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Mémoires et documents de la Société d’histoire de la Suisse romande

Edition numérique

Frédéric de GINGINS-LA SARRAZ

Épisodes des guerres de Bourgogne 1474-1476

Dans MDR, 1849, tome VIII, Mélanges, p. 113-463

© 2020 Société d’histoire de la Suisse romande

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ÉPISODES DES GUERRES DE BOURGOGNE

Ao 1474 à 1476,

PAR

M. Frédéric de Gingins La Sarraz,

Président honoraire de la Société d’histoire de la Suisse romande.


AVANT-PROPOS.

Plusieurs siècles se sont écoulés depuis la guerre que les Suisses soutinrent contre les armes de Charles-le-Hardi. Cependant ce long espace de temps n’a point diminué le vif intérêt qui s’attache à toutes les circonstances de cette grande lutte. — Peut-on s’en étonner quand on considère que la chute de la maison de Bourgogne, l’une des plus florissantes de la Chrétienté, altéra profondément les rapports existants entre les principaux Etats de l’Europe, et en mettant en contact immédiat les Puissances rivales de la France et de l’Autriche, engendra toutes les guerres qui ont ensanglanté l’Europe depuis la bataille de Guinegate jusqu’à celle de Fontenoy. Le roi Louis XV était frappé de /114/ cette vérité lorsque, visitant le tombeau élevé à Bruges au dernier duc de Bourgogne, il dit, en montrant ce monument funèbre: — « Voilà le berceau de toutes nos guerres. »

On a trop exalté la part glorieuse que les Suisses prirent à la ruine du duc Charles; accusé par les contemporains de nourrir des projets hostiles contre leur liberté et de viser à la domination universelle 1 . Mais l’histoire des temps modernes démontre que ce danger, qu’on exagérait à dessein, n’est devenu que plus imminent par la destruction d’un Etat intermédiaire entre la France et l’Allemagne. La corruption des mœurs antiques, la discorde et la jalousie des Cantons populaires contre les villes ne tardèrent pas à se manifester au sein des Confédérés comme les effets funestes de la guerre de Bourgogne, et dissipèrent bientôt, aux yeux des vrais patriotes le prestige des triomphes de Grandson et de Morat 2 . — Le célèbre Alb. de Haller, faisant allusion aux conséquences politiques de ces événements écrivait à son fils en 1769: « Nos ancêtres ont fait de grandes fautes: ils ont aidé à détruire la maison de Bourgogne qui les défendait du voisinage dangereux de la France 3 . »

Dans les Lettres sur la guerre de Bourgogne 4 ; ainsi que /115/ dans les notes sur l’histoire des Suisses de J. de Müller, publiées en 1839-1840 1 , nous avons déjà eu l’occasion de faire observer que l’histoire de ces guerres mémorables, altérée par les antipathies ou les sympathies nationales, avait été présentée jusqu’ici sous des couleurs trop changeantes pour être fidèles. — Ces considérations ont aussi conduit plusieurs écrivains Belges et Suisses à se livrer à une étude plus impartiale et plus approfondie de l’époque de Charles-le-Téméraire. A côté des travaux de MM. de Reiffenberg et Gachard 2 , se placent avantageusement les ouvrages publiés récemment par nos compatriotes, MM. Emmanuel de Rodt, de Berne, et J. Gaspard Zellweger, de Troguen. Ces ouvrages, dignes de toute l’attention des amateurs de l’histoire, sont écrits en langue allemande et n’ont point encore été traduits en français. Le premier, en deux volumes, embrasse dans son cadre toutes les Campagnes de Charles-le-Hardi 3 . Le second beaucoup moins étendu, est principalement destiné à faire connaître les causes véritables des guerres de Bourgogne 4 , et à en développer les phases successives.

Ces travaux se distinguent également par le zèle intelligent, /116/ et les soins qui ont présidé à leur composition ainsi que par une exposition consciencieuse des faits. Ils renferment en outre diverses pièces inédites et fort importantes pour la solution de plusieurs questions obscures. Mais l’œuvre du vénérable Zellweger se recommande plus particulièrement par le développement des négociations diplomatiques qui dirigèrent les événements de cette époque. Habitué à répandre une clarté plus vive sur toutes les matières qu’il soumet à ses savantes investigations, il s’est livré à une révision critique et générale de tous les documents où ses devanciers avaient puisé avec trop peu de discernement. Il en résulte de nouvelles et précieuses lumières sur l’origine et le développement des guerres de Bourgogne, et sur le rôle que les Suisses et les autres puissances belligérantes jouèrent dans ce drame sanglant.

L’auteur est parvenu ainsi à déchirer le voile qui couvrait encore la trame compliquée des traités conclus par Louis XI et l’archiduc Sigismond avec les Suisses contre le duc de Bourgogne, et des intrigues coupables ourdies par l’avoyer de Diessbach, de Berne, pour entraîner son pays dans une lutte impopulaire et périlleuse, et pour vaincre la légitime répugnance que les cantons éprouvaient à se liguer avec l’Autriche, leur ennemie naturelle, pour combattre un prince qui était leur plus ancien allié 1 . Le tableau de ces manœuvres obscures, exposé par M. Zellweger avec autant /117/ de clarté que d’érudition, forme sans contredit la partie la plus attachante et la plus instructive de ce remarquable travail. Il démontre l’erreur des historiens qui ont cherché l’origine de la guerre de Bourgogne dans de prétendues provocations du duc 1 , ou dans les vexations de ses lieutenants, tandis que cette guerre mortelle ne fut, au contraire, que la suite d’un plan habilement conçu et longuement préparé par Louis XI, de concert avec Nicolas de Diessbach, son confident et son agent principal en Suisse 2 , pour susciter à son rival un nouvel ennemi aussi intrépide qu’aguerri, et rejeter sur les Confédérés tout le poids d’une guerre ruineuse, tandis que lui-même se retirait de la lutte. Cependant le roi n’eût point atteint son but, sans l’or répandu à pleines mains par ses émissaires à titre de pensions, soit dans les cantons, soit parmi les hommes les plus influents du pays, où le duc de Bourgogne comptait beaucoup d’amis 3 . Quant à ceux que la corruption ne pouvait atteindre, on se servit adroitement des craintes que le tempéramment guerrier et entreprenant du duc Charles pouvait inspirer, pour les alarmer sur le maintien de leur antique liberté, qui, leur disait-on, était fortement menacée, par /118/ certains projets d’agrandissement qu’on lui prêtait. C’est ainsi que les émissaires français parvinrent à exciter au sein des peuplades confédérées d’abord une agitation factice; puis une ardeur belliqueuse que le patriotisme prévoyant et désintéressé d’un Bubenberg tâcha vainement de modérer 1 .

On n’est point encore suffisamment éclairé sur l’importance que l’histoire doit attacher à ces bruits. Ils reposaient sur certaines ouvertures qui auraient été faites au duc Charles, plusieurs années avant la guerre (en 1469), de la part de l’empereur Frédéric III à l’occasion du mariage projeté entre l’héritière de Bourgogne et l’archiduc Maximilien 2 . Pour décider le duc à conclure cette alliance, l’empereur lui avait fait proposer de rétablir en sa personne l’ancien titre de roi de Bourgogne en y joignant « le vicariat impérial sur les terres et principautés assises en deçà (ou sur la rive gauche) du Rhin 3  ». Ce premier projet paraît avoir, plus tard (1473), fait place à un autre, qui consistait à revêtir le duc Charles de la dignité de roi des /119/ Romains, que ce prince aurait ensuite fait passer sur la tête de l’archiduc Maximilien son gendre futur, afin de perpétuer la couronne impériale dans la maison de Habsbourg 1 . — Lors même que ces vastes projets se fussent réalisés, ils n’auraient pas changé essentiellement les rapports existants entre les Cantons Suisses et l’empire Germanique, et ne menaçaient qu’indirectement les libertés dont ces cantons étaient si jaloux. Quoi qu’il en soit ces plans et le mariage de l’héritière de Bourgogne avec l’archiduc Maximilien, furent rompus à la suite de la fameuse entrevue de Trèves (décembre 1473), et n’ont guères pu exercer une influence décisive sur les déterminations des Confédérés 2 . Il faut donc reconnaître avec l’auteur de l’essai sur les causes de la guerre de Bourgogne, qu’en se précipitant dans une lutte aussi impolitique que dangereuse, les Suisses, entraînés par un petit nombre de chefs ambitieux et avides, ne furent en réalité que les instruments aveugles des vues égoïstes de la France et de l’Autriche et le jouet de la politique machiavélique de leurs puissants voisins 3 .

Ce drame sanglant a eu trois phases très-distinctes, et /120/ qu’il importe de ne pas confondre entr’elles. La première s’ouvre par la déclaration de guerre lancée par les Confédérés contre le duc Charles-le-Hardi, le 25 octobre 1474, et s’étend jusqu’au mois de novembre de l’année suivante, où s’ouvrirent à Berne et à Neuchâtel des négociations pour la paix qui restèrent sans résultat. Cette période comprend la campagne d’Alsace et l’invasion de la Franche-Comté; où les bandes suisses interviennent comme troupes auxiliaires, soldées par l’archiduc Sigismond, pour remettre ce prince en possession des domaines qu’il avait volontairement engagés au duc de Bourgogne 1 .

Dans la seconde période où la maison de Savoie se vit enveloppée malgré elle dans la lutte, les Bernois et les Fribourgeois déclarèrent la guerre au comte de Romont (le 14 octobre 1475) et, sous de vains prétextes, s’emparèrent de tout le pays-romand, depuis Morat jusqu’à Genève. En même temps l’Autriche et la France se retiraient de la lutte en traitant, chacune de son côté, avec le duc de Bourgogne; laissant ainsi retomber sur les Suisses seuls tout le poids de la guerre qu’elles avaient allumée 2 . C’est alors seulement que les Confédérés, combattant pour leur propre compte, déployèrent une énergie merveilleuse, pour repousser l’ennemi dont ils avaient provoqué la vengeance, et qu’ils /121/ remportèrent les éclatantes victoires de Grandson et de Morat (1476) qui élevèrent le peuple suisse au rang des nations les plus guerrières et les plus braves de l’Europe.

La courte mais décisive campagne de Nancy, où le duc Charles perdit si misérablement la vie, (janvier 1477), forme la troisième et dernière phase de cette guerre célèbre. Mais ici les bandes suisses paraissent de rechef sur les champs de bataille, non pour leur propre compte, mais comme auxiliaires du jeune duc de Lorraine, ou plutôt de Louis XI, qui avait avancé l’argent nécessaire pour leur solde et leur entretien 1 .

Les circonstances par suite desquelles la maison de Savoie et le Pays de Vaud en particulier furent enveloppés dans la guerre des Suisses contre le duc Charles-le-Hardi, n’ont pas été traitées par M. Zellweger avec le même développement que celles qui concernent les autres puissances intéressées dans ce grand conflit. Nous avons déjà eu l’occasion de faire connaître ailleurs quels étaient à cet égard les résultats de nos propres études 2 . /122/


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I.
TABLEAU DE L’HELVÉTIE ROMANDE
Ao 1467-1476.

A l’époque où la guerre éclata entre le duc de Bourgogne et les Suisses, l’Helvétie romande toute entière, depuis Morat inclusivement jusqu’à Genève, appartenait depuis plus de deux siècles à la maison de Savoie. Les habitants de cette contrée heureuse et paisible jouissaient sous le nom de franchises et de priviléges d’un degré de liberté qui ne les rendait point envieux de l’indépendance turbulente et aventureuse des peuples de l’Helvétie allemande leurs voisins. Séparés les uns des autres par l’origine, le langage et des mœurs différentes, ils ne l’étaient pas moins par leurs tendances politiques et leurs intérêts matériels.

La noblesse, les bourgeois et le peuple des villes et des campagnes romandes entretenaient des relations étroites et réciproques avec les habitants de la Franche-Comté de Bourgogne 1 . Ils tiraient de cette province une partie des /124/ denrées les plus nécessaires à leur subsistance, comme le sel, le blé, etc.; et ils y trouvaient en échange un débouché avantageux pour leurs bestiaux et pour les autres produits du pays. Ces relations cimentées par le temps, encouragées et protégées par les ducs de Bourgogne, subsistaient encore dans toute leur intensité, en sorte que toutes les sympathies du pays-romand s’adressaient à la cause bourguignonne, qu’il considérait avec raison comme la sienne propre. Par contre, dans tous les rangs de la société, les Vaudois envisageaient les Suisses habitant de l’autre côté de l’Aar et de la Sarine comme des étrangers auxquels ils donnaient indistinctement le nom générique d’Allemands (Allemani), qui pour eux était presque le synonyme d’ennemi.

Le corps helvétique lui-même n’existait point encore comme Etat indépendant (Staatenbund). Ligués par le besoin de la défense commune, chacun des huit cantons qui composaient ce corps fédératif était libre de contracter des alliances particulières, et se considérait encore comme membre du saint empire romain 1 . Les députés de ces cantons s’assemblaient irrégulièrement, tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre 2 ; et ces Diètes n’avaient aucun organe central (Vorort) pour les représenter auprès des puissances étrangères. — Tandis que Zurich correspondait au nom des huit anciens cantons, avec les princes allemands, Berne au contraire se portait ordinairement comme l’intermédiaire officieux des rapports diplomatiques ou commerciaux que /125/ ces cantons entretenaient avec la Bourgogne, la Savoie et la France. Cette dernière circonstance explique comment les Confédérés ont pu être entraînés, presqu’à leur insu et contre leur gré, dans une lutte corps à corps avec le duc Charles, par les manœuvres hardies et perfides des chefs du parti français qui s’étaient emparés à Berne d’un pouvoir presque dictatorial, en écartant des conseils, par une espèce d’ostracisme, les hommes les plus capables de déjouer leurs coupables intrigues 1 .

Dans le grand conflit élevé d’une part entre le roi de France et le duc de Bourgogne, et de l’autre entre ce prince et les Cantons Suisses, la position de la maison de Savoie, souveraine du Bas-Valais, du Pays de Vaud, de Fribourg et de Morat, devenait aussi difficile que périlleuse. Yolande de Valois, régente de Savoie pendant la minorité de son fils le duc Philibert Ier, s’était vue dans la nécessité de chercher auprès du duc Charles un appui contre les plans du roi Louis XI, son frère, qui lui inspiraient une défiance d’autant plus légitime que ce monarque favorisait ouvertement les entreprises de Philippe de Savoie, comte de Baugé et seigneur de Bresse, qui ne tendait à rien moins qu’à enlever à cette princesse, sa belle-sœur, la tutelle de son fils et le gouvernement de l’Etat. L’autorité de la duchesse Yolande était soutenue par deux de ses beaux-frères, fils puinés du feu duc Louis Ier, savoir, Jacques de Savoie, comte de Romont, et Jean-Louis, évêque de Genève, qui partageait avec elle la responsabilité du pouvoir souverain. Par contre Janus de Savoie, comte de Genevois et seigneur de Faucigny, tenait, avec son frère le comte Philippe, le parti de la France. /126/

Pendant plus de deux siècles Berne avait dû à la protection efficace et persévérante de la maison de Savoie de pouvoir développer librement son indépendance et sa prospérité. Mais en dernier lieu 1 cette ville avait profité des dissensions domestiques qui divisaient cette illustre maison pour s’immiscer dans les affaires intérieures de la Savoie et pour changer habilement le rôle de protégé contre celui de protecteur, à l’instigation du roi Louis XI et du comte Philippe de Bresse dont elle appuyait les prétentions. De son côté le duc de Bourgogne avait un intérêt direct et puissant à maintenir l’autorité de la duchesse et l’indépendance de ses Etats contre la France, pour conserver, par la Savoie et le Piémont, ses communications avec l’Italie, où ce prince guerrier recrutait les meilleures troupes de son armée permanente. Le comte de Romont que la conformité des talents et des goûts belliqueux, et son caractère aventureux et chevaleresque liaient, depuis sa jeunesse, à la fortune de Charles-le-Hardi, le secondait activement pour déjouer les plans dangereux ourdis par la France contre son propre pays.

Jacques de Savoie, qui portait le titre de comte de Romont, était le septième 2 des fils du duc Louis Ier. Il devint feudataire de la maison de Bourgogne par son mariage avec Marie de Luxembourg, petite-fille du fameux connétable de Saint-Pol, qui lui apporta en dot plusieurs seigneuries considérables dans la Flandre et l’Artois. Cette princesse ne lui donna qu’une fille, Louise-Françoise, mariée au comte Henri /127/ de Nassau, dont elle n’eut pas d’enfants 1 . La petite ville de Romont (rotundus mons) située dans la partie romande du canton actuel de Fribourg, sur un mamelon que couronnait jadis un château fort, qui subsiste encore en partie, était le chef-lieu d’une simple châtellenie dont le ressort s’étendait sur une douzaine de villages groupés aux environs. Le Duc Amédée VIII avait érigé cette terre en comté en 1440 en la donnant à Humbert, bâtard de Savoie, son frère naturel. — Le duc Louis par un acte daté de Quièrs, du 24 février 1460 2 , avait assigné en partage à Jacques de Savoie la baronnie de Vaud, avec le comté de Romont, dont le prince prit dès lors le titre sous lequel il se rendit célèbre dans les annales militaires de son temps; mais comme le prince de Piémont son frère aîné jouissait encore de cette baronnie, il n’entra en possession réelle de son apanage qu’après la mort de son père le duc Louis (1465) et l’avénement du duc Amédée IX, qui l’en investit formellement par une charte datée de Pignerol de l’an 1467 3 . Le comte étant à Annecy le 25 juin de la même année, promit, entre les mains des députés du Pays de Vaud, de maintenir les libertés, franchises et bonnes coutumes de ce pays, qui avait conservé le privilége d’être gouverné par ses propres loix 4 .

La baronnie de Vaud (Baronia Vuaudi), que le duc Louis avait de nouveau détachée du domaine patrimonial de la couronne de Savoie, (29 janvier 1456), pour constituer /128/ une dot au prince de Piémont, son héritier présomptif, et assurer le douaire de Yolande de France que ce prince venait d’épouser 1 , se composait alors de dix-sept ou dix-huit châtellenies ou mandements administratifs 2 , distribués dans la Suisse romande, entre les Alpes de la Gruyère et le mont Jura, et depuis les marais d’Aarberg jusqu’à Coppet. L’investiture de la baronnie de Vaud de l’an 1467, dont on a parlé, ne spécifie que huit des châtellenies mentionnées dans celle de 1456; savoir les châteaux, villes et mandements de Romont, Rue, Moudon, Estavayer, Yverdun, Cossonay, Morges et Nyon, avec les péages de cette ville, de Morges et des Clées. Mais ce premier apanage constitué en faveur du comte de Romont, fut augmenté en 1471 à la suite des troubles que souleva à la cour de Savoie la question de la régence de l’Etat, nécessitée par les infirmités du duc Amédé IX; régence à laquelle Philippe, comte de Bresse et Jacques, comte de Romont, frères du duc, prétendaient avoir une part 3 . — Le comte de Romont avait occupé les châteaux, villes et mandements que le duc s’était réservés dans le pays romand, et que le premier revendiquait comme une part légitime de l’héritage paternel 4 . /129/

Le roi de France et les députés des villes de Berne et de Fribourg étant intervenus comme médiateurs, ils ménagèrent un accommodement par lequel les arbitres confirmèrent la duchesse dans la régence de l’Etat et adjugèrent au comte de Romont les terres qu’il avait saisies dans la seigneurie de Vaud, savoir: Morat, Payerne, Cudrefin, Montagny (les monts), Grandcour, Corbière, Sainte-Croix et les Clées 1 . Divers actes témoignent que ce prince était en pleine possession de ces villes, châteaux et mandements, dès le mois d’octobre 1471 2 . Quant au château et mandement de Belmont, il appartenait en propre à la duchesse Yolande, épouse d’Amédée IX 3 .

En donnant la baronnie de Vaud en apanage à son fils /130/ aîné le prince de Piémont, le duc Louis s’était, comme on l’a dit, réservé la souveraineté et le ressort, c’est-à-dire l’appel au Sénat de Chambéry on à son conseil de toutes les causes civiles et criminelles, jugées par la cour du bailli ou gouverneur de Vaud. Il s’était réservé en outre le droit exclusif de frapper des tailles ou des contributions extraordinaires sur le pays, et les receveurs généraux ou particuliers du baron de Vaud étaient soumis au contrôle de la chambre des comptes de Savoie. Le prince apanagé ne pouvait contracter des alliances, ni faire la guerre pour son propre compte sans le consentement formel du duc, son suzerain 1 .

Le gouvernement général de la patrie de Vaud était confié à un bailli (Ballivus Vuaudi), qui en temps de paix maintenait l’ordre public dans le pays, et s’appliquait surtout à prévenir les collisions entre les seigneurs et les communes. Il exerçait une autorité étendue sur les châtelains et les officiers inférieurs. Il présidait la haute cour de justice, siégeant à Moudon 2 , où il convoquait les députés des bonnes villes, les bannerets et les nobles vassaux, lorsqu’il s’agissait d’obtenir d’eux des aides ou des subsides, ou de prendre des mesures concernant l’intérêt général ou la /131/ défense du pays 1 . En temps de guerre le bailli de Vaud convoquait le ban et l’arrière-ban, et les vassaux des villes et des campagnes étaient tenus de se réunir sous sa bannière avec leur contingent 2 . Il pourvoyait à l’approvisionnement et à la défense des places fortes et des châteaux, et réunissait dans ses attributions un pouvoir civil et militaire fort étendu.

Les châtelains (Castellani) avaient la garde des châteaux du prince, ils commandaient dans le district de leur châtellenie, surveillaient le recouvrement des subsides et des revenus du domaine, dont la perception se faisait par des officiers inférieurs appelés vidomnes, majors ou mestraux ou par les fermiers qui tenaient ces revenus en régie, et en rendaient compte soit au trésorier général du duc de Savoie, soit au trésorier particulier du baron de Vaud 3 , suivant que ces recouvrement concernaient l’un ou l’autre de ces princes. Les emplois temporaires de bailli et de châtelain 4 n’étaient conférés que pour une année seulement, et comme la permutation avait lieu au milieu de l’année soit au premier juin 5 ; leur temps d’exercice comprenait régulièrement les sept derniers mois de l’année courante et les cinq premiers /132/ mois de la suivante. Cette circonstance est la cause de la confusion qui règne dans les listes des baillis de Vaud que plusieurs auteurs ont publiées. Cependant les bannerets et les nobles vassaux du pays ordinairement investis de ces fonctions étaient, la plupart du temps, appelés par la confiance du prince à les occuper plusieurs années de suite ou alternativement. — Ces hauts fonctionnaires ainsi que le procureur de Vaud 1 tenaient leur office du baron de Vaud et exerçaient en son nom les fonctions dont ils étaient revêtus. Ce régime ainsi que les droits qui avaient été réservés en faveur du souverain, par le duc Louis, paraissent avoir été maintenus à l’égard du comte de Romont, lorsque ce prince fut investi de la baronnie de Vaud, en 1467, et confirmés par les traités de Montmélian et de Chambéry en 1471 2 .

Cependant dès son avénement Jacques de Savoie institua deux nouvelles charges supérieures à celle de bailli de Vaud, l’une pour le commandement militaire, l’autre pour le gouvernement civil du pays. La première de ces charges était celle de Lieutenant-Général d’armes (armorum locumtenentis generalis), dont les fonctions étaient semblables à celles que le Maréchal de Savoie exerçait dans la province de ce nom. La deuxième était celle de gouverneur (gubernator Vuaudi), ou de Lieutenant-général civil 3 . Philibert de /133/ Compeys, seigneur de Chapelle; Antoine d’Avenches, chevalier; et Jean de Vergy, seigneur de Montricher remplirent successivement les charges de lieutenant-général et de gouverneur de Vaud pour le comte de Romont pendant la période de 1467 à 1476 1 . L’institution de ces nouveaux fonctionnaires supérieurs réduisit les attributs du bailli de Vaud à l’administration de la justice civile et criminelle, dont le siége était à Moudon, tandis que le gouverneur de Vaud résidait au château de Romont. — Après le traité de Fribourg (14 août 1476) qui réunit aux domaines des ducs de Savoie l’apanage du comte de Romont, les charges de gouverneur et bailli de Vaud furent de nouveau réunies dans la même personne, et celle de lieutenant-général fut supprimée.

Les châteaux, bourgs et mandements que le comte de /134/ Romont possédait dans la patrie de Vaud; — nom qu’on donnait au pays-romand en général; — n’étaient point contigus entr’eux de manière à former un territoire distinct du reste du pays. Ses possessions se trouvaient au contraire entrecoupées par celles des hauts barons, ou bannerets et des seigneurs ecclésiastiques qui relevaient immédiatement de la suzeraineté du duc régnant et non du baron de Vaud, dont les fiefs ne mouvaient du duc que médiatement. — Dans le nombre de ces fiefs immédiats, plusieurs baronnies importantes appartenaient à des seigneurs originairement bourguignons ou savoisiens. Au premier rang de ces grands feudataires étrangers se trouvaient 1 Louis de Châlons, prince d’Orange, auquel appartenait la seigneurie de Cerlier, sur le lac de Bienne, et ses deux frères puinés, Louis, sire de Château-Guyon, et Hugues, seigneur d’Orbe, qui possédaient dans le pays-romand, le premier, la baronnie de Grandson et les terres de Montagny-le-Corboz, et le second, les terres d’Orbe, d’Echallens et de Bottens. Les Vergy, sires de Champlite en Bourgogne étaient seigneurs de Champvent, de la Motte et de Montricher; tandis que les La-Baume-Montrevel possédaient Attalens, Arconciez, Illens et La-Roche-des-Vannels ou Plafayon, près de Fribourg, et la terre de Mont-le-Grand au pays de Vaud. Ces grands barons, vassaux de la maison de Savoie, appartenaient aux maisons les plus illustres et les plus puissantes des Deux-Bourgognes, et ils occupaient en même temps les plus hauts emplois à la cour et dans les armées du duc Charles. Le château et la seigneurie d’Orbe, appartenant à Hugues de /135/ Châlons, formaient dans le pays de Vaud une enclave étrangère, relevant de toute ancienneté de la mouvance des comtes ou ducs de Bourgogne 1 . La maison de Viry, originaire du Genevois, tenait les terres de Rolle et de Mont-le-Vieux, tandis que celles d’Aubonne, de Coppet et d’Oron appartenaient au comte de Gruyères, maréchal de Savoie, qui, lié avec Berne et Fribourg par d’anciens traités de combourgeoisie, suivit dans la guerre de Bourgogne, une conduite assez équivoque. — Ces grands feudataires et le comte de Romont lui-même étaient tenus, par le devoir de leurs fiefs, de suivre, avec leurs propres vassaux, la bannière du duc de Savoie, de lui ouvrir leurs châteaux et maisons fortes en temps de guerre et d’y recevoir telle garnison qu’il jugeait nécessaire pour la défense du pays.

Les terres de l’évêché et du chapitre de Lausanne comprenant la ville et le territoire de ce nom, les quatre paroisses de La Vaux, le Jorat et une partie du Gros-de-Vaud ainsi que la ville d’Avenches, formaient dans le pays-romand comme un petit Etat dans l’Etat; dont l’évêque était souverain temporel avec le titre de comte ou de prince immédiat du St.-Empire romain 2 Ce prélat ne reconnaissait tout au plus la supériorité du duc de Savoie qu’en qualité de vicaire impérial. Il en était à peu près de même des principaux monastères du pays, tels que ceux de Romainmotier et de Payerne, qui jouissaient de diverses immunités et /136/ exemptions, sous la sauvegarde du duc de Savoie 1 . Ces seigneuries ecclésiastiques formaient autant de petits territoires indépendants de la baronnie de Vaud dans laquelle ils se trouvaient enclavés.

La ville de Fribourg, quoique libre en ce qui concernait son régime intérieur, avait volontairement reconnu la souveraineté de la maison de Savoie. Mais cette dépendance, presque nominale, était contrebalancée par l’alliance étroite que cette ville avait contractée avec Berne et d’autres villes de l’Helvétie allemande. Dominée par l’influence croissante de ses voisins, la bourgeoisie romande de Fribourg partagea bientôt les dispositions hostiles des Bernois contre la noblesse du pays de Vaud 2 . Elle n’attendait qu’une circonstance favorable pour se séparer de la Savoie et pour entrer dans la Confédération suisse. — Son admission dans le corps helvétique 3 devint plus tard la récompense de la part active que les Fribourgeois prirent à la guerre contre Charles-le-Téméraire et contre la maison de Savoie, au mépris des liens de vassalité qui l’attachaient à cette maison souveraine 4 . /137/

Tel était l’état de l’Helvétie romande et de ses relations civiles et politiques, avec la Franche-Comté d’un côté, et la Savoie de l’autre, à l’époque où la guerre de Bourgogne éclata.

Aussitôt que la faction française qui poussait à la guerre l’eût emporté sur le parti national, à Berne, à Fribourg et dans les principaux cantons de la ligue, l’avoyer de Diessbach, qui tenait dans sa main tous les ressorts de ces machinations obscures, s’était concerté avec Philippe, comte de Bresse, pour obliger la duchesse de Savoie à renoncer à son alliance avec le duc de Bourgogne, et, au besoin, pour la dépouiller de la régence de l’Etat 1 . Cette tentative à main armée, qui échoua par la vigilance de l’évêque de Genève 2 , n’eut d’autre effet que de resserrer encore plus étroitement l’alliance qu’on voulait rompre, en augmentant la juste méfiance de la régente contre le roi son frère, l’instigateur secret de toutes ces entreprises. Les actes d’hostilités commis en même temps par les Bernois dans le pays de Vaud, en pleine paix, soulevèrent l’indignation des habitants et appelèrent de leur part des représailles. Au moment même où les Bernois déclaraient la guerre au comte de Romont (14 octobre 1475), Louis XI venait de conclure avec le duc Charles, une trève de neuf ans, dans laquelle il avait compris les Suisses 3 . Dans la longue énumération des griefs /138/ articulés par Berne, soit contre le comte, soit contre son frère, l’évêque de Genève, soit contre la régente elle-même, pour justifier cette nouvelle agression et l’invasion soudaine du pays-romand 1 , les Suisses se plaignaient principalement du libre passage que la maison de Savoie accordait au travers de ses Etats, aux troupes italiennes que le roi de Naples et le duc de Milan, alliés du duc de Bourgogne 2 , envoyaient de temps à autre à l’armée de ce prince, occupée au siége de Nancy en Lorraine. Ce grief, le seul qui présente quelque importance, aurait pu être considéré comme un casus belli si les Suisses avaient fait la guerre pour leur propre défense; mais loin de là, ils s’étaient mis aux gages du roi de France et de l’Autriche et combattaient comme auxiliaires de ces deux puissances étrangères. D’ailleurs la situation géographique de la Savoie et ses alliances, soit avec la Bourgogne, soit avec le Milanais, ainsi que le besoin de sa propre conservation, défendaient à la régente de se faire, comme les Confédérés, l’instrument des plans hostiles que Louis XI nourrissait contre ses puissants voisins, en s’exposant elle-même à une guerre imminente et ruineuse contre tous les deux à la fois 3 .

Quoi qu’il en soit le passage de ces bandes italiennes /139/ fut le motif dont les Suisses se prévalurent pour continuer la guerre et pour transporter le théâtre des hostilités entre les Alpes et le Jura, dans les domaines de la maison de Savoie.

Le comte de Romont qui, dans sa jeunesse, avait été le frère d’armes du duc Charles, s’était vu plus tard investi par ce prince de divers emplois civils et militaires importants. Lorsque la guerre éclata entre le duc et les Suisses, Jacques de Savoie remplissait depuis plus d’une année la charge de lieutenant-général du duc de Bourgogne dans les Pays-Bas 1 . Cependant les chefs de la faction française qui dominaient à Berne feignirent d’ignorer cette circonstance lorsqu’ils s’engagèrent envers lui à sauvegarder ses domaines du pays de Vaud, et lui reprochèrent plus tard cet excès de confiance comme un acte de duplicité, afin de justifier aux yeux des Confédérés la violation de cette sauvegarde 2 .

Les complications qu’on vient de signaler, ainsi que l’antagonisme national existant entre les Allemands et les Welsches leurs voisins, expliquent suffisamment comment la maison de Savoie se trouva fatalement enveloppée dans la guerre suscitée entre le duc de Bourgogne et les Suisses, sans qu’il soit nécessaire d’avoir recours aux griefs bien ou mal fondés allégués par les Bernois et leurs alliés pour justifier /140/ l’invasion du pays-romand et les atrocités qui signalèrent cette invasion soudaine, à laquelle ce pays n’était nullement préparé. Ce n’est qu’après avoir vu une partie de ses possessions ravagée et conquise par les Suisses que la maison de Savoie, abandonnant le système de temporisation qu’elle avait cherché à maintenir au milieu des puissances belligérantes, se déclara ouvertement pour le duc de Bourgogne 1 ; lorsque ce prince franchit le Jura (8 février 1476 ) à la tête d’une puissante armée et fut accueilli comme un libérateur par la noblesse et le peuple du pays-romand, exaspérés par les actes de barbarie dont les bandes suisses s’étaient souillées à Estavayer, à Orbe et aux Clées, et qui provoquèrent à leur tour les représailles non moins cruelles dont la garnison suisse de Grandson fut la victime. L’animosité que ces scènes avaient excitée au milieu des populations romandes se manifesta par de nombreuses voies de fait contre tous les Allemands sans distinction de patrie qui traversaient le pays. Elles donnèrent lieu à plusieurs épisodes qui remplissent le cadre des principaux événements de cette guerre mémorable. L’histoire n’a pas dédaigné d’attribuer l’origine même de la guerre de Bourgogne à un épisode de ce genre. En effet, plusieurs écrivains contemporains, d’une grande autorité, tels qu’Olivier de la Marche et Ph. de Commines ont prétendu que les Suisses avaient fait la guerre au comte de Romont « pour quelques charriots de peaux de moutons confisqués à certains marchands allemands ou suisses. » Cette opinion s’accrédita au point d’avoir été répétée par tous les historiens modernes 2 . /141/

Elle n’en est pas mieux fondée pour cela, comme on pourra s’en convaincre par les éclaircissemens qui vont suivre.

Trois circonstances continuèrent fatalement à envelopper la maison de Savoie dans la guerre des Suisses contre le duc de Bourgogne et à reporter le théâtre de cette guerre dans le pays de Vaud:

1o L’ambition et les manœuvres occultes de Philippe, Monsieur, comte de Bresse, qui de concert avec le roi Louis XI et les Bernois, cherchait à dépouiller la duchesse de Savoie de la régence et à se rendre maître du gouvernement de l’Etat.

2o Le passage continuel des troupes italiennes qui traversaient la Savoie et le pays-romand pour se rendre à l’armée du duc de Bourgogne, passage que l’empereur et le roi de France voulaient intercepter à tout prix.

3o Enfin, la facilité que les défilés du Jura vaudois offraient aux Suisses pour pénétrer en armes au cœur de la Franche-Comté, et assurer en même temps leur retraite en cas de revers.

Tous les prétendus griefs allégués par les Suisses contre le comte de Romont et les seigneurs du pays-romand n’ont été que des prétextes frivoles, amplifiés à dessein pour légitimer aux yeux du vulgaire l’injustice d’une agression soudaine et pour pallier les actes de férocité dont les Confédérés se rendirent coupables dans cette guerre funeste envers un peuple voisin et inoffensif.

L’histoire des « peaux de moutons » défigurée par nos historiens et à laquelle on a donné une trop grande importance, ne forme réellement qu’un épisode tout à fait secondaire de ce drame sanglant; mais elle présente un exemple /142/ remarquable des actes de spoliation qui accompagnèrent ou suivirent l’invasion du pays de Vaud par les Suisses et des malheurs particuliers qui frappèrent plusieurs familles au milieu des calamités générales. Cet épisode, dont les détails ont été puisés dans les archives privées des châteaux du pays se rattache à la deuxième période des guerres de Bourgogne (en 1475 et 1476) où le pays de Vaud et le Chablais vaudois furent le théâtre des principaux événements de ces guerres mortelles.


/143/

II.
LE PAYS-ROMAND EST FATALEMENT ENVELOPPÉ DANS LA GUERRE DE BOURGOGNE.

Ao 1474-1475.

« Emotion se fait des Bernois, qui ont voulu gagner le Châtel de Sainte-Croix; comme bien avez su. En Vaud, bannières sont levées, etc. » C’est en ces termes que par un message daté du 13 septembre 1474 l’évêque de Genève dénonçait à la régente de Savoie, sa belle-sœur, les actes d’hostilité par lesquels les Suisses se préparaient à faire la guerre au duc Charles de Bourgogne et à ses alliés.

Philippe de Savoie, comte de Bresse, et Janus, comte de Genevois, frère de l’évêque de Genève, Jean-Louis, venaient effectivement de surprendre la ville d’Annecy, suivis de 150 lances françaises, tandis que les Bernois effectuaient de leur côté une tentative pour surprendre le château de Sainte-Croix, qui faisait partie du douaire de Yolande de France, duchesse de Savoie, mère et tutrice du jeune duc Philibert-le-Chasseur 1 . /144/

Cette attaque qui paraissait avoir été concertée entre les Bernois et les princes savoyards avait pour but principal d’ôter la régence à cette princesse, alliée du duc de Bourgogne, pour faire passer le gouvernement de l’Etat entre les mains des comtes de Bresse et de Genevois, entièrement dévoués au roi de France. Le complot avait échoué par la vigilance et la fermeté de l’évêque de Genève, chef du conseil de la régente, qui de même que le comte de Romont, son frère, partageait l’antipathie qu’inspirait à tous les patriotes savoisiens le joug odieux que la politique cauteleuse de Louis XI prétendait imposer à leur pays 1 . — D’un autre côté, dans la prévision d’une rupture avec le duc de Bourgogne, rupture que l’or et les intrigues secrètes de la France faisaient prévoir comme très-prochaine, Berne, en faisant une tentative pour surprendre le bourg fortifié de Sainte-Croix, dans le Jura vaudois 2 , cherchait à s’assurer, d’avance, un passage pour pénétrer en Franche-Comté du côté où cette province devait le moins s’attendre à être attaquée par les Suisses. Quoi qu’il en soit, cette entreprise à main armée, faite en pleine paix par les Bernois au mépris des traités de bon voisinage qui subsistaient entr’eux et la maison de Savoie, souleva dans le pays-romand une rumeur et une indignation qui se manifestèrent par une prise d’armes générale 3 . /145/

Jacques de Savoie, comte de Romont et seigneur de la baronnie de Vaud, se trouvait alors absent du pays. Ce prince guerrier était lié depuis plusieurs années à la fortune de Charles-le-Téméraire. Dès l’année 1471, il avait levé dans les terres de son apanage un corps de volontaires vaudois, auxquels s’étaient joints des Suisses et des Savoyards 1 , qu’il conduisit à l’armée du duc de Bourgogne 2 . Parmi les jeunes gentilshommes du pays-romand qui le suivirent dans cette expédition, se trouvaient Jacques, fils de Guillaume, sire de La Sarra; Claude de Goumoëns; Henri de Colombier; et d’autres chevaliers dont les noms ne sont pas venus jusqu’à nous 3 . Plus tard Jacques de Savoie fut chargé par le duc du gouvernement des Pays-Bas et de la défense militaire de l’Artois (1473-1475) 4 . Ces emplois et la continuité de la guerre ne permirent que rarement au comte de visiter ses domaines. Cependant il avait profité d’une courte trève entre la Bourgogne et la France pour se rendre dans sa baronnie de Vaud, au commencement de l’année 1474. Il ne tarda pas à être informé des sourdes menées qui se pratiquaient en Suisse pour brouiller les Confédérés avec le duc de Bourgogne. Néanmoins, soit qu’il /146/ ignorât que les intrigues du parti français fussent aussi avancées qu’elles l’étaient en effet 1 , soit qu’il se fiât un peu trop à la loyauté de ses voisins, le comte de Romont se rendit en personne à Berne à la fin de février ou au commencement de mars de la même année, et là, en présence des conseils assemblés, il exposa « qu’étant obligé par honneur et par devoir de s’éloigner personnellement de son pays 2 , et attendu l’alliance étroite qui unissait la ville de Berne et la maison de Savoie dont il était l’un des enfants; il priait les Bernois de recevoir ses domaines et ses vassaux du pays de Vaud sous leur sauvegarde et de ne permettre aucune entreprise qui fût préjudiciable à son pays. Prenant de son côté l’engagement de ne rien faire de contraire aux intérêts de cette ville. » Cette garantie fut solennellement accordée au prince qui s’en revint à Romont après avoir été largement festoyé à Berne avec toute sa suite 3 .

Au moment où il allait quitter le pays pour se rendre dans le Luxembourg où le duc l’avait rappelé il vit arriver Guillaume de la Baume, seigneur d’Illens, que ce prince lui avait dépêché depuis Dôle, le 6 mars (1474), pour le charger d’envoyer en son nom une ambassade aux Cantons Confédérés afin de dissiper les impressions fâcheuses que /147/ produisaient, parmi les Suisses, les bruits faux ou exagérés répandus à dessein par les émissaires français et autrichiens contre le duc de Bourgogne, au sujet des domaines de l’Alsace que l’archiduc Sigismond lui avait volontairement engagés 1 .

Le comte de Romont chargea de cette délicate et importante mission messire Henri de Collombier, chevalier, seigneur de Vuillerens, et le sieur Jean Allard, docteur es-lois, auxquels il laissa des instructions qu’il avait fait rédiger en sa présence 2 . Ces envoyés, parlant au nom du duc Charles, étaient chargés de rappeler à tous les cantons: « Les grandes et anciennes amitiés et bons voisinements qui de tout temps ont été entre la maison et les pays de Bourgogne et les Confédérés; que l’acquisition des pays de Ferrette et d’Aussoy (l’Alsace), n’avait point eu lieu dans des vues préjudiciables aux Suisses, mais tout au contraire à leur grande fortification et sûreté 3 . Et certifieront messire Henri de Collombier et Jean Allard à tous les dits alliés, comment mon dit seigneur le duc entend vivre en toute paix et bon voisinement avec eux ... et ne le trouveront point autrement quelque langage ou paroles controuvées que on leur ait fait ou fasse entendre. »

Les envoyés du duc et du comte de Romont se rendirent /148/ successivement dans les huit cantons ainsi qu’à Soleure et à Fribourg, et recueillirent partout des assurances plus ou moins sincères, mais positives, de leur désir de maintenir la paix qui subsistait entre le duc Charles et les Suisses 1 . A Berne même où le parti français n’avait pas encore entièrement étouffé la voix du parti bourguignon 2 , les envoyés du duc et du comte furent reçus avec honneur et cordialité: « Il semblait même que les bourgeois (les 200) convoqués à leur demande, au son des cloches, les vissent très-volontiers; et après avoir oy le tout, les firent retraire et leur dirent qu’on leur ferait réponse en leur logis. » — Cette réponse fut plus favorable 3 qu’on ne devait s’y attendre d’après les avis que les ambassadeurs avaient reçus. Les Bernois déclaraient: « que par mon dit trez redouté seigneur (le duc de Bourgogne) ne leur vint oncques dommage, mais tout bien et tout honneur ... et qu’ils veulent entretenir l’intelligence que eux et leurs alliés ont avec lui, et pareillement au roi, vu les intelligences (alliances) qu’ils ont d’un côté et d’autre » 4 . /149/

Revenus de leur mission, les envoyés du duc dressèrent un rapport circonstancié des réponses qui leur avaient été faites dans chaque canton, et ce rapport signé par le comte de Romont fut porté au duc par le seigneur d’Illens 1 . Il paraît que le duc de Bourgogne et le comte de Romont ajoutèrent une foi trop implicite aux assurances de paix données à leurs envoyés par les Confédérés et par les Bernois en particulier; car le comte partit presqu’aussitôt pour se rendre dans son gouvernement des Pays-Bas 2 . Pendant son absence la garde de sa baronnie de Vaud et du pays-romand resta confiée au chevalier Antoine d’Avenches, son lieutenant-général, conjointement avec le bailli de Vaud 3 , messire Humbert Cerjat, chevalier, qui remplit plusieurs fois cette charge élevée durant la guerre de Bourgogne. Lorsque l’attaque imprévue du château de Sainte-Croix par les Bernois eut répandu l’alarme dans le pays-romand, ces deux chevaliers convoquèrent le ban et l’arrière-ban, et à tout événement ils prirent de concert des mesures pour mettre les villes et les châteaux du pays à l’abri d’un nouveau coup de main de la part des Allemands 4 . — Dans l’entrefaite la régente de Savoie avait envoyé à la diète assemblée à Lucerne (6 septembre 1474) une ambassade composée de messires Antoine Champion, président de Turin; Humbert Cerjat, seigneur /150/ de Conbremont; Pétermand Pavilliard, avoyer de Fribourg; et Jean du Pont, pour tâcher de conjurer le péril dont la menaçait une ligue plus étroite entre la France et les Suisses, et pour proposer à ceux-ci de se porter médiatrice entr’eux et le duc de Bourgogne 1 . Mais ces démarches conciliantes échouèrent devant les offres brillantes et séductrices des envoyés français qui venaient de présenter à la diète le plan d’une nouvelle alliance, concerté d’avance entre le roi Louis XI et l’avoyer Nicolas de Diessbach 2 ; ce plan consistait à réunir en un seul faisceau toutes les forces de la France, de l’empereur, de l’archiduc d’Autriche et du duc de Lorraine pour ruiner la prépondérance de la maison de Bourgogne, et pour procurer à ces puissances, liguées contre le duc Charles, le secours des bandes guerrières et vacantes des Suisses 3 .

La guerre déclarée au duc de Bourgogne par les Confédérés en date du 25 octobre 1474 4 , fut le résultat déplorable du triomphe remporté en Suisse par la faction française et autrichienne sur le parti national et indépendant 5 . Tandis que les bandes suisses servaient en foule sous les drapeaux de l’archiduc Sigismond, dont la querelle avec le /151/ duc Charles, pour le recouvrement de l’Alsace qu’il lui avait engagée 1 , ne touchait en aucune façon aux intérêts et à la liberté des Confédérés, Berne, devenue le satellite du roi Louis XI, reprochait aigrement à la maison de Savoie de maintenir ses anciennes alliances avec la Bourgogne, et prétendait que la régente de Piémont et le comte de Romont rompissent tous les liens qui les attachaient au duc Charles et fermassent leurs Etats à ce redoutable et puissant voisin, pour les ouvrir aux Suisses devenus ses ennemis 2 .

Les actes d’hostilités qui suivirent immédiatement la déclaration de guerre du 25 octobre 3 , obligèrent la cour de Turin et les princes de Savoie à prendre des mesures sévères pour prémunir leurs domaines des dangers imminents dont cette guerre menaçait tout le pays-romand.

Jean-Louis de Savoie, évêque et prince de Genève, commendataire des prieurés de Romainmotier, de Payerne et de Beaulmes au pays de Vaud, jouissait, à plus d’un titre, de toute la confiance de Yolande, sa belle-sœur, régente de Savoie, qui l’avait investi du gouvernement général de ses Etats en deçà des monts 4 . Lorsque la guerre eut éclaté, /152/ cette princesse, suivant les avis de ce prélat aussi dévoué que vigilant, pourvut en outre à la défense du pays de Gex et du Chablais, menacés d’un côté par le comte de Bresse, ennemi secret de la régente, et de l’autre par les Hauts-Valaisans, alliés des Suisses 1 . Ces deux bailliages furent mis sur le pied de guerre et placés sous le commandement d’un capitaine-général 2 , revêtu des pouvoirs civils et militaires les plus étendus, soit pour visiter les villes, bourgs et châteaux fortifiés de ces provinces et les pourvoir de tout ce qui pouvait assurer leur défense; soit pour convoquer le ban et l’arrière-ban des vassaux, réunir en armes les Francs-archers du pays et les tenir prêts à se porter au premier signal sur tous les points menacés par le voisinage des parties belligérantes 3 .

La charge aussi élevée que périlleuse de capitaine-général du pays de Gex et du Chablais fut conférée, par Lettres patentes de la régente de Savoie, datées du château de Montcalier,du 28 novembre 1474 4 , à messire Amédé de Gingins, chevalier, seigneur de Belmont en Genevois, dont /153/ la famille nombreuse et vouée à la carrière des armes possédait plusieurs châteaux forts, soit dans le pays de Gex, soit dans le Chablais (vaudois) qui se prolongeait alors tout à l’entour de la tête du lac Léman depuis Thonon jusqu’à Vevey inclusivement 1 . Cette circonstance ainsi que les preuves de capacité et de haute prudence dont le sire de Belmont avait déjà donné plus d’une preuve, et son expérience de la guerre motivèrent, à ce qu’il paraît, le choix honorable de la duchesse et de son conseil 2 . Ces Lettres patentes attribuaient en outre au capitaine-général des pouvoirs extraordinaires; tels que ceux d’arrêter, d’incarcérer et de faire punir sévèrement tous les étrangers qui troubleraient ou compromettraient la paix et la sûreté publiques 3 . Ces mesures étaient justifiées par l’agitation qui régnait dans tous les pays menacés par la guerre et par le système d’espionnage que les Bernois et les Fribourgeois avaient organisé dans le pays-romand et jusqu’à Genève par les marchands allemands qui fréquentaient cette ville 4 .

En l’absence du comte de Romont qui avait suivi le duc de Bourgogne au siége de Neuss, sur le Rhin inférieur, où /154/ ce prince reçut la déclaration de l’archiduc Sigismond et des Suisses 1 , le pays de Vaud était resté sous la garde fidèle du chevalier Antoine d’Avenches, son lieutenant-général, et du bailli de Vaud, dont les pouvoirs réunis équivalaient à ceux que la duchesse avait conférés aux capitaines-généraux des autres provinces savoisiennes 2 . Ils prirent de concert toutes les précautions que réclamait la gravité des circonstances, et armèrent le pays qui se tint sur la défensive 3 .

Trois jours après avoir déclaré la guerre au duc Charles, et avant que le herault d’armes chargé de lui porter la lettre de défi du 25 octobre fût arrivé à son camp devant Neuss, sur le Rhin 4 , les Suisses s’étaient mis en campagne, au nombre de plus de 8,000 hommes, et après avoir opéré leur jonction avec l’armée de l’archiduc Sigismond, sous le commandement du comte de Thierstein, ils entrèrent dans la Franche-Comté et mirent le siége devant la forte place d’Héricourt (8 novembre), qui appartenait à Henri de Neuchâtel en Bourgogne, lieutenant-général du duc Charles sur les frontières d’Allemagne 5 . Dans le même temps le /155/ comte de Romont avait été détaché du camp de Neuss et envoyé en Franche-Comté pour ramener au duc de Bourgogne les gendarmes flamands et picards chassés de l’Alsace par les Autrichiens, ainsi qu’une troupe de mercenaires italiens qui arrivait par les défilés du Jura 1 . Il s’était avancé jusqu’à Passavant, petite ville située près de Beaume-les-Dames, à une bonne journée de marche de Héricourt, lorsqu’il fut informé par le sire de Neuchâtel de l’investissement de cette place. Le comte de Romont lui envoya aussitôt toutes les troupes qu’il avait à sa disposition. Le sire de Neuchâtel ayant rassemblé à la hâte un corps d’environ 10,000 hommes 2 fit une tentative pour délivrer la place assiégée; mais son armée fut mise en déroute (le 13 novembre 1474) et les Suisses remportèrent leur première victoire sur le duc de Bourgogne. Après la déroute, le comte de Romont, qui, de sa personne, n’avait point pris part au combat, rallia les débris de l’armée bourguignonne et se remit en marche vers le Rhin 3 . /156/

Tandis que les Suisses, soudoyés par l’archiduc Sigismond, s’emparaient, pour le compte de ce prince, du pays de Ferrette et de la place d’Héricourt en Bourgogne, les Bernois avaient surpris et occupé, en deçà du Jura, la petite ville et le château de Cerlier, en allemand Erlach (27 octobre 1474), appartenant à Guillaume de Châlons, prince d’Orange, sous la suzeraineté du duc de Savoie. Le prétexte allégué par Berne était que ce prince, étant au service du duc de Bourgogne, pouvait en faire une place de guerre contre les Suisses 1 . Le chevalier Rodolphe d’Erlach, bourgeois de Berne et châtelain héréditaire de Cerlier, auquel le prince d’Orange avait laissé la garde de ce château, livra la place, sans faire aucune résistance et se borna à demander que les droits de son seigneur fussent réservés 2 .

Ce fut par une crainte semblable, mais tout aussi peu légitime que, dès les premiers jours de l’année suivante (2 janvier 1475), Berne et Fribourg s’emparèrent du château d’Illens et des terres d’Arconcié et de La Roche 3 , situés dans le voisinage de cette dernière ville. Ces deux terres, /157/ qui faisaient partie de la baronnie de Vaud, appartenaient, par héritage, à Guillaume de la Baume-Montrevel, seigneur d’Illens, conseiller et chambellan du duc de Bourgogne 1 . La maison de la Baume, l’une des plus élevées de la Bresse, possédait ces terres, ainsi que d’autres encore situées dans le pays-romand, sous la mouvance directe du duc de Savoie, souverain de ce pays 2 .

Quand on apprit en Savoie et à la cour de Turin cette brusque violation du territoire vaudois et des traités existants entre les deux pays voisins, le comte Philippe de Bresse et le maréchal de Savoie, François de Gruyères, se rendirent, de leur chef, à Berne pour tâcher de prévenir une rupture ouverte entre cette ville et la régente. Mais l’intervention officieuse de ces deux seigneurs ne servit qu’à mettre au grand jour, d’un côté leur partialité en faveur du parti français qui dominait à Berne, et de l’autre le mauvais vouloir de ce parti à l’égard de la duchesse de Savoie 3 . Un projet de convention fut rédigé entr’eux, par lequel Berne exigeait impérieusement:

1o Que la régente déclarât ouvertement la guerre au duc de Bourgogne, et que toutes les forces armées du pays marchassent avec les siennes contre lui. /158/

2o Qu’il fût libre aux bandes suisses, armées ou non, de traverser les pays de la domination de Savoie, soit pour aller, soit pour revenir, en payant les vivres dont elles auraient besoin.

3o Que le comte de Romont fût immédiatement rappelé, avec sa suite, du service du duc de Bourgogne.

4o Et avant tout, que Genève payât aux Bernois douze mille florins du Rhin, pour la prétendue insulte faite à quelques-uns des leurs 1 , à leur passage par cette ville.

5o Enfin, que jusqu’à l’acquittement de cette somme, les villes de Morat et d’Yverdun, ainsi que les châteaux de Grandson, d’Orbe et de La Sarra 2 , appartenants aux seigneurs romands, leur seraient livrés à titre d’hypothèque.

Berne accordait 15 jours à la régente pour ratifier cet ultimatum qui, en outre, devait être accepté par les bonnes villes et les habitants des places engagées 3 .

Ces conditions exorbitantes ne tendaient à rien moins qu’à livrer le pays de Vaud tout entier aux Bernois, et à /159/ mettre les Etats de la régente et du comte de Romont à leur merci et à celle de la faction française qui avait dicté cet ultimatum. Cependant, avant de le rejeter, la régente, qui désirait rester en paix avec les Suisses, voulut tenter tous les moyens de conciliation en son pouvoir. Des conférences s’ouvrirent à Lausanne entre les princes de Savoie, les délégués de la patrie de Vaud, et les députés de Berne et de Fribourg 1 . En même temps la duchesse écrivit aux députés des cantons orientaux, assemblés à Lucerne, une lettre, datée de Montcalier, du 21 janvier 1475 2 , pour se plaindre des procédés hostiles de Berne et de Fribourg vis-à-vis de la Savoie: — « Ne sachant plus, (disait-elle), quel esprit malfaisant avait soufflé sur ces deux villes. » — et pour leur annoncer que le duc de Bourgogne, inclinant à la paix, avait accepté sa médiation et celle de plusieurs princes voisins, afin de rétablir la bonne harmonie entre lui et l’empereur, pour lequel ils avaient commencé la guerre contre le duc 3 . Ces démarches n’ayant pas eu le succès qu’elle en espérait, la régente s’adressa au duc de Milan, son allié, et le sollicita de s’interposer auprès des Confédérés pour en obtenir des conditions plus raisonnables 4 . Un envoyé /160/ du duc Galeas Sforza se rendit effectivement à Berne où il arriva le 23 février (1475), peu de jours avant le retour des plénipotentiaires du roi Louis XI 1 , apportant la ratification du fameux traité du 2 janvier 1474 (v. St.), et une bonne partie de l’argent destiné à entretenir la guerre des Suisses contre le duc de Bourgogne 2 .

Enflés par la récente victoire d’Héricourt et séduits par l’or français, les Bernois se vantaient de tenir tête aux forces réunies des Milanais, de la Savoie et de la Bourgogne 3 , et persistaient dans leurs prétentions exagérées. — Cependant, sur les huit cantons qui composaient alors la ligue helvétique, cinq Etats penchaient pour la paix, soit parce qu’ils ne nourissaient aucune haine contre la Savoie, soit parce que dans toutes les occasions, Berne, comme chef du parti de la guerre, se faisait à elle-même la part du lion 4 . Tout ce que l’envoyé du duc de Milan put obtenir de sa mission, fut la promesse « d’accueillir les députés que la régente de Savoie devait envoyer à Berne pour le 8 du mois de mars » 5 .

Cette nouvelle ambassade, présidée par messire Urbain de Chivron, Protonotaire apostolique et abbé de Tamié en /161/ Savoie, passa à Fribourg le 13 de mars, pour se rendre à Berne, où les envoyés français s’efforçaient d’empêcher tout accommodement, en fomentant la mésintelligence et une animosité croissante contre la maison de Savoie 1 . Effectivement le roi avait fait savoir aux Suisses « que comme Madame de Savoie tolérait le passage des Lombards et avait permis aux siens de combattre à Héricourt contre les Allemands, il permettait aux Bernois de donner à sa sœur une correction; mais que S. M. ne souffrirait jamais qu’elle et son fils fussent écrasés par les Suisses 2 . Les Bernois insistaient sur tous les points que les envoyés considéraient comme inadmissibles; savoir, une déclaration de guerre immédiate au duc de Bourgogne et la liberté d’occuper les passages du pays de Vaud pour envahir la Franche-Comté; menaçant la régente, en cas de refus, d’une rupture inévitable 3 . C’est en vain que les envoyés piémontais représentèrent aux Bernois que l’antique alliance qui subsistait entre la Bourgogne et la Savoie s’opposait à ce qu’on obtempérât à leur demande; d’autant moins que les traités existants entre la Savoie et les Suisses ne stipulaient rien de pareil, et que la guerre que faisait alors le duc Charles sur les bords du Rhin n’était point dirigée contre /162/ les Confédérés 1 . Ils consentaient cependant à payer l’indemnité que Berne réclamait pour ses députés retenus à Genève, et ils offrirent de soumettre les autres points contestés au jugement de leurs Confédérés 2 .

Berne ne voulut entendre aucune raison, et il était évident que cette ville ne cherchait que des prétextes pour rompre avec la Savoie 3 . Elle avait gagné Fribourg en lui proposant d’occuper en commun les villes et châteaux d’Yverdun et de Grandson, et l’on s’était concerté avec cette ville sur les moyens de s’emparer des domaines du comte de Romont au pays de Vaud et même d’empêcher que les autres cantons et les Valaisans ne missent obstacle à ces conquêtes 4 .

En quittant Berne les envoyés savoyards crurent devoir prévenir le lieutenant-général du comte et le bailli de Vaud des dispositions hostiles des Bernois et même des Fribourgeois, quoique ceux-ci fussent sujets de la maison de Savoie, afin que ces officiers eussent à prendre des mesures conformes à la gravité des circonstances 5 . /163/

Dans l’intervalle les bandes suisses, alléchées par le butin enlevé dans la campagne d’Héricourt, s’étaient de nouveau jetées dans la Franche-Comté en saccageant tout le pays renfermé entre le Jura et le Doubs, jusqu’à Pontarlier 1 .Au retour de cette expédition, où le territoire de Neuchâtel avait été traité en pays ennemi, malgré l’étroite alliance du margrave de Hochberg avec Berne 2 , les chefs bernois proposèrent aux capitaines soleurois et fribourgeois de profiter de l’ardeur guerroyante de leurs bandes armées pour se rendre maîtres des châteaux et autres places fortifiées qui défendaient les passages du Jura. On chercha vainement à leur représenter que ces châteaux, quoiqu’appartenant à des seigneurs bourguignons 3 , faisaient cependant partie des Etats de la maison de Savoie avec laquelle on n’était point en guerre; la violence ou la politique, comme on voudra, l’emporta sur l’équité et sur le droit des gens 4 .

Les bandes suisses, rassemblées à Neuchâtel, s’ébranlèrent le 26 avril (1475) et marchèrent droit sur Grandson dont la ville et le château étaient défendus par les vassaux et les paysans de la baronnie, sous la conduite de P. Majoris, de Romainmotier, dit de Joigne, commandant pour Louis de Châlons-Arlay, sire de Château-Guyon, qui pour lors se trouvait au camp du duc de Bourgogne devant Neuss. /164/ La ville ayant été emportée (le 30 avril), le château fut obligé de capituler (le 1er mai). La garnison put se retirer vie et bague sauve, et la place fut occupée par un corps de 300 Bernois 1 .

« Du dit lieu de Grandson, les dits sieurs se portèrent en belle ordonnance tirant droit à Montagny-le-Corboz, lequel était au seigneur d’Orbe (Hugues de Châlons), et fut brûlé et mis en ruine 2 . Et tirant outre droit devant le châtel de Champvent, et après avoir pareillement brûlé le dit Champvent 3 , tirèrent droit devant le château d’Orbe 4  »

Ce château, dont l’origine remontait aux temps des mérovingiens, avait été rebâti vers le milieu de ce siècle par les soins de Louis de Châlons, prince d’Orange, père de Hugues 5 . Celui-ci en avait confié la garde à messire Nicolas de Joux, seigneur de Châteauvilain, vaillant chevalier franc-comtois, qui, peu de jours auparavant, s’était rendu en personne à Berne auprès de l’avoyer N. de Diessbach pour tâcher de détourner l’orage prêt à fondre sur les domaines /165/ transjurains de la maison de Châlons 1 . Ses ouvertures ayant été repoussées, N. de Joux s’était enfermé dans le château d’Orbe avec une trentaine de gentilshommes (milites) du pays et trois ou quatre cents braves soldats, qui firent une défense héroïque et digne d’un meilleur sort. — Tous périrent sur la brêche ou furent passés au fil de l’épée 2 .

La prise d’Orbe, où les Bernois mirent une garnison de trois cents hommes, entraîna la soumission d’Echallens qui appartenait au même seigneur 3 . Le gros de l’armée suisse commandée par le chevalier Petermann de Wabern, ancien avoyer de Berne, se porta ensuite contre la forteresse de Jougne qui fut emportée d’assaut sans que la garnison eût opposé une résistance bien sérieuse 4 . Après avoir occupé les seigneuries vaudoises des Châlons et s’être ainsi rendu maîtres des communications entre le pays de Vaud et la Bourgogne, les Confédérés revinrent triomphants sur leurs pas, en prenant leur route par Yverdun, Estavayer et /166/ Payerne, dont les habitants leur firent une réception où la terreur qu’inspiraient les sanglantes exécutions qui avaient marqué leur passage, surmonta toute vélléité de résistance 1 .

Informée de cette nouvelle infraction de la paix et de l’intégrité du territoire vaudois, la régente avait immédiatement envoyé à Fribourg (le 8 mai) le président de Savoie, Antoine Champion 2 , pour protester et pour demander la restitution des places dont les Suisses venaient de s’emparer, au mépris des traités et des droits de souveraineté du duc de Savoie. L’envoyé offrit même, en cas de contestation, de soumettre la chose au jugement de « Messieurs de Fribourg » 3 . Mais cette offre conciliante fut rejetée et les Suisses se maintinrent depuis lors en possession des seigneuries enlevées à la maison de Châlons, dont les châteaux restèrent occupés par de fortes garnisons bernoises et fribourgeoises qui tenaient perpétuellement en alarme toute la contrée environnante 4 . /167/

Sous prétexte de relever ces garnisons allemandes, et de pourvoir les places fortes du Jura, qu’elles occupaient, de vivres et de munitions de guerre, des bandes indisciplinées de Suisses parcouraient tout le pays, s’introduisaient dans les villes fermées pour y acheter des denrées et les enlevaient de vive force quand on les leur refusait 1 . En même temps, des marchands allemands de St.-Gall, de Nuremberg et d’autres villes étrangères, profitaient de la protection des Bernois et des Fribourgeois 2 , auxquels ils servaient d’espions, pour introduire frauduleusement dans le pays de Vaud des marchandises de contrebande, au détriment du revenu des villes et du souverain 3 . Ces abus et ces vexations engendraient de la part des Vaudois de sanglantes représailles que les autorités du pays tâchaient vainement de prévenir 4 .

D’un autre côté, depuis que le duc Charles avait fait une alliance avec le duc de Milan, de nombreuses bandes armées, levées en Lombardie et en Calabre pour le service /168/ de Bourgogne, prenaient leur route par la Savoie, et traversaient sans cesse le pays de Vaud pour se rendre en Franche-Comté par les gorges du Jura 1 . Tout récemment (juillet 1475) un corps de trois à quatre cents gendarmes recrutés dans le royaume de Naples par le Gr. Bâtard de Bourgogne, avaient franchi les Alpes. Arrivés à Thonon, ils passèrent le lac, et, divisés par petits groupes, ils étaient parvenus à tromper la surveillance des garnisons allemandes du Jura, et à gagner heureusement la Franche-Comté 2 . Le passage continuel de ces troupes étrangères, mal disciplinées, auxquelles il fallait fournir des vivres, augmentait la disette qui se faisait déjà sentir dans le pays, et ajoutait à la détresse des habitants, qui en outre étaient surchargés de dépenses et de corvées extraordinaires pour fortifier les villes et les châteaux 3 , toujours plus ou moins exposés à être surpris par les Allemands.

Les complications et l’irritation croissante qu’elles engendraient de part et d’autre faisaient prévoir une rupture ouverte et prochaine entre les Bernois et la maison de Savoie, lorsque le bruit se répandit en Suisse que le duc de Bourgogne et le roi de France avaient conclu ensemble, le 13 septembre 1475, une trève pour neuf ans 4 , dans laquelle /169/ Berne et ses alliés d’un côté, et de l’autre la régente de Savoie, le duc, son fils, et le comte de Romont se trouvaient formellement compris; pourvu que dans l’intervalle d’un délai, expirant au 1er janvier suivant, ils s’abstinssent de tout acte d’hostilité réciproque 1 .

Dans les premiers jours qui suivirent la conclusion de cette paix générale 2 , le duc de Bourgogne, pressé de mettre fin aux embarras que la guerre suscitait à la maison de Savoie, fit une nouvelle et solennelle démarche auprès des Suisses pour se réconcilier avec eux 3 . A cet effet il dépêcha à Berne une personne de confiance, pour demander un sauf-conduit afin que ses envoyés pussent se rendre à Neuchâtel, pour traiter avec eux. Mais les Bernois refusèrent d’entrer en négociations avant d’en avoir conféré avec leurs alliés dans la diète qui devait s’assembler à Lucerne, le 29 de septembre suivant, où il ne paraît pas qu’on ait donné suite à ces propositions. /170/

Cette démarche du duc de Bourgogne qui semblait faite pour amener une pacification générale, hâta au contraire la rupture prête à éclater entre Berne et le comte de Romont 1 . La paix avec la France donnait enfin à ce prince ardent et belliqueux la liberté de revenir dans ses foyers pour protéger en personne ses domaines du pays de Vaud, opprimés et molestés par la présence de ces mêmes voisins sous la sauvegarde desquels il avait cru pouvoir les mettre pendant sa longue absence; et qui avaient abusé de cette sauvegarde pour entrer en armes dans son pays, et pour s’emparer des terres de la maison de Châlons 2 .

Jacques de Savoie, se confiant dans la suspension d’armes dont les Bernois avaient déjà reçu indirectement l’avis 3 , et qui devait d’un moment à l’autre leur être officiellement dénoncée 4 , avait quitté au mois de septembre les quartiers du duc Charles et était arrivé à Gex, d’où il s’était rendu dans les premiers jours d’octobre à Lausanne, accompagné seulement de cinq ou six cavaliers de sa maison 5 . Le retour inopiné de ce prince au pays de Vaud fut interprété par /171/ les Bernois comme le résultat d’un plan concerté entre lui et les capitaines des troupes que le duc Charles avait envoyées en Bourgogne pour garder cette province, et la purger de la présence des Allemands qui tenaient garnison à Jougne, à Héricourt et à Montbéliard 1 . Leurs préparatifs étant faits pour entrer en campagne, les Bernois se décidèrent à ne pas donner au comte de Romont le temps de pourvoir à la défense de ses places 2 , et ils le prévinrent en lui déclarant la guerre immédiatement, par une lettre de défi, datée du 14 octobre 1475 3 , et qui à dû parvenir à ce prince à Lausanne, où il se trouvait le 16 du même mois 4 .


/172/

III.
INVASION DU PAYS ROMAND.

Octobre et Novembre 1475.

Dans la longue et futile énumération des griefs articulés par les Bernois pour justifier aux yeux du roi Louis XI la guerre déclarée au comte de Romont, son beau-frère, ainsi que l’invasion soudaine du pays-romand, ce prince est mis en cause tantôt en qualité de membre de la maison de Savoie, infidèle à l’alliance de sa maison avec les Suisses; tantôt comme l’un des principaux capitaines de l’armée du duc de Bourgogne; quoique de sa personne il n’eût point encore porté les armes contre les Suisses. Berne, passant sous silence les provocations de ses propres ressortissants, lui imputait tous les méfaits individuels commis dans le pays-romand pendant sa longue absence, et prétendait le rendre personnellement responsable des collisions fortuites et des actes de représailles qui avaient eu lieu entre les garnisons suisses et ses officiers 1 . /173/

On en rapportera ici quelques exemples: Hugues de Gallera, châtelain de Sainte-Croix, dans le Jura, ayant été informé que huit soldats Bernois s’étaient arrêtés au village de Beaulmes, et considérant ce fait comme une violation de territoire, les fit saisir par ses gens; les Bernois ayant voulu résister, quelques-uns d’entr’eux furent tués et les autres jetés en prison 1 . Hugues de Gallera saisit peut-être cette occasion de prendre sa revanche d’une injure personnelle. Au mois de janvier précédent, ce châtelain s’était rendu à Fribourg, où sa mère et sa sœur demeuraient. En revenant il tomba dans une embuscade des Fribourgeois qui le firent prisonnier, et ne le relâchèrent que sur un ordre du conseil de cette ville 2 .

Le 8 de juillet de la même année (1475), les commissaires suisses envoyés par les cantons pour inspecter les garnisons des places conquises du Jura, revenant de Jougne, avaient été assaillis au passage par la garnison romande du fort des Clées, commandée par Pierre de Cossonay 3 , /174/ châtelain du comte de Romont; deux des députés de Fribourg et un homme de leur suite furent blessés dans la lutte qui s’engagea entre les deux partis. — L’avoyer Pavilliard, de Fribourg, fut envoyé à Morges pour demander réparation de cette insulte (2 septembre 1475); les principaux fauteurs au nombre de sept 1 furent mis en jugement et quelques-uns punis de la manière la plus sévère par le bailli de Vaud 2 .

Mais le principal grief des Bernois contre le comte de Romont était d’avoir continué à servir fidèlement le duc Charles de Bourgogne, son suzerain et son frère d’armes, après que les Suisses eurent déclaré la guerre à ce prince. On lui reprochait, en outre, d’avoir tenté de délivrer la place d’Héricourt assiégée par les Autrichiens et les Suisses leurs auxiliaires, et d’avoir accepté le commandement militaire de la Franche-Comté, que le duc lui avait, dit-on, confié; ce qui n’était pas exact 3 . /175/

Quant à l’évêque de Genève, Jean-Louis de Savoie, opposé, comme son frère, à la faction française qui tendait à dominer en Savoie comme elle dominait à Berne, on l’accusait de favoriser le duc de Bourgogne, en livrant passage aux troupes mercenaires italiennes que le Grand Bâtard conduisait à l’armée bourguignonne faisant le siége de Neuss, et plus tard celui de Nancy (1474-1475); en passant tantôt par le Mont-Cenis, tantôt par le mont St-Bernard 1 et le Bas-Valais, (où cet évêque possédait le fort château et la seigneurie de Conthey), pour gagner les défilés de Saint-Claude, abbaye dont il était commendataire 2 .

Ces griefs pourraient avoir, aux yeux de l’histoire, une certaine gravité, si nous ne savions que les Suisses faisaient la guerre au duc Charles, non pour leur propre défense, mais dans l’intérêt des puissances étrangères, et que depuis plusieurs mois ils avaient violé l’intégrité du territoire vaudois en s’emparant, les armes à la main, non-seulement des places frontières du Jura 3 , mais d’autres encore, situées dans le cœur du pays et qui dépendaient, quoique médiatement, de la souveraineté de la maison de Savoie 4 . Cette agression manifeste et imprévue des Suisses et la conduite oppressive et arbitraire de leurs soldats, dont la /176/ présence épuisait le pays 1 , exaspéraient les habitants des villes et des campagnes romandes. Ils faisaient aux Allemands une guerre sourde que ni les ordres de la régente et du comte de Romont, ni la vigilance de leurs officiers ne pouvaient empêcher; ce qui tôt ou tard devait faire éclater une guerre ouverte, quoique de ce côté on cherchât à l’éviter.

A ces causes générales d’antagonisme national et d’irritation réciproque et croissante, il faut ajouter encore celles qui résultaient des entraves que la guerre apportait à la libre fréquentation des grandes foires de Genève et de Lyon, et de la rivalité qui régnait entre la maison de Savoie et le roi de France au sujet de ces foires, rivalité qui remontait déjà au règne du duc Louis, mort en 1465 2 .

A cette époque les foires de Genève étaient dans l’état le plus florissant. Les marchands de Flandre, de Bourgogne et d’Allemagne y affluaient aussi bien que ceux de St.-Gall, de Lucerne, de Berne et de Fribourg; et les droits de péages et gabelles acquittés pour leurs marchandises enrichissaient le fisc dans les pays que ces marchands étrangers traversaient 3 . Les foires, au nombre de quatre par année, formaient l’un des principaux éléments de la prospérité de cette ville, où les fabricants allemands de Nüremberg et /177/ de St.-Gall, entr’autres, avaient formé de riches dépôts de marchandises 1 .

Cependant les Genevois ayant « grandement offendu » non-seulement le duc Louis, mais son gendre le roi Louis XI, en obligeant le premier à s’enfuir précipitamment de Genève à Lyon, à la suite d’une émeute des bourgeois 2 , le duc et le roi, pour les punir de cette insulte, défendirent à leurs sujets respectifs et aux étrangers de fréquenter les foires de Genève. — Cette défense ruinait les Genevois, sans causer un grand préjudice aux finances du duc de Savoie, vu que les marchands d’Italie étaient également obligés de traverser une grande partie du Piémont et de la Savoie pour se rendre aux foires de Lyon. Mais elle faisait un grand tort aux Suisses: « Parce que les marchands d’Allemagne qui souloient passer par les pays et passages des Confédérés pour venir aux fères de Genève, allant aux fères de Lyon n’y passeront point 3  »; c’est-à-dire qu’ils prendront le chemin le plus court, par la Franche-Comté et la Bresse.

Les Cantons Suisses, qui vraisemblablement s’étaient entendus à ce sujet avec les Genevois, envoyèrent une ambassade au roi, qu’ils trouvèrent à Abbeville (novembre 1463) 4 , pour solliciter la révocation de l’édit relatif aux /178/ foires de Genève. — Tout ce qu’ils purent obtenir à cet égard fut une promesse de modifier cet édit, en « permettant à ses sujets de hanter les fères de Genève, quand celles de Lyon seront passées, et non pas durant les dites fères de Lyon. » Promesse qui du reste ne fut point exécutée 1 . Les foires de Lyon n’ayant été établies que pour supplanter celles de Genève 2 , cette réserve équivalait à un refus. Mais si l’ambassade des Suisses resta sans effet en ce qui concernait les foires, elle eut un autre résultat d’une importance bien plus générale.

Le roi Louis qui peut-être méditait déjà ses vastes plans contre la maison de Bourgogne, saisit l’occasion qui se présentait pour proposer aux Suisses de renouveler l’alliance qu’ils avaient contractée naguères avec le roi Charles VII, son père. Les envoyés des cantons qui n’avaient reçu à cet égard aucune instruction de leurs commettants se contentèrent de répondre au roi: « Qu’ils en feraient relation (rapport) à leurs seigneurs les alliés. » Le roi insistant vivement sur ce point, ils se chargèrent des Lettres patentes, contenant la confirmation du traité 3 , qu’il leur remit en date /179/ du 27 novembre 1463 1 . Ce traité fut ratifié par les Suisses le 23 février 1464 2 . Il forme le premier anneau de la chaîne de négociations et d’intrigues qui aboutit à la guerre de Bourgogne et à la catastrophe de Nancy 3 .

En prenant les rênes du gouvernement le duc Amédé IX avait fait son possible pour ramener l’affluence aux foires de Genève, en publiant un édit daté de Chambéry, le 2 décembre 1465, portant: « Défense que personne osât porter ses marchandises, ou celles d’autrui quelles qu’elles fussent, à travers aucune partie des terres soumises à sa domination, à d’autres foires quelconques, avant de les avoir mises en vente à celles de Genève », sous peine pour les contrevenans, de cent livres fortes d’amende et de confiscation des marchandises destinées à d’autres foires que celles de Genève, et de cent marcs d’argent d’amende ainsi que de la perte de leur emploi pour les officiers qui se rendraient coupables de négligence ou de complicité à cet égard 4 . /180/

Toutefois cet édit ne remédia point au mal que les foires de Lyon causaient à celles de Genève, qui ne se relevèrent jamais du coup que leur avait porté le roi Louis XI en défendant à ses sujets de les hanter 1 . Mais il contrariait les Suisses et surtout les Bernois qui fréquentaient les foires de Lyon, en les obligeant de passer par la Bourgogne, au lieu de transporter leurs marchandises par le pays de Vaud et la terre de Gex. Berne et Fribourg sollicitèrent et obtinrent du duc de Savoie, par Lettres patentes du 12 octobre 1467, la permission de traverser ses Etats pour se rendre avec leurs marchandises aux foires de Lyon; mais « sous la réserve expresse qu’ils n’y porteraient aucune marchandise de fabrique étrangère, ou appartenant à des fabricants étrangers 2  ». Cette concession qui ne concernait point les marchands de Nuremberg, de St.-Gall et des autres villes d’Allemagne, maintenait à leur égard les défenses portées par l’édit du 2 décembre 1465.

Ces prohibitions subsistaient encore quand la guerre se déclara entre Charles-le-Téméraire et les Confédérés 3 . Cette guerre fermait aux marchands allemands le passage par la Bourgogne, et ceux-ci risquèrent alors d’arriver aux /181/ foires de Lyon, en transportant clandestinement leurs marchandises par le pays de Vaud, tandis que les officiers de la régente de Savoie et du comte de Romont redoublaient au contraire de vigilance et de sévérité à l’égard des fraudeurs, qui faisaient en outre le vil métier d’espions 1 . Ces marchands allemands avaient établi des entrepôts de marchandises à Genève, d’où il leur était plus facile de les faire passer par contrebande à Lyon 2 , au grand préjudice des revenus et gabelles de Savoie et de Genève.

Ce sont des actes de contrebande de cette espèce qui ont donné lieu à plusieurs écrivains d’avancer que les Suisses avaient déclaré la guerre au comte de Romont pour quelques chariots de peaux de moutons confisqués à certains marchands allemands ou suisses 3 .

Quelques jours avant que les Bernois déclarassent la guerre au comte de Romont, le dimanche 1er octobre (1475), certains marchands de Nuremberg accompagnant deux chars de marchandises furent arrêtés, entre Lausanne et Morges 4 , leur marchandise confisquée et les conducteurs, fribourgeois ou bernois, mis en prison pour avoir violé les défenses concernant les traficants étrangers dont on a parlé /182/ plus haut 1 . Le mardi suivant, 3 octobre (St.-Denis), d’autres allemands qui s’étaient aventurés à la recherche des premiers, furent meurtris dans le tumulte que leur tentative souleva parmi le peuple 2 .

Ces infractions aux lois du pays, que les Bernois et les Fribourgeois encourageaient en prenant les fraudeurs sous leur protection 3 , se renouvelèrent plusieurs fois avant et pendant la guerre, et même après la paix 4 . On ne peut donc en aucun cas considérer la répression de ces délits, comme une cause de guerre légitime; mais les Bernois cherchaient des prétextes bien ou mal fondés pour justifier l’invasion du pays de Vaud, soit aus yeux du roi 5 , soit aux yeux de leurs confédérés et particulièrement des Fribourgeois qui ne consentirent à s’associer à cette entreprise injuste, que sur l’assurance formelle que la neutralité que la cour du Turin avait observée jusqu’alors, et les possessions immédiates du duc de Savoie, leur propre souverain, seraient respectées 6 . C’est en se fondant sur cette promesse que les /183/ Fribourgeois cherchèrent à excuser leur agression, en dénonçant à la régente, en date du 13 octobre, la prise d’armes des Bernois contre le comte de Romont 1 .

Un simple coup d’œil jeté sur le tableau que nous avons retracé de l’état du pays-romand à cette époque reculée, et la confusion des domaines appartenants au comte de Romont et des terres qui relevaient de la souveraineté directe du duc, suffit pour démontrer que cette distinction était impossible, et que la promesse faite à cet égard par Berne n’était qu’un moyen captieux de lever les derniers scrupules manifestés par les Fribourgeois 2 .

Le jour même de la déclaration de guerre, le samedi, veille de la Saint-Gall (14 octobre), l’armée bernoise, conduite par l’ancien avoyer Petermann de Wabern, marcha sur Morat, la première place de la domination de Savoie 3 , où elle se grossit de trois cents Fribourgeois que lui amenait l’avoyer Raoul de Vuippens 4 . La population de cette ville /184/ municipale était composée d’Allemands et de Romands. Sommée de se rendre à discrétion, la commune se divisa en deux partis, dont l’un opinait pour une prompte soumission à l’armée bernoise, tandis que l’autre, soutenu par les principaux magistrats de la ville et châtellenie, voulait résister à outrance 1 . Ceux qui inclinaient pour les Confédérés ou que la peur dominait l’ayant emporté, obtinrent une capitulation et ouvrirent leurs portes à l’ennemi, pendant que Humbert de Lavigny, qui, sous le titre d’avoyer et de châtelain, commandait dans la place au nom du comte de Romont en sortait tout seul « pour ne pas forfaire à son seigneur », abandonnant sa femme et ses enfants dans la ville 2 .

La reddition de Morat, qui passait pour être la clef du pays-romand, amena celle d’Avenches, appartenant au domaine de l’Eglise épiscopale de Lausanne 3 , et de Payerne, ville alliée de Berne et de Fribourg, quoiqu’elle dépendît du comte de Romont, tandis que son antique abbaye appartenait à l’évêque de Genève, Jean-Louis de Savoie, à titre de prieur /185/ commendataire. Les Bernois et les Fribourgeois se substituèrent à tous les droits et à toutes les jouissances des anciens seigneurs, et y laissèrent un bailli et une garnison allemande 1 . Ayant ainsi assuré leur retraite en cas de revers, et reçu un nouveau renfort de troupes de leurs propres contingents, les alliés continuèrent leur marche envahissante dans le pays de Vaud, ne rencontrant sur leur chemin que des villages abandonnés par leurs habitants, et quelques châteaux mal défendus, qui ouvrirent leurs portes à l’ennemi, ou ne lui opposèrent qu’une faible résistance 2 .

La ville d’Estavayer et les châteaux des Clées et de La Sarra firent, à cet égard, une exception, qui honore la mémoire de leurs héroïques défenseurs, en résistant jusqu’à la dernière extrémité aux assauts furieux et réitérés des allemands. — Le traitement cruel que le vainqueur infligea aux habitants d’Estavayer, qui, au dire d’un chroniqueur contemporain non suspect, furent hâchés et chaplés, c’est-à-dire massacrés de sang-froid, et dont les maisons furent « pillées et mises à sac jusqu’aux murailles 3  » répandit dans tout le pays une terreur universelle et si profonde que loin de songer à se défendre on ne fut plus occupé que des moyens d’éviter un sort pareil. /186/

La ville de Moudon, chef-lieu de la baronnie de Vaud, était le siége ordinaire des principales autorités du pays, et le centre d’un ressort fort étendu. A l’approche de l’ennemi, le bailli de Vaud et les officiers du comte de Romont avaient transféré leur résidence à Morges sur les rives du lac Léman 1 . Intimidés par la catastrophe d’Estavayer, les magistrats de Moudon envoyèrent des députés au devant de l’armée confédérée pour lui présenter les clefs de leur ville, et ils furent reçus à composition en se rachetant du pillage par une somme d’argent 2 . La soumission de Moudon entraîna celles des bourgs et châteaux voisins, tels que Surpierre, Romont, Rue, Attalens et d’autres encore 3 .

D’Estavayer l’armée suisse, renforcée des contingents de Soleure, de Bienne et de Neuchâtel, marcha sur Yverdun, dont le commandant « messire Pierre Blanc », obtint une capitulation par l’entremise du sire de Valangin, allié des Bernois 4 . Elle fut bientôt ralliée par les bandes guerrières de Zurich, et se partagea en deux colonnes, dont l’une, prenant sur la gauche, se dirigea vers le Jorat, par Belmont, /187/ Bavois et Cheseaux 1 , tandis que l’autre, qui était la plus nombreuse, s’avançait jusqu’à Orbe et allait assiéger le château des Clées, dominant le seul passage du Jura, qui, alors, fut praticable pour l’artillerie et les chariots. — Ici se renouvelèrent les scènes atroces de la prise d’Estavayer, la garnison des Clées, commandée par Pierre de Cossonay, se défendit dans le donjon avec le courage et l’opiniâtreté du désespoir, contre un ennemi dont le nombre était au moins quintuple. Une partie des défenseurs de la place périt en combattant sur les créneaux. Ceux qui avaient dû se rendre prisonniers, furent conduits à Orbe et passés par les armes le lendemain de l’assaut; d’autres enfin furent asphyxiés dans le cachot où on les avait entassés 2 .

La prise des Clées fut suivie de près par celle du château de La Sarra. — Guillaume, sire de La Sarra, possédait, au delà du Jura, divers fiefs 3 pour lesquels il devait au duc /188/ de Bourgogne l’hommage et le service militaire; devoirs que remplissait pour lui son fils puiné, messire Jacques de La Sarra, chevalier 1 , tandis que messire Nicod, seigneur de Cheseaux, et de Glerens en Bugey, son fils aîné, servait la maison de Savoie en qualité d’écuyer et de conseiller de la duchesse Yolande 2 .

Les Bernois reprochaient au sire de La Sarra de n’avoir pas rappelé du service de Bourgogne son fils Jacques, qu’on accusait d’avoir combattu contre les Suisses à Héricourt, et d’avoir montré du mauvais vouloir à l’égard des garnisons allemandes de Jougne et d’Orbe 3 . Peu de mois auparavant il avait obtenu des Bernois une sauvegarde pour son château par égard pour son gendre l’avoyer Adrien de Bubenberg; mais depuis lors ce digne chevalier, dont il partageait les opinions politiques, avait été exilé dans sa terre de Spietz 4 . Quoi qu’il en soit, Guillaume, sire de La Sarra, était absent lorsque les Suisses se présentèrent devant cette petite ville 5 qui se rendit sans coup férir, et fut épargnée. /189/

Mais le château ne put être emporté d’assaut qu’à la suite d’une vigoureuse résistance et lorsque la sape eut fait écrouler les parapets qui soutenaient ses antiques murailles. Vingt-trois hommes d’armes, gentilshommes et autres de la baronnie y perdirent la vie, et après avoir pillé le château, les assiégeants y mirent le feu et se retirèrent à Orbe, où ils se partagèrent le butin 1 .

Le lendemain un nouveau détachement passant sous les tours embrasées du château de La Sarra se porta sur Cossonay, qui ne fit aucune défense et qui se racheta du pillage par une contribution 2 ; puis cette avant-garde, continuant son chemin sans obstacle, arriva à Aubonne où elle prit position. Cette place importante, et par sa situation, et comme chef-lieu d’une des principales baronnies du pays-romand occidental, appartenait au comte Louis de Gruyères, qui s’était prudemment déclaré pour les Confédérés, afin de préserver son comté de Gruyères, menacé par les Fribourgeois 3 .

Le gros de l’armée alliée quitta Orbe le mercredi 25 octobre, /190/, bivouaqua à Cossonay, où elle fit provision de pain et de vin, et où les contingents de Lucerne et des cantons forestiers la rejoignirent. Les chefs ayant été informés que le comte de Romont était arrivé à Morges, où il avait, disait-on, rassemblé un corps de trois mille hommes, résolurent de se porter en masse à sa rencontre, tandis qu’une autre colonne, grossie de mille cinq cents Zurichois qui marchaient par Moudon sur Lausanne, s’avancerait contre lui en côtoyant les bords du lac 1 . Mais lorsque les alliés se présentèrent devant la ville de Morges le comte « ne s’y trouva plus 2  ».

La garnison de Morges se composait de douze ou treize cents hommes rassemblés à la hâte dans les environs et dans les mandements de Nyon et de Coppet; quelques gens d’armes étaient renfermés dans le château. « Quand cette faible garnison fut avertie que l’ennemi s’avançait à grande force, elle eut grand peur, et non sans cause. Sur quoi regardèrent ensemble que mieux vallait s’enfuir là où ils pourraient emporter leurs biens, que de perdre leur vie. Ce que firent, (en se débandant), l’un de çà l’autre de là »; en jettant leurs cottes d’armes et bassinets 3 .

Abandonnés de la sorte par leurs défenseurs, les magistrats, /191/ les « anciens et saiges » de la ville « prirent les clefs du dit Morges et s’en vindrent au devant de nos dits seigneurs des ligues, les requerant de les recevoir à mercy 1  ». Ce qui leur fut accordé moyennant une rançon de 300 livres, et le 27 octobre, les Allemands prirent possession de la ville et du château qu’ils occupèrent pendant trois jours. Le 30, ils évacuèrent Morges, après avoir pillé la ville et mis le feu au château 2 , pour se rendre à Lausanne qui avait déjà fait sa soumission; la majeure partie des habitants s’étant enfuis en Savoie par le lac avec tout ce qu’ils avaient pu emporter avec eux. Outre les 2,000 florins fixés par une première capitulation faite à Orbe (24 octobre), la ville impériale de Lausanne dut payer une nouvelle rançon de 7,000 florins de Savoie 3 ; et les revenus de l’Evêché furent séquestrés par les Bernois, sous prétexte d’indemniser le vicaire épiscopal Burcard Stoer, de ses dépenses pendant la durée de son administration, lesquelles on évaluait à 5,000 florins du Rhin 4 . /192/

Une terreur panique avait frappé la population du pays-romand. Pendant que l’armée confédérée se trouvait à Morges et à Lausanne, tous les bourgs et châteaux environnants ainsi que ceux de La Côte et de Lavaux, s’étaient hâtés de faire leur soumission et avaient été pillés ou mis à contribution 1 . Les garnisons que le comte de Romont avait mises à Nyon, à Coppet, à St.-Cergues et ailleurs s’étaient dispersées ou avaient été retirées 2 . L’armée confédérée acheva la conquête du pays-romand en se retirant par Rue, Romont et le territoire de Fribourg; le deux novembre elle rentrait victorieuse à Berne, gorgée d’un immense butin enlevé aux pauvres habitants des villes et des campagnes et chargée des dépouilles des châteaux, des églises et des monastères du pays 3 . Il leur avait suffi d’une campagne de moins de trois semaines, pour s’emparer par la force ou par la terreur des armes de seize villes et quarante-trois châteaux, et pour soumettre la portion la plus considérable de l’Helvétie romande. Malheureusement les alliés avaient souillé leur victoire par des actes de férocité, que ni les rigueurs de la guerre, ni la rudesse des mœurs du temps ne sauraient excuser 4 . /193/

Plusieurs circonstances contribuèrent au succès de cette brusque invasion, quoique depuis plusieurs mois la patrie de Vaud toute entière fût placée sur le pied de guerre et occupée à se prémunir contre les éventualités d’une attaque de la part des Allemands 1 . D’un côté la conduite équivoque du comte de Gruyères et des Fribourgeois entretint une trompeuse sécurité parmi les populations voisines, et le bruit répandu dans le pays d’une paix conclue entre le roi de France et le duc de Bourgogne, dans laquelle la maison de Savoie et les Bernois devaient avoir été expressément compris 2 , ajouta encore à cette fatale sécurité.

D’un autre côté, toutes les forces du pays-romand, au lieu d’être réunies en corps de troupes assez nombreux pour faire face à une armée ennemie, avaient été dispersées dans l’enceinte des villes fortifiées et dans les châteaux, où chacun ne songea qu’à sa propre défense 3 . Ces petites garnisons se trouvèrent partout trop faibles pour arrêter la marche des alliés, dont l’invasion fut si soudaine, et qui se présentèrent partout avec une supériorité numérique si /194/ décisive 1 que la résistance désespérée des intrépides défenseurs d’Estavayer et des Clées ne servit qu’à faire éclater le patriotisme et le courage des vaincus et à exciter la vengeance et l’inhumanité des vainqueurs, dont les excès furent tels que leurs supérieurs ne purent s’empêcher de leur infliger un blâme sévère, quoique trop tardif 2 .

Dans l’entrefaite le comte de Romont n’était pas resté oisif; il avait convoqué à Lausanne les contingents des bonnes villes de la baronnie de Vaud situées au delà de la Venoge 3 , et envoyé des détachements pour renforcer les garnisons de Moudon, d’Yverdun, d’Estavayer et de Romont. Mais toutes ces précautions se trouvèrent ou trop tardives ou insuffisantes. — Ce prince ne pouvait compter /195/ ni sur les secours de la régente de Savoie qui persistait encore dans le système de neutralité qu’elle avait cherché à maintenir, ni sur ceux de l’évêque de Genève 1 menacé lui-même par ses deux frères le comte de Bresse et le comte de Genevois, qui favorisaient secrètement les entreprises des Bernois, et se flattaient d’en recueillir les fruits 2 .

En apprenant la prise et le sac d’Estavayer et les progrès rapides de l’invasion, Jacques de Savoie comprit l’impossibilité d’arrêter l’ennemi avec ses propres ressources, et se décida à chercher du secours à l’étranger. Il se rendit en toute hâte en Franche-Comté auprès du Grand-Bâtard, Antoine, auquel le duc Charles, son frère, avait donné le commandement de cette province depuis la captivité du comte de Roussi, maréchal de Bourgogne 3 , et il le trouva /196/ occupé, avec les sires de Château-Guyon, à rassembler des troupes pour chasser les Suisses des places d’Héricourt et de Jougne, où ils tenaient garnison 1 .

Antoine lui donna trois ou quatre cents cavaliers bourguignons, à la tête desquels le comte repassa les monts et rentra par Gex dans le pays, où sa troupe se grossit de quelques centaines de soldats genevois 2 et des hommes des mandements de Coppet, de Nyon et de La Côte, avec lesquels il espérait ralentir la course rapide de l’ennemi, et donner au Grand-Bâtard et au sire de Château-Guyon le temps de faire une diversion en sa faveur en pénétrant dans le pays-romand par la ligne du Jura 3 .

S’étant avancé jusqu’à Morges, le comte y fut informé de l’état des choses 4 . Il apprit la reddition des meilleures places du pays, le découragement qui s’était emparé des /197/ habitants et il put se convaincre de la supériorité numérique de l’armée allemande, marchant à sa rencontre sur deux colonnes, l’une par Cossonay et l’autre par Lausanne. — En conséquence il ne jugea pas à propos d’attendre l’ennemi et d’engager avec lui une lutte qui, vu l’infériorité de ses forces, ne pouvait que lui être défavorable. — Il pouvait craindre d’ailleurs d’être coupé dans sa retraite, soit par l’avant-garde des Confédérés qui occupait déjà le château d’Aubonne 1 , soit par les gens du comte de Bresse, qui n’attendaient qu’un échec pour l’attaquer par derrière 2 .

Il se contenta de renforcer la garnison de Morges, comme nous l’avons dit, et reprit, avec un petit nombre de gens d’armes, le chemin de la Franche-Comté par les gorges de St.-Cergues et de Morez.

Pendant que l’armée suisse campait à Morges et aux environs, et que ses corps détachés mettaient en fuite les garnisons de Nyon, de Coppet et de St.-Cergues, rançonnant ou brûlant les villages et les châteaux de La Côte 3 , les Genevois apprenant que cette armée se préparait « à pousser plus outre et à venir brûler leur ville », dépêchèrent une ambassade au quartier-général des Confédérés pour /198/ prévenir la ruine dont ils se voyaient menacés 1 , à cause de leurs relations avec la Savoie et la Bourgogne, et pour avoir insulté une ambassade bernoise revenant d’une mission secrète auprès du roi de France 2 . Les envoyés genevois réussirent à disposer favorablement les capitaines suisses en leur représentant que la ruine de leur cité entraînerait aussi celle des riches marchands de Nuremberg, de St.-Gall et de Lucerne qui avaient à Genève des entrepôts de marchandises, et nuirait même aux Bernois, auxquels les péages de cette route commerciale rapportaient beaucoup 3 . Après maints débats, les députés « composèrent au nom de la cité de Genève à vingt-huit mille écus de Savoie (d’un florin et demi), lesquels, avec les intérêts et les frais, s’élevèrent à soixante mille florins, » soit au douzième de la valeur totale des biens-meubles et immeubles de la ville 4 .

En se retirant l’armée des Confédérés avait obligé les principales villes du pays-romand à lui prêter serment /199/ d’obéissance, et laissé des garnisons allemandes à Grandson, à Yverdun, à Romont, à Payerne et à Morat 1 . Ces précautions indiquaient de la part des Suisses l’intention de garder pour leur propre compte les territoires conquis; sans faire aucune différence entre les domaines du comte de Romont et ceux qui appartenaient au duc et à la duchesse de Savoie, à l’évêque de Genève, et à l’évêché de Lausanne 2 .

En attendant, dans une conférence tenue à Berne, il fut convenu entre les députés des cantons que Berne et Fribourg auraient provisoirement l’usufruit et le gouvernement du pays conquis. — Le bailli de Vaud, François de Billens, fut aussitôt remplacé dans sa charge par messire Humbert de Glane, seigneur de Cugy et de Villardens, et vidomne de Moudon 3 . Le gouvernement général du pays-romand, y compris les terres de l’évêché, fut confié par les deux villes au chevalier Rodolph d’Erlach, châtelain de Cerlier, et ci-devant vassal du prince d’Orange 4 ; d’Erlach prit la place de messire Antoine d’Avenches, lieutenant-général du comte de Romont. — En même temps ces nouveaux fonctionnaires /200/ reçurent l’ordre de convoquer pour le 24 novembre, à Moudon, les trois Etats du pays de Vaud, ainsi que tous les vassaux et rière-vassaux du comte de Romont, pour prêter hommage à leurs nouveaux souverains 1 .

Dans cette assemblée où figurèrent l’avoyer N. de Scharnachthal et le conseiller P. de Wabern, comme commissaires des deux villes souveraines, le chevalier Humbert Cerjat 2 porta la parole au nom des trois Etats: « Il demanda en leur nom la confirmation des franchises et des coutumes du pays et la retraite des garnisons allemandes.» Pour toute réponse « on lui fit entendre que ces franchises avaient été octroyées à la patrie de Vaud par ses précédents souverains, à la suite de divers compromis 3 ; mais que ce pays venant d’être conquis par la force des armes, on se réservait d’examiner la demande des Etats; qu’en attendant le maintien des garnisons dans les places fortes était indispensable. » Ce fut en vain que ce loyal défenseur des libertés de son pays rappela aux commissaires bernois la promesse faite à plusieurs /201/ villes de confirmer ces franchises 1 , et qu’il leur représenta l’état de misère où la guerre avait plongé leurs malheureux habitants. Il tenta aussi d’élever la voix en faveur des droits de suzeraineté du jeune duc de Savoie, bien innocent des griefs qu’on élevait contre « quelques membres de sa famille. » On ne fit droit à aucune de ses demandes et on réitéra l’ordre à tous les vassaux de se rendre au jour fixé à Fribourg pour prêter un nouveau serment de fidélité aux alliés 2 .

L’ordre de se présenter à la journée de Fribourg fut également signifié aux vassaux et sujets de l’évêque de Lausanne, souverain temporel dans les terres de son église. Mais au jour fixé, comparut au nom de l’évêque, soit du cardinal Julien, son coadjuteur l’évêque de Sagone 3 pour protester contre cet ordre en déclarant « que sous le comte de Romont les ressortissants immédiats de l’église de Lausanne n’avaient jamais été appelés à siéger ou à comparaître aux Etats du pays de Vaud 4 . »

Les commissaires bernois, auxquels il convenait de confondre tous les droits, répliquèrent « que le comte de Romont s’était prévalu, dans le temps, de sa qualité de seigneur de Vaud pour s’opposer à la réception du prévôt Burcard Stoer, de Berne, comme vicaire de /202/ l’évêché 1 ; que les paroisses de Lavaux avaient même reconnu ce prince comme leur seigneur en envoyant leurs contingents servir sous sa bannière 2 . » Dans cette même journée on délibéra sur la question de savoir quelle mesure on prendrait à l’égard de la baronnie de La Sarra, dont le seigneur messire Guillaume et ses deux fils, Nicod et Jacques, avaient, comme on l’a dit, encouru l’inimitié des Bernois. Ceux-ci proposèrent de confisquer cette riche baronnie, ou de la remettre au chevalier Adrien de Bubenberg, gendre de Guillaume, qui, sans doute, était totalement étranger à cette proposition inique. Quoi qu’il en soit, les événements qui se succédèrent rapidement empêchèrent la solution de ces différentes questions 3 .

Les précautions prises par les alliés en vue de se maintenir dans leur conquête ne servirent guères qu’à augmenter l’antipathie générale qu’inspirait leur domination. Suivant un rapport fait par le nouveau gouverneur de Vaud, le chevalier /203/ d’Erlach, daté de Lausanne, du 21 décembre (1475), « Ces dispositions hostiles contre les autorités allemandes se manifestaient principalement dans les quartiers méridionaux du pays, savoir à Lausanne, à Morges et à Nyon 1 . Les districts septentrionaux, où messire Humbert Cerjat, seigneur de Combremont et coseigneur de La Molière, avait conservé toute son influence, présentaient également des symptômes peu rassurants. — Le bruit courait en outre que le comte de Romont avait paru secrètement, et pour peu de temps dans le pays 2 . » Les anciens officiers du prince continuaient même à percevoir clandestinement, pour son compte, les péages et autres revenus du fisc 3 . Ces symptômes indiquaient clairement que la soumission du pays-romand, quoique opérée avec rapidité, n’en était pas moins précaire, et que la population, comprimée par la terreur, n’attendait que le moment favorable pour secouer le joug odieux de la domination allemande.

En attendant, à aucune époque de son histoire la patrie de Vaud n’avait éprouvé des calamités comparables à celles que venait de lui faire subir l’irruption des bandes confédérées de la Suisse allemande. Semblables à un torrent furieux elles débordèrent sur ces contrées, naguères paisibles, /204/ portant en tous lieux la dévastation, le pillage et le meurtre. — Les documents contemporains authentiques qui sont parvenus jusqu’à nous, rappellent en termes énergiques autant qu’émouvants les désastres publics et privés qui accablèrent les habitants du pays-romand pendant cette funeste campagne et dans la suivante 1 . Seize villes ou bourgs, quarante-trois châteaux 2 et un nombre infini de villages et de hameaux plus ou moins florissants furent saccagés, rançonnés ou livrés aux flammes. Les patriotes et les gendarmes vaudois qui avaient tenté de résister à l’invasion et de défendre leurs propres foyers devinrent particulièrement les victimes des cruelles vengeances d’une soldatesque effrenée. Des vieillards sans défense, des femmes et des enfants furent massacrés de sang-froid 3 . Ceux qui échappèrent au fer de l’ennemi ou que l’épouvante faisait /205/ fuir devant lui, abandonnèrent leurs demeures et se réfugièrent dans les montagnes et dans des forêts qui jusqu’alors étaient restées inhabitées. L’effroi qu’inspirait le voisinage des Allemands, comme on appelait alors les Bernois et les Fribourgeois, fut tel que pendant plusieurs lustres les fugitifs refusèrent de rentrer dans leurs anciennes demeures. — Privés par la mort ou la désertion des deux-tiers de leurs habitants, les villages restaient déserts, les champs demeuraient sans culture et la plus affreuse disette acheva de désoler la patrie de Vaud 1 .

Pendant que les domaines du comte de Romont tombaient au pouvoir des Confédérés, des gars du Haut-Simmenthal et du Gessenay, traversant le col de Jaman, faisaient, de leur côté, une première course dans le Chablais vaudois, appartenant au duc de Savoie 2 . Dans les derniers jours du mois d’octobre, cette troupe surprit la /206/ ville de Vevey, la pilla, lui enleva sa bannière, et lui imposa en outre une contribution en argent 1 . Le motif de cette incursion était de venger Berne de quelques pasquinades que les gens de Vevey s’étaient permises à l’égard des Allemands 2 .

Dans le même temps, Berne, qui avait conclu, au mois de septembre précédent, une ligue offensive et défensive avec l’évêque de Sion et ses sujets du Haut-Valais 3 , invitait ceux-ci à attaquer immédiatement les terres du duc de Savoie, dans le cas où la régente donnerait quelque secours au comte de Romont, son beau-frère 4 . Mais les Hauts-Valaisans, prenant l’initiative, s’étaient jetés dans la province du Chablais savoyard, (Bas-Valais); et, réunis aux bandes du Gessenay et du Simmenthal ils s’avancèrent jusqu’à Conthey, en pillant et ravageant tout le pays 5 .

Cette nouvelle aggression aussi brusque qu’imprévue, dont le but évident était de s’emparer des passages du St.-Bernard, était une violation manifeste des terres de la domination /207/ immédiate du duc de Savoie 1 . Elle obligea la régente à sortir du système de temporisation qu’elle avait suivi jusques là, et à ne plus songer qu’à la sûreté de ses propres Etats, en repoussant la force par la force. Elle transmit les ordres les plus pressants à l’évêque de Genève, Jean-Louis de Savoie, ainsi qu’à tous les capitaines-généraux de ses troupes en deçà des monts, pour rassembler promptement le plus grand nombre possible de vassaux et de francs-archers, afin de s’opposer aux entreprises des Suisses sur ses propres Etats 2 . Elle se rendit dans plusieurs villes lombardes, pour implorer le secours de ses alliés, ou tout au moins pour presser les enrôlements qui s’y faisaient pour le service du duc de Bourgogne 3 ; le triomphe définitif des Suisses lui présageant inévitablement sa propre ruine et celle de ses enfants, comme la suite des événements le prouva suffisamment. L’évêque de Genève se jeta courageusement dans le château de Conthey, en Bas-Valais, avec le peu de monde qu’il avait pu rassembler, et y fit venir en toute hâte trois pièces d’artillerie tirées de l’arsenal de Genève 4 . En même temps les Bernois pressaient les Hauts-Valaisans d’intercepter les passages des Alpes, pour empêcher /208/ l’arrivée de nouvelles troupes italiennes, tandis que, soutenus par un corps de volontaires de l’Oberland, ils tiendraient l’évêque J.-L. de Savoie bloqué de l’autre côté du Rhône.

Mais Amédé de Gingins, sire de Belmont, capitaine-général du pays de Gex et du Chablais, avait envoyé en toute hâte son frère Pierre de Gingins, sire du Châtelar 1 , avec tous les vassaux du Chablais, au secours de l’évêque de Genève, tandis que lui-même rassemblait les francs-archers et la gendarmerie du pays de Gex 2 . Obligé de faire un assez grand détour pour éviter de passer sur les terres du comte de Genevois, allié d’intention avec les Suisses, il dut aller rejoindre, dans la haute Savoie, les troupes de cette province, commandées par le sire de Miolans. Les deux capitaines, guidés par un Valaisan exilé de son pays, Ruff Asperlin 3 , marchèrent secrètement par le petit et le grand St-Bernard, et débouchant sur Martigny, ils parvinrent à dégager l’évêque de Genève qui s’était maintenu dans la position qu’il avait prise aux environs de Conthey. Ce prélat guerrier prenant alors le commandement de l’armée savoisienne, forte d’environ sept mille hommes, marcha sur la ville de Sion qu’il investit le 10 novembre. Cette ville allait être forcée de se rendre, lorsque une troupe auxiliaire de /209/ trois mille hommes 1 , composée de Bernois et de Soleurois arrivant par le mont Sanetsch, fondit au plus fort de la bataille sur le flanc de l’armée assiégeante, la mit en déroute et lui fit éprouver de grandes et notables pertes 2 . Cette victoire, célèbre dans les annales du Valais sous le nom de bataille de La Planta (13 novembre 1475), livra au vainqueur tout le Bas-Valais, depuis Conthey jusqu’à Martigny, qui capitula le 29 du même mois 3 .

Quoique Berne et ses alliés eussent prêté l’appui de leurs armes à cette expédition conquérante des Hauts-Valaisans dans le Bas, et qu’ils s’apprêtassent à les soutenir de nouveau en cas de besoin 4 , néanmoins cette ville jugea à propos de s’interposer pour ménager une trève entre la régente de Savoie et l’évêque de Sion. Messire Antoine d’Illens, ci-devant bailli de Lausanne, et le chevalier Humbert Cerjat furent envoyés à Fribourg (novembre 1475) pour négocier cette trève au nom de la maison de Savoie 5 . Berne et Fribourg /210/ mirent pour condition à la conclusion de la paix que le Valais savoyard, depuis Conthey jusqu’à St.-Maurice inclusivement, serait remis en séquestre entre les mains de ces deux villes, comme gage de l’observation du traité 1 ; condition qui naturellement fut refusée par la cour de Turin 2 .

Les envoyés de la régente réclamèrent, en même temps, la restitution de la baronnie de Vaud, enlevée au comte de Romont 3 . Ils appuyaient cette réclamation sur les traités que Berne et Fribourg avaient garantis, lesquels réservaient expressément les droits de souveraineté et de dévolution appartenants au duc règnant de Savoie sur cette baronnie apanagère 4 . Ils rappelèrent en outre que le douaire de la régente elle-même avait été assigné sur ce pays par les mêmes traités, sous la sanction du roi son frère, auquel ces deux villes avaient promis de respecter les droits de la duchesse, ainsi que ceux du jeune duc Philibert son fils 5 . Pour le moment, cette revendication n’eut aucun résultat.

La fin de l’année (1475 n. St.) se passa en conférences pour amener une pacification générale, entre les députés /211/ suisses et ceux des Etats intéressés dans la guerre de Bourgogne 1 . Mais toutes ces tentatives n’aboutirent qu’à une suspension d’armes, expirant au 1er janvier, et dès les premiers jours de l’année suivante les hostilités recommencèrent en même temps dans le comté de Montbéliard, au pays de Vaud et dans le Bas-Valais 2 .


/212/

IV.
LE PAYS DE VAUD RECONQUIS PAR LE COMTE DE ROMONT.

Janvier et Février 1476.

La mémorable campagne de 1476, immortalisée par les deux grandes victoires remportées sur le duc de Bourgogne par les Suisses, à Grandson et à Morat, s’ouvrit d’abord sous des apparences plus ou moins favorables pour la maison de Savoie, qui, soutenue par ce prince, pour lequel elle s’était ouvertement déclarée, reprit en peu de temps la plus grande partie des domaines qui lui avaient été enlevés. Le duc de Bourgogne s’avançait à la tête d’une formidable armée, pour rétablir le duc de Savoie, le comte de Romont, la maison de Châlons et d’autres seigneurs savoisiens et bourguignons, dans la légitime possession des terres qui leur avaient été enlevées par les Suisses, lesquels d’ailleurs avaient provoqué sa colère en ravageant ses provinces de Bourgogne 1 . Tous, alliés ou vassaux de sa /213/ couronne, le pressaient de hâter sa marche; les Suisses ne respectant ni les trèves ni les traités faits avec eux 1 . Les habitants du pays-romand, nobles, bourgeois et laboureurs, attendaient la venue de Charles, le grand duc de Bourgogne, comme celle d’un libérateur, appelé à les débarrasser de l’oppression étrangère, et à les venger des maux innombrables que leur avaient faits les Allemands 2 .

D’un autre côté, les Bernois et leurs Confédérés, abandonnés par la France à leurs propres forces, avaient senti la nécessité de concentrer leurs moyens de défense en évacuant les postes avancés de Jougne, des Clées et d’Orbe, dont les garnisons, après avoir achevé de brûler ces châteaux, étaient venues renforcer celles d’Yverdun et de Grandson 3 ; en sorte que toute la région située au midi, jusqu’aux bords du lac Léman, se trouva à peu près dégarnie de troupes allemandes.

A l’expiration de la trève (1er janvier), le comte de Romont, prenant les devants, franchit le défilé de Jougne, avec quelques hommes d’armes de Bourgogne, que le Grand-Bâtard, Antoine, avait mis à sa disposition, rallia quelques troupes du pays rassemblées à la hâte par le sire de La Sarra 4 , et se présenta à l’improviste aux portes de la ville d’Yverdun, où les habitants, qui lui étaient dévoués, /214/ l’introduisirent pendant la nuit du 12 au 13 janvier; mais il ne put se rendre maître du château, occupé par la garnison allemande 1 qui résista avec intrépidité aux assauts réitérés des assiégeants. A l’approche de nouvelles troupes venant de Payerne, de Fribourg et de Berne, le comte retourna en Franche-Comté, emmenant avec lui quelques Allemands qu’il avait faits prisonniers et la plus grande partie des habitants compromis. A peine les assaillants s’étaient-ils retirés que les Allemands mirent le feu à la ville 2 . Les Suisses se maintinrent dans le château d’Yverdun jusqu’au moment où le duc de Bourgogne fit investir la place; la garnison se retira de nuit, par le lac, à Grandson (le 13 février), dont le prince avait commencé le siége le même jour 3 . En se retirant les Suisses brûlèrent le château. C’est ainsi que « le pillage et l’incendie réduisirent la ville d’Yverdun à une ruine totale », dont elle ne commença à se relever qu’au bout de quatre ans 4 . /215/

Dans l’entrefaite, et tandis que le gros de l’armée bourguignonne se trouvait encore en Lorraine, le duc Charles, avant de partir de Nancy (le 11 janvier), avait expédié à la duchesse de Savoie et au comte de Romont deux compagnies de gendarmes, et deux cents lances garnies (soit mille à douze cents hommes, tant à pied qu’à cheval), sous la conduite des frères Pierre et Antoine de Lignana et de deux autres capitaines 1 . Ces troupes se portèrent, à marches forcées, vers le Jura, pénétrèrent dans le pays de Vaud et se réunirent près de Genève aux compagnies italiennes à la solde de la régente de Savoie 2 , qui, dirigées par le sire de Belmont, capitaine-général du pays de Gex et du Chablais, s’étaient rendues maîtresses des passages de la Faucille et de St.-Cergues, dans le Jura 3 . Ce corps formait l’avant-garde de l’armée savoisienne, composée de quatre mille Piémontais, commandés par messire Antoine d’Orlier, gouverneur de Nice, et de deux mille Lombards envoyés par le duc de Milan; ils arrivèrent à Chambéry vers la fin de janvier 4 , après avoir passé le Mont-Cenis, les passages du mont St.-Bernard étant restés au pouvoir des Hauts-Valaisans 5 . /216/

Le comte de Romont prit le commandement supérieur de cette avant-garde. Accompagné de Guillaume de Vergy, seigneur dépossédé de Champvent et de La Motte, au pays de Vaud, ils surprirent le château d’Aubonne (le 8 ou le 9 février), où le comte de Gruyères n’eut pas le temps d’envoyer une garnison suffisante 1 . Ensuite ce prince s’avança sur Lausanne, où il était assuré d’être bien reçu. Il y laissa une partie des compagnies napolitaines commandées par Angel, fils aîné du comte de Campobasso 2 , tandis que celles des frères de Lignana, continuaient leur marche vers Romont, qu’elles occupèrent sans coup férir, dans la nuit du 11 au 12 février, le gouverneur bernois, Rodolphe d’Erlach, s’étant retiré à Fribourg (9 février) 3 . Des détachements de cavalerie parcoururent tout le pays environnant et en chassèrent les Allemands. Ils s’avancèrent même jusqu’aux portes de Fribourg et brûlèrent quelques villages de son territoire 4 .

En même temps le comte de Romont s’emparait d’Oron et de Palézieux, mettait à rançon les habitants de ces deux seigneuries, qui appartenaient au comte de Gruyères, et menaçait le comté de ce nom, tandis que le sire de Thorrens, seigneur d’Aigle, reprenait Attalens, occupé par les /217/ Allemands 1 . Bientôt ceux-ci furent obligés d’évacuer les places de Montagny-les-Monts, de Grandcour et de Payerne, dont les habitants étaient prêts à se soulever contre la garnison fribourgeoise et à ouvrir leurs portes aux troupes romandes qui s’avançaient de tous les côtés à la fois 2 .

A Payerne l’impatience de faire cause commune avec leurs compatriotes et de s’affranchir d’un joug forcé était telle que les habitants abandonnaient furtivement la ville pour aller rejoindre l’armée vaudoise. Dans le nombre on cite messires Loys de Goumoens, et Mermet de Mont, qui se laissèrent couler de nuit le long des murailles avec des cordes 3 . C’est ainsi qu’à l’exception de la ville et du fort château de Grandson, dont la vaillante garnison suisse, forte de cinq cents hommes, résistait encore aux rudes assauts de l’armée bourguignonne, tout le pays-romand, depuis les rives du Léman jusqu’aux environs de Morat, avait été reconquis en moins de quinze jours (du 9 au 24 février) par le comte de Romont, aidé des troupes que le duc Charles avait mises à sa disposition 4 ; c’est-à-dire en moins de temps que les Bernois et leurs alliés n’avaient mis à s’en emparer.


/218/

V.
LA DÉROUTE DE GRANDSON; EXPÉDITIONS CONTRE LES VALAISANS.

Mars et Avril 1476.

En même temps le duc de Bourgogne était arrivé le 8 février à Jougne, sur la frontière des Etats de la maison de Savoie, où une bonne partie de son armée, forte de onze à douze mille hommes, tant à pied qu’à cheval 1 , l’avait déjà précédé et passait continuellement pour entrer dans le pays de Vaud 2 . Ayant appris que les Allemands avaient fait le projet d’incendier tous les villages de la ligne du Jura pour empêcher ses troupes de s’y loger 3 , ce prince quitta Jougne le 12, après-midi, et vint coucher à Orbe, où il resta /219/ jusqu’au 19; il en partit pour aller asseoir son camp devant la ville et le château de Grandson 1 .

Cette petite ville fut prise le 21, à la suite d’un assaut où les Allemands perdirent une cinquantaine d’hommes; le reste de la garnison s’enferma dans le château, où elle se défendit jusqu’au 28. Etroitement bloquée par terre et par eau, et ayant perdu toute espérance d’être secourue 2 , cette petite garnison avait offert plusieurs fois de capituler, mais le duc exigeait qu’elle se rendit à discrétion, et même il avait déclaré d’avance « que tous ceux qui tomberaient en son pouvoir seraient immédiatement pendus ou passés par les armes 3  », en représailles des cruelles exécutions commises par les Suisses dans la campagne précédente sur les garnisons bourguignonnes et romandes d’Héricourt, d’Estavayer et des Clées. Cette menace qui ne fut que trop rigoureusement exécutée, réfute d’avance toute supposition d’une capitulation accordée et ensuite violée par le duc Charles 4 , qui resta complétement étranger aux machinations /220/ pratiquées, dit-on, dans la place par des transfuges allemands, pour tromper la garnison suisse sur le sort qui lui était réservé 1 . Il est certain que le manque de vivres l’obligea de se rendre à discrétion, le mercredi des Cendres 28 février 2 , trois jours avant la bataille de Grandson.

Tandis que le duc Charles faisait le siége de ce château, la régente de Savoie, réduite par les menaces du roi son frère 3 et le mauvais vouloir des Suisses, à mettre toute sa confiance et tout son espoir dans le succès des armes de son puissant allié, s’était décidée, contre l’avis du duc de Milan et de quelques-uns de ses propres conseillers 4 , à se déclarer ouvertement pour lui. Il la pressait de venir le rejoindre au pays de Vaud et de réunir ses forces aux siennes pour combattre leurs ennemis communs 5 . Cette princesse, bravant les rigueurs de la saison, quitta sa résidence de Montcalier, en Piémont, le 15 février, vint coucher le même jour à Suze, passa le Mont-Cenis le lendemain, /221/ et arriva à Chambéry le 22 1 , accompagnée de toute la noblesse de Savoie, qui lui formait une escorte de plus de deux mille chevaux. De Chambéry, la duchesse Yolande se rendit à Genève, où elle fit son entrée le 1er mars, en grande pompe et fut accueillie avec de grandes démonstrations de joie par les magistrats et le peuple, qui s’étaient portés en foule à sa rencontre 2 . Elle se disposait à se rendre à Lausanne où le duc lui avait donné rendez-vous pour le lundi suivant (4 mars), lorsqu’elle reçut à Genève la funeste nouvelle de la déroute de Grandson qui eut lieu, comme on le sait, le samedi 2 mars 1476 3 .

Suivant le récit d’un témoin oculaire 4 , cette fameuse journée s’engagea par la rencontre fortuite de l’avant-garde des deux armées ennemies, qui, de part et d’autre, ne s’attendaient nullement à cette rencontre. Dès le matin de ce jour-là, le duc de Bourgogne avait quitté son camp de Grandson à la tête de ses troupes disposées pour une marche et non pour un combat 5 . Après avoir passé le village de Concise /222/ le duc se porta sur un monticule appelé la Motte, situé entre ce village et l’ancienne Chartreuse de la Lance, c’est-à-dire près de l’embranchement de deux chemins étroits et montueux, dont l’un, beaucoup plus ancien quoique peu fréquenté aujourd’hui, est appelé via d’Etrâ et conduit par les hauteurs au village de Vernéaz au-dessus du château de Vaumarcus 1 , tandis que l’autre, serpentant au travers des bois qui tapissent les pentes inférieures regardant le lac, suivait à peu près les contours accidentés de la grande route actuelle de Neuchâtel 2 . De cette colline, où le duc avait fait dresser quelques pavillons, il pouvait suivre le mouvement de ses colonnes prêtes à s’engager dans le passage des montagnes qu’il fallait traverser pour atteindre les Suisses qu’on supposait campés à trois lieues au delà, près de Boudri 3 . Ce mouvement venait à peine de commencer lorsqu’on aperçut une troupe de tirailleurs Schwyzois, postés dans les bois de Prise Gaula qui dominent la Chartreuse de la Lance. Le duc envoya aussitôt à leur rencontre une troupe de gens de trait avec ordre de tâcher, en escarmouchant avec eux, de les attirer peu à peu dans la /223/ plaine 1 . Les Suisses étant descendus au bas de la montagne, un combat sérieux s’engagea en cet endroit entre l’avant-garde bourguignonne et les Confédérés qui, au bruit de la fusillade, arrivaient à marche forcée pour soutenir leurs compatriotes 2 . Le duc persévérant dans son plan qui consistait à attirer toutes les forces sur son centre où il avait placé son artillerie, en se servant de sa nombreuse cavalerie pour l’envelopper en l’attaquant par ses deux flancs, avait envoyé le sire de Château-Guyon avec un corps de gendarmerie vers la montagne, tandis que lui-même prenait position du côté du lac, avec l’élite de sa noblesse et des troupes de sa maison. Pendant ce temps les Suisses débouchaient par le haut et par le bas et se massaient au nombre de huit à dix mille combattants, au pied de la montagne 3 . Alors le duc voulant donner plus de champ à cette masse compacte et la forcer à s’engager, en se divisant, dans le piége qu’il lui avait préparé, démasqua son artillerie à l’embranchement des deux routes, ce qui ne put s’exécuter qu’en faisant faire un mouvement rétrograde à son avant-garde, composée de gens de pied engagés dans un combat meurtrier /224/ avec l’ennemi 1 . Mais au moment où cette manœuvre venait de s’exécuter et où les Suisses étaient sur le point d’être enveloppés par les Bourguignons, l’infanterie italienne 2 placée plus en arrière, entre Concise et Corcelles, apercevant de loin cette retraite simulée de l’avant-garde, prit ce mouvement pour une défaite, et se mit à fuir en désordre en poussant le cri de sauve qui peut. Saisies d’une terreur panique par ce cri sinistre qui retentissait derrière eux 3 , les troupes des premiers rangs lâchèrent pied à leur tour et entraînèrent dans la déroute toute l’armée bourguignonne dont la plus grande partie n’avait point pris part au combat, ni même vu l’ennemi 4 .

Cependant le duc Charles entouré et vaillamment soutenu par le prince de Tarente, ses meilleurs capitaines et l’élite /225/ de sa noblesse, était resté sur le champ de bataille de Concise, faisant des efforts surhumains pour arrêter la déroute des siens qui lui arrachait la victoire au moment où elle paraissait presque certaine 1 . D’un autre côté le sire de Château-Guyon avait attaqué par le flanc le grand carré formé par les Suisses, et voyant que sa gendarmerie ne pouvait parvenir à entamer cette masse compacte hérissée de piques de dix-huit pieds de longueur, il s’était précipité presque seul dans le carré ennemi; il fut tué au moment où il venait de s’emparer de la bannière de Schwyz 2 .

Enfin le duc, perdant tout espoir de rétablir le combat, fut forcé de se retirer vers le camp fortifié de Grandson, qu’il trouva entièrement abandonné par ses troupes. Alors en voyant la honteuse déroute de sa nombreuse et belle armée, il se crut trahi, et victime d’un lâche complot 3 . Quoi qu’il en soit, ce fut à grand peine que ses capitaines et l’ambassadeur de Milan qui ne l’avait pas quitté de toute la journée, l’obligèrent à partir de son camp et à prendre le chemin de la Bourgogne 4 .

La fatale journée de Grandson ne coûta au duc de Bourgogne qu’un millier d’hommes et sept gentilshommes de marque, tués pour la plupart au pied de la colline de la /226/ Lance, outre le matériel de guerre et le riche butin que les Suisses trouvèrent dans le camp abandonné par les Bourguignons 1 . Elle n’eut aucun résultat décisif, mais en excitant l’audace et le courage des Suisses, elle fit pâlir l’étoile victorieuse qui jusqu’alors était restée fidèle aux armes de Charles-le-Hardi 2 . Les Confédérés mirent trois jours à piller le camp; ils pendirent aux arbres ou noyèrent dans le lac un certain nombre de gendarmes et de soldats ennemis qui après avoir trouvé un refuge dans le château avaient dû se rendre à discrétion 3 ; puis ils prirent le parti de rentrer dans leur pays, soit qu’ils ne fussent pas d’accord pour poursuivre leur succès, soit qu’ils craignissent d’être enveloppés par les troupes ennemies, qui, quoique dispersées, occupaient encore presque tout le pays-romand 4 .

Ni le comte de Romont, ni le corps de gendarmerie et de milices romandes et savoisiennes placé sous ses ordres ne prirent part à la journée de Grandson. Le duc lui avait laissé le soin de garder la rive droite du lac, /227/ et de tenir en échec les Suisses qui étaient rassemblés autour de Morat 1 . C’est ce qui résulte assez clairement des lettres que Charles-le-Hardi lui écrivit de Nozeroy, en date du 7 mars (1476), par lesquelles il lui recommande d’empêcher l’armée savoisienne de se dissoudre, et de réunir autour de sa personne toutes les bandes de l’armée bourguignonne qui erraient çà et là dans le pays de Vaud, lui laissant la faculté de disposer de ces troupes pour fortifier les garnisons des principales places du pays 2 . Il lui annonce en même temps, que sur les renseignements qu’il venait de recevoir tant de sa part que de celle du bailli de Lausanne 3 , il se disposait à repasser incessamment le mont Jura pour se rapprocher de cette ville, avec ses compagnies d’ordonnance, sa garde et la gendarmerie de sa maison 4 .

Effectivement, loin de se laisser abattre par le dernier échec, le duc de Bourgogne n’avait pas perdu un moment pour rallier son armée débandée; dès le 11 mars, moins de dix jours après la déroute de Grandson, il était de retour à Orbe. De là il vint à Lausanne 5 , où il arriva le 14 du même mois. Le lendemain il se rendit au camp /228/ avec le prince de Tarente et le Grand-Bâtard, Antoine de Bourgogne, qui l’avait précédé de quelques jours 1 pour préparer l’assiette du camp, élabli à une demi-lieue de la ville, sur le plateau du Jorat appelé Plan du Loup. Le duc de Bourgogne attendit là, pour reprendre l’offensive contre les Suisses, les renforts de troupes et d’artillerie qu’il faisait venir de la Lorraine et du Luxembourg, pour remplacer les pertes faites à Grandson 2 . En même temps il faisait acheter à Genève toutes les armes, lances, cuirasses et bassinets qu’on y trouva; la ville lui envoya des vivres et plusieurs agents furent expédiés de sa part en Lombardie pour recruter de nouvelles troupes 3 .

Pendant ce temps, la duchesse Yolande, régente de Savoie, avec ses enfants et toute sa suite, continuait à résider à Genève où elle était gardée par 3,000 chevaux et 3,000 hommes de pied, formant les contingents des bannerets, des nobles et des communes de la Savoie. Parmi ces seigneurs se trouvaient Janus de Savoie, comte de Genevois avec 500 chevaux du Faucigny et du Chablais; le comte de la Chambre avec 400 chevaux de la Maurienne et le gouverneur de Nice, messire Antoine d’Orlier avec les contingents de la Savoie propre 4 . Pleinement rassurée /229/ par les lettres que le duc de Bourgogne lui avait adressées de Nozeroy, et par le prompt retour de ce prince au pays de Vaud 1 , elle avait envoyé auprès de lui, à Jougne et à Orbe, le seigneur de La Forêt, et messire Guillaume de La Baume, seigneur d’Illens, ses principaux conseillers, pour recevoir ses instructions sur les opérations de la campagne qui allait commencer. Ceux-ci ayant informé la duchesse de la détermination prise par le duc d’établir son camp aux environs de Lausanne 2 , elle prit la résolution de se transporter dans cette cité, avec ses enfants et toute sa cour, ce qu’elle exécuta en effet quelques jours après 3 . Mais auparavant elle envoya par eau à Lausanne pour l’assiette du camp, tout le matériel nécessaire que l’on put rassembler, soit à Genève, soit dans les villes et bourgades des deux rives du lac. Tous les ouvriers du pays furent mis en réquisition pour confectionner des tentes, des pavillons, et construire des baraques en bois pour abriter les troupes, à mesure qu’elles arrivaient au camp 4 .

Dans l’entrefaite le comte de Romont, avec les troupes romandes et savoisiennes dont il disposait, avait occupé tout le pays-romand jusqu’à Payerne, et renforcé les garnisons de Surpierre, Lucens, Romont, Rue, Moudon et /230/ Yverdun 1 .Hugues de Châlons, seigneur d’Orbe et d’Echallens, héritier naturel de son frère consanguin, Louis de Châlons, sire de Château-Guyon qui venait de mourir en héros dans les champs de Concise, avait repris possession des terres et châteaux de Grandson et de Champvent 2 . Ainsi, malgré la victoire remportée par les Suisses sur les Bourguignons le 2 mars, toute la patrie de Vaud, sauf Fribourg et Morat, se trouvait délivrée de la présence des Allemands avec l’aide du duc Charles 3 , allié persévérant de la maison de Savoie; pendant que le roi de France qui semblait devoir protéger cette maison contre les Suisses, faisait au contraire cause commune avec ceux-ci pour l’opprimer 4 .

D’un autre côté, on apprit au camp de Lausanne que les Bernois et leurs Confédérés se mettaient en campagne et que déjà 5 à 6000 hommes étaient réunis à Fribourg et à Morat, d’où ils menaçaient la ville et le château de Romont, qui étaient pourvus d’une garnison de troupes romandes d’environ /231/ 2000 hommes 1 . Le 26 mars, le duc Charles avait poussé une reconnaissance au delà de Moudon et s’était avancé jusqu’aux portes de Romont dont les environs lui avaient paru propices pour livrer bataille à l’ennemi 2 . Il était à peine rentré dans ses quartiers, qu’on y reçut l’avis de la marche des Suisses, qui, au nombre de 4,000, s’avançaient avec de l’artillerie pour assiéger Romont, situé à six lieues seulement de Fribourg et à onze de Lausanne 3 .

Le comte de Romont partit aussitôt du camp avec 2,000 hommes de troupes italiennes pourvus d’artillerie et d’armes à feu, et se jeta dans la place (le 28 mars) assez à temps pour prévenir l’ennemi qui se présenta le lendemain avec 4,000 hommes pour assiéger la ville et le château. Mais les Confédérés se voyant déçus de l’espoir qu’ils avaient conçu de surprendre la place avant qu’elle eût été ravitaillée, se retirèrent le même jour après avoir mis le feu au faubourg et brûlé plusieurs villages environnants 4 . Néanmoins le duc, comprenant la nécessité de mettre la place à l’abri d’une nouvelle attaque, et de faire garder les passages du Jorat, envoya un renfort de 100 lances (7 à 800 hommes) à Romont, et 200 lances (14 à 1,500 hommes) à Moudon. Mais les habitants qui se méfiaient, non sans raison, des habitude de rapine de cette soldatesque italienne, refusèrent de les recevoir dans leurs murs, prétendant que la garnison /232/ romande qui s’y trouvait suffisait pour leur défense 1 . Ces mercenaires se logèrent dans les villages environnants.

A la fin de mars l’armée du duc de Bourgogne, réunie aux environs de Lausanne, se composait de 2,000 lances, 9,000 hommes de pied, tant archers que lansquenets (ou piquenaires), formant ensemble environ 25,000 hommes avec 8,000 chevaux 2 . A chaque instant divers corps, organisés en colonnes mobiles, partaient du camp pour aller fourrager en pays ennemi, particulièrement dans les possessions du comte Louis de Gruyères et de ses vassaux du Pays-d’Enhaut et du Gessenay 3 . — Dès les premiers jours d’avril une de ces colonnes mobiles entreprit une excursion dans la vallée de la Sarine, qu’elle remonta en saccageant le pays jusqu’au pas de la Tine. Mais les habitants qui avaient fui devant l’ennemi, et qui s’étaient retirés dans le Pays-d’Enhaut, en rompant le pont derrière eux, se préparaient à une vigoureuse résistance. L’expédition, ne jugeant pas prudent de s’aventurer dans les montagnes, revint sur ses pas sans avoir pu exécuter son projet 4 . /233/

Dans ces entrefaites la guerre entre les Hauts-Valaisans et la maison de Savoie avait continué. Les frontières du Bas-Valais et du Chablais vaudois (ou pays d’Aigle) étaient gardées par le capitaine-général ou gouverneur de cette province 1 , entouré des vassaux et des francs-archers du pays de Gex et du Chablais, au nombre d’environ 2,000 hommes 2 . Au mois de février (1476), tandis que le duc de Bourgogne assiégeait Grandson, cette petite armée savoisienne avait repris les bourgs de Saint-Maurice et de Martigny, ainsi que le château de Conthey, occupés par les Hauts-Valaisans et les Bernois leurs alliés 3 . Mais l’évêque de Sion, invité par ces derniers à faire une diversion en leur faveur en attaquant la Savoie 4 qui venait de se déclarer ouvertement pour le duc de Bourgogne, arma tous ses sujets qui se qualifiaient eux-mêmes de milice de Saint-Théodule, patron du Valais, et fondit sur les lignes savoisiennes qui repoussèrent vigoureusement l’ennemi /234/ à plusieurs reprises 1 . Cependant en apprenant la déroute de Grandson, le capitaine-général fut obligé d’abandonner ses positions et de se retirer vers la tête du lac, pour ne pas être coupé par les gens de la Gruyères et du Pays-d’Enhaut, que la défaite des Bourguignons laissait libres de tourner leurs armes contre lui.

Dans les premiers jours de mars (du 5 au 7), les Hauts-Valaisans, commandés par le bailli de l’évêque de Sion, Ant. Uf. der Eggen, rentrèrent en armes à Conthey et à Martigny, occupèrent le bourg de Saint-Pierre, sur la route du Saint-Bernard, et se présentèrent aux portes de Saint-Maurice 2 . Ils poussèrent même leurs déprédations jusqu’au défilé de Chillon, dont la garnison, commandée par Pierre de Gingins, sire du Châtelar, les arrêta; mais en se retirant ils pillèrent et brûlèrent Villeneuve (entre le 7 et le 11 mars) et massacrèrent les soldats qui gardaient ce bourg mal fortifié 3 . Monthey, Vouvri et toute la vallée d’Abondance en Chablais, n’évitèrent le même sort qu’en se /235/ rachetant par de fortes rançons 1 . En sorte que toutes les communications par le Saint-Bernard se trouvaient entre les mains des Hauts-Valaisans, qui faisaient cause commune avec les Suisses 2 .

Le duc Charles pressé par la régente de mettre un terme aux entreprises des Valaisans, était impatient lui-même d’ouvrir le passage des montagnes aux troupes vénitiennes et lombardes, qui attendaient dans le val d’Aoste, le moment favorable pour franchir les Alpes et rejoindre l’armée bourguignonne 3 . 400 lances de la garde et de la maison du duc, accompagnées de plusieurs chevaliers de marque et suivies d’une troupe de fantassins, partirent du camp de Lausanne le 5 avril, après midi, sous la conduite du comte de Romont, se réunirent près de Villeneuve aux troupes du sire de Belmont, ce qui porta cette petite armée à 4 ou 5,000 hommes; elle entra le 6 avril à St-Maurice, sans coup férir 4 . Le lendemain elle se remit en route pour Martigny; mais arrivée au défilé qui sépare ces deux bourgs, à l’endroit où le chemin se trouve étroitement resserré entre le Rhône et l’escarpement des montagnes, la neige et d’autres obstacles /236/ l’arrêtèrent tout court 1 . Cependant une troupe intrépide de gendarmes bourguignons voulut tenter de tourner cet obstacle en cherchant un gué au travers des eaux du fleuve. Parvenue de l’autre côté sans guides pour diriger sa marche, cette troupe s’aventura dans les terrains marécageux d’outre-Rhône et tomba dans une embuscade de Valaisans et de gars du Gessenay. Un combat meurtrier s’engagea aussitôt entre les deux partis; les gendarmes bourguignons et savoisiens forcés de battre en retraite pour rejoindre la petite armée restée sur la rive gauche, perdirent une trentaine des leurs, la plupart gentilshommes, au nombre desquels se trouva Louis de Compeys, fils du sire de Torrent, seigneur d’Aigle. Après cet échec le comte de Romont dut abandonner son entreprise et ramener ses troupes au camp du duc, où il était de retour le 9 avril 2 .

Dans l’entrefaite les Bernois, qui probablement avaient été informés de l’expédition projetée contre le Valais, en avaient prévenu les gens du Gessenay et de Gruyères. Conduits par le capitaine Krebs de Fribourg, ceux-ci passèrent la dent de Jaman le 8 avril, et tombèrent le lendemain sur le village de Montreux avec le projet de se porter sur Vevey. Mais une estafette expédiée à la duchesse à Lausanne, avait donné l’alarme au camp d’où l’on envoya aussitôt 400 hommes de pied pour garder cette petite ville. L’ennemi, se voyant prévenu, se retira après avoir brûlé et /237/ saccagé le village de Montreux, ainsi que le château voisin du Châtelar 1 , appartenant à messire Pierre de Gingins, qui faisait la guerre aux Valaisans à la tête des vassaux de sa baronnie 2 . D’après le témoignage des contemporains, ce château, construit en 1441 3 , était alors beaucoup plus considérable qu’il ne l’est aujourd’hui, et renfermait dans son enceinte fortifiée une habitation somptueuse et richement ornée qui fut entièrement dévorée par les flammes, que l’on apercevait depuis Lausanne 4 . En apprenant ce désastre, le duc Charles envoya 400 hommes de pied pour renforcer la garnison de Vevey et 40 archers au château de Chillon, où des maraudeurs valaisans s’étaient présentés la veille (10 avril) 5 .

La première expédition contre le Valais ayant échoué, le sire de Miolans, maréchal de Savoie, fut appelé par la régente à Lausanne pour combiner avec le duc de Bourgogne un nouveau plan d’attaque mieux concerté contre les /238/ Valaisans 1 . Il fut arrêté que le comte de Challans, qui commandait les vassaux du val d’Aoste, ainsi que les Piémontais conduits par Jacques Provana, seigneur de Leyni, formant un corps d’environ 4,000 hommes de pied, rassemblés au revers du mont Saint-Bernard, tenteraient de forcer les passages interceptés de ces montagnes, tandis que, d’un autre côté, le comte de Genevois, les bannerets et les francs-archers de la Savoie qui gardaient les frontières du Haut-Faucigny, conduits par le maréchal de Miolans, tomberaient à l’improviste sur les Valaisans à Martigny, en débouchant par la vallée du Trient. — En même temps les troupes du Chablais vaudois, sous les ordres du sire de Belmont, renforcées par quelques compagnies détachées du camp de Lausanne, devaient, depuis Saint-Maurice où ces troupes étaient restées, se porter à la rencontre des mercenaires lombards, au nombre de 2,000 environ, auxquels le comte de Challans aurait frayé le passage au travers des Alpes 2 .

Effectivement, le sire de Miolans, chargé de diriger cette expédition compliquée, quitta Lausanne le 16 avril, suivi le lendemain par 2,000 fantassins qui prirent le chemin de Saint-Maurice. Mais par une précipitation déplorable, le comte de Challans se hâta trop de s’aventurer dans les montagnes. Dès le 13 avril, veille de Pâques 3 , il était parti de la cité d’Aoste, suivi de toute sa /239/ colonne, et avait passé le col du Saint-Bernard le même jour, sans rencontrer d’obstacle sérieux. Arrivé au bourg de Saint-Pierre, dans la vallée d’Entremont, il y surprit un avant-poste ennemi de 120 hommes, qui fut culbuté et mis en fuite 1 . Le lendemain, le comte continua sa marche sur Martigny, où il entra sans résistance avec une partie de ses troupes, les 2,000 Lombards qui le suivaient étant restés à Saint-Branchier, bourg situé à la conjonction des deux vallées de Bagnes et d’Entremont 2 .

A Martigny le comte de Challans attendit vainement pendant trois jours l’arrivée du comte de Genève, qui ne vint pas. Dans l’intervalle les fuyards du poste de Saint-Pierre avaient porté l’alarme dans tout le Valais épiscopal. Le landsturm se rassembla, se réunit aux Bernois venus de l’Oberland 3 , et tous ensemble, au nombre de 4 ou 5,000 combattants 4 , tombèrent (le 17 avril) sur le flanc des Lombards qui se trouvaient à Saint-Branchier, les mirent en déroute et leur tuèrent 5 à 600 hommes 5 . Un nombre /240/ presque égal s’égara dans les neiges et les précipices de la montagne, et y périt misérablement; le reste s’enfuit jusqu’à Turin, où ils portèrent la nouvelle de ce désastre 1 . Cependant le comte de Challans et le seigneur de Leyni qui occupaient Martigny où ils couraient risque d’être enveloppés par l’ennemi, prirent le parti de se retirer (le 18 avril) vers l’hospice du Saint-Bernard où ils firent face à l’ennemi qui les suivait de près, le repoussèrent, lui firent essuyer une perte notable en hommes tués ou prisonniers, et lui reprirent une partie du butin que les Valaisans avaient enlevé aux Lombards défaits la veille 2 .

Telle fut l’issue de cette seconde tentative pour rétablir les communications interrompues au travers des Alpes Pennines; elle échoua par le manque d’ensemble dans les opérations de la guerre, faute qui se fit généralement sentir dans toute la campagne 3 . La nouvelle de cet échec fut transmise par le sire de Miolans au camp de Lausanne, où /241/ elle arriva le 22 du même mois. On l’attribua principalement à la désertion des vassaux et des milices féodales de la Savoie, qui, peu habituées à faire un service permanent, abandonnaient les bannières de leurs chefs pour retourner dans leurs foyers au moment le plus décisif d’une entreprise commencée 1 . Il est vrai que pendant leur absence leurs demeures restaient exposées aux rapines de la soldatesque étrangère qui parcourait le pays dans tous les sens. C’est ainsi par exemple, que les compagnies italiennes envoyées tout récemment à St.-Maurice, avaient fourragé et pillé plusieurs villages savoyards. — Sur l’avis de ces désordres, donné par le sire de Miolans, le duc Charles expédia aussitôt messire Georges de Menthon avec 400 fantassins pour faire rendre gorge à ces pillards, et les ramener par le lac au camp de Lausanne 2 .

La situation de la Savoie et du Piémont était singulièrement compliquée, d’un côté, par les préparatifs et les menaces du roi de France campé à Lyon avec une grande armée 3 , et de l’autre, par les dispositions équivoques du duc de Milan qui, lié par des traités, d’une part avec l’évêque de Sion et les Suisses 4 , et de l’autre avec le duc de Bourgogne et la régente de Savoie, observait une attitude /242/ d’expectative, qui ne donnait aucune sécurité ni aux uns ni aux autres 1 . Il abusait la régente par de vaines protestations d’amitié, il fournissait au duc Charles de l’argent et des armes, et refusait en même temps à ses alliés d’employer ses forces pour réprimer les entreprises hostiles des Hauts-Valaisans sur la Savoie 2 . Il est vrai qu’il se montrait également sourd aux demandes de l’évêque de Sion, qui le pressait de se joindre à lui pour intercepter les passages des Alpes Pennines 3 .


/243/

VI.
CHARLES-LE-HARDI AU CAMP DE LAUSANNE

Mars, Avril et Mai 1476.

L’antique cité de Lausanne, à laquelle l’entrevue du pape Grégoire X avec l’empereur Rodolphe de Habsbourg, (ao 1276), ainsi que la tenue du célèbre concile qui mit fin au long schisme de l’Eglise (ao 1449), avaient déjà communiqué une certaine renommée, attira de nouveau sur elle tous les regards et fixa l’attention des souverains et des peuples de toute l’Europe. De Bruxelles à Naples les principales routes étaient encombrées de convois de troupes, d’artillerie et de chariots de guerre, qui se rendaient au camp du duc de Bourgogne. Les ambassadeurs des rois et des princes et leurs chevaucheurs arrivaient journellement à Lausanne, ou en partaient pour se diriger sur toutes les capitales du continent. Partout où ils passaient, les bourgeois et le peuple les entouraient et les questionnaient sur les moindres événements survenus dans cette cité ou dans les environs 1 . /244/ C’est qu’en effet l’avenir de plusieurs provinces 1 , et les combinaisons politiques les plus compliquées et les plus importantes restaient en suspens jusqu’à l’issue de la lutte mortelle engagée entre Charles-le-Hardi et les Cantons Suisses, lutte que la déroute de Grandson avait laissée indécise.

En sortant des faubourgs de Lausanne, l’ancien chemin qui conduit à Echallens par les Roches, gravit péniblement le Jorat jusqu’au plateau nu et battu des vents nommé plaine du Loup, qui fait partie du territoire communal de Romanel 2 . C’est sur ce froid plateau, naguères inculte, borné par les forêts de Sauvabelin et de Vernand, qu’était assis le camp du duc de Bourgogne. — Suivant ses habitudes martiales, ce prince s’était logé dans un grand pavillon en charpente, construit à la hâte près de l’ancien couvent des Dames de Bellevaux (Bella-Vallis), qui avait reçu les gens de sa suite 3 . Les troupes campaient autour de lui dans des baraques faites de planches et de branchages, remplaçant les tentes qui manquaient presqu’entièrement. Le reste des gens de guerre, dont le nombre augmentait de jour en jour, était logé dans les /245/ villes et les villages environnants, à une, deux et trois lieues à la ronde 1 . A mesure que le matériel nécessaire et les provisions de vivres et de fourrage arrivaient au camp, ces corps détachés venaient prendre place sur le plan du Loup. Cette opération ne s’exécutait pas sans exciter les murmures et la mauvaise humeur des hommes d’armes et de leurs capitaines 2 qui redoutaient bien plus les privations et les intempéries du bivouac que les périls de la guerre. Il ne fallait pas moins que toute la vigilance et la volonté inflexible du duc, qui, d’ailleurs, leur donnait en toute saison l’exemple en partageant avec ses troupes les privations et les fatigues de la guerre, pour réprimer leur insubordination et leurs habitudes de rapine.

La nature montagneuse du pays où la campagne allait s’ouvrir obligea le duc Charles à modifier l’ordre établi jusqu’alors dans son armée 3 . Dans les campements en rase campagne l’armée était partagée en quatre grandes divisions ou quartiers, comprenant chacun deux subdivisions, placées sous la surveillance et le commandement général d’un chef de quartier (capo di quartiere) 4 . Mais pour les manœuvres /246/ de la guerre et la marche des troupes, l’armée bourguignonne fut divisée en huit corps appelés batailles 1 , susceptibles de se mouvoir en colonnes serrées plus ou moins nombreuses, selon la disposition du terrain, ou de se déployer en ligne de combat en présence de l’ennemi. Dans tous les cas la gendarmerie à cheval formait la tête des colonnes ou se plaçait sur les deux ailes du front de bataille.

Les sept premiers corps étaient formés de la garde noble du duc, de la gendarmerie de sa maison, des gentilshommes de la Chambre et des quatre Etats et des compagnies de ses ordonnances 2 , composées d’Anglais, de Picards, de Flamands, de Gueldriens et d’autres troupes des Pays-Bas; et principalement des compagnies capitulées recrutées en Italie. On y voyait des Calabrais, des Bolognais, des Vénitiens et des Milanais, surnommés tous indistinctement Lombards 3 . Le huitième corps était formé par la noblesse et les troupes féodales des deux Bourgognes, du pays-romand et de la Savoie. Chacun de ces corps, composé de troupes de diverses armes tant à pied qu’à cheval, avait pour chef un capitaine expérimenté, choisi parmi les chevaliers de l’ordre de la Toison-d’Or, ou les seigneurs de marque. Le premier était commandé par /247/ Guillaume de La Baume, sire d’Illens 1 ; le deuxième par Jean de Damas, sire de Clessy; le troisième par Don Fr. Troylo, vieux et habile condottieri italien; le quatrième par D. Antoine de Legnano, frère de Pierre 2 , tué à la déroute de Grandson; le cinquième par le brave et fidèle Jacques Galeotta; le sixième par Jean de Saint-Loup, seigneur de Rondchamp 3 ; et le septième par le sire de Villeneuve. Les milices de Bourgogne du huitième corps étaient commandées par Jean de Neuchâtel, sire de Montaigu, tandis que les troupes de Savoie avaient pour chef messire Antoine d’Orlier, gouverneur de Nice, nommé par la régente à cet emploi militaire.

Le duc Charles avait en outre confié le commandement supérieur de chaque division (quartier) de son armée à un lieutenant-général 4 ; savoir la première division, formant l’avant-garde, au comte Julio, duc d’Atri, fameux capitaine /248/ calabrais, qui accompagnait Don Frédéric d’Aragon, prince de Tarente, fils puiné du roi de Naples. Ce jeune prince commandait la seconde division, principalement composée des compagnies italiennes. La troisième division, formée des cinquième et sixième corps, était conduite par Jean de Luxembourg, comte de Marle, fils aîné de l’infortuné connétable de St.-Pôl 1 . La quatrième division avait pour chef Jacques de Savoie, comte de Romont. Quant au Grand-Bâtard, Antoine de Bourgogne, il remplissait les fonctions de maréchal de l’ost, ou de chef de l’état-major général de l’armée 2 .

Parmi les seigneurs et capitaines de distinction qui servaient à l’armée du duc dans cette campagne se trouvaient Hugues de Châlons, seigneur d’Orbe, qu’on appelait Monsieur de Château-Guyon, depuis qu’il avait succédé à son frère Louis, tué à Grandson; messire Olivier de La Marche, aussi vaillant chevalier que naïf chroniqueur; mais ni l’un ni l’autre n’assistèrent à l’issue funeste de la guerre, Charles les ayant chargés de missions importantes 3 . On cite aussi plusieurs gentilshommes anglais de renom, qui commandaient les archers de cette nation, tels que sir John Dickfield, chevalier de la Toison-d’Or; sir John Middelton, chevalier /249/ de l’hôtel du roi d’Angleterre et d’autres 1 . La noblesse des Pays-Bas comptait dans l’armée Antoine Rolin, sir d’Aymeries, et Georges, seigneur de Beauchamps, son frère 2 ; Ph de Berghes, seigneur de Grimberghe et d’autres. Les sires de Hauteville et de Villeneuve; Guillaume de Vergy, sire d’Autray et seigneur de Champvent et de Montricher; messires Raoul de Bournonville; Emile de Mailly; Guillaume de Martigny; Antoine, sire de Rosimbos et Jean du Mas, porte-étendard de la bannière du duc, appartenaient aux premières maisons de Bourgogne 3 . Jacques de La Sarra; Georges de /250/ Menthon; le sire de Saleneuve, Jacques de Valperga, tous chevaliers, commandaient des compagnies de cent lances dans les ordonnances du duc de Bourgogne. Tous ces seigneurs et capitaines étaient suivis d’une foule de gendarmes, appartenant, comme eux, aux pays les plus divers 1 . Leurs armures brillantes, leurs paletots, leurs pennons armoiriés et leurs casques dorés et empanachés se détachaient aux rayons du soleil sur le sombre rideau des bois du Jorat, et animaient l’aride et sauvage plateau sur lequel ils campaient pêle-mêle, avec plus de cent pièces d’artillerie de tout calibre, au milieu des chariots de munitions et de plus de dix mille chevaux 2 .

Lausanne, la ville aux trois collines, qui ne communiquaient entre elles que par des rampes bien plus étroites et plus rapides qu’elles ne le sont aujourd’hui, présentait un aspect non moins extraordinaire qu’étourdissant. — La duchesse de Savoie, le duc Philibert, son fils aîné et ses autres enfants, demeuraient à la Caroline. Les bâtiments de l’ancien couvent des Jacobins de St-Pierre servaient de logement à une suite nombreuse de chevaliers et d’écuyers et à une centaine de chevaux de bât. Quoiqu’on ait supposé le /251/ contraire 1 , cette petite cour fut parfaitement bien reçue dans la cité impériale, où les ducs de Savoie exerçaient depuis plusieurs siècles la suzeraineté, à titre de gardiens du vicariat de l’Empire, et de défenseurs des immunités et priviléges de l’évêque et de la ville 2 . La régente ne s’était fait suivre en deçà des monts que par un fort petit nombre d’officiers de sa maison, parmi lesquels on cite: Claude, seigneur de Raconis, et le comte de La Chambre, maréchaux de Savoie; le seigneur de Rivarola, grand-maître de l’hôtel; Antoine, sire de La Forêt, gouverneur du jeune duc Philibert, et les deux secrétaires privés de la duchesse, Cavoretto et Dupuis 3 . En partant de Turin, elle y avait établi un conseil de régence composé de Jean de Compeys, évêque de Turin, président; Antoine de Champion, seigneur de Vauruz; Ruffin de Morri, trésorier-général, etc. 4 . La plupart des seigneurs piémontais étaient opposés au parti /252/ que cette princesse avait pris de passer les monts et de rejoindre le duc de Bourgogne; ils auraient voulu qu’elle se mît sous la protection du duc de Milan, son beau-frère, qui était en même temps beau-père du jeune duc Philibert 1 , et ils se souciaient fort peu que la Savoie et les autres provinces en deçà des monts restassent exposées à toutes les chances de la guerre. Cette divergence de vues était cause de la froideur qui régnait entre elle et ces seigneurs 2 .

En revanche, la régente accordait une confiance d’autant plus illimitée aux gentilshommes savoisiens et vaudois, que ceux-ci partageaient ses sympathies politiques. Parmi ces gentilshommes se trouvaient en première ligne messire Antoine d’Orlier, seigneur de Saint-Innocent, gouverneur de Nice et de la province de Savoie 3 ; Guillaume de La Baume, seigneur d’Illens, chevalier de la Toison-d’Or; Philibert de Compeys, seigneur de Chapelle en Genevois 4 , et de Denens au pays de Vaud, dont les fonctions de lieutenant-général du comte de Romont, avaient passé à messire Jean de Vergy, chevalier, seigneur de /253/ Montricher 1 ; Amédé du Viry, seigneur de Rolle; Claude de Menthon, seigneur d’Allaman, bailli du Chablais, et Humbert Cerjat, seigneur de Combremont, ancien bailli de Vaud. Ces gentilshommes formaient le conseil intime de la duchesse, où l’évêque de Genève et le comte de Genevois, sire de Faucigny, ses beaux-frères, tenaient le premier rang quand ils n’étaient pas appelés ailleurs par des affaires plus importantes 2 .

Parmi les prélats et autres grands personnages étrangers qui, à la même époque, séjournèrent à Lausanne, les mémoires contemporains mentionnent l’évêque de Sagone, vicaire-général de l’évêché 3 ; l’évêque de Forli, légat du Saint-Siége en Allemagne, qui faisait sa résidence ordinaire à Bâle, où il travaillait sans cesse au rétablissement de la paix entre le duc de Bourgogne et les Suisses 4 ; Luc de Tollentis, évêque de Sebenico, envoyé du pape Sixte IV auprès du duc Charles; François de Bertinis, évêque de Capoue, l’un des plénipotentiaires de l’alliance conclue en dernier lieu entre la maison d’Autriche et la Bourgogne 5 ; enfin plusieurs ambassadeurs de l’empereur, du roi de Naples, du duc de Milan et de l’Electeur Palatin, accrédités soit auprès du duc de Bourgogne, soit auprès de la régente /254/ de Savoie 1 . Le cardinal Jules de la Rovère, du titre de Saint-Pierre aux Liens, évêque titulaire de Lausanne 2 , était en route pour se rendre dans son diocèse, dont il n’avait point encore pris possession, lorsque le roi Louis XI le fit arrêter à son passage à Lyon, et le retint dans cette ville pendant plusieurs semaines, dans une sorte de captivité plus ou moins déguisée, afin d’empêcher ce prélat d’arriver à temps pour prévenir, par son influence, une nouvelle rencontre entre le duc de Bourgogne et les Suisses 3 .

En attendant, cette grande affluence d’étrangers de tout rang et de tout état ne trouvait qu’avec beaucoup de difficulté à se loger dans l’enceinte de la ville et de ses faubourgs. Les principaux édifices tels que le château de St.-Maire, le petit Evêché, le château de Menthon, les couvents de La Madelaine, et de St-François, les hôtelleries de la rue de Bourg 4 , étaient remplis jusqu’aux combles. Il en était de même de toutes les maisons particulières 5 . Ceux qui arrivèrent plus tard furent obligés de chercher un abri dans les couvents et /255/ dans les villages des environs, depuis St-Sulpice jusqu’à Lutry, au milieu des gens de guerre qui occupaient tous ces villages abandonnés par leurs habitants 1 . On ne peut mieux comparer Lausanne à cette époque qu’à un vaste camp, ou à une ville mise en état de siége et livrée au régime de la discipline militaire, tous les pouvoirs réguliers de la magistrature locale se trouvant suspendus de fait.

Le duc Charles et la duchesse de Savoie vivaient dans la meilleure intelligence, et cette dernière était entièrement à la dévotion de son haut et puissant protecteur. Après avoir consacré toute la journée aux soins de son armée et expédié ou reçu nombre de dépêches importantes, le duc avait coutume de venir entendre la messe de vêpres à l’église de Notre-Dame, après quoi il se rendait ordinairement à la cour de la duchesse, avec laquelle il s’entretenait familièrement pendant quelques heures et il retournait coucher au camp 2 . Dans ces entretiens confidentiels, le duc et la duchesse se communiquaient les nouvelles qu’on avait reçues dans la journée, ce qu’on avait appris des démarches et des sourdes intrigues du roi Louis XI 3 , ainsi que des préparatifs de défense des Suisses et de leurs mouvements sur les frontières du pays-romand et du Valais. — Le duc avait mis de bonnes garnisons à Jougne, à Orbe et à Yverdun. /256/ Le comte de Romont, avec un millier de francs-archers du pays, et trois cents lances, Italiennes et Bourguignonnes (2,400 hommes environ), occupait Estavayer-le-Lac, Payerne et Romont, où il était sans cesse aux prises avec des détachements des garnisons allemandes de Fribourg et de Morat 1 . Le sire de Miolans chargé de veiller à la défense des frontières du Faucigny, du côté du Bas-Valais, était soutenu par les francs-archers du pays de Gex et du Chablais, commandés par le sire de Belmont, capitaine-général, et le seigneur de Menthon, bailli de cette province; tandis que le seigneur du Châtelar, avec cinq cents hommes distribués dans les places de Vevey, La Tour et Chillon, gardait le passage important de la tête du lac 2 .

Dans l’entrefaite, des hérauts de l’empereur Frédéric arrivèrent le 5 avril à Lausanne, pour préparer les logements aux ambassadeurs que ce monarque envoyait au duc de Bourgogne, et qui s’étaient arrêtés à Jougne. Ces ambassadeurs firent le lendemain leur entrée solennelle dans la ville, au son des cloches et à la tête d’une escorte nombreuse et brillante de gentilshommes et de clercs 3 . L’ambassade était composée de messire Georges Hessler, protonotaire apostolique et chanoine-archidiacre de Cologne et du chevalier Henri de Rechberg, qui s’était arrêté à Bâle. /257/ Ils apportaient au duc de Bourgogne la ratification du traité de paix conclu entre ce prince et l’empereur au camp de Nancy, le 17 novembre de l’année précédente 1 , et ils venaient tenter un nouvel accommodement pour le réconcilier avec les Suisses, qui, à l’exception des Bernois, semblaient tous pencher vers la paix 2 .

Le 14 avril, jour de Pâques, le duc de Bourgogne assista avec la duchesse de Savoie à la grande-messe qui fut célébrée avec beaucoup de pompe dans la cathédrale de Notre-Dame de Lausanne. Cette basilique avait été décorée la veille avec les magnifiques tapisseries de Flandre qui garnissaient les pavillons du duc Charles, et la duchesse avait fait venir de Genève et d’ailleurs tous les ornements propres à rendre la solennité aussi imposante que possible. Ce jour avait également été choisi pour proclamer la paix avec l’empereur. Dès le matin, le duc, richement vêtu, accompagné du prince de Tarente, du légat du pape 3 , de l’ambassadeur /258/ de l’empereur, et des principaux seigneurs et capitaines de sa suite, se rendit à la cathédrale où la régente de Savoie, le duc Philibert, son fils, les ambassadeurs de Milan et de Naples et toute la cour l’attendaient. Avant la célébration de la messe, le duc de Bourgogne fit proclamer publiquement la paix avec l’empereur par messire Guillaume de Rochefort, seigneur de Pluvost, son chambellan, qui donna lecture des articles du traité. Ensuite les ratifications furent solennellement échangées avec grand appareil, au son de toutes les cloches et au bruit des clairons 1 . Après la messe le duc retourna à son camp et se retira dans ses pavillons pour prendre quelque repos; ce prince éprouvait depuis trois ou quatre jours les premiers symptômes de la maladie qui le retint à Lausanne plus longtemps qu’il ne l’eût voulu 2 .

Après le dîner dont le grand-chambellan fit les honneurs aux princes et aux ambassadeurs qui avaient assisté à la cérémonie du matin 3 , tous les convives se rendirent /259/ processionnellement au camp de la plaine du Loup, au milieu de laquelle on avait élevé une haute estrade près du quartier occupé par le Grand-Bâtard, Antoine de Bourgogne, grand-maréchal de l’armée, laquelle était rangée en bataille devant la tribune. Le sire de Rochefort ayant pris la parole au nom du duc, proclama de nouveau la paix avec l’empereur, et dans un discours animé il déclara « que l’archiduc Sigismond d’Autriche, les princes et toutes les villes d’Allemagne étaient compris dans la paix générale, dont les Suisses seuls restaient exclus; que ceux-ci n’avaient désormais aucun secours à attendre des Allemands, et que pour peu que l’armée fût jalouse de conserver sa gloire en réparant sa dernière défaite, elle était sûre de triompher aisément des seuls ennemis que le duc, leur souverain, eût encore à vaincre pour être en paix avec tous ses voisins » 1 . Après ce discours, trompettes et clairons sonnèrent de nouveau et l’armée rentra dans ses quartiers 2 .

En effet, l’archiduc avait accepté une suspension d’armes de six mois à dater du mois de novembre précédent, et s’était engagé à ne donner, jusqu’à l’expiration de cette trève, aucun aide aux Suisses contre le duc de Bourgogne 3 . Le comte de Rechberg, envoyé de l’empereur, négociait à Bâle avec les envoyés de l’archiduc et les députés des Cantons et de la ligue inférieure du Rhin pour engager /260/ les uns et les autres à accéder au traité de paix qui venait d’être proclamé à Lausanne 1 , en menaçant les renitents d’être traités comme rebelles et d’être mis au ban de l’empire; de là l’hésitation et le désaccord qui se manifestèrent parmi les alliés pendant toute la durée des mois d’avril et de mai 2 . Mais tous les efforts des envoyés de l’empereur échouèrent devant les dispositions belliqueuses des principaux cantons Confédérés, tels que Berne, Zurich, Lucerne, et la résolution irrévocablement prise par le duc Charles de ne traiter avec les Suisses qu’après avoir vengé son honneur taché par la défaite de Grandson 3 .

D’un côté, le roi de France était toujours à Lyon avec son armée, d’où il menaçait à tous moments d’envahir la Savoie et le Piémont 4 , et par ses lettres et les émissaires secrets qu’il entretenait dans le pays, il encourageait les Suisses « à refuser tout accommodement avec le duc de Bourgogne et à continuer hardiment la guerre contre lui; leur promettant de les soutenir de son argent et de ses troupes 5  ». D’un autre côté, le duc Charles était /261/ résolu de périr sur un champ de bataille plutôt que de vivre sans se laver de l’affront que lui avait fait subir un peuple rustique dont il estimait le courage, mais qu’il savait vendu corps et biens au roi de France son mortel ennemi 1 . Il ne se dissimulait pas d’ailleurs que tôt ou tard ce monarque perfide trouverait moyen de pousser les Suisses à de nouvelles hostilités contre lui ou contre la maison de Savoie dont il avait embrassé la défense. « Plus il avait naguères cherché à éviter la guerre contre les Suisses et repoussé les propositions de l’Autriche et des princes d’Allemagne qui voulaient leur ruine, plus il persistait maintenant à vouloir punir l’outrecuidance de ces montagnards, devenus les plus dangereux ennemis de ses Etats 2  ».

En attendant, la difficulté de pourvoir aux besoins de toute espèce du grand nombre de gens de guerre rassemblés au camp de Lausanne et dans les environs de la ville, augmentait de jour en jour; les vivres et les fourrages manquaient à plusieurs lieues à la ronde, et dès la fin de mars on prévoyait que la disette forcerait le duc à lever son camp dans moins de quinze jours 3 . Le convoi d’artillerie et d’argent (4 ou 500,000 écus) que ce prince attendait de ses riches provinces de Flandre, et qu’escortait un corps de /262/ trois mille Gueldriens, n’arrivait pas 1 ; la solde des mercenaires italiens et anglais et la paie des compagnies d’ordonnance étaient en retard de plusieurs mois 2 . A ces causes de mécontentement, qui régnaient dans l’armée bourguignonne, venaient s’ajouter d’anciennes animosités entre les corps de diverses nations dont elle était composée; ce qui occasionnait des querelles fréquentes et meurtrières. Il se passait rarement deux ou trois jours sans que les Lombards en vinssent aux mains, soit avec les Anglais, soit avec les Picards, et qu’il n’y eût de part et d’autre des blessés et des tués, et même dans la ville où plusieurs personnes avaient déjà perdu la vie 3 . Pendant l’indisposition qui retenait depuis quelques jours le duc dans sa tente, ces rixes dégénérèrent en une véritable insurrection. Un officier lombard avait été tué par des archers anglais dans une dispute récente, et les premiers avaient juré de /263/ venger la mort de leur patron. Les Lombards, ayant appris qu’un détachement de ces Anglais venait d’être envoyé à Hautcrêt pour défendre ce monastère éloigné de quelques lieues du camp, saisirent cette occasion pour leur tomber sur le corps, en tuèrent sept et blessèrent à mort deux religieux qui cherchaient à les séparer 1 . Lorsque le duc fut informé de cette attaque et du meurtre sacrilège de ces moines inoffensifs, il entra dans une violente colère et résolut de faire un exemple. Les coupables étant revenus au camp (le dimanche 21 avril au soir) furent tous saisis, et conduits devant le pavillon du duc, qui ordonna qu’ils fussent battus de verges et punis de mort, ce qui fut exécuté 2 . En apprenant cet acte de rigueur, les Lombards s’assemblèrent en tumulte, entraînèrent dans leur révolte les autres compagnies italiennes, et, le casque en tête et la lance au poing, ils se rangèrent en bataille et défièrent les archers anglais, qui, pendant le tumulte, avaient également pris les armes, prêts à accepter le combat auquel les Italiens les provoquaient par des gestes et des paroles insultantes 3 . Le duc Charles promptement averti de ce qui se passait, monta aussitôt à cheval et se jetta entre les deux factions animées l’une contre l’autre d’une haine furieuse. /264/ Il eut besoin de déployer tout son courage et toute son énergie pour les contenir au péril de sa propre vie et pour les empêcher d’en venir aux mains. — Le bruit de cet affreux tumulte étant parvenu jusqu’en ville, tous les capitaines et les gendarmes bourguignons qui s’y trouvaient coururent au camp et y arrivèrent à temps pour délivrer le duc du danger imminent où il se trouvait. Au bout de deux heures l’émeute fut apaisée et de part et d’autre les mutins rentrèrent dans leurs quartiers respectifs 1 . Cependant le duc ne leur avait fait aucune concession, et le lendemain de l’émeute il fit décapiter un gentilhomme italien nommé Marco de Ferrara, qui avait été l’un des principaux fauteurs de la rébellion 2 . Si de tels désordres éclataient sous les regards vigilants d’un prince sévère et généralement redouté, on peut se représenter ce que les paisibles bourgeois des villes et les habitants des campagnes, privés de toute protection, avaient à souffrir des excès d’une soldatesque avide et indisciplinée, fourrageant sans cesse tout le pays environnant. Accablé de réquisitions de vivres, de charrois et de corvées de toute espèce, le malheureux laboureur voyait ses récoltes foulées aux pieds des chevaux ou coupées avant leur maturité pour nourrir la cavalerie 3 . Chaque jour était marqué par le pillage, le meurtre et d’autres /265/ excès qui, le plus souvent, restaient impunis 1 . Ces maux ne pouvaient être comparés qu’aux calamités que le pays-romand avait eues à subir de la part des Allemands dans l’invasion de l’année précédente.

La duchesse de Savoie et les personnes de sa suite furent tellement effrayées des scènes qui venaient de se passer au camp et des rixes particulières qui éclataient même dans la ville entre les Anglais, les Picards et les Italiens, qu’elles ne se crurent plus en sûreté à Lausanne. Cette princesse dépêcha à Gex le seigneur de Chapelle, afin de hâter les préparatifs qu’on faisait au château de ce nom pour sa réception. Cette petite ville, située près des frontières de Franche-Comté, avait été choisie, pour qu’à tout événement, elle et ses enfants pussent trouver un refuge prompt et assuré en Bourgogne 2 . Mais son départ fut retardé par la maladie du duc qui suspendit pendant plusieurs semaines toutes les opérations militaires.

On a vu plus haut que dès le milieu d’avril ce prince fut atteint de plusieurs accès de fièvre, que ses médecins /266/ attribuaient aux fatigues extraordinaires de corps et d’esprit qu’il supportait jour et nuit depuis plusieurs mois, sans prendre aucun repos; il se couchait tout habillé sur un simple lit de camp 2 et s’abreuvait de tisanes et d’eau chaude, dont il avalait chaque matin un grand bol 1 , pour combattre les effets pernicieux de la température froide et humide du Jorat, dont la maison de bois qu’il habitait à la plaine du Loup ne le garantissait qu’imparfaitement. Ce régime et le peu de soin que le duc prenait de sa santé naturellement très-robuste et capable de résister aux plus rudes travaux de la guerre, ne firent qu’aggraver son mal. Néanmoins, le mardi 23 avril, jour de la Saint-Georges, il vint encore en ville à l’heure de vêpres pour assister dans l’église de Notre-Dame à la grand-messe qui fut célébrée en l’honneur de ce martyr, patron de l’ordre militaire de la Jarretière, dont il avait revêtu le riche costume 3 . A dater de ce jour son état ne fit qu’empirer, et ses médecins insistèrent pour l’éloigner de son camp et pour lui faire respirer /267/ un air plus doux. Le lundi 29 avril, le duc fut transporté à Lausanne même, dans une grande maison du quartier de Bourg exposée au midi 1 .

Le duc fut très-mal pendant quelques jours 2 ; néanmoins dès le 2 mai il se trouva hors de danger, et le 5, il était assez bien remis pour recevoir la visite des ambassadeurs et pour ordonner une grande revue de son armée 3 , qui eut effectivement lieu quelques jours après.

Le jeudi 9 mai, toutes les troupes logées en ville et dans les environs se rassemblèrent de grand matin au camp du Loup, où le duc, qui demeurait toujours à Lausanne, se rendit, monté sur un petit cheval noir et vêtu d’une longue robe de brocard d’or, garnie de fourrures de martre; il était encore trop faible pour supporter le poids de sa pesante armure, et son visage pâle et amaigri portait des traces visibles de la maladie dont il était à peine convalescent 4 . Le duc ayant parcouru tous les rangs et inspecté /268/ chaque compagnie séparément, l’armée, marchant en colonnes, défila devant lui et sortit du camp pour descendre dans la plaine de St.-Sulpice ou de Ranges, que traverse la grande route de Lausanne à Morges 1 . C’est là que la grande revue devait avoir lieu en l’honneur de la régente de Savoie et des ambassadeurs.

Dans l’entrefaite, la duchesse, accompagnée du duc Philibert, son fils, et de toute leur suite, était montée, vers l’heure de midi, sur sa haquenée de parade pour se rendre à la revue par le chemin de Vidy. Le cortége rencontra le duc de Bourgogne près d’Ecublens, où ce prince était venu à la rencontre de la régente. Après avoir échangé quelques paroles courtoises, le duc Charles invita la duchesse à se rendre au pavillon qu’il avait fait préparer pour elle près de Bassenges, à l’entrée de la plaine de St.-Sulpice 2 ; après cela il retourna prendre sa place à la tête de ses troupes qui avaient fait halte à mi-chemin du camp.

Le défilé des colonnes devant les estrades occupées par la cour de Savoie et les ambassadeurs dura plus de quatre heures. L’armée marchait par compagnies de cent lances, ou bataillons de sept à huit cents hommes, tant à cheval qu’à /269/ pied; la gendarmerie (cavalerie pesante), divisée en escadrons de vingt-cinq chevaux, était suivie des archers montés (cavalerie légère), formant huit escouades de vingt-cinq cavaliers. Ceux-ci, en débouchant dans la plaine, quittèrent leurs chevaux 1 pour se réunir aux gens de pied qui venaient après, et se former en haie, sur trois rangs, derrière la gendarmerie. Ces masses, en se déployant, occupèrent les trois côtés d’un vaste carré; à droite des pavillons d’honneur brillait la gendarmerie de la maison du duc, composée de la garde de son hôtel, des gentilshommes dits des quatre Etats et des quarante chambellans; à gauche, se tenaient les compagnies d’ordonnance, (troupes permanentes); et dans le fond, les bandes italiennes. Suivant son habitude, le duc Charles, armé de son bâton de commandant, dirigeait lui-même toutes les manœuvres 2 , allant et venant sans cesse d’une ligne de bataille à l’autre, donnant des ordres, rangeant ses escadrons sans prendre aucun repos, et distribuant çà et là quelques horions, rudement appliqués, sur les épaules de ceux qui n’obéissaient pas assez vite à son commandement. Son humeur irritable se ressentait de l’ébranlement causé /270/ par sa récente maladie. La nuit qui survint mit fin aux manœuvres. La duchesse fit demander au duc, par le sire d’Orlier, la permission de se retirer; elle remonta à cheval et retourna à Lausanne à la clarté des torches, suivie de toute sa cour 1 .

Les étrangers qui assistèrent à cette montre d’armes générale, évaluèrent le nombre total des troupes passées en revue à vingt mille hommes environ 2 , dont onze mille fantassins et huit à neuf mille chevaux, auxquels il faut ajouter trois mille hommes répartis dans les garnisons du pays de Vaud, ainsi que les troupes savoisiennes cantonnées de l’autre côté du lac 3 . Cette nombreuse cavalerie gênait tous les mouvements de l’armée, dans un pays entrecoupé de montagnes et de bois, et d’ailleurs le manque de fourrage rendait son entretien toujours plus difficile. Le duc prit donc le parti d’ordonner que les archers montés de ses compagnies d’ordonnance feraient la campagne à pied, et que leurs chevaux seraient vendus ou renvoyés en Bourgogne; ce qui réduisit sa cavalerie à environ six mille chevaux 4 . /271/

Le duc montrait toujours une grande impatience de mener son armée contre les Suisses; mais auparavant il avait besoin d’être éclairé sur les desseins du roi de France qui se trouvait toujours à Lyon, faisant mine de vouloir s’emparer de la Provence ou envahir le Piémont 1 . Le bruit courait en outre, que Louis XI avait promis aux Suisses de faire une diversion en leur faveur, aussitôt que le duc Charles serait aux prises avec eux, soit en rompant la trève, soit en pénétrant à l’improviste dans la Savoie et dans le pays de Gex 2 . Avant de s’éloigner davantage, il voulait prémunir ces provinces du coup de main dont elles étaient menacées. A cet effet, il avait envoyé au delà des Alpes le sire de Château-Guyon, accompagné de Guy de la Baume, seigneur de la Roche, en le chargeant de diriger vers la Provence toutes les troupes qu’il pourrait enrôler pour son service en Lombardie; pendant que le seigneur de Beauchamps et messire Olivier de La Marche occuperaient les châteaux de Chambéry et de Montmélian, ainsi que le fort de l’Ecluse, avec les compagnies bourguignonnes laissées en garnison à Orbe et dans d’autres places du Jura 3 , ces compagnies /272/ devant être remplacées par les milices féodales de la Franche-Comté. D’un autre côté, les ambassadeurs de l’empereur et du duc de Milan 1 , ainsi que le légat du pape cherchaient par tous les moyens imaginables à retenir le duc dans l’inaction, se flattant toujours de l’espoir chimérique de conclure entre ce prince et les Confédérés, sinon la paix, du moins une trève prolongée. Ses médecins lui représentaient en même temps que sa santé n’était pas encore assez bien raffermie pour lui permettre de s’exposer sans danger aux fatigues d’une nouvelle campagne 2 .

Dans l’entrefaite, la régente de Savoie, qui souhaitait ardemment la fin d’une guerre qui ruinait les Etats de son fils, tâchait de renouer des intelligences avec les Suisses par l’intermédiaire des Fribourgeois. Elle se servit à cet effet de deux gentilshommes vaudois, Amédé de Viry seigneur de Rolle 3 , et Humbert Cerjat, seigneur de Combremont, qui s’adressèrent d’abord au comte de Gruyères, dont on a vu plus haut les liaisons avec les Confédérés. Une entrevue lui fut proposée au château de Vauruz 4 , où le comte se rendit effectivement le 5 mai avec un sauf-conduit. Les députés de Savoie ayant demandé au comte « Si il n’avait nul asseurement de messieurs de Fribourg que /273/ l’on puisse venir à traicter de la paix », il répondit négativement, en déclarant qu’il ne pouvait s’entremettre dans une affaire d’aussi grande importance sans avoir auparavant une preuve, par écrit, de l’approbation que le duc de Bourgogne donnait à leur démarche. Les députés revinrent à Lausanne avec cette réponse peu encourageante, dont la duchesse fit part au duc de Bourgogne 1 après quelques jours d’hésitation. Ce prince répondit « qu’il n’avait pas l’habitude de faire des avances à ses ennemis; qu’il était néanmoins disposé à traiter avec les Fribourgeois en particulier, mais non pas avec les autres cantons » 2 . Le comte de Gruyères avait, de son côté, informé les Fribourgeois de ces ouvertures; mais la ville était occupée par des troupes de Zurich et des cantons forestiers; elle ne s’appartenait plus, et cette dernière tentative resta sans résultat, en sorte que tout espoir de voir la paix rétablie entre le Jura et les Alpes dut s’évanouir de nouveau.

En attendant, la disette, qui se faisait sentir même à la table des princes et des ambassadeurs, régnait dans le camp de Lausanne où les vivres de première nécessité, comme le pain et le vin, s’élevèrent à un taux équivalant au décuple de leur prix ordinaire 3 . Cette cherté /274/ excessive 1 soulevait parmi les troupes un mécontentement qui les poussait à la révolte et à la désertion. Un mois de solde que le duc leur avait fait payer le lendemain de la revue et la promesse de renouveler cette paye dans des termes assez rapprochée ne remédièrent que bien peu à ce mal. Des bandes entières de soldats abandonnaient furtivement le camp, et s’enfuyaient dans les villages et jusqu’à Genève; le duc avait été obligé d’envoyer à leur poursuite le sire de La Marche, capitaine de sa garde, avec quatre escouades d’archers à cheval, qui amenèrent au camp plus de trois mille déserteurs 2 . Telles sont les circonstances qui retinrent le duc Charles et son armée pendant près de onze semaines à Lausanne dans une inactivité forcée qui compromit gravement le succès de son entreprise 3 . Enfin, le lundi avant la Pentecôte, 27 du mois /275/ de mai, fut définitivement fixé pour « bouter le feu » aux baraques de la plaine du Loup, et pour marcher contre Morat 1 .

La veille de ce jour, le duc se rendit auprès de la duchesse de Savoie, au retour de la grande messe qu’il entendit pour la dernière fois dans la cathédrale de Notre-Dame; il eut avec elle un long et sérieux entretien, dont messires Guillaume de Rochefort et Philibert de Compeys, seigneur de Chapelle, furent les seuls témoins. Il fut convenu que la régente avec ses enfants et toute sa cour se rendrait à Gex, aussitôt que le duc aurait quitté Lausanne, et qu’elle y serait accompagnée d’un seigneur bourguignon, chargé de pourvoir à sa sûreté 2 , et vraisemblablement aussi de l’empêcher de succomber à la tentation qu’elle éprouvait de repasser les monts, sans attendre la fin d’une lutte dont un secret pressentiment lui faisait craindre l’issue.

Le lundi matin les flammes qui s’élevaient en tourbillons de la plaine du Loup annoncèrent à tout le pays le départ de l’armée bourguignonne 3 . Le duc Charles, armé de toutes pièces, monté sur son grand coursier bardé de fer, partit à /276/ midi de Lausanne 1 , se mit à la tête de ses colonnes qui étaient déjà en marche, et alla camper près du village de Morrens 2 , sur un plateau situé à deux petites lieues de la ville, au revers occidental du Jorat, dans le district d’Echallens.


/277/

VII.
MARCHE DU DUC CHARLES SUR MORAT.

Juin 1476.

Pendant que l’armée bourguignonne s’avançait lentement contre Fribourg et Morat, les Confédérés, plus ou moins divisés entr’eux sur la question de la guerre ou de la paix, n’avaient encore assemblé leurs forces nulle part. Ils ne répondaient qu’avec tiédeur aux pressantes sollicitations de Berne, qui se sentait menacé dans son existence même par le duc de Bourgogne 1 . Rappelé de son exil par le danger de la patrie, le sage et valeureux Bubenberg, oubliant l’ingratitude de ceux qu’il avait voulu prémunir contre ce danger, n’avait pas hésité un moment à se mettre à la tête de quinze cents à deux mille hommes jetés en enfants perdus dans les murs de Morat 2 , petite ville qui, depuis que les /278/ Bernois l’avaient enlevée à la Savoie, était devenue par sa forte position le boulevard avancé de leur propre pays 1 . Cette faible garnison et son chef devaient non-seulement tenir tête aux ennemis extérieurs, mais encore comprimer les dispositions hostiles des habitants de la ville, où l’on avait découvert un complot qui ne tendait à rien moins qu’à livrer la place au comte de Romont son vrai et légitime seigneur 2 . Berne n’avait obtenu qu’avec peine de la diète assemblée à Lucerne, que mille hommes fussent envoyés à Fribourg, pour renforcer la garnison de cette ville, composée de gens du pays, dont les dispositions n’étaient pas moins suspectes 3 . Les villes de Souabe, alliées des Suisses ainsi que celles de la Ligue inférieure, intimidées par les défenses de l’empereur et par l’inertie calculée de /279/ l’archiduc Sigismond 1 , délibéraient encore pendant que le duc Charles investissait Morat 2 . Tout semblait donc présager à ce prince une victoire facile, et à ses ennemis une ruine presque certaine. Mais la mâle fortune de la guerre, jointe à la valeur intrépide des Suisses, en décida autrement.

Outre Fribourg et Morat, les Bernois ou leurs alliés de Soleure, de Bienne et de Neuchâtel 3 , occupaient les bourgs fortifiés de Laupen, d’Aarberg, de Cerlier, de Buren et de Nidau, ainsi que les ponts de la Singine et de Gumminen, positions que reliaient entr’elles de profondes rivières, des marais, des montagnes et d’épaisses forêts, qui formaient autour de la ville de Berne un rempart naturel et presqu’infranchissable pour une armée d’invasion 4 . De son côté, le comte de Romont, avec une avant-garde de trois ou quatre mille hommes, dont huit cents ou mille de milices vaudoises, occupait une ligne qui s’étendait depuis le pied du mont Gibloux au lac de Neuchâtel, par Romont, Payerne et Estavayer; il y avait en outre des garnisons bourguignonnes à Rue, Moudon, Lucens, Surpierre et Yverdun, formant une seconde ligne de postes avancés 5 . /280/

Telle était la position respective des troupes allemandes et romandes, à la fin de mai, au moment où le duc de Bourgogne évacua la plaine du Loup pour aller camper dans les champs de blé et d’avoine qui couvraient les territoires communaux de Morrens, Etagnières, Assens et Bioley-Orjulaz 1 , où son armée resta pendant douze jours au bivouac 2 . C’est de là que ce prince envoya au comte de Romont l’ordre de s’avancer dans le Vully « pour faire sacs et pillages ès pays des alliances à l’entour de Morat et mettre empêchement que icelle ville ne pût être avitaillée. » Effectivement, dans les premiers jours de juin 3 , le comte réunit quelques troupes à Estavayer et à Cudrefin qui lui appartenaient, et en suivant les bords du lac, après avoir passé la Broye au bac de la Sauge, il s’aventura dans les marais d’Aneth, au nord de Morat, et poussa sa reconnaissance jusqu’aux environs d’Aarberg, où les Bernois avaient logé cinq ou six cents des leurs 4 . Cependant les habitants d’Aneth, /281/ surpris de grand matin, avaient sonné le tocsin d’alarme; tout le pays d’alentour se mit en armes, et le comte, qui voulait éviter tout engagement sérieux et prématuré, se retira en bon ordre, en suivant le même chemin par lequel il était venu 1 . Mais une partie de ses gens s’étant égarés dans les fondrières du grand marais, en chassant devant eux le bétail qu’ils avaient pris dans les pâquiers, furent atteints par les Allemands au passage de la Sauge, où quelques-uns d’entr’eux furent tués ou noyés dans la rivière 2 .

Dans l’intervalle, le 4 juin, le duc Charles avait fait transporter ses pavillons de Morrens, où il était campé, sous les ombrages de la forêt de Bioley, près du château ruiné d’Echallens 3 . Il en partit le jeudi 6 juin pour pousser une /282/ forte reconnaissance jusqu’à Estavayer, où il s’aboucha avec le comte de Romont et revint le lendemain à son camp pour y recevoir monseigneur d’Escales, Antoine Wydeville, frère de la reine d’Angleterre, qui retournait dans son pays 1 : En même temps le duc avait envoyé son frère, le Grand-Bâtard, Antoine, maréchal de l’Ost, du côté de Payerne et de Fribourg, avec une avant-garde de gendarmerie pour explorer toute la contrée environnante et reconnaître, à une journée de marche en avant, l’emplacement d’un nouveau camp. Le maréchal poussa sa reconnaissance du côté de Fribourg jusqu’à deux lieues de la ville, sans avoir aperçu l’ennemi, et les gens du pays lui affirmèrent que la garnison de cette ville n’était guères composée que de Fribourgeois 2 . En revenant sur ses pas il trouva, entre Payerne et Moudon, aux environs de Thierrens, dans un quartier du gros de Vaud qui avait moins souffert des ravages de la guerre, un large et fertile plateau couvert de moissons, où l’armée bourguignonne toute entière pouvait être campée commodément 3 . /283/ Ce plateau, situé près de l’endroit où se croisent les principales routes qui coupent le pays-romand du sud au nord et de l’orient à l’occident, offrait en outre l’avantage de pouvoir être défendu contre toute surprise de l’ennemi, en garnissant d’artillerie la chaîne de hauteurs qui se prolonge depuis Lucens jusqu’à Surpierre, bourgades dont les châteaux incendiés par les Bernois dans l’invasion de l’automne précédent, avaient été réparés par ordre du comte de Romont.

Il n’entrait pas dans les plans du duc Charles de précipiter sa marche sur Morat avant d’être bien informé des dispositions prises par l’ennemi, qui n’avait point encore réuni ses forces pour lui résister, et qui semblait vouloir l’attendre dans son propre pays 1 . Cependant, sur les rapports que lui fit le Grand-Bâtard, il leva son camp des environs d’Echallens le vendredi 7 juin 2 , pour aller occuper /284/ celui de Thierrens qu’il avait fait reconnaître deux jours auparavant. — L’armée se mit en marche dans l’ordre fixé par la dernière ordonnance, qu’il avait fait publier la veille dans tout le camp, c’est-à-dire sur huit colonnes, qui se suivaient à des intervalles plus ou moins grands pour éviter toute confusion 1 . Les colonnes (colonnelli) suivirent d’abord le chemin tendant d’Echallens à Moudon par Dommartin, en contournant les murailles de cette ville, au grand étonnement de ses habitants émerveillés de ce spectacle. Ils en furent quittes pour livrer aux troupes les vivres et fourrages qui leur restaient 2 . Après avoir dépassé Moudon, l’armée prit, sur sa gauche, la route d’Yverdun, et se répandit dans les pâturages et les champs du plateau occupé par les villages de Saint-Cierges, de Thierrens, de Villars-le-Comte et de Forel 3 . Le duc Charles, accompagné du prince de Tarente, de milord d’Escales et de l’ambassadeur du duc de Milan, et suivi de la gendarmerie noble de sa garde, prit son quartier à Lucens 4 . Sa droite était couverte par la forte place de Romont, où se trouvait une garnison de deux mille Savoisiens, commandés par le /285/ capitaine-général Antoine d’Orlier 1 . Les troupes romandes du comte de Romont logées à Estavayer, à Cugy et à Payerne formaient l’aile gauche et, en même temps, l’avant-garde de l’armée bourguignonne, qui rallia à Thierrens les trois cents lances (2,000 à 2,400 hommes) de milices féodales de la Franche-Comté qui occupaient auparavant Yverdun et ses environs 2 .

Dans la matinée du samedi 8 juin, le duc, suivi des princes et des ambassadeurs étrangers, vint au camp pour inspecter les troupes et veiller à la distribution d’un second mois de solde 3 . L’armée, qui avait eu le temps de se refaire, était vraiment belle. Elle était abondamment pourvue d’armes, d’artillerie et de munitions de guerre, tirées à grands frais de l’Italie, des deux Bourgognes et des Pays-Bas. Les paletots et casaques de soie, aux couleurs variées et blasonnées, recouvraient les cuirasses des chevaliers et des gendarmes 4 . Les étendarts des compagnies d’ordonnance /286/ flottaient au milieu des banderolles et des guidons flamboyants de la cavalerie, que dominait de toute sa hauteur la grande bannière du duc de Bourgogne, avec l’image de St-Georges. On voyait aussi s’agiter à tout vent les cornettes des compagnies italiennes, les unes aux armes de Venise, avec la devise de cette république: « Audaces fortuna juvat »; d’autres, avec la guivre de Milan; d’autres enfin avec les armes de Ferrare, de Bologne et de Naples 1 . Le comte Julio, duc d’Atri, gouverneur du prince de Tarente, et le capitaine le plus renommé de la Péninsule 2 , déclara hautement qu’il n’avait jamais vu d’armée mieux ordonnée et plus nombreuse 3 .

A peine la revue était-elle finie, à une heure après-midi, qu’une estafette, envoyée par le comte de Romont, arriva à bride abattue, annonçant que l’ennemi marchait sur Avenches, et qu’il avait déjà pris position autour de cette petite ville, au nombre de six mille combattants 4 . A cette nouvelle, le duc Charles, impatient de se mesurer avec les Allemands, fit sonner le boute-selle, et au premier cri de: « Notre-Dame et monseigneur Saint-Georges », l’armée tout entière se trouva rangée sous les armes et prête au /287/ combat. Cependant, vu l’heure avancée, il fit rentrer les troupes dans leurs quartiers, remettant au lendemain de grand matin d’aller à la rencontre de l’ennemi 1 .

Cette alerte avait été causée par une tentative hardie du chevalier de Bubenberg, commandant de Morat. Apprenant que les avant-postes bourguignons fourrageaient les environs de la place, il en était sorti à la tête de six cents hommes et avait obligé les fourrageurs à se replier sur Avenches, après leur avoir enlevé leur butin et fait prisonniers un gentilhomme et un cavalier 2 . Au premier bruit de cette sortie le comte de Romont avait marché contre les Allemands qu’il rencontra dans la plaine du Cigognier, au delà de cette ville. Il les assaillit à son tour et les repoussa dans les bois de Faoug, d’où ils rentrèrent à Morat, après avoir eu quelques-uns de leurs hommes tués ou blessés 3 .

L’armée bourguignonne était déjà en marche lorsque ces nouvelles furent apportées au duc; suivant la détermination qu’il avait prise la veille, il avait levé son camp de Lucens le jour de la Trinité, dimanche 9 juin 4 , pour aller investir la forte place de Morat, que l’intrépide et loyal Bubenberg avait déclaré vouloir défendre jusqu’à la dernière extrémité 5 . Arrivé /288/ devant Morat il parcourt lui-même, le lendemain, tout le terrain environnant et reconnut bientôt la nécessité de modifier sa dernière ordonnance, de partager son armée en plusieurs corps, et de former plusieurs camp séparés, placés dans des localités différentes, mais plus ou moins rapprochés de la place qu’il voulait assiéger. Le premier camp était assis dans la plaine de Greng, au bord du lac, entre Faoug et Meyriez. Le deuxième fut établi sur le plateau qui domine cette plaine entre Courgevaux, Courlevon et Chandossel, et que traverse la route de Fribourg à Morat 1 . Cette opération ne put s’exécuter qu’après avoir fait mettre le feu à ces villages et aux bois taillis qui couvraient en partie ce plateau argileux. Les malheureux habitants, chassés de leurs demeures, se réfugièrent dans les bois 2 . En attendant /289/ le duc logea à Faoug, et le 11 de juin il alla avec toute sa suite occuper la maison portative et les pavillons élevés par ses ordres sur une éminence dominant le camp et située au-dessus du village de Courgevaux (Gurwolf), près de l’ancienne route de Fribourg 1 . De là son regard planait sur les différents quartiers occupés par ses gens de guerre et embrassait toute la contrée environnante jusqu’à Morat 2 . Ce camp qui, du nord au sud, couvrait un espace d’une bonne demi-lieue, était défendu du côté de Fribourg et de Berne par de forts retranchements qui le garantissaient de toute surprise. Le principal retranchement s’élevait à une demi-lieue en avant du camp, vis-à-vis du village de Cressier et de l’endroit où l’on éleva plus tard la chapelle commémorative de Saint-Urbain 3 . Il était formé d’un boulevard garni d’artillerie de campagne et entouré d’un fossé et de palissades 4 . /290/

Pour compléter l’investissement de Morat, le duc Charles avait réuni à Estavayer toutes les embarcations qu’on avait pu trouver sur les rivages du lac d’Yverdun. D’Estavayer elles furent dirigées vers l’embouchure de la Broye, d’où on les remorqua par le canal de la Sauge dans les eaux du lac de Morat 1 . Ces embarcations servirent d’abord à transporter de l’autre côté de la ville de Morat un corps de troupes et de la grosse artillerie qui prit position au nord des murs de la place, au cimetière de St.-Maurice, à Montilier et à Hauteville, sur la grande route d’Aarberg et de Berne 2 . Ce corps, commandé par le comte de Romont, comptait environ cinq mille combattants 3 , dont deux mille Savoisiens et Piémontais sous les ordres de messire Antoine d’Orlier, gouverneur de Nice, et huit ou neuf cents archers et arquebusiers à pied des milices féodales du pays-romand qui, le 9 juin, avaient rejoint, près d’Avenches, le gros de l’armée dans sa marche sur Morat 4 . Ces grandes barques, armées en guerre, furent ensuite employées à bloquer la ville du côté du lac, et à compléter ainsi l’investissement /291/ de la place 1 . A dater du mardi 11 juin, l’artillerie de siége ouvrit un feu terrible qui continua jour et nuit et auquel l’intrépide garnison de Morat ripostait avec une énergie sans pareille 2 .


/292/

IV.
LA TOUR ET VEVEY PRIS ET SACCAGÉS PAR LES ALLEMANDS.
LA COUR DE SAVOIE A GEX.

Juin 1476.

Pendant que le duc Charles s’avançait sur Morat, les contrées qui bordent le lac Léman restaient presqu’entièrement dégarnies de troupes. La régente de Savoie avait quitté Lausanne dans les premiers jours de juin et s’était transportée à Gex, suivie de toute sa cour et des deux ou trois cents chevaux formant sa garde particulière 1 .

Le sire du Châtelar, avec quelques centaines de francs-archers de Lavaux, gardait les châteaux de Chillon, de la Tour-de-Peylz et la ville de Vevey. Le sire de Belmont, son frère, capitaine-général du Chablais vaudois, occupait les postes plus avancés dans la plaine du Rhône, avec le petit nombre de vassaux et de gendarmes du pays qu’il avait pu retenir sous son drapeau. La défense du Haut-Chablais et /293/ du Faucigny, où les Valaisans avaient pénétré jusque dans la vallée d’Abondance, était confiée au sire de Miolans, appuyé par les vassaux du comte de Genevois, seigneur de ces contrées. Mais le sire de Miolans, trahissant tous les devoirs de sa charge, avait cédé aux suggestions du roi de France, et abandonné furtivement son commandement pour se retirer en Dauphiné 1 . Cette lâche défection qui entraîna celle de la plus grande partie des milices sous ses ordres, ouvrit la porte aux entreprises des Valaisans qui se concertèrent avec les Bernois pour en profiter au moment opportun.

Cependant la cour de Savoie se croyait en sûreté de ce côté, le duc de Milan ayant promis au duc de Bourgogne, au moment où ce prince allait quitter Lausanne, de tenir en échec les forces des Haut-Valaisans et même celles des cantons forestiers en faisant prendre les armes à ses sujets des vallées limitrophes du St.-Gothard et du Simplon: Promesse fallacieuse et tout à fait conforme au double rôle que l’astucieux Galeaz Sforza joua pendant toute la durée de la guerre de Bourgogne 2 . /294/

Pour profiter de l’éloignement de l’armée bourguignonne campée à Thierrens, et peut-être dans l’espoir de ralentir sa marche sur Morat, N. Zurkinden, châtelain bernois du Haut-Siebenthal, reçut de ses chefs l’ordre de se concerter avec les Valaisans pour faire une irruption dans la Savoie et dans le Chablais vaudois qu’on savait abandonnés à leurs propres forces 1 . Pendant que les troupes de l’évêque de Sion, au nombre d’environ trois mille combattants, parmi lesquels se trouvaient quelques compagnies de mercenaires lombards 2 , s’avançaient contre la Savoie, Zurkinden avait aisément réuni huit cents volontaires du Haut-Siebenthal, du Gessenay et du Château-d’Oex, sujets de Berne et du comte de Gruyères 3 , avec lesquels il franchit inopinément le col de Jaman, dans la nuit du 7 au 8 juin. Passant ensuite sous les murs démantelés du Châtelar, le capitaine bernois parut, au point du jour, aux portes de la Tour-de-Peylz qu’il trouva fermées.

Au son du tocsin qui, dès l’apparition des Allemands, avait retenti dans tous les villages voisins, le sire du Châtelar, qui gardait le passage de Chillon, s’était promptement replié sur la Tour avec quatre ou cinq cents /295/ hommes du pays, tous résolus à défendre à outrance cette petite ville, pourvue d’une enceinte fortifiée et d’un château dont les murs plongent dans les flots du lac 1 . Plusieurs assauts livrés par les assaillants furent vigoureusement repoussés par la garnison, bravement soutenue par les habitants 2 . Mais enfin, le sire du Châtelar ayant été tué sur la brêche en combattant avec un courage désespéré 3 , le donjon de la Tour, dernier refuge des assiégés, fut emporté et tous ceux qui n’avaient pas péri pendant l’assaut furent passés au fil de l’épée. Huit hommes qui s’étaient sauvés par le lac, survécurent seuls à ce désastre, et le glaive impitoyable du vainqueur n’épargna ni les vieillards, ni les femmes, ni les enfants au berceau 4 .

Après avoir passé la nuit dans l’ivresse et le pillage à /296/ la Tour, les allemands y mirent le feu et entrèrent le dimanche 9 juin, fête de la Trinité à Vevey, ville presqu’ouverte, dont tous les habitants s’étaient enfuis à l’approche des ennemis, à l’exception d’une dizaine de personnes, qu’ils atteignirent à la porte du faubourg de la Veveyse et qui tombèrent sous le fer du vainqueur 1 . La ville, déserte, fut pillée de fond en comble, et incendiée par la soldatesque effrenée, qui se répandit ensuite dans les châteaux et les villages environnants, où elle se livra, pendant trois jours, aux actes de cruauté les plus révoltants 2 . Non content de ces excès, Zurkinden frappa sur tous les manoirs aisés de ce quartier une contribution forcée de cinq mille livres, qu’il fit distribuer à ses gens, à raison de six livres par homme 3 . En même temps, il fit occuper le château du Châtelar dont les murs, à peine relevés depuis l’incendie du mois d’avril précédent, dominaient le passage du col de Jaman par lequel il était descendu dans cette contrée naguère riche et populeuse, et qu’il laissa en proie à la désolation et à la /297/ misère 1 . Les montagnards du Pays-d’Enhaut, sujets du comte de Gruyères, étaient animés d’une ancienne jalousie contre les habitants du vignoble, dont ils enviaient la prospérité croissante, tandis que leur capitaine, Zurkinden, prétendait punir les Veveysans de quelques outrages commis par ceux-ci à l’égard des Bernois 2 . Quoi qu’il en soit, pendant bien des années, l’impression de terreur que ces montagnards laissèrent derrière eux, empêcha les habitants, réfugiés en Savoie et ailleurs, de rentrer dans leurs foyers et de relever leurs habitations incendiées 3 .

Pendant que ces scènes de dévastation se passaient à Vevey, l’armée valaisanne s’était avancée dans la plaine du Rhône. Le sire de Belmont, avec le peu de monde dont il disposait, avait en vain tenté de l’arrêter à Ollon et à St.-Triphon, dont les châteaux furent pris et brûlés 4 ; la supériorité numérique de l’ennemi et la nouvelle de la catastrophe de la Tour, l’obligea à passer sur la rive gauche du /298/ fleuve, pour tâcher de défendre les défilés de la porte de Scex et de St.-Gingolphe 1 .

Les Valaisans, ne rencontrant plus aucune résistance sur la rive droite, eurent bientôt rejoint la bande de Zurkinden, occupée à saccager les environs de Vevey, et tous ensemble se préparaient à marcher sur Lausanne, qui leur paraissait une proie facile à conquérir, lorsqu’ils reçurent de Berne l’avis de l’investissement de Morat par le duc de Bourgogne, avec l’ordre péremptoire de rejoindre sans délai les troupes alliées qui se rassemblaient en assez grand nombre à Fribourg 2 . Sur cet ordre, la meilleure partie de l’armée valaisanne et la troupe du capitaine Zurkinden, qui leur servit de guide, prirent directement le chemin de cette ville, par Châtel-St.-Denis et Bulle 3 , sans passer à Lausanne, qui, cette fois encore, échappa au sac et à l’incendie dont elle était menacée par ces bandes furieuses 4 . /299/

D’un autre côté, la petite cour de Gex vivait dans la plus pénible attente des événements qui étaient à la veille de se décider à Morat. Chaque jour, et pour ainsi dire à chaque heure, des gentilshommes ou des courriers appartenant à la maison de la régente ou au duc de Bourgogne, partaient pour le camp ou en revenaient apportant des nouvelles plus ou moins favorables des progrès du siége de la place et des engagements partiels qui avaient lieu presqu’à tout moment entre les deux partis ennemis. La duchesse de Savoie était persuadée que si le duc Charles prenait Morat, ce succès, quelque peu important qu’il fût en soi, suffirait pour calmer l’amour propre de ce prince blessé et le besoin de prendre une revanche qui l’animait contre les Suisses. Elle désirait donc la chute de Morat comme le seul moyen d’arriver à une paix qu’elle souhaitait ardemment 1 . En attendant, elle ne négligeait aucun moyen de tâcher d’amener un rapprochement entre le roi de France, son frère, et le duc de Bourgogne, dont elle ne voulait cependant point se séparer. Messire Antoine de Montagny, seigneur de Brissogne, qui s’était rendu en France dans un intérêt privé, fut, à ce qu’il paraît, l’intermédiaire officieux de cette première tentative de raccommodement 2 . Ce gentilhomme vaudois s’adressa au /300/ sire de Commines pour faire renouveler le sauf-conduit 1 dont il avait besoin pour revenir dans son pays. — Cette entrevue amena entre l’habile ministre de Louis XI et le sire de Montagny un échange de paroles confidentielles, qui eut pour résultat l’envoi presqu’immédiat d’un gentilhomme Dauphinois, dépêché par le roi à sa sœur 2 , lequel arriva à Gex vers le 10 juin 3 . Ces pourparlers pouvaient d’autant moins rester secrets au duc Charles, que ce prince entretenait à la petite cour de Gex un surveillant éclairé dans la personne du sire de Givry, auquel on communiquait toutes les dépêches importantes 4 , et à qui la présence d’un envoyé français dans cette petite ville aurait suffi pour dévoiler cette intrigue connue d’ailleurs des ambassadeurs de Milan et de Naples résidant auprès de la duchesse. Aussitôt que l’envoyé français fut arrivé à Gex, messire Philibert de Compeys, seigneur de Chapelle, le conseiller le plus intime de la duchesse, partit pour le camp du duc de Bourgogne, devant Morat, pour lui en faire part et pour sonder ses dispositions à l’égard du roi. Le seigneur de Chapelle revint à Gex le 15 juin au soir, et le 17 au matin le gentilhomme Dauphinois repartit pour aller rendre compte /301/ au roi de sa mission. Il devait bientôt être remplacé par un négociateur officiel, Guy de Poisieu, archevêque de Vienne 1 ; ce qui ferait supposer que le duc de Bourgogne s’était montré plus ou moins disposé à accueillir des ouvertures qui auraient peut-être prévenu la catastrophe du 22 juin, si elle avait été retardée seulement de quelques jours.

En attendant, l’attaque et la défense de Morat continuaient avec une vigueur égale de part et d’autre 2 . La petite garnison allemande et son chef, l’intrépide et habile Bubenberg, rachetaient l’infériorité du nombre par un sang-froid et une activité merveilleuse. Elle n’avait pas attendu l’arrivée du duc de Bourgogne devant la place pour élever en dehors des fossés, soit au nord, soit au midi, un triple rang d’ouvrages extérieurs, consistant en ravelins et en bastions garnis d’artillerie, et en plates-formes de charpente 3 , qu’il fallut que l’ennemi prît de vive force avant de pouvoir songer à battre en brêche les hautes murailles de la ville. Dans la nuit du 13 au 14 juin, l’infanterie italienne commandée par les capitaines Ant. de Legnana et Troylus, avait /302/ essayé de surprendre l’un de ces ouvrages extérieurs, en profitant de l’obscurité, mais elle avait été repoussée, avec perte par les assiégés 1 . Deux jours auparavant, ceux-ci ayant exécuté une sortie du côté de Montilier, où le comte de Romont était campé, lui avaient tué une vingtaine d’archers 2 . Il fallut que le duc se décidât à faire le siége de la place dans toutes les règles; la tranchée fut donc ouverte le samedi 15 juin, des deux côtés à la fois 3 . Le but du chevalier de Bubenberg, en prolongeant la défense de Morat autant qu’il le pouvait, était moins d’ajouter à sa propre renommée que de donner aux Suisses et à leurs alliés le temps de rassembler leurs forces et d’arriver au secours de Berne 4 .

Le plus grand effort des assiégeants fut porté du côté du nord de la place, où le comte de Romont était parvenu, sans trop de peine, à établir ses deux grosses bombardes et plusieurs pièces d’artillerie de moindre calibre; ce côté offrait plus de facilité pour garantir les travailleurs du feu de l’ennemi. On fut bientôt informé à Gex que dans les journées du 16 et du 17 juin l’artillerie bourguignonne avait ouvert une longue brêche qui s’étendait de l’église à la porte de Berne, et de cette porte jusqu’au lac 5 , et que tous /303/ les préparatifs étaient faits pour pénétrer de force dans la place. Effectivement, le mardi, 18 juin, vers 6 ou 7 heures du soir, le comte de Romont donna le signal de l’assaut, et l’infanterie Savoisienne gravit le talus extérieur de la brêche avec une ardeur qui promettait un heureux résultat. Mais derrière la brêche les assaillants trouvèrent une seconde ligne de barricades élevées à la hâte par la garnison 1 , qui accueillit l’ennemi avec un feu si soutenu et si meurtrier, qu’après trois heures d’une lutte terrible, la nuit survenant, le comte fut obligé de faire sonner la retraite et de remettre son entreprise au lendemain 2 , après avoir éprouvé une perte de 60 hommes tués et d’une centaine de blessés 3 . Celle de la garnison ne fut pas moindre, néanmoins le succès avec lequel elle avait résisté à cet assaut ranima son courage et ses espérances. Cependant les Bernois, qui gardaient le pont de Gumminen avec environ 6000 hommes, entendant le bruit de la canonnade, voulaient marcher au secours de la place, mais leurs chefs, mieux avisés, les en empêchèrent 4 . /304/

Du côté du midi et du levant, où se trouvaient le quartier du Grand-Bâtard, Antoine, et celui du duc de Bourgogne, les abords de la place présentaient des difficultés de plus d’un genre. Les murailles étaient plus élevées et garnies de hautes tours, que couronnaient le château et son massif donjon 1 . Néanmoins, les deux grosses bombardes restantes, que le duc avait fait affûter de ce côté de la ville, pendant que les deux autres battaient les murs du côté opposé 2 , ouvrirent une brêche qui permit de tenter deux nouveaux assauts dans les journées du mercredi et du jeudi, 19 et 20 juin. Mais ces attaques, mollement conduites, n’eurent aucun résultat sérieux; les capitaines bourguignons trouvaient que c’était dommage d’exposer, à la veille d’une grande bataille, leurs meilleurs soldats dans ces assauts meurtriers 3 . D’ailleurs toute l’attention du duc Charles et de son armée était absorbée par les mouvements des troupes confédérées qui commençaient à se rassembler en grand nombre dans les bois épais qui s’étendent sur la rive gauche de la Sarine, depuis Gumminen jusqu’aux portes de Morat, et qui cachaient leurs manœuvres à l’ennemi 4 . /305/

Suivant les rapports vrais ou faux des espions du comte de Romont et de quelques transfuges de Fribourg et de Morat, les Bernois s’avançaient, — non pas avec l’intention de livrer bataille au duc de Bourgogne, ils ne se sentaient pas encore assez forts pour cela; — mais pour délivrer la garnison de Morat, en facilitant son évasion par des attaques simulées contre les assiégeants 1 . L’état presque désespéré de la place, les pertes que la garnison avait faites depuis 10 jours et les dispositions peu rassurantes des habitants de la ville, prêtaient à ce plan assez de vraisemblance pour abuser le duc, qui passa les jours et les nuits suivantes (du 19 et du 20) à prendre des précautions pour prévenir l’exécution de ce coup de main, en tenant ses troupes constamment sur pied et dispersées sur tous les points où l’on supposait que l’ennemi pourrait déboucher 2 . /306/

Telles étaient les nouvelles du théâtre de la guerre qui étaient parvenues à la petite cour de Gex jusqu’au 21 juin. La dernière dépêche expédiée du camp de Morat pour messire Antoine d’Orlier, et arrivée dans la nuit du vendredi, laissait même entrevoir que la journée du lendemain samedi ne se passerait pas sans quelque engagement plus on moins sérieux entre les Bourguignons et les Suisses, dont les avant-postes se trouvaient à trois-quarts de lieue du camp du duc Charles 1 . La duchesse ne doutait pas un instant que la victoire se déclarerait en faveur de son puissant allié; cependant elle fit redoubler les prières publiques, les processions et les distributions d’aumônes qu’elle avait prescrites dans tous ses Etats pour le triomphe de ses armes, auquel elle rattachait son propre salut et celui de son fils 2 .

Elle était ainsi ballottée entre l’espérance et la crainte, lorsque le dimanche, 23 juin, de grand matin, toute la cour fut mise en émoi par l’arrivée à Gex du prince de Tarente, accompagné du comte Julio, duc d’Atry, et d’une suite de 25 chevaux. On apprit bientôt que le 21 juin au soir, à la veille d’une bataille, ce jeune prince avait subitement pris congé du duc de Bourgogne devant Morat, et qu’il était aussitôt parti, emmenant avec lui plus de 400 chevaux, l’élite de la gendarmerie napolitaine 3 . En arrivant, Don /307/ Frédéric se rendit immédiatement au château avant l’heure du lever de la duchesse qui reposait encore, et fut reçu dans la salle d’attente par le sire de Chapelle; aussitôt que le prince le vit, il le prit à part et lui annonça que la veille, samedi, 22 juin, les Suisses avaient assailli le camp du duc de Bourgogne, et mis, pour la seconde fois, son armée en déroute 1 .

Cette nouvelle foudroyante ne rencontra d’abord que des incrédules; cependant le sire de Chapelle fit réveiller Madame de Savoie, à laquelle il en fit part, comme d’un bruit qui pouvait être au moins exagéré. En même temps, le sire de Givry avait dépêché deux de ses gentilshommes à la découverte, l’un dans la direction de Lausanne, l’autre du côté d’Orbe. Le premier courrier revint au bout de quelques heures confirmer la nouvelle de la déconfiture de l’armée bourguignonne, dont il avait rencontré les fuyards 2 . Un peu plus tard, tous les doutes furent dissipés par l’arrivée de D. Antonello de Campobasso, gentilhomme de la suite du prince de Tarente, qui annonça « qu’il avait laissé le Duc de Bourgogne à Morges, où ce prince avait entendu la messe de matines dans la chapelle de St-Nicolas, et qu’après avoir pris quelques heures de repos, il comptait se mettre en route pour Gex 3

Effectivement, le même jour, dimanche, 23 juin, veille de la St.-Jean, le duc Charles arriva, sur les cinq heures de /308/ l’après-midi à Gex, accompagné d’une centaine de cavaliers de sa maison militaire; le reste de son escorte, composée de 300 gentilshommes et d’un millier de chevaux, s’était dispersé dans les villages environnants 1 . La duchesse du Savoie, ses enfants et toute la cour reçurent le duc de Bourgogne au bas de l’escalier du château. Il paraissait fort abattu; néanmoins après avoir embrassé d’abord les jeunes princes, puis les petites princesses et enfin Madame elle-même, il lui donna courtoisement la main et l’accompagna dans son appartement où ils restèrent longtemps enfermés; après quoi le duc se retira dans l’appartement qui lui avait été préparé dans le château, pour prendre le repos dont il avait grand besoin, après avoir fait à cheval et tout armé 23 lieues de pays en moins de 24 heures 2 .

/309/

IX.
LA BATAILLE DE MORAT.

22 Juin 1476.

La catastrophe du vingt-deux juin, dont on exagéra d’abord les pertes, répandit dans tout le pays-romand une consternation et une frayeur universelles. Cependant, on apprit bientôt, « que la détresse des gens de guerre du duc de Bourgogne n’était point telle ni si grande qu’aucuns le disaient 1 ; » et que la défaite de son armée avait eu lieu à la suite d’une surprise et non d’une bataille rangée 2 . /310/

Les capitaines et les hommes d’armes qui avaient pris part à la journée de Morat racontent qu’au moment où ils furent assaillis par l’armée suisse « les troupes du duc Charles se trouvaient divisées en plusieurs corps et dispersées soit pour garder la place de tous les côtés, soit pour occuper une colline dont les Allemands cherchaient à s’emparer 1 . Une grande partie des combattants était rentrée dans le camp, et ils reposaient désarmés sous leurs tentes, quand le son des trompes d’alarme se fit entendre. En outre, lorsqu’ils eurent endossé leurs armures et sellé leurs chevaux, ils coururent par petites troupes et sans ordre à l’endroit où le combat s’était engagé. Les Bourguignons ne croyaient pas que l’ennemi fût aussi près. On les avait inutilement tenus sur pied pendant toute la journée du vendredi et la matinée du samedi, et l’on ne pensait plus à se battre ce jour-là 2 . Le duc lui-même n’était pas sur les lieux, et quand il fut arrivé il voulut faire retirer de la mêlée une partie de ses troupes qui se replièrent en bon ordre quoiqu’avec désavantage du côté d’en-bas. Mais alors les ennemis pressèrent les Bourguignons de tous côtés avec une telle impétuosité, que ceux-ci, ne pouvant résister au choc, furent contraints de prendre la fuite 3 . » /311/

Le duc Charles, qui était mal renseigné sur la force de l’armée Confédérée, dont le nombre s’était accru du double dans la nuit du 21 au 22 juin 1 , et qui, d’ailleurs, ne leur supposait pas d’autre dessein que celui de lui faire lever le siége de Morat 2 , ne s’était point préparé à livrer une bataille générale, que l’ennemi, de son côté, semblait vouloir éviter. L’attaque des Suisses fut si imprévue et si soudaine que les divers corps de troupes dont se composait l’armée bourguignonne furent mis en déroute ou détruits séparément avant d’avoir eu le temps de se réunir ou de se prêter secours 3 .

Depuis l’ouverture du siége de Morat, les troupes du duc de Bourgogne, partagées en trois divisions principales, occupaient les mêmes quartiers séparés et assez éloignés les uns des autres qu’il leur avait assignés en arrivant devant cette place 4 . Le nombre de ces divisions avait même été /312/ porté à cinq 1 , par la subdivision de la deuxième en trois corps logés dans des quartiers différents quoique plus rapprochés. La force numérique de ces divers corps Bourguignons était d’ailleurs fort inégale.

La première division, commandée par le comte de Romont, qui battait les murs de la place du côté du nord, ne comptait que cinq mille hommes de troupes de toutes armes, parmi lesquels étaient 2000 Savoisiens commandés par messire Ant. d’Orlier, et les gens des fiefs de Bourgogne sous les ordres du sire de Montaigu. Une partie de ces troupes logeait à Montilier, sur le chemin d’Aarberg et l’autre sur les hauteurs d’Adera et de Hauteville, qui dominent la route de Berne 2 . La seconde division, formée de l’infanterie Italienne et des Pays-Bas, au nombre de cinq ou six mille hommes 3 , était toujours campée dans la plaine de Greng, vers le lac. Depuis le départ du prince de Tarente, cette division était placée sous le commandement supérieur du Grand-Bâtard, Antoine de Bourgogne. Elle se trouvait partagée, comme nous l’avons dit, en trois sections, dont /313/ la première, composée des troupes du siége et de la grosse artillerie, sous la conduite de l’habile et vaillant capitaine de Legnana 1 , était logée dans les tranchées ouvertes à l’endroit appelé les Granges (Scheuren), à moins de 400 pas des murs de Morat, au sud-est de la ville. Ce corps avancé se trouvait jour et nuit aux prises avec l’intrépide garnison de la place dont il était chargé de faire le siége 2 . La réserve, formant le centre de cette division, comprenait tous les gens des compagnies d’ordonnance des sires de Bournonville, de Rondchamps et de Grimberghes, ainsi que les compagnies italiennes du comte de Celano, des capitaines Ludovic Tagliant, Don Mariano, Olivier de Somma, Don Denis, et plusieurs autres 3 . Une partie de la cavalerie appartenant aux divers corps de troupes dont se composait cette réserve, ainsi que plusieurs compagnies Picardes, étaient réunies sous les ordres du comte de Marle 4 , et formaient une /314/ arrière-garde logée à Faoug, à moitié chemin entre Avenches et Morat 1 .

La troisième division, sous le commandement immédiat du duc de Bourgogne, occupait le camp retranché établi sur les hauteurs qui couronnent la plaine de Greng, à une demi-lieue de distance du lac 2 . Suivant la dernière ordonnance, ce camp était partagé en deux quartiers: celui du duc ou du sire de Clessy, son lieutenant, assis sur le plateau qui domine le village de Courgevaux, et le quartier de messire Jacques Galeotto, placé autour du village de Courlevon, sur le chemin de Fribourg 3 . Ce corps d’armée, isolé des deux autres divisions, se trouvait par conséquent réduit à un nombre de huit ou dix mille combattants, tant à pied qu’à cheval 4 . Sa force principale consistait dans la gendarmerie /315/ de la maison du duc, les gentilshommes de la Chambre, des quatre Etats et de la garde. Les archers du corps et de la compagnie de Mailly, ainsi que les archers anglais de Dickfield et de Middelton, plusieurs colonnes détachées du quartier de Jacques Galeotto, étaient employées jour et nuit à la garde des retranchements de Cressier ou à faire le guet 1 à l’entrée des bois et sur les routes de Gumminen, de Laupen et de Fribourg. Messire Guillaume de Vergy et le jeune capitaine A. Troylus se trouvaient chargés de ce service périlleux pendant la nuit du vendredi au samedi, et « ils signifièrent au duc qu’ils avaient ouï merveilleux bruit d’ennemis » dans les bois de Morat 2 . Le corps d’armée campé sur les hauteurs, au-dessus de Courgevaux, eut donc à soutenir à lui tout seul le choc impétueux de toutes les colonnes suisses et allemandes, formant ensemble une masse de plus de vingt-quatre mille combattants, dont 1800 chevaux 3 , qui débouchèrent à l’improviste des bois de Morat où ils s’étaient réunis pour attaquer séparément /316/ cette division dans un moment où elle n’était point suffisamment préparée à recevoir le combat 1 .

Deux fois, dans la matinée du 22, l’avant-garde Suisse, forte de six mille hommes de trait et de onze cents cuirassiers 2 , était sortie des bois qui couvraient ses mouvements, et chaque fois cette avant-garde s’était prudemment retirée à la vue des lanciers bourguignons rangés en bataille sur le bord du plateau, vis-à-vis du village de Cressier 3 , où le duc avait fait mener toute son artillerie de campagne. Après avoir tenu ses gens sous les armes pendant plus de six heures et cela par une pluie battante qui avait détendu les cordes des archers et mouillé la poudre des arquebusiers 4 , Charles, persuadé que l’ennemi refusait le combat, avait donné, vers onze heures, l’ordre de faire rentrer les troupes dans leurs quartiers 5 , et s’était contenté de doubler le nombre des gens de guerre qui formaient son avant-garde /317/ du côté de Cressier 1 . Le duc lui-même, accablé de fatigue, se retira dans son pavillon de bois placé à une lieue en arrière du plateau où s’engagea le combat entre les deux avant-gardes ennemies, et, confiant dans les précautions qu’il venait de prendre, il se mit à table 2 .

L’attaque des retranchements par l’avant-garde Suisse commença après-midi, et elle avait déjà été repoussée avec perte, lorsque le duc Charles, averti de cette attaque soudaine, arriva sur les lieux sans prendre le temps de revêtir son armure 3 , qu’il endossa sur le champ de bataille. Ses gens de guerre, dispersés dans les différents quartiers du camp, accoururent de tous côtés par petits détachements, et se pressèrent confusément sur un terrain resserré et coupé, qui ne leur permettait pas de se former en ordre de bataille 4 . D’un autre côté, les Suisses et leurs alliés, dont les colonnes serrées, suivies de l’artillerie, apparaissaient toujours plus nombreuses à la sortie des bois, s’étaient arrêtés derrière un taillis ou une haie vive, bordée d’un fossé large et profond, qui les protégeait contre les charges de la gendarmerie ennemie, /318/ mais les empêchait de s’avancer contre les retranchements garnis de canons, dont le feu passait par dessus la tête des gens de pied et n’atteignait que leur cavalerie 1 . Tandis qu’un feu roulant s’engageait entre les Allemands et les archers et arquebusiers des compagnies d’ordonnance qui s’étaient approchés jusqu’à la portée de trait de cette haie 2 , le chevalier Jean de Hallwyl, qui conduisait l’avant-garde des Suisses, en dérobant sa marche derrière les taillis, trouva un passage faiblement gardé, qu’il força, après avoir perdu une douzaine d’hommes 3 , et parut à l’improviste sur le flanc droit des archers et des retranchements bourguignons, suivi de toute la cavalerie allemande, commandée par le comte de Thierstein 4 .

A l’aspect de cette manœuvre hardie, « le duc Charles délibéra de faire retirer par ordre ses archers (en effectuant un changement de front); lesquels, en démarchant, /319/ furent pressés par les ennemis de si près qu’ils ne pouvaient se retourner sans recevoir coup de main: pourquoi, (après avoir perdu leurs plus vaillants capitaines), ils donnèrent la fuite et pareillement tous les piétons illec, qui desjà commençaient à se mettre en bataille 1  ». Le centre de l’armée suisse avait profité de ce premier succès pour abattre la haie qui l’empêchait de joindre l’ennemi, et il attaqua de front les retranchements bourguignons, qu’il emporta après avoir éprouvé une vive résistance et perdu sur la place plusieurs centaines d’hommes tués ou blessés 2 . Dans ce moment critique et décisif, le duc Charles voyant sa droite débordée par les colonnes alliées, tenta un dernier effort pour dégager sa gendarmerie, en se dirigeant par la gauche vers la plaine, dans l’intention de se réunir à l’infanterie du Grand-Bâtard campée au bord du lac 3 . Mais l’ennemi fondit sur lui des hauteurs avec une impétuosité et une supériorité numérique tellement irrésistibles « que les hommes d’armes cheurent en desaroy, si ne demeura en son entier que les gendarmes de l’hôtel et du capitaine Galeotto (ainsi que les archers anglais), qui s’efforcèrent vainement, en chargeant l’ennemi, de l’arrêter dans sa course victorieuse 4  » Le duc de /320/ Bourgogne, enveloppé dans cette fatale déroute, « se fit jour à travers l’avant-garde Suisse » en passant par les bois de Faoug et d’Avenches avec quelques centaines de chevaux, et n’échappa qu’au péril de sa vie aux atteintes de plus de mille cavaliers allemands qui s’étaient élancés à sa poursuite 1 . Pendant que le sort de la journée se décidait sur le plateau de Courgevaux, « la garnison de Morat montée sur les tours de la ville sortit par trois fois de ses forts, et par trois fois elle fut rejetée dans la place » par l’avant-garde de la division du Grand-Bâtard, qui était campée vers le lac, et qui, à cause de cela, n’avait pu prendre aucune part au combat livré sur les hauteurs 2 . Dans l’ardeur de cette lutte partielle, les compagnies italiennes de Legnana et de J. F. Troylus, s’imaginant que la victoire se déclarait pour le duc, avaient pénétré dans la ville, pêle-mêle avec les Allemands, au cri de « ville gagnée 3  » lorsque le gros de l’armée Suisse, laissant à son avant-garde le soin de poursuivre la gendarmerie Bourguignonne tomba comme /321/ une avalanche sur cette seconde division 1 , qui en un instant fut enveloppée par l’ennemi. Une nouvelle lutte, corps à corps, et bien plus meurtrière, s’engagea dans la plaine de Greng entre les Suisses et l’infanterie Italienne, acculée contre les grèves marécageuses du lac, sans autre alternative que celle de se précipiter dans les eaux ou de vendre chèrement sa vie. Dans cette situation désespérée, les mercenaires Lombards firent preuve d’un grand courage et se défendirent jusqu’à la dernière extrémité plutôt que de rendre les armes 2 . La plaine de Morat fut bientôt jonchée de morts et de mourants, parmi lesquels se trouvait un assez grand nombre de Suisses 3 . Le miroir du lac se couvrit de cadavres flottants d’hommes et de chevaux qui avaient été précipités dans ses eaux, ou qui avaient cherché leur salut en longeant ses bords fangeux et couverts de roseaux 4 .

La compagnie de J. F. Troylus, dont le capitaine avait trouvé la mort en repoussant une sortie de la garnison de /322/ Morat, périt toute entière et jusqu’au dernier homme sur le champ de bataille. Don Antoine de Legnana fut tué, en cherchant, les armes à la main, à se frayer un passage au travers des colonnes ennemies, et sa compagnie ainsi que celle de son neveu, D. Pierre de Legnana, n’échappèrent qu’après avoir perdu les deux tiers ou les trois quarts de leurs guerriers 1 .

Plus heureux que ses frères d’armes, le capitaine Ludovic Tagliant parvint à ramener sa compagnie presqu’intacte à Gex 2 . Dans cet immense désastre, les troupes des Pays-Bas ne démentirent point leur ancienne réputation de bravoure. Philippe de Berghes, seigneur de Grimberghes, et Molin de Bournonville, capitaine de mille hommes de pied, pressés autour de l’étendard du Grand-Bâtard, avaient déjà succombé 3 , lorsque cette bannière de ralliement fut abattue par un montagnard du pays de Hasli 4 . Antoine de Bourgogne /323/ lui-même, ainsi que son frère Baudoin, disparurent dans cette sanglante mêlée, et pendant plusieurs jours le bruit courut qu’ils avaient perdu la vie sur le champ de bataille; mais on apprit qu’ils étaient arrivés sains et saufs à Salins 1 .

Moins heureux, le comte de Marle et l’arrière-garde placée sous son commandement 2 , furent enveloppés par l’ennemi, sans avoir pu se réunir à la division campée sous les murs de Morat, ni suivre le duc, leur maître, dans sa retraite. La troisième colonne Suisse, commandée par le capitaine Hertenstein, de Lucerne, avait suivi le mouvement rapide des deux autres. Après avoir traversé à la course le camp abandonné du duc de Bourgogne, cette colonne descendit des hauteurs par le bois de Faoug, et compléta la déconfiture de l’armée bourguignonne par la destruction totale de son arrière-garde 3 . « Là mourut le vaillant comte de Marle, fils du connétable de St.-Pol 4 . » On raconte /324/ que renversé de son cheval, et au moment de recevoir le coup de grâce, cet infortuné prince offrit, pour le rachat de sa vie, une somme d’argent énorme qui fut refusée par un ennemi altéré de sang et sans pitié 1 .

Quand les alliés, lassés de poursuivre les fuyards, eurent rebroussé chemin et qu’ils ne virent plus d’ennemis à combattre en deçà de Morat, ils dûrent s’occuper du comte de Romont qu’ils avaient laissé campé avec sa division de l’autre côté de la ville. Séparé des deux champs de bataille, d’une part par des hauteurs coupées de ravins et couvertes de bois 2 , et de l’autre par la place assiégée, ce prince n’avait pu être averti du combat engagé entre les Suisses et le duc de Bourgogne que par les détonations de l’artillerie, dont le bruit cessa tout à coup, et le laissa dans l’ignorance du résultat de cette première rencontre 3 .

Dans cette situation embarrassante, il ne lui restait d’autre parti à prendre que de se maintenir immobile dans son /325/ camp, de redoubler son feu d’artillerie contre la place, et de tenir en échec la garnison de Morat pour l’empêcher de sortir de la ville et de se joindre à l’ennemi; ce qui lui réussit jusqu’à un certain point 1 . Mais bientôt la défaite de l’armée bourguignonne fut révélée au comte de Romont par les cadavres des vaincus échoués sur les grèves du lac, et par un petit nombre de cavaliers Lombards qui parvinrent à rejoindre son quartier au travers des roseaux, et qui lui firent connaître la funeste issue de la journée 2 . C’est alors qu’il se décida à lever le siége de Morat et à opérer une prompte retraite, afin de garantir sa petite armée d’une ruine que chaque heure de retard pouvait rendre plus inévitable 3 . La seule voie qui lui restait ouverte pour rentrer dans le pays de Vaud était celle qui, en contournant le lac de Morat, depuis Montilier à Sugiez, traverse le mont de Vully et conduit à Estavayer sur les bords du lac de Neuchâtel. Mais l’ennemi l’avait déjà prévenu en interceptant cette route. A la suite d’un avertissement transmis la veille par les chefs de l’armée bernoise 4 , toutes les bannières du /326/ pays et de la ville de Neuchâtel, et des seigneuries de Valangin et de Cerlier, ainsi que les garnisons allemandes des villes et communes du Seeland, s’étaient réunies en armes le samedi matin et avaient occupé le passage de la Broye à Sugiez 1 .

Le comte de Romont avait avec lui huit à neuf cents francs-archers du pays de Vaud, environ deux mille hommes de troupes de la Savoie, commandées par messire Antoine d’Orlier, et un nombre à peu près égal de Bourguignons conduits par le sire de Montaigu 2 . Vers le soir, quand tous les préparatifs du départ furent achevés, le sire de Montaigu prit, avec ses gens d’armes, la tête de la colonne et s’avança, enseignes déployées, dans le marais par l’étroite chaussée qui suit le contour septentrional du lac de Morat 3 . Le seigneur d’Orlier le suivait, à distance, avec l’infanterie et l’artillerie légère, et le comte de Romont devait couvrir la retraite avec les gens du pays. Afin de donner le change à la garnison sur le but de ces /327/ préparatifs, la grosse artillerie qu’il fallait abandonner pour ne pas embarrasser la marche du convoi, continua, jusqu’à la nuit, à battre en brêche les murs à demi-écroulés de la ville 1 .

En voyant venir de loin les premières enseignes bourguignonnes, les gens des IV bannières de Neuchâtel 2 , embusqués sur la rive gauche de la Broye, se levèrent brusquement et voulurent leur disputer le passage de la rivière 3 . Cependant le sire de Montaigu et ses gendarmes, montés sur leurs grands chevaux, profitèrent du peu de profondeur des basses eaux pour se faire jour au travers des ennemis et poursuivre leur chemin par le Vully 4 . Plusieurs hommes /328/ d’armes de l’un et de l’autre parti furent tués ou blessés dans cette rencontre 1 ; quelques cavaliers bourguignons, moins hardis ou plus mal montés, tournèrent bride et portèrent l’alarme parmi l’infanterie du seigneur d’Orlier. Celui-ci apprenant que, de ce côté, la retraite était devenue impossible, rebroussa chemin pour chercher une autre voie de salut.

Après la victoire, l’armée Suisse, rendue de fatigue, était restée de l’autre côté de la ville, occupée à relever les morts et les blessés ou à piller le camp des Bourguignons 2 . Le comte de Romont et ses troupes n’avaient plus d’autre ressource que de profiter de ce moment de répit et de lassitude des vainqueurs ainsi que des ombres de la nuit, pour se jeter dans les bois au-dessus de Morat, en passant derrière l’ennemi, afin d’atteindre, avant le jour, la route de Romont, en coupant celle qui conduit de Morat à Fribourg 3 . Le comte, qui avait pris les devants avec les /329/ francs-archers du pays, pour servir de guide au reste de sa colonne, parvint heureusement à Romont, où il s’arrêta 1 . Par contre, la colonne principale commandée par messire Antoine d’Orlier, fut attaquée dans le trajet par la cavalerie allemande du comte de Thierstein, qui s’était lancée à sa poursuite 2 . Les troupes savoisiennes furent taillées en pièces ou dispersées, et leur brave et malheureux capitaine trouva, dans ce dernier combat, la mort glorieuse qu’il s’était prédite à lui-même, en prenant congé de la duchesse de Savoie, sa gracieuse souveraine 3 .

Telle fut l’issue de cette mémorable journée, où la fortune sembla vouloir épuiser toutes ses rigueurs contre le duc Charles, tandis qu’elle couronna d’un laurier immortel l’audace des Confédérés, dont l’armée, quoique supérieure en nombre, était cependant formée d’éléments trop /330/ hétérogènes pour lui permettre d’espérer un triomphe aussi complet 1 .

La perte totale de l’armée bourguignonne à la bataille de Morat, en hommes tués, blessés et perdus dans la déroute ne s’éleva pas, quoi qu’on en ait dit, au delà de huit mille hommes prenant solde du duc de Bourgogne, ou de dix mille personnes, si l’on tient compte des déserteurs et des gens de tout état qui suivaient l’armée sans en faire partie 2 . Les Suisses ne firent que peu ou point de quartier 3 ; quelques prisonniers qu’ils avaient emmenés à Fribourg furent noyés dans la Sarine par la main du bourreau, et un archer anglais fut pendu sans miséricorde 4 . De là le dicton populaire: « Cruel comme à Morat, » qui se perpétua même dans la bouche des vainqueurs 5 . /331/

La vieille rancune des allemands contre les welsches on Romands s’accrut dans cette sanglante journée de toute l’animosité des Lorrains et de leur jeune duc Réné: « portant grande haine et vindication au duc de Bourgogne 1 ;» et elle fut augmentée par les excitations des capitaines français Sallazard et Gastonet, et du sire de Craon, agent de Louis XI, qui avaient secrètement accompagné le duc de Lorraine en Suisse 2 . La présence de ces étrangers, dans les rangs de l’armée confédérée, ainsi que celle des troupes de l’archiduc Sigismond et des villes du Haut-Rhin, rivalisant avec les Suisses de haine et d’atroce vengeance contre les Bourguignons et les Lombards, peuvent, jusqu’à on certain point, expliquer l’acharnement qu’ils montrèrent dans cette épouvantable lutte à l’égard des ennemis et des vaincus suppliants.

Quoi qu’il en soit, la perte des Suisses fut proportionnellement assez considérable, puisque, suivant le témoignage d’un témoin oculaire, plus de trois mille des leurs manquèrent à l’appel lorsque, trois jours après la bataille, on /332/ fit la revue générale de l’armée victorieuse, dont une moitié devait rentrer immédiatement dans ses foyers, tandis que l’autre restait sous les armes 1 .


/333/

X.
SUITE DE LA BATAILLE DE MORAT.

Juin et Juillet 1476.

Les drapeaux aux couleurs d’Autriche et de Lorraine, mêlés aux bannières des Confédérés, flottèrent pendant trois jours au haut des tentes et des pavillons conquis sur le duc de Bourgogne dans les champs de Morat. Mais à l’énivrement du triomphe succédèrent bientôt la discorde engendrée par le partage du grand butin que les vainqueurs trouvèrent dans les camps abandonnés des Bourguignons 1 , et les dissentiments qui s’élevèrent entre les chefs de l’armée suisse, sur la question de savoir si elle devait retourner immédiatement /334/ dans ses foyers ou poursuivre ses succès. Les cantons orientaux étaient d’avis que la campagne était terminée par la défaite des Bourguignons et la délivrance de Morat. — Berne, par contre, pour qui toute victoire restait incomplète si elle n’était suivie d’un accroissement de territoire, voulait profiter de celle qu’on venait de remporter en commun pour s’emparer de nouveau du pays-romand jusqu’à Genève 1 . L’arrivée au camp de Morat d’un messager du roi de France vint encore compliquer cette importante question. Avant d’être informé de la victoire remportée par les Suisses, Louis avait expédié en toute hâte, de Lyon 2 vers eux, un homme de confiance pour prévenir une nouvelle bataille que ses émissaires lui avaient annoncée comme prochaine et pour les inviter à s’abstenir de toute nouvelle entreprise contre le duc de Bourgogne et la maison de Savoie, jusqu’à la conclusion d’une paix à laquelle on travaillait. Ce courrier français passa à Genève le samedi 22 juin et n’arriva au camp des alliés que le lendemain de la victoire, qui avait d’avance tranché la question 3 . /335/

Dans une conférence générale des principaux chefs, qui eut lieu dans le camp, le mardi 25 juin de grand matin, Berne l’emporta sur les répugnances des autres cantons. Il fut résolu que la moitié des contingents suisses et les troupes alliées seraient licenciées 1 , et que l’autre moitié, formant un effectif de plus de douze mille hommes, se mettrait immédiatement en route pour occuper le pays de Vaud. Le même jour, cette nouvelle armée, formée principalement de Bernois et de Fribourgeois, quitta les champs de Morat et entra sans résistance à Payerne 2 .

Le mercredi (26 juin), la colonne se remit en marche, pilla et brûla en passant le château de Surpierre, qui ne fut que faiblement défendu; après quoi l’avant-garde, composée des troupes bernoises, hâtant sa marche, se porta directement sur Moudon, tandis que les autres Confédérés s’arrêtèrent devant le bourg et château de Lucens 3 , dont ils s’emparèrent, et qu’ils saccagèrent et brûlèrent au grand mécontentement des premiers qui avaient épargné ce bourg et son /336/ beau château par respect pour les immunités de l’église épiscopale de Lausanne à laquelle il appartenait 1 .

En approchant de Moudon, les Bernois virent venir au devant d’eux une longue procession composée des magistrats et du clergé de la ville portant les clés de leurs portes et les châsses de leurs saints patrons, et suivis d’une foule de vieillards et de femmes désolées, qui se jetèrent aux genoux des capitaines en implorant leur pitié. Les Allemands leur firent grâce de la vie, mais la ville fut condamnée au pillage qui dura plus de deux jours 2 . Ils étaient entrés à Moudon le mercredi 27 juin, et une partie de l’armée d’invasion y resta jusqu’au vendredi suivant 3 . La plupart des contingents suisses des cantons orientaux s’étaient déjà séparés des Bernois. Mécontents des reproches que ceux-ci leur avaient adressés au sujet du pillage et de l’incendie de Lucens, et se souciant fort peu de contribuer à la conquête du pays-romand dont Berne devait retirer tout l’honneur et tout le profit, ces contingents avaient repris le chemin de leurs foyers 4 .

Pendant que la colonne principale des Suisses s’avançait de Payerne sur Moudon, les Fribourgeois, conduits par Othon d’Avenches 5 , et suivis d’une troupe de volontaires s’étaient dirigés sur Romont, dont la garnison avait refusé /337/ d’ouvrir ses portes à l’ennemi sans conditions. On se rappelle qu’après la déroute de Morat le comte de Romont s’était réfugié dans cette ville avec les francs-archers du pays de Vaud et l’artillerie qu’il avait pu emmener avec lui 1 . Il y avait aussi recueilli les débris de la brigade du seigneur d’Orlier. Ces troupes, réunies à la garnison savoisienne laissée dans le château, portèrent celle-ci à un effectif de quelques mille hommes. Les habitants de Romont avaient envoyé à plusieurs reprises des députés à Fribourg pour obtenir une capitulation et détourner les calamités dont ils étaient menacés 2 . La réponse qu’on leur fit, fut une nouvelle sommation de se rendre à discrétion. Il ne restait donc à la garnison que la triste alternative de subir une mort ignominieuse ou de défendre la place à outrance; elle choisit bravement le dernier parti 3 .

Le siége de Romont dura plusieurs jours 4 , et les Fribourgeois ne s’en rendirent maîtres qu’après avoir réduit la ville en un monceau de ruines et emporté d’assaut le château, /338/ où le reste de la garnison qui s’y était réfugié, fut impitoyablement massacré 1 .

La mémoire de la belle résistance de Romont méritait d’autant plus d’être conservée que ce fut le dernier fait d’armes accompli dans l’Helvétie romande pendant les guerres de Bourgogne 2 . On doit l’attribuer, en grande partie, à l’énergie du comte de Romont qui dirigeait les travaux de la défense. Il n’abandonna la place que quand elle ne fut plus tenable et se retira, lui douzième, à Jougne 3 .

Au moment où les Bernois, qui s’étaient arrêtés à Moudon, se préparaient à marcher sur Lausanne, ils apprirent à leur grande confusion, qu’ils avaient été précédés dans cette ville par le comte de Gruyères, qu’on supposait rentré dans ses montagnes. Effectivement, sous prétexte que ses gens étaient pressés de regagner leurs foyers, le comte Louis s’était séparé de l’armée alliée devant Morat le lundi, surlendemain de la bataille, et, suivi des quatre bannières de /339/ son comté, d’un certain nombre de volontaires allemands, ainsi que des Valaisans et des Ormonins, il avait pris le chemin de Bulle 1 . Arrivé dans ce gros bourg situé à la frontière de son petit Etat 2 , il remontra à ses gens « qu’il avait essuyé de grands dommages dans ses biens, de la part du comte de Romont qui s’était emparé de ses terres du pays de Vaud et ajouta que ses châteaux d’Oron et de Palézieux étaient encore au pouvoir de ses ennemis 3 . » Il n’eut pas de peine à persuader à ces montagnards belliqueux de l’aider à se remettre en possession de ces châteaux.

De Bulle le comte Louis et ses gens de guerre quittèrent la route qui remonte la vallée de Gruyères, pour prendre le chemin qui conduit à Oron, par Vuadens 4 et Vauruz, sans rencontrer dans ce trajet 5 aucun ennemi. Il apprit à Oron que les Lombards s’étaient retirés du côté de Genève 6 , et que la cité de Lausanne se trouvait dépourvue de gens de guerre et abandonnée à elle-même. Ces informations déterminèrent le comte à tenter contre cette ville un coup de main qui ne lui réussit que trop bien 7 . Le peuple /340/ des campagnes, à plusieurs lieues à la ronde, avait cherché un refuge dans l’enceinte de ses murailles, avec ses effets les plus précieux, dans l’espoir que la religieuse piété des troupes victorieuses et le respect dont elles avaient jusqu’alors fait profession pour l’Eglise de Notre-Dame, mère de celles de Berne et de Fribourg, les préserveraient de tout outrage et de tout danger 1 . Mais cet espoir fut cruellement trompé, et les malheureux habitants n’échappèrent point au sort qui les avait épargnés deux fois pendant cette guerre désastreuse 2 .

Le mercredi 26 juin, le comte de Gruyères, débouchant par les bois du Jorat à la tête de ses bandes armées parut inopinément aux portes de Lausanne. Les habitants, s’imaginant que ces bandes étaient suivies de toute l’armée victorieuse des Allemands 3 , furent frappés d’épouvante et ne /341/ songèrent même pas à opposer la moindre résistance à l’ennemi, qui se répandit dans la ville, où il commença à se livrer au pillage et à la dévastation 1 . En même temps le comte, qui ne cherchait qu’à s’indemniser des frais de la campagne, frappait la ville d’une contribution en vaisselle d’argent, draperie, toiles, denrées, etc., et se faisait compter, en outre, une somme de cent écus d’or en numéraire 2 .

Aussitôt que les Bernois eurent appris à Moudon cette expédition du comte de Gruyères, ils envoyèrent en toute hâte à Lausanne des commissaires accompagnés d’une partie de leurs troupes, sous prétexte de protéger les églises et les couvents. Cette avant-garde entra à Lausanne le jeudi 27 juin 3 , pendant que le comte, qui avait jugé plus prudent de ne pas attendre les commissaires, en sortait par une autre porte, suivi de ses gens, traînant à leur suite une longue file de chariots chargés des dépouilles de cette malheureuse ville 4 . /342/

Bien loin d’être un soulagement pour les Lausannois, l’arrivée des bannières confédérées qui entrèrent le 28, mit au contraire le comble à leur ruine. Les Allemands, furieux d’avoir été prévenus dans le pillage de la ville par les Welsches du Pays-d’Enhaut et du Gessenay 1 , s’abandonnèrent à tous les actes imaginables de rapine et de dévastation, fouillant et saccageant les édifices publics et les maisons particulières et s’emparant de tout ce qui avait pu échapper à la cupidité des premiers venus. — Tous les efforts des chefs bernois pour prévenir ces excès furent impuissants. « Ils ne purent empêcher leurs propres gens de piller les églises 2  », malgré les ordres sévères transmis aux capitaines suisses par leurs supérieurs, pour qu’ils eussent à réprimer et à punir toute action sacrilège et toute profanation de cette espèce 3 . L’église cathédrale de Notre-Dame elle-même ne put être préservée de ces profanations. Des candélabres et des vases d’or et d’argent, ainsi que divers reliquaires garnis de joyaux de grand prix, disparurent du trésor de la chapelle de la Sainte-Vierge, sans qu’il fût possible de reconnaître et de saisir ceux qui s’étaient rendus coupables de ces vols sacrilèges 4 . /343/

L’église et le couvent des frères prêcheurs de la Madelaine 1 , où l’on conservait le trésor public et les archives de la ville inférieure, furent encore plus maltraités. Les Allemands y pénétrèrent en tumulte, saccagèrent l’église, pillèrent le couvent et forcèrent les arches ferrées qu’ils supposaient remplies d’argent. Ils n’y trouvèrent que les titres de propriété et les chartes de franchises et de priviléges de la communauté municipale, et pour se dédommager de leur mécompte, ils arrachèrent les cordons de soie auxquels pendaient les bulles, et les sceaux, pour en faire des aiguillettes à leurs chaussures 2 .

Le sac et le pillage de Lausanne durèrent pendant quatre ou cinq jours 3 , et le dommage fut d’autant plus considérable que, pendant les dernières semaines du séjour du duc Charles et de la régente de Savoie, les /344/ habitants de la ville et de son territoire avaient amassé d’assez fortes sommes de numéraire en vendant chèrement le reste de leurs denrées et de leurs marchandises, aux gens de guerre et aux seigneurs étrangers qui les payaient, pour ainsi dire, au poids de l’or 1 . Beaucoup de Lausannois avaient abandonné leurs demeures pour s’enfuir de l’autre côté du lac, craignant que le pillage ne fût suivi de l’incendie de la ville 2 .

C’est dans cet état de désolation et de ruine complète que les députés du duc de Savoie, de la cité et de l’évêque de Genève trouvèrent la ville de Lausanne lorsque, dans la nuit du 28 au 29 juin, ils s’y présentèrent avec un sauf-conduit 3 . Ces députés venaient en grande hâte implorer la paix à tout prix. Ils étaient chargés, en outre, de « déclarer aux Allemands que la maison de Savoie était disposée, non seulement à abandonner toute alliance avec le duc /345/ de Bourgogne, mais encore à tourner ses forces contre lui, en se joignant à eux pour envahir la Franche-Comté, afin de profiter de la déconfiture de ce prince pour l’écraser tout-à-fait 1 . »

L’impression que le message du roi Louis XI, dont on a parlé, avait produite sur les Bernois, procura aux ambassadeurs de Savoie un accueil plus favorable qu’ils n’avaient osé l’espérer. Ils obtinrent une suspension d’armes jusqu’à la Saint-Jacques prochaine, et la promesse des Allemands de renoncer à leur projet de marcher sur Genève, et de se retirer sans entreprendre de nouvelles conquêtes dans le pays-romand 2 . Au terme fixé par la convention, soit le 23 juillet suivant, les ambassadeurs de la maison de Savoie devaient se réunir à Fribourg aux députés suisses pour régler définitivement les conditions de la paix, sous la haute médiation du roi de France 3 . Après la conclusion de cet armistice avec la maison de Savoie, l’armée allemande évacua Lausanne le dimanche 30 juin et effectua sa retraite sur Berne, non sans marquer son passage par de nouveaux actes de violence et de déprédation qui ternirent l’éclat des deux victoires, dont le bruit porta d’ailleurs si haut la renommée guerrière des Suisses 4 . /346/

On aurait lieu de s’étonner du changement subit qui venait de s’opérer dans les dispositions hostiles et conquérantes des Bernois à l’égard de la Savoie, si l’on n’était pas au fait de l’étrange aventure qui, en moins de vingt-quatre heures, avait fait passer le gouvernement de cet Etat des mains de la duchesse Yolande dans celles de la faction anti-bourguignonne ou française, et livré le jeune duc Philibert et son pays aux mains ambitieuses et perfides du roi Louis XI, son oncle maternel 1 .

Depuis l’arrivée du duc de Bourgogne à Gex (23 juin), jusqu’au 27, qu’il en partit pour se rendre à St.-Claude 2 , ce prince eut de fréquentes conférences avec la duchesse de Savoie 3 . Il la pressait vivement de le suivre en Bourgogne avec ses enfants, ainsi qu’il avait été à peu près convenu entre eux avant leur séparation à Lausanne 4 .D’un autre /347/ côté, le parti piémontais, fortement appuyé par l’envoyé du duc de Milan, D. Ant. de Aplano, se prévalait de la dernière défaite du duc pour déterminer la duchesse à reprendre le chemin de ses provinces intérieures et à se livrer sans réserve aux mains du roi de France ou du duc Galeaz Sforza, son beau-frère 1 . En adoptant l’une ou l’autre de ces alternatives périlleuses, Yolande courait également le risque de se voir dépouillée du gouvernement de l’Etat et de la tutelle de ses fils, et peut-être même privée de sa liberté 2 .

Enfin la défiance insurmontable que lui inspiraient le caractère et les projets du roi, son frère 3 , parut l’emporter chez la régente sur toute autre considération; au moment où le duc Charles se préparait à retourner en Bourgogne, elle déclara publiquement « sa résolution de se retirer à St.-Claude, » dans le cas où le séjour de Gex ne lui paraîtrait plus un asile assuré pour elle et ses enfants 4 . Cette déclaration eut pour effet de redoubler les sourdes /348/ manœuvres de la faction piémontaise 1 pour lui faire changer de résolution, tandis que le parti opposé s’efforçait, au contraire, de la maintenir dans la ligne politique qu’elle avait suivie jusque là.

Le duc était bien informé des complots qui se tramaient contre lui autour de la duchesse. Il croyait avoir découvert qu’elle entretenait des intelligences secrètes avec les Suisses et qu’elle leur avait fait offrir vingt mille francs pour les décider à conclure une paix séparée avec la maison de Savoie 2 . La mollesse avec laquelle les Confédérés poursuivirent leur victoire, le confirma dans ses soupçons bien ou mal fondés, et, au moment où il allait partir de Gex, il manda au seigneur de La Marche qui se trouvait à Genève avec quelques compagnies italiennes, « d’enlever Madame de Savoie et ses enfants et de les lui amener en Bourgogne. » 3 /349/

Le duc de Bourgogne partit le jeudi 27 juin après midi, pour St.-Claude 1 . Le même jour, la duchesse de Savoie sortit du château de Gex à la nuit tombante, accompagnée de ses deux fils, le duc Philibert et Charles, prince de Piémont, et suivie d’une partie de sa maison, pour se rendre à Genève 2 . Lorsque le cortége fut arrivé au village du Grand-Sacconex, à trois quarts de lieue de la ville, il rencontra messire Olivier de La Marche, accompagné de plusieurs capitaines italiens 3 , et d’une troupe d’hommes d’armes, qui l’obligèrent à rebrousser chemin et à prendre la route de Bourgogne 4 . Le sire de La Marche se chargea d’escorter la duchesse, son fils Charles et ses deux filles aînées, et confia le jeune duc Philibert, âgé de dix ans, à la garde du capitaine Ludovic Tagliant, l’un des principaux officiers dans l’armée du duc de Bourgogne, dont il se croyait assuré, quoique ce capitaine fût né sujet de la maison de Savoie 5 . /350/

Ce dernier, trahissant son maître et son bienfaiteur, profita de la confusion occasionnée par ce coup de main et de la profonde obscurité de la nuit, (il était dix heures du soir), pour relâcher son prisonnier et le livrer aux sires de La Forêt et de Menthon, qui le cachèrent jusqu’au jour dans un champ de blé et le menèrent à Genève dont les portes se refermèrent sur eux 1 .

Pendant ce temps la duchesse Yolande, sa mère, portée en croupe par son conducteur trop confiant, continuait sa route vers le Jura, par une nuit obscure, passait à deux heures du matin le col de Faucille, traversait au point du jour la vallée de Mijoux, et arrivait à l’abbaye de St.-Claude, où elle trouva le duc de Bourgogne; « qui fit très-mauvaise chère à toute la compagnie, et principalement à moi, messire Olivier, pour ce que je n’avais point amené le petit duc de Savoie 2  ». Il est certain que la /351/ fuite de ce prince mineur frustrait le duc Charles de tous les avantages qu’il s’était promis de son entreprise et compromettait tous les plans que, dans son indomptable énergie, il formait déjà afin de rentrer promptement en campagne 1 , et empêcher le roi Louis de profiter de sa dernière déconfiture pour se rendre maître de la Savoie et de toutes les communications entre la Bourgogne et l’Italie par les Alpes 2 . De St.-Claude la duchesse de Savoie suivit le duc à Salins, d’où il la fit conduire au château de Rochefort, puis au château de Rouvre, près de Dijon, où il la retint pendant trois mois dans une captivité fort douce.

La nouvelle de l’enlèvement de la régente et de ses fils avait produit à Genève un tumulte effroyable. L’évêque Jean-Louis de Savoie s’était mis à la poursuite des ravisseurs, et pendant ce temps, sous le prétexte de venger l’injure faite à sa souveraine, le peuple était tombé à l’improviste sur les gendarmes italiens de l’armée du duc de Bourgogne, logés dans les hôtels de la ville et dans ses environs 3 . Tous ceux /352/ qu’on put saisir, furent pillés, assommés ou précipités dans le Rhône. Les officiers dépouillés de leurs chevaux, de leur argent et de leurs effets, n’eurent la vie sauve que par l’intervention de l’envoyé du duc de Milan, qui les prit sous sa protection 1 . La fureur des Genevois se porta principalement sur les gens de guerre de la brigade de messire Olivier de La Marche, qui attendaient à Genève de nouveaux ordres du duc de Bourgogne. Néanmoins, dans la confusion et l’obscurité de la nuit, ni les gens du prince de Tarente 2 , ni les propres gardes de la duchesse de Savoie n’échappèrent au pillage et aux mauvais traitements infligés aux Lombards 3 . L’évêque de Genève déclara de bonne prise tous ceux qui s’étaient enfuis dans les champs; traqués pendant plusieurs jours comme des bêtes fauves par ses gens, on en prit plus de deux cents, qui furent tués ou noyés dans le Rhône sans miséricorde 4 .

L’évêque de Genève, Jean-Louis de Savoie, paraît avoir /353/ été poussé à ces atroces représailles par son favori Montchenu, commandeur de St.-Antoine de Revel, qu’on appelait M. de Ranvers. Cet homme était secrètement vendu au roi Louis XI 1 . Le prélat croyait, sans doute, donner ainsi des gages de ses nouvelles dispositions, soit aux Suisses, vers lesquels il envoyait des ambassadeurs, soit au roi de France, auquel il avait dépêché M. de Ranvers pour lui annoncer l’enlèvement de la régente de Savoie, sa sœur, et la délivrance du jeune duc Philibert 2 .

En apprenant à Lyon la défaite du duc de Bourgogne devant Morat 3 , Louis XI avait immédiatement fait avancer sur les frontières de la Savoie son armée, qu’il avait concentrée aux environs de Grenoble, et lorsqu’il fut informé de la captivité de la régente, le Bâtard de Bourbon, amiral de France, et le seigneur du Lude, gouverneur du Dauphiné, se rendirent de sa part à Chambéry 4 et à Genève, pour traiter avec l’évêque Jean-Louis de Savoie et appuyer les négociations /354/ que celui-ci avait déjà entamées avec les Suisses 1 . Après la conclusion de la trève faite à Lausanne, le duc Philibert fut mené à Chambéry par l’évêque de Genève, son oncle paternel 2 .

Dans ces entrefaites les Etats généraux assemblés en toute hâte à Chambéry s’étaient mis sous la sauvegarde du roi de France, et avaient pourvu provisoirement au gouvernement des provinces en donnant le commandement de la Savoie à messire Gabriel de Seyssel, seigneur d’Aix, et celui du Piémont à Louis, comte de La Chambre 3 . Mais Louis XI abusant de la détresse où ses intrigues avaient réduit la Savoie, et appuyant ses exigences par une puissante armée, se fit livrer le jeune duc Philibert et son frère Jacques-Louis de Savoie, ainsi que les forteresses de Chambéry et de Montmélian, clefs du pays 4 . Pour prix de leur lâche condescendance aux ambitieuses volontés du roi, l’évêque de Genève reçut de ses mains le gouvernement des Etats de la maison de Savoie situés en deçà des monts, tandis que /355/ Philippe, comte de Bresse, fut investi du commandement en Piémont 1 . Quant à la personne du duc Philibert et de son petit frère, le roi les remit en garde à messire Philibert de Grolée, seigneur d’Illins, qui conduisit les deux princes dans son château en Dauphiné 2 .

Tel était le déplorable état de la Savoie et du pays de Vaud lorsque les conférences générales pour le rétablissement définitif de la paix, s’ouvrirent à Fribourg, le 25 juillet 1476 3 .


/356/

XI.
LE CONGRÈS DE FRIBOURG. OCCUPATION DU PAYS-ROMAND PAR LES SUISSES.

Août 1476. — Mars 1478.

Le congrès de Fribourg offrit le spectacle singulier d’une paix conclue sous la médiation des mêmes puissances qui s’étaient montrées les plus ardentes à susciter la guerre et à la soudoyer et qui, maintenant que leur but principal était atteint par la double déconfiture du duc de Bourgogne, usaient de toute leur influence pour dérober au vainqueur le fruit de ses victoires.

L’ambassade du roi Louis XI était nombreuse et brillante, comme il convenait au rôle de médiateur ou plutôt d’arbitre suprême que le monarque s’était attribué. Elle se composait des personnages suivants: Louis, Bâtard de Bourbon, amiral de France, chef de l’ambassade; Jost de Sillinen, administrateur de l’évêché de Grenoble; Gatien Faure, président du parlement de Toulouse; messire Guillaume de Cerisay et maître Boudet, secrétaire du roi 1 . Le duc de /357/ Lorraine, Réné II, parut accompagné du comte Philippe de Linange 1 . L’archiduc Sigismond d’Autriche fut représenté au congrès par son grand-maréchal, Marcuard de Schellenberg, et les chevaliers Guillaume Herter, Jean de Rhinach, et Ant. de Geissberg 2 . Les évêques et les villes de Strasbourg et de Bâle; celles de Colmar et de Schélestadt y envoyèrent également des députés, ainsi que tous les cantons et les pays alliés de la ligue helvétique, y compris l’évêque de Sion et les dixains du Haut-Valais 3 . Le comte Louis de Gruyères prit dans cette assemblée solennelle une place honorable, qui le releva, jusqu’à un certain point, aux yeux de ses compatriotes de la responsabilité des excès commis à Lausanne par ses gens 4 .

Les vaincus se présentèrent au congrès dans une attitude plus réservée et plus modeste. L’évêque de Genève, Jean-Louis de Savoie, accompagné d’une suite assez nombreuse de clercs et de vassaux, arriva à Fribourg, suivi d’une députation des trois Etats de Savoie 5 . Les Etats du pays de /358/ Vaud y députèrent, de leur côté, François de Billens, bailli de Vaud qui fut assisté de messires Humbert Cerjat, seigneur de Combremont, Humbert de La Molière, seigneur de Font, Jacques de Glane, seigneur de Cugy, et du procureur de Vaud. L’évêque de Sagone, Dominique de Borceriis, suffragant du cardinal de La Rovère, évêque titulaire de Lausanne, y parut aussi au nom de l’évêché et du chapitre de Notre-Dame 1 . Enfin, les Genevois envoyèrent également une députation chargée de débattre les intérêts de leur ville, fortement compromise par la rancune que lui portaient les Bernois 2 .

On doit remarquer l’absence à ce congrès des envoyés de l’empereur Frédéric, qui, comme suzerain féodal du duc de Savoie qui était mineur, (car il n’avait que 10 ans), lui devait aide et appui avant tout autre souverain; d’autant plus que la duchesse Yolande, mère de ce jeune prince, avait tout récemment réclamé officiellement la protection de ce monarque contre les entreprises hostiles des Bernois et des Fribourgeois 3 . Les recès de cette Diète ne font, non plus, aucune mention de la présence de l’évêque de Forli, légat du pape, résidant à Bâle.

Les députés de Berne 4 , tant en leur nom qu’au nom des /359/ autres cantons suisses et de la ville de Fribourg, ouvrirent les conférences par une longue et fastidieuse récapitulation de leurs griefs prétendus contre la maison de Savoie et le comte de Romont, accompagnée de récriminations, dont la violence ne témoignait guères en faveur de la magnanimité des vainqueurs 1 . Ces griefs étaient absolument les mêmes que ceux que les Bernois avaient allégués dans la déclaration de guerre de l’année précédente 2 et dont nous avons fait voir le peu de solidité. Ils concluaient en demandant comme indemnité des frais de la guerre: 1o L’abandon du pays de Vaud avec toutes ses dépendances; 2o La cession de la ville de Genève et de son territoire; 3o Enfin les districts dont ils s’étaient emparés dans le Chablais et le Bas-Valais 3 .

Les plénipotentiaires de Savoie et de Vaud ne jugèrent point à propos de réfuter de nouveau les allégations des Bernois; ils se contentèrent de rejeter toute la faute sur /360/ la régente et sur ses conseillers qui avaient entraîné cette princesse dans une voie désastreuse, et se déclaraient prêts à faire de grands sacrifices pour avoir la paix 1 . Tout leur espoir était dans l’appui qu’ils attendaient du roi de France, qui, maître absolu de la Savoie, sous le nom du jeune duc, son neveu, se montrait résolu à empêcher tout démembrement des Etats de sa maison 2 .

Berne put bientôt s’apercevoir que l’amiral de France avait reçu à cet égard des instructions positives du roi, son maître, et que ses prétentions rencontreraient de ce côté une forte opposition. Les députés Bernois essayèrent de rompre en visière à l’amiral en lui déclarant « que le roi était certainement le maître de donner à ses ambassadeurs toutes les instructions qu’il lui plaisait; mais que, de leur côté, ils étaient libres d’y avoir égard ou non et d’agir comme bon leur semblerait 3  ». Cependant comme ils ne se sentaient pas soutenus dans leurs prétentions ambitieuses par les députés des autres cantons, qui se montraient au contraire disposés à accéder aux vues du roi de France, les Bernois furent obligés, bon gré mal gré, de se /361/ soumettre à l’arbitrage proposé par les plénipotentiaires français 1 .

Les arbitres nommés et agréés de part et d’autre furent Louis de Bourbon, amiral de France; Réné II, duc de Lorraine, que ses propres malheurs rendaient sensible à ceux du jeune duc Philibert; le comte Louis de Gruyères, l’un des grands vassaux de la couronne de Savoie; enfin, le chevalier Guillaume Herter, de Hertneck, député de l’archiduc 2 . Le choix de ces arbitres parut témoigner des dispositions bienveillantes qui existaient en faveur des vaincus; néanmoins le résultat ne répondit qu’en partie aux légitimes espérances qu’on avait en eux. Quoi qu’il en soit, après 19 jours de pourparlers, soit le 12 août 1476 3 , les conditions de la paix entre la maison de Savoie et les cantons suisses furent arrêtées par une convention portant ce qui suit:

1o Berne et Fribourg garderont à perpétuité pour eux et leurs confédérés, les villes, châteaux et territoires qu’ils occupent dans la terre romande, savoir: Morat, Illens, Everdes et Cerlier sur le lac de Bienne, avec les quatre /362/ mandements d’Aigle, d’Ollon, de Bex et des Ormonts, dans le Chablais 1 .

2o Les seigneuries, bourgs et châteaux d’Orbe, Echallens, Montagny-le-Corboz et Grandson, appartenants à la maison de Châlons, vassale du duc de Bourgogne, resteront également aux villes de Berne et de Fribourg par indivis avec les sept cantons 2 .

3o Les autres districts de la terre romande, appelée Pays de Vaud, seront restitués au duc Philibert de Savoie aussitôt qu’il aura effectué le payement de cinquante mille florins du Rhin (gouldes), stipulés par les arbitres en faveur des Confédérés, pour les frais de la guerre 3 . En attendant le pays de Vaud, tout entier, restera occupé par les Bernois et les Fribourgeois, comme gage de cette indemnité 4 . /363/

4o Cette restitution aura lien sous la condition expresse que la baronnie de Vaud, réunie à la couronne ducale de Savoie, ne pourra être rendue au comte Jacques de Romont, ni gouvernée par un autre prince que par le duc régnant 1 .

5o A l’égard de Genève, l’obligation de vingt-huit mille écus, contractée par cette ville l’année précédente, pour prix de sa rançon, fut maintenue en faveur des Confédérés, qui exigèrent des cautions ou des ôtages et accordèrent aux Genevois des termes pour l’acquittement de cette somme 2 .

6o Enfin, et sans avoir égard aux légitimes réclamations que la maison de Savoie aurait pu élever contre les Fribourgeois pour avoir pris les armes contre leur suzerain et pillé son territoire, le duc de Savoie fut tout de même condamné à rembourser aux premiers les vingt-six mille six cents florins du Rhin, formant le solde de quarante mille gouldes que le feu duc Louis s’était engagé à payer pour prix de l’acquisition de Fribourg abandonnée à elle-même par l’Autriche 3 .

Une dernière clause stipulant que la maison de Savoie serait tenue d’indemniser les particuliers, suisses ou /364/ allemands, qui avaient essuyé des pertes pendant la guerre 1 , ouvrit la porte aux réclamations de divers marchands étrangers, dont Berne et Fribourg soutinrent les prétentions par la menace et la terreur de leurs armes, ainsi qu’on le fera voir dans l’épisode suivant 2 .

La dureté des conditions imposées par le traité de Fribourg à la maison de Savoie prouve que le but du roi Louis XI était bien moins de sauvegarder l’intégrité des Etats du duc Philibert, son neveu, que de donner une autre direction aux entreprises guerrières des Suisses et de les déterminer à se jeter dans la Franche-Comté pour achever d’écraser le duc de Bourgogne, sans donner à celui-ci le temps de réunir les débris de son armée battue à Morat, et de faire de nouvelles levées de troupes dans les Pays-Bas 3 . Quoi qu’il en soit, le traité de Fribourg, loin d’établir une paix sincère et durable entre la Savoie et ses dangereux voisins, ne fit qu’entretenir entr’eux une guerre sourde, /365/ jusqu’au moment où Berne et Fribourg, se prévalant des positions importantes que ce traité leur avait livrées au cœur du pays, s’emparèrent définitivement, en 1536, de la patrie de Vaud, dont ils ne cessaient de convoiter la possession entière depuis la guerre de Bourgogne 1 .

Pendant plus de dix-huit mois 2 le pays-romand tout entier resta au pouvoir des Bernois et des Fribourgeois, et fut gouverné au nom des Confédérés et à leur profit par messire François de Billens, que ces deux villes avaient confirmé dans la charge de bailli de Vaud, ainsi que les châtelains qui lui étaient subordonnés 3 .

Dans l’entrefaite, Yolande, duchesse de Savoie, était toujours retenue au château de Rouvre en Bourgogne, « où il n’y avait que peu de garde, et où ses conseillers les plus intimes, ainsi que plusieurs seigneurs de la Savoie et du Piémont, la visitaient librement. » Ces facilités furent mises à profit pour concerter les moyens de procurer sa délivrance, et pour préparer les voies à sa rentrée dans les Etats de son fils 4 . A cet effet elle envoya successivement vers le roi de /366/ France, son secrétaire Cavoretto et Rivarola, son maître-d’hôtel, « pour ménager sa réconciliation avec son frère, et pour le supplier qu’il la retirât 1 . » En même temps les Etats de Savoie, qui désiraient ardemment le retour de la régente et la retraite des troupes françaises qui occupaient Chambéry, avaient dépêché à Lyon, où Louis XI séjournait encore, une ambassade à la tête de laquelle se trouvait messire Gabriel de Seyssel, seigneur d’Aix 2 . Ces démarches eurent tout le succès désiré. La duchesse fut enlevée par surprise du château de Rouvre, vers la fin de septembre, et conduite auprès du roi au Plessis-les-Tours, où lui-même venait d’arriver 3 .

La réconciliation du roi Louis avec sa sœur fut cimentée par des promesses réciproques, datées du 2 novembre. La duchesse renonça à l’alliance du duc de Bourgogne et le roi s’engagea par contre à défendre sa sœur et à la soutenir, elle et son fils contre ce prince, « et contre toute personne qui voudrait la troubler en la jouisance, autorité et /367/ gouvernement des pays de Savoie et de Piémont 1 . » « Après cela Yolande prit congé du roi, qui la fit conduire jusqu’à Chambéry, (où elle arriva vers la fin de novembre), et lui fit rendre ses enfants et toutes ses places et bagues, et tout ce qui lui appartenait 2 . »

Les Etats de Savoie, convoqués à Chambéry 3 , déférèrent de nouveau à la duchesse la régence et la tutelle du jeune duc Philibert, son fils. L’évêque de Genève, Jean-Louis de Savoie, résigna spontanément entre les mains de sa belle-sœur l’autorité dont le roi l’avait investi. Quant au comte Philippe de Bresse, gouverneur du Piémont, il fit plus de difficultés pour se démettre de ces hautes fonctions; mais il finit cependant par suivre l’exemple de l’évêque, son frère 4 .

Dès que la duchesse de Savoie fut rentrée dans la plénitude de l’autorité souveraine, elle se voua entièrement au rétablissement de l’ordre dans l’Etat 5 , et à la réparation des maux engendrés par le double fléau de la guerre et des factions. Son principal souci était de hâter le recouvrement /368/ du pays de Vaud occupé par les Bernois et les Fribourgeois. Elle s’était rencontrée au Plessis-les-Tours avec la grande ambassade des héros suisses, vainqueurs à Grandson et à Morat. Elle avait cherché à leur persuader de mettre le passé en oubli, et de se relâcher des conditions rigoureuses imposées à la Savoie par le traité de Fribourg 1 . Mais cela n’empêcha pas les ambassadeurs d’insister fortement auprès du roi, son frère, pour qu’il fît ratifier ce traité par les Etats de Chambéry et de Turin, et se portât garant de son exécution 2 .

Le vide du trésor ducal, l’absence de tout système de crédit public et la détresse des provinces, ruinées par la guerre et l’entretien des troupes étrangères, tout concourait à mettre la Savoie dans l’impossibilité presque absolue de réunir l’argent nécessaire pour effectuer le rachat du pays-romand. Les banquiers italiens, vulgairement appelés Lombards, établis à Genève et à Lyon 3 , ne prêtaient leur argent que sur gages et à un taux usuraire. La duchesse de Savoie, ainsi que la comtesse de Genevois, sa belle-sœur 4 , sollicitées par la ville de Genève « de la secourir dans cette nécessité », avaient déjà livré tous leurs joyaux 5 aux /369/ Genevois, pour les aider à acquitter l’obligation de vingt-quatre mille florins du Rhin qu’ils devaient aux Suisses pour leur rançon.

Plusieurs troupes de jeunes gens des cantons forestiers, organisés en corps-francs, sous le nom de compagnons de la joyeuse vie 1 , s’étaient avancés tumultueusement jusqu’à Berne et à Fribourg, en se plaignant de ce que l’argent de Genève et des autres villes mises à contribution tardait trop à venir, et en menaçant le pays-romand d’une nouvelle irruption, si on ne leur livrait pas cet argent sur-le-champ 2 . Une diète générale fut promptement assemblée à Fribourg, et on avertit l’évêque et les magistrats de Genève du danger qui les menaçait. Ceux-ci envoyèrent en toute diligence leurs députés à Fribourg 3 , où l’on arrêta avec les chefs des corps-francs, qu’à défaut de numéraire, ils se contenteraient des bijoux de la duchesse et de sa belle-sœur et de huit ôtages, qui furent conduits dans le canton /370/ d’Uri. Genève dut en outre payer aux compagnons de la joyeuse vie deux florins du Rhin par tête, et leur donner quatre tonneaux de vin pour leur départ 1 . Cependant, peu de temps après, Berne et Fribourg ayant emprunté à Bâle et à Strasbourg onze mille gouldes pour le compte des Genevois, ces villes retirèrent des mains des petits cantons les joyaux de Savoie et les ôtages qui furent ramenés à Fribourg 2 .

Dans ces entrefaites, la mort tragique du duc Charles, tué devant Nancy, la veille du jour des Rois, (5 janvier 1477), avait profondément modifié les dispositions réciproques des partis qui s’étaient formés pendant la guerre. Le roi de France, n’ayant plus rien à craindre, ni aucun motif de dissimuler ses vues et son mauvais vouloir à l’égard des Confédérés, ne cherchait qu’à éluder ses engagements vis-à-vis d’eux 3 . En Suisse, l’esprit des gouvernements était tourné vers la paix, et le parti bourguignon avait repris partout /371/ son ancien ascendant, depuis que Louis XI s’était emparé de la Franche-Comté, dont les Confédérés revendiquaient la possession pour eux-mêmes 1 . Les cantons orientaux, peu jaloux de seconder les plans d’agrandissement des Bernois 2 , insistaient fortement pour qu’on hâtât le réglement définitif des affaires de Savoie. Au mois d’avril des conférences s’ouvrirent, à cet effet, dans la ville d’Annecy, entre les conseillers de la régente et les députés suisses 3 . Philippe, seigneur de Rothelin, fils du margrave Rodolphe, comte de Neuchâtel, et le comte Louis de Gruyères, se présentèrent à la conférence en qualité de médiateurs officieux 4 . Après huit jours de débats animés, quelques adoucissements importants furent apportés aux articles du traité de Fribourg 5 . On convint, en premier lieu, sous réserve de ratification par les cantons, que Cudrefin et Grandcour seraient rendus au /372/ duc Philibert, et, en second lien, qu’à l’exception des terres définitivement adjugées aux Bernois et aux Fribourgeois par ce traité 1 , le restant du pays de Vaud pourrait être racheté et libéré de l’occupation allemande au moyen du payement de la moitié de la somme de cinquante mille florins du Rhin, imposée à la maison de Savoie pour les frais de la guerre; l’autre moitié devant être payée dans des termes dont on conviendrait plus tard.

Ces nouvelles conventions furent solennellement ratifiées à la diète de Lucerne, (25 mai 1477), par la majorité des cantons, non sans soulever quelques réclamations et sans exciter les regrets des députés de Berne 2 ; mais la Savoie n’ayant pu parvenir assez tôt à réunir l’argent nécessaire pour acquitter les 25,000 gouldes exigés pour la restitution du pays de Vaud, les choses restèrent sur le même pied jusqu’au commencement de l’année suivante.

En attendant la ville de Fribourg obtint, par l’intervention active de Berne 3 , son entière émancipation de la suzeraineté de la maison de Savoie 4 . Cette émancipation ne coûta /373/ aux Fribourgeois que 7,600 gouldes, payés en déduction du capital principal de 25,600 qui étaient encore dus à cette ville 1 . Cet acte solennel s’accomplit à Berne, le 23 août 1477, par les plénipotentiaires de la régente et du duc Philibert, savoir: messires Urbain de Chevron-Villette, abbé de Tamié et Protonotaire apostolique; Bernard, seigneur de Menthon; Bertrand de Dérée, président de Genevois et trois autres députés 2 , qui relevèrent les Fribourgeois de leur serment de fidélité 3 . En même temps les anciennes alliances entre la maison de Savoie et Berne furent renouvelées, en y comprenant Fribourg comme Etat libre et indépendant. Cette alliance fut proclamée dans la première de ces villes le 28 du même mois 4 .

Quant au Valais, une suspension d’armes arrêtée aux conférences d’Annecy (en avril), jusqu’à la Saint-Michel, (29 /374/ septembre suivant) (1477) 1 , avait mis un terme aux conquêtes de l’évêque de Sion, Walther de Supersax, et des Hauts-Valaisans qui, pendant la guerre, s’étaient assujettis tout le Valais savoyard jusqu’à St.-Maurice 2 , et même une partie du pays de Gavot (Chablais supérieur), dont ils avaient brûlé les châteaux et rançonné les villes et les bourgs jusques au delà de Thonon 3 . Cette trève fut suivie d’un traité de paix, en date du 31 novembre 1477, conclu pour 15 ans, sous l’arbitrage de Berne, par suite duquel les mandements de Monthey, de Vouvry et tous les territoires que les Valaisans avaient occupés au delà, du côté de Genève, furent restitués à la maison de Savoie 4 .

Enfin Jean-Louis de Savoie, évêque de Genève, défenseur courageux et ardent des droits de son église et des libertés de la cité, même contre sa propre maison 5 , fit, avec les villes de Berne et de Fribourg, un traité séparé de combourgeoisie, dont le principal objet était de régler les rapports commerciaux concernant la fréquentation des foires /375/ de Genève, et de nommer des arbitres pour juger les différends qui, à l’avenir, pourraient s’élever entre les parties contractantes 1 . Dans ce traité, daté de Berne, du 14 novembre 1477, étaient compris la ville et les citoyens de Genève, ainsi que tous les ressortissants des terres épiscopales 2 . Sa durée fut néanmoins limitée à celle de la vie de l’évêque Jean-Louis de Savoie qui mourut à Turin le 4 juillet 1482 3 .

Ces divers traités, conclus par Berne et Fribourg au nom des Confédérés, avaient besoin d’être sanctionnés par les autres cantons. Cette sanction fut solennellement accordée dans le congrès général qui s’ouvrit à Zurich dès les premiers jours de janvier 1478 4 , et qui termina la guerre de Bourgogne tant en deçà du Jura qu’au delà 5 . Moins d’un mois après, le 21 février, la régente de Savoie faisait verser à Berne, entre les mains des commissaires délégués à cet effet par la diète, 25,000 gouldes ou florins du Rhin, et en recevait quittance en bonne forme 6 . Quant aux 25,000 gouldes restants sur la somme totale de 50,000 /376/ gouldes stipulés pour le rachat du pays de Vaud, les députés accordèrent un nouveau terme d’une année, à compter du jour de Pâques suivant; en se réservant, à défaut de payement dans le délai fixé, d’occuper de rechef en tout ou en partie les territoires rétrocédés à la Savoie 1 .

En même temps le pays-romand fut remis par les commissaires allemands aux plénipotentiaires savoisiens et vaudois, savoir messires Urbain de Chevron-Villette, Humbert Cerjat et autres, chargés par la régente de prendre possession du pays 2 . C’est ainsi qu’après plus de vingt mois d’occupation allemande le pays-romand rentra sous la domination du jeune duc Philibert Ier, à l’exception des districts, villes et châteaux dont l’abandon définitif avait été imposé à la maison de Savoie par le congrès de Fribourg 3 .

La duchesse Yolande, régente de Savoie, avait à peine vu la fin des troubles et des calamités sans nombre dont l’ambition des souverains limitrophes et la turbulence des /377/ Suisses 1 avaient rempli son règne de plus de 16 ans, que courbée sous le poids, non de l’âge, mais des soucis et des peines de tout genre, elle mourut au château de Montcaprel, dans le Verceillés, le samedi 29 août 1478, âgée d’environ 45 ans 2 . La mort prématurée de cette princesse, qui, aux vertus privées de mère d’une nombreuse famille 3 , joignait un grand sens et une énergie virile 4 , replongea la Savoie dans l’anarchie des factions. Le jeune duc Philibert, âgé de 14 ans, retomba sous la main du roi de France, Louis XI, et ne survécut que trois ans à la régente, sa mère 5 .

Cependant la possession des seigneuries conquises sur la maison de Châlons et le comte de Romont dans le pays-romand, donna lieu à de longues et sérieuses contestations entre Berne et Fribourg d’une part, et les huit cantons orientaux de l’autre. Ceux-ci prétendaient avoir une part dans la souveraineté et les revenus de ces seigneuries, dont Berne et Fribourg avaient joui jusque là sans partage, tandis que ces deux villes soutenaient que les autres /378/ cantons étaient amplement indemnisés pour les secours qu’ils leur avaient donnés dans les fameuses journées de Grandson et de Morat, par l’immense butin conquis sur le duc de Bourgogne dont ils avaient eu leur part, ainsi que des dépouilles des villes et des châteaux du pays de Vaud et des contributions de guerre payées par la Savoie et par les cités de Genève et de Lausanne 1 . Après trois ans de débats qui, plus d’une fois, faillirent dégénérer en rupture ouverte entre les deux partis, on convint de remettre la décision du différend à un arbitrage 2 . Les arbitres nommés d’un commun accord à la conférence de Willisau (8 octobre 1483), s’assemblèrent à Béro-Münster en Argovie, et prononcèrent, le samedi 29 mai 1484, que les places conquises dans le pays-romand resteraient à perpétuité aux deux villes de Berne et de Fribourg, moyennant une somme de vingt mille gouldes qu’elles paieraient aux huit cantons 3 . /379/

Berne s’étant entendue ensuite avec Fribourg, garda pour elle seule Cerlier et les quatre mandements d’Aigle, d’Ollon, de Bex et des Ormonts, et céda, par contre, aux Fribourgeois les seigneuries d’Illens et d’Everdes, situées dans leur voisinage 1 . Les autres seigneuries formèrent les trois bailliages médiats de Morat, de Grandson et d’Orbe ou d’Echallens, gouvernés en commun par les deux villes 2 .

Dans ces entrefaites le comte de Romont, le prince d’Orange, le sire de Château-Guyon et la maison de La Baume avaient fait auprès des Suisses diverses démarches pour recouvrer les domaines qui leur avaient été enlevés dans le pays-romand pendant la guerre de Bourgogne. Au moment où s’ouvrirent les conférences tenues à Annecy pour la restitution de ce pays (avril 1477), Jacques de /380/ Savoie 1 « assuré de la prud’homie et diligence de ses très-chers et bien-aimés, les seigneurs Nicod, baron de La Sarra; Jean, sire d’Estavayer, son écuyer; Amédé de Gingins, sire de Belmont; Humbert Cerjat, seigneur de Combremont, et Humbert de La Molière, seigneur de Font; leur donna charge, pouvoir et commission, de traiter et pacifier, promettre et accorder avec messieurs de Berne et de Fribourg, pour le recouvrement des terres et seigneuries à lui enlevées 2 . » Mais cette démarche paraît être restée sans résultat; elle ne servit qu’à mettre au grand jour l’attachement que la noblesse vaudoise portait au comte de Romont 3 .

Par le traité d’Arras, conclu le 23 décembre 1482 entre l’archiduc Maximilien et le roi de France, Louis XI avait promis son concours au comte de Romont ainsi qu’aux autres seigneurs du parti bourguignon, pour le recouvrement des domaines qui leur avaient été enlevés par les Suisses 4 . /381/ Se confiant dans cette promesse, Jacques de Savoie, secondé par ses frères, Philippe, comte de Bresse, et Janus, comte de Genevois, fit demander aux Bernois et Fribourgeois un sauf-conduit pour venir lui-même traiter avec les Confédérés de la restitution de sa baronnie de Vaud 1 . Mais Berne refusa péremptoirement d’accorder le sauf-conduit, se fondant sur l’exclusion prononcée par l’amiral de France et les autres médiateurs du traité de Fribourg, en 1476 2 . Frustré une seconde fois dans son espérance, Jacques de Savoie, proscrit de son apanage par la jalouse ambition de ses voisins qui convoitaient la possession de son héritage paternel 3 , termina sur la terre étrangère une carrière remplie de glorieux faits d’armes, mais en même temps pleine d’agitations et de mécomptes 1 . /382/

La maison de Châlons n’eut pas plus de succès dans les diverses tentatives qu’elle fit vers l’an 1484 pour rentrer dans ses seigneuries du pays-romand. Hugues de Châlons, sire de Château-Guyon, avait fait quelques démarches à Berne et à Fribourg, pour racheter ses terres d’Orbe et d’Echallens. Ses propositions ayant été repoussées, il prit le parti de conclure avec ces deux villes (ao 1486) un traité de combourgeoisie, renfermant certaines conventions relatives à la libre exportation des sels de Salins, et par lequel les Fribourgeois s’engageaient à lui fournir des soldats pour la protection de ses terres de Bourgogne 1 . Plus tard, (ao 1496), le sire de Château-Guyon se rendit à Berne et à Fribourg pour renouveler ou confirmer cette combourgeoisie 2 .

Vers la même époque, Jean de Châlons, prince d’Orange, neveu du sire de Château-Guyon, entra en négociations avec Berne au sujet du recouvrement de la seigneurie de Cerlier et de la baronnie de Grandson. François de Gruyères, sire d’Oron, s’était chargé de cette négociation. Les Bernois paraissaient assez disposés à contenter le prince moyennant une somme d’argent et pourvu qu’en cas de mort sans enfants 3 , ces seigneuries retournassent sous la domination /383/ des deux villes. Ils demandaient en outre que Jean de Châlons se fît recevoir bourgeois de Berne et de Fribourg 1 . Celui-ci répondit « qu’il ne dédaignait nullement le titre de bourgeois de ces villes; mais qu’il lui semblait qu’il fut assez homme de bien pour être leur allié; qu’il est prince et vaut bien qu’on lui fasse plus de prééminence qu’à un simple ganyeur (artisan); attendu qu’à titre d’allié il les servira tant et de si bon cœur comme s’il était cent mille fois leur bourgeois 2 . » Le prince avait intéressé à sa cause la cour de France, qui avait même dépêché en Suisse un agent nommé Geisberger, pour l’appuyer (ao 1495) 3 . Mais Jean de Châlons, prince d’Orange, s’étant remarié la même année avec Philiberte de Luxembourg, qui lui donna des enfants, cette circonstance fit rompre les négociations, dont le succès était d’ailleurs compromis par la répugnance des Fribourgeois. Néanmoins dès lors il resta attaché aux deux villes, comme le prouvent deux lettres de l’année 1499, dont l’une du 12 mars est adressée par le conseil de Fribourg au sire d’Oron, et l’autre au maître-d’hôtel du prince 4 . /384/

Berne et Fribourg comprenaient trop bien l’avantage que leur procurait la possession de Morat, clef du pays-romand, de Grandson et d’Orbe, situés à l’entrée du Jura, et même d’Echallens placé au cœur de la baronnie de Vaud, pour y renoncer à aucun prix. Dès lors ces deux villes exercèrent sur ce pays une prépondérance qui balançait l’autorité précaire des ducs de Savoie. Elles devinrent les arbitres de toutes les dissensions intérieures suscitées par les factions, non-seulement à Lausanne et à Genève, mais aussi à la cour de Chambéry et à celle de Turin. Elles intervinrent dans tous les démêlés de la Savoie avec les Etats voisins 1 . La bourgeoisie des villes et le peuple des campagnes romandes s’habitua insensiblement à la domination des baillis bernois ou fribourgeois, qui administraient plusieurs districts du pays de Vaud, concurremment avec le gouverneur et les châtelains nommés par le duc de Savoie 2 . Les alliances entre la noblesse du pays et les familles patriciennes des deux villes se multiplièrent, et plusieurs gentilshommes vaudois qui avaient des fiefs dans le ressort des bailliages communs de Grandson et d’Echallens, ou qui éprouvaient le besoin d’une protection plus immédiate que celle de la cour de Turin, acquirent la /385/ bourgeoisie de Berne et de Fribourg 1 . Tout concourait ainsi à augmenter la prépondérance de ces villes dans le pays-romand, et à préparer les diverses classes à subir, sans résistance sérieuse, une nouvelle conquête de tout le pays.


/386/

XII.
SUITE DE LA GUERRE DE BOURGOGNE. LES PEAUX DE MOUTONS.

1476 - 1498.

On a vu que le traité de Fribourg avait imposé à la maison de Savoie l’obligation d’indemniser les particuliers Suisses qui pouvaient avoir éprouvé des dommages dans leur fortune pendant la durée de la guerre. Cette obligation, stipulée d’une manière générale, devint entre les mains des Confédérés un prétexte pour appuyer de tout leur pouvoir les réclamations injustes et vexatoires non-seulement de leurs propres ressortissants, mais aussi de divers trafiquants étrangers. L’intervention officieuse de Berne et de Fribourg pour prévenir ou pour réprimer les voies de fait qui accompagnaient ordinairement ces réclamations, se résuma presque constamment à procurer l’impunité aux fauteurs de ces actes de violence, et à forcer la Savoie à leur payer des indemnités usuraires 1 , que cette puissance ne pouvait solder /387/ qu’en contractant envers les deux villes médiatrices de nouvelles dettes hypothécaires sur les terres de la baronnie de Vaud 1 .

Parmi les épisodes de ce genre dont l’histoire fait mention, les circonstances relatives à la capture de quelques chariots de peaux de moutons confisqués dans les terres du comte de Romont, au préjudice de certains marchands allemands qui se rendaient aux foires de Lyon, méritent d’autant plus d’être éclaircies, que Philippe de Commines et les historiens qui ont suivi ses mémoires comme une autorité infaillible, ont soutenu que cette capture fut la cause principale de la guerre de Bourgogne 2 .

Pendant la trève conclue au mois de novembre 1475 entre le duc Charles de Bourgogne et les Suisses 3 , Amédé de Gingins, sire de Belmont, capitaine-général ou haut /388/ commandant du Chablais et du Pays de Gex, séjournait au château de Divonne 1 , appartenant à son frère aîné, messire Jacques de Gingins, conseiller du duc de Savoie 2 , où il attendait l’issue des négociations entamées pour la paix. Leur frère Pierre, sire du Châtelar, capitaine de Chillon, avait conduit à Divonne sa femme Andrée de Valpergue et les six enfants en bas âge qu’elle lui avait donnés, craignant pour sa famille le voisinage des Valaisans qui inquiétaient les frontières du Chablais Vaudois. Il s’attendait, d’un moment à l’autre, à être rappelé sous les armes pour la défense de ses propres foyers 3 , et ses prévision ne tardèrent pas à se réaliser, les hostilités ayant recommencé dès les premiers jours de l’année suivante.

Dans ces entrefaites, et tandis que les seigneurs de Gingins et leurs enfants étaient réunis an château de Divonne, dans le pays de Gex, l’hôtelier de l’auberge de l’Ange à Rolle, Etienne Bertrand, surnommé Moënoz, se présenta, le jour des Rois (Epiphanie, 6 janvier 1476) 4 , /389/ devant le sire de Belmont, et lui dénonça l’arrivée dans son hôtellerie de certains marchands allemands, dont les allures lui paraissaient suspectes, et qui menaient avec eux des marchandises renfermées dans une futaille (Bosselum), dont le poids n’était pas en rapport avec la déclaration faite par ces marchands. Il ajouta qu’aidé de son valet, nommé Jean Gressiney, il avait mis leur chariot en fourrière et retenu les conducteurs, conformément aux ordonnances concernant les marchands étrangers 1 .

La sévérité avec laquelle ces ordonnances s’observaient à l’égard des marchands allemands qui traversaient le pays de Vaud, était pleinement justifiée par le métier d’espions qu’ils faisaient en servant d’intermédiaires à la correspondance clandestine que le roi de France entretenait avec les Suisses, ennemis de la maison de Savoie 2 .

Sur la déclaration de l’hôtelier Etienne Bertrand, le sire de Belmont monta aussitôt à cheval, suivi de ses écuyers, Guillaume de Fleyer, de Divonne, et Jean Quiodi, de Montreux, et de quelques gens d’armes. Arrivé à Nyon, où le bruit de l’arrestation des marchands avait excité une certaine fermentation, causée par la haine qu’on portait aux Allemands, le capitaine-général et sa suite montèrent dans la barque du nommé Nanterme Vernier, et se firent conduire à Rolle.

Vérification faite des marchandises cachées dans les /390/ futailles saisies, on trouva qu’elles consistaient en graine de cochenille, (granis cramesinis [sic]; kermes), et en peaux de martre (zibelinis) 1 , qui évidemment étaient destinées aux foires de Lyon. Le transit, par les Etats de la maison de Savoie, des marchandises portées à ces foires, au préjudice de celles de Genève, n’avait été accordé aux marchands allemands, que sous diverses restrictions et moyennant l’acquit de droits plus ou moins élevés 2 . Cette concession, faite aux Bernois en temps de paix, ne pouvait plus être invoquée par ceux-ci depuis que la guerre était déclarée entre eux et la Savoie. Enfin il fut constaté que les marchands arrêtés à Rolle, et qui se donnaient pour Suisses, étaient Allemands; savoir: l’un nommé Henri Koller (Cols), bourgeois de Nuremberg, et l’autre, appelé Anselme Schüder (ou Scüder), originaire de St.-Gall 3 . L’invasion récente du pays romand par les Bernois et les Fribourgeois, et les actes de déprédation commis par eux et leurs alliés dans ce pays, autorisaient d’ailleurs les plus rigoureuses représailles de la part de la Savoie.

Les fausses déclarations et la fraude de ces marchands ayant été ainsi publiquement reconnues, le sire de Belmont /391/ prononça, au nom du duc de Savoie, la confiscation des marchandises et les fit transporter, par eau, au château de Beauregard, situé sur la rive opposée du lac, où il les remit entre les mains des officiers des gabelles du prince 1 . Quant aux marchands allemands, arrêtés sur terre de Vaud, et non pas dans le ressort du pays de Gex, où il commandait comme capitaine-général, le sire de Belmont les fit conduire sous escorte au châtelain de Romont, Aimé de Châtillon, lieutenant de messire Claude de Vergy, gouverneur de Vaud, auquel il avait dépêché depuis Rolle l’hôtelier Etienne Bertrand pour l’informer de ce qui s’était passé 2 . A Romont, les deux marchands furent mis en liberté, le sire de Châtillon ne voulant pas risquer, en les retenant prisonniers, de donner aux Fribourgeois et à leurs alliés un nouveau prétexte pour recommencer les hostilités contre la Savoie 3 .

Cependant Etienne Bertrand, le principal auteur de la capture des marchandises de ces Allemands, prétendait avoir une part de prise dans cette confiscation, et comme il insistait vivement sur ce point, le sire de Belmont le renvoya à l’évêque de Genève, Jean-Louis de Savoie, qui /392/ lui fit don d’un bon cheval de ses écuries comme récompense de sa vigilance 1 .

En intervenant dans cette affaire purement fiscale, le sire de Belmont n’avait fait que s’acquitter d’un devoir prescrit sous des peines très-graves à tous les fonctionnaires civils et militaires de l’Etat 2 . Rappelé presqu’aussitôt sur le théâtre de la guerre par la rupture de l’armistice, il se rendit depuis Beauregard à Chambéry, où se rassemblait un corps de troupes Savoisiennes destiné à se porter dans le Bas-Valais pour en chasser les Hauts-Valaisans et dégager les passages du St.-Bernard qu’ils tenaient fermés depuis l’automne précédent 3 .

Quant au seigneur du Châtelar, messire Pierre de Gingins, il n’avait point accompagné le capitaine-général, son frère, à Rolle, parce qu’il se trouvait retenu au château de Divonne par une indisposition passagère, et il n’avait pris aucune part quelconque à l’arrestation des marchands allemands 4 . Le lendemain de l’événement il se rendit à Gex, où il se mit à la tête des francs-archers de ce bailliage, et s’en fut, avec eux, rejoindre le corps du sire de Belmont dans le Bas-Valais 5 . /393/

Toutes les circonstances de cet épisode de la guerre de Bourgogne, que plusieurs historiens Suisses ont représenté à tort comme une espèce de guet-apens 1 , ont été puisées dans l’enquête judiciaire ordonnée par le duc Philibert Ier et son conseil, par lettres patentes datées du château de Montcalier, le 1er décembre 1478, sur le fait de la capture des marchandises confisquées au logis de l’Ange à Rolle en 1476 2 . /394/

Après la conclusion de la paix de Fribourg, et tandis que la question de la restitution du pays de Vaud était encore pendante entre les Confédérés et la cour de Savoie 1 , Erhard Schüderberg (Scudenberg) bourgeois et marchand de Lucerne, se disant fondé de pouvoirs de Henri Koller, de Nuremberg et de Anselme Schüder, de St.-Gall, se présenta appuyé des recommandations de son canton, devant le conseil de Savoie, résidant à Chambéry, demandant au nom de ses clients la restitution des marchandises confisquées à Rolle à leur préjudice, ou une indemnité pécuniaire 2 . Il obtint, par des moyens que la charte où nous puisons ces renseignements qualifie de déshonnêtes, un arrêt contre messire Amédé de Gingins, et contre la veuve et les enfants mineurs de son frère, Pierre, sire du Châtelar, dont nous avons raconté la mort tragique 3 .

En faisant envelopper les héritiers du seigneur du Châtelar dans cette sentence subreptice, l’agent lucernois des marchands d’Allemagne avait un but dont les conseillers ducaux ne soupçonnaient probablement pas l’iniquité. Cet agent rusé savait qu’il n’aurait aucune prise sur les /395/ propriétés du sire de Belmont, qui étaient toutes situées dans le Genevois, et par conséquent hors de ses atteintes 1 ; tandis que celles de Pierre se trouvaient, au contraire, dans le voisinage des districts conquis par les Suisses pendant la dernière guerre. Effectivement, soutenu par les Bernois, maîtres du pays d’Aigle, Erhard Schüderberg fit saisir le château et la baronnie du Châtelar, dont il prit possession (1478) en se faisant reconnaître comme seigneur ou engagiste, par le petit nombre de vassaux et de tenanciers que la terreur des Allemands n’avait pas chassés de leurs foyers 2 .

Cependant messire Amédé de Gingins, tant en son propre nom que comme tuteur des six enfants mineurs 3 de Pierre, sire du Châtelar, son frère, et d’Andrée de Valpergue, sa veuve, protesta énergiquement auprès de la régente de Savoie, Yolande de France, qui vivait encore, contre la sentence prononcée par le Sénat de Chambéry, et la saisie violente de la seigneurie du Châtelar 4 . Il exposa toutes les /396/ raisons pour lesquelles ni lui ni les héritiers de son frère ne pouvaient être rendus responsables du séquestre des marchandises en question, qui avaient été confisquées en vertu des lois prohibitives en vigueur 1 .

La Régente fit droit aux justes réclamations du seigneur de Belmont, mais il devenait difficile de faire lâcher prise aux marchands allemands, qui s’étaient mis en possession du Châtelar; d’autant plus que, sur ces entrefaites, la duchesse Yolande mourut (le 29 août 1478), et qu’après sa mort, l’influence du roi Louis XI, grand ami des Suisses, prévalut de nouveau à la cour de Savoie, pendant la minorité du jeune duc Philibert Ier, qui n’était âgé que de 12 ans, et que son gouverneur, Grolée-l’Huys, seigneur d’Illins, tenait en garde au château de la Côte-St.-André en Dauphiné 2 . Comme la principale difficulté venait de ce que les marchands s’obstinaient à envelopper le défunt chevalier, Pierre de Gingins, sire du Châtelar, dans le fait de l’enlèvement des marchandises, en donnant à ce fait une couleur qui pût légitimer la saisie des biens de ce seigneur, Andrée de Valpergue, sa veuve, et ses enfants, présentèrent une requête au conseil de régence du duc Philibert, tendant à ce quils fussent réintégrés dans la possession du Châtelar, et libérés des poursuites des marchands allemands, attendu que leur « époux et père défunt était notoirement étranger à la capture des marchandises confisquées par les officiers de Son Altesse 3 . » /397/

Ensuite de cette requête, le duc Philibert Ier. ordonna au Sénat de Chambéry, par lettres patentes datées de Montcalier, du 1er décembre 1478, de faire une enquête judiciaire sur cette confiscation. Le 12 décembre suivant, le Sénat délégua, à cet effet, maître Pierre Girardi, secrétaire ducal, pour procéder à cette enquête avant la fin du mois 1 . Le secrétaire Girardi se transporta d’abord au faubourg de St.-Gervais, à Genève, le 16 décembre, puis il se rendit, le 18, à Rolle, où l’arrestation des marchands avait eu lieu, et enfin à Nyon, où il compléta son enquête le 19 décembre, après avoir successivement entendu la déposition de dix témoins 2 . Cette enquête fit voir: 1o que l’arrestation des marchands allemands avait été faite par Etienne Bertrand, hôtelier de l’Ange, à Rolle, de la manière dont nous l’avons raconté plus haut; 2o que Messire Amédé de Gingins, capitaine-général en-deçà des monts, n’était intervenu qu’après l’arrestation des marchands, et qu’il avait ordonné le séquestre des marchandises entrées en fraude et destinées aux foires de Lyon, en vertu des lois en vigueur, et comme officier du prince. 3o Que son frère, messire Pierre, seigneur du Châtelar, était resté totalement étranger soit à l’arrestation des marchands, soit au séquestre des marchandises.

Malgré ces témoignage officiels de la légalité de la confiscation des marchandises en question et de la complète /398/ innocence du sire du Châtelar, les marchands ne se tinrent pas pour battus, et poursuivirent ses héritiers et le sire de Belmont, soit auprès des Confédérés qui les maintinrent dans la saisie du Châtelar 1 , soit auprès du conseil ducal où le parti qui y dominait alors les accueillit avec plus de faveur qu’ils ne le méritaient. Le revirement politique qui avait eu lieu depuis la mort de la régente Yolande, avait eu pour effet principal de jeter la défaveur sur tous les actes de son gouvernement et sur les personnes qui avaient joui de sa confiance 2 . Il convenait d’ailleurs à la cour de Savoie de laisser à cette réclamation son caractère privé, pour qu’elle ne devint pas une difficulté d’Etat à Etat. Ainsi, tandis que d’une part le sire de Belmont se voyait exposé, par la politique timide de sa cour, à subir une grave injustice, de l’autre les marchands avaient le pressentiment que les résultats de l’enquête les obligeraient tôt ou tard à donner main-levée de la saisie opérée sur la baronnie du Châtelar. En conséquence, ils consentirent à entrer en accommodement, et, d’un autre côté, le sire de Belmont se décida à faire un sacrifice pour retirer le patrimoine de ses neveux des mains de ces usuriers.

Une transaction fut conclue à Vigon, en Piémont, le 5 mai 1479, entre Amédé de Gingins-Belmont, au nom de /399/ ses trois neveux, d’une part, et entre Henri Koller de Nuremberg et Erhard Schüderberg (Heraldum Scuchenberch), de Lucerne d’autre part, ce dernier comme représentant d’Anselme Schuder de St.-Gall, par laquelle ceux-ci renoncèrent à toute réclamation ultérieure pour les marchandises qui leur avaient été enlevées à Rolle pendant la guerre, moyennant une indemnité de 1,400 florins du Rhin (2,916 florins de Savoie) 1 , payables dans l’année à Genève, pour sûreté de laquelle somme la seigneurie du Châtelar demeurait hypothéquée aux dits marchands, jusqu’au payement intégral. Dans le cas de non payement de la somme susdite à la Pentecôte 1480, un second délai d’une année était accordé moyennant l’intérêt exorbitant de 25 deniers gros de Savoie, par florin du Rhin de capital, c’est-à-dire en doublant la somme primitive de l’indemnité. Si au bout de ce terme fatal, la dette pour laquelle la baronnie du Châtelar se trouvait engagée n’était pas intégralement acquittée, cette baronnie avec toutes ses dépendances et ses revenus devait être adjugée de plein droit aux susdits marchands. Il fut en outre stipulé que toute difficulté qui pourrait s’élever ultérieurement entre les contractants, serait soumise au jugement du conseil ducal, résidant à Chambéry.

Cet accommodement fut fait en présence de messire Louis Provana, seigneur de Leiny; Jacques Novelli, de Montcalier, docteur en droit; Cosme de Novo, de Pignerol; Jacob /400/ de Cresco, d’Evian; Bartholomé de Lapparie, de Rivoli; et Philibert Rubin, de Genève, et stipulé par Egrège François Truchet, de Pignerol, notaire impérial en cour ducale de Savoie 1 .

Le Seigneur de Belmont fit de vains efforts pour réunir la somme d’argent stipulée dans cette dure transaction; lui-même aussi bien que ses neveux avait été ruiné par la guerre de Bourgogne, et la plupart des gentilshommes de leur parenté, soit dans le pays de Vaud, soit en Savoie, se trouvaient dans la même pénurie. La première année se passa sans qu’il pût se libérer envers les marchands d’Allemagne, et le terme fatal de la seconde année n’était pas encore écoulé quand Henri Koller trouva le moyen de se mettre à la suite d’une ambassade que les Confédérés envoyèrent au duc Philibert Ier à Chambéry, vers la fin de l’an 1480 2 , et qui avait à sa tête noble George de Stein, de Berne 3 .

Ce marchand de Nuremberg, qui avait un comptoir à Genève, se présenta quelques jours avant la fête de Noël 4 (20 décembre 1480), devant le conseil ducal, et s’y comporta avec une arrogance proportionnée à la protection que lui accordaient les envoyés Suisses. Il exigeait le payement immédiat de l’indemnité de 1,400 florins du Rhin, que messire Amédé de Gingins s’était engagé à lui payer, et en outre /401/ les intérêts du capital, ou l’expropriation définitive, à son profit, de la seigneurie du Châtelar avec toutes ses appartenances. Il alla même jusqu’à menacer le duc et son conseil 1 , en disant hautement, « que dans le cas où il ne serait pas fait droit sur-le-champ à sa demande, les Confédérés prendraient fait et cause pour lui et entreraient en armes dans le pays de Vaud, pour le mettre, lui et ses associés, en possession de cette baronnie, sans préjudice des poursuites qu’ils pourraient exercer, le cas échéant, contre le sire de Belmont 2 . »

Intimidés par ces menaces auxquelles la présence des députés Suisses semblait donner du poids 3 , et dans le but de prévenir de nouveaux scandales et de plus grands dommages 4 , les conseillers du jeune duc sommèrent le sire de Belmont de se rendre à Chambéry pour terminer cette fâcheuse affaire le plus promptement possible. Mais ce dernier n’ayant pas encore pu parvenir à se procurer l’argent nécessaire, quelque peine qu’il se donnât pour cela, ne se pressa pas d’arriver 5 .

D’un autre côté, le conseil ducal impatient de mettre fin /402/ aux menaces et à l’obsession des réclamants, rendit, en l’absence de messire Amédé de Gingins, un décret portant que si dans le terme d’un mois, expirant au 24 janvier suivant (1481), il n’avait pas satisfait les marchands en leur payant le capital de 1400 florins du Rhin, stipulé dans la convention de l’année 1479, et en outre 1600 florins de Savoie, somme à laquelle les députés Suisses avaient évalué eux-mêmes les intérêts, frais et dépends à ajouter au principal 1 , le dit Henri Koller et ses consorts demeureraient, de plein droit, en possession définitive du château et mandement du Châtelar, sous la garantie du duc de Savoie qui promettait de les maintenir dans cette possession 2 .

Dans l’intervalle, le sire de Belmont avait fait les plus grands efforts pour trouver les sommes exigées par les marchands; mais il n’avait pu ramasser que 900 florins environ. Néanmoins il se rendit à Chambéry, avant l’expiration du délai fatal, pour prévenir s’il en était encore temps, la spoliation du patrimoine de ses neveux. Il représenta énergiquement au conseil de régence 3 « que l’honneur et la sécurité de la couronne ducale demandaient qu’on ne /403/ laissât pas en des mains étrangères une place aussi importante que le château du Châtelar qui, étant situé aux frontières des Etats de Son Altesse, garantissait l’intégrité du territoire et protégeait les habitants de la patrie de Vaud contre les entreprises de voisins qui, tout récemment, s’étaient montrés les ennemis les plus acharnés de la maison de Savoie, et auxquels on ne pourrait reprendre ce château qu’avec les plus grandes difficultés, en cas de nouvelles hostilités de leur part 1 . »

Il offrit de céder au duc Philibert la seigneurie du Châtelar, et supplia ce prince, aussi bien dans l’intérêt public 2 que dans celui de sa propre famille, de se rendre lui-même acquéreur de cette seigneurie, si indispensable à la sécurité de l’Etat et si importante pour repousser toute agression hostile 3 , en complétant la somme qui lui manquait pour satisfaire aux exigences usuraires des marchands allemands, à la merci desquels il se trouvait livré par une suite de circonstances purement politiques.

La régence de Savoie, appréciant la sagesse de ces représentations, prit la détermination de désintéresser les marchands allemands, en ordonnant au trésorier Richardon de leur payer une somme ronde de cinq mille florins de Savoie, moyennant quoi ils se désistèrent de toute réclamation contre la maison de Gingins 4 . /404/

En même temps le sire de Belmont, en son nom et au nom de ses pupilles, François, Jacques, Amédé, Claude, Andriette et Louise, enfants mineurs de messire Pierre de Gingins, son frère, fit une vente et cession définitive, en faveur du duc Philibert Ier, du château et mandement du Châtelar, avec tous les droits, prééminences et revenus de cette baronnie pour le prix de trois mille et trois cents florins de Savoie, au cours de douze deniers gros le florin petit poids. Cette vente fut stipulée sans aucune réserve 1 à Chambéry le 12 de janvier 1481, indiction 14e par Georges Favery de Genève, notaire et secrétaire ducal, en présence de messires Pierre de Saint-Michel, chancelier de Savoie; Urbain de Chivron, abbé de Tamié; Gabriel de Seyssel, baron d’Aix; Philibert de Grolée, seigneur d’Illins, gouverneur du jeune duc et Pierre de Bonnivard, chevalier, seigneur de Barja, président de la chambre des comptes 2 .

L’objet principal de la cession du Châtelar au duc Philibert ayant été de retirer cette seigneurie des mains des /405/ marchands allemands, auxquels elle se trouvait malheureusement engagée, et d’ôter aux députés des Hautes-Ligues Suisses tout prétexte de s’ingérer dans la question, on n’avait guère considéré dans cette vente précipitée la valeur réelle de la terre du Châtelar. Aussi le conseil de régence « ne voulant pas que messire Amédé de Gingins et ses pupilles, pussent se dire doublement lésés par la vente de cette terre » 1 , ordonna au trésorier-général Richardon d’en faire faire une nouvelle estimation, et s’il y avait lieu, de tenir compte au seigneur de Belmont de la plus-value. Dans l’état de ruine et d’abandon où le château du Châtelar était resté depuis la guerre 2 , sa valeur ne fut estimée qu’à 1150 florins petit poids en sus du prix de 3300 florins pour lequel elle avait été vendue au duc, par cession du 12 janvier 1481. Cette cession fut confirmée sur le pied de cette nouvelle estimation, par un acte stipulé à Genève, en date du 20 janvier suivant, par André de Douvres, notaire et secrétaire ducal, en présence de messires Antoine de Pougny, vice-châtelain et Mermet Michaud, procureur fiscal de Gex; François Grossi, bourgeois de Genève et F. Verony, d’Evian 3 . Ainsi fut consommé le sacrifice imposé à Amédé de Gingins et aux /406/ jeunes orphelins de son frère Pierre, par la politique timide de la cour de Savoie, alors profondément divisée par les factions qui se disputaient le pouvoir pendant la minorité du souverain 1 .

Le duc Philibert Ier fit aussitôt prendre possession de la baronnie du Châtelar, dont les vassaux prêtèrent hommage au prince. Cette baronnie fut provisoirement annexée à la châtellenie de la Tour de Peylz. Mais ce jeune prince étant mort le 22 avril 1482 2 et son frère puiné, le duc Charles Ier, lui ayant succédé, son oncle Jean-Louis de Savoie, évêque de Genève, fut investi de nouveau du gouvernement de l’Etat en-deçà des monts 3 . Ce prélat savait mieux que personne l’injustice dont le Seigneur de Belmont et ses neveux avaient été les victimes dans l’affaire des marchands allemands; il usa de son pouvoir sur l’esprit de son neveu pour lui faire connaître toute la vérité, et détruire les préventions qu’on lui avait inspirées ainsi qu’à son prédécesseur contre les Seigneurs qui s’étaient montrés opposés à la domination française. /407/

La maison de Gingins reconquit bientôt la confiance dont elle avait joui sous le gouvernement des ducs Louis et Amédé IX et sous la régence de Yolande de France 1 . Amédé, sire de Belmont, fut rétabli dans l’exercice de ses charges de conseiller ordinaire et de chambellan du duc Charles Ier. Il usa de son crédit auprès de ce jeune prince, doué d’une sagesse précoce, pour le bien et le soulagement de son pays auquel il fut constamment dévoué. Par son entremise, la noblesse, les bonnes villes et les communes de la patrie de Vaud, sollicitèrent et obtinrent des ducs Philibert Ier et Charles Ier la confirmation de leurs franchises, libertés et bonnes coutumes, ainsi que la réduction des subsides et autres charges imposées au pays 2 . /408/

En attendant, il ne négligeait point les intérêts de ses neveux et nièces, privés de la meilleure portion de leur patrimoine par la vente forcée du Châtelar. Le duc Charles voulant les dédommager en quelque sorte de ce sacrifice, avait nommé leur oncle et tuteur, messire Amédé, châtelain de cette baronnie, par lettres patentes données à la Tour du Pin, en date du 2 janvier 1483 1 . Le 15 mars suivant, le nouveau châtelain et son vice-châtelain, François de Paleyres, furent installés en ces qualités par N. Pierre Grivelly, vice-châtelain de Vevey 2 . Tous les châtelains de la province du Chablais avaient la jouissance des revenus de leur châtellenie, sans rendre aucun compte de ces revenus; ils étaient tenus par contre de verser annuellement au trésor ducal une somme fixe de 200 florins de Savoie. Messire Amédé fut dispensé du payement annuel de cette finance, même pour l’année écoulée, par lettres de rémission du duc en date de Rivoli du 17 mars 1484 3 , « en considération, y est-il dit, des réparations coûteuses qu’exigeait le château du Châtelar dont le sire de Belmont avait déjà fait recouvrir le donjon, et en raison des dépenses qu’il était appelé à faire pour élever et entretenir les enfants de messire Pierre, son frère, mort au service de l’Etat; voulant que cette annuité de 200 florins fût consacrée à cet /409/ usage, jusqu’à nouvel ordre de Son Altesse 1 . » Ainsi, grâce aux dispositions bienfaisantes du prince, les enfants de messire Pierre de Gingins et de dame Andrée de Valpergue, purent rentrer, dès l’année 1483, dans le manoir paternel, comme usufruitiers. Le duc Charles Ier décéda, comme son frère, à la fleur de ses ans, le 13 mars 1490 2 , et Blanche de Monferrat, sa veuve, investie du titre de Régente, prit le gouvernement de l’Etat pendant la minorité de Charles Jean Amé son fils. Cette princesse acheva le grand acte de réparation, commencé par le duc Charles, son mari, en restituant aux quatre fils de messire Pierre de Gingins, la baronnie du Châtelar 3 dont une procédure /410/ inique les avait dépouillés. Cependant cette rétrocession, tout équitable qu’elle fût d’ailleurs, présentait quelques difficultés dans son exécution; d’un côté, il y aurait eu inconvenance à jeter un blâme public sur les administrations précédentes, en cassant leurs arrêts; d’un autre côté, les lois de l’Etat défendaient l’aliénation des domaines de la couronne à titre gratuit. Sans revenir sur les circonstances du procès intenté par les marchands allemands, la régente se borna, dans l’acte de restitution, à faire ressortir les motifs qui militaient en faveur de la mesure, en énumérant les services rendus à la souveraine maison de Savoie par les Seigneurs de Gingins.

Elle rappela d’abord les pertes ruineuses que la veuve et les six enfants de messire Pierre de Gingins avaient éprouvées par suite de la guerre de Bourgogne 1 , « pertes qui, est-il dit dans les lettres-patentes, ne leur étaient advenues qu’à cause du zèle et de la fidélité avec laquelle leur père et leur oncle avaient exécuté les ordres précis de leurs souverains 2 , » paroles qui sont une justification indirecte de la confiscation des marchandises enlevées à Rolle aux contrebandiers allemands pendant la guerre de 1476.

La duchesse rappelle, en outre, dans le considérant du /411/ même acte, que messire Pierre de Gingins avait été tué en résistant avec autant de courage que de vigueur aux assauts des ennemis qui saccageaient le pays 1 . Elle s’étend aussi avec une certaine complaisance sur les bons et loyaux services qu’Antoine de Gingins, sire de Divonne, avait rendus au duc Charles Ier, et qu’il lui rendait journellement à elle-même, en son conseil privé et dans l’administration de la justice 2 , de même que sur le mérite et le dévouement d’Anne de Gingins, sœur d’Antoine, qui justifiait pleinement le choix qu’elle avait fait d’elle, entre toutes les dames de sa cour, pour lui confier les fonctions élevées de gouvernante de son fils, le duc Charles Jean Amé et de Yolande Louise de Savoie, sa fille 3 . Amédé, sire de Belmont, tuteur des enfants du sire du Châtelar, venait aussi de rendre de nouveaux services à l’Etat dans trois voyages successifs faits avec Amé de Montfalcon, prieur de Ripaille (et plus tard évêque de Lausanne), comme ambassadeurs du duc Charles Ier auprès des Ligues-Helvétiques et /412/ de l’évêque de Sion, pour la remise définitive de Morat et du Chablais, (Bas-Valais) 1 , conquis par les Suisses et les Valaisans pendant les guerres de Bourgogne.

La duchesse Blanche allégue aussi la faculté de réachat, accordée par le duc Philibert Ier à messire Amédé et à ses neveux 2 ; et après avoir ainsi récapitulé tous les motifs qui militaient en faveur de cette restitution, cette princesse, au nom du duc son fils, assistée de son oncle, Philippe de Savoie, comte de Bresse et de Baugé, lieutenant et capitaine-général du duché et d’un grand nombre d’autres seigneurs de l’Etat 3 , rétrocéda le château et la baronnie du Châtelar, près Vevey, avec toutes ses prérogatives et appartenances, sans aucune réserve, à messire Amédé de Gingins, sire de Belmont, et à ses trois neveux, François, Claude et Jacques, fils de Pierre de Gingins, chevalier, sire du Châtelar et d’Andrée Valpergue, sa femme 4 , par lettres-patentes et authentiques, datées de Turin le 19 octobre 1490, munies du grand sceau de Savoie /413/ pendant à l’acte, qui existe encore en original et bien conservé 1 . Le prix de cette rétrocession fut réduit à quinze cents florins de Savoie petit poids, payés par les cessionnaires au trésorier-général de Savoie, Sébastien Ferrero, la régence leur ayant fait l’abandon gratuit du surplus jusqu’à concurrens de la somme de quatre mille et cent florins environ 2 , qui avaient été déboursés pour retirer cette seigneurie des mains des marchands allemands 3 .

Cet abandon d’environ 2,600 florins, était motivé par les considérations importantes développées dans l’acte même. Néanmoins, quand le trésorier-général présenta ses états de recettes à la chambre des comptes de Savoie, celle-ci refusa de ratifier cet article; objectant: « que les aliénations d’une portion quelconque du domaine privé, exigeaient la sanction préalable de la chambre 4 , et que comme cette formalité avait été omise, elle ne pouvait enregistrer /414/ la recette que sous la réserve expresse des droits du prince 1 . »

Après la mort du jeune duc Charles II (1496), et sous le règne de son grand-oncle, Philippe de Bresse, qui ne dura qu’une année environ, la réserve faite en faveur du souverain par la chambre des comptes donna lieu à la question de savoir si la baronnie du Châtelar était sujette au payement des gites ou subsides de guerre dus au prince par les possesseurs des fiefs servants. Cette question fut résolue négativement par lettres patentes du duc Philippe en date du 1er février 1497, données en faveur de François, Claude et Jacques de Gingins, ses écuyers (scutiferorum nostrorum) portant que la baronnie du Châtelar est un franc-aleu, et comme telle exempte de toute redevance seigneuriale 2 .

Enfin, Philibert II, dit le Beau, ayant succédé au duc Philippe, son père, (mort le 7 novembre 1497), Amédé, sire de Belmont et ses trois neveux sollicitèrent et obtinrent de ce prince la confirmation de tous les actes concernant la rétrocession de la baronnie du Châtelar, qu’il leur accorda dans les termes les plus honorables 3 , par lettres patentes datées de Genève le 21 juin 1498, et munies de son grand scel 4 , en présence de René, bâtard de Savoie, comte /415/ de Villars, qui gouvernait l’Etat au nom du duc Philibert, avec le titre de lieutenant-général 1 . Parmi les autres témoins de cette confirmation, on trouve Antoine de Gingins, seigneur de Divonne, premier président du conseil de Chambéry 2 , charge qu’il exerça sous quatre princes jusqu’à ce que l’âge lui eût inspiré le désir de se retirer dans ses foyers.

François de Gingins 3 , fils aîné de messire Pierre, devint bientôt unique seigneur de la baronnie et mandement du Châtelar et de Montreux, par la cession que son oncle et ses frères lui firent successivement 4 de tous leurs droits sur cette seigneurie. Il avait favorisé la rentrée dans leurs foyers des familles rurales des villages et hameaux de ce mandement, qui avaient émigré pendant la guerre contre les Suisses, en obtenant pour eux, du duc Philippe, la remise de tous des arrérages dus au fisc pour les tailles, /416/ forages et subsides de guerre 1 . Philibert II le nomma en outre châtelain de Chillon et de la Tour-de-Peylz, par patentes du 17 mars 1498 2 . Il acheva la restauration du Châtelar, commencée par son oncle Amédé et y fixa sa demeure 3 après son mariage avec Bonne de Gruyères, fille de Jean, seigneur de Montsalvens, puis comte de Gruyères, qu’il épousa par contrat du 26 janvier 1499 4 .

Telle fut la fin de ce curieux épisode de la guerre de Bourgogne dont les suites se prolongèrent au delà de 20 ans; ce n’est vraisemblablement pas le seul du même genre que les désastres publics et privés qui suivirent cette mémorable guerre, pourraient offrir aux amateurs de l’histoire domestique de notre pays.


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XIII.
JACQUES DE SAVOIE. COMTE DE ROMONT ET BARON DE VAUD.

Jacques de Savoie occupe la seconde place dans l’histoire dramatique des guerres de Bourgogne; les renseignements biographiques qu’on a pu recueillir sur ce prince, forment, par conséquent, un complément nécessaire de cette histoire. Les généalogistes de la maison de Savoie ne s’accordent point avec les documents contemporains sur la date de sa naissance, que Philibert Pingon, Guichenon, et les auteurs qui l’ont suivi, font remonter beaucoup trop haut en la plaçant avant celle de son frère Philippe, né le 5 février 1438 1 . En supposant que Jacques de Savoie était déjà parvenu à l’âge de maturité lorsque la guerre de Bourgogne éclata, ces historiens ont répandu, sans s’en douter, un faux jour sur le tempérament et sur les actions de ce jeune prince. /418/

Anne de Chypre, femme de Louis, duc de Savoie, donna à celui-ci dix enfants mâles, dont trois moururent avant leur père. Jacques, l’un des trois, que ces historiens n’ont pas connu, mourut en bas-âge à Genève, le 20 juin 1445, et fut enseveli le lendemain dans l’abbaye de Hautecombe 1 . Le prince du même nom, qui porta le titre de comte de Romont, naquit par conséquent postérieurement à celui dont on vient de parler. La Chronique latine de Savoie, écrite par un contemporain, en parlant des fils du duc Louis, nomme Jacques, comte de Romont, le septième 2 , et place sa naissance après celle de Jean-Louis, évêque de Genève, qui naquit le 16 février 1448 3 . Enfin, en faisant mention de sa fin prématurée, cette Chronique dit positivement qu’il mourut jeune, juvenis 4 . Ces données diverses démontrent suffisamment que la naissance de Jacques de Savoie, comte de Romont, ne remonte pas au-delà de l’année 1450 5 . /419/

L’extrême jeunesse de ce prince l’empêcha de prendre part aux dissensions domestiques qui troublèrent les dernières années du règne du duc Louis, son père, qu’il accompagna constamment dans les différents voyages qu’il fit en France depuis l’année 1462 jusqu’à sa mort. Il fut le seul des sept fils suivants du duc qui se trouva à son chevet lorsqu’il rendit le dernier soupir à Lyon le 29 janvier 1465 1 . La Chronique de Savoie qui rapporte cet événement, ajoute que Jacques était encore dans l’âge de l’adolescence 2 , d’où il suit qu’il n’avait point encore atteint la majorité princière de 14 ans, lorsque le duc Louis, par ses lettres patentes datées de Quiers, du 26 février 1460, lui conféra le titre de comte de Romont 3 , et lui assura en même temps, à titre d’apanage, la baronnie de Vaud, dont il ne devait jouir qu’après la mort de son père.

Cet acte prématuré en ce qui concernait Jacques de Savoie, fut déterminé par les inquiétudes que causaient au duc Louis l’humeur turbulente et le caractère entreprenant de Philippe, surnommé sans-terre, qui avait déjà atteint l’âge de 22 ans et qui aspirait, dit-on, à supplanter Amédé, prince de Piémont, son frère aîné, dans le /420/ gouvernement de l’Etat 1 . Dans la prévision des querelles que sa succession pourrait faire naître après sa mort entre ses fils, Louis crut devoir régler d’avance la portion que chacun d’eux devait avoir dans l’héritage paternel 2 . Tel fut l’objet des différentes lettres patentes qu’il fit expédier le même jour à Quiers, en faveur de Janus, qui prit le titre de comte de Genevois, de Philippe, comte de Baugé et seigneur de Bresse, et de Jacques, comte de Romont, baron de Vaud 3 .

Ces trois frères, ainsi que l’évêque de Genève, Jean-Louis, vécurent dans la meilleure intelligence pendant les premières années qui suivirent la mort du duc Louis. Après avoir assisté au mariage de Janus, comte de Genevois, avec Hélène de Luxembourg, fille du connétable de Saint-Pol, qui fut célébré à Genève au mois de juin 1466 4 , Jacques de Savoie suivit son frère Philippe à Bourg, en Bresse, où ce dernier prit possession de son apanage, dont le duc Amédé IX venait de lui donner main-levée 5 . De Bourg les comtes de Baugé et de Romont se rendirent ensemble à la cour de France, auprès de la reine Charlotte, leur sœur, qui s’était /421/ chargée de remettre Philippe dans les bonnes grâces du roi 1 .

On se rappelle qu’à la suite de certains actes violents que ce jeune prince, de concert avec les Genevois, s’était permis contre l’autorité du duc son frère 2 , Louis XI avait retenu Philippe dans une étroite prison à Loches, pendant près de deux ans 3 , et que ce dernier n’avait dû sa délivrance qu’aux sollicitations réitérées du duc de Bourgogne, Philippe-le-Bon, son parrain, et des Bernois, qui s’étaient portés garants, envers le roi, des conditions auxquelles celui-ci consentait à lui rendre la liberté 4 . En revanche, les Bernois comptaient sur l’intervention de Philippe pour obtenir de la cour de Savoie et du roi Louis la révocation des édits qui entravaient la fréquentation des foires de Genève et de Lyon 5 .

Au retour de ce voyage en France, le comte de Romont se rendit à Pignerol, en Piémont, où le duc Amédé IX avait passé l’hiver. C’est alors seulement qu’il obtint la main-levée de l’apanage qui lui avait été constitué sept années auparavant par le duc Louis, son père, et que le duc Amédé lui /422/ donna l’investiture formelle de la baronnie de Vaud, par les lettres patentes datées de Pignerol, de l’année 1467, dont on a déjà parlé 1 .

Ces lettres ayant été signifiées au bailli de Vaud 2 , résidant à Moudon, « les nobles, bourgeois et habitants des bonnes villes de la patrie de Vaud qui faisaient partie de l’apanage du comte de Romont, députèrent vers lui à Annecy, messires Georges de La Molière, seigneur de Font, et Pierre de Bionnens, licencié ès-lois, » qui lui présentèrent les chartes de franchises accordées par ses prédécesseurs à ces villes, en le priant de les confirmer. Le prince y accéda aussitôt 3 , sans préjudice du serment qu’il /423/ promit de prêter de nouveau, suivant l’ancienne coutume, lorsqu’il serait arrivé au pays de Vaud, où il comptait se rendre prochainement 1 . Il informa en même temps les députés vaudois, qu’en attendant, il avait nommé messire Antoine d’Avenches, son lieutenant-général dans la baronnie de Vaud 2 .

Le premier acte par lequel Jacques de Savoie, comte de Romont, signala son avénement au gouvernement de la baronnie de Vaud, fut une œuvre de conciliation. Le 8 juillet, étant encore en Savoie, il termina par un arbitrage un long et fâcheux procès qui existait entre Guillaume, sire de La Sarra, et Nicolas de Gruffy, abbé du monastère du Lac de Joux 3 , au sujet des droits appartenants aux barons de La Sarra sur cette abbaye, comme fondateurs et avoués perpétuels 4 . Ce jugement arbitral, rendu par le comte, plutôt comme amiable compositeur, librement choisi par les deux /424/ parties 1 , qu’en qualité de seigneur de Vaud, est une preuve de la déférence que lui témoignaient d’avance même les seigneurs du pays qui ne ressortissaient point de son apanage, et du bon accueil qui attendait généralement ce jeune prince dans la patrie romande.

Néanmoins le reste de l’année 1467 s’écoula avant que Jacques de Savoie pût venir en personne prendre possession de la baronnie de Vaud 2 . En attendant, le gouvernement de cette baronnie fut confié par le prince à un conseil d’administration, composé de messires Humbert de Collombier, seigneur de Vuillerens; Jean Champion, seigneur de Vauruz; Antoine d’Illens, bailli de Lausanne; Georges de La Molière, seigneur de Font, et Pierre de Bionnens, licencié ès-lois, sous la présidence de messire Antoine d’Avenches, lieutenant ou gouverneur général 3 .

Ce ne fut qu’au commencement de l’année suivante (1468) que le comte de Romont vint lui-même au pays de Vaud, et qu’il se mit à la tête du gouvernement de son /425/ apanage 1 . Il arriva dans les premiers jours de janvier à Morges, d’où il se rendit le 10 du même mois à Cossonay, dont il confirma les franchises particulières 2 . De Cossonay le prince vint à Lausanne 3 , pour tâcher de mettre un terme aux divisions du chapitre de Notre-Dame, qui, depuis la mort de Guillaume de Varax, n’avait pu parvenir à s’entendre au sujet de la nomination d’un nouvel évêque. Après avoir réussi à faire reconnaître Jean de Michaëlis 4 , promu à cet évêché par le pape, le comte se rendit à Moudon, (17 janvier), où il prêta le serment solennel d’observer les franchises, libertés et bonnes coutumes de cette ville et de la patrie de Vaud en général. Après cela messire Guy Cerjat, gouverneur (ou Syndic) de Moudon, prêta au prince le serment de fidélité et d’allégeance au nom des habitants de la ville et de toute la châtellenie 5 .

De Moudon, le prince fut à Romont, où un grand nombre /426/ de fonctionnaires et de gentilshommes du pays s’étaient rassemblés pour le recevoir (15-20 janvier). Après avoir confirmé les chartes de cette ville et reçu le serment des bourgeois et des habitants du comté, il tint une cour plénière où il reçut l’hommage des nobles et des vassaux de la baronnie 1 . En même temps il leur présenta et fit reconnaître par l’assemblée Antoine d’Avenches, en qualité de gouverneur et trésorier-général du comté de Romont et de la baronnie de Vaud, qu’Antoine avait administrés, en l’absence du prince, avec le titre provisoire de lieutenant-général 2 . Ce fut alors aussi que le comte de Romont investit Philibert de Compeys, seigneur de Chapelle, de la charge de lieutenant d’armes, soit de capitaine-général des vassaux de la baronnie 3 .

Jacques de Savoie revint ensuite à Lausanne où il confirma (le 25 janvier) l’assignation de 100 florins de rente annuelle à prendre sur les recettes de la châtellenie de Cossonay et de L’Isle, stipulée naguères par le duc Louis, son père, en faveur de Claude de Pettigny, son conseiller. Le prince rappelle dans cet acte les services que Claude venait de rendre tout récemment, tant à lui-même, qu’au comte /427/ de Baugé, son frère, dans la dernière campagne du Montferrat 1 .

Le séjour du comte de Romont au pays de Vaud se prolongea jusque vers la fin de l’été. Le 10 juillet de la même année, il se trouvait à Yverdun, où il confirma les franchises de cette bonne ville, et reçut, par l’organe de délégués, le serment « des nobles, bourgeois, habitants et domiciliés qui jurèrent, en plaçant successivement leurs deux mains sur les Saints-Evangiles, de lui être à perpétuité bons, fidèles et loyaux sujets 2 . » Bientôt le jeune prince fut appelé à d’autres soins bien plus graves que le gouvernement de son petit Etat, et il entra dans une carrière qui exerça une influence décisive et fatale sur sa destinée entière.

Philippe de Savoie, comte de Baugé, prince doué de tous les avantages corporels et d’une haute capacité, n’était pas homme à se contenter de végéter dans son mince apanage de Bresse. Il aspirait sans cesse à conquérir, soit dans l’Etat, soit au dehors, une renommée et un pouvoir que sa qualité de puiné lui refusait 3 . Malgré sa réconciliation apparente avec le roi de France, son beau-frère, il n’avait point encore oublié sa captivité au château de Loches 4 . La guerre ayant éclaté de nouveau entre Louis XI et le duc Charles de /428/ Bourgogne, il s’était étroitement uni à ce dernier 1 , qui lui avait envoyé le collier de la Toison-d’Or 2 .

Philippe entraîna dans cette voie Jean-Louis, évêque de Genève, et Jacques, comte de Romont, ses frères. Ils eurent d’autant moins de peine à embrasser ce dangereux parti, que, « de tout temps, Savoisiens et Bourguignons s’entr’aimaient fort 3 . » Les princes levèrent des hommes d’armes dans les terres de leur apanage et enrôlèrent même un bon nombre de Suisses 4 . De Bourg en Bresse où ils s’étaient donné rendez-vous ils partirent le 7 août (1468), pour rejoindre en Picardie l’armée du duc de Bourgogne 5 . Après avoir assisté à la célèbre entrevue de Péronne (9-15 octobre même année 6 ), le comte de Baugé et le comte de Romont suivirent le duc Charles au siége de la cité de Liège, auquel l’un et l’autre, mais surtout Philippe, prirent une part active et glorieuse 7 . Parmi les seigneurs du pays de Vaud qui avaient accompagné les princes de Savoie dans cette expédition, l’histoire mentionne Guillaume de La Baume /429/ seigneur d’Illens « qui de ses écuyers de renom fit lors vingt-deux chevaliers 1  »; Jacques, fils de Guillaume, sire de La Sarra, suivi de plusieurs gentilshommes 2 ; Amé de Viry, seigneur de Rolle 3 et d’autres, dont plusieurs se distinguèrent par mainte action d’éclat.

Après la prise de Liège (30 octobre 1469) 4 , la paix s’étant rétablie entre le roi et le duc Charles, les comtes de Baugé et de Romont continuèrent à séjourner dans les Pays-Bas, et à suivre la cour de Bourgogne jusqu’au milieu du mois d’avril de l’année suivante 5 . Ce fut pendant ce séjour assez prolongé que, malgré la différence des âges 6 , Jacques de Savoie conçut pour le caractère chevaleresque et les brillantes qualités de Charles-le-Hardi une profonde admiration et des sympathies qui plus tard l’attachèrent d’une manière indissoluble à ce prince, dans la bonne comme dans la mauvaise fortune; pendant que son frère Philippe, moins libre peut-être de suivre ses inclinations, se détachait des intérêts du duc de Bourgogne et passait dans le parti du /430/ roi Louis XI 1 , dont les promesses brillantes, quoique peu sincères, flattaient son ambition du pouvoir.

Le comte de Romont était à peine revenu de son voyage aux Pays-Bas, qu’il reçut à Romont, vers le milieu de mai 1469, la visite du duc Amédé, son frère 2 , qui se rendait à Fribourg et à Berne où d’importantes affaires l’appelaient. Ce souverain était accompagné de la duchesse Yolande, de l’évêque de Genève, et du comte François de Gruyères, maréchal de Savoie, et suivi d’un nombreux cortége de seigneurs bannerets et de vassaux de la Savoie et du pays-romand 3 . De Romont, le duc se rendit à Fribourg, où il fut reçu avec tous les honneurs dus au seigneur suzerain, et festoyé à grand frais par la ville 4 . Cependant l’objet principal de ce voyage était le renouvellement de l’alliance entre la maison de Savoie et la ville de Berne, alliance que cette ville était autorisée à conclure au nom de tous les cantons de la Confédération Suisse. Elle fut jurée de part et d’autre le 22 mai, dans l’Eglise de St.-Vincent à Berne, avec beaucoup de pompe et de solennité 5 . /431/

Amédé, toujours accompagné de ses frères, l’évêque de Genève et le comte de Romont, vint ensuite à Morat, où il confirma les franchises de la ville (25 mai 1469) 1 . Depuis le grand incendie qui cinquante ans auparavant avait détruit les murailles et les tours de cette place importante, on ne s’était point occupé à les relever. Le duc donna des ordres pour la restauration de ces anciennes murailles et pour la construction de nouveaux ouvrages de défense. A cet effet, il céda à la ville et bourgeoisie de Morat le droit de rachat, qui appartenait à la maison de Savoie, sur la paroisse de Lugnorre, dans le Vully, qui était engagée depuis le siècle précédent au comte de Neuchâtel 2 . On voit par là que la ville et châtellenie de Morat ne faisait point encore partie de l’apanage du comte de Romont, mais qu’elle relevait directement de la souveraineté du duc de Savoie.

En constituant la baronnie de Vaud en apanage en faveur de Jacques de Savoie, le duc Louis, son père, n’avait point spécifié les châtellenies du pays-romand qui devaient former cette baronnie 3 . Le duc Amédé, ou ses conseillers, interprêtant cet acte dans le sens le plus étroit, n’avaient remis /432/ au comte de Romont que huit châtellenies 1 sur seize, qui composaient la Seigneurie de Vaud, à l’époque où elle fut donnée au même Amédé lorsqu’il était prince de Piémont (1465). Les conseillers de Jacques de Savoie prétendaient, au contraire, et non sans quelque raison, que la constitution d’apanage faite en sa faveur en 1460 devait avoir la même étendue que celle de 1456 en faveur du prince de Piémont 2 .

Les infirmités croissantes du duc Amédé qui le rendaient chaque jour moins capable de s’occuper du gouvernement, suspendant, pendant quelques années, la solution de cette importante question. Ces retards finirent même par amener un refroidissement entre le comte de Romont et la duchesse Yolande, sa belle-sœur, investie de la régence de l’Etat pendant la maladie du duc (mars 1470) 3 .

Divers actes émanés du comte nous apprennent qu’il séjournait alors dans le pays de Vaud 4 . On citera, entr’autres, les lettres patentes du 9 avril 1470, par lesquelles il confirme à la ville de Lausanne l’exemption des péages /433/ perçus à Morges 1 . Etant retourné à Romont, il abergea de nouveau les moulins de cette ville 2 .

Cependant la guerre éclata de rechef, vers la fin de la même année, entre le roi de France et le duc de Bourgogne 3 . Ce dernier, prévoyant la rupture du traité de Péronne, avait fait un appel à tous ses alliés, en leur demandant du secours pour la défense du duché de Bourgogne, dont le roi avait ordonné la saisie 4 . Répondant à cet appel, que justifiaient d’ailleurs les traités existant entre le duc de Bourgogne et la maison de Savoie 5 , le comte de Romont leva des troupes dans les terres de son apanage et demanda aux bonnes villes des aides pour subvenir aux dépenses de cet armement 6 .

Jacques de Savoie ne s’en tint pas là. Il envoya son conseiller Humbert Cerjat à Berne pour demander la permission de recruter dans ce pays des soldats pour le service du duc de Bourgogne 7 . Cette permission lui fut refusée, les négociations secrètes entamées par cette ville avec le roi /434/ Louis XI, par l’entremise de Nicolas de Diessbach, ayant déjà abouti à un traité par lequel les Suisses s’engageaient à ne donner aucun secours au duc de Bourgogne contre la France 1 . Néanmoins, bon nombre de jeunes gens du pays allemand se présentèrent volontairement, car la cause bourguignonne était encore la plus populaire dans la Suisse occidentale 2 . Ces volontaires étaient déjà rassemblés à Morges et prêts à passer en Bourgogne, lorsque les chevaliers bernois de Bubenberg, de Scharnachthal et de Diessbach, vinrent les arrêter, leur enjoignant, sous les peines les plus sévères, de rentrer dans leurs foyers. Ils déclarèrent en même temps au comte que Berne était décidé à garder une stricte neutralité 3 .

Dans ces entrefaites, une trève de treize mois avait été conclue le 9 avril 1471 entre la France et la Bourgogne 4 . Les gens de guerre rassemblés par le comte de Romont reçurent une destination toute différente de celle pour laquelle cet armement avait été fait.

La maladie du duc Amédé IX faisait prévoir sa fin prochaine et par suite une longue régence, aucun des fils de ce prince n’ayant encore atteint l’âge de majorité 5 . Dans cette /435/ occurrence, la cour de Savoie s’était divisée en deux factions rivales, dont l’une, composée des favoris de la duchesse Yolande, voulait lui conserver le gouvernement de l’Etat, qu’ils exerçaient de fait sous le nom de cette princesse, au grand mécontentement du pays 1 . L’autre faction, formée sous les auspices de Philippe, comte de Baugé et de ses frères les comtes de Genève et de Romont, revendiquait pour ces princes une part dans la régence, afin de contrebalancer l’autorité exorbitante que la duchesse laissait prendre à ses conseillers 2 , qui n’étaient eux-mêmes que les créatures du roi de France. D’un autre côté, les princes étaient fortement appuyés par le duc de Bourgogne 3 , qui avait un intérêt direct à soustraire la cour de Savoie à la domination de Louis XI.

D’ailleurs la question concernant les apanages des comtes de Baugé et de Romont n’était point encore vidée 4 , et ceux-ci attribuaient ces délais au mauvais vouloir des favoris de la régente, leur belle-sœur, vis-à-vis desquels ils ne se croyaient pas obligés de garder les ménagements dont ils avaient usé jusque là par égard pour le duc Amédé, leur frère aîné.

Profitant des gens de guerre levés pour le service de /436/ Bourgogne, le comte de Romont se saisit au mois de juin 1471 des villes et châteaux de Morat, de Payerne, de Cudrefin, de Montagny-les-Monts, de Grandcour 1 , de Sainte-Croix, des Clées et de Corbières 2 . Ensuite, ce prince, accompagné du sire de Château-Guyon qui conduisait une bande de Bourguignons, et d’une troupe de volontaires allemands conduits par le sire Du Lau, alla rejoindre son frère, le comte Philippe de Baugé, en Bresse, d’où les deux princes entrèrent en Savoie au commencement de juillet, et s’avancèrent en armes jusqu’à Chambéry sans rencontrer de résistance 3 , leur cause étant aussi populaire dans le pays que celle de leurs adversaires politiques l’était peu.

Les détails de cette guerre intestine qui ne dura que quelques semaines, appartiennent à l’histoire de Savoie 4 . Elle fut pacifiée par les traités de La Pèrouse, près de Montmélian, du 8 août, et de Chambéry du 5 septembre 1471, conclus sous la médiation des chevaliers Adrien de Bubenberg, Nicolas de Diessbach et Rodolphe de Vuippens, députés de Berne et de Fribourg, et de messire Tannegui Du-Châtel, ambassadeur du roi de France 5 . Le comte de Romont fut présent au traité de Montmélian; mais dans celui de Chambéry, il fut représenté par Antoine d’Avenches, gouverneur de Vaud, porteur d’une déclaration conforme aux stipulations /437/ du premier traité 1 . Par cette déclaration « Jacques de Savoie se disait prêt à remettre aux officiers du duc, son frère, les villes et les châteaux dont il s’était saisi, comme devant faire partie de sa part aux domaines paternels, s’en rapportant, à cet égard, à la décision des cantons suisses 2 . » Il est hors de doute que la décision des cantons 3 , fut favorable aux prétentions du comte et qu’il demeura en pleine possession des huit châtellenies en question, ainsi qu’on l’a fait voir ci-devant 4 .

La duchesse de Savoie ayant bientôt après libéré les châtellenies de Corbières, Grandcour et Montagny, engagées au comte de Gruyères et aux Fribourgeois 5 , ces trois seigneuries rentrèrent franches dans l’apanage du comte de Romont. Enfin le douaire de dix mille écus qui naguère avait été assigné à Yolande sur plusieurs terres du pays-romand 6 , se trouvant constitué sur le château et la châtellenie de Belmont 7 , ces terres furent également libérées de cette hypothèque. /438/ En sorte que dès lors la baronnie de Vaud, appartenant à Jacques de Savoie, fut composée de seize châtellenies plus ou moins étendues 1 .

Après la conclusion des traités de Montmélian et de Chambéry, le comte, de retour à Romont, se mit en route pour visiter les châtellenies nouvellement ajoutées à son apanage. Le 3 octobre (1471), il arriva au château de Sainte-Croix, dont il renouvela les franchises 2 . Le 8 du même mois il se trouva à Cudrefin, où il accomplit la même formalité 3 . Le lendemain, 9 d’octobre, il alla prendre possession de Morat 4 . Le prince fut reçu aux portes de la ville, devant l’église de Sainte-Catherine 5 , par le bourgmestre Richard Rossel, à la tête des conseillers municipaux, des nobles, des bourgeois et des ressortissants de la châtellenie. Avant de faire son entrée, il jura d’observer les libertés et bonnes coutumes écrites et non écrites de la ville et du district, et reçut le serment de fidélité des habitants, que ceux-ci renouvelèrent en corps, après son entrée, devant l’hôtellerie de l’Aigle, où le comte était descendu 6 . Il confirma en même temps messire Humbert de Lavigny, dans sa /439/ charge d’avoyer ou de châtelain (castellanus) de Morat 1 . A son retour, le comte de Romont passa à Payerne, dont il prit possession avec les mêmes cérémonies et sous les mêmes réserves 2 . On a vu que son frère Jean-Louis, évêque de Genève, était commendataire soit usufruitier de l’abbaye de Payerne, dont les possessions formaient une enclave privilégiée dans la châtellenie du même nom 3 . Le temporel de cette abbaye était administré, pour l’évêque, par un vicaire-général, nommé Jean de Greilly, prieur de Villars-les-moines 4 .

Les termes dans lesquels ces différentes chartes de confirmation sont conçues, témoignent que nulle contrainte ne présida aux engagements réciproques contractés entre le comte et ses vassaux 5 . La jeunesse vigoureuse du prince, ses allures franches et chevaleresques lui gagnaient tous les cœurs. D’ailleurs, les seigneurs qui formaient son conseil ordinaire, choisis parmi les plus considérés du pays, inspiraient une confiance générale. /440/

Au moment dont nous parlons, ce conseil était composé de messires Philibert de Compeys, seigneur de Chapelle 1 , capitaine-général des francs-archers et des vassaux du comte, Antoine d’Avenches, gouverneur civil et trésorier de la baronnie de Vaud, Pierre de Bionnens, docteur ès-lois, comme jurisconsulte et second président, et Girard de Bruel, maître d’hôtel du prince, outre plusieurs conseillers, parmi lesquels nos chartes 2 mentionnent Guillaume, sire de La Sarra et son fils aîné Nicod, seigneur de Glérens et châtelain des Clées, Humbert de Collombier, seigneur de Vuillerens, Jean seigneur d’Estavayer, Claude, seigneur de Goumoens, Humbert Cerjat, seigneur de Combremont, Georges de La Molière, seigneur de Font, et Antoine d’Illens, seigneur de Billens et bailli de Lausanne. Le comte était toujours accompagné de quelques-uns de ses conseillers qui, par leur présence 3 , certifiaient l’authenticité des actes émanant de son autorité et qui, lorsqu’il se trouvait absent, contrôlaient ceux du gouverneur et des châtelains de la baronnie 4 .

L’autorité du bailli (ballivus patriæ Vaudi) et du procureur /441/ de Vaud (procurator Vaudi) 1 , nommés par le duc de Savoie, se trouvait, par le fait, réduite, en ce qui concernait les châtellenies de l’apanage du comte de Romont, aux fonctions judiciaires proprement dites, qu’ils exerçaient, suivant leurs attributions respectives pour le prince apanagé et en son nom 2 . Par contre, dans les terres immédiates du balliage de Vaud qui ne faisaient pas partie de cet apanage, ces fonctionnaires demeuraient dans la plénitude des pouvoirs que leur attribuaient les statuts du duc Amédé VIII 3 , soit pour l’administration supérieure de la justice et la défense des droits du souverain, soit en ce qui concernait le maintien de la paix publique 4 entre les villes, les vassaux et les corporations religieuses et communales 5 . Ainsi l’ordre régnait dans la patrie de Vaud, quoique l’existence /442/ de plusieurs juridictions indépendantes les unes des autres dût, en apparence, faire naître des conflits plus ou moins sérieux entre les officiers du duc, du prince et des seigneurs bannerets.

Jacques de Savoie prenait dans tous les actes publics le titre de comte de Romont, auquel il ajoutait celui de seigneur ou de baron de Vaud. Ce titre se retrouve aussi dans le petit nombre d’empreintes de ses sceaux qui sont parvenues jusqu’à nous 1 . Ces sceaux nous montrent la croix de Savoie pleine, sur un écu droit ou penché, entouré d’une bordure besantée, tantôt simple 2 , tantôt supporté par deux griffons, et orné d’un cimier avec un casque couronné surmonté d’un mufle de lion aîlé 3 .

La mort du duc Amédé IX, surnommé le bien-heureux, qui décéda à Verceil le 30 mars 1472 4 , ranima la lutte que la question de la régence avait soulevée neuf ou dix mois auparavant entre les partis qui divisaient la cour de Savoie 5 . Cependant la duchesse Yolande de France, sa veuve, fut /443/ maintenue dans la régence et la tutelle du jeune duc Philibert, son fils, par les Etats généraux du pays assemblés le 11 avril 1472 1 . Ces événements n’apportèrent par conséquent aucun changement dans le gouvernement du pays de Vaud. Le comte de Romont, sincèrement réconcilié avec la régente, sa belle-sœur, s’était déclaré pour elle dans cette lutte, ainsi que Jean-Louis de Savoie, évêque de Genève, qui fut nommé par les Etats président du conseil de régence 2 .

Peu de temps après la pacification de ces troubles domestiques, le 2 juillet 1472, le comte de Romont se trouvant en son château des Clées, entouré d’une suite nombreuse de seigneurs et de vassaux, conclut définitivement avec messire François de Glérens, seigneur de Berchier, l’échange de la seigneurie de L’Isle, dans la châtellenie de Cossonay 3 , contre le château et mandement de Surpierre 4 , appartenant à ce dernier. Les conditions de cet échange avaient été réglées d’avance par la médiation du /444/ comte François de Gruyères, maréchal de Savoie, de Jean comte d’Aarberg et seigneur de Vallangin, et de Guillaume de La Baume, seigneur d’Illens, chevalier 1 . François de Glérens fut investi le même jour de la seigneurie de L’Isle, pour le comte, en présence d’un grand nombre de témoins, parmi lesquels on remarque messires Antoine d’Avenches, gouverneur de Vaud, Claude, seigneur de Goumoens, Jean, seigneur d’Estavayer, et Jean Aymonet, châtelain de Surpierre. Cet échange fut fait sous réserve de ratification par le duc de Savoie, comme seigneur souverain du pays de Vaud 2 .

Dans ces entrefaites, de nouveaux troubles avaient surgi dans la cité épiscopale de Lausanne, après la mort de l’évêque Jean de Michaëlis décédé au château de Lucens, le 28 décembre 1469, à la suite d’une chute violente 3 . Le chapitre n’ayant pu s’accorder pour la nomination d’un nouvel évêque, le siége de Lausanne resta vacant jusqu’au commencement de l’année 1472 4 , et fut administré dans l’intervalle par plusieurs vicaires, et entr’autres par Barthélemi /445/ Choët, évêque de Nice, et chapelain du duc Amédé IX 1 . A cette époque le pape Sixte IV nomma à l’évêché vacant son neveu, Julien de la Rovère, cardinal de St.-Pierre aux Liens, (24 février 1472). Mais le chapitre, prétendant que cette nomination était contraire à ses priviléges, refusa d’abord de la reconnaître 2 . Cependant la régente de Savoie, ainsi que le duc de Bourgogne 3 , désirant complaire au pape, leur allié politique, appuyaient fortement l’élection de ce neveu, et le comte de Romont fut chargé de la soutenir de tout son pouvoir.

Le prince se rendit à cet effet à Lausanne au commencement de l’année suivante. Mais il ne paraît pas qu’il soit parvenu, dans ce voyage, à vaincre la résistance du chapitre. En attendant, et pendant les séjours qu’il fit à Lausanne et à Morges, le comte de Romont fit divers actes concernant l’administration de sa baronnie 4 .

Yverdun, l’une des bonnes villes 5 de la patrie de /446/ Vaud, quoique florissante par son commerce, « était située en lieux stérile et limitrophe, » et exposée plus qu’aujourd’hui aux débordements du lac et des rivières de l’Orbe et du Buron qui y déchargent leurs eaux. Tout récemment, cette ville avait été presqu’entièrement détruite par le double fléau de l’inondation et de l’incendie; les ressources de ses habitants ruinés étaient insuffisantes pour réparer ces désastres et acquitter, en même temps, les subsides, impositions et omgelds qui formaient le revenu ordinaire du prince 1 . Sur les représentations de Pierre de Bionnens, son conseiller, et de Willerme de Beaulmes, seigneur d’Essert-Pittet, le comte de Romont fit à la ville d’Yverdun la remise à perpétuité 2 de ces impositions et tributs, contre une somme de neuf cent et vingt florins de Savoie, petit poids, payés une fois pour toutes, à son trésorier-général, messire Antoine d’Avenches, gouverneur de la baronnie de Vaud 3 .

Cependant les soins qu’exigeaient le gouvernement de son mince apanage et les loisirs d’une petite cour ne pouvaient suffire à l’ardeur bouillante et à l’humeur chevaleresque et belliqueuse d’un prince âgé de 25 ans et doué de /447/ toutes les qualités qui distinguent les grands capitaines. Ses penchants et ses sympathies le portaient à s’attacher de préférence à la cour brillante et guerrière du duc Charles-le-travaillant, comme on appelait alors ce prince actif et entreprenant 1 . Le duc qui avait été témoin de son courage et de son intelligence précoce pendant la guerre de Liège, ne désirait pas moins de le fixer auprès de sa personne. D’ailleurs Charles était occupé à mettre sur pied une armée permanente composée de compagnies d’ordonnance, destinées à compléter sa maison militaire 2 , « et à pourvoir, en tout temps, à la sûreté et défense de ses pays 3 . » A cet effet, il engageait à son service les capitaines et les condottieris les plus renommés et les plus habiles de l’Angleterre, de la Savoie et de l’Italie.

Jacques de Savoie avait, de plus, deux de ses sœurs mariées dans les Pays-Bas; savoir Marguerite, femme (ao 1465) de Pierre de Luxembourg, comte de Brienne et Marie, qui épousa l’année suivante le fameux connétable de St.-Pol 4 , dont elle fut la seconde femme 5 . En sorte que ses alliances de famille aussi bien que ses inclinations personnelles portaient /448/ le comte de Romont à lier sa fortune à celle de la maison de Bourgogne.

Après s’être assuré par une démarche loyale des dispositions bienveillantes et pacifiques des Bernois 1 , voisins et anciens alliés de la maison de Savoie, il mit ordre au gouvernement de sa baronnie de Vaud qu’il confia, en son absence, à Philibert de Compeys, seigneur de Chapelle et de Grandcour, capitaine-général, et à Antoine d’Avenches, seigneur de Villarepos, gouverneur de Vaud, auxquels il adjoignit un conseil de régence, composé comme il a été dit plus haut 2 . Puis le comte de Romont partit à la fin de l’été 1473 pour aller rejoindre le duc de Bourgogne à Trèves, où ce prince eut une célèbre entrevue avec l’empereur Frédéric III, dont l’issue fut bien funeste pour la paix de l’Europe 3 . /449/

Nous ne suivrons pas le comte de Romont dans ses campagnes en Flandre et dans les provinces rhénanes, ces détails n’appartenant pas à l’histoire du pays-romand. Nous nous bornerons ici, à indiquer brièvement les faits qui contribuèrent principalement à fonder sa renommée militaire.

Ce prince avait à peine rejoint le duc de Bourgogne à Trèves, que ce souverain lui donna le gouvernement du comté d’Artois avec le titre de lieutenant-général des marches de Picardie, où le comte de Romont se trouvait déjà au mois d’octobre (1473) dans le plein exercice de ses nouvelles fonctions 1 . Fixé à Arras, il demeura dans ces quartiers jusqu’au commencement de septembre de l’année suivante (1474), donnant maintes preuves de sa vigilance et de son activité pour la défense des frontières confiées à sa garde 2 .

Son éloignement de la patrie de Vaud ne l’empêchait cependant pas de s’occuper de ce qui se tramait dans le voisinage de son pays. Instruit des intrigues ourdies à Berne par les émissaires de Louis XI pour brouiller le duc de Bourgogne avec les Suisses, il avait cherché à /450/ déjouer ces manœuvres coupables, en envoyant dans les Cantons Confédérés l’ambassade dont on a parlé ci-devant 1 .

Le comte de Romont alla ensuite rejoindre le duc Charles au siége de Neuss, près de Cologne, qui dura environ onze mois, et qui ne fut levé que dans le milieu de juin de l’année suivante (1475) 2 . Ce fut pendant ce siége prolongé, mais fertile en actions d’éclat, que Jacques de Savoie, âgé de 25 ans, conquit ses éperons d’or, et qu’il mérita d’être armé chevalier de la main du duc, en présence de toute l’armée bourguignonne et des princes et ambassadeurs étrangers réunis en grand nombre dans le camp devant la place assiégée 3 . Envoyé avec les milices de l’Artois au secours de la ville d’Arras bloquée par l’amiral de France, le comte de Romont et Jacques de Luxembourg, seigneur de Richebourg, qui l’avait remplacé dans le commandement de cette ville, firent une sortie (27 juin) contre l’ennemi, et tombèrent dans une embuscade où le seigneur de Richebourg fut fait prisonnier, tandis que le comte s’échappait à grand’peine après avoir eu son cheval tué sous lui 4 . /451/

On a vu que les Bernois exigeaient impérieusement que le comte de Romont abandonnât le service du duc de Bourgogne, et qu’ils menaçaient, en cas de refus, de s’emparer de la baronnie de Vaud qu’il avait mise sous leur sauvegarde 1 . Tant que la guerre avait duré dans le nord entre le duc et l’empereur d’un côté et la France de l’autre, le comte ne pouvait, sans forfaire à son honneur et à la foi jurée, se soumettre au caprice de ces ambitieux voisins devenus les satellites du roi de France. En allant servir comme simple chevalier sous la bannière du duc Charles-le-Hardi avec une suite peu nombreuse d’écuyers et de serviteurs, Jacques de Savoie avait cependant respecté la neutralité de sa baronnie de Vaud, et n’y avait fait aucune levée de troupes depuis que les Suisses avaient déclaré la guerre à ce prince 2 .

Dès que la paix fut rétablie entre les puissances étrangères 3 , le comte de Romont se hâta de prendre congé du duc Charles et revint au pays de Vaud, sur la foi des traités conclus avec ces puissances, qui avaient formellement compris dans les dits traités la maison de Savoie et les Cantons Suisses, ces derniers comme auxiliaires de l’empereur d’Allemagne et du roi de France 4 . Mais son retour, bien loin de servir au rétablissement de la paix entre le Jura et les Alpes, devint, au contraire, le prétexte dont se servirent /452/ les Bernois et leurs alliés, pour lui déclarer la guerre et pour envahir brusquement la baronnie de Vaud 1 .

Mal préparé ou trop faible pour repousser cette invasion subite, Jacques de Savoie dut céder à la violence du torrent, et recourir à l’intervention du duc de Bourgogne, pour reconquérir sa baronnie de Vaud. Pendant le siége de Neuss, et lorsque les Bernois demandaient le rappel du comte de Romont 2 , Charles avait promis à ce dernier: « qu’aussitôt que cette place serait en son pouvoir, il prendrait des mesures pour mettre tous les Etats de la maison de Savoie à couvert des entreprises dont ils étaient menacés de la part des Suisses 3 . » Cette promesse et cette intervention dont l’exécution fut différée par la conquête de la Lorraine jusqu’au mois de janvier de l’année suivante 4 , donnèrent lieu, comme chacun sait, à la mémorable campagne de 1476 qui se termina par la victoire éclatante que les Suisses remportèrent, devant Morat, sur les armes du duc de Bourgogne et de la maison de Savoie.

Nous ne récapitulerons pas ici les divers incidents qui signalèrent cette campagne de près de six mois; nous nous bornerons à rappeler, qu’après avoir reconquis tout le pays-romand jusqu’à Avenches 5 , le comte de Romont, toujours /453/ aux avant-postes avec les troupes de Savoie et de Vaud, y fit preuve d’un courage et d’une capacité militaire qu’on aurait pu attendre tout au plus d’un vieux capitaine, quoiqu’il fût peut-être l’un des plus jeunes de la brillante noblesse qui entourait le duc Charles. Son sang-froid au milieu des plus grands périls se manifesta principalement dans sa merveilleuse retraite de Morat, où il sauva tout ce qui pouvait encore être sauvé après la complète déconfiture de l’armée bourguignonne 1 .

Lorsqu’après la défaite de Morat le comte de Romont eut rejoint le duc de Bourgogne à Salins 2 , ce prince lui donna une marque éclatante de confiance et de satisfaction de sa conduite, en le créant son lieutenant-général et gouverneur des Deux-Bourgognes, charge qui était devenue vacante par la mort de Jean de Luxembourg, comte de Marle, tué à la bataille de Morat 3 . Dans ce nouvel emploi, le comte de Romont seconda activement les préparatifs de Charles-le-Hardi pour la nouvelle campagne de Lorraine, qui finit par la mort tragique du duc, tué le 5 janvier 1477, devant Nancy 4 .

La défection des provinces bourguignonnes ayant suivi /454/ de près cette catastrophe 1 , Jacques de Savoie, fidèle à la cause qu’il avait embrassée avec tant de chaleur, alla rejoindre à Gand la princesse Marie, l’unique héritière du dernier duc de Bourgogne, dont il défendit les légitimes droits avec la même ardeur chevaleresque 2 .

Banni de son apanage par l’inique traité de Fribourg 3 , et de la Savoie, sa patrie, où Louis XI dominait comme dans une province française, la Providence avait préparé au comte de Romont une retraite digne de sa naissance et de son mérite dans les Pays-Bas, par son mariage avec Marie de Luxembourg, sa propre nièce. Elle était la fille aînée de sa sœur, Marguerite de Savoie, et de Pierre de Luxembourg, comte de Brienne 4 , deuxième fils du malheureux connétable de Saint-Pol, que le roi de France fit mourir en place de Grève, à Paris, au mois de décembre 1475 5 . Ce mariage avait été conclu avant la mort du connétable, mais l’extrême jeunesse de l’épouse, âgée de 10 ans au plus, en recula la consommation de quelques années 6 . Marie de /455/ Luxembourg paraît cependant déjà comme femme de Jacques de Savoie, comte de Romont, dans un document authentique concernant les biens de Pierre de Luxembourg, son père et ceux du connétable, son aïeul, que le roi avait confisqués, et qui furent restitués plus tard à cette princesse 1 .

Immédiatement après la mort du duc Charles, Marie de Bourgogne confia la défense de la Flandre et de l’Artois au comte de Romont, qui remplit cette tâche difficile autant que le permirent le petit nombre de troupes mises à sa disposition 2 et la trahison des capitaines chargés de la garde des places fortes 3 . Cependant le mariage de l’héritière de Bourgogne avec l’archiduc Maximilien 4 changea bientôt la face des affaires dans les Pays-Bas. Ce prince lui donna le commandement d’un corps de douze mille hommes de pied, Allemands et Suisses, avec lesquels il reprit les châteaux de Trélon, près d’Avesne, et de Boussu, près Mons 5 . Dans ces expéditions contre les Français, Jacques de Savoie stimulait l’ardeur de ses gens de guerre, en mettant pied à terre et en marchant à l’ennemi, « avec la pique sur l’épaule comme un simple fantassin. » C’est ainsi qu’il conquit le collier de la Toison-d’Or, que l’archiduc /456/ Maximilien lui conféra à Bruges, dans le chapitre où ce souverain se déclara lui-même grand-maître de cet ordre, le 30 avril 1478 1 .

Dans la campagne de l’année suivante, le comte de Romont assista au siége de Thérouenne, et prit les châteaux de Maubon et de Lillers 2 . Mais ce fut principalement dans la célèbre journée de Guinegate que Jacques de Savoie se plaça au rang des capitaines les plus renommés de son temps 3 . Déjà la gendarmerie de l’archiduc battue par les Français était en pleine déroute 4 , lorsque le comte de Romont arrêta les fuyards, les ramena au combat, « et, plus animé qu’un lion entre ses lionceaux de chevaleureuse prouesse, reprit l’artillerie dont les Français s’étaient emparés, repoussa ceux-ci dans leur propre camp, qu’il conquit avec trente-sept pièces d’artillerie, serpentines et bâtons à feu 5 ; » changeant par cet audacieux exploit la défaite des Flamands en une victoire complète. Dans cette journée, le comte qui « entre tous autres, acquit grand renom, fut blessé d’un vireton à la cuisse 6 , » dont il fut bientôt guéri. Dès les premiers jours d’octobre, il avait de nouveau endossé le harnais et il mettait le siége devant la /457/ place de Maleunoy 1 , qui dut se rendre à discrétion après trois jours de bombardement 2 . L’archiduc venait de le nommer « lieutenant-général de toute son armée de Flandre 3 , » charge dont Jacques de Savoie s’était montré aussi capable que digne dans les trois dernières campagnes, où il avait puissamment contribué par son activité et son courage à remettre les provinces de l’Artois et du Luxembourg sous la domination de l’héritière de Bourgogne. L’année suivante, étant an siége de Douai, le comte fut chargé, au mois d’août, de conclure avec le roi de France une trève, qui fut prolongée jusqu’au mois de mars (1481) 4 .

La mort tragique et prématurée de Marie, duchesse de Bourgogne 5 , fut douloureusement sentie par Jacques de Savoie, auquel cette jeune princesse, prenant un dernier congé de sa famille et de ses serviteurs, adressa ces paroles touchantes: « Adieu noble porte-étendard de Bourgogne 6 , comte de Romont, qui défendîtes si vaillamment mon pays et mon honneur 7 . » Ce triste événement altéra /458/ profondément les rapports de ce prince avec l’archiduc. Les Etats et les principales villes de Flandre n’avaient obéi à Maximilien que comme époux de Marie, leur souveraine, et après sa mort les Etats généraux, qui ne voulaient reconnaître pour leur souverain que son fils aîné, Philippe-le-Beau, quoiqu’il fût encore au berceau 1 , refusèrent à l’archiduc la tutelle de son fils et le gouvernement des provinces 2 .

Les principaux seigneurs 3 et les députés des cités flamandes s’emparèrent de la régence qu’ils disaient leur appartenir, et déférèrent au comte de Romont la lieutenance-générale dans les Pays-Bas, avec le commandement supérieur des milices de Flandre 4 . Ils craignaient que si Maximilien avait la garde de ses enfants, l’administration et les deniers du pays ne tombassent entre les mains des Autrichiens 5 .

D’un autre côté, l’archiduc leva une armée principalement composée d’Allemands et de Suisses, auxquels se joignirent quelques troupes levées dans les provinces qui /459/ tenaient son parti, avec lesquelles il soutint la guerre contre les Gantois et les Wallons, pendant près de deux ans, avec des succès divers 1 . Etant à Bruxelles vers la fin de l’année 1484, Maximilien envoya son héraut, Franche-Comté, au comte de Romont, qui, alors, se trouvait campé au village de Notre-Dame, près d’Assche en Brabant, « par lequel il lui fit faire sommation de se retirer des pays qu’il retenait et de lui faire rendre monseigneur le duc, son fils 2 , en lui présentant, en cas de refus, la bataille 3 . »

Avant d’obéir à cette sommation, et de livrer à l’archiduc les places fortes confiées à sa garde par les Etats généraux, le comte de Romont voulut savoir « si ces sommations lui avaient été faites de leur propre aveu. » A cet effet, il leur dépêcha à Bruxelles, où ces Etats étaient assemblés, le roi d’armes de Flandre, avec une lettre datée du 20 décembre 1484 par laquelle il les mettait en demeure de se prononcer « entre l’archiduc et son fils Philippe, leur prince et seigneur naturel 4 . » La réponse qu’ils lui firent, en date du 22 du même mois, annonçait une défection exprimée sous la forme d’un désaveu très-offensant pour /460/ l’honneur du comte 1 , qui y répliqua le 24 en leur reprochant leurs tergiversations. Il transmit leur réponse aux princes du sang, au conseil et aux députés des trois membres de Flandre qui s’étaient séparés des Brabançons et réunis à Gand 2 .

La défection des Brabançons fut bientôt suivie de celle des Gantois eux-mêmes, qui, divisés entr’eux, sacrifièrent les principaux chefs de la résistance 3 et ouvrirent leurs portes à l’archiduc, le sept de février 1485, (n. st.) 4 .

Abandonné de la sorte par ceux qui l’avaient compromis en lui confiant le soin de leur propre défense, il ne restait au comte de Romont d’autre alternative qu’une soumission humiliante, ou une prompte retraite. Il se trouvait alors à Alost, dans la Flandre orientale, avec quelques troupes wallonnes et françaises. Il demanda passage par Gand, pour se retirer en France dans les terres que le roi Charles VIII venait de rendre à sa femme. Le passage lui fut refusé par les Gantois, qui mirent ainsi le comble à leur ingratitude envers lui 5 . Contraint de prendre une autre route, il alla rejoindre à Tournai, au commencement de juin (1485), le /461/ sire d’Esquerdes, commandant supérieur des troupes françaises dans l’Artois 1 , laissant Marie, sa jeune femme, à Bruges, prisonnière de l’archiduc 2 .

C’est ainsi que Jacques de Savoie dut quitter le service de la maison de Bourgogne, à laquelle il avait consacré les douze plus belles années de sa vie; il y était entré sous les auspices les plus brillantes, et il en recueillit beaucoup de gloire et d’honneur, mais aucun profil. De Tournai, le comte se retira au château de Ham, en Vermandois, où il fut frappé de mort subite, au bout de quelques mois, le 30 janvier 1486 (n. st.), à l’âge de moins de quarante ans 3 . Le premier février suivant, ce prince fut enseveli sans pompe dans la principale église de Ham, où sa veuve lui fit élever un mausolée en marbre, qui le représente debout, revêtu de son armure de chevalier et décoré des insignes de l’ordre de la Toison-d’Or 4 .

« Il laissait sa jeune femme enceinte de sept à huit mois, » laquelle accoucha d’une fille nommée Françoise 5 , qui ne connut point son père, dont elle fut l’unique rejeton. /462/ Françoise de Savoie épousa plus tard Henri de Nassau, second fils de Jean, comte de Nassau, auquel elle porta la seigneurie de Varneston, que sa mère lui avait donnée en dot; elle mourut vers l’an 1514 1 sans laisser d’enfants.

Pierre de Luxembourg, comte de Brienne, de Marle et de Saint-Pol, seigneur d’Enghien et de Ham, châtelain héréditaire de Lille, père de Marie, comtesse de Romont, et aïeul de Françoise de Savoie, était mort au château d’Enghien, le 26 octobre 1482 2 , sans avoir pu obtenir de Louis XI la main-levée des domaines de sa maison situés dans la Picardie et l’Artois, qui avaient appartenu au connétable de Saint-Pol, son père 3 . Ces biens ne furent restitués à ses héritiers que sous le règne du roi Charles VIII 4 . Comme époux de Marie, fille aînée de Pierre de Luxembourg, Jacques de Savoie ajouta à son titre de comte de Romont celui de comte de Saint-Pol et seigneur de Ham 5 . Le 14 janvier 1483, il fit son entrée solennelle à Lille, capitale de la Flandre wallonne, comme châtelain de cette /463/ ville, où il fut reçu avec de grands honneurs et où on lui fit de riches présents 1 .

Après sa mort, sa jeune veuve, Marie de Luxembourg, comtesse de Romont, se remaria, au château de Ham, le 8 septembre 1487, avec François de Bourbon, comte de Vendôme, auquel elle porta les immenses domaines de sa famille paternelle 2 , dont le comte de Romont, son premier mari, aurait eu la jouissance avant sa mort, si la haine que lui portait le roi Louis XI ne l’en eût privé, en les retenant arbitrairement après les avoir formellement cédés au duc Charles de Bourgogne, pour en disposer en faveur de leurs propriétaires légitimes 3 . Du mariage de Marie de Luxembourg, veuve de Jacques de Savoie, avec François de Bourbon, naquit Charles Ier, duc de Vendôme, et aïeul du roi Henri IV.


NOTES:

Note 1, page 114 : Voir Glutz-Blozheim. Hist. des Suisses. Trad. par M. Monnard, T. IX, p. 25. [retour]

Note 2, page 114 : Val. Anshelm. Chron., p. 131. [retour]

Note 3, page 114 : Lettre autographe du grand Haller, datée de Berne 29 juillet 1769, dont je dois la communication à l’obligeance de son petit-fils, M. A. de Haller, ancien officier des Cent-Suisses au service de France. (Revue Suisse, T. XII, p. 301.) [retour]

Note 4, page 114 : Revue des Deux-Bourgognes, T. IX et X. Dijon 1839. [retour]

Note 1, page 115 : Hist. de la Conféd. Suisse de J. de Müller, trad. par MM. Monnard et Vulliemin, Appendice des T. VII et VIII. [retour]

Note 2, page 115 : De Reiffenberg et Gachard, annotations à la nouvelle édition des ducs de Bourgogne, par M. de Barante. Brux. 1838. 2 vol. in-8o.
Gachard (L. P.) Documents inédits sur Charles-le-Téméraire. Bruxelles. 1842. [retour]

Note 3, page 115 : V. Rodt die Feldzüge Karls des Bühnen. Schaffhausen. 1843. 2 vol. in-8o mit Karten und Plänen. [retour]

Note 4, page 115 : J. Gasp. Zellweger; Versuch die wahren Gründen des Burgundischen Kriegs darzustellen. Archiv, für Schweizerische Geschichte. Zurich. T. V. 1847. [retour]

Note 1, page 116 : L’essai en question sert d’introduction à un ouvrage plus considérable de M. Zellweger, sur les relations diplomatiques de la Suisse avec la France, dès 1698 à 1784, dont 2 vol. ont déjà paru à Troguen. [retour]

Note 1, page 117 : Valerius Anshelm, auteur contemporain et non suspect, affirme positivement que « le duc Charles fit constamment et jusqu’à sa mort de vains efforts pour vivre en paix avec les Suisses. » (Chron, p. 123.) [retour]

Note 2, page 117 : Ce plan date déjà de l’an 1463, en quelle année les Suisses envoyèrent une ambassade au roi, à Abbeville, au sujet des foires de Genève; où ce monarque, prenant l’initiative, proposa aux Suisses « de faire avec eux de nouvelles et plus amples [alliances] que celles qui sont faites. » (Galiffe, mater. pour l’hist. de Genève, T. I, p. 268-269). [retour]

Note 3, page 117 : Valerius Anshelm. Chron. de Berne, T. I, p. 109. [retour]

Note 1, page 118 : Voir Zellweger, négociations, T. I, p. 54. [retour]

Note 2, page 118 : Commines-Langlet, pr. T. III, p. 238-245. Zellweger, archives l. c., p. 93, No VII. Sous l’an 1471. [retour]

Note 3, page 118 : Ce plan remontait déjà au règne de Philippe-le-Bon, qui cependant passait avec raison pour le grand protecteur et l’ami des Confédérés. Les archives de Bourgogne renferment un bref du pape Pie II, donné à Rome le 30 janvier 1462, où le pontife fait connaître au duc les dispositions favorables de l’empereur Frédéric III qui, outre l’investiture royale, promettait de conférer à Philippe le vicariat de l'empire sur toutes les provinces de la rive gauche du Rhin, où l’on parle la langue française (in terra Gallicanis ultra Rhenum). D. Plancher hist. de Bourgogne, T. IV, p. 299. Gollut. Col. 1199, note 2 et col. 1201). [retour]

Note 1, page 119 : Lichnowsky. Hist. de la maison de Habsbourg, T. VII. Preuves DII, No XII (d. d. 30 juillet 1473). Comp. Commines-Langlet, l. c. Supra. [retour]

Note 2, page 119 : Il nous semble que les écrivains suisses ont attaché une trop grande importance à ces plans, qui n’ajoutaient rien à la puissance réelle dont le duc Charles était en possession. D’ailleurs la guerre entre ce prince et les Suisses n’éclata qu’au mois d’octobre de l’année suivante (1474). [retour]

Note 3, page 119 : Mess. de Rodt (l. c. T. I, 273 et passim) et J. G. Zellweger (l. c. archives, p. 4), sont parfaitement d’accord avec nous sur ce point important. [retour]

Note 1, page 120 : La lettre de défi des Suisses au duc de Bourgogne, du 25 octobre 1474, porte qu’ils lui déclarent la guerre, ensuite des sommations (Gebot und Vermahnen) de l’empereur leur souverain, et comme sujets de l’empire (Em. de Rodt, l. c. T. I, p. 272). [retour]

Note 2, page 120 : Traité de Souleuvre entre la France et la Bourgogne, du 13 septembre 1475.
Traité de paix entre l’empereur et le duc de Bourgogne, daté du 17 novembre 1475 (Commines-Langlet, T. III, p. 422 et 446). [retour]

Note 1, page 121 : Voyez Commines. Libr. V, ch. VII, T. II, p. 55. Edit. Dupont. Paris 1843. [retour]

Note 2, page 121 : Voir l’Appendice D, du T. VII de l'hist. des Suisses citée plus haut, p. 392 et suiv. [retour]

Note 1, page 123 : Voir Duvernoy, relations entre le comté de Bourgogne et l’Helvétie, du XIe au XVIIe siècle (Musée de Neuchâtel, T. I). [retour]

Note 1, page 124 : Voir Zellweger, l. c., puis p. 139, No XXVII, « Des heiligen Richs Zubeglidet. » [retour]

Note 2, page 124 : A Bâle, ville alliée mais non suisse alors; à Feldkirch, ville autrichienne. [retour]

Note 1, page 125 : Zellweger, Négociations diplomatiques, T. I, p. 54-56. [retour]

Note 1, page 126 : En 1471. Voyez Guichenon, T. I, p. 554, et pr. p. 412. [retour]

Note 2, page 126 : Non le IVe comme le dit Guichenon. Voir la Chron. latine de Savoie. Hist. Patr. Monum. Script. T. I, p. 636. [retour]

Note 1, page 127 : Guichenon, hist. de Savoie, T. I, p. 526 et suiv. [retour]

Note 2, page 127 : Guichenon, l. c., T. I, p. 101. [retour]

Note 3, page 127 : Investiture du duc Amédée IX, datée de Pignerol en 1467, rappelant l’inféodation du duc Louis (Inventaire des archives de Chambéry). [retour]

Note 4, page 127 : Grenus. Documents du pays de Vaud, p. 95, No 47, [retour]

Note 1, page 128 : Guichenon. Hist. de Sav., T. II, pr. p. 404, du 13 déc. 1455. [retour]

Note 2, page 128 : Prise de possession de la baronnie de Vaud en 1456. Grenus, l. c., p. 77, No 42, n’en spécifie que quinze, auxquels il faut ajouter Estavayer, Payerne et Surpierre, acquis plus tard. [retour]

Note 3, page 128 : Guichenon. Hist. de Savoie, T. I, p. 553-555. [retour]

Note 4, page 128 : Voir les traités de Montmélian du 8 août et de Chambéry du 5 septembre 1471 (Guichenon, l. c., T. II, pr. p. 412-414). — Déclaration du comte de Romont qu’il est prêt à rendre au duc, son frère, les terres qu’il réclame comme sa part aux biens paternels, si les cantons l'exigent, ao 1471 (Acte cité par Kuenlin, Dict. du canton de Fribourg, p. 298). [retour]

Note 1, page 129 : Guichenon (supra). Kuenlin (supra). Ce dernier omet Cudrefin et les Clées. [retour]

Note 2, page 129 : Confirmation des franchises de Cudrefin, datée du 8 octobre 1471. Item de Morat, 9 octobre 1471 (Engelhard Chron. de Morat). Item de Payerne, 10 octobre 1471 (Livre de Payerne). Assignat de rentes sur la châtellenie de Montagny, en faveur des héritiers de Cl. de Pétigny, 10 novembre 1471. Le comte de Romont acquit de Fr. de Glérens le château et mandement de Surpierre, par échange contre la terre de l'Isle, démembrée de la châtellenie de Cossonay, par acte daté des Clées, du 2 juillet 1472 (Archives du château de l’Isle). Cession du comte de Romont à Ph. de Compeys, seig. de Chapelle, de son droit de rachat de la seigneurie de Grandcour, 7 janvier 1473. Gardance de Dam accordée par Jaques de Savoie, comte de Romont, à Rod, comte de Neuchâtel, de l’hommage que ce dernier lui a fait de 200 flor. de rente sur la châtellenie de Rue, 10 mars 1473. (Sigilli dei Pr. di Savoya, No 114 et 115.) [retour]

Note 3, page 129 : Cette princesse avait racheté la seigneurie de Belmont avec toutes ses dépendances en 1470, pour dix mille écus de Savoie, de Hugues de Châlons, seigneur d’Orbe, auquel cette terre avait été engagée (Invent. de Châlons, B., aux arch. du départ. du Doubs). Claude d'Arnay était son châtelain pendant la guerre de Bourgogne (1475-1476). [retour]

Note 1, page 130 : Guichenon, l. c. pr. p. 404, et Grenus l. c. p. 77, No 42, titres de 1456 et 1458. [retour]

Note 2, page 130 : Les appels des sentences du bailli de Vaud se portaient au conseil ducal de Savoie, résidant à Chambéry (Voy. Grenus, titre de 1462, p. 93, No 45). [retour]

Note 1, page 131 : Voir Grenus, Docum. du pays de Vaud, passim. [retour]

Note 2, page 131 : Les contingents des villes se complétaient au moyen de francs-archers ou volontaires, qui, moyennant certaines exemptions, se chargeaient de faire le service militaire. La ville leur fournissait le salaire et l’armement. [retour]

Note 3, page 131 : Ant. d’Avenches, chevalier, seigneur de Villarepos, cumulait les emplois de lieutenant et de trésorier-général du comte de Romont (en 1473, 14 janvier). Grenus, Docum., p. 98 et 99, No 49.) [retour]

Note 4, page 131 : Le bailli de Vaud était en même temps châtelain de Moudon. [retour]

Note 5, page 131 : L. Cibrario, Discorso delle Finanze della Monarch. di Savoia. Opusculi p. 170. [retour]

Note 1, page 132 : L’office du procureur de Vaud (procurator Vuaudi) répondait à peu près à la charge moderne de procureur du roi, et consistait à soutenir les droits du souverain. (Cibrario, l. c.) [retour]

Note 2, page 132 : Item que les villes et places de Vaud que tient de nouveau M. de Romont et dont est contention, seront remises es mains des officiers qui les tenaient auparavant pour les régir et les gouverner ... sans préjudice des droits du dit sieur de Romont (Guichenon, T. II, pr. p. 413). [retour]

Note 3, page 132 : Antoine d’Avenches, chevalier, est qualifié de locumtenentis generalis du comte de Romont (nobis absentibus) dans une charte de l'Abbaye du Lac-de-Joux du mois de juin 1467. Au mois de juillet, même année, on trouve: Jean de Genève, seigneur de Precy, qualifié de Ballivus Vuaudi (Cart. du Lac-de-Joux, p. 285 et 292). [retour]

Note 1, page 133 : Ces différentes charges sont toutes spécifiées, selon l'ordre hiérarchique, dans une charte originale du comte de Romont, datée d'Estavayer du 10 novembre 1471, donnée en présence de:
« Philibertus de Compesio, Dominus Capelle, Locumtenens (aliter armorum Locumtenens; ao 1468).
Anth. de Adventica Gubernator vaudi;
Joh. Richardi, presidens (consilii);
Guillelmus Gallier, ballivus Vaudi;
Anton. de Illens, ballivus Lausanne;
Girard, de Bruello, magister hospitii;
Petrus de Bionnens, utriusque Juris Doctor;
Formant, avec quelques chevaliers, le conseil ordinaire du prince. (Pièce originale en parchemin et scellée, en nos mains.) [retour]

Note 1, page 134 : Voir à la fin du volume les tableaux des terres médiates et immédiates du pays-romand. Litt. A et B. [retour]

Note 1, page 135 : Hugues de Châlons était vassal du duc de Savoie pour Echallens, de l’évêque de Lausanne pour Bottens, et du duc de Bourgogne pour Orbe. [retour]

Note 2, page 135 : Lettres patentes de l'empereur Frédéric III, datées du 6 février 1469, qui confirment celles des empereurs Sigismond et Wenceslas, et qui nomment le duc de Savoie conservateur des priviléges temporels de l’évêque de Lausanne (Arch. de Lausanne, répert. A, No 149.) [retour]

Note 1, page 136 : Jean Louis de Savoie, évêque de Genève, était commendataire de ces deux monastères et des domaines considérables qu’ils possédaient (Confir. des [Franchises de Beaumes du 24 juin 1473], Fréd. de Charrière, Recherches sur le couvent de Romainmotier, p. 279). [retour]

Note 2, page 136 : Ao 1448, voir Berchthold, histoire de Fribourg, T. I, p. 343. [retour]

Note 3, page 136 : Le traité d’alliance entre Berne et Fribourg, renouvelé en 1467, porte qu’il était particulièrement dirigé contre la noblesse du pays-romand (die Welsche Herren). (Ibidem, T. I, p. 360). [retour]

Note 4, page 136 : Ao 1481. (Ibid., T. I, p. 403. T. II, p. 1.) [retour]

Note 1, page 137 : Au mois de septembre 1474, le comte de Bresse, suivi de 150 lances françaises, s’était emparé d’Annecy, tandis que les Bernois surprenaient le château de Ste-Croix, au pays de Vaud (Guichenon, hist. gén pr. p. 424). [retour]

Note 2, page 137 : Voir Guichenon, hist. gén. pr. II, 424, de Rodt, l. c., T. I, p. 301 [retour]

Note 3, page 137 : Le traité de Souleuvre, daté du 13 septembre 1475. — Preuves de Commines, T. III, p. 419. [retour]

Note 1, page 138 : Ces griefs sont longuement énumérés dans les instructions données en date du 24 octobre 1475 aux députés de Berne chargés d’exposer au roi de France les raisons qu’ils croyaient avoir pour faire la guerre au comte de Romont (Voir Zellweger, archives l. c. p. 142, pièces No 39). [retour]

Note 2, page 138 : Voir le traité fait au mois de janvier 1474 entre le duc de Milan et le duc de Bourgogne (Guichenon, pr. T. II, p. 425). [retour]

Note 3, page 138 : Bonne de Savoie, fille du duc Louis, avait épousé, en 1468, Galeaz Marie Sforza, duc de Milan (Guichenon). [retour]

Note 1, page 139 : En 1473 et 1474. Voyez Gachard, appendice à l’histoire des ducs de Bourgogne, par M. de Barante, édit. de Bruxelles, 1838, T. II, p. 709. — M. Tillier, hist. de Berne, T. II, p. 351, se trompe en disant que le comte de Romont fut lieutenant-général ou gouverneur de la haute Bourgogne pour le duc; il ne fut investi de cet emploi militaire qu’après la bataille de Morat. [retour]

Note 2, page 139 : Voir de Rodt. Guerres de Bourgogne, T. I, p. 300-301. [retour]

Note 1, page 140 : De Rodt, T. I, p. 357 et suiv. [retour]

Note 2, page 140 : Olivier de La Marche, édit. Petitot, T. II, p. 395. Ph. de Commines, édit. Langlet, T. I, p. 277. [retour]

Note 1, page 143 : Lettre de Jean Louis de Savoie, évêque de Genève, à la duchesse de Savoie, du 13 septembre 1474 (Guichenon, hist. de Savoie, T. II, pr. p. 424). [retour]

Note 1, page 144 : Seconde lettre de l’évêque de Genève à la régente, du 14 septembre 1474 (Guichenon, ibidem): « Madame, on obvie quelque fois aux entreprises pour peu de chose, et qui ne le fait ... vient à tard. Si je vous supplie que y veuillez aviser. » [retour]

Note 2, page 144 : Ste-Croix, au district de Grandson, canton de Vaud, ancien bourg avec un château fort, dont les ruines subsistent et qui dominait le passage qui d’Yverdon conduit à Pontarlier, par les Fourgs. [retour]

Note 3, page 144 : Voir la lettre de l’évêque de Genève (supra) et l’ordre donné à la ville de Cossonay de réparer ses murailles et fortifications (septembre 1474). (L. de Charrière, chronique de Cossonay, p. 88.) [retour]

Note 1, page 145 : Giète ou subside levé en 1471, dans la châtellenie de Cossonay et ailleurs « ad causam armati Ill. Dom. nostri comitis Rotundimontis pro eundo ad servitium Ducis Burgundie. » (Chron. de Cossonay, l. c., p. 88, No 253) de Rodt, l. c. p. 111. [retour]

Note 2, page 145 : Philippe de Hochberg, fils du comte de Neuchâtel, avait aussi formé une troupe d’élite avec laquelle il avait passé au service du duc. [retour]

Note 3, page 145 : De Rodt. l. c., T. I, p. 111 et 229. [retour]

Note 4, page 145 : Gachard, notes sur l’histoire des ducs de Bourgogne. (l. c.) [retour]

Note 1, page 146 : Le 27 février 1474, Berne, répondant à une missive du duc Charles, niait l’alliance qui se traitait en secret contre lui avec le roi de France et protestait de ses intention pacifiques envers le duc. (Zellweger, l. c. p. 32, 33). [retour]

Note 2, page 146 : Le duc de Bourgogne, qui se trouvait alors à Dôle, venait de le rappeler auprès de sa personne. (De Rodt, l. c. I, p. 198 et 301). [retour]

Note 3, page 146 : Schilling. Chron. de Bourg, p. 221. De Rodt. T. I, p. 300. [retour]

Note 1, page 147 : Ao 1469. J. de Müller, hist. de la Conféd., trad. Monnard, T. VII, p. 119 de l’Appendice, p. 368. [retour]

Note 2, page 147 : Ces instructions, rédigées en français, ainsi que le rapport des envoyés, se trouvent dans les preuves de Commines, par Langlet, T. III, p. 347 et suiv., No 224. [retour]

Note 3, page 147 : L’Archiduc, en engageant l’Alsace au duc de Bourgogne, comptait sur lui pour faire la guerre aux Suisses. Mais le duc Charles ne s'étant pas prêté à ce projet, Sigismond se ligua avec la France et les Suisses contre le duc. (Zellweger, p. 25-26). [retour]

Note 1, page 148 : Voir la réponse de chaque Canton dans le rapport des envoyés (l. c. supra). L'Union héréditaire entre l’Autriche et les huit Cantons (du 30 mars 1474) n’était pas encore ratifiée, et l’alliance formée contre le duc de Bourgogne entre Louis XI et les Confédérés, arrêtée à la diète de Lucerne le 6 septembre 1474, ne le fut qu’en 1475. (Zellweger, l. c. p. 44, 54.) [retour]

Note 2, page 148 : La lutte entre les deux factions se prolongea pendant tout l’été de l’année 1474 et jusqu’au moment où le chevalier Adr. de Bubenberg fut exilé dans sa terre de Spietz. [retour]

Note 3, page 148 : L’Avoyer N. de Diessbach, chef du parti français, était absent, et l’assemblée fut présidée par P. Kistler et le trésorier Fränkly, partisans de la paix. (Tillier, T. II, p. 210). [retour]

Note 4, page 148 : Réponse des Bernois aux envoyés du duc. (Preuves de Commines, l. c. p. 351. De Rodt, l. c. p. 203. Zellweger, l. c., p. 33). [retour]

Note 1, page 149 : Le rapport n’était point encore parvenu au duc de Bourgogne le 2 mai, comme on le voit par une lettre de ce prince à la duchesse de Savoie, datée de Luxembourg. (Guichenon, pr. p. 399). [retour]

Note 2, page 149 : Il se trouvait à Arras, en Artois, le 26 mars 1474. (Gachard, l. c., p. 708). [retour]

Note 3, page 149 : Voir l’introduction. [retour]

Note 4, page 149 : Voir L. de Charrière. Chron. de Cossonay, p. 93. [retour]

Note 1, page 150 : Tillier, hist. de Berne, T. II, p. 216. Zellweger, l. c., p. 44. [retour]

Note 2, page 150 : Diessbach s’était rendu à cet effet auprès du roi au commencement du mois de juin, et ses relations politiques avec ce prince dataient déjà de l’année 1467. (Autobiogr. de L. de Diessbach). [retour]

Note 3, page 150 : Les envoyés français étaient arrivés à Berne le 25 août 1474, et le 6 septembre suivant ils parurent à la diète de Lucerne. (Zellweger, l. c., p. 43). [retour]

Note 4, page 150 : Ibidem, le duc faisait alors le siége de Neuss, près de Cologne, sur le Rhin. [retour]

Note 5, page 150 : Voir la lettre de Fribourg à Berne, de la fin de septembre 1474. (Anshelm, p. 128. J. de Müller, l. c., T. VII. p. 260). [retour]

Note 1, page 151 : Le duc Charles ne refusait point de rendre l’Alsace à l’archiduc, pourvu que le rachat eût lieu suivant les conditions stipulées entr’eux. (Lettre du duc de Bourgogne du 22 avril 1474. Voir Anshelm, l. c. p. 114, et Gollut, Lib. XIIe, C. 8. Col. 1242. nouvelle édition). [retour]

Note 2, page 151 : Ambassade de la régente à la diète de Berne et de Lucerne, août et septembre 1474. (Schilling, p. 130, et Zellweger, l. c. p. 44). [retour]

Note 3, page 151 : Voir J. de Müller, l. c., T. VII, C. 8, p. 263. [retour]

Note 4, page 151 : Voir Guichenon, hist. de Savoie, T. I, p. 529, et la lettre de l’évêque de Genève à la régente, du 13 septembre 1474. (Ibidem, T. II, p. 424). [retour]

Note 1, page 152 : Voir la lettre ci-dessus du 13 septembre 1474. [retour]

Note 2, page 152 : Capitaneum generalem fortaliciorum, Civitatum, villarum et francorum-archerium totius ballivatus Chablaisii et Gaii. (Lettres-Patentes du 28 novembre 1474, aux archives du château de La Sarra). [retour]

Note 3, page 152 : Castra fortalicia, civitates et villas visitandi, fortificationum munitionum, ac alia quæcumque defensionem genera ordinandi et fieri faciendi. Archerios-francos per totas Patrias Chablaisii et Gaii erigendi, erigique fieri, parati, et in promptu reduci cum effecta faciendi (Ibidem). [retour]

Note 4, page 152 : Les Lettres patentes se trouvent en original, munies du grand sceau de Savoie, aux archives de Turin et le vidimus aux archives du château de La Sarra. [retour]

Note 1, page 153 : Jacques de Gingins, chevalier, conseiller et chambellan du duc de Savoie, Amé IX, l’aîné des trois frères, possédait les seigneuries de Gingins, Divonne, St-Jean de Gonville, du Fleys, au pays de Gex. Pierre, le second, était seigneur du Châtelar et de Montreux sur Vevey. [retour]

Note 2, page 153 : Intemerata rerum belligerarum experientia, alia que virtutum ornamenta. (Lettres patentes du 28 novembre 1474, vidimus aux archives de La Sarra). [retour]

Note 3, page 153 : Viriliter coercendi arrestandi incarcerandi poenas et mulctas eis imponendi. (Ibid.) [retour]

Note 4, page 153 : Voir Grenus, fragments historiques de Genève, janvier 1475, p. 44. De Rodt, guerres de Bourgogne, T. I, p. 343. [retour]

Note 1, page 154 : Jean de Müller, l. c. T. VII, p. 261, et à l’Appendice, p. 393. [retour]

Note 2, page 154 : Lettres patentes du 20 octobre 1475, par lesquelles J. L. de Savoie, évêque de Genève, nomme Jacques de Poypon, capitaine-général de la ville de Genève, lui attribuant les mêmes pouvoirs civils et militaires que ceux donnés à Amédé de Gingins par les patentes du 28 novembre 1474. (Besson, hist. des quatre diocèses, preuves No 104, p. 472). [retour]

Note 3, page 154 : Voir la Chron. de Cossonay, par M. L. de Charrière, p. 92 à 99. [retour]

Note 4, page 154 : Neuss ou Nuys, place forte, à 8 lieues au-dessous de Cologne. Le siége de cette ville dura depuis le 29 juillet 1474 au 28 juin 1475. [retour]

Note 5, page 154 : Gollut, Liv. XII, ch. XVI, nouv. éd., fol. 1287, note 4, et 1288. [retour]

Note 1, page 155 : Parmi les griefs au moyen desquels les Bernois prétendirent plus tard justifier leurs déprédations dans le pays de Vaud, ils alléguaient que le comte de Romont s’était mis en hostilité contre les Suisses en acceptant du duc de Bourgogne le gouvernement de la Franche-Comté; ce qui était faux, ce prince étant au contraire chargé de la défense des Pays-Bas contre la France. [retour]

Note 2, page 155 : Gollut, l. c., ne porte ce nombre qu’à 5000 hommes. [retour]

Note 3, page 155 : Müller, Liv. IX, c. 6, a confondu la ville de Passavant, où se trouvait le comte de Romont, avec le château du même nom situé près de Héricourt, d’où le sire de Neuchâtel partit le 13 pour livrer bataille aux Suisses; il les rencontra entre les villages de Chenebier et de Chagey. (Voir de Rodt, l. c. T. I, p. 315, qui fait erreur en disant que le comte de Romont commandait comme lieutenant-général en Bourgogne. (Voir Gollut, supra, et la note de M. Duvernoy). [retour]

Note 1, page 156 : Tillier, hist. de Berne, T. XI, p. 225; de Rodt, l. c, T. I, p. 304. [retour]

Note 2, page 156 : Isabelle, fille de Louis, comte de Neuchâtel, fit hommage de la seigneurie de Cerlier au comte de Savoie, en 1376, comme héritière du comte Rodolphe de Nidau, son mari, tué l’année précédente. En 1406, Amédée, comte de Savoie, inféoda la terre de Cerlier à Jean de Châlons-Arlay, prince d’Orange, en échange d’autres terres, en réservant sa suzeraineté. (Steck, histoire de Neuchâtel, ms.). [retour]

Note 3, page 156 : Les Fribourgeois s’emparèrent de ces terres, sous prétexte que le sire de la Baume était caution d’une somme d’argent que leur devait le seigneur de Menthon. (Etrennes Fribourgeoises, 1806, p. 109). [retour]

Note 1, page 157 : Gollut, l. c., col. 1100. Guichenon, hist. de Bresse, partie III, p. 33. [retour]

Note 2, page 157 : Guy de la Baume, frère puiné de Guillaume, était seigneur de la Roche, ou Plafayon (Guichenon, l. c.) Jaqueline de Seissel, veuve de Jean de La Baume, frère aîné du seigneur d’Illens, était Dame de Mont-le-Grand, au pays de Vaud. (Ibid.) Quentin de La Baume, seigneur de St-Sorlin, eu Bourgogne, fut tué à la bataille de Grandson. (Ibid.) [retour]

Note 3, page 157 : V. de Rodt, hist. des comtes de Gruyère, en allemand (Geschichtforscher, T. XIII, p. 319). [retour]

Note 1, page 158 : Aux environs de Noël 1474 (N. St.) Nicolas de Diessbach, avoyer de Berne et Jost de Silinen, prévôt de Munster, en Argovie, envoyés secrètement auprès du roi Louis XI, furent arrêtés à Genève où on les prit pour des marchands revenant clandestinement de la foire de Lyon, dont la fréquentation était alors défendue aux Allemands. (Schilling, p. 242). [retour]

Note 2, page 158 : Lettre de l’évêque de Genève à la régente de Savoie du 19 janvier 1475, inédite. [retour]

Note 3, page 158 : Rapport adressé à la régente de Savoie, par J. du Pont, son secrétaire, sur le résultat de la mission du comte de Bresse et du maréchal de Savoie à Berne, daté de Lausanne, 28 janvier 1475 (Schweiz. Geschichtf. T. XII, p. 47-50). Ce rapport se complète par la dépêche de l’évêque de Genève, du 19 janvier, citée tout à l'heure. [retour]

Note 1, page 159 : Lettre de J. L. de Savoie, évêque de Genève (supra). Les conférences eurent lieu du 21 au 28 janvier 1475. [retour]

Note 2, page 159 : Schilling, 219. [retour]

Note 3, page 159 : Ibidem. La lettre adressée à l’empereur par la régente de Savoie, pour amener un accommodement entre le duc de Bourgogne et l’empire, se trouve dans Mullerus, Theatr. Comitior. Fred. III, p. V, cap. 60. [retour]

Note 4, page 159 : Dépêche d’Ant. d’Aplano, envoyé à Turin, adressée au duc de Milan, le 2 février 1475. (de Rodt, Geschichtfor., T. XII, p. 50, Le duc de Milan, Galéas-Marie, beau-frère de la régente de Savoie, et allié des Suisses, venait de conclure avec le duc de Bourgogne un traité d’alliance, daté du 30 janvier 1475 (N. S.) par lequel il s’engageait à lui fournir un corps de troupes de 400 lances garnies, soit 2400 chevaux, auxquels la régente s’était engagée à donner passage par ses Etats. Guichenon, hist. de Sav., T II, p. 425. [retour]

Note 1, page 160 : Ils arrivèrent à Berne le 24 février même année. [retour]

Note 2, page 160 : J. de Müller, l. c., T. VII, p. 297. [retour]

Note 3, page 160 : Ibidem, p. 52. [retour]

Note 4, page 160 : « Bernesi, come capi de la liga, se ne fariano le parte alloro modo. » (Ibid., p. 53). [retour]

Note 5, page 160 : Réponse faite à l'envoyé du duc de Milan par les députés suisses réunis à Berne le 4 mars. (1475). (Ibid., p. 51 et 54.) [retour]

Note 1, page 161 : « Qua sono personnagi che gli (i Bernesi) Scaldeno a male; presumitur ambassatori Regis, etc. » (Relation de Mess. Urbain de Chivron, scripta à Berna, 17 de marcio 1475, l. c. supra, p. 55 et sqq). [retour]

Note 2, page 161 : Lettre de J. Irmy, au duc de Milan, datée de Bâle 20 février 1475. (inédite). [retour]

Note 3, page 161 : « Essi domandono che vostra Signoria disfida Monsignore de Bourgogna et gli commenzati la guerra e comedati à loro potere venire cum loro gente d’arme per il vostro paese de Vaud, per andare contra Borgogna » (Ibid., p. 56-57). [retour]

Note 1, page 162 : « Havenno respondicto che la guerra di Borgogna non e contro di loro; et che le lige che sono tra la casa di Savoya e loro non rechiedano questo » (Ibidem). [retour]

Note 2, page 162 : « Se dubitanza gli hanno vuy stareti à la congnoscenza de loro Colligati: il che recusarono. » [retour]

Note 3, page 162 : « Non voleno rasone alcune ... ma piu tosto cerchiano ruptura » (Ibid., p. 57). [retour]

Note 4, page 162 : De Rodt, l. c., p. 343. Zellweger, l. c. 52. Nég. Diplom., T. I, 47. Pendant ces négociations, une bande de corps-francs, composée de Bernois et de Soleurois, s'étaient jetés dans la baronnie de Grandson et y avaient enlevé 500 pièces de bétail. (3 mars 1475). (de Rodt, l.c., p. 344). [retour]

Note 5, page 162 : Relation de Mess. Urb. de Chivron, l. c., p. 57. [retour]

Note 1, page 163 : En mars et avril 1475. Voir nos lettres sur la guerre de Bourgogne, IIe lettre, p. 166 et suiv. [retour]

Note 2, page 163 : Voir Rodt, guerres de Bourgogne, T. I, p. 358. [retour]

Note 3, page 163 : Voir p. 133. [retour]

Note 4, page 163 : Nicolas de Diessbach, chef des troupes bernoises revenant de Pontarlier, sentait la nécessité de retenir sous les armes les bandes suisses, en leur offrant l’appât d’un nouveau butin. (J. de Müller, Liv. IV, chap. VIII. De Rodt, l. c., T. I, p. 358.) [retour]

Note 1, page 164 : Chronique de Neuchâtel, T. VIII, p. 225 du Geschichtforscher. De Rodt, l. c., T. I, p. 362. Pierre de Joigne était déjà châtelain de Grandson, pour le sire de Châlons en 1456. (Manuscrits du conseil de Fribourg, ha. ann.) [retour]

Note 2, page 164 : Ibidem. Ne pas confondre Montagny-le-Corboz, village vaudois du cercle de Champvent, avec Montagny-les-Monts, chef-lieu d’un district du canton de Fribourg. Ce dernier ne fut pris par les Suisses que dans l’automne suivant. [retour]

Note 3, page 164 : Champvent appartenait aux sires de Vergy, seigneurs de Champlitte, en Bourgogne. Le château fut brûlé mais non détruit et subsiste encore. [retour]

Note 4, page 164 : Chronique de Neuchâtel, l. c. p. 226. [retour]

Note 5, page 164 : Clerc, hist. de Fr.-Comté, T. II, p. 440. [retour]

Note 1, page 165 : J. de Müller, Liv. IV, C. 8, No 190. Trad. Monnard. [retour]

Note 2, page 165 : J. de Müller, hist. des Suisses, Liv. IV, chap. VIII. Olivier, Le canton de Vaud, p. 719. Une trentaine de gentilshommes tués furent ensevelis dans le cimetière de St-Martin d’Orbe, et leur capitaine, N. de Joux, dans l’église de Ste-Claire. (Chronique de Pierrefleur, fo. 32). [retour]

Note 3, page 165 : De Rodt, l. c., p. 368. Le bourg et le château d’Echallens appartenaient, ainsi qu’Orbe et Montagny, à Hugues de Châlons, frère de Louis, seigneur de Grandson; mais Orbe était un fief mouvant du duc de Bourgogne, tandis que les deux autres terres relevaient du duc de Savoie, souverain du pays de Vaud. [retour]

Note 4, page 165 : Jougne appartenait alors à Louis de Châlons, sire de Château-Guyon (Chron. de Neuchâtel, l. c., p. 231-232. De Rodt, l. c., 370). [retour]

Note 1, page 166 : Chron. de Neuchâtel, l. c., p. 233. « Plus par doubte (crainte) que aultrement leur fût présenté vivres et toutes choses nécessaires. » [retour]

Note 2, page 166 : Vers la St-Michel, 1475. Manuaux du conseil de Fribourg, fo. 141. [retour]

Note 3, page 166 : « Disant que ma dite Dame (la duchesse de Savoie) était contente d’estre en droit par devant Messieurs de Fribourg » (Ibidem). Ceci prouve que les droits de la maison de Savoie n’avaient pas été réservés par les Suisses, comme le prétendent J. de Müller, (Lib. IV, C. VIII, No 151) et de Rodt (l. c., p. 263). [retour]

Note 4, page 166 : On en trouve maintes preuves dans les allées et venues des envoyés des bonnes villes à Moudon pour savoir « quo modo erat agendum contra Bernenses, » ou « quia spectatum fuerunt bernenses. » (Reg. de Cossonay, publiés par M. L. de Charrière, Chron. de Cossonay, p. 97). [retour]

Note 1, page 167 : Les commissaires Bernois et Fribourgeois avaient autorisé la garnison de Jougne à user de cet expédient violent pour s’approvisionner (de Rodt, l. c., T. I, p. 506), et la soldatesque des autres places occupées par les Allemands ne se sera pas fait faute de suivre cet exemple vexatoire. [retour]

Note 2, page 167 : Berne et Fribourg étaient alors des villes commerçantes, qui entretenaient des relations suivies d’un côté avec l’Allemagne et de l’autre avec Genève et Lyon. (voyez Tillier, hist. de Berne, T. I, p. 349, et Berthold, hist. de Fribourg, T. I, p. 256 et suiv). [retour]

Note 3, page 167 : De Rodt, l. c., p. 509. [retour]

Note 4, page 167 : J. de Müller, Liv. IV, C. 8, p. 321. De Rodt, l. c., p. 507, 510. Loin d’encourager les actes de représailles, les officiers de la maison de Savoie les punissaient sévèrement; quelques-uns des coupables furent même roués vifs. (Schilling, p. 223). [retour]

Note 1, page 168 : Depuis que les défilés de Ste-Croix et de Jougne étaient occupés par les Suisses, les troupes italiennes passaient par St-Cergues, ou par Genève et le pays de Gex. (De Rodt, l. c., p. 443). [retour]

Note 2, page 168 : De Rodt, l. c., p. 497. Zellweger, l. c., pièces No 29, p. 145. [retour]

Note 3, page 168 : De Charrière, Chron. de Cossonay, p. 92 (sept. 1475) « à cause du temps duvieux (critique), qui estoit au pays. » Voir aussi aux pages suivantes du même ouvrage le compte de J. Rosset et J. Gervais, Syndics. [retour]

Note 4, page 168 : Ce traité est daté de Souleuvre, dans le Luxembourg, du 13 septembre 1475. Commines Langlet, T. III, p. 409 et suiv. J. de Müller (trad. par Monnard), T. VII, p. 302 et l’Appendice, 401. [retour]

Note 1, page 169 : Les articles secrets de ce traité, datés de Soissons du même jour (l. c., p. 419), n’étaient stipulés que dans la prévision où les Suisses persisteraient seuls à faire la guerre pour leur propre compte; ce qu’ils firent en effet, au lieu de se tenir sur la défensive. [retour]

Note 2, page 169 : La paix entre l’empereur et le duc de Bourgogne avait été signée devant Neuss déjà le 17 juin. (J. de Müller, T. VII, p. 301). [retour]

Note 3, page 169 : Missive secrète de Burcard-Stör, de Berne, adressée au chancelier du duc de Milan, Cicho, à la fin de septembre (1475?). « Dux Burgundie totis connatibus querre pacem cum Dominis confederatoribus; peciit eis dominis Bernensibus sibi dari Salvum conductum ad oppidum Nuwemburg de tractanda pace, » etc. Pro quo reponso dando, feria quinta proxima (Die Jovis ante Michaelem (29 septembre) celebrabitur Dièta in Lutzern (Ibidem). [retour]

Note 1, page 170 : On ignore le résultat des ouvertures conciliantes faites par le duc Charles, qui furent sans doute tenues fort secrètes par les chefs du parti dominant, puisque les historiens suisses ne font aucune mention de ces ouvertures, excepté, peut-être, Val. Anshelm, T. I, p. 123. [retour]

Note 2, page 170 : De Rodt, T. I, p. 300-301. [retour]

Note 3, page 170 : Berne fut avisée de la trève faite à Souleuvre par une lettre de la ville de Fribourg, en date du 9 octobre. (Voir de Rodt, l. c., T. I, p. 572). [retour]

Note 4, page 170 : Malheureusement pour la patrie de Vaud, cette communication officielle n’eut lieu que le six novembre. (Zellweger, l. c., p. 62). [retour]

Note 5, page 170 : Chronica Latina Sabaudie. (in Mon. Hist. patr. Scriptor, T. I, Col. 653). [retour]

Note 1, page 171 : Lettre de Berne à Lucerne du 12 octobre (Zellweger, l. c., p. 61, et pièces No 29, p. 144). [retour]

Note 2, page 171 : Message de Berne à Fribourg, du vendredi avant St-Gall (13 octobre). (Manuaux du conseil de Fribourg, p. 144). [retour]

Note 3, page 171 : Schilling, p. 224. J. de Müller (trad. fr.), T. VII, p. 324. [retour]

Note 4, page 171 : Les milices de la baronnie de Cossonay eurent ordre de se trouver à Lausanne le 16 octobre, pour être passées en revue par le prince. (Chron. de Cossonay, l. c., p. 99). [retour]

Note 1, page 172 : Ces griefs sont exposés dans les instructions données par les Bernois aux envoyés qu’ils députèrent vers le roi Louis XI, en date du 24 octobre 1474. (Voir Zellweger, arch., etc., l. c., preuves No XXIX, p. 142-145). [retour]

Note 1, page 173 : De Rodt, Guerres du duc Charles-le-Hardi, T. I, p. 509-510). [retour]

Note 2, page 173 : Registres manuaux du conseil de Fribourg, du 24 janvier 1475. (De Rodt, l. c., p. 510). Hugues de Gallera fut l’un des gentilshommes faits prisonniers par les Suisses au château des Clées, et que ceux-ci firent exécuter par la main du bourreau, le 23 octobre 1475. (Voir L. de Charrière, hist. des sires de Cossonay, p. 148). [retour]

Note 3, page 173 : Le même qui fut fait prisonnier par les Suisses à l’assaut du château des Clées, qu’il avait héroïquement défendu; contrairement à toutes les lois de l’humanité et de la guerre, Pierre de Cossonay fut exécuté le lendemain (23-24 octobre) à Orbe, par un allemand, son propre valet, qui fit l’office de bourreau. (L. de Charrière, sires de Cossonay, p. 148). [retour]

Note 1, page 174 : Les nommés Reydet, Chaliet, Dampam, Reverdy, Pidier, du Chant, et le forgeron de Cully. (de Rodt, l. c., p. 507). [retour]

Note 2, page 174 : Schilling, dont le témoignage, à cet égard, n’est pas suspect, affirme qu’ils furent écartelés (Ein theil wurden gevierteilt), p. 223. [retour]

Note 3, page 174 : Voir les instructions de Berne du 24 octobre 1475 (supra). Quant à ce dernier point, le reproche était mal fondé: M. de Barante (duc de Bourgogne, T. II, Liv. VI, p. 466, éd. de Bruxelles, 1838), dit que le comte de Romont remplaça le comte de Roussi, dans le gouvernement militaire du duché de Bourgogne; tandis que Gollut, Liv. XII, ch. 18 (col. 1295, édit. in-8°) affirme, au contraire, que Henri de Neuchâtel, seigneur de Blamont, reçut du duc Charles le commandement des troupes dans les deux Bourgognes, après la trève de Souleuvre (septembre 1475). On a vu plus haut que le comte de Romont était lieutenant-général pour le duc dans les Pays-Bas. (voir p. 144). [retour]

Note 1, page 175 : Voir de Rodt, l. c., T. I, p. 443 et 497. Antoine, dit le Grand Bâtard de Bourgogne, était fils naturel du duc Philippe-le-Bon. Au mois de mars 1475, le duc Charles l’avait envoyé dans le royaume de Naples pour y recruter des troupes. Il en revint au mois de juillet suivant ramenant 3 à 400 hommes d’armes. (Ibidem). [retour]

Note 2, page 175 : Besson, hist. des quatre évêchés, p. 52. [retour]

Note 3, page 175 : Cerlier, Grandson, Orbe, etc., octobre 1474 et mai 1475. [retour]

Note 4, page 175 : Illens et Arconcié, Champvent et la Motte, Montagny, Echallens, Aigle et les quatre mandements. (Voir J. de Müller, T. VII). [retour]

Note 1, page 176 : De là la défense de leur fournir des vivres, reprochée au comte de Romont. (de Rodt, l. c., T. I, p. 498). [retour]

Note 2, page 176 : Voir ses matériaux pour l’histoire de Genève, par M. Galiffe, T. I, p. 236-240; 252 et 380, où le savant auteur à réuni tout ce qui concerne l’histoire des foires de Genève. [retour]

Note 3, page 176 : Pièce, sans date, dans Galiffe, l. c., p. 256-380. [retour]

Note 1, page 177 : Ibidem, p. 284. Schilling, p. 243. Grenus, fragments hist., p. 42. [retour]

Note 2, page 177 : Voir Galiffe, matériaux, T. I, p. 230, qui rectifie les récits de Bonnivard et de Spon, [retour]

Note 3, page 177 : L’édit du roi Louis XI est daté du 25 octobre 1462. [retour]

Note 4, page 177 : Relation des ambassadeurs des Cantons Suisses envoyés au roi de France à Abbeville, du 19 novembre 1463, dans Galiffe, matériaux, T. I, p. 253. [retour]

Note 1, page 178 : Voir la relation ci-dessus, p. 270, et le rescrit du roi du 25 février 1466 (v. St.) Galiffe, matériaux, p. 283 et suiv. [retour]

Note 2, page 178 : Jean Saugy, l’un des quatre Syndics de Genève, avait tenu, en présence des gens du roi (en 1462), des propos offensants contre ce monarque, qui ne pardonna jamais cette injure aux Genevois, non plus qu’à l’évêque de Genève, Jean Louis de Savoie, protecteur du Syndic Saugy. (Ibidem, p. 371). [retour]

Note 3, page 178 : Les députés suisses envoyés au roi à Abbeville, en 1463, furent: Messires Henri Schwend, chevalier, de Zurich; Henri de Ringoldingen et Petermann de Wabern, de Berne; Jean de Praroman et Jacques Cudrefin, de Fribourg; Nicolas de Wengen, de Soleure; Henri de Hunwil, de Lucerne, et Conrad Kupferschmidt, de Schwytz. (Galiffe, matériaux, T. I, p. 253). [retour]

Note 1, page 179 : Voir Zellweger, Relation diplomat., T. I, p. 18. Les lettres du roi portent la date du dimanche 27 novembre, c’est-à-dire du jour où les députés suisses eurent leur audience de congé. (Mater., l. c., p. 266). [retour]

Note 2, page 179 : Le traité se trouve dans Tschudi, T. II, p. 650. [retour]

Note 3, page 179 : Cette relation, publiée en 1829, par M. Galiffe, paraît avoir échappé à l'attention de nos historiens Suisses. Elle prouve jusqu’à l’évidence que l'initiative ou la pensée première des traités faits avec Louis XI appartient au roi et non aux Suisses, comme le suppose mon vénérable et savant ami, M. J. G. Zellweger. (archives, l. c., p. 9, et Relations diplom., T. I, p. 18). [retour]

Note 4, page 179 : Voir cet édit dans les matériaux de M. Galiffe, T. I, p. 281. [retour]

Note 1, page 180 : Voir Galiffe, ibidem, p. 228. [retour]

Note 2, page 180 : Patentes du duc Amédée I de Savoie, datées du 12 octobre 1467. (Collect. diplom. de Haller, T. III, p. 44, à la bibliothèque de Berne. Tillier, hist. de Berne, T. II, p. 155.) [retour]

Note 3, page 180 : Ces défenses subsistaient encore en 1485, où elles furent renouvelées au 31 octobre 1485 (Voir Grenus, fragm. hist., p. 60-61: « Défense que personne n’aille aux foires de Lyon, jusqu'après la tenue de celles de Genève. » 11 août 1486. « Espions envoyés à Lyon, pour marquer les noms de ceux qui y iront, afin que ceux qui transgresseront les défenses touchant les foires puissent être punis. » [retour]

Note 1, page 181 : Voyez registres du conseil de Genève, 30 janvier 1475. (Grenus, fragm. hist., T. I, p. 44). [retour]

Note 2, page 181 : Voyez Grenus, l. c., p. 61. Schilling, p. 242. [retour]

Note 3, page 181 : Schilling, p. 223. Olivier de la Marche, T. II, p. 395. Comines, T. I, p. 277. De Barante, duc de Bourgogne, Liv. VI, p. 496. [retour]

Note 4, page 181 : Le comte de Romont se trouvait, dit-on, à Morges, lorsque cette confiscation eut lieu; De Rodt, T. I, p. 509; mais il paraît que ce prince ne fit qu’une courte apparition dans le pays de Vaud et retourna ensuite en Bourgogne. Les uns disent que ces marchandises consistaient en peaux de moutons, d’autres en peaux de chêvres. [retour]

Note 1, page 182 : Schilling, p. 223. De Rodt, l. c., T. I, p. 509, et Zellweger, l. c., p. 60, et aux preuves p. 144, où ces faits sont indiqués à la date des 8 et 10 octobre même année. [retour]

Note 2, page 182 : Ibidem. [retour]

Note 3, page 182 : Fribourg écrivit à ce sujet à la ville impériale de Nuremberg. (voyez de Rodt, l. c., T. I, p. 509. [retour]

Note 4, page 182 : Ao 1485. Le duc de Savoie renouvela la défense d'aller aux foires de Lyon avant la tenue de celles de Genève. Commissaires envoyés à cet effet à St-Cergues, aux Clées et ailleurs, pour exécuter les défenses par tous les pays de Savoie. (Grenus, fragm., p. 60) [retour]

Note 5, page 182 : Quand la lettre de Berne, du 24 octobre, parvint au roi Louis XI, l’invasion du pays de Vaud était déjà un fait accompli. [retour]

Note 6, page 182 : Députation envoyée de Berne à Fribourg, 29 septembre et 13 octobre 1475, pour déclarer à cette dernière ville « que la première a résolu de prendre les armes contre le comte de Romont, mais d'épargner en même temps les domaines immédiats du duc de Savoie. » (Manuaux de Frib., De Rodt, l. c., T. I, p. 511). [retour]

Note 1, page 183 : Missive du Conseil de Fribourg adressée à la régente de Savoie le vendredi après la St-Gall (13 octobre 1475). (Ibidem, p. 152.) [retour]

Note 2, page 183 : Ces scrupules se réveillèrent à Morges, lorsque les Bernois, ivres de succès, proposèrent à Raoul de Wuippens, qui commandait les Fribourgeois, de « marcher sur Genève . » (Manuaux du Conseil de Fribourg, 26 et 27 octobre 1475. De Rodt, l. c., T. I, p. 546). Ce que Berne aurait exécuté si les députés de Genève ne s’étaient pas hâtés de détourner ce fléau prêt à tomber sur eux au moyen d'une forte rançon. (Voir Grenus, fragm. hist., au 19 et 27 décembre 1475, p. 47). [retour]

Note 3, page 183 : Schilling, p. 226. [retour]

Note 4, page 183 : De Rodt, l. c., T. I, p. 520. [retour]

Note 1, page 184 : Voir Engelhard, chronique de Morat, p. 51. « La discorde fut si grande dans leur ville qu’on ne savait de quel parti il y en avait le plus. » (Chronique de Neuchâtel), Geschichtforscher, T. VIII, p. 238. [retour]

Note 2, page 184 : Chronique de Neuchâtel, l. c., p. 239. Le bourgmestre Richard Rossel, voulant suivre le noble exemple du gouverneur, tomba mort de douleur et de saisissement. [retour]

Note 3, page 184 : Le siége de Lausanne avait alors (1472-1476) pour évêque titulaire le cardinal Jullien de la Rovère, et pour vicaire et administrateur général Burcard Stoer, prieur d’Amsoldingen, créature des Bernois; ce qui explique pourquoi les villes et les terres de l’évêché restèrent sans défense pendant cette invasion. (Ruchat, hist. ecclés., p. 85. De Rodt, l. c., T. I, p. 300-552). [retour]

Note 1, page 185 : Chronique de Neuchâtel, l. c., p. 242. De Rodt, l. c., T.I, p. 524. [retour]

Note 2, page 185 : Cudrefin, Grandcour, Cugy, Montagny-les-Monts, Font, Bioley-Magnoud, St-Martin-le-Chêne, la Tour de La Molière, Romont, Rue, Attalens, Surpierre. (Schilling, p. 246. De Rodt, T. I, p. 532). [retour]

Note 3, page 185 : Chronique de Neuchâtel, l. c., p. 244, 253. De Rodt, l. c., T. I, p. 526-537. Les atrocités dont les Confédérés se souillèrent à Estavayer et le pillage de cette ville, alors florissant par son commerce et son industrie, peuvent être attribués en partie à la jalousie des Fribourgeois, qui enlevèrent et transportèrent à Fribourg tous les métiers à tisser et toutes les marchandises qui faisaient la richesse de cet endroit. (Berchtold, histoire de Fribourg, T. I, p. 372-374). [retour]

Note 1, page 186 : De Rodt, T. I, p. 509-532. [retour]

Note 2, page 186 : Ibidem, 532. Chronique de Neuchâtel, p. 249. Humbert de Glana, vidomme de Moudon, paraît avoir eu la principale part à cette démarche prudente, dont Berne le récompensa quelques jours plus tard. (Voir ci-après). [retour]

Note 3, page 186 : Schilling, p. 247. De Rodt, l. c., T. I, p. 533. [retour]

Note 4, page 186 : Chronique de Neuchâtel, l. c., p. 251. [retour]

Note 1, page 187 : Ibidem, p. 153. Belmont appartenait au douaire de la régente de Savoie. Jaques de Gléresse, seigneur de Bavois, était bourgeois de Berne; ces deux châteaux furent épargnés. Mais Cheseaux, propriété du sire de La Sarra, fut pillé et brûlé. [retour]

Note 2, page 187 : Voir Schilling, 235-239. Chronique de Neuchâtel, p. 253-254. De Charrière, les sires de Cossonay, p. 146-149. La garnison des Clées comptait environ 150 hommes, dont il n’en échappa que 31. Les assiégeants étaient au nombre de 1000, choisis parmi les plus braves. Les Suisses ne perdirent que quatre tués et une soixantaine de blessés. [retour]

Note 3, page 187 : Savoir la terre d'Arêches, des fiefs et des rentes à Salins, provenant du chef de sa mère Isabelle, fille d'Ottonin de Salins La Tour. (Guillaume, histoire des sires de Salins, T. II, 2me partie, p. 50. Duvernoy, Esquisses, etc. Musée de Neuchâtel, p. 72, 76, no 39). [retour]

Note 1, page 188 : Lettres patentes de l’archiduc Maximilien, datées de Bruges, 23 mai 1479, en faveur de Jacques de La Sarra, chevalier, son chambellan, lui confirmant une pension de six cents livres que lui avait donné le feu duc Charles de Bourgogne, en récompense de ses services, (arch. du château de La Sarra). [retour]

Note 2, page 188 : Guichenon, hist. de Bugey, p. 238. M. de Rodt, T. I, p. 542 et 557, et ses devanciers ont confondu les deux frères, Nicod et Jacques, et font une erreur en disant que ce dernier n’avait « aucun devoir de vassalité » à remplir auprès du duc de Bourgogne. [retour]

Note 3, page 188 : Schilling, p. 239. [retour]

Note 4, page 188 : Jeanne de la Sarra, fille de Guillaume, était la seconde femme du célèbre Adrien de Bubenberg, avoyer de Berne. (De Rodt, Twingherrenstreit, p. 280. Chronique de Neuchâtel, p. 230.) [retour]

Note 5, page 188 : On lui imputa plus tard, comme un nouveau grief, cette absence même, que justifiait son âge avancé; il mourut en 1477. (Arch. de La Sarra et de Rodt, l. c., p. 557). [retour]

Note 1, page 189 : Schilling, p. 239. Les châteaux de Cheseaux, et de Bossonens, appartenants, le premier à messire Nicod de La Sarra, chevalier, fils aîné de Guillaume et le second, à messire Anselme, frère puîné de ce dernier, venaient d’être pillés et incendiés par les Fribourgeois et leurs alliés. [retour]

Note 2, page 189 : Schilling, p. 240. L. de Charrière, chronique de Cossonay, p. 101. L’exemple des autres villes du pays et la vue des flammes s’élevant en tourbillons du donjon de La Sarra explique la prompte soumission de cette petite ville. [retour]

Note 3, page 189 : Chronique de Neuchâtel, p. 253. Louis était fils aîné du comte François de Gruyères, maréchal de Savoie, décédé depuis quelques mois. (De Rodt, hist. des comtes de Gruyères [en allemand], p. 327). [retour]

Note 1, page 190 : Schilling, p. 241. La Chronique de Neuchâtel, p. 255, évalue la garnison de Morges à 12 ou 1300 hommes; ce qui paraît plus conforme à la vérité. De Rodt, l. c., T. I, p. 545. [retour]

Note 2, page 190 : Lettre de Berne à Strasbourg, datée du 29 octobre 1475, citée par J. de Müller, (l. c., p. 345, No 438). [retour]

Note 3, page 190 : Chronique de Neuchâtel, p. 255. Schilling, p. 241. [retour]

Note 1, page 191 : Chronique de Neuchâtel, p. 256. [retour]

Note 2, page 191 : De Rodt, l. c., guerres de Bourgogne, T. I, p. 545-552. [retour]

Note 3, page 191 : De Rodt, l. c., p. 552. La cité de Lausanne avait déjà envoyé une députation à l’armée bernoise, pendant qu’elle était encore à Orbe (Ibidem, p. 543). Le marc d'argent de huit onces comprenait sept florins du Rhin, dont chacun valait deux florins de Savoie; sept mille florins du Rhin faisaient ainsi 1000 marcs d’argent qui, à 50 fr. le marc, formaient une valeur intrinsèque de cinquante mille francs, argent de France. [retour]

Note 4, page 191 : Voir plus haut, et de Rodt, l. c., p. 552. Le prieur d’Amsoldingen, Burcard Stoer, venait d’être remplacé dans l’administration de l’évêché de Lausanne par Dominique de Borceriis, évêque de Sagone (Ruchat). L’année suivante, Berne fit donner à son protégé B. Stoer le prieuré de Lutry, qu’il abandonna en 1476 à Philippe de Compeys, et fut, par contre, pourvu du canonicat de St-Pierre, dans le chapitre de Lausanne (de Rodt, l. c., qui cite les manuscrits de Ruchat, intitulés: hist. des troubles de l’évêché de Lausanne, à la bibliothèque de Berne). [retour]

Note 1, page 192 : De Rodt, l. c., p. 551-552). [retour]

Note 2, page 192 : Ibidem. [retour]

Note 3, page 192 : Schilling, p. 246. De Rodt, l. c., p. 554. [retour]

Note 4, page 192 : Le souvenir néfaste de la prise d’Estavayer (17 octobre 1475) et des massacres commis de sang-froid par les troupes de Berne et de Fribourg, s'est perpétué dans les traditions populaires du pays, sous le nom de: « La male journée de Stavey » (Girard, manuscrit cité par de Rodt, T. I, p. 530). [retour]

Note 1, page 193 : Voyez les Chroniques de Cossonay, par L. de Charrière, p. 92 à 99. Trois cents hommes de Nyon avaient été envoyés à Estavayer « avec force artillerie et munitions ». (Chronique de Neuchâtel, p. 243). Les registres municipaux des bonnes villes du pays renferment de nombreux indices des préparatifs de défense faits dès le commencement de cette année. [retour]

Note 2, page 193 : On a vu que la nouvelle de la trève conclue à Souleuvre, le 13 septembre 1475 était répandue à Fribourg dès le 9 octobre suiv. [retour]

Note 3, page 193 : À Grandson, à Orbe, il n’y avait que 3 ou 400 hommes; à Estavayer, 13 à 1400; aux Clées, 150 à 200; à Morges, 12 à 1300; à Yverdun, 300. [retour]

Note 1, page 194 : Les députés de Berne envoyés à Fribourg le vendredi avant la St-Gall (13 octobre 1475) pour annoncer la résolution prise de faire la guerre au comte de Romont, déclarèrent que l'armée bernoise prête à entrer en campagne s’élevait à 10 mille hommes, (Manuel du Conseil de Fribourg, p. 144). Ce nombre s'éleva à 15 mille au moins par l’adjonction successive des bannières de Fribourg, Soleure, Bienne, Neuchâtel, Lucerne, Zurich et des petits cantons. [retour]

Note 2, page 194 : Voyez les lettres adressées par Berne à ses milices en campagne, datées du 21 octobre (de Rodt, l. c., p. 531, et des 25 et 27 du même mois, 1475 (Jean de Müller, l. c., T. VII, p. 331, No 337). D’un côté Berne y blâme sévèrement les sacrilèges commis sur les objets du culte et la personne des prêtres; tandis que de l'autre elle ordonne de raser les murs des villes et des châteaux et de ne point épargner ceux de La Sarra et des Clées, dont on prétendait avoir à se plaindre. (Tillier, histoire de Berne, T. II, p. 256). [retour]

Note 3, page 194 : Ordre donné à la ville de Cossonay d’envoyer son contingent à Lausanne le 16 octobre, pour y être passé en revue par le comte de Romont. (Chronique de Cossonay, l. c., p. 99). [retour]

Note 1, page 195 : Le 13-17 octobre 1475, l’évêque de Genève demanda à la ville 1500 hommes pour aller au secours de M. le comte de Romont, son frère; on lui en accorda 600. (Grenus, fragments historiques, p. 46). [retour]

Note 2, page 195: Au mois d’août le comte de Bresse avait demandé aux Bernois de lui envoyer 400 hommes d’armes pour culbuter le gouvernement de la régente. (de Rodt, l. c., p. 498). [retour]

Note 3, page 195 : C’est sans fondement que les Suisses reprochaient au comte de Romont d’avoir accepté du duc Charles le gouvernement militaire de la Franche-Comté [Ober Burgund] (voir les instructions de Berne à ses envoyés, du 24 octobre 1475. Zellweger, l. c., p. 144, No XXIX). Le comte de Roussi, maréchal de Bourgogne, ayant été fait prisonnier par les Français à Guipy, le 20 juin 1475, fut provisoirement remplacé par Henry de Neuchâtel, seigneur d’Héricourt et de Blamont, et ensuite par le Grand-Bâtard. Ce n’est qu’après la mort du comte de Roussi, arrivée au commencement de l’année 1476, que le comte de Romont fut pourvu de la charge de maréchal de Bourgogne. (Comptes de Jean de Vurry, dans les mémoires de France et de Bourgogne, par De La Barre. Paris 1729. Seconde partie, p. 261-271). [retour]

Note 1, page 196 : Schilling, p. 223. De Rodt, l. c., T. I, p. 508-510 et 561. [retour]

Note 2, page 196 : Le 17 octobre, la ville de Genève accorda à l'évêque J. L. de Savoie 600 hommes pour aller au secours de M. de Romont, son frère. (Grenus, fragm. hist., p. 46.) [retour]

Note 3, page 196 : Ce plan est attribué aux deux seigneurs bourguignons que l’on vient de nommer dans l'instruction de Berne à ses députés en France, du 24 octobre 1475. (Zellweger, l. c., p. 144.) Les Allemands évacuèrent Jougne vers le même temps, après y avoir mis le feu. (Schilling, p. 240.) [retour]

Note 4, page 196 : Suivant Schilling, p. 241, le comte de Romont se trouvait encore à Morges le 25 octobre, lorsque les Suisses quittèrent Cossonay pour marcher contre lui. Une dépêche de Berne à Strasbourg, du 29 octobre, indique qu’il ne s’y trouva plus le 27, lorsque Morges se rendit aux Allemands. (J. de Müller, l. c., p. 345.) [retour]

Note 1, page 197 : Louis, comte de Gruyères, partisan des Bernois, leur avait ouvert les portes de son château d'Aubonne. (Chron. de Neuchâtel, p. 255.) [retour]

Note 2, page 197: Philippe de Savoie, comte de Bresse, trahissant sa propre famille, informait secrètement les Allemands de tous les mouvements qui se faisaient en Savoie et dans le pays de Vaud. (Voir J. de Müller, l. c., T. VII, p. 345.) Il entretenait des troupes françaises que le roi lui avait données. (Lettre de l’évêque de Genève, dans Guichenon.) [retour]

Note 3, page 197 : Schilling, p. 247. Chron. de Fribourg, et les manuscrits de Girard cités par M. de Rodt, l. c., p. 551. [retour]

Note 1, page 198 : Bonivard, Chron. de Genève, T. II, p. 66.) [retour]

Note 2, page 198 : Schilling, p. 242. Berne à Strasbourg, 29 octobre. Il paraît que l’avoyer N. de Diessbach, et Jost de Silinen, prévôt de Münster, revenant de Lyon (vers Noël 1474) et passant à Genève incognito, y furent arrêtés comme suspects et renvoyés « d'une autorité à l’autre, » avant qu’ils se fissent connaître pour ce qu’ils étaient; inde ira. Au reste, Genève avait déjà consenti à payer 12,000 florins pour ce prétendu méfait. (Voir plus haut.) [retour]

Note 3, page 198 : Schilling, p. 242. J. de Müller, l. c., T. VII, p. 342, qui cite les preuves. [retour]

Note 4, page 198 : Schilling, p. 243, qui dit 26,000 florins du Rhin; (à 2 florins de Savoie chacun.) Mais les registres de Genève et la Chronique de Bonivard (Genève, ao 1831, T. II, p. 66), que nous suivons, portent cette contribution à 28,000 écus, ou un quart de moins. [retour]

Note 1, page 199 : De Rodt, Guerres de Bourgogne, T. I, p. 560. [retour]

Note 2, page 199 : Les différentes expéditions des Confédérés dans l’Alsace et la Franche-Comté avaient eu lieu au bénéfice de l’archiduc, de l’empereur et du roi de France. Mais ce fut de leur propre mouvement, à leur profit, que les Bernois envahirent le pays de Vaud. [retour]

Note 3, page 199 : Patente du 14 novembre 1475. Elle est motivée sur les services rendus par cet officier aux Bernois et aux Fribourgeois et les pertes qu'il vient d’éprouver par la guerre; on lui avait brûlé son château de Cugy. (De Rodt, l. c., p. 555.) [retour]

Note 4, page 199 : Val. Anshelm, Chron. de Berne, T. I, p. 137. Il fut installé à Lausanne, où il fixa sa résidence, par deux députés de Fribourg, P. Faucigny et W. d’Affry, accompagnés d’une douzaine de gendarmes fribourgeois. (Ibidem, p. 558.) [retour]

Note 1, page 200 : M. de Rodt (l. c., p. 556 et 558) auquel nous empruntons ces renseignements, inconnus jusqu’ici, cite à l’appui les mélanges historiques du P. Girard (manuscrit à la bibliothèque publique de Berne), qui avait puisé dans les archives de la ville de Fribourg; ainsi que ses propres extraits de divers documents des archives de Berne. Ces renseignements précieux sont une nouvelle preuve des études scrupuleuses et de l’impartialité de ce savant historien Bernois. [retour]

Note 2, page 200 : C'est le même Humbert Cerjat, seigneur de Combremont, bailli de Vaud (1473-1474), que nous avons vu figurer dans plusieurs ambassades envoyées aux Suisses par la régente. [retour]

Note 3, page 200 : L’opinion que Berne exprimait ici sur l’origine des états et des franchises du canton de Vaud est digne d'attention. [retour]

Note 1, page 201 : Notamment à celles de Moudon et de Payerne. (Voir la Chronique de Neuchâtel, p. 242-249.) [retour]

Note 2, page 201 : Voyez De Rodt, l. c., T. I, p. 556. [retour]

Note 3, page 201 : Cet évêque de Sagone (inpartibus), coadjuteur ou vicaire général de l'évêché de Lausanne, pour le cardinal Julien (depuis pape Jules II), est appelé par Ruchat (histoire ecclésiastique) Dominique de Borceriis, et par de Rodt (l. c.), Robert de Neschel. [retour]

Note 4, page 201 : De Rodt, l. c., p. 556. [retour]

Note 1, page 202 : Voir Ruchat, hist. ecclés., et de Rodt, l. c., p. 552-555. Ce n’est pas comme seigneur de Lausanne, mais comme seigneur de la baronnie de Vaud, partie du diocèse de Lausanne, que le comte de Romont refusait de reconnaître ce vicaire intrus, créature des Bernois, que le chapitre repoussait également. [retour]

Note 2, page 202 : De Rodt, l. c., p. 557. On doit se rappeler que la maison de Savoie possédait le « vicariat impérial, » dans le diocèse de Lausanne et dans les terres de l’évêché. [retour]

Note 3, page 202 : Le séquestre mis sur la baronnie de La Sarra fut maintenu par les Bernois jusqu’au traité de Fribourg (25 juillet 1476), qui restitua le pays de Vaud à la maison de Savoie, car le 7 juin de la même année, messire Nicod de la Sarra sollicita et obtint un sauf-conduit pour se rendre à Fribourg, dans un délai de trois mois, afin de s’accommoder avec cette ville. (Girard, manuscrit à la bibliothèque de Berne.) [retour]

Note 1, page 203 : De Rodt, l. c., p. 558. De même à Yverdun, où les Suisses avaient concentré les troupes et les armes retirées de Jougne, des Clées et d'Orbe, que les Allemands évacuèrent au mois de novembre, après avoir mis le feu à ces châteaux. (Ibidem, p. 561.) [retour]

Note 2, page 203 : De Rodt, l. c., qui cite les manuscrits du P. Girard. [retour]

Note 3, page 203 : Berne ayant appris que le receveur du péage de Nyon, retiré à Genève, continuait à le percevoir pour le comte de Romont, écrivit, le 16 décembre (1475) à l’évêque de Genève, pour s’en plaindre. (Ibidem, Extrait des manuaux du Conseil de Berne.) [retour]

Note 1, page 204: Charte de l’évêque de Genève, du 22 novembre 1477. « Quum a paucis citra diebus, nonnulli predunes, ac patriam Illustr. Domin. Ducis Sabaudie et comitis Rotundimontis grassatores et invassores, sua violenta manu armata, a certis ligis Bergarum puta Friburgi, de Berno, Suloduro, Lucerna et aliis certis confederatis, numerose et catervatim insurexissent, et per comitatum maxime Vaudi et Chablaisii hinc inde vagantes, sine tamen justa causa, opida insignia et suffultu invasissent, et prede et incendio, proh dolor, dedissent cedes in homines et mulieres insontes, innumerosas perpetrantes, nos tunc de premissis certificati, etc. » (Spon, hist. de Genève, T. II, pr. p. 172, in—4°, titr. No 57.) [retour]

Note 2, page 204 : Voir Schilling, p. 246, qui en donne la liste, que nous rectifions et complétons dans le tableau annexé à la fin de ce mémoire. [retour]

Note 3, page 204 : Entr’autres au sac d'Estavayer. On peut avoir exagéré le nombre des victimes; mais le massacre de personnes sans défense n’en est pas moins constaté. (Berchthold, hist. de Fribourg, T. I, p. 373-375.) [retour]

Note 1, page 205 : Attestation de la cour de l'officialité de Lausanne du 22 octobre 1476. « ... atestatur tanta esse penuria, fructuum defectus et inopia in Waudo propter invasionem crudelissimam Alemanorum videlicet Bernensium, Friburgensium ac eorum confederatorum, mense octobri (1475) factam ... ut plures patriam deseruerint, alii ... in locis hominum insuetis se abscondiderint: ultra duas partes totius Vuaudi habitentium viam vitæ functi fuerint; quo accidit ut vinea et campi cultura caruerint, domibusque suis incensis vel diruptis, nemo ad lares se recipere voluit; quinimo potius mendicare cogantur. » (Haller, Coll. Dipl. manuscrit T. VI, p. VI, p. 174. Bibl. de Berne ) [retour]

Note 2, page 205 : Berne prétendit que cette razzia s’était faite contre sa volonté. (De Rodt, l. c., p. 562.) Vevey faisait alors partie de l'ancien Chablais; province qui dépendait directement de la souveraineté du duc de Savoie. [retour]

Note 1, page 206 : Schilling, p. 251. Cet événement qui eut lieu vers la fin d'octobre 1475, a été confondu avec la seconde prise de Vevey qui fut saccagée de nouveau et brûlée au mois de juin de l’année suivante. La première fois, Fribourg s’interposa en faveur des Veveysans, « leur fit rendre la bandière et les quitta de l’argent. » (Lettre de Fribourg à Berne, du 6 novembre 1475.) [retour]

Note 2, page 206 : Dieb. Schilling, p. 214-251. [retour]

Note 3, page 206 : Traité de Loësche du 7 septembre 1475. (J. de Müller, l. c., T. VII, p. 319. Schilling, p. 251.) [retour]

Note 4, page 206 : Message de Berne à l'évêque de Sion, daté du vendredi après la St-Gall (20 octobre) 1475. (De Rodt, l. c., p. 563.) [retour]

Note 5, page 206 : Chronica Latina Sabaudie. (Monum. hist. Script., T. I, p. 653 Schilling, p. 252.) [retour]

Note 1, page 207 : Tout le Bas-Valais, depuis la Morges qui coule entre Sion et Conthey, appartenait alors à la province de Chablais qui s’étendait tout autour du lac Léman, d’un côté jusqu’à Thonon et de l’autre jusqu’à Vevey. [retour]

Note 2, page 207 : Ces ordres sont rappelés dans une pièce authentique (postérieure à la guerre) datée de l’an 1490 (aux archives de La Sarra). [retour]

Note 3, page 207 : Le 6 novembre 1475 Antonio Collucio de Grifis, condotieri napolitain passa avec sa troupe au service du duc de Savoie. (J. de Müller, l. c., T. VII, Appendice, p. 408.) [retour]

Note 4, page 207 : Lettre de l’évêque aux Syndics de Genève, datée de Conthey du 11 novembre 1475. (Galiffe, Matériaux, p. 327.) [retour]

Note 1, page 208 : Le Châtelar, château situé au-dessus de Clarens, près de Vevey, canton de Vaud. [retour]

Note 2, page 208 : Amedeus de Gingins D. Bellimontis, Capitaneus gener. totius ballivatus Chablaisii et Gaii; atque Petrus, ejus frater, D. Castellarii, una cum vassalis et subditis patriæ. (Déposition du 19 octobre 1490, aux archives du château de La Sarra.) [retour]

Note 3, page 208 : Voyez Simler, valles. lib. II, et J. de Müller, l. c., T. VII, c. VIII, p. 348, et l’Appendice, p. 409.) [retour]

Note 1, page 209 : On évalue les Valaisans à 4000 hommes, et les auxiliaires à 3000, en tout 7000 hommes; mais ce nombre paraît inférieur à la vérité, (ubi supra). [retour]

Note 2, page 209 : 300 gendarmes et 1000 hommes ignobilis-vulgus (Simler, l. c.); mais ces 1000 hommes du peuple furent la plupart des gens du pays, tués en fuyant de leurs foyers, si l’on s’en rapporte à la lettre de l'évêque de Genève, dans Spon, T. II, p. 172. [retour]

Note 3, page 209 : Guichenon, hist. gén. de Savoie, T. II, p. 566. Simler, l. c. Développement de l’indépendance du Valais, p. 57. [retour]

Note 4, page 209 : Lettre de Berne à l’évêque de Sion, du 16 novembre 1475. (De Rodt, l. c., p. 568.) Berne venait de faire une trève avec le duc de Bourgogne (12 novembre 1475), jusqu’au 1er janvier (1476). Ibidem, p. 576. [retour]

Note 5, page 209 : Instructions des envoyés de Savoie du 24 novembre 1475. (Ibidem, p. 569.) [retour]

Note 1, page 210 : Aigle était déjà occupé de fait par une garnison bernoise depuis le mois précédent. (De Rodt, l. c., p. 500 ) [retour]

Note 2, page 210 : Schilling, p. 254-255, où le projet de ce traité se trouve relaté. [retour]

Note 3, page 210 : Instruction des envoyés de Savoie du 24 novembre 1475 (supra). [retour]

Note 4, page 210 : Voir l’investiture du comte Amédé IX de l’an 1467, et le traité de Chambéry de l'an 1471 (Guichenon, pr. p. 412), cités ci-devant. [retour]

Note 5, page 210 : Voir plus haut le message de Fribourg à la régente, du 13 octobre 1475, et la lettre de Berne au roi du 24 du même mois. [retour]

Note 1, page 211 : Ces négociations ont été exposées avec exactitude et en détail par M. J. G. Zellweger, l. c., p. 62 à 64. Voir aussi notre Appendice au T. VIII de Jean de Müller, traduit par M. Monnard, p. 489-494. [retour]

Note 2, page 211 : Voir Jean de Müller, l. c., T. VIII, Appendice, p. 494-496. Les Suisses avaient refusé de prolonger au delà du 1er janvier 1476 la trève conclue le 12 novembre précédent avec le duc de Bourgogne, « soupçonnant que ce prince ne cherchait qu’à gagner du temps. » (Zellweger, l. c., p. 63.) [retour]

Note 1, page 212 : Déclaration soit mandement du duc Charles, publié à la fin de décembre 1475. (Barante, Ducs de Bourgogne, édition de Bruxelles, 1838, T. II, p. 498, no de M. Gachard). [retour]

Note 1, page 213 : Correspondance des envoyés du duc de Milan, 31 décembre 1475. (De Rodt, l. c., T. II, p. 15.) [retour]

Note 2, page 213 : Schilling, p. 222, accuse les Vaudois de faire du duc de Bourgogne leur idole et leur sauveur (einen Abgott und gewaren Messias.) [retour]

Note 3, page 213 : Schilling, p. 240. Jean de Müller, l. c., T. VIII, p. 8, au milieu de décembre. [retour]

Note 4, page 213 : Suivant la missive de Berne à Lucerne, Soleure et Strasbourg, datée de dimanche après la St-Hilaire (14 janvier 1476), le chef apparent de cette entreprise aurait été le baron de la Sarra; probablement Nicod, fils aîné de Guillaume, qui y fut blessé. (Jean de Müller, l. c., T. VIII, p. 9, no 26.) [retour]

Note 1, page 214 : Elle était composée de Fribourgeois, de Bernois et de Lucernois. [retour]

Note 2, page 214 : Dépêche d’Ant. Aplano, envoyé de Milan à Turin, du 6 février 1476. (Jean de Müller, l. c., p. 9-11. Olivier, le canton de Vaud, p. 738. Verdeil, histoire du canton de Vaud, T. I. [retour]

Note 3, page 214 : Missive de Berne à Lucerne, datée du samedi avant la St-Valentin (10 février). (De Rodt, T. II, p. 24-25.) [retour]

Note 4, page 214 : Requête de la ville d’Yverdon, du mois d’avril 1480, dans Grenus, Documents du pays de Vaud, p. 101, no 1.) [retour]

Note 1, page 215 : Dépêche de l'envoyé milanais Panigarola du 16 janvier 1476. (De Rodt, Guerres de Bourgogne, T. II, p. 16.) Les autres capitaines étaient Angel et Jean Campobasso, qui commandaient la compagnie du comte Cola de Campobasso, leur père, absent. (Supra.) [retour]

Note 2, page 215 : La compagnie de Collucio de Grifis, et celles que l'évêque de Sion venait de licencier et qui avaient passé au service de la Savoie. [retour]

Note 3, page 215 : Dépêche de Panigarola du 16 janvier. (Supra.) [retour]

Note 4, page 215 : Voir De Rodt, l. c., T. II, p. 22. Lettre de Berne à Zurich, du 2 de février. [retour]

Note 5, page 215 : (De Rodt, T. II, p. 19, no 12.) Lettre de l’évêque de Sion au duc de Milan, du 6 avril 1476. (Ibid., p. 150, no 13.) [retour]

Note 1, page 216 : Jean de Müller, l. c., T. VIII, p. 8. De Rodt, hist. des comtes de Gruyères, p. 328. [retour]

Note 2, page 216 : C’est ce qui a induit en erreur Heuterus et Jean de Müller, l. c. p. 13, qui parle d’une capitulation forcée et de 1500 Italiens commandée par Nicolas de Campobasso, le père, et le prince de Tarente. [retour]

Note 3, page 216 : Dépêche de Panigarola au duc de Milan, datée d’Orbe, 13 février 1476. (De Rodt, l. c., T. II, 23.) [retour]

Note 4, page 216 : De Rodt, l. c., T. II, p. 24. [retour]

Note 1, page 217 : Ibid., p. 22. Histoire des comtes de Gruyères, p. 328, pr. p. 580. [retour]

Note 2, page 217 : De Rodt, Guerres de Bourgogne, T. II, p. 40. [retour]

Note 3, page 217 : De Rodt, l. c., T. II, p. 40, no 53. [retour]

Note 4, page 217 : Dépêche de Panigarola au duc de Milan, datée d’Orbe du 13 février 1476. « Romont et Lausanne, ora et di-la, tuta e posta in sicuro et recuperata. » (De Rodt, l. c., T. II, p. 24.) [retour]

Note 1, page 218 : Dépêche de l’envoyé Panigarola au duc de Milan, datée de Jougne 10 février et d’Orbe 13 et 23 février 1476. (De Rodt, l. c., T. II, 21-26.) [retour]

Note 2, page 218 : Supra; dépêche du 13 février. [retour]

Note 3, page 218 : Suivant la dépêche de l'envoyé Panigarola, datée de Neufchâtel en Lorraine, 16 janvier 1476: « le duc n’avait mené avec lui que XI mille combattants contre les Suisses. » (De Rodt, l. c., T. II, p. 18.) [retour]

Note 1, page 219 : Commines-Langlet, T. II, p. 219. Panigarola, dépêche d’Orbe du 23 février (supra). [retour]

Note 2, page 219 : Jean de Müller, traduit par M. Monnard, T. VIII, p. 15. De Rodt, T. II, p. 50. [retour]

Note 3, page 219 : Dépêches de l’envoyé Panigarola au duc de Milan, datées d’Orbe, 23 et 29 février 1476. (De Rodt, T. II, p. 50-54.) [retour]

Note 4, page 219 : Le récit de l’envoyé Panigarola, (du 29 février), qui, ce jour-là, se trouvait au camp devant Grandson (supra), est confirmé par le témoignage non suspect de Ph. de Commines, (Liv. V, chap. I, T. II, p. 6 de l’édition Du Pont), et par celui de Molinet, Chron., T. I, p. 191. (Collect. Buchon, T. XLIII), qui disent « que la garnison de Grandson se rendit à la volunté de monseigneur le duc; et laquelle volunté porta que tous les hommes de guerre qui furent illec trouvés au nombre de 400 environ, seraient noyés et pendus. » [retour]

Note 1, page 220 : L’éditeur des Chroniques de Neuchâtel paraît avoir rencontré la vérité, en disant que l’auteur de ces honteuses manœuvres était un alsacien nommé Luc de Reichach, attaché au service du comte Philippe de Hochberg. (Jean de Müller, l. c., p. 68, note de M. Monnard.) [retour]

Note 2, page 220 : Dépêche de Panigarola du 29 février (supra). [retour]

Note 3, page 220 : Le roi de France, qui se trouvait à Lyon avec une armée de 2000 lances (10 mille hommes), avait appelé à lui le comte Philippe de Bresse, lui offrant 500 lances pour entrer en Savoie. (Dépêche du sieur Panigarola, datée d’Orbe 23 février 1476). [retour]

Note 4, page 220 : Dépêche du duc de Milan à son envoyé à Venise du 9 février 1476 (n. st.). (Ibid. T. II, p. 48). [retour]

Note 5, page 220 : Lettre du duc Charles à la régente, du camp de Grandson, 27 février 1476. (De Rodt, T. II, pièces A. p. 603). [retour]

Note 1, page 221 : Dépêche du duc de Milan à l’évêque de Come, datée de Pavie du 16 février 1476 (Supra). [retour]

Note 2, page 221 : Dépêche de l’évêque de Come au duc de Milan, datée de Genève 2 mars 1476. (Ibidem, p. 49). [retour]

Note 3, page 221 : Les écrivains qui, comme J. de Müller, ont placé la bataille de Grandson au 3 mars n’avaient pas fait attention que l’année 1476 était bisextile. [retour]

Note 4, page 221 : Relation de la journée de Grandson adressée au duc de Milan, par son envoyé J.-P. Panigarola, datée de Nozeroy (en Bourgogne), le 4 mars 1476. Publiée par M. de Rodt, l. c., T. II, p. 606-608. [retour]

Note 5, page 221 : Dépêche des envoyés de Milan datée d’Orbe le 2 mars 1476, au matin. (Ibid., T. II, p. 61.) Chroniques de Molinet, (col. Buchon), T. I, p. 192.) Etterlin. [retour]

Note 1, page 222 : Chroniques de Neuchâtel, l. c., p. 276, voir le plan de la bataille de Grandson de M. de Rodt, T. II, p. 68. [retour]

Note 2, page 222 : Supra; voyez aussi la bataille de Grandson, par Frédéric Dubois, dans les mémoires de la société des antiquaires de Zurich; T. I, (4e cahier) p. 34. [retour]

Note 3, page 222 : Dépêche datée d'Orbe, 2 mars, citée plus haut, et la Chronique de Neuchâtel, l. c., p. 274. Les Confédérés avaient résolu la veille, vendredi 1er mars de faire une tentative contre le château de Vaumarcus, espérant que le duc se laisserait entraîner par son ardeur hors de son camp, pour secourir la garnison bourguignonne de ce château. (J. de Müller, l. c., p. 29.) [retour]

Note 1, page 223 : Molinet, l. c., p. 192; — Schilling, l. c.; — Panigarola, l. c. « Li Suiceri si mostrorno Sopra un monte; li fece esso S. (Duco) montar alcune squadre; et à poco à poco li aveva tirati fuori dil monte et conducevali basso al piano. » [retour]

Note 2, page 223 : Schilling, p. 286-287. Etterlin. Le nombre des Confédérés est évalué à 16, 18 et 20,000 combattants, par les écrivains suisses; mais ils n’arrivèrent que successivement sur le champ de bataille. Les auteurs bourguignons ne portent ce nombre qu’à 8, 9 et 10,000 hommes de pied. (Molinet, l. c.) [retour]

Note 3, page 223 : Panigarola, l. c., et Molinet, l. c., p. 193. [retour]

Note 1, page 224 : Relation de sieur Panigarola, (Supra). « In el quo loco facendo retirar quelle squadre et elargarsi per dar piu campo à li Suiceri, quali aveva circondato in modo venivevano ad essere serrati in mezo. » « afin d’avoir place pour les combattre, il fit un peu reculer ses gens. » (Molinet, l. c.) [retour]

Note 2, page 224 : Gollut, lib. XII, ch. 20. — Elle formait le corps de bataille de l’armée commandé par le duc même; mais au premier coup de feu, Charles s’était porté « à l'avant-garde, avec l’escouade de ses 40 chambellans et sa garde. » (Molinet). [retour]

Note 3, page 224 : Panigarola. « Le gente d’arme e li cariagi si missonO in fuga, credendo li primi fosseno spontati et rotti, et si levo una voce di Salvarsi chi poteva. » (ubi Supra.) [retour]

Note 4, page 224 : « Senza essere cacciati, ne essere a le mane con li inimici, cosi tristamento fugissero. » (ibidem). Gollut, l. c., fait entendre que cette déroute fut amenée par la trahison du comte Cola de Campobasso; mais celui-ci avait pris congé du duc à Nancy au mois de janvier, et ne rejoignit l’armée bourguignonne en Lorraine, qu’au mois de juin suivant. (Molinet, T. I, p. 227.) [retour]

Note 1, page 225 : Panigarola. « Quali li suoi tenendosi la puncta, erano li inimici perduti. » (ubi Supra.) [retour]

Note 2, page 225 : Schilling, Etterlin, Chronique de Neuchâtel, Molinet. [retour]

Note 3, page 225 : Panigarola, « dicendomi (il Duca) che dubitava essere tradito et di qualche tractato, vedendo tanta vilta ne li soi. » (ubi Supra.) [retour]

Note 4, page 225 : Panigarola, l’envoyé du duc de Milan. « Tandem si parti dal Campo con grande difficulta, dicendoli alcuni capitanei et io non esser piu tempo da star li; la Signoria Sua se avio à Jognia in Borgogna. » (ubi Supra.) [retour]

Note 1, page 226 : Commines-Langlet, T. I, p. 260-265. Schilling, p. 293-298. Dépêche de Panigarola, du 4 mars 1476. (De Rodt, l. c., T. II, p. 87 et p. 606.) J. de Müller, T. VIII, p. 40 à 48. Cependant le Grand-Bâtard sauva la plus grande partie du trésor du duc, et plusieurs pièces d’artillerie. (Panigarola, Supra.) [retour]

Note 2, page 226 : Commines-Langlet, T. I, p. 262. J. de Müller, T. VIII, p. 50. [retour]

Note 3, page 226 : Schilling, p. 291. Emon de J. de Troyes, (Ed. de Langlet, T. II, p. 130.) Le nombre est incertain; voir J. de Müller, l. c., p. 38. [retour]

Note 4, page 226 : Schilling, p. 305. J. de Müller, T. VIII, p. 52. De Rodt, T. II, p. 101-102. — Le 5 et 6 mars Berne enjoignait à ses troupes en campagne « de saccager et raser toutes les villes, châteaux et villages du pays, qui se trouveraient sur leur chemin, pour affamer l’ennemi et l'empêcher de revenir. » (Ibid.) [retour]

Note 1, page 227 : Schilling, p. 272-273. [retour]

Note 2, page 227 : Lettres du duc Charles au comte de Romont, son « beau cousin » et datées de Nozeroy 7 mars 1476. (De Rodt, l. c., T. II, p. 93). [retour]

Note 3, page 227 : Antoine d’Illens, bailli de Lausanne et lieutenant du vicariat impérial. [retour]

Note 4, page 227 : Voir la lettre ci-dessus, et celle datée du 8 mars, même année, à la duchesse de Savoie à Genève. (ubi Supra.) [retour]

Note 5, page 227 : Commines-Langlet, journal du maître-d’hôtel du duc de Bourgogne, T. II, p. 219. Schilling, p. 305. Le duc était arrivé la veille 14 mars, « Die Jovis post Dominica Reminiscere » à Lausanne. (Titre de l'officialité du chap. de Lausanne). [retour]

Note 1, page 228 : Dépêche des envoyés de Milan datée de Genève 12 mars 1476. (De Rodt, Supra.) [retour]

Note 2, page 228 : Panigarola, du 5 mars. Lettre du duc Charles au sire Du Fay, gouverneur du Luxembourg, datée du 12-15 mars 1475, (v. St.) du camp de Lausanne. (Mémoires de Fr. et de Bourg., p. 358.) [retour]

Note 3, page 228 : Panigarola, dépêches du 18 et 29 mars 1476. (De Rodt, T. I, p. 121.) — Grenus, fragments historiques de Genève, p. 47. [retour]

Note 4, page 228 : Dépêches des envoyés de Milan, datées de Genève, 9 et 11 mars, (de Rodt, l. c., p. 115-116.) [retour]

Note 1, page 229 : Ibidem. Lettres du duc Charles à la duchesse de Savoie, datées de Nozeroy du 7 et 8 mars, et d'Orbe du 11 mars 1476. [retour]

Note 2, page 229 : Dépêches des envoyés milanais, datées de Genève, 7, 9 et 12 mars 1476. (Ibid. p. 145.) [retour]

Note 3, page 229 : La duchesse de Savoie qui était encore à Genève le 21 mars, se trouvait à Lausanne le 29 du même mois. (Dépêche de l’envoyé Aplano du dit jour.) [retour]

Note 4, page 229 : Dépêche des envoyés milanais, datée de Genève 12 mars 1476. Schilling, p. 303-306. [retour]

Note 1, page 230 : Schilling, p. 310. [retour]

Note 2, page 230 : Lettre de Hugues de Châlons, sire de Château-Guyon,au sieur de Fallerans, datée d’Orbe, du 23 mars 1475 (v. St.) (pap. Châlons.) [retour]

Note 3, page 230 : Par sa lettre datée de Nozeroy du 7 mars 1476, le duc réitérait à la duchesse de Savoie, la promesse « de ne point l’abandonner dans le danger et de tenir tout ce qu’il lui avait promis.» (De Rodt, l. c., p. 110.) [retour]

Note 4, page 230 : Le gouverneur du Dauphiné menaçait la régente d’une invasion des troupes royales en Savoie, (lettre d'Antoine, marquis de Romagnan, datée de Genève, 5 mars 1476. De Rodt, l. c., p. 109.) Lettre des envoyés de Milan à Genève, 9 mars 1476. (Ibid.) [retour]

Note 1, page 231 : Dépêche des envoyés de Milan, datée de Lausanne 25 et 27 mars 1476. (De Rodt, T. II, p. 131 et 132.) [retour]

Note 2, page 231 : Dépêche du 29 mars. (Supra.) [retour]

Note 3, page 231 : Dépêche du 29 mars. (Supra.) [retour]

Note 4, page 231 : Schilling, p. 316-317. Dépêche des envoyés de Milan, datée de Lausanne 29 et 30 mars, (ubi Supra, p. 128-129). [retour]

Note 1, page 232 : Dépêche des envoyés milanais, datée de Lausanne du 30 et 31 mars (de Rodt, Supra, p. 133.) « Le Bâtard de Bourgogne dit à Mme de Savoie, que les gens de Moudon avaient bien fait de refuser ces Lombards qui étaient tous des pillards. » [retour]

Note 2, page 232 : Dépêche de l’envoyé Aplano, datée de Lausanne 29 mars 1476. (De Rodt, p. 132.) Chaque lance comptait huit hommes, dont quatre cavaliers montés et quatre piétons. (Olivier de La Marche; Etat du duc Charles.) [retour]

Note 3, page 232 : Voir de Rodt; histoire des comtes de Gruyères, p. 326 et suivantes. J. de Müller, T. VII, p. 316. [retour]

Note 4, page 232 : De Rodt, Histoire des comtes de Gruyères, p. 330. Dépêche de l’envoyé Aplano, Lausanne 6 avril 1476. [retour]

Note 1, page 233 : Amédé de Gingins, sire de Belmont, nommé capitaine-général du Chablais et du pays de Gex par la régente de Savoie. (Lettres patentes du 24 novembre 1474.) Archives du château de La Sarra. [retour]

Note 2, page 233 : Dans le nombre de ces nobles vassaux on comptait Louis de Compeys-Torrens, fils du seigneur d’Aigle. Les sires de Blonay et de Duyn, seigneurs de Bex; les de Rovéréa, seigneurs de Saint-Triphon; Pierre de Gingins, sire du Châtelar. (Titres de famille.) [retour]

Note 3, page 233 : Remise de St.-Maurice à l’évêque de Sion du 16 mars 1476, où cette circonstance est rappelée. (Développement de l’indépendance du Valais; archives de la société d'histoire de la Suisse. (Zurich, 1845), T. III, p. 226.) [retour]

Note 4, page 233 : Missive de Berne à l’évêque de Sion, datée du 19 février 1476. (Tillier, histoire de Berne, T. II, p. 271.) [retour]

Note 1, page 234 : Amedeus (de Gingins D. de Belmont) atque Petrus, ejus frater, D. Castellarii, una cum vassallis et subditis patriæ Vaudi et Chablaisii, Allemannis (i. e. Vallesianis) resisterunt violencias eorum propulserunt. (Relation authentique datée du 19 octobre 1491 aux archives de La Sarra.) [retour]

Note 2, page 234 : Remise de St.-Maurice citée plus haut, « cum ballivus Vallesii (Anth. Uf. der Eggen) una cum quamplurimis capitaneis et armigeris armatæ militiæ S. Théoduli, et patriotarum Vallesii ... peteret et requireret (castellaniæ et villæ St.-Mauricii agaunensi), sibi obedientiam sine dilatione fieri. » [retour]

Note 3, page 234 : Dépêches des envoyés de Milan datées de Genève, des 7, 11 et 12 mars 1476. (De Rodt, T. II, p. 145.) [retour]

Note 1, page 235 : Voir développement de l’indépendance du Valais, (l. Supra citato, p. 141-142.) [retour]

Note 2, page 235 : Lettre de l’évêque de Sion au duc de Milan, datée de Castr.-Majoriæ (6 aprilis) 1476. (Sabato ramis Palm.) (De Rodt, l. c., T. II, p. 150.) [retour]

Note 3, page 235 : Deux mille hommes de pied se dirigèrent sur le St-Bernard par le val d’Aoste, au commencement d’avril. (Lettres des envoyés de Milan à Turin des 1 et 8 avril, de Rodt, Supra.) [retour]

Note 4, page 235 : Par capitulation, à ce que fait supposer la relation de cette expédition, (voir ci-dessous). [retour]

Note 1, page 236 : Probablement au bois noir, où les éboulement de la dent du Midi sont si fréquents. [retour]

Note 2, page 236 : Dépêches des envoyés milanais datées de Lausanne 5 et 10 avril 1476. (De Rodt, T. II, p. 145-146. Comparer J. de Müller, T. VIII, p. 56, no 265.) [retour]

Note 1, page 237 : Dépêches des envoyés de Milan datées de Lausanne 9 et 11 avril 1476. (De Rodt, T. II, p. 144.) Comparez J. de Müller, T. VIII, p. 56, no 265), qui confond deux expéditions différentes. [retour]

Note 2, page 237 : La famille du sire du Châtelar s’était retirée chez son frère aîné Jacques de Gingins, sire de Divonne, au pays de Gex. [retour]

Note 3, page 237 : Le Châtelar avait été bâti dans son emplacement actuel par Jean de Gingins, sire de Divonne, père de Pierre. (Titres du Châtelar.) [retour]

Note 4, page 237 : « Castellaro, un Palazolo misso in fortezza. » (Dépêche de l’envoyé Aplano, datée de Lausanne 11 avril 1476. De Rodt, Supra, p. 144. « Castrum pulchrum et sumptuose ædificatum, et magnis atque egregiis mobilibus ornatum. » (Relation du 19 octobre 1490, aux archives du château de La Sarra.) [retour]

Note 5, page 237 : Aplano,dépêche du 11 avril, de Lausanne, (De Rodt, Supra). [retour]

Note 1, page 238 : Dépêche des envoyés milanais, datée de Lausanne 15 avril 1476. (De Rodt, T. II, p. 148.) [retour]

Note 2, page 238 : Dépêches des envoyés de Milan, datées de Lausanne 15, 18, 22 et 23 avril 1476 (ubi Supra). [retour]

Note 3, page 238 : Schilling, p. 253 dit mercredi dans la semaine de Pâques (soit le 10 avril), mais le 9 avril, les troupes piémontaises étaient encore à Turin. (Dépêche des envoyés milanais à Turin, datée du 9 avril. Voir De Rodt, l. c., p. 148.) [retour]

Note 1, page 239 : Vingt-cinq hommes du poste Valaisan furent tués; les Piémontais perdirent quatre hommes. (Dépêche datée de Turin du 16 avril. Ibid.) [retour]

Note 2, page 239 : De Rodt. l. c., p. 149, dépêche de Turin du 19 avril. [retour]

Note 3, page 239 : Dépêche de Lausanne du 22 avril. (De Rodt dit « quelques mille hommes », ibid.) Suivant Schilling, l. c., il y avait des Bernois. [retour]

Note 4, page 239 : Dépêche de l’évêque de Sion à Berne du 18 avril. (De Rodt, p. 150.) [retour]

Note 5, page 239 : Dépêche de Lausanne du 23 avril. (Ibid.) Schilling, p. 253, dit 1,800; nombre évidemment exagéré. [retour]

Note 1, page 240 : Dépêche des envoyés de Milan, datée de Turin du 19 avril. (De Rodt, T. II, p. 150.) Dépêche de l'évêque de Sion à Berne, du 18 avril. (Supra.) [retour]

Note 2, page 240 : Dépêches des envoyés milanais datées de Turin 19 avril, et de Lausanne 22 et 23 du même mois. Ce deuxième combat sur le St-Bernard, dont nos historiens ne disent rien, fut assez meurtrier puisque le chapitre de l'hospice fit alors un nouveau charnier pour y ensevelir les morts (des deux partis), dont la montagne était couverte. (Bocard, histoire du Valais, p. 128, no 2.) [retour]

Note 3, page 240 : Sans la fatale précipitation du comte de Challans, 9 ou 10,000 hommes de troupes italiennes, savoisiennes et bourguignonnes se seraient rencontrées le même jour à Martigny, d’où elles auraient marché droit à Sion, où on n’était pas préparé à recevoir l'ennemi. (Dépêche de Lausanne du 18 avril, de Rodt, p. 148.) [retour]

Note 1, page 241 : Plaintes de la duchesse de Savoie au Sénat de Turin. (Dépêche datée de Turin 8 avril 1476.) [retour]

Note 2, page 241 : Dépêche de l’envoyé milanais datée de Lausanne 25 avril. (De Rodt, l. c., p. 155.) [retour]

Note 3, page 241 : On avait appris que le roi faisait avancer des troupes sur Chambéry. (Dépêche des envoyés de Milan à Turin du 22 avril 1476, ubi Supra.) [retour]

Note 4, page 241 : Voir Développement de l’indépendance du Valais, l. c., T. II, p. 244. J. de Müller, T. VIII, p. 51. [retour]

Note 1, page 242 : Il traitait en secret avec le roi. (Commines-Langlet, T. I, p. 262.) [retour]

Note 2, page 242 : Schilling, p. 305. Dépêches des envoyés milanais à Turin, 19 avril et passim. [retour]

Note 3, page 242 : Lettre de l’évêque de Sion, Walther de Supersax au duc de Milan, datée du 6 avril 1476. (De Rodt, l. c., p. 150.) [retour]

Note 1, page 243 : De Rodt, l. c., T. II, p. 106-120 et suivantes, d’après les dépêches des envoyés du duc de Milan et du roi de Naples. [retour]

Note 1, page 244 : Principalement celui de la Lorraine, de l'Alsace et même de la Provence, dont le roi Louis XI et le duc Charles de Bourgogne, tous deux parents du vieux roi Réné d’Anjou, se disputaient d’avance l’héritage. (Commines, mémoires Liv. V, ch. IIe.) [retour]

Note 2, page 244 : Cette plaine située au N.-N.-O. de la ville est traversée par la nouvelle route d’Yverdun; elle n’a commencé à être cultivée qu’en 1816. (Vulliemin, Tableau du canton de Vaud, p. 294.) [retour]

Note 3, page 244 : « Prope Bellas Valles; ... in Vicinio Civitatis Lausannæ. » (Rapport de l’official de Lausanne du 22 octobre 1476. Archives de Lausanne.) [retour]

Note 1, page 245 : Dépêche de l’envoyé du roi de Naples datée de Lausanne 16 mars; et du duc de Milan datée de Lausanne 18 mars 1476. (De Rodt, ubi Supra.) [retour]

Note 2, page 245 : Dépêche de l’envoyé de Naples du 16 mars 1476. (Ibidem.) [retour]

Note 3, page 245 : Ordonnance militaire du duc Charles de Bourgogne, datée de son camp près de Lausanne, 18 mai 1476. (De Rodt, l. c., p. 166 et suivantes.) [retour]

Note 4, page 245 : Ibidem, p. 172. C’est pour cela que Mr de Rodt à omis cette première division dans le Tableau G. placé à la fin de son livre (T. II, p. 614-615), comme de moindre importance pour l'histoire militaire de Charles-le-Hardi. [retour]

Note 1, page 246 : Chacun de ces corps, composé de 2,000 à 2,500 hommes, tant à pied qu’à cheval, équivalait pour la force à une de nos brigades actuelles. [retour]

Note 2, page 246: Quoique chaque compagnie de cent lances (7 à 800 hommes) fût régulièrement composée de gens de cheval et de gens de pied, néanmoins les cavaliers se groupaient d’un côté et les fantassins de l’autre, soit en marchant soit en se mettant en bataille. (Ibid.) [retour]

Note 3, page 246 : Aplano, dépêche du 22 avril, (Rodt, ibid.) [retour]

Note 1, page 247 : Conseiller et chambellan du duc Charles et chevalier de la Toison-d’Or; ce seigneur appartenait aussi bien à la suisse romande qu’à la Bourgogne. Il était fils de Pierre de La Baume, seigneur de Mont St.-Sorlin, en Bourgogne, et d'Arconcier, d’Illens et d’Attalens, au pays de Vaud; frère de Quentin de La Baume, seigneur de St.-Sorlin, tué à Grandson, et de Guy de La Baume, seigneur de La Roche-les-Vannels (Plafayon), qui devint son héritier, Guillaume étant décédé en 1490, sans lignée. (Anselme, Gr. officiers, T. VII, p. 46.) [retour]

Note 2, page 247 : Il avait laissé deux fils, Guillaume et Antoine de Legnano, qui servaient sous les ordres de leur oncle Antoine. [retour]

Note 3, page 247 : C’est vraisemblablement le même qui commandait le siége de Grandson, au mois de février de la même année, et que la Chronique de Neuchâtel accuse faussement d’avoir attiré la garnison suisse dans un piége en empruntant le nom du duc Charles. [retour]

Note 4, page 247 : Appelé chef de quartier (capo di quartiere, en italien). [retour]

Note 1, page 248 : Il n’avait donc pas péri à Grandson, comme le dit Gollut. (Le père Anselme, T. III, p. 727), dit positivement que Jean de Luxembourg, comte de Marle, fut tué à Morat, le 22 juin. Antoine, comte de Roussi, maréchal de Bourgogne, fils puiné du connétable, était prisonnier du roi de France et vivait encore en 1493. (Ibid., p. 729.) [retour]

Note 2, page 248 : Voir l'ordonnance militaire du duc de Bourgogne, citée plus haut. [retour]

Note 3, page 248 : Commines, Liv. V. Ch. IIe. De Rodt, op. cit. T. I, p 243. [retour]

Note 1, page 249 : Ordonnance militaire du duc Charles, datée de Lausanne 1476. De Rodt, l. c., p. 169. Il est fort douteux qu’un seigneur anglais du nom de Sommerset ait figuré à la bataille de Morat, comme le dit Gollut, Liv. XI, Ch. XXI. Notre historien J. de Müller, l. c., T. VIII, p. 84, no 294, a déjà remarqué qu’Edmond, dernier duc de Sommerset, de la maison de Lancaster, qui figure sur les Etats de la maison du duc de Bourgogne en 1468, (Histoire des ducs de Bourgogne, par de Barante, édition Gachard, T. II, p. 706), fut décapité le 6 mai 1471, avec son frère Jean; ils ne laissèrent point de postérité. Charles Sommerset, fils naturel de Henri, frère d’Edmond, fut gouverneur de Calais en 1496, et ne mourut qu’en 1526. (Lingard, Histoire d'Angleterre, T. V et VI.) Le capitaine anglais tué à Morat est probablement sir J. Dickfield, vu que J. Middelton figura plus tard au siége de Nancy. (Molinet.) [retour]

Note 2, page 249 : Tous deux étaient fils de messire Antoine Rolin, grand-bailli de Haynaut, dont le troisième fils nommé Louis avait été tué à Grandson. [retour]

Note 3, page 249 : Parmi les Italiens qui se trouvaient à l’armée campée à Lausanne, nous citerons les compagnies (ou régiments) du comte de Celano, de Ludovic Tagliant; de D. Mariano; des deux fils de Troylo; d'Olivier de Soma; de Garin de Varlusch; de Don Denis et d'Angelo, fils aîné du comte Nicolas de Campobasso. (De Rodt, l. c., T. II, app. G. p. 614.) [retour]

Note 1, page 250 : L’ordonnance accordait à chaque chevalier-banneret trois chevaux pour sa suite; deux à l’écuyer pour lui et son valet, ainsi qu’au simple homme d’armes. Chaque lance ou cornette comprenait en outre deux archers montés, et trois ou quatre hommes de pied armés de piques et de coutelas, ou d’arquebuses, avec salades et gorgerins. [retour]

Note 2, page 250 : Avant d'être cultivée, la plaine du Loup avait une demi-lieue de long, sur un quart de lieue de large; néanmoins le duc se plaignait que ses troupes s’y trouvaient trop à l’étroit. (Dépêches des envoyés milanais, du 15 avril (loc. cit.) [retour]

Note 1, page 251 : Le rapport de l'official de Lausanne du 22 octobre 1476, parle des calamités que la guerre répandit sur la cité et ses environs, mais ne fait nullement supposer qu’elle ait été violemment occupée par la duchesse de Savoie et le duc de Bourgogne. On a vu plus haut que ce prince s’était mis en rapport avec Antoine d’Illens, bailli de Lausanne, avant de se rendre dans cette ville. [retour]

Note 2, page 251 : L’empereur Frédéric III venait de confirmer ces titres en faveur de la maison de Savoie par diplôme, daté du 6 février 1469. (Registres de Lausanne, T. I, no 149.) [retour]

Note 3, page 251 : Dépêches de l’envoyé de Milan Aplano; passim. Juvenal d’Acquino; Guichenon; Cibrario, gouverneurs des princes de Savoie (Turin 1839). Anne de Gingins, veuve de Ren. de Valperga, était gouvernante du prince Charles, frère puiné du duc Philibert I. (Ibidem,) [retour]

Note 4, page 251 : Dépêches de Petra-Santa, envoyé du duc de Milan à Turin. Passim. [retour]

Note 1, page 252 : Les fiancailles de ce jeune prince avec Blanche de Milan, eurent lieu à Turin le 20 janvier 1475, (1474, v. st.) Ex Juvenal d’Acquino. [retour]

Note 2, page 252 : Dépêche de Aplano, datée de Lausanne 10 avril 1476. [retour]

Note 3, page 252 : Guichenon, Histoire de Savoie. Ce vaillant chevalier, serviteur fidèle et dévoué de la régente, commandait les troupes de Savoie au siége de Morat, et fut tué à la célèbre bataille du 22 juin. (Dépêches des envoyés de Milan.) [retour]

Note 4, page 252 : Frère de l’évêque de Turin, et d'Amédé de Compeys, seigneur de Gruffy. Il succéda à Antoine d’Orlier comme gouverneur de Nice. (De Costa, fam. Hist. de Savoie.) [retour]

Note 1, page 253 : Lettre de Guillaume de Vergy, seigneur de Champvent, à son frère le gouverneur de Vaud, datée de juillet 1475. [retour]

Note 2, page 253 : Voir les dépêches des envoyés de Milan, datées de Lausanne, mars, avril et mai 1476. [retour]

Note 3, page 253 : Voir plus haut, p. 201. [retour]

Note 4, page 253 : Valer. Anshelm, Chronique, T. I, p. 124. [retour]

Note 5, page 253 : Dépêches des envoyés de Milan; passim. [retour]

Note 1, page 254 : Savoir Jean-Pierre Panigarola, ambassadeur de Galeaz-Marie Sforze, duc de Milan, auprès du duc Charles; D. Antonio de Aplano, envoyé de Milan auprès de la régente de Savoie; Don N. Palomaro, ambassadeur du roi Ferdinand de Naples, accrédité auprès des deux cours de Savoie et de Bourgogne. [retour]

Note 2, page 254 : Ruchat, hist. ecclés. du pays de Vaud. Il devait sa nomination à cet évêché, à la protection de la maison de Savoie et du duc de Bourgogne, (vide infra). [retour]

Note 3, page 254 : Commines, édition Langlet, T. II, p. 131; T. III, p. 180. — Dépêche de l’envoyé Panigarola, datée de Lucens, 9 juin 1476. [retour]

Note 4, page 254 : L'hôtellerie du Lion-d'Or existait déjà, ainsi que plusieurs autres dans la même rue, où logeaient les ambassadeurs italiens. [retour]

Note 5, page 254 : Dépêches des ambassadeurs de Milan; passim. [retour]

Note 1, page 255 : Ibidem, et l'attestation de l’officialité de Lausanne ci-devant rapportée. [retour]

Note 2, page 255 : Dépêches de l’envoyé de Milan D. Ant. Aplano, datées de Lausanne 29 mars 1476. [retour]

Note 3, page 255 : Il concertait secrètement avec le duc Galéaz Sforze, une entreprise sur la Savoie et le Piémont, qui étaient presque entièrement dégarnis de troupes. (Dépêche du duc de Milan, du 1er avril 1476, de Vigevano, Commines, Ed. Dupont, T. II, p. 14-15.) [retour]

Note 1, page 256 : Dépêche de l’envoyé de Milan, datée de Lausanne 19 mai 1476 (De Rodt, l. c., p. 200.) [retour]

Note 2, page 256 : Amédé de Gingins, seigneur de Belmont en Semines; Pierre, sire du Châtelar, son frère; Claude de Menthon, co-seigneur de Rochefort et d’Allaman, bailli du Chablais (1475-1476.) (Archives de familles.) [retour]

Note 3, page 256 : Dépêches de l’envoyé Aplano, datées de Lausanne le 5 avril. Commines-Langlet, T. II, p. 219. [retour]

Note 1, page 257 : Voir ce traité dans les preuves de Commines-Langlet, T. III, p. 446. Alexandre, évêque de Forli, légat du pape Sixte IV dans l'empire d'Allemagne ainsi qu'en Suisse, en fut le principal entremetteur. Valer. Anshelm, T. I, p. 124, assure que ce prélat accompagna l'ambassade à Lausanne; mais il arriva plus tard. [retour]

Note 2, page 257 : Schilling, p. 319, lettre datée du jeudi Saint (11 avril). Les cantons orientaux refusaient leur secours aux Bernois, disant que Morat était sur terre de Savoie et n'appartenait pas à la Suisse; ils ajoutaient cependant que, si le duc s'avançait sur le territoire fédéral, ils se lèveraient tous comme un seul homme pour la défense commune. (Dépêche des envoyés de Milan, datée du 10 juin 1476.) [retour]

Note 3, page 257 : Alexandre, évêque de Forli, (voir ci-dessus). Ce prélat donna en qualité de légat du pape un bref en faveur du chapitre de Neuchâtel, au diocèse de Lausanne, daté de Bâle 11 février 1477. Geschichtforscher, T. VI, p. 267. [retour]

Note 1, page 258 : L'échange de ces ratifications fut bientôt suivi en secret de celui du traité de mariage conclu par l’empereur et le duc de Bourgogne entre l’archiduc Maximilien et Marie de Bourgogne, daté In Castris apud Lausannam, 6 mai 1476, (Chmel Regestes des archives de Vienne, p. 680); mariage dont le projet avait été fait, puis rompu à Trèves deux années auparavant. [retour]

Note 2, page 258 : Dépêches des envoyés milanais Panigarola et Aplano, témoins oculaires, datées de Lausanne, 12 et 15 avril. (De Rodt, l. c., T. II, p. 139.) [retour]

Note 3, page 258 : Journal du maître-d’hôtel du duc de Bourgogne. (Commines-Langlet, pr. T. II, p. 219.) Les dépêches ci-dessus font mention du légat du pape, (l'évêque de Forli), et de l'évêque de Sebenico, envoyé de la république de Venise. [retour]

Note 1, page 259 : Dépêche de l’envoyé Panigarola, témoin auriculaire, datée du 15 avril 1476. (De Rodt, l. c.) [retour]

Note 2, page 259 : Ibidem. [retour]

Note 3, page 259 : Traité de Nancy du 17 novembre 1475 (Supra). Trève de trois mois entre Sigismond et le duc Charles, du 1er janvier 1476. (Zellweger, histoire d’Appenzell, Pr. T. II, 467.) [retour]

Note 1, page 260 : Dépêche de l’envoyé de Milan Panigarola, datée de Lausanne 15 avril 1476. (De Rodt, l. c., T. II, p. 137.) [retour]

Note 2, page 260 : Ce sont les propres paroles du protonot. Hessler à l’envoyé de Milan. (Supra.) [retour]

Note 3, page 260 : De Rodt, l. c., p. 137-138. « Il avait hâte, disait-il gaîment, à la duchesse, d’en venir aux mains avec les Suisses, afin de pouvoir couper sa barbe qu’il laissait croître depuis la déroute de Grandson. » (Aplano, dépêche de Lausanne du 29 mars 1476.) [retour]

Note 4, page 260 : Dépêche de l’envoyé du duc de Milan au roi de France, datée de Lyon 7 avril 1476. (De Rodt, Supra.) [retour]

Note 5, page 260 : Commines, mém. Liv. V., Ch. I. Dépêche de l’envoyé de Milan, Aplano, datée de Lausanne 14 mai 1476. (De Rodt, T. II, p. 156.) Lettre de Berne au roi de France, datée du 1er juin. (Geschichtforscher, T. VI, p. 315.) [retour]

Note 1, page 261 : Le roi « eut très-grande joie (de la déroute de Grandson) et ne lui déplaisait que le petit nombre de gens que le duc avait perdu. » (Commines, mém. p. II de l’édit. Dupont.) [retour]

Note 2, page 261 : Dépêche de l’envoyé de Milan Panigarola, datée ex Castris Ducis Burge. 4 juin 1476. (De Rodt, l. c., T. II, p. 203.) [retour]

Note 3, page 261 : Dépêche de l’envoyé Panigarola, datée de Lausanne 30 mars 1476. (Ibid.) [retour]

Note 1, page 262: Ce convoi était arrivé à Besançon vers le 12 avril; mais les Allemands qui occupaient le comté de Montbéliard et le Val-de-Travers, et qui faisaient mine de vouloir l’enlever, l’obligèrent à faire un grand détour pour passer le Jura. (Dépêche de renvoyé de Milan datée de Lausanne le 12 avril 1476.) [retour]

Note 2, page 262: Dépêches du même, datées de Lausanne 25 mars et 18 avril 1476. En pays ami, les gendarmes de toute espèce, chefs ou simples soldats, étaient tenus de pourvoir eux-mêmes à leur entretien et de payer les vivres au prix des marchés. (Ordonnance du duc de Bourgogne de 1471.) [retour]

Note 3, page 262: Dépêches des envoyés de Milan, datées de Lausanne 31 mars, 22 et 23 avril 1476. C’est sans doute dans une de ces sanglantes rencontres que fut tué le gentilhomme anglais dont le crâne, tenant dans ses dents serrées un noble à la rose, monnaie d’or du règne d'Edouard IV, fut trouvé dans l'ancien cimetière de la Madelaine à Lausanne, en 1841. (Voyez Revue Suisse, T. IV, p. 508-510.) [retour]

Note 1, page 263 : La dépêche indique la situation de ce monastère; les titres de Hautcrêt parlent des déprédations dont il eut à souffrir pendant la guerre de Bourgogne. [retour]

Note 2, page 263 : On porte leur nombre à quinze, (missive de Berne à M. de Stein, commandant suisse de Montbéliard, datée du 28 avril.) Geschichtforscher, T. VI, p. 311. [retour]

Note 3, page 263 : Ils étaient jaloux de la préférence que le duc avait pour les troupes anglaises qui observaient mieux la discipline, et qui seules avaient tenu ferme à Grandson, tandis que les Italiens s’étaient enfuis. [retour]

Note 1, page 264 : Dépêche de l'envoyé de Milan A. d’Aplano, datée de Lausanne 22-23 avril 1476. (De Rodt, l. c., p. 151.) [retour]

Note 2, page 264 : Dépêche du même du 24 avril. (l. c.) [retour]

Note 3, page 264 : Dépêches de l’envoyé de Milan, datées de Lausanne 30 mars, 5 et 16 mai. (De Rodt, l. c., p. 155.) Missive de Berne du 25 avril. (Supra.) [retour]

Note 1, page 265 : Attestation de l’officialité de Lausanne du 32 octobre 1476, (citée plus haut ):
Propter adventum exercitus Karoli Burgundorum Ducis, qui castra sua prope civitatem Lausannam posuit ibidemque perstitit usque ad 27 diem mensis maii 1476, et in locis vicinis dictæ civitatis tanta esse penuria, fructuum defectus et inopia ... uti incolæ ... patriam deseruerint; quinimo mendicare coguntur; ... campi cultura caruerint; ... domibus incensis vel diruptis. » (Haller Coll. dipl. T. VI, p. 174, à la bibliothèque de la ville de Berne.) [retour]

Note 2, page 265 : Dépêche de l’envoyé Aplano datée de Lausanne 22 avril, et de Panigarola du 28 mai. (De Rodt, l. c., p. 199.) [retour]

Note 1, page 266 : Dépêche de l’envoyé Panigarola, datée de Lausanne 15 avril 1476. (De Rodt, l. c., p. 160.) On sait que le duc Charles était très-sobre et ne buvait jamais de vin pur. Cependant Commines dit « que la tristesse mua tant sa complexion qu’il lui fallait boire du vin bien fort sans eau. » (Mém. Liv. V, chap. 5), et M. de Barante s’exprime de manière à faire supposer que la maladie du duc fut occasionnée par l’excès du vin pur qu’il buvait, dit-il, en abondance. (Ducs de Bourgogne, Liv. VII.) [retour]

Note 2, page 266 : On n’obtint de lui qu'avec beaucoup de peine qu’il quittât ses vêtements pour se coucher dans un lit de plume. [retour]

Note 3, page 266 : Journal du maître-d’hôtel du duc, de Commines-Langlet, T. II, p. 219. La duchesse de Savoie y avait envoyé tout le personnel de sa propre chapelle. Dépêche de l’envoyé Aplano, du 24 avril. [retour]

Note 1, page 267: La tradition porte qu’un illustre personnage qu'on suppose être le duc Charles habita la maison de Bottens, aujourd’hui maison de Crousaz, qui est fort ancienne. Elle est figurée sur l’ancien plan de Lausanne de l’an 1644, avec une tour massive tenant aux murs de ville et comprenait probablement les deux maisons contigües. [retour]

Note 2, page 267 : On craignit une hydropisie. Il fut soigné par son médecin ordinaire nommé Don Salvator, et par le Dr Bartholomeo, médecin de la duchesse de Savoie; ce dernier ne le quitta ni jour ni nuit tant qu’il fut en danger, soit du 28 avril au 1er mai. (Dépêches de l’envoyé Aplano, datées de Lausanne le 1 et 2 mai 1476.) [retour]

Note 3, page 267 : Dépêches de Panigarola, datées de Lausanne des 5 et 8 mai. [retour]

Note 4, page 267 : Aplano, dépêche du 8 mai, sa maladie avait duré douze jours en tout. [retour]

Note 1, page 268 : « Dans une plaine du côté de Morges, à deux ou trois milles (italiens) du camp; » suivant la dépêche de l’envoyé Aplano du 10 mai. La plaine de Ranges située à une lieue du plateau qu’occupait le camp, présente une surface d’une demi-lieue de longueur prise du S. au N., sur un quart de lieue de largeur de l'E. à l’O. où elle est bornée par la Venoge. [retour]

Note 2, page 268 : Ces différentes localités ne sont pas indiquées nominativement dans les dépêches où nous avons puisé ces renseignements; mais nous ne croyons pas nous tromper en y suppléant à l’aide des distances et des autres circonstances mentionnées dans ces dépêches. [retour]

Note 1, page 269 : Ces archers, armés d'arbalètes, combattaient tantôt à cheval, tantôt à pied; quand ils mettaient pied à terre, leurs chevaux accouplés les uns aux autres se tenaient sans bouger derrière eux. (De Rodt. T. I, p. 65.) [retour]

Note 2, page 269 : Olivier de la Marche, Commines, et les envoyés milanais, blâment également cette manie du duc Charles, qui fut la cause de plus d’un échec; « vu qu’il était impossible de diriger les opérations d’une telle masse de gens de guerre, sans l’aide de plusieurs lieutenants expérimentés. » (Dépêche de l’envoyé Panigarola, datée du 10 mai 1476.) [retour]

Note 1, page 270 : Dépêches des envoyés milanais Panigarola et Aplano, témoins oculaires, datées de Lausanne 10 mai 1476. (De Rodt, l. c., T. II, p. 163.) [retour]

Note 2, page 270 : Dans un rapport consigné au protocole C., folo 892 du conseil de Berne, cité par Stettler, I, 254 et Tillier, T. II, p. 288; il est dit, en parlant de cette revue, que l’armée du duc Charles comptait soixante mille hommes, exemple flagrant des exagérations que renferment ces protocoles. [retour]

Note 3, page 270 : Dépêches des envoyés de Milan, (Supra). [retour]

Note 4, page 270 : Panigarola, dépêche datée de Lausanne 11 mai. Le duc s’était, en outre, convaincu que les archers tiraient mieux et plus vite à pied qu’à cheval. (De Rodt, l. c., p. 166.) [retour]

Note 1, page 271 : Commines, mém. Liv. V, Ch. II. Le sire de Contay, envoyé une première fois à Lyon après la défaite de Grandson, était revenu au camp de Lausanne, d’où le duc Charles le renvoya au roi une seconde fois, le 25 avril. (Dépêche d'Aplano, du 25 avril 1476.) [retour]

Note 2, page 271 : Dépêche de Panigarola, datée du 4 juin 1476. Les lettres écrites par Berne au roi, le 31 avril et 1er juin, même année, semblent indiquer que cette assurance avait effectivement été donnée aux Suisses. (Stettler, Chr. T. I, p. 253. De Rodt, l. c., T. II, p. 141, 206.) [retour]

Note 3, page 271 : Commines, Liv. V, Ch. II. Dépêche de l’envoyé Panigarola, datée de Lausanne 28 mai. (De Rodt, T. II, p. 177.) [retour]

Note 1, page 272 : Dépêche du même, datée du camp (de Morrens) 4 juin 1476. [retour]

Note 2, page 272 : Dépêche de l’envoyé Aplano, datée de Lausanne 14 mai. [retour]

Note 3, page 272 : Le sire de Viry avait servi le duc de Bourgogne dans la guerre de Liège. Il était venu à Lausanne pour tâcher de réconcilier le comte Philippe de Bresse avec la régente sa belle-sœur. (Dépêche de l’envoyé Aplano du 25 avril.) [retour]

Note 4, page 272 : Vaulruz ou Vauruz, bourg et château de la préfecture de Bulle, canton de Fribourg, qui appartenait alors à messire Antoine Champion, président (du Sénat) de Savoie. [retour]

Note 1, page 273 : Lettre du comte L. de Gruyères aux Fribourgeois, datée de Gruyères 6 mai 1476. (De Rodt, hist. des comtes de Gruyères, pr. p. 582.) [retour]

Note 2, page 273 : Dépêches de l’envoyé Aplano, datées de Lausanne 22 avril, 1 et 14 mai 1476. (De Rodt, camp de Charles-le-Hardi, T. II, p. 156.) [retour]

Note 3, page 273 : La livre de pain et la mesure de vin coûtaient un plappart; (Stettler, Chronique, T. I. p. 254), monnaie d’argent de Zurich, contenant la 25e partie du marc de huit onces. (Zellweger, hist. d’Appenzell, T. II, p. 144.) Or le marc valant aujourd’hui environ 32 francs de Suisse, le plappart équivaudrait à douze batz environ. [retour]

Note 1, page 274 : L’envoyé Panigarola écrivait au duc de Milan, son maître, en date du 16 mai, de lui envoyer de l’argent, faute de quoi il se verrait réduit à se mettre à l’hôpital pour ne pas mourir de faim. (De Rodt, l. c., p. 155.) [retour]

Note 2, page 274 : Dépêche de l’envoyé Panigarola, datée de Lausanne 5 mai. (De Rodt, l. c., p. 154. [retour]

Note 3, page 274 : Le duc avait enfin reçu l’assurance que le roi ne romprait pas la trève. D’un autre côté, le Protonotaire Hessler, ambassadeur de l’empereur, lui avait fait savoir que celui-ci se préparait à attaquer les Confédérés avec toutes les forces de l’empire. Mais cette promesse trompeuse se réduisit à un mandement qui défendait à tous les sujets de l’empire de commettre aucune hostilité contre le duc de Bourgogne et la maison de Savoie. (Dépêche de l'envoyé de Milan, datée du 4 juin 1476. De Rodt, T. II, p. 201-202.) [retour]

Note 1, page 275 : Attestation de l’official de Lausanne du 22 octobre 1476. (Supra.) Journal du duc de Bourgogne (Commines-Langlet, T. II, p. 219.) Dépêche de l’envoyé de Milan, datée de Lausanne 28 mai 1476. (Append. De Rodt, T. II. p. 199.) [retour]

Note 2, page 275 : Dépêche de l’envoyé de Milan Panigarola, du 28 mai 1476. (De Rodt, l. c., p. 199.) [retour]

Note 3, page 275 : Les pâtres des Alpes fribourgeoises avaient aperçu la fumée de l’incendie du camp. (Berne à Bâle, missive du mercredi après Pentecôte, 29 mai. De Rodt, l. c., p. 205.) [retour]

Note 1, page 276 : Depuis sa maladie le duc Charles avait continué d’habiter Lausanne même. [retour]

Note 2, page 276 : Morrens, village vaudois, du cercle de Bottens, district d’Echallens, situé à deux lieues et demie au nord de Lausanne, à droite de la grande route d’Yverdun. [retour]

Note 1, page 277 : Depuis la victoire de Grandson et pendant les mois d’avril et de mai, la guerre avait semblé aux cantons orientaux ne plus être l’affaire que des gens de Berne, de Soleure et Fribourg (Voir Tillier, histoire de Berne, T. II. p. 285, qui cite les sources.) [retour]

Note 2, page 277 : Le 8 avril 1476. (Tillier, l. c., p. 284.) [retour]

Note 1, page 278 : J. de Müller, histoire des Suisses, trad. par M. Monnard, T. VIII, p. 53. On pensait au camp du duc de Bourgogne que les Bernois ne pourraient défendre Morat (dépêches de Panigarola, des 9 et 10 juin); les cantons ayant refusé de concourir à la défense de cette ville, parce que, disaient-ils, « elle n'était pas dans les Diètes du territoire fédéral, mais en Savoie. » (Lettre de Berne à Lucerne du 11 avril. Schilling, p. 318.) [retour]

Note 2, page 278 : Voir De Rodt, l. c., 248-249. Un messager fut envoyé de Fribourg à Berne pour annoncer la découverte de ce complot. (Ibidem.) [retour]

Note 3, page 278 : Une dépêche adressée au duc de Milan par le commandant de Come, datée du 6 juin 1476, fait mention d'une conspiration découverte à Fribourg même pour livrer la ville, complot qui aurait coûté la vie à douze bourgeois décapités. Cette nouvelle avait été apportée à Come par un Bâlois nommé Balthazar. Mais il est possible que l'on ait confondu Fribourg avec Morat, puisque les annales fribourgeoises ne parlent pas de cette conspiration. [retour]

Note 1, page 279 : L’archiduc avait fait demander au duc de Milan de lui prêter de l’argent, mais celui-ci refusa et en donna avis au duc de Bourgogne. (Dépêche de Panigarola, du 4 juin 1476.) [retour]

Note 2, page 279 : Zellweger, histoire d’Appenzell, T. II, p. 102-103. [retour]

Note 3, page 279 : Les Bernois s’étaient emparés du comté de Neuchâtel, avant la bataille de Grandson, et retenaient le comte prisonnier à Berne. (J. de Müller, T. VIII, p. 6 et 23.) [retour]

Note 4, page 279 : Schilling, Chronique de la guerre de Bourgogne, p. 315. (Chroniques des chan. de Neuchâtel, l. c., p. 286.) [retour]

Note 5, page 279 : Schilling, l. c., p. 310. Le comte de La Chambre et le sire de Saleneuve étaient ses principaux capitaines. (Chronique de Neuchâtel, l. c., p. 285.) [retour]

Note 1, page 280 : « A Morrens ... en une très belle fin de bled et avoyne, dont ce fut grand dommage. » (Ibidem, p. 284.) [retour]

Note 2, page 280 : Journal du maître-d’hôtel du duc de Bourgogne, dans Commines, édition Langlet, pr. T. II, p. 219. [retour]

Note 3, page 280 : De Rodt, l. c., p. 200-204. La Chronique de Neuchâtel, publiée dans le VIIIe volume du Geschichtforscher, p. 285, indique le samedi après l'Ascension (25 mai) et le dimanche et lundi suivants, comme dates de cette expédition; mais comme elle ajoute qu’elle eut lieu pendant que le duc était campé à Morrens où il ne vint que le 27 mai, nous adoptons les dates du 1 et 3 juin indiquées par M. de Tillier, l. c., T. II, p. 287. [retour]

Note 4, page 280 : Ibidem, « Sans compter les francs-archers de M. de Valangin, leur combourgeois. » [retour]

Note 1, page 281 : « Mais le seigneur de Romont, rudement assailli sans lieu ni loisir de ranger sa bataille, et voyant venir gens et bandières (de Soleure, Neuchâtel, etc. ) contre les siens, repassa la Broye ... et se retira à Cudrefin, » (Chronique du Chan. H. de Pierre, de Neuchâtel, très-différente de celle que nous venons de citer). [retour]

Note 2, page 281 : Ibidem. Nous ferons remarquer, à l'occasion de ce combat de la Sauge, que ces Chroniques des Chan. de Neuchâtel, sont la seule autorité sur laquelle s'appuie l'histoire de cette défaite du comte de Romont, dont ces Chroniques paraissent avoir singulièrement amplifié, si ce n'est même inventé les circonstances. Les dates se contredisent; on y voit figurer (dans la seconde) le comte Rodolphe, qui était alors retenu prisonnier à Berne: d'ailleurs les deux Chroniques ne s’accordent point sur des circonstances essentielles. Enfin les dépêches des envoyés qui accompagnaient l'armée bourguignonne n’en disent pas un mot. Nous avons réduit ce fait d'armes à sa valeur réelle, pour ne pas en rejeter absolument la tradition dans le domaine des fables. [retour]

Note 3, page 281 : « Le mardi 4 juin, le duc partit de Morrens après dîner et campa près le château de Beauley, » (Journal, cité plus haut), c’est-à-dire près du château d'Echallens, brûlé l'année précédente par les Suisses; il n’y a jamais eu de château à Bioley-Orjulaz et Bioley-Magnoud est beaucoup trop loin de Morrens. [retour]

Note 1, page 282 : Dépêche de l’envoyé de Milan, datée de Lucens 9 juin 1476. (De Rodt, l. c., p. 219.) [retour]

Note 2, page 282 : Dépêche de l’envoyé de Milan, datée du 6 juin, ex Castris. (De Rodt, l. c., p. 217). [retour]

Note 3, page 282 : Dépêche du même, datée « in campo ante Lucens » 9 juin. Thierrens y est appelé Tairagli, à trois milles (d’Allemagne), soit quatre lieues et demie de Suisse du camp précédent. (De Rodt, l. c., p. 21.) [retour]

Note 1, page 283 : Berne eut beaucoup de peine à réunir ses propres milices, à cause de leur répugnance à quitter leurs travaux champêtres pour recommencer la guerre, ce ne fut qu'après plusieurs sommations impératives qu'elles se rassemblèrent à Berne, vers la Fête-Dieu. La grande bannière de la ville ne sortit même en rase campagne que ce jour-là (13 juin). L’armée ne comptait que six mille hommes environ, commandés par l'avoyer Petermann de Wabern, et le chevalier N. de Scharnachthal, son premier lieutenant. (De Rodt, l. c., p. 227.) Les bannières de Soleure et de Fribourg furent levées en même temps que celle de Berne. (Ibidem, p. 222.) Celles des autres cantons et les autres troupes alliées ne vinrent que plus tard. (Ibidem, p. 250.) [retour]

Note 2, page 283 : Le Journal du maître-d'hôtel du duc Charles, imprimé dans les preuves de Commines-Langlet, T. II, p. 219, n'indique pas toujours les lieux où l'armée était campée, mais seulement les endroits où le prince, qui était toujours accompagné d'une partie de sa garde, prenait son logement. Ainsi le gros de l’armée ne campa ni à Estavayer, ni à Montet, où le duc se trouva le 6 et le 7 juin, en faisant une reconnaissance. [retour]

Note 1, page 284 : Dépêche de l’envoyé Panigarola, du 9 juin. (Supra.) [retour]

Note 2, page 284 : De Rodt, l. c., p. 218, dit que le second camp fut levé le huit juin; mais une dépêche de l’envoyé de Milan, arrivée la veille à Gex, prouve que l’armée s’était remise en marche le sept du même mois. [retour]

Note 3, page 284 : Ce plateau, d’une bonne lieue de long sur une demi-lieue de large, était en partie couvert de bois, dont les massifs séparaient les différents quartiers du bivouac. [retour]

Note 4, page 284 : Dépêche de Panigarola, du 9 juin. (Supra.) [retour]

Note 1, page 285 : Ibidem, il fut appelé au camp de Lucens pour assister au conseil de guerre convoqué par le duc. [retour]

Note 2, page 285 : Dépêche du 9 juin. (Supra.) [retour]

Note 3, page 285 : Ibidem. Chaque homme d’armes à 3 chevaux recevait quinze francs de 32 gros, de solde par mois; chaque archer monté, cinq francs; le coulevrinier et l’arbalétrier recevaient quatre francs par mois; le coustelier et le piquenier étaient payés à raison de deux paters par jour. Tous pourvoyaient à leur entretien à leurs propres dépends. (Ordonnance du duc de Bourgogne de 1471.) [retour]

Note 4, page 285 : Les paletots de la gendarmerie d’ordonnance étaient mi-partie de bleu et de blanc, avec la croix de Saint-André peinte en rouge sur le plastron. Les bannerets, chevaliers ou écuyers, portaient des robes flottantes à leurs couleurs et blasonnées à leurs armes. Les couleurs des panaches et les lambrequins ou bandelettes des casques et salades étaient mélangés les mêmes couleurs que les robes. (Mém. de France et de Bourgogne.) [retour]

Note 1, page 286 : Plusieurs drapeaux bourguignons, pris à Morat, sont conservés à Berne et à Fribourg; quelques-uns sont richement blasonnés aux armes du duc Charles de Bourgogne; d'autres sont ornés de chiffres et de devises en lettres d’or. [retour]

Note 2, page 286 : Voir Commines, édit. Dupont, T. II, p. 26, note 1. [retour]

Note 3, page 286 : Panigarola, dépêche du 10 juin, in Castris contra Morat. [retour]

Note 4, page 286 : Panigarola, dépêche du 9 juin, in campo ante Lucens. (De Rodt, l. c., p. 219.) [retour]

Note 1, page 287 : Dépêche de l’envoyé Panigarola, du 9 juin. (De Rodt, l. c., p. 220.) [retour]

Note 2, page 287 : Schilling, p. 324. [retour]

Note 3, page 287 : Dépêche de l’envoyé Aplano, datée de Gex, 10 juin 1476, sur le rapport fait à la duchesse de Savoie par son maître-d’hôtel Rivarola, arrivé la veille du camp de Lucens. [retour]

Note 4, page 287 : Journal du maître-d’hôtel du duc de Bourgogne (loc. cit.) Dépêches de l’envoyé Panigarola, datées in campo ante Lucens, 9 juin, et in Castris contra Morat, 10 juin 1476. (De Rodt, l. c., p.221.) [retour]

Note 5, page 287 : D’après certain rapports parvenus de Lucerne et des petits cantons au duc de Milan, le bruit y courut plusieurs fois que le duc de Bourgogne avait renoncé à son entreprise contre les Suisses, pour tourner ses armes contre le roi de France. — D’un autre côté, le duc Charles, voyant que les Confédérés ne se rassemblaient nulle part, avait tout lieu de croire, comme on le disait autour de lui, que Morat ne serait point secouru et qu’il s’en rendrait aisément le maître. (De Rodt, l. c., p. 242.) [retour]

Note 1, page 288 : Dans les bois d'Avenches, suivant la Chronique des Chan. de Neuchâtel (l. c.), nous suivons les renseignements que M. De Rodt, (l. c., p. 222-225), a puisés dans les dépêches de l’envoyé Panigarola, datées ex Castris contra Morat, 10 et 12 juin 1476. [retour]

Note 2, page 288 : Bubenberg avait donné l’exemple en faisant incendier les faubourgs de Morat et les villages environnants qui auraient pu faciliter à l’ennemi les approches de la place (vide supra les mêmes dépêches). Les habitants, cachés dans les bois, se vengeaient en tombât à l’improviste sur les gendarmes bourguignons qui s’écartaient du camp. Le 12 juin, la compagnie de Jacques Galeotto perdit ainsi 26 cavaliers. (Ibidem.) [retour]

Note 1, page 289 : Dépêche de l'envoyé Panigarola, du 10 juin. (Supra.) Schilling, p. 342. Molinet, Chron. Ch. 31, édit. Buchon, T. I, p. 199. Engelhard, Chronique de Morat, p. 57. On montre encore aux voyageurs, dans le bois de la commune de Courgevaux, un carré profondément excavé, où s’élevait la maison de bois du duc Charles-le-Hardi. Cette maison portative, artistement fabriquée en charpente, se composait de pièces de bois numérotées que l’on montait et démontait à volonté. (Berchthold, histoire de Fribourg, T. I, p. 394.) Intérieurement elle était tapissée avec tout le luxe d’un palais. [retour]

Note 2, page 289 : La vue du camp de Morat figurée dans Schilling, p. 336-337, représente très-bien la disposition de ce camp et l’amphithéâtre qui descend depuis le pavillon du duc jusqu’au lac de Morat. [retour]

Note 3, page 289 : Kuenlin, Dict. de Fribourg, T. I, p. 136. [retour]

Note 4, page 289 : Molinet, l. c., p. 202. De Rodt, l. c., p. 261. [retour]

Note 1, page 290 : Dépêche de Panigarola, datée du 12 juin. (Supra.) Il semblerait que le duc Charles s’était rendu à Estavayer le 6 juin,(Commines-Langlet, T. II, p. 219), pour se concerter à ce sujet avec le comte de Romont. [retour]

Note 2, page 290 : Dépêche de l’envoyé Aplano, datée de Gex, 13 juin. (De Rodt, l. c., p. 234.) Engelhard, l. c., p. 56. [retour]

Note 3, page 290 : De Rodt, l. c., p. 278. Le capitaine Kageneck, Geschichtforscher, T. XI, p. 413, témoin oculaire. Nous ferons remarquer ici une fois pour toutes, l’exagération des chiffres indiqués par les historiens suisses: J. de Müller, par exemple, évalue à douze mille hommes le corps du comte de Romont. (T. VIII, p. 70.) [retour]

Note 4, page 290 : Panigarola, dépêche du 10 juin. (Supra.) [retour]

Note 1, page 291 : Dépêches de l'envoyé de Milan du camp de Morat, 10, 12 et 13 juin. (De Rodt, l. c., p. 225.) [retour]

Note 2, page 291 : Dépêches du même, des 12 et 15 juin. (Supra.) [retour]

Note 1, page 292 : Cette princesse et les ambassadeurs de Milan et de Naples accrédités auprès d’elle, se trouvaient déjà établis à Gex le vendredi 7 juin. (Dépêche d’Aplano, datée de villa Gaii, 8 juin 1476. [retour]

Note 1, page 293 : « Le seigneur de Miolan s’en est enfuy, et a abandoné l’armée et toutes gens; il se confie fort du roi. » (Lettre du comte L. de Gruyères aux Fribourgeois, du 6 mai 1476. Geschichtforscher, T. XIII, p. 582.) [retour]

Note 2, page 293 : Dépêche communiquée au duc de Bourgogne par l’envoyé du duc de Milan Panigarola, pour lui annoncer que les milices féodales de la Léventine sont effectivement sous les armes, (datée in Castris contra Morat, 12 juin 1476). Mais en même temps le duc de Milan fermait les yeux sur les secours que les gens de cette vallée envoyaient en secret aux Suisses contre le duc de Bourgogne. (Dépêche du Syndic d'Abiasca (ou Verzasca) au duc de Milan, du 17 juin 1476), et sur les enrôlements de soldats italiens que l’évêque de Sion faisait dans le Milanais contre la Savoie. (Aplano, dépêche datée de Gex du 10 juin.) [retour]

Note 1, page 294 : Schilling, p. 313. J. de Müller, T. VIII, p. 56, qui indique bien l’époque où cette expédition eut lieu, sans en préciser la date, que l’on trouvera ici d’après les dépêches des envoyés de Milan. (Voir de Rodt, l. c., T. II, p. 231.) [retour]

Note 2, page 294 : Dépêche de l’envoyé de Milan Aplano, datée de Gex 10 juin. (Ibidem.) [retour]

Note 3, page 294 : De Rodt, Histoire des comtes de Gruyères, p. 331. [retour]

Note 1, page 295 : La Tour-de-Peylz, petite ville d'environ 800 habitants, au bord du Léman, chef-lieu du cercle du même nom, dans le district de Vevey, à dix minutes à l’est de cette ville. La Tour fut bâtie, entourée de murs et fortifiée par le comte Pierre de Savoie, au milieu du XIIIe siècle. [retour]

Note 2, page 295 : Schilling, p. 313. « Und gewunnem die Statt Zum Thurn mit Schwert und einem harten Sturm. » [retour]

Note 3, page 295 : « Dictus Petrus (de Gingins), Dominus Castellarii, fortiter pugnando occubuit. » (Déclaration authentique du 19 octobre 1490. Archives du château de La Sarra.) [retour]

Note 4, page 295 : Schilling, p. 313. « Und ertödten alles das darinne von Manns-Personen was; me dann fünfhundert, ... und Stiessen die Statt in Füwre an, und nam auch jederman was ihm verden mocht » (p. 313). Ce chroniqueur prétend que les vieillards, les prêtres, les femmes et les enfants furent épargnés. Mais le contraire résulterait des dépêches des envoyés de Milan, et d’une supplique présentée au duc de Savoie par les bourgeois de la Tour à la fin de la guerre. (Archives de la Tour-de-Peylz.) [retour]

Note 1, page 296 : Dépêche de l’envoyé Aplano, datée de Gex 10 juin 1476; d’après le rapport du majordome de la duchesse de Savoie, Rivarola, qui venait du camp de Thierrens, et l’avait appris à Lausanne « Ha riportato, che Valesani presono héri vives, et l’hanno brusata, era bona terra et grossa pressa Losanna 4 Leghe. » (De Rodt, l. c., p. 232.) [retour]

Note 2, page 296 : Dépêches de Panigarola, datées du camp de Morat, 12 et 13 juin, qui donne quelques détails de plus. (Ibidem.) [retour]

Note 3, page 296 : Schilling, p. 313. En comparant le prix du marc d'argent de huit onces, ces 5,000 livres équivaudraient à plus de 40,000 francs de France, valeur intrinsèque et le triple au moins en valeur commerciale. [retour]

Note 1, page 297 : « Ipso (D. Petro de Gingins), defuncto, per tres dies post, ejus castrum (Castellarium) fuit captum. » (Déclaration du 19 octobre 1490, citée plus haut.) [retour]

Note 2, page 297 : Schilling, l. c., p. 251-313. En outre, Vevey et la Tour étaient hypothéqués à la ville de Fribourg pour une somme d’argent que le duc de Savoie devait à cette ville. (Voir Berchthold, histoire de Fribourg, T. I, p. 353-360.) [retour]

Note 3, page 297 : « Tempore guerræ Teutonicorum, in patria Vaudi et Chablaisii vigentis, pretextu dictæ guerræ et saccamani ejusdem patriæ quamplures ex hominibus Castellarii, Mustruaci et Vivesci ad aliam patriam se transtulerunt, etc. » (Déclaration du duc Philippe de Savoie, datée du 1er février 1497, aux archives du château de La Sarra.) [retour]

Note 4, page 297 : Suivant la Chronique de Bonnivard, T. II, p. 75. [retour]

Note 1, page 298 : Quelques jours plus tard (17 juin), les Valaisans fondirent par la vallée d'Abondance sur le pays de Gavot, mirent à rançon la petite ville d’Evian, saccagèrent et brûlèrent les châteaux environnants, et se retirèrent en emmenant, comme trophée, deux canons aux armes de Blonay, pris au château de St.-Pôl. (Ibidem, Bocard, histoire du Valais, p. 128.) [retour]

Note 2, page 298 : Lettre de Berne à l’évêque de Sion, datée du lundi après la Trinité (10 juin) 1476. (De Rodt, l. c., p. 230.) Sommation adressée aux communes du Gessenay et du Château-d’Œx, pour se rendre devant Morat (juin 1476). (Ibidem.) [retour]

Note 3, page 298 : Terre du comte de Gruyères. (De Rodt, Supra, p. 295.) [retour]

Note 4, page 298 : « Il se confirme que les Valaisans au nombre de trois mille se sont avancés contre Lausanne, en brûlant et pillant plusieurs endroits, et en massacrant femmes et enfants au berceau; ils ont commis toute sorte d’excès. On assure qu’ils marchaient sur Lausanne pour y mettre le feu; mais, appelés par les Fribourgeois, ils n’ont pas été jusqu’à Lausanne et ont marché vers Fribourg. » (Dépêche de Panigarola, datée de Morat, 13 juin 1476.) [retour]

Note 1, page 299 : Dépêches de l’envoyé Aplano au duc de Milan, datées de Gex, 13 et 17 juin 1476. [retour]

Note 2, page 299 : Ce gentilhomme était châtelain de Montagny-les-Monts, au pays de Vaud, pour le comte de Romont, et vassal du duc de Savoie à cause de sa terre de Brissogne en val d’Aoste (Grenus, documents d’Estavayer, msc.) [retour]

Note 1, page 300 : Tel paraît être le vrai sens du passage presqu’inintelligible des Mém. de Philippe de Commines, Liv. V. chap. II. (édit. Dupont, T. II, p. 18.) [retour]

Note 2, page 300 : Commines, l. c., dit: « Et lui fût renvoyé son homme. » Mais il paraît qu’il faut lire: « Et lui fût envoyé un homme. » [retour]

Note 3, page 300 : Dépêche de l’envoyé milanais Aplano, datée du 15 juin 1476. Il l'appelle Johane Laltaro Delphinengho (De Rodt, l. c., p. 200.) [retour]

Note 4, page 300 : Dépêches du même, datées du 13 et 15 juin. (Supra.) Germain de Givry, chambellan du duc Charles de Bourgogne. (Gollut, nouv. édit. col. 1191.) [retour]

Note 1, page 301 : Dépêches adressées au duc de Milan par son envoyé D. Antonio de Aplano, datée de Gex, 15 et 17 juin 1476. Ces dépêches répandent une nouvelle lumière sur les négociations entamées entre la régente de Savoie et le roi, son frère, dont Commines a parlé confusément dans ses mémoires. [retour]

Note 2, page 301 : Morat avait déjà soutenu avec succès deux siéges mémorables; le premier en 1033, contre l’empereur Conrad-le-Salique; le second en 1283, contre l’empereur Rodolphe de Habsbourg. [retour]

Note 3, page 301 : Dépêche de l’envoyé de Milan Aplano, datée de Gex, 13 juin 1476. C’est pour laisser les communications libres d'un ouvrage à l’autre, dans l’intérieur de la ville et non par bravade que les portes de Morat restèrent ouvertes. (Schilling, p. 330.) [retour]

Note 1, page 302 : Dépêche de l’envoyé milanais, datée de Morat, 15 juin 1476. [retour]

Note 2, page 302 : Dépêche de l’envoyé Aplano, datée de Gex, 13 juin 1476. [retour]

Note 3, page 302 : Panigarola, 15 juin, les travaux avaient été commencés dans la nuit du 14 au 15. (Supra.) [retour]

Note 4, page 302 : Schilling, p. 333. Missive de Bubenberg à Berne, citée par J. de Müller, l. c., T. VIII, p. 62. [retour]

Note 5, page 302 : Dépêches de Aplano du 15 juin, et de Panigarola, du 15-17 juin. (De Rodt, l. c., T. II, p. 236 et suivantes.) Cette batterie était composée de 2 grosses bombardes (et non pas 70 comme le dit M. de Barante, l. c., Liv. VII,) et de quelques pierriers (courteaux) et serpentines de moindre calibre. Ces bombardes tiraient jusqu’à 70 coups dans une journée d’été, ou 35 coups par pièce. (Ibid.) [retour]

Note 1, page 303 : Schilling, p. 332. Les assiégés avaient caché sous les décombres de leurs murailles quantité de chausse-trapes (Fuss-Eisen) qui embarrassaient la marche des assaillants et ralentissaient leur ardeur. [retour]

Note 2, page 303 : Dépêches de l’envoyé Panigarola, datées de Morat, 19 et 20 juin 1476. (De Rodt, l. c., p. 238-240.) [retour]

Note 3, page 303 : Ibidem. Non pas 1,000 hommes comme le dit Schilling, p. 332. [retour]

Note 4, page 303 : Schilling, supra. Gumminen est à deux fortes lieues de Morat sur la route de Berne. Ce bourg est divisé en deux par la Sarine; le pont avait été fortifié par les Bernois afin d’assurer leur retraite en cas de revers. (Dépêche de Aplano, datée de Gex, 22 juin 1476.) [retour]

Note 1, page 304 : Voir la planche représentant une vue de Morat, dans l’ouvrage imprimé de Schilling, p. 338-339.) [retour]

Note 2, page 304 : Le duc de Bourgogne avait au siége de Morat: 4 grosses bombardes; 6 petites bombardes ou pierriers; 54 serpentines, coulevrines et autres pièces de moindre calibre. (Dépêches de Panigarola.) [retour]

Note 3, page 304 : Dépêche de Panigarola, datée du 20 juin, in Castris contra Morat. (De Rodt, l. c., p. 240-249.) [retour]

Note 4, page 304 : Les bannières de Berne, de l’Entlibuch et d’Unterwalden, au nombre de huit mille hommes avaient passé la Sarine à Gumminen, et s’étaient avancées sur Morat par les bois jusqu’à Ormey (Ulmitz), à une lieue de la place assiégée. La bannière de Fribourg et sa garnison allemande commandée par Jean Waldmann, de Zurich, joignirent les Bernois le 19 juin, et campèrent dans les bois de hêtres de Liebistorf et de Jeuss. Ces troupes furent remplacées à Fribourg et dans les environs par les bannières du Gessenay et du comte de Gruyères, conduites par le comte Louis, et par les Valaisans. — Les bannières de Soleure, de Bienne, du Seeland et de Neuchâtel, réunies à Aarberg, tenaient en échec le corps du comte de Romont, qui campait de leur côté. Telle était la position des Confédérés jusqu’au 21 juin au soir. (De Rodt, l. c., p. 250-251.) [retour]

Note 1, page 305 : Dépêche de Panigarola, datée de Morat, 18 juin. (Ibidem, p. 241.) [retour]

Note 2, page 305 : Ibidem. Ce plan pouvait avoir été réellement projeté pour le cas où les Confédérés, qu’on attendait encore pour livrer une bataille, ne seraient pas arrivés à temps. (De Rodt, p. 242.) Les contingents de Zurich, de Lucerne, ainsi que les troupes de l'archiduc et du duc de Lorraine n’arrivèrent à Berne que dans la soirée du vendredi 21 juin. (Ibidem, p. 255.) [retour]

Note 1, page 306 : Dépêche d'Aplano, datée de Gex, 21 juin 1476. [retour]

Note 2, page 306 : Dépêche du même, de même date. [retour]

Note 3, page 306 : Le père de ce jeune prince était D. Ferdinand, roi de Naples, auquel le roi Louis XI avait fait entrevoir un mariage avec sa fille Jeanne pour le détacher de l’alliance du duc de Bourgogne. (Dépêches de Panigarola, 19 juin, et de Aplano, 22 et 23 juin 1476.) [retour]

Note 1, page 307 : Dépêche de l’envoyé de Milan Aplano, datée de Gex, 23 juin au matin. [retour]

Note 2, page 307 : Ibidem. [retour]

Note 3, page 307 : Deuxième dépêche de Aplano, datée de Gex, 23 juin. [retour]

Note 1, page 308 : Troisième dépêché de Aplano, en date de Gex, 23 juin au soir. Le duc arriva à l'hora 21, soit à la 21e heure suivant la manière de compter des Italiens. [retour]

Note 2, page 308 : Troisième dépêche de l’envoyé de Milan D. Ant. de Aplano, en date de Gex, 23 juin 1476 au soir, témoin de l’arrivée du duc Charles dans cette petite ville. [retour]

Note 1, page 309 : Déclaration du bailli de Hainaut, (Antoine Rolin, dont les fils servaient dans l’année du duc), datée du 2 juillet 1476. Il ajoute que « la bataille arriva dans le temps que le duc Charles accompagnait le prince de Tarente, qui retournait dans son pays. » (Note de M. Gachard, dans son édit. des Ducs de Bourgogne, par M. de Barante, T. II, p. 523.) Cette dernière circonstance est fort possible, quoique les dépêches des envoyés de Milan n’en fassent aucune mention. [retour]

Note 2, page 309 : Comme à Rossbach, où les colonnes françaises furent surprises par l’ennemi. (De Rodt, l. c., p. 282.) [retour]

Note 1, page 310 : Cette hauteur sépare le village de Courgevaux du hameau de Cousiberle, où le duc de Bourgogne avait fait avancer son artillerie, protégée par un fort retranchement. (Voir ci-devant.) [retour]

Note 2, page 310 : Propres paroles d’Etterlin, chroniqueur suisse qui assistait à la bataille. (Voir J. de Müller, l. c., p. 82.) [retour]

Note 3, page 310 : Traduit textuellement de la dépêche de l'envoyé D. Ant. de Aplano, adressée au duc de Milan, datée de Gex, 23 juin au soir. (Voir De Rodt, l. c., p. 281.) Ce récit est en tout point conforme à celui de Molinet, Chap. 31, intitulé: La journée de Morat. (Ed. Buchon, T. I, p. 198.) [retour]

Note 1, page 311 : Voir J. de Müller, T. VIII, p. 73-74. De Rodt, l. c., T. II, p. 254-255. [retour]

Note 2, page 311 : Dépêches de l’envoyé de Milan Panigarola, datées de Morat, 18 juin et Salins, 8 juillet 1476. « Le duc croyait, dit Molinet, (Ch. 31), que les Suisses ne se venaient illec montrer, que pour donner espérance et secours aux assiégés; ... donc chacun retourna à son logis. » (Ed. Buchon, T. I, p. 202.) [retour]

Note 3, page 311 : « Suivant l’opinion de tous les capitaines, les Suisses auraient été battus là où ils ont attaqué, si nos escadrons de cavalerie et nos gens de pied s’étaient trouvés sur les lieux au moment où l’ennemi se montra. » (Dépêche de Panigarola, datée de Salins, 8 juillet 1476.) [retour]

Note 4, page 311 : L’armée bourguignonne devant Morat ne formait point une ligne de bataille continue, ainsi que l’ont imaginé J. de Müller et les écrivains qui l’ont suivi. Nous avons déjà relevé cette grave erreur, dans l’Appendice du VIIIe vol. de l’Histoire de la Suisse, traduite par M. Monnard, p. 514.) [retour]

Note 1, page 312 : Le duc Charles, quand il se trouva devant Morat « fist cinq logis. » (Molinet, l. c., p. 199.) [retour]

Note 2, page 312 : Dépêche de l’envoyé Panigarola, datée du 19 juin, devant Morat. Schilling, p. 336. Le nombre indiqué est celui que donne le capitaine Kageneck, qui commandait une partie de la cavalerie de Strasbourg à la bataille de Morat. (Geschichtforscher, T. XI, p. 413.) [retour]

Note 3, page 312 : « Son avant-garde de cinq à six mille hommes, tant de cheval que de pied, était logée à un trait d’arc de la ville. » (Molinet, l. c., p. 199.) [retour]

Note 1, page 313 : Selon l'ordonnance citée ci-devant, la compagnie de D. Antoine, et celle de son neveu Guillaume de Legnana, comptaient chacune 7 à 800 hommes de pied, auxquels il faut ajouter 500 hommes de la compagnie de J. F. Troylus, le fils; ensemble 2,000 hommes sans les gens employés au service de l'artillerie et des travaux du siége. [retour]

Note 2, page 313 : Dépêche de l’envoyé de Milan Panigarola, datée du camp de Morat, 15 juin et passim. (J. de Müller, T. VIII, p. 72.) [retour]

Note 3, page 313 : D'après les renseignements puisés dans l'ordonnance du mois de mai 1476, et dans Molinet, cette réserve comptait 4,500 hommes au plus. [retour]

Note 4, page 313 : Suivant Molinet, « l'arrière-garde que conduisait le comte de Marle », fut passée en revue par le duc, le vendredi 21 juin (l. c., p. 200). On sait que Jean de Luxembourg, comte de Marle, fait prisonnier le lendemain par les Suisses, fut impitoyablement massacré, quoiqu'il leur offrît une grande somme d’argent pour sa rançon. (De Rodt, T. II, p. 285.) [retour]

Note 1, page 314 : De Rodt, l. c., p. 276, qui cite Schilling et Etterlin. [retour]

Note 2, page 314 : « Desquels (cinq) logis le quatriesme fut sur une haulte montaigne, dont il (le duc) voyait la ville (de Morat) tout à plain séante à demi-lieue près. » (Molinet, l. c., p. 199.) Tous les historiens s’accordent sur ce point. [retour]

Note 3, page 314 : Jacques Galeotto commandait le 5e corps de bataille, composé de ses propres gens et des compagnies d’ordonnance du sire de Vergy et de Troylus. (Voir l'ordonnance du duc Charles de mai 1476.) [retour]

Note 4, page 314 : Suivant le témoignage positif et irrécusable du prince de Tarente, (Commines, Liv. V, ch. 3), et des envoyés milanais, (Supra), l’armée du duc de Bourgogne devant Morat ne comptait pas au-delà de vingt-trois mille combattants dont quatre mille chevaux. Sur ce nombre les trois corps détachés du comte de Romont, du capitaine A. de Legnana, du Grand-Bâtard et du comte de Marle en retenaient 12 à 13,000. (Supra.) M. De Rodt, (l. c., p. 224), porte le chiffre total de cette armée beaucoup trop haut en l'évaluant à 36,000 hommes. [retour]

Note 1, page 315 : « Réservées 200 lances (1,600 hommes) qui furent ordonnées pour faire le guet. » (Molinet, l. c., p. 202.) [retour]

Note 2, page 315 : « Messire Guillaume de Vergy qui, avec Troylus, avait faict le guet. » (Molinet, l. c.) [retour]

Note 3, page 315 : Ce nombre est celui que donne M. de Rodt, (l. c., T. II, p. 267) et qui est le résultat de la supputation exacte des contingents de tous les cantons suisses et de leurs alliés dont l’auteur à pu retrouver le chiffre dans les documents officiels contemporains. Commines, qui se dit bien informé porte à 35,000 hommes la force totale de l’armée alliée, (Liv. V, ch. III), ce qui paraît trop élevé. Molinet, par contre, reste en dessous de la réalité en n’indiquant que 20 à 22,000 hommes tant à pied qu’à cheval, (l. c., p. 202.) [retour]

Note 1, page 316 : Ce plan d'attaque avait été arrêté par les capitaines suisses dans la nuit du 21 au 22 juin, à la suite d’une forte reconnaissance poussée la veille jusqu'à la sortie des bois. (Ibidem, p. 258-260. Molinet, l. c.) [retour]

Note 2, page 316 : Lettre du capitaine Kageneck, citée plus haut. (De Rodt, l. c., p. 266.) [retour]

Note 3, page 316 : Molinet, l. c., p. 201. Etterlin, Chronique suisse. De Rodt, l. c., p. 261. Dépêches de l’envoyé Aplano, datées de Gex, 23 juin et de Panigarola, datée de Salins 8 juillet. [retour]

Note 4, page 316 : Molinet, l. c. Etterlin, l. c. De Rodt, l. c., p. 269. L’armée confédérée était divisée en avant-garde, arrière-garde (cinq mille hommes), et corps de bataille (environ douze mille hommes), qui suivirent la même direction. (Ibidem, p. 260.) [retour]

Note 5, page 316 : Dépêche de l’envoyé Aplano, datée de Gex, 23 juin. (De Rodt, l. c., p. 369.) [retour]

Note 1, page 317 : Quatre cents lances, d’après Molinet, ou 2,500 à 3,000 hommes, dont 600 Allemands du Palatinat, commandés par le chevalier Fréd. de Flörsheim, qui fut fait prisonnier et mené à Fribourg. [retour]

Note 2, page 317 : Aplano, Dépêche datée de Gex, du 23 juin au soir. (Ibidem, 270.) « On ne pensait plus se battre ce jour-là. » (Etterlin.) [retour]

Note 3, page 317 : « Le duc fut contraint de soi armer aux champs où son artillerie était arrangée. » (Chron. de Molinet, l. c., p. 202.) [retour]

Note 4, page 317 : Dépêche de l’envoyé Aplano, datée de Gex, 23 juin au soir, d’après le récit des capitaines arrivant du champ de bataille. (De Rodt, l. c., p. 281.) [retour]

Note 1, page 318 : Nos historiens paraissent avoir confondu cette haie (den Hag), qui couvrait le front de l’armée suisse, avec les retranchements bourguignons placés plus en arrière. Molinet, l. c., dit positivement: « Les Suisses s'étaient fortifiés d’une haie où l’on ne pouvoit entrer. » Ce qui s'accorde avec les paroles de D. Schilling, p. 338. « Und kamen (die Schweizer) am ersten an einen Hag, daruber man nicht mochte kommen. » [retour]

Note 2, page 318 : « Toutefois, aucun archer des compagnies de Mailly, Dickfield et Middelton l’avaient approchée (la haie) de bien près; mais les hommes d’armes n’y pouvaient rien faire. » (Molinet, ibid.) [retour]

Note 3, page 318 : « Sy musten, neben zu, durch einen engen Weg, zu Ross und zu Fuss brechen. » (D. Schilling, p. 338.) [retour]

Note 4, page 318 : Les retranchements où le duc avait fait mener toute son artillerie de campagne (Molinet, l. c., p. 201), s'appuyaient par la droite aux dernières pentes du Bois-des-Roches, situé au-dessus de Cousiberle. Voir la carte du district de Morat par Engelhardt. [retour]

Note 1, page 319 : Molinet, l. c., p. 203. C’est alors qu'Emile de Mailly et Georges de Rosimbos furent tués. [retour]

Note 2, page 319 : La Chron. de Neuchâtel du Chan. H. de Pierre, et M. De Rodt (l. c., p. 287), n'indiquent que 400 hommes tués; tandis que suivant la dépêche de l’envoyé Panigarola, témoin oculaire, datée du 8 juillet le nombre des alliés tués sur les hauteurs de Courgevaux fut d’environ quinze cents. [retour]

Note 3, page 319 : Dépêche de l'envoyé Aplano, datée de Gex, 23 juin. [retour]

Note 4, page 319 : Molinet, l. c., p. 203. Ducloz, Histoire de Louis XI. De Rodt, l. c., p. 273. C'est alors que J. Mæs, qui portait la bannière de Bourgogne, Philippe, seigneur de Grimberghes, et l’un des capitaines anglais, (sir J. Dickfield? ), furent tués. [retour]

Note 1, page 320 : Lettre du capitaine allemand J. Kageneck, datée de Morat, dimanche 23 juin (l. c.); il fut un de ceux qui poursuivirent le duc jusqu’à Avenches et même au delà. « Le duc Charles passa parmi l’armée de ses ennemis et se tira à Morges, et delà à Gex. » (Molinet, l. c., p. 204.) [retour]

Note 2, page 320 : Molinet, l. c., p. 203. Il s'agit ici des « deux cents lances » ordonnées par le duc pour garder son siége » et qui occupaient la tranchée du côté du midi de la place. (Supra.) [retour]

Note 3, page 320 : Dépêche de Petra-Sancta, datée de Turin, 30 juin 1476, d'après le rapport des gens venant de l’armée. [retour]

Note 1, page 321 : « La grosse bataille (des Confédérés) les approcha; à savoir les troupes qui gardaient le siége. » (Molinet, ibid.) [retour]

Note 2, page 321 : « Les Italiens ont fait des merveilles; aussi la plupart sont » demeurés morts sur la place. » (Dépêche de Petra-Sancta, en date de Turin, 30 juin). « Notre infanterie, lorsqu’elle s’est vue perdue, a combattu en désespérée contre l’ennemi. » (Dépêches de Panigarola, « qui avait tout vu de ses propres yeux », en date du 9 et 13 juillet de Salins.) [retour]

Note 3, page 321 : Quinze cents, suivant la dépêche de Panigarola, (supra), et d'après le rapport d’un capitaine allemand au service du duc de Bourgogne, fait prisonnier par les Suisses, puis relâché. [retour]

Note 4, page 321 : J. de Müller, l. c., T. VIII, p. 86, d’après Schilling, Etterlin, etc. [retour]

Note 1, page 322 : Dépêches des envoyés Petra-Sancta, en date de Turin, 30 juin, d’après le récit de Cavoretto y arrivant du champ de bataille; et Panigarola, de Salins, 9 juillet. « Les compagnies de Troylus et de Legnana, sont bien réduites; de 400 lances (trois mille hommes environ) qu’elles comptaient, il n’en est resté que le tiers[retour]

Note 2, page 322 : Petra-Sancta, (supra.) [retour]

Note 3, page 322 : Molinet, l. c., T. I, p. 200. [retour]

Note 4, page 322 : J. de Müller, l. c., p. 85. Cet étendard carré est sans doute le même que l’on conserve à l’arsenal de Zurich, et qui figure dans le frontispice de la Feuille du nouvel-an, publiée par la Société des artificiers de cette ville, pour 1849, (no 44). Il porte l’image de St.-Christophe, sur fond d’argent; comme celui que le duc fit faire en 1474, pendant le siége de Neuss, avec plusieurs autres bannières et guidons. (Voir Commines-Langlet, T. II, p. 214.) [retour]

Note 1, page 323 : Dépêches des envoyés de Milan Aplano, en date de Gex, 23 juin, et Panigarola, de Salins, 3 et 9 juillet. [retour]

Note 2, page 323 : Dans une lettre adressée par le duc Charles au sire Du Fay, en date de Salins, 12 juillet 1476, (De Barante, ducs de Bourgogne. Ed. Gachard, T. II, p. 526,) ce prince accuse les Picards de s’être enfuis du champ de bataille de Morat, sans avoir combattu. Ils faisaient partie de l’arrière-garde, et ont pu s’échapper par les marais d’Avenches, avant l’arrivée des Suisses. [retour]

Note 3, page 323 : Schilling, Etterlin, J. de Müller, l. c., p. 87. De Rodt, l. c., p. 266 et 275, qui expliquent fort bien le mouvement et le but de cette troisième colonne ou arrière-garde de l’armée suisse, qui comptait environ 5,000 combattants. [retour]

Note 4, page 323 : Olivier de La Marche mém. Collect. de Petitot, T. X, 397. Molinet, l. c., p. 203. [retour]

Note 1, page 324 : « 25,000 ducats », suivant une dépêche de Panigarola, datée de Morez, près de St.-Claude, 29 juin 1476. (De Rodt, l. c., p. 285.) [retour]

Note 2, page 324 : Les bois des territoires de Châtel, de Salvagny et de Villars-les-Moines. La distance entre Montilier, situé au bord du lac du côté d’Aarberg et le camp du duc Charles au-dessus de Courgevaux, sur le chemin de Fribourg, est d'une bonne lieue, à vol d’oiseau. [retour]

Note 3, page 324 : Le recueil de la Chronique scandaleuse, annexé aux preuves des Mém. de Commines, par Langlet, T. II, p. 133, est inexact. Le comte de Romont ne fut point défait par le duc de Lorraine, et n'abandonna son camp qu’après la déroute des Bourguignons. (Voir Schilling, et De Rodt, l. c., p. 277.) [retour]

Note 1, page 325 : Pendant la bataille, « le capitaine Bubenberg resta dans la place, avec la majeure partie de la garnison, parce que le comte de Romont, avec toutes ses troupes, demeura sans bouger dans son camp et continua à bombarder la ville. » (Schilling, p. 343.) [retour]

Note 2, page 325 : Etterlin, J. de Müller, l. c., p. 86. [retour]

Note 3, page 325 : « Si il avait passé la nuit dans son camp, il était perdu. » (Veit-Weber, dans Schilling, p. 350.) [retour]

Note 4, page 325 : « Fût mandé à toutes les garnisons, tant de Neuchâtel, etc., venir le lendemain matin, afin qu’on gardat le passage de la Broye pour que le comte de Romont et autres ne fussent sauvés si le duc perdait la bataille. » (Chronique de Neuchâtel, dans le Geschichtforscher, T. VIII, p. 295.) [retour]

Note 1, page 326 : « Aussi le lendemain au point du jour, ... tous prirent leur chemin en belle ordonnance pour aller contre l’ost et siége des Bourguignons. Quand ils furent au bout du lac (de Morat), près de la Tour de la Broye (à Sugiez), etc. » (Ibidem.) [retour]

Note 2, page 326 : Suivant la lettre du capitaine Kageneck, déjà citée, le comte de Romont avait avec lui cinq mille hommes tant à pied qu’à cheval. Une autre partie des troupes de Savoie était restée en garnison à Romont. [retour]

Note 3, page 326 : « Voyant nos gens (ceux de Neuchâtel et Vallangin), venir droit à eux une enseigne de Bourgogne, ils se mirent tous en terre couchés, pour les laisser approcher d’eux. » (Ibidem.) [retour]

Note 1, page 327 : On blâmait le brave Bubenberg, commandant de Morat, d’être resté enfermé dans la place avec la majeure partie de la garnison, au lieu de prendre une part active à la bataille. P. Schilling, p. 343 et 350, témoin oculaire, le justifie en expliquant comment le comte de Romont le tint en échec pendant toute la journée. [retour]

Note 2, page 327 : Au nombre de plus de mille hommes. (Chr. de Pierre) [retour]

Note 3, page 327 : Chronique de Neuchâtel (supra). Cette chronique s’arrête brusquement en cet endroit, néanmoins son récit paraît plus conforme aux données historiques que nous possédons, que l’autre Chronique du Chanoine de Pierre, publiée tout récemment pour la seconde fois sous le titre de Extraits des annales du chapitre de Neuchâtel, p. 35-36. (Neuchâtel, 1839.) Celle-ci suppose, mal à propos, que les troupes de Neuchâtel, etc., avaient rejoint l’armée bernoise avant la bataille; elle ajoute que le Bâtard d'Aarberg, qui conduisait la bannière du sire de Vallangin, fut grièvement blessé avec quelques autres. [retour]

Note 4, page 327 : Un groupe de monnaies bourguignonnes et françaises du XVe siècle, découvertes près du village de Jorissans, en Vully, paraît se rapporter au passage de ces Bourguignons. (Engelhardt, Topog. du district de Morat, p. 251.) [retour]

Note 1, page 328 : Le sire de Montaigu n’a point péri à la bataille de Morat, comme plusieurs écrivains l’ont dit; il mourut seulement en 1488. (Note de M. Du Vernoy, dans la nouvelle édition de Gollut, col., 1094.) [retour]

Note 2, page 328 : Relation de la bataille de Morat adressée par le capitaine Kageneck, à la ville de Strasbourg, datée de Morat, dimanche (22 juin) 1476. (Geschichtforscher, T. XI, p. 413.) [retour]

Note 3, page 328 : En comparant entr’eux les récits de Schilling, p. 343; d’Etterlin, p. 210; de la Chronique du chapitre de Neuchâtel et du capitaine Kageneck, (supra), il en résulte évidemment qu’une partie de la division du comte de Romont s’échappa en traversant le mont de Vully, tandis que l’autre partie opéra sa retraite par les bois de Morat, du côté de Berne (« Hinder sich uss gegen Bern zu. » Etterlin ) que les Suisses avaient traversés le matin pour venir attaquer le duc de Bourgogne; c’est-à-dire qu’il passa par Ormey, Liebistorf, Cormondes, Viviers et Matrans. (Voir De Rodt, l. c., p. 277-279.) [retour]

Note 1, page 329 : « Diewile so hat der Grafe von Reymont sine Lager hinder uns gerumt, und etlich Slangen mit ihm hinweg gefuret, und wol mit V. M. Mannen su Ross und zu Fuss, flüchtig gen Reymont zugezogen. » (Kageneck, l. c.) [retour]

Note 2, page 329 : Rapport autrichien de la bataille de Morat. (Geschichtforscher, T. XI, p. 416.) [retour]

Note 3, page 329 : In bello Morati mortuus erat magnificus miles Anthonius de Orliaco, Gubernator Niciæ et totius status Sabaudiæ. (Juven. de Aquino, Chr. Sab. M. H. Patr. Script. T. I, p. 281.) Comme il n'avait pas été tué le samedi, on crut d’abord qu’il était sauvé et la régente envoya aussitôt à sa recherche son secrétaire Cavoretto, qui rapporta la nouvelle certaine de sa mort. (Dépêches des envoyés de Milan, datées de Gex et de Turin.) [retour]

Note 1, page 330 : « Audaces fortuna juvat. » [retour]

Note 2, page 330 : Les dépêches des envoyés de Milan Aplano, Petra-Sancta et Panigarola, (ce dernier présent à la bataille), s'accordent à évaluer la perte du duc de Bourgogne à 8,000 hommes au moins, et 10,000 au plus, en comptant ceux qui, après la déroute, désertèrent leurs drapeaux, et qui étaient assez nombreux. Les Bernois eux-mêmes (J. de Müller, l. c., qui cite une Lettre de Berne, du mardi, après la St.-Jean), et le capitaine Kageneck, (l. c.), ne dépassent pas le chiffre de dix mille. [retour]

Note 3, page 330 : Etterlin, Chr. Suisse, qui combattit à Morat dit « qu’on ne fit point de quartier, et que les gens de pied massacraient sans pitié les Bourguignons que la cavalerie suisse avait déjà mis par terre. » [retour]

Note 4, page 330 : Berchthold, Hist. de Fribourg, (1841), T. I, p. 234. Il paraît cependant qu’un capitaine allemand, au service du duc de Bourgogne, fait prisonnier à Morat, fut relâché ou se sauva, et rejoignit le prince à Salins. (Dépêche de Panigarola, datée de Salins. [retour]

Note 5, page 330 : J. de Müller, l. c., p. 86. Les chants de guerre de Grandson et de Morat, composés par des étrangers, respirent une ironie si cruelle et une férocité telle, que nous ne pouvons admettre que ces chants soient l’expression des sentiments et des mœurs suisses, quelle que fût leur rudesse au XVe siècle. (Voir Rochholz, Eidgenöss. Lieder, Berne, 1835.) [retour]

Note 1, page 331 : Don Calmet, Chron. de Lorraine, T. III, aux preuves. [retour]

Note 2, page 331 : « Parmi les Allemands se sont trouvés entr’autres, Sallazard, etc.; le comte de Vaudémont; (le duc Réné II, avec 3 à 400 hommes d’armes); les gens de Ferrette, (Haute Alsace) et les Valaisans. » (Dépêche de Petra-Sancta au duc de Milan, en date de Turin, 30 juin 1476), d’après le récit de Cavoretto, secrétaire de la duchesse de Savoie. [retour]

Note 1, page 332: « Un capitaine (colonelo) allemand, au service du duc, est arrivé de Fribourg, où il a été comme prisonnier; il dit que, suivant leurs propres rapports, les Suisses ont perdu trois mille hommes. C’est le nombre de gens de guerre qui ont manqué lorsqu’on a congédié l’armée. » (Dépêche de l’envoyé Panigarola, datée de Salins, du 13 juillet 1476.)
Suivant leur habitude nos historiens suisses n’avouent qu’une perte insignifiante de 500 hommes. (Voir J. de Müller, l. c., p. 81. De Rodt, l. c., p. 287.) [retour]

Note 1, page 333 : Voir Schilling, p. 341-344. Non point, comme le disent J. de Müller et M. de Barante. « pour voir si quoiqu'un leur disputerait la victoire »; il ne restait personne qui eût pu la leur contester; mais pour partager le butin, le charger et l’emmener chez eux. Ce butin, qui ne peut être comparé à celui que les Suisses avaient conquis à Grandson, consistait principalement en provisions de vivres et en matériel de guerre. Toutes les caisses de l’armée et l’argenterie du duc Charles furent sauvées. (Dépêche de Panigarola, datée de Salins, 3 juillet.) [retour]

Note 1, page 334 : Lettre des Avoyer et Conseil de Berne aux chefs de l’armée suisse campée à Morat, datée de la Saint-Jean-Baptiste (24 juin) 1476, publiée dans la Chron. de Stettler, T. I, p. 261. L’esprit de cette lettre est assez inexactement rendu dans J. de Müller, l. c., p. 92. Berne prétendait que la paix et sa sécurité dépendaient de la possession du pays de Vaud. Les événements de 1798 ont prouvé tout le contraire. [retour]

Note 2, page 334 : On doit supposer que ce courrier était parti de Lyon immédiatement après le retour de Jean L’Altaro, qui avait quitté Gex le 17 juin. (Voir plus haut au chapitre intitulé « La cour de Savoie à Gex ».) [retour]

Note 3, page 334 : Ce fait important, resté inconnu jusqu’ici, est rapporté dans la dépêche de l’envoyé Aplano, adressée au duc de Milan, son maître, en date de Gex, 25 juin 1476. Les instructions données à ce courrier par Louis XI se rapportaient sans doute aux négociations entamées avec la duchesse de Savoie, pendant le siége de Morat. [retour]

Note 1, page 335 : Savoir, les troupes du duc Réné et celles de Strasbourg, celles de l'archiduc Sigismond, et la plus grande partie des contingents de Lucerne, de Zurich et de Bâle. (J. de Müller, l. c., p. 92.) On redoutait la disette qui régnait dans le pays-romand. (Schilling, p. 344.) [retour]

Note 2, page 335 : Schilling, p. 344. De Rodt, l. c., p. 292. [retour]

Note 3, page 335 : Surpierre et Lucens, bourgs et châteaux qui dominent la grande route de Lausanne à Berne, sur la rive gauche de la Broye entre Moudon et Payerne. [retour]

Note 1, page 336 : Schilling, p. 345. — Surpierre appartenait au comte de Romont, Lucens, par contre, était une des principales résidences des évêques de Lausanne. [retour]

Note 2, page 336 : Schilling, ibidem, qui se sert de l’expression allemande Sackmann machen, mettre une ville à sac. [retour]

Note 3, page 336 : De Rodt, l. c., p. 294-295. [retour]

Note 4, page 336 : Ibidem, p. 296. [retour]

Note 5, page 336 : Ibidem, p. 304. Girard, msc. T. VIII. [retour]

Note 1, page 337 : Voir ci-devant l’épisode intitulée « Bataille de Morat. » [retour]

Note 2, page 337 : Berchthold, hist. de Fribourg, T. I, p. 395. Les habitants s’étaient enfuis à l’approche des ennemis. [retour]

Note 3, page 337 : Le compte du trésorier de Fribourg porte une somme de 2 fl. 10 sols, payés au trompette Hagler, pour avoir servi les Fribourgeois devant Romont pendant huit jours; il assista à la prise de la place. (Berchthold, ibidem.) [retour]

Note 4, page 337 : « Quo anno (1476) villa Rotundimontis fuit cremata et tota destructa per Allemanos. » (Archives du clergé de Romont, citées par Kuenlin, Dict. de Fribourg.) Les assiégeants perdirent plusieurs hommes tués ou blessés. (Berchthold, l. c.) « Les Allemands ont fait raser les murs de Romont. » (Dépêche de D. Ant. Aplano, datée de Genève, 30 juin 1476.) [retour]

Note 1, page 338 : Divers articles de dépense insérés dans les comptes du trésorier de Fribourg, font voir que « Romont ne fut pas prise sans résistance, » comme on l’avait supposé. (Berchthold, l. c., note 5e.) [retour]

Note 2, page 338 : Nos historiens n’en avaient point parlé jusqu’ici, à l’exception du Dr Berchthold. [retour]

Note 3, page 338 : La présence du comte à Romont nous paraît prouvée par la 29e strophe de la chanson de Morat de Weit Weber, (Schilling, p. 350). Le vers: « Reymond wolt nit stille sitzen; » a été éliminé dans l’édition de Rochholtz, p. 170. Il est au moins certain que ce prince ne rejoignit le duc Charles que dans les premiers jours de juillet, à Salins, et non à Gex, comme J. de Müller l’a avancé, (l. c., p. 94). [retour]

Note 1, page 339 : Schilling, p. 345. [retour]

Note 2, page 339 : Bulle appartenait aux évêques de Lausanne, de même que Riaz et Albeuve, dont les bourgeois avaient fait, au mois de janvier précédent, un traité de combourgeoisie avec Fribourg, qui les préserva alors du pillage des Gruériens. (Kuenlin, l. c.) [retour]

Note 3, page 339 : De Rodt, hist. des comtes de Gruyères, p. 334. [retour]

Note 4, page 339 : Le bourg de Vuadens, qui avait refusé de suivre l’exemple de Bulle et de se mettre sous la protection de Fribourg, fit mine de vouloir résister et en fut puni par une forte contribution que cette ville lui imposa. (Etrennes Frib. 1809, p. 117.) [retour]

Note 5, page 339 : La distance de Bulle à Oron et Palézieux est de 3 à 4 lieues. [retour]

Note 6, page 339 : Schilling, p. 351-352. [retour]

Note 7, page 339 : D’Oron à Lausanne il y a 4 à 5 lieues de pays. [retour]

Note 1, page 340 : J. de Müller, (l. c., p. 94), dit que « le conseil de guerre des alliés envoya des messagers à Lausanne pour sauvegarder cette cité, » mais cette sauvegarde arriva trop tard; le mal était déjà fait. (Voir la missive de Berne aux chefs de ses troupes, Die Petri et Pauli, (29 juin). (Geschichtforscher, T. VI, p. 319.) [retour]

Note 2, page 340 : La première fois en octobre 1475, au moyen d’une forte rançon, payée aux Bernois et Fribourgeois au mois de décembre de la même année; et la deuxième fois, quelques jours avant la bataille de Morat. (Voir ci-devant.) [retour]

Note 3, page 340 : « Viginti ad tria millia Alamanorum. » (Acte du 28 septembre 1482 des archives de la ville de Lausanne, publié dans la collection des Mémoires et Documents de la Société d’histoire Romande, T. VII, p. 648.) On ignorait au pays de Vaud le licenciement d’une moitié de l’armée suisse, réduite ainsi à 12,000 hommes. Quant au comte de Gruyères, il avait tout au plus mille à douze cents hommes autour de lui. [retour]

Note 1, page 341 : Schilling, p. 345. [retour]

Note 2, page 341 : De Rodt, l. c., p. 295, (d’après Girard, msc. T. VIII.) L’écu d’or valait 2 florins de Savoie ou 30 sols. En 1478 la coupe de blé coûtait dix sols; pour 100 écus on pouvait donc acheter 300 coupes de blé, mesure de Genève, qui coûteraient aujourd’hui environ cinq mille francs de France, au prix moyen de 16 francs la coupe. [retour]

Note 3, page 341 : Ces dates résultent de celle de la lettre adressée de Berne aux capitaines bernois le samedi fête de St.-Pierre et St.-Paul (29 juin) en réponse au message de ces capitaines envoyé de Lausanne à Berne, deux ou trois jours auparavant. (Geschichtforscher, T. VI, p. 319.) [retour]

Note 4, page 341 : Schilling, l. c., qui met tout le mal à la charge du comte de Gruyères et des siens. Cependant la lettre de Berne, du 29 juin, qu’on cite, ne parle point du comte; elle semble, au contraire, accuser ses propres gens, c’est-à-dire, les Bernois du pillage des églises. [retour]

Note 1, page 342 : Schilling, l. c., nomme particulièrement ces derniers. [retour]

Note 2, page 342 : Schilling, p. 346. [retour]

Note 3, page 342 : Lettre de Berne à ses capitaines, du 29 juin, mentionnée plus haut, et qui arriva trop tard. [retour]

Note 4, page 342 : Dépêche de l’envoyé Panigarola, datée de Salins, 3 juillet. En comparant entre eux les inventaires du trésor de Notre-Dame levés eu 1441 et 1536, on voit effectivement que beaucoup de joyaux et d’ornements précieux avaient disparu dans l’intervalle. (Levade, Dict. du canton de Vaud, p. 399 et 401.) [retour]

Note 1, page 343 : Ecclesia Beatæ-Mariæ-Magdalenæ fratrum Predicatorum. (V. infra.) [retour]

Note 2, page 343 : « Ipsa sigilla ... separaverunt et deanexaverunt, causa habendi dictum sericum ad faciendum, ut creditur, pulluigas (Poulaïnas - Poulaines) de ipso serico, et de appendentiis ipsorum sigillorum. » (vid. infra.) [retour]

Note 3, page 343 : « Octo diebus pendentibus immediate post nativitatem Beati Johannis Baptistæ fuerunt sex anni, prædicta civitas Lausannensis per Alamanos fuit posita ad Saccamanum. Et ibidem, dicto tempore durante, dicti Alamani fuerunt et steterunt dictam civitatem assaccamentes et bona spoliantes quatuor vel quinque diebus durantibus. » Titre des archives de la ville de Lausanne en date du 28 septembre 1482, publié dans les Mémoires et Documents de la Société d'histoire romande, T. VII, p. 621-648.) [retour]

Note 1, page 344 : « On assure que le pillage de Lausanne a donné aux Allemands un riche butin; car, dit-on, cette ville était abondamment pourvue de denrées et de toute sorte de marchandises que les Lausannois ont vendues très-cher et pour argent comptant, pendant cette guerre. » (Dépêche de Aplano, datée de Genève, 30 juin 1476.) [retour]

Note 2, page 344 : « Ces Allemands n’ont pas voulu s’engager à ménager la ville, peut-être qu’ils la feront incendier. » (Ibidem.) [retour]

Note 3, page 344 : « Les ambassadeurs envoyés à Lausanne ont trouvé cette ville entièrement dévastée et pillée. » (Dépêche de Aplano, en date de Genève, 30 juin 1476.) Pour accorder ces dates certaines avec les indications plus vagues que donne le Document des archives de Lausanne de 1482, (supra.) il faut admettre que les 4 ou 5 jours de pillage sont compris dans la huitaine qui suivit la fête de St.-Jean Baptiste, tombant sur le lundi 24 juin. La nouvelle du sac de Lausanne était déjà parvenue à Salins, en Bourgogne, le 3 juillet. (Dépêche de l’envoyé Panigarola, du même jour.) [retour]

Note 1, page 345 : Traduction textuelle de la dépêche de l’envoyé Aplano, du 30 juin. (Supra.) [retour]

Note 2, page 345 : Schilling, p. 346. Etterlin, p. 211. [retour]

Note 3, page 345 : Dépêche de l’envoyé de Milan, D. Ant. Aplano, en date de Genève, 30 juin 1476. Schilling, ibidem. [retour]

Note 4, page 345 : De Rodt, l. c., p. 304. L’année confédérée opéra sa retraite par Mézières, Rue, Romont et Fribourg, en pillant les villages et maltraitant les habitants sur la route. (Girard, msc. T. VIII, cité par M. de Rodt.) [retour]

Note 1, page 346 : M. Michelet, (Hist. de France, T. VI, p. 397), qui ne veut voir dans l’enlèvement de la régente de Savoie par le duc de Bourgogne qu’un guet-apens odieux et inutile, néglige tout-à-fait de rappeler les circonstances qui l'expliquent, et que la fuite du duc Philibert fit échouer. Il nous parle d’une armée savoyarde qui n’existait nulle part, et par conséquent ne pouvait défendre la duchesse de Savoie contre les Suisses, ni la protéger contre les entreprises du roi, dont les troupes étaient en route pour occuper la Savoie. [retour]

Note 2, page 346 : Journal du maître-d'hôtel du duc de Bourgogne. (Pièces de Commines-Langlet, T. II, p. 219.) [retour]

Note 3, page 346 : Dépêche de l’envoyé Aplano, en date de Gex, 23 juin et passim. [retour]

Note 4, page 346 : Voir plus haut l’épisode intitulée: « Le duc Charles à Lausanne. » Guichenon, (Hist. de la maison de Savoie, T. I, p. 567), dit que la duchesse refusa de suivre le duc, ce qui n’est pas exact, comme on va le voir. [retour]

Note 1, page 347 : Ces deux princes venaient depuis peu de s’unir par un traité secret, pour se rendre maîtres de la Savoie et du Piémont. (Lettre du duc de Milan à son agent près du roi, en date de Vigevano, 1er avril 1476.) [retour]

Note 2, page 347 : « Madame sera forcée de se livrer entièrement entre les mains du roi ou de votre excellence, si elle veut rester dans ses Etats. » (Dépêche de D. Ant. Aplano, au duc de Milan, en date de Gex du 24 juin 1476.) [retour]

Note 3, page 347 : « La duchesse trouve que Chambéry est un lieu trop rapproché du roi, pour qu'elle y soit en sûreté. » (Aplano, 24 juin, de Gex.) [retour]

Note 4, page 347 : Dépêche du même, du dit jour. « En même temps la duchesse lui annonçait le départ du duc pour le soir même ou pour le lendemain 25. » Ce départ fut retardé de deux jours. [retour]

Note 1, page 348 : Ce parti avait pour chef Claude de Savoie (bâtard d’Achaïe), comte de Raconis, maréchal de Savoie, Geoffroi de Rivarola, (des comtes de St.-Martin), maître-d’hôtel du duc Philibert Ier, beau-frère du comte de Raconis, qui avaient suivi la duchesse en deçà des monts. (Juvenal d’Acquino, Hist. Patr. monum. Scriptor., T. I, p. 682.) [retour]

Note 2, page 348 : Le duc de Bourgogne donna lui-même cette explication de sa conduite à l’égard de la régente, à l’envoyé de Milan Panigarola. (Voir la dépêche de ce dernier en date de Salins, 3 juillet 1476.) [retour]

Note 3, page 348 : « Et moi étant à Genève, le duc me manda sur ma tête que je prisse Madame de Savoie et ses enfants et que je les lui amenasse. » (Mém. d’Olivier de La Marche, Livr. II, Ch. VIII.) Olivier de La Marche, auquel son maître avait confié devant Morat, la veille de la bataille, une mission importante pour la Savoie et le Piémont (voir plus haut), attendait à Genève de nouvelles instructions que l’issue de cette bataille avait rendues nécessaires. [retour]

Note 1, page 349 : Ce jour-là le duc coucha à Mijoux, à deux ou trois lieues de Gex. (Journal du maître-d'hôtel.) [retour]

Note 2, page 349 : On pourrait supposer que la duchesse se proposait de retourner à Gex, où elle avait laissé son troisième fils, Jacques-Louis, et sa fille cadette Louise, ainsi que toutes les dames de sa suite. (Dépêche de Aplano, en date de Genève, 29 juin.) [retour]

Note 3, page 349 : Les mémoires du temps nomment les capitaines J. Galeotto, Ludovic Tagliant, et quelques autres. [retour]

Note 4, page 349 : Guichenon, Hist. gén. de Savoie, T. I, p. 567, suppose, mal à propos, qu’une lutte s’engagea entre les deux partis; le récit d'Olivier de La Marche ne contient rien de pareil; il dit simplement « le duc de Savoie me fut pris et dérobé. » [retour]

Note 5, page 349 : Il appartenait à l’une des plus anciennes familles nobles de la ville d’Ivrée. Il était seigneur de Saint-Hilaire, en Bourgogne, terre qui lui avait été donnée par le duc Charles. (Della Chiesa, Coron. Real. di Savoya, T. II, p. 207.) [retour]

Note 1, page 350 : Dom. Machanée, dit positivement que le duc Philibert fut sauvé, « consilio ac ductu strenuissimi rei militaris viri Ludovici Tallianti, ac reguli Forestæ. » (Hist. Patr. Mon., T. I, p. 787.) Juven. de Acquino, (l. c.), insinue la même chose. Olivier de La Marche, (l. c.), nomme particulièrement Bernard, seigneur de Menthon, (qui plus tard (1479) fut assassiné au pont de l’Aubonne par Ph. de Compeys-Thorens.) Bonnivard et Roset, (Chr. de Genève), parlent d’un capitaine Malcommande absolument inconnu. [retour]

Note 2, page 350 : Schilling, l. c., p. 352. Mém. d’Ol. de La Marche, (l. c.) Le jour (jeudi 27 juin 1476), l’heure (dix heures du soir), et le lieu (le Grand-Sacconex), de l’enlèvement de la duchesse de Savoie sont indiqués d’une manière précise dans une note latine placée en marge d’un manuscrit contemporain (1480-1485), qu’a publié M. de La Teyssonnière. (Recherches hist. sur le département de l’Ain, (Bourg et Lyon, 1844), T. V. p. 29.) [retour]

Note 1, page 351 : J. de Müller (l. c. p. 95) fait un tableau absolument faux de la disposition d’esprit du duc Charles après la bataille de Morat. Les correspondances des envoyés de Milan, datées soit de Gex, soit de Salins, témoignent que ce prince, loin de se laisser abattre par ce nouveau revers, déploya, au contraire, une fermeté d’âme et une activité merveilleuses pour se relever dans l’opinion de ses amis comme de ses ennemis. [retour]

Note 2, page 351 : L’enlèvement de la régente et du jeune duc de Savoye, son fils aîné, était devenu, en quelque sorte, une nécessité politique pour le duc Charles. Cette mesure violente attira sur ce prince un blâme sévère et universel, elle aurait probablement été appréciée d’une manière bien différente par ses contemporains, si au lieu d’échouer en partie, elle eût eu un plein succès. [retour]

Note 3, page 351 : Ce tumulte eut lieu dans la nuit du 27 au 28 juin. Bonnivard et Roset, (Chron. de Genève), mentionnent le fait sans indiquer aucune date. Ils supposent que les Lombards furent les agresseurs ce qui est tout-à-fait inexact. (vide infra.) [retour]

Note 1, page 352 : Cet envoyé était Don Antonio de Aplano, dont on a déjà parlé; il avait quitté Gex pour venir à Genève deux jours auparavant. [retour]

Note 2, page 352 : Le prince de Tarente attendait à Gex un sauf-conduit du roi pour se rendre en France, (Commines, Livr. V, Ch. III), et avait laissé une partie de sa suite à Genève. [retour]

Note 3, page 352 : Dépêche de l’envoyé de Milan D. Ant. de Aplano, en date de Genève, 29 juin. [retour]

Note 4, page 352 : Chroniques de Bonnivard, T. II, p. 72. « L’évêque Jean-Louis donna le fourrage (la dépouille) de tant de Lombards que l’on pourrait trouver à tous gentilshommes et aultres, tant de Genève que champêtres, et en trouva lui et ses gens environ deux cents, qu’il fit tous tuer et noyer. » [retour]

Note 1, page 353 : Commines, Liv. V, Ch. VI. Bonnivard, T. II, p. 79. Jean de Montchenu, de la maison de Pontvere ou de Ternier, en Genevois, Protonotaire apostolique, commandeur de Revel en Piémont. Louis XI lui donna l'évêché d’Agen en 1477, et celui de Viviers en 1478. (Gall. Christ. T. II, p. 928.) [retour]

Note 2, page 353 : Cest ce qui résulte de la comparaison du récit de Philippe de Commines, (l. c.), avec celui de Guichenon, (T. I, p. 567). Le premier disant que le roi « traita avec l’évêque et son gouverneur, le commandeur de Ranvers »; tandis que le second fait entendre que Ranvers s’était déjà rendu vers le roi à Roanne. [retour]

Note 3, page 353 : La nouvelle de la bataille de Morat parvint au roi à Lyon, le 25 juin, au moyen des espions et des messagers échelonnés sur toute la route. (Commines, Liv. V, Ch. 10e et infra.) [retour]

Note 4, page 353 : Commines, Liv. V, Ch. IV. Dépêche de Leonardo Rossi au duc de Milan, en date de Lyon, 26 juin 1476. Guichenon, l. c. [retour]

Note 1, page 354 : Les Genevois « envoyèrent des ambassadeurs au roi, pour le remercier de ceux qu’il avait envoyés pour ménager l’accord avec les Bernois et Fribourgeois, moyennant lequel tout le pays fut préservé. » (Registres du Conseil de Genève au 9 juillet 1476. Grenus, fragments hist. p. 48.) [retour]

Note 2, page 354 : L’envoyé français voulut persuader à l’évêque de recevoir garnison française à Genève; mais la ville s’y opposa. (Grenus, l. c., 2 juillet.) A cette date le duc Philibert et l’évêque, son oncle, étaient encore à Genève. [retour]

Note 3, page 354 : C’est ce qui résulte d’une dépêche de l’envoyé milanais Petra-Sancta, en date de Rivoli, près Turin, du 13 juillet 1476. [retour]

Note 4, page 354 : Commines, Liv. V, Ch. 4e. Guichenon, Hist. de Savoie, T. I, p. 568. [retour]

Note 1, page 355 : Ces deux princes s'étaient rendus auprès du roi à Roanne près de Lyon, où il avait aussi appelé le comte de La Chambre et le seigneur d'Aix, pour le règlement définitif des affaires de Savoye. (Dépêche de Petra-Sancta, en date de Rivoli, 13 juillet 1476. Supra. Guichenon, l. c.) [retour]

Note 2, page 355 : Guichenon, Hist. de Savoie, l. c. Hist. de Bresse, IIIe partie contin. p. 125. On l'appelait Monsieur d'Illins. [retour]

Note 3, page 355 : François de Billens, seigneur de Macconens, près de Romont, avait remplacé, au 1er juin 1476, messire Claude de Vergy, comme bailli et gouverneur de Vaud, (D'Estavayer, baillis de Vaud.) [retour]

Note 1, page 356 : Ces indications sont puisées dans un extrait contemporain du recès du congrès de Fribourg (juillet et août 1476), aux archives de Vienne. (Lichnowsky, Hist. de Habsbourg, T. VII, regestes, p. 440.) [retour]

Note 1, page 357 : Schilling, l. c. Don Calmet, Hist. de Lorraine, T. II, ne parle pas de la présence du duc Réné au congrès de Fribourg, quoique le recès (ci-dessus) le mentionne positivement. [retour]

Note 2, page 357 : Ibidem. La liste des députés au congrès est fort incomplète dans nos historiens; nous avons cherché à remplir en partie cette lacune. [retour]

Note 3, page 357 : Voir Schilling, p. 361. J. de Müller, l. c., T. VIII, p. 101. De Rodt, l. c., p. 321. [retour]

Note 4, page 357 : Voir de Rodt, Hist. des comtes de Gruyères, l. c., p. 335. [retour]

Note 5, page 357 : Schilling, l. c., et non pas de « trois villes du pays de Vaud » comme le dit J. de Müller, l. c., p. 102, note 469. [retour]

Note 1, page 358 : Ibidem. Notices généalogiques, msc. [retour]

Note 2, page 358 : Schilling, l. c. Les Genevois n’avaient encore acquitté qu'une faible partie de la rançon de 28,000 écus, stipulée par le traité de Morges du mois d’octobre 1475. [retour]

Note 3, page 358 : Requête adressée par la régente de Savoie, mère et tutrice du duc Philibert, à l’empereur Frédéric, en date de Lausanne, 12 avril 1475 (v. style). (Chmel Regest, No 7042.) [retour]

Note 4, page 358 : La députation de Berne était composée de l’avoyer Petermann de Wabern; des capitaines Adrien de Bubenberg, Nicolas de Scharnachthal et Guillaume de Diessbach, tous chevaliers; du docteur Thüring Frickart, et des deux bannerets Jean Kutler et Antoine Archer. Fribourg fut représenté par l’avoyer Pierre Pavillard, les conseillers Pierre Faucigny et Rod. de Vuippens, chevaliers, Praroman, Techtermann et Féguely, bannerets. (Schilling, p. 362. Girard, msc.) [retour]

Note 1, page 359 : Ce factum se trouve rapporté tout au long dans la Chronique de la guerre de Bourgogne de Diebold. Schilling, p. 365 à 359 [sic]. [retour]

Note 2, page 359 : Instructions données aux députés bernois, du 24 octobre 1475. Voir ci-devant au ch. 1er. [retour]

Note 3, page 359 : Schilling, l. c., au lieu du Chablais, dit « quelques districts »; ce qui s’applique aux quatre mandements d’Aigle. Les Valaisans, alliés des Bernois, avaient conquis le Bas-Valais jusqu’à St.-Maurice. [retour]

Note 1, page 360 : Schilling, l. c., p. 360. Le récit de ces conférences donné par J. de Müller, (l. c., p. 104), est inexact en plusieurs points, tant à l'égard de quelques faits qu’en ce qui concerne les dispositions bénévoles qu'il prête aux interlocuteurs Suisses. [retour]

Note 2, page 360 : Dépêche de L. Rossi au duc de Milan, en date de Lyon, 26 juin 1476. [retour]

Note 3, page 360 : De Rodt, T. II, p. 325, d’après une dépêche du Lombard Ambroise de Magy au duc de Milan, en date de Lyon, 17 août 1476, l'amiral de France avait fait lecture d’une lettre ostensible du roi. [retour]

Note 1, page 361 : J. de Müller, (l. c., p. 105), omet cette circonstance importante dans son récit du congrès de Fribourg et nous parle en revanche des « sympathies de Berne pour les malheurs de l’antique et illustre maison de Savoie, etc. » L’histoire est là pour répondre à ce mouvement pathétique du célèbre écrivain. [retour]

Note 2, page 361 : Voir De Rodt, T. II, p. 325, qui développe ces circonstances avec sa rectitude de jugement et sa fidélité ordinaires. [retour]

Note 3, page 361 : Le lundi après la St.-Laurent (12 août), suivant le recès des archives de Vienne, (l. c.) La conférence se prolongea jusqu’au 14 août, pour traiter d’autres affaires. [retour]

Note 1, page 362 : Schilling, p. 360, nomme en outre Grandcour et Cudrefin, qui furent restitués à la Savoie dès l'année suivante. (Watteville, hist. de la Conféd.) Il omet par contre Everdes, dont les Fribourgeois firent un bailliage en 1480. (Kuenlin.) Nous avons suivi les indications du traité fait entre Berne et Fribourg d'une et les Confédérés d'autre part, à Munster en Argovie, le 29 mai 1484. (Archives de Fribourg.) [retour]

Note 2, page 362 : Val. Anshelm, Chron. de Berne, T. I, p. 141, et un grand nombre de documents aux archives de Berne et Fribourg. [retour]

Note 3, page 362 : On taillait alors sept gouldes ou florins du Rhin au marc de huit onces d'argent. Cinquante mille florins équivalaient par conséquent à 7,143 marcs d'argent, qui, au prix actuel de 50 fr. de France le marc, font 357,150 francs, valeur intrinsèque; somme qui, en tenant compte de la différence du pouvoir mercantile de l'argent, équivaut à près de trois millions de la monnaie actuelle. La coupe de blé qui valait dix sols au XVe siècle, vaut aujourd'hui environ 16 francs de France. [retour]

Note 4, page 362: Schilling, p. 360. J. de Müller, l. c., p. 106, d'après le recès dans les msc. de Tschudi. [retour]

Note 1, page 363 : Ibidem. [retour]

Note 2, page 363 : L’obligation souscrite par Genève, le 27 décembre 1475, était de 28,000 écus d’or, équivalant à 24,000 florins du Rhin. (Grenus fragm. hist., p. 47.) L’écu valant deux florins de Savoie petit poids, on trouve les 60,000 florins indiqués par Bonnivard, en y ajoutant environ 4000 florins pour les frais. Les termes du paiement furent fixés comme suit: 8,000 écus (Schilde) à Noël, 1476; 8,000 à la St.-Jean suivante, et le solde à Noël 1477. [retour]

Note 3, page 363 : Cette somme formait le restant de celle de 40,000 gouldes, stipulés dans le traité de Seyssel du 21 juin 1452, par lequel Fribourg se soumit à la Savoie. (J. de Müller, T. VI, p. 355.) [retour]

Note 1, page 364 : Quoique cette clause ne figure pas dans les copies du recès de Fribourg, elle résulte assez clairement d’un document du 24 décembre 1480, dont il sera parlé dans l’épisode suivant. [retour]

Note 2, page 364 : Voir l’épisode des peaux de moutons, qui suit. [retour]

Note 3, page 364 : Pendant le congrès de Fribourg le duc Charles était à La Rivière, près de Pontarlier en Bourgogne, (Journal du maître-d'hôtel, l. c.), où il faisait de grands préparatifs pour rentrer promptement en campagne. Il comptait retrouver mille à douze cents lances sur les 1,600 qu’il avait à Morat, auxquelles devaient se joindre les 800 lances qui étaient restées en Lorraine, ce qui aurait porté son armée à 2,000 lances, ou seize mille hommes environ, sans compter 10,000 Picards et 6,000 Flamands qu’il avait mandés des Pays-Bas. (Dépêches de l’envoyé Panigarola, en date de Salins, 13 juillet et de La Rivière, 27 août 1476.) [retour]

Note 1, page 365 : Voir J. de Müller, Liv. V, Ch. II, T. VIII, p. 163. Recès de Lucerne, du 25 mai 1477. « Le pays de Vaud qui aurait dû nous échoir et nous demeurer ». [retour]

Note 2, page 365 : Depuis le traité de Fribourg jusqu’au 21 février 1478. (De Rodt, l. c., p. 494.) [retour]

Note 3, page 365 : De Rodt. Ibid. François de Billens, seigneur de Macconens, fut confirmé dans la charge de gouverneur de Vaud, pour 1478, par le duc Philibert, après la restitution du pays de Vaud, circonstance qui témoigne en faveur de la conduite qu’il tint comme administrateur bernois. [retour]

Note 4, page 365 : Commines, Liv. V, Ch. 4e. Guichenon, Histoire de Savoie, T. I, p. 568. Avant sa délivrance, la duchesse s’était assurée des bonnes dispositions à son égard de l’évêque de Genève, haut gouverneur de Savoie et du duc de Milan, ses beaux-frères, et même des Suisses. (Dépêche de l’envoyé Aplano, en date de Bolgari, en Piémont, 4 septembre 1476.) [retour]

Note 1, page 366 : Commines, l. c. [retour]

Note 2, page 366 : Guichenon, l. c. Dépêche de l’envoyé Aplano, du 4 septembre 1476. (Supra.) [retour]

Note 3, page 366 : « Fut pratiqué devers le roi de France d’envoyer querir sa sœur, ce qu’il fit, et y envoya 200 lances qui eurent entendement au château; et par ce moyen fût la duchesse de Savoie recousse (délivrée) de la main de monsieur de Bourgogne. » (Olivier de La Marche, Ed. Petitot, T. II, p. 418. Commines, l. c.) [retour]

Note 1, page 367 : Lettres du roi Louis XI en date du Plessis-du-Parc-les-Tours, 2 novembre 1476. (Guichenon, Histoire de Savoie, preuves, p. 428.) [retour]

Note 2, page 367 : Commines, l. c. [retour]

Note 3, page 367 : Au commencement de décembre. Lettre de convocation des Etats de Savoie envoyée à Genève. (Grenus, fragm. hist., au 3 décembre 1476, p. 49.) [retour]

Note 4, page 367 : Juven. de Acquino, l. c. Guichenon, Histoire de Savoie, T. I, p. 569. [retour]

Note 5, page 367 : « At revera, inter graves nobis incumbentes sarcinas, etc. » Statuts publiés à Chambéry, le 6 février 1477, par Yolande, duchesse de Savoie, pour la réforme de la procédure et des frais de la justice. (Statuta Sabaudiæ. Guichenon, l. c. p. 570.) [retour]

Note 1, page 368 : Au mois d’octobre, voir J. de Muller, T. VIII, p. 109. [retour]

Note 2, page 368 : Instructions données aux ambassadeurs suisses en date du 13 septembre 1476. (Stettler, Chr. T. I, p. 263. Tillier, Histoire de Berne, T. II, p. 304.) [retour]

Note 3, page 368 : J. de Müller, l. c., p. 178. Banque de Médicis à Genève, prête 3,500 écus à la ville. (Grenus, 30 janvier 1478.) [retour]

Note 4, page 368 : Hélène de Luxembourg, fille du connétable de Saint-Pôl, femme de Janus de Savoie, comte de Genevois. (Guichenon, l. c., p. 522.) [retour]

Note 5, page 368 : La couronne ducale de Savoie, le grand collier de l'ordre de l’annonciade; des pierreries, des vases d’or et d’argent. (Lettre de Yolande aux Syndics de Genève, en date de Rivoli, 31 octobre 1477.) La ville en fit une obligation, garantie par les dix-neuf plus riches citoyens; douze pour les joyaux de la duchesse et sept pour ceux de la comtesse. (Grenus, fragm., au 28 mars 1477.) Ces joyaux étaient encore engagés en Allemagne, au milieu de l’année suivante. (Lettre de la même aux mêmes, 15 juin 1478. Galiffe, T. I, p. 330.) [retour]

Note 1, page 369 : Pendant le carnaval 1477. Schilling, p. 380. J. de Müller, T. VIII, p, 174 et suiv.) [retour]

Note 2, page 369 : Ils se présentèrent le 24 février aux portes de Berne, au nombre de plus de deux mille hommes bien armés, et arrivèrent le 25 à Fribourg; leur drapeau portait pour emblême une massue et un sanglier (Tillier, T. II, p. 316.). [retour]

Note 3, page 369 : J. de Müller les nomme au nombre de quatre, l. c. p. 177. [retour]

Note 1, page 370 : Recès de la diète de Fribourg, du cinq mars 1477. Schilling, p. 384. Une députation des corps-francs fut à Genève pour y recevoir les bijoux et tout l'argent qu’on avait pu ramasser pour compléter la somme primitive de 24,000 gouldes et les 4000 gouldes exigés en sus, soit en tout 28,000 gouldes, ou 60,000 florins de Savoie environ, comme dit Bonnivard, qui d’ailleurs est incomplet sur tout ce qui concerne cette rançon. J. de Müller, (l. c.), est assez confus sur toute cette affaire qu’il faut suivre dans Tillier, (l. c., p. 315-317.) [retour]

Note 2, page 370 : Anshelm, l. c., p. 159. J. de Müller, l. c., p. 178. Grenus, fragm. hist. de Genève, au 8 juillet 1477, date de la libération des ôtages. [retour]

Note 3, page 370 : Question agitée au conseil du roi, si l’on doit payer les pensions aux Suisses, dont les gens de guerre sont allés en Bourgogne contre le roi. (Commines, preuv. Langlet, T. IV, p. 5.) [retour]

Note 1, page 371 : Lettre de Berne aux cantons, du 14 janvier 1477. — C'est-à-dire neuf jours seulement après la bataille de Nancy, (Zellweger, Guerres de Bourgogne, l. c., p. 68, 70, et pr. p. 146.) [retour]

Note 2, page 371 : Recès de Lucerne, 25 mai 1477. (J. de Müller, l. c., p. 179.) [retour]

Note 3, page 371 : Ces députés, au nombre de quatre, passèrent à Genève le 17 avril 1477, pour se rendre à Annecy. (Grenus, fragm. hist. de Genève, p. 49.) [retour]

Note 4, page 371 : Ils arrivèrent à Genève le 17 avril (supra); on leur fait présent à chacun de 6 flambeaux (cierges de 3 livres de cire); de 6 boëtes de dragées, d’une livre; d’une cimaise d'hypocras, et d’une de Malvoisie, etc. (Ibidem.) [retour]

Note 5, page 371 : Le traité d'Annecy est daté du 23 avril 1477. Ce résultat fut probablement dû à l'influence du chevalier Adrien de Bubenberg, le valeureux défenseur de Morat, que ses concitoyens venaient d'élever (Pâques, 6 avril) à la dignité d'avoyer, premier magistrat de la république de Berne. (Tillier, Histoire de Berne, T. II, p. 321.) [retour]

Note 1, page 372 : Voir le traité de Fribourg. (Supra.) [retour]

Note 2, page 372 : J. de Müller, l. c., p. 179. De Rodt, Guerre de Bourgogne, T. II, p. 493. « Le pays de Vaud, qui aurait dû nous échoir, a été de nouveau abandonné pour 50,000 florins, par amour de la paix. » Recès de la diète de Lucerne du jeudi 25 mai. Ces regrets de Berne au sujet du pays-romand, où dès lors cette ville prit pied, donnent la clef de la conquête qu’elle fit de ce pays moins de soixante ans après. [retour]

Note 3, page 372 : Schilling, p. 391. Berne fit de cette émancipation une condition sine qua non, de l'arrangement des affaires de Savoie. (J. de Müller, l. c., p. 180.) [retour]

Note 4, page 372 : C’est-à-dire que cette ville retourna immédiatement à l’empire d’Allemagne, dont elle arbora l'aigle sur ses portes, et dont tous les Confédérés se reconnaissaient membres, au moins en droit, si ce n’est en fait. (Ibidem.) [retour]

Note 1, page 373 : Val. Anshelm, T. I, p. 158. Berchthold, Hist. de Fribourg, T. I, p. 401. Pour le restant, la Savoie fit une nouvelle obligation de 18,000 florins, sous la cense de 900 florins. (Arch. de Frib.) [retour]

Note 2, page 373 : Val. Anshelm, T. I, p. 153. Les pleins-pouvoirs sont datés de Turin, 20 juillet, même année. La ratification de la Savoie est du 10 septembre suivant (J. de Müller, l. c, p. 180, no 173.) [retour]

Note 3, page 373 : La possession nominale de Fribourg, qui avait duré 25 ans, coûta ainsi à la Savoie plus de 32,000 gouldes (71,000 florins de Savoie), sans aucun profit pour cette couronne. C’est avec raison que Guichenon s’élève contre le traité léonien de 1477. [retour]

Note 4, page 373 : Le traité fut signé « in Urbe Bernensi die vicesima Augusti 1477, » publié et scellé le 28 du même mois. La date du 18 indiquée par J. de Müller, p. 181, est une erreur typographique. [retour]

Note 1, page 374 : Recès d'Annecy, 23 avril. Ibidem. [retour]

Note 2, page 374 : Dans les deux campagnes de 1475 et 1476. (Vide Supra.) [retour]

Note 3, page 374 : Savoir: Monthey, Vouvry et la vallée d’Abondance, St.-Paul, Noveselle, Maxilli, Russins, Lugrin et Evian, dans la terre de Gavot. Thonon, Langin, Marin, Féterne, Larringe, Publier et Vinzier en Genevois. (Bonnivard, Chron. de Genève, T. I, p. 75.) [retour]

Note 4, page 374: Val. Anshelm, T. I, p. 142. J. de Müller, l. c. p. 181-182. Pour les détails, voyez la notice, intitulée Conquête du Bas-Valais, que nous avons publiée dans les Archives de la Société d'histoire de la Suisse, T. III, p. 135 et suiv. [retour]

Note 5, page 374 : Témoignage rendu à ce prélat par le Citadin, p. 76 et par J. de Müller, l. c., p. 183, no 194. L’ancien catalogue des évêques de Genève le qualifie de civitatis eximius defensor. (Bonnivard, Chr. de Genève, T. I, p. 192.) [retour]

Note 1, page 375 : En cas de plainte de Berne et de Fribourg, l’évêque de Lausanne est arbitre; en cas de plainte de l’évêque et de la ville de Genève, c’est le comte de Gruyères ou le comte de Neuchâtel; le lieu de l’arbitrage (ou marche) est Lausanne. [retour]

Note 2, page 375 : « In urbibus Bernensi et Friburgensi burgensie vel civilegii vinculum amplexi sumus ... pro nobis, civitateque nostra Gebennensi quamdiu vita fungemus. » [retour]

Note 3, page 375 : Recueil des traités coté C. fo 680, à la chancellerie de Berne. Voir aussi Ed. Mallet, les évêques de Genève. (Mém. de la Société d’Archéol. de Genève, T. V, p. 186.) [retour]

Note 4, page 375 : Recès de Zurich, du B, 28 janvier 1478. (Val. Anshelm, T. I, p. 183. Tillier, l. c., p. 327.) [retour]

Note 5, page 375 : J. de Müller, T. VIII, p. 163-164. [retour]

Note 6, page 375 : Val. Anshelm, l. c., p. 183, qui donne les noms des commissaires délégués par la diète. Il manquait 736 gouldes pour compléter la somme en question, Berne en fit l'avance à la Savoie, en date du 14 mai, sous hypothèque du pays de Vaud. (De Rodt, l. c., p. 494, où on lit, par erreur, 136 au lieu de 736.) [retour]

Note 1, page 376 : Protocole latin, B., fo 111, aux archives de Berne. (De Rodt, l. c., p. 494 ) [retour]

Note 2, page 376 : Prise de possession de la baronnie de Vaud par D. Urbanus de Chivrone, Abbas Stamedii, etc., du mois de mai 1478. (J. de Müller, l. c., p. 183.) [retour]

Note 3, page 376 : Cerlier, Grandson, Montagny-le-Corboz, Orbe, Echallens, Morat, Illens et Everdes, ainsi que les quatre mandements d’Aigle, en Chablais, auxquels on doit ajouter la ville de Fribourg et son ancien territoire. [retour]

Note 1, page 377 : « Die Ungestundigen Eydgenossen. » (Anshelm, Chron. de Berne, T. I, p. 159.) [retour]

Note 2, page 377 : Anshelm, l. c., p. 183. Cibrario, Chronologia dei Pr. di Savoia. (Opusculi, p. 362.) [retour]

Note 3, page 377 : Le duc Amédé IX lui avait laissé en mourant neuf enfants en bas âge. (Guichenon.) [retour]

Note 4, page 377 : Commines, Liv. V, Ch. II. « Elle était très-saige. » Etant au Plessis-les-Tours, elle disait au roi Louis, son frère: « que si Dieu l’avait faite homme, il aurait fallu qu’il baissât pavillon devant elle. » (Anshelm, l. c., p. 184.) [retour]

Note 5, page 377 : Il mourut de la gravelle, à Lyon, le 22 avril 1482. (Cibrario, ibid., p. 363.) [retour]

Note 1, page 378 : Réclamation adressée à Fribourg par les petits cantons, accompagnée de l’offre de céder leur part pour 23,000 livres, datée de 1481. (Regist. man. de Fribourg, fo 49.) De Rodt, l. c., T. II, p. 589-590.) [retour]

Note 2, page 378 : Protocole des conférences tenues à ce sujet à Willisau, le 3 octobre 1483, où la question fut, d’un commun accord, soumise le 8 octobre à un arbitrage. (Registre des archives de Fribourg, intitulé Raths-Manual, fo 77), communiqué par M. le commissaire-général Daguet. Voir l'abbé Girard, année histor. (Fribourg, ao 1798, p. 53 et suiv.) [retour]

Note 3, page 378 : Recès de Münster (autrement Béro-Münster), daté du samedi avant Exaudi. (Ibidem. Anshelm, Chr. de Berne, T. I, p. 348-349. Berchthold, Hist. de Fribourg, T. II, p. 6-7), est dans l’erreur en disant que « Berne n’y fut pas représentée. » Anshelm, nomme expressément les avoyers Guillaume de Diessbach, Rodolphe d'Erlach, et le chancelier Th. Frickard. La cession formelle des huit cantons est du 13 juin suivant. (Tillier, l. c., p. 351.) [retour]

Note 1, page 379 : Berchthold, l. c. Kuenlin, Dict. de Fribourg, T. I, p. 179. La cession de Berne à Fribourg de ces deux terres est du 9 juin 1484. (Tillier, l. c.) Ceux-ci s’engagèrent à payer la moitié des 20,000 gouldes promis aux cantons. Fribourg avait acquis le 15 novembre 1479, la seigneurie de Montagny-les-Monts, qui lui fut cédée par le duc Philibert, pur 6,700 florins du Rhin, en déduction de la somme due à cette ville par la Savoie. La ratification est du 12 décembre suivant. (Berchthold, l. c., T. I, p. 401.) [retour]

Note 2, page 379 : Cependant la cession et remise définitive de Morat et des quatre mandements d'Aigle, aux Bernois, ainsi que celle du Bas-Valais à l’évêque de Sion, n’eurent lieu de la part de la Savoie, que dans l'année 1489. Les commissaires nommés pour cela par le duc Charles 1er furent Aymon de Montfalcon, prieur de Ripaille, et Amédé de Gingins, sire de Belmont. (Comptes du trésorier Ferrero, pour les années 1491-1493.) Extrait aux arch. du chât. de La Sarra. [retour]

Note 1, page 380 : Après la mort du duc Charles, le comte de Romont avait continué à servir avec le même zèle et le même dévouement la duchesse Marie, héritière de Bourgogne, et l’archiduc Maximilien, époux de cette princesse, jusqu’en l’année 1484. Ce prince lui avait donné le commandement de l’armée de Flandre, et ce fut Jacques de Savoie qui, par sa présence d’esprit et son courage, décida du sort de la fameuse journée de Guinegate, (14 août 1479). (Molinet. T. II, p. 214 et passim.) [retour]

Note 2, page 380 : Extrait d’un acte de l’année 1477, dans la collection des titres de la maison d’Estavayer. (Bibl. de Mulinen à Berne.) [retour]

Note 3, page 380 : Nos historiens ne parlent pas de cette première tentative qui échoua, précisément à cause de la manifestation des sentiments à laquelle elle donna lieu de la part des seigneurs du pays-romand. [retour]

Note 4, page 380 : Traité d’Arras, 23 décembre 1482. « Item quand le dit comte de Romont voudra faire diligence pour le recouvrement de sa comté de Romont et de son pays de Vaud, le roi en ce le favorisera. » Ibidem. Article touchant le prince d’Orange, la maison de Châlons et Guillaume de La Baume, seigneur d’Illens. (Commines-Langlet, T. IV, p. 107.) [retour]

Note 1, page 381 : Au commencement de l’année 1483, ou suivant Val. Anshelm, vers les fêtes de Pâques, ao 1482, ancien style. [retour]

Note 2, page 381 : Val. Anshelm, Chron. de Berne, T. I, p. 288. De Rodt, l. c., T. II, p. 593. [retour]

Note 3, page 381 : En mourant, le comte de Romont laissa Marie de Luxembourg, sa femme, enceinte de sa fille unique Françoise de Savoie, qui, après son mariage avec le comte Henri de Nassau-Vianden, renonça par acte du 17 juillet 1512, à ses prétentions sur Romont et la baronnie de Vaud, moyennant trente mille florins, que le duc de Savoie, Charles III, lui paya. (Ibidem.) [retour]

Note 4, page 381 : Jacques de Savoie, comte de Romont et baron de Vaud, mourut le 30 janvier 1486, dans son château de Ham, en Picardie, où il s’était retiré depuis environ une année, après avoir quitté le service de l'archiduc Maximilien, à la suite de la révolte des Gantois, dans laquelle il fut enveloppé. (Molinet, T. II, p. 413-444. Guichenon, l. c., T. I, p. 527.) [retour]

Note 1, page 382 : Val. Anshelm, Chron. de Berne, T. I, p. 407. Berchthold, Hist. de Fribourg, T. II, p. 22. Tillier, l. c., T. II, p. 392. Hugues de Châlons possédait dans le Jura, les seigneuries de Jougne et de Nozeroy, ainsi qu’une portion dans les salines de Salins. [retour]

Note 2, page 382 : Girard, tableaux de la Suisse (Carouge, 1802), T. I, p. 161. [retour]

Note 3, page 382 : Le prince d’Orange était alors sans enfants; Clauda de Châlons, sa fille aînée ne nâquit qu’en 1499. (Duvernoy, note dans l’édit, in-8o, de Gollut, col. 1424.) [retour]

Note 1, page 383 : Lettre de François, sire d’Oron, aux Fribourgeois, sans date, (1494 ou 1495). (Girard, tabl. de la Suisse, p. 159.) [retour]

Note 2, page 383 : Ibidem où cette curieuse lettre est rapportée textuellement en langage français du temps. [retour]

Note 3, page 383 : Ibidem, p.160. [retour]

Note 4, page 383 : Girard, Tableaux, p. 161. « Par vos lettres fumes de rechef avertis du bon vouloir de monsieur le prince et des siens, duquel sommes bien joyeux, et ne doutons point que trouverons les faits comme sont les parolles », etc. (Lettre de Fribourg à monsieur le baron d’Oron, du 12 mars 1499.) [retour]

Note 1, page 384 : Voir Val. Anshelm, l. c., T. I et II, passim; principalement pendant la minorité des ducs de Savoie Philibert I, Charles Ier et Charles II; ainsi que dans la guerre de Saluces, et l’arrangement des affaires du Valais. [retour]

Note 2, page 384 : Les baillis bernois ou fribourgeois restaient en charge pendant six ou huit ans, tandis que les gouverneurs et châtelains savoyards changeaient presque toutes les années; ce qui assurait aux premiers une prépondérance marquée sur les derniers, qui ne faisaient que passer dans leur emploi. [retour]

Note 1, page 385 : On citera entr'autres les de Viry, seigneurs de Rolle et de Mont-le-Vieux; les de Vergy, seigneurs de Champvent et de Montricher; les de La Molière, seigneurs de Font; les Cerjat, seigneurs de Combremont, et plusieurs autres. [retour]

Note 1, page 386 : Comme exemples on citera, entr'autres, l'affaire des frères Wolleben, d’Uri, qui (ao 1492), avaient pris et dévalisé en Savoie, plusieurs marchands florentins se rendant aux foires de Lyon, (Val. Anshelm, T. II, p. 113); celle de Bachmann, de Lucerne, qui entra, les armes à la main, dans le pays de Vaud, pour poursuivre certaines réclamations qu’il élevait contre les seigneurs de Montchenu, de la maison de Pontverre, 1494-1497. (Ibidem, p. 222-249) Voir Berchthold, Histoire de Fribourg, T. II, p. 16 et 18. [retour]

Note 1, page 387 : L’affaire des frères Wolleben coûta à la Savoie 6200 florins du Rhin (12,400 fl. de Savoie), empruntés à Bâle, sous le cautionnement de Berne, Soleure et Fribourg. Bachmann reçut, à titre d’indemnité, 2300 florins du Rhin (4600 fl. de Savoie). (Anshelm, T. II, p. 114 et 249. Berchthold, T. II, p. 20.) [retour]

Note 2, page 387 : Commines, Liv. Ve, Chap. I. Edit. Dupont, T. II, p. 10. Olivier de La Marche, T. II, p. 395. Par contre J. Molinet, (I, p. 198) assigne à cette guerre un autre motif qui remonte à l’année 1465 et qui n’a rien de commun avec elle. (Voir Hist. de Franche-Comté, par M. Clerc, T. II, p. 535.) [retour]

Note 3, page 387 : Voir ci-devant, Chap. IIIe. [retour]

Note 1, page 388 : Divonne, ancienne baronnie, aujourd’hui village avec un château moderne, situé aux frontières de la Suisse, dans l'arrondissement et canton de Gex, département de l’Ain. [retour]

Note 2, page 388 : Il avait été conseiller, chambellan et maître-d'hôtel du duc Amédé IX, et son ambassadeur à Rome auprès du pape Paul II. (Bulle du 15 avril 1465 aux arch. du château de La Sarra.) [retour]

Note 3, page 388 : On a vu que le château du Châtelar fut bientôt après surpris et brûlé (le 9 avril 1476), par les gens de Fribourg et du Gessenay. (Supra, Ch. Ve.) [retour]

Note 4, page 388 : « Dies Epiphaniæ; tempore quo guerra contra Allemannos cœpta fuit. » (Enquête faite par ordre du duc Philibert Ier sur la confiscation de certaines marchandises opérée à Rolle, datée des 16, 18 et 19 décembre 1478. (Vidimus aux archives du château de La Sarra.) [retour]

Note 1, page 389 : Voir ci-devant, Chap. IIIe, ce que nous avons dit touchant les foires de Genève et de Lyon. [retour]

Note 2, page 389: Voir les Mém. de Commines, Liv. V, Chap. I. Edit. Dupont, T. II, p. IIe. « Le roi (Louis XI) avait maints espies (espions) et messagers par pays, la plus part despêchés de ma main. » [retour]

Note 1, page 390 : Savoir 369 livres de graine de cochenille et cinq paquets (timbrios) pesant chacun dix livres de peaux de martre. (Enquête de 1478, Supra.) La cochenille se vend aujourd’hui 12 fr. le kilogr. [retour]

Note 2, page 390: Convention entre le duc de Savoie, Amédé IX, et les Bernois, touchant les Allemands fréquentant les foires de Lyon, datée du 12 octobre 1467, en modification de la défense absolue du 2 décembre 1465. (Tillier, l. c., T. II, p. 155.) [retour]

Note 3, page 390: Voir l’enquête de décembre 1478. On sait que les villes de la ligue de Souabe et du Rhin firent cause commune avec les Suisses dans la guerre de Bourgogne. [retour]

Note 1, page 391 : Ibidem. Beauregard, château et ancienne seigneurie, dans la province de Chablais, au bord du lac de Genève, entre Hermance et la pointe d’Ivoire. Il appartenait alors à messire Antoine Champion, président du Sénat de Piémont. [retour]

Note 2, page 391 : Voir l’enquête de l’année 1478. (Supra.) [retour]

Note 3, page 391 : Les négociations ouvertes à Neuchâtel duraient encore, et l’on espérait même que la trève conclue pour 3 mois serait prolongée jusqu’au mois d’avril. (Zellweger, relat. diplom. avec la France, T. I, p. 59-60.) [retour]

Note 1, page 392 : On a vu que ce prélat était revêtu des pouvoirs de gouverneur-général de Savoie en-deçà des monts pour la régente, mère du duc Philibert Ier. [retour]

Note 2, page 392 : Voir l’Edit du duc Amédé IX du 2 décembre 1465, rapporté ci-devant au Chap. IIIe. [retour]

Note 3, page 392 : Voir ci-devant, Chap. Ve. Ces troupes conduites par le sire de Miolans et le seigneur de Belmont reprirent Martigny et Conthey, dans les premiers jours de février 1476. [retour]

Note 4, page 392 : « Petrus dominus Castellarii, ... de ejus persona aliquanto male dispositus. » (Enquête de l’année 1478, Supra.) [retour]

Note 5, page 392 : « Amedeus (de Gingins) D. Bellimontis, atque Petrus, ejus frater, D. Castellarii, unacum vassalis patriae, cum magno armorum apparatu Allemanos propulserunt. » (Titre du 19 octobre 1490, aux arch. du chât. de La Sarra.) [retour]

Note 1, page 393 : A. L. de Watteville, Hist. Confédér. Helv., première édition, 1754, T. II, p. 40. J. de Müller, traduit par Monnard, T. VII, p. 323. De Tillier, Hist. de Berne, T. II, p. 251, Dubochet, Hist. du pays de Vaud, p. 126; J. Olivier, le canton de Vaud, T. II, p. 720. [retour]

Note 2, page 393 : Ce récit est extrait textuellement de l’enquête faite les 16, 18 et 19 décembre 1478, par ordre du duc Philibert Ier sur la capture de ces marchandises. Dix témoins furent entendus par Pierre Girardi, commissaire ducal, délégué ad hoc, par le Sénat de Chambéry le 12 décembre, sur une ordonnance du duc, datée de Montcalier du 1er décembre 1478. Ces témoins furent; 1o Pierre Ugonin, religieux du couvent de Gex, qui avait célébré la messe au château de Divonne le jour de la fête de l'Epiphanie; 2o Jean Meynar, de St.-Jean de Gonville, en Bugey; 3o Messire Guillaume de Joinville; 4o Anselme Sentier, de Zurich; 5o Messire Jean de Noveselle, de Nernier, en Genevois; 6o Etienne Bertrandi, dit Moënoz, hôtelier de l’Ange à Rolle; 7o Noble Guillaume de Fleyer; et 8o Jean Quiodi, écuyers d’Amédé de Gingins, interrogés à Rolle; 9o Messire Amédé de Châtillon, et 10o enfin Jacques Eynardi, de Nyon, interrogés à Nyon. Tous ces témoins s’accordent dans leurs dépositions. (Original aux archives de la chambre des comptes, à Turin. Copie vidimée aux archives du château de La Sarra.) [retour]

Note 1, page 394 : « Sedato bello et inita pace, longe post, » etc. (Titre du 19 octobre 1490. Ibidem.) Ceci se rapporte au commencement de l’année 1478, avant la mort de la duchesse Yolande, décédée le 29 août de la même année. [retour]

Note 2, page 394 : « Supervenit quidam Allemannus, qui prosecutus est restitutionem certarum mercantiarum, forte valoris 200 scutorum, quæ tempore guerre per jam dictos Petrum et Amedeum de Gingino et ejus commilitones captæ fuerunt. » (V. supra.) [retour]

Note 3, page 394 : « Et tandem litteras præcisas contra dictum Amedeum et filios et heredes pupillos dicti quondam Petri obtinuerunt, satis tamen inciviliter, cum honore loquendo. » (V. supra.) [retour]

Note 1, page 395 : Messire Amédé de Gingins avait reçu en partage, dans l'héritage paternel, la seigneurie de Belmont ou Beaumont, en Semine, située au revers occidental du mont Salève. Il possédait en outre dans le même comté, du chef de sa femme, Anne de Greilly, la terre de Ville-la-grand, près d’Annemasse. [retour]

Note 2, page 395 : Reconnaissance prêtée à Erhard Schüderberg, de Lucerne, et consorts, par les hommes de la baronnie du Châtelar et de Montreux, en 1478. (Archives du Châtelar.) [retour]

Note 3, page 395 : Pierre de Gingins avait laissé quatre fils: François, Jacques, Amédé et Claude, et deux filles, Andriette et Louise. [retour]

Note 4, page 395 : Cujus tamen rex plurimum admiratus Amedeus, ad illustrissimam Dominam Yolantam suas querimonias detulit. (Titre du 19 octobre 1490, ubi supra.) [retour]

Note 1, page 396 : Amedeus ... urgentes causas quare ad restitutionem dictarum mercium nec ad aliquod interesse adduxit. (Ibidem.) [retour]

Note 2, page 396 : Guichenon, Hist. Sav., T. I, p. 571. [retour]

Note 3, page 396 : Supplique d’Andrée de Valpergue, veuve de messire Pierre de Gingins, sire du Châtelar et de Montreux, en date de 1478. (Aux arch. du château de La Sarra.) [retour]

Note 1, page 397 : Voir l’enquête du mois de décembre 1478. (ubi supra.) [retour]

Note 2, page 397 : Nous avons déjà donné les noms de ces dix témoins, (vide supra.) [retour]

Note 1, page 398 : Post multas ordinationes appunctamenta ... factas parte Dominorum magnæ Liguæ Allamannie. (Voir l’acte du 12 janvier 1481, infra.) [retour]

Note 2, page 398 : Philippe de Savoie, comte de Bresse, et le comte de La Chambre, se disputaient alors le pouvoir à Turin, dont le premier s’était emparé à la fin de l’année 1480. (Guichenon, Histoire de Savoie, T. I, p. 571.) [retour]

Note 1, page 399: Il avait été prouvé dans l’enquête que la valeur totale des marchandises enlevées s’élevait à deux cent florins du Rhin, au plus. (Voir les titres de 1478 et 1490, supra.) Le florin du Rhin est évalué dans l’acte de 1479 à 25 deniers gros, et le florin de Savoie, petit poids, en valait 12. [retour]

Note 1, page 400 : Titre de la chambre des comptes de Turin et vidimus au archives du château de La Sarra. [retour]

Note 2, page 400 : L’objet de cette ambassade était d’accommoder un différend survenu entre l’évêque de Lausanne, Benoit de Montferrand, et la cour de Savoie. [retour]

Note 3, page 400 : Nobilis Georgius de Petra. (Voir les documents du 12 janvier 1481 et du 19 octobre 1490.) [retour]

Note 4, page 400 : Ante nativitatis festam proxime lapsam. (Ibidem) [retour]

Note 1, page 401 : Ab ambaxiatorius Ligarum associatus, Chamberiacum venit, ... longe majores prioribus petitiones porrexit. (Titre du 19 octobre 1490. Supra.) [retour]

Note 2, page 401 : Cominationibus acerbis ...; dicens quod nisi prope diem integre usque ad unum obolum satisfieret Allemanni Ligarum patriam Vaudi invaderent. (Titres en date du 12 janvier 1481 et 19 octobre 1490. Supra.) [retour]

Note 3, page 401 : Quod iidem Domini magnæ Ligæ, tamquam suum ad hoc casum proprium facere ostendentes, ad arma prorumperent, hujusmodique dictum Castrum violenter acciperent. (Ibidem.) [retour]

Note 4, page 401 : Ut scandala damnaque inextimabilia nedum imminere videbantur. (Ibidem.) [retour]

Note 5, page 401 : Tantæ carentis pecuniæ, venire neglexerit. (Ibidem.) [retour]

Note 1, page 402 : De communi ipsorum ambaxiatorum consensu taxatorum (Ibidem.) [retour]

Note 2, page 402 : Tous ces détails sont puisés dans l’acte de cession de la baronnie de Châtelar fait par Amédé de Gingins, comme tuteur de ses neveux, au duc Philibert Ier, en date du 12 janvier 1481. (Arch. du château de La Sarra.) [retour]

Note 3, page 402 : Depuis la mort de la régente, Yolande de France, le gouvernement de la Savoie et du Piémont avait été donné par Louis XI au comte de La Chambre et au maréchal de Miolans, pendant la minorité du duc Philibert Ier. (Guichenon, Histoire de Savoie, T. I, p. 570.) [retour]

Note 1, page 403 : A quibus usque in hodiernum asperrime tractatus fuerat. etc. (Titre de 12 janvier 1481. Supra.) [retour]

Note 2, page 403 : Ut dictum Castrum pro communni omnium utilitate acciperet. (Titre du 12 janvier 1481.) [retour]

Note 3, page 403 : Ad propulsandos hostes et ducalis pacificam conservationem ditionis maxime propitium. (Ibidem.) [retour]

Note 4, page 403 : Il ne leur était dû en principal que 1400 florins du Rhin ou 2916 florins de Savoie, petit poids; le reste, soit 2084 florins, formait ainsi les intérêts usuraires du capital primitif, pendant moins de deux ans. Le sire de Belmont livra de ses propres deniers 900 florins de Savoie sur les 5000 payés aux marchands par le trésor ducal. [retour]

Note 1, page 404 : Comme l’acte de rétrocession de la terre du Châtelar du 19 octobre 1490 parle d’une clause de réachat, il faut que cette faculté ait été stipulée dans un acte séparé que nous n’avons pas. [retour]

Note 2, page 404 : Original aux archives de la chambre des comptes de Turin, vidimus daté de Turin, du 5 juin 1786, signé et scellé par F. Marin, archiviste de S. M. le roi de Sardaigne, attesté et scellé le 11 juillet 1786, par M. le duc de Choiseul, ambassadeur de S. M. T. Chrétienne à Turin, et contre-signé Lalande. (Aux archives du château de La Sarra.) [retour]

Note 1, page 405 : Ne venditores gravati velle se dici possint de pluris valentia dicti Castri Castellarii. (Vide infra.) [retour]

Note 2, page 405 : On a vu que ce château et les villages qui en dépendaient comme Montreux, Chailly, Clarens, etc., avaient été pillés et brûlés par les Suisses aux mois d’avril et de juin 1476. [retour]

Note 3, page 405 : Acte du 20 janvier 1481. Original aux archives de Turin, comptes du trésorier-général Richardon, pour les années 1480 et 1481, no 131, p. 184. (Vidimus aux archives du château de La Sarra.) [retour]

Note 1, page 406 : La Chambre et Miolans ayant perdu les bonnes grâces du roi Louis, ce prince avait donné secrètement à l’évêque de Genève, Jean-Louis de Savoie, et au comte de Bresse, son frère, l’ordre de les arrêter et de prendre le gouvernement de l’Etat. (Guichenon, l. c., p. 571-572.) [retour]

Note 2, page 406 : Guichenon, T. I, p. 573. [retour]

Note 3, page 406 : Par lettres patentes du roi Louis XI, datées de Lyon, 12 mai 1482. (Guichenon, T. I, p. 575.) Ce prélat étant décédé à Turin, le 4 juillet de la même année, François de Savoie, prévôt du Grand Saint-Bernard, son frère, qui occupa plus tard l’évêché de Genève, le remplaça dans la confiance du duc Charles Ier, son neveu, qui le nomma son lieutenant-général en-deçà des monts. (Ibidem, p. 577.) [retour]

Note 1, page 407 : Antoine de Gingins, fils de Jacques, seigneur de Divonne, dont on a déjà eu l’occasion de parler, et neveu du seigneur de Belmont, fut successivement ambassadeur du duc Charles Ier auprès de l’empereur Frédéric III, pour recevoir en son nom l'investiture du duché de Savoie, (6 juillet 1482); vice-président du Sénat de Chambéry, (2 janvier 1483); ambassadeur du duc Charles II, auprès du roi de France, Charles VIII, (20 juillet 1491), et auprès des Ligues Suisses, (14 septembre 1491); premier président du conseil ducal, (27 janvier 1492). Sa sœur, Anne de Gingins, veuve de Renaud, comte de Valpergue, fut choisie par Blanche de Montferrat, régente de Savoie, pour gouvernante de ses enfants (ao 1489). (Les lettres patentes qui attestent ces différentes nominations sont aux arch. du château de La Sarra.) [retour]

Note 2, page 407: Confirmation des franchises de la patrie de Vaud, par Philibert Ier, duc de Savoie, en date de Chambéry, 18 mars 1480. Item, par le duc Charles Ier, en date de Pignerol, 18 juin 1483.
Réduction des subsisdes levés pour la guerre de Saluces, etc. Donné à Carignan, 18 septembre 1487. (Grenus, Docum. du pays de Vaud, p. 100, 104 et 105.) [retour]

Note 1, page 408 : Lui-même ayant quatre filles ne pouvait disposer de son propre bien pour améliorer le sort de ses neveux. [retour]

Note 2, page 408 : Patentes déposant en original aux archives du château de La Sarra. [retour]

Note 3, page 408 : Procès-verbal d’installation annexé aux lettres patentes ci-dessus. [retour]

Note 1, page 409 : Lettres de rémission du duc Charles Ier, souscrites par François de Savoie, archevêque d’Auch et évêque de Genève; Anthelme de Miolans, maréchal de Savoie; Louis, comte de Challant, etc. (Original aux archives du château de La Sarra.) [retour]

Note 2, page 409: Voir pour la date rectifiée de la mort de ce jeune prince âgé de 21 ans, Cibrario, opusculi p. 367. (Turin, 1841, 8o.)
Charles Ier, dit le guerrier, visita le pays de Vaud en automne de l’année 1484. Il vint à Lausanne dans les premiers jours de novembre, accompagné de Janus, comte de Genevois, son oncle, et de Jacques Louis, marquis de Gex, son frère; de messires Antoine Champion, chancelier de Savoie; Gabriel de Seyssel, baron d’Aix; Antoine de La Forêt, gouverneur de Nice, etc. Il logea au château épiscopal, où il fut complimenté par des députation des villes de Berne et de Fribourg. La députation bernoise était composée des chevaliers Adrien de Bubenberg et Georges de Stein; celle de Fribourg, de P. Pavillard et de P. de Faucigny. (Hommage prêté au duc Charles par les Syndics de la ville et communauté des Clées, datée de Lausanne 4 novembre 1484, ind. IIe, archives des Clées.) [retour]

Note 3, page 409 : La baronnie du Châtelar comprenait, outre le quartier de Montreux, appelé Les Planches, dix-sept villages ou hameaux, renfermés entre la baie de Clarens et la baie de Montreux. (Levade, Diction.) [retour]

Note 1, page 410 : Oneribus et expensis occasione guerrae per eos supportatis. (Exposé des motifs de la rétrocession de la baronnie du Châtelar. Lettres patentes données à Turin le 19 octobre 1490, aux arch. du château de La Sarra.) [retour]

Note 2, page 410 : Cum dampna et interesse per ipsos (dominos de Gingins) perpessa venerint pro obediendo mandatis Ill. Dominorum suorum. (Ibidem.) [retour]

Note 1, page 411 : Etiam in aliquale refrigerium mortis patri dictorum pupillorum ... quod dictus Petrus fortiter pugnando occubuit in bello. (Ibidem.) [retour]

Note 2, page 411 : Etiam consideratione laudabilium serviciorum benedilecti fidelis consiliarii nostri domini Anthonii de Gingino Domini Divonnæ in quibus et tempore prælibati Illustrissimi Domini et Conthoralis nostri et inde nobis et in consiliis tam justiciæ quam privatis dictim incombit. (Considérant de l’acte du 19 octobre 1490, cité plus haut.) [retour]

Note 3, page 411 : Pariter et consideratione laudabilium benemeritorum carissimæ sororis suæ Dominæ Annæ de Gingino, etiam et laborum circa personas regimen et curam prælibati filii nostri et filiæ nostræ carissimæ. Ad quorum tantum onus eam inter ceteras omnes deelegimus. (Ibidem.) [retour]

Note 1, page 412 : Savoir dans le courant de l’année 1489. Extrait des comptes du trésorier-général Ferrero, p. 1491 et 1492, no 145, fo 167. (Vidimus aux arch. du château de La Sarra.) [retour]

Note 2, page 412 : Eciam de gracia reachati per Illustr. quondam Dominum Philibertum Sabaudiae Ducem facta et concessa. (Ibidem, titre du 19 octobre 1490.) [retour]

Note 3, page 412 : « Nos itaque hiis racionibus, in presentia Illustri patrui nostri Di. Bressie, et aliorum magnatum ... infra nominatorum » et à la fin, « Per Dominam presentibus Illustri Domino Philippo de Sabaudia Comite Baugiaci Locumtenenti et Capitaneo generali ... » (Ibidem.) [retour]

Note 4, page 412 : Amédé, 4e fils de Pierre, était déjà homme d'Eglise et prieur de Port-Valais, ao 1485. (Archives de La Sarra.). [retour]

Note 1, page 413 : Original en parchemin et vidimus en papier aux archives du château de La Sarra, où ce document et quelques autres ont échappé par hasard au vandalisme des bourla-papey (brûle-papiers.). [retour]

Note 2, page 413 : Quatuor millium et centum florenorum vel circa, parvi ponderis Sabaudiæ. (Ibidem.) [retour]

Note 3, page 413 : Suivant l’acte de cession de l’an 1481, le prix de la terre du Châtelar avait été porté à 4450 fl. de Savoie, mais le duc Philibert n’avait réellement déboursé que 4100 florins, et il paraît en outre, que Amédé de Gingins n'avait pas touché le solde de 350 fl. qui lui revenaient sur la plus-value. [retour]

Note 4, page 413 : Cum hujusmodi cessio de directo sit alienatio Patrimonii Ducalis, nec de ipsa cessione facta fuerit fides in dicta Camera, nullatenus admittenda est (comptes du trésorier-général Seb. Ferrero, p. 1490 et 1491, fo 39), vidimus aux archives du château La Sarra. [retour]

Note 1, page 414 : In hoc reservatur jus et interesse Domini, et nihilhominus cogantur officiarii ad computandum in dicta Camera. (Ibidem ) [retour]

Note 2, page 414 : Déclaration authentique de Philippe, duc de Savoie, du 1er février 1497, portant que la baronnie du Châtelar, près Vevey, est: « de Franco-allodio, et par conséquent exempte de tout gîte ou subside de guerre. » (Aux arch. du château de La Sarra.) [retour]

Note 3, page 414 : Consideratis gratuitis et longenis serviciis Domui nostræ Sabaudiæ impensis. (vide infra.) [retour]

Note 4, page 414 : Original en parchemin aux archives du château de La Sarra. [retour]

Note 1, page 415 : Locumtenenti Sabaudiæ generali. (Ibid.) Ce prince était fils naturel du duc Philippe. [retour]

Note 2, page 415 : Preside Consilii Chamberiaci. (Ibid.) Les lettres patentes de la nomination d’Antoine, seigneur de Divonne, comme premier président de Savoie, sont du 27 janvier 1492. (Original, aux archives de La Sarra.) Son frère Amé, abbé de Bonmont et de St-Sulpice, fut élu évêque de Genève par le chapitre de St-Pierre, en 1513. (Bonnivard, Chron. de Genève, T. II, p. 230.) [retour]

Note 3, page 415 : Né au château du Châtelar, le mardi 10 juin 1466. (Extraits des actes de baptême de la paroisse de Montreux, aux archives de La Sarra.) [retour]

Note 4, page 415 : Ces actes sont aux archives du château de La Sarra; la cession d'Amédé, prieur de Port-Valais, et de Claude, prieur de Chigny, est de 1495. Celle de Jacques, chevalier et capitaine d’armes du roi Louis XII, est de 1508, et celle d'Amédé, sire de Belmont, son oncle, de 1511. [retour]

Note 1, page 416 : Déclaration et octroi du duc Philippe Ier, du 1er février 1497, citée plus haut. [retour]

Note 2, page 416 : Original aux archives du château de La Sarra. [retour]

Note 3, page 416 : Dans l’intervalle, ils habitèrent la Tour de Chailly (Castellum Arduum), village de la baronnie du Châtelar, et chef-lieu de cette baronnie avant la construction du nouveau château. (Abergement des moulins du bourg-franc à Vevey, fait par messire Amédé de Gingins, sire de Belmont et coseigneur de Montreux, daté de sa maison forte de Chailly, du 6 octobre 1495.) [retour]

Note 4, page 416 : Original aux archives du château de La Sarra. Bonne lui apporta en dot la seigneurie du quartier de Sales, portion de la paroisse de Montreux, aliénée au XIVe siècle par les sires d’Oron, anciens possesseurs de la terre du Châtelar. [retour]

Note 1, page 417 : Ph. Pingonius, arbor gentil. Sabaud. p. 57. Guichenon, Hist. de Savoie, T. I, p. 526. [retour]

Note 1, page 418 : Voyez L. Cibrario, Chronol. dei principi di Savoia rectificata. (Opusculi, Torino, 1841, p. 359.) [retour]

Note 2, page 418 : Historiæ patriæ monumenta, Scriptor, T. I, col. 636.) Cette chronique le nomme même le huitième, ou le dernier de tous à la col. 613. [retour]

Note 3, page 418 : Soit en 1447. V. St. L. Cibrario, l. c., p. 360. [retour]

Note 4, page 418 : Chron. lat. Sab. col. 666. [retour]

Note 5, page 418: Naissance des enfants mâles de Louis, duc de Savoie, et d’Anne de Chypre:
I Amédé IX, né le 1er février ao 1435.
II Louis, juin ao 1436.
III Janus, ao 1437.
IV Philippe, né le 5 février ao 1438.
V Aymon, mort au berceau, ao 1439.
VI Pierre, né ao 1440; mort 31 octobre 1458.
VII Jacques, né: ... mort 20 juin 1445.
VIII Jean-Louis, né le 16 février (1447), ao 1448.
IX Jacques, comte de Romont.
X François, né ao 1452. [retour]

Note 1, page 419 : Chronica latina Sabaudiæ. (Histor. patr. monum. Scriptor, T. I, col. 636.) [retour]

Note 2, page 419 : « ... Jacobus, juvenculus filius suus. » (Ibidem.) [retour]

Note 3, page 419 : Jacques de Savoie paraît avec le titre de comes Rotundimontis, dans les lettres patentes de l’érection de la terre de Varax en comté, lettres émanées du duc Louis de Savoie, en date de Quiers, février 1460. (Guichenon. Hist. de Bresse, preuves p. (145.) [retour]

Note 1, page 420 : Déclaration du roi Louis XI aux députés suisses, en date d’Abbeville, du mois de novembre 1463. (Galiffe, matériaux pour l'Hist. de Genève, T. p. 264.) [retour]

Note 2, page 420 : Guichenon, Hist. de Savoie, T. I, p. 590. Janus et Philippe se trouvaient alors à la cour de Charles VII, roi de France, comme ôtages, pour l’exécution du traité fait à Cleppié, en 1452. (Ibid.) [retour]

Note 3, page 420 : Guichenon, Hist. de Bresse, preuves p. 65. Hist. de Savoie, T. I, p. 522, 526 et 590. [retour]

Note 4, page 420 : Guichenon, Hist. de Savoie, T. I, p. 522. [retour]

Note 5, page 420 : Guichenon, l. c., p. 591, Hist. de Bresse, première partie, p. 91. [retour]

Note 1, page 421 : Au mois de septembre 1466. (Guichenon, Hist. de Bresse, première partie, p. 91. [retour]

Note 2, page 421 : Guichenon, Hist. de Savoie, T. I, p. 592. Galiffe, matér., l. c., p. 259, qui redresse les erreurs de Bonnivard. [retour]

Note 3, page 421 : Arrêté à Lyon, le 3 avril 1464, il ne sortit du château de Loches qu’au mois de janvier 1466. (Guichenon, l. c., p. 592). On a une lettre de lui adressée aux Genevois, datée de Bourges, du 23 janvier 1466. [retour]

Note 4, page 421 : Lettre de Berne au roi, du 17 février 1466. (Tillier, Hist. de Berne, T. II, p. 152.) [retour]

Note 5, page 421 : Voyez Galiffe, matér. (l. c.) [retour]

Note 1, page 422 : Inventaire des titres de la Crotte de Chambéry; le mois et le jour de l’année ont été omis dans la copie de cet inventaire que nous avons sous les yeux, mais nous sommes certains que le duc Amédé était encore à Pignerol aux mois d’avril et de mai 1467. [retour]

Note 2, page 422 : Cette charge était alors occupée par Humbert Cerjat, seigneur de Combremont. (Arch. de L’Isle, Titre du 5 juin 1467.) Jean de Genève, seigneur de Précy, l’avait déjà remplacé le 8 juillet suivant. (Titre de ce jour cité plus loin.) [retour]

Note 3, page 422: Charte émanée de « Jacobus de Sabaudia comes Rotundimontis et Baro Vaudi, etc. », datée in Castro annessiaci, 25 juin 1467, en présence de messires B., seigneur de Menthon; Bertr. de Dérée, président de Genevois; Nicod de Menthon, seigneur de Montrottier; Jean d’Ossans, juge-majeur de Genevois; Henri, seigneur de Collombier; Girard de Bruel, et Claude, bâtard de Pettigny. Signé Gruet, secrétaire ducal et notaire. (Sans sceau). (Original, layette D. D. D., no 15, archives de Morges.)
Nous ferons observer que la majeure partie des seigneurs qui furent témoins de cette déclaration, appartenaient à l’administration du genevois; nous en concluons que le comte de Romont n’avait pas encore eu le temps de former son propre conseil, ce qu’il fit un peu plus tard. [retour]

Note 1, page 423 : Ibidem, la traduction de ce document jusqu’au mot mandant se trouve dans l’ouvrage de M. le baron Grenus, Docum. du pays de Vaud, p. 95. [retour]

Note 2, page 423 : Antoine d’Avenches, seigneur de Villarepos, est déjà qualifié de locumtenentis-generalis, dans un titre émanant du comte de Romont, en date de Lausanne, 26 juin 1467, (nobis absentibus), en faveur de N. de Gruffy, abbé du Lac de Joux. (Mém. et docum. de la Société d’histoire romande T. I, 2e partie, p. 284.) [retour]

Note 3, page 423 : Dès le 26 juin, même année, Jacques de Savoie avait accordé à cet abbé des lettres de sauvegarde, moyennant une cense d’une livre de cire, à livrer, non au château des Clées, qui ne lui appartenait pas encore, mais au château de Morges. (Mém. et docum. de la Société d’histoire de la Suisse romande, T. I, 2e partie, preuves p. 284, no 50.) [retour]

Note 4, page 423 : Ibidem, p. 81 et aux preuves p. 286, no 51. [retour]

Note 1, page 424 : « Tandem nos ad veram pacem devenire cupientes, ... compromisimus in illustr. Dominum Comitem Rotundimontis, dominum patriæ, cui supplicamus ut sui gratia ... dignetur interponere. » (Ibidem.) [retour]

Note 2, page 424 : Le 7 août 1467 le comte de Romont ce trouvait à Genève, où il ratifia, pour ce qui le concernait, l’accord conclu par l'évêque de Genève, son frère, avec le roi de France pour les foires de cette ville et pour celles de Lyon. (Promis, sigilli dei princi di Savoia no 113.) [retour]

Note 3, page 424 : « Fideles consiliarios nostros. » Voir les chartes des 16, 26 juin, et 8 juillet 1467. (Supra.) Dans la charte du 8 juillet. Humbert Cerjat, seigneur de Combremont, qui venait d’être remplacé dans la charge de bailli de Vaud (vide supra), figure au nombre des conseillers du comte de Romont. [retour]

Note 1, page 425 : Il paraît par un document du 23 janvier 1468 (infra), que Jacques de Savoie prit part à l’expédition que son frère Philippe conduisit contre le marquis de Montferrat, dans le courant de l’automne 1467. (Guichenon, Hist. de Savoie, T. I, p. 550.) [retour]

Note 2, page 425 : Mém. et docum. de la Société d’histoire de la Suisse romande, T. V, 2e partie, p. 387. [retour]

Note 3, page 425 : Permission donnée par le comte de Romont à la ville de Cossonay, de nommer un sergent de ville (nuncius), en date de Lausanne, 12 janvier 1468. (Ibidem, p. 389.) [retour]

Note 4, page 425 : Jean de Michaëlis, chanoine de Genève et de Lausanne, et chancelier du duc Amédé IX, fut nommé à l’évêché de Lausanne, au mois d’avril 1465, par le pape Paul II. Il est fait mention de cette nomination dans un bref du même pape, daté de Rome, 18 avril 1465, l’an 1er de son Pontificat, adressé au chapitre de Lausanne. (Arch. du château de La Sarra.) [retour]

Note 5, page 425 : Grenus, Docum., p. 98, no I. [retour]

Note 1, page 426 : Kuenlin, Dict. du canton de Fribourg. Art. Romont. [retour]

Note 2, page 426 : Voyez plus haut. [retour]

Note 3, page 426 : Ph. de Compeys est qualifié de « Armorum locumtenentis » dans une charte émanant de Jacques de Savoie et signée de sa propre main, en date de Lausanne, 25 janvier 1468. (Original sous nos yeux). Antoine d’Avenches, par contre, est toujours qualifié depuis lors de « Gubernator Vaudi ». Ces deux officiers sont mentionnés ensemble dans une charte du 10 novembre 1471, du même prince. (Ibid ) [retour]

Note 1, page 427 : Charte de Jacques de Savoie, comte de Romont, en date de Lausanne, du 28 janvier 1468, octroyée à recommandation de Philippe, comte de Baugé, son frère, à cause des services « nobis impensis in novissima armata. » (Original en nos mains.) [retour]

Note 2, page 427 : Grenus, Docum. du pays de Vaud, p. 97. [retour]

Note 3, page 427 : Guichenon, l. c., T. I, p. 590. [retour]

Note 4, page 427 : Commines, Livr. II, Ch. V, qui en fait la remarque à propos de l’entrevue de Péronne. [retour]

Note 1, page 428 : Alliance entre Philippe, comte de Baugé, et le duc de Bourgogne, datée de Pignerol, 21 juillet 1467. (Langlet, pièces de Commines, T. II, p. 630.) Confirmé, à Pont-de-Vaux, en Bresse, le 24 juin 1468. Guichenon, l. c., 593.) [retour]

Note 2, page 428 : Philippe fut nommé chevalier de l’ordre dans le chapitre tenu à Bruges, le 8 mai 1468. (Langlet, II, p. 190.) [retour]

Note 3, page 428 : Commines, l. c., édit. Dupont, T. I, p. 153. [retour]

Note 4, page 428 : Ibidem. [retour]

Note 5, page 428 : Guichenon, l. c., p. 593. [retour]

Note 6, page 428 : Entre Louis XI et le duc de Bourgogne. (Commines, l. c., p. 152-153 et les notes de l’édit. Dupont.) [retour]

Note 7, page 428 : Commines, Lib. II, Ch. X et I, p. 176, même édit. Olivier de La Marche, Liv. II, Ch. IIe. [retour]

Note 1, page 429 : Guerres de Liège, Chron. comtemp. en vers. (Collect. Buchon, T. XLII.) [retour]

Note 2, page 429 : Ibidem. « Et le seigneur de La-Sarrée, de Savoie, eut son armée. » [retour]

Note 3, page 429 : Ibidem. [retour]

Note 4, page 429 : Langlet, preuv. de Commines, T. II, p. 193. [retour]

Note 5, page 429 : Ibidem. Si le document que nous citons ne nomme expressément que Philippe de Savoie, c’est apparemment que Jacques, son frère, qui l’accompagnait, était encore trop jeune pour qu’on en fit mention. [retour]

Note 6, page 429 : Le duc Charles de Bourgogne était alors âgé de trente-cinq ans, le comte de Romont n’en avait que dix-huit. [retour]

Note 1, page 430 : Pendant que Philippe était à Péronne, le roi de France avait fait occuper la Bresse à main-armée par le comte de Comminges, et Philippe n’obtint la restitution de son apanage qu’en s’engageant à quitter le service du duc de Bourgogne. (Guichenon, l. c., p. 593.) [retour]

Note 2, page 430 : Kuenlin, Dict. du canton de Fribourg. [retour]

Note 3, page 430 : Berchthold, Hist. de Fribourg, T. I, p. 361. Sa suite se composait de 1400 personnes. [retour]

Note 4, page 430 : Ibidem. [retour]

Note 5, page 430 : Tillier, Hist. de Berne, T. II, p. 154-155. Le procès-verbal de la prestation du serment fut dressé à double, en latin et en allemand; l’un et l’autre sont datés de Berne, du même jour, 22 mai 1469, ce qui fait supposer que le duc s’était rendu dans cette ville pour accomplir en personne cette cérémonie. [retour]

Note 1, page 431 : Charte datée de Morat, 25 mai 1467. (Engelhardt, Chron. de Morat, p. 202.) [retour]

Note 2, page 431 : Voir Engelhardt, l. c. Charte du 28 juin 1469, p. 204. La concession de ce rachat très-avantageux aux Moratois, donna lieu à de longs et graves débats entre ceux-ci et le comte de Neuchâtel. (Stettler) La remise du district de Lugnorre à la ville de Morat, par le bailli de Vaud, au nom du duc Amédé, est du 2 décembre, même année. (Engelhardt, l. c., p. 207.) [retour]

Note 3, page 431 : La même incertitude se trouve dans la charte de ce prince de 1460, en faveur de Philippe, comte de Baugé, ce qui fit naître des difficultés du même genre entre lui et le duc Amédé IX, son frère. [retour]

Note 1, page 432 : Voir au chapitre Ier. [retour]

Note 2, page 432 : Il est vrai que quelques-unes de ces châtellenies, comme Corbières, Grandcour et La Molière, se trouvaient engagées au comte de Gruyères, maréchal de Savoie, qui, de son côté, avait hypothéqué ces terres aux Fribourgeois. (De Rodt, Hist. des comtes de Gruyères, l. c., p. 299.) [retour]

Note 3, page 432 : Guichenon, Histoire de Savoie, T. I, p. 552, et T. II, pr. p. 408. [retour]

Note 4, page 432 : Ordre donné au châtelain de Nyon de ne point exiger des seigneurs de Gingins les subventions levées pour son compte, dans la baronnie de Vaud, cette seigneurie ne ressortissant pas de sa baronnie. (Titre du commencement de 1470, aux archives du château de La Sarra.) [retour]

Note 1, page 433 : Invent. de Lausanne, Lett. Y, no 5. [retour]

Note 2, page 433 : Kuenlin, Dict. de Fribourg, ao 1470. [retour]

Note 3, page 433 : La déclaration de guerre du roi, est datée d'Amboise, 3 décembre 1470. (Langlet, preuves de Commines, T. III, p. 68.) [retour]

Note 4, page 433 : Le roi travaillait depuis plusieurs mois, en secret, à exciter des soulèvements dans les villes de Bourgogne et de Flandre contre l'autorité du duc Charles. (Voir D. Plancher, Hist. de Bourg., T. IV, p. 396.) [retour]

Note 5, page 433 : Le traité de Châlons, du 20 mars 1467. (Guichenon, T. II, preuves p. 406.) [retour]

Note 6, page 433 : Au Chapitre II, on a déjà parlé de cet armement fait avant Pâques 1471. « Pro eundo ad servitium Ducis Burgundie. » [retour]

Note 7, page 433 : De Rodt, Hist. des guerres de Bourgogne, T. I, p. 111. [retour]

Note 1, page 434 : Ibidem, p. 110. Le comte de Romont ignorait sans doute ce traité, que le roi ne ratifia que le 4 décembre 1470. [retour]

Note 2, page 434 : Un bon nombre de Suisses avaient suivi les princes de Savoie à la guerre de Liège, en 1468. (Commines, l. c.) [retour]

Note 3, page 434 : Missive de Berne, en date de la veille de Pâques, (21 avril) 1471. (De Rodt, l. c., p. 112.) [retour]

Note 4, page 434 : La trève faite à Ham, en Picardie, pour trois mois, fut ensuite prolongée jusqu’au mois de mars 1472. (Langlet, preuves de Commines, T. II, p. 90.) [retour]

Note 5, page 434 : Charles, l’aîné de ses fils, élevé à la cour France, mourut au mois de juillet 1471, avant son père. (Guichenon, l. c., p. 553.) Philibert, le deuxième, n’avait alors que cinq ans. (Ibid., p. 564.) [retour]

Note 1, page 435 : Chronique latine de Savoie, l. c., col. 648. Guichenon, l. c., p. 552. [retour]

Note 2, page 435 : Les sires de Miolans, de Seyssel, de Compeys-Thorens, et surtout les trois frères Louis, François et Pierre de Bonnivard, « viri ambitiosi. » (Chron. lat., supra.) [retour]

Note 3, page 435 : Guichenon, l. c., p. 564. [retour]

Note 4, page 435 : Ibidem, p. 553. [retour]

Note 1, page 436 : C’est par une erreur typographique qu’on à mis au Chap. Ier, Grandson, au lieu de Grandcour. [ndlr: cette erreur a été corrigée dans cette édition.] [retour]

Note 2, page 436 : Guichenon, l. c., T. II, preuves p. 412. Kuenlin, Dict. du canton de Fribourg, T. II, p. 298, [retour]

Note 3, page 436 : Chron. lat. Sabaudie, l. c., p. 348. [retour]

Note 4, page 436 : Voir Guichenon, l. c., T. I. 553-555, et T. II pr. p. 411-415. [retour]

Note 5, page 436 : Guichenon, l. c., T. II, pr. p. 412 et 414, où ces deux traités se trouvent écrits en langue française. [retour]

Note 1, page 437 : Statuant « que les villes et places de Vaud que tient de nouveau Mr de Romont, desquelles est contention, seront remises ès mains des officiers du duc qui les tenaient auparavant, sans préjudice des droits de Mr de Romont, ... pour lesquels mon dit seig. le duc et ma dite dame seront tenus de lui faire bonne et briève raison. » (Guichenon, T. II, pr. p. 413.) [retour]

Note 2, page 437 : Kuenlin, l. c. [retour]

Note 3, page 437 : Nous ne l’avons pas. [retour]

Note 4, page 437 : Voir au Chapitre Ier. [retour]

Note 5, page 437 : Par une assignation sur le trésor de l'Etat, donnée au comte de Gruyères ao 1473. (Kuenlin, l. c. T. II, p. 49.) [retour]

Note 6, page 437 : Par le traité de Cleppié de 1452. (Voir Guichenon, l. c., T. I, p. 557. [retour]

Note 7, page 437 : Acquise pour dix mille écus, en 1470, de Hugues de Châlons, seigneur d'Orbe. (Voir au Chap. I.) [retour]

Note 1, page 438 : Voir à la fin le tableau de la baronnie de Vaud. [retour]

Note 2, page 438 : Charte de franchises de Ste-Croix, donnée « in dicto burgo St. Crucis, ante Castrum dicti loci », le 3 octobre 1471. (Arch. de Lausanne. Yverdun, T. II.) [retour]

Note 3, page 438 : Charte pour le bourg de Cudrefin, du 8 octobre 1471. [retour]

Note 4, page 438 : Pro nostræ Villæ, Castellaniæ et Districtus Mureti, in baronia Vaudi, nova adipiscenda possessione. (Charte de Confirm. des franchises de Morat, du 9 octobre 1471. Engelhardt, Chron. de Morat, p. 207, no 35.) [retour]

Note 5, page 438 : Aujourd’hui l’église française. (Ibidem, p. 49.) [retour]

Note 6, page 438 : Ante albergariam Aquilæ. (Ibid.) [retour]

Note 1, page 439 : Il occupait cette charge depuis l’an 1465. Plusieurs membres de cette famille avaient été avoyers de Morat avant lui, savoir: Nicod de Lavigny, ao 1410, et Othonin, ao 1448. (Engelhardt, p. 306.) [retour]

Note 2, page 439 : Confirmation des franchises de Payerne, 10 octobre 1471. (Livre de Payerne.) [retour]

Note 3, page 439 : Le prieuré et mandement de Beaulmes, dans la châtellenie d’Yverdun, dépendait de l’abbaye de Payerne. [retour]

Note 4, page 439 : D. Promis, Sigil. dei Pr. di Savoya, no 116. [retour]

Note 5, page 439 : Consideratis ... obsequiis nobis, diuturnis temporibus, impensis, ... sic quod noster animus lætabundus in eorum sinu et dilectione requiescere cogitur. (Charte de Morat, Engelhardt, l. c., p. 208.) [retour]

Note 1, page 440 : Il était frère d’Amédé de Compeys, seigneur de Prangins. (De Costa, sire de Compeys.) [retour]

Note 2, page 440 : Chartes du comte de Romont pour l’Abbaye du Lac de Joux, du 26 juin et 8 juillet 1467. Item, pour le Bâtard de Pettigny, 25 janvier 1468. Item, pour la ville de Morat, 9 octobre 1471. Item, pour les enfants de Claude de Pettigny, 10 novembre 1471. Item, échange de Surpierre, 2 juillet 1472. Item, pour la ville d’Yverdun, 14 janvier 1473. (vide supra et infra.) [retour]

Note 3, page 440 : Suivant la formule « per Dominum presentibus Dominis etc. » [retour]

Note 4, page 440: « Datum ... nobis absentibus, quia sic fieri jussimus, nostra absentia non obstante. Per Dominum, relatione Dominorum etc. » (Charte pour l'Abbaye du Lac de Joux, du 26 juin 1467. Supra.) [retour]

Note 1, page 441 : C’était toujours Mermet Christine, qui avait déjà rempli cet office sous le duc Louis et le prince Amédé, son fils. (Voir Grenus, l. c., p. 77 et suiv.) [retour]

Note 2, page 441 : Jacques de Savoie, baron de Vaud, s’adresse fréquemment Ballivo et Procuratori Vaudi ... officiariis nostris. (Charte de franchises de Morat, 1471. Supr.) [retour]

Note 3, page 441 : On citera à l’appui de ce qui vient d’être dit, un acte de Guillaume de Gallera, seigneur de Chantrans, bailli de Vaud, agissant « Vice et nomine Domini nostri Ducis Amedei », qui concerne Morat, daté du 2 décembre 1469; c’est-à-dire avant que cette ville eût été ajoutée à l’apanage du comte de Romont. (Engelhardt, l. c., p. 207.) [retour]

Note 4, page 441 : Ainsi, par exemple, la transaction faite par le comte de Romont lui-même, entre Guillaume, sire de La Sarra, et l'Abbaye du Lac de Joux, (8 juillet 1467), fut soumise à la ratification du bailli de Vaud, Jean de Genève, seigneur de Précy. (vide supra.) [retour]

Note 5, page 441 : Statuta Sabaudiæ de ao 1430. Lib. II, capit. 74. Ballivis incumbere, etc. (Impr. à Genève, ao 1513.) [retour]

Note 1, page 442 : Il s’intitule Baro Vaudi ou Vuaudi dans les chartes datées d’Annecy, du 25 juin et de Lausanne, 26 du même mois 1467. Dès l’année suivante, il porta le titre de Dominus patriæ Vuaudi, qu’il conserva presque toujours depuis. (Chartes pour Cossonay et autres, vide supra.) [retour]

Note 2, page 442 : Tel est le sceau rond de 12 à 15 lignes de diamètre, en cire rouge qui pend à l’acte du 10 novembre 1471, donné en faveur des enfants de Claude de Pettigny, (vide supra.) [retour]

Note 3, page 442 : Voir Promis, les sceaux des Pr. de Savoie, no 113, 114 et 115. Ce dernier qui porte pour légende S. Jacobi de Sabaudia, Com. Rotundim. Dom. Wadi, est appendu à une charte de l’année 1472. [retour]

Note 4, page 442 : Cibrario, opusculi, l. c., p. 361. [retour]

Note 5, page 442 : Chron. lat. Sabaud., l. c., col. 650. Stettler, Chron. T. I, p. 203. [retour]

Note 1, page 443 : Guichenon, l. c., p. 564. Berne soutint le parti français qui voulait porter Philippe de Bresse, à la régence de Savoie. Le roi Louis XI écrivit aux Bernois, en décembre même année, pour les remercier de l’appui qu’ils avaient prêté à ce prince. (Stettler, l. c.) [retour]

Note 2, page 443 : Guichenon, l. c. C’est à tort que cet historien compte Jacques de Savoie au nombre des adversaires de la régente. [retour]

Note 3, page 443 : La terre de L’Isle se composait du bourg de ce nom, du château et village de Villars-Bozon, et des villages de La Coudre et de Gollion, dans la châtellenie de Cossonay; le comte remit en même temps au seigneur de Berchier le village de Rueyres, dans la châtellenie de Moudon. (De Charrière, sires de Cossonay.) [retour]

Note 4, page 443 : Le mandement de Surpierre s’étendait sur une douzaine de village et hameaux environnants, depuis Granges jusqu’à Treytorrens et depuis Mesnières jusqu'à Cremin. [retour]

Note 1, page 444 : Entr’autres conditions, le comte de Romont réserva, le dernier supplice dans la terre de L’Isle, pour son château de Cossonay, et dans celle de Rueyres, pour son château de Moudon. (De Charrière, sires de Cossonay.) [retour]

Note 2, page 444 : Echange de la seigneurie de L’Isle contre le château et mandement de Surpierre, daté du château des Clées, 2 juillet 1472. (Copie du titre original qui existait avant l’année 1798, aux arch. du château de L’Isle.) [retour]

Note 3, page 444 : Strambino, Constit. Synod. Par contre la Chron. lat. Sabaud. dit qu’il mourut à Thonon, l. c., col. 646. [retour]

Note 4, page 444 : Ruchat, Hist. ecclésiast., p. 85. [retour]

Note 1, page 445 : Gioffrédi, alpi marit. Ce prélat était chanoine de Lausanne, et il siégea en cette qualité dans le chapitre tenu en 1466. Cet administrateur fut lui-même représenté par un vicaire nommé Robert de Neschel, (6 mars 1471). [retour]

Note 2, page 445 : Ruchat, l. c. [retour]

Note 3, page 445 : Il y était intéressé à cause des paroisses du diocèse de Lausanne, situées dans la Franche-Comté. [retour]

Note 4, page 445 : Charte par laquelle Jacques de Savoie, comte de Romont, accorde à Philibert de Compeys le droit de rachat du château de Grandcour, daté de Lausanne, 7 janvier 1473. (Promis, Sigilli dei Pr. di Savoia, no 114.) Lettres reversales accordées par le même prince à Rod., comte de Neuchâtel, pour l’hommage que ce dernier lui a fait de 200 florins qu’il tient en fief dans la châtellenie de Rue, datée de Lausanne, 10 mars 1473. (Ibidem, no 115.) [retour]

Note 5, page 445 : On donnait alors ce nom à toutes les villes du pays auxquelles le souverain avait accordé des franchises particulières. (Grenus, l. c. Introd. p. VIII, no I.) [retour]

Note 1, page 446 : Charte de Jacques de Savoie, comte de Romont, en faveur de la ville d’Yverdun, en date de Morges, 14 janvier 1473, (n. St.) (Grenus, Doc. du pays de Vaud, p. 98, no 49.) [retour]

Note 2, page 446 : C’est-à-dire pendant la durée de la vie du comte seulement, comme le démontre la charte du duc Philibert Ier, de l’an 1480. (Ibidem, p. 104, no 51.) [retour]

Note 3, page 446 : Ibidem, l. c., no 49. [retour]

Note 1, page 447 : Oliv. de La Marche, Introd., Ch. V. [retour]

Note 2, page 447 : Oliv. de La Marche, état de la maison du duc Charles. (Collect. Petitot, T. IX.) [retour]

Note 3, page 447 : Ordonn. milit. pr. la levée de 1250 lances garnies, du 29 juin 1471. (Mém. de Bourg., p. 285.) [retour]

Note 4, page 447 : Pierre de Luxembourg était issu du mariage du connétable avec Jeanne de Bar. (Voir Guichenon, Hist. de Savoie, T. I, p. 530 à 533.) [retour]

Note 5, page 447 : Le connétable et ses quatre fils étaient alors au service du duc Charles-le-Hardi. (Voir le père Anselme, gr. offic., T. III, p. 727.) [retour]

Note 1, page 448 : Voir au Chap. II ce que nous avons dit de la visite du comte de Romont à Berne. (M. de Rodt, Guerres de Bourgogne, T. I, p. 300, no 21,) a déjà fait remarquer que les protocoles bernois ne disent rien de cette visite, que J. de Müller n’a rapportée que sur la foi de Schilling, (p. 221). Si le fait n’est pas entièrement controuvé, il faut nécessairement le placer au printemps de l’année 1473, puisque divers documents authentiques attestent que le comte se trouvait en Artois, dans les mois de janvier, mars et mai 1474 (nouv. St.). (Voir l'Append. de l'hist. des ducs de Bourg., de M. de Barante, éditée par M. Gachard, T. II, p. 709.) [retour]

Note 2, page 448 : Voir deux arrêts rendus par ce conseil, en date l’un de Cossonay, 7 mai 1474, l’autre du 5 mars 1475, au nom du prince absent. (De Charrière, Chron. de Cossonay, p. 90). Au mois de mai 1474, le comte se trouvait en Artois, et au mois de mars 1475, il était encore au siége de Neuss, sur le Rhin. (Gachard, ubi supra.) [retour]

Note 3, page 448 : A la suite de cette entrevue, qui se prolongea du 30 septembre 1473 au 23 novembre suivant, (Langlet, pr. de Commines, T. II, p. 208), le duc se brouilla avec l’empereur et avec l’archiduc d’Autriche. (Voir Gollut, Livr. XII, Ch. XIV.) [retour]

Note 1, page 449 : Le comte de Romont est qualifié de lieutenant-général de monseigneur le duc de Bourgogne, dans une publication du grand-bailli de Hainaut, en date du 23 octobre 1473. (Gachard, addit. à l’hist. des ducs de Bourgogne, de Barante. Edit. de Bruxelles, 1838, T. II, p. 709.) [retour]

Note 2, page 449 : Voir plusieurs lettres closes adressées par le comte de Romont, gouverneur de l’Artois, au grand-bailli de Hainaut, en date d’Arras, des 14 et 31 janvier, et 26 mars 1473, V. St. (1474); — 18, 22 mai, 10 juillet et 1er septembre 1474. (Gachard, l. c., p. 709-710, et Langlet pr. de Commines, T. II, p. 213.) [retour]

Note 1, page 450 : Savoir au mois de mars ou d’avril 1474, voir au Chap. II où nous avons supposé, par erreur, que le comte de Romont se trouvait au pays de Vaud, tandis qu’il était à Arras. [retour]

Note 2, page 450 : Le siége de Neuss, sur le Rhin, fut ouvert le 1er août 1474, et levé le 17 juin 1475. (Chron. de J. Molinet, Chap. I et suivants. Edit. Buchon, T. I, p. 27 et suiv.) [retour]

Note 3, page 450 : Le 23 mai 1475, le duc de Bourgogne fit plusieurs chevaliers, entr’autres, Philippe de Hochberg, seigneur de Badenweiler, fils du comte Rodolphe de Neuchâtel, Henri de Valpergue, et Georges de Menthon, sujets de la maison de Savoie. (Molinet, l. c., T. I, p. 129.) [retour]

Note 4, page 450 : Langlet, l. c., T. II. Chron. de Louis XI, p. 118. [retour]

Note 1, page 451 : Voir au Chap. II des Episodes. [retour]

Note 2, page 451 : Lettre de D. Ant. d’Aplano, envoyé de Milan, en date de Montcalier, 31 mars 1475. [retour]

Note 3, page 451 : Au mois de juin, entre l’empereur et le duc de Bourgogne; au mois de septembre, entre ce prince et le roi de France. [retour]

Note 4, page 451 : Voir au Chapitre II des Episodes; et J. de Müller, T. VIII, p. 301 et 302. [retour]

Note 1, page 452 : Le 14 octobre 1475, voir au Chap. II des Episodes. [retour]

Note 2, page 452 : Au mois de janvier 1475. (Lettre de l’évêque de Genève à la régente, du 19 de ce mois. (Supra.) [retour]

Note 3, page 452 : Lettre écrite du siége devant Neuss par le comte de Romont à la duchesse de Savoie, rappelée dans celle de l’envoyé Aplano, au duc de Milan, en date de Montcalier, 21 mars 1475. [retour]

Note 4, page 452 : J. de Müller, Hist. de la Suisse, T. VII, p. 354. [retour]

Note 5, page 452 : Voir le Chap. IV des Episodes. [retour]

Note 1, page 453 : Voir le Chap. IX des Episodes. [retour]

Note 2, page 453 : Au commencement de juillet. La Chron. lat. de Savoie, (M. H. P. Script. I, fol. 681), dit que le comte de Romont suivit le duc Charles à Gex, mais les dépêches des envoyés de Milan, qui s’y trouvaient, n’en parlent point. [retour]

Note 3, page 453 : Comptes de J. de Vurry, receveur-général du duc de Bourgogne, du 1er octobre 1475 au 30 septembre 1476, fo 269. (Mém. de Fr. et de Bourg. Paris 1729, in-4o, part. II, p. 270, note b.) [retour]

Note 4, page 453 : Voir J. de Müller, l. c., T. VIII, p. 141. [retour]

Note 1, page 454 : Les Etats de Bourgogne assemblés à Dôle, le 18 février 1477, reconnurent le roi de France pour leur souverain. (Gollut, Liv. XIII, Ch. Ier.) [retour]

Note 2, page 454 : Marie de Bourgogne avait à peine 20 ans quand le duc Charles, son père, mourut. (Ibidem.) [retour]

Note 3, page 454 : Voir le Chap. XI des Episodes. [retour]

Note 4, page 454 : Molinet, T. III, p. 141. [retour]

Note 5, page 454 : Commines, Liv. IV, Chap. XII, in fine. [retour]

Note 6, page 454 : Guichenon, qui fait remonter à l’an 1460 le mariage de Jacques de Savoie, a commis une erreur d’autant plus manifeste que lui-même nous apprend à la page précédente que Marguerite de Savoie, mère de Marie de Luxembourg, ne devint veuve du marquis de Montferrat, son premier mari, qu’en 1464. (Hist. de Savoie, T. I, p. 527-531.) [retour]

Note 1, page 455 : Collation de lettres patentes du roi Louis XI, concernant les biens du connétable de Saint-Pol, laquelle collation est faite à la requête de haut et puissant prince Jacques de Savoie, comte de Romont, et de dame Marie de Luxembourg, sa femme, en date du 6 avril 1476, après Pâques. (Pièces de Commines, éd. Langlet, T. II, p. 473.) [retour]

Note 2, page 455 : Molinet, l. c., T. II, p. 15-19. [retour]

Note 3, page 455 : Commines, Liv. V, Chap. XV. [retour]

Note 4, page 455 : A Gand, le 18 août 1477. [retour]

Note 5, page 455 : Molinet, l. c., T. II, p. 145. [retour]

Note 1, page 456 : Gollut, nouv. édit. col. 1099. Molinet, T. II, p. 290, nomme le comte de Romont parmi les chevaliers de cet ordre qui assistèrent au chapitre tenu à Bois-le-Duc, le 5 mai 1481. [retour]

Note 2, page 456 : Guichenon, T. I, p. 527. [retour]

Note 3, page 456 : Cette bataille fut livrée à Esquinegate, près d’Aire, (départ. du Pas-de-Calais), le 7 août 1479. [retour]

Note 4, page 456 : Comme à Grandson. [retour]

Note 5, page 456 : Propres paroles de Molinet, T. II, p. 214. Voir en outre Commines, Liv. VI, Chap. VI. [retour]

Note 6, page 456 : Ibidem, p. 218, [retour]

Note 1, page 457 : Département du Pas-de-Calais. [retour]

Note 2, page 457 : Molinet, T. II, p. 224. [retour]

Note 3, page 457 : Lettre de Maximilien, en date d’Aire, 2 octobre 1479, où le comte de Romont est ainsi qualifié par l’archiduc. (Barante, l. c., note de M. Gachard, T. II, p. 631, no 61.) [retour]

Note 4, page 457 : Voir l'Hist. des ducs de Bourgogne, de M. de Barante. (Ed. Gachard, T. II, p. 643, note 1.) [retour]

Note 5, page 457 : Elle mourut des suites d’une chûte de cheval, le 27 mars (1481 v. St.) 1482. à Bruges, âgée de 25 ans. (Ibid., p. 668.) [retour]

Note 6, page 457 : Le comte, comme le plus jeune des chevaliers de la Toison-d’Or, était peut-être porte-étendard de cet ordre. [retour]

Note 7, page 457 : Chron. métrique du Châtellain et Molinet, publiée par le baron de Reiffenberg; (notice de M. Le Glay, T. II, p. 389.) [retour]

Note 1, page 458 : Né à Bruges, le 22 juin 1478, ce prince n’avait que trois ans. (Molinet, T. II, p. 156.) [retour]

Note 2, page 458 : En mai et juin 1482. Gollut, Liv. XIII, Ch. XX. Molinet, T. II, p. 430. De Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, édit. Gachard, T. II, p. 669. [retour]

Note 3, page 458 : Savoir: Adolphe de Clèves, seigneur de Ravenstein, Antoine, le Grand-Bâtard de Bourgogne, et son fils le seigneur de Bevres, tous parents maternels du jeune duc Philippe, et d’autres seigneurs des plus fidèles à la mémoire du duc Charles. (Oliv. de La Marche, Liv. II, Ch. XI. Molinet, T. II, p. 449.) [retour]

Note 4, page 458 : Papiers Granvelle, T. I, p. 12-16, nos VI et VIII. [retour]

Note 5, page 458 : Oliv. de La Marche, l. c. [retour]

Note 1, page 459 : Olivier de La Marche, Liv. II, Chap. X. Molinet, T. II, ch. CII à CV. [retour]

Note 2, page 459 : Philippe-le-Beau, que les Gantois retenaient comme prisonnier dans leur cité, sous la garde du sire de Ravenstein, son grand-oncle maternel. (Oliv. de La Marche, Liv. II, Ch. XI.) [retour]

Note 3, page 459 : Lettre du comte de Romont, en date d’Assche, 20 décembre 1484. (Papiers Granvelle, T. I, p. 12, no VI.) [retour]

Note 4, page 459 : Patente de Jacques de Savoie, comte de Romont et de Saint-Pol, adressée aux Etats généraux des Pays-Bas, en date d’Assche, 20 décembre 1484. (Ibidem.) [retour]

Note 1, page 460 : Réponse des Etats de Brabant, Hainaut, etc., datée de Bruxelles, 22 décembre 1484. (Ibidem, p. 14, no VII.) [retour]

Note 2, page 460 : Réplique du comte de Romont aux Etats, datée d'Assche, 24 décembre 1484. (Ibidem, p. 16, no VIII.) Les trois membres de Flandre, savoir: Gand, Bruges et Ypres. [retour]

Note 3, page 460 : Guillaume Rhin et le premier échevin de Gand furent décapités sur la place publique, par les partisans de Maximilien. (Molinet, T. II, p. 443.) [retour]

Note 4, page 460 : Ibidem. [retour]

Note 5, page 460 : Molinet, T. II, p. 443-444. [retour]

Note 1, page 461 : Ibidem. [retour]

Note 2, page 461 : « En la main de son beau-frère, Philippe de Clèves, » époux de Françoise de Luxembourg, sœur de la comtesse de Romont. (Ibidem.) [retour]

Note 3, page 461 : Chron. lat. Sabaudiæ, ao 1486, (januarii) obiit apud locum de HAN, D. Jacobus, comes Rotundimontis, juvenis etc. (Hist. patr. monum. Script., T. I, col. 666. Molinet, T. III, p. 141. , T. I, p. 527.) [retour]

Note 4, page 461 : Pingon, arbor. gentil. Sabaud., p. 58. Ham, chef-lieu d’arrondissement du département de la Somme, avec un château fort, célèbre dans les temps anciens et modernes. [retour]

Note 5, page 461 : Molinet, T. III, p, 141. [retour]

Note 1, page 462 : Guichenon, Hist. de Savoie, T. I, p. 526, qui dit que Françoise mourut en 1526; mais Henri de Nassau, son mari, était déjà veuf et se remaria en 1515, avec Clauda de Châlons-Arlay, sa seconde femme. (Papiers Granvelle, T. I, p. 260, note de M. Duvernoy.) [retour]

Note 2, page 462 : Anselme, gr. offic., T. III, p. 728. Molinet, T. II, p. 362. [retour]

Note 3, page 462 : Voir le traité d’Arras, du 23 décembre 1482. (Langlet, pièces de Commines, T. IV, p. 107.) [retour]

Note 4, page 462 : Savoir les comtés de Saint-Pol et de Marle, les seigneuries de Ham et de Bohain, qui étaient au pouvoir des Français. (Arrêt du parlement de 10 février 1488 (v. St.), cité par Vignier, Hist. du Luxembourg, p. 301.) [retour]

Note 5, page 462 : Papiers Granvelle, T. I, p. 12 à 16. [retour]

Note 1, page 463 : Guichenon, Hist. de Savoie, T. I, p. 527. [retour]

Note 2, page 463 : Savoir: les comtés de Saint-Pol et de Marle, les vicomtés de Soissons et de Meaux, les seigneuries d’Enghien, de Condé et de Ham, que le roi avait distribués à ses favoris, après l’exécution du connétable de Saint-Pol. (Vignier, l. c. Anselme, gr. offic., T. I, p. 327. Marie de Luxembourg, comtesse de Vendôme, perdit son deuxième mari en 1495, et mourut elle-même à La Fère, le 1er avril 1546. (Ibidem, T. III, p. 728.) [retour]

Note 3, page 463 : Par ses lettres patentes, datées du Plessis-les-Tours, le 24 janvier 1475 (v. St.), et collationnées à la requête du comte de Romont et de Marie de Luxembourg, sa femme, par le grand-bailli d'Amiens, le 4 avril 1486 (lisez 1476), après Pâques. (Langlet, pr. de Commines, T. III, p. 471-473.) [retour]


 

 

 

 

 

 

 

 

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