Nouveau coup d'œil sur les publications de la société d'histoire de la suisse romande,
du 20 juin 1849 au 4 août 1853,
présenté à cette Société dans sa séance du 4 août 1853.
Il n’est pas sans intérêt pour une Société de se rendre, de loin en loin, compte de ce qu’elle veut, de ce qu'elle a fait, et de ce qu’elle se propose de faire encore. C’est dans cette pensée que, deux fois déjà, j’ai retracé le but de notre Société romande à sa fondation, passé ses publications en revue, et jeté, de concert avec vous, un coup d’œil sur le champ qui nous reste à défricher. Je l’ai fait, la première fois, il y a sept ans; la seconde, il y a quatre ans; permettez-moi de le faire une troisième et dernière fois à ce moment, où finit la tâche que vous m’avez confiée; où, selon votre règlement, vous devez procéder à une nouvelle élection de votre bureau. /6/
PUBLICATIONS.
Nos publications, durant le cours de ces quatre ans, n’ont pas été nombreuses; mais elles se caractérisent par leur valeur historique et par un progrès d’exécution.
Nous avons achevé l’édition du Cartulaire de Lausanne. Que la Société d’histoire de Genève continue maintenant la publication de ses chartes épiscopales, et que, de concert avec les amis de l’histoire en Valais, nous nous occupions sérieusement de l’édition du cartulaire de l’évêché de Sion, et le jour viendra où ces trois publications réunies offriront une base solide aux travaux qui auront pour objet notre patrie romande dans le moyen âge.
Notre volume VIIIme est un volume de Mélanges. Vous avez exprimé le vœu de voir publier alternativement, autant que possible, un volume de chartes et un volume de Mémoires en langue française. La publication des documents, à commencer par les plus anciens, prépare le sol à l’histoire; les recherches critiques le fécondent; vient ensuite la tâche de l’historien, tâche frivole et qui serait de peu de fruit, si le terrain n’avait pas été préparé par ces laborieux défrichements. C’est dans cette persuasion que vous avez donné la première place, dans vos publications, à la chose nécessaire, à l’édition des documents; la seconde, à la mise au jour de mémoires, écrits ces documents en main. Vous avez voulu que l’une ni l’autre ne fût négligée. Ici votre œuvre s’arrête. Elle est de livrer la matière à l’histoire; quant à l’histoire proprement dite, une Société ne l’écrit pas; mais les matériaux se trouvant recueillis, l’homme ne /7/ tarde pas à se présenter qui les coordonne, les anime, et les transforme en tableau du passé. L’Histoire du Canton de Vaud, de M. Verdeil, en est la preuve; elle n’appartient pas à l’ordre de vos publications, mais je ne crains pas de dire que sans vos publications elle n’eût peut-être jamais vu le jour.
Invités à déterminer le champ de vos publications dans l’ordre des temps, et à vous prononcer sur la question de savoir si elles devaient se renfermer dans les anciens âges, ou embrasser aussi les âges plus rapprochés de nous, vous n’avez pas voulu que ces âges plus modernes fussent exclus du champ de vos études. Sans doute il convient de commencer l’étude d’un édifice historique par celle de ses bases, et ce n’est pas sans raison que vous avez cru devoir publier les premiers les documents les plus anciens de notre passé; mais vous ne voulez pas que rien, dans ce passé, demeure exclu du champ que vous vous proposez d'explorer, ni de celui de vos publications. La seule limite que vous vous posez est celle dans laquelle les convenances, et parfois les circonstances, peuvent vous renfermer.
Notre tome IXme renferme l'Introduction à l'histoire du comté de Gruyère. On possédait de bonnes histoires du petit empire gouverné par des rois pasteurs, et situé sur la limite des populations germaines et romanes; mais les plus complètes étaient en langue allemande, et toutes laissaient à désirer un ouvrage plus ample et plus approfondi. M. Hisely n’a rien négligé pour se mettre en état de satisfaire à ce désir. Il a composé la collection la plus considérable qui ait été faite de documents relatifs à l’histoire des comtes et du comté. Il a étudié ces documents en eux-mêmes et dans leur rapport avec l’histoire générale, et le premier /8/ fruit de cette étude a été le volume que vous possédez. On s’est demandé si les points généraux n’y occupaient point trop de place. Peut-être serait-il vrai de l’affirmer si nos publications partaient d’un grand centre littéraire; il ne l’est pas si l’on considère qu’elles ne s’adressent pas à des hommes qui tous soient initiés à l’histoire du moyen âge; qu’un grand nombre de nos sociétaires a dû prendre plaisir à être introduit par des études générales à l’étude spéciale du sujet; et qu’enfin le rapprochement de ces points généraux avec les traits caractéristiques de la Gruyère jette de la lumière sur les uns comme sur les autres.
Son introduction achevée, qui comprend l’étude générale du sujet, M. Hisely s’occupe à nous donner l’histoire des comtes, qui remplira notre tome Xme. Le tome XIme renfermera les chartes les plus remarquables extraites de sa riche collection.
Notre XIIme volume comprend les Cartulaires d'Oujon et de Hautcrêt. L’antiquité des documents suffirait à le recommander. Mais il mérite aussi d’être distingué pour sa belle exécution, et pour une méthode nouvelle, introduite par M. Hisely dans le but de placer les documents sous un jour meilleur et d’en rendre au lecteur la recherche plus facile. Un appendice comprendra quelques chartes relatives à Hautcrêt, découvertes par M. Hisely depuis la publication du cartulaire. Peut-être serait-il bien d’y comprendre le cartulaire de Montheron. Ainsi le volume renfermerait trois recueils, relatifs à trois monastères situés dans le Jura, dans le Jorat et dans les Alpes. Peu à peu, vous le voyez, se complète la publication des chartes de nos monastères, si heureusement commencée par M. Frédéric de Charrière, et qui, nous l’espérons, s'enrichira quelque jour de la /9/ publication du cartulaire de Payerne, entreprise par notre ami, et qu'achèvera son frère, M. Louis de Charrière.
Un tome XIIIme de notre collection se composera de Mélanges. Les circonstances en ayant retardé l'impression, vous le recevrez probablement à la fin de l’année.
Nous avons aussi porté notre attention sur des publications ultérieures.
Nous avons prié M. Forel de s’occuper d’une introduction au recueil, composé par lui, des chartes communales du Pays de Vaud, et nous espérons qu'il voudra bien donner ce précieux complément à nos publications premières.
Pierre de Savoie a été le sujet des recherches approfondies de M. le colonel Wurstemberger, de Berne, et M. Wurstemberger avait permis la publication dans nos volumes du fruit de ses recherches. La difficulté, pour nous, a été celle de trouver un traducteur du manuscrit allemand, et cette difficulté n’est point encore vaincue. Le temps a manqué à la personne qui avait commencé la traduction. Ne désespérons pas cependant de rencontrer l’écrivain qui pourra se charger d’une tâche de longue haleine assurément, mais aussi d’un riche intérêt.
Nous songions encore à publier le Dictionnaire du patois romand, legs de notre premier président honoraire, le doyen Bridel. Deux partis étaient à prendre: ou de publier l'écrit tel qu’il nous avait été laissé, en se bornant à en retrancher quelques étymologies celtiques, hasardées dans un âge de celtomanie, et reconnues plus tard erronées par l'auteur; ou de compléter le dictionnaire du pasteur de Montreux, qui n’embrasse pas le patois des diverses contrées du Pays de Vaud. M. Moratel s’offrait à faire ce complément, mais demandait le temps nécessaire pour le bien /10/ achever. Peut-être le parti le plus sage eût-il été le premier; le dictionnaire eût conservé le caractère original empreint à tout ce qu’a fait le doyen Bridel, et M. Moratel eût, de son côté, publié un dictionnaire plus riche, plus complet et plus savant. La question n’est point encore résolue. Votre commission s'est bornée à trancher celle de savoir si le dictionnaire patois prendrait, ou non, rang dans notre collection. Il nous a paru que là n’était pas sa place; qu’il en avait une à part, et que, fait pour un public nombreux, nous pouvions en abandonner l’édition au neveu de l’auteur, M. Georges Bridel, qui s’est montré disposé à l’entreprendre.
Nous eussions encore souhaité d’être les éditeurs de l'Histoire de l’instruction publique dans le Pays de Vaud, par M. le professeur André Gindroz. Vous connaissez cet ouvrage par des fragments lus dans nos séances. Il est ce que devait faire attendre le nom de son auteur. Connaissance du sujet, hauteur de vues, profondeur de jugement, impartialité, élégance de style, il réunit tous les mérites qui doivent en faire une publication de premier ordre parmi celles qui ont notre pays pour objet. Cependant deux motifs ont empêché votre commission de lui donner place dans vos Mémoires: l’un est tiré du rapprochement que peuvent offrir les débats d’âges déjà rapprochés de nous avec nos débats du jour, et l'autre de la persuasion qu’on livre de la valeur de celui de M. Gindroz n’avait aucun besoin de notre appui, et que, pour paraître en dehors de notre recueil, il n’en aurait pas des lecteurs en moins grand nombre. L’ouvrage est au moment de sortir de presse, et trouvera, nous n’en doutons point, l’accueil auquel il a droit.
Enfin, messieurs, vous avez entendu des fragments de l'Histoire de l’architecture dans notre patrie romande, /11/ entreprise par M. Blavignac. De toutes parts s’est exprimé le vœu que cette histoire pût trouver place dans notre collection. Ce n’est pas sans regret que nous avons dû renoncer à la lui faire. L’ouvrage de M. Blavignac aura deux ou trois volumes; chaque volume comprendra, indépendamment du texte, de cent à cent cinquante planches; sa publication suppose une avance de plusieurs mille francs; c’est dire qu’elle dépasse nos ressources. Comment d'ailleurs établir un rapport entre la valeur de volumes dont le prix de vente sera de 40, que sais-je? de 50 ou 60 francs, et celle de notre modeste cotisation annuelle? Nous avons donc été contraints, bien à regret, de renoncer à être les éditeurs de cette belle œuvre; M. Blavignac sera lui-même son éditeur. Il ose ce que nous ne pouvons oser. Après avoir consacré des années de sa vie à des travaux désintéressés, il se hasarde à en publier le fruit. Que du moins nous lui prêtions individuellement l’appui qu’il nous est permis de lui prêter. Si son livre ne peut pas faire partie du recueil de nos Mémoires, il pourra toutefois s’y ranger. Il sort des mêmes presses; il est imprimé avec les mêmes types; il est du même format; enfin, il paraît sous les auspices de notre Société. Que notre ami trouve donc au milieu de nous de nombreux témoignages de sympathie; qu’il trouve de nombreux souscripteurs: c’est le seul encouragement que nous puissions donner à l’œuvre entreprise généreusement par l’un d’entre nous; à une œuvre, fruit de longues études, faites à grands frais, admirable d'exécution, qui marquera dans l’ordre des publications sur l’histoire de l’architecture, et qui, nous initiant à la connaissance de nos monuments nationaux, est parmi celles qui sont faites pour nous intéresser au plus haut degré. /12/
RESSOURCES.
Les ressources au moyen desquelles nous avons couvert nos frais de publication ont été les contributions des sociétaires et les dons de l’Etat. Deux fois, dans le cours de ces quatre ans, le gouvernement du canton de Vaud nous a fait un don de 500 francs, accompagné d’expressions encourageantes. Les contributions d’entrée de quatre-vingt quinze nouveaux sociétaires, admis dans ces quatre ans, ont versé dans notre caisse, en moyenne, fr. 142.50 par an. Le chiffre des contributions annuelles s’est élevé avec celui des membres de la Société. Notre liste de sociétaires porte 321 noms; il en faut déduire ceux de 33 personnes que la mort nous a enlevées, et de 45 qui se sont expatriées ou retirées de la Société pour des motifs divers. Notre nombre actuel reste donc de 243, et le chiffre de notre contribution annuelle s’élève à 1,458 francs.
Ce nombre accru de sociétaires nous permettait de demander à notre éditeur, M. Bridel, une amélioration dans nos conditions. Notre contrat expirait avec l’an 1850; une commission, nommée le 21 mai 1851, et composée de MM. de Gingins, Forel et de Charrière, a été chargée de la négociation nouvelle. Cette négociation n’a pas été sans difficultés. Enfin, cependant, une convention nouvelle a été conclue. D’un côté, nous avons eu égard aux soins constants apportés par M. Bridel à l'amélioration de nos publications; de l'autre, M. Bridel, à qui nous demandons, soit pour nos sociétaires, soit pour envois à des Sociétés historiques, un /13/ nombre d’environ 260 exemplaires de nos Mémoires, a cru pouvoir réduire de 15 à 14 centimes par feuille le prix auquel nous lui payons les volumes qu’il nous remet.
Nous avons cru devoir aussi chercher à ajouter à la valeur de nos publications par des mesures intérieures, qui les entourassent de nouvelles garanties. C’est ainsi que votre commission de publication a décidé, dans le cours de l'an 1851, de renvoyer tout écrit qui lui serait soumis à un commissaire, prié de faire sur cet écrit un rapport raisonné. Ce rapport détaillé fait mieux connaître le fort et le faible du manuscrit que ne le peut la lecture faite par les membres d’une commission nombreuse, qui trop facilement se reposent les uns sur les autres du soin d’un examen attentif. L’ouvrage admis, le commissaire demeure chargé de la surveillance de l’impression.
Tel est, Messieurs, le compte-rendu de ce qui concerne nos publications et les ressources par lesquelles vous en couvrez les frais. Votre commission a continué de réserver ces ressources pour l’édition de documents et de mémoires historiques et critiques d’une certaine étendue. Mais indépendamment de ces mémoires, nous avons reçu, dans nos séances, communication de faits, de renseignements et de travaux nombreux, soit que ces travaux fussent des œuvres de moindre étendue, soit qu’ils fussent des fragments d’ouvrages plus considérables. Je n’aurais pas achevé le tableau de votre activité dans ces quatre ans, si je ne passais rapidement en revue ce que nous devons à ces communications diverses. /14/
TRAVAUX DIVERS.
Nos âges les plus anciens ont continué d’être l’objet des explorations de M. Troyon, qui nous a exposé, dans presque chacune de nos réunions, le fruit de découvertes nouvelles, toujours avec sa parfaite clarté, et toujours en ramenant les faits de détail à des points de vue généraux. A ces communications se sont jointes celles de MM. Forel, Quiquerez et Charles Gaudin. M. le docteur Campiche a mis sous nos yeux des monnaies et des objets divers d’antiquité trouvés sur le Chasseron. M. d’Olleyres nous a fait part de la découverte, dans les ruines d’Avenches, d’un vaste édifice et d'une inscription propre à en faire connaître la destination. Enfin, M. Gaullieur nous a lu un piquant résumé de la dispute qui s’est élevée entre le jésuite Dunod et M. Marcuard Wild sur l'authenticité des ruines d’Aventicum.
Le moyen âge n’a pas été le sujet de moins d’études diverses. Vous avez entendu un mémoire de M. Flobert sur l’état de la population agricole des Gaules dans le IVme et le Vme siècles. Les passages de Marius et de Grégoire, relatifs à la chute du Tauredunum, ont donné lieu à des mémoires de MM. Troyon, de Gingins, Albert Dawall, et à des recherches qui embrassent toute l’histoire naturelle et humaine de la vallée du Rhône dans le premier moyen âge. M. l’abbé Tornare vous a présenté une table généalogique, attestant que le sang de la reine Berthe coule dans les veines de toutes les familles souveraines de l’Europe /15/ chrétienne. M. Blavignac nous a initiés à ses études sur l’archéologie sacrée de nos pays, M. Blanchet à ses recherches sur les monnaies savoisiennes, épiscopales, et sur celles qui récemment ont été trouvées, les unes à Montet, les autres sur la rive du lac de Morat, où elles reposaient depuis les guerres de Bourgogne.
M. Verdeil nous a entretenus des Etats de Vaud, M. Quiquerez des us et coutumes de l'ancien évêché de Bâle. M. Poncet, de Gex, nous a fait voir sous de nouvelles faces le droit et les mœurs de notre moyen âge; il l'a fait dans une succession de tableaux dont les sujets ont été: le siége de Corbière en 1321, la conquête du Faucigny, la fin tragique de Jaques de Valperga, chancelier de Savoie, précipité dans le Léman en 1462, et l’assassinat de Bernard de Menthon par Philibert de Compeys, en 1469.
M. Martignier a retracé la suite des possesseurs du château d'Aubonne, alors que nous étions réunis dans les murs de ce château. A Grandson, il a retracé pareillement, au sein de l’hospitalité qui nous avait accueillis, l’histoire généalogique de la famille des Grandson. M. de Gingins a complété ce narré par une étude critique sur les derniers représentants de cette famille seigneuriale; et, dans notre réunion d’Orbe, sa notice sur la ville d’Orbe a été lue devant un public nombreux et vivement intéressé.
Le château de Chillon a été le sujet de plusieurs communications, entre autres d’une lettre de M. Wurstemberger à M. Louis de Charrière, sur l’époque de la bataille de Chillon.
Les chroniques savoisiennes ont fourni à M. Gaullieur la matière d’une spirituelle critique; et la correspondance de Félix V avec Louis de Savoie, pleine de l’idée de la réunion /16/ de la Lombardie avec le Piémont, lui a prêté le sujet de maints rapprochements avec des événements contemporains.
Les temps modernes n’ont pas été négligés. M. Herminjard nous a donné des fragments de sa biographie du réformateur Viret, composée en grande partie dans un château de l'Ukraine. M. Exchaquet a mis en nos mains les matériaux d’une histoire de son aïeul, ingénieur distingué. M. le docteur Nicaty nous a fait parvenir des renseignements tirés des archives d’Aubonne. M. Rod. Blanchet a présenté l’intéressante collection des médailles bernoises.
M. Ræmy, de Bertigny, vous a communiqué dans un mémoire la découverte qu’il a faite d’une chronique fribourgeoise, Friburgum Helvetiorum, et vous avez appris avec joie qu’il publiait cette chronique dans le latin original et dans une traduction accompagnée de notes savantes.
Nous devons à M. Gaullieur l'histoire de la neutralité de la Suisse, et des relations relatives à la Savoie, pendant la guerre de la succession d’Espagne, une histoire de la bibliothèque de Genève, celle d’une émigration suisse dans l’Amérique anglaise en 1733, et une notice sur M. de Grenus, généreux donateur de notre Société alors que nous faisions nos premiers pas.
M. Verdeil a retracé la vie littéraire de Lausanne dans le XVIIIme siècle. M. Daguet nous a lu des fragments d’une vie du Père Girard; M. Kohler, des extraits de ses recherches sur l'histoire de la poésie dans l'Evêché de Bâle; M. Vulliemin, les premières pages d’une notice sur le doyen Bridel; et M. Hornung nous a présenté des vues générales sur ce qu’il estime la vocation historique et littéraire de la Suisse romane. /17/
Enfin, Messieurs, M. Alphonse Mandrot, après avoir enrichi vos publications de bonnes cartes lithographiées de l’ancien évêché de Lausanne et de la Gruyère, a déposé devant vous un alias historique de la Suisse, à la publication duquel nous serions heureux de pouvoir concourir, si nos ressources nous le permettaient.
RELATIONS.
Nos rapports avec des Sociétés sœurs et avec des amis de l’histoire, dans notre patrie et à l’étranger, ont continué d'être pour nous pleins d'intérêt et de fruits. Il vous souvient de notre réunion à Morat, avec la Société suisse d’histoire, et des deux jours, si remplis, que nous avons passés dans cette ville illustre et hospitalière. Vous échangez vos publications, en Suisse, avec celles de la Société historique de notre commune patrie, avec celles des Sociétés de Genève, de Fribourg, de Berne, du Jura, de Bâle, de Zurich, et des cinq cantons primitifs; en France, avec le Bulletin de la Société d’histoire de France, avec les publications de la Société des antiquaires et de celle de Picardie; en Belgique, avec les Mémoires de l’Académie royale de Bruxelles; en Allemagne, avec ceux de la Société saxo-thuringienne et ceux de la Société dont Ratisbonne est le centre. Vous comptez parmi vos membres honoraires plusieurs des hommes les plus marquants dans la science historique, en Allemagne, en Angleterre, en France, en Italie et dans la Confédération. Vous entretenez avec ces hommes des relations précieuses. Votre bibliothèque s’enrichit annuellement de leurs dons. /18/
C’est a deux conditions, Messieurs, que vous avez pu continuer ainsi votre œuvre: celle du travail et celle de la concorde. Notre association se compose d’hommes qui comprennent diversement le bien du pays, mais la diversité de vues ne s’est jamais manifestée au milieu de nous que dans les limites des convenances. Toujours a prédominé le but que nous poursuivons en commun. Toujours il y a eu, dans l’enceinte qui nous réunissait, ouverture pour tous, place pour tous, liberté pour tous. C’est dans cet esprit seul que peut fleurir votre Société. J’ai cherché constamment à m’acquitter dans cet esprit de la tâche que vous m’aviez confiée; je ne sais si j’ai pu le persuader à tous, mais je sais que telle a toujours été ma sincère et ferme intention.
L. Vulliemin.