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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Louis DE CHARRIÈRE

L’église de Cossonay et ses chapelles, à l’époque de la visite pastorale sous l’épiscopat de Georges de Saluces

Dans MDR, 1853, tome XIII, pp. 165-170

© 2021 Société d’histoire de la Suisse romande

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L’église de Cossonay et ses chapelles,

à l’époque de la visite pastorale sous l’épiscopat de Georges de Saluces

 


 

Si, dans nos Recherches sur le prieuré de St.-Pierre et de St.-Paul de Cossonay (voyez Tome VIII des Mém. et Doc. publiés par la Société d’histoire de la Suisse romande), nous ne sommes entrés dans aucun détail au sujet de la visite pastorale de l’église paroissiale de cette ville, sous l’épiscopat de Georges de Saluces, c’est par la raison que nous n’avions point alors sous les yeux la relation de cette visite. Nous venons maintenant remplir cette lacune 1 .

La visite de l’église paroissiale de Cossonay eut lieu le jour de la fête de la Toussaint (1er novembre) de l’année 1453. Le verbal de cette visite ne nous fait connaître ni le nombre des feux de la paroisse, ni l’estimation approximative du revenu du curé, ni même le nom de celui-ci 2 . Mais il nous apprend en revanche que la présentation de ce curé appartenait au prieur de Lutry et son institution à l’évêque /166/ diocésain 3 . On se rappelle que le prieuré de Cossonay dépendait de celui de Lutry, et que la nomination du prieur de Cossonay émanait de celui de Lutry. Nous ne mentionnerons pas ici les diverses réparations que les délégués épiscopaux ordonnèrent dans l’église de Cossonay. Les détails de cette espèce offrent peu d’intérêt, et on les retrouve plus ou moins les mêmes dans chacune des relations de visite d’église de cette époque 4 . Mais nous indiquerons, d’un autre côté, d’après le verbal, les chapelles, au nombre de six, qui existaient alors dans l’église de Cossonay, en y ajoutant quelques détails puisés a la même source.

Chapelle de la bienheureuse Vierge-Marie, fondée par les jadis seigneurs de Cossonay et dotée de cent livres lausannoises, bonnes (soit environ), de cense, pour la célébration perpétuelle de trois messes quotidiennes, par le prieur de Cossonay et son couvent, et par deux chapelains séculiers. Le patron de cet autel est l’illustre prince le duc de /167/ Savoie, et les altaristes séculiers sont dom Jaques Grancier et dom Bernard Masset, prêtres, institués par l’autorité canonique. Le seigneur prieur et son couvent perçoivent soixante des cent livres du revenu de cet autel, et les deux altaristes le surplus. Des trois messes quotidiennes, l’une, de requiem, doit être célébrée à haute voix par le prieur et son couvent, et les deux autres, à voix basse, par les deux altaristes, à leur convenance. Cet autel, qui a deux calices, est suffisamment pourvu d’ornements et de vêtements sacerdotaux.

Chapelle, soit autel de St.-Etienne protomartyr, fondé par feu noble Nicolet Perrin, de Cossonay, et doté d’un muid de froment, à la mesure de Lausanne, d’un second muid de froment, à celle de Cossonay, et de cinquante sols lausannois, bons, pour la célébration perpétuelle de quatre messes hebdomadaires. Le patron de cet autel est le prieur de Cossonay, qui y a admis pour altariste dom Nicod Lombard; celui-ci manque d’institution canonique.

L’autel de St.-Jean-Baptiste, fondé par feu Humbert Morguerri (Mugnieri, Mugnier), bourgeois de Cossonay 5 , et doté de certains prés, terres et censes d’un revenu annuel de douze livres, pour la célébration de certaines messes. Le prieur de Cossonay est le patron de cette chapelle, dont noble Pierre de Pitigny, clerc, est l’altariste. Admis seulement par le prieur et le curé, il n’a point été présenté, ni canoniquement institué.

L’autel de Ste.-Cathérine, fondé par le clergé de /168/ l’église de Cossonay et doté par certaines personnes de huit livres lausannoises, de cense, pour la célébration de deux messes chaque semaine. Le clergé fait desservir cet autel, qui n’est toutefois ni autorisé, ni confirmé par l’autorité ordinaire, mais qui existe en vertu du seul consentement du prieur. Le clergé y administre toutes les choses nécessaires 6 .

L’autel de Ste.-Marie-Madelaine, fondé par feu Marguerite Marpaude, bourgeoise de Cossonay, et doté de dix livres de terre (soit environ), pour la célébration de trois messes chaque semaine. Feu dom Jean Berset, chapelain de Cossonay, a fondé une messe hebdomadaire à cet autel, moyennant cinquante sols lausannois (bons), annuels, lesquels toutefois ne peuvent pas être perçus actuellement. Les patrons de la chapelle de Ste.-Marie-Madelaine sont nobles Agnès Marpaude, Georges Marchiant et Antoine Poisioux, de Cossonay. L’altariste se nomme dom Jean Costier: il manque d’institution canonique, ayant été seulement admis par le prieur sur la présentation des patrons. On devra, dans l’espace d’une année, fournir cet autel d’un bon et compétent calice, selon l’ordonnance de la prédite Agnès Marpaude.

Autel de St.-André, fondé par feu les nommés Quinnaz, bourgeois de Cossonay 7 , et doté de trois censes /169/ annuelles, pour la célébration perpétuelle de deux messes hebdomadaires. Toutefois, depuis une année, ces censes sont perçues par le prieur de Cossonay, qui les applique à la sacristie du dit lieu, par lui nouvellement établie 8 .

Quant aux deux autres chapelles de Cossonay, qui ne se trouvaient pas dans l’église, savoir: celles de l’hôpital St.-Antoine et de l’hôpital de Ste.-Marie (celle-ci située hors des murs de la ville), voici ce que le verbal de la visite pastorale nous apprend à leur sujet:

La chapelle de St.-Antoine confesseur a été fondée et dotée par la communauté du dit Cossonay 9 . On y célèbre, d’ancienneté, quatre messes chaque semaine, outre une autre messe fondée par dom Pierre de Lila. La communauté fait célébrer ces messes, à sa convenance, par un recteur honorable qu’elle nomme à volonté 10 . A peu d’exceptions près, cette chapelle est suffisamment pourvue des choses nécessaires. La chapelle de l’hôpital Ste.-Marie a été fondée (on n’indique pas par qui) hors des murs de la ville; elle est filleule, soit membre de l’église paroissiale. Jadis le prieur de Cossonay (soit quelque autre pour lui) y célébrait (et devait y célébrer) une messe quotidienne; mais depuis le temps du prieur actuel, cette messe se célèbre seulement les dimanches et jours de fête. Le prieur fournit cette chapelle des choses nécessaires. Les nombreuses réparations que les délégués épiscopaux ordonnèrent dans la chapelle /170/ de l’hôpital de Ste.-Marie, nous prouvent qu’elle était assez négligée 11 .

Ces divers renseignements complètent ceux que nous avons précédemment donnés sur les chapelles de l’église de Cossonay 12 .


Notes:

1 Les renseignements que nous donnons sont extraits du manuscrit qui renferme la relation des visites dans les églises du diocèse de Lausanne sous l’évêque Georges de Saluces, au folio 69, verso, et folios suivants. On le conserve à la bibliothèque de Berne. [retour]

2 Les verbaux de visites donnent volontiers ces indications. Elles sont laissées en blanc dans celui de la visite de l’église de Cossonay. [retour]

3 D’après Ruchat, nous avions avancé, dans nos Recherches sur le prieuré de St.-Pierre et de St.-Paul de Cossonay (pages 25, 26 et 93), que le prieur, curé primitif de l’endroit, avait la nomination du curé. Il y a donc une rectification à faire à cet égard. Ce n’est pas la première fois, du reste, que nous avons été à côté de la vérité lorsque nous avons pris Ruchat pour guide. Nous avons un peu sur le cœur, nous l’avouons, d’avoir donné, d’après lui, des détails erronés sur la pacification opérée en 1230 entre le chapitre de Lausanne et le sire Jean I de Cossonay, au sujet de violences commises par des gens de Vuarrens contre des gens de Bercher (Recherches sur les sires de Cossonay, etc., pages 38 et 39). Le cartulaire du chapitre de Lausanne nous a fait connaître la vérité à cet égard. [retour]

4 On s’en convaincra par l’inspection, dans le 2me cahier des Archives de la Société d’histoire du canton de Fribourg, des verbaux de visites d’églises qui y sont rapportés. [retour]

5 Nous indiquons dans nos Recherches sur le prieuré de St.-Pierre et de St.-Paul de Cossonay, la fondation de la chapelle de St.-Jean-Baptiste, par Mermet Mugnier, sous l’année 1465 (page 102). Vraisemblablement que celle-ci était une seconde fondation de la même chapelle. [retour]

6 L’existence de cette chapelle nous était entièrement inconnue; aussi l’avons-nous passée sous silence dans notre publication sur le prieuré de Cossonay. [retour]

7 Ces Quinnaz étaient des bourgeois aisés de Cossonay, qui possédaient même une partie de la grande dîme du village de Daillens. L’un d’eux, au commencement du XVe siècle, était le bourreau (carnifex) de Cossonay, ce qui ne paraît point avoir nui à sa considération. Tout cela est caractéristique. [retour]

8 Voyez Recherches sur le prieuré de St.-Pierre et de St.-Paul de Cossonay, page 101. [retour]

9 Chronique de la ville de Cossonay, page 54. Voyez aussi, au sujet de la chapelle de l’hôpital St.-Antoine, Recherches sur les sires de Cossonay et de Prangins, etc., page 83 et la suivante. [retour]

10 « Ad nutum. » [retour]

11 Voyez, au sujet de l’hôpital Ste.-Marie et de sa chapelle, Chronique de la ville de Cossonay, page 139, note 405. [retour]

12 Recherches sur le prieuré de St.-Pierre et de St.-Paul de Cossonay, page 95 et les suivantes, jusqu’à la page 104 inclusivement. [retour]


 

 

 

 

 

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