AVANT - PROPOS.
Les matériaux de ces recherches ont été puisés à trois sources principales:
Les archives de Romainmotier,
Les archives cantonales,
Le cartulaire du Couvent.
Un séjour de deux années à Romainmotier m’a permis d’épuiser, peu s’en faut, la substance de ses archives. Un catalogue analytique fort bien fait, l’ordre remarquable des diplômes et la bienveillance de l’autorité locale, ont facilité ce travail.
L’abondance des récoltes fit germer en moi la pensée de coordonner les faits recueillis. Deux articles sur l’étude de l’histoire nationale, insérés dans le Nouvelliste Vaudois, avaient allumé dans mon cœur la soif des recherches documentaires. Leur auteur, bien connu, consentit à appuyer auprès de l’autorité supérieure une requête en vue d’obtenir quelque facilité dans l’exploration des archives cantonales. En effet, une décision du Conseil d’Etat, vraiment libérale, et dont tout ami de /2/ notre histoire appréciera avec gratitude l’esprit et la portée à venir, me permit de consulter à domicile, les copies faites jadis des actes relatifs au ci-devant Balliage de Romainmotier. Ainsi j’ai pu extraire de neuf registres in-folio, une multitude d’actes inédits dont plusieurs importans.
Mr le baron de Gingins-Lassaraz, toujours zélé pour l’avancement de la science, m’a donné aussi le moyen de faire un extrait du cartulaire de Romainmotier transporté à Fribourg lors de la réforme, et dont une copie a été faite à prix d’or.
D’autres archives m’ont encore été ouvertes avec obligeance: celles de Vallorbes, par exemple, de Bursins , etc.
Je dois enfin beaucoup à un savant érudit que la Société d’histoire de la Suisse romande a le bonheur de compter dans ses rangs. M. Duvernois, ancien magistrat, membre de la société royale d’Archéologie de France, m’a mis en état de parler avec connaissance de cause des possessions du Prieuré dans la Haute-Bourgogne.
Quelque chétif que puisse paraître le résultat de ces recherches, elles ont exigé, on le voit, un travail assidu de plusieurs années. Je mentionne cette préoccupation forte et prolongée pour mettre en relief ce qui fait la valeur de ce volume, la conscience de chroniqueur et le sentiment national. Je crois pouvoir m’engager à fournir les preuves diplomatiques de tout ce que j’avance. D’ailleurs ces documens authentiques 1 dont les /3/ expressions, l’orthographe même, ont été conservées, ne peuvent être qu’un miroir fidèle du temps jadis. Puissent des idées saines sur le moyen-âge, et une appréciation plus équitable d’un état social si étranger à nos mœurs et si pittoresque tout à la fois, ressortir de ce labeur , ainsi qu’une reconnaissance éclairée des biens dont jouit maintenant la Patrie de Vaud.
L’étude du passé est nécessaire à l’éducation d’un peuple: or il est peu de contrées en Europe où les documens soient aussi abondans que dans celle que nous habitons; peu, dont le moyen-âge puisse être réédifié avec moins de lacunes. Un grand jour pourrait ainsi être jeté même sur les siècles reculés et héroïques de la Patrie. Les détails de mœurs, ailleurs si rares, foisonnent dans nos archives. Il ne faudrait que de la persévérance et un intelligent partage du travail, pour faire de notre moyen-âge un foyer de lumières. Celui-ci rayonnerait d’un intérêt très vif, non seulement par la mise en saillie de l’individualité bien marquée du pays, mais aussi en répandant une lumière générale sur une époque si mal connue encore. C’est un idéal, il est vrai, que ce but assigné aux travaux de la Société d’histoire, mais ce n’est point un rêve.
Je réclame, en terminant, quelque indulgence pour les pages que l’on va lire; elles sont modestes assurément, et ne peuvent par nature prétendre à la popularité; elles ont exigé cependant, de la part du chroniqueur, de l’effort pour ne pas être submergé dans la mer de détails qui les composent.
L’AUTEUR.