffre cela par Elenntgovia oppidum sacrum.
Cartier (Rev. Num. 1840, p. 222) décrit une monnaie semblable:
canreso elentops, et laisse le lieu indéterminé, ainsi que Combrouse (Pl. xxiv, 10).

Nous avons pensé devoir traduire ce résumé de M. Meyer qui donne une idée de la valeur des villes suisses sous les rois francs. Il est probable que chaque pièce a été frappée pendant la présence du souverain dans la ville dont elle porte le nom.

Nous signalerons un fait qui nous paraît très caractéristique: c’est le chiffre VII qui se trouve dans les cantons inférieurs de la croix pour les villes de Genève, Vevey, Yverdon, Sion et St.-Maurice. Il est possible que ce chiffre indique une province; quoi qu’il en soit, il accompagne les pièces de la Suisse romande. Nous citerons à cette occasion le /189/ passage suivant de l’ouvrage du chanoine Boccard, page 17 :

« Dès sa conquête par Auguste, le Valais avait été uni à l’Italie; il n’en fut démembré qu’après l’an 390, pour être réuni aux Gaules, et former avec les Centrons (Tarentaise) la septième province viennoise. C’est à la suite de ce démembrement que le siége de Théodore, qui jusqu’alors avait relevé de celui de Milan, fut uni à la métropole de Lyon. »

Depuis que nous avons rédigé notre Mémoire, nous avons visité quelques collections. Nous avons trouvé dans la belle collection numismatique de M. le docteur Coindet, de Genève, un tiers de sol très précieux que le propriétaire a eu l’extrême obligeance de nous confier;monnaie de Goncram nous le figurons dans la planche VII, No 1.
i goncram. Tête diadémée, regardant à droite.
genavensium civit. Croix simple, à côtés égaux.

Cette monnaie, qui porte le nom de Goncram, tendrait à prouver que la plupart des pièces analogues doivent être attribuées à ce prince.

M. R. Tissot possède quatre tiers de sol d’or trouvés dans la ville de Moudon:

 Une pièce frappée à St.-Maurice. Elle ressemble beaucoup à celle que nous avons décrite et figurée; mais au lieu d’avoir Agauno fit, on y lit fit agavno. C’est un coin différent, qui est encore caractérisé par le chiffre qui se voit dans les cantons de la croix: le V est dans le canton inférieur droit, et le II dans le canton gauche;
 La seconde pièce porte la légende c...onno; elle paraît identique avec celle dont on trouvera la description plus loin;
 La troisième est de Sion; elle nous a paru identique avec /190/ celle indiquée précédemment sous le No 1: Siduninsium civitati;
 La quatrième a été frappée à St.-Jean de Maurienne. La tête est figurée de face; la croix est simple, sur quatre degrés; les légendes: mavra genna et mon etvrio.

Enfin on a trouvé à Orbe une pièce d’or, qui a été frappée, je crois, à Châlons-sur-Saône; elle appartient à la collection cantonale. La figure regarde à droite; elle est couverte d’une espèce de coiffure. La partie gauche de la légende a disparu; on lit à droite: ...onno fit. Au revers est une croix latine placée sur un piédestal; autour, on voit un grenetis et la légende mutilée ....ioetbonieac...; dans les cantons inférieurs de la croix, les lettres c a.

Dans les légendes de l’époque on trouve: Curbonno fit. Cablonno. Cabilono fit. c. a. Cabilonno fit.

La figure 24 de la planche XIII de la Revue numismatique de 1840, ressemble beaucoup à notre monnaie; on y lit aussi ....onno fit; la croix est avec les deux lettres c a. M. Cartier ne détermine pas cette pièce; il dit que le No 24 correspond aux Nos 961, 275 et 220 du catalogue de M. Combrouse: nous ne possédons pas cet ouvrage.

Lelewel (Num. du moyen âge, I, p. 43) parle d’une monnaie où, du nom du monétaire, il ne reste que ....bio, et la croix est entre les lettres c a. Il explique ces deux lettres par Clotarius, mais d’autres (Revue Num. 1844, p. 160) par Crux Adoranda.

M. E. Cartier (Rev. num. 1836, p. 398) affirme que dans les pièces mérovingiennes c. a. signifient Châlons.

M. G. Lecointre-Dupont nous affirme que les croix sont accostées du nom des pagus où ces pièces ont été frappées; que c a indique le pays de Châlons. Sur ces autorités, /191/ nous dirons que notre pièce a été frappée à Châlons, et que la légende autour de la tête est: cabillonno fit. (Revue num. 1840, p. 319.)

M. Soret a donné dans la Revue numismatique de 1841 (page 397) la description de cinq sous d’or inédits trouvés dans les environs de Genève.
 1. Austa fit: Guillinius munitarius. mv en monogramme, et c. v. dans les cantons de la croix.
 2. Vfexie fit: Aldericus fecet.
 3. Carecinisi. Dopolenoim.
 4. Cavelonno. ...audomer.
 5. Vtcniutcnv : VHICTMIVMICNV.

Enfin nous trouvons dans une lettre de M. Soret sur les enfouissements monétaires de Genève et ses environs (Genève 1841), la description d’une nouvelle pièce déterrée à Genève. Légende: Aurici sci. M.; Minoc? fit?

 


 

/192/

PÉRIODE CARLOVINGIENNE.

On a trouvé dans plusieurs localités du canton de Vaud, à Vevey, et en particulier dans les tombeaux de Bel-Air près de Cheseaux, des monnaies frappées par Charlemagne.

Les deniers d’argent de Louis-le-Débonnaire ne sont pas rares. L’un est le denier commun, le type primitif, figuré planche I, dans le mémoire de M. de Pina sur les monnaies des environs du lac Léman. L’autre est un denier plus léger, d’un argent évidemment moins pur 1 ; il présente le nom du même prince, non précédé de H et sans double V. Les numismates allemands, et en particulier Mader, attribuent cette pièce (No 2 de M. de Pina) à l’empereur Louis III dit l’Aveugle, fils de Bozon. M. Cartier considère cette pièce /193/ comme la production de quelque atelier monétaire épiscopal imitant la monnaie impériale par suite de quelque concession. (Revue Num., 2e vol., p. 344.)

Par une charte de Louis-le-Débonnaire, datée du 5 des Kal. d’Aoust, l’an premier de son règne, (Indiction VII. 27 Juillet 815 — Cartulaire de Lausanne), ce prince donne à l’église de Notre-Dame de Lausanne, dont l’évêque Frédéric est le chef, quelques-uns des biens qui sont sa propriété et qui sont situés aux environs de Lausanne et d’Eclépens, avec la forêt de chênes dite Maurmont, etc.

Cet acte nous indique que Louis-le-Débonnaire avait des propriétés particulières près de Lausanne; il ne serait pas impossible qu’il eût frappé monnaie dans quelque atelier monétaire au bord du Léman. L’évêque Frédéric était sur le siége de Lausanne; dans les séries nous trouvons Fredarius. Il serait possible que les deniers d’argent au type normal de Louis-le-Débonnaire eussent été frappés par ce prélat.

Nous apprenons de plus qu’une église consacrée à Notre-Dame existait déjà à Lausanne.

Enfin, cet acte nous prouve que le mot de Maurmont ne doit pas être attribué à une station des Sarrasins, à un camp placé dans cette localité; car l’histoire nous fait connaître que ces peuples errants n’avaient pas encore pénétré dans l’Helvétie. Ce fut sous Conrad, roi de Bourgogne, proclamé en diète à Lausanne en 937, qu’ils franchirent les Alpes.

Nous devons à l’obligeance de M. Fr. Troyon, de Bel-Air, près Lausanne, la communication suivante:

 « Le cimetière helvéto-burgonde de Bel-Air présente un fait remarquable: c’est la superposition de trois couches de tombeaux. Après avoir déposé une première couche de tombes sur l’espace de terrain consacré aux sépultures, on /194/ a poursuivi les inhumations sur le même lieu; seulement, lorsqu’on ouvrait une nouvelle tombe, si l’on en rencontrait une plus ancienne, au lieu de détruire celle-ci, comme cela se fait de nos jours, on ensevelissait immédiatement au-dessus. Enfin, une troisième couche a été déposée presqu’à fleur du sol, et ces derniers sarcophages ont même été ouverts de nouveau pour y déposer de nouveaux morts, ainsi qu’on peut s’en convaincre par les ossements humains jetés pêle-mêle aux pieds de squelettes régulièrement étendus. Dans les couches inférieures, j’ai retrouvé quelques médailles romaines frustes, et un monogramme mérovingien; un de ces monogrammes appartient aussi à la couche supérieure. Ces détails sont nécessaires pour faire comprendre l’importance de la découverte que voici.

 En 1842, je fouillai la 204e tombe de Bel-Air; elle reposait immédiatement sur deux tombeaux plus profonds, et auprès du squelette qu’elle renfermait étaient les débris entassés d’un squelette antérieur. Le mort inhumé le dernier dans cette tombe était, selon l’usage, couché sur le dos, ayant les bras étendus le long des côtés. Une pièce de Charlemagne reposait vers l’épine dorsale, au-dessus du bassin; une seconde vers le coude gauche, et huit autres vers le coude droit; ces dernières conservaient quelques traces de l’étoffe dans laquelle elles paraissaient avoir été enveloppées.

 Ces dix monnaies en argent portent toutes sur l’avers le mot carolus, et 7 d’entre elles ont sur le revers Rex Francorum; mais il est à remarquer, par les variétés dans la forme des lettres, que ces sept dernières pièces ont toutes été frappées à des coins différents.

 Les trois autres monnaies, que les meilleurs numismates /195/ ont tous envisagées comme inédites, portent sur le revers le nom du lieu où elles ont été frappées. Sur la première, on lit condat. Ce nom de Condat est propre à plusieurs localités dans le moyen âge; cependant il est possible que celui-ci désigne l’ancienne abbaye de St-Claude en Franche-Comté, qui doit avoir eu sous Charlemagne le droit de battre monnaie.

La seconde pièce porte sur l’avers une inscription que M. Adrien de Longperrier a cru reconnaître être celle de la ville de Dinens en Belgique.

L’avers de la troisième pièce n’a pas encore été déchiffré. Chaque lettre est visible, mais de quelque manière qu’on les dispose, on n’en peut tirer quelque chose de satisfaisant.

Indépendamment de la valeur de ces pièces en elles-mêmes, elles ont encore celle de déterminer le dernier moment des inhumations à Bel-Air, où l’on a enseveli du Ve au IXe siècle de notre ère.

On a découvert dans le canton quelques pièces de Louis-le-Débonnaire , entre autres sous la tour de St.-Triphon; elles pourraient bien remonter à l’époque de la construction de cette tour.

A Sévery, quelques pièces des évêques de Lausanne et des comtes de Savoie ont été dispersées, il y a déjà plusieurs années. »

 

ÉVÊCHÉ DE LAUSANNE.

Il existait dans les diverses collections cantonales de Lausanne un certain nombre de monnaies de l’évêché, trouvées dans les environs. Ayant entrepris de les classer et /196/ de les déterminer, nous avons établi à cet effet un catalogue raisonné de ces pièces, avec dessins en regard, correspondant par des numéros aux pièces placées dans le médaillier. Ce travail fini, nous avons jugé utile de donner dans ce mémoire le résumé du classement et de nos recherches sur ce sujet. Plusieurs personnes, avant nous, ont déjà appelé l’attention sur les monnaies de l’Évêché. La Revue numismatique de France contient deux mémoires sur ces pièces: l’un de M. le marquis de Pina, l’autre de M. Soret, de Genève; dans ce dernier surtout sont figurées un certain nombre de monnaies, et plus particulièrement de celles portant le nom des évêques. Nous avons cherché à utiliser tous ces travaux et à les compléter par l’étude de 2000 pièces environ, que nous avons réunies dans le médaillier cantonal à Lausanne. Il était très difficile, pour ne pas dire impossible, de rapporter les monnaies non signées, soit à des dates déterminées, soit aux évêques qui les ont frappées. Pour aider aux personnes qui voudront, après nous, faire un travail plus complet sur la matière, nous faisons suivre nos recherches d’une indication des monnaies frappées à Nyon par Louis, baron de Vaud, avec des figures de ces pièces.

Comme on s’en apercevra facilement, notre Mémoire peut être considéré comme un travail préparatoire sur l’histoire numismatique d’une partie de la Suisse romande. Nous n’avons pas la prétention de traiter à fond ce sujet; notre but est plus spécialement de réunir les documents sur cette matière. L’intérêt attaché à l’évêché de Lausanne, qui, dans le temps, était un des siéges les plus importants de la chrétienté, est un des motifs qui nous ont guidé dans nos recherches; car en 1245, les revenus de l’évêque sont évalués à 60,000 ducats, soit environ 2 millions fédéraux. /197/

Comme nous espérons qu’un de nos concitoyens fera un jour l’histoire de l’Evêché et réunira les matériaux épars sur ce sujet, nous donnerons un peu plus loin le catalogue des évêques de Lausanne, tel qu’il a été dressé par M. de Lenzbourg dans ses mémoires, en regard de celui publié dans le temps par M. Marc-Antoine Pellis dans ses Eléments de l’histoire de l’ancienne Helvétie et du canton de Vaud.

B. Em. de Lenzbourg, évêque de Fribourg, écrivit, en 1789, le Lausanna Christiana; la copie de ce manuscrit a été déposée à la bibliothèque cantonale par les soins de M. Fr. de Gingins, professeur honoraire.

On compte trois séries de frappes de monnaies de l’évêché de Lausanne:

I. La série de l’évêché proprement dit, qui part de l’an 800, ou à peu près, et qui va jusqu’à G. de Saluces. Les monnaies de Louis, baron de Vaud, frappées à Nyon dans le treizième et le quatorzième siècles, jusqu’en 1308, se rattachent à cette série, dans laquelle rentrent aussi les pièces du comte de Neuchâtel. L’an 1209, Roger, évêque de Lausanne, donna en fief à Ulrich III le droit de battre monnaie.

II. Viennent ensuite les pièces qui ne sont pas au coin carlovingien, mais qui portent l’effigie de la Vierge avec la légende Beata Virgo.

III. Les monnaies signées ou portant des armoiries.

 

I. Monnaies carlovingiennes.

On remarque quatre principaux types de monnaies carlovingiennes. La monnaie la plus informe n’a pas positivement un temple: monnaie carlovingienneon n’y découvre qu’un toit avec un fronton sans colonnes; deux marches d’escalier sont placées sous cette /198/ construction. La croix du revers est simple; la légende autour de la croix est Civitas eqsti, sedes Lausane (voyez planche I, figure 1). Il est possible que cette monnaie soit la plus ancienne de l’évêché.

Un autre type a le temple avec le fronton, deux colonnes de chaque côté, une croix entre les colonnes, et deux degrés dessous; on ne trouve ni besants, ni anneaux sous les degrés. monnaie carlovingienneLa croix est simple; elle porte deux S, l’un dans le canton supérieur droit, l’autre dans l’inférieur gauche. La légende est Monetas d’un côté, et Lausanne de l’autre (Voyez pl. I, fig. 2). Les pièces des évêques de Genève, figurées par M. Soret (Revue numismatique, 1841; planche XXIII, No 20), nous présentent un signe analogue, deux S placées dans des cantons opposés. Doit-on expliquer ces deux lettres par signum sedis, c’est-à-dire signe du siége de l’évêché de tel endroit? Les évêques de Genève ont frappé des monnaies avec divers signes dans les cantons.

Nous avons reçu, depuis que notre Mémoire est terminé, une pièce provenant du musée de Zurich; elle appartient au même type; nous en donnons la figure Pl. VII, No 6. monnaie carlovingienneLe temple a le fronton élevé; à la place des deux colonnes intérieures, on trouve deux besants; les deux escaliers sont remplacés par deux autres besants; légende: Lausanna. Au revers est une croix simple, sans ornements dans les cantons; légende: Monetas.

Le troisième type ne diffère du précédent, dans l’avers, que par l’absence de la croix entre les colonnes, et la présence de trois anneaux sous les degrés. Dans le revers, la croix est simple et ne porte aucun signe dans les cantons.

Ce qui fait supposer que ces trois types appartiennent à la même époque, c’est la forme de la petite croix qui surmonte /199/ le temple, et qui se rapproche de la croix de Malte. Le côté inférieur s’y trouve remplacé par la pointe du fronton. Dans les autres monnaies, cette croix appartient au type grec, et ses quatre côtés sont indiqués. Dans la monnaie figurée par le marquis de Pina au No 2, et qui n’est que le denier commun de Louis-le-Débonnaire, non-seulement les types sont les mêmes sous le rapport des lettres, de la forme du temple et de la croix, mais les détails de la petite croix qui surmonte le temple se rencontrent avec ceux que nous avons signalés plus haut. monnaie carlovingienne— La légende de ces pièces est Civitas equestrium, sedes Lausanne (Voyez pl. I, fig. 3).

Le temple soutenu par quatre colonnes, avec une croix au milieu de ces colonnes, est indiqué par M. Lelewel, Pl. VII de l’Atlas, comme caractérisant l’époque de 800 à 1100.

On ne connaît qu’un petit nombre de formes des trois premiers types que nous venons d’indiquer. Le musée de Lausanne en possède une vingtaine.

monnaie carlovingienneLe quatrième type carlovingien est caractérisé par un temple à fronton surmonté d’une croix grecque. Ce temple porte des colonnes; il n’a pas de degrés; on trouve trois anneaux ou trois besants sous sa partie inférieure. La croix est simple; dans ses cantonnements se voient des signes placés de la manière suivante: un besant ou un anneau dans un des cantons, et un signe qui est plus ou moins une modification de barbe de plume dans le canton opposé (Voyez pl. I, fig. 4 à 24).

Nous divisons ces monnaies-là en deux parties: les monnaies à lettres latines et celles à lettres gothiques.

A. Monnaies à lettres latines.

legendes. Le type des légendes de ces monnaies serait: civitas equestrium, autour de la croix; sedes Lausana ou /200/ Lausane, autour du temple. Nous allons donner quelques détails des principales formes.

Civitas. Dans le No 2, ce mot est au complet, si l’on admet que le T soit réuni avec la lettre A, au-dessus de laquelle se trouve une barre comme dans le T.

Depuis le No 20 au No 34, le mot civitas est au complet. Il est allié au mot eqstri et aux mots sedes Lausane. La barbe de plume est nettement formée dans le canton. Le No 35 porte civitas trus: suai sedes.

Le mot civias se rencontre plus généralement avec les mots equst, sedes Lausae; — equest, sedes Lausae; — eqstru; — equest, suai sedes; — equsti; — equstio; — equei; — eqstra; — equesi. Sur l’avers on trouve en même temps sedes lausæ, sedes lausan, et suai sedes. Les mots civitas ou civias se rencontrent sur toutes les pièces de la collection, depuis le No 2 au No 96.

Civas ou Oivas. Le C et l’O sont pris fréquemment l’un pour l’autre. Les légendes les plus fréquentes sont: civas iost, suai sedes; — civas iqst, sedes Lausæ; — oivas iqst, sidis Laus.

M. Soret remarque que la forme des caractères et la position renversée des S offrent beaucoup d’analogie avec celle des deniers d’Amé II et de Humbert II, frappés à Suze. Ces pièces peuvent appartenir à la fin du dixième ou au commencement du onzième siècle. M. Lelewel désigne ces lettres sous le nom de Lombard; elles caractérisent l’époque de 950 à 1100. Les légendes sont frappées de cette manière du No 96 au 125 de la collection du Musée.

Tsoi savio, allié à suai sedes; — sedes Lausæ; — sidis Laus.

C’est plus particulièrement dans ces types-la que la figure /201/ placée dans le canton inférieur gauche ressemble à une fleur informe.

Nous trouvons dans une notice de M. de Pina, sur les monnaies frappées dans les environs du lac Léman, le dessin d’une pièce en bronze (Pl. I, No 6), ayant à l’avers, au centre, un temple supporté par quatre colonnes, sous lequel se trouvent trois besants; autour, la légende: novi castri; — au revers une croix simple, avec un anneau dans le canton inférieur gauche; dans le canton supérieur droit est un de ces signes que nous ne pouvons caractériser; légende: lvdovicus, suivi d’un écusson portant le chevron de Neuchâtel. monnaie carlovingienne— Cette monnaie, que nous reproduisons Planche V, No 6, a été frappée postérieurement à 1347, par le comte Louis, en suite de l’autorisation de l’empereur Charles IV. Mais précédemment, l’an 1209, Roger, évêque de Lausanne, avait donné en fief à Ulrich III, comte de Neuchâtel, le droit de battre monnaie. Cette concession, d’abord contestée par les Etats de l’évêché, fut rachetée en 1225 par l’évêque Guillaume d’Ecublens.

Il serait possible qu’une partie de ces pièces et celles portant tsoi savio ou suai sedes, avec une fleur informe ou des chevrons dans les cantons, eussent été frappées par le comte Ulrich III.

Ce groupe comprend les monnaies des Nos 126 à 171 de la collection.

Tsoi savio; sidis Laus. Ce groupe va du No 172 au No 196. Il est simple; il y a deux chevrons dans le cantonnement inférieur gauche.

On reconnaîtra facilement que toutes ces pièces appartiennent à un même type. Les deux derniers groupes nous présentent le billon le plus grossièrement gravé. La lettre Q /202/ est fréquemment remplacée par un O; la lettre E, par un I; la lettre L, aussi par un I, et le C par un O. — Nous avons aussi trouvé des Q ayant le jambage caractéristique placé en arrière, d’où nous avons conclu qu’il pourrait bien y avoir une impression à rebours; telle est l’origine de l’explication suivante:

Si nous prenons le mot civas eqst, et que l’on admette que le Q puisse être remplacé par l’O, l’E par l’I et le C par l’O, et que l’on grave oivas iost, sans retourner la lettre, l’impression de la monnaie donnera: tsoi savio.

Nous ne pouvons admettre l’explication donnée sur cette monnaie par M. Soret, à la page 9 de son Mémoire.

Le mot sedes pris à rebours, c’est encore sedes.

Le mot laus, en admettant, comme nous l’avons vu, que l’I remplace l’L, donne, à rebours, svai.

D’après ce qu’on vient de voir, on aura facilement l’explication des légendes:

civias equest, suai sedes;
civas iost, suai sedes;
tsoi savio, suai sedes;
tsoi savio, sedes Lausæ;
tsoi savio, civitas equest.

On voit par là que, tantôt les deux coins ont été gravés à droit, et tantôt un seul à rebours; quelquefois aussi tous deux ont été gravés à rebours.

On peut encore distinguer les deux groupes des tsoi savio de la manière suivante:

Le premier groupe a une barbe de plume plus ou moins allongée, plus ou moins serrée, et dégénérant insensiblement en trois traits, qui alors prennent l’apparence d’une fleur plus ou moins grossièrement dessinée. /203/

Le second groupe a un ornement dans le canton inférieur gauche, un besant dans le canton opposé. Le temple varie peu; le fronton est plutôt aigu qu’écrasé, et supporté par cinq colonnes. Point de degrés au temple, trois besants dessous. La légende de l’avers est sidis laus; la légende du revers: Tsoi savio.

Il n’y a qu’une seule variété ayant des chevrons placés d’une autre manière. C’est le No 121 de la collection. Les chevrons sont dans le canton inférieur droit. La légende de l’avers est: sedes laus; la légende du revers: oivas iqst.

Civitas equestrium. Nous lisons dans l’ouvrage de Spon (tome I, page 23), qu’après la défaite des Suisses et le dégât fait dans tout le Pays-de-Vaud, ces quartiers-là se trouvaient extrêmement dépeuplés, ce qui obligea J. César d’y envoyer une colonie, soit pour repeupler le pays, soit pour faire tête aux Helvétiens; et, comme les principales forces de cette colonie étaient en cavalerie, on l’appela Colonia équestris, ou Civitas equestrium, la colonie ou la communauté des Equestres, comme elle est nommée dans quatre inscriptions antiques, qui sont à Genève, et dans une cinquième, « Julia equestris. »

« Guichenon (Spon, tome IV, p. 59) a très bien jugé que nombre d’inscriptions qui se voient à Genève, pouvaient y avoir été portées d’ailleurs, et j’ai lu dans les manuscrits, que les deux qui sont au Molard, où il est parlé d’un Sextumvir des Equestres et d’un bourgeois du même pays, avaient été apportées de Versoix, en l’année 1590. De même une autre, où est nommée Civitas equestrium, est citée dans les auteurs qui ont écrit du Pays-de-Vaud, comme s’y étant autrefois vue. Il était aussi très facile, par le droit du voisinage, que plusieurs personnes de qualité qui avaient des /204/ offices dans la colonie des Equestres, en eussent aussi dans Genève, ou du moins qu’ils y soient morts.

« La vraie situation de cette colonie était donc au Pays-de-Vaud, entre les deux petites rivières de Versoix et d’Aubonne; et une preuve de cela, c’est le mot d’ Enquestres, qui demeure encore à ce territoire, parmi les gens du pays. Il y a aussi un ancien acte de l’an 1011, où ce pays le long du lac est nommé Pagus equestricus. Nion, qui était au milieu, en était la capitale, ce qui fait qu’on y ajoutait ce nom, comme dans la notice de l’Empire écrite au temps de Théodose; elle est appelée Civitas Equestrium, Noviodunum, sous la province des Séquanois, dans laquelle Pline la place aussi, au lieu que Genève était sous la province viennoise. L’Itinéraire d’Antonin distingue aussi très bien Genève, qu’il nomme Civitas Genavensium, sous la province viennoise, et Nion, Civitas Equestrium, id est Novidunum, sous la province séquanoise. Pour confirmation de tout ce que j’ai dit, je dois ajouter qu’il se trouve une ancienne monnoye, qui a d’un côté civitas equestri , et de l’autre sedes lausane, qui montre que la colonie des Equestres reconnaissait le siége de Lausanne. »

« ... Cependant, comme on prend plaisir à se faire honneur des anciens titres, ceux de Lausanne se sont aussi mis en tête que leur ville était cette ville des Equestres, et, pour le mieux persuader, ils gravèrent au siècle passé, sur les portes de leur ville, ces mots en grosses lettres: CIVITAS EQUESTRIS; et peut-être que ceux qui ont frappé la médaille ci-dessus étaient déjà imbus de cette erreur. Ce que j’ai dit peut les avoir désabusés; et j’ajoute que le mot civitas ne marque pas toujours précisément une ville, mais un pays ou une communauté de gens vivant sous les mêmes /205/ lois, soit qu’ils habitent dans une seule ville, soit qu’ils occupent tout un pays. Ainsi César, dans ses Commentaires, appelle Civitas Helvetiorum et Civitas Allobrogum, la communauté des Helvétiens et celle des Allobroges. »

On peut encore consulter le Dictionnaire du Canton de Vaud par le D. Levade, pages 220 et 411. On lira dans cet ouvrage des inscriptions trouvées à Nyon, avec les mots Colonia Julia Equestris, Civitas Equestrium.

Nous trouvons, de plus, dans une description de la cathédrale de Lausanne, faite par M. Blavignac:

« Le beffroi renferme cinq cloches. La plus grosse, communément appelée Marie-Magdeleine, porte la date de 1583 entre deux couronnes, renfermant, l’une les armoiries de Berne, l’autre celles de la ville de Lausanne, surmontées les unes et les autres d’un écusson, où se voit l’aigle éployée à deux têtes, avec la couronne impériale. Plusieurs figures de chérubins occupent le haut de cette cloche, dont le diamètre est de 6 pieds 4 pouces et demi. La deuxième cloche, que l’on sonne à la volée lors de l’exécution des criminels, et qui est tintée par intervalles dans les cas d’incendie, n’a qu’un pied de moins; selon la tradition, elle serait le don d’une dame de qualité, condamnée à mort, et qui, par ce présent, obtint la commutation de sa peine; un bas-relief qui est sur la cloche semble confirmer cette tradition: on y voit une femme à genoux sur l’échafaud; l’exécuteur la tient par les cheveux et s’apprête à lui porter le coup mortel à l’instant où un ange, descendant du ciel, apporte sa grâce. Deux autres sujets représentent, l’un la sainte Vierge avec l’enfant Jésus sur ses genoux, l’autre la vraie image de notre Seigneur. On lit autour de la cloche la date de 1518 et l’inscription suivante en lettres gothiques: /206/

claudate evm in cimbalis bene sonantibus.
Laudate eum in cimbalis jubilacionis
Omnis spiritus laudet Dominum.

Ces deux cloches se trouvent dans l’étage inférieur du beffroi; la troisième, dite cloche de midi, fut fondue en 1726; elle porte les armoiries de Lausanne surmontées des mots:

lausanna civitas equestris.

La cloche de trois heures en remplace une plus ancienne, qui fut détruite par un incendie; fait rappelé dans l’inscription ci-après, qui se lit sur le cercle de faussure:

Ma forme que javois par la flame perdue
Ma de rechef este par la flamme rendue.

Cette cloche date de 1674. La dernière, dans la composition de laquelle on pense qu’il entre une certaine quantité d’argent, est sans aucune inscription.
Les cinq cloches que je viens de décrire servent à la fois dans les jours de grandes solennités. Les deux plus grosses se sonnent à la volée: la première pour la convocation des séances du Grand-Conseil, la seconde pour celle des assemblées électorales; la troisième est mise en branle tous les jours à midi; enfin la dernière, qui à l’aube annonce le réveil et sonne la retraite à la chute du jour, sert encore en cas d’incendie hors de la ville. »

Il résulte des citations précédentes, que le mot civitas equestris ou equestrium, placé sur les monnaies, doit être attribué au pays, au pagus, plutôt qu’à une ville. Dans la première période, la ville de Nyon, civitas equestris, était plus considérable que Lausanne; c’est probablement dans cette ville que l’on a commencé à battre monnaie. Plus tard, lorsque l’évêché se fut constitué fortement, la frappe se sera /207/ opérée à Lausanne, où l’on aura conservé tous les signes primitifs; puis, pour sanctionner ce fait et pour ne pas voir se renouveler les discussions qui avaient eu lieu avec Louis, baron de Vaud, on a cherché à faire croire, par des inscriptions, que Lausanne était la cité équestre.

 

lettres. La plus grande partie des monnaies carlovingiennes porte les lettres latines.

Il n’y a que la pièce Pl. I, fig. 2, qui porte l’E lunaire. Voici ce que M. Fr. Dubois de Montperreux écrivait à ce sujet à M. le prof. Gaullieur: « M. Fréd. Soret a fait merveille pour déchiffrer et classer les monnaies de Lausanne. Depuis lui, j’ai découvert des types qui me paraissent appartenir à l’époque du royaume de Bourgogne, et qui portent d’un côté la légende moneta, et de l’autre Lausan; ce qu’il y a de certain, c’est qu’elles sont plus anciennes que celles qui ont la légende civitas equestris, Sedes Lausane; les caractères sont de la fin du dixième siècle ou du commencement du onzième. » (Revue Suisse, 1852.)

Nous ne partageons qu’en partie l’opinion de M. Dubois. Comme lui, nous croyons que ces pièces à E lunaire appartiennent au commencement du onzième siècle. On retrouve cet E dans les deniers des archevêques de Vienne, de Lyon, des évêques de Viviers, des comtes de Toulouse, du duc Hugues V de Bourgogne, de la ville de Valence, d’Avignon sous les papes, d’Humbert de Suze, d’Anduze, de Clermont en Auvergne, etc. Les pièces les plus anciennes à notre avis, datent du temps de Louis-le-Débonnaire et ont conservé entièrement le type de ce prince; ce sont celles de la planche I, No 3. Elles ont déjà été figurées par Spon dans son Histoire de Genève; dans le mémoire de M. de /208/ Pina, sous le No 4. Le temple est placé sur deux escaliers avec trois anneaux en dessous; la croix est simple et sans ornement dans les cantons. Cest un type analogue au denier de l’évêque Conrad, figuré par M. Blavignac dans son Armorial genevois, planche xxxvii, No 1.

Les autres pièces à lettres latines de l’évêché de Lausanne n’offrent rien de particulier, sauf l’S couché, qui est fréquent dans les tsoi savio, et la réunion de quelques lettres.

 

B. Monnaies à lettres gothiques.

La collection cantonale renferme environ soixante variétés de pièces à lettres gothiques; on peut les grouper de la manière suivante:

monnaie à besants sous le temple1. Pièces à besants sous le temple et dans les cantons de la croix. (Pl. I, fig. 25 et 26.)

No 375. Civitas equestriu: le T est gothique, le Q a le jambage distinct à côté de l’O, les E de Sedes sont gothiques, et les N de Lausanne latins, avec un E latin.
Nos 556 à 575. Civitas eqstri: les T sont gothiques, les E de même, l’A demi-gothique, et l’N latin. Il faut placer dans cette section les pièces trouvées à Arzier et inscrites sous les Nos 389 à 399.
Le No 408 offre la particularité d’avoir des E gothiques à eqstr. et à Sedes, et un E latin à Lausanne. Le T est latin. Le No 410 offre des caractères analogues.

monnaie à anneau et besants sous le temple2. Pièces avec un anneau entre deux besants sous le temple et un anneau dans le canton de la croix. (Pl. I, fig. 27, 28, 29 et 30.)

Nos 370 à 384 (Civitas eqstri, Sedes Lausane.) Pièces d’Arzier, 385 à 388, plus le No 407 de la collection. Ces pièces présentent le T et l’E gothiques, le Q avec jambage /209/ extérieur à droite, et l’N latin; par exception, le T du No 407 est latin.
Il est à remarquer que la pièce No 375 a été découverte à Jorissens, avec les monnaies dont on trouvera plus loin l’indication.

monnaie de Guy de PranginsC’est dans ce groupe qu’il faut placer la monnaie non signée de Guy de Prangins, planche IV, fig. 2, et les pièces non signées portant la croix chardonnée, figurées par M. Soret.

monnaie à 3 anneaux3. Pièces avec trois anneaux sous le temple et un anneau dans le canton de la croix. (Pl. I, fig. 31 et 32.)

Tous les N sont gothiques dans les Nos 402 et 405. Le No 403 porte un N gothique et un N latin. Dans le No 406 l’N est latin.
Le No 403 a les E gothiques; le numéro 402 porte un E gothique et un E latin. Tous les E du No 406 sont latins.
Les T des Nos 404, 405 et 406 sont latins.
Les légendes sont les suivantes:
No 402, Civias Lausane, Sedes Lausane.
403, Civtas Lausane, Sedes Lausane.
404, Civitas Lausane, Civitas Lausane.
405, Civitas Lausane, Sedes Lausane.
406, Civitas eqstri, Sedes Lausane.

On voit clairement que ces monnaies appartiennent à une période de transition. Les pièces à trois anneaux sous le temple rappellent le type primitif carlovingien; elles en diffèrent par l’anneau qui est dans un des cantons de la croix, au revers, et surtout par les légendes et le caractère des lettres. /210/

On lira une description de la plupart de ces pièces dans la trouvaille d’Arzier.

Plus on étudie ces pièces à lettres gothiques, plus on accède à l’idée qu’il faut les attribuer aux premiers évêques qui ont frappé des monnaies signées sur lesquelles on retrouve les caractères gothiques.

 

monnaies signées. Il y a une grande diversité de lettres dans ces monnaies: les pièces à la chaise, avec la légende: Sit nomen Domini benedictum, se distinguent par les lettres gothiques du quinzième siècle; monnaie de Montfalconplus tard, on retrouve des lettres gothiques et des lettres latines; on voit des monnaies qui offrent même un mélange de ces lettres sur la même pièce: ainsi la pièce de Montfalcon (Pl. IV, No 14). Nous n’entrerons pas dans de plus grands détails sur ce sujet: cela est inutile, parce que nous connaissons la date de ces pièces et que nous avons donné un certain nombre de figures qui permettront de les étudier plus complétement.

temple. La forme du temple varie peu: c’est ordinairement une construction dont la hauteur des colonnes égale la hauteur du fronton; les vingt premiers numéros de la collection rappellent complétement le denier d’argent de Louis-le-Débonnaire; ils ont quatre colonnes avec une croix au centre. Les autres pièces n’ont plus de croix dans le temple, et le nombre des colonnes augmente: on compte quatre, cinq, six et sept colonnes; la partie intérieure du fronton est quelquefois détachée, ainsi dans les Nos 34 et 56 de la collection.

Les pièces à colonnes élevées avec un petit fronton sont très rares; nous n’en connaissons que deux: l’une, le No 199 de la collection, avec l’inscription: Tsoi savio, civitas e...; — l’autre, le No 200: ... des Lausannes, Civitas. /211/ monnaie de RodolpheCe type se rapproche de la monnaie de Rodolphe, roi de la Petite-Bourgogne, figurée par M. de Pina sous le No 3 de la planche qui accompagne son mémoire, figure que nous reproduisons Pl. V, No 10.

Tout nous porte à croire que le temple s’est conservé pendant six siècles, jusqu’au commencement du quinzième. Le denier de billon figuré par M. Blavignac dans sa Notice sur le trésor de Feygères, est identique avec le No 413 de la collection vaudoise; il doit être rapporté à un évêque de Prangins: est-ce à Guy, qui vivait en 1375, ou à Jean, dont l’épiscopat n’a duré qu’une année? C’est probablement au premier.

croix chardonnéesLa figure 5 de M. de Pina est presque identique avec les Nos 432 et 433 de la collection cantonale. La légende est civitas Lausan, sedes Lausan, avec caractères gothiques; sous le temple, on trouve un anneau entre deux besants; la croix est chardonnée avec une barbe de plume; un anneau est placé dans les cantons. L’évêque G. de Challant est le premier dont les monnaies signées portent la croix chardonnée, comme on le voit dans la collection, Nos 422 à 425. Ces croix sont figurées à la planche III de notre Mémoire, sous les Nos 9, 12 et 13.

monnaies à temple avec lettres gothiquesNous pensons que l’on doit rapporter à la période qui commence à l’évêque Prangins toutes les monnaies à temple avec lettres gothiques; elles sont figurées dans la planche I, Nos 25 à 32. Il n’y a aucun doute pour nous: elles appartiennent au XIVme siècle; pour le moment, nous ne pouvons les rapporter plus spécialement à aucun évêque.

Ces pièces se trouvent dans la collection sous les Nos 355 à 411. La plupart portent la légende civitas eqstri, sedes Lausanne; les autres, civitas Lausane, sedes Lausane. /212/

Les pièces inscrites sous les Nos 355 à 369, 389 à 401, et 408 à 411, ont le fronton du temple aigu, trois besants sous le temple et un besant dans le cantonnement de la croix. Les Nos 370 à 388, et 407, ont le même temple avec un anneau entre deux besants placés sous cet édifice, plus un anneau dans le cantonnement de la croix.

On trouve trois anneaux sous le temple et un anneau dans les cantonnements dans les pièces inscrites sons les Nos 402 à 406. En général, ces pièces à lettres gothiques sont plus soignées que celles à lettres latines.

Le plus souvent, l’ornement cantonné dans la croix et opposé au besant, a la forme d’une barbe de plume à deux traits de chaque côté, comme dans la pièce carlovingienne de Guy de Prangins; les autres pièces ont on ornement plus simple, qui est formé de trois traits en forme de fleur.

La monnaie figurée No 10 dans le Mémoire de M. Soret, et planche IV, No 7, de notre travail, que nous trouvons sous le No 434 de la collection cantonale, mérite une attention spéciale. monnaie de Guillaume de ChallantD’un côté, nous avons le temple accompagné de deux tourelles, surmonté d’une croix, et en bas, au lieu des trois besants, un ornement ayant la forme d’une croix; légende: sedes Lausns. Le revers porte une croix chardonnée, sans ornement dans les cantons; la légende est: Civitas Lausns. L’N de ces lettres appartient à la période gothique des monnaies signées; l’E de sedes est gothique. La circonstance que l’N gothique s’y trouve combinée avec la croix chardonnée nous porterait à croire que cette monnaie doit être attribuée aussi à Guillaume de Challant.

Ces diverses pièces caractérisent l’époque de transition, du passage de la croix simple à la croix ornée, et de l’abandon /213/ des besants, qui, d’après notre manière de voir, eut lieu sous le même évêque Challant.

 

croix. Le type de la plupart des croix des monnaies non signées est la croix simple, telle qu’on la voit dans les deniers de Louis-le-Débonnaire; on retrouve cette croix dans les pièces à l’effigie de la Vierge, avec la légende Beata virgo.

Dans les monnaies signées, c’est Guillaume de Challant qui le premier s’est servi de la croix chardonnée, que nous retrouvons aussi dans quelques pièces de billon non signées; c’est par ce motif que nous les rapportons à cet évêque. M. Blavignac a figuré dans son Mémoire sur Feygères une pièce de G. de Saluces avec une croix simple; ordinairement les pièces de cet évêque portent une croix fleurdelisée.

monnaie de Jean de MichaelisJean de Michaelis, dont nous avons une pièce figurée dans le Mémoire de M. Soret (No 11), que nous reproduisons planche IV, fig. 8, avait placé sur ses monnaies une croix tréflée.

monnaie de G. de VaraxNous possédons une monnaie de bas billon de G. de Varax avec une croix tréflée No 435 de la collection; Pl. IV, fig. 9.

monnaie de G. de VaraxLa pièce de haut billon de cet évêque, Pl. VII, No 9, porte la croix ancrée.

monnaie de Montferrandmonnaie de MontferrandB. de Montferrand a frappé des monnaies de billon à croix simple et à croix fleurdelisée, Nos 436 à 439. Nous les figurons Pl. IV, fig. 10 et 12.

monnaie de MontfalconLa pièce d’Aymon de Montfalcon dont nous reproduisons la figure, Pl. III, No 17, porte une croix très ornée. On en trouve de Sébastien, son neveu, qui sont plus simples, monnaie de Montfalconpar exemple celle dont nous donnons la figure Pl. IV, No 15, et Pl. III, No 16; cette dernière porte dans les cantons les armes de cette famille. Le petit billon de ces deux évêques est caractérisé par une croix fleurdelisée. /214/

Nous dirons un mot de la belle pièce d’Aymon de Montfalcon figurée déjà dans une brochure ayant pour titre: Lettre à M. Zardetti, conservateur des médailles à Milan, écrite par M. Fr. Soret en juin 1843.

Elle est caractérisée par une croix fleurdelisée, aigles éployées et hermines alternant dans les quatre cantons de la croix. Légende:

ay. de. mote. falcone. epicopu.

Revers: armoiries de Montfalcon dans un écusson surmonté du buste de la Vierge levant l’enfant Jésus; dans le champ, ay. Légende:

regina. celi. letare. alelva.

Une variété de cette pièce porte une croix simple placée dans un cadre formé par quatre segments de cercle, sans ornement dans les cantons.

Trois pièces analogues se trouvent dans le médaillier impérial de Milan.

M. Soret remarque que les caractères de ces trois pièces ne sont presque pas gothiques; qu’il serait intéressant de chercher à préciser les lieux et les époques où s’est opérée la transition du type gothique au type latin primitif. Aymon de Montfalcon a adopté ce dernier en 1491; l’évêque Nicolas de Sion en a frappé en 1498 en caractères latins, tandis que Berne et les cantons allemands continuaient à employer les caractères gothiques.

Nous trouvons dans l’Atlas de Lelewel, table xxxiv, des renseignements précieux; voici ce que signale cet habile déchiffreur des monnaies du moyen âge:

Le caractère mérovingien renferme les années de 550 à 750; le G que l’on voit au pied du monogramme (Sigismond) de la pièce d’Anastase, appartient à cet alphabet. /215/

Le caractère carlovingien (de 572 à 800), présente des A barrés; les lettres sont moins groupées en monogramme; elles sont quelquefois réunies par paires: c’est ce que l’on observe dans les deniers d’argent du temps de Louis-le-Débonnaire (la croix simple et trois anneaux sous le temple); le T et l’A forment une seule lettre.

Dans le caractère carlovingien de l’Empire (de 779 à 950) les A ne sont pas barrés, la partie supérieure du G est proéminente, comme dans les beata virgo et dans quelques deniers de St.-Pierre de Genève.

Après la dissolution de l’Empire (de 930 à 1200), les A s’élargissent dans la partie inférieure; les E sont tantôt latins, tantôt gothiques, tantôt lunaires; les G conservent la forme dont nous venons de parler.

Le caractère lombard (de 950 à 1100) se rapproche de l’alphabet latin: l’S est couché comme dans les pièces de Lausanne tsoi S avio; le T a la barre supérieure plus large que le trait perpendiculaire.

En Italie, dès l’an 1220 à 1320, les jambages des lettres sont larges comme dans la pièce de St.-Donat trouvée à Arzier.

Enfin, on trouve à la table xxxv un alphabet gothique.

 

planche 1ornements dans les cantons. On observe dans la planche I les diverses formes de ces ornements. D’un côté est un anneau ou un besant; il paraît que le type était l’anneau, car il revient, dans la période signée, dès que les coins sont gravés avec plus de soin.

Quant à l’autre signe, placé dans le canton opposé, la forme primitive est une barbe de plume à deux barbillons de chaque côté. La figure No 4 est probablement la forme réelle; c’est celle à laquelle on peut rapporter les variantes, /216/ et c’est aussi celle qui se retrouve dans les lettres gothiques. Nous n’avons pu nous former aucune idée sur l’origine et l’usage de ce signe.

denier du comte de NeuchâtelOn remarquera facilement que le signe figuré dans le No 24 rappelle les armes du comte de Neuchâtel. Le denier de ce comte (Pl. V, No 6) est tout-à-fait semblable aux pièces de Lausanne. Il porte un anneau et une fleur informe dans les cantons opposés.

Nous ne reviendrons pas sur les deux S placés dans les cantons (Pl. I, fig. 2); le même signe se retrouve dans quelques monnaies des évêques de Genève. monaie de GenèveCes pièces présentent aussi un S avec un anneau ou un besant dans le canton opposé (Pl. IV, fig. 16); on voit enfin, dans les pièces de Genève, des croix qui n’ont rien dans les cantons, tout comme on en trouve qui ont un besant dans chaque angle de la croix, denier d’Aldegonduspar exemple le denier d’Aldegondus (Pl. VII, No 2), celui de Conrad, qui rappelle tout-à-fait le type du denier de Louis-le-Débonnaire et le denier de St.-Pierre (No 6, Pl. xxxviii de l’Armorial genevois).

monnaies carlovingiennesLes pièces au type carlovingien d’Aymon, duc de Savoie, figurées par M. de Pina, et que nous reproduisons Pl. V, No 7, portent la croix simple; aimo est placé dans les cantons. On trouve aussi une monnaie de ce prince portant un besant dans chaque canton de la croix Pl. V, No 8.

La pièce d’Amédée, comte de Savoie, que nous reproduisons Pl. V, No 9, a des barbes de plume analogues aux signes de l’évêché. Ces pièces de billon ne sont pas figurées dans l’ouvrage de M. Promis.

Nous avons cherché aussi à retrouver un type analogue dans les monnaies frappées en dehors du bassin du Léman. Nous le voyons dans les pièces de Guillaume de Flandres, /217/ seigneur de Nesle; de la comtesse de Blois, en 1290 (Revue numismatique).

Jean III, duc de Bretagne, vicomte de Limoges, a aussi fait figurer dans un canton de la croix un signe analogue à une barbe de plume (Revue numismatique 1847, page 181; Pl. viii, No 1).

Malgré tous nos efforts, nous ne sommes pas parvenu à déterminer le caractère et l’origine de ce signe.

 

II. Monnaies à la Vierge.

Personne n’a encore figuré cette sorte de monnaie de l’évêché; il n’en est question dans aucun écrit.

En mars 1830, on a découvert à Chavannes près d’Ecublens quelques centaines de pièces au type suivant:

D’un côté, croix simple avec un soleil dans un canton et un croissant dans le canton opposé. Le soleil est formé par un point central, autour duquel sont placés en rond un certain nombre d’autres points. Légendes: sedes Laus,— Lausi, — Lausa, — Lausan., etc.

Avers: Tête de la Vierge grossièrement sculptée, ornée d’un diadème surmonté d’une croix. Ces diadèmes varient par la disposition des points qui représentent les pierres précieuses. La légende est Beata Virgo, Beata Virvio, Beata Airgo. Toutes les lettres sont latines; l’A a un trait dans sa partie supérieure; le G a une forme particulière: le trait supérieur en est allongé en avant, et le trait inférieur très court. Ce G se retrouve dans les deniers des évêques de Genève.

La croix de ces pièces est simple.

On remarque environ cent cinquante frappes différentes, que l’on peut grouper de la manière suivante: /218/

a) Les pointes du croissant regardant en dehors de la croix.

Ce type présente quatre variétés. Dans la première, le croissant se trouve dans le canton inférieur droit, et cela avec les légendes suivantes;

67 variétés portent Sedes Lausi.
44 — Sedes Laus.
1 — Sedes Laissa.
1 — Sedes Lau.

Dans la seconde variété, le croissant se trouve dans le canton inférieur gauche, avec les légendes:

11 variétés: Sedes Laus.
3 — Sedes Lausane.

Le croissant est placé dans le canton supérieur gauche de la troisième variété; légendes:

9 variétés: Sedes Laus.
3 — Sedes Lausai.

Dans la quatrième variété, le croissant est dans le canton supérieur droit; légende:

2 variétés: Sedes Lausan.

b) Les pointes du croissant tournées en dedans de la croix.

La première forme présente le croissant dans le canton supérieur gauche; légendes:

20 variétés: Sedes Lausai.
3 — Sedes Laus.
5 — Sedes Lausae.
2 — Sedes Lausan.

Dans la seconde forme, le croissant est dans le canton supérieur droit; légende:

3 variétés: Sedes Lausi.

monnaies à la ViergeLes figures 1 à 7 de la planche III donnent une idée de /219/ ces différentes variétés. Toutes appartiennent à un billon assez riche en argent.

Quelle est l’origine de ces signes, que nous retrouverons sur les pièces de Louis, baron de Vaud, frappées à Nyon en 1308? Serait-ce la marque du monétaire? Nous en doutons.

Les croissants de Louis de Savoie ont les pointes tournées en dehors, et ils sont placés dans le canton inférieur droit.

Quelques monnaies françaises ont le croissant dans le canton de la croix, ainsi celles de Châteaudun et des comtes de Blois. Hugues, évêque d’Auxerre, a frappé de 990 à 1036 des pièces avec un croissant placé dans deux cantons opposés.

On trouve assez souvent cette forme sur les monnaies baronales figurées dans la Revue numismatique.

Quant à la période dans laquelle ces monnaies à la Vierge ont été frappées, le petit nombre de pièces au type carlovingien, mêlées aux centaines découvertes à Chavannes, portant pour légende: oivas iqst, suai sedes; civas iqst, sedes Lausae; Tsoi savio, sidis Laus. Leur belle conservation du reste, prouve que les pièces à la Vierge leur sont postérieures.

Faut-il les attribuer à l’évêque Berchtold de Neuchâtel, qui, en 1219, convoqua le chapitre de Lausanne, et lui déclara solennellement qu’il ne reconnaissait plus aucune suzeraineté intermédiaire entre lui et l’Empereur, et qu’il remettait pour toujours l’avouerie de son évêché à la sainte Vierge?

On comprendrait que, pour être conséquent, il eût fait disparaître le signe imposé par le souverain, le temple ou /220/ le prétoire, et qu’il l’eût remplacé par la figure de la Vierge.

L’évêché continua à jouir de l’indépendance sous l’avouerie de la Vierge, pendant la domination de Pierre de Savoie, baron de Vaud.

L’empereur Rodolphe ayant fait revivre les droits de l’Empire, Lausanne redevint ville impériale en 1285, et les aigles restèrent placées sur ses portes jusqu’en 1798.

Louis, baron de Vaud, frappa sa monnaie en 1308; on sait qu’il imita les pièces lausannoises. Est-ce qu’il imita seulement le temple, ou s’il prit aussi le croissant dans la croix? C’est ce que nous ne pouvons décider.

Il a fallu une circonstance extraordinaire pour modifier le signe le plus important de la monnaie, et dans nos recherches historiques nous n’en avons trouvé aucune de la même importance que celle de l’évêque Berchtold.

M. Morel-Fatio, de Paris, que nous avons consulté sur ces monnaies, formule son opinion de la manière suivante:

« Le revers à la croix, cantonné du soleil et de la lune, rappelle le sceau du chapitre de Lausanne, qui portait ces deux signes, que nous retrouvons d’ailleurs sur une monnaie épiscopale lausannoise du quinzième siècle. Barthélemy, évêque de Nice et administrateur du chapitre de Lausanne, frappa la curieuse pièce où, à défaut d’armes sans doute, il chargea son écusson d’un soleil rayonnant posé sur un croissant, avec la légende circulaire en l’honneur de la Vierge: Pulcra ut Sol et Luna.

Ces pièces et ces représentations incontestables du soleil et de la lune nous engagent à considérer les monnaies à la légende civitas equestris comme cantonnées également au revers des mêmes astres, figurés, l’un par un globule ou /221/ annelet, et l’autre par un croissant, d’abord unique et plein, puis doublé et évidé, et enfin amené, par la maladresse des graveurs, de la forme arrondie à celle très aigüe qui caractérise les pièces très modernes. »

monnaies à la ViergeNous ne partageons pas l’opinion de notre savant concitoyen sur cette dernière modification, et nous pensons que le type lausannois de ce genre d’ornement est un anneau ou un besant, forme qui se retrouve sur un grand nombre de pièces du moyen âge, avec une barbe de plume, telle qu’on le voit à la planche I, fig. 4. — C’est, du reste, une question à étudier.

sceau du chapitre de LausanneNous représentons à la planche IV, fig. 17, le dessin d’un sceau du chapitre de Lausanne, où ces signes sont très caractérisés.

Il serait possible que, dans un moment donné, le chapitre lui-même eût fait frapper ces pièces.

Depuis que nous avons rédigé notre Mémoire, M. Blavignac a eu l’obligeance de nous communiquer quelques monnaies du médaillier de Genève, entre autres celle que nous allons décrire, et que nous figurons Pl. VII, No 10.

monnaie de l’évêque de LausanneLe soleil et la lune sont placés au centre dans un écusson, la lune en bas sous forme de croissant; une crosse couronne l’écusson; légende: b. eps. a.... a...; ces deux dernières lettres sont peu distinctes.
Au revers est une croix tréflée; légende: lavs...o..oo...; les dernières lettres ne se lisent pas facilement.

C’est sans contredit une monnaie de l’évêché de Lausanne, et nous l’attribuons à B. de Montferrand.

Après avoir étudié l’ensemble des pièces des évêchés de Lausanne, Genève et Valais, une nouvelle idée est venue traverser notre esprit: on pourrait aussi supposer que les /222/ pièces avec l’inscription Beata virgo ont été frappées après la consécration de l’église de Notre-Dame de Lausanne, en 1275, sous le pontificat de Grégoire X. Le Conservateur suisse donne les détails de cette consécration (1828, p. 404). L’évêque Guillaume de Champvent aurait fait graver l’image de la Vierge sur ses monnaies, comme le chef du clergé de Genève a fait buriner les traits de St.-Pierre, patron de la cathédrale, et le chef du clergé de Sion ceux de St.-Théodule, patron du Valais. Dans ce cas, cette innovation n’aurait pas été de longue durée.

 

III. Monnaies signées.

Ce fut Jean de Prangins qui le premier eut l’idée de mettre son nom et ses armoiries sur les monnaies; il monta sur le siége épiscopal l’an 1375. Nous avons de lui des pièces au type de l’évêque; elles sont de la grosseur de notre billon de 20 centimes, quoique moins épaisses; monnaie de Jean de Pranginsd’un côté est la figure de l’évêque crossé et mitré; les armoiries (un aigle) sont placées au bas dans un écusson; on lit le nom de baptême de l’évêque: Guido, eps. Lausann. Le revers présente une croix placée dans quatre segments de cercle et surmontée des armes de l’évêque; autour, la légende: sit nomen Domini benedictu. Les caractères sont pur gothique sur les deux faces. Des lettres analogues se rencontrent sur les monnaies d’Amédée VIII, figurées par M. Promis, et sur les pièces des ducs de Bourgogne que l’on a trouvées à Avenches.armoiries de Jean de Prangins Nous avons quatre variétés de ces pièces à l’évêque Prangins.
La figure 2 de la planche IV nous donne une idée des deniers Carlovingiens de ce prélat, et le No 4 de la Pl. IV, ses armes.

Guillaume de Menthonay a suivi les usages de son /223/ prédécesseur; nous avons de lui cinq variétés de pièces à l’évêque.

monnaie de Guillaume de MenthonayLa figure 1, Pl. IV, donne une idée du type à l’évêque avec les armes de Menthonay.

Guillaume de Challant a frappé des monnaies au même type. La forme de la croix a été modifiée: elle est chardonnée. On compte quatre frappes de cet évêque dans la collection.

Nous devons à l’obligeance de MM. Coindet et G. Schinz la communication de la pièce suivante:

monnaie de Guillaume de ChallantLa Vierge tenant l’enfant Jésus est placée au centre; la légende: g. l. challa.. ep. lavs. Revers, une croix fleurdelisée; légende: sit. nome. dni. beneictv en lettres gothiques. (Pl. VII, No 7.)

C’est la première apparition de la croix fleurdelisée et de la figure de la Vierge tenant l’enfant Jésus.

armoiries de de Guillaume de ChallantCe sont les armes de ce prélat que l’on trouve sur une porte du château de Lausanne au nord, ainsi que sur la façade au midi, sur la caserne autrefois église de St.-Maire, et enfin sur la face de l’ancien évêché qui regarde la terrasse de la cathédrale. Nous les représentons Pl. IV, No 3.

Georges de Saluces a fait aussi des modifications au coin: il a abandonné le type de l’évêque. Nous avons figuré des monnaies de cet évêque soit avec la croix simple, soit avec la croix fleurdelisée.

monnaie de Georges de SalucesLa grande pièce de Saluces figurée par M. Blavignac, et que nous reproduisons Pl. IV, No 15, nous montre d’un côté le buste de la Vierge tenant l’enfant Jésus. La légende est: G. D. Saluciis. Ep. Las.

Sur le revers est une croix simple avec une étoile dans chaque canton; légende: Sit Nome. Dni Bndtu. Les N, les E et les L sont gothiques. /224/

Outre cette pièce, on en a trouvé dans le trésor de Feygères plus de cent autres de l’évêque Saluces; la plupart offraient le même avers que ci-dessus, avec la Vierge couronnée; le revers montrait la croix fleurdelisée. Ces pièces, en haut billon, pèsent 23 grains.

Huit offraient les armes de Saluces posées sous la crosse épiscopale et entourées d’un trèfle. Légende: G. D. Saluciis. Au revers, la croix chardonnée; L. Eps. Launes.

monnaie de Georges de SalucesLe musée de Genève possède une petite pièce de cet évêque, que nous figurons planche VII, No 8.

Au centre est un petit écusson non surmonté d’une crosse; les armes sont représentées par un fond uni dans la partie inférieure et des points dans la partie supérieure. Légende: G. D. Saluciis. Revers: une croix chardonnée avec la légende eps. lavnes en lettres gothiques.

La collection possède huit pièces de cet évêque.

monnaie de Guillaume de VaraxM. Blavignac a eu l’obligeance de nous confier une monnaie qui appartient au musée de Genève; elle est représentée planche VII, No 9.

On y voit les armes de Varax surmontées de la figure de la Vierge; légende: ave. gra. plena. Revers: une croix pattée entourée de quatre segments de cercle; une rosette se trouve dans le point de rencontre de ces segments; légende: g. d. varax. eps. lavs. p. com. C’est un gros d’argent à lettres gothiques.

Si le titre de Princeps n’est pas bien en évidence, celui de Comes l’est réellement. Varax est le premier qui s’en soit fait gloire. La famille des comtes de Varax était de Bresse.

monnaie de Guillaume de VaraxNous possédons un denier de bas billon aux armes de Guillaume de Varax. D’un côté est son écusson; légende: /225/ G. D. Varax; de l’autre une croix fleurdelisée; légende: Lausanens eps. Les E sont gothiques. (Pl. IV, fig. 9.)

monnaie de Jean de MichaelisNous avons reproduit une pièce de Jean de Michaelis publiée par M. Soret; nous ne possédons rien de cet évêque. L’écusson est surmonté d’une crosse épiscopale. Légende: Jo ... comes. Au revers, une croix ancrée; légende: Lausan.. (Pl. IV, fig. 8).

M. Soret parle d’une autre pièce dont la légende autour de l’écusson serait ....ha... c.. (comes). Revers: croix ancrée. Légende: L. Lau... Emist?

La collection cantonale possède quatre pièces de bas billon aux armes de Benoit de Montferrand.

monnaie de Benoit de MontferrandLe No 436 présente l’écusson surmonté de la crosse. Légende: Regina cœli. Avers: croix simple; légende: Bv. Dc... De. Ferra; c’est le No 12 figuré par M. Soret, et la figure 10, Pl. IV de notre Mémoire.

L’écriture continue à présenter des E gothiques.

monnaie de Benoit de MontferrandLes Nos 437, 438 et 439 portent les mêmes écussons, entourés de trois segments de cercle. Légende: ... Comes? Revers: croix fleurdelisée et les légendes: Ave. gra et Ave. Maria. gra. La fig. 12, Pl. IV, nous montre la légende: Sodoment bieria autour de l’écusson, et Ave Maria gra, autour de la croix.

monnaie de Benoit de MontferrandNous plaçons à la suite la pièce figurée planche VII, No 10, quoique nous ne soyons pas parfaitement certains qu’elle ait été frappée par l’évêque Montferrand. C’est la lettre B, qui nous conduit à Bénédict, nom de baptême de ce prélat. Le soleil et la lune sont placés dans un écusson, la lune dans la partie inférieure sous forme de croissant; une crosse au-dessus de l’écusson; légende: b. ep. s. a... a.. Revers: /226/ croix tréflée; légende: lavs. ..o..oo... La fin des deux légendes est peu lisible.

Aymon de Montfalcon a frappé les plus belles pièces de l’évêché de Lausanne; nous avons à indiquer le No 17 de la planche III, dont nous avons déjà donné la description. M. Soret annonce que trois pièces analogues se voient dans le médaillier impérial de Milan. M. de Haller décrit un écu d’argent sous le No 2222 de son Cabinet des monnaies suisses.monnaie de Aymon de Montfalcon Cette belle pièce offre d’un côté l’effigie de Jésus-Christ, au pied duquel on voit les armes de l’évêché écartelées avec celles de la famille de Montfalcon; la légende: Ay. de Mo. te Fal. Eps. Au revers est une légende qui rappelle la généalogie de Jésus-Christ, issu du roi David, avec la légende circulaire: Ecce Virgo qu. pep.rit filiu. Köhler l’a figurée dans son Munz-Belustigung, T. XI, page 257.

C’est la première fois que le titre de prince paraît clairement sur la monnaie des évêques.

La plupart des pièces de bas billon portent l’écusson de Montfalcon surmonté d’une crosse avec la légende: Ave gracia plena. Au revers est une croix fleurdelisée; légende: Av. mote. Falcone. (Nos 441 à 446.)

Le No 440 de la collection nous montre la Vierge tenant l’enfant Jésus; légende: Ave gracia plen. Au revers est la croix fleurdelisée; légende: Av. mote Falcone.

La figure 13 du Mémoire de M. Soret ne diffère des Nos 441 à 446 que par la légende: Admo e Falcone.

Cet évêque fit restaurer le château et la cathédrale, comme le prouvent ses écussons armoriés, accompagnés de la légende: Si qua fata sinant, que l’on voit à la salle de l’évêque au château, sur la petite porte au nord de la cathédrale, et /227/ sur la porte au midi de la chapelle de la cathédrale. C’est probablement aussi ce prince qui a construit une partie du château de Glérolles, près de St.-Saphorin (Lavaux). M. le pasteur Des Loës, de Chexbres, qui s’occupe très activement de recherches nationales, a signalé à notre attention une série d’écussons qui ornent les constructions au midi de ce bâtiment. Les armes des Montfalcon s’y trouvent réunies à celles de plusieurs autres familles.

Nous connaissons six principales formes de monnaies de Sébastien de Montfalcon, qui est monté sur le siége en 1517.

La première nous offre le buste de la Vierge tenant l’enfant Jésus; légende: Moneta Lausan. — Revers: une croix simple avec des aigles et des hermines dans les cantons; légendes: No 447: Sebastianus episco; No 448: Ave. gracia. ple.; No 449: Moneta Lausan? —monnaie de Sébastien de Montfalcon Cette dernière est probablement identique avec celle figurée par M. Soret sous le No 17 et que nous reproduisons Pl. IV, fig. 14. On y observe des lettres latines mélangées avec des lettres gothiques.

La seconde forme représente St.-Maurice martyr.

monnaie de Sébastien de MontfalconSaint-Maurice est assis; sa tête est entourée d’un limbe; de la main droite il tient une palme; à ses pieds est un faucon aux ailes éployées. Légende: s. marivs. martir. C’est St.-Maurice, car St.-Maire n’a pas été martyr. Revers: la tête de Sébastien regardant à droite. Légende: seb. eps. et. princeps. lav. (Pl. VII, No 11.) Ce teston d’argent à lettres latines m’a été communiqué par M. Gaspard Schintz de Zurich, qui y a joint la note suivante:

« Mon ami M Schulthess-Rechberg l’a décrite dans son Thaler-Cabinet, et il n’a vu cette pièce dans aucune des /228/collections publiques de l’Allemagne, ni chez un particulier. Je suis curieux de savoir si, par hasard, elle se trouve aussi dans votre musée, ce qui pourrait bien être malgré sa rareté, car elle est de votre pays. Un heureux hasard me l’a fait trouver à Naples. (Nous ne la possédons pas.)

La ressemblance du coin avec ceux des testons de la même époque des comtes de Lavagna, de Dezana, de St.-Bénigne en Piémont, est frappante, et je suis porté à croire que c’est le même artiste qui a fait le coin de ce teston de Lausanne. »

Le Musée cantonal possède un dicken ou teston de Berne avec la tête de St.-Vincent; type analogue; légende: sanctvs vincentivs. Revers: l’ours libre, sans écusson, avec l’aigle à une tête; légende: moneta. no. bernensis. M. Lohner l’indique sous le No 265. Les lettres sont gothiques.

Nous trouvons dans l’atlas de M. Promis des monnaies de Charles II de Savoie, avec le buste de ce prince, gravé au même type. Il regarde aussi à droite. Le duc Charles était contemporain de l’évêque.

monnaie de Jodocus de SilinenL’évêque de Sion, Jodocus de Silinen, a frappé aussi des testons analogues, avec des lettres latines (Pl. VIII, fig. 4).

On doit rapporter à ce groupe la pièce décrite à la page 15 du Mémoire de M. Soret: c’est un quart d’écu avec des caractères latins, ayant d’un côté l’écusson surmonté du cimier ailé à tête de dragon; légende: Sebast. Eps. Princeps. Lavs. Revers: Saint-Maurice à cheval; légende: Sanctvs Mavrivs ...hr (ces dernières lettres en monogramme).

Dans la troisième forme nous plaçons la pièce figurée par M. Soret No 14: la Vierge tenant l’enfant Jésus, et la légende /229/ en caractères latins: Civitas Lausanne. Revers: croix fleurdelisée; légende: Sebastianus. D. Mon.

monnaie de Sébastien de MontfalconLa quatrième forme est une pièce de haut billon avec l’écusson des Montfalcon placé dans trois segments de cercle; légende: Sebastianus ... Eps. e. P. Revers: une croix se rapprochant de la croix chardonnée, placée dans quatre segments de cercle, avec la légende Regina celi; les lettres sont latines. (Voyez Pl. IV, fig. 15.)

A la cinquième forme appartient le No 480 de la collection, qui porte, d’un côté, l’écusson avec la légende: Sebast. eps. e. p.; de l’autre, la croix chardonnée, avec la légende: Regina cœli.

Enfin la sixième est caractérisée par l’écusson, avec les légendes suivantes: Sebastianus, — Sebastianus. de. M., — Regina celi Alelua, — Ave Maria gr., — Ave Maria Ave, — Moneta Lausansi, — Moneta Lausa, — Moneta Lan, etc., etc. Au revers, la croix fleurdelisée et les légendes: Sebastianus, — Ave Maria gracia, — Ave gracia plena, — Moneta Lausane, — Moneta Lausan., — Moneta Laus, etc., etc.

Nous ferons remarquer que la majeure partie des monnaies de Sébastien ont les caractères latins. C’est le seul évêque de Lausanne qui ait frappé des monnaies signées et qui ait employé en même temps le mot moneta. Nous avions déjà signalé ce mot dans une des pièces au type carlovingien.

Les figures que nous donnons dans la quatrième et la septième planches compléteront les détails des monnaies signées. — A la suite se trouvent représentées les armes du chapitre de Lausanne, copiées sur des sceaux de l’époque, /230/ que nous avons déposés au Musée. Le soleil et la lune s’y voient très distinctement; légende: S. Curia Lausanensis.

monnaie de Claude-Antoine DudingEnfin, ayant eu occasion d’acheter le sceau épiscopal de Claude-Antoine Duding, nous en donnons la figure; les armes de ce prélat sont écartelées avec celles de l’évêché. (Pl. IV, No 18.)

Duding était contemporain de Ruchat; il a publié en 1724 le Status seu epocha ecclesiæ Aventicensis, nunc Lausannensis ..., in qua quidem errores Abrahami Ruchat... Cet ouvrage précieux a été donné à la bibliothèque cantonale par M. J. Rickly. On y trouve la suite des évêques depuis Sébastien de Montfalcon:

  • Antoine de Gorrevaut, de 1561 à 1582;
  • Jean d’Oros, en 1600;
  • Jean de Wattewyl, en 1607;
  • Jodocus Knab, en 1653;
  • Jean-Baptiste de Strambino, en 1662;
  • Pierre de Montenach, de 1689 à 1707;
  • Jacob Duding, en 1716;
  • Claude-Antoine Duding, en 1717.

 

Frappe des monnaies.

Nous avons fort peu de documents sur ce sujet; nous rappellerons seulement que les statuts de l’évêché de Lausanne, confirmés en 1568, sous l’épiscopat d’Aymon de Cossonay, portent cette clause: « Le seigneur-évêque ne peut battre ou faire battre monnaie sans le consentement des trois ordres (le chapitre, la noblesse et la bourgeoisie). C’est toujours dans la rue de Bourg que se battra la monnaie de Lausanne, et les monnoyeurs, ainsi que leur maison, aussi longtemps quils y battront monnaie, sont exempts de /231/ chevauchées et de gîtes (sunt liberi a cavalcatis et deys gitayes). »

On a frappé des pièces d’argent, de billon et de cuivre. Nous avons cherché à nous entourer de renseignements sur ce qui concerne la frappe de pièces d’or. M. Soret de Genève, MM. Isenschmidt de Berne, Lohner de Thoune, MM. Hirzel, G. Schinz, Meyer docteur, Meyer de Knonau, Vœgelin professeur, et Wolff pasteur, de Zurich, nous ont fait savoir qu’ils ne connaissaient aucune monnaie d’or. M. Bridel, dans le Conservateur suisse (t. VII, p. 181), parle de bractéates frappées à Lausanne, portant deux coupes aux armes de l’évêché; nous n’avons aucune connaissance de pièces de ce genre.

La grande variété de certaines formes qui nous sont parvenues, ainsi les
et les
, nous portent à croire que le billon se frappait à la fois avec un grand nombre de coins; l’étendue et les besoins de l’évêché nécessitaient une grande quantité de monnaie.

 

Titre réel des monnaies de l’évêché de Lausanne.

M. le docteur Hempel a eu la bonté de me déterminer la quantité d’argent renfermée dans le billon des évêques; cet élève de M. Liebig a fait des recherches spéciales sur le dosage, soit la détermination chimique des quantités au moyen de liqueurs titrées.

monnaie de Louis, baron de VaudCe chimiste a aussi analysé une pièce de Louis, baron de Vaud: c’est la plus fréquente, figurée à la planche II, No 8; elle pesait 0,850 grammes. Il a trouvé dans mille parties 0,276 d’argent.

Un denier, mieux conservé, était du poids de 0,956 grammes. /232/

Voici le résultat de ses recherches pour 1000 parties:

N°Cat.LÉGENDESPOIDSARGENT1000
21 à 28.Civitas eqstri. Sedes Lausane.1,003 g0,3400,344
77.Civias eqstru. Sedes Lausæ.1,014 g0,4330,371
104.Oivas iqst. Suai Sedes.0,720 g0,2610,362
179.chevronsTsoi savio. Sidis Laus.1,005 g0,3810,363
196.chevronsTsoi savio. Sidis Laus.0,955 g0,3400,356
    -     -     - Tsoi savio (deux pièces).1,545 g0,5430,364
222.Beata Virgo. Sedes Lausi.0,870 g0,3110,357
317 ou 318.Beata Virgo. Sedes Lausi.0,885 g0,3020,352
399.Civitas eqstri, Sedes Lausane.0,970 g0,2660,274

Comme on devait s’y attendre, c’est le billon le plus récent, celui à lettres gothiques, qui a été le moins riche en argent; le titre des autres monnaies est assez uniforme.

La différence entre le poids des deniers provient en grande partie de l’usure et de l’oxidation.

 

Etat ecclésiastique du diocèse de lausanne en 1522, d’après Levade.

L’Evêque et Prince de Lausanne,
Le Prévôt et le Chapitre de la Cathédrale, composé de 32 chanoines.
Les Abbés de l’Isle, de St.-Jean, de Gottstatt, du Lac-de-Joux, de Marsens, d’Humilimont, de Fontaine-André, de Haut-Crêt, d’Haute-Rive, de Montheron et de Payerne (11).
Les Prieurs de Romainmotier, Lutry, St.-Sulpice, Cossonay, Bevay, Broch, St.-Pierre de l’Isle, Corcelles, Vautravers, Bury ou Burier, Montricher, Grandson, Villars-le-Moine, Rougemont, Sassel, Estoy, Bière, Blonay, Mont-Préveire, Val-Sainte, de la Part-Dieu, de l’Epine, Thorenteca, Bettens, Sena-Ontrakva (25).
Les Prévôts et Chapitres des sept églises collégiales de Soleure, Neuchâtel, St.-Imier, Amsoldingen, Thieren ou Thiracher, Capel, Berne (7).
Recteurs d’Hôpitaux ou d’Hospices, de St.-Jean de Lausanne, /233/ Villars-Ste-Croix, La Chaux, Entremont, St-Jean de Moudon, St.-Jean de Fribourg, Crosaz (7).
Le Diocèse, composé de neuf Décanats, savoir: Lausanne, Avenches, Soleure, Vevey, Neuchâtel, Outre-Venoge, Ogo, Fribourg, Berne. Le nombre des cures était de trois cents.

M. Verdeil a donné les détails sur ce sujet T. I, page 103.

En 1848, l’état du diocèse de Lausanne et de Genève était composé comme il suit:

L’Evêque, 3 vicaires, 8 membres du conseil épiscopal, 12 chanoines, y compris le prévôt de St.-Nicolas.

Décanats:
  • Estavayer, 16 curés et vicaires.
  • Gruyères, 12 curés et vicaires.
  • Romont, 18 curés et vicaires.
  • Part-Dieu, 22 curés et vicaires.
  • Fribourg allemand, 22 curés et vicaires.
  • Avenches, 13 curés et vicaires.
  • Ste.-Croix, 16 curés et vicaires.
  • St.-Henri, 14 curés et vicaires.
  • Ste.-Marie, 10 curés et vicaires.
  • St.-Prothais, 19 curés et vicaires.
  • Val-Sainte, 8 curés et vicaires.
  • St.-Amédée, 15 curés et vicaires.
  • Neuchâtel, 7 curés et vicaires.
  • Genève, 34 curés et vicaires.

Ce qui fait environ 350 prêtres pour le diocèse réduit.

 


/234/

 

[Voir la note supplémentaire 3]

 

TABLEAU

DES ÉVÊQUES DE LAUSANNE, DÈS L’AN 500 A 1536.

 

D’après Bernard-Emman. DE LENZBURG, évêque de Lausanne en 1782.D’après PELLIS (Éléments de l’Histoire de l’ancienne Helvétie et du canton de Vaud).
  
  
SIÉGE à AVENCHES.
  
500. Prothais. 
532. Chitonégizile. 
558. Superius. 
551. Guy. 
501. Martin. 
SIÉGE A LAUSANNE.
581. Marius (St.-Maire).581. Marius, premier évêque de Lausanne, et 23e évêque des Aventiciens.
 Lacune de 48 ans.
Manérius. 
610. Egilnolphus (ou Eginolphus). 
650. Paul.650. Arritius.
657. Arricius.Lacune jusqu’en 780.
660. Eritius. 
671. Hartmann. 
736. Alexandre. 
Alphonse. 
 750. Alexandre.
 Lacune jusqu’en 800.
 800. Uldaric, beau-frère de Charlemagne, fils d’Hildebrand, duc de Souabe.
804. Uldaric. 
Fréderick ou Fredarius.
L’évêché reçoit des donations considérables de Louis-le-Débonnaire.
 
 813. Fredarius.
 817. Pascal./235/
818. Paschal. 
827. David.827. David.
Hartmann ou Almanus. 
 850. Hartmann. Herman, prévôt du Montjoux, créé évêque le 6 mars 851. (C. de Loges.)
 878. Jérôme.
881. Jérome. 
892. Boso.892. Bozon.
Libo. 
 927. Libon.
932. Bero ou Burchard, depuis archevêque de Lyon. 932. Burkard, fils de Rodolphe II, roi de Bourgogne.
Gotischale. 
947. Manerius II.947. Maynard.
968. Egilolphus.968. Eginolphe de Kyburg.
985. Henri; fonda la cathédrale de Lausanne.985. Henri. Rodolphe III conféra à cet évêque le titre de comte de Vaud.
1019. Hugues.1019. Hugues, fils de Rodolphe III.
1038. Henri II. 
 1039. Burkard de Neuchâtel-Oltingen, rejeta la bulle de Grégoire VII contre l’acceptation des bénéfices de la main des laïques. L’empereur Henri IV lui fit don des quatre paroisses de Lavaux.
1057. Burkard II. 
Lambert de Grandson. 
Cuno de Hasembourg. 
 1089. Lambert de Grandson.
 1090. Cuno de Neuchâtel.
 1100. Girard de Faucigny./236/
1125. Girard ou Geroldus de Faucigny; fonda l’abbaye de Montheron et fut enseveli à Lutry. 
 1129. Guy de Marlanie.
1130. Guy de Marlanie. Sous son épiscopat les moines du Haut-Crêt plantèrent le vignoble du Désaley. 
St-Amédée1144. Amédée d’Hauterive.
1159. Landric de Durnat; fit bâtir le château de Lucens, la tour d’Ouchy et les murailles de Couvaloup. 
 1160. Landric de Dornach.
1177. Roger; aliéna le droit de battre monnaie en faveur d’Ulrich de Neuchâtel.1177. Roger. Première nomination faite par le pape, sans consulter le chapitre et le peuple. Cet évêque autorisa la ville de Berne à se séparer de la paroisse de Könitz, moyennant une redevance annuelle de 22 marcs d’argent.
1212. Berthold de Neuchâtel.1212. Berthold de Neuchâtel.
1220. Girard II.1220. Girard de Rougemont.
1221. Guillaume d’Ecublens; racheta du comte de Neuchâtel le droit de battre monnaie, en 1225.
Consécration de la cathédrale en 1225.
1221. Guillaume d’Ecublens s’est soustrait en 1226 à la suzeraineté des ducs de Zæringen; dès lors la suprématie des princes-évêques de Lausanne fut successivement reconnue par tous les empereurs.
1229. St.-Boniface. 
Jean de Cossonay ; commença la construction du château de St.-Maire. 
 1231. Boniface. Seconde nomination faite par le pape.
 1240. Jean de Cossonay, nommé par le chapitre. /237/
1274. Guillaume de Champvent.1274. Guillaume de Champvent.
 1301. Jean.
1302. Girard de Vuippens.1302. Girard de Vuippens.
 1310. Othon de Champvent.
1311. Othon de Champvent. 
1312. Pierre d’Oron. 
Jean de Rossillon. 
Jean Bertrand. 
 1313. Pierre d’Oron.
 1323. Pierre de Rossillon; assista à la bataille de Laupen.
 1341. Jean Bertrand.
1343. Gottefroy.1343. Godefroy de Lucinge.
1347. François de Montfalcon.1347. François.
1355. Aymon de Cossonay. Le premier plaid général fut fait sous son épiscopat. 
 1356. Aymon de Cossonay.
1375. Guy de Prangins ; frappa les premières monnaies au type de l’évêque.1375. Guy de Prangins; vécut à la même époque que le comte Verd. Le pape affranchit les chanoines de l’autorité de l’évêque.
1392. Guillaume de Menthonay.1392. Jean.
 1393. Guillaume de Menthonay.
 1405. Guillaume de Challant.
1406. Guillaume de Challant; acheva la construction du château de St.-Maire en 1417; il fit droit à d’anciennes réclamations des bourgeois de Lausanne sur la valeur des espèces fabriquée à la monnaie de l’évêché: on les fit de meilleur aloi.  
1433. Jean de Prangins.1433. Jean de Prangins.
1433. Louis de la Pallud. 
1440. Georges de Saluces.1440. Georges de Saluces; prêta le serment accoutumé à la porte de la Mercerie./238/
1162. Guillaume de Varax.1462. Guillaume de Varax.
1465. Jean de Michaëlis. 
Pendant la vacance le pape nomma Barthélemy, évêque de Nice, administrateur de l’évêché de Lausanne. 
 1468. Jean de Michaëlis.
 1472. Cardinal Julien, nommé par le Pape.
1473. Cardinal Julien. Cet évêque ne quitta pas Rome. 
 1476. Bénédict de Montferrand. Les Bernois envahissent le Pays de Vaud, le chapitre et la ville de Lausanne payent deux mille florins d’Empire. Genève fut taxé à 26 mille florins.
1477. Benoit de Montferrand. 
1490. Aymon de Montfalcon. 
 1497. Aymon de Montfalcon.
Le 27 novembre 1516 un traité de paix perpétuelle fut conclu en diète à Fribourg entre François Ier et le corps helvétique; le roi s’engagea à payer 400,000 écus au soleil et 300,000 pour les prétentions qu’ils formaient en Italie, enfin 2,000 francs de pension annuelle à chaque canton et à chacun de leurs alliés.
1517. Sébastien de Montfalcon. Mourut à Nice.1517. Sébastien de Montfalcon.

 

/239/

Valeur des monnaies.

Il existe à la bibliothèque de Berne, sur les monnaies des évêques de Lausanne, un manuscrit d’Abram Ruchat, pasteur et professeur à l’Académie de Lausanne. M. A. Baron, archiviste d’Etat du canton de Vaud, en a exécuté une excellente copie d’où nous extrayons les passages suivants sur le titre et la valeur de ces pièces. M. Baron a fait don de cette copie à la bibliothèque cantonale.

Monnaies de l’an 800 à l’an 1000. — Sous le règne de Charlemagne, on taillait 20 sous à la livre d’argent, laquelle était de 12 onces. Le sou étant la vingtième partie de cette livre, pesait 4 drachmes 2 deniers 9 4/5 grains. Il faut de plus remarquer que, dans ce temps, les espèces étaient d’argent fin.

Pour avoir donc la juste valeur de ces espèces d’alors, comparativement à nos monnaies d’aujourd’hui, il n’y a qu’à se souvenir que 16 grains d’argent fin valent 1 1/9 batz. Sur ce pied-là, la livre valait 480 batz, ou 48 livres tournois, ou 16 écus blancs, argent de Berne. Le sou valait 24 batz, ou 6 florins; le denier valait 2 batz.

On voit de là quelle différence il y avait anciennement des livres, des sous et des deniers, à nos monnaies qui portent aujourd’hui le même nom. Il ne paraît pas, suivant l’histoire de M. Leblanc, que l’on se soit éloigné de ce poids et de ce prix des monnaies dans les deux siècles qui suivirent le règne de Charlemagne. Ce prince mourut l’an 814, et sa postérité régna jusqu’à l’an 887, que cette vaste monarchie fut démembrée à cause de la démence de Charles-le-Gros.

Après cette étrange révolution, arrivée par une conspiration générale des Etats qui composaient la monarchie française, les rois qui s’élevèrent dans la Bourgogne transjurane, c’est-à-dire dans la partie méridionale et occidentale de la Suisse, conservèrent sans doute, pour les monnaies, l’usage de la monarchie qu’ils venaient de démembrer; du moins, je n’ai rien trouvé qui me persuade du contraire. — La reine Berthe, dans l’acte de fondation de l’abbaye de Payerne, l’an 962, condamne à 100 livres d’or ceux qui entreprendraient de faire quelque tort aux religieux. Le roi Rodolphe III, son petit-fils, dit le Fainéant, dans un acte de concession faite à l’évêque /240/ de Lausanne, de l’an 997, condamne à 199 livres de fin or ceux qui entreprendraient de l’enfreindre: « Sit culpabilis et impleturus auri obrizi libras centum nonaginta novem. »

Monnaies de Lausanne des XIIme et XIVme siècles. — M. Leblanc nous apprend que, vers la fin des rois de France de la seconde race, les grands seigneurs ecclésiastiques et séculiers s’attribuèrent le droit de battre monnaie. On peut présumer que les évêques de Lausanne en firent de même, aussi bien que les autres prélats de leur voisinage; ou, s’ils ne le firent pas alors, il y a lieu de croire qu’ils l’entreprirent après l’extinction des rois de Bourgogne, arrivée l’an 1032 par la mort de Rodolphe III, après lequel ce royaume fut dévolu aux empereurs d’Allemagne. Et comme ces empereurs étaient ordinairement éloignés, presque toujours occupés et distraits par d’autres soins, et embarrassés dans des guerres que les papes leur suscitaient, il fut aisé aux prélats et aux grands seigneurs de ce royaume-là, de s’élever au niveau de leurs maîtres, et de trancher du souverain. Quoi qu’il en soit, j’ai vu cent actes du XIIme siècle, savoir, dès l’an 1100 à l’an 1200, par lesquels il paraît que, dans l’évêché de Lausanne, on comptait par « livres lausannoises ». — J’ai vu aussi une reconnaissance solennelle et juridique faite à Lausanne par tous les ordres de la ville, en faveur de l’évêque, avant l’an 1150 (sous l’évêque Amédée, qui commença à siéger l’an 1144), dans laquelle il est dit que l’évêque avait, de temps immémorial, toutes les prérogatives qu’on appelle droits de régale, et en particulier celui de la monnaye.

Je n’ai encore trouvé que deux monuments touchant la monnaie de Lausanne de ce siècle-là; mais ils peuvent suffire pour nous donner quelques lumières sur ce sujet. En général, on peut présumer que dans les premiers temps, les monnaies ne s’éloignaient pas beaucoup de celles de France, et la raison en est évidente: les évêques ne pouvaient point changer ou altérer leurs monnaies sans le consentement de leur clergé, de la noblesse et du tiers-état de cette ville; c’est pourquoi ils ne pouvaient jamais y faire d’altération bien considérable.

Roger, qui fut évêque de Lausanne l’an 1177, peu jaloux de la gloire de son siége, inféoda le droit de battre monnaie à Ulrich, comte de Neufchâtel, c’est-à-dire qu’il le lui accorda pour une certaine somme d’argent, à la condition de le tenir de lui et de ses successeurs, et de lui en faire hommage; mais je sais que Berthold de Neufchâtel, qui lui succéda l’an 1212, décria sa monnaie et en fit /241/ faire de nouvelle. C’est la seule de ce siècle-là dont j’aie pu trouver le règlement; encore ne regarde-t-il que les pièces de billon; mais le poids et le prix de ces pièces peuvent nous conduire à la découverte du reste. Voici comme en parle le cartulaire de l’église cathédrale: Anno 1216, Berchtoldus Episcopus Lausannensis quassavit (cassa) monetam quam fecerat Rogerius Episcopus prædecessor suus, et fecit cudi novam, de cuius monetæ duodecim denariis, quatuor denarii, et obolus, debent esse de argento; septem denarii, et obolus, debent esse de cupro, et 17 solidi et 6 denarii debent appendere marcham.

Ce règlement est net et clair; il marque le poids et l’aloi de cette nouvelle monnaie. Quant au poids, 17 1/2 sous devaient peser un marc: ainsi l’on taillait 210 deniers au marc, car si vous multipliez 17 1/2 par 12, vous aurez 210. Les deniers donc de cette monnaie devaient peser chacun 21 grains 198/210; les sous devaient peser 263 grains 33/103, ou 10 deniers 23 grains et 33/105, ce qui est environ le poids d’un demi-écu. Quant à l’aloi de cette monnaie, elle était de bas billon, à 4 1/2 deniers de fin; ainsi chaque sou ne contenait qu’environ 98 grains d’argent. Sur ce fondement, on peut conclure sûrement (en n’ayant égard qu’au peu d’argent qu’il y avait dans cette monnaie) que le sou valait de notre monnaie postérieure 6 batz et 1/2 creutzer; le denier valait un peu plus de demi-batz, et la livre devait valoir 122 1/2 batz ou 12 l. 5 s. tournois.

L’an 1234, l’on fondit, au mois d’octobre, la grosse cloche de l’église cathédrale de Lausanne; elle pesait 5200 livres. Elle coûta 7000 sous, ce qui fait de notre monnaie postérieure 4725 livres tournois.

L’année suivante, il y eut une grande disette et une cherté excessive de blé dans l’évêché de Lausanne, depuis Pâques jusqu’à la moisson; de sorte que la coupe de froment se vendit 3 sous et plus, et celle d’avoine 16 deniers; 3 sous étaient 20 batz et 1/4, et 16 deniers valaient 9 batz de notre monnaie. Ainsi, dans ce temps-là, le quarteron de froment se vendit à Lausanne pour la valeur de 5 batz de notre monnaie, d’où il paraît que le prix en avait augmenté du quintuple ou de la proportion de 1 à 5 depuis l’an 1161. La même année, au mois de septembre, la grande église de Lausanne ayant été brûlée avec une partie de la ville, le chapitre emprunta de l’évêque de Genève 200 livres tournois pour la réparer. Dans ce temps-là, le sou ou le gros tournois était à 11 deniers 12 grains d’argent fin, et de 58 au marc; ainsi la monnaie de France était plus /242/ faible que celle de Lausanne. Le sou tournois pesait 79 grains et 13/29; en le comptant pour 80 grains juste, il aurait valu 5 batz et demi et plus, savoir 11 sous tournois 1 denier 1/3 de notre monnaie. La livre tournois valait donc un peu plus de 111 batz, savoir 11 livres 2 sous 2 deniers et 2/3; ainsi ces 200 livres valaient de notre monnaie 2222 livres 4 sous 5 deniers et 1/3. Sur ce pied-là, notre monnaie aurait été plus forte que celle de France de la proportion de 27 à 22.

J’ai vu un autre acte de l’an 1275 , qui portait que 1500 livres tournoises valaient 1386 livres lausannoises 13 sous 4 deniers d’or. Dans ce temps-là, 58 sous faisaient le marc, comme en l’an 1235; ainsi, la monnaie de Lausanne était aussi sur le même pied, ou à peu près, qu’au commencement du siècle, ou du moins à l’an 1216, et plus forte que celle de France de la proportion de 12 à 11 ou à peu près; ou, pour parler. plus exactement, de la proportion de 240 à 221 13/15.

L’an 1291, Guillaume de Champvent, qui était évêque de Lausanne depuis l’an 1274, fit un échange avec son chapitre de certaines églises de village unies à la manse épiscopale, contre les églises et les villes de Rue en Ogo et d’Albaigue; et comme les églises de village, dont le personnat était taxé à 47 livres lausannoises, étaient occupées par des curés que l’évêque avait établis et qu’on ne pouvait pas déposséder, l’évêque, pour indemniser le chapitre, et en attendant que ces églises devenues vacantes passassent entre les mains des chanoines, leur assigna, pour payement de ces 47 livres, les 21 marcs que les cierges de Berne et de Küniz devaient annuellement à la manse épiscopale; il paraît par là que 47 livres lausannoises valaient 21 marcs. Sur ce pied-là, il fallait, pour faire le marc en monnaie de Lausanne, 44 sous 9 deniers et demi. — Dans le même temps, le marc valait en France 60 sous tournois, ou environ; ainsi la monnaie de France était plus faible que celle de Lausanne d’environ un quart, ou de la proportion de 12 à 9, ou de 4 à 3, quoique celle-ci eût un peu baissé sur ce pied-là.

Le sou lausannois valait 19 sous lucernois du XVIIIme siècle, ou 6 batz et 2/3. Le denier valait 1 sou lucernois et 7 deniers.

La livre lausannoise valait 126 batz et 2/3, ou 31 florins 8 sous, ou autrement 12 livres tournois 13 sous 4 deniers.

L’on a trouvé dans les archives du château de Lausanne de vieux comptes rendus à l’évêque Guy de Prangins, l’an 1389, où il est dit que 7 florins d’or et demi valaient à Lausanne 5 livres 5 sous; ce /243/ qui fait connaître que le florin d’or valait 14 sous à Lausanne. Et comme le florin d’or vaudrait 50 1/2 batz, on peut conclure que le sou d’alors valait environ 3 1/2 ou 3 4/7 batz.

Nous avons aussi une petite pièce de bas argent battue sous le nom de l’évêque Guy de Prangins, qui pèse 36 grains et qui peut valoir environ 7 deniers; c’était probablement un demi-sou.

On voit, dans le même compte, que la charge d’un âne de sable qu’on apportait d’Ouchy, coûtait 2 1/2 deniers; ce qui fait 2 sous 2 deniers, monnaie du milieu du XVIIIme siècle.

On payait 17 sous à des ouvriers pour couper une pose de bois; cela vaudrait 59 1/2 batz.

Il y avait à Lausanne deux sortes de florins d’or, dont les uns valaient 14 sous et les autres 16; apparemment les florins qui valaient 16 sous étaient de vieux florins d’or qui pesaient une dragme entière, ou 72 grains, et auraient valu 55 1/2 batz, suivant la proportion des autres, qui en valaient 50 1/2.

Il était aussi parlé de 3 florins armés, qui valaient 3 gênois et 12 sous.

Un cuir de bœuf coûtait 26 sous, c’est-à-dire 66 batz d’aujourd’hui.
Un millier de cloux, 6 s., soit 15 batz.
Une clef propre pour une chambre, 14 d., soit 3 batz.
Une maye de foin, 2 L. 12 s., 6 den.
Une paire de souliers de paysan, 3 s., soit 7 1/2 batz.
Le salaire d’un valet pour les prés, 60 s. par an, c’est-à-dire 5 écus blancs.

L’évêque donnait annuellement à la fabrique du temple 10 L., c’est-à-dire 70 francs. — Aux clercs du chœur de l’église de Lausanne, par an, 3 L., c’est-à-dire 7 écus blancs. — Aux 4 officiers ou huissiers de la cour séculière, outre leur tunique et leur livrée, à chacun 1 franc de 16 sous.

Le franc était une pièce d’or fin, battue en France, l’an 1360 et 1364, de 63 au marc et taxé en France à 20 sous, mais à Lausanne à 16 sous. La monnaie de Lausanne était donc alors plus forte que celle de France; mais peut-être aussi qu’on avait mis en France les francs à un prix trop haut, et qu’à Lausanne on les avait réduits à leur juste prix. Comme ces pièces pesaient 73 1/2 grains, elles auraient valu 73 batz. Mais comme on observait alors en France la proportion de 12 1/2, du prix de l’or à celui de l’argent, ces pièces vaudraient sur ce pied-là 60 10/12 batz, et le sou lausannois vaudrait 3 3/4 batz. Mais il y a lieu de croire qu’à Lausanne on ne mettait pas l’or /244/ à si haut prix: on l’y réduisait à sa juste valeur, et sur ce pied-là, on prenait cette pièce pour 16 sous, dont chacun vaudrait aujourd’hui 3 1/2 batz.

Monnaie de Lausanne du XVme siècle. — J’ai trouvé une requête présentée par les Etats du Pays-de-Vaud à Guillaume de Menthonay, évêque de Lausanne, et scellée par Louis de Genville, seigneur de Divonne, baillif du pays environ l’an 1401. Dans cette requête, les Etats exposent à l’évêque « que, dès les temps les plus anciens, les habitants du Pays-de-Vaud avaient accoutumé de se servir de la monnaye de Lausanne dans tous leurs contrats, et d’en payer les rentes, les censes et autres droits qu’ils devaient à leurs Seigneurs les Comtes de Savoye, qui n’avaient jamais fait aucune difficulté de la recevoir; mais que, depuis que le Comte avait fait battre de la monnaye nouvelle, plus forte que celle de l’Evêque, il avait décrié cette dernière, et défendu à ses sujets de s’en servir pour le payer, voulant qu’on le payât de sa monnaye propre, sous prétexte que la monnaye de Lausanne était de moindre aloi que la sienne; que, pour cette cause, ils priaient l’Evêque de renforcer sa monnaye, et de la faire plus forte de trois grains par marc que celle du Comte. »

Ordinairement, dans ces temps-là, on faisait la petite monnaie de billon à 4 d. de fin par marc; on en faisait aussi à 4 deniers 3 grains; et la plus forte était à 4 d. 6 grains.

Dans ce temps-là encore, on avait déjà, dans les Etats de Savoie, l’usage de compter par florins et par sous, au lieu que dans le Pays-de-Vaud l’on comptait toujours par livres et par sous. Les sous étaient de même de part et d’autre; mais à gens qui avaient accoutumé de voir et de manier une certaine sorte de monnaie, il était embarrassant d’en prendre une autre. C’est apparemment par cette raison que « les Etats du Pays-de-Vaud témoignaient à l’Evêque de Lausanne qu’ils souhaitaient d’être laissés dans l’ancien usage où ils se trouvaient (dirent-ils) de temps immémorial de se servir de la monnaye et de compter par livres lausannoises, et que, pour cette raison, ils le priaient de renforcer sa monnaye, afin que les officiers du Comte ne pussent pas la refuser sous prétexte qu’elle était de trop bas aloi. »

J’ai trouvé de vieux comptes, rendus l’an 1403 à G. de Menthonay, par son receveur Dom Pierre d’Essertines. On y voit que les écus de France avaient cours pour 22 s., que les francs y valaient 20 s. ou une livre, et qu’il y avait des florins d’or qui valaient 16 s. /245/

Comme Guillaume de Menthonay commença à bâtir le Château, on trouve, dans ces comptes, un détail curieux du prix qu’avaient alors diverses sortes de marchandises; par exemple, une coupe d’avoine coûtait 17 1/2 d.
Un charetier gagnait par jour 5 miches de pain, qui faisaient un quarte; c’était le quart d’un quarteron de blé.
Un millier de gros clous, pour couvrir le toit du château, coûtait 22 sous; ce serait aujourd’hui 55 batz.
Un millier de tuiles plates coûtait 36 s., qui vaudraient 3 écus blancs.
Une tonne ou bossette à Goulas, pour mener la vendange, coûtait 12 sous, qui vaudraient 30 batz.
Une aune de toile grossière pour boucher les tonneaux, 1 sou, c’est-à-dire la valeur de 2 1/2 batz.
Une douzaine de grands cercles de tonneaux, 6 sous, soit aujourd’hui 15 batz.
Une vis de pressoir, 18 s. 6 d.
La journée d’un vendangeur, 1 s.; celle d’un presseur autant, c’est-à-dire 10 deniers.
Celle des porteurs, 9 d.
Celle des vendangeurs, 7 d.
La coupe d’une pose de bois, 18 s.
Une maye de foin, 36 s.
Une charretée de foin, 18 s.; il y en avait aussi de 26 s.
Un char de paille, 13 s., soit 32 1/2 batz.
Un cent de paille, 22 s.
Une coupe de plâtre, 2 s., soit 5 batz.
Cent quartiers de pierres, taille brute, 10 s. (25 batz). C’était la valeur d’un cruzer par quartier; il y en avait d’autres qui coûtaient 32 s. le cent.
La livre de fer travaillé, 9 d.... 7 1/2 Krs.
La journée d’un faiseur de fossés, 1 s., outre la nourriture.

J’ai vu aux archives du château de Lausanne de vieux comptes rendus à Georges de Saluces, évêque de Lausanne, l’an 1417, où l’on remarque quelques particularités assez curieuses. On y voit, par exemple, une preuve de la frugalité de ces temps-là; dix personnes mangeant à la table de l’évêque, un jour maigre, consommèrent: /246/
En poissons 3 s. 6 d.
En œufs 9 d.
En poudre de gingembre 3 d.
En beurre frais 4 d.
Somme: 4s. 10 d., qui sont équivalents à 12 1/2 batz.

Une autre fois ils consommèrent, faisant apparemment meilleure chère:

En poissons 3s. 8d.
En œufs 10 d.
En beurre cuit 10 d.
En graine de moutarde 7 d.
Somme 5 s. 11 d., qui équivalent à 14 3/4 batz.

Le maître de Cuisine de l’évêque était le curé de Bulle.

Dans le mois de décembre de l’an 1446, un gentilhomme de l’évêque, nommé Antoine de Yllens, allant quérir son maître à Genève, avec 4 personnes et 14 chevaux, dépensa à Nyon, à la dînée, 14 s., équivalant à 35 batz de notre monnaie.

Un cheval coûtait 57 s.

Trois hommes allèrent de Lausanne à Moudon, à la foire, le 10 septembre 1146. Ils y dépensèrent 5 sous à leur dîner, tant pour eux que pour leurs chevaux; ils y achetèrent 8 cochons gras, qui coûtèrent L. 11, 6 s.: c’était 28 s. 3 d. par bête, c’est-à-dire environ 7 l. 10 s. de notre monnaie. On en tua treize pour la provision de la maison de l’évêque.

Le pape Félix V étant venu à Lausanne au mois de février de l’an 1417, avec 4 cardinaux, de Varambon, de Ste.-Croix, de Vicenice et d’Arzier, — Georges de Saluces, évêque de Lausanne, fit présent d’un mouton à chaque cardinal et en donna 10 au Pape; un mouton coûtait 12 s.: ce serait un écu vieux de notre monnaie.

La charge de sable d’un âne, d’Ouchy à Lausanne, coûtait 2 d. 4/25, c’est-à-dire que pour 25 d. on avait 54 charges de sable; aujourd’hui une telle charge coûte 4 à 5 s. lucernois.

On trouve aussi dans ces comptes le prix des denrées:

Le quarteron de messel coûtait 5 d.; valeur d’aujourd’hui, 1 1/24 bz.
La livre de bœuf, 2 1/2 d., ou 2 1/40 bz.
Celle de mouton, 3 1/1 d., ou un peu moins de 3 crutzers.
Une perdrix, 1 s. , on 2 1/2, bz. /247/
Une poule, 1 s. 3 d., ou 3 1/8 bz.
Un lièvre, 2 s., ou 5 bz.
Un pâté, 6 d., ou 1 bz. 1 crutz. -
Un cuir de bœuf, 21 s. 6 d., ou 53 bz. 3/4.
Le muid de vin de Lavaux s’est vendu une fois 9 l. , une autre fois 6 l.; c’était la valeur d’autant de demi-pistoles, c’est-à-dire une fois 15 écus blancs et l’autre fois 10.

La monnaie de Lausanne au commencement du XVIme siècle jusqu’en 1536.- La monnaie de Lausanne baissa de la moitié dans cent ans, en sorte que le sou lausannois, qui, vers l’an 1400, valait 12 creutzers, ou 6 sous tournois de la monnaie d’aujourd’hui, ne valait, avant et après l’an 1500, que 6 creutzers ou 3 s. tournois: ainsi, au commencement du XVIme siècle,
la livre de Lausanne valait 30 batz ou 60 s tournois;
le florin, 18 batz ou 36 s. tournois;
le sou, 1 1/2 batz;
le denier, 1/2 creutzer ou 3 d. tournois.

J’ai effectivement ramassé une assez grande quantité de deniers lausannois de ce temps, qui paraissent comme de bons demi-creutzers, et d’autres pièces un peu plus grosses et de meilleur titre, qui étaient auparavant des doubles, et qui paraissent valoir autant qu’un bon creutzer; j’en ai aussi de plus petites que les deniers, qui étaient, sans doute, des oboles. Tel était l’état de la monnaie de Lausanne sous l’épiscopat d’Aimon de Montfalcon, pénultième évêque de Lausanne.

J’ai vu divers actes qui nous apprennent que l’écu d’or au Soleil valait 43 s. lausannois l’an 1513, et que ces espèces furent toujours au même prix depuis, dans le Pays-de-Vaud, jusqu’à l’an 1534 inclusivement. Les derniers écus d’or au Soleil qu’on eut dans ce temps-là avaient été battus dès l’an 1487 à l’an 1517 à 23 1/8 karats de 70 au marc, et dès l’an 1519 à 1532 à 23 karats de 71 1/6 au marc. Les premiers pesaient environ 66 grains, et les derniers un grain de moins, peut-être quelque chose de plus. Et, comme la différence n’était presque pas sensible, ni dans le poids ni dans le titre, il ne faut pas s’étonner si ces divers écus ont passé pour le même prix à Lausanne durant une vingtaine d’années. Aujourd’hui, des écus d’or de ce poids et de ce titre vaudraient environ 63 batz. Comme il n’est pas possible de déterminer quelle proportion on gardait à Lausanne entre l’or et l’argent, je ne puis pas déterminer exactement ce que l’écu d’or y valait, selon la valeur de la monnaie d’aujourd’hui; mais, /248/ si l’on suppose que l’on y observait la même proportion qu’en France, qui était alors le 11 1/11, l’écu d’or devait y valoir ce qui vaudrait aujourd’hui 47 batz. Il paraît de là que, sous la fin de l’épiscopat de Aimon de Montfalcon, qui mourut l’an 1517, les espèces d’or vinrent à un prix excessif à Lausanne, et que l’abus ayant été ou toléré ou sans remède, on s’en tint là pendant plusieurs années.

L’an 1521, Sébastien de Montfalcon, neveu et successeur d’Aimon, et dernier évêque de Lausanne, s’accommodant au temps et au cours du prix excessif de l’or qui avait lieu dans son diocèse, et poussant encore la chose au-delà, fit une nouvelle fonte de sa monnaie, et dans cette fonte il la diminua et l’affaiblit de près d’un tiers, ou pour le moins du bon quart. Il la donna à un Piémontais nommé Virgile Forgerii de Querio, diocèse de Turin, par acte du 26 juillet, et cela pour un an, aux conditions suivantes:

1o qu’il ferait des ducats d’or à 23 karats 6 octaves, c’est-à-dire 3/4, et à deux octaves de remède, en poids 12 grains et de 70 au marc, et qu’il payerait pour le seigneuriage 2 ducats par marc;

2o qu’il ferait des Testons ou espèces d’argent à 11 deniers 8 grains de fin et à 23 pièces 2 d. par marc, à 2 grains de remède, et deux deniers pour le poids et pour le seigneuriage;

3o qu’il ferait des pièces de 2 sous à 6 d. 8 grains de poids la pièce, 2 d. 12 grains 19 quernes une pièce, de remède 2 grains, de seigneuriage 1 s.;

4o des pièces d’un sou, à 4 d. de poids, 25 quernes, de remède 2 grains, de seigneuriage 1 s.;

5o des pièces de trois quarts à 3 d., 16 grains au marc, 31 quernes, de remède 2 grains, de seigneuriage 2 quarts;

6o des pièces de deniers à 18 grains, de seigneuriage 2 quarts;

7o des mailles à 14 grains pour marc; point de seigneuriage.

8o L’argent fin est apprécié à 23 fl. 4 s. Le maître de la monnaie sera obligé de payer le billon à raison d’un sou de fin, 23 fl. 4 s.

Ce règlement, quoiqu’il ne soit pas d’une exactitude parfaite, ni même bien clair dans divers articles, nous suffit cependant pour connaître la valeur de la monnaie de Lausanne, réduite à celle d’aujourd’hui. Puisque le marc d’argent fin y fut taxé à 23 fl. 4 s. et qu’aujourd’hui il vaut 80 fl., il est aisé de conclure que la monnaie d’alors était plus forte que celle d’aujourd’hui de la proportion de 80 à 23 1/3, ou de 24 à 7, c’est-à-dire que 7 sous d’alors en valaient 24 de ceux d’aujourd’hui.

Le sou lausannois valait 3 s. 3/7 de ceux d’aujourd’hui. /249/

Le florin lausannois valait 3 fl. 5 s. 1/2. c’est-à-dire environ 13 3/4 batz.

Les Lausannois virent avec chagrin cette diminution de leur monnaie; et comme ils étaient déjà fort animés d’ailleurs contre leur évêque, pour divers sujets de mécontentement qu’il leur donnait, ils en formèrent un article de plainte dans une liste de griefs qu’ils présentaient contre lui, l’an 1325, aux trois villes souveraines du diocèse: Berne, Fribourg et Soleure. Les seigneurs députés, qui jugèrent de cette affaire, ne donnèrent pas beaucoup de tort à l’évêque sur cet article; apparemment parce qu’en cela il n’avait fait que s’accommoder au cours du commerce.

 


 

BARONS DE VAUD.

La branche des princes de Savoie apanagée de la baronnie de Vaud, a eu pour tige Louis de Savoie, Ier du nom, fils de Thomas II et frère puîné du comte Amédée V, dit le Grand. Par un diplôme de l’an 1286, l’empereur Rodolphe Ier lui concéda le droit de frapper monnaie dans ses propres domaines. (Cibrario, Stor. di Sav., t. II, p. 187.) En suite d’un traité fait avec Amédée en 1294, celui-ci céda à Louis, son frère, Nyon et tous les fiefs situés entre la Versoye et l’Aubonne (diocèse de Genève). — Albert, roi des Romains, fils et successeur de l’empereur Rodolphe de Habsbourg, confirma implicitement à Louis de Savoie le droit de battre monnaie par une lettre en date de 1299, dans laquelle il lui défendait simplement de frapper sa monnaie au même coin que celle des évêques de Lausanne, sans lui retirer toutefois le droit d’en frapper à son propre coin. Dès lors on trouve des monnaies frappées à Pierre-Châtel au nom de Louis de Savoie.

Louis II, baron de Vaud, succéda à son père Louis Ier en /250/ 1302; il survécut à son fils unique, tué à la bataille de Laupen en 1339, et mourut en 1350, laissant la baronnie de Vaud à sa fille Catherine, qui épousa Guillaume, comte de Namur. (Note communiquée par M. Fréd. de Gingins.)

M. P. Bridel a donné une notice sur ces princes dans le Conservateur suisse, t. 3.

M. Promis dit que Louis de Savoie commença à frapper monnaie à Thierrens, sur les terres de l’évêque de Lausanne.

monnaies du ChablaisM. Soret, dans sa Lettre à M. de Saulcy, nous fait connaître qu’à la même époque un compromis eut lieu entre Louis et Amédée du Quart, évêque de Genève, lequel accorda au baron, son voisin, le droit de battre monnaie comme un fief émanant de sa volonté, et à condition que le coin serait différent de celui de l’évêque. Les barons de Vaud ne furent point les seuls à se permettre ces imitations: les monnaies du Chablais au type du temple paraissent appartenir à la même catégorie. (Voyez les fig. 7 et 8 de Mémoire de M. de Pina, et notre planche V, fig. 8 et 9.)

monnaie de Louis de VaudM. Promis représente une pièce de Louis de Vaud. C’est un gros portant d’un côté une figure à la chaise, sans couronne, et de l’autre une croix fleuronnée. Cette monnaie, ainsi que celle publiée par M. Soret dans la Revue numismatique de 1850, ne me paraissent pas concerner le pays de Vaud: elles auront été frappées à Pierre-Châtel. — Les légendes de la pièce de M. Promis sont:

ludovic. de. sabavdia.
dominvs vavdi: tvti.

On remarque des poissons sur les deux faces de la monnaie. (Voyez notre planche V, No 11.)

M. Cartier a publié dans la Revue numismatique un gros à la fleurdelis de ce prince; légende: philipvs rex: lvdovicvs de sabavdia dns vavde. francorvm. /251/

monnaie de Louis de VaudLa pièce de M. Soret, que nous reproduisons Pl. V, No 12, porte la légende suivante: pet c monet. lvd dsabavdia. † bndictv: sit: nome: d ... ri dei.
La première légende paraît indiquer Pierre-Châtel, où le baron de Vaud battait monnaie.

M. Soret signale une singularité dans la forme anormale de la couronne qui surmonte le faîte du temple: au lieu des trois lis qu’en voit sur le gros de Philippe de Valois, il n’y a plus ici que le lis central, placé entre deux espèces de fourches trifides, qui me paraissent devoir représenter le lambel propre aux armes des barons de Vaud, lesquelles étaient: d’or à une aigle de sable, de trois pendants de geules, brochant sur le tout, pour brisure. On en trouvera la preuve en consultant la planche xxx, fig. 182 et 189, de l’ouvrage de MM. Cibrario et Promis: Sigilli dei principi di Savoia.

 

Description des monnaies.

monnaie de Louis de VaudLe temple est à fronton simple, de la hauteur des colonnes; à la place du double fronton des pièces de Lausanne, on voit trois points. Le nombre des colonnes est ordinairement de quatre; dans les Nos 5, 6 et 7 de la planche II, les colonnes sont droites comme dans les pièces de l’évêché; sur d’autres pièces, la partie supérieure des deux colonnes du centre est arrondie, ce qui lui donne la forme d’une porte, comme on le voit dans les Nos 4, 8, 9 et 10. Les temples Nos 1 et 2 ont une espèce de fenêtre au-dessus du portique. Le No 5 n’a que les deux colonnes angulaires.

Sous le temple est un trait ondulé, pouvant rappeler des degrés ou une abréviation des lacs d’amour de la maison de Savoie. /252/

Les fig. 4, 5, 6, 7, 8 et 9 ont trois points placés longitudinalement à gauche de la croix qui surmonte le temple. Cette croix est détachée de l’édifice.

monnaie de Louis de VaudCes trois points se retrouvent dans notre Pl. VII, No 12, et dans la planche xxxvii, No 12, de l’Armorial genevois.

La croix du revers est simple, pareille à celle des pièces de l’évêché; les fig. 1, 2 et 3 portent un croissant dans le canton inférieur droit et un point ou besant dans le canton supérieur gauche; le croissant a les pointes tournées en dehors. Ce type rappelle le revers des pièces à la Vierge que nous avons décrites plus haut.

Les sept autres variétés ont trois points ou besants dans un canton et un point ou besant dans le canton opposé; les fig. 5, 6, 7, 8 et 9, le No 12 de la Pl. xxxvii de l’Armorial genevois, et le No 2, Pl. 3 de M. Promis, ont les trois points dans le canton supérieur droit de la croix, tandis que dans la figure 10 il est placé dans le canton supérieur gauche; il en est de même dans notre Pl. VII, No 12.

Il est à remarquer que les monnaies d’Amédée III, frappées à Suze, figurées par M. Promis à la Pl. I, Nos 1, 2, 3 et 4, portent comme signe caractéristique, à la place de l’étoile d’Humbert II et III et d’Amédée IV, trois points placés en ligne au centre de l’avers. La Pl. IV, No 4, représente une pièce d’Amédée VIII; le revers nous montre une croix simple, avec un S dans le canton supérieur droit et trois points ou besants dans le canton inférieur gauche. Les monnaies de Philippe d’Achaïe ont un besant, placé tantôt dans l’un des cantons supérieurs de la croix, tantôt dans deux cantons opposés.

Nous avons enfin observé que toutes les figures, moins le No 10, ont une espèce de rosette ou de soleil placé à gauche /253/ de la petite croix qui surmonte la croix simple; plus à gauche, on voit trois points placés en ligne droite. La plupart des monnaies de Louis d’Achaïe ont une rosette à gauche de la petite croix.

La légende est de sabavdia autour du temple ou prétoire, et lvdovicvs autour de la croix. L’E de de est remplacé par un trait dans notre Pl. VII, No 12; la même particularité caractérise la pièce figurée par M. Blavignac. Nous observerons dans ces caractères que l’E est gothique; l’A a une barre dans sa partie supérieure, les jambages s’élargissent dans leur partie inférieure. Le V est à la place de l’U. Les autres lettres sont latines.

Examinant les monnaies de Savoie sous le point de vue des lettres, nous trouvons:
Des E lunaires dans les monnaies d’Humbert II en 1103 et d’Humbert III en 1188.
Des E latins, des S couchées, des A avec barre supérieure, dans les pièces d’Amédée III, en 1148.
Des E lunaires et des A barrés dans les monnaies d’Amédée IV et de Philippe Ier, en 1285.
Les lettres gothiques commencent sous le règne d’Amédée V, en 1323.
Les C et les E latins reparaissent sous Philibert Ier, en 1482.
Depuis Philippe II, en 1497, on ne retrouve plus que des lettres latines.

Ces données nous confirment dans l’idée que nous avons émise à l’occasion des monnaies à lettres gothiques de l’évêché de Lausanne. C’est sous le règne d’Amédée V, qui a commencé en 1285, que ce caractère a pénétré dans le duché de Savoie; c’est 50 ans après, sous l’épiscopat de Gui de Prangins, /254/ que la mode des lettres gothiques est arrivée à Lausanne.

M. Promis a figuré le premier des deniers des barons de Vaud dans son Monete dei Reali di Savoia (Turin 1841; Pl. iii, No 3). La pièce diffère de celles que nous avons décrites.

M. Blavignac donne la figure d’une de ces monnaies dans son Armorial genevois (Genève, 1849; Pl. xxxviii, No 12). Cette pièce diffère de notre No 12, Pl. VII; les trois points sont placés dans le canton supérieur droit; mais elle a ceci de commun avec notre figure, que, dans la légende autour du temple, le D est réuni à l’E.

Nous donnons à la Pl. II la figure de dix pièces différentes. Un nouveau denier est représenté Pl. VII, No 12; ce qui porte à treize le nombre des variétés des deniers de Louis de Vaud.

Nous avons aussi dans la collection cantonale des demi-deniers de Louis.

L’un est représenté Pl. II, No 2; il appartient à la série qui est ornée d’un croissant.

Les deux autres se rapprochent des figures No 8 et No 9 de la planche II; le canton supérieur droit porte les trois points.

Nous avons réuni ces diverses pièces dans la collection cantonale.

 

GENÈVE.

On peut dire que l’histoire numismatique de Genève antérieurement à la période épiscopale se confond avec l’histoire /255/ générale des rives du Léman; par ce motif nous n’entrerons dans aucun détail sur cette époque. Nous ne pensons pas à faire l’histoire des monnaies de Genève; nous nous bornons à en esquisser les principaux traits, renvoyant les personnes qui désirent en faire l’étude aux ouvrages de Spon (Histoire de Genève), G. E. de Haller (Schweizerisches Münzcabinet), Ad. Fabri, Fr. Soret (dans la Revue numismatique de France), Blavignac (Armorial genevois), Ab. Ruchat (Essai historique sur les monnaies, etc. Msc. à la bibliothèque cantonale de Lausanne).

Genève épiscopale.

On peut distinguer dans les monnaies épiscopales deux types, le denier carlovingien et le denier de St.-Pierre.

Deniers Carlovingiens. — La première remarque que nous ferons, c’est que les évêques de Genève signaient leurs pièces à la fin du Xme siècle. Le Musée de Genève possède un des trois deniers de Conrad trouvés à Rome en 1843. Le temple est à cinq colonnes, avec un fronton surbaissé; il n’y a pas de croix entre les colonnes; sous le temple sont deux degrés; légende: gineva civitas. Revers, une croix simple avec un besant dans chaque canton; légende: conradvs eps. — M. Blavignac l’a figuré Pl. xxxvii, No1.

M. Lullin-Dunant en possède une variété portant gonradvs et geneva.

Enfin le demi-denier offre une empreinte analogue à celle des deniers, et porte geneva.

M. le docteur Coindet possède, dans sa belle collection genevoise, un demi-denier d’Adalgodus qu’il a eu l’obligeance de nous confier. /256/

monnaie d’AdalgodusLe portique est à quatre colonnes élevées, sans croix au centre; le fronton est proportionnellement plus bas, comme dans la pièce de Rodolphe roi de Bourgogne; les deux degrés sont légèrement renflés près de leurs extrémités; légende: a(d)algodvs eps. Au revers, c’est aussi une croix à quatre besants, avec la légende geneva civitas. Pl. VII, No 2.

La ressemblance de ces deux pièces fait supposer qu’elles ont été frappées à la même époque, et que la dernière peut être attribuée au successeur de Conrad.

Deniers de Saint-Pierre.Deniers de Saint-Pierre Il existe une série de pièces ayant d’un côté une tête plus ou moins informe regardant à gauche, avec la légende scs. petrvs; au revers, une croix simple, comme celle des monnaies de l’évêché de Lausanne. Tantôt l’on voit un besant dans chaque canton, tantôt un S dans deux cantons opposés; d’autres fois un S dans un canton et un besant dans l’opposé; enfin l’on trouve des croix dont les quatre cantons sont vides. Les légendes sont geneva civtas ou genevas. Pl. IV, No 16.

Les lettres sont latines, quelquefois réunies; les E latins, les A légèrement barrés. La forme des G rappelle celle de la même lettre dans la légende beata virgo; les S ont des contours anguleux qui les font ressembler au Z.

M. Blavignac, qui a figuré onze de ces deniers dans son Armorial, pense que les pièces qui ont deux S dans les cantons appartiennent au XIme siècle. Il place dans les XIIme et XIIIme celles qui ont un S et un besant dans les cantons opposés; la figure de St.-Pierre est tracée de la manière la plus barbare. Il attribue au XIVme siècle celles dont la forme des lettres est plus châtiée et qui se rapprochent de celles frappées à Nyon par Louis, baron de Vaud, en 1308. /257/

Nous classerons ces deniers de St.-Pierre de la manière suivante:

Le plus ancien porte un besant dans chaque canton, comme les pièces de Conrad et d’Aldegondus. La face de l’apôtre est assez bien faite; la barbe orne le bas de ses joues. (Blavignac, Arm. Gen., Pl. xxxvii, No 6.)

Vient ensuite la pièce qui porte un S dans deux cantons opposés. St.-Pierre est plus grossièrement gravé; il porte la barbe aux joues et au menton.

Les autres pièces portant un S dans un canton et un besant dans l’autre, comme celles qui ont la croix sans ornement, ne nous offrent aucun caractère distinctif; elles nous paraissent postérieures aux précédentes.

M. Soret a aussi décrit et figuré quatre épiscopales de Genève dans la Revue numismatique, année 1841, p. 415.

Il est assez probable que la frappe de ces deniers a commencé après la dédicace de la cathédrale de Genève, sous le vocable de l’apôtre Saint-Pierre. Spon nous donne les renseignements suivants (T. Ier, p. 56):

« M. Morus, qui a fait une harangue intitulée: De duobus Genevæ miraculis, prouve, par quelques passages d’homélies d’Avitus, que ce fut lui qui consacra cette Eglise (est-ce la première en bois?), et qu’il y avait auparavant un temple d’Apollon; mais le bâtiment fut discontinué jusqu’à l’an 990, que l’empereur Othon le fit poursuivre, et Conrad l’acheva l’an 1024. »

Martin était évêque dès l’an 1295, comme il paraît par plusieurs actes; pendant son administration, il fit battre de la monnaie l’an 1300. Les évêques, étant princes souverains, avaient incontestablement ce droit; mais la monnaie des princes voisins était à fort bas titre, étant abondante à Genève; /258/ il ne convenait pas à leur intérêt d’en faire souvent fabriquer à leur coin, à moins qu’ils ne l’eussent voulu faire d’aussi mauvais aloi que celle qui avait cours. Cependant l’évêque Martin trouva à propos d’en faire frapper, et il voulut qu’elle fût d’un bon titre et d’un poids convenable, conforme à l’aloi: ce qui ne se pouvait faire sans de grandes dépenses, à cause du bas titre des monnaies d’alors. Comme la manse épiscopale ne pouvait pas en soutenir les frais sans s’incommoder considérablement, et que cependant il ne convenait nullement au bien public de faire de la monnaie qui n’eût ni le poids ni le titre qu’il fallait, il résolut, du consentement du chapitre, qu’il assembla pour ce sujet dans l’église de St.-Pierre le 1er juin de l’an 1300: que pendant trois ans, les fruits et les revenus de la première année des bénéfices de la ville et de tout le diocèse de Genève, vacants, seraient retenus, pour en appliquer la moitié à la dépense dont on vient de parler, et l’autre moitié à la Fabrique de l’église de St.-Pierre, qui était encore chargée de quantité de dettes et qui avait beaucoup de nouvelles dépenses a faire pour finir ce grand ouvrage, qui n’était pas alors achevé. L’Evêque et le Chapitre résolurent encore que si, par quelque contretemps, cette monnaie ne se fabriquait pas, l’argent qui était destiné à en soutenir la dépense, serait appliqué à la réparation des châteaux de l’église, qui n’étaient point en état de défense et qui menaçaient ruine. Au reste, les paroles qu’on lit au commencement de cet acte, sur le droit de battre monnaie qu’avaient l’évêque et l’église de Genève, sont remarquables, et méritent d’être insérées ici: « Jus monetæ cudendæ spectat ad solum episcopum et ecclesiam gebenensem, in tota diocesi gebenensi, tam ratione privilegiorum imperalium, quam consuetudinibus longissimis temporibus observatis: maxime tantis temporum, quod de contrario memoria non existit. » /259/

En conséquence de cet ancien droit, l’évêque Martin donna à un nommé Benjamin Thomas Lombard d’Ast, du Conseil de son Chapitre et des Bourgeois, le privilége de battre de la monnaie pendant six ans, aux conditions marquées dans l’acte de cette concession. (Spon, T. I, page 126.)

L’évêque était chef, comme les ducs de Venise et de Gênes; il était élu par le peuple et le clergé. Il avait son chapitre et trente-deux chanoines, dont la plupart étaient jurisconsultes; il avait pour assesseurs séculiers les quatre syndics, vingt conseillers et un trésorier, qui étaient les uns et les autres élus par les bourgeois. A ces vingt-cinq étaient joints trente-cinq pour donner conseil dans les affaires pressantes. De là on venait au Conseil des deux cents, de même qu’à présent, et enfin on en appelait encore de là à un Général composé de tous les chefs de famille. L’évêque était obligé de ratifier ce qui s’y était passé. Ils ajoutent que les syndics avaient le droit de battre monnaie, et de plus l’assurance et la garde de la ville, sans que l’évêque s’en mêlât. (Spon, T. I, p. 100.)

Les pièces de Louis de Savoie, baron de Vaud, ont été en grande partie frappées dans le bâtiment de la Monnaie de Genève, avec autorisation de l’évêque.

Les évêques de Genève frappèrent monnaie jusqu’en 1535, sous l’épiscopat de Pierre de la Baume-Montrevel. Cette année, la municipalité s’empara du pouvoir politique et sacerdotal; le siége des évêques fut transféré ailleurs.

monnaie de GenèveLe Musée possède un bon nombre d’épiscopales de Genève.

Nous figurons Pl. IV, No 16 une pièce de l’évêché, pour faire connaître le caractère des légendes.

Il est assez probable que l’on a commencé à frapper ces deniers de St.-Pierre après la consécration de l’église à l’apôtre. /260/

Pour compléter les données sur les monnaies épiscopales de Genève, nous joignons un extrait du Mémoire manuscrit d’Abram Ruchat sur les monnaies genevoises dès l’an 1300.

« Le plus ancien mémoire que je connaisse sur la monnaie de Genève est celui qu’on voit dans la nouvelle édition in-4o par Spon (T. II, page 81); c’est un règlement fait pour la monnaie et imposé au maître-monnayeur par l’évêque, de l’avis du Chapitre et de la bourgeoisie, pour la petite monnaie. On devait le faire de 4 1/2 d. de fin par marc et de 18 s. 4 d. de poids de seigneuriage (dont il en laissait 3 au monnayer pour ses frais pendant deux ans et 2 pendant 4 ans); il faisait courir sa monnaie tout comme si 216 eussent valu 220.

L’an 1503, l’écu d’or valait à Genève 38 s.; il avait le même prix en France; ainsi le sou genevois était alors égal au sou tournois.

J’ai trouvé un vieux mémoire sur le revenu que le Pape tirait alors du clergé du diocèse de Genève, sous le nom de décime:

L’évêque payait 40 L., car alors on y comptait
encore par livres plutôt que par florins
 
40 L.
Le Chapitre,12 L. 10 s.
Le reste du clergé,2 L. 3 s.
Les curés de la ville: celui de:
St.-Gervais,1 L.
St.-Germain,1 L.
La Magdelaine,13 s. 6 d.
La Sainte-Croix,6 s.
St.-Léger,6 s.
St.-Victor,6 s.
Somme58 L. 4 s. 6 d.

Cette somme n’était que pour un terme, et la décime papale se payait en deux termes par an.

Dans le Doyenné d’Aubonne, il tirait pour un seul terme 138 L., entre autres du doyen d’Aubonne 15 s., du curé de Remilly 1 s., de celui d’Animassis (Annemasse) 9 s., de celui d’Alinge 16 s.

Dans le Doyenné d’Aubonne, l’abbé de Bonmont payait 3 L., celui de Cheisiri 6 L. 10 s., le prieur de Genouilli 20 s., celui de Divonne 4 L., celui de Nyon 33 s., celui de Cessiers 60 s., celui de Satigny 5 L. 4 s., celui de Seiseri 7 L. viennoises.

L’an 1531, Pierre de la Beaume, év. de Genève, donna à ferme les revenus de son évêché, pour 4 ans, à Jean Lect, citoyen de Genève, pour 6000 fl par an. »

/261/

M. F. Soret a publié de nouveaux renseignements sur les monnaies de Genève dans sa Lettre numismatique de 1841; nous en extrayons le passage suivant:

« Les conditions imposées à B. Thomas Lombard, d’Ast, sont de frapper un marc de mailles pour 30 marcs de deniers; ceux-ci doivent être de 4 d. 12 g. de loi, c’est-à-dire au titre de 375 millièmes. Le marc devant valoir 18 s. 4 d., il en résulte que la taille devait être de 221 d. par marc, comme pour les deniers parisis de cette époque; le poids du denier devait donc être d’environ 20 1/2 grains. Quant aux mailles, il est seulement dit dans l’acte qu’elles doivent être du poids et de la loi que mellies sont acustumées de valour ce est a savoir V melies a la valour de 2 deniers.

Les pièces de St.-Pierre en argent du poids de 23, 24, 27 grains qui se trouvent au Musée, et dont le titre atteint dix deniers de fin (ce titre, apprécié à la touche, est peut-être un peu trop élevé), sont évidemment d’époques antérieures; l’histoire des monnaies de France, qui servaient alors de norme aux différents ateliers monétaires des Etats voisins, peut nous guider dans notre recherche. Vers le milieu du onzième siècle, sous Philippe Ier, les deniers pesaient 20 à 24 grains et commencèrent à être altérés; on mêlait un tiers de cuivre à deux tiers d’argent. Sous Louis VI et Louis VII, l’altération des monnaies d’argent continua: les sols étaient à 6 d. de loi; les deniers pesaient encore 22 grains et étaient de titre très variable. Sous Saint Louis, mort en 1270, les deniers parisis furent fixés à 4 d. 12 g. de loi et à 221 de taille, comme on peut en juger par les ordonnances de son petit fils Louis le Hutin, en date de l’année 1315.

Il résulte de cet aperçu que tous les deniers contenant plus de 375 millièmes sont antérieurs au règne de St.-Louis. »

Ces observations donnent une nouvelle valeur aux indications de titre que nous avons publiées à l’occasion des deniers de Lausanne.

/262/


 

TABLEAU CHRONOLOGIQUE DES ÉVÊQUES DE GENÈVE, DÈS L’AN 381 à 1802.

 

1.Diogenus.Cet évêque vivait à la fin in IVe siècle; en septembre 381 il souscrivit au concile d’Aquilée.
2.S. Isaacus.Cet évêque vivait à la fin du IVe siècle.
3.Dominius. 
4.S. Salonius I.Il souscrivit au concile d’Orange, tenu en 441.
5.Cassianus. 
6.Eleutherius. 
7.Theolastus.Il vivait en 475, époque où l’arianisme commençait à s’introduire dans l’Eglise de Genève.
8.Frater. 
9.Pallascus. 
10.Domitianus I.Sous l’épiscopat de cet évêque, et environ l’an 502, Sedeleube fit bâtir la splendide église dédiée à St.-Victor.
11.S Maximus.Cet évêque, élu en 513, souscrivit au concile d’Epaone, tenu vers 517. En 529, il vivait encore.
12.Pappulus I.Il souscrivit au 5e concile d’Orléans, tenu en 549.
13.Gregorius.On dit que ce prélat était évêque de Pavie avant de monter sur le siége épiscopal de Genève.
14.Nicetius.Ce prélat fut, suivant Lévrier, promu à l’archevêché de Lyon vers l’an 560.
15.Salonius II.Il souscrivit aux conciles de Lyon et de Paris, en 567 et 573.
16.S. Cariatto.Il assista à divers conciles tenus de 584 à 585.
17.Rusticus et  
18.Patricus.Ces deux prélats paraissent avoir été évêques de Genève en même temps.
19.Ugo I. 
20.Andreas Graecus. 
21.Apellinus.Il assista en 627 au concile de Mâcon.
22.Pappolus II.Il souscrivit au concile de Châlons en 650.
23.Robertus I. 
24.Aridanus. 
25.Egoaddus.Il eut avec Chilpéric plusieurs différends qui furent vidés par le pape Vitalien (657 à 672). /263/
26.Albo. 
27.Huportunus.En 726, ce prélat assembla, dit-on, un concile à Genève; il mourut vers 736.
28.Eucherius.Il vivait vers l’année 760.
29.Gubertus. 
30.Renembertus. 
31.Leutherius. 
32.Gosbertus.Il mourut l’an 780.
33.Wallernus.Il assista l’an 800 au couronnement de Charlemagne. Il mourut en 816.
34.Altadus.Il assista aux conciles d’Aix-la-Chapelle en 816 et de Worms en 833. Il mourut en 849.
35.Domitianus II. 
36.Boso. 
37.Ansegisus.Ce prélat, né à Genève, régna 32 ans.
38.Optandus.Il fut sacré en 881 par le pape Jean VIII, qui apprend, dans une de ses lettres, que l’élection de l’évêque de Genève était faite alors par le clergé et le peuple de cette ville.
39.Apradus. 
40.Bernard I.Il ne siégea qu’un mois.
41.Franco. 
42.Anselmus.Il vivait vers l’an 920.
43.Riculphus.Il vivait vers l’an 927.
44.Aldagondus I.Il vivait entre les années 964 et 993.
45.Aymon I. 
46.Gérold. 
47.Hugo II.Ce prélat, parent de Rodolphe III, roi de Bourgogne, et neveu de l’impératrice Adélaïde, monta sur le siége de Genève peu avant l’an 994; il vivait encore en 1019 ou 1020.
48.Conrad.On a retrouvé à Rome, en 1843, quelques monnaies signées, frappées par ce prélat.
49.Aldagondus IIAldagaudus, ou plutôt Aldagodus, dont on croit posséder un demi-denier carlovingien.
50.Bernard II. 
51.Fréderic.Il tint le siége durant 50 ans, et mourut en 1073.
52.BorzadusIl mourut en 1078.
53.Gui de Faucigny.Il mourut le 1er novembre 1120.
54.Humbert de Grammont.Il mourut le 31 octobre 1135.
55.Arducius de Faucigny.Ce prélat fut sacré à Vienne l’an /264/ 135. Il obtint de l’empereur Fréderic Barberousse, en 1153 et 1162, la confirmation des immunités de Genève et le titre de prince de l’Empire. Il mourut en 1185.
56.Nantelme.II mourut en 1205.
57.Bernard III, Chabert.Il fut promu à l’archevêché d’Embrun en 1213 et mourut en 1235.
58.Pierre I, de CessonsNe paraît que comme élu de Genève.
59.Aymon II,
de Grandson.
Il siégea dès 1215 à 1260, époque où il paraît avoir abdiqué les fonctions épiscopales. Ce fut sous ce prélat, et ensuite des canons du 4e concile de Latran (1215), que le mode d’élection des évêques de Genève fut changé, et que cette élection fut attribuée au Chapitre seul, au lieu qu’auparavant elle avait lieu par le concours du peuple et du clergé; plus tard, en 1418, le pape Martin V confisqua ce droit au profit de la cour de Rome.
60.Henri.Elu en 1260, il abdiqua en 1265.
61.Aymon III, de Menthonay
de la Tour.
Elu en 1265, il mourut en 1275.
62.Robert II, de Genevois.Il mourut en 1287.
63.Guillaume I, de Duyn
de Conflans.
Il tint le siége pendant 8 ans.
64.Martin, de St.-Germain.Il fut élu en 1295 et mourut le 1er décembre 303. Il frappa monnaie.
65.Aymon IV, du Quart.Sacré le 5 octobre 1304; mort en 1311
66.Pierre II, de Faucigny.Il mourut en 1342.
67.Alamand, de St.-Joire.Mort en 1366.
68.Guillaume II, Fournier
de Marcossay.
Mort en 1377.
69.Jean I,
de Murol d’Estaing.
Il mourut en 1385.
70.Adhémar Fabri.Il mourut en 1388.
71.Guillaume III, de Lornay.Il mourut en 408. C’est le premier des évêques de Genève qui ait fait usage du titre de prince.
72.Jean II, de Bertrands.Il fut nommé archevêque de la Tarentaise en 1418.
73.Jean III, de Pierre Scize.Il fut promu à l’archevêché de Rouen en 1423, devint cardinal, chancelier de l’Eglise et légat apostolique en France.
74.Jean IV,
de Briève-Cuisse.
Il mourut en 1423.
75.Jean V, de Brogny.Il mourut en 1426.
76.François Ier, de Mez. /265/
77.Amédée de Savoie.Ce prince, duc de Savoie sous le nom d’Amédée VIII et pape de 1439 à 1449 sous celui de Félix V, se déclara, après la mort de François de Mez, administrateur de l’Eglise de Genève. Il mourut à Genève le 7 janvier 1451.
78.Pierre III, de Savoie.Par bulle du 19 juillet 1450, le pape Nicolas V conféra l’évêché de Genève à Pierre, petit-fils d’Amédée. Ce prince, à peine âgé de huit ans, et déjà pourvu de l’abbaye de St.-André de Verceil et décoré du titre de protonotaire apostolique, mourut le 31 octobre 1458.
79.Jean-Louis de Savoie.Frère du précédent; il mourut en 1482.
80.Jean VI, de Compeys.Il n’occupa le siége qu’un an et quelques mois, et fut supplanté par François de Savoie.
81.François II, de Savoie.Il prit possession de l’évêché le 25 juillet 1484, et mourut en 1490.
82.Antoine Champion.Il mourut en 1495.
83.Philippe de Savoie.Placé à l’âge de 7 ans sur le siége épiscopal; l’évêché fut administré par Aymon de Montfalcon, évêque de Lausanne.
84.Charles de Seyssel.Elu en 1510, il mourut en 513. Après la mort de Charles de Seyssel, Aymon de Gingins, commendataire de l’abbaye de Bonmont, fut élu par le Chapitre; mais cette élection, faite sans le concours de la cour de Rome, ne fut pas confirmée par le Pape, qui nomma Jean de Savoie. (Voyez Blavignac, p. 268.)
85.Jean VII, de Savoie.Ce prince, fils naturel de l’évêque François, mourut en 1521 ou 1522.
86.Pierre IV,
de la Baume-Montrevel.
(Ce fut sous le règne de Pierre, en 1535, que le gouvernement de Genève fut changé; la municipalité s’empara du pouvoir politique et sacerdotal, et le siége des évêques dut être transféré ailleurs. Toutefois, malgré la révolution qui venait de détacher la métropole du reste du diocèse, ce dernier continua d’exister jusqu’en 1802, ses titulaires faisant leur résidence en Savoie. Nous continuerons cependant la liste des évêques jusqu’en 1802.)
87.Louis de Rye.Elu en 1546, il mourut en 1550.
88.Philibert de Rye.Il mourut en 1556.
89.François III, de Bachod.Il mourut en 1556.
90.Angelo Giustiniani.Il permuta en 1579 avec
91.Claude de GranierIl mourut en 602./266/
92.S. François IV, de Sales.Il mourut en 1622.
93.Jean-François de Sales.Il mourut eu 1635.
94.Juste Guérin.Sacré en 1639, il mourut en 1645.
95.Charles-Auguste de Sales.Il mourut en 1660.
96.Jean VIII, d’Arenthon d’Alex.Il mourut en 695.Le siége fut vacant pendant 2 ans.
97.Michel-Gabriel de Rossillion de Bernex.Mort en 1734.
98.Joseph-Nicolas Deschamps
de Chaumont.
Mort en 1763.
99.Jean-Pierre Biord.Mort en 1785.
100.Joseph-Marie Paget.Sacré le 17 mai 1785 et démissionnaire en date du 4 février 1802, il fut le centième et dernier prélat de l’évêché de Genève, l’un des plus anciens et des plus illustres de la chrétienté, et qui a compté plus de 14 siècles d’existence.
Peu après la démission de ce prélat, qui mourut le 23 avril 1811, l’évêché fut annexé à celui de Chambéry. Cet état de choses dura jusqu’en 1819, époque où les paroisses catholiques du canton de Genève furent réunies au diocèse de Lausanne; le reste de l’évêché fut reconstitué en 1822 sous le titre d’évêché d’Annecy.

 

Genève république.

Nous lisons dans l’Armorial genevois de M. Blavignac, que la Réforme ayant été consommée à Genève au milieu d’août 1535, le 4 décembre le conseil choisit pour remplir les fonctions de maître de monnaie, Claude Savoie, ancien syndic, et arrêta le caractère de la nouvelle monnaie.

monnaie de GenèveNous figurons, Pl. VII, No 4, la première pièce frappée en décembre de la même année; elle appartient à la collection de M. Coindet.

Ce denier ne porte ni armes, ni signes; on n’y voit que la légende circulaire: noster. pvgnat. devs; dans le champ: pro nobis. Revers: post tenebras lvcem. Dans le champ: geneva civitas. 1535.

En 1530, le sceau de la Seigneurie (chefs civils) portait l’aigle couronnée et la clef avec la légende: pos: tenebras: spero: lvcen:. /267/

On frappa aussi des monnaies avec les légendes: Mihi sese flectet omne genu. 1535. Pro Christo et patria. 1567. Ordinairement: Post tenebras lux.

Dès cette époque jusqu’à nos jours, Genève a eu quatre systèmes monétaires: le florin, la livre courante, la genevoise et enfin le franc.

Le florin, qui était la vingt-septième partie du marc d’argent fin, correspondait à une valeur actuelle de 1 franc 48 centimes. Il se divisait en 12 sols; le sol en 12 deniers; le denier en 2 oboles; l’obole en 2 pites.

La livre courante. D’après M. Grenus, la livre courante n’est que la livre tournois, qui à la fin du XVIIme siècle valait 3 florins 6 sols de Genève. On n’a pas frappé de monnaies de cette espèce; on n’a que des projets de frappe.

La genevoise. On en a fait des séries en 1794.

Le franc. Sous le régime français, on a émis à Genève des pièces au type du franc. Les pièces de l’an XI et XII ont un lion et un G pour signe monétaire; celles de l’an XIII une truite et un G. Enfin, le 25 juillet 1838, le Canton adopta le système décimal français.

Le gouvernement de Genève a émis une grande variété de pièces d’or, d’argent, de billon et de cuivre; on trouvera dans l’Armorial de M. Blavignac des renseignements précieux pour l’étude de ces monnaies, soit sous le rapport de la frappe, soit surtout pour ce qui concerne les armoiries et les signes qui ornent les revers des monnaies.

monnaie de GenèveNous avons figuré comme type la pièce de 10 fr. en or frappée au commencement de 1848. Pl. VII, No 5.

Au centre, l’aigle et la clef; au-dessus, dans un soleil, ihs.; légende: post. tenebras. lux. Revers, dans le champ, 10 fr. 1848; légende: rep. et can. de geneve. /268/

(La plus ancienne représentation de l’aigle date de 1420; elle se voit sur les sceaux de l’empereur Sigismond, conservés aux archives de Genève. On en a trouvé un bel exemplaire dans l’église de la Magdelaine. Ces aigles sont sans couronne.)

L’or est à 750 millièmes d’or fin et 150 millièmes d’argent fin, soit à 18 carats; la pièce pèse 3 grammes 821 milligrammes.

Les pièces frappées à cette époque ont la même valeur intrinsèque que les monnaies françaises.

Ce sont les dernières monnaies émises par le canton de Genève.

Avant de quitter la cité industrieuse de Genève, nous dirons un mot de la période de 1794, où le système décimal a été, pour la première fois, mis à exécution. Nous puisons dans l’Armorial genevois les renseignements que voici:

« Les symboles et emblèmes décrétés pour les nouvelles monnaies sont remarquables. La loi qui les consacre est précédée d’un préambule où l’on remarque les passages suivants:

« La monnaie est le signe représentatif de la propriété; la première et la seule honorable origine de la propriété est le travail joint à l’économie. Il importe de ramener sans cesse les hommes à ces grandes vérités, en leur présentant sur les monnaies des emblèmes et des légendes qui les leur rappellent tous les jours, et qui soient propres à leur inspirer de plus en plus l’amour de l’égalité, de la liberté et de l’indépendance, et l’esprit de concorde et de fraternité; emblèmes qui honorent l’humanité, tandis que ceux que l’on tire du blason la dégradent, en lui présentant /269/ l’image d’une odieuse féodalité, de l’inégalité factice qui la produit, et de l’esclavage qui en fut si longtemps l’effet. »

« Voici les emblèmes qui furent choisis: l’unité monétaire; l’écu, pesant une once, et qualifié par la loi de genevoise, avait pour empreinte l’ancien emblême des républiques, savoir une tête de femme coiffée d’une tour, avec la légende: république genevoise, et dans l’exergue: égalité, liberté, indépendance. Au revers, deux épis de blé entre lesquels on lisait: prix du travail, avec la légende: après les ténèbres la lumière, et dans l’exergue: 1794, l’an 3 de l’égalité. »

monnaie de Genève« Les décimes portent l’aigle libre tenant une clef dans ses serres et entourée d’une guirlande de feuilles de chêne, ou couronne civique, avec la légende: après les ténèbres la lumière. Au revers, trois abeilles et une fleur entourent le mot décime, avec l’inscription: l’oisiveté est un vol. On lit en légende: égalité, liberté, indépendance. (Pl. VII, No 3.) »

« Les midécimes ont une ruche d’abeilles avec cette légende: travaille et économie, et au revers un cadran avec les mots: les heures sont des trésors. »

Les Genevois sont le seul peuple qui ait eu l’idée de lier le signe de l’échange avec les préceptes du travail.

La glorification du travail sied bien dans la bouche d’un citoyen de Genève: nulle part le travail n’est plus honoré.

 

/270/

COMTES DU GENEVOIS.

Un travail spécial a été fait sur ce sujet par M. Soret dans sa lettre à M. Zardetti, publiée dans les mémoires de la Société d’histoire de Genève.

Amédée III voulut, à l’imitation de Louis, baron de Vaud, faire acte de souveraineté en émettant sa propre monnaie; il mourut en 1367.

Ces monnaies portent l’écusson aux armes du Genevois surmonté d’un cimier. Légende: a... ed: comes: gebens. Revers: Croix à branches égales, et: fidelis: i.. perii.

Il décrit aussi des pièces de Pierre, mort en 1394.

Les légendes sont analogues: petrvs: co: gebenes. —. —. fidelis: inperii. et petrvs: comes. — ge be ne ns.

Enfin Ludovicus? Un écusson composé des armoiries écartelées de Chalons, de Baux et d’Orange et sur le tout les armes du Genevois; légende: lv?.. o... v... Sur l’autre face le cornet d’Orange; légende: moneta. nova?

Une planche accompagne ce Mémoire; six pièces sont figurées.

M. Blavignac a consacré dans son Armorial genevois un chapitre aux comtes du Genevois, de la maison de Genève. Amédée I obtint, au milieu du douzième siècle, la cession des droits de souveraineté que l’empereur lui avait accordés. En 1401, le comté passa à la famille Thoire de Villars qui le vendit à la maison de Savoie. La famille de Genevois s’est éteinte en 1394 dans la personne de Robert, connu dans l’histoire sous le nom de Clément VII.

M. Blavignac a figuré trois monnaies, qu’il estime avoir /271/ été frappées à Annecy et être des plus anciennes de cette famille: l’une, une croix patée; lég.:. medeus comes, l’écu genevois... ebenensis; l’autre, les légendes: Amed. comes. Gebennens. Planche xlvi.

 

PRINCES DE SAVOIE.

Pendant plusieurs siècles, une partie des rives vaudoises du Léman ont été sous la domination des princes de Savoie; il faut en excepter Genève, ainsi que Lausanne et les quatre paroisses de Lavaux, qui, avec Lucens, Bulle et Avenches, formaient le domaine temporel de l’évêque.

La monnaie de Savoie a donc eu cours régulier sur toutes les rives du Léman, ce que prouvent les diverses discussions au sujet de la frappe des monnaies entre les divers princes qui croyaient avoir un droit exclusif. Les nombreuses trouvailles de pièces de Savoie faites un peu partout confirment notre manière de voir. On ne rencontre guère ces pièces qu’isolées.

Nous avons réuni pour le Musée une collection de monnaies d’argent et de billon assez complète, depuis Humbert II à Emmanuel-Philibert: c’est la période qui nous concerne.

Nous possédons une seule pièce d’or; elle est d’Amédée VIII. M. Promis l’a figurée à la table 6, No 14, de son ouvrage. Elle a été trouvée en 1820 à la rue du Pré, à Lausanne, dans la maison de M. Pascal, avec une vingtaine d’autres pièces de même métal, qui ont été disséminées. M. Ch. Pascal a donné cette belle monnaie au Musée. — Les personnes qui désirent de plus amples détails sur ce sujet, /272/ pourront consulter le riche ouvrage de M. Dominique Promis: Monete dei reali di Savoia.

M. M.-Ant. Pellis a publié, à la fin de son ouvrage sur le canton de Vaud, la liste des comtes et ducs régnants de Savoie, des barons de Vaud de la maison de Savoie, et des baillifs de Vaud sous la même dynastie, depuis Hugues de Paleysieux, en 1264, jusqu’à Aymon de Genève, seigneur de Lullin, nommé en 1527, et dont les fonctions cessèrent de fait en 1536.

Nous complèterons ces renseignements par la description des pièces de Savoie au type carlovingien. M. de Pina a le premier appelé l’attention sur ces monnaies dans sa Notice sur les pièces frappées dans les environs du lac Léman. (Revue numismatique, 1858.)

monnaie de SavoieAmé IV. Le temple rappelle complétement le denier de Louis-le-Débonnaire, le denier de Conrad, et notre fig. 2, Pl. I; légende: xpiana religio. Sur l’autre face, une croix simple avec un besant dans chaque canton; légende: chablasii dux (Pl. V, No 8.) M. de Pina rapporte ce denier à Amé IV, car, ajoute-t-il, « à quel prince pourrait-il appartenir, si ce n’était au plus ancien duc du Chablais nouvellement décoré de ce titre? »

monnaie de SavoieAimon. Le temple est identique avec le précédent; la légende, xpiama religio. Sur l’autre face, une croix simple dans les cantons, de laquelle on lit: aimo; la légende se complète par chablasii dvx. (Pl. V, No 7.)

Les lettres de ces deux monnaies sont identiques: moitié gothiques, moitié latines.

On peut attribuer ces deux pièces à Aimon, qui mourut vers l’an 1343. /273/

monnaie de SavoieAmédée. Le temple a le fronton plus aigu, quatre colonnes, trois besants sous le degré; c’est un denier semblable à ceux des évêques de Lausanne (Voyez Pl. I, No 26); légende: de sabavdia. monnaie de Savoie Sur l’autre face on voit une croix simple avec une barbe de plume et un besant, semblables à ceux de la même pièce que nous venons d’indiquer (No 26); légende: amed comes. (Pl. V, No 9.)

Les C et les E sont gothiques; les A, barrés.

C’est sur une pièce nouvelle que ce dessin a été fait; il ne correspond pas à la figure de M. de Pina, qui probablement a eu en mains un exemplaire fruste.

Ce denier est plus moderne; la légende Christiana religio des empereurs carlovingiens, a disparu. M. de Pina pense que cette pièce a été frappée par le comte Verd.

Comparée avec les monnaies de l’évêché, elle est contemporaine de celles à lettres gothiques non signées.

Nous ne savons si ce denier a été frappé à St.-Maurice on ailleurs. M. Promis n’en parle pas dans son ouvrage.

Dans notre point de vue, il a un grand intérêt, qu’il soit une imitation des deniers des évêques de Lausanne, ou qu’il soit la monnaie réelle d’un prince de Savoie: il montre les relations entre les deux rives du lac, et facilitera la détermination des pièces de Lausanne non signées.

Nous signalerons encore une pièce que nous n’avons pu classer. Sur l’une des faces est un écusson de Savoie entouré de trois segments de cercle; légende: comites radicat. cocon. Sur l’autre, la croix de St.-Maurice placée en croix sur la croix de Malte; légende: † sit nomen domini bene.

Cette pièce est identique pour les armes et la croix avec /274/ le No 17, table 29 de M. Promis; ce dernier a pour légendes, autour de la croix de Savoie: Carolus Emanuel; autour des croix de Malte et de St.-Maurice: † D. G. Dux Sabaudie 1585.

M. Scharmann, numismate anglais, demeurant à Montreux, nous fait savoir que cette pièce, avec la légende: Comites radicat cocon, pourrait être attribuée à Janus de Savoie, comte de Genevois, qui épousa au commencement du XVIme siècle Madeleine de Penthièvre, Comtesse de Rennes.

Le musée de Lausanne possède plusieurs monnaies de cette frappe.

 

PRINCES D’ACHAÏE.

On verra plus loin, dans les Enfouissements monétaires, que l’on a trouvé à St.-Maurice une pièce qui doit être rapportée à un prince d’Achaïe; l’auteur d’une note que j’ai transcrite textuellement, dit que c’est un sol maurisois, ainsi nommé parce qu’on les battait à St.-Maurice même.

M. de Pina, dans sa notice sur les Monnaies frappées sur les bords du Léman (Revue numismatique 1838), dit que des chartes tirées des archives de l’abbaye de St-Maurice prouvent que les premiers comtes de Savoie faisaient battre monnaie dans cette localité, et qu’il existait des livres et des sols dits de St.-Maurice. (Voyez Cibrario et Promis, Documenti et sigilli, X, p. 36, 37 et 38.)

St.-Maurice d’Agaune était la capitale de l’ancien Chablais. Cette petite province, qui avait d’abord fait partie du royaume de Bourgogne, comprenait, outre le Chablais, une /275/ partie du Pays-de-Vaud; elle avait été donnée par l’empereur Conrad-le-Salique au comte Humbert-aux-blanches-mains, et en reconnaissance de services rendus en 1034, d’après Guichenon.

Nous avons consulté l’ouvrage de M. Promis; il dit que les premières monnaies des princes d’Achaïe ont été frappées à Suze, puis on en a frappé à Turin. Nous n’avons donc aucune donnée précise sur ce sujet.

Le titre de prince d’Achaïe et de Morée est entré dans la maison de Savoie par le mariage contracté en 1301 entre Isabelle, fille unique de Guillaume de Ville-Hardouin, dernier prince d’Achaïe, et Philippe de Savoie, prince de Piémont, fils aîné de Thomas III et de Guye de Bourgogne. Mais ce titre, purement nominal, ne désignait pas autre chose que la branche de Savoie apanagée de Piémont. Cette branche finit dans la personne de Louis de Savoie, prince de Piémont et d’Achaïe, mort en décembre 1418, sans enfants légitimes. — L’empereur Sigismond, étant à Turin en 1412, avait investi Louis, prince d’Achaïe, du Vicariat Impérial en Piémont, avec le droit de frapper monnaie d’or et d’argent. (Guichenon, Hist. de Sav., pr. p. 129.)

M. Promis a figuré, dans les Monete dei reali di Savoia, vingt-quatre pièces du rameau d’Achaïe, de Philippe à Louis. On dit qu’il y a des pièces d’or de ces princes au Cabinet des antiquités de la ville de Lyon.

Le Musée cantonal de Lausanne en possède huit de billon.

Passons à la description de deux de ces monnaies trouvées dans notre canton.

monnaie de St.-MauriceLa fig. 19 de la Pl. III est caractérisée par la croix de St.-Maurice, autour de laquelle on lit: princeps achaie: ze. /276/ Au revers, une croix simple, placée dans quatre segments de cercle; une bande passe derrière la croix, diagonalement du canton gauche supérieur au canton droit inférieur. Légende: lvdovicvs: d: sabavd.

Caractères: les N, les E et les C sont gothiques; les A sont bardés en haut; des V à la place des U.

Cette pièce est une variété différente de celle figurée par M. Promis (Pl. II, Nos 3 et 4.) .

monnaie de St.-MauriceLa fig. 20 porte l’écusson aux armes de Savoie, avec une bande passant diagonalement derrière la croix, de gauche à droite; on observe un anneau de chaque côté de l’écusson, plus un troisième au-dessus. Légende: princeps: ach.

Au revers, l’L en monogramme, avec des ornements dans les coins du plus long jambage. Légende: de sabavdia.

Les caractères sont les mêmes que dans la pièce précédente. Toutes les deux ont une rosette au côté gauche de la petite croix qui est dans la légende; ce signe rappelle un signe analogue que nous avons signalé dans les deniers de Louis, baron de Vaud. Cette pièce n’est pas identique avec la fig. 7, PL III, de M. Promis.

 

VALAIS.

 

Le système d’organisation sociale fondé par Charlemagne s’est conservé dans le Valais durant plusieurs siècles; sous ce rapport c’est un des pays les plus intéressants de l’Europe. L’évêque était élu par le peuple; il devenait chef civil, militaire et religieux de la contrée. — La position topographique du Valais a maintenu cette organisation jusqu’à /277/ 1628. Même de nos jours, la nomination de l’évêque est faite par le Grand-Conseil, mandataire du peuple.

Nous avons cru devoir entrer dans quelques détails historiques, et faire précéder chaque modification du coin des causes qui l’ont amenée. Le lecteur pourra s’assurer que, dans ce pays comme dans beaucoup d’autres, les signes qui ornent les monnaies n’ont pas été tracés uniquement par la fantaisie, mais qu’ils sont des expressions, des révélations de l’époque.

Nous avons puisé nos renseignements dans les ouvrages suivants: Schinner, Description du département du Simplon, Sion, 1812; — Boccard, Histoire du Vallais. Genève, 1844; — Fr. de Gingins, Développement de l’indépendance du Haut-Vallais et conquête du Bas-Vallais. Lausanne, 1844; — Altes und Neues aus der gelehrten Welt. Zürich, 1717; — G. E. v. Haller, Münz- und Medaillen-Cabinet. Bern, 1781; — Essai historique sur le mont Saint-Bernard, par C. de Loges; 1789.

 

Valais romain.

Les noms d’un grand nombre de localités du Valais indiquent une origine celtique 1 . Tarnade (ancien nom de St.-Maurice 2 lorsque cette ville était située de l’autre côté du /278/ fleuve), en langue celtique signifie forteresse; Octodvrvm, Martigny, lieu sur la rivière; Sedvnvm, colline aride. La dénomination d’Alpes Pennines provient probablement du mot Penn, qui, en celtique, indique une montagne élevée. Pline le Naturaliste écrit penninæ. Pennelucus, Pennelocus, en celtique tête du lac, est le nom ancien de Villeneuve; Villeneuve est en effet située à la tête du lac. Apennin a le même radical.

Pour comparer un fait analogue de géographie moderne, on trouve sur beaucoup de cartes Golfe de Lyon, comme si cette ville avait été située dans le temps sur le bord de la mer et avait donné son nom au golfe; l’orthographe réelle est Golfe du Lion.

Jules César, au troisième livre de la guerre des Gaules, donne les renseignements suivants sur la vallée du Rhône supérieur: « Cum in Italiam proficisceretur Cæsar, Sergium Galbam cum legione duodecima et parte equitatus in Nantuates, /279/ Veragros, Sedunosque misit, qui a finibus Allobrogum et lacu Lemano et flumine Rhodano ad summas Alpes pertinent. » — Et plus bas il dit encore: « His rebus gestis, cum omnibus de causis Cæsar paratam Galliam existimaret, superatis Belgis, expulsis Germanis, victis in alpibus Sedunis.... »

On a trouvé à Sion un certain nombre de monuments de la domination romaine. Au château de Valère, on lit l’inscription suivante: Valleria.. Nata Diocletiani Valler. Imp. Aug. Coss. XII. Mater Campani, Præfecti, qui omnibus honoribus in Urbe sacra functi, filium Campanum præfectum. Condito Mausoleo infra Castrum Valleria sepeliri curavit.

Une autre inscription du préfet Pontius fait connaître que, sous l’empereur Gratien (l’an 377 après Jésus-Christ), les églises détruites sous Maximien ont été rebâties plus belles qu’auparavant.

Des inscriptions, ainsi que d’autres monuments du séjour des Romains, ont été signalées de Brieg à St.-Maurice. Ce qui nous paraît le plus remarquable, c’est le St.-Bernard; les monuments prouvent que déjà dans la période romaine un temple et un asile avaient été construits sur le mont Joux, et que les prêtres de Jupiter Penninus s’étaient consacrés au service de l’humanité dans la station la plus élevée de l’Europe. Schinner nous donne des renseignements, page 141 de son Histoire du Valais.

« On trouve des débris de maçonnerie et de briques cuites plus loin encore qu’à l’emplacement du temple de Jupiter: tout ce terrain a été fort remué. On a rencontré autrefois, en fouillant ce lieu, des médailles, des inscriptions, des instruments de sacrifice, etc. La plupart de ces découvertes ont été transportées à Turin. Dans des fouilles faites depuis, on /280/ a encore trouvé des inscriptions en bronze, d’autres sur des plaques de cuivre attachées sur du bois, dont les caractères étaient piqués au poinçon, enfin d’autres sur des briques cuites; c’étaient des ex voto à Jupiter Pennin. Il y avait aussi de petites statues, de petits chapiteaux d’ordre corinthien, le tout de bronze, ainsi qu’une main, sur laquelle étaient représentés en relief divers animaux, qui passaient pour venimeux, comme serpent, crapaud, lézard, écrevisse, qui assurément ne se trouvent pas actuellement sur le mont St.-Bernard. Il y avait aussi des pattes en forme de pendants, tels qu’on en voit encore aux mitres de nos évêques, avec ces mots: ex voto. Un doigt de la main est élevé, au bout duquel est une espèce d’excroissance; ne serait-ce point la figure du mal? les animaux n’y désigneraient-ils point la malignité?

L’emplacement de l’ancien temple de Jupiter, nommé encore aujourd’hui le plan de Jupiter, est situé à peu de distance du monastère, sur le territoire du duché d’Aoste; la limite des deux Etats est placée entre deux. C’est une pierre convexe, posée horizontalement sur un ruisseau, nommée fontaine couverte; on y a gravé la croix de Savoie et les sept étoiles du Valais, avec la crosse et le glaive de l’évêque, »

Ce sont les Boïens et les Lingonais, Celtes-Gaulois de la première Lyonnaise, qui passèrent les premiers le mont Joux, 392 ans avant l’ère chrétienne; ils se fixèrent au delà du Pô, où Bononie (Bologne) devint leur capitale.

L’ancien hospice et le temple ont été détruits à la fin de la domination romaine. Chr. de Loges, dans son Essai historique, fait connaître que, dans les débris du temple de Jupiter, on n’a trouvé aucune médaille postérieure au règne des enfants de Théodose (fin du quatrième siècle). /281/

Le mont Joux ne prit le surnom de Grand St.-Bernard que vers l’année 1123.

 

Valais, Evêché.

Nous avons très peu de documents sur les monnaies qui, dans les premiers siècles de notre ère, succédèrent à celles que les Romains avaient introduites dans l’évêché de Sion.

Pendant la domination des rois francs, on a frappé des monnaies à Sion, à St.-Maurice et à Vissoye; on trouve le bordereau de ces pièces dans un chapitre précédent de ce Mémoire. Nous dirons deux mots de Vissoye. C’est le chef-lieu de la vallée d’Anniviers, situé sur le bord de la Navigenze. Près de cette localité se voyait le château de Perrigard, sur un rocher très élevé; il fut détruit, en 1417, par les Valaisans dans leur guerre avec les seigneurs de Rarogne. La vallée d’Anniviers appartenait à cette famille.

Le domaine spirituel et temporel des évêques de Sion varia beaucoup en étendue jusqu’au quinzième siècle. Nous résumons cette époque, qui précéda l’avénement de Walther de Supersax.

La principauté temporelle des évêques de Sion se composait d’un assemblage de diverses possessions féodales éparses tant dans le Haut que dans le Bas-Valais; mais loin de former entre elles un territoire arrondi et compact, ces propriétés seigneuriales se trouvaient au contraire séparées les unes des autres, et entrecoupées par les fiefs dépendant, médiatement ou immédiatement, de la maison de Savoie, qui possédait des seigneuries importantes, non-seulement dans les quartiers inférieurs, mais aussi dans les quartiers supérieurs de la longue vallée du Rhône. Nous indiquerons les terres de Louèche et de Maters, le comté de Moërel. Les sires de /282/ la Tour, les barons de Rarogne et les nobles Tavelli tenaient aussi en fief une partie de leur seigneurie de la maison de Savoie. En revanche, les évêques de Sion possédaient, dans le Bas-Valais, la majorie d’Ardon, les châteaux de Crêt et de Chamoson, la châtellenie de Martigny, et la petite seigneurie de Massongex, plusieurs fiefs à Bex, enfin la vidamie du Châtelard et de Montreux, avec la haute mouvance du château de Chillon, en Chablais, dont les comtes de Savoie prêtaient hommage au prélat.

Sous le titre de comte et de préfet du Valais, les évêques de Sion étaient investis de la puissance temporelle dans le Valais épiscopal. Ils se qualifiaient en outre du titre de Prince du saint Empire romain.

Le pouvoir temporel des évêques fut toujours plus ou moins contesté ou restreint, d’un côté, par les priviléges de la ville de Sion et les franchises du Haut-Valais, et, de l’autre, par la suprématie traditionnelle que la Savoie exerça pendant plus de trois siècles sur la généralité du diocèse de Sion.

L’évêque de Sion jouissait des droits de Régalie; en témoignage de quoi il recevait l’épée à deux tranchants, que son sénéchal portait devant lui les jours de grande cérémonie, lorsqu’il se rendait à la cathédrale pour officier. Pour le fief de régalie, l’évêque devait, à chaque changement d’empereur romain, expédier pour le service, pro servitio, trois vases, veyères, et un mulet blanc ferré en argent aux quatre pieds, comme l’indique la reconnaissance de 1481, faite entre Amédée de Savoie et l’évêque Boniface, « Pro eo quod diocesani atque ipsius capitulum tenent ipsam (regaliam) in feudum ab Imperatore, et pro servitio, videlicet pro tribus vasis, veyeres, cum uno muleto albo ferrato argento in quatuor pedibus. » /283/

Il avait le droit de grâce; il pouvait confisquer les biens des condamnés; il confirmait les juges et les officiers; il créait des notaires; il légitimait les bâtards, ou, à ce défaut, leur succédait lorsqu’ils décédaient sans enfants légitimes; il avait les droits de convoquer la diète, de battre monnaie, sans compter ceux de péage, de pêche, de chasse, etc.

L’évêque avait en outre le droit de glaive, c’est-à-dire qu’il entretenait et soldait le bourreau, lui fournissait le costume; aussi, lorsque la justice de quelque dixain condamnait quelqu’un à mort, fallait-il présenter la sentence à l’évêque, qui la révisait ou l’approuvait, et lui demander le bourreau, sans quoi l’exécution n’avait pas lieu.

Les chanoines de la cathédrale de Sion, conjointement avec les députés des sept dixains du Haut-Valais, nommaient l’évêque. Dans les commencements, les chanoines présentaient un des leurs au peuple assemblé, qui le nommait par acclamation.

Le Chapitre de Sion, composé de douze chanoines capitulaires, se partageait, jusqu’en 1798, en deux corps, composés chacun de six chanoines, dont six résidaient à Valère, et six à Sion. Dès 1798, ils ont tous résidé à Sion.

Ce chapitre était fort riche; il possédait une quantité de fiefs dans le Valais, beaucoup de juridictions, quelques vidamies, et de magnifiques domaines. Les chanoines jouissaient du droit d’assister aux diètes.

Ceux qui voudraient connaître les détails de l’organisation de l’évêché peuvent consulter le Gallia Christiania, T. XII, année 1477, sous le titre Instrumenta ecclesiæ Sedunensis.

L’Etat du Valais était représenté par la Diète, composée des députés des sept dixains d’en-haut. Le nombre des députés variait: quelques dixains en envoyaient quatre, d’autres /284/ cinq; mais, quel que fût leur nombre, chaque dixain n’avait qu’un seul suffrage.

Cette assemblée nommait les gouverneurs de Monthey et de Saint-Maurice, et chaque dixain en fournissait un alternativement. Elle nommait aussi le grand-baillif pour deux ans. Celui-ci devait prêter serment dans les mains de l’évêque, considéré comme comte et préfet du Valais, et non comme représentant la puissance suprême de la république.

Tout ce qui était décidé par la Diète n’obtenait force de loi qu’après avoir été confirmé par les communes des sept dixains.

monnaies. — Il serait possible que la pièce d’or décrite par E. de Haller dans son Münz-Cabinet, page 358, appartînt à l’évêché de Sion. (Collection du prof. d’Annone à Bâle.)

Une tête avec un diadème, et la légende: Sidunis fit. Sur l’autre face une couronne, avec le monogramme

monnaie de St.-Maurice

et la légende: H.c. ricus: dans ce cas elle aurait été frappée par Henri I de Rarogne, mort en 1271. A l’appui de cette opinion, sur laquelle nous n’insistons point, nous nous bornons à citer la phrase suivante, qui se trouve dans Haller, et qu’il a extraite d’un ouvrage très rare, publié à Rome, en 1628:

« Episcopus habet cussionem et fabricam monetarum, et Episcopus habet penes se monetas ejus cunis impressas, et patet ex Instrumento, anni 1274. »
« Vallesiani fabricatores monetæ jam per Episcopum electos sibi juramento adstrixerunt, fabricantes Monetam suppressis Insigniis ipsius. »

Ce qu’il y a de certain, c’est qu’à la fin de cette période les comtes de Savoie faisaient frapper a St.-Maurice une /285/ monnaie que l’on appelait Maurisoise; elle avait cours dans les terres de l’évêque, lorsque celui-ci l’avait examinée et approuvée. M. Cibrario, dans sa Storia di Savoia et della Economia (page 205), nous apprend que le maître des monnaies à St.-Maurice, en 1278, était Moyse Millemère. La valeur du denier maurisois équivalait à 42 centimes. Il était ainsi appelé parce qu’il portait l’empreinte de St.-Maurice, (probablement la croix de St.-Maurice). Quant aux sols et aux livres, on n’en frappait pas: c’étaient des monnaies idéales, qui représentaient un groupe de 120 ou 240 deniers.

Nous n’avons pu obtenir aucun renseignement positif sur ces pièces, et nous renvoyons le lecteur au chapitre précédent, Princes d’Achaïe.

Walther de Supersax.

L’avénement de Walther de Supersax au siége épiscopal de Sion marque le commencement d’une nouvelle période dans l’histoire du Valais: la nationalité valaisanne conquit les limites les plus larges et les plus naturelles; et, en secouant la tutelle en laquelle la puissance de la maison de Savoie l’avait retenu jusqu’alors, ce pays s’éleva au rang d’Etat libre et indépendant. Ses relations avec les Confédérés, de précaires qu’elles avaient été auparavant, devinrent permanentes, et préparèrent son incorporation définitive dans le faisceau de l’union helvétique.

Cette période fut précédée par un revirement complet dans la politique intérieure et extérieure du Valais épiscopal. Le parti savoyard ou roman dut céder la prépondérance au parti patriote ou allemand; mais le premier usage que ce dernier fit de cette prépondérance, fut de restreindre l’exercice /286/ de la souveraineté absolue que l’évêque s’attribuait en vertu de la constitution appelée la Caroline, en contraignant l’évêque Guillaume III de Rarogne à souscrire les fameux articles de Naters, en 1446, qui tendaient à introduire l’élément démocratique dans le gouvernement du pays.

C’est, d’un côté, dans la répartition inégale des attributions de la souveraineté temporelle, partagées entre l’évêque de Sion et le comte de Savoie, et, de l’autre, dans le conflit perpétuel des factions rivales qui se disputaient le pouvoir, qu’il faut chercher la cause permanente des guerres intestines qui, pendant plusieurs siècles, désolèrent le Valais, et qui ne cessèrent que par le triomphe, de l’élément démocratique, qui l’emporta définitivement, non-seulement sur les droits traditionnels de la maison de Savoie, mais aussi sur les prérogatives du gouvernement épiscopal.

L’évêque Supersax profita avec habileté, non-seulement de l’effervescence belliqueuse qui régnait à l’intérieur du Valais, mais aussi des événements extérieurs, et particulièrement de la rupture des relations amicales qui subsistaient depuis plus de deux siècles entre la ville de Berne et la maison de Savoie.

En 1475, les Haut-Valaisans se répandirent dans le Bas-Valais jusqu’à Martigny. Après la victoire de Grandson, Supersax et les Haut-Valaisans, enhardis par les succès obtenus l’année précédente, se répandirent de nouveau dans le Bas-Valais. St.-Maurice prêta, le 16 mars, serment de fidélité et d’obéissance à l’évêque de Sion et aux patriotes du Haut-Valais. Les députés des villes et des communes de la rive méridionale du Rhône et du Léman envoyèrent leur soumission volontaire, et sollicitèrent à prix d’argent une sauvegarde contre l’invasion qui les menaçait. Monthey fut taxé à 1200 /287/ florins, Vouvry à 50, la Vallée d’Abondance à 840, et Evian se racheta le 17 juin moyennant 300 florins. Les communes de Marin, de Féterne, de Laringes, de Publier et de Vinzier, en Genevois, ayant suivi le même exemple, en furent quittes pour 120 florins. La vallée de Bagnes avait déjà capitulé le 14 avril, en payant une contribution de 1400 livres.

L’acte qui régla l’incorporation du Bas-Valais est daté au château de Majorie, à Sion, le 31 décembre 1477. L’évêque et les patriotes valaisans accordèrent à leurs nouveaux sujets l’égalité entière des droits civils, sans toutefois les admettre à la participation des droits politiques. La taille et la main-morte furent abolies et converties à perpétuité en censes foncières équivalentes.

Walther de Supersax fit son testament le 20 juin 1482. Dans cet acte, il rappelle que, pendant toute la durée de son épiscopat, il n’a pas cessé de combattre pour la défense des droits de son siége et de travailler au recouvrement du domaine et des revenus aliénés par ses prédécesseurs. Il laisse à ses successeurs le soin de recouvrer le reste de l’ancien patrimoine de Saint-Théodule, c’est-à-dire, cette partie de son diocèse s’étendant du côté de Lausanne jusqu’à l’Eau-Froide, au lieu dit des Bruits, près de Villeneuve, et, du côté de Genève, jusqu’à Port-Valais.

Walther de Supersax est le premier évêque de Sion qui a battu monnaie à son propre coin. Il existe une pièce de billon, soit un creutzer, de ce prélat, dans la collection du capitaine Odet, à Sion, et dans celle du prince Th. Gagarine, à Francfort. Sur une des faces on voit la croix pommetée de Saint-Maurice, comme celle qui se trouvait sur les anciens sols maurisois, mais avec la légende /288/ Præfectus et comes Vallesii; et, au revers, les armoiries de l’évêque, savoir une couronne posée sur trois monticules, avec la légende: Walther Supersaxo, Episcopus Sedunensis. On y remarque la croix de Saint-Maurice; c’est la transition du signe des deniers maurisois à la monnaie valaisanne. Les successeurs de Supersax firent disparaître ce signe des souverains du Bas-Valais leurs prédécesseurs.

monnaie de Jodocus de SilinenJodocus de Silinen, qui succéda à W. de Supersax, a fait graver sur sa monnaie, d’un côté son buste, coiffé d’un bonnet; légende: iodocvs. de silino. eps. sedvneni. Au revers, on voit ses armes, un lion dans un écusson espagnol surmonté du glaive de la régalie, de la crosse et de la mitre; légende: prefectvs. et. comes. valesis. Nous avons figuré ce teston très rare, qui appartient à la collection de M. Lohner, de Thoune, Pl. VIII, No 4.

Nicolas Schinner vient ensuite. Il fit frapper des thalers, ou écus, sur lesquels on voit, d’un côté, l’empereur Charlemagne assis sur un trône; il tient dans sa gauche le globe impérial, dans sa droite une épée. L’évêque est à genoux; il se prépare à recevoir le glaive de la main de l’empereur. Légende: nicolavs. eps. sedvnens. pref. et co. 1498. Au revers, les armes de ce prélat avec l’épée, la crosse et la mitre; autour, seize écussons, avec les armes des sept dixains 1 du /289/ Haut-Valais: Conches, Brieg, Viège, Rarogne, Louësche, Sière et Sion; celles des six bannières (Panner) du Bas-Valais: Conthey, Ardon, Sallion, Martigny, Entremont et St.-Maurice, et spécialement les trois seigneuries de l’Entremont: St.-Pierre, Orsières et Bagnes. — Cet écu, très rare, appartient à la collection cantonale. Nicolas a aussi frappé des quarts d’écus: l’un d’eux avec la légende de St.-Théodule d’un côté, une croix ornée et les armes de l’autre.

Mathieu Schiner a fait bâtir l’église de St.-Théodule à Sion; il l’a ornée de scènes de la vie de ce saint, puis il a repris les légendes sur les écus qu’il a fait frapper; Murer, dans l’Helvetia sancta, en donne les détails: le saint évêque, étant à Rome, reçut du pape une grosse cloche en présent; ne sachant comment la faire transporter à Sion, il conjura l’esprit malin et le contraignit de la porter à sa destination. On voit des écus représentant l’évêque assis sur son siége, /290/ tenant la crosse et le glaive; le diable est dans un coin, il soulève la cloche; — dans d’autres l’évêque est debout, le diable emporte la cloche; — enfin dans une troisième écu, l’évêque est à genoux, et le diable apporte la cloche. (Voyez Blavignac, Architecture sacrée, Pl. xxxvi, p. 297). monnaie de Mathieu SchinerNous avons figuré cette dernière pièce à la Pl. VIII, No 2, St.-Théodule est à genoux devant un autel; il tient la crosse et le glaive; derrière lui le diable arrive avec la cloche; devant lui, derrière l’autel, un ange le soutient et le sert. Légende: Exavdita est, dans le champ; autour: Precibvs. S. Theodoli: Dimissa Est. Cvlpa Caroli. — Au revers, les armes de Math. Schiner, surmontées du glaive, de la crosse et de la mitre, avec la légende: Mathevs, Eps. Sedv. Pref. et Co. Vales. Dix-sept écussons entourent cette légende; il y en a un de plus que dans les autres écus 1 .

Cet évêque a frappé d’autres écus et des demi-écus. La plupart de ces belles pièces sont figurées dans un ouvrage publié à Zurich en 1717, sous le titre: Altes und Neues aus der gelehrten Welt. — Le No 7 de la planche représente un teston avec le buste du cardinal Schiner; légende: Mathevs. Eps. Sedv. Pref et Co. Valesi. Revers, dans le champ: Soli Deo gloria.

On connaît aussi des pfenning (denarii) de ce prélat. D’un côté sont les armes; légende: Mathe. eps. Sedinensis. et Cvrie. Revers, les armes. Légende: S. Theodo. pat. se dima.

Je possède un fünfer, pièce de 5 heller, aux armes de Schiner. Légende: Mathevs episcop. Revers: croix ornée. Légende: Sanctvs Theodolvs, en lettres gothiques. /291/

Philippe de Platea, élu en Valais, ne fut pas confirmé à Rome; c’est par ce motif que ses écus, qui sont analogues à ceux de son prédécesseur, ne portent au-dessus de l’écusson que le glaive de la Régalie; légende: Phvs electvs sedvnen; sur l’autre face, autour du saint: Theodolvs epvs sedvnen 1548. Cet écu, qui se trouve au Musée cantonal, est aussi figuré dans l’ouvrage de Zurich.

monnaie de Philippe de PlateaLe Musée de Lausanne possède un double dicken de ce prélat. Ses armes se voient dans le champ; au-dessus, le millésime 1529. Légende: Phs.de Platea, elec. sedvn. Au revers, le saint du Valais avec le glaive et la crosse. Légende: Sanctvs Theodolvs. (Pl. VIII, No 3.)

Je possède un batz de cet évêque, qui a les mêmes signes et les mêmes légendes, toujours avec lettres latines; plus une pièce de billon: une partie des armes de Platea se voient dans l’écusson, c’est la fleur-de-lis. Légende: Phs. de Plate elec. Revers: une croix ornée comme dans le billon de Schiner; légende: Sanctvs Theodolv, en lettres gothiques.

Adrien Ier de Riedmatten a émis des quart d’écus analogues aux précédents. Le musée possède un 1/2 dicken de 1542 et un batz de 1537.

Jean Jordan, de Brigue, est le premier évêque qui ait fait des pièces d’or, des ducats; on a aussi de lui un quart d’écu.

creutzer Hildebrand de RiedmattenHildebrand de Riedmatten a émis des demi-écus et des quarts d’écus. Nous figurons Pl. VIII, No 8, un vierer ou creutzer de cet évêque. Sur une face se voient les armes de la famille de Riedmatten dans le champ sans écusson. Légende: h. d. r. e. 72. Au revers, une croix fleurdelisée. Légende: S. Teodolvs. Cette pièce appartient à la collection de M. Lohner.

Nous possédons de plus un demi-batz de ce prélat avec /292/ ses armes d’un côté sans écusson, de l’autre le buste ordinaire de St-Théodule. 1597. Plus des creutzers de diverses frappes.

Adrien VI de Riedmatten, prédécesseur de H. Jost, a frappé de nouveau des ducats avec la légende: Adrian. de Ried. eps. sed. Revers: Præf. et Com. Reip. Valesy. Nous possédons aussi du bilon de cet évêque.

 

Valais république.

Au commencement du XVIme siècle, une crise politique et religieuse eut lieu dans le Valais; le chanoine Boccard nous apprend que

« l’on n’entendait que des déclarations contre le souverain étranger (le pape), contre les cérémonies romaines, contre les abus du clergé. »

« Cette habile tactique pour détruire la religion en Vallais était l’œuvre des Bernois; elle était soudoyée par eux. Aussi surent-ils exploiter des circonstances qui les servaient très bien; ils firent envisager aux Valaisans, qu’embrassant la nouvelle doctrine, ils secoueraient le joug de la puissance temporelle de leurs évêques, à l’exemple de Lausanne et de Genève, et seraient ensuite reçus au nombre des cantons de la Suisse, dont ils n’avaient été jusqu’alors que les alliés. Ces propositions ne manquèrent pas de trouver un écho parmi les partisans du protestantisme, nombreux alors parmi les premières familles du Haut-Vallais.

Au milieu de cet ébranlement général, la capitale restait toujours inflexible dans son opiniâtre aveuglement; siége du gouvernement, elle était aussi le siége des principaux hérétiques.

On parlait d’une assemblée où se déciderait la grande question du choix de la religion. — Le jour de épreuve /293/ arriva en septembre 1603. L’assemblée eut lieu dans la plaine de la Planta, sous les murs de Sion; elle fut extrêmement nombreuse. — Les catholiques, pour lesquels s’était déclarée la majorité des suffrages, entonnèrent l’hymne de triomphe.

La lutte contre l’autorité temporelle des évêques recommença avec plus de vigueur sur la fin de l’épiscopat d’Adrien II (nommé en 1604). Ce prélat en provoqua en quelque sorte l’explosion en faisant un vain élalage de ses titres en tête de ses ordonnances et actes officiels. Il en avait changé la formule, et se disait « préfet et comte de tout le pays de Vallais par la munificence impériale et les largesses de la sacrée Caroline. » Un manifeste violent (1613) fut la réponse de l’Etat à l’évêque.

Les sept dixains y prétendent avoir succédé aux empereurs et avoir conquis eux-mêmes leur liberté, et en outre le Bas-Vallais par l’effusion de leur sang.

Adrien II mourut en 1613.

Les chanoines s’étant assemblés pour procéder à une nouvelle élection, en furent empêchés par les députés des sept dixains réunis à Sion. Ceux-ci commencèrent par installer dans le château épiscopal le vice-bailli et le secrétaire d’Etat pour y remplir les fonctions de préfet; puis il présentèrent au chapitre un conclusum dont la condition était l’acceptation sine qua non et préalable pour pouvoir choisir le nouvel évêque. Ce traité fut signé, après cinq jours d’hésitation et de pourparlers, par les chanoines dignitaires. Ils y déclarèrent que, « de bonne volonté, sans fraude, sans violence et de pleine liberté, ils renonçaient, abolissaient et anéantissaient pour toujours la Caroline. » La docilité des signataires alla jusqu’à confesser que jamais l’évêque /294/ n’avait joui des droits qu’elle leur conférait; ils y renoncent, pour eux et les évêques à venir, reconnaissent le Vallais pour un pays entièrement libre et démocratique. Ils consentent que le grand-bailli convoque les diètes, assermente les gouverneurs et soit investi de l’autorité souveraine, que l’évêque élu prête le serment entre ses mains et en reçoive le glaive de la Régalie, comme signe d’investiture d’un pouvoir dont il ne devait plus rester que cet emblême purement dérisoire.

Parmi les quatre membres présentés par les chanoines (15 octobre 1613), on choisit le plus jeune, Hildebrand Jost, curé de Leytron. L’élu souscrivit les articles de renonciation aux droits du siége qu’il devait occuper. Les doyens du chapitre le placèrent ensuite sur l’autel pour y recevoir l’accolade, après laquelle le bailli mit entre ses mains le glaive de la Régalie.

L’Etat avait usurpé le droit d’élire, ne laissant aux chanoines que celui de la présentation.

Il y eut un retour momentané en 1619 aux anciens titres et aux anciens droits régaliens, à la condition toutefois que les patriotes resteraient pareillement en possession de leurs franchises, hauts-domaines et droits de souveraineté en tant qu’ils ne seraient pas dérogatoires à ceux de l’Eglise.

On avait des craintes pour la vie du prélat Hildebrand, et le 21 décembre il reçut de la nonciature l’ordre de quitter son diocèse dans douze jours et de se rendre à Lucerne. Il partit en effet, le 2 janvier 1628, accompagné de quelques chanoines. Trois jours après, les députés de l’Etat, invités à une conférence par les cantons catholiques, les y suivirent. Cette entrevue n’eut pas plus de résultat que les précédentes. /295/

Pierre Furrer, doyen de Valère, qui, en l’absence d’Hildebrand, remplissait les fonctions de vicaire général tant au temporel qu’au spirituel, habitait par son ordre le château de la Majorie. Quinze jours s’étaient à peine écoulés, que le bailli Jean Rothen et le vice-bailli vinrent s’y installer aussi aux frais de l’évêque, avec les personnes attachées à leur service. Non contents de cette violation de domicile et de propriété, ils y ajoutèrent l’usurpation d’un des principaux droits régaliens. Dans le même mois (janvier 1628), on vit paraître des batz frappés à un nouveau coin: on avait substitué aux armes de l’évêque celles des sept dixains (sept étoiles), qui datent de cette époque dans les sceaux et les monuments, comme dans les monnaies de l’Etat du Vallais.

Plus tard, il fut transigé que la monnaie porterait les armes de la république d’un côté et celles de l’évêque de l’autre, et que la légende serait: N. évêque, comte et préfet de la république du Vallais. Jusqu’à cet épiscopat, il n’était pas question de la république valaisanne. »

 

Passons à la description des monnaies.

Hiltbrant Jost. Nous connaissons des batz et des demi-batz de ce prélat.

batz de Hiltbrant JostBatz. Sur l’une des faces sont les armes de la famille Jost dans un écusson orné, surmonté de la régalie de la crosse et de la mitre. Légende: hilteb. iodocvs. epis. Au revers, le buste de St.-Théodule. Légende: S. Theodolvs. Exergue: 1627. (Pl. VIII, No 7.)

demi-batz de Hiltbrant JostDemi-batz. Les armes de la famille Jost dans un écusson simple. Légende: hilteb. iodoc. eps. Au revers, une croix ancrée; dans chaque canton est un ornement semblable à une fleur de lis. Légende: S. Theodolvs. 1627. (Pl. VIII, No 8.)

On a des pièces analogues de 1620 à 1627. /296/

 

Monnaies frappées par le gouvernement du Valais à la suite des événements de 1628.

demi-batz de la république du VaaisDemi-batz. Les armes du Haut-Valais: sept étoiles placées dans un écusson surmonté de l’aigle impériale à une tête. Légende: mon. reip. vallesiae. Revers, une croix ancrée comme celle de la pièce de l’évêque Jost, avec les mêmes fleurs de lis. Légende: S. Theodolvs. 1628. (Pl. VIII, No 9.)

C’est la première apparition de l’aigle dans les monnaies du Valais; nous allons voir toutes les monnaies de grand billon porter ce signe de vassalité de l’empire, tantôt avec une, tantôt avec deux têtes.

Adrien III, de Riedmatten. 1640 à 1646. Cet évêque a fait frapper des pièces de demi-batz et des creutzer; l’aigle n’a qu’une tête.

Adrien V, de Riedmatten. 1672 à 1701. Nous possédons des demi-batz de l’an 1683 avec l’aigle à deux têtes.

creutzer de Adrien V, de RiedmattenNous avons donné la figure d’un creutzer de cet évêque. Sur une face, les armes de la famille sont placées sans écusson. Légende: A. D. R. Au revers, les sept étoiles du Haut-Valais dans un écusson, au-dessus duquel est placé un double W. Dans le champ, de chaque côté de l’écusson, 8-5. (Pl. VIII, No 10.)

François I, Joseph Supersaxo. 1701 à 1714. Il a frappé diverses monnaies.

creutzer de Joseph SupersaxoPièces de 20 creutzer, en argent. L’écusson du canton du Valais est surmonté de la Vierge tenant l’enfant Jésus de son bras gauche et un sceptre de la main droite; autour de sa tête on compte sept étoiles. Légende circulaire: Svb /297/ tvvm præsidivm. 1710. Dans le champ, CR-20. Au revers, f. i. s. saxo. e. s. p. et. com. reip. val. se lisent en légende autour des armes écartelées de la famille Supersaxo; l’écu est surmonté du glaive, de la crosse et de la mitre. (Pl. VIII, No 5.)

C’est la première fois que la Vierge apparaît sur les monnaies du Valais; elle remplace le signe de vassalité de l’empire.

Batz. Nous avons vu des batz de cet évêque avec le millésime de 1709, 10, 21 et 22; l’aigle à deux têtes.

Demi-batz de 1708, 09 et 10 avec un aigle à une tête.

François II, Frédéric Am Buel. 1760 à 1780. Cet évêque a émis une série de pièces de monnaie.

Pièces de 20 creutzer, en argent, au même type que celles de Supersaxo. La Vierge placée au dessus de l’écu du Valais; elle tient l’enfant Jésus et le sceptre; autour de la tête sept étoiles, tout autour un ensemble de rayons. Légende circulaire: Sub tuum præsidium conf. Au revers, les armes écartelées de la famille Am Buel surmontées de la crosse, de la mitre et du glaive. Au dessous, 1777. Légende circulaire: F. E. Am-Buel. E. S. C. E. P. Re. Vall.

Pièces de 12 creutzer, en billon, analogues aux précédentes; l’écusson du Valais est surmonté de l’aigle à deux têtes. Légende: Com. E. P. Re. Vall. 1777. Dans l’exergue CR-12. Légende: F. Frid. Am:Buel. Ep. Sedun. Il en existe plusieurs frappes.

Pièces de 6 creutzer, analogues aux précédentes. On en possède une grande variété de frappes, de 1777 et 78.

creutzer de Frédéric Am BuelPièces de 2 creutzer. Les armes du Valais surmontées de l’aigle à deux têtes. Légende: Præf et Com. Reip. Val. Dans le champ, 7-6. Au revers, les armes de la famille Am Buel, /298/ une fleur de lis dans un écu surmonté de la crosse, de la mitre et de la régalie. Légende: F. Frid. Am: Bvel E. S. (Pl. VIII, No 11.)

Ce sont les dernières monnaies frappées par l’Etat du Valais.

Il est assez probable que nous avons fait quelques omissions dans le bordereau des pièces frappées; nous avons cherché à le rendre aussi complet que possible.

 

TABLEAU CHRONOLOGIQUE DES ÉVÊQUES DU VALAIS, DÈS L’AN 391 À 1854.

 

SIÉGE A OCTODURE.
 
Evêque suffragant de Milan.
 
1.St.-Théodore I ou Théodule.Il mourut vers l’an 391.
 
Evêques suffragants de Lyon.
 
2.St.-Florentin,mort vers l’an 407.
3.Maurice I. 
 
SIÉGE A AGAUNE.
 
4.Silvius.Une inondation de la Drance le force de transférer son siége à Agaune.
5.Protais I. 
6.Léonce. 
 
SIÉGE A OCTODURE.
 
7.Dominique. 
8.Théodore II ou Théodule./299/
 
Evêques suffragants de Vienne.
 
9.Constance. 
10.Rufus. 
11.Agricola. 
 
SIÉGE A SION.
 
12.St.-Héliodoretransfère son siége à Sion vers l’an 580.
13.Honorius. 
14.Leudmond. 
15.Protais II. 
16.St.—Amé. 
17.Aluborge. 
18.Villicaire. 
 
Evêques suffragants de Tarentaise.
 
19.St.-Althée. 
20.Abdalong. 
21.Heimenius,élu vers l’an 830.
22.Conrad. 
23.Aimoïn. 
24.Walther I.Assiste au couronnement de Rodolph Ier roi de Bourgogne, à St.-Maurice (888).
25.Calmus ou Calinus. 
26.Villencus I. 
27.Aimon I ou Annon ou Amédé,sacré en 932. Il est témoin d’une donation faite au monastère de Cluny par le roi Conrad de Bourgogne en 944.
28.Vilphin. 
29.Mainfroid. 
30.Amizo.Il souscrivit deux inféodations faites par le roi Conrad en 983 et 984; archevêque de Tarentaise en 990.
31.Guillengus. 
32.Hugues.Il est présent (1001 ou 1002) à une donation faite au monastère de Romainmotiers.
33.Eberhard,fils du roi Rodolph et frère d’Hugues, évêque de Lausanne.
34.Aimon II.Il inféode, en janvier 1043, la terre de Morcles à un de ses chanoines. /300/
35.Ermanfroi.Il signa la restitution de la terre de Lutry à l’abbaye de Savigny (1084).
36.Gausbert. 
37.Othon ou Udon. 
38.Villencus II. 
39.Boson. 
40.St.-Guérin. 
41.Louis.Il assiste à un arbitrage sur Ollon et Vouvry en 1157, entre l’abbé de St.-Maurice et Guillaume de la Tour.
42.Amédée II de la Tour. 
43.Conon. 
44.Guillaume I. 
45.Anthelme ou Nanthelme d’Ecublens,prévôt de Lausanne (1203).
46.Guillaume II de Saillon. 
47.Landri de Mont,prévôt de Lausanne. Ses derniers actes sont de 1236.
48.Boson de Granges. 
49.Henri I de Rarogne,mort en 1271.
50.Rodolph de Valpelline,mort en 1273.
51.Pierre I d’Oron,d’une des familles les plus distinguées du Pays-de-Vaud. Il mourut en 1287.
52.Boniface de Challand.En 1295 il vend la vidamie de Montreux et s’en retient la seigneurie. Mort en 1308.
53.Aimon III de Châtillon.Il mourut en 1323.
54.Aimon IV de la Tour.Mort en 1338.
55.Philibert I de Gastons.Les Valaisans sont à la bataille de Laupen.
56.Guichard Tavelli ou Tavel,fils du premier syndic de Genève. Il mourut en 1375.
57.Edouard de Savoie,fils de Philippe, de la branche des princes d’Achaïe. Il passe évêque de la Tarentaise en 1386.
58.Guillaume III de la Beaume. 
59.Humbert de Billens,neveu du comte de Gruyères. Il résigna en 1392.
60.Henri II de Blanches de Vellate.Il résigna le 16 juillet 1393.
61.Guillaume IV de Rarogne.Mort en 1402.
62.Guillaume V de Rarogne.Un mandement de 1424 fait voir que la paroisse de Noville devait toutes les années bissextiles la dîme aux évêques de Sion. /301/
63.André de Gualdo.Mort en 1437.
64.Guillaume VI de Rarogne.Mort en 1451.
65.Guillaume VII d’Estaing.Il céda ses droits, en 1454, à
66.Henri III d’Asperling de Rarogne.Il mourut en 1457.
67.Walther II Supersaxo.Il fut élu par 18 chanoines. Il mourut en 1482. Frappa la première monnaie en billon.
68.Jodoc de Syllinen,frappa des testons. Exilé, meurt à Rome.
69.Nicolas Schinercommença à faire des thalers ou écus. Il résigna en faveur de son neveu. 1496 + 1510.
70.Matthieu Schiner,cardinal. En 1504, il règle avec les plénipotentiaires de Berne les limites entre les deux Etats. Il continua à frapper des écus et mourut en 1522.
 
Evêques exempts de la juridiction métropolitaine.
 
71.Philippe II de Platéa,fut le dernier qui frappa des écus.
72.Adrien I de Riedmatten.Elu en 1529. Il émit diverses monnaies.
73.Jean I Jordan.Elu en 1548. Il fit les premiers ducats.
74.Hildebrand I de Riedmatten,a frappé diverses monnaies, y compris des demi-écus. Elu en 1565. Mort en 1604.
75.Adrien II de Riedmatten,fut le dernier qui fit des pièces d’or. Il mourut en 1613.
76.Hildebrand II Jost,a frappé des batz et demi-batz. C’est sous son épiscopat, en janvier 1628, qu’on substitua dans les monnaies les armes des sept dixains à celles du Saint, patron du pays; mourut en 1638.
77.Barthélemi Supersaxo.Elu le 6 juin 1638. Il mourut en 1640.
78.Adrien III de Riedmatten.Elu le 30 août 1640, mort en 1646. Il a battu monnaie.
79.Adrien IV de Riedmatten.Elu en 1646, il mourut en 1672.
80.Adrien V de Riedmatten.Elu en 1672, a émis diverses pièces de billon. Il mourut en 1701.
81.François I Joseph Supersaxo,a frappé des pièces de 20 creutzer et du billon. Elu le 2 juin 1701, il mourut en 1734. Premier éboulement des Diablerets.
82.Jean II Joseph Blatter.Elu en 1734, mort en 1752. Les Jésuites sont appelés au collége de Sion, 1734.
83.Jean III Hildebrand Roten.Elu en 1752, mort en 1760.
84.François II Fréderic Ambuel,a émis diverses monnaies de 20, 12, 6 et 2 creutzer. Elu en 1760, mort en 1780. /302/
85.François III Melchior Zen-Ruffinen,sacré en 1780, mort en 1790.
86.Joseph I Antoine Blatter.Elu le 2 août 1790, mort le 19 mars 1807.
87.Joseph II Xavier de Preux.Elu en 1807, mort le 1er mai 1817.
88.Augustin Sulpice Zen-Ruffinen.Elu en 1817, mort en 1829. Inondation de la Drance, qui, partant du glacier de Gietroz avec une masse de 530 millions de pieds cubes d’eau, porte la désolation dans la vallée de Bagnes et la plaine de Martigny.
89.Maurice II Fabien Rothen.Elu en mai 1830, mort en août 1843. Le 26 août 1835, éboulement considérable de la Dent-du-Midi.
90.Pierre II Joseph de Preux.Elu le 8 novembre 1843.

 

[Voir la note supplémentaire 4]

 

COMTES DE NEUCHATEL.

La maison de Neuchâtel possédait dans le pays romand beaucoup de fiefs de l’évêché de Lausanne. L’an 1209, Roger, évêque de Lausanne, avait donné en fief à Ulrich III, comte de Neuchâtel, le droit de battre monnaie. Nous avons émis plus haut, en discutant les pièces de l’évêché de Lausanne, notre opinion sur ce sujet.

Cette concession, d’abord contestée par les Etats de l’évêché, fut ensuite rachetée en 1225 par l’évêque Guillaume d’Ecublens; mais, en 1347, l’empereur Charles IV accorda au comte Louis le droit de battre monnaie. Ce comte Louis était fils de la comtesse Alienor de Savoie et petit-fils de Louis de Savoie, premier baron de Vaud.

monnaie de NeuchâtelNous avons reproduit la figure du Mémoire de M. de Pina, Pl. V, No 6.
Sur une des faces est une croix simple, avec un anneau dans le canton inférieur droit et une espèce de fer de /303/ lance informe dans le canton supérieur gauche. Légende: lvdovicvs, avec l’écusson de Neuchâtel. — Sur l’autre face, le temple carlovingien: quatre colonnes soutiennent le fronton, au centre duquel est un besant; sous le degré sont trois besants. Légende: novi castri.

Les lettres sont gothiques. Il paraît que ce genre de caractères commençait à être usité ailleurs, et le comte de Neuchâtel l’employa avant les évêques de Lausanne. G. de Prangins est le premier qui s’en est servi d’une manière positive, postérieurement à 1375.

Le musée cantonal de Lausanne, pas plus que celui de Neuchâtel, ne possèdent de monnaies d’Ulrich.

 

COMTES DE GRUYÈRES.

Cette ancienne famille possédait en 1550, outre le comté de Gruyères, les seigneuries d’Oron, d’Aubonne, de la Tour-de-Trême, de Mont, de Paleysieux, de Rolle, de Corbières, de Mont-Salvens, de Grandcour, de Charmey, de Gessenay, de Rougemont, de Château-d’Oex, de Rossinières, du Vanel, du Burjot, etc.

L’empereur Wenceslas accorda en 1396 à Rodolphe IV comte de Gruyères, le droit de frapper des monnaies d’or et d’argent; ce ne fut qu’en 1552 qu’on fit usage de ce droit.

G. Em. de Haller, dans son Cabinet des monnaies et médailles de la Suisse, No 2342, décrit comme suit une pièce d’or:

Une grue, et la date au-dessus 1552; légende: mychael. prin. et. co. grver. Au revers: transvol. nvbila virtvs, /304/ autour d’une croix ornée, se rapprochant de celle que l’on voit sur les anciens batz de Berne.

sol du comte Michel de GruyèresLe Musée cantonal possède un sol de haut billon frappé avec le même coin. Nous en donnons le dessin Pl. V, No 13. M. le professeur Hisely, qui a recueilli une si grande quantité de documents sur le comté de Gruyères, a trouvé, dans une lettre adressée le 19 mai 1552 par le comte Michel à Leurs Excellences de Berne, le passage suivant:

« J’ay envoyé a voz Seigneuries xxv pièces (de ma monnoie) assavoir xii marquées, le reste sans la marque, toutes bastues pour la valleur d’ung soulz de Savoye ou Genève, qui sont xii denyers de la dite monnoye, tenant pour certain que ne la trouverez foyble pour ce pays, illa ny cellon le contenu de mes dictes ordonnances. »

En 1554, Michel remit ses biens à ses créanciers, et mourut sans propriétés en 1570.

M. M.-Ant. Pellis a publié, dans son ouvrage sur le Canton de Vaud, la liste des comtes de Gruyères. Nous mentionnons les publications savantes faites sur ce sujet par M. Hisely dans les Mémoires de la Société.

 

BOURGOGNE TRANSJURANE.

Il n’est pas facile de trouver la série des faits de cette période de la Bourgogne; nous avons donc consulté les ouvrages de M. Verdeil, Histoire du canton de Vaud, Lausanne 1853, et de M. Rougebief, Histoire de la Franche-Comté, Paris 1853. /305/

M. Fr. de Gingins, qui a publié plusieurs mémoires sur ce sujet, nous a communiqué très obligeamment plusieurs renseignements précieux.

Mêlé à presque tous les événements politiques de son époque, Richard, duc de Bourgogne, influa sur les destinées de la Haute-Bourgogne par son alliance avec une famille d’où allait sortir une dynastie de rois. Dès 888, il avait épousé Adélaïde, sœur de Rodolphe, duc de la Bourgogne transjurane. Les Bourguignons de la Transjurane laissèrent leur duc se poser sur la tête la couronne royale, à St.-Maurice en Valais; à la proclamation se trouvait Thierri, premier archevêque de Besançon. Bientôt après, secondé par son beau-frère Richard, il étendit son sceptre sur toute la Franche-Comté (comté de Bourgogne). Rodolphe est désigné dans quelques chroniques sous le nom de Roi du Jura. Il eut une longue guerre à soutenir contre Arnoul, roi des Germains; les deux revers du Jura devinrent alors le théâtre de longues et meurtrières hostilités. Rodolphe Ier mourut en 911 et eut pour successeur son fils Rodolphe II, qui inaugura son règne par une guerre contre Bourcard, duc de Souabe. La guerre se termina par le mariage de Rodolphe II avec Berthe, fille de Bourcard. Rodolphe II fut quelque temps roi d’Italie, à la suite de luttes avec Bérenger, premier chef de ce royaume; mais les factions opposées appelèrent Hugues, comte d’Arles et de Vienne, qui gouvernait le royaume de Provence, à leur secours contre Rodolphe, qu’ils parvinrent à chasser d’Italie.

Hugues, pour s’assurer la paisible possession de l’Italie, céda en 933 son royaume de Provence à Rodolphe II, qui réunit ainsi sous sa domination la Suisse romande, le comté de Bourgogne, le Lyonnais et la Provence, sous le nom de /306/ Royaume de Provence et de Bourgogne-Jurane. Rodolphe mourut le 11 juillet 937.

Rodolphe II eut pour successeur Conrad, son fils, enfant de 14 ans, que l’empereur Otton Ier retint pendant quelques années à sa cour sous sa tutelle. Conrad, surnommé le Pacifique, mourut le 19 octobre 993, après 56 ans d’un règne dont la paix ne fut altérée que par les incursions des Sarrasins et des Hongrois, dont il délivra ses Etats.

Rodolphe III succéda au roi Conrad, son père, dans les royaumes de Bourgogne cis et transjurane et de Provence; mais son règne fut troublé par la révolte des grands vassaux de la couronne, qu’il ne dompta qu’en associant à son pouvoir, d’abord l’empereur Henri II, son neveu (en 1018), puis (en 1027) l’empereur Conrad II, dit le Salique, époux de sa nièce Gisèle.

Rodolphe III mourut le 6 septembre 1032, sans enfants légitimes, laissant son sceptre et sa couronne à l’empereur Conrad le Salique, qui, de fait, réunit à l’empire Germanique ses provinces renfermées entre la Saône, le Rhône, la mer de Provence et les Alpes.

En résumé, il faut compter les princes suivants:
Rodolphe I,
Rodolphe II,
Conrad le Pacifique,
Rodolphe III.

Ces trois derniers ont possédé le royaume de Provence en suite de la cession faite à Rodolphe II par Hugues, l’année 933.

Il faut distinguer Raoul (fils du duc Richard), élu roi des Français en 923, mort en 936, et Rodolphe II, son contemporain /307/ (912 à 937), fils et successeur de Rodolphe Ier, roi de la Bourgogne transjurane.

Les monnaies frappées à Sens et à Langres doivent être attribuées à Raoul.

Nous trouvons dans l’ouvrage de Leblanc deux monnaies de ce roi. (Page 128.)
1. On lit rex dans le champ. Légende: rodvlfvs fit.
Revers: la croix simple. Légende: senonis civitas.
2. R dans le champ. Légende: rodfvs rex.
Revers: la croix simple. Légende: lincncvts.

Le caractère des lettres des pièces de Raoul se rapproche des formes latines pures et plus spécialement des lettres employées du temps de Louis-le-Débonnaire.

Leblanc croit que le mot lincncvts signifie inclitus, et Lelewel, à la page 100 de son ouvrage, en fait Lincones civitas.

M. de Pina a décrit et figuré (Revue numismatique, 1838) une monnaie qu’il rapporte à un roi de Bourgogne. Il a cru lire: civ. lvsvnv., et pense qu’on pourrait y reconnaître Auxonne ou Lausanne. M. de Saulcy croit reconnaître lvcdvnvs écrit à rebours.

monnaie de Raoul de BourgogneNous reproduisons cette figure (Pl. V, No 10), et nous la décrivons de la manière suivante:
Croix simple sur l’une des faces. Légende: † rodvlfvs.
Au revers; la porte noire de Besançon. Légende: civ. visvnv.

Cette pièce a probablement été frappée à Besançon par Rodolphe II, roi de la Transjurane de 921 à 937.

Leblanc figure, page 138, une monnaie dans le champ de laquelle on lit lvcvdvnvs. Au revers on voit une croix simple avec la légende: rodvlfvs. /308/

Cette pièce, ainsi que les deux suivantes, décrites et figurées par Ménétrier dans son Histoire civile ou consulaire de la ville de Lyon, 1596, page 258, nous paraissent devoir être attribuées à Rodolphe III, de 995 à 1032; car Rodolphe II ne prit possession de la ville de Lyon que peu de temps avant de mourir.

Description des pièces figurées par Ménétrier:

Denier d’argent. Du côté de la croix on lit: rodvlfvs, et de l’autre lvcvdvnvs, avec un S dans un rond, qui ne signifie pas Segusianorum, comme quelques-uns l’ont conjecturé, mais seulement Solidus, pour marquer la valeur du denier d’argent, qui avait le nom de sol.
Une croix simple, légèrement patée au centre, entourée de deux cercles, et surmontée, comme les pièces de cette période, d’une petite croix d’où l’on lit rodvlfvs. Revers: une S placée en travers; au dessus, une petite croix, d’où l’on lit lvcvdvnvs.

L’autre pièce a la même croix avec un grenetis autour. A partir de la petite croix supérieure, la légende: rodvlfvs. Revers: la porte noire, soit portique à quatre colonnes, comme dans la pièce figurée par M. de Pina, surmontée d’une petite croix. Légende: lvcvdvnvs.

Nous doutons beaucoup que S signifie Solidus, sol. La valeur sur les monnaies n’a été indiquée que récemment; nous ne chercherons pas à donner l’explication de ce monogramme.

Les lettres de ces trois pièces sont analogues et tout à fait distinctes des pièces de Raoul; les R se rapprochent un peu du gothique.

M. le prince Th. Gagarine, secrétaire d’ambassade russe à Francfort, qui s’est beaucoup occupé de numismatique et /309/ qui possède une grande collection, a eu l’obligeance de me communiquer les renseignements suivants:

« Je ne crois pouvoir mieux faire que de vous décrire les pièces que je possède du second royaume de Bourgogne.
1. Boson; Vienne, 879-899. Un denier d’argent. Dans le champ: rex. Légende circulaire: † boso gracia Dei. Revers: une croix simple, † vienna civis.
2. Louis l’Aveugle; Arles, 889-928. Un denier d’argent. Dans le champ, un monogramme de Charles. Légende circulaire: † arelacivis. Revers: une croix simple, † lvdovvicus.
3. Louis l’Aveugle; Vienne, 889-928. Un denier d’argent. Dans le champ, iv quatre, ou iv, un J et un V; pas de légende circulaire.
4. Rodolphe III; Lyon, 992-1033. Un denier d’argent. Un temple à quatre colonnes élevées et un petit fronton, un besant au centre, entre les colonnes du milieu. Légende circulaire: † lvcvdvnvs. Revers: une croix simple. Légende circulaire: † rodvlfvs.
5. Rodolphe III. Une obole pareille au denier précédent.
6. Henri III, empereur et roi de Bourgogne; Lyon, 1039-1056. Un denier d’argent. Dans le champ, la lettre S. Légende circulaire: † lvcdvnvs. Au revers: † heinricvs, autour d’une croix patée. »

Dans les numéros 1 et 2 les E sont latins et les A n’ont pas de barre caractéristique au milieu, tandis que le numéro 6 a les E lunaires.

Kohler a figuré une pièce de Bozon, roi, dans le IXe volume de ses Münz-Belustigung, page 185.

D’un côté, on lit rEx dans le champ; légende circulaire: /310/ bozo. gracia. di. De l’autre, une croix simple. Légende: vienna civis.

J.-J. Chifflet a figuré dans son Vesontio Civitas Imperialis, Lyon 1618, deux monnaies:

L’une offre, dans le champ, le bras de St.-Etienne; légende: B. Stephani. Sur l’autre face, la porte noire; légende: Porta nigra.

L’autre pièce est aussi caractérisée par le bras de saint Etienne; légende: Ptho. martyr. Sur l’autre face, la croix; légende: Bisontivm.

La frappe de ces pièces est plus soignée que celle des rois Rodolphiens; elles nous paraissent postérieures.

Il est possible que l’on doive rapporter au même Rodolphe III la monnaie décrite dans l’ouvrage de Haller, Münzcabinet, page 358; nous donnons la description de cette pièce d’or de la collection du professeur d’Annone à Bâle; cette collection a été vendue en Allemagne.

D’un côté se voit une tête diadémée; exergue: Sidunis fit. Au revers, au milieu d’une couronne, le monogramme

monogramme

Exergue: h. c ...icvs. (Henricus).

Le monogramme peut signifier Rodolphe. Rodolphe III avait séjourné dans le pays; il transmit sa couronne à l’empereur Henri II, l’an 1018; et comme celui-ci était mort avant lui, il avait nommé Conrad II son successeur. Cette pièce aurait donc été frappée de l’an 1018 à 1024.

Il ne nous paraît pas que les rois bourguignons aient frappé monnaie en Suisse: c’était l’évêque de Lausanne qui fournissait la monnaie depuis Soleure au Léman, et celui de Bâle à la partie au nord du bassin de la plaine suisse; /311/ on a aussi frappé quelques monnaies à Zurich. L’évêque a été, depuis l’an 1011, le véritable souverain administratif du pays.

Nous avons décrit plus haut les pièces de l’évêché de Lausanne. M. Morel-Fatio a publié un mémoire dans la Revue numismatique de 1849, sous le titre Monnaies suisses de la Trouvaille de St.-Paul à Rome, Bâle, Zurich, au XIe siècle.

Le mémoire de M. Morel est fait avec un grand soin; il est accompagné de trois planches. Nous dirons quelques mots de ces monnaies si intéressantes.

La forme, le dessin, l’arrangement des légendes et des signes des monnaies de l’évêché de Bâle, comparés aux pièces de l’époque de l’évêché de Lausanne, prouvent que la civilisation était beaucoup plus avancée sur les bords du Léman.

Le temple est réduit à sa plus simple expression, comme dans la planche x, Nos 5, 6 et 8; dans les planches suivantes, une ou plusieurs portes sont figurées; on finit par trouver quelques ornements au temple.

Il en est de même de la croix: elle est jetée tout simplement dans les Nos 13, pl. x, et 23, pl. xi; elle est entourée de grenetis dans le No 12, pl. x; les anneaux apparaissent dans les quatre cantons de la croix, dans les Nos 28, 29, 32, 37 et 38 de la pl. xii; enfin nous trouvons des besants dans les quatre cantons de la croix des pièces 34 et 35 de la pl. xii.

Les lettres sont latines; ordinairement elles sont placées sans ordre entre elles, et même sans ordre sur la pièce, comme la croix et le temple.

Telles sont les monnaies qui ont été frappées par les /312/ évêques, dans le nord du bassin suisse, à la fin du royaume de Bourgogne et sous les empereurs d’Allemagne qui leur ont succédé.

La ville de Berne n’a commencé à battre monnaie qu’après 1218, ensuite de l’autorisation de l’empereur d’Allemagne. C’est ce que nous apprennent les ouvrages de E. de Haller et de Ch. Lohner.

Nous lisons dans le manuscrit de Ruchat la note suivante:

« Je n’ai pas appris que jusqu’à présent on ait trouvé dans l’Helvétie romande, qui, depuis la fin du IXme siècle jusqu’au tiers du XIme, faisait partie de la Transjurane ou Petite-Bourgogne, des monnaies des rois Rudolphiens, qui alors gouvernaient ce pays. Cependant, par sa charte de l’année 962, la reine Berthe, épouse de Rodolphe II, après avoir fondé le monastère de Payerne et l’avoir doté, lui accorda divers priviléges, entre autres le droit de battre monnaie. »

Lorsqu’en octobre 1817, on découvre dans une chapelle de l’église abbatiale de Payerne le tombeau de cette pieuse reine, qui y avait été inhumée, on n’y trouva aucune pièce de monnaie

.

Les musées de Lausanne, de Genève et de Neuchâtel ne possèdent aucun souvenir monétaire des rois bourguignons.

la reine Berthe. Nous avons cherché de tous côtés des renseignements pour arriver à savoir si la reine Berthe avait frappé monnaie.

M. Bel-Bessières, de Lausanne, nous a parlé d’une pièce en or pâle, trouvée à Genève, dans le jardin de M. Dance, situé en ville; elle était plus grosse qu’un tiers de sol d’or mérovingien; d’un côté, on voyait une figure; de l’autre, une espèce de temple surmonté d’une croix. On lisait distinctement /313/ berta, avec l’a barré dans la partie supérieure. M. Dance avait donné cette pièce à M. Bel-Bessières; un beau jour, elle a disparu de son bureau.

Nous trouvons dans l’ouvrage d’Em. de Haller, deux pièces dans lesquelles figure le nom de la reine Berthe: Nos 2304 et 2305. Mais ces pièces sont de date beaucoup plus récente: elles ont été frappées par le Chapitre de Soleure, en 1627, pour rappeler les bienfaits de la reine bourguignonne, ainsi que l’indique la légende: re. berta fv. d. rix. eccliae. s. vrsi, 932.

L’ouvrage de Lelewel sur la numismatique du moyen âge ne nous présente aucune légende, aucune inscription qui se rapporte aux rois de la Bourgogne transjurane.

En fait de souvenir de la reine Berthe, nous avons son testament, qui a été publié dans un des volumes précédents des Mémoires de notre Société d’histoire. La selle historique de cette princesse, sur laquelle elle se promenait en filant sa quenouille, est conservée religieusement dans l’église de Payerne.

Avant de terminer, nous rappellerons le sceau de Berthe placé au bas de son testament; l’original est déposé dans les archives cantonales.

La reine est assise sur un trône, sa tête porte une couronne fermée. La légende circulaire est:
berta dei gracia hvmilis regina.

L’ensemble de cette légende est formé de lettres latines; les e de Berta et de Regina sont latins, celui de Dei est lunaire. Les a sont élargis et barrés dans leur partie supérieure. Toutes les lettres sont isolées sauf l’a de Regina, qui est lié avec l’n qui précède.

prieuré de Payerne. En 962, Conrad, fils de la reine /314/ Berthe, donna à ce prieuré sa Cour (nommée Grandcour), le marché et le droit de battre monnaie. On ne sait si les religieux ont usé de ce droit; dans tous les cas, les recherches que nous avons faites, jointes à celles de M. Lohner, de Thoune, ne nous ont rien fait découvrir jusqu’à ce jour.

les sarrasins. Vers le milieu du dixième siècle, les Sarrasins passèrent les Alpes, brûlèrent l’abbaye de Saint-Maurice; puis leurs hordes portèrent le pillage et l’incendie sur les bords du Léman et dans la vallée de la Broie. Plusieurs localités ont conservé le souvenir de cette époque; on cite le Four aux Sarrasins, au-dessus de la Chiesaz, près Vevey; la Voûte et le Creux aux Sarrasins, près de Lucens.

« Partout, dans ces temps de désolation, dit M. le docteur Verdeil dans son Histoire du Canton de Vaud, on élevait des fortifications, on construisait des tours sur les montagnes, soit pour lieux de refuge, soit pour signaux d’alarme. La Tour-de-Molière, le château de Bertholo, le château de Vufflens, la tour de Gourze, qui domine encore les sommités du Jorat, furent construits; et la plupart des villes et des bourgs du Pays de Vaud s’entourèrent de murailles. »

monnaie cufiqueLa monnaie sarrasine dite cufique, que nous figurons Pl. VII, No 15, ressemble beaucoup au No 2 de la table xxv de l’atlas de Lelewel; à la page 84 du texte, nous apprenons qu’elle est attribuée à Harun ar Rashid, Rekifa, qui vivait l’an 804 de l’ère chrétienne.

« Le dirhème de Harum ar Rashid, frappé à Rekifa, est encore une singularité très estimée. Un semblable fut autrefois, en 1720, trouvé aux environs de Dantzig, et décrit avec d’autres par G.-J. Kehr; Monarchiæ asiatico-saracenicæ status; Lipsiæ, 1724. » (J. Lelewel.) /315/

Cette monnaie cufique, ainsi que deux autres du même genre, appartiennent à la collection de M. Tissot, de Moudon; elles ont été trouvées dans l’enceinte de cette ville.

Les deux autres ont quelque analogie d’écriture avec la pièce d’Alfons, fils de Sanche, figurée page 12 de la troisième partie de la Numismatique de M. Lelewel. On n’y voit pas de croix. /316/

 


PÉRIODE BERNOISE.

 

Dès que les Bernois eurent conquis le Pays de Vaud, ils cherchèrent à y introduire leur système monétaire. Ce fut une grande amélioration, car la monnaie de Berne était une des plus belles et des plus fortes de l’Europe; les pièces d’or de cette république font encore aujourd’hui l’admiration de tous les connaisseurs.

Nous n’entrerons pas dans de longs détails sur ce sujet; nous renvoyons les personnes qui voudraient en faire une étude approfondie à l’ouvrage remarquable de M. Charles Lohner, de Thoune, ancien landammann: Die Münzen der Republik Bern, Zurich 1846, et au Cabinet numismatique de Haller. On trouvera aussi au Musée cantonal de Lausanne, dans la collection des monnaies de la Suisse, que nous avons mise en ordre, une collection intéressante des monnaies bernoises.

dicken de BerneTrois ans après la conquête du Pays de Vaud, le gouvernement bernois frappait la pièce dont nous donnons la description et que nous représentons Pl. VI, No 1 (Lohner, No 343). Il est à noter que c’est le plus ancien dicken, pièce de la grosseur des testons, qui porte des lettres latines; c’est à cette époque que les Bernois ont abandonné les lettres gothiques. Deux florins d’or, l’un de 1537 (Lohner, No 18), /317/ et l’autre de 1539 (Lohner, No 19), ont les mêmes lettres.

L’ours est placé dans un écusson espagnol, sans hachures; il regarde à gauche. Légende: moneta. bernensis. 1539. Le millésime commence à paraître sur les monnaies.

Revers: Un grand aigle à une seule tête regardant à gauche; il a les ailes déployées. Légende: bercht, dvx, zering, fvndato. Les pièces de Berne portant un aigle à une tête sont rares; ordinairement ce signe impérial est représenté sur les monnaies suisses avec deux têtes; les monnaies bernoises l’ont conservé jusqu’à la paix de Westphalie, en 1648. Ce fut alors que la Suisse fut déclarée libre et indépendante; dès lors la légende: dominvs providebit, a pris la place de Berchtoldus dux Zeringæ fundator.

pièce de 20 creutzerPièces de vingt creutzer, 5 batz. Pl. VI, No 2.

L’ours est dans un cartouche peu ornementé; on n’aperçoit plus d’aigle. Légende: reipublicæ bernensis, cr. 20.

Revers: Un homme et une femme soutiennent des deux mains une espèce de tenture, sur laquelle on lit: moneta nova. 1699. Ces pièces avaient d’abord été frappées pour des prix d’école; c’est peu à peu qu’elles sont arrivées dans la circulation.

A la fin du XVIIme siècle, Berne frappa une de ses médailles les plus remarquables. Au centre, se tient debout un ours de haute stature; ses mains sont armées d’une hallebarde; entre ses jambes de derrière est placé un écusson bernois avec hachures; autour de lui se lit: iehova est clypeus arx et fortitudo svorum. On voit autour les armoiries des 42 bailliages de la République avec les lettres initiales:

1. thu; Thun. — 2. bur; Burgdorf. — 3. len; Lentzburg. — 4. nid; Nidau. — 5. lau; Laupen. — 6. bur; /318/ Buren. — 7. inte; Interlaken. — 8. wan; Wangen. — 9. vnt; Unterseen. — 10. arw; Aarwangen. — 11. fru; Frutigen. — 12. arb; Arburg. — 13. arb; Arberg. — 14. tra; Trachselvald. — 15. san; Saanen. — 16. bibb; Biberstein. — 17. lan; Landshut. — 18. sche; Schenkenberg. — 19. sign; Signau. — 20. erl; Erlach. —21. bra; Brandis. — 22. kon; Königsfelden. — 23. fra; Fraubrunnen. — 24. frie; Frienisberg. — 25. got; Gottstadt. — 26. tho; Thorberg. — 27. buc; Buchsee. — 28. st i; Sti.-Jobannis Insel. — 29. ael; Aelen, Aigle. — 30. los; Lausanne. — 31. mor; Morsee, Morges. — 32. mil; Milden, Moudon; — 33. bet; Petterlingen, Payerne. — 34. bom; Bonmont. — 35. sum; Sumiswald. — 36. yver; Iferten; Yverdon. — 37. new; Neuss, Nyon. — 38. wif; Wifflisburg, Avenches. — 39. rom; Romainmotier. — 40. oro; Oron. — 41. zofi; Zofingen. — 42. ober; Oberhofen.

Telle était la distribution des bailliages; comme on le reconnaît, les lettres italiques indiquent les bailliages vaudois.

Le revers porte une vue de Berne du côté du midi; dans la partie supérieure sont des nuages, au dessus desquels vole une Renommée embouchant une trompette, d’où pend l’écusson bernois; avec les légendes, en haut: pax toti israeli dei; dans l’exergue: propter domum iehovæ dei nostri procurabo bonum tibi. 1698.

Cette pièce est au Musée de Lausanne.

L’ours paraît pour la première fois debout et armé; il est entouré de tous les bailliages qui font sa force; cette belle médaille peint complétement l’époque.

Il n’y a pas de gouvernement en Suisse qui ait fait frapper un si grand nombre de médailles que l’ancien gouvernement /319/ de Berne. Un certain nombre de ces pièces, peuvent se placer, sous le rapport de la pensée et l’exécution, à côté des plus belles frappées en Europe.

L’ours y figure toujours d’une manière ou d’une autre, et ordinairement il caractérise l’époque. Ainsi, avant la bataille de Vilmergen, les médailles des seizeniers bernois (des seize membres formant la commission qui nommait le Conseil des deux-cent) portaient sur une de leurs faces l’ours posé sur ses quatre pattes: il ouvre la bouche et laisse sortir gracieusement sa langue; toute son allure est gaie. On retrouve la même figure sur les anciennes monnaies de Berne.

Après la bataille de Vilmergen, la médaille des seizeniers a doublé de grosseur; l’ours est debout; il a une cuirasse sur les épaules; il tient dans sa main droite une épée, au bout de laquelle est le bonnet de la liberté; de ses deux mains il soutient l’écusson bernois; de plus, il porte à sa ceinture une épée. Il est à cheval sur un canon, autour de lui se voit un ensemble d’attributs militaires.

Tout dans son port indique un vigoureux compagnon; il y a quelque chose de narquois dans sa physionomie; il ouvre la bouche, tire la langue; il a l’air de provoquer ses adversaires.

Au milieu du siècle passé, lorsque l’oligarchie fut constituée, quoique toutes les familles de Berne prissent part, chacune à son tour, aux places de la République, la médaille des seizeniers fut modifiée. On conserva l’ensemble, mais on fit disparaître l’épée et le bonnet de la liberté; on plaça le sceptre dans la main de l’ours. Il n’a plus l’épée à la ceinture, il n’est plus à cheval sur un canon; il a seulement à ses pieds des canons et des attributs militaires. /320/ Il n’y a plus rien de gai dans son port; son air provocateur a disparu; sa langue n’est plus visible, sa bouche étant fermée. Il cherche à prendre un air majestueux.

Après la restauration de 1815, les médailles ont été encore modifiées: l’ours est nu, sans épée, ni sceptre, ni cuirasse; il tient l’écusson bernois surmonté d’une couronne ducale; à ses pieds, on voit, à gauche, les attributs de l’agriculture, et à droite, des canons et des drapeaux. Sa tenue n’offre rien de particulier; il a ouvert de nouveau la bouche et tire la langue.

On a peu étudié, peu comparé les médailles de Berne; l’observateur perspicace y trouvera des allégories historiques très remarquables.

pistole de BernePour clore la période vaudoise sous le régime bernois, nous avons représenté une pistole, soit louis de Berne, pièce en or de 16 L. — Pl. VI, No 3 (Lohner, No 137.)

L’ours est placé dans un écusson dont les hachures indiquent les couleurs rouge et noire; il est surmonté d’une couronne; deux lauriers se croisent sous l’écusson. Légende: respublica bernensis. Revers: Un ancien Suisse a la gauche appuyée sur un faisceau de licteur; de la droite il tient une hallebarde. Légende: deus providebit. 1797.

Un ducat de 1679 porte une toute petite couronne. Cet ornement ne paraît réellement que sur une pièce de quatre ducats de 1680, et sur une de dix ducats de 1681.

Plus tard Fribourg, Soleure et Lucerne imitèrent cet exemple.

M. A. Morlot, professeur à Lausanne, nous a communiqué le renseignement suivant, qu’il donne comme un on dit. « Le duc de Lorraine avait donné son duché aux Bernois, qui le vendirent à Louis XI pour 101,000 florins, qui /321/ n’auraient, à ce qu’il paraît, jamais été payés. Les Bernois se réservèrent le rang de duc, et l’empereur d’Allemagne le leur reconnut; de sorte que dès lors la Corporation de leur aristocratie régnante représentait comme telle, dans le commerce diplomatique, un duc. De là la couronne ducale dans les armoiries du canton et très souvent dans celles des familles bernoises. »

Avant la Réformation, le système de division de la monnaie était, pour les pièces d’or: des florins et des demi-florins d’or; pour l’argent: des écus, des demi-écus, des quart d’écus ou dicken, des demi-dicken, des plappart, à 15 heller, de 1420 à 1480; des plappart à 24 heller, de 1490 à 1528. Le système des batz arriva en 1529; avec lui l’alphabet latin et le millésime sur les grandes pièces. Ce ne fut que plus tard, en 1656, que la valeur fut indiquée sur les pièces de 5 batz par 20 kreutzer (Lohner, No 432; T. I. No. 5), et en 1717 pour les batz; l’exergue porte cr (kreuzer) 4. Le mot 1 batzen n’a été gravé sur le billon qu’en 1804; il était accompagné de la légende: dominus providebit. Sur l’autre face, on lisait autour de l’écusson: canton bern.

Le mot batz ou batzen nous paraît un nom bernois; tout nous porte à croire que c’est dans le canton de Berne qu’il a pris naissance. Valerius Anselm, dans sa Chronique (page 281), nous apprend que, dans le principe, on disait betz, par corruption de Petz, qui à cette époque signifiait ours, peut-être synonyme du mot Mutz, qui a la même acception aujourd’hui. M. Lohner pense aussi que le mot batz vient de betz, à cause de l’ours qui est figuré sur la monnaie. Plus tard l’influence bernoise s’étendit sur toute la /322/ Suisse, et successivement le batz fut adopté par la plupart des cantons.

Le mot de crutz, creutzer, vient de l’allemand: il a été donné à cette monnaie à cause de la croix qui se trouvait sur ce genre de pièces.

Quand au mot plappart, employé avant celui de batz, M. Hisely, professeur à l’Académie de Lausanne, a eu l’obligeance de nous communiquer les renseignements suivants:« Ce mot, dont l’orthographe varie ou a été altérée par une prononciation vicieuse, a servi, paraît-il, à désigner plusieurs petites monnaies. Le blaffart ou plapert de Cologne aurait valu 4 s. 3 d., suivant une indication dont je ne puis garantir l’authenticité. Le blabbert ou plapper de Bâle aurait valu 1 sou de France. Le plappart de Berne, qui fut remplacé par le batz, avait l’ours 1 . Ce qui le prouve, c’est le fait qui fit naître la guerre dite des plapparts, en 1458. Un patricien de Constance ayant refusé de recevoir d’un Lucernois un plappart de Berne, et l’ayant jeté avec mépris en l’appelant un Kuhplappart (allusion à l’ours), les offensés résolurent de venger l’honneur national.

Sur la fin du 14me et au commencement du 15me siècle, les membres du Grand Conseil de Berne recevaient un plappart par séance. »

Il paraît que le plappart était une monnaie des bords du Rhin, peut-être de la Hollande: elle a été admise par le gouvernement de Berne lorsqu’il a commencé à battre monnaie. /323/

 

Extrait du manuscrit d’Abr. Ruchat.

« On comptait à Berne par batz, par demi-batz, par crutzer ou cruches, etc.

On y comptait aussi par sous lucernois, dont trois valaient un batz. Mais ils furent abolis dès l’an 1729 par un édit souverain.

Le batz est compté pour 2 sous tournois, 3 sous lucernois, 4 crutz, 12 quarts.

Le demi-batz vaut 1 sou tournois, 2 crutz, 6 quarts.

Le sou lucernois ou Lucerne valait 8 deniers tournois, 4 quarts.

Le crutzer ou cruche vaut 6 deniers tournois, 3 quarts.

Toutes ces espèces sont réelles, mais on se sert aussi, dans les comptes, de certaines espèces purement numéraires, comme la livre, le florin, le quart, le denier, etc.

La livre de Berne vaut 7 1/2 batz ou 30 crutz ou 15 sous tournois.

Le florin, dans le pays romand de Berne, vaut 4 batz ou 12 sous lucernois ou 8 sous tournois.

Le quart est la douzième partie du batz et la quatrième partie du sou lucernois; quatre quarts font un lucerne, et douze font un batz.

Le denier est la 8e partie du lucerne.

A Genève, on comptait aussi communément par florins, par sous et par quarts.

Le florin genevois est plus faible que celui du canton de Berne, de la proportion de 16 à 21, c’est-à-dire que 16 florins bernois en valent 21 genevois.

Le sou genevois vaut 1 crutz de Berne et un peu plus, dans la proportion de 63 à 64; je veux dire que 63 sous genevois valent 64 crutz bernois. Dix florins 6 sous de Genève valent 32 batz de Berne ou un écu patagon. »

NB. Ce manuscrit est du commencement du 18me siècle; c’est à cette époque qu’il faut rapporter les dénominations dont il a été question.

[Voir la note supplémentaire 5]

M. Bel-Bessières, de Lausanne, qui a dirigé la fonte des anciennes monnaies en 1850 et 1851, a eu l’obligeance /324/ de nous faire le tableau ci-joint, qui est le résumé des essais faits sur les dernières monnaies bernoises.

Titre des monnaies bernoises.

Monnaies d'orMonnaies d'argentBillon
DUCATLOUIS40 BATZ20 BATZ10 BATZ5 BATZ2 1/2 BATZ1 BATZ1/2 BATZRAPPES
979/
1000
901/
1000
908/
1000
906/
1000
841/
1000
756/
1000
727/
1000
180/
1000
115/
1000
42/
1000

Pour compléter les données sur la valeur relative de l’argent, et des objets en nature, nous publions le compte suivant:

Ruchat nous fait connaître dans son manuscrit que dès l’an 1565 on commença, à Payerne et aux environs, à compter par batz; on voit par le compte dont nous donnons le texte qu’en l’an 1566, on comptait encore quelquefois dans le pays romand par florins et sous, tandis que dans le pays allemand on comptait par écus (couronnes) et par batz. — Voici le compte:

La dispense faicte par honnorable Loys d’Yverdon et Philippe Guibaut au voyage par les susdicts faict par le commandement de très-honorez seigneurs du Conseil (de Lausanne) à Berne, pour les négoces de la ville. Premièrement, le 7 de mai 1566 à Mouldon, pour le disné16 sols
Item, au dict Mouldon, pour ferrer le cheval qu’avait perdu ung fert, et aussy pour le vin du serviteur3 s. 6 d.
Item, le jour mesme à Payerne, pour le souppé32 s.
It., tant pour refaire la corpière du cheval et aussy pour mettre du flautre en la celle qui le blessait et pour le vin du serviteur6 s.
It., le laindemain au mollin (Güminen, pays allemand) pour le disné6 baches.
/325/It., à Berne, depuis le mercredi, 8 de may, jusques au vendredy du dict mois, qui sont sept jours, à raison de dix baches par jour et plusieurs repas extraordinaires et pour le vin du serviteur et chambrières, monte ∇ 8 krone 1 et 5 bach.
It. , au dit Berne, pour ung billet ordonné et mis au pied de notre supplication, et pour le vin du serviteur1 1/2 bache
It. pour le vin du serviteur de M. German Yenne, lequel nous apporta du vin par deux fois4 baches.
It. , pour la lettre obtenue de nos souverains Seigneurs de assoufortement des maisons de Riez pour Menthon, tant pour la lettre que pour le vin des serviteurs 32 baches.
It. pour faire sagnier le cheval en la teste, au palais et autres médicaments, à cause qu’il avait mal aux yeux et qu’il ne pouvait manger, et aussy pour ferrer la mulle de quattre pieds7 baches.
It. pour racoultrer tant la celle de la mule que pour remborrer la celle du cheval et pour ung licol6 baches.
It. au pauvre Chapelier nommé Yon par ce qu’il ne pouvait travailler à cause de quelque mal qu’il avait en la main2 baches.
It. pour le retour au mollin, pour le disner6 baches.
It. à Payerne, pour le souppé (pays romand)32 sols.
It., au dict Payerne, pour le souppé de M. de Combremont et du seigneur Jacob Miche et de Sauge qui nous avaient apporté des cocasses 2 15 sols.
It. pour le vin des serviteurs6 carts.
It., à Mouldon, pour le disné16 sols.
It. pour le vin du serviteur1 sol.
It. pour le loage des chevaulx depuis le 7 de may, jusqu’au 17 du dict moi 11 florins.
Somme grosse réduite en florins,74 ffl. 8 sols. /326/

Passé et approuvé au Conseil assemblé à l’hôtel de ville de Lausanne le samedi 18 mai 1566.

Suivant le calcul fait par Ruchat, il paraît que cette somme totale de 74 florins 8 sols équivaudrait à 52 livres de Suisse selon la valeur qu’avait l’argent en 1732.

C’est M. Rickly, ancien bibliothécaire, qui a transcrit le compte ci-dessus, à la suite, dans le manuscrit de Ruchat.

 

LISTE DES AVOYERS DE BERNE

qui ont siégé depuis la conquête du Pays de Vaud à son indépendance, d’après le dictionnaire de Levade.
  • 1519. Jean d’Erlach, mort en 1539.
  • 1536. Jean-Jaques de Watteville, mort en 1560.
  • 1540. Jean-François Næguelin, mort en 1568.
  • 1562. Jean Steiguer, mort en 1581.
  • 1568. Béat-Louis de Mülinen, mort en 1600.
  • 1582. Jean de Watteville, mort en 1590.
  • 1590. Abraham de Graffenried, mort en 1600.
  • 1595. Jean-Rodolphe Saguer ou Saager, mort en 1623.
  • 1600. Albert Manuel, résigne en 1632.
  • 1623. Antoine de Graffenried, mort en 1628.
  • 1629. François-Louis d’Erlach, mort en 1651.
  • 1632. Claude Weyermann, mort en 1636.
  • 1656. Nicolas Dachselhofer, résigne en 1668, mort en 1670.
  • 1651. Antoine de Graffenried, mort en 1674.
  • 1668. Samuel Frisching, mort en 1683.
  • 1675. Sigismond d’Erlach, mort en 1699.
  • 1680. Jean-Antoine Kilchberguer, mort en 1696.
  • 1696. Jean-Rodolphe Sinner, mort en 1708.
  • 1700. Emmanuel de Graffenried, mort en 1715.
  • 1708. Jean-Frédéric de Willading, mort en 1718.
  • 1715. Samuel Frisching, mort en 1721.
  • 1718. Christophe Steiguer, mort en 1731.
  • 1721. Jérome d’Erlach, mort en 1747.
  • 1752. Isaac Steiguer.
  • 1747. Christophe Steiguer.
  • 1750. Charles-Emmannel de Watteville.
  • 1754. Antoine Tillier. /327/
  • 1759. Frédéric-Albert baron d’Erlach.
  • 1772. Frédéric baron de Sinner.
  • 1787. Nicolas-Frédéric baron de Steiguer.
  • 1788. Albert de Mülinen.

Les titres honorifiques employés depuis le milieu du XIXe siècle par les chefs de la république de Berne sont en parfait rapport avec la remarque que nous avons faite plus haut: l’ours rejeta l’épée et le bonnet phrygien, pour prendre le sceptre 1 . /328/

 


 

PÉRIODE VAUDOISE.

 

RÉPUBLIQUE LÉMANIQUE.

Nous rappelons en quelques mots l’origine et l’existence de cette république, dont la durée éphémère ne fournit qu’une pièce à la numismatique.

« Le Comité de réunion, entouré d’une foule de patriotes, passait la nuit du 23 janvier 1798 an Cercle des jeunes négociants à Lausanne, et recevait de Paris un courrier qui lui apportait un grand nombre d’exemplaires d’une brochure intitulée: Instruction pour l’assemblée représentative de la République Lémanique, signé Frédéric-César Laharpe et Perdonnet. Ces deux citoyens engageaient les villes et les communes du Pays-de-Vaud, tant bernois que fribourgeois, à proclamer leur indépendance, à se constituer sous la dénomination de République Lémanique, et à nommer une Assemblée représentative. Laharpe et Perdonnet allaient plus loin encore: ils dictaient à leurs concitoyens quinze décrets, dont plusieurs rappelaient les violences de de la révolution française. Ce nom de République Lémanique, qui pour la première fois était prononcé, est adopté avec transport par la foule qui entourait le Comité de réunion pendant cette nuit du 23 au 24 janvier 1798. Le Comité /329/ adopte la cocarde verte et le drapeau vert pour la nouvelle république, et, le 24 janvier, lorsque le jour paraît, on voyait aux fenêtres du Cercle flotter ce drapeau, portant ces mots, brodés en blanc: République Lémanique; Liberté, Egalité. » (Verdeil, Histoire du canton de Vaud, III, page 458.)

« En février 1798, la partie romande du canton de Fribourg, avec les districts de Payerne, d’Avenches et de Morat, se constituèrent en Canton de Sarine et Broye, et leurs députés, réunis à Payerne, y formaient une assemblée nationale provisoire. Ce canton ou département cessa d’exister le 30 mai 1798, et fut réuni au canton de Fribourg.

Pendant cette époque, on frappa à Fribourg des pièces de monnaie d’argent, valant 42 creutzer; portant d’un côté un faisceau armé d’une hache et surmonté du chapeau de Guillaume-Tell, avec la légende: Canton de Sarine et Broye. Le revers porte en deux lignes, dans une couronne de chêne et d’olivier: Valeur 42 cr.; autour est la devise: Liberté, Egalité, et au dessous de la couronne le millésime de 1798. — Ces pièces furent démonétisées par arrêté du gouvernement helvétique du 20 novembre 1800, et celles qui existaient dans les caisses publiques au 1er janvier 1801 durent être fondues et monnayées au coin de la République; de manière qu’étant devenues assez rares, on n’en voit guère que dans les collections numismatiques. » (Dictionnaire géographique du canton de Vaud, par Levade; page 448.)

42 creutzer de  Sarine et BroyeVoici l’extrait de l’arrêté du 20 novembre 1800, sur des pièces d’argent dites de Sarine et Broye, de 42 creutzer, frappées à Fribourg en 1798.
Nous figurons cette monnaie Pl. VI, No 5.

« Le Conseil exécutif de la République Helvétique, considérant que les pièces d’argent dites de Sarine et Broye, à /330/ 42 creutzer la pièce, sont d’une valeur intrinsèque inférieure et trop disproportionnée au titre du jour, arrête que ces pièces seront reçues par les caisses publiques jusqu’au 1er janvier 1801, pour 10 batz la pièce, et dès le 1er janvier, ces pièces n’auront plus de cours. »

 

RÉPUBLIQUE HELVÉTIQUE.

 

Le premier essai de réforme monétaire en Suisse a été tenté par la République Helvétique une et indivisible, en 1799; elle n’a pas créé un nouveau système monétaire, elle n’a fait que conformer au pied décimal le système existant déjà des batz.

Extrait de la loi du 25 juin 1798, fixant le type et le taux de l’argent à monétiser; loi portée par les conseils législatifs de la République Helvétique à Arau. Bulletin des lois helvétiques, tome I, page 173.

1. L’argent qui va nouvellement être réduit en monnaie sera frappé au taux jusqu’ici usité pour la monnaie de France.
2. Les espèces seront les mêmes que celles de Berne, savoir des écus de 40 batz et de 20 batz, des pièces de 10 et de 5 batz.
3. Le type de toutes espèces sera, d’un côté, une légère couronne de chêne, dans laquelle sera indiquée la valeur de la pièce en batz; au revers, l’effigie d’un ancien Suisse, qui tiendra dans la main droite un drapeau. La légende sera: République Helvétique, et au dessus la date de l’année où la pièce a été frappée. /331/

A la suite de cette décision, on a frappé:

  • Des pièces en or de deux pistoles, soit 32 francs.
  • Des pièces en or d’une pistole, soit 16 francs.
  • Des pièces d’argent de 40 batz.
  • Des pièces d’argent de 20 batz.
  • Des pièces d’argent de 10 batz.
  • Des pièces d’argent de 5 batz.
  • Du billon de 1 batz.
  • Du billon de 1/2 batz.
  • Du billon de 1 rappe.

On trouve des pièces avec le millésime de 1799, 1800 et 1801.

On s’apercevra facilement que ce système, comme nous l’indiquons en commençant, s’approche autant que possible du système décimal: c’est l’ancien système suisse dont on a fait disparaître la division du batz en trois parties, les schillings, et celle en quatre parties, les creutzers, pour le subdiviser en dix rappes.

Pour cette époque, c’était déjà un grand pas de fait.

billon de la République HelvétiqueNous avons figuré, Pl. VI, No 4, une pièce de billon de la République Helvétique.
Sur l’une des faces on lit dans le champ: helvet. republ.; autour, deux branches de chêne en forme de couronne. Sur l’autre face, dans le champ: 1/2 batzen. 1799; autour, dans deux cercles concentriques, un ornement imitant des feuilles.

On avait cherché à éviter la langue latine, on ne voulait pas de la langue française; les légendes ont été faites de manière à froisser le moins possible les diverses populations. Le nom de la monnaie est en allemand avec des lettres françaises./332/

Par arrêté du 18 août 1800, le Conseil exécutif de la République Helvétique introduisit l’uniformité du cours des monnaies dans les cantons de Fribourg et du Valais, où quelques monnaies différaient du cours général des espèces de la République. Toutes les transactions stipulées en argent, dans ces deux cantons, devaient être énoncées en francs de Suisse, l’écu-neuf à quatre francs. Le cours des espèces d’or et d’argent était fixé comme suit:

Le louis d’or helvétique ou de France, à160 batz.
Une pistole du Piémont, à188 batz.
Une demi dite, à94 batz.
Un écu du Piémont, à46 batz.
Un demi dit, à23 batz.
Un quart dit, à11 batz 5 rap.
Un écu d’Espagne à colonne (Piastre), à36 batz 5 rap.
Un dit avec le buste, à35 batz 5 rap.

 

CANTON DE VAUD

 

Pour ce qui concerne l’écusson et la devise du canton de Vaud, nous publions le rapport suivant:

« On n’a pu retrouver aux archives de la secrétairerie du Grand-Conseil, ni à celles de la Chancellerie d’Etat, la minute ou la copie de l’exposé des motifs du décret adopté par le Grand-Conseil, le 16 avril 1803; en sorte que l’on ne peut indiquer ici les motifs qui ont déterminé le choix des couleurs et du sceau du canton de Vaud.

Voici tout ce qu’on a pu retrouver à cet égard dans les registres-protocoles des deux Conseils à la date ci-dessus: /333/

 

Première séance du Petit-Conseil.
Du 16 avril 1803.
Présidence du citoyen Monod.

Le Petit-Conseil a proposé pour couleurs du Canton: le Vert et le Blanc, et pour sceau, un champ vert clair et blanc divisé en deux bandes, deux mains jointes tenant une épée surmontée du chapeau de Guillaume-Tell; devise: Pro libertate et fœdere.

Le Grand-Conseil, présidé par le citoyen Muret, nomma ce même jour, 16 avril, une commission de cinq membres, chargée d’examiner ce projet de décret et de faire rapport séance tenante. — D’après son rapport, le projet de décret fut rejeté.

Le Petit-Conseil s’étant retiré, rentra ensuite dans la salle et présenta le nouveau projet de décret suivant:

 

Le Grand-Conseil du canton de Vaud
DÉCRÈTE:

1o Les couleurs du canton de Vaud sont le vert clair et le blanc;
2o Le sceau du canton de Vaud aura pour empreinte, conformément au modèle présenté, un écusson coupé en deux bandes vert et blanc. Dans le champ, on lira: Liberté et Patrie, et au dessus de l’écusson, sur une bandelette flottante, on lira: Canton de Vaud.
La discussion ouverte, le projet de décret ci-dessus, mis aux voix, fut accepté. »

 

Tout ce qui concerne la frappe des monnaies a été /334/ abandonné au Conseil d’Etat. Il n’existe aucun document à cet égard dans le Bulletin des lois. M. Fueter, directeur de la monnaie de Berne, fut appelé pour mettre en train les travaux; on frappa les pièces, soit pour le titre, soit pour la grosseur, d’après les règlements de la monnaie de Berne. La première frappe eut lieu en 1804, et dura jusqu’à l’époque du concordat en 1825. Le canton de Vaud a émis les pièces suivantes:

  • Ecus de 4 livres de Suisse.
  • Pièces de 20 batz.
  • Pièces de 10 batz.
  • Pièces de 5 batz.
  • Pièces de 1 batz.
  • Pièces de 1/2 batz.
  • Creutzer et rappes.

On trouvera dans la collection du Musée des échantillons de ces diverses frappes.

Les écus de 40 batz ont été frappés en 1812. Au centre est l’écusson cantonal, surmonté d’une branche de chêne en guise de couronne. Deux branches de vigne chargées de raisins et d’épis de blé se croisent sous l’écusson; légende: Canton de Vaud. 1812. Au revers est un ancien Suisse s’appuyant de la droite sur l’écusson des dix-neuf cantons; il porte une hallebarde de la main gauche; la légende est: Confédération Suisse.

Nous avons représenté trois pièces: l’une de la première année, de la frappe de 1804; une de la période concordataire, au millésime de 1832, et enfin la dernière monnaie du canton de Vaud. Comme chacun le sait, le Conseil d’Etat la fit frapper en 1846, à l’occasion de l’anniversaire de la Constitution qui nous régit. /335/

Pièce de dix batz1. Pièce de dix batz. L’écusson aux armes du canton. Légende: canton de vaud. Exergue 1804. Revers: 10 batz dans le champ; autour, deux branches de chêne en forme de couronne. Pl. VI, fig. 7.

 

Pièce d’un batz2. Pièce d’un batz. L’écusson aux armes du canton; autour, deux branches de laurier. Légende: canton de vaud, 1832. Dans l’exergue: 1 batz. Revers: Une croix fédérale ornée extérieurement et intérieurement; au centre un C. Légende: les cantons concordants de la suisse. Pl. VI, fig. 6.

Pièce de un franc3. Pièce de 1 franc. L’écusson aux armes du canton; autour, une branche de chêne et une branche de laurier; au dessus une branche de chêne. Légende: canton de vaud. Exergue: 10 aout 1845. Revers: un ancien Suisse soutenant de la main droite l’écusson des XXII cantons. Légende: confédération suisse. Exergue: 1 franc.
Cette pièce fut donnée en prix au tir au fusil qui accompagna la fête commémorative. M. Bel-Bessières fut chargé de la confection des coins et de la frappe. Nous avons figuré cette pièce à la planche VI, fig. 8. Elle clôt la série des monnaies frappées dans notre canton.

M. Bel-Bessières, chargé par le gouvernement fédéral de la refonte des anciennes monnaies, nous a donné le résultat de l’ensemble de ses travaux dans le tableau suivant:

Titre des monnaies vaudoises.
Monnaies d'argentBillon
40 BATZ20 BATZ10 BATZ5 BATZ1 BATZ1/2 BATZRAPPES
905/
1000
9011/
1000
902/
1000
671/
1000
160/
1000
89/
1000
41/
1000

 

/336/

Le résultat de la refonte des monnaies a prouvé que le titre des monnaies vaudoises était inférieur à celui des monnaies bernoises. Cela s’explique par le fait qu’il n’y avait pas de contrôle régulier, et que les personnes chargées de la frappe tiraient du marc un plus grand nombre de pièces que le règlement ne le prescrivait. Le titre élevé des pièces de 10 batz provient du travail précipité fait par M. Bel en 1846: il a employé pour les nouvelles pièces de 10 batz des écus de 5 francs.

concordat monétaire. Dans les premières années de ce siècle, chaque canton avait frappé une quantité énorme de billon; il en était résulté un véritable encombrement; il y avait en présence les anciennes monnaies, le billon helvétique et les monnaies nouvellement émises. Les cantons occidentaux sentirent le besoin de prendre des mesures en commun contre cet état de choses: c’est ce qui donna lieu au Concordat. Nous publions en entier les documents officiels; non-seulement ils ont un intérêt historique, mais ils prouvent que l’économie publique était en souffrance.

DÉCRET.
Le Grand-Conseil du canton de Vaud,

Sur la proposition du Conseil d’Etat,

Vu le Concordat sur les monnaies projeté à Berne, le 16 avril 1825, entre les Députés des louables Etats de Berne, Lucerne, Fribourg, Soleure, Basle, Argovie et Vaud, duquel Concordat suit la teneur :

Afin d’obvier au dommage considérable qui est résulté pour la Patrie commune de la trop grande disproportion du billon avec les grosses espèces d’argent, et de l’évaluation défectueuse de ces dernières, les Très-honorés Messieurs les Députés des hauts Etats /337/ de Berne, Lucerne, fribourg, Soleure, Basle, Argovie et Vaud, suivant le vœu de la haute Diète fédérale, de l’an 1824, tendant à une réunion des Cantons de l’Ouest pour un système monétaire, et conformément aux Conférences qui, dans les années 1820, 1821 et 1824, ont eu lieu entre plusieurs de ces louables Etats, se sont réunis actuellement dans ce but, et sous réserve de la ratification de leurs Gouvernements respectifs, sont convenus entre eux de ce qui suit :

1.

Les Etats concordants reconnaissent la justesse des principes qui ont déjà été établis l’an 1812, lors de la Conférence monétaire tenue à Soleure, et l’an 1819, dans le préavis présenté à la haute Diète par sa Commission monétaire, savoir

 :

a) Comme titre des monnaies, celui qui l’était ci-devant de toute la Suisse, lequel répond au titre français, et qui, en 1818, a été de nouveau confirmé et reconnu par la Diète fédérale comme titre monétaire suisse, d’après lequel le franc suisse doit contenir 125 1543/3000 grains de France d’argent fin, et suivant lequel, conséquemment, le marc français d’argent fin sera donné pour L. 36, 7 batz 1 1/3 rappe.

b) C’est donc d’après ce titre monétaire, qu’à l’avenir toutes les monnaies d’argent, depuis le franc inclusivement, devront être frappées dans les Cantons concordants, et que les espèces d’argent étrangères devront être évaluées.

c) Les espèces d’or du pays et étrangères doivent être de même évaluées d’après le titre d’or français, c’est-à-dire dans la proportion de 8 1/10 grains d’or fin pour un franc suisse.

d) Comme le billon au-dessous du franc ne sert et n’est propre suivant sa valeur, que pour le trafic journalier et pour balance des paiements de fractions, tous les paiements de capitaux et de lettres de change devront se faire en grosses espèces d’or et d’argent d’après la même évaluation légale; sous la condition que, dans de pareils paiements, on pourra donner tout au plus cinq pour cent de billon.

Au reste, l’exécution de cette évaluation légale des grosses espèces peut encore être suspendue pour le moment par les hauts Etats respectifs, et l’évaluation de convenance actuelle être maintenue; mais, dans aucun cas, cette évaluation ne pourra être élevée: au contraire, les hauts Etats seront libres de se rapprocher peu à peu de l’évaluation légale indiquée ci-après. /338/

On abandonne de même aux dispositions légales des localités et à la convenance des hauts Etats de permettre chez eux l’acceptation des pièces de dix batz qui existent actuellement, pour les paiements de capitaux et de lettres de change.

2.

Les Etats concordants prennent l’engagement, suivant l’assurance réciproque qui, à la diète de 1821, a été convertie en concordat, de s’abstenir entièrement, pendant l’espace de vingt ans, de toute fabrication de billon au-dessous d’un franc.

3.

Afin de diminuer entre eux la trop grande quantité de billon, ils s’engagent, dans l’espace de deux années prochaines, de retirer de la circulation et de jeter au creuset la part qui les concerne du billon helvétique au-dessous du franc, dont le montant total est évalué à trois cent vingt mille francs, et cela suivant l’échelle monétaire fédérale de 1803 et dans la proportion de deux tiers en batz et au-dessous , et d’un tiers en pièces de cinq batz, en défalquant au reste, pour le haut Etat d’Argovie, un sixième de sa répartition pour ce qui concerne le Frickthal, suivant le tableau ci-joint A, calculé sur les données qu’on s’est procurées pour cet effet.

4.

Les Etats concordants s’engagent de plus à retirer de la circulation et à jeter au creuset dans le terme de cinq ans, à compter du 1er janvier 1826, une somme de cinq cent soixante-huit mille sept cents francs de leur propre billon, savoir trois quarts en batz et au-dessous, et un quart en monnaies d’argent et au-dessous d’un franc, à raison d’un cinquième par an; et cela dans la proportion de l’état monétaire indiqué par chaque Canton et dans celle de ses besoins, calculés à raison de 5 francs par tête sur la population adoptée dans l’échelle fédérale de 1817.

Le tout, conformément au Tableau B ci-annexé.

5.

Les Etats concordants prennent l’engagement de maintenir dans leur valeur nominale actuelle, pendant la durée de ce concordat monétaire, tout le billon qui a été frappé, soit par leurs Gouvernements précédents, soit par leurs Gouvernements actuels. /339/

6.

Si, pendant la durée du présent concordat monétaire, il était jugé nécessaire de refondre du billon au lieu de l’estampiller, cela ne devra se faire qu’après en avoir donné connaissance à la Commission d’Inspection monétaire et sous sa surveillance, et dans aucun cas on ne pourra, par cette refonte, outrepasser le besoin monétaire attribué au Cercle du Concordat, ni augmenter l’état actuel du billon d’aucun des Cantons concordants. Relativement au premier cas, on convient dès ce moment que ce billon devra être muni d’un coin commun pour tous les Etats concordants.

7.

Chaque Etat concordant devra annuellement, au mois de Décembre, justifier auprès de la Commission de surveillance mentionnée à l’article 10, de la retraite de sa portion compétente de billon, qui en vertu du concordat aura été opérée dans l’année, et produire à cet effet des procès-verbaux de fonte, dressés en présence d’un ou de deux Commissaires délégués par la susdite Commission.

8.

Le montant du billon qui doit avoir cours dans le cercle du concordat s’élève, suivant le calcul établi dans le tableau B, à trois millions huit cent seize mille francs, qui, pour être désignés d’une manière caractéristique, seront munis d’une estampille du Concordat. L’opération de l’estampillage pourra commencer avec l’année 1826; elle devra être achevée dans le plus bref délai possible, et pour le plus tard dans l’espace de cinq ans. La Commission d’inspection monétaire exercera à cet égard la même inspection et le même contrôle qui lui sont prescrits pour le retrait du billon. Lorsque cette opération sera terminée, l’excédant du billon qui pourrait exister restera exclusivement à la charge de l’Etat qui l’a frappé.

9.

Les Etats concordants s’engagent d’exécuter, dès le 1er Janvier 1826, ce concordat dans tout son contenu, de mettre hors de cours le billon des Cantons non-concordants et de le défendre entièrement, ainsi que tout le billon des Etats étrangers.

10.

Pour le maintien de ce concordat, et pour la surveillance de l’exacte exécution des engagements qui ont été pris par les hauts /340/ Etats, il sera établi une Commission d’inspection monétaire, conformément aux dispositions suivantes:
a) Chaque Etat concordant y nomme un membre qui, aux frais de son Gouvernement, devra assister aux assemblées de la Commission.
b) Le haut Etat de Berne sera prié d’en prendre la Présidence.
c) La Commission s’assemble régulièrement toutes les années, au moins une fois, et, si possible, dans le courant du mois d’avril.
d) Comme Commission d’inspection, elle doit veiller à ce que les dispositions du Concordat soient exactement exécutées, à ce que le billon étranger soit éloigné, et à ce que le retrait et l’estampillage du billon des Etats concordants soient exécutés sous sa direction et sous son inspection; la pluralité des voix décide pour toutes les dispositions qui seront prises à cet égard. Comme autorité consultative, la Commission d’inspection monétaire a de plus à délibérer sur ce qui pourrait être en général présenté ou conseillé sur l’amélioration de la partie des monnaies; mais l’unanimité de tous les Etats sera nécessaire pour l’acceptation des propositions qui pourraient être faites.

11.

La ratification de ce Concordat monétaire devra intervenir de la part des hauts Etats au plus tard dans l’espace de trois mois à dater de ce jour; ce dont le haut Etat de Berne donnera connaissance aux autres Etats confédérés.

Donné, à Berne, le 16 Avril 1825.

Berne, (Signé) Fr. de Mutach.
Lucerne, ad referendum, J. Meyer de Schauensée.
Fribourg, K. Schaller.
Soleure, Luthy; Staub.
Basle, ad referendum, L. La Roche; J.-J. Merian-Wieland.
Argovie, ad referendum, C. de Reding.
Vaud, Soulier, Cller d’Etat; S. de Molin.

 

Décrète:

Art. 1er. Le Concordat ci-dessus est ratifié pour être exécuté dans toute sa teneur. /341/

Art. 2. Le Conseil d’Etat est chargé de l’exécution du présent Décret.

Donné, sous le Grand Sceau de l’Etat, à Lausanne, le 11 Mai 1825.

Le Landammann en charge,
(Signé) J. Muret.
Le Secrétaire,
(Signé) Dan.-Alex. Chavannes.

 

Evaluation des espèces d’or et d’argent du pays et de l’étranger,
d’après le pied monétaire fédéral de l’an 1818, suivant lequel le franc suisse doit contenir 125 1543/3000 grains d’argent fin de France, ou 8 1/10 grains d’or fin.
  Poids:
grains
Titre:
demi-once
Argent fin:
grains
ÉVALUÉ
L. BZ. RP.
Ecu neuf suisse 552 14 1/2 501 4    
Un demi-écu neuf 276 14 1/2 250 1/2 2    
Un écu neuf français, au moins 542 14 1/2 250 1/2 3 9  
Un écu de 5 francs de France 471 9/10 fin 424 3 3 7 1/2
Un écu couronne d’Autriche 554 14 484 3 8 5
de Bavière 554 14 484 3 8 5
de Wurtemberg 554 14 484 3 8 5
de Baden 554 14 484 3 8 5
Un Louis d’or suisse 144 21 19/32 129 1/2 16    
Un Louis d’or suisse double 288 21 19/32 259 32    
de France 143 21 19/32 129 1/2 15 9  
de France double 286 21 19/32 259 31 8 6
Une pièce de 20 fr. de France 121 9/10 109 1/3 13 5  
Une pièce de 40 fr. de France 214 9/10 218 2/3 27    

 

Décret
Le Grand-Conseil du canton de Vaud,

Sur la proposition du Conseil d’Etat,

Vu la convention additionnelle qui a été projetée et signée à Berne, le 23 septembre 1825, entre les Commissaires des Cantons intéressés pour l’exécution du Concordat monétaire conclu le 6 Avril précédent, et qui a été ratifié par Décret du 11 Mai de la même année, /342/

Décrète:

Art. 1er. La convention additionnelle ci-dessus mentionnée est ratifiée, pour être exécutée dans toute sa teneur, en ce qui concerne le Canton de Vaud.

Art. 2. Le Canton se réserve néanmoins la faculté de hausser momentanément le cours des espèces étrangères, dans les limites du maximum d’évaluation aujourd’hui adopté par les Cantons concordants.

Art. 3. Le Conseil d’Etat est autorisé à prendre et à consentir à toutes les mesures qui seront jugées nécessaires pour l’exécution du Concordat monétaire.

Art. 4. Il est également autorisé à fixer des peines pécuniaires contre ceux qui, en contravention à ce traité, introduiraient ou feraient circuler des monnaies prohibées.
Ces peines, outre la confiscation des monnaies prohibées, consisteront dans une amende du quinze pour cent de la somme saisie en contravention. Toutefois, cette amende ne pourra être moindre de quatre francs.

Art. 5. Il est pareillement autorisé à fixer le cours des espèces étrangères dans le sens indiqué ci-dessus, art. 2.

Art. 6. Les pouvoirs mentionnés aux art. 4 et 5 cesseront de plein droit au 1er juin 1828, sauf à être renouvelés s’il y a lieu.

Art. 7. Le Conseil d’Etat est chargé de la publication et de l’exécution du présent Décret.

Donné, sous le Grand Sceau de l’Etat, à Lausanne, le 20 Mai 1826.

Le Landammann en charge:
(signé) Bourgeois.
Le Secrétaire,
(signé) Dan. Alex. Chavannes.

 

Conclusum et propositions.

Sauf meilleur avis de la Conférence monétaire assemblée à Berne, en septembre 1825, adressé aux hauts Etats de Berne, Lucerne, Fribourg, Soleure, Basle, Argovie et Vaud, relativement aux mesures d’exécution à prendre en suite du Concordat monétaire établi entre les hauts Etats, en Avril 1825, et de la Circulaire qui, à cet égard, a été adressée, le 1er Août de la même année, par le haut Etat de Berne aux autres Etats concordants. /343/

1o Expulsion et défense du billon des Etats non-concordants de la Suisse et des Etats étrangers.
(Circulaire, art. 1er. Concordat, § 9.)

« Les Etats concordants s’engagent de mettre hors de cours, dès le 1er Janvier 1826, le billon des Cantons non-concordants, et de le défendre entièrement, ainsi que tout le billon des Etats étrangers. »

a) En suite de cette disposition, une défense complète de cette monnaie est établie, comme conditio sine qua non sans dépréciation.

b) Cependant, afin que cette défense n’entrave pas le trafic journalier sur les frontières du territoire du Concordat, on propose, sauf meilleur avis, pour faciliter ce trafic, de permettre aux ressortissants du cercle du Concordat d’accepter les monnaies étrangères qui leur seraient remises par des personnes étrangères au territoire du Concordat; mais ces monnaies étrangères ne devront jamais être remises par de pareils ressortissants du Concordat, à d’autres ressortissants du Concordat, et par là pouvoir rentrer dans la circulation intérieure; si cela a lieu, l’acceptant et le débitant devront être punis.

c) Des mesures sévères contre l’introduction préméditée du billon étranger sont particulièrement recommandées aux hauts Etats, en leur abandonnant, cependant, les dispositions de détail.

d) Relativement aux punitions, on conseille, pour les cas où l’on ne peut supposer que de la négligence ou une méprise, de prononcer la simple confiscation; mais, au contraire, là où l’intention de se soustraire à la loi est visible, de prononcer, outre la confiscation, une amende de L. 2-10, lorsque le billon défendu forme un montant au-dessous de L. 10, et de L. 10-100, lorsqu’il se présente de plus grandes sommes.

e) Comme dans des Etats séparés il pourrait être efficace, pour la facilité des ressortissants, d’établir des bureaux où l’on pourrait, moyennant un agio raisonnable, changer le billon étranger qui existe, on en abandonne entièrement l’établissement au sage jugement des hauts Gouvernements.

f) On conseille, sauf meilleur avis, de faire exercer sur les marchés une inspection de police, pour que le billon étranger ne soit pas débité aux gens du pays, et ne soit pas mis en circulation dans le cercle du Concordat.

g) Une invitation particulière à tous les employés, pour qu’ils veillent sévèrement et continuellement à l’exécution des ordonnances que /344/ donneront à cet égard les autorités supérieures, et pour qu’en cas de contravention ils en avisent sans autre l’autorité compétente, est proposée ici comme un moyen efficace pour persuader aux employés la nécessité d’une exécution aussi efficace que possible.

h) Les hauts Etats sont de plus invités, chacun d’eux suivant ses institutions, à juger d’une manière sommaire et dans le plus court délai possible les contraventions qui auraient lieu contre les ordonnances monétaires.

i) On propose, comme étant conforme aux sentiments paternels des Gouvernements suisses, une disposition qui, pour l’expulsion du billon qui circule dans le cercle du Concordat et est soumis à une défense prochaine, consiste dans la publication d’un avertissement préalable, rédigé dans le sens du projet ci-joint, en désirant qu’un pareil avertissement puisse être publié par les hauts Etats concordants de la manière la plus uniforme que possible.

k) Enfin tous les Etats concordants sont invités à envoyer, au plus tard jusqu’au milieu du mois de Décembre de cette année-ci, plusieurs exemplaires des mandats monétaires qu’ils publieront en suite du Concordat, et des dispositions ci-dessus qui en dérivent, au haut Etat de Berne, comme Etat directeur, et de les communiquer de même amplement aux autres Etats concordants.

 

2o Retrait du billon helvétique.
(Circulaire, art. 2. Concordat, § 3.)

« Afin de diminuer entre eux la grande quantité de billon, ils s’engagent (les Etats concordants) de retirer de la circulation et de jeter au creuset, dans l’espace des deux années prochaines, la part qui les concerne du billon helvétique au dessous d’un franc, dont le montant total est évalué à L. 520,000, suivant l’échelle helvétique de 1803, et cela dans la proportion de 2/3 en batz et au dessous, et 1/3 en pièces de 5 batz; le tout conformément à la Tabelle A du Concordat. »

Les hauts Etats sont donc priés de retirer, dans le courant de l’année 1826, la première moitié des sommes assignées sur la dite Tabelle A d’après la proportion prescrite qui suit, afin que, conformément à l’ordonnance du $ 7 du Concordat, la déclaration du montant dont on a fait le retrait puisse avoir lieu dans le mois de Décembre de la même année. /345/

Il doit donc être retiré par:

Berne,en batz et 1/2 batzL. 19,903.5 
 en pièces de 5 batz9,951.529,855.-
Lucerne,en batz et 1/2 batz5,647.5 
 en pièces de 5 batz2,283.58,471.-
Fribourg, en batz et 1/2 batz4,035.5 
 en pièces de 5 batz2,017.56,053.-
Soleure, en batz et 1/2 batz3,928.5 
 en pièces de 5 batz1,964.-5,892.5
Basle, en batz et 1/2 batz4,439.- 
 en pièces de 5 batz2,219.56,658.5
Argovie,en batz et 1/2 batz9,444.5 
 en pièces de 5 batz4,722.514,167.-
Vaud, en batz et 1/2 batz12,866.- 
 en pièces de 5 batz6,433.-19,299.-
  SommeL. 90.396.-

On propose de plus, de défendre ce billon helvétique dès le 1er Janvier 1826, mais d’attendre, pour sa fonte et les dispositions y relatives, l’issue de la Diète de 1826, vu qu’il y a quelque espoir qu’il pourra y être fait mention d’une liquidation générale de ce billon.

On aura, dans le temps, à attendre à cet égard les propositions de la Commission d’inspection monétaire, et à garder soigneusement, dans l’intervalle, le billon qu’on aura retiré.

 

3o Retrait de ses propres monnaies.
(Circulaire, art 2. Concordat » § 4.)

« les Etats concordants s’engagent, de plus, à retirer de la circulation, à fondre, etc., etc., dans le terme de cinq ans, à compter dès le 1er Janvier 1826, une somme de L. 568,700 de leur propre billon, en 3/4 de batz et au-dessous, et 1/4 monnaie d’argent au-dessous du franc, dans la proportion d’un cinquième par an, suivant le rapport indiqué dans la Tabelle B.»

D’après cela, les hauts Etats sont pareillement priés d’ordonner, pour le courant de l’année 1826, le retrait du 1er cinquième des sommes assignées, suivant le rapport ci-dessous, afin que, comme /346/ pour les monnaies helvétiques, et conformément au contenu du § 7 du Concordat, la déclaration du montant de sa propre monnaie dont on a fait le retrait, puisse aussi avoir lieu en Décembre.

Il doit donc être retiré par:

Berne,en billon de cuivreL. 51,900.- 
 en billon d’argent17,300.-L. 69,200.-
Lucerne,en billon de cuivre11,212.5 
 en billon d’argent3,737.514,950.-
Fribourg,rien  
Soleure,en billon de cuivre7,200.- 
 en billon d’argent2,400.-9,600.-
Basle,en billon de cuivre4,687.5 
 en billon d’argent1,562.56,250.-
Argovie,rien  
Vaud,en billon de cuivre10,505.- 
 en billon d’argent3,435.-13,740.-
SommeL. 113,740.-

 

4o Estampille ou refonte de la quantité des besoins du billon qui a été adoptée.
(Circulaire, art. 2. Concordat, § 6 et 8.)

« § 6. Si, pendant la durée du présent Concordat monétaire, il était jugé nécessaire de refondre du vieux billon au lieu de l’estampiller, cela ne devra avoir lieu qu’avec la connaissance préalable et sous l’inspection de la Commission de surveillance monétaire, et dans aucun cas, on ne pourra ni dépasser par là la quantité des besoins du billon qui a été accordée au cercle entier du Concordat, ni augmenter l’état monétaire actuel d’aucun Etat; et, pour le cas ci-dessus, on établit déjà actuellement que ce billon recevra une empreinte commune à tous les Cantons concordants. »

§8. La quantité de billon qui doit rester en circulation dans le cercle du Concordat se monte, suivant la Tabelle B, à L. 3,816,000, qui, pour marque caractéristique, devront être munis d’une estampille du Concordat; cette estampille pourra être commencée avec l’année 1826, dans le plus court espace de temps possible, et, dans tous les cas, être achevée dans celui de cinq ans. » /347/

Comme il résulte des essais qui ont été faits à Berne, que l’opération de l’estampille, dont les frais, à la vérité, ne s’élèvent pas tout à fait à 1 % , défigure tellement les monnaies, et les rend en partie si méconnaissables, qu’elles ne seraient de la sorte bien accueillies ni par les hauts Gouvernements, ni par le public, on conseille, sauf meilleur avis, aux hauts Etats de rester attachés, à la vérité, au principe d’une marque commune pour les monnaies des Etats concordants qui resteront en circulation, mais de renvoyer l’opération de l’estampille même jusqu’à ce que l’on puisse recevoir des rapports satisfaisant, soit sur un plus grand nombre de faits relatifs à la partie technique, soit sur l’éloignement du billon étranger, et que, par conséquent, l’on attende, sur la possibilité ou la convenance d’une estampille, des propositions ultérieures de la Commission d’inspection monétaire, qui, au reste, devra faire, dans le courant de 1826, des propositions précises à cet égard; mais qu’en attendant, on laisse circuler librement dans le cercle du Concordat toutes les monnaies des Etats concordants.

Cependant, afin que ceux des hauts Etats qui, dans l’intervalle, voudraient entreprendre une refonte ou une empreinte à froid d’une partie de leur ancien billon, puissent procéder à une pareille opération dans le sens du § 6 du Concordat, on a trouvé nécessaire de s’entendre au plus tôt sur une empreinte commune, vu qu’alors les monnaies frappées d’une pareille empreinte devront être établies comme formant une monnaie particulière du Concordat.

On propose donc de placer, en tête de la monnaie, les armoiries et le nom de l’Etat compétent, avec le millésime et la valeur de la monnaie, et sur le revers, entourée d’un cordon, la croix fédérale, ayant au centre un C, et portant pour légende: Les Etats concordants de la Suisse.

On ajoute à cette proposition le vœu que l’on se réunisse relativement à la grandeur des monnaies, et que les demi-batz soient frappés dans une dimension plus petite que les batz.

5o Attributs de la Commission d’inspection monétaire.
(Circulaire, art. 4. Concordat, §6, 8, 10.)

§ 7. Toutes les années, au mois de Décembre, chacun des Etats concordants devra justifier auprès de la Commission d’inspection monétaire établie par le § 10, par un procès-verbal levé en présence /348/ d’un ou de deux Commissaires nommés par cette autorité, la fonte du billon compétent qui, conformément au Concordat, aura été retiré durant cette année-là.

§ 8. (Conclusion.) La Commission d’inspection monétaire aura à cet égard (de l’estampillage) à observer la même surveillance et à tenir le même contrôle qui lui sont prescrits pour le retrait du billon.

§ 10. Pour le maintien de ce concordat et l’inspection de la due exécution des engagements qui y ont été pris par les hauts Etats, il sera établi une Commission d’inspection monétaire, et cela avec les dispositions suivantes:

A. Chaque Etat concordant y nomme un membre, qui, aux frais de son Gouvernement, devra assister aux assemblées prescrites de la Commission.

B. Le haut Etat de Berne sera prié d’en prendre la Présidence.

C. La Commission s’assemble régulièrement toutes les années au moins une fois, et si possible, dans le courant du mois d’Avril.

D. Comme Commission d’inspection, elle a à veiller à ce que les dispositions du Concordat soient accomplies dans toutes ses parties, à ce que le billon étranger soit tenu éloigné, et à ce que le retrait et l’estampille des propres monnaies du Concordat soient exécutés sous son inspection. La pluralité des voix décide pour toutes les dispositions qui y sont relatives. — Comme autorité consultative, ou prédélibérante, la Commission d’inspection monétaire aura, de plus, à discuter sur ce qui pourrait être présenté et conseillé sur l’amélioration de la partie monétaire en général; sur quoi l’unanimité de tous les Etats sera nécessaire pour l’acceptation des propositions qui seront faites à cet égard. »

Les attributs de la Commission d’inspection monétaire contenus dans les paragraphes ci-dessus du Concordat, ne semblent pas, après la désignation des autorités des Etats avec lesquelles elle devra correspondre, et qui est insérée au protocole, exiger d’autres dispositions. Cependant, sauf meilleur avis, on manifeste le désir que, suivant le projet ci-joint, le Gouvernement compétent exige du premier employé monétaire, ou de la personne qui, dans chaque Etat, devra s’occuper des opérations résultant du Concordat, une promesse solennelle, en levant la main en lieu de serment, sur les obligations y relatives; ce dont on est prié de donner connaissance au haut Etat de Berne. Berne, le 23 Septembre 1825. /349/

Les Députés des hauts Etats:

Berne, (Signé) J. de Mutach, R. Tscharner. Lucerne, Meyer de Schauensée, Trésorier de l’Etat. Fribourg, Charles Schaller, Conseiller d’Etat. Soleure, Luthy, Staub. Basle, La Roche, Conseiller d’appel, ad referendum, J. J. Mérian-Wieland, ad referendum. Argovie, C. de Réding. Vaud, J. Muret, Landammann, De Molin, Juge de paix. Collationné: J. K. de Wattenwyl, secrétaire de la Commission monétaire.

NB. La présente convention additionnelle au Concordat monétaire a été ratifiée par Décret du Grand-Conseil du Canton de Vaud, en date du 20 Mai 1826.

Dès 1826, le canton de Vaud a mis à exécution les mesures qui devaient suivre le Concordat de 1825. En 1827, on a recuit les anciennes pièces de cinq batz et les batz, c’est-à-dire qu’on les a rougies an feu, puis blanchies et refrappées avec l’écusson cantonal d’un côté et la croix fédérale de l’autre. On a laissé dans la circulation les pièces de demi-batz et les creutzer.

Cet état de choses a duré jusqu’à l’année 1850.

 

/350/

PÉRIODE FÉDÉRALE.

Pour terminer notre travail, nous reproduisons la Loi fédérale sur les monnaies actuelles. L’exposé des motifs se trouve de fait dans les documents précédents que nous avons publiés à l’occasion du Concordat. Il sera facile, au moyen des détails que renferme la loi fédérale, de comparer le titre et l’alliage de nos monnaies avec le titre et l’alliage des monnaies que nous avons mentionnées dans le courant de notre Mémoire; de cette manière le passé sera lié au présent.

L’article 36 de la Constitution fédérale est conçu en ces termes:

« La Confédération exerce tous les droits compris dans la régale des monnaies. Les Cantons cessent de battre monnaie; le numéraire est frappé par la Confédération seule.

Une loi fédérale fixera le pied monétaire ainsi que le tarif des espèces en circulation; elle statuera aussi les dispositions ultérieures sur l’obligation où sont les Cantons de refondre ou de refrapper une partie des monnaies qu’ils ont émises. »

On s’assurera par les documents ci-joints, que l’on a jusqu’à un certain point atteint le but que l’on se proposait, d’avoir une seule monnaie pour toute la Suisse, ayant le /351/ même titre, en rapport avec le système décimal français. Cette mesure met un terme à l’agiotage.

Le système monétaire suisse n’a qu’un seul étalon, l’argent; c’est ce qui le distingue de celui des pays voisins, qui ont été obligés de prendre l’or et l’argent.

Nous n’entrerons pas dans de plus grands détails sur ce sujet; les personnes qui désirent connaître les mesures supplémentaires prises par l’autorité fédérale peuvent consulter les documents suivants:

Rapport présenté à la Haute Assemblée fédérale par le Conseil fédéral suisse sur sa gestion pendant l’année 1851, page 80, et celui de 1852, pages 80 à 129; plus, le Message du Conseil fédéral aux Conseils législatifs de la Confédération sur l’établissement d’un Hôtel suisse des monnaies, 6 janvier 1854.

Le retrait des monnaies a été opéré successivement, en commençant par le canton de Vaud (mars 1851), et finissant par les Grisons, Tessin et Genève (1852).

 

 

LOI
sur les monnaies fédérales.
(7 mai 1850.)

L’assemblée fédérale de la Confédération Suisse,

En exécution de l’art. 36 de la Constitution fédérale, après avoir pris connaissance du projet présenté par le Conseil fédéral,

Arrête:

Art. premier. Cinq grammes d’argent, au titre de neuf dixièmes (9/10) de fin, constituent l’unité monétaire suisse sous le nom de franc.

Art. 2. Le franc se divise en cent (100) centimes (rappes). /352/

Art. 3. Les espèces suisses de monnaie sont:

a) en argent:
la pièce de cinq francs,
la pièce de deux francs,
la pièce de un franc,
la pièce de un demi-franc (50 centimes);

b) en billon:
la pièce de vingt centimes (rappes),
la pièce de dix centimes (rappes),
la pièce de cinq centimes (rappes);

c) en cuivre:
la pièce de deux centimes (rappes);
la pièce de un centime (rappe).

Art. 4. Les espèces d’argent sont toutes au titre de l’unité monétaire; elles contiennent autant de fois le poids de cette unité que leur valeur nominale l’indique.

La pièce de vingt centimes est frappée au poids de 3 1/4 grammes, et contient 150/1000 d’argent fin; la pièce de dix centimes au poids de 2 1/2 grammes et contient 100/1000 d’argent fin; la pièce de cinq centimes au poids de 1 2/3 grammes et contient 50/1000 d’argent fin. L’alliage des monnaies de billon se compose de cuivre, de zinc et de nikel.

Les espèces de cuivre consistent en cuivre avec un alliage d’étain.
La pièce de deux centimes doit peser 2 1/2 grammes.
La pièce de un centime doit peser 1 1/2 gramme.

Art. 5. La tolérance du titre des monnaies suisses est fixée comme suit:

Pour toutes les monnaies d’argent la tolérance est de deux millièmes (2/1000) en dedans et autant en dehors, c’est-à-dire soit en moins, soit en plus. Pour les monnaies de billon, elle sera de sept millièmes (7/1000) en dedans et en dehors.

Les déviations qui pourraient survenir en dedans devront toujours être compensées par des déviations équivalentes en dehors.

Art. 6. La tolérance du poids, soit en dedans, soit en dehors, c’est-à-dire en moins ou en plus, est fixée comme suit:

a) pour les monnaies d’argent:

à trois millièmes (3/l000) pour la pièce de cinq francs,
à cinq millièmes (5/1000) pour la pièce de deux francs,
à cinq millièmes (5/1000) pour la pièce de un franc,
à sept millièmes (7/1000) pour la pièce de 1/2 franc; /353/

b) pour les monnaies de billon:

à douze millièmes (12/1000) pour la pièce de vingt centimes,
à quinze millièmes (15/1000) pour la pièce de dix centimes,
à dix-huit millièmes (18/1000) Pour la pièce de cinq centimes;

c) pour les monnaies de cuivre:

à quinze millièmes (15/1000) pour les pièces de deux et un centimes.

Dans les espèces d’argent et de billon la déviation n’est permise que par pièce; dans les espèces de cuivre, elle est permise pour chaque fois dix francs de valeur nominale, ou 1000 grammes de poids. Toutes déviations en dedans devront être compensées par des déviations en dehors.

Art. 7. Le diamètre des espèces d’argent doit être le même que celui des espèces françaises correspondantes.

Art. 8. Nul n’est tenu de recevoir en paiement des monnaies étrangères autres que celles qui sont frappées en exacte concordance avec le système monétaire élabli par la présente loi, et que le Conseil fédéral aura reconnu, après examen, comme remplissant cette condition.

Quant aux contrats passés avant la mise en vigueur de cette loi, les Cantons sont tenus d’établir encore dans le courant de l’année 1850, une échelle de réduction, qui devra être approuvée par le Conseil fédéral, pour la réduction des valeurs mentionnées dans ces contrats, aussi bien que des espèces qui seraient stipulées expressément et qui auraient été fondues d’après la présente loi. Les Cantons feront faire aussi des tableaux de réduction conformes à cette échelle.

Les contrats passés après la mise en vigueur de cette loi, en espèces ou valeurs étrangères déterminées, seront exécutés selon la teneur des conventions. Cependant les accords pour gages ou salaires doivent être conclus sur le pied monétaire légal, et les salaires ne peuvent être payés qu’en espèces légales.

Art. 9. Il est interdit aux caisses publiques de la Confédération d’accepter en paiement d’autres espèces que les monnaies légales. Seulement, dans des temps extraordinaires, où par suite des cours de change élevés il y aurait manque de monnaies légales, ces caisses /354/ devront être autorisées à accepter d’autres espèces. A cet effet, dès que et aussi longtemps que le cours de change correspondant au pied monétaire français est d’un demi ou de plus d’un demi pour cent au dessus du pair, le Conseil fédéral établit, pour les espèces frappées à un autre coin que les espèces légales, un tarif correspondant à leur valeur, d’après lequel elles doivent être acceptées par les caisses publiques de la Confédération.

Art. 10. Personne ne peut être tenu à recevoir en paiement une valeur de plus de vingt francs en pièces d’argent inférieures à celle de un franc, de plus de vingt francs en billon, et de plus de deux francs en monnaie de cuivre, quel que soit du reste le montant du paiement.

Art. 11. Le Conseil fédéral désigne dans chaque Canton les caisses chargées d’échanger au besoin les espèces suisses de billon ou de cuivre contre des espèces d’argent; mais cela seulement pour des valeurs de cinquante francs et au dessus.

Art. 12. L’Assemblée fédérale détermine chaque fois la quotité et les espèces des monnaies à frapper.

Art. 13. Les pièces de monnaie suisse usées seront retirées de la circulation, refondues et remplacées par des neuves; les frais de ces opérations seront portés chaque fois au budget des dépenses.

Le Conseil fédéral suisse arrête:
Article unique.

La présente loi fédérale sur la réforme du système monétaire suisse sera communiquée à tous les gouvernements cantonaux, pour la faire publier en la forme usitée, et sera insérée dans la feuille fédérale et au recueil officiel de la Confédération.

Berne, le 10 mai 1850.

Au nom du Conseil fédéral suisse,
Le président de la Confédération:
H. DRUEY
Le chancelier de la Confédération :
SCHIESS.

 

/355/

 

[Voir la note supplémentaire 6]

 

LOI
sur la mise à exécution de la réforme monétaire suisse.
(7 mai 1850.)
L’Assemblée fédérale de la Confédération suisse,

En exécution de la loi fédérale sur la réforme monétaire suisse,

ARRÊTE:

Art. 1. La réforme du système monétaire suisse, dont l’exécution est décrétée par la loi du 7 mai 1850, sera opérée par le Conseil fédéral.

Le déficit résultant de la fonte des monnaies cantonales tombe à la charge des cantons, chacun pour les monnaies frappées à son coin.

Le gain résultant des nouvelles frappes sera, après déduction de tous les frais, réparti entre tous les cantons, dans la proportion établie par l’échelle des contingents d’argent de 1838.

Art. 2. D’après les prescriptions de la susdite loi, les nouvelles monnaies suisses seront frappées et mises en circulation dans la quotité et dans les espèces suivantes:

a. Monnaies d’argent; 
500.000 pièces de cinq francsfr. 2,500,000
750.000 pièces de deux francs1,500,000
2,500,000 pièces de un franc2,500,000
2.000,000 pièces de demi-franc1,000,000
b. Monnaies de billon: 
10,000,000 pièces de 20 centimes2,000,000
12,500,000 pièces de 10 centimes1,250,000
20,000,000 pièces de 5 centimes1,000,000
c. Monnaies de cuivre: 
11,000,000 pièces de 2 centimes220,000
3,000,000 pièces de 1 centime30,000
62,250,000 pièces.fr. 12,000,000.

 

Art. 3. Le monnayage a lieu par séries successives. La caisse fédérale fera les avances nécessaires.

Art. 4. Le Conseil fédéral peut confier l’opération du /356/ monnayage à un établissement suisse ou, en tout ou en partie, à des établissements étrangers.

Art. 5. Toutes les monnaies suisses existantes actuellement en circulation, de quelque nature qu’elles soient, seront retirées par séries et dans un espace de temps déterminé, après lequel elles seront mises hors de cours et fondues.
Le retrait de ces monnaies se fera d’après le tarif annexé à la présente loi.

Art. 6. Le Conseil fédéral est chargé de l’opération du retrait. La caisse fédérale fera les avances nécessaires.

Art. 7. Ces avances consisteront d’abord dans le produit des nouvelles confections de monnaie et, comme supplément, en monnaies étrangères reconnues légales. Les fractions que ces monnaies ne pourraient représenter seront payées dans la monnaie de billon suisse encore en circulation, d’après l’évaluation du tarif annexé.

Art. 8. Les fonds nécessaires aux avances pour le monnayage et le retrait des espèces seront fournis au besoin par un emprunt spécial et temporaire.

Art. 9. Le Conseil fédéral est autorisé à contracter cet emprunt jusqu’à concurrence d’une somme de 4,000,000 de francs, nouvelle valeur.

Art. 10. Cet emprunt devra être remboursé par le produit de la liquidation des monnaies; il sera dressé un compte spécial de cette liquidation.

Art. 11. On calculera à l’avance d’une manière approximative la quote-part du déficit qui résultera pour chaque canton de la fonte de ses monnaies.
Le Conseil fédéral entrera aussitôt après en négociation avec les cantons pour le paiement de ces quote-parts, sous réserve du règlement de compte définitif après la clôture de la liquidation.

Art. 12. Les quote-parts doivent être payées immédiatement, en tout ou en partie, en argent comptant, ou en obligations des cantons en faveur de la Confédération.

Art. 13. Ces obligations peuvent être acquittées par termes successifs et périodiques; ces termes ne pourront dépasser dix ans. Ces obligations portent 4 % d’intérêt; c’est à ce même taux qu’auront lieu tous les décomptes mutuels de la liquidation des monnaies. /357/

Art. 14. Les intérêts à la charge des cantons sur leur quote-part de pertes dans chaque série de retrait commencent à courir dès le milieu du délai fixé pour le retrait.

Art. 15. Le Conseil fédéral négociera à sa convenance les obligations cantonales mentionnées à l’art. 12, pour en affecter le montant au paiement de l’emprunt, à moins toutefois que les cantons ne préfèrent les racheter.

Art. 16. Aussitôt que le monnayage d’une série sera terminé, le produit en sera appliqué au rachat des anciennes espèces suisses en circulation.

Art. 17. Si la somme des monnaies nouvellement frappées n’est pas suffisante pour racheter les anciennes espèces, il y sera pourvu d’après les prescriptions de l’art. 6 de la présente loi.

Art. 18. Les cantons opèrent le retrait des monnaies cantonales, sans égard à leur origine, conformément aux prescriptions spéciales du Conseil fédéral.

Art. 19. Il est accordé deux mois pour le retrait des espèces de chaque série; on publiera à temps l’époque précise où les anciennes monnaies seront soumises au cours légal du tarif de retrait. Cette disposition n’a aucun effet rétroactif sur les contrats antérieurs.

Art. 20. A l’expiration du premier mois de délai pour le retrait des espèces, nul ne pourra être tenu, sauf les caisses fédérales désignées, à recevoir en paiement à un cours quelconque, ces anciennes monnaies, dont le retrait a été publié. A l’expiration du second mois, ces espèces seront mises également hors de cours pour les caisses fédérales.

Art. 21. Le nouveau système de valeurs entrera en vigueur au moment de l’émission de la dernière série des monnaies. Jusqu’à cette époque et à dater du 1er juillet 1850, toutes les caisses fédérales recevront les espèces étrangères en circulation au taux suivant:

L’écu de Brabant ou le Kronenthaler40 1/2 Batz.
La pièce de cinq francs de France35 1/2
Le florin de l’Allemagne méridionale15
La pièce de 20 kreutzer d’Autriche6
La pièce de deux francs de France14
La pièce de un franc de France7
Le demi-franc de France3 1/2

Cependant ces trois dernières monnaies prises collectivement pour une valeur de 5 francs vaudront 35 1/2 batz. /358/

Les nouvelles monnaies suisses auront le même cours que les monnaies françaises de valeur nominale correspondante.

Les monnaies d’or et les grosses espèces d’argent de la Suisse, ainsi que les anciennes monnaies suisses en argent seront acceptées d’après l’évaluation du tarif annexé à la présente loi. Le billon et les monnaies de cuivre suisses seront acceptés à leur valeur nominale actuelle.

Ces taxes ne sont cependant applicables ni au paiement des intérêts de capitaux déjà placés ou des capitaux eux-mêmes, ni aux créances ou contrats antérieurs de l’administration fédérale des finances.

Art. 22. Les lois monétaires cantonales actuelles resteront en vigueur jusqu’à l’époque de l’introduction du nouveau système de valeurs, en tant que leurs dispositions ne seront point contraires à celles de la présente loi.

Dans les cantons où il pourrait être nécessaire de faire des prescriptions temporaires pour la période de transition, ces prescriptions émaneront des autorités cantonales compétentes, mais elles devront être soumises à l’autorisation préalable du Conseil fédéral.

Art. 23. Du moment où le nouveau système monétaire entrera en vigueur, il sera appliqué à tous les actes et à tous les comptes des autorités fédérales et cantonales.

Le Conseil fédéral suisse arrête:
Article unique.

La présente loi fédérale sur la mise à exécution de la réforme monétaire suisse, avec le tarif d’échange ou de retrait, sera communiquée à tous les gouvernements cantonaux pour la faire publier en la forme usitée, et sera insérée dans la feuille fédérale et au recueil officiel de la Confédération.

Berne, le 10 mai 1850.

Au nom du Conseil fédéral suisse,
Le président de la Confédération:
H. DRUEY
Le chancelier de la Confédération :
SCHIESS.

/359/
Tarif
pour l’échange ou retrait des anciennes monnaies.

Les monnaies d’or, ainsi que toutes les monnaies d’argent, seront retirées au taux de leur valeur nominale en francs de Suisse et rappes actuels.

La contre-valeur en sera payable en espèces neuves, le nouveau franc à raison de 71 rappes, la pièce de 5 francs à 35 1/2 batz; pour les fractions seulement qui ne peuvent être représentées en espèces neuves, on donnera de l’ancienne monnaie courante.

Espèces d’or.Fr. Rp.PiècesFr. Rp.
Doublons de Berne, etc. (multiples en proportion)16.20  
Ducats de Berne, etc8.10  
Pièces de 10 francs de Lucerne10.12  
Pièces de 20 francs de Genève14.20  
Pièces de 10 francs de Genève7.10  
Grosses espèces d’argent.   
Pièces de 10 francs de Genève7.10  
Pièces de 4 francs (écus neufs) de tous les cantons4.05728.40
Pièces de 2 florins (florin en proportion) de Zurich3.25  
Pièces de 2 florins (1, 2/3, 1/2 en proportion) de Bâle3.04721.30
Pièces de 2 francs de tous les cantons2.02714.20
Pièces de 21 batz de Neuchâtel1.90  
Pièces de 1 franc de tous les cantons1.0177.10
Menues espèces d’argent.   
Pièces de 8 batz (1/2 fl.) de Zurich0.80  
Pièces de 5 batz (1/2 franc) de tous les cantons0.50  
Pièces de 15 schillings de Glaris0.45  
Pièces de 4 batz (1/4 fl.) de Zurich0.40  
Pièces de 15 kreuzer de St.-Gall0.37  
Pièces de 10 schillings de Lucerne0.32 
Pièces de 2 1/2 batz de tous les cantons0.25  
Les monnaies de billon et de cuivre sont
tarifées d’après le nouveau système et seront échangées
exclusivement contre des espèces neuves. /360/
   
Pièces de 3 batz de Bâle0.427130.00
Pièces de 2 batz de Zurich, Uri, Schwytz 0.287120.00
Pièces de 5 schillings de Lucerne0.23102.30
Pièces de 6 kreuzer de St.-Gall0.20102.10
Pièces de 1 batz de tous les cantons (Glaris et Neuchâtel exceptés)0.147110.00
Pièces de 1 batz de Neuchâtel et de 3 schillings de Glaris0.13101.30
Pièces de 1/2 batz de tous les cantons (Neuchâtel excepté)0.07715.00
Pièces de 1/2 batz de Neuchâtel0.06201.30
Pièces de 1 Schilling de Zurich0.05402.25
Pièces de 1 Schilling de Lucerne0.04200.90
Pièces de 1 Schilling de Glaris0.04251.00
Pièces de 3 soldi du Tessin0.09100.90
Pièces de 1 kreuzer de tous les cantons0.03100.35
Pièces de 2 rappes de tous les cantons0.03100.28
Pièces de 1 blutzger des Grisons0.02200.45
Pièces de 1/2 kreuzer de tous les cantons0.01200.35
Pièces de 1 rappe de tous les cantons0.01100.14
Pièces de 6 denari du Tessin0.01100.15
Pièces de 3 denari du Tessin - 100.07
25, 10, 5, 4, 2 et 1 centimes de Genève d’après leur valeur nominale   

Le Conseil fédéral est autorise à admettre encore, cas échéant, d’autres monnaies dans le tarif et à les tarifer proportionnellement aux autres espèces.

Le Conseil d’Etat du canton de Vaud a déterminé que, pour les relations commerciales, le rapport entre les anciennes et les nouvelles monnaies serait de 100 fr. nouveaux pour 69 fr. anciens.

 

Monnaies fédérales.

Un concours avait été ouvert par le Conseil fédéral pour les dessins des coins des monnaies, en exécution de la loi précitée. Une commission fut chargée de faire un rapport sur les projets présentés. Nous extrayons de ce rapport les passages suivants: /361/

« On avait pensé à faire de l’écu une espèce de médaille et placer une figure sur la face; mais la grande difficulté était de trouver une allégorie qui pût satisfaire la grande majorité des Suisses.

Les uns voulaient une figure de la Confédération debout; d’autres préféraient une Confédération assise. Le modèle proposé par M. A. Bovy a quelque close de trop élégant, de trop gracieux pour une personnification de la Confédération suisse; on aurait préféré une figure plus grave.

Le dessin de M. Bonnet, de Lausanne, avait spécialement attiré l’attention de la commission: une figure d’homme debout, vêtu à l’antique, s’appuyant de la gauche sur un autel, où se lit: Constitution fédérale, 1848; de la droite, elle s’appuie sur une grande épée, dont la pointe repose à terre.

Nous mentionnerons encore un dessin représentant les trois Suisses du Grütli. — Ce modèle avait un caractère historique qui lui donnait plus d’un titre pour être choisi.

En vue de préserver l’effigie, et considérant les difficultés du choix du sujet, la majorité de la commission abandonna l’idée d’une figure, pour faire la proposition suivante touchant les pièces d’argent: La croix fédérale, rappelant l’idée religieuse et l’idée nationale; le faisceau placé derrière comme signe d’union et de concorde; il est surmonté du chapeau suisse de la liberté, symbole d’indépendance. Le revers serait consacré à l’idée cantonale, en même temps qu’à la valeur et au millésime de la monnaie. Dans le champ serait placée une couronne de chêne et de roses des Alpes; on allierait de cette manière le grand arbre des forêts de la plaine avec l’arbrisseau qui approche le plus des neiges éternelles; autour de la couronne, vingt-deux étoiles représentant les vingt-deux cantons de la Suisse. » /362/

Le Conseil fédéral a communiqué ce projet à M. A. Bovy, de Genève, en le chargeant de faire les dessins. Nous donnons la description des pièces frappées.

argent.Cinq francs. La Confédération, sous la forme d’une femme assise; elle regarde à gauche, et de la main droite elle montre les Alpes; sa gauche est appuyée sur l’écu fédéral. Derrière elle, des attributs de l’agriculture. Légende: helvetia.
Au revers, une couronne de chêne et de rhododendron (rose des Alpes), au-dessous de laquelle est un A. Dans le champ: 5 fr. 1850, ou 1851.

Deux francs. — Les dessins et les légendes sont les mêmes que pour l’écu. Dans le champ: 2 fr.

Un franc. — Même dessin. Dans le champ: 1 fr.

Demi-franc. — Même dessin. Dans le champ: 1/2 fr.

Toutes les pièces d’argent ont un cordon sur la tranche.

Billon. Vingt centimes. — Un écusson avec la croix fédérale, placé sur deux branches de rhododendron, qui sortent à droite, à gauche et au-dessus. Légende: helvetia; dessous: 1850.
Revers: une couronne de rhododendron; dessous, B. Dans le champ: 20.

Dix centimes. — L’écusson avec la croix entouré de deux branches de chêne, helvetia 1850.
Au revers, une couronne de chêne; dessous, B; dans le champ: 10.

Cinq centimes. — Autour de l’écusson, des épis de blé. helvetia 1850.
Au revers, une couronne de vigne avec des raisins; dans le champ: 5.

Les pièces de billon n’ont pas de cordon sur la tranche./363/

cuivre. Deux centimes. — Un écusson avec la croix fédérale, surmonté du chapeau de Guillaume Tell; à droite, une branche de chêne; à gauche, une branche de laurier; légende: helvetia. 1850.
Revers: deux branches de laurier; dessous, A; dans le champ, 2.

Un centime. — Même dessin; dans le champ: 1.

 

LA CROIX FÉDÉRALE.

On a peu de données sur l’apparition de la croix fédérale dans les armes de la Confédération. Ce signe figure dans l’écusson du canton de Schwytz, où il est placé sur un fond de gueules (rouge), comme sur le drapeau fédéral. Tout nous porte à croire que ce sont la même croix et les mêmes couleurs, qui comme le nom de ce canton, Schwytz, ont passé à la Confédération entière, Suisse.

La plus ancienne représentation de la croix sur une médaille suisse est de 1548. Les cantons furent parrains de Claudia, fille d’Henri II, roi de France; ils lui donnèrent à son baptême la médaille dont voici la description (Haller, No30):

[Voir la note supplémentaire 7]

Cette médaille, qui est une des plus belles frappées en Suisse, présente d’un côté les écus des treize cantons: Zurich, Berne, Lucerne, Uri, Schwytz, Unterwald, Zug, Glaris, Bâle, Fribourg, Soleure, Schaffhouse et Appenzell, liés ensemble par des chaînes; entre chaque écu est placée une fleur-de-lis, signe de l’alliance avec la France.

Sur le revers se voient les écus des Alliés: St.-Gall la Ville, St.-Gall l’Abbé, Grisons, Valais, Rotwyl, Mulhausen et Bienne. Une croix soutenue par deux anges est /364/ placée au centre de la pièce; on lit sur cette croix: si devs nobiscvm — qvis contra nos. Nous reproduisons cette partie de la médaille:

croix fédérale

Dès lors, la croix a paru sur un certain nombre de médailles, et plus tard sur le drapeau des Confédérés. A la suite du concordat monétaire de 1825, elle est arrivée pour la première fois sur les monnaies, ainsi que nous l’avons vu plus haut.

De nos jours, la croix fédérale est formée de quatre branches égales en longueur, soit de cinq carrés placés en forme de croix, comme dans la figure ci-dessous.

croix fédérale

Le peuple suisse est aujourd’hui du très petit nombre des nations qui ont conservé un signe religieux sur leurs monnaies.

 

Valeur d’un certain nombre d’objets de première nécessité.

Nous avons choisi pour faire cette estimation le commencement de l’année 1853; à cette époque-là, le prix pouvait être considéré comme un prix moyen. /365/

Le froment, moyenne des 2 prem. trimestres de 1853, la mesure, fr. 2.94
Le méteil, id., 2.80
Le seigle, 2.12
L’orge, 1.80
L’avoine, 0.90
Pommes de terre, 0.80
Les chataignes, 4.00
Les fruits secs,4.00
Les pommes, 0.70

Le vin, en gros, 30 c. le pot vaudois;
— le lait, 15 c.;
— l’eau de cerises, 2 fr.;
— l’huile de noix, 2 fr.

La livre (1/2 kil.) de pain blanc, 16 c.;
— le fromage ordinaire, 60 c.;
— la viande de bœuf, de mouton, à la boucherie, 44 c.;
— fournitures pour la caserne et l’hospice cantonal: la viande 35 c.; — le veau 30 à 40 c.;
— porc gras, 35 à 40 c.;
— lard fumé, 75 à 80 c.;
— le beurre, de 70 à 90 c.;
— les chandelles, 80 c.;
— le sucre, 50 c.;
— la graisse de bœuf, 70 c.;
— le café ordinaire, 75 c.;
— le sel, 10 c.
— Le sel fabriqué aux salines de Bex est revenu en 1852 à 3 fr. 28 c. 8/10 le quintal.

Les œufs se vendent: en été, 8 pour 30 c.; en hiver, 4 pour le même prix.

La milaine vaut de 2 à 5 fr. l’aune; — la toile de ménage, de 1 fr. 60 c. à 3 fr.;
— la rite, 70 c. à 1 fr. la livre;
— le fil, 1 fr. à 1 fr. 50 c.;
— la laine non filée, 1 fr. 50 à 2 fr.

Une paire de souliers se vend de 6 à 7 fr.;
— un cuir de bœuf vaut, frais, 30 à 32 c. la livre;
— le cuir travaillé, 1 fr. 30 c. la livre.

Journée d’un manœuvre à la campagne, nourri: 60 à 70 c. en hiver, 80 c. à 1 fr. en été;
— journées dites de ville, 1 fr. 50 c. en hiver, et 1 fr. 80 c. en été;
— d’une lingère, 45 c.;
— d’une tailleuse et d’une repasseuse, 90 c.,
— d’une matelassière, 75 c.;
— d’une lessiveuse, 1 fr., avec la nourriture.
— Journée des terrassiers au Mauremont, pour le chemin de fer, 2 fr.;
des mineurs, 3 fr. Ces ouvriers payaient 15 c. la soupe, et 10 c. la couchée.

La journée d’un charpentier est de 2 fr. à 2 fr. 80 c.;
- d’un maçon, 2 fr. à 2 fr. 30 c.,
-et 2 fr. 90 c. à 3 fr. celle d’un gypsier.

Un domestique de vigneron reçoit, à Lavaux, 120 fr. pour son travail dès le 28 janvier au 5 juillet;
— une effeuilleuse, 16 fr. pour le temps;
— une vendangeuse, 50 c. par jour;
— un brantare, 1 fr.

Minimum du traitement d’un régent bréveté, en argent, 522 fr.; /366/
— pension alimentaire d’un élève à l’école normale, par mois, 27 à 30 fr.;
— prix du loyer d’une chambre, par mois: 6 à 12 fr.

Indemnité de séance d’un membre du Grand-Conseil, par jour: 4 fr. 35 c.; pour le transport, par lieue, aller et retour: 1 fr. 45 c.; — indemnité d’une séance de juré, 2 fr. 90 c.;
- transport, par demi-lieue, aller et retour: 75 c.
— Insertion d’un avis dans la feuille des avis officiels, par ligne de 65 lettres, 14 c.

La charge de sable d’un âne, d’Ouchy à Lausanne, se paye 25 c. Un conducteur en mène dix à la fois; il fait en moyenne six voyages par jour.
- Un charretier avec deux chevaux peut gagner 7 à 8 fr. par jour.
- On loue un char de course pour 5 fr. la journée.
- On paie 1 fr. 20 c. pour le labour à la charrue d’un fossorier, soit 50 toises, de champ;
— pour ramoner une cheminée, 35 c.

Un cheval, prix moyen, vaut 450 fr.;
— une vache, 240 fr.;
— un mouton, 10 à 20 fr.;
— une chèvre, 20 à 25 fr.;
— une poule, 1 fr. à 1 fr. 50 c.;
— le foin nouveau, le quintal, 1 fr. 50 c. à 2 fr.;
— le foin vieux, 2 à 3 fr.; — la paille, 1 fr. 50 c. à 2 fr. 50 c.

Le prix d’un moule de bois de sapin (125 pieds), 25 fr.;
- un moule de fayard, 40 fr.;
— le quintal de houille du pays, 1 fr. 75 c.;
— un bec de gaz, à l’heure, 6 c.;
— un sac de charbon (4 mesures), 2 fr.;
— pour la fabrication d’un moule de bois, l’Etat a payé, en 1852;
— au Jorat, 1 fr. 55 c. à 1 fr. 85 c.;
— au Devens (rendu sur un chemin), 3 fr. 40 c.;
— à Daillens, 2 fr. 60 c.;
— à Charmontel, 2 fr. à 2 fr. 15 c.;
— à Boulex, 2 fr. 20 c. à 2 fr. 85 c.;
— à Rovérex, 2 fr. 30 c.;
— à St.-Pierre, 2 fr. 90 c.

Un millier de tuiles coûte 30 fr.;
— un quarteron de plâtre, 50 c.;
— à Lavaux, le demi-char de chaux se paie 10 fr. 50 c.;
- le sable nécessaire, rendu, 10 fr. 50 c.;
— le pied de pierre à bâtir, 8 c.

Administration des postes.
Prix du transport des voyageurs, par lieue, 45 c.;
— ports des lettres: 1er rayon (2 lieues), 5 c.;
- 2e rayon (10 lieues), 10c.;
- 3e rayon (le reste de la Confédération), 15 c.
— Relai d’une distance de 2 1/2 lieues à 3 lieues, par cheval attelé: 1500 fr. par an.
— Un équipage à 2 places coûte 750 fr.; à 16 places, 4200 fr.
— On paye le fer à travailler 25 à 30 c. la livre;
— le fer doux posé, 1 fr.;
— un cuir de vache travaillé, 52 fr.

Dans une auberge, le prix pour le déjeûner est de 50 c. à 1 fr.; de 1 fr. à 3 fr. le dîner, et de 1 fr. à 1 fr. 50 c. la couchée.

 


/367/

 

ENFOUISSEMENTS MONÉTAIRES.

Nous avions commencé, au mois de novembre dernier, un court mémoire sur les monnaies de l’évêché de Lausanne; l’étude du type carlovingien nous a entraîné au delà des bornes que nous nous étions tracées d’abord, et successivement nous avons passé en revue toutes les monnaies du bassin du Léman. Loin de nous la prétention d’avoir traité à fond le sujet. En dehors de l’idée carlovingienne, nous nous sommes borné à tracer des esquisses et à saisir le type des diverses époques, de manière à faire ressortir le caractère qui a présidé à chaque mouvement social ou religieux. Ce qui nous a donné du courage, car nous en avions grand besoin, c’est l’appui que nous avons reçu de tous côtés. Nous remercions sincèrement toutes les personnes qui ont bien voulu nous aider, et plus spécialement MM. Fr. de Gingins, président honoraire de la Société d’histoire, Ch. Lohner, ancien landammann, à Thoune, et F. Keller, président de la Société des antiquaires de Zurich; leurs communications et leurs conseils ont beaucoup facilité notre tâche. Nous devons mentionner une circonstance qui a bien son importance, c’est la coopération de M. Spengler fils comme dessinateur; lorsque nous avons vu que nous pouvions compter sur un dessinateur habile, reproduisant avec /368/ soin tous les détails des pièces, nous avons entrepris de nouvelles recherches avec plus de confiance et d’ardeur.

Autant que cela a été possible, nous avons réuni les documents qui se rattachent à l’économie en général, soit pour le titre des monnaies quant à l’alliage, soit pour leur valeur dans les temps les plus anciens. C’est un sujet dont les économistes ne nous semblent pas s’être assez préoccupés. Cependant la numismatique n’est pas une simple étude de luxe, un passe-temps pour les amateurs de vieilleries. On pouvait tenir compte davantage des rapports de la valeur de l’objet échangé avec la valeur de la monnaie.

Il est curieux de suivre, à travers les documents, les déprédations que la monnaie a subies, surtout depuis la découverte de l’Amérique; on peut dire que l’or et l’argent ne valent aujourd’hui que le dixième de ce qu’ils représentaient avant cet événement. Aujourd’hui encore, la valeur de l’or est atteinte par la richesse des mines de la Californie et de l’Australie. La création de la lettre d’échange et du billet de banque a modifié en son temps l’estime des métalliques. Insensiblement le droit régalien de la monnaie est absorbé par les banquiers; ce sont les nouveaux princes féodaux: ils n’ont pas le droit de battre monnaie, mais on leur reconnaît celui de mettre en circulation le moyen de l’échange. L’atelier monétaire se transforme. Un coup d’œil jeté profondément dans son passé n’est pas une distraction aride et inutile: c’est une étude sans laquelle l’histoire est incomplète.

C’est pourquoi nous avons rattaché autant que possible les signes des monnaies aux événements historiques leurs contemporains. En effet, pour reprendre notre idée, si l’histoire est nécessaire à la numismatique, la numismatique aide à /369/ l’histoire. Tout a sa raison d’être dans ce monde, et rien ne se fait sans intention; plus on étudiera les signes, les légendes qui ornent les monnaies, plus on arrivera à l’idée qu’ils formulent la pensée de l’époque à laquelle ils se rapportent, pensée tantôt personnelle dans la forme, tantôt générale, quelquefois guerrière, souvent religieuse; pensée qui est toujours sociale, en prenant ce mot dans l’acception la plus étendue, et qui dans certains cas a revêtu un caractère tout particulier. Les anciens Celtes figuraient sur leurs monnaies les objets de l’échange: un cheval, un sanglier, un chien. Les Grecs, plus poétiques, y burinaient l’image de leurs dieux. Les Romains ont laissé sur leurs monnaies l’histoire de leur république et de leurs conquêtes. Charlemagne a donné aux siennes un caractère religieux. La féodalité est venue avec ses individualités, elle a fait graver des armoiries. Puis une petite république industrieuse a lié le signe de l’échange avec les préceptes du travail. Ainsi chaque époque a son caractère.

L’art s’est joint à ces divers éléments, et il a relevé les signes représentés. Nous faisons suivre notre Mémoire d’un certain nombre de planches, où nous avons figuré les pièces les plus caractéristiques.

Enfin nous y joignons le bordereau de toutes les trouvailles faites dans nos environs.

Notre pays est placé géographiquement de manière à unir le nord avec le midi, l’orient avec l’occident. Chaque migration y a laissé des traces de son passage. Les enfouissements monétaires font penser, par la diversité des pièces qu’ils nous rendent, à une multitude d’accidents de la vie d’autrefois, aux rapports des peuples entre eux, aux voyages, aux événements considérables, aux catastrophes, aux /370/ préoccupations d’une époque. Réunis avec ordre dans un local commun, ces documents offrent a chacun mille souvenirs historiques. C’est dans ce but que nous avons tenté de classer les monnaies au Musée du canton de Vaud; nous avons recueilli déjà bien des choses: espérons que nos concitoyens continueront à enrichir le médaillier de tout ce qui peut le rendre utile et instructif pour la société.

 


 

INDICATION DES TROUVAILLES.

AVENCHES

On a trouvé dans cette ville des antiquités de tout genre. M. Troyon, mon collègue au Musée cantonal, en a dressé l’inventaire l’année dernière. M. Levade cite quelques objets: les médailles en or, en argent et en cuivre, dès les premiers empereurs jusqu’à Honorius.

En fait de monnaies étrangères, M. Levade cite des pièces d’Alexandre-le-grand, de Mithiridate, de Hiéron; des médailles grecques et égyptiennes d’empereurs romains, des familles impériales byzantines, de Léon, Zénon, Héraclius, jusqu’aux Paléologues; une d’Attila, roi des Huns. On prétend même en avoir trouvé une d’Orgétorix. (Levade, page 34.)

On a déterré à Avenches beaucoup de pièces romaines; une partie sont réunies dans le Musée de cette ville, d’autres dans celui de Lausanne.

M. L. Wolf, de Bordeaux, vient de terminer le classement des monnaies romaines de la collection cantonale; elle se compose de 2000 pièces environ en or, en argent et en bronze, dont 1400 environ de coins différents. La suite des empereurs romains est presque complète. Ce travail a été fait avec beaucoup de sagacité.

monnaie d'AttilaLe Musée cantonal possède une pièce d’Attila; nous l’avons figurée Pl. 8, No 1. Sur une face on voit le buste du chef des Huns; deux ailes ornent ses épaules; légende atevla. Au revers, un animal ressemblant à un cheval avec d’énormes oreilles semblables à des cornes, peut-être un bison analogue à celui figuré par Chifflet, p. 44. Entre les jambes est une étoile formée de deux triangles superposés; /371/ au-dessus un ornement en forme d’S. Légende vlatos. Les caractères des deux légendes sont latins et les lettres sont disposées de manière à être lues extérieurement. Un léger cordon de perles soit grenetis se voit sur le bord.

Nous avons sous les yeux le dessin d’une monnaie de vercingetorix; les caractères de la légende sont analogues et placés aussi de manière à être lus extérieurement. Le même cordon s’y trouve. Sur l’autre face, un cheval; au-dessus un S de forme semblable à la précédente.

La pièce d’Attila est remarquable par les ailes. Nous ne connaissons pas de monnaies européennes avec cet ornement qui nous paraît oriental. Il se pourrait que les artistes gaulois, chargés de graver ces monnaies, eussent repris le type gaulois en y ajoutant un caractère emprunté à l’orient.

Chifflet, dans le Visontio civitas imperialis, 1628, figure deux pièces d’Attila. Ses dessins ne nous paraissent pas exacts; les légendes sont placées de manière à être lues de l’intérieur. Köhler, Münz-Belustigung, donne une dissertation sur les monnaies d’Attila, tome II, p. 353. Gessner, Mumismatica, Tiguri 1738, hommes illustres Pl. 4, No 31, figure aussi une pièce du roi des Huns; la légende y est bien placée. L’exemplaire n’était pas bien conservé; l’animal ressemble à un chamois.

 

MOUDON.

On a vu dans le cours du Mémoire que l’on a trouvé une grande variété de pièces dans cette ancienne ville. Il y en a des Celtes, des Romains, des Rois francs, des Sarrasins; les pièces des princes de Savoie n’y sont pas rares.

 

[Voir la note supplémentaire 8]

NYON.

On rencontre fréquemment dans les fouilles des médailles romaines. Bon nombre de ces pièces ont été achetées par les Genevois; MM. Giral et Buvelot, de Nyon, ont réuni une collection locale. On a déposé au collége un monument des plus intéressants, trouvé il y a quelques années en ouvrant un fossé pour un tir cantonal. C’est une espèce de sphère en marbre qui s’ouvre par le milieu; dans l’intérieur était placé un vase en verre en forme de coupe, dont le rebord supérieur est fermé hermétiquement et contient de l’eau; de plus, une soucoupe pareillement de verre et un anneau d’or de chevalier romain avec des cendres et des os calcinés. /372/

 

ORBE.

On rencontre fréquemment des monnaies romaines dans les fouilles faites aux environs d’Orbe. On a donné au Musée un tiers de sol d’or de Zénon.
Nous avons décrit un triens des rois francs provenant de la même localité.
Enfin le Musée possède une pièce d’or de Honorius trouvée en arrachant un sapin près de Vallorbes.

 

GENÈVE.

En 1841, M. Fr. Soret a lu à la Société d’histoire un mémoire sur les Enfouissements monétaires de Genève et de ses environs. Nous renvoyons à ces précieux documents les numismates qui veulent avoir une connaissance détaillée de ces pièces.

La période gauloise est traitée soit dans ce Mémoire, soit dans une lettre à M. de Saulcy en 1841 (Revue numismatique).

Quant à la période romaine, M. Soret ne peut affirmer positivement qu’on ait des as et des fractions d’as; Gregorio Leti donne des détails sur des découvertes faites lors du creusement des fortifications en 1662. M. Soret signale encore les consulaires des familles Servilia, Æmilia, Poblicia, Cæcilia et Postumia.

Les médailles des quatre ou cinq premiers siècles de notre ère sont très abondantes. Il ne serait pas difficile de retrouver la série presque complète de tous les empereurs romains, à partir d’Auguste jusqu’aux premiers empereurs byzantins, dans les collections qu’on a extraites de notre sol.

M. Soret signale des monnaies coloniales d’Espagne en bronze frappées sous le règne de Tibère, et, en fait de pièces d’or, un Claudius Cæsar, un Galba, un Philippe I, deux quinaires du tyran Constante III, un quinaire de Honorius, un Anastase, un triens d’Anastase (trouvé dans les marais de Boége en 1840, c’est celui que nous avons figuré), une imitation barbare des triens de Justin I ou de Justinien.

Il finit par l’indication des trésors d’Hermance, St.-Genis, Landecy, de la rue Traversière à Genève, Vézenaz, Bredannaz près d’Annecy. Les lieux où l’on a trouvé des médailles isolées sont: Chateaublanc, Annemasse, Archamp, Bellegarde, Boége, Bonne, Bonneville, Carouge, Céligny, Champel, Chêne, Choully, Colonge, /373/ Cologny, Coppet, Corsier, Evire, Genthod, les Granges, Musinens, Nyon, la Perte du Rhône, etc.

Le trésor de Landecy était de 7000 médailles, dont 3700 de Gallien.

 

MONTAGNY.

Au commencement de novembre 1846, en arrachant une vigne à trois pieds de profondeur, on a déterré dans le domaine de Montagny sur Lutry environ 1200 petites monnaies, renfermées dans un sac ou bourse. En voici le bordereau:

1o S. M. Vienna: Maxima Galliarum. Duby, Pl. 9, Nos 4, 5, 6, 8. Il y avait 400 sols viennois d’argent, portant des profils d’évêques différents, les uns barbus, les autres rasés. Un demi-sol d’argent. Duby, Pl. 9, No 7.

2o Urbs Valentia: Apollinaris. Duby, Pl. 9, No 4. Une centaine de sols valentinois de même frappe. Douze demi-sols d’argent, non figurés dans Duby.

3o Avenio: Nensis, avec la clef. Une trentaine de pièces de billon de papes frappées à Avignon.

4o Prima sedes: Galliarum. Dix pièces d’argent de Lyon, probablement des deniers, figurées dans Duby, Pl. 7, Nos 6, 7, 8, 9. Dix pièces de demi-valeur en argent, figurées dans la même planche sous les Nos 10, 11 et 12.

5o S. E. A. Maria: Urbs Arverna. Duby, Pl. 7, No 3. D’après Duby, ces pièces en argent ont été frappées à Clermont en Auvergne, dans le onzième siècle, sous le règne de Philippe Ier. Il y en avait environ 40 de même frappe.
Plus 6 pièces de la moitié de la valeur des précédentes, avec les légendes et les signes analogues. Elles ne sont pas figurées dans l’ouvrage de Duby.

6o Segusta: Humbertus. Ce sont les pièces les plus anciennes de la maison de Savoie; elles sont figurées en tête de l’ouvrage de M. Promis. Les comtes de Savoie frappaient leur monnaie à Suze. Les deux pièces trouvées ne sont pas identiques avec celles qui ont été figurées par M. Promis, T. I, Nos 1, 2 et 3, Humbert II; il y a quelques légères différences dans la disposition des points et des lettres.

7o De Andusia: de Salve. Duby, Pl. 108, No 1. On peut rapporter ces pièces à Bernard, premier seigneur d’Anduze et de Sauve, /374/ qui est mort en 1024. Ces monnaies de billon étaient au nombre de cinq.

8o S. C. S. Martinus: Turonus civi. Duby, Pl. 16, No 3. On n’a trouvé que deux sols tournois.

9o Ugo Dux Burgundie: Divionensis. Duby, Pl. 19, No 6. Cette monnaie a été frappée à Dijon par Hugues V, duc de Bourgogne, qui a régné de 1305 à 1315.

10o Proto mar; Bizuntiv. Cette pièce ne se trouve pas dans Duby: nous en avons vu dans plusieurs collections, entre autres chez M. Presset, à Dijon: il y a des monnaies de Bizunce d’une frappe encore plus ancienne. Ces pièces d’argent étaient au nombre de 3.

11o Episcopus: Vivari. Duby, Pl. 14, No 1. Ce sont des deniers de billon des évêques de Viviers. On trouve diverses modifications dans les figures et dans la forme du bonnet épiscopal; le titre en paraît aussi très variable; leur nombre était d’environ 80.

12o Comes Palatii: Dux Marchio P. Duby, Pl. 104, Nos 7, 8 et 9, où le mot de Comes est remplacé par celui de Dux. C’est la monnaie de billon de Raymond V, comte de Toulouse, mort en 1194. Il y avait environ 50 pièces.

13o Roue à six rayons d’un côté et à quatre de l’autre, sans légende. Duby , Pl. 26, No 12. Il suppose qu’on doit l’attribuer à Marie d’Orange. M. Requien, directeur du Musée d’Avignon, nous a dit que cette pièce avait été frappée à Gap. Le nombre des pièces était de dix. Mulhausen, Mayence, Rhodez, Moulins ont aussi des roues dans leurs armes.

Outre ces pièces de grand billon, il y avait des oboles ou demi-pièces avec des roues à six et à quatre rayons.

14o La légende est indéchiffrable et la pièce n’est pas figurée dans Duby. D’un côté, on voit un écusson formé de quatre barres parallèles et se rapprochant de la forme d’un gril. De l’autre côté il y a une croix et un besant dans l’un des cantons. On trouve de plus trois points à l’extrémité de chaque bras de la croix. M. Requien d’Avignon, que nous avons consulté dans le temps, nous a répondu que c’était un denier de billon de Raymond Béranger, comte de Provence.

15o Princeps: Aurasici. Duby, Pl. 26, No 2. Denier de billon de Guillaume d’Orange. On reconnaît très bien ces pièces au petit cor de chasse qui forme l’armoirie. Leur nombre était de vingt.

16o Philipus. R: Matiscon. Duby, Pl. 102, No 2. Dans la figure de Duby, à la place de la croix, on trouve une S avec deux besants; /375/ l’auteur les rapporte à Etienne surnommé le Hardi, comte de Varasque, qui régna de 1085 à 1102. Les pièces de Montagny sont identiques pour la légende et pour les signes d’une face; à la place de l’S, on trouve une croix avec un besant dans chaque canton. On a déterré dix de ces monnaies de Mâcon.

Une suite de ces pièces est déposée au Musée cantonal. Leur conservation est en général assez bonne. Les monnaies d’argent de Lyon et de Vienne étaient le mieux conservées; le billon d’Orange et de Viviers avait le moins souffert.

Nous voyons dans la Revue numismatique de 1838, l’indication d’une trouvaille de 700 pièces baronales analogues. M. Aymar, conservateur du Musée du Puy, qui signale ce trésor, trouvé à Espaly près du Puy, fait la remarque qu’aucune pièce ne peut être attribuée aux évêques du Puy.

Nous avons été aussi très étonné de n’avoir trouvé à Montagny aucune monnaie du bassin du Léman: elles appartiennent presque toutes à la France méridionale, et plus spécialement au bassin du Rhône et de la Saône.

 

YVERDON.

Douze pièces d’argent déposées à la collection de l’Etat par M. Louis Duruz, d’Yverdon, le 14 août 1833, dont onze de l’évêché de Lausanne et une de Louis-le-Débonnaire. Reçues de MM. les frères Gély.

Ces pièces, à la légende Civitas equestriu; sedes Lausanne, présentent à l’avers un temple simple à quatre colonnes avec croix au milieu, un degré et trois anneaux sous les degrés; fronton peu aigu, et, au revers, croix simple sans ornements dans les cantons et surmontée d’une petite croix.

 

VILLENEUVE.

Monnaies trouvées par M. Chausson en février 1850, dans la vigne de M. Jean Bernard, et déposées au Musée cantonal.

Un Civias equestu, sedes Lausæ, présentant à l’avers un temple simple à cinq colonnes, fronton peu aigu, sans degré et trois besants. Au revers, croix cantonnée: à gauche en bas une barbe de plume et à droite en haut un besant.

Quatre Tsoi savio, distribués comme suit:

Trois (Tsoi savio; sidis Laus.) présentant à l’avers un temple simple à cinq colonnes, fronton aigu, sans degré, et trois besants /376/ sous le temple; au revers, croix cantonnée à gauche au bas d’un chevron et à droite au haut d’un besant.

Un Tsoi: même accompagnement que plus haut, avec cette différence que le temple est à quatre colonnes seulement et à fronton évasé.

Deux Sedes Lausi; Beata Virgo. Avers: figure. Revers: croix avec soleil, et croissant aux cornes extérieures; dans les cantonnements, le soleil à gauche en haut et le croissant à droite en bas.

Trois Civitas trus, suai sedes. Avers: temple simple, fronton évasé, 5 colonnes, sans degré; trois besants. Revers: croix cantonnée d’une barbe de plume à gauche en bas et d’un besant à droite en haut.

Un Oivas iost.

Trois monnaies de l’évêché de Genève, se rapportant plus ou moins à la figure No 19 de la Pl. XXIII de la Revue numismatique publiée par M. Soret. Avers: figure tonsurée; exergue: s. petrvs. Revers: croix avec un S et un besant dans le canton; en exergue: Genevas.

 

LAUSANNE.

En démolissant un mur à la Cité-dessous, vers l’année 1760, on trouva une quinzaine de monnaies, dont feu M. le banneret Secretan garda quelques-unes pour lui; il me les a montrées à sa campagne de Renens.

On a aussi déterré dans le cimetière de la Madeleine un noble à la rose d’Edouard IV. Il est dans la collection cantonale. M. de Gingins le mentionne dans son Mémoire sur les guerres de Bourgogne.

 

CHAVANNES SOUS ECUBLENS.

On a trouvé, en mars 1830, à Chavannes sous Ecublens, un certain nombre de pièces à la Vierge de l’évêché de Lausanne. Nous en avons donné la description et le bordereau à l’article Monnaies à la Vierge. Pour compléter les données propres à faciliter les recherches sur l’âge relatif de ces pièces, nous allons faire la description des trois pièces au type carlovingien qui étaient mélangées avec environ 100 autres monnaies.

La première pièce a une croix simple, un besant dans le canton supérieur droit et une sorte de fleur dans le canton inférieur gauche. La légende est: oivas iqst. De l’autre côté, un temple à quatre /377/ colonnes; au-dessous trois besants, sans escalier; la légende est: Suai sedes.

La seconde pièce a une croix simple, un besant dans le canton supérieur droit; une fleur informe dans le canton inférieur gauche; la légende est: civas iqst. De l’autre côté, un temple à cinq colonnes, qui a pour légende: Sedes lausæ.

La troisième pièce a une croix simple, un besant dans le canton supérieur droit, deux chevrons dans le cantonnement opposé; la légende est: tsoi savio; de l’autre côté, temple à cinq colonnes, dont la légende est sidis laus.

Ces pièces ont été conservées avec soin: cependant leur état est moins beau que celui des pièces à la Vierge. Cette remarque et la rencontre de la plus grande quantité nous portent à conclure que les pièces à la Vierge sont d’une date postérieure à celles portant la légende tsoi savio.

Toutes ces monnaies sont classées au Musée cantonal.

 

ARZIER.

Des ouvriers creusant en novembre 1827, dans un terrain appelé le Cimetière morveux, attenant au presbytère d’Arzier, district de Nyon, trouvèrent une cinquantaine de pièces d’ancienne monnaie d’argent, de deux ou trois grandeurs différentes. Les unes, d’un diamètre un peu plus grand que celui de nos batz, mais de la même épaisseur, sont des gros frappés dans la ville de Tours, sous le règne de Philippe-le-Bel et d’un autre roi de France du nom de Louis. En voici la description: l’une a Turonis civis autour du temple et Ludovicus rex autour d’une croix simple; d’autres ont Turonis civis autour du temple et Philippus rex autour de la croix. Trois autres, du diamètre de nos demi-batz, sont des deniers frappés sous le règne de l’empereur Louis-le-Débonnaire, fils et successeur de Charlemagne, qui régnait au neuvième siècle. Toutes ces pièces portent d’un côté la façade d’un temple surmontée d’une grande croix, et de l’autre côté une croix simple (voyez fig. 2 du Mémoire de M. le marquis de Pina). Il y a cependant quelques pièces qui font exception; elles ont d’un côté le buste de St.-Donat portant une crosse, avec la légende: S. Donatus; sur le revers est une croix simple avec un besant au centre et un dans chaque canton; la légende est: De Aritio.

Ces pièces ont été achetées par l’Etat et placées dans le médaillier cantonal à Lausanne. En voici la description:

Quatre Civitas eqstri, sedes Lausane. Elles ont à l’avers: temple /378/ à fronton légèrement aigu, cinq colonnes, point de degrés, et sous le temple, deux besants au milieu desquels se trouve un anneau. Au revers: croix simple, cantonnée à gauche, au bas, d’une barbe de plume et d’un anneau simple dans le canton opposé. (Nos 383 à 388.)

Remarque. Dans ce groupe, le T est gothique, ainsi que l’E; le Q est formé d’un O et d’un trait non adhérent ayant la forme d’une L latine; l’N est latine.

Sept Civitas eqstri, sedes Lausane. Avers: temple à fronton surbaissé, cinq colonnes, point de degrés et trois besants sous le temple. Revers: croix simple cantonnée à gauche en haut d’un besant, et au canton inférieur droit d’une barbe de plume. Les lettres sont les mêmes qu’au groupe précédent. (Nos 389 à 395.)

Deux Civitas eqstri, sedes Lausane. Avers: temple à fronton aigu, cinq colonnes sans degrés, et trois besants sous le temple. Revers: croix cantonnée à gauche, en haut, d’un besant, et au canton opposé d’une sorte de barbe de plume à laquelle il manque le prolongement en arrière. Mêmes lettres que ci-dessus. (Nos 396 et 397.)

Un Civitas eqstri, sedes Lausane. Avers: temple à fronton aigu, cinq colonnes, point de degrés et trois besants sous le temple. Revers: croix simple cantonnée à gauche, en haut, d’un besant et au canton opposé d’une sorte de fer de flèche, dont le manche va en s’épaississant depuis sa jonction avec le fer. Mêmes lettres que précédemment. (No 398.)

Deux Civitas eqstri, sides Lausane. Avers: temple à fronton aigu, cinq colonnes, point de degrés et trois besants sous le temple. Revers: croix simple, cantonnée à gauche, en haut, d’un besant, et à l’opposé d’une sorte de barbe de plume dont la partie inférieure n’est pas très nettement divisée ou séparée.

Remarque I. L’une de ces pièces, le No 399, est en écriture non gothique. Le No 400 a les T latins; l’A a une barre; le Q est aussi formé d’un O et d’un long jambage à droite; les E sont latins ainsi que les N; le mot sedes est écrit sides.

Remarque II. Ces deux pièces paraissent, par la forme de la barbe de la plume, se rapprocher beaucoup du No 398. La partie inférieure, soit manche de fer de flèche, serait ici simplement écrasée.

Un Civitas eqst, sedes Laus ... Avers: temple à fronton aigu, cinq colonnes, point de degrés et trois besants sous le temple. Revers: croix simple, cantonnée seulement dans le canton inférieur gauche d’un besant. (No 401.)

Remarque. Le T et l’A sont latins; l’S est barrée diagonalement; les E sont gothiques. /379/

On a de plus trouvé à Arzier les monnaies suivantes:

Sept pièces de billon de Louis de Savoie (Ludovicus de Sabaudia), sur lesquelles il y en a quatre ayant le temple à fronton simple, dans lequel se trouvent trois besants disposés en triangle dans le sens du fronton; deux colonnes et au milieu un portique; sous le temple on voit un zigzag horizontal dont la disposition représente assez bien deux rampes d’escaliers aboutissant au devant du portique, ou une espèce de lacs d’amour, comme on en voit sur les pièces de Savoie. Au revers, une croix simple cantonnée à gauche, en bas, d’un besant, et à l’opposé de trois besants formant un triangle dont la base est parallèle à la branche horizontale de la croix.

Deux demi-pièces portent les mêmes signes.

Une pièce ayant à l’avers un petit temple, fronton simple avec trois besants en triangle dans le sens du fronton; deux colonnes et au milieu un portique sous lequel se trouve un zigzag horizontal n’affectant aucune forme déterminée. Au revers on voit une croix simple, cantonnée à gauche, en haut, d’un besant et à l’opposé d’un croissant dont l’ouverture est en dehors.

Enfin, on a trouvé une pièce de Lausanne portant pour légende: Tsoi savio, sidis laus. Avers: temple à fronton surbaissé, à cinq colonnes, sans degrés. Revers: croix simple, cantonnée à gauche, en bas, d’une barbe de plume présentant une adjonction à sa partie supérieure, et à l’opposé un besant.

 

FRIBOURG

M. Bridel dit dans le Conservateur suisse qu’en 1809 on découvrit à Fribourg, au bord de la Sarine, un vase rempli de pièces d’argent pour la valeur métallique d’environ 40 louis; que ces pièces, de diverses grandeurs, étaient des monnaies épiscopales de Lausanne, portant toutes le même type: d’un côté un temple surmonté d’une croix, autour la légende, en lettres moitié gothiques: sedes Lausanne, de l’autre une croix; légende: civitas equestri.

M. J. Schaller, auquel nous nous sommes adressé pour renseignements, nous a informé que les ouvriers du maître maçon Raser avaient découvert dans le temps un pot de terre rempli de petites monnaies.

 

FEYGÈRES (en Savoie).

Pièces du pays romand. Voyez la notice de M. Blavignac. /380/

Bordereau général
Savoie480
Lausanne139
Bâle1
Fribourg1
Rome24
Milan117
Asti1
Gênes82
France74
Addition au bordereau, d’après la notice publiée M. Blavignac.
Lausanne1
Bâle2
Rome1
Savoie1
Gênes1
France6

 

Savoie.

Amédée VI, comte, 1343-1383.
Amédée VIII, comte en 1391, et duc, de 1416-1440.
Louis, comte de Piémont, prince d’Achaïe, mort en 1418.
Quart de gros; croix de Savoie, portant une cotice pour brisure et placée dans un quatre-feuilles; † lvdovicvs: d: sabavd * . Rev., croix de St.-Maurice; † princeps: achaie etc. * . Cette pièce, unique dans le trésor, pèse 2 denier 2 grains.
Louis, duc, de 1440 à 1465.

Les monnaies de Louis sont les plus nombreuses et les mieux conservées du trésor de Feygères; elles ont été frappées au monétaire de Cornavin, près de Genève, en 1448.

Lausanne.

Une Episcopale, type grossier du temple, sedes † lavs et à croix chardonnée. Ne porte pas de nom d’évêque.

Douze monnaies. Avers: temple sommé de croix, tourelles et un quatre-feuilles sur les degrés; † sedes: laus: . Revers: croix chardonnée. civitas lavs.

Sept monnaies de Guillaume de Challand (évêque de 1406-1433). Avers: figure de l’évêque sur un trône, avec les armoiries devant lui; légende: † g. d. chalat ep. lavs. Revers: croix chard. dans un quatre-feuilles cantonné d’étoiles: † sit. nomen. dni. benedtm.

Remarque. L’une de ces pièces a la croix fleurdelisée avec la variante benedict.

Poids: 1 denier 4 grains (haut billon). /381/

Cent et onze monnaies de Georges de Saluces (évêque de 1440-1461), sur lesquelles 97 ont à l’avers le buste de la sainte Vierge, couronnée et nimbée, tenant l’enfant Jésus (sans nimbe), g. d. saluciis ep. lavs. (quelquefois: lasv.) Au revers: croix fleurdelisée. † sit. nome. dni. benedtv. (Haut billon: 23 grains.)

Une variante inédite, à la croix patée, cantonnée de 4 petites étoiles, (sit. nome. dni. Benedtu.) Avers: g: d: Saluciis: ep: las.)

Les huit autres pièces offrent les armes de Saluces posées sur la crosse épiscopale, et entourées d’un trèfle, † g. d. Saluciis; — au revers la croix chardonnée, ep. lavnes.

(Une pièce trouvée plus tard porte l’écu aux armes de Saluces placé aux pieds de la sainte Vierge.)

Fribourg.

Une petite pièce de billon. La tour et son avant-mur. moneta fribvrgi. Au revers: croix patée, sactvs nicolavs.

 

JORISSENS en Vully.

Nous donnons le bordereau des pièces trouvées, le 30 mars 1832, à Jorissens en Vully. Ces pièces sont déposées au Musée cantonal.

Une pièce de Robert, comte de Provence et roi de Sicile: d’un côté une couronne, de l’autre, une croix avec une fleur de lis dans chaque canton.

Deux Ludovicus de Sabaudia, avec trois points dans un cantonnement.

Bractéates, déterminées par M. Lohner, de Thoune:
1 de Lindau.
1 d’Ueberlingen.
2 de Strasbourg.
6 de Tungen (dans le Klettgau).
3 de la ville de Zofingen: tête avec couronne de marquis.
3 de la ville de Zofingen, avec couronne surmontée de la queue de paon d’Autriche.
1 de l’abbaye de St.-Gall.
1 de Zurich (1400): tête d’abbesse, légende: z. v.
1 de Zurich (fin du XIVe siècle), Ste.-Félicie, z. v.
5 de l’évêché de Bâle: tête d’abbé.
4 de l’évêché de Bâle, tête d’abbé avec un O entre les cornes. Légende: ba. (XIIIe siècle). /382/
3 de l’évêché cle Bâle, avec crosse et mitre,
1 de l’évêché de Bâle, légende: io, avec un point entre les cornes de la mitre.

On peut consulter, pour les bractéates suisses, l’ouvrage publié en 1845 par M. le Dr. H. Meyer, directeur du cabinet de numismatique à Zurich, Die Bracteaten der Schweiz, dans le troisième volume des Mittheilungen der antiquarischen Gesellschaft.

 

SAINT-MAURICE.

On a trouvé, dans les derniers jours d’août 1821, en démolissant les fondements d’une porte, un peu au-dessus du Pont de St.-Maurice, en allant à Lavey, (porte qui fut probablement bâtie du temps où l’abbaye avait seigneurie sur ce lieu), deux vieilles monnaies en argent, dont la plus ancienne est de Louis-le-Débonnaire. Celle-ci présente, d’un côté, la façade d’une église, avec cette légende: religio xpiana (Religio Christiania), et de l’autre côté une croix grecque, avec cette légende: † lvdovicvs imp. (Ludovicus imperator).

La seconde est beaucoup plus récente: elle est du duc Louis. Elle présente, d’un côté, la croix, avec cette légende: lvdovicvs. d. sabaudiæ , et de l’autre côté une croix avec cette légende: Princeps Achaiæ. Par conséquent, elle est du milieu du XVe siècle. C’est un sol mauriçois, ainsi dit parce qu’on les frappait à St.-Maurice même.

(Extrait d’un manuscrit du Musée qui accompagnait les deux pièces.)

 

MONTREUX

« On m’a apporté, en 1822, deux pièces d’or trouvées en réparant le chemin qui tend à l’église de Montreux; quelque temps après, l’on en a trouvé quatre autres semblables dans la même localité. Ces pièces, dans les XIIe et XIIIe siècles, portaient le nom de florins d’or et pesaient un gros.

Celles que je possède portent pour légende, autour d’une belle fleur de lis: r. m. g. p. avra. , que j’explique par Rambaldus Dei Gratia Princeps Aurosionis (Rambaud par la grâce de Dieu prince d’Orange). Sur le revers on lit: s. johannes, b. (Saint-Jean-Baptiste), avec la figure en pied de ce saint, portant un cœur sur sa main droite et une croix de la gauche. /383/ Il est difficile de décider auquel des trois Rambaud cette pièce doit appartenir.

Rambaud Ier vivait en 910.
Rambaud II, comte d’Orange, qui fit le voyage de la Terre-Sainte, mourut vers l’an 1115.
Rambaud III mourut sans enfants en 1173.
Je crois que ce florin d’or appartient plutôt à ce dernier, parce qu’à cette époque, dit M. Leblanc dans son Traité historique des monnaies de France, page 65, « cette monnaie était fort célèbre dans toute l’Europe, et il n’y avait guère de souverain dans la Chrestienté qui n’en ait fait frapper sous cette figure. »
On m’a apporté plusieurs autres pièces d’or de Louis, baron de Vaud, de Louis XI, Louis XII et François Ier. »

(Levade, Dictionnaire du canton de Vaud, page 446.)

Malheureusement nous n’en avons point trouvé de Louis de Vaud en or dans la collection de M. Levade.

 

VEVEY

On a trouvé à Vevey des pièces de plusieurs rois de France de la seconde race, de Pepin, de Charlemagne, de Louis-le-Débonnaire, de Philippe-le-Bel, de Philippe-le-Long, etc. (Levade, page 334.)

Les pièces en cuivre doré dont il est question à la même page se voient dans la collection. Ce sont des imitations des pièces d’or des rois d’Espagne; le Musée possède deux monnaies véritables analogues, qu’on appelle pistoles du Mexique. On les frappait, dit-on, en mer, sur les galions.

 

MONTET, en Vully.

La trouvaille de Montet de 1848 comprend 23 pièces d’or d’une belle conservation, dont cinq appartiennent au monnayage de la France, 16 à celui de l’Allemagne et 2 à celui de l’Italie. Il est à remarquer qu’aucune de ces pièces ne concerne la numismatique helvétique. Toutes, à l’exception de deux pièces frappées au XIVe siècle (Nos 9 et 10) datent de la première moitié du XVe, et la plus récente ne descend pas au delà de l’an 1462.

Ces diverses circonstances, ainsi que la nature de ces monnaies, font supposer que ce petit trésor a été enfoui ou perdu par quelque ecclésiastique ou quelque officier de l’armée du duc Charles-le-Téméraire, après la déroute de Morat en 1476. /384/

Monnaies d’or françaises.

Deux florins d’or à la fleur de Lys, imitant les florins de Florence , dont ils se distinguent par la lettre b mise au revers après les mots s. johannes. (Voyez le blanc page 254.)

Deux écus d’or à la couronne de Charles VII, roi de France (de 1422-1461). (le blanc, p. 246, Nos 2 et 3.)

Un écu d’or au soleil, de Charles VII. (le blanc, p. 245, non figurée.)

Monnaies d’or allemandes.

Empire :
Un florin d’or de l’empereur Sigismond (globe impérial), frappé à Bâle entre les années 1429 et 1431.
(Voyez Haller’s Schweizerisches Münz-Cabinet, T. II, p. 4 et 76.)

Bavière:
Quatre florins d’or du Rhin, de Louis III et Louis IV, comtes palatins du Rhin et ducs de Bavière (1410-1449); divers blasons et figures.

Mayence:
Un Conrad (de Düne), archevêque de Mayence (1419-1434). Deux Théodoric (d’Erbach), archevêque de Mayence (1439-1459.)

Cologne.:
Six Théodoric (de Mœrs), archevêque de Cologne (1414-1462); blason, divers (Kohler, p. 300, No 912; von Wellenheim, page 378, No 7953.)

Trèves:
Deux Werner (de Kœnigstein), archevêque de Trèves (1388 à 1403).

Monnaies d’or d’Italie.

Un escu d’or romain, du pape Nicolas V (1447-1455).
Un florin d’or de Bologne.
Ce trésor était dans le mur d’une étable à porcs; il était accompagné d’environ trois cent pièces d’argent; l’Etat a acheté l’or pour le Musée; nous n’avons pu savoir ce que l’argent était devenu. /385/

 

AVENCHES .

En 1852, des enfants qui jouaient au bord du lac de Morat trouvèrent dans le sable les pièces dont l’indication va suivre. L’Etat acheta ces monnaies pour le Musée.

Duché de Bourgogne.

Dix pièces d’or de Philippe-le-Bon. Duby, Pl. 57, No 6. Elles ont toutes d’un côté le lion de Flandre, une seule a la légende identique avec la figure de Duby. Philippus Dei gratia Dux Burgundiæ Comes hollandiæ; les autres portent Dux et Comes Flandriæ. Dux Burg: Brab: Dns. Ms. ou Dux: Burg: Comes Fland. ou Dux. Burg: Brab: Dns: Ms.

Trois demi-nobles ou Ridder d’or de Philippe-le-Bon, avec l’inscription Flad. sous le cheval. Duby, Pl. 54, No 5? Une troisième porte la légende Holl. Duby, Pl. 57, No 2.

Un florin d’or de Luxembourg, qui n’est pas figuré dans les monnaies de Duby. On voit d’un côté deux écussons, celui de Bourgogne et celui de Luxembourg, et on lit autour: Moneta nova Lucemburgensis. Au revers est St.-André avec sa croix et la légende Sanctus Andreas.

Une pièce en or à la chaise et à la clef, qui se rapproche de celle figurée dans Duby, Supplément, Pl. 6, No 11? On lit d’un côté Philippus. Dux. Burg. Brab ... B et Z, et au revers: Pax xri maneat semper nobiscum.

Une pièce en argent de Charles-le-Téméraire. Duby, Pl. 59, No 9.

Une pièce en argent de Charles. Duby, PL 58, No 9?

Un florin d’or de Charles, se rapprochant de la figure de Duby. Pl. 58, No 4.

Un florin d’or de Charles, d’une frappe très voisine de la figure de Duby, Pl. 58, No 3?

Un florin d’or de Charles. Comes Flandr:. Duby, Pl. 58, No 2.

Sept pièces d’or de David de Bourgogne, évêque d’Utrecht, nommé en 1456, mort en 1496 (Köhler, Ducatencabinet, p. 518, No 1671; von Wellenheim, p. 475, No 9698; Reichel, 98), portant d’un côté les armes de Bourgogne et la légende: Moneta nova aurea. traiecten; sur le revers un évêque assis et la légende: Sanctus Martinus.

Sept pièces d’or de Rodolphe, comte de Diepholz, évêque d’Utrecht, nommé en 1433, mort en 1455 (Köhler, p. 517, No 1666; Köhlers Münzbelustigung, T. XI, page 113; von Wellenheim, page 475, No 9697), /386/ avec des armes et la légende: Moneta Rodlp’ episc’traject; sur le revers, un évêque assis et la légende: Sancte Martin’ épis’.

Allemagne.

Une pièce d’or de Frédéric, empereur d’Allemagne; d’un côté on voit un saint et la légende: S. Henricus Imperator, de l’autre, l’aigle à deux têtes, et Fredericus imperator.

Une pièce d’or de Frédéric III, empereur. Cette monnaie a la figure de saint Pierre d’un coté avec l’inscription: Monet. no. lunab. ce.; de l’autre, le globe et la légende: Fredericus D. Roman Rex.

Une pièce d’or, de Frédéric III, empereur. Cette monnaie a aussi un saint d’un côté, avec la légende: Monet. no. Lunab. ce.; de l’autre, le globe avec la légende: Fredericus Ro. Rom. Rex.

Deux pièces d’or des comtes de Juliers. Arnold. Comes. Jul., et au revers: S. Johan. Baptista.

Cinq pièces à la chaise de Guillaume de Bavière. Guillelm Dux. Com. Holand et Zel. Revers: x p c. vincit: x p. c. regnat : x p. c. imperat.

Une pièce d’or de Robert, comte palatin, évêque de Cologne, nommé en 1463, mort en 1480. (Köhler, 302, No 921.) Ropert Elec’ Ecl’ Col’. Revers: Mon Nova. Aurea Ril.

Une pièce d’or d’Adolphe, comte de Nassau-Wiesbaden, nommé en 1461, mort en 1475. (Köhler’s Ducatencabinet, T. I, p. 277, No 843). D’un côté, Adolf Archiepi’ Ma’. Revers: les armes de Mayence, de Trèves, de Cologne et du comte palatin, avec la légende: Mone’ Nova. Aurea. Magun.

Angleterre.

Deux nobles d’or à la rose d’Edouard IV. (Pembrock, Pl. 4, No 15.) J. x. Edward. Di. grat. Ang. fr nc. Dns.
(Une pièce semblable a été trouvée au cimetière de la Madeleine, près de Lausanne.)

Un quart d’ange d’or, d’Edouard IV, qui n’est pas figuré dans la collection de lord Pembrock.

France.

Une pièce d’or au salut d’Henri VI, roi de France et d’Angleterre, figurée dans Leblanc, p. 244, et Pembrock, Pl. 4, No 19.

Une pièce d’or de Charles VII. (Leblanc, p. 246.)

Une pièce d’or de Charles VII, d’une frappe différente de la figure de Leblanc, d. 246. /387/

Trois florins d’or portant Florentia d’un côté, et S. Johannes B. de l’autre.

Une pièce d’or de la ville de Metz, qui ne diffère que par des détails insignifiants de la figure de Duby, Pl. 75, No 4.

Savoie.

Une pièce en argent d’Amédée VIII. Amedeus Dux Sab. Chab.; revers: Marchio. in Italia princ.

Portugal.

Une pièce en or, avec les légendes: Alfonsus ovinti regis Portuga; revers: Crusatus Alfonsus ovinti regi.

Italie.
Un florin d’or de Bologne, avec les légendes: Buoglis ...; revers: Sanct: Petrus apostolus.

 

En examinant attentivement les trésors de Montet et d’Avenches on trouve la liste de tous les princes qui ont appuyé le duc de Bourgogne dans sa guerre contre les Suisses.

On peut aussi voir au Musée une belle médaille de Charles-le-Téméraire.

Sur l’une des faces est la tête de ce prince, regardant à droite. Légende: dux carolvs bvrgvndvs.

Au revers, un bélier couché entre deux briquets (armes personnelles de Charles). Légende: ie lai emprins. — bien en aviengne.

Jean-sans-Peur, duc de Bourgogne, grand-père de Charles-le-Téméraire, avait pris pour devise un rabot (qu’on voit sur son tombeau); tandis que son rival, le duc d’Orléans, avait un bâton noueux (non raboté), suivant d’autres un râteau. — Sous le duc Charles, le rabot est devenu un briquet, qui fait feu quant on le bat. C’est probablement pour cela que l’on voit des flammes ou étincelles sur le reste du champ de la médaille que nous venons de décrire.

ORNY

Nous lisons dans un Mémoire sur une tradition populaire de La Sarraz, par G. Favey; Lausanne, 1844:

« On a trouvé derrière le village d’Orny, à l’orient, une médaille en or, valant un ducat, portant, d’un côté, un évêque crossé et mitré, assis sur un siége, entouré de cette légende: Sanctus Martin: Epis, et de l’autre côté, l’écu écartelé aux armes de France, de Bourgogne, /388/ au lion de Flandres; et autour la légende: Mon: nova aurea Trajectan. Elle paraît être du XVe siècle et au coin de l’évêque d’Utrecht, frère bâtard du duc de Bourgogne, Charles-le-Téméraire, et peut avoir été perdue par un fuyard de l’armée de ce prince, après la bataille de Morat. »

 


 

Notes Supplémentaires

 

Note supplémentaire 1. — Page 173.

Monnaie d’Orgetorix. — Je me suis procuré le Mémoire de M. le Dr. W. Vischer; il est publié dans les Mittheilungen der Gesellschaft für vaterländische Alterthümer in Basel, 1852. L’auteur donne la description suivante de cette monnaie attribuée à Orgetorix. Avers: une tête découverte regardant à droite, autour un cordon de perles; à droite de la tête, on lit en caractères latins: edv; les lettres sont placées de manière à être lues extérieurement.
Revers: les jambes et la partie postérieure d’une bête féroce, peut-être un ours; sous un trait, cet; la première lettre est peut-être un g.
C’est peut-être la même pièce que M. de la Saussaie a fait connaître dans les Annales de l’Institut archéologique de Rome, t. XV. Le nom d’Orgetorix, Orcetirix, Orcitirix, se lit encore sur d’autres monnaies; deux ont été décrites par M. Du Chalais dans la Description des monnaies gauloises de la Bibliothèque royale de Paris. [retour]

 

Note supplémentaire 2. — Page 180.

Depuis l’impression de notre Mémoire, nous avons trouvé que J.-J Gessner attribue à Auguste la pièce que nous avons figurée Pl. VII, No 14. (Voyez Numismatica antiqua, T. II. Imperatorum romanorum, tab. XIV). Nous avions indiqué qu’elle était de J. César; la légende est: imp caesar. [retour]

 

Note supplémentaire 3. — Page 234.

M. Druey, membre du Conseil fédéral, a eu l’obligeance de nous communiquer les renseignements suivants sur la répartition des seigneuries et sur l’histoire du droit dans le Pays-de-Vaud avant 1474 et avant 1536.

Le Pays-de-Vaud se composait de plusieurs seigneuries différentes issues de la Bourgogne transjurane et du Rectorat de /389/ Bourgogne, à cette époque où l’Empire germanique fut démembré et morcelé en plusieurs royaumes, principautés, duchés, comtés, baronnies, évêchés (au temporel), et abbayes souveraines. Ces souverainetés étaient:

1o L’Evêché de Lausanne, qui, pour le temporel, comprenait:
a) La ville de Lausanne et sa banlieue;
b) Les quatre paroisses de Lavaux (Lutry, Villette, St.-Saphorin et Corsier);
c) La ville d’Avenches, siége primitif de l’évêché, avec les villages de Donatyre, Faoug et Olleyres (dans le canton de Vaud actuel), plus Domdidier , Villars-Repos, Chandossel et quelques autres villages voisins, actuellement dans le canton de Fribourg.

Ce pays était régi par le Plait général.

Thierrens était un fief que le chapitre de Lausanne possédait sur les terres de la baronnie de Vaud.

L’évêque n’était pas souverain des villages de Lucens et de Bulle; c’est tellement vrai que le Plait général (lois de l’évêché de Lausanne) n’a jamais été en vigueur à Thierrens, à Lucens ni à Bulle, où régnait le Coutumier de Vaud.

On le voit par l’observation qui précède, cette souveraineté était distincte des fiefs que l’évêque de Lausanne possédait dans d’autres souverainetés.

Le spirituel comprenait, outre l’évêché, la baronnie de Vaud, les terres de la maison de Châlons, le comté de Neuchâtel, les cantons de Fribourg, de Soleure et celui de Berne en deçà de l’Aar. (On trouvera une carte de l’Evêché de Lausanne dans un des précédents volumes des Mémoires de la Société d’histoire de la Suisse romande.)

2o La Baronnie de Vaud, dont les Etats siégeaient à Moudon; elle était régie par le coutumier de Vaud, qui embrassait tout ce qui n’était pas compris dans l’évêché, plus les districts de Rue, Romont, Surpierre, Estavayer, Dompierre, et Morat, jusqu’à la Sarine.

3o Le gouvernement (aujourd’hui district) d’Aigle fut détaché du Chablais en 1475 (après la bataille de Morat); les trois Mandements de la plaine étaient régis par le Code d’Aigle; le Mandement de la montagne (les Ormonts) avait des us et coutumes particuliers.

4o Le comté de Gruyères, d’où provient, pour le canton de Vaud, le Pays d’Enhaut; Rougemont et Rossinières régis par le coutumier de Vaud, Château-d’Œx par la vieille loi de Berne depuis 1614. La Gruyère fribourgeoise était régie par le coutumier de Vaud.

5o Les terres provenant de la maison de Châlons, conquises en /390/ 1474, puis cédées par les Confédérés, ainsi que Morat, à Berne et à Fribourg, furent régies alternativement sous le nom de terres médiates. Ces terres provenant de la maison de Châlons étaient le bailliage ou châtellenie d’Echallens, la ville d’Orbe, la ville et le bailliage de Grandson. Ces seigneuries avaient chacune leurs coutumes et franchises particulières. (Plus tard, le Code de Grandson fut imprimé) . Elles ont fait usage du coutumier de Vaud pour tout ce qui ne contredisait pas à leurs franchises.

6o La ville de Payerne, à cause de sa dépendance de l’Abbaye des Bénédictins, avait une position à part dans le Pays-de-Vaud. On a rédigé aussi le Code de Payerne.

Je ne parle pas de Vevey, parce que son territoire relevait d’un côté du baron de Vaud (et, si je ne me trompe pas, jusqu’à un certain point de l’évêque de Lausanne); de l’autre, du Chablais.

M. Fr. de Gingins a traité aussi des seigneuries du Pays-de-Vaud dans les Episodes des Guerres de Bourgogne. C’était une partie très difficile à mettre au net, surtout pour ce qui concerne la question de droit. Le gouvernement de Berne avait rédigé les coutumes de notre pays au commencement du XVIIme siècle. [retour]

 

Note supplémentaire 4. — Page 302.

Valais. — Je m’étais adressé à M. le candidat Weiss, conservateur au Musée de Bâle, pour avoir des renseignements sur la pièce d’or que nous avons mentionnée deux fois, légende: a. c. icus. Il nous a fait connaître que cette pièce, qui appartenait à la collection d’Annone, a été vendue en Allemagne avec la majeure partie du médaillier.

Valeur des monnaies. — En 1483, un florin d’or était compté en Valais pour douze gros, et chaque gros valait neuf deniers de monnaie valaisanne. Le cercle monétaire semble avoir été limité par la rivière la Morge; au dessus circulait la monnaie valaisanne, et au dessous celle de Savoie.

Le pied monétaire était le plus mauvais de la Suisse; aussi ce billon fut-il partout défendu; l’an 1710, on a vu même des demi-batz de Berne frappés comme batz entiers du Valais.

Nous ne savons ce que Vaser entend par les carlins du Valais. En fait de monnaie idéale, il y a la livre dans les lois pénales, qui vaut treize et demi batz ou deux livres de France.

(Extrait de l’ouvrage de Emmanuel de Haller.) [retour]

/391/

 

Note supplémentaire 5. — Page 323.

Nous avons oublié d’indiquer, à l’occasion de la valeur des monnaies de Berne, que l’on reconnaissait trois espèces d’écus: l’écu blanc, valant 30 batz, l’écu bon ou couronne, valant 25 batz, l’écu petit, valant 20 batz. [retour]

 

Note supplémentaire 6. — Page 355.

(Extrait du décret du Grand-Conseil du canton de Vaud sur le cours des anciennes monnaies, 2 août 1850.)

À dater du 1er janvier 1851, tous les contrats et conventions quelconques faits dans le canton, doivent être stipulés d’après le nouveau système monétaire.

En attendant l’émission des nouvelles monnaies fédérales, la monnaie actuelle est admise au taux de:

2 centimes pour la pièce de2 rappes
3 c.2 1/2 r.
7 c.1/2 batz
14 c.1 b.
35 c.2 1/2 b.
70 c.5 b.
1 fr. 4510 b.
2 fr. 9020 b.
5 fr. 8040 b.

[retour]

 

Note supplémentaire 7. — Page 364.

La médaille où nous avons remarqué la première croix fédérale est figurée dans l’ouvrage Altes und Neues aus der Gelehrten Welt. Zurich, 1717, page 517 et suivantes, avec des détails sur tout ce qui se passa lors du baptême de Claudia. [retour]

 

Note supplémentaire 8. — Page 371.

Morges. — Il paraît que La Côte au dessus de Morges a été habitée par les Romains; on y trouve fréquemment des antiquités romaines. M. de Buren a recueilli des médailles romaines à Denens, entre autres un Auguste avec la figure d’un bœuf au revers.
On a aussi trouvé dans cette localité un cachet en bronze de Pierre de Compeys. [retour]

 

Note supplémentaire 9. — Planche VII, No 14.

En examinant un certain nombre de monnaies, on ne manque pas de remarquer qu’il y a des figures dont le profil regarde à droite et /392/ d’autres à gauche. On se demande s’il y a une règle pour la direction de la tête, ou si c’est simplement le caprice du graveur ou la facilité du travail qui a déterminé la position. On comprend d’ailleurs que les artistes n’aient pas fait souvent usage du dessin posé de face; il n’offre pas le même caractère de beauté, et sa conservation est difficile.

Voici le résultat de nos observations:

Monnaies grecques. La direction est à droite, Philippe et Alexandre par exemple.

Monnaies romaines. La plupart des têtes de familles romaines regardant à droite. La grande majorité des empereurs regardent à droite, ainsi Jules César. A la fin de l’empire, un certain nombre de figures sont vues de face.

(Nous n’avons trouvé qu’une seule pièce romaine dont la légende se lise de dehors, comme dans les pièces celtiques. Le buste de César; légende: Cæsar pont. max. Numismatica antiqua, Thomas Pembrochiæ, etc. Pars III, T. 105.)

Monnaies celtiques. — Le profil est tourné tantôt à droite, tantôt à gauche.

Monnaies mérovingiennes. Les rois francs regardent à droite.

Monnaies anglaises. Les anciens rois d’Angleterre regardent à droite. Après la conquête le profil est tourné vers la droite; plus tard, la figure est placée de face; plus tard encore, les rois regardent à droite ou à gauche. Dans les écus d’argent, Olivier Cromwell a son profil tourné à gauche. Charles II, à droite; Georges III, à droite; le roi George IV et la reine Victoria, à gauche.

Monnaies françaises en argent. Les écus nous montrent les rois Henri IV, Louis XIII, Louis XIV et Louis XV regardant à droite; Louis XVI, à gauche; l’empereur Napoléon, à droite; les rois Louis XVIII et Charles X, à gauche; Louis Philippe, à droite; l’empereur Louis Napoléon, à gauche.

Murat, roi de Naples, regarde à gauche; Ferdinand II, à droite; les rois Joseph Bonaparte, Jérôme et Louis, à gauche.

Monnaies de Savoie. Amédée VII regarde à gauche. De Charles I à Charles Emmanuel IV (1733) les profils se dirigent vers la droite; à partir de cette date, on trouve des alternations: tantôt la figure est tournée à droite, tantôt à gauche. Les écus d’argent des rois de Sardaigne, Victor Emmanuel (1816), Charles Félix, Charles Albert, Victor Emmanuel II ont la face tournée à droite. [retour]


/393/

 

TABLE DES MATIÈRES

du Mémoire sur les monnaies des pays voisins du Léman.


PÉRIODE CELTIQUE173
Monnaies des Thasiens. — Monnaie Celtibère175
Pl. V, Nos 1, 2, 3. — Pl. V, No 4. — Pl. V, No 5. 
PÉRIODE ROMAINE179
Pl. VII, No 14. 
PÉRIODE MÉROVINGIENNE181
LES BURGONDES. LES FRANCS181
Pl. VII, No 13. — Pl. III, No 18. Pl. VII, No 1. 
PÉRIODE CARLOVINGIENNE192
ÉVÊCHÉ DE LAUSANNE195
Monnaies carlovingiennes. — Monnaies à la Vierge. — Monnaies signées. — Frappe des monnaies. — Titre réel des monnaies de l’évêché. — Etat ecclésiastique du diocèse. — Tableau des évêques de Lausanne. — Valeur des monnaies197
Pl. I, Nos 1 à 32. Pl. VII, No 6. — Pl. III, Nos 1 à 7. — Pl. III, Nos 8 à 17. Pl. IV, Nos 1 à 15. Pl. VII, Nos 7 à 11. — Pl. IV, Nos 17 et 18. 
BARONS DE VAUD249
Pl. II, Nos 1 à 10. Pl. VI, No 12. — PL V, Nos 11 et 12. 
GENÈVE.254
Genève épiscopale. — Tableau des évêques de Genève. — Genève république 255
Pl. IV, No 16. Pl. VII, No 2. — Pl. VII,Nos 3, 4 et 5. 
COMTES DU GENEVOIS 270
PRINCES DE SAVOIE 271
Pl. V, Nos 7, 8 et 9. 
PRINCES D’ACHAÏE274
Pl. III, Nos 19 et 20. 
VALAIS276
Valais romain. — Valais évêché. — Walther de Supersax. — Valais république. — Tableau des évêques du Valais277
Pl. VIII, Nos 2, 3, 4, 6, 7 et 8. — Pl. VIII, Nos 9, 5, 10 et 11. 
COMTES DE NEUCHATEL302
Pl. V, No 6. /394/ 
COMTES DE GRUYÈRES303
Pl. V, No 13. 
BOURGOGNE TRANSJURANE304
La reine Berthe. — Prieuré de Payerne. — Les Sarrasins312
Pl. V, No 10. — Pl. VII, No 15. 
PÉRIODE BERNOISE316
Titre des monnaies. — Liste des avoyers324
Pl. VI, Nos 1, 2 et 3. 
PÉRIODE VAUDOISE328
RÉPUBLIQUE LÉMANIQUE328
Pl. VI, No 5. 
RÉPUBLIQUE HELVÉTIQUE330
Pl. VI, No 4. 
CANTON DE VAUD 332
Les couleurs du canton. — Titre des monnaies. — Concordat monétaire333
PL VI, Nos 6, 7 et 8. 
PÉRIODE FÉDÉRALE350
Lois fédérales. — Monnaies fédérales. — Croix fédérale. — Valeur d’un certain nombre d’objets de première nécessité351
ENFOUISSEMENTS MONÉTAIRES367
INDICATION DES TROUVAILLES. Avenches. — Orny370
Notes supplémentaires388
EXPLICATION DES PLANCHES395

 

/395/

EXPLICATION DES PLANCHES.

planche 1

Planche I. Evêché de Lausanne. Nos 1 à 24: pièces carlovingiennes à lettres latines. Nos 25 à 32: lettres gothiques.

 

 

planche 2

Planche II. Louis de Savoie, baron de Vaud. Nos 1, 2, 3: pièces au croissant. Nos 4 à 10: pièces aux trois points.

 

 

planche 3

Planche III. Nos 1 à 7: monnaies à la Vierge. Nos 8 à 20: croix de différentes formes. No 17: écu d’Aimon de Montfalcon. No 18: tiers de sol d’or d’Agaunum (St-Maurice). Nos 19 et 20: monnaies des Princes d’Achaïe.

 

 

planche 4

Planche IV. Monnaies signées des évêques de Lausanne. No 1: Guillaume de Menthonay. No 2: Guy de Prangins. No 3: armes de Guillaume de Challant. No 4: armes de Prangins. Nos 5 et 6: Georges de Saluces. No 7: (voyez page 212 du Mémoire). No 8: Jean de Michaëlis. No 9: Guillaume de Varax. Nos 10 et 12: Bénédict de Montferrand. No 11: Aimon de Montfalcon. Nos 13, 14, 15: Sébastien de Montfalcon. No 16: denier de St.-Pierre de Genève. No 17: sceau du chapitre de Lausanne. No 18: sceau de Claude-Antoine Duding (Mémoire, page 230).

 

 

planche 5

Planche V. Nos 1 et 3: monnaies celtiques. No 2: monnaie attribuée à Orgétorix. No 4: monnaie des Thasiens. No 5: monnaie celtibère. No 6: monnaie de Louis de Neuchâtel. Nos 7, 8, 9: monnaies carlovingiennes des comtes et ducs de Savoie. No 10: monnaie de Rodolphe II, roi de la Bourgogne transjurane. Nos 11 et 12: monnaies de Louis, baron de Vaud, frappées en France. No 13: monnaies de Michel, comte de Gruyères.

 

 

planche 6

Planche VI. No 1: dicken de Berne, 1539. No 2: 20 creutzer de Berne, 1699. No 3: pistole de Berne, 1797. No 4: demi-batz de la République Helvétique, 1799. No 5: 42 creutzer du canton de Sarine et Broie, 1798. No 6: batz du canton de Vaud, de la période du concordat, 1832. No 7: 10 batz du canton de Vaud, 1804. No 8: 1 franc du canton de Vaud, 10 août 1845.

 

 

planche 7

Planche VII. No 1: tiers de sol d’or de Goncram, frappé à Genève. No 2: denier carlovingien de Genève. No 3: décime de Genève, 1794. No 4: première pièce frappée à Genève l’année de la réformation, 1535. No 5: 10 fr. en or frappés à Genève en 1848. No 6: monnaie carlovingienne de l’évêché de Lausanne (Mémoire, page 198). No 7: Guillaume de Challant. No 8: Georges de Saluces. No 9: Guillaume de Varax. No 10: Benoit de Montferrand (Mémoire, page 221). No11: Sébastien de Montfalcon. No 12: Louis de Savoie (Mémoire, page 254). No 13: Sigismond, roi des Burgondes. No 14: l’empereur Auguste, imp. cæsar. No 15: monnaie cufique, des Sarrasins.

[Voir la note supplémentaire 9]

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planche 8

Planche VIII. No1: Monnaie d’Attila, roi des Huns. No 2: écu de Matthieu Schinner, 1501. No 3: double dicken de Philippe de Platea, 1529. No 4: teston de Jodocus de Silinen. No 5: 20 creutzer de F. J. Supersaxo, 1710. No 6: creutzer de Hildebrand de Riedmatten, 1572. No 7: batz d’Hiltbrant Jost, 1627. No 8: demi-batz d’Hiltbrant Jost, 1627. No 9: demi-batz de la république du Valais, 1628. No 10: creutzer d’Adrien V de Riedmatten, 1685. No 11: demi-batz de F. Fried. Am-buel, 1776.

Pour d’autres renseignements on trouve dans le Tome VIme des Mémoires de la Société d’histoire de la Suisse romande la carte de l’évêché de Lausanne.


Notes:

Note 1, page 186: Voyez plus loin Bourgogne transjurane. [retour]

Note 1, page 192: M. le docteur Hempel a eu l’obligeance de faire l'analyse chimique de ces deux deniers.
1° Denier vrai. HLVDOVVICVS IMP; la croix, quatre besants et un grenetis autour. Sur l’autre face, le temple; la croix est adhérente au fronton: XPI S TIANA RELIGIO. Les signes caractéristiques sont donc deux V à ludovicus et l’S retournée à christiana.
La pièce était en bon état de conservation; elle pesait 1,4685 grammes.
Ce chimiste a trouvé dans mille parties 0,713 d'argent, le reste était de l’étain et du cuivre.
La monnaie se rapproche, pour le dessin, de la figure I, page 107, de l’ouvrage de Le Blanc; elle n’est pas identique avec celle de M. de Pina (Revue numismatique 1838; planche, n° 1.)
Imitation. LVDOVICVS IMP. XPIANA RELIGIO; cette monnaie était usée et rognée; elle pesait 0,912 gratifiés On a trouvé dans mille parties 0,514 d’argent, le reste était de cuivre. [retour]

Note 1, page 277: Un travail très important à faire serait l'histoire étymologique des noms de localités valaisanne. Pour ce qui concerne les mots celtiques, on peut consulter l’ouvrage de M. Mary Lafon: Tableau historique et littéraire de la langue parlée dans le midi de la France, etc. Paris, 1842. [retour]

[retour]Note 2, page 277: Dans le VIme siècle, St.-Maurice portait le nom de Tauredunum.
Dunum (Ebrodunum, Yverdon; Minodunum, Moudon; Novidunum, Nyon), town en anglais, c’est une ville.
Tauern nom donné au massif central de Alpes du comté de Salzbourg, de la Haute-Styrie et de la Haute-Carinthie, massif dont le point culminant est le Gross-Glockner (12,000 pieds au-dessus de la mer). Les Tauern forment une haute arête ou crête traversée par un col, soit avec voie carossable, comme le Radstädttauern, qui lie Tamsweg et Rastadt, soit avec sentier au bord des neiges éternelles, le Mallnitzertauern entre le hameau de Mallnitz et les bains de Gastein; le refuge construit sur ce passage est appelé Tauernhaus.
Le mot Tauern est l'équivalent des mots aiguille, dent, kulm, stock, Tour (d’Aï et de Mayen).
On trouve le mont Taurus en Arménie. Taurunum, ancien nom de Belgrade, situé près d’un mont escarpé. Taurominium, ancienne ville de Sicile bâtie près d’un mont escarpé nommé Taurus. Tauredum, ancien nom de Tournon dans l’Ardèche, dominé par un antique château bâti sur le sommet d’un roc escarpé.
On comprend qu'un nom analogue ait été donné dans le temps à la sommité la plus escarpée, la plus élevée et la plus majestueuse du Bas-Valais. Le nom de Dent du Midi, qu’elle porte aujourd’hui, est de date tout à fait récente.
Les renseignements qu'on vient de lire m'ont été donnés par M. L. Wolf, de Bordeaux, pour la partie étymologique, et par M. Morlot, professeur. pour ce qui concerne la partie géographique du Salzbourg. [retour]

Note 1, page 288: Josias Simler (Vallesia, libro I) a déjà observé que le mot disains ou dixains (decenæ), Zehnten, Zenden en allemand, « a decumis aut denario non potest derivari, cum tantum septem desenœ sint; » il ajoute: unde nomem deductum sit, ignoro.

Voici l’explication que propose M. Fr. de Gingins (Développement de l’indépendance du Bas-Valais, p. 25):
« On remarque dans divers actes, et particulièrement dans un inventaire des biens de l’Eglise de Sion du XIIe siècle, que le chapitre de la Cathédrale avait le droit de prélever la dixième partie du revenu appartenant dans chaque localité à la table épiscopale (mansa épiscopalis): Seduni ... ... decimum episcopalis rei. . totius villæ- — In potestate sidvio, decimam episcopalis rei.
Le chapitre se servait pour désigner les mêmes territoires d’une expression en rapport avec la quotité de ses droits sur les revenus de ces territoires: il disait desenæ de Sirro, de Vespia, de Raronia. Cette expression prévalut parmi le peuple, qui la traduisit par Zehnte en allemand et dixain en français. C’est en ce sens seulement que le mot dixains (desenæ) est en rapport avec le nombre dix (decuma). »
Nous avons trouvé une dissertation sur le même sujet dans une Notice historique sur quelques anciennes monnaies du Valais, Altes und Neues, Zurich 1717; p. 129.
Voici comment l’auteur termine: « Amicus quidem meus estimat idem esse quod διοἰχησις singulæ enim Desenæ suam διοἰχησιυ sive jurisdictionem habent, singularem rempublicam et peculiaria privilegia: nos deinceps decenas latine non male, ut arbitror, conventus nominabimus. »
Cette étymologie a ceci de significatif, c’est qu’elle rappelle l'organisation des dixains, qui étaient des républiques distinctes, ayant chacune son administration indépendante, sa vie propre à côté de la vie commune avec les autres dizains. D’après cette manière de voir, dixain aurait la même étymologie que diocèse. Plus tard, les Allemands, croyant que le mot tirait son origine de decem, l’ont traduit par zehnten. [retour]

Note 1, page 290: Köhler a donné une description et une figure de cet écu dans le XVe volume du Münz-Belustigung, p. 25. [retour]

Note 1, page 322: Le plappart de Berne est caractérisé sur la face par l’ours, surmonté de l’aigle; légende: Moneta bernensis; au revers, une croix ancrée avec des fleurs-de-lis; légende; Sanctus Vincencius. Saint Vincent était le patron de la ville de Berne; sa figure se retrouve sur les anciennes monnaies. Le saint a été mis de côté en 1529, et remplacé par l’aigle impériale. [retour]

Note 1, page 325: Le signe ∇ désigne des couronnes (kronen), espèce d’écu de compte en usage à Berne et y valant 25 batz. [retour]

Note 2, page 325: Une cocasse est un vase d’étain destiné à transporter à la main une certaine quantité de vin. Les autorités de Payerne ont conservé l’usage d’offrir à leurs hôtes des cocasses d'honneur. [retour]

Note 1, page 327: Une des belles médailles bernoises est celle qui a été gravée par J. C. Hedlinger, en 1752. La république de Berne est représentée sous la forme d’une Minerve assise, S’appuyant du bras gauche sur l’écusson de la république; de la main droite, elle tient haut des branches d’olivier et de palmier, dans la gauche est placée une lance au bout de laquelle est le bonnet de la liberté; tout autour sont les attributs de la guerre, de l’architecture , des sciences, du commerce, de la peinture, de la législation, de la justice, de l’unité, etc., etc. A droite, de côté, un ours est couché dans un état de tranquillité. Sous l’écusson bernois se voit un sac d’argent, d’où les écus sortent en abondance. Légende: Respublica bernensis.
Au revers; un autel ornementé, il est recouvert d’un tapis précieux; sur l’autel, deux couronnes, l'une de laurier, l’autre d’olivier; légende: Virtuti et prudentiæ.
Haller nous apprend que le célèbre graveur Hedlinger reçut la première médaille frappée en or, de la valeur de 100 ducats, et on lui donna cent louis pour son travail. Consultez Haller, N° 758. [retour]


 

 

 

 

 

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